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Revue internationale de droit

comparé

Ph. Malaurie et L. Aynes, Cours de droit civil. Les obligations

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Ph. Malaurie et L. Aynes, Cours de droit civil. Les obligations. In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 38 N°3, Juillet-
septembre 1986. pp. 979-981;

https://www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_1986_num_38_3_2524

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BIBLIOGRAPHIE 979

noms de personnes déjà fort utile. Le caractère complet et précis de l'appareil


documentaire, pour remarquable qu'il soit, n'est évidemment pas le seul mérite
d'un travail qui se signale encore par sa méthode, une méthode qui n'acceptant
rien qui ne soit d'abord confirmé par l'analyse, non seulement jette sur le droit de
dissolution une lumière nouvelle mais encore, au détriment d'un certain nombre
d'idées reçues, en met en valeur la diversité.
On ne peut mieux dire que ne l'a fait M. André Mathiot qui conclut sa préface
en écrivant : « Ce livre où un chercheur déjà confirmé associe le sérieux et le sens
de l'humour, combine l'observation scrupuleuse des détails et la présentation de
vues élevées, ne sacrifie jamais à la simple description ce qu'il se devait et nous
devait de réflexion personnelle, est appelé à devenir un ouvrage de référence ».
J. BOULOUIS

Hervé LE ROY. — L'assurance et le droit pécuniaire de la famille, coll. d'études


sur le droit des assurances, t. XL VII, Paris, Librairie générale de droit et de
jurisprudence, 1985, 357 pages.

Dans cette Revue, il suffira, car elle ne touche qu'au droit français, de signaler
cette importante monographie dont le titre reflète parfaitement le contenu.
L'auteur a entendu ne laisser dans l'ombre aucun des problèmes que soulève la
combinaison d'une part des règles des régimes matrimoniaux d'abord, du droit successoral
ensuite, d'autre part, celles du droit des assurances. Donc, à côté des problèmes
classiques que, dans le domaine de l'assurance sur la vie, la jurisprudence de la fin
du XIXe siècle et la loi de 1930 ont depuis longtemps résolus — et qui auraient
donc gagné à être exposés plus brièvement — on trouvera dans cet ouvrage une
utile mise au point de questions moins étudiées (par exemple, de nombreuses pages
sur les assurances de dommages) et une très bonne connaissance de la pratique,
spécialement nationale. On pourrait déplorer que ce qui fait l'apport original de
l'auteur soit souvent noyé dans des développements beaucoup trop longs consacrés
à des questions qui sont à la marge, sinon en dehors de son sujet.
G. D.

Philippe MALAURIE et Laurent AYNES. — Cours de droit civil. Les obligations,


Paris, Éditions Cujas, 1985, 635 pages.

Un juriste français ne peut que saluer avec enthousiasme la parution de cet


ouvrage. Important par lui-même, il est de plus annonciateur d'une promesse :
Philippe Malaurie et Laurent Aynes, un ancien étudiant devenu un collègue,
entendent publier l'ensemble du cours de droit civil que le premier professe depuis
de nombreuses années, avec le talent que connaissent ses étudiants et ses collègues,
à la Faculté de droit et des sciences économiques de Paris, puis à l'Université de
droit, d'économie et de sciences sociales de Paris 2. Déjà s'annoncent deux autres
volumes, l'un sur le droit du crédit, l'autre sur le droit des contrats spéciaux. Et
c'est l'ensemble de ce qu'on appelle en France le droit civil qui fera l'objet d'une
collection de manuels. Certains penseront peut-être que la matière était déjà
couverte par d'excellents ouvrages. C'est vrai, mais les ouvrages de droit sur un
sujet donné, quand ils sont de qualité, sont comparables aux enfants d'une famille :
chacun a ses caractères propres et aucun n'est de trop. Le nouveau-né constitue un
très heureux apport à la doctrine française. Il témoigne de sa vitalité et contribuera
à maintenir celle-ci.
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II ne saurait être question de comparer ce premier volume, consacré au droit


des obligations, à ses devanciers : ceux-ci sont trop nombreux. Tout au plus peut-
être s'efforcer de présenter ses caractères propres. Mais on a été devancé sur ce
chemin par les auteurs eux-mêmes. Leur brève préface, courte d'une page, est
typique de leur style et livre leurs conceptions.
En premier lieu, « ces cours vont essayer d'être simples... ce n'est qu'avec des
idées simples qu'on parvient à la vérité, à la justice, à l'efficacité ». Certes, le
monde et les mécanismes juridiques sont compliqués. Mais « il faut choisir — si
possible l'essentiel ». Les auteurs sont nets : « le droit français mourra à ne pas
sortir de ses vieilles lunes, à s'épuiser, par exemple, sur le fondement de
l'article 1384, la garde de structure, l'obligation de moyens, la date de formation du
contrat ou l'obligation de renseignements ». Voilà qui pourra choquer. Est-on
indûment conservateur si l'on pense que certaines des questions citées mériteraient
une considération plus indulgente et, au moins, un sursis avant d'être envoyées
rejoindre les vieilles lunes ? Mais le propos, sous la plume de tels auteurs, oblige
à réfléchir et pourrait bien en tout cas annoncer l'avenir. En toute hypothèse, on
peut constater que le propos s'accompagne de réalisation : 110 pages seulement
sont accordées à la responsabilité délictuelle, qui en France fait les délices de
quelques spécialistes, mais où la longue carence du législateur devant le phénomène
de l'accident a obligé le juge à des constructions qui rebutent le non-initié. Grâce
à ce traitement énergique, la théorie des contrats et quasi-contrats et le régime des
obligations sont étudiés d'une manière assez approfondie.
Simplifier, pourtant, n'est pas se limiter au droit positif. « Aussi souvent qu'il a
été possible, des ouvertures ont été faites sur notre histoire et les droits étrangers ».
Voilà, certes, qui sera bien vu des lecteurs de cette Revue. Et, là encore, on constate
avec plaisir que la promesse est respectée. Des aperçus brefs mais utiles, d'histoire
et de droits étrangers, anglais et allemand, notamment, — éventuellement de ce
droit belge si accessible et pourtant si négligé en France — enrichissent texte et
notes. Mais l'ouverture est plus large encore. Si les auteurs semblent, par pudeur,
éviter d'écrire le mot « sociologie », ils n'en constatent pas moins : « L'observation
du monde est aussi nécessaire que l'attachement à son passé ». Tous les
développements, en effet, sont enracinés dans le concret. Dans le texte et dans les notes,
c'est la vie elle-même, sous toutes ses formes, qui accompagne l'énoncé et la
discussion des règles de droit, tout comme elle a présidé à leur élaboration.
Il s'agit même là, pour les auteurs, d'un principe fondamental, le troisième
qu'ils énoncent dans la préface. Ils « ont tenté d'habituer leurs lecteurs à la règle
de droit. Afin de rendre compte du va-et-vient constant entre l'abstrait et le concret,
entre la " norme " et son application, ils ont cherché à ne pas exposer une règle
sans l'accompagner d'un exemple. La jurisprudence, plus que leur imagination,
aura été à cet égard leur inspiration principale, malgré l'inconvénient que présente
toute pathologie. Ils ont même souvent cité les motifs des décisions les plus
caractéristiques ». Là encore, le lecteur constate avec satisfaction que les auteurs ont tenu
leur engagement.
Que peut-on ajouter à ce résumé-paraphrase d'une préface altière ? Le lecteur
jugera sans doute que les auteurs ont été à la hauteur de leurs ambitions. Une
pensée originale, vigoureuse et bien conduite, organise, comme le ferait un flux
magnétique, une matière particulièrement riche à tous égards : riche de tous les
accords, de tous les conflits et de tous les accidents de la vie quotidienne, mais
riche aussi de toutes les décisions judiciaires marquantes et de toutes les discussions
doctrinales. Cette richesse ne nuit jamais à la clarté. Assez souvent, d'ailleurs, des
tableaux éclairent et illustrent les développements. Le double souci didactique et
scientifique a poussé les auteurs à compléter leur ouvrage d'un index des adages,
d'un triple index des principales décisions judiciaires par ordre alphabétique, par
BIBLIOGRAPHIE 981

matière et par ordre chronologique, ainsi que d'un index alphabétique des matières
particulièrement détaillé — avant, bien sûr, une table des matières.
D'une conception différente de celle de ses devanciers, cet ouvrage convient
parfaitement à l'étudiant français. Pour le chercheur français ou étranger, c'est un
ouvrage dont la consultation s'impose et qui ajoute à la doctrine antérieure un
apport qu'il appréciera.
André TUNC

John Henry MERRYMAN. — The Civil Law Tradition. An Introduction to the


Legal Systems of Western Europe and Latin America, 2e éd., Stanford,
Stanford University Press, 1985, xi + 168 pages.

John Henry Merryman a eu l'heureuse idée de reprendre en vue d'une seconde


édition l'ouvrage qu'il avait initialement publié en 1969. Il ne l'a pas transformé.
Comme il l'indique dans sa préface, il a pu conserver le plan général et la plus
grande partie du texte de l'œuvre primitive. Mais il a procédé à un certain nombre
de mises à jour, qui l'ont conduit à ajouter un chapitre sur l'avenir de la tradition
de la civil law.
L'ouvrage est trop connu de par sa première édition pour qu'il soit besoin de
le présenter longuement. On sait qu'il ne s'agit pas d'un manuel des droits de
l'Europe occidentale et de l'Amérique latine. « Ce livre est écrit pour des amateurs,
non pour des professionnels », écrit l'auteur. C'est une tradition qu'il présente,
non une analyse juridique : une tradition avec son histoire et le poids de son
histoire, les idées fondamentales et les institutions qu'elle a générées et qui
réciproquement la maintiennent, mais aussi les modifications philosophiques et
institutionnelles que lui a imposées l'adaptation au monde contemporain. Et c'est la tradition
à peu près commune aux pays de la civil law, même si l'auteur souligne au besoin
— par exemple dans les sept pages consacrées aux codes et à la codification — ce
qui distingue et presque oppose la France et l'Allemagne. Ainsi conçu et écrit
par un expert réputé, l'ouvrage constitue, comme l'indique son sous-titre, une
excellente introduction aux droits de l'Europe de l'Ouest et de l'Amérique latine.
Est nouveau le chapitre XX, sur l'avenir de la tradition étudiée. L'auteur y
étudie trois phénomènes qui lui semblent fondamentaux et irréversibles : le déclin
des Codes civils, la montée des Constitutions et le développement d'un fédéralisme
européen. Le déclin des codes vient à la fois de la multiplication des législations
spéciales — aux relations de travail, par exemple, ou aux diverses formes de baux
— , de l'importance accrue de la jurisprudence et du volume des règlements émanant
soit du gouvernement, soit même de l'administration. L'auteur est également
impressionné par les réformes constitutionnelles qu'il observe et par les pouvoirs
nouveaux donnés à des juges de faire respecter les dispositions de la constitution.
Enfin, il ne manque pas de souligner l'importance du droit des Communautés
économiques européennes et de la Convention européenne des droits de l'homme
— un droit qui dépasse le domaine de la civil law pour s'appliquer au Royaume-
Uni. L'auteur procède à ces constatations sans inquiétude : elles lui semblent au
contraire le signe de l'entrée de la tradition de l'Europe occidentale dans une phase
de développement nouveau et dynamique.
André TUNC

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