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L’émergence de la communauté internationale dans la
responsabilité des États | Santiago Villalpando

Chapitre I. La
théorie générale de
la responsabilité
internationale des
États
p. 150-188

Texte intégral
1 Avant de nous lancer dans l’étude détaillée de
l’émergence de la communauté internationale dans la
responsabilité des Etats, dans la Troisième partie, il
semble opportun de déblayer le terrain sur lequel nous
entendons construire notre raisonnement. Le
phénomène à l’étude a en effet suivi, dans ce contexte,
un parcours extrêmement tortueux, marqué par une
pratique ambiguë, des constructions théoriques
disparates et des polémiques enflammées. De ce fait,
encore à l’heure actuelle, l’objet de notre étude reste
dissimulé par un dense brouillard, où plusieurs
opinions coexistent. Afin d’éviter toute incertitude au
sujet des débats qui ont mené à la situation actuelle, il
nous semble donc utile de proposer un état des lieux de
la théorie de la responsabilité internationale face à
l’émergence de la communauté internationale. Cette
Deuxième partie, qui sert ainsi de prélude à l’essai de
systématisation subséquent, proposera une description
historique des élaborations doctrinales en la matière et
des travaux de la CDI, ainsi qu’une réflexion plus
approfondie sur l’une des controverses les plus
importantes, à savoir celle de la pénalisation de la
responsabilité des Etats.
2 En premier lieu, dans ce chapitre, il convient d’établir le
cadre théorique général de la responsabilité
internationale des Etats. Cela nous amènera, d’une part,
à identifier les notions fondamentales de la matière, qui
serviront ensuite d’instruments d’analyse dans notre
essai de systématisation. D’autre part, cette étude nous
permettra de comprendre les convictions de base sur
lesquelles s’est construite cette matière, premier pas
pour expliquer les obstacles que l’émergence de la
communauté internationale y a rencontrés.
3 Par « responsabilité internationale des Etats », nous
entendons désigner globalement l’ensemble des
conséquences que l’ordre juridique international
rattache à la commission par l’Etat d’un fait
internationalement illicite428. Cette définition
préliminaire – qu’il faudra bien évidemment détailler
au cours (et à la lumière) de notre analyse – implique
deux délimitations importantes de notre champ
d’étude : a) en premier lieu, nous ne nous occuperons
que de la responsabilité des Etats, laissant de côté, sauf
incidemment, les faits illicites commis par d’autres
sujets ; b) deuxièmement, notre analyse se limitera aux
conséquences juridiques de la commission de faits
internationalement illicites, sans approfondir le régime
de responsabilité pour les conséquences préjudiciables
découlant d’activités qui ne sont pas interdites par le
droit international429.
4 Nous nous pencherons ci-après sur les théories
générales qui ont été avancées pour expliquer la
responsabilité internationale, dans la perspective
d’identifier les contours du phénomène et les
principaux points de clivage, d’abord dans la doctrine
traditionnelle (section A), puis dans la codification de la
CDI (section B).

Section A – Trois théories classiques de la


responsabilité internationale des Etats
5 La responsabilité pour faits illicites existe, d’une
manière ou d’une autre, au sein de tout ordre
juridique430. Ainsi, l’affirmation que le droit des gens
connaît depuis toujours un régime de responsabilité en
conséquence de la violation d’obligations
internationales n’est susceptible de causer ni surprise ni
contestation.
6 Pourtant, les théories générales de la responsabilité
internationale ont tardé à affleurer dans la doctrine.
Certes, un nombre d’éléments pertinents découle de la
lecture des auteurs classiques, lesquels n’ignoraient pas
les conséquences juridiques de faits internationalement
illicites particuliers431. Il faudra attendre la deuxième
moitié du xixe siècle pour connaître les premiers essais
de reconstruction systématique de la responsabilité
internationale. Dès ce moment, toutefois, les études se
sont multipliées pour se classer « parmi les plus
connues, les plus sérieuses, les plus profondes de toute
la doctrine internationale432 ». Les plus controversées,
également, se doit-on d’ajouter, puisque lors de
l’examen du phénomène de la responsabilité, chaque
auteur exprime sa compréhension de l’ensemble de
l’ordre juridique international.
7 A l’heure d’entreprendre la codification de la
responsabilité internationale des Etats, la CDI identifiait,
dans l’enchevêtrement de théories générales dans la
matière, trois grandes catégories : 1) la théorie de la
réparation ; 2) la théorie de la contrainte ; et 3) la
théorie mixte433.

1. La théorie de la réparation
8 Les premiers auteurs qui ont exploré le phénomène de
la responsabilité internationale – à la fin du xixe siècle et
dans les premières décennies du xxe siècle – étaient
confrontés à une pratique et à une jurisprudence à la
fois florissantes, parcellaires et problématiques.
Florissantes, car les controverses relatives aux
conséquences des faits internationalement illicites des
Etats s’étaient multipliées avec le développement du
commerce international à la suite de la révolution
industrielle et l’apparition de nouveaux Etats
(notamment en Amérique). Parcellaires, car la plupart
des différends répondaient à une même typologie : celle
des conséquences des atteintes portées à des citoyens
étrangers sur le territoire de l’Etat, en particulier au
cours des guerres civiles. Problématiques, enfin, car
grand nombre des précédents apparaissaient comme
une suite d’abus et d’ingérences dans l’ordre interne des
Etats faibles, sous le couvert des réclamations relatives à
la protection des propres nationaux434.
9 Les premières reconstructions du phénomène furent
influencées par ce contexte particulier. La
multiplication des affaires relatives à la responsabilité
internationale imposait de considérer de manière
autonome un certain nombre de problèmes nouveaux
dont le point commun était de se poser dans le cadre des
conséquences de la violation d’une obligation
internationale. L’attention était tout naturellement
portée sur les problèmes spécifiques qui surgissaient, et
notamment sur les devoirs relatifs au traitement des
étrangers et sur la responsabilité de l’Etat pour des
dommages causés sur son territoire par des individus
n’appartenant pas à l’organisation étatique ou par des
organes ayant agi en dehors de leurs compétences435. A
la lumière de la jurisprudence, la doctrine se devait
enfin d’offrir un cadre théorique cohérent permettant
d’éviter les nombreux abus et de ramener les
mécanismes de la responsabilité à leur fonction
première de protection de l’ordre juridique
436
international .
10 Dans cette perspective, les premières études de la
responsabilité internationale se sont édifiées autour de
l’obligation de réparer le dommage causé par l’illicite.
La construction qu’elles proposaient s’est imposée
comme la théorie classique de la responsabilité
internationale et se fonde sur les trois piliers suivants.
11 (i) Le fait internationalement illicite constitue une
atteinte à un droit subjectif d’un Etat437 et engendre un
rapport de responsabilité de type bilatéral.
12 La théorie classique de la responsabilité présuppose une
« parfaite réciprocité des droits et des devoirs » au sein
de l’ordre juridique international, lequel aurait le but
d’assurer la coexistence d’entités souveraines et
égales438. Ancré sur la protection de la sphère subjective
de chacun, le droit des gens imposerait ainsi à l’Etat des
obligations auxquelles correspondraient des droits
subjectifs d’un autre Etat439. Dans le domaine spécifique
qui nous occupe, cela implique que l’origine de la
responsabilité – identifiée dans la commission d’un acte
attribuable à l’Etat et contraire à ce qui est prescrit par
une règle de droit – réside dans l’atteinte à l’intérêt
protégé par la règle, c’est-à-dire dans la violation du
« droit subjectif de la personne à laquelle l’intérêt
appartient440 ».
13 Cette construction, qui répond parfaitement au contenu
et à la structure des règles relatives au traitement des
étrangers441, a pour conséquence directe que le rapport
de responsabilité internationale soit bilatéral dans la
mesure où il met en jeu uniquement l’Etat auteur du fait
illicite et l’Etat victime dont le droit est violé442. Ce
caractère bilatéral subsisterait d’ailleurs même lorsque
plusieurs Etats sont auteurs ou victimes du fait illicite,
puisqu’on identifierait, dans ces hypothèses, un faisceau
de rapports bilatéraux.
14 En revanche, l’ordre juridique international ne
connaîtrait pas un droit subjectif au respect des règles
de droit duquel seraient titulaires tous et chacun des
Etats443. La théorie classique exclut donc l’existence
d’obligations erga omnes et de rapports juridiques
mettant en jeu la communauté internationale dans son
ensemble, autant au niveau des obligations primaires
que dans la responsabilité444.
15 (ii) La responsabilité internationale consiste en un
rapport obligatoire nouveau, entre l’Etat auteur de la
violation du droit international et l’Etat victime de cette
violation, axé sur la réparation : à l’obligation de l’Etat
responsable de réparer le préjudice causé
correspondrait un droit de l’Etat lésé d’obtenir cette
réparation445.
16 Selon la théorie classique, la seule conséquence directe
du fait internationalement illicite est la réparation du
dommage causé, matériel ou immatériel. Ce type de
responsabilité, propre à l’ordre juridique international,
remplirait à lui seul des finalités satisfactoires et
réparatoires446. Le droit international ne connaîtrait pas
de sanctions coercitives distinctes ayant pour finalité
unique la répression de l’Etat responsable.
17 La conception classique, pourtant, n’ignore pas les
mesures de contrainte. Loin de nier la possibilité pour
l’Etat d’adopter des représailles (ou même de recourir à
la guerre), elle l’intègre dans la construction de la
responsabilité, en concevant ces mesures comme des
moyens d’exécution forcée en réponse au manquement
à l’obligation de réparer le préjudice447. Ainsi, les
mesures de contrainte seraient appliquées de manière
indépendante des caractéristiques de la violation
initiale et ne pourraient pas être considérées comme
une conséquence directe du fait illicite.
18 (iii) Finalement, le régime de responsabilité
internationale est unique448.
19 La conception classique n’opère aucune distinction au
sein de la responsabilité internationale : les
caractéristiques de la violation (et notamment sa
gravité), la nature ou le contenu de l’obligation violée ou
de la norme non respectée ne donneraient pas lieu,
selon cette théorie, à une différenciation des régimes de
responsabilité449.

2. La théorie de la contrainte
20 La deuxième théorie identifiée s’intègre dans une
conception générale de l’ordre juridique comme un
ordre normatif de contrainte.
21 Cette conception, élaborée principalement par Hans
Kelsen450, décrit le droit comme un ensemble de normes,
formant une unité, qui prévoit des sanctions
socialement organisées. Les sanctions elles-mêmes sont
considérées comme des actes de contrainte, c’est-à-dire
comme un mal que l’autorité menace d’infliger à celui
qui tient une conduite contraire aux normes ; elles
peuvent revêtir la forme de la peine ou celle de
l’exécution forcée ; elles peuvent être exécutées de
manière centralisée ou de façon décentralisée par la
technique de la justice privée451. Les notions d’acte
illicite et de responsabilité jouent donc un rôle essentiel
pour la définition de l’ordre juridique : l’acte illicite est
le comportement défini par le droit comme la condition
de la sanction ; un individu est considéré responsable
d’un fait illicite quand la sanction est dirigée contre
lui452.
22 Le droit international est considéré par cette théorie
comme un véritable ordre juridique dans la mesure où
« les actes de contrainte des Etats, leurs interventions
par la force dans la sphère d’intérêts d’un autre Etat, ne
sont permis en principe qu’à titre de réaction contre un
acte illicite453 ». Il serait fondé sur un système de justice
privée où les normes générales autoriseraient les Etats à
exécuter des actes de contrainte à titre de sanction
comme conséquence de certains comportements ainsi
définis comme illicites454. Deux catégories de sanctions
sont identifiées : les représailles et la guerre. Elles se
distingueraient non pas par leur nature (il s’agirait dans
les deux cas d’actes de contrainte455), mais par le degré
d’intervention – limitée ou illimitée – dans la sphère des
intérêts de l’Etat contre lequel elles sont dirigées456. Les
actes de contrainte en question, justement dans la
mesure où ils constituent des sanctions contre une
violation du droit international, sont interprétés
« comme émanant de la communauté elle-même457 » :
ainsi, lorsqu’il applique la sanction décentralisée, l’Etat
agit en tant qu’organe de la communauté, laquelle
conserve le monopole de la force dans l’ordre
juridique458.
23 Dans le cadre spécifique de la responsabilité
internationale, cette conception porte un regard critique
sur le deuxième pilier de la théorie classique. Le droit
international général ne rattacherait au fait illicite la
naissance d’aucun rapport obligatoire entre l’Etat
responsable et l’Etat lésé459 ; l’obligation de réparer le
dommage causé ne découlerait que d’un accord entre
ces Etats par lequel l’existence de l’acte illicite et la
nature de la réparation seraient déterminées460. La
conclusion de cet accord et l’exécution de l’obligation
subséquente de réparer ne seraient qu’un moyen pour
l’Etat responsable d’éviter les sanctions proprement
dites461.
24 Cette conception, toutefois, adhère aux deux autres
piliers de la théorie classique. Dans sa description de
l’ordre juridique, les notions d’obligation et de droit
subjectif sont explicitement mises en relation : « le droit
d’un individu n’est que la contrepartie de l’obligation
d’un ou plusieurs autres individus462 » ; or, c’est
justement le comportement contraire au contenu de
l’obligation qui détermine l’imposition de la sanction et,
dans un système décentralisé, c’est à l’individu dont les
intérêts sont lésés que revient l’exécution de cette
sanction. Dans le cadre spécifique de la responsabilité
internationale, les représailles sont « des actes
normalement illicites, mais exceptionnellement permis
s’ils sont la réaction d’un Etat contre la violation d’un de
ses droits par un autre Etat463 » et répondent donc à une
logique bilatérale. D’autre part – en ce qui concerne le
troisième pilier –, si la responsabilité est désormais
fondée sur la contrainte, elle reste soumise à un régime
unique : tout acte illicite est susceptible, sous réserve
des principes de proportionnalité, d’entraîner une
réaction de la part de l’Etat lésé, sous forme de
représailles ou de guerre464.

3. La théorie mixte
25 La théorie mixte cherche le juste milieu entre les deux
autres positions qu’elle juge extrêmes à la lumière de la
réalité de la vie internationale : leurs conceptions
rendraient une image partielle de la responsabilité des
Etats465.
26 Une fois de plus, la critique vise le deuxième pilier de la
conception classique. Selon les tenants de la théorie
mixte, le fait internationalement illicite donnerait lieu à
une double forme de rapports juridiques, à savoir, d’une
part, l’obligation pour l’Etat auteur de réparer le
dommage causé (et le droit subjectif correspondant de
la partie lésée) et, d’autre part, la faculté pour l’Etat
victime d’adopter des sanctions. A ces deux formes de
responsabilité correspondrait une double finalité
réparatoire et répressive. Par opposition à la théorie
classique, cette conception souligne la nature afflictive
des représailles, qu’elle qualifie de « sanctions » de type
pénal et dont elle rejette tout caractère d’exécution
forcée466. A la différence de la théorie de la contrainte,
elle considère le rapport obligatoire de réparation
comme étant une conséquence directe du fait illicite467.
27 Toutefois, la théorie mixte se rallie aux théories
susmentionnées quant aux deux autres piliers de la
conception générale de la responsabilité. Elle reconnaît
la « corrélation nécessaire : obligation juridique-droit
subjectif » et conçoit donc les rapports de responsabilité
sous une forme bilatérale468. Par ailleurs, la réparation
et la sanction sont considérées comme des
conséquences résultant de tout fait internationalement
illicite. Il s’ensuit que l’identification d’une double
finalité de la responsabilité internationale n’implique
nullement une différenciation des faits illicites en
fonction de leurs conséquences ; en particulier, cette
conception nie l’existence d’une distinction entre des
délits pénaux (graves) et des délits civils (de moindre
importance469).

Section B – La codification de la
responsabilité internationale par la CDI
28 Notre brève analyse de la théorie générale de la
responsabilité internationale ne saurait être complète
sans un examen des travaux de la CDI, qui ont débouché
sur la première codification fructueuse d’un domaine
traditionnellement insaisissable et qui ont déterminé la
perception contemporaine de celui-ci.
29 Dans son effort de presque un demi-siècle pour la
codification et le développement progressif de la
responsabilité internationale, la CDI se présente avant
tout comme un observateur privilégié de la contribution
de la pratique, la jurisprudence et la doctrine dans cette
matière. Des premiers rapports soumis dans les années
cinquante470 aux Articles adoptés en 2001471, les travaux
de la CDI permettent non seulement d’identifier les
principes fondateurs de la responsabilité en droit des
gens, mais également de retracer l’évolution des
concepts et des institutions au long des dernières
décennies.
30 La portée de ces travaux est toutefois plus vaste. Loin de
rester un spectateur passif de l’évolution de la
responsabilité internationale, la CDI a exercé une
influence décisive sur cette évolution. Par un
phénomène d’action/réaction, les rapports et les projets
d’articles élaborés par la CDI – dont la vocation
première était de refléter l’état du droit en matière de
responsabilité – ont à leur tour été employés par les
Etats, les instances juridictionnelles472 et la doctrine
comme références en la matière, déterminant ainsi son
évolution ultérieure. De cette manière, les travaux de la
CDI sont devenus un passage obligé pour l’étude de la
responsabilité internationale moderne.
31 Dans cette perspective, il est utile de se pencher sur les
choix fondamentaux effectués par la CDI à l’heure de la
codification, afin de comprendre la théorie
contemporaine de la responsabilité internationale et ses
transformations par rapport aux conceptions classiques
déjà décrites.

1. « Toute la responsabilité, rien que la


responsabilité » : Une codification de règles
secondaires
32 Le dilemme principal auquel était confrontée la CDI au
moment d’entreprendre ses travaux tenait à la question
de savoir si la codification des règles de la responsabilité
pouvait être entreprise de manière autonome ou si elle
requérait la codification conjointe des règles de fond
dans les différents secteurs du droit international, c’est-
à-dire des normes et obligations dont la violation
constitue un fait internationalement illicite.
33 Jusqu’alors, comme nous l’avons déjà rappelé, le
domaine de la responsabilité internationale s’était
essentiellement développé – autant dans la pratique et
la jurisprudence que dans la doctrine – en relation avec
la question des dommages causés sur le territoire d’un
Etat à la personne ou aux biens des étrangers. Dans les
mentalités, la problématique de la responsabilité
semblait donc indissociable de ce secteur du droit des
gens. Tout naturellement, les premières tentatives de
codification de la responsabilité internationale s’étaient
ainsi concentrées sur ce domaine spécifique473, mais les
résultats avaient été décevants. L’identification de la
teneur des obligations internationales dans la matière
controversée du droit des étrangers constituait non
seulement en soi un obstacle difficile à surmonter, mais
avait de plus contribué à éloigner les débats de la
question centrale des conséquences juridiques du fait
internationalement illicite. Par ailleurs, de nombreuses
voix s’élevaient en faveur de la prise en compte des
développements récents en matière de responsabilité
dans d’autres domaines, notamment celui du maintien
de la paix et de la sécurité internationales474.
34 En 1963, la CDI décidait « de donner la priorité, dans un
essai de codification de la matière, à une définition des
règles générales de la responsabilité internationale de
l’Etat475 », se déclarant par la suite convaincue « que
définir une règle et le contenu de l’obligation qu’elle
impose est une chose et établir si cette obligation a été
violée et quelles doivent être les suites de cette violation
en est une autre » et que seul ce dernier aspect faisait
partie du domaine propre de la responsabilité476. Cette
approche comportait deux avantages majeurs : tout
d’abord, elle permettait d’éviter la difficulté de codifier
les normes de fond dans certains secteurs particuliers
du droit international (notamment en droit des
étrangers477) et de se concentrer sur les règles propres à
la responsabilité478 ; ensuite, elle pouvait déboucher sur
l’identification de principes généraux de responsabilité
applicables à tout fait internationalement illicite, quelle
que soit la matière dans laquelle il se produit. Dans les
termes du Rapporteur spécial Roberto Ago, la CDI se
devait de codifier « toute la responsabilité, rien que la
responsabilité479 ».
35 Cette méthodologie était expliquée plus en détail en
1973 :
La responsabilité internationale revêt des aspects fort
différents des autres questions qui jusqu’ici ont fait
l’objet de l’œuvre de codification de la Commission.
Cette dernière s’est normalement consacrée, dans ses
projets précédents, à la définition des règles du droit
international qui, dans un secteur ou l’autre des
relations interétatiques, imposent aux Etats des
obligations déterminées et qui, dans un certain sens,
peuvent se définir comme « primaires ». En abordant le
sujet de la responsabilité, la Commission entreprend au
contraire de définir d’autres règles, qui, par opposition
aux premières, peuvent se définir comme
« secondaires » dans la mesure où elles cherchent à
déterminer les conséquences juridiques du
manquement aux obligations établies par les règles
« primaires ». En préparant le projet d’articles, la
Commission entend donc concentrer son étude sur la
détermination des règles qui régissent la responsabilité
en maintenant une distinction rigoureuse entre cette
tâche et celle qui consiste à définir les règles mettant à
la charge des Etats les obligations dont la violation peut
être cause de responsabilité. La Commission a estimé
que cette distinction rigoureuse était indispensable pour
qu’il soit possible de centrer le sujet de la responsabilité
internationale et le voir dans son intégralité480.

36 La distinction ainsi élaborée entre les règles primaires


et secondaires de l’ordre juridique international481 a été
confirmée par les travaux ultérieurs de la CDI482 et
notamment par le commentaire à la version définitive
des Articles483. Elle constitue désormais un présupposé
de base classique pour l’identification et l’étude du
domaine de la responsabilité internationale, qui guidera
également notre analyse du régime de responsabilité en
cas d’atteinte aux intérêts de la communauté
internationale dans son ensemble.
2. L’origine de la responsabilité internationale : Les
éléments constitutifs du fait internationalement illicite
37 En 1970, la CDI annonçait que l’étude de la
responsabilité internationale comprendrait deux phases
distinctes, dont la première concernait l’origine de la
responsabilité484. Ces deux phases sont toujours
manifestes dans les Articles de 2001.
38 En vertu de l’article 1er, « [t]out fait internationalement
illicite de l’Etat engage sa responsabilité
internationale » ; en d’autres termes, l’existence d’un
fait illicite à la charge de l’Etat constitue en tant que tel
la source de la responsabilité internationale485.
L’article 2 précise qu’il y a fait internationalement
illicite lorsqu’« un comportement consistant en une
action ou une omission : a) est attribuable à l’Etat en
vertu du droit international ; et b) constitue une
violation d’une obligation internationale de l’Etat486 ».
La première partie des Articles s’attache à identifier les
critères permettant de conclure à l’existence de ces deux
éléments constitutifs du fait internationalement illicite
et énonce, par la suite, les normes relatives à la
responsabilité d’un Etat à l’égard du fait d’un autre Etat
et les circonstances excluant l’illicéité487.
39 L’approche adoptée par la CDI marque à plusieurs
égards la vocation de la responsabilité à régir les
conséquences de l’illicite dans tout secteur du droit
international. Les Articles emploient ainsi des formules
globales permettant « tous les développements
nécessaires488 » en matière de responsabilité,
conformément à l’évolution récente du droit
international.
40 L’origine de la responsabilité est identifiée dans la
commission d’un fait internationalement illicite, sans
référence explicite à la lésion des droits subjectifs
d’autrui489. A la différence du rapport de responsabilité
caractérisant le droit des étrangers, où l’atteinte portée
aux droits de l’Etat lésé assume une évidente
importance490, le principe général est énoncé par la CDI
en termes objectifs491. Cette approche ouvre ainsi la
fenêtre vers une perspective plus large de la
responsabilité internationale, libérée de la conception
strictement bilatérale de la théorie classique. Cela dit, la
CDI semble avoir quelque peu changé sa position au
cours des travaux. En 1973, elle construisait les rapports
juridiques internationaux exclusivement à l’aide des
notions d’obligation et droit subjectif : à son avis, « en
droit international l’idée de violation d’une obligation
peut être considérée comme l’équivalent absolu de celle
de lésion d’un droit subjectif d’autrui » et « [l]a
corrélation entre l’obligation juridique d’un côté et droit
subjectif de l’autre ne souffre pas d’exception492 ». Dans
cette perspective, pourtant, la responsabilité n’était pas
cloîtrée au schéma bilatéral (comme dans la théorie
classique), puisque la CDI considérait que, dans certains
cas, à l’obligation d’un Etat pouvait correspondre un
droit subjectif de l’ensemble des autres sujets du droit
des gens493. En revanche, en deuxième lecture, le
Rapporteur spécial proposait de distinguer la position
de l’Etat lésé (atteint dans un droit subjectif) et celle des
Etats simplement intéressés par la violation (atteints
dans un intérêt juridique494), mais la Commission a
préféré ne pas se prononcer sur cette question
théorique495, sur laquelle nous aurons l’occasion de
revenir dans la Troisième partie496.
41 La CDI s’était également interrogée sur l’opportunité de
reconnaître l’existence d’autres conditions générales
pour le déclenchement de la responsabilité
internationale, notamment le préjudice et la faute.
42 Le « dommage qui, à la suite du comportement de l’Etat,
se serait produit au détriment du sujet dont le droit
subjectif a été lésé » a parfois été invoqué comme
élément constitutif ultérieur du fait internationalement
illicite497. Qu’il soit conçu au sens étroit (comprenant
uniquement le dommage susceptible d’une évaluation
économique) ou dans un sens plus large (incluant
également les dommages moraux), cet élément ne
subsisterait pas en cas de violation de nombreuses
obligations du droit international contemporain à la
charge de l’Etat498. La CDI concluait donc que :
pour soutenir à tout prix que le « dommage » est un
élément présent dans tout fait internationalement
illicite, on est forcé d’en venir à l’idée que toute
violation d’une obligation internationale envers un
autre Etat comporte en quelque sorte un « préjudice »
pour cet autre Etat. Mais cela revient justement à dire
que le « dommage » qui est inhérent à tout fait
internationalement illicite est celui qui est en même
temps inhérent à toute violation d’une obligation
internationale499.

43 En conséquence, la CDI considérait que les deux


éléments constitutifs susmentionnés étaient suffisants
pour couvrir cet aspect du fait internationalement
illicite500 et prenait ainsi position dans un débat
classique de la théorie générale de la responsabilité
internationale501. Pour d’aucuns, cette décision a
toutefois des répercussions plus vastes, dans la mesure
où elle refléterait la volonté de « détacher la
responsabilité des Etats de l’approche bilatéraliste
traditionnelle reposant sur l’existence du dommage502 » ;
voilà qui explique sans doute la critique de certains
Etats qui prônent l’introduction de la notion de
dommage dans la définition de la responsabilité503. Bien
que les principes généraux des Articles de la CDI ne
prennent pas directement position sur la problématique
de l’émergence de la communauté internationale504, il
est évident qu’ils frayent le chemin vers un
développement dans cette direction.
44 La question de la faute (culpa ou dolus) comme élément
constitutif du fait internationalement illicite avait fait
l’objet d’une controverse importante dans la doctrine
traditionnelle505. Dans son énonciation des principes
relatifs à l’origine de la responsabilité, la CDI avait
ignoré l’élément psychologique et tranchait ainsi
implicitement dans ce débat506 ; sa position fut
confirmée par la suite autant par la CDI elle-même507
que par les Etats508. Sous cet aspect particulier
également, l’approche de la CDI a souvent été qualifiée
d’objective, en ce sens que le fait internationalement
illicite ainsi défini est purgé de l’élément subjectif de la
faute509. Or, cette conception s’adapte aisément à une
responsabilité de type réparatoire, axée sur la
restauration du droit subjectif lésé, mais rencontre plus
de difficultés dans le cadre d’une responsabilité
punitive, où généralement le châtiment du coupable
répond à une attitude psychologique répréhensible de
sa part. La question de la faute a ainsi
occasionnellement été soulevée dans le cadre de l’étude
des conséquences du fait internationalement illicite510.

3. Les conséquences du fait internationalement illicite


45 La deuxième phase de l’étude entreprise par la CDI
concernait le contenu de la responsabilité, c’est-à-dire la
détermination des conséquences que le droit
international rattache à un fait illicite511.
46 C’est sans doute dans ce contexte que l’on ressent le plus
les effets de la longueur des travaux de la CDI : maintes
fois reformulés, les articles relatifs aux conséquences
témoignent de l’évolution des conceptions au sein même
de la Commission512. Ainsi, le programme de travail
préliminaire adopté en 1963 envisageait deux formes de
responsabilité internationale, à savoir l’obligation de
réparer et la faculté d’appliquer une sanction à l’Etat
auteur du fait illicite ; il prônait en outre l’étude de la
peine en droit international et du rapport entre les
conséquences réparatoires et afflictives513. Au cours des
années 1970, il ressort d’ailleurs que la CDI envisageait
la réparation dans une perspective large (outrepassant
le rétablissement du dommage matériel514) et attribuait
aux « sanctions » (dénommées, par la suite, « contre-
mesures ») une double finalité exécutive-réparatoire et
répressive515. Dans le Projet adopté en première lecture
en 1996516, la CDI adoptait une perspective différente,
dans la mesure où elle considérait que les conséquences
de l’illicite étaient, d’une part, l’obligation pour l’Etat
responsable de cesser ce comportement – aspect
traditionnellement méconnu de la responsabilité517 – et,
d’autre part, le droit de l’Etat lésé518 de réclamer la
réparation des dommages (susceptibles d’évaluation
économique et autres, notamment le dommage moral)
causés par la violation de l’obligation519. Si la faculté de
l’Etat lésé d’adopter des contre-mesures était également
envisagée, elle avait uniquement la fonction d’inciter
l’Etat auteur à s’acquitter de ses obligations de cessation
et de réparation520.
47 Les Articles adoptés par la CDI en 2001 se placent en
substance dans la continuité du Projet de 1996. L’un de
leurs apports essentiels est d’avoir identifié clairement
les deux versants du rapport secondaire de
responsabilité. D’un côté, la deuxième partie des
Articles, consacrée au « contenu de la responsabilité
internationale », prévoit les obligations de l’Etat
responsable521 (à savoir, celles de cesser l’illicite, de
fournir des assurances et garanties de non-répétition
appropriées (art. 30), et de réparer intégralement le
préjudice causé sous les formes de la restitution,
l’indemnisation et/ou la satisfaction (art. 31 et 34-39))
ou, dans certaines hypothèses, celles qui incombent à
l’ensemble des Etats (art. 40-41). D’un autre côté, la
troisième partie, portant sur la « mise en œuvre de la
responsabilité internationale de l’Etat », identifie les
Etats habilités à invoquer la responsabilité et les
prérogatives de ceux-ci (notamment art. 42 et 48), y
compris celle d’adopter des contre-mesures visant à
amener l’Etat responsable à s’acquitter des obligations
susmentionnées (art. 49-54).
48 En somme, au début de ses travaux, sous l’égide du
Rapporteur spécial Roberto Ago, la CDI envisageait un
régime conforme à la théorie mixte de la responsabilité,
combinant – sous des formes qui restaient encore à
définir – des aspects réparatoires et afflictifs. Cette
perspective fut abandonnée dans la deuxième partie de
ses travaux, au cours de laquelle la CDI est revenue à
une vision plus proche de la théorie classique, où toute
finalité afflictive était exclue des conséquences de
l’illicite et où les représailles (contre-mesures)
assumaient la fonction d’exécution forcée des
obligations secondaires. La CDI élargissait cependant la
vision classique de la responsabilité, par la consécration
explicite des conséquences visant au rétablissement du
rapport juridique atteint par la violation (cessation,
assurances et garanties de non-répétition522).

Section C – Le point sur la théorie générale


de la responsabilité internationale
49 Le débat traditionnel de la responsabilité opposant les
trois théories de la réparation, de la contrainte et mixte
révèle les fossés qui séparent les conceptions des
différents courants doctrinaux, mais également
d’étonnantes convergences.
50 Certes, dans la controverse classique, la doctrine
apparaît profondément divisée sur la question
fondamentale de la nature et du contenu de la
responsabilité internationale, et en fin de compte sur la
fonction de celle-ci dans le cadre de l’ordre juridique
international. La théorie de la réparation se trouvait
confortée, au début du xxe siècle, par une pratique
constante et uniforme ainsi que par une solide
jurisprudence : elle recueillait les faveurs de la grande
majorité de la doctrine et continue d’exercer une
influence considérable de nos jours. La théorie de la
contrainte – reprise par la plupart des auteurs mais
généralement pour la soumettre à la critique – faisait
office de véritable anti-thèse des conceptions classiques,
mais son point faible résidait dans son fondement
essentiellement théorique523. Forte du principe in medio
stat virtus, la théorie mixte s’érigeait en possible
solution de compromis.
51 Toutefois, malgré les controverses, les doctrines
traditionnelles gardaient une conception unitaire de
l’ensemble des rapports juridiques en droit des gens,
fondée sur le binôme obligation-droit subjectif (le
premier pilier de la théorie classique), et de l’institution
de la responsabilité internationale (le troisième pilier).
L’unanimité recueillie par cette conception constituait
en soi une force centripète qui assurait la cohésion de la
notion même de responsabilité internationale.
52 Appelée à codifier ce domaine du droit des gens à la
lumière des développements importants des relations
internationales à l’issue de la Deuxième Guerre
mondiale, la CDI se devait de mettre ces différentes
conceptions à l’épreuve de la pratique. Loin de se
limiter à trancher sur l’évident clivage théorique
concernant la nature et le contenu de la responsabilité,
son œuvre de codification devait assumer des postulats
suffisamment larges pour permettre à la responsabilité
internationale de répondre aux nouvelles exigences de
la société des Etats. Ce faisant, la CDI a non seulement
focalisé les débats, mais a également permis un
ultérieur développement de la théorie de la
responsabilité.
53 L’approche nouvelle adoptée par la CDI a surtout permis
de mettre en évidence de possibles failles dans la
construction unitaire de la responsabilité jusqu’alors
généralement acceptée. Avec elle, comme nous le
verrons dans le chapitre suivant, la discussion
doctrinale va se tourner plus résolument vers la remise
en question des premier et troisième piliers de la
théorie classique, et ainsi placer sous un jour nouveau
le débat de la nature de la responsabilité internationale
(c’est-à-dire, le deuxième pilier).

Notes
428. Voir ACDI, 1973, vol. II, p. 178 ; par. 1 du commentaire à l’art. 1
des Articles de la CDI, in Rapport de la CDI (2001), p. 65.
429. En ce sens, nous suivons les choix effectués par la CDI à l’heure
de la codification de la responsabilité internationale : voir ACDI,
1970, vol. II, p. 326-327. La codification de la CDI ne préjuge pas des
règles de responsabilité applicables à d’autres sujets du droit
international (par. 4 du commentaire introductif aux Articles de la
CDI, in Rapport de la CDI (2001), p. 63-64). La question de la
responsabilité internationale pour les conséquences préjudiciables
découlant d’activités qui ne sont pas interdites par le droit
international a fait l’objet de travaux de codification séparés (pour
une description de ces travaux et le projet définitif soumis par la
CDI à l’AGNU, voir Rapport de la CDI (2001), p. 393-470).
430. Troisième rapport (Ago) p. 216 ; ANZILOTTI, Teoria generale...
cit., p. 25 et 62 (voir aussi : ANZILOTTI, Cours... cit., p. 467) ;
VERDROSS, Alfred, Völkerrecht, 5e édition, Vienne, Springer, 1964,
p. 373 (traduction du passage par le Secrétariat de l’ONU in ACDI,
1973, vol. II, p. 216).
431. Voir : GROTIUS, Le droit de la guerre et de la paix cit., tome II,
notamment : livre II, chap. xvii (sur le dommage causé injustement
et l’obligation de réparer qui en résulte ; ibid., p. 1-11), chap. xx (sur
les peines, p. 48-125 ; le par. 40, en particulier, conçoit que les Rois
et les Peuples puissent légitimement prendre les armes pour punir
des violations énormes du droit de la nature et celui des gens,
même s’ils n’ont pas été offensés directement – ibid., p. 103-106) et
chap. xxi (responsabilité quand un citoyen commet un forfait à
l’étranger, ibid., p. 126-155) ; et livre III, chap. ii (sur les représailles,
ibid., p. 245-254). VATTEL, Le droit des gens... cit., livre II,
notamment les chapitres iv (sur le droit de sûreté, à savoir le droit
de toute nation de se garantir de toute lésion par une autre, ibid.,
p. 295-296), v (sur le devoir d’observer la justice entre les Nations,
ce qui implique la possibilité pour toutes les nations de réagir
contre la nation malfaisante, dans l’intérêt de la société humaine –
ibid., p. 306-308), vi (sur la part que peut avoir la Nation dans
l’action de ses citoyens – ibid., p. 309-313) et xvii (où il se réfère, dans
le cadre du règlement des différends, à la réparation des injures et
à la rétorsion, aux représailles et à la guerre en réaction à l’injure
reçue – ibid., p. 528-541). Voir également supra : Première partie,
ii.A.1., note 121.

432. AGO, Roberto, « Le délit international », RCADI, tome 68, 1939-


11, p. 419.
433. Voir : Troisième rapport (Ago), p. 217-221 ; Rapport de la CDI
(1973) in ACDI, 1973, vol. II, p. 177. Dans les Articles de la CDI, voir :
par. 3 du commentaire à l’art. 1 (in Rapport de la CDI (2001), p. 67-
68).
434. Sur ce dernier aspect, voir : l’opinion individuelle du Juge Luis
Padilla Nervo in CIJ, Barcelona Traction cit., p. 246 (il avait
auparavant exprimé cette opinion au sein de la CDI : voir ACDI,
1957, vol. I, p. 165) ; JESSUP, A Modern Law of Nations cit., p. 95-96.
En guise d’illustration de ces abus, l’on rappellera les mesures
militaires prises en 1902 par l’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie à
rencontre du Venezuela en vue du recouvrement de certaines
créances, l’occupation militaire de Veracruz par les Etats-Unis afin
d’obtenir réparation en raison de l’arrestation arbitraire par le
Mexique de marins de la flotte américaine (voir : DE VISSCHER,
Charles, « La responsabilité des Etats », in Bibliotheca visseriana
dissertationum ius internationale, illustrantium, tome II, p. 117-118)
ou les actions punitives contre la Chine lors des attaques contre les
légations à Beijing (la « révolte des Boxers ») en 1901).
435. La plupart des premiers travaux consacrés à la responsabilité
internationale s’occupaient uniquement de ces questions
spécifiques ; à titre d’illustration, voir : Institut de droit
international, « Responsabilité internationale des Etats à raison des
dommages causés sur leur territoire à la personne et aux biens des
étrangers », résolution du 1er septembre 1927, session de Lausanne
(in Résolutions de l’Institut de droit international. 1873-1956, Bâle,
Editions juridiques et sociologiques, 1957, p. 137-140) et
« Règlement sur la responsabilité des Etats à raison des dommages
soufferts par des étrangers en cas d’émeute, d’insurrection ou de
guerre civile », résolution du 10 septembre 1900, session de
Neuchâtel (in ibid., p. 141-142) ; ANZILOTTI, Dionisio, « La
responsabilité internationale des Etats à raison des dommages
soufferts par des étrangers », RGDIP, tome XIII, 1906, p. 5-29 et 285-
309 (voir aussi : ANZILOTTI, Teoria génerale... cit., notamment p. 10-
13). Même les théories générales de la responsabilité internationale
restreignaient en substance leur champ d’étude aux
problématiques mentionnées dans le texte : CALVO, Charles, Le
droit international théorique et pratique, Tome premier, 2e édition,
Paris, Durand et Pedone-Guillaumin-Amiot, 1870, p. 400-425 ; DE
VISSCHER, C, « La responsabilité... » cit., p. 87-119.
436. Voir : CAVARE, Louis, Le droit international public positif. Tome
II : Les modalités des relations juridiques internationales. Les
compétences respectives des Etats, 3e édition mise à jour par Jean-
Pierre Quéneudec, Paris, Pedone, 1969, p. 413-416.
437. Voir : ANZILOTTI, Teoria generale... cit., p. 68.
438. Pour cette conception (et l’expression citée entre guillemets),
voir : DE VISSCHER, C., « La responsabilité... » cit., p. 90.
439. CALVO, Le droit international... cit., p. 399-400; DE VISSCHER, C,
loc. cit.; EAGLETON, Clyde, The Responsibility of States in
International Law, New York, New York University, 1928, p. 3 et 5.
440. ANZILOTTI, « La responsabilité... » cit., p. 13 (cette conception
entraîne logiquement, pour cet auteur, que le dommage se trouve
compris dans le caractère anti-juridique de l’acte). Voir également :
HEEFTER, op. cit., p. 226 ; ANZILOTTI, Teoria generale... cit., p. 68,
81, 83 ou 91 ; FAUCHILLE, Paul, Traité de droit international public.
Tome Ier, Premiere partie : Paix, 8e édition, Paris, Rousseau & cie,
1922, p. 513-515.
441. Voir : ANZILOTTI, Teoria generale... cit., p. 104-110.
442. Voir : HEFFTER, op. cit., p. 227 ; ANZILOTTI, « La
responsabilité... » cit., p. 6-7 (aussi : ANZILOTTI, Cours... cit., p. 467-
468) ; STRUPP, Karl, Eléments du droit international public universel,
européen et américain, Paris, Rousseau & cie, 1927, p. 220-221.
443. ANZILOTTI, Teoria generale... cit., p. 67-68 et 72-73 et
ANZILOTTI, Cours... cit., p. 517 (le droit international ne connaîtrait,
en effet, aucun pouvoir juridiquement organisé supérieur aux Etats
pouvant faire valoir le caractère obligatoire des normes et assurant
la répression des violations ; d’autre part, l’égalité juridique des
Etats empêche que ces derniers se fassent juges du comportement
des autres Etats) ; STRUPP, Eléments... cit., p. 221 ; implicitement,
FAUCHILLE, Traité... (Tome Ier, Première partie) cit., p. 536. Contra :
EAGLETON, The Responsibility... cit., p. 220-221 et 224 (dans la
communauté des nations fondée sur l’interdépendance, il
considère que la violation des obligations internationales affecte les
intérêts collectifs des membres du groupe) ; HEFFTER, op. cit.,
p. 227 et 230-232 (dans certaines hypothèses précises).
444. A cet égard, on ne manquera pas d’être intrigué par certains
raisonnements de Dionisio Anzilotti, l’un des chefs de file de cette
conception : il s’interroge sur les conséquences du comportement
d’un Etat qui refuserait toute protection légale aux étrangers, pour
conclure que dans cette hypothèse « [o]n verrait aussitôt les autres
Etats ne pas demeurer indifférents vis-à-vis de semblables
pratiques, les regarder comme contraires au droit et user tous les
moyens du droit international pour les faire cesser » (ANZILOTTI,
« La responsabilité. .. » cit., p. 20). Malgré les apparences, ce
raisonnement n’ouvre pas la voie à une responsabilité erga omnes,
dans la mesure où la conception de cet auteur reste ancrée aux
principes décrits dans le texte : il est probable que la réaction
envisagée fût celle de la protection diplomatique exercée par
chacun de ces Etats (sur une base bilatérale) à raison des
dommages soufferts par leurs propres citoyens. Sur la position des
partisans de cette théorie au sujet de la possibilité de concevoir des
faits illicites mettant en jeu l’ensemble de la communauté
internationale, voir plus en détail infra : Deuxième partie, ii.A.1.
445. Voir : HEFFTER, op. cit., p. 226-227 ; CALVO, Le droit
international... cit., p. 107 et 400 ; FIORE, op. cit. (tome I), p. 572 ;
RIVIER, Alphonse, Principes du droit des gens. Tome second, Paris,
Rousseau, 1896, p. 41-42 ; ANZILOTTI, Teoria generale... cit., p. 78-82
(aussi in « La responsabilité... » cit., p. 13 et Cours... cit., p. 467-468 et
517) ; LISZT, Franz von, Le droit international. Exposé systématique,
traduction par Gilbert Gidel (d’après la 9e édition allemande de
1913), Paris, Pedone, 1927, p. 202-203 ; FAUCHILLE, Traité...
(Tome Ier, Première partie) cit., p. 535 ; STRUPP, Eléments... cit.,
p. 226-227 ; EAGLETON, The Responsibility... cit., p. 1, 21 ou 182-183 ;
Institut de droit international, « La responsabilité internationale
des Etats... » cit., article 10, p. 139 ; OPPENHEIM, Lassa,
International Law. A Treatise. Volume I : Peace, 4e édition, Arnold D.
MacNair (éd.), Londres-New York-Toronto, Longmans-Greensand,
1928, p. 298-300 ; VERDROSS, Alfred, « Règles générales du droit
international de la paix », RCADI, tome 30, 1929-V, p. 462 ; DE
VISSCHER, Charles, « Le déni de justice en droit international »,
RCADI, vol. 52, 1935-II, p. 421 ou 433 ; CAVARE, Le droit
international... (tome II) cit., p. 558-568 ; REITZER, Ladislas, La
réparation comme conséquence de l’acte illicite en Droit
international, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1938, p. 25-31.
Dans la jurisprudence, voir notamment : CPJI, Usine de Chorzow
(Allemagne c. Pologne), compétence, arrêt du 26 juillet 1927, série
A, n° 9, p. 21 ; CPJI, Usine de Chorzow (Allemagne c. Pologne), fond,
arrêt du 13 septembre 1928, série A, n° 17, p. 27-28 et 29 ; Biens
britanniques au Maroc espagnol, sentence arbitrale du 1er mai 1925,
in RSA, vol. II, p. 641 ; Commission de conciliation Italie/Etats-Unis
d’Amérique, Armstrong Cork Company, sentence arbitrale du 22
octobre 1953, RSA, vol. XIV, p. 163.
446. Sur ce point, la théorie classique n’est pas dénuée
d’ambiguïtés. Ainsi, Charles Calvo conçoit la demande de
réparation, parfois accompagnée de l’emploi des armes aux fins de
l’obtenir, comme « une pénalité, un châtiment pour l’offenseur »
(Le droit international... cit., p. 107). En 1902, Dionisio Anzilotti, tout
en soulignant la particularité de la responsabilité internationale,
considérait qu’elle aurait des analogies plutôt avec la responsabilité
civile qu’avec la responsabilité pénale (Teoria générale... cit., p. 81).
Dans un autre ouvrage, il mettait en garde de manière ferme contre
cette distinction : elle serait inconnue et même « répugnante au
droit international » (ANZILOTTI, Cours... cit., p. 468). La
responsabilité internationale reproduirait en effet les caractères
d’une phase primitive de l’ordre juridique et connaîtrait
simultanément, mais dans des proportions diverses, l’idée de la
punition de l’acte illicite et celle de la réparation du mal souffert. La
réaction du sujet lésé contre l’auteur de la lésion en vue de la
réparation reste, aux yeux de cet auteur, la seule possible « peine »
et la conséquence unique du fait internationalement illicite (ibid.,
p. 468 et 522). Pour Ladislas Reitzer, le droit international « est plus
proche du droit civil que du droit pénal », mais la réparation dans
les litiges réglés par voie diplomatique (par opposition à la voie
arbitrale) aurait le plus souvent un caractère pénal ou mixte
(REITZER, op. cit., p. 208-212). Selon Francisco V. Garcia-Amador,
rapporteur spécial auprès de la CDI en matière de responsabilité:
“according to traditional international law, no distinction was drawn
between civil responsibility and criminal responsibility (the idea of
reparation proper and the idea of punishment), because strictly
speaking, they were an integral part of one and the same rule,
namely ’the duty to make reparation for the injury occasioned”
(repoduit in GARCIA-AMADOR, F.V., SOHN, Louis B., BAXTER, R.R.,
Recent Codification of the Law of Stale Responsibility for Injuries to
Aliens, Dobbs Fern-Leiden, Oceana-Sijthoff, 1974, p. 10).
447. Voir : HEFFTER, op. cit., p. 227 ; CALVO, Le droit international...
cit., p. 107, 803-812 ; FIORE. op. cit. (tome II), p. 664-665 ; RIVIER,
op. cit. (tome II)., p. 42 ; ANZILOTTI, Cours... cit., p. 515 ; LISZT,
op. cit., p. 203 ; FAUCHILLE, Paul, Traité... (Tome Ier, Troisième
partie), p. 689-696 ; STRUPP, Eléments... cit., pp. 229-231 ;
EAGLETON, The Responsibility... cit., pp. 218-220 ; Institut de droit
international, « Régime des représailles en temps de paix »,
résolution du 19 octobre 1934, session de Paris, article premier (in
Résolutions de l’Institut de droit international. 1873-1956, Bâle,
Editions juridiques et sociologiques, 1957, p. 168) ; OPPENHEIM,
International Law... (4e édition) cit., p. 291 et 300 ; DE VISSCHER, C,
« La responsabilité... » cit., p. 109 ; REITZER, op. cit., p. 72-80. Dans la
jurisprudence, voir : Responsabilité de l’Allemagne à raison des
dommages causés dans les colonies portugaises du Sud de l’Afrique
(affaire de Naulilaa) (Allemagne c. Portugal), sentence arbitrale du
31 juillet 1928, RSA, vol. II, p. 1 027-1 028.
448. Voir : Cinquième rapport (Ago), p. 42, par. 120 ; REUTER, Paul,
« Principes de droit international public », RCADI, tome 103, 1961-
11, p. 584-586 ; DUPUY, Pierre-Marie, « Observations sur le “crime
international de l’Etat” », RGDIP, tome 84, 1980, p. 453 (aussi in ibid.
“The International Law of State Responsibility: Revolution or
Evolution”, MJIL. vol. 11, 1990, p. 105-106); NOLTE, Georg, “From
Dionisio Anzilotti to Roberto Ago: The Classical International Law
of State Responsibility and the Traditional Primacy of a Bilateral
Conception of Inter-State Relations », EJIL., vol. 13, 2002, p. 1084.
449. Sur l’indifférence de la gravité de la violation, voir :
ANZILOTTI, Teoria generale... cit., p. 78. Sur l’indifférence de la
source de l’obligation violée, voir : ANZILOTTI, « La
responsabilité... » cit., p. 16. Sur l’impossibilité de concevoir une
distinction entre responsabilité civile et responsabilité pénale en
droit international, voir supra note 446.
450. L’on se référera ci-après aux parties pertinentes du cours, en
langue française, dispensé par cet auteur à l’Académie de droit
international : KELSEN, « Théorie générale... » cit., p. 9-46. Ces
mêmes idées sont reproduites en substance in KELSEN, Principles...
cit., p. 3-39.
451. KELSEN, « Théorie générale... » cit., p. 12-15 et 18-19.
452. Ibid., p. 17 et 19.
453. Ibid., p. 28.
454. Ibid., p. 32-33. Hans Kelsen ne donne aucune précision au sujet
de la fonction spécifique des sanctions en droit international,
soulignant seulement (mais dans un cadre plus général) que la
technique juridique se caractérise par l’idée de rétribution, voire
par la prévention. Sur ce point, Paul Guggenheim (GUGGENHEIM,
Paul, Traité de droit international public. Tome II, Genève, Libraire
de l’Université, Georg & Cie, 1954. p. 83) se démarque dans la
mesure où il considère que les sanctions du droit international se
distingueraient des « peines » au sens du droit pénal puisqu’il leur
manque le caractère rétributif et préventif ; les sanctions
internationales répondraient plutôt à la typologie de l’exécution
forcée, dont le but est la réparation (en conséquence, elles
devraient être précédées par une demande de réparation : ibid.,
p. 64-66).
455. Les représailles armées ne seraient en principe pas exclues
(KELSEN, « Théorie générale... » cit., p. 33), mais seraient interdites
par la Charte des Nations Unies (ibid., p. 49). Voir aussi :
GUGGENHEIM, Traité... cit., p. 90-92.
456. KELSEN, loc. cit. Pour Paul Guggenheim, en l’absence de critère
objectif valable, il appartient aux Etats de désigner leur acte
coercitif comme acte de guerre ou mesure de représailles
(GUGGENHEIM, Traité... cit., p. 92).
457. KELSEN, « Théorie générale... » cit., p. 34.
458. Ibid., p. 22-24.
459. Voir : Troisième rapport (Ago), p. 218, par. 35.
460. KELSEN, « Théorie générale... » cit., p. 30-31.
461. KELSEN, « Théorie générale... » cit., p. 31. De manière
similaire : GUGGENHEIM, Traité... cit. p. 63-64 et 66-67.
462. KELSEN, « Théorie générale... » cit., p. 17-18.
463. Ibid., p. 33 (italiques ajoutés). De même, dans un système
international décentralisé, la guerre peut être entreprise, à titre de
sanction, par l’Etat victime directe de l’illicite, c’est-à-dire l’Etat
dont les droits ont été violés. D’autres Etats peuvent prendre part à
la guerre, mais uniquement pour prêter assistance à l’Etat victime
(ibid., p. 42). Voir aussi : GUGGENHEIM, Traité cit., p. 84, 93 et 99-
100.
464. Voir : Cinquième rapport (Ago), in ACDI, 1976, vol. II, 1ère partie,
p. 45, par. 128.
465. AGO, « Le délit international » cit., p. 126-527 ; Troisième
rapport (Ago) cit., p. 219 ; TUNKIN, Droit international public… cit.,
p. 193-202.
466. AGO, « Le délit international » cit., p. 527-529. Cet auteur
réserve, en ligne générale, le terme de « sanctions » aux effets
afflictifs et répressifs du délit et donc, en droit international, aux
représailles. En revanche, la réparation du dommage n’aurait pas
un caractère d’affliction, dans la mesure où elle se limite à la
restauration du droit lésé ou à sa satisfaction par équivalent (ibid.,
p. 428-429 ; voir aussi ibid., p. 524-526). Voir aussi : EUSTATHIADES,
Constantin Th., « Les sujets du droit international et la
responsabilité internationale. Nouvelles tendances », RCADI, tome
84, 1953-III, p. 532-534 (il laisse toutefois la question du caractère
répressif des représailles ouverte) et 442-443 ; BALLADORE
PALIJERI, Diritto internazionale pubblico, 8e édition, Milan, Giuffrè,
1962, p. 248-250 ; SERENI, Diritto internazionale cit. (tome III),
p. 1504-1505 et 1541-1557 ; TUNKIN, Droit international public... cit.,
p. 226 ; MORELLI, Gaetano, Nozioni di diritto internazionale, 7e
édition, Padoue, GEDAM, 1967, p. 363.
467. AGO, « Le délit international » cit., p. 529 ; TUNKIN, Droit
international public... cit., p. 226 ; MORELLI, Nozioni... cit., p. 357.
468. AGO, « Le délit international » cit., p. 433 (dont est tirée
l’expression entre guillemets) et p. 441-444 ; BALLADORE
PALLIER1, Diritto internazionale pubblico cit., p. 245 SERENI, Diritto
internazionale cit. (tome III), p. 1513 ; MORELLI, Nozioni... cit.,
p. 356-357.
469. AGO, « Le délit international » cit., p. 529-531 ; SERENI, loc. cit. ;
MORELLI, loc. cit.. Voir également, Troisième rapport (Ago) cit.,
p. 220, par. 38. D’autres auteurs, tout en se ralliant à cette
explication unique des rapports de responsabilité dans le droit
international classique, reconnaissent toutefois l’émergence d’une
distinction de régimes de responsabilité dans une période plus
récente ; voir infra : Deuxième partie, ii.A.4.
470. Dès 1949, la CDI incluait la responsabilité internationale dans
la liste des sujets à codifier (Rapport de la CDI (1949), doc. NU A/925,
par. 16). Dans sa résolution 799 (VIII) du 7 décembre 1953, l’AGNU
priait la Commission de procéder à la codification de cette matière.
Entre 1956 et 1961, en sa qualité de Rapporteur spécial, F.V. Garcia
Amador soumettait six rapports dans le domaine de la
responsabilité internationale, auxquels la CDI ne put donner
l’attention nécessaire en raison d’autres travaux jugés plus urgents.
471. Le texte des Articles de la CDI se trouve in Rapport de la CDI
(2001), p. 45-60 et les commentaires correspondants in ibid., p. 61-
393.
472. Parmi les sentences arbitrales, voir, par exemple : Rainbow
Warrior (Nouvelle-Zélande c. France), sentence arbitrale du 30 avril
1990, reproduite in RGDIP, tome 94, 1990, p. 838-878, notamment
par. 76-78, 113 et 122. En ce qui concerne la CIJ, l’empreinte des
travaux de la CDI est manifeste dans les raisonnements suivis dans
certaines décisions des années 1980 : CIJ, Personnel diplomatique et
consulaire (1980) cit. et CIJ, Nicaragua (1986) cit.. Dans la décision
relative au Projet Gabcíkovo-Nagymaros, la CIJ fait des références
répétées aux travaux de la CDI afin d’identifier le droit
international général dans le domaine de la responsabilité,
notamment au sujet de l’état de nécessité et des contre-mesures
(voir CIJ, Projet Gabcikovo-Nagymams cit., p. 38-42, 54 et 55-56, par.
47, 50, 51, 53, 54, 79 et 83). Voir aussi : CIJ, Conséquences juridiques
de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé cit., par.
140.
473. En ce sens, Premier rapport (Ago) in ACDI, 1969, vol. II, p. 131,
par. 5 (ce rapport contient une description des différentes
tentatives de codification de la responsabilité internationale et
reproduit en annexe les textes pertinents : ibid., p. 129-162). A titre
d’exemple, voir, dans les travaux de la CDI, le mémorandum de
1954 et les rapports présentés par F.V. Garcia Amador entre 1956 et
1961 (in ACDI, vol. II des années correspondantes).
474. Certains membres avaient déjà insisté sur ce point au sein de
la Sous-commission créée en 1962 afin d’étudier de manière
préliminaire la question de la responsabilité internationale (voir le
Rapport présenté par M. Roberto Ago, Président de la Sous-
commission sur la responsabilité des Etats, doc. NU A/CN.4/152 du
16 janvier 1963, par. 4, in ACDI, 1963, vol. II, p. 2.37-238) ; de même,
au cours des débats en plénière de 1963 et 1969, la problématique
de la responsabilité dans de nouveaux domaines, tel que celui du
maintien de la paix et de la sécurité internationale, était
mentionnée à plusieurs reprises ; voir, en particulier : Premier
rapport (Ago), p. 144 et les interventions de Roberto Ago, Milan
Bartos, Mustafa Kamil Yasseen, Nagendra Singh, Nikolai Ouchakov,
Endre Ustor, Constantin Eustathiades et Jorge Castañeda (ACDI,
1969, vol. I, respectivement p. 112, 114, 115, 116, 120, 121, 122-123 et
124).
475. La CDI se conformait en cela aux recommandations de la Sous-
commission mentionnée dans la note précédente. Les termes
employés dans le texte sont ceux du Rapport de la Sous-commission
(doc. NU A/CN.4/152, par. 5, in ACDI, 1963, vol. II, p. 238).
476. ACDI, 1970, vol. II, p. 327, par. 66.
477. Par ce biais, la CDI émancipait la responsabilité internationale
du joug traditionnel du droit des étrangers, mais également
d’approches plus récentes également centrées sur un secteur
particulier du droit des gens, comme celui du maintien de la paix et
de la sécurité internationales. En revanche, il n’était nullement
question de négliger l’expérience et la documentation recueillies
dans ces secteurs (voir ibid.).
478. ACDI, 1973, vol. II, p. 172, par. 42.
479. ACDI, 1969, vol. I, p. 113.
480. ACDI, 1973, vol. II, p. 171-172. Dès les débats de 1969, le
Rapporteur spécial Roberto Ago se référait aux « règles primaires
du droit international » (ACDI, 1969, vol. I, p. 112-114 et 257) et,
dans cette même idée, d’autres membres faisaient allusion aux
« règles de fond ». Par opposition, la codification de la CDI devait
porter sur les règles générales régissant la responsabilité, qui
étaient explicitement qualifiées de « règles secondaires » par
Arnold Tammes (ibid., p. 117). Le Rapporteur spécial proposait
formellement la distinction dans ses Deuxième et Troisième
rapports (ACDI, 1970, vol. II, par. 11 et ACDI, 1971, vol. II, 1ère partie,
p. 212, par. 15 ; une distinction similaire était déjà présente dans
son cours de La Haye de 1939 : AGO, « Le délit international » cit.,
p. 444-447).
481. Dans le sens employé par la CDI, la norme régissant la
responsabilité serait « secondaire » tout d’abord parce qu’elle
intervient à un moment postérieur, c’est-à-dire lorsque la norme
primaire n’a pas eu l’effet voulu, et ensuite, d’un point de vue
fonctionnel, parce qu’elle est complémentaire à la règle de fond,
dans la mesure où ses effets dépendent de l’existence de cette
dernière norme.
La distinction entre normes primaires et secondaires est récurrente
dans la théorie générale du droit et assume des significations très
diverses selon les auteurs et les disciplines considérés. L’on
rappellera à ce sujet la distinction différente proposée par Herbert
Hart (HART, Herbert L. A., The Concept of Law, 2e édition, Oxford,
Clarendon, 1994, p. 79- 99, notamment p. 81) : les normes primaires
imposeraient des obligations de conduite et les normes secondaires
conféreraient des pouvoirs qui ont une incidence sur les normes
primaires (leur création, modification, extinction, etc.). Dans un
sens similaire à celui de la CDI, les « normes secondaires »
pourraient inclure les normes qui prévoient une sanction au cas où
la norme primaire serait violée (mais comprendraient surtout les
normes sur la sanction adressées aux organes judiciaires). Pour
une étude sur les possibles critères de distinction des normes
primaires et secondaires en théorie générale du droit, voir :
BOBBIO, Norberto, « Nouvelles réflexions sur les normes primaires
et secondaires », in Ch. Perelman (éd.), La règle de droit, Bruxelles,
Bruylant, 1971, p. 104-122.
482. Voir, en deuxième lecture du Projet d’articles : Premier rapport
(Crawford), par. 12-18 et Rapport de la CDI (1998), par. 220 ;
Rapport de la CDI (2000), par. 60 et 71.
483. Par 1 et 2 du commentaire introductif des Articles de la CDI in
Rapport de la CDI (2001), p. 61.
484. ACDI, 1970, vol. II, p. 327, par. 66.
485. Cette première disposition se caractérise autant par ce qu’elle
dit que par ce qu’elle laisse sous silence avec l’intention de rallier
l’unanimité des conceptions de la responsabilité sous un principe
général unique. Ainsi, outre à omettre toute référence à la
justification théorique du principe en question, la CDI relègue la
définition de la responsabilité internationale au commentaire de
l’article (définition qui est d’ailleurs très large : voir supra note
428). De plus, la CDI a adopté une formule « qui ne préjuge pas de
l’existence d’une responsabilité pour faits “licites” » (ACDI, 1973,
vol. II, p. 178-179).
486. L’article 2 des Articles de la CDI (in Rapport de la CDI (2001),
p. 70-77) correspond à l’article 3 du Projet adopté en première
lecture, dont le commentaire figure m ACDI, 1973, vol. II, p. 182-187.
487. La structure de base de la première partie du Projet n’a pas été
modifiée en deuxième lecture (sauf dans la terminologie) : chapitre
i : Principes généraux ; chapitre ii : Attribution d’un comportement
à l’Etat (auparavant : « Le “fait de l’Etat” selon le droit
international ») ; chapitre iii : Violation d’une obligation
internationale ; chapitre iv : Responsabilité de l’Etat à raison du fait
d’un autre Etat (auparavant : « Implication d’un Etat dans le fait
internationalement illicite d’un autre Etat ») ; chapitre v :
Circonstances excluant l’illicéité (in Rapport de la CDI (2001), p. 45-
51).
488. Ainsi le commentaire à l’article premier, adopté en première
lecture, in ACDI, 1973, vol. II, p. 178.
489. En cela, les articles 1er et 2 se distinguent d’autres références
classiques (que le commentaire mentionne pourtant) comme celles
de la CPJI (in Phosphates du Maroc (Italie c. France), exceptions
préliminaires, arrêt du 14 juin 1938, série A/B, n° 74, p. 28) ou de
Dionisio Anzilotti (ANZILOTTI, Teoria generale..., p. 83).
490. Voir : CIJ, Réparation des dommages cit., p. 181-182 et Barcelona
Traction cit., p. 32-3.3, par. 35-36.
491. Le caractère « objectif » de cet énoncé est signalé in Premier
rapport (Crawford), par. 109.
492. ACDI, 197.3, vol. II, p. 184.
493. Ibid., p. 185.
494. Troisième rapport (Crawford), par. 106, 108-116 et 375.
495. Par. 2 du commentaire à l’art. 48 des Articles de la CDI, in
Rapport de la CDI (2001), p. 344.
496. Voir infra : Troisième partie, ii, notamment ii.C.3.2.3.
497. ACDI, 1973, vol. II, p. 185-186. Outre les références doctrinales
cités par la CDI, voir, à titre d’exemple, l’article 1er adopté à
l’unanimité par la Troisième Commission de la Conférence pour la
codification du droit international, La Haye, 1930 (reproduit in
ACDI, 1956, vol. II, p. 226).
498. ACDI, 1973, vol. II, p. 185 : la CDI mentionnait en particulier les
obligations de l’Etat concernant le traitement de ses propres
citoyens, par exemple dans le domaine des droits de l’homme. Dans
son Premier rapport, James Crawford mentionnait aussi des
obligations en matière de protection de l’environnement, de
désarmement, de maintien de la paix et de la sécurité ou
d’élaboration de règles uniformes en droit international privé ; il
signalait ensuite que « la finalité de ces obligations est qu’elles
constituent, en elles-mêmes, des normes de comportement pour les
parties » (Premier rapport (Crawford), par. 118).
499. ACDI, 1973, vol. II, p. 186. La CDI suivait en cela l’opinion
classique de Dionisio Anzilotti (voir supra note 440). A ce sujet, il a
été suggéré de distinguer clairement la notion de « dommage »,
recouvrant le dommage susceptible d’évaluation économique et le
dommage moral, et celle de « préjudice » ou “injuria”, désignant le
préjudice juridique ou atteinte au droit subjectif d’autrui (James
Crawford in Rapport de la CDI (1998), par. 337).
500. ACDI, 1973, vol. II, p. 186. En 1998, à la suite des observations
du Rapporteur spécial (Premier rapport (Crawford), par. 116-121),
la CDI confirmait cette decisión (Rapport de la CDI (1998), par. 351).
Deux observations s’imposent à ce sujet : 1) l’exclusion du
dommage parmi les éléments constitutifs du fait
internationalement illicite ne préjuge pas de la possibilité que des
normes primaires dans certains secteurs particuliers requièrent
l’élément du dommage afin de pouvoir invoquer la responsabilité
internationale ; 2) le dommage reste en tout cas pertinent pour la
détermination de la réparation due à la suite du fait illicite
(Premier rapport (Crawford), par. 121).
501. Il convient de signaler, en passant, que, dans le débat
traditionnel, la problématique du dommage comme condition
préalable de la responsabilité était parfois liée à une conception
étroite de la responsabilité internationale dans le cadre unique du
droit des étrangers. C’est notamment la position de la Troisième
Commission de la Conférence pour la codification du droit
international, La Haye, 1930 (reproduit in ACDI, 1956, vol. II,
p. 226), qui invoquait le « dommage à la personne ou aux biens
d’un étranger » dans la définition générale de responsabilité.
502. Rapport de la CDI (1998), par. 283 (l’approche de la CDI y est
décrite comme reposant sur la notion de « responsabilité
objective »). Voir aussi : DUPUY, P.-M., “A General Stocktaking...” cit.,
p. 1 056.
503. C’est notamment la position de la France qui s’interrogeait sur
cette question dès 1973 (doc. NU A/C.6/SR.1405 (1973), par. 38).
Attila Tanzi met en relation cette observation au sein de la Sixième
commission avec la position française dans les affaires des lissais
nucléaires alors pendantes : TANZI, Attila, “Is Damage a Condition
for the Existence of an Internationally Wrongful Act?”, in Marina
Spinedi & Bruno Simma (éds.), United Nations Codification of State
Responsibility, 1987, p. 6. En 1998, la France jugeait inacceptable
l’article 1er du Projet d’articles dans la mesure où il reflétait la
volonté d’instituer une sorte d’« ordre public international » et de
défendre la légalité objective ; elle considérait indispensable de
retenir une approche fondée sur le dommage (doc. NU A/CN.4/488
du 25 mars 1998, p. 33-34). En revanche, les principes sur lesquels
s’appuient les articles 1er et 2 étaient explicitement soutenus par la
plupart des autres Etats (voir ibid, et Premier rapport (Crawford),
par. 113).
504. Voir : Premier rapport (Crawford), par. 121, b).
505. A titre illustratif, l’on peut se référer, parmi d’autres, à la
position favorable in AGO, Le délit international... cit., p. 476-498 et
la position contraire in ANZILOTTI, Cours... cit., p. 496-505.
506. Les commentaires aux articles 1er et 3, en 1973, n’offraient
aucun raisonnement particulier sur ce point. En revanche, la
question était affrontée dans le programme de travail préliminaire
adopté en 1963 (voir le point 1.b in fine : doc. NU A/CN.4/152, par. 6
in ACDI, 1963, vol. II, p. 238) et la question avait été débattue au sein
de la Sous-commission sur la responsabilité des Etats (ibid., p. 246-
247).
507. Voir : Premier rapport (Crawford), par. 122. Les Articles de la
CDI adoptés en 2001 ne font pas mention de la question de la faute.
508. Voir : Danemark (au nom des pays nordiques) in doc. NU
A/CN.4/488 du 25 mars 1998, p. 31.
509. Voir, par exemple, DUPUY, Pierre-Marie, « Le fait générateur
de la responsabilité internationale des Etats », RCADI, tome 188,
1984-V, p. 28.
510. Voir, par exemple, au sujet du crime international de l’Etat :
Cinquième rapport (Arangio-Ruiz), par. 159 et Rapport de la CDI
(1993), par. 328 ; Rapport de la CDI (1994), par. 243 et 248 ; Rapport
de la CDI (1998), par. 353. Un fait internationalement illicite peut
requérir, dans certains cas, l’élément de la faute, en raison de la
norme primaire concernée ; voir : Premier rapport (Crawford), par.
122 et le Danemark in loc. cit. supra note 508. Dans son avis
consultatif de 1971, la CIJ a considéré que les lois et décrets
appliqués par l’Afrique du Sud en Namibie constituaient un déni
des droits fondamentaux de la personne humaine et constituaient
de ce fait une violation flagrante des buts et principes de la Charte,
et a rejeté expressément la pertinence de l’analyse de l’intention du
gouvernement sud-africain à cet égard (CIJ, Conséquences juridiques
(Namibie) cit., p. 56-57, par. 128-131).
511. ACDI, 1970, vol. II, p. 327, par. 66.
512. Ces transformations sont dues, entre autres, aux changements
de composition de la CDI au cours des travaux. Au moment du
début de l’examen de la deuxième partie en 1981, seuls deux des
membres ayant approuvé le programme de travail préliminaire de
1963 (Abdul Hakim Tabibi et Senjin Tsuruoka) et seuls six de ceux
qui avaient participé au commencement des travaux sur l’origine
de la responsabilité en 1969 (outre les deux précédents :
Mohammed Bedjaoui, Jorge Castañeda, Nikolaï Oucha-kov et Paul
Reuter) faisaient encore partie de la Commission ; ils l’avaient tous
quittée en 1996, au moment de l’adoption en première lecture de
l’ensemble du Projet. Seuls trois des membres présents en 1981
intégraient encore la Commission en 1996 (Julio Barboza, Doudou
Thiam et Alexander Yankov) et aucun d’entre eux n’était présent au
moment de l’adoption du Projet définitif en 2001. D’ailleurs, entre
1996 et 1998, la Commission dans son ensemble subissait une
transformation profonde (seuls 16 des membres ayant adopté le
Projet en 1996 abordaient sa deuxième lecture).
513. Deuxième point du programme de travail proposé par la Sous-
commission sur la responsabilité des Etats et approuvé par la CDI
(ACDI, 1963, vol. II, p. 238).
514. La CDI envisageait la réparation du dommage matériel et
moral, ainsi que celle de l’infraction elle-même, c’est-à-dire de la
« perturbation [...] provoquée dans les rapports juridiques
internationaux » (ACDI, 1975, vol. II, p. 78 ; plus clairement :
Quatrième rapport (Ago), in ACDI, 1972, vol. II, p. 107-108, par. 69).
515. Le terme « sanction » était couramment employé par le
Rapporteur spécial et la CDI jusqu’en 1978 pour désigner les
représailles, auxquelles était attribuée une finalité répressive
(ainsi, par exemple, en 1973, la CDI qualifiait de sanction « une
mesure qui [...] est caractérisée – en partie du moins – par le fait
d’avoir une finalité d’infliger un châtiment » – ACDI, 1973, vol. II,
p. 177). En 1978, lors de l’adoption de l’article 30 de la première
partie, la Commission lui a préféré l’expression « contre-mesures »
(voir ACDI, 1978, vol. II, 2e partie, p. 128 et 134 ; le terme
« sanction » étant alors réservé aux mesures adoptées sur la base
d’une décision d’une organisation internationale), étant entendu
que ces dernières gardaient une « finalité de répression ou
d’exécution » (voir, par exemple, ibid., p. 128).
516. Dans sa session de 1996, la CDI approuva en première lecture
l’ensemble du Projet d’articles sur la responsabilité internationale
et notamment les articles relatifs au contenu, formes et degrés de la
responsabilité internationale (Rapport de la CDI (1996), p. 148-174).
A ce moment, la CDI abandonnait la numérotation séparée des
première, deuxième et troisième parties et adoptait une
numérotation unique pour l’ensemble du Projet.
517. Voir : art. 41 du Projet de 1996 (antérieurement : art. 6 de la
deuxième partie) et son commentaire in ACDI, 1991, vol. II, 2e
partie, p. 57-60.
518. La notion d’Etat lésé occupait une place centrale dans la
deuxième partie du Projet adopté en 1996 et était définie à l’art. 40
(antérieurement art. 5 de la deuxième partie).
519. Le principe général était énoncé à l’art. 42 du Projet de 1996
(antérieurement art. 6 bis de la deuxième partie ; voir : ACDI, 1991.
vol. II, 2e partie, p. 61-64 et Rapport de la CDI (1998), p. 175-176, par.
66). Selon le Projet de 1996, cette réparation pouvait assumer les
formes de : a) la restitution en nature (art. 43 – antérieurement art.
7 de la deuxième partie, commenté in ACDI, 1991, vol. II, 2e partie,
p. 64-70) ; b) l’indemnisation du dommage susceptible d’évaluation
économique (art. 44 – antérieurement art. 8 de la deuxième partie,
commenté in ibid., p. 70-79) ; c) la satisfaction du dommage non
matériel (art. 45 – antérieurement art. 10 de la deuxième partie,
commenté in ibid., p. 79-84) ; et d) les assurances et garanties de
non-répétition (art. 46 – antérieurement art. 10 bis de la deuxième
partie, commenté in ibid., p. 84-86).
520. Art. 47 du Projet de 1996 (le régime des contre-mesures était
codifié par le chapitre iii de la deuxième partie (art. 47-50) : pour les
commentaires généraux à ce chapitre et aux art. 47 et 48, voir
Rapport de la CDI (1996), p. 176-188, par. 66 ; pour les
commentaires aux art. 49 et 50, voir Rapport de la CDI (1995),
p. 154-184, par. 365).
521. Voir : par. 2 du commentaire introductif de la deuxième partie,
in Rapport de la CDI (2001), p. 228.
522. Selon les termes du Rapporteur spécial James Crawford in
Rapport de la CDI (2000), par. 77.
523. Selon la critique contenue dans le Troisième rapport (Ago) cit.,
p. 218, par. 35.

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Référence électronique du chapitre


VILLALPANDO, Santiago. Chapitre I. La théorie générale de la
responsabilité internationale des États In : L’émergence de la
communauté internationale dans la responsabilité des États [en
ligne]. Genève : Graduate Institute Publications, 2005 (généré le 25
octobre 2023). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/iheid/1168>. ISBN : 9782940549122.
DOI : https://doi.org/10.4000/books.iheid.1168.

Référence électronique du livre


VILLALPANDO, Santiago. L’émergence de la communauté
internationale dans la responsabilité des États. Nouvelle édition [en
ligne]. Genève : Graduate Institute Publications, 2005 (généré le 25
octobre 2023). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/iheid/1154>. ISBN : 9782940549122.
DOI : https://doi.org/10.4000/books.iheid.1154.
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L’émergence de la communauté
internationale dans la responsabilité des
États
Santiago Villalpando

Ce chapitre est cité par


Quirico, Ottavio. (2007) A Formal Prescriptive Approach to
General Principles of (International) Law. SSRN Electronic
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Ce livre est cité par


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