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COMPAORE, Herman

2023

Cours
INTRODUCTION AU DROIT INTERNATIONAL PUBLIC

Professeur
Marie MONNET

Sujet 4
Commentez la disposition suivante, en vous appuyant sur vos connaissances
acquises durant le cours ainsi que des sources extérieures au cours : « Tout fait
internationalement illicite de l’État engage sa responsabilité internationale » (Ar-
ticle 1 du Projet CDI)

Décembre 2023

Langue maternelle : FRANÇAIS

1
Grille
Devoir
Attention :
Tableau réservé à l’appréciation du correcteur ou de la correctrice. A remplir par une X.
Ce tableau est suivi d’un espace de commentaires à l’attention de l’étudiant/e.

Critères Excellent Satisfaisant En cours d’ac- Non-satisfai-


quisition sant
Aspect formel et style
- Syntaxe et orthographe.
- Mise en page.
- Clarté de la rédaction et re-
lecture.
- Notes de bas de page et ci-
tations.
- Bibliographie.
Structure du devoir
- Respect de la méthodolo-
gie.
- Organisation de l’argumen-
tation

Maîtrise de la matière
- Problématisation.
- Bonne compréhension du
cours.

Approche Critique
- Recherche documentaire.
- Élaboration de la réflexion,
positionnement.
- Pertinence des arguments.

2
Commentaires à l’attention de l’étudiant.e

Note finale

Nombre de points (1 à 20)


Qualification LMD (de A à F)

Barème de qualification LMD :


A : 16-20 points
B : 14-15 points
C : 12-13 points
D : 11 points
E : 10 points
F < 10 points (La qualification F "insuffisant" est attribuée si l'étudiant-e ne remplit pas les conditions
préalables ou si le nombre de points est en dessous de 10).

3
Introduction générale

« Any system of law must address the responsability of its subjects for breaches of their
obligation1. » L’ordre juridique international ne fait pas d’exception à la règle. La négociation et
le dialogue, le recours aux instances internationales, les mesures diplomatiques, les sanctions éco-
nomiques ou le recours à la force sont entre autres des étapes et recours possibles lorsqu’un État
enfreint ses obligations internationales. L’établissement de normes régissant les interactions entre
États constitue un pilier essentiel du droit international. Au cœur de cette réglementation se
trouve l’article 1 du Projet de Convention sur la Responsabilité Internationale des États pour des
faits internationalement illicites, proclamant la responsabilité inhérente de tout État pour tout acte
contraire au droit international.

L’introduction de cette notion capitale dans le Projet de la Commission de droit interna-


tional (CDI) a engendré des débats juridiques et a donné lieu à une réflexion sur la portée, les li -
mites et les implications de la responsabilité des États dans le contexte global actuel. Afin de
mieux saisir la signification et la pertinence de cet article, il semble opportun de déblayer le ter-
rain sur lequel nous entendons construire notre raisonnement. Tout d’abord, nous partirons d’une
démarche théorique générale de la responsabilité internationale qui nous conduira à identifier les
notions fondamentales de la matière. Ensuite, une analyse nous aidera à appréhender les implica-
tions pratiques de cet ordre juridique dans les relations internationales. Nous ne saurons terminer
sans avoir parler de l’évolution et du développement de l’article 1 du Projet de la CDI en y appor-
tant une analyse critique.

I. Cadre théorique de la responsabilité internationale des États


Pour comprendre pleinement la responsabilité internationale des États, il convient d'exam-
iner son élaboration et sa structure d’ensemble dans lesquelles elle s'inscrit.

1
GOWLLAND-DEBBAS, Vera. International Law and the Quest for its Implementation. Le droit international et la quête de sa
mise en œuvre (2010), p.377.

4
A. Définition et délimitation du sujet

La responsabilité internationale est l’ensemble des consequences que l’ordre juridique in-
ternational prévoit pour un État qui commet un fait internationalement illicite. Elle repose sur
plusieurs principes et sources, notamment la Charte des Nations unies 2, les traités internationaux,
la coutume internationale ainsi que la jurisprudence. C’est un droit

« essentiellement coutumier : la codification n’a vraiment débuté qu’en 1969, pour s’achever par
un projet de la Commission du Droit international (CDI) soumis à l’Assemblée générale des Na-
tions Unies en 2001, la CDI étant un organe subsidiaire de l’ONU chargé de la codification du
Droit international. Ce texte n’envisage que la responsabilité des États 3.»

1. Nature de fait internationalement illicite

L'article 1 du Projet CDI énonce un principe fondamental en droit international, celui de


la responsabilité internationale des États pour leurs actes illicites. Elle découle du non-respect des
normes, des obligations ou des droits établis par le droit international. Pour rappel, « la responsa-
bilité pour faits illicites existe, d’une manière ou d’une autre, au sein de tout ordre juridique 4. »
La responsabilité des États peut être catégorisée en responsabilité objective et subjective. La re-
sponsabilité objective découle de l’acte illicite d’un Etat, que cet acte soit une violation d’une
obligation découlant du droit international coutumier, de traités internationaux, ou d’autres norms
internationales. C’est la responsabilité pour fait illicite. Cette forme de responsabilité est aussi en-
gagée lorsque l’Etat a commis une action interdite par le droit international, même en l’absence
de faute ou de mauvaise intention 5. Cela veut dire en d’autres termes que la simple violation
d’une norme suffit à établir la responsabilité de l’Etat. Par exemple si un Etat viole le territoire
d’un autre Etat sans autorisation, cela constitue une violation objective du droit international et
engage la responsabilité de l’Etat contrevenant. La note de Alain Pellet nous semble pertinente : «
Existe-t-il en droit international une responsabilité de l’Etat sans manquement pour les dom-

2
Vie publique. https://www.vie-publique.fr/fiches/274821-principe-dinterdiction-du-recours-la-force-et-rexceptions, consulté le
samedi 9 décembre 2023.
3
Cairn. https://www.cairn.info/lecons-de-droit-international-public--9782340019324-page-53.htm, consulté le mardi 28 novem-
bre 2023.
4
Open Edition Books. https://books.openedition.org/iheid/1168?lang=en#bodyftn2, consulté le Dimanche 3 décembre 2023.
5
PELLET, Alain. “Les articles de la CDI sur la responsabilité de l'État pour fait internationalement illicite. Suite - et fin?” in An-
nuaire français de droit international, volume 48, (2002), pp. 1-23. (Voir aussi la Convention sur la responsabilité internationale
pour les dommages causés par les engins spatiaux du 29 mars 1972. Cf. ROCHE, Catherine. L’Essentiel du droit international
public, 2019, Guialino, p.98).

5
mages causés par les activités qui ne sont pas interdites par le droit international ? 6» Quant à la
responsabilité subjective, elle découle de la commission d’un acte illicite par un Etat conjointe-
ment avec un élément de faute ou de mauvaise intention. C’est la responsabilité pour risqué créé.
Contrairement à la responsabilité objective, la responsabilité subjective exige la preuve que l'État
a agi intentionnellement ou par négligence grave pour enfreindre une norme du droit interna-
tional. Par exemple, si un État participe activement à un génocide ou commet des violations mas -
sives des droits de l'homme en toute connaissance de cause, cette responsabilité découlera de la
mauvaise intention délibérée ou de la négligence grave dans les actions de l'État. La responsabil-
ité sujective se voit aussi dans la rupture d’un lien special. Elle servient lorque deux Etats ont un
lien particulier, par exemple, un Etat peut être tenu responsible pour les actions de groups non
étatiques s’il entretient un contrôle effectif sur eux ou s’il les soutient activement.

2. Delimitation de l’article 1 du Projet CDI

L’article 1 du Projet de la Commission du droit international stipule : « Tout fait interna-


tionalement illicite de l’État engage sa responsabilité internationale. » Le principe de
responsabilité internationale des États est un pilier du droit international et a été développé pour
régir les relations entre les États souverains. Il établit que les États sont responsables de leurs
actes qui sont contraires aux obligations qu'ils ont acceptées en vertu du droit international.
L'article 1 du Projet CDI reflète ce principe en affirmant que tout acte illicite commis par un État
engage sa responsabilité internationale. Il est essentiel de comprendre la portée et l'importance de
cette notion dans le droit international. Selon la doctrine, un fait illicite est un comportement qui
viole une obligation juridique. Dans le contexte du droit international, cela signifie qu'il s'agit
d'une violation d'une norme internationale acceptée par les États. Cette norme peut découler d'un
traité auquel l'État est partie ou être issue de la coutume internationale ou des principes généraux
du droit international.
La pratique étatique et jurisprudentielle confirme largement cette définition du fait illicite
en matière de responsabilité internationale des États. Par exemple, dans son arrêt Nicaragua c/
États-Unis, la Cour Internationale de Justice a affirmé que le caractère licite ou non licite des
actes commis par un État doit se déterminer conformément aux règles pertinentes applicables
entre les parties concernées7. Des conventions spécifiques ont été conclues pour aborder dif-
6
PELLET, Alain. (2002), note 14.
7
ICJ. https://icj-cij.org/case/70, conculté le samedi 9 décembre 2023.

6
férents aspects de la responsabilité des États, telle que la Convention sur l'élimination de toutes
les formes de discrimination raciale ou encore la Convention contre le génocide 8. Il convient
également de noter que l'article 1 du Projet CDI est en accord avec d'autres sources du droit
international, telle que la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969. Cette
convergence juridique renforce l'importance et la validité de cet article dans l'ordre juridique
international.

B. Les caractéristiques de l’article 1 du Projet CDI

L’article 1 du Projet a eu le mérite de mettant en exergue deux aspects principaux, qui


sont des innovations principales : l’introduction de la notion de crime international et la volonté
d’élargir les conséquences de la responsabilité internationale au-delà de la réparation et contre-
mesures pour son effectivité. Analysons ces différentes caractéristiques.

1. Les sources de la responsabilité internationale

La responsabilité internationale des États est un principe qui est soutenu par une
abondante pratique étatique et jurisprudentielle. En effet, de nombreux traités internationaux
prévoient expressément la possibilité d'engager la responsabilité d'un État en cas de violation de
ses engagements. Par exemple, l'article 2 §4 de la Charte des Nations unies interdit aux États
l'usage ou la menace d'utilisation de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance
politique d'un autre État, sous peine d'être tenus responsable devant la communauté international 9.
De même, plusieurs arrêts rendus par les cours et tribunaux internationaux ont confirmé ce
principe. Par exemple, dans son avis consultatif relatif au mur construit par Israël dans les
territoires palestiniens occupés en 2004, la Cour Internationale Justice a affirmé que « les
violations graves commises par Israël [...] engagent sa responsabilité 10. » En outre, ce principe
trouve également sa source dans le droit coutumier international qui reconnaît depuis longtemps
cette obligation pour les États. La CDI elle-même souligne que la règle générale selon [laquelle]

8
OHCHR. https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/international-convention-elimination-all-forms-racial,
consulté le vendredi 06 octobre 2023.
9
Vie publique. https://www.vie-publique.fr/fiches/274821-principe-dinterdiction-du-recours-la-force-et-rexceptions, consulté le
samedi 9 décembre 2023.
10
ICJ. https://www.icj-cij.org/case/131.

7
tout fait illicite engage la responsabilité de l'État qui le commet 11 est une règle coutumière bien
établie.

2. Les conditions pour engager la responsabilité internationale d’un


État

Quand peut-on parler de violation du droit international ? Pour qu'un fait soit considéré
comme internationalement illicite, deux éléments doivent être réunis : premièrement, une
obligation juridique doit exister ; deuxièmement, cette obligation doit avoir été violée par l'État
en question. Cela implique que chaque fois qu'un État agit contrairement à ses engagements
découlant du droit international tels que ceux résultant des traités auxquels il est rtie, sa
responsabilité peut être engagée. Par exemple, si un État viole les droits de l'homme en torturant
des individus ou s'il utilise la force armée sans justification légale, il commet un fait
internationalement illicite et peut être tenu responsable sur le plan international. Le fait illicite
doit découler de la violation d’une règle du droit international. Mais cette règle doit être contrai-
gnante pour l’État en infraction. Notons aussi que si un État agit en toute connaissance de cause
pour soutenir un acte illicite principal, il est imputable internationalement.
Donc, il y a toujours un lien entre fait illicite et engagement de la responsabilité interna -
tionale. Cependant tout comportement de l’organisation n’engage pas sa responsabilité. Cette
dernière ne sera engagée que si le comportement, consistant en une action ou omission constitue
une violation d’une obligation internationale. L’orsqu'un État commet un acte contraire au droit
international, il engage sa responsabilité.
« La violation du Droit international par un État consiste en un fait qui n’est pas conforme à ce qui
est requis de lui en vertu de cette obligation, quelle que soit l’origine ou la nature de celle-ci ; c’est-
à-dire que l’illicéité porte aussi bien sur la violation d’une obligation conventionnelle (issue d’un
traité), que d’une règle coutumière (CIJ, 1997, Projet Gabcikovo-Nagymaros : « il est bien établi
que dès lors qu’un État a commis un acte internationalement illicite, sa responsabilité
internationale est susceptible d’être engagée, quelle que soit la nature de l’obligation méconnue »).
Elle peut aussi résulter d’une abstention fautive (CIJ, Personnel diplomatique et consulaire des
États-Unis à Téhéran). Le projet de la CDI prévoit aussi le cas des violations graves par l’État
d’une obligation découlant d’une norme de jus cogens. La gravité est définie comme dénotant de la
part de l’État un manquement flagrant ou systématique à ses obligations internationales 12. »

La remarque est que le fait de l’origine de la responsabilité est illégal, comme l’annexion du Ko -
weït par l’Irak en 1990 en violation de la Charte des Nations Unies13.
11
United Nations. https://www.legal.un.org, consulté le samedi 9 décembre 2023.
12
ROCHE, Catherine. L’Essentiel du Droit International Public, Gualino, Lextenso, 2019, p.98.
13
Nations Unies. https://www.un.org/french/docs/cs/repertoire/89-92/CHAPTER%208/MIDDLE%20EAST/item%2022_Iraq-
Kuwait_.pdf, consulté le 3 décembre 2023.

8
3. Les éléments constitutifs d’un fait internationalement illicite

Notons tout d’abord l’illicéité. La notion d’illicéité est le fondement du droit commun de
la responsabilité internationale. L’idée de faute délictuelle est plutôt liée à un système spécifique
de responsabilité de droit interne. Après cette petite distinction, nous pouvons avancer ceci : pour
qu’un fait puisse être attribuable à un État en vertu du Droit international, comme étant une viola -
tion d’une obligation internationale, il faut que ce fait soit illicite. La notion d’illicéité « se définit
comme étant toute violation d’une obligation internationale résultant soit d’une action ou d’un
comportement passif amenant à l’examen de la typologie des frais illicites 14 ». Cette notion a été
développée dans la célèbre affaire du Lotus (1927), où la Cour permanente de justice interna-
tionale a affirmé que les États ne peuvent agir librement sur la scène internationale sans se con -
former aux règles établies. Ainsi, tout acte illicite peut engager leur responsabilité et donner lieu à
reparation15. Il convient également de noter que l’illéicité peut consister en une action, un com-
portement ou un agissement contraire au droit ou bien en une omission, c’est-à-dire « une
carence dans l’accomplissement d’une obligation de faire ou d’abstention.16. »

Selon l’article 1 du texte du Projet de la CDI, la responsabilité internationale de l’État est


engagée pour tout fait internationalement illicite. L’État est donc responsable du fait illicite, des
mauvais traitements d’étrangers, des expulsions arbitraires, du non-respect des contrats conclus
avec des étrangers, des actes commis par les autorités militaires en temps de guerre ou de paix,
par exemple, l’affaire du Rainbow Warrior17 où la France a reconnu sa responsabilité pour les
agissements de ses services secrets. Cependant, il est à noter que l’État n’est pas « responsable
des actes commis par des particuliers ou des groupes de particuliers sauf s’il n’a pas agi pour
prévenir ou réprimer ces comportements. Il est alors responsable de sa propre abstention18. »

14
RANJEVA, Raymond. et CADOUX, Charles. Droit International Public (1992), p.212.
15
Cour Internationale de Justice, https://www.icj-cij.org/fr/node/102235, consulté le Dimanche 3 décemebre 2023.
16
RANJEVA, Raymond. et CADOUX, Charles (1992), p.213.
17
Radio France, https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/rendez-vous-avec-x/rendez-vous-avec-x-du-jeudi-22-juillet-
2021-5996163, consulté le Dimanche 3 décembre 2023. ( L’affaire du “Rainbow Warrior” désigne le sabotage du navire amiral de
l’organisation écologiste Greenpeace, le Rainbow Warrior, par les services secrets français le 10 juillet 1985, ainsi que ses suites
médiatiques, politiques et judiciaires ).
18
Comme dans l’affaire du Personnel diplomatique et consulaire des États-Unis à Téhéran, (CIJ.
https://www.icj-cij.org/fr/affaire/64 ), consulté le dimanche 3 décembre 2023.

9
Voyons à présent les circonstances excluant l’illicéité. Peut-on y avoir des causes d’exo-
nération de responsabilité de l’État ? L'illicéité peut disparaître dans certaines circonstances. Ces
circonstances « exonératoires résultent soit du fait de la victime soit d'un fait extérieur à la
victime19. »

- Le consentement.
Le consentement de la victime suprime l’imputabilité chez son auteur. La victime dans ce
cas est consentante à la réalisation de l’illicéité. Prenons un exemple : « une autorisation donnée
par un État de pénétrer sur son territoire à des forces étrangères. Cette autorisation doit émaner
d’un organe compétent en droit international, être établi clairement, donné avant la cohmmis-
sion d’un fait illicite et ne pas violer le jus cogens (voir : art. 20 Projet CDI)20. »

- Les contre-mesures et la légitime défense


Ce sont des réactions qu’adoptent les États face à l’illicéité. « Il s'agit d'actions non
conformes au droit international mais légitimes à rencontre d'une violation de règles du droit
international commise par un autre État21. » Mais il faut que ces mesures soient prises en confor-
mité avec la Charte des Nations Unies.

- La force majeure ou le cas fortuit


Elle est également prise en compte dans les causes d’exonération. C’est un élément
imprévu et irrésistible. Il échappe au contrôle de l'État et son caractère « naturel » implique
l'absence de toute forme de contribution de la victime à la survenance ou à l'aggravation de
l'événement. Par exemple : « le refus d’un État de laisser transiter les marchandises sur son ter-
ritoire par suite d’une décision du Conseil de Sécurité (= force majeure pour l’autre État qui
manque donc à son obligation de livraison de la marchandise)22. »

- L’État de nécessité et la détresse de la victime

19
RANJEVA, Raymond. et CADOUX, Charles (1992), p.214.
20
Voir MONNET, Marie. Notes de cours, Introduction au droit international public, Domuni Universitas. (
https://www.domuni.eu/fr/vie-universitaire/professeur/?idTeacher=184 ).
21
RANJEVA, Raymond et CADOUX, Charles (1992), p.215.
22
Voir MONNET, Marie. Notes de cours, Introduction au droit international public, Domuni Universitas. (
https://www.domuni.eu/fr/vie-universitaire/professeur/?idTeacher=184 )

10
« C’est une situation dans laquelle un État se trouve en n’ayant pas d’autre moyen que
celui d’adopter un comportement non conforme étant donné que l’un de ses intérêts essentiels est
menacé par un péril grave et imminent 23. » Il y a état de nécessité si l’acte illicite constitue pour
l’État en infraction le seul moyen de protéger un intérêt essentiel contre un péril grave et immi -
nent24.
Après avoir examiné le sens et la valeur de l'article 1 du Projet CDI, nous allons
maintenant nous pencher plus spécifiquement sur ses conséquences dans notre prochaine partie.

II. Les conséquences juridiques et pratiques de la responsabilité


internationale des États
La CPJ dans son arrêt Usine de Chorsow25 affirmait que « c’est un principe du Droit
international (...) que toute violation d’un engagement comporte l’obligation de réparer ». Avec
l’existence d’un fait internationalement illicite, le dommage est une condition essentielle de la
mise en jeu de la responsabilité étatique.

A. Les obligations découlant de la responsabilité internationale

La responsabilité internationale implique que les États et d'autres acteurs internationaux


sont tenus responsables de leurs actions en vertu du droit international.
« Traditionnellement, l'attribution du fait générateur ne pouvait se concevoir qu'à la charge de
l'État ; depuis l'avis consultatif sur la réparation des dommages, les organisations internationales,
jouissant d'une compétence fonctionnelle, peuvent aussi se voir attribuer un fait générateur de
responsabilité internationale26. »
Cependant force est de constater que le cas le plus fréquent qu’on attribue le fait est l’État. Dans
ce cas, le programme de travail de la CDI adopté prévoit des sanctions et des mesures correctives.

1. La réparation du préjudice

23
Ibidem.
24
RANJEVA, Raymond et CADOUX, Charles (1992), p.215.
25
Jus Mundi, https://jusmundi.com/fr/document/decision/en-factory-at-chorzow-jurisdiction-judgment-tuesday-26th-july-1927,
consulté le 3 décembre 2023.
26
RANJEVA, Raymond et CADOUX, Charles (1992), p.217.

11
La réparation est un terme générique qui permet de savoir les dispositions que doit
prendre l’Etat responsable pour effacer les conséquences de ses actes. Il est dans l’obligation de
respecter le droit international et mettre fin au fait illicite. C’est aussi le moment des garanties de
non-répétition de ce fait27. Les États ont l'obligation de respecter et de se conformer au droit inter-
national, y compris les traités, les conventions, les normes coutumières et les principes généraux
du droit international et cesser tout comportement illicite. Cette obligation découle du principe
général du droit international selon lequel un État doit cesser toute action illicite dès qu'il en a
connaissance. Lorsqu'un État ou un acteur international enfreint le droit international, il est tenu
de cesser immédiatement cet agissement ou cette pratique.

La cessation du comportement illicite s'applique à une variété de domaines du droit inter-


national, notamment en ce qui concerne les droits de l'homme, le droit humanitaire, le droit de
l'environnement, le droit de la mer, etc28. L'obligation de cesser un comportement illicite est con-
tinue. Elle ne se limite pas à un simple arrêt temporaire, mais implique un arrêt permanent et une
non-répétition de l'acte illicite. Cela constitue une étape essentielle pour rétablir la conformité
avec les normes et les obligations du droit international.

2. Restitution « in integrum »

Lorsqu'un État viole ses obligations en vertu du droit international, il est tenu de réparer
les dommages causés. Cela peut inclure des mesures de restitution, de compensation, voire de sat-
isfaction pour remédier à l'injustice commise. Le droit à la restitution en droit international fait
référence à la nécessité de restaurer la situation antérieure à une violation du droit international,
lorsque cela est possible, en rétablissant les conditions qui existaient avant que la violation ne se
produise. Cela peut impliquer le retour des biens, des territoires ou des droits qui ont été illégale-
ment pris, utilisés ou affectés. La restitution est envisagée lorsque cela est matériellement possi-
ble et ne provoque pas de préjudice disproportionné à d'autres parties concernées. Par exemple,
dans les conflits territoriaux, la restitution des territoires peut être un moyen de remédier à une
acquisition illégale. La restitution peut être offerte conjointement avec d'autres formes de répara-
tion, telles que l'indemnisation ou la satisfaction. Elle vise à restaurer les droits et les biens de la
partie lésée autant que possible. C’est la meilleure façon envisageable. « Malheureusement, il est

27
ICJ, https://www.icj-cij.org/case/104, consulté le mardi 12 décembre 2023. (Germany v. United States of America).
28
CIJ., www.icj-cij.org/fr/affaire/116, consulté le mardi 12 décembre 2023. (Activités armées sur le territoire de la République
Démocratique du Congo c. Ouganda).

12
le plus souvent illusoire de croire que la remise en l’état soit possible, la CDI prévoit d’ailleurs
que la restitution ne doit pas imposer une charge hors de proportion avec le dommage 29. » Les
tribunaux internationaux, tels que la Cour internationale de Justice (CIJ), peuvent ordonner la
restitution dans leurs décisions rendues pour des violations du droit international, lorsque cela est
jugé approprié.

3. L’adoption de mesures correctives

Le droit à la compensation, à l’indemnisation et le droit à la satisfaction sont des mesures


correctives que peuvent prendre les tribunaux internationaux lorsqu’il y a cas de violation.

Le droit à la compensation est une composante essentielle de la responsabilité interna-


tionale, visant à réparer les préjudices subis par les victimes en raison de violations du droit inter -
national. Son application dépend de la reconnaissance de la responsabilité et de la capacité à
fournir une réparation adéquate aux parties lésées. Lorsqu'un État viole ses obligations en vertu
du droit international, il peut être tenu responsable et être tenu de verser une compensation aux
États ou aux individus lésés. Cela peut découler de violations de traités, de normes coutumières
ou de principes généraux du droit international 30. La compensation peut prendre différentes
formes, notamment des dommages matériels, des pertes financières, des dommages moraux, des
pertes de territoire, des coûts de nettoyage environnemental, etc. Cependant, obtenir une compen-
sation en vertu du droit international peut être complexe et dépend souvent de la reconnaissance
de la responsabilité de l'acteur fautif ainsi que de la détermination des dommages subis.

Quant à l’indemnisation, c’est le mode de réparation le plus courant et le plus facile. Il est
étroitement lié à la responsabilité internationale, qui engage la responsabilité des acteurs interna-
tionaux pour des actions ou des omissions contraires au droit international. Le droit à l'indemni-
sation en droit international vise à réparer les préjudices subis par les victimes en raison de viola -
tions du droit international. l'État fautif peut être tenu de verser une indemnisation pour com-
penser ces dommages31. L'indemnisation peut prendre différentes formes, notamment des dom-
mages matériels, des pertes financières, des dommages moraux, des pertes de territoire, des coûts
de nettoyage environnemental, etc. Cependant, obtenir une indemnisation en vertu du droit inter-
29
Voir par exemple, l’arrêt Usine de pâte à papier sur le fleuve Uruguay, CIJ., https://www.icj-cij.org/fr/affaire/135/arrets,
consulté le mardi 12 décembre 2023.
30
Nations Unies., https://www.press.un.org/fr/2019/agj3611.doc.htm, consulté le mardi 12 décembre 2023.
31
RANJEVA, Raymond et CADOUX, Charles (1992), p.223.

13
national peut être complexe et dépend souvent de la reconnaissance de la responsabilité de l'ac-
teur fautif ainsi que de la détermination des dommages subis.

Le droit à la satisfaction en droit international fait référence à la nécessité de réparer les


torts subis par une partie lésée en raison d'une violation du droit international. La satisfaction est
un aspect important de la responsabilité internationale et peut être offerte conjointement avec
d'autres formes de réparation, telles que l'indemnisation ou la restitution. La satisfaction vise à
apporter un réconfort, une reconnaissance morale 32 ou une réparation symbolique à la partie lésée
pour le tort subi. Elle peut prendre différentes formes, telles que des excuses officielles 33, des déc-
larations de reconnaissance de la responsabilité, des cérémonies commémoratives, des réhabilita-
tions publiques, ou d'autres mesures visant à restaurer la dignité ou l'honneur de la partie lésée.
La satisfaction est souvent offerte en complément d'autres formes de réparation, telles que l'in -
demnisation pour les dommages matériels ou moraux. Elle vise à reconnaître le préjudice subi et
à restaurer autant que possible la dignité et les droits de la victime. Les tribunaux internationaux,
tels que la Cour internationale de Justice (CIJ) ou d'autres tribunaux spécialisés, peuvent recom-
mander des mesures de satisfaction dans leurs décisions rendues pour des violations du droit in-
ternational34. Offrir une satisfaction peut jouer un rôle important dans la restauration des relations
entre les États ou les acteurs impliqués. Cela peut contribuer à atténuer les tensions et à rétablir la
confiance après une violation du droit international. le droit à la satisfaction en droit international
vise à restaurer la dignité, à reconnaître les préjudices subis et à réhabiliter autant que possible la
partie lésée suite à une violation du droit international. Il complète d'autres formes de réparation
et contribue à la réparation morale ou symbolique des torts causés.

32
Cf., CIJ., https://www.icj-cij.org/fr/affaire/135/arrets, consulté le mardi 12 décembre 2023.
33
Excuses solennelles, d’État à État, comme dans l’affaire du Rainbow Warrior, où la France a présenté des excuses à la Nou -
velle-Zélande. (Cf. United Nations., https://www.legal.un.org/riaa/cases/vol_XX/215-284.pdf)
34
CIJ., https://www.icj-cij.org/fr/affaire/80, consulté le mardi 12 décembre 2023. ( l'affaire de Certaines terres à phosphates à
Nauru opposant Nauru à l'Australie à la suite de la fin de la tutelle conjointe de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et du
Royaume-Uni).

14
B. Le rôle des Organisations Internationales (OI) dans l’exercice et le
suivi de la responsabilité internationale

Les organisations internationales (OI) jouent un rôle crucial dans l'exercice et le suivi de
la responsabilité internationale à plusieurs niveaux. Leur implication peut prendre différentes
formes, notamment : L’assistance et la surveillance du respect des engagements pris par les États
fautifs.

1. Assistance aux États dans leur demande de réparation35

Les Organisations Internationales contribuent à l'élaboration et à la codification du droit


international en adoptant des résolutions, des conventions et des traités. Elles aident également à
la promotion et à l'application de ces normes au sein de leurs États membres. Dans la coopération
entre les États members, ells jouent un rôle important et offrent souvent des plates-formes pour la
médiation et la résolution pacifique des conflits, contribuant ainsi à prévenir les violations du
droit international. Pour parler de l’assistance technique et de la capacité renforcée, les organisa-
tions internationales en fournissent souvent aux États membres pour les aider à respecter leurs
obligations internationales.

2. Surveillance du respect des engagements pris par les États fautifs36

Les organisations internationales peuvent surveiller et évaluer le respect des normes inter-
nationales par les États membres. Cela peut se faire à travers des mécanismes de rapport, d'évalu -
ation périodique ou de suivi des progrès dans divers domaines tels que les droits de l'homme, le
commerce, l'environnement, etc. Certaines organisations internationales possèdent des mécan-
ismes permettant de résoudre les différends entre États membres. Par exemple, la Cour interna-
tionale de Justice (CIJ) est un organe judiciaire des Nations unies chargé de régler les litiges entre
États conformément au droit international. Dans certaines situations, ells peuvent mettre en œu-
vre des sanctions ou des mesures coercitives à l'encontre des États ou des acteurs qui violent le
droit international, afin de faire respecter les normes internationales et de restaurer la paix et la
sécurité.

35
CIJ, https://www.icj-cij.org/fr/affaire/4, consulté le dimanche 10 décembre 2023.
36
ICRC, https://www.ihl-databases.icrc.org/fr/customary-ihl/v1/rule150#refFn_4FB71CCE_00026, consulté le dimanche 10 dé-
cembre 2023.

15
En résumé, les organisations internationales jouent un rôle crucial dans la promotion, la
surveillance et la mise en œuvre de la responsabilité internationale en facilitant le respect des
normes et des obligations du droit international par les États membres et en intervenant lorsque
ces normes sont violées.

III. Actualité de la responsabilité internationale


En raison de l'évolution constante de la politique mondiale, de nouveaux défis émergent
dans le domaine de la responsabilité internationale : crimes de guerre et de violations des droits
de l’homme, climat et environnement, cybersécurité et cyberattaques, pandémies et santé mondi-
ale, migration et réfugiés, intelligence artificielle et éthique, etc. Ces sujets sont au cœur des dis -
cussions et des débats sur la responsabilité internationale.

A. Évolution et développement de la responsabilité internationale

L'évolution de la responsabilité internationale a été façonnée par des changements his-


toriques, des événements marquants et des progrès juridiques. Notons quelques points clés illus-
trant son développement historique.

1. Évolution historique de la responsabilité internationale

La responsabilité internationale a évolué avec le développement du droit international


moderne. Des traités, des conventions et des principes coutumiers ont été établis pour régir les re-
lations entre États, définissant les obligations et les responsabilités des acteurs internationaux. La
création de la CIJ en 1945 a joué un rôle crucial dans le développement de la responsabilité inter-
nationale. La CIJ est devenue l'organe judiciaire principal des Nations unies, traitant des dif-
férends entre États et rendant des avis consultatifs sur des questions juridiques37.

Le développement de la responsabilité individuelle pour les crimes internationaux ma-


jeurs, tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide, a été un tournant.
Des tribunaux internationaux comme le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie

37
CIJ., https://www.icj-cij.org/fr/statut, consulté le mardi 12 décembre 2023.

16
(TPIY)38 et le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) 39 ont été établis pour juger les
auteurs de ces crimes.

2. Prise en compte des nouvelles normes

La responsabilité internationale s'est étendue à de nouveaux domaines, notamment la pro-


tection de l'environnement, les droits de l'homme, le commerce international et la santé mondiale.
Les normes et les traités internationaux ont évolué pour inclure ces préoccupations croissants. La
responsabilité des organisations internationales a également gagné en importance, avec des dis-
cussions sur la manière dont ces entités doivent être tenues responsables de leurs actes et de leurs
omissions conformément au droit international. En plus, les normes et les pratiques en matière de
responsabilité internationale évoluent continuellement pour répondre aux nouveaux défis mondi-
aux et aux évolutions de la société. Des débats et des négociations sont en cours afin d’adapter le
droit international aux besoins actuels.

B. Limites et perspectives

L'exercice effectif de la responsabilité internationale rencontre plusieurs limites et défis,


en raison de la complexité des relations internationales, des intérêts divergents des États et des
obstacles juridiques. Revoyons quelques uns de ces défis et ouvrons une discussion sur son exten-
sion possible.

1. Limites et défis liés à l’exercice effectif de la responsabilité interna-


tionale

En parlant des limites et défis, notons en premier lieu l’absence de mécanismes de mise
en œuvre contraignants qui peut limiter l’efficacité de la responsabilité internationale. Les sanc-
tions, les mécanismes de règlement des différends et les outils coercitifs sont parfois limités dans
leur capacité à contraindre les États ou les acteurs internationaux à respecter leurs obligations. Le
principe de souveraineté des États peut également constituer une limite à l'exercice de la respons-
abilité internationale. Certains États peuvent résister à l'intervention extérieure au nom de la sou-
veraineté nationale, ce qui rend difficile l'application de normes internationales. Le manque de
volonté politique de la part des États membres ou des acteurs internationaux peut entraver la mise

38
Cf., United Nations, https://www.un.org/ga/acabq/documents/all/612, consulté le mardi 12 décembre 2023.
39
Cf., United Nations, https://www.unictr.irmct.org, consulté le mardi 12 décembre 2023.

17
en œuvre effective des normes internationales. Certains pays peuvent ne pas être disposés à
coopérer ou à se conformer aux obligations internationales pour diverses raisons politiques,
économiques ou sociales. Très souvent, dans les conflits armés et les situations complexes, déter -
miner la responsabilité des acteurs peut être difficile en raison de la multiplicité des parties
prenantes, des intérêts divergents et de la complexité des enjeux. Ainsi, l’impunité pour les viola-
tions du droit international reste un défi majeur. Certains individus ou États responsables de vio-
lations graves échappent à la justice en raison de l'absence de mécanismes efficaces pour les tenir
responsables.

De nouveaux défis émergent constamment, tels que les avancées technologiques rapides,
les pandémies mondiales, les migrations massives, ce qui rend difficile l'adaptation rapide des
normes et des mécanismes de responsabilité internationale. Les inégalités économiques, sociales
et politiques entre les États peuvent influencer la manière dont la responsabilité internationale est
appliquée. Les pays puissants ont parfois une capacité plus grande à influencer les normes et les
processus internationaux.

Pour surmonter ces limites et défis, il est crucial de renforcer les mécanismes de mise en
œuvre du droit international, de promouvoir la coopération internationale, de renforcer la justice
et la responsabilisation des acteurs internationaux.

2. Discussion sur l’extension de la responsabilité internationale aux ac-


teurs non étatiques

La responsabilité internationale s'est étendue à de nouveaux domaines, notamment la pro-


tection de l'environnement, les droits de l'homme, le commerce international et la santé mondiale.
Les normes et les traités internationaux ont évolué pour inclure ces préoccupations croissantes.
Les mécanismes de mise en œuvre de la responsabilité internationale ont été renforcés, avec des
institutions telles que la Cour pénale internationale (CPI) chargée de poursuivre les individus
pour des crimes internationaux spécifiques.

L'extension de la responsabilité internationale aux acteurs non étatiques est un sujet de dé-
bat et d'évolution dans le domaine du droit international. Traditionnellement, la responsabilité in-
ternationale était principalement appliquée aux États. Cependant, avec l'évolution des relations
internationales, l'émergence d'acteurs non étatiques tels que les organisations internationales, les

18
entreprises multinationales, les groupes rebelles, les individus et d'autres entités, s'est posée la
question de leur responsabilité dans le cadre du droit international.

Les entreprises multinationales jouent un rôle important dans l'économie mondiale, mais
leurs actions peuvent avoir un impact sur les droits de l'homme, l'environnement et d'autres do-
maines relevant du droit international. Il y a un débat croissant sur la manière de rendre ces en-
treprises responsables de leurs activités, notamment à travers des normes et des mécanismes de
responsabilité sociale et environnementale. Il faut noter aussi que les groupes rebelles ou les en-
tités armées non étatiques peuvent être impliqués dans des conflits armés et commettre des viola-
tions graves du droit international humanitaire. La question de leur responsabilité pour de telles
violations est un sujet de préoccupation, bien que des mécanismes spécifiques pour les tenir re-
sponsables demeurent souvent limités. Outre la responsabilité des États, le droit international a
évolué pour inclure la responsabilité individuelle pour les crimes internationaux tels que les
crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide. Les tribunaux internationaux
comme la Cour pénale internationale (CPI) sont chargés de juger les individus pour de tels
crimes, indépendamment de leur statut étatique. L'extension de la responsabilité internationale
aux acteurs non étatiques pose des défis juridiques et pratiques, y compris la question de la com-
pétence juridictionnelle, la définition de la responsabilité, les mécanismes de mise en œuvre et les
moyens d'assurer le respect effectif des normes internationales.

L'extension de la responsabilité internationale aux acteurs non étatiques est un domaine en


évolution qui nécessite une réflexion approfondie et une discussion continue pour développer des
mécanismes juridiques appropriés et efficaces afin d'assurer le respect des normes internationales
par tous les acteurs impliqués dans les affaires mondiales. Ces développements continueront
probablement à évoluer pour répondre aux défis émergents et aux aspirations d'un ordre mondial
plus juste et plus équitable.

19
Conclusion générale

« Tout fait internationalement illicite de l’État engage sa responsabilité internationale. »


Voici l’article 1 du Projet de la CDI qui nous a occupé durant ce présent travail. Dans le cadre
des relations internationales, la responsabilité internationale est un concept central qui régit les
actions, les obligations et les conséquences des acteurs impliqués dans la scène mondiale. Elle
constitue le socle sur lequel est construit l'édifice du droit international, offrant des normes et des
mécanismes essentiels pour maintenir l'ordre, la justice et le respect des engagements à l’échelle
planétaire. Il y a toujours un lien, avons-nous relevé entre fait illicite et engagement de la respon -
sabilité internationale. Le comportement illicite s'applique à une variété de domaines du droit in-
ternational, notamment en ce qui concerne les droits de l'homme, le droit humanitaire, le droit de
l'environnement, le droit de la mer, etc. Cependant, force est de constater que son exercice effec-
tif est confronté à plusieurs défis et limites, tels que le manque de mécanismes de mise en œuvre
efficaces, la question de la souveraineté des États, le manque de volonté politique, la complexité
des conflits et des situations internationales, entre autres. Ces obstacles entravent parfois la ca -
pacité à assurer une responsabilisation complète des acteurs concernés. Elle nécessite des efforts
continues visant à renforcer les mécanismes de mise en œuvre du droit international, à encourager
la coopération internationale et à promouvoir la justice pour toutes les parties concernées. En
définitive, l'évolution de la responsabilité internationale reflète la volonté de la communauté in-
ternationale de garantir le respect des normes et des obligations communes, dans le but de créer
un ordre mondial plus équitable, pacifique et respectueux des droits de l'homme, de l’environ-
nement et des valeurs partagées à l’échelle mondiale.

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Bibliographie

Ouvrages

- RANJEVA, Raymond et CADOUX, Charles. Droit International Public (1992).


- GOWLLAND-DEBBAS, Vera. International Law and the Quest for its Implementation.
Le droit international et la quête de sa mise en œuvre, Leiden, Boston, 2010.
- ROCHE, Catherine. L’Essentiel du Droit International Public, Gualino, Lextenso, 2019.

Articles

- PELLET, Alain. « Les articles de la CDI sur la responsabilité de l'État pour fait interna-
tionalement illicite. Suite et fin? » in Annuaire français de droit international, volume 48,
2002. pp. 1-23.

Sites internet

- United Nations.
https://www.un.org/ga/acabq/documents/all
https://www.unictr.irmct.org
https://www.legal.un.org
https://www.press.un.org/fr/2019/agj3611.doc.htm

- Cour Internationale de la Justice, https://icj-cij.org/


- OHCHR. https://www.ohchr.org/fr/
- ICRC. https://www.ihl-databases.icrc.org/fr/

- Jus Mundi, https://jusmundi.com/fr/


- Radio France, https://www.radiofrance.fr/franceinter/
- Open Edition Books. https://books.openedition.org/
- Cairn, https://www.cairn.info/
- Vie publique, https://www.vie-publique.fr/

21
Cours

- MONNET, Marie. Notes de cours, Introduction au droit international public, Domuni


Universitas. ( https://www.domuni.eu/fr/vie-universitaire/professeur/?idTeacher=184 )

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