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CASUS N°01 : Affaire Madame BOISVERT


1. Avis sur le comportement des Etats-Unis

Le droit international public peut se définir comme l'ensemble des


règles juridiques qui régissent les rapports internationaux. Il ne s’intéresse
qu’aux rapports entre sujets de Droit international, c’est-à-dire principalement
les États et plus récemment les organisations internationales 1. Pendant
longtemps, le droit des gens a été considéré comme un droit de la paix et de
la guerre. Sous l’empire de la Charte des Nations-Unies, il est non seulement
devenu un droit de la paix et de la sécurité internationale mais aussi un droit
de la coopération internationale2.

Pour matérialiser cette aspiration, il édicte des normes


conventionnelles et reconnait des principes d’origine coutumière ou
jurisprudentielle que doivent respecter les Etats dans la conduite de leurs
relations internationales au sein de la société internationale. Le non-respect
de ces règles par un sujet primaire ou dérivé engage responsabilité
internationale de ce dernier, qui n’est rien d’autre que l’obligation de répondre
d’un comportement et, donc, d’en assumer les conséquences juridiques qui
s’imposent à travers les mécanismes de réparation.

Dans le cas de notre travail, nous notons que le comportement des


Etats-Unis constitue une violation grave du droit international à l’égard de la
RDC.

En effet, en soutenant activement par l’entremise de leur


ressortissant Mme BOISVERT, la sécession katangaise, qui est force
irrégulière qui opère sur le territoire congolais, les Etats-Unis ont violé le
principe du non recours à la force dans les relations internationales ainsi que
le principe de non-intervention dans les affaires internes d’un Etat.

1
ROCHE C., L’essentiel du droit international public, 10e éd., Paris, Gualino, 2019. p.16.
2
CAMBACAU J. et SUR S. Droit international public, 12e éd., Paris, LGDJ, 2018, p.619.
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Le principe de non-intervention et de non recours à la force est


comme le dit la Cour internationale de Justice « une pierre angulaire de la
Charte des Nations Unies ». En effet, ce principe impose d’une part à chaque
Etat le devoir de s’abstenir d’organiser et d’encourager des actes de guerre
civile ou des actes de terrorisme sur le territoire d’un autre Etat, d’y aider ou
d’y participer, ou de tolérer sur son territoire des activités organisées en vue
de perpétrer de tels actes, lorsque les actes mentionnés dans le présent
paragraphe impliquent une menace ou l’emploi de la force et, d’autre part, il
exige de tous les Etats devoir s’abstenir d’organiser, d’aider, de fomenter, de
financer, d’encourager ou de tolérer des activités armées subversives ou
terroristes destinées à changer par la violence le régime d’un autre Etat ainsi
que d’intervenir dans les luttes intestines d’un autre Etat »3.

Au total, la responsabilité internationale des Etats-Unis est engagée


par sa violation du droit international, laquelle lui est imputable par le fait de
violer la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC en soutenant la
sécession katangaise.

Dans l’optique de mettre fin à ces violations du droit international à


son encontre, la RDC a deux possibilités. Premièrement, elle peut saisir la
Cour internationale justice pour obtenir condamnation et réparation de la part
des Etats-Unis. Deuxièmement, elle peut prendre des contre-mesures des
rétorsions ou des représailles. Ces contre-mesures ont un point commun :
celui d'être des mesures décidées en réaction à un fait illicite commis par les
Etats-Unis, et ayant porté atteinte aux droits de l'État réactant, la RDC. En
l’espèce les mesures de rétorsion que prendra la RDC doivent être des actes
inamicaux mais intrinsèquement licites telles que l’expulsion des diplomates
américains sur le territoire congolais ou la rupture des relations diplomatiques
avec ce dernier4.

3
BEN ACHOUR R. « Actualité des principes de droit international touchant les relations amicales et la
coopération entre États conformément à la Charte des NU », in. Les nouveaux aspects du droit
international, pp. 31-49.
4
DUPUY P.-M. Droit international public, 14e édition, Paris, Dalloz, 2018, p.401
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Enfin, dans le but d’imposer le retour à la légalité ou de faire cesser


la violation du droit international, ou d’obtenir la réparation du dommage subi,
la RDC peut décider d’interrompre des relations commerciales avec les Etats-
Unis ou d’interdire l’importation sur son territoire de certains biens de
consommation en provenance de ce pays, c’est ce qui constitue des mesures
de représailles face à un fait internationalement illicite.

2. Avis sur le comportement de Madame BOISVERT

Pour répondre à la seconde question qui attrait au comportement de


Madame BOISVERT, il importe de noter que celle-ci est un fonctionnaire
international : cette expression désigne une personne physique exerçant une
fonction au service d’une organisation internationale interétatique, d’une
manière exclusive et continue et qui est soumis à un régime juridique
particulier de caractère international5.

Dans l’accomplissement de leur mission pour le compte de


l’organisation internationale, les fonctionnaires internationaux sont soumis à
un statut qui définit leurs droits et obligations tant à l’égard de l’organisation
internationale qui les emploie qu’à l’égard des Etats membres mais aussi à
l’égard des particuliers et de leurs Etats d’origine. Ils bénéficient également
des immunités et privilèges pour exercer efficacement et en toute
indépendance leurs fonctions6.

Au regard de l’affaire que nous examinons nous notons que


Madame BOISVERT ne respecte ses devoirs à l’égard de l’organisation qui
l’emploie dans la mesure où il lui est exigé que dans l’accomplissement de
ses devoirs, de ne pas solliciter ni accepter d’instructions d’aucun
gouvernement ni d’aucune autre source extérieure à l’organisation pour
accomplir un acte susceptible de porter à atteinte son indépendance comme
fonctionnaire international.
5
MULAMBA MBUYI B., Droit des organisations internationales, Paris, L’Harmattan, 2017, p.131.
6
BETTATI M., Recrutement et carrière des fonctionnaires internationaux, RCADI, Volume 204, 1987,
pp.171-444.
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Chaque membre de l’Organisation s’engage par ailleurs à respecter


le caractère international exclusivement des fonctions du Secrétaire et du
personnel et à ne pas chercher à les influencer dans l’exécution de leur tâche.

Envers la RDC, il est nécessaire de noter que les privilèges et


immunités reconnus aux fonctionnaires internationaux sont conférés dans
l’intérêt de l’organisation. Ces privilèges et immunités ne dispensent pas les
fonctionnaires qui en jouissent d’observer les lois et règlements de police de
l’État dans lequel l’organisation a ses bureaux ou dans lequel elle mène ses
activités ni d’exécuter leurs obligations privées7.

Dans le cas de Madame BOISVERT, il est clair que ses prises de


position et son soutien envers la sécession katangaise sont des actes qui ne
peuvent être couvert d’immunité car ses actes, par leur nature ou leurs
finalités, ne participent aucunement à l’exercice de sa fonction. Et
déontologiquement son acte est totalement étranger à l’objet de ses fonctions.
Il est donc une faute intentionnelle, d’une gravité particulière et incompatible
avec l’exercice normal de ses fonctions internationales.

Enfin toujours à l’égard de la RDC, Madame BOISVERT peut être


poursuivi et condamné pour l’infraction d’espionnage qui est l’une des
atteintes à la sureté extérieur de l’Etat. Cette infraction est punie de mort
conforment à l’article 185 du Code pénal congolais, livre II. Elle peut encore
poursuivi en participation criminelle comme complice de crimes de guerre pour
avoir accordé aux criminels de guerre comme refugiés. Sur le plan
diplomatique, la RDC peut décider de l’expulser sur son territoire.

7
COLLIARD C-A., Institutions internationales, 4e édition, Paris, Dalloz, 1974, p.391.
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BIBLIOGRAPHIE

1. ROCHE C., L’essentiel du droit international public, 10e éd., Paris, Gualino,
2019.

2. CAMBACAU J. et SUR S. Droit international public, 12e éd., Paris, LGDJ,


2018.

3. BEN ACHOUR R. « Actualité des principes de droit international touchant les


relations amicales et la coopération entre États conformément à la Charte des
NU », in. Les nouveaux aspects du droit international, pp. 31-49.

4. DUPUY P.-M. Droit international public, 14e édition, Paris, Dalloz, 2018

5. MULAMBA MBUYI B., Droit des organisations internationales, Paris,


L’Harmattan, 2017.

6. BETTATI M., Recrutement et carrière des fonctionnaires internationaux,


RCADI, Volume 204, 1987, pp.171-444.

7. COLLIARD C-A., Institutions internationales, 4e édition, Paris, Dalloz, 1974.

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