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INTRODUCTION

La présente étude porte sur “les mesures des actes de rétorsion et représailles
en droit international”, elle a pour ambition de démontrer de manière générale les différentes
mesures nécessaires des actes de rétorsion et représailles en droit international.

La société internationale résonne depuis la fin des années soixante-dix, de


termes belliqueux qui, sans appartenir tous au domaine de la guerre « chaude », impliquent
néanmoins l'existence d'hostilités « froides » entre Etats. On parle ainsi de plus en plus de
sanctions économiques, de représailles commerciales, d'embargos, de boycotts, de blocus, de
gels des capitaux étrangers, etc., toutes choses qui, venant s'ajouter aux guerres, trop réelles,
qui éclatent ou se poursuivent dans diverses parties du monde, donnent l'impression non
seulement au grand public, mais aussi aux internationalistes, que l'on assiste à une sorte de
déclin de l'ordre juridique international ou en tout cas à une recrudescence de ses désordres 1.

Par ailleurs, La mesure de rétorsion peut prendre des formes extrêmement


variées. Elle peut viser les relations diplomatiques, comme par exemple l'expulsion de
citoyens ou de diplomates ou par exemple la rupture desdites relations. Ce peut être également
des entraves exercées à l'égard des relations économiques ou commerciales, mais le principe
reste le non usage de la force.

La présente introduction pose la problématique de l’étude (01), propose


l’hypothèse (02), justifie le choix et intérêt de l’étude (03), identifie les méthodes et
techniques de recherche (04), détermine la délimitation de l’étude (05) et enfin l’annonce du
plan (06).

I. PROBLEMATIQUE

Les techniques de réaction face à l'illicite, c'est-à-dire destinées à faire cesser


l'illicite, sont caractérisées par les deux traits suivants : d'une part, le fait que, l’État soit à la
fois auteur et sujet de la règle de droit en l'absence d'un gouvernement international et, d'autre
part, le caractère discrétionnaire de la compétence d'un État pour qualifier un acte ou un
comportement de licite ou d'illicite.

C'est l'État victime de l'illicite qui dispose du pouvoir de prendre des mesures
destinées à faire cesser l'illicite. Traditionnellement, c'est par la mise en œuvre des représailles
et des mesures de rétorsion que l'État réagit à l'illicite. Les représailles sont des mesures qui,
en soi, sont des actes contraires au droit international dans la mesure où il s'agit d'actes de
contrainte qui sont mis en œuvre avec l'autorisation du droit international pour faire cesser un
1 LEBEN C. Annuaire français de droit international, Paris, 1901, DJAKARTA, 1982, pp 2-77.
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fait illicite. Manifestation du droit de l'État de se faire lui-même justice, les représailles, bien
que de pratique fréquente dans les relations internationales, tendent de plus en plus à faire
l'objet de limitations par le droit.

Les représailles armées sont actuellement interdites ; la mise hors la loi de la guerre
prohibe tout recours à la force selon le principe énoncé à l'article 2, paragraphe 4, de la Charte
des Nations Unie2, sauf en cas de légitime défense. Le caractère général de la prohibition des
représailles armées, exclut la possibilité du recours à ce type de contre-mesures notamment
dans le domaine du droit humanitaire ou contre les mouvements de libération. Dorénavant,
depuis la résolution 2625 de la XXVe session de l'Assemblée générale des Nations Unies : «
Les États ont le devoir de s'abstenir d'actes de représailles impliquant l'emploi de la force. » 3

Un problème néanmoins se pose lorsque l'illicite résulte d'une violation ou de


normes impératives de jus cogens dans le cadre de crime international au sens où l'entend la
CDI. Dans cette hypothèse, ce n'est plus l'intérêt du seul État victime de l'illicite dont il est
question, mais de l'intérêt de tous les États et de toute la communauté internationale à ce que
le droit et la norme impérative soient respectés 4. La possibilité de mesures de réaction prises
par des États tiers, non directement victimes de l'acte et du comportement illicites, amène à se
demander si, dans des situations où des normes impératives sont mise en cause, le droit de
réaction en vue de faire assurer le respect de la règle de droit existe. Ainsi en est-il des
interdictions, des boycotts, effectifs ou symboliques. Mais la violation des normes de jus
cogens n'autorise pas, pour autant, le recours aux représailles armées.

À côté des représailles armées dorénavant interdites existent des mesures de


contrainte non armée. Les mesures de contrainte non armée sont constituées par des
représailles non armées ou bien des mesures de rétorsion. La différence entre ces deux
notions réside dans le caractère licite ou illicite des moyens mis en œuvre pour faire cesser
l'illicéité. En cas de représailles, les mesures sont illicites et, en cas de mesures de rétorsion,
les moyens mis en œuvre sont licites. Le critère de licéité fait actuellement l'objet de
controverses doctrinales. Il est aisément admis que la proportionnalité doit être respectée en
ce qui concerne les rapports entre les mesures de rétorsion et l'objectif poursuivi ; mais l'usage
des mesures économiques et politiques ou de toute autre nature pour contraindre un autre État
à subordonner l'exercice de ses droits souverains et pour obtenir de lui des avantages de
quelque ordre que ce soit, a été condamné à plusieurs reprises par l'Assemblée générale des
Nations Unies5. Toujours est-il que les mesures de rétorsion peuvent prendre les formes les
2 Lire utilement l’art. de la charte, 2 paragraphe 4. Résolution du 2625 de la XXVe session de l’Assemblée
générale des Nations Unies.
3 Paru dans la revue du Droit international 2, Institut de hautes études internationales, 1982, pp.1-70.
4 La convention sur la loi applicable du 14 mars 1989, recueil des traités, vol 1019 n°14956, p.175.
5 MOR, G. Méthode d’évaluation, 2ème éd, Delmos 2015, p.338, n°123-11.
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plus diverses, depuis les mesures vexatoires jusqu'à des mesures plus importantes impliquant
des entraves aux relations économiques et commerciales normales.

De ce qui précède, les questions ci-après méritent d’être posées : En quoi se diffèrent
les contre-mesures en droit international ? Et à quel moment des hostilités l’une ou l’autre
contre-mesure peut-elle être employée ?Des questions qui trouveront des réponses dans les
lignes suivent.

II. HYPOTHESE

D’après RESSOHAZY R. l’hypothèse est une conjoncture douteuse mais


vraisemblable par lesquelles l’imagination anticipe sur la connaissance 6.

En effet, l’emploi de la force tout court est interdit en droit international et pas
seulement la guerre. De surcroit, la prohibition s’étend non seulement à l’usage effectif de la
force mais également à la menace de celle-ci. Cette interdiction s’accompagne, du moins dans
le texte de la CNU, d’un système de sécurité collective à l’encontre de toute violation de la
légalité7.

Par conséquent, le contenu et l’étendue de la mise de force en droit


international contemporain ne peuvent pas être correctement interprétés par référence
uniquement à l’art 2 al. 4.

Cependant, Le régime des contre-mesures est traditionnellement perçu dans


une perspective purement bilatérale. Néanmoins, l’ordre juridique international contient
certaines obligations internationales qui protègent des intérêts fondamentaux pour la
communauté internationale dans son ensemble. Les Etats ont parfois recours aux contre-
mesures, dans la défense de ces intérêts. Dans cette hypothèse, la relation classique de
responsabilité ne se situe plus sur un plan purement bilatéral, mais au contraire se
multilatéralise. Il ne s’agit pas ici d’une sanction collective, mais d’une réaction multilatérale
à l’illicite, d’un ensemble potentiellement désordonné de réactions unilatérales. Cette
multilatéralisation des rapports de responsabilité pose des problèmes sur le terrain de la
proportionnalité des contre-mesures imposées dans la protection de ces intérêts fondamentaux
pour la communauté internationale dans son ensemble. Elle constitue l’un des aspects les plus
controversés en droit de la responsabilité internationale de l’Etat.

III. CHOIX ET INTERET DE L’ETUDE

III.1. Intérêt du sujet


6 REZSOHAZY R., Théorie et critique des faits sociaux, Ed. De Boeck Bruxelles, 1996, p.452.
7 KIENGE KENGE INTUDI R., Droit de la protection de l’enfant, notes de cours à l’intention des étudiants de
troisième graduat, option droit privé et judiciaire, Université de Kinshasa, inédit, 2016-2017, p. 36
4

L’intérêt de l’étude se présent en double aspect : théorique et pratique

 Du point de vue théorique

Ce travail portera la lumière à la communauté scientifique en général et celle


du droit en particulier les notions essentielles sur les contre-mesures8.

 Du point de vue pratique

Ce travail permettra aux magistrats et avocats après avoir compris de pouvoir


donner une qualification précise de ces actes de rétorsion et représailles en droit international.

IV. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE

IV.1.Méthodes de recherche

La méthode étant une démarche intellectuelle en vue d’aboutir à un résultat dans


la recherche selon GRAWITZ la méthode au sens philosophique est constituée de l’ensemble
des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu’elle recherche, les démontres les vérifies9.

Nous exploiterons tout au long de cette étude les méthodes suivantes: les
méthodes exégétique et comparative. Par ailleurs, nous allons définir chacune de ces
méthodes en vue de présenter l’apport de ces derniers.

A. Méthode exégétique

C’est une méthode qui repose sur le culte de la loi : il s’agit d’interpréter le texte
en se demandant qu’elle a été la volonté du législateur. Cette méthode d’interprétation repose
sur un attachement au texte.

C’est une méthode qui consiste à savoir ce que la loi a dit c’est-à-dire interroger
la loi sur la question sous examen. Cela aura permis à analyser du point de vue grammatical
selon l’adage in claris cessat non interpretatio.

B. Technique de recherche

WIILLIAM GOODE, auteur américain définit les techniques comme étant des
outils utilisés dans la collette des informations chiffrées au non qui devront plus tard être
soumises à l’interprétation et à l’explication et à l’explication grâce aux méthodes. C’est dans

8 CORTEN.O, Méthodologie du Droit international, Bruxelles, éd. De l’Université de Bruxelles, 2009, p.291.
9 GRAWITZ. M, Méthodes des sciences sociales, 11ème édition, Paris, Dalloz, 2001, p.32.
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le même sens que KUYUNSA DIDUM et SHOMBA KIYAMBA définissent les techniques
comme l’ensemble des procédés exploités par le chercheur dans sa phase de collecte des
données qui intéressent son étude. Dans le cadre de cette recherche, nous allons recouvrir à la
fois aux techniques documentaires10.

La technique documentaire, l’observation documentaire est une observation


médiatique par le document. C’est celle qui met le chercheur face à la documentation
nécessaire qui est censée contenir les informations adéquates sur les recherches des
documents écrits qui constituent les sources documentaires du droit.

Cette technique documentaire, nous a permis de faire recours aux informations


issues de la lecture des textes légaux.

a. DELIMITATION DE L’ETUDE

En effet, comme exprime REZSOHZY la démarche scientifique procède


fatalement par un découpage de la réalité, il n’est pas possible d’étude, de parcourir tous les
éléments influents jusqu’aux extrêmes limites de la terre jusqu’au début dans le temps, c’est
ainsi quand nous élaborons un débat sur les dimensions de la détermination du sujet. Or se
limite à mettre en évidence les facteurs temps et espace REZSOHAZAZY en ajoute un peu
troisième selon cet auteur, un sujet doit être délimité en double point des vues11.

b. SUBDIVISION

Outre l’introduction et la conclusion, notre travail sera divisé en deux


chapitres. Chapitre premier abordera les contre-mesures en droit international tandis que le
deuxième chapitre parlera de contraintes et perspectives liées aux contre-mesures.

10 SHOMBA KINYAMBA, Méthodologie et épistémologie de la recherche scientifique, édition PUK,


Kinshasa, 2013, p.51.
11 REZSOHAZY R., Op.cit, p.543.
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CHAPITRE I : LES MESURES DE LA RETORSION ET REPRESAILLES EN DROIT


INTERNATIONAL

I.1 MESURES DE RECOURS DES ETATS EN DROIT INTERNATIONAL


HUMANITAIRE
Les mesures licites que peuvent prendre des Etats tiers, c'est-à-dire des Etats
qui ne sont pas parties à un conflit armé international ou non international, pour qu'ils fassent
respecter le droit international dans le cas où celui-ci serait violé, se répartissent en quatre
grandes catégories. La première comprend les mesures visant à exercer des pressions diplo-
matiques. La deuxième concerne les mesures coercitives prises par les Etats eux-mêmes. La
troisième porte sur les mesures que peuvent prendre les Etats en coopération avec les organi-
sations internationales12.

La quatrième catégorie diffère des trois autres en ce sens qu'elle ne se rapporte


pas à des mesures dont le but est d'obliger un Etat qui viole le droit international à le respecter
à nouveau, mais plutôt à cet aspect de l'obligation de faire respecter qui confère aux Etats le
devoir, moral pour le moins, de contribuer à des activités d'assistance entreprises en conformi-
té avec le droit international humanitaire. Dans ce cas, de telles mesures pourraient être consi-
dérées comme des contributions à l'action humanitaire13.
12 L. Condorelli et L. Boisson de Chazoumes. Supra, note 1, p. 26.
13 Lire utilement l’Article de Umesh Palwanka, Revue internationale de la Croix-Rouge, 805; 28-02-1994
7

Enfin, dans la mesure où il est question de droit international humanitaire, il


convient de noter qu'aux termes de l'article premier (« en toutes circonstances », c'est-à-dire
chaque fois que le droit international humanitaire est applicable) et en vertu de l'article 3 com -
mun aux Conventions de Genève, l'obligation de faire respecter s'applique tant aux conflits in-
ternationaux qu'aux conflits non internationaux.

 Mesures visant à exercer des pressions diplomatiques


En règle générale, ces mesures ne posent aucun problème d'un point de vue ju-
ridique. Elles peuvent grosso modo prendre les cinq formes suivantes :

a) Protestations vigoureuses et répétées de la part du plus grand nombre possible de Parties


dans leurs pays respectifs auprès des ambassadeurs représentant l'Etat en question et, in-
versement, par les représentants de ces Parties accrédités auprès du gouvernement dudit
Etat.

b) Dénonciation publique, par une ou plusieurs des Parties et/ou par une organisation régio-
nale particulièrement influente, de la violation du droit international humanitaire.

On pourrait citer comme exemple la déclaration faite par les Etats-Unis d'Amérique
au Conseil de sécurité le 20 décembre 1990 14 à propos de la déportation de civils palesti-
niens des territoires occupés: «Nous estimons que de telles déportations constituent une vio-
lation de la IVe Convention de Genève (...) Nous demandons instamment au gouvernement
israélien de cesser immédiatement et définitivement ces déportations, et de se conformer en-
tièrement à la IVe Convention de Genève dans tous les territoires qu'il a occupés depuis le 5
juin 1967.

De même, le Conseil de la Ligue des Etats arabes, à sa session extraordinaire des


30-31 août 1990 tenue au Caire, a condamné dans sa résolution 5038/ES, par. 1, « (...) la
violation par les autorités irakiennes des dispositions du droit international humanitaire rela-
tives au traitement des populations civiles sur le territoire koweïtien sous l'occupation ira-
kienne »15.

 Mesures coercitives que les Etats peuvent prendre eux-mêmes

La liste suivante ne comporte que des mesures licites en droit international aux-
quelles les Etats peuvent recourir. Elle ne prend donc pas en considération l'intervention ar-
mée menée par un Etat ou un groupe d'Etats de manière unilatérale, c'est-à-dire sans référence
aucune à un traité ou une coutume, étant donné qu'une telle intervention n'est pas autori-

14 Conseil de sécurité le 20 décembre 1990

15 S/PV.2970, partie II, 2 janvier 1991, pp. 52 et 53.


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sée dans le cadre du droit international public, et qu'aucune intervention armée ne peut se fon-
der sur le droit international humanitaire16.

Il serait utile à ce stade d'aborder très brièvement la licéité, en droit international, de


l'adoption par des Etats de mesures coercitives (bien que non années) à l'encontre d'autres
Etats. La pratique démontre que les Etats ont recours à toute une série de mesures de ce type,
afin d'exercer des pressions sur d'autres Etats en réaction à un acte commis par l'Etat contre
lequel ces mesures sont dirigées. Ces mesures se répartissent en deux grandes catégories, à sa-
voir les mesures de rétorsion et les représailles non armées17.

Par mesures de rétorsion on entend des actes inamicaux, voire préjudiciables, mais
intrinsèquement licites, qui répondent à un acte antérieur qui pourrait lui aussi avoir été inami-
cal mais licite, ou illicite au plan international18.

Les représailles sont des actes qui, par leur nature même, sont illicites mais excep-
tionnellement justifiés à la lumière d'un acte illicite antérieur commis par l'Etat contre lequel
elles sont dirigées. La Commission du droit international, qui emploie le terme « contre-me-
sures » pour désigner de tels actes, considère que l'illégalité initiale constitue une circonstance
qui exclut d'avance l'illégalité de la réponse.

La licéité des mesures elles-mêmes, notamment en ce qui concerne leur contenu et


leur mise en œuvre, est déterminée non seulement en fonction des limites que leur dictent la
civilisation et l'humanité, mais aussi en fonction de leur but. Le but poursuivi n'est ni de punir
(il s'agit de contre-mesures, non de sanctions) ni de chercher des compensations, mais unique-
ment d'obliger l'Etat responsable d'avoir violé le droit à cesser de le faire, en lui infligeant des
dommages, et de le dissuader de recommencer à l'avenir. Ainsi, pour rester licites, les mesures
coercitives doivent :

- être dirigées contre " Etat responsable de l'acte illicite proprement dit 19 ;
- être précédées d'un avertissement adressé à l'Etat en question, lui demandant de mettre
fin audit acte20 ;
- être proportionnelles ; toutes les mesures qui ne seraient pas proportionnelles à l'acte
qui est à leur origine seraient excessives, et donc illicites21 ;

16 Yves Sandoz, Annales de droit international médical, no 33, 1986, p. 47.


17 CIJ Recueil, 1986, par. 268, p.134.
18 Doc. A/CN.4/440/Add.1, 14 juin 1991.
19sentences arbitrales du 31 juillet 1928 et du 30 juin 1930 respectivement.
20 Recueil des Sentences Arbitrales, vol. 11, p. 1023 et p. 1052.
21 Doc. A/CN.4/440, 10 juin 1991.
9

- respecter les principes humanitaires fondamentaux, comme le prévoient le droit inter-


national public et le droit international humanitaire, selon lesquels il est interdit de
prendre ce type de mesures à l'encontre de certaines catégories de personnes ;

- être provisoires et par conséquent cesser dès que l'Etat en question cesse de violer le
droit22.

 Mesures de rétorsion possibles

a) Expulsion de diplomates

Par exemple, pendant la prise d'otages à l'ambassade américaine à Téhéran (1979-


1980), les Etats-Unis ont expulsé certains membres du personnel diplomatique iranien en
poste à Washington.

b) Rupture des relations diplomatiques

Immédiatement après la décision mentionnée ci-dessus, les Etats-Unis ont rompu


leurs relations diplomatiques avec l'Iran.

c) Interruption des négociations diplomatiques en cours ou refus de ratifier des accords déjà
signés en 1979, suite à l'invasion de l'Afghanistan, le Sénat américain a refusé d'examiner
les accords SALT II, déjà signés par l'URSS et les Etats-Unis.

d) Non-renouvellement des privilèges ou accords commerciaux

A la suite de la répression en Pologne, les Etats-Unis ont décidé en 1981 de ne pas


renouveler leur accord maritime bilatéral avec l'URSS et de soumettre à des restrictions l'ad-
mission des navires soviétiques dans les ports américains à partir de janvier 1982.

e) Réduction ou suspension de l'aide publique à l'Etat en question

En décembre 1982, en réaction contre les tueries commises par la milice et autres
violations des droits de l'homme au Suriname, les Pays-Bas ont suspendu la mise en œuvre
d'un programme d'aide à ce pays qui portait sur une période de 10 à 15 ans.

 Représailles non armées possibles


Parmi ces mesures figurent notamment les pressions économiques. Leur but est d'en-
traver les relations économiques et financières normales, ne soit en ne respectant pas les ac-
cords en vigueur, soit en prenant des décisions qui vont à l'encontre des règles régissant ces
relations23.

22 Doc. A/CN.4/444/Add.1, 25 mai 1992.

23 Revue internationale de la Croix-Rouge, no 715, janvier-février 1979, pp. 3 à 15.


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a) Restrictions et/ou embargo commercial sur la vente des armes, la technologie militaire et la
coopération scientifique.
Le 4 août 1990, les Communautés européennes ont pris une série de décisions à
l'égard de l'Irak qui comprenaient notamment un embargo sur la vente d'armes et d'autres
équipements militaires, et la suspension de toute la coopération technique et scientifique.

b) Restrictions aux exportations et/ou importations à destination et en provenance de l'Etat


qui commet des violations ; interdiction totale de relations commerciales.

A la suite de l'invasion de l'Afghanistan en 1979, les Etats-Unis ont décrété un em-


bargo céréalier à l'encontre de l'URSS ; les Communautés européennes ont imposé une inter-
diction totale sur les importations en provenance de l'Argentine pendant le conflit des Falk-
land-Malvinas en 1982 ; les Etats-Unis ont suspendu leurs relations commerciales avec l'Ou-
ganda en 1978, en réaction contre les violations des droits de l'homme.

c) Interdiction des investissements

En 1985, la France a interdit tous les nouveaux investissements en Afrique du Sud,


suite à un durcissement de la répression liée à l'apartheid.

d) Gel des capitaux

Les Communautés européennes ont décidé de geler les avoirs irakiens sur le territoire
des Etats membres (4 août 1990).

e) Suspension des accords relatifs au transport aérien (ou autres accords)

Le 26 décembre 1981, les Etats-Unis ont suspendu le US-Polish Air Transport


Agreement (accord sur le transport aérien entre les Etats-Unis et la Pologne) de 1972 à la suite
de la répression du mouvement Solidarité par le gouvernement polonais24.

 Mesures prises en coopération avec les organisations internationales


Organisations régionales

En plus des décisions de prendre des mesures pour exercer des pressions écono-
miques, comme celles décrites précédemment, certains organismes régionaux, surtout ceux
qui agissent dans le domaine des droits de l'homme, peuvent contribuer d'une autre manière à
promouvoir le respect aussi bien des droits de l'homme que du droit international humanitaire.
Cela a été le cas des Commissions européenne et interaméricaine des droits de l'homme 25.

En 1967, les gouvernements danois, norvégien, suédois et néerlandais ont déposé une
requête auprès de la Commission européenne à l'encontre du gouvernement grec, accusant ce-
24The British Institute of International and Comparative Law, Londres, 1993, pp. 15 à 49.
25Droit international humanitaire et action humanitaire, CICR, Genève, 1984, 45 pp.
11

lui-ci de violer la Convention européenne des droits de l'homme. L'affaire n'ayant pas été por-
tée devant la Cour, c'est le Comité des ministres qui a pris une décision26.

Les deux Commissions susmentionnées ont aussi entrepris des missions d'établisse-
ment des faits sur le terrain et eu des entretiens privés avec des prisonniers : la Commission
européenne en Turquie (1986), et la Commission interaméricaine pendant la guerre civile en
République dominicaine (1965)27.

26 S/RES/670 (1990), 25 sept. 1990, par. 8.


27S/RES/1368 (2001), 12 sept. 2001, par. 1 et S/RES/1373 (2001), al

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