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DROIT INTERNATIONAL

Est-il un instrument efficace de régulation des relations internationales ? Un simple examen


de l’actualité internationale amène à répondre sinon de manière négative, du moins de
manière très nuancée à cette question. Certains auteurs se classant dans la lignée de Thomas
Hobbes considèrent d’ailleurs que le droit international n’est pas un vrai droit en raison de
son incapacité à résoudre les conflits entre les membres de la société internationale. A cet
égard il est nécessaire tout d’abord de ne pas trop attendre du droit international. Ce dernier
n’est qu’un instrument de régulation parmi d’autres de la société internationale. Parmi les
autres instruments de régulation on trouve également le jeu des rapports de puissance, la
recherche éventuelle d’un « soft power » lié à une image vertueuse aux yeux des médias et
de la société civile ou encore le simple intérêt. En outre, il est important de comprendre que
le recours à l’argument juridique et à la judiciarisation sont perçus dans certaines sociétés
comme un échec qui traduit l’incapacité de la société en question à régler ses différends par
des moyens propres : discussion, médiation, compromis… Les limites du droit international
trouvent aussi leur origine dans le fait que ces normes ne constituent pas un ensemble
normatif unifié par une logique matérielle commune. Les normes du droit international
oscillent entre des objectifs matériels potentiellement contradictoires. Il est d’un côté le DI
des droits de l’Homme ou de l’environnement mais il est aussi parallèlement le DI qui par de
nombreux mécanismes protège la souveraineté des États. Selon les intérêts en cause, les
États auront ainsi tendance à mobiliser certains pans du DI au détriment d’autres. Dans une
perspective optimiste et à l’instar d’un juriste internationaliste américain, on ne peut
conclure au mieux que « la plupart des États appliquent la plupart des règles du DI la plupart
du temps » (Thomas Franck). Il s’agira ici de comprendre pourquoi certains États n’appliquent
pas certaines règles à certains moments. Ce questionnement est nécessaire en ce qui
concerne certaines normes fondamentales du DI comme l’interdiction du recours à la force
ou encore le principe d’égalité souveraine des États.

I – Puissance et droit : la dialectique des relations internationales

La raison principale du non – respect de certaines règles internationales par certains État
résident dans les rapports de puissance sans que le DI ne propose de solutions satisfaisantes
à cet état de fait qui semble s’imposer à lui. Le croisement entre les disciplines de RI et de DI
permet alors d’analyser la dialectique entre puissance et droit ; qui entretiennent des
rapports complexes d’opposition mais aussi d’interaction.

Puissance peut être instituée par le droit : exemple avec le Conseil de sécurité des Nations
Unies (organe chargé à titre principal de régler les différends internationaux. Il dispose en
vertu de l’art 42 de la Charte des Nations Unies de la faculté d’autoriser le recours à la force
par les États. Or ce pouvoir est accordé à un organe restreint composé de seulement 15
membres alors que l’ONU en comprend en tout actuellement 193. Au sein des 15 membres,
il faut distinguer les 5 membres permanents qui détiennent un droit de veto. Cela signifie
que que chacun d’entre eux individuellement peut empêcher l’adoption d’une résolution du
Conseil : le veto est institué implicitement à l’ART 27 de la Charte en vertu duquel les
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décisions du Conseil sont adoptées à une majorité de 9 voix sur 15 « dans laquelle sont
comprises les voix de tous les membres permanents ».

Puissance peut aussi être limitée par le droit. Cela est vrai de manière général en DI dans la
mesure où les États y procèdent ce que l’on appelle la « compétence de la compétence ». Ils
ont la possibilité via un instrument juridique contraignant de restreindre certaines de leurs
compétences en les transférant soit à des orga internationales soit à d’autres États. D’autre
part, le DI repose sur le postulat de l’égalité souveraine des États instituée par les traités de
Westphalie de 1648. Ce principe est à nouveau consacré à l’ART 2 paragraphe 1 de la Charte
des NU. Les États membres sotn donc juridiquement et en théorie égaux entre eux.
D’abord l’interdiction d’ingérence d’un État ou de l’ONU dans les affaires intérieures d’un
autre État. Le DI protège ainsi ce que l’on appelle « le domaine préservé des États » (ART 2
paragraphe 7 de la Charte des NU. C’est ainsi par exemple que la Cour internationale de
justice a condamné les USA en 1986 pour s’être ingéré dans les affaires intérieurs du
Nicaragua en y soutenant un mouvement d’opposition armé. Du principe d’égalité
souveraine découle aussi les immunités des États. Ces immunités empêchent un État, à parti
de ces juridictions nationales d’intenter une action judiciaire contre un autre État. Ou contre
les représentants de cet autre État. A cet égard la CIJ a condamné en 2003 la Belgique dont
les autorités judicaires avaient émis un mandat d’arrêt contre le ministre congolais des
affaires étrangères en exercice. De même en 2014, la Cour a condamné l’Italie pour n’avoir
pas stoppé des actions judiciaires entamées contre l’État allemand.

MAIS la puissance peut aussi venir priver le droit de son efficacité. Dans les hypothèses les
plus graves, la puissance permettra à un État ou un groupe d’États de violer le DI sans qu’il
n’y ait de véritables sanctions. On peut citer l’intervention américaine de 2003 en Irak
opérée sans autorisation du Conseil de sécurité et sans que la légitime défense ne puisse
être invoquée au profit des USA. On peut aussi mentionner l’intervention de l’OTAN de 1999
en Serbie. Dans c’autres cas plus nombreux, les rapports de puissance empêcheront les États
plus faibles de pleinement mobiliser le DI vis-à-vis d’états plus puissants ; ce dont témoigne
le mécanisme des « contre – mesures ». Elles permettent en théorie à tout État victime d’une
violation du DI de répliquer en dérogeant à son tour de manière proportionnée à ses
engagements internationaux vis-à-vis de l’État auteur de la violation initiale (par exemple : si
un État A ne respecte pas certaines dispositions d’un traité qui le lie à l’État B alors l’État B
pourra répliquer en suspendant à son tour la mise en œuvre de certaines dispositions de ce
traité). Ce mécanisme qui témoigne de la primitivité du DI n’est en réalité pleinement
mobilisable qu’entre des États de puissance similaire. En revanche un État faible hésitera à
mettre en œuvre des contre – mesures vis à vis d’un État plus puissant que lui dans la mesure
où il craindra ses réactions. Enfin, l’analyse en termes de RI montre que ce dernier peut aussi
être mobilisé de manière stratégique par les États. La doctrine américaine s’est intéressée à
ce phénomène qu’elle appelle le « lawfare ». Selon le général Dunlat, il s’agit d’une stratégie
consistant à user du DI comme substitut des moyens militaires pour atteindre un objectif
opérationnel afin d’affaiblir la légitimité d’un adversaire et de le priver de ses soutiens. On
mettra en exergue les violations réelles ou alléguées du DI qu’il a commises. La stratégie la
plus efficace à cet égard sera la mobilisation des médias internationaux mais aussi des
juridictions internationales. A cet égard on peut noter qu’il s’agit d’une des stratégies mises
en œuvre par l’Ukraine dans le cadre de son différend avec la Russie. On constate
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notamment une forte judiciarisation de ce conflit ; l’Ukraine ayant saisi à la fois la CourEDH +
la CIJ + la CPI.

II – Les sources

Les sources formelles du DI sont énoncées à titre principal dans l’ART 38 du statut de la CIJ.
Cet article incomplet mentionne les traités, les coutumes, les principes généraux du droit, la
jurisprudence, la doctrine et l’équité. Les traités sont des accords conclus par écrit entre 2 ou
plusieurs États ou encore entre États et organisations internationales intergouvernementales.
Sont synonymes du terme traité : pacte, charte, convention. Le droit des traités obéit au
principe : « Res inter alios acta ». En vertu de ce principe, un traité ne produit d’effet
contraignant qu’à l’égard des États l’ayant ratifié. Il ne peut imposer d’obligations à des États
non parti au traité. La coutume est une source non – écrite du DI qui repose sur l’analyse du
comportement des États. Elle comprend 2 éléments :
- La pratique qui repose sur le comportement réitéré et convergent des États de la
société internationale. Ces comportements doivent se répéter dans le temps et
espace.
- L’« opinio juris » : élément psychologique / sentiment que la pratique doit être suivie
car elle est obligatoire.
La coutume a couvert pendant des siècles des pans très vastes du DI (appelée autrefois
« droit des gens »). Sont notamment d’origine coutumière les règles relatives aux
délimitations maritimes, les règles sur les conditions de mise en œuvre de la responsabilité
des États ou encore les règles relatives aux immunités. En 2003, la CIJ a condamné la
Belgique dans l’affaire du mandat d’arrêt, c’est pour avoir violé la règle coutumière de
l’immunité des hauts représentants de l’État.

Les principes généraux du droit sont une source subsidiaire qui n’est mobilisée par le juge
international qui lorsqu’il n’existe pas de traité ou de coutume qui soit invocable. Il s’agit le
plus souvent de principes comme aux grands ordres juridiques nationaux qui ont été
transposés par analogie dans l’ordre juridique international (exemple : la force majeure ou
l’abus de droit). Il existe cependant des principes généraux spécifiques à l’rode juridique
international comme celui de « l’uti possidetis juris » qui consacre l’intangibilité des
frontières lors des processus de décolonisation. L’ART 38 mentionne l’équité, elle renvoie à la
possibilité pour le juge international de statuer « ex ecuo et bono ». Le juge pourra trancher
un litige et appliquer non pas la règle de droit mais en se référant à la solution juste. Il faut
que les 2 parties soient d’accord. L’équité est notamment appliquée parfois en matière de
délimitation maritime. L’ART 38 est rédigé pendant l’entre-deux-guerres relativement aux
statuts de la CPI est incomplète et datée en ce qu’il promet les actes unilatéraux des États +
orga internationales. Ces actes unilatéraux sont en effet devenus des sources majeures du DI.
Il s’agit, en ce qui concerne les États de manifestation unilatérale de volonté traduisant un
engagement juridique. Cet engagement sera ensuite opposé à l’État qui l’a énoncé (exemple :
quand un État reconnait un autre État, il le fait par le biais d’un acte unilatéral). Les actes
unilatéraux sont également nombreux dans le domaine des délimitations frontalières. Les
actes unilatéraux des orga inter comprennent, quant à eux, tout le droit dérivé adopté par les
organes des orga inter (exemple : résolution du Conseil de sécurité). Il faudra vérifier dans
chaque traité constitutif d’orga inter si ces organes sont habilités à adopter des résolutions
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contraignantes. Cela varie au cas par cas (exemple : les résolutions de l’assemblée générale
des Nations Unies ne sont en principe pas contraignantes à la différence de celles du Conseil
de sécurité).
Les normes d’une loi internationale issues des sources évoquées se caractérisent par leur
contenu potentiellement contradictoire. Cette possibilité résulte d’une production
décentralisée et faiblement coordonnée de normes issues de relations bilatérales régionales
et multilatérales générales. Le prof Combacau s’est ainsi demandé si le DI constituait un
« bric à brac » (= un ensemble incohérent et hétéroclites de normes OU un système soit un
ensemble coordonné obéissant à une logique commune). Les finalités diverses et
contradictoires du DI contemporain ont, quant à elles, amenés le prof Douamet à qualifier le
DI de droit « libéral – providence ». Il s’agit à la fois d’un droit de simple coordination
respectant l’égalité souveraine des États mais aussi d’un droit d’intervention poursuivant des
objectifs de régulation humaine, sociale ou environnementale.

III - Les principales doctrines des RI

La doctrine est divisée sur le poids réel que représente le DI dans la régulation des RI. Un
point commun à l’ensemble des théories est néanmoins celui du constat de l’état initial
d’anarchie régnant dans la société internationale. Le terme anarchie renvoie ici à
l’inexistence d’une autorité centrale à laquelle l’ensemble des États devraient conformer
leurs comportements. Il n’existe pas ainsi de « super État » ou de « super gouvernement »
dans la société internationale.

a) La théorie réaliste
Fondement historique dans les écrits de Thucydide. On trouve le prolongement dans
Cette doctrine s’est développée au 20e S dans l’ère anglosaxonne. L’un des principaux
représentants est Hans Morgenthau pour qui la puissance est le but de toute politique
étrangère. (…) en considérant que l’objectif principal des États est de survivre, cette volonté
se transforme toutefois en volonté de puissance.
Le français Raymond (Haran) Paix et guerre entre les Nations : il insiste sur l’absence de
détenteur du monopole de la violence légitime dans les RI. Ainsi, chaque État pourrait de lui-
même selon des critères subjectifs recourir à la violence. Dans cette doctrine, la compétition
entre puissance occupe une place centrale. La guerre devient un phénomène inévitable
même si l’objectif ultime est celui de la stabilité. L’État est perçu comme le seul véritable
acteur effectif des RI. Même si cette doctrine admet que les orga internationales peuvent
jouer un certain rôle en période de stabilité. Dans ce cadre, les considérations juridiques et
morales ne sont qu’un ressort mineur du comportement des États sur la scène
internationale.

b) La doctrine libérale
Elle insiste de son côté sur le poids majeur que joueraient les coopérations internationales.
Elles remplaceraient peu à peu la guerre comme facteur de régulation des RI. Les États sont
perçus comme devenant de + en + interdépendants du fait notamment de l’expansion du
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commerce international. Dans ce cadre, le recours à la guerre comporte des inconvénients


majeurs et l’intérêt des États est de coopérer. Cette doctrine, tout en reconnaissant la place
centrale de l’État, met aussi en valeur le rôle des orga internationales + des individus. La
doctrine se développe essentiellement à partir de l’entre-deux-guerres avec des fondements
plus anciens dans l’œuvre de Kant. Elle a connu un renouveau à partir des années 90 en
raison notamment du « succès » de la réaction du Conseil de sécurité dans le cadre de la
guerre du Golfe (1990).

c) La théorie marxiste
La théorie marxiste des RI n’a pas été formalisée en tant que telle par Marx mais est issue de
la transposition postérieure de sa grille d’analyse fondée sur la lutte des classes. Ce sont ainsi
les classes sociales et notamment la bourgeoisie qui deviennent les acteurs principaux des RI.
Les conflits internationaux seraient la résultante des conflits entre les différentes classes
bourgeoises nationales pour l’accaparement des richesses. Le capitalisme est alors perçu
comme engendrant inévitablement le conflit.

d) Le néo – marxisme
Il est apparu dans les années 60 insiste lui sur les inégalités de développement entre le Nord
et le Sud. Dans ce schéma, les puissances capitalistes dominantes maintiendraient les États
plus pauvres dans le sous-développement et la dépendance pour qu’ils continuent à fournir
main d’œuvre et ressource.

e) Le transnationalisme
Elle est apparue au lendemain de la 2GM et se focalise sur une société internationale perçue
comme multi centrée. Ce courant est notamment représenté Joseph Nye. Dans ce cadre, les
états sont perçus comme étant de + en + marginalisés par l’émergence de nouveaux acteurs.
Il s’agit d’abord des orga internationales mais surtout des acteurs privés dont certains
disposent d’une puissance $ ou militaire supérieure à celle de certains États (exemple :
grandes FTN OU groupes terroristes OU individus). Ces différentes forces échappent de + en
+ au contrôle de l’État. D’autre part, les États sont perçus comme devenant de + en + faible
en raison notamment de leur multiplication.

L’ensemble des courants étudiés se positionnent en réalité par rapport à l’État conçu soit
comme étant le seul véritable acteur des RI (théorie réaliste), soit comme un acteur en
trompe-l’œil manipulé par la classe bourgeoise (théorie marxiste), soit comme un acteur en
voie d’être dépassé concurrencé par de nouveaux acteurs parfois plus puissants que lui
(théorie transnationale). Il apparait donc nécessaire d’étudier d’abord le poids réel des
différents acteurs des RI avant de s’intéresser à la régulation des RI.
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I – Les acteurs des RI

1) L’État comme sujet du DI


a) Naissance de l’État : les critères de Montevideo (capitale de Uruguay)
La question des critères de l’État est une question essentielle du DI et se trouve au centre de
la question sensible et controversée comme celle du statut exact de la Palestine. En théorie,
la question de la détermination de l’existence d’une entité étatique est une question pouvant
être résolue grâce à l’aide de critères objectifs précisés notamment dans la Convention de
Montevideo de 1933. Cette convention précise les critères permettant à une entité d’être
reconnue comme un État. Ces critères sont :
- Le territoire défini
- La population permanente
- Le gouvernement effectif
- La capacité à entrer en relation avec les autres États

Ces critères sont présentés par la doctrine majoritaire comme étant des critères objectifs de
l’état. On peut pourtant considérer qu’ils correspondent essentiellement à l’État tel qu’il s’est
créé à partir du 16e S dans la sphère occidentale. Ils rendent mal compte d’autres formes de
société politique fondée notamment sur des liens d’allégeance personnelle ou religieuse
dans lesquelles la dimension territoriale est secondaire et qui peuvent en outre comprendre
des populations nomades. L’avis de la CIJ de 1975 portant sur le Sahara occidental témoigne
clairement de ces difficultés.
Ex : Mauritanie et Maroc revendiquent le Sahara + appliquer les critères pour montrer qu’ils
ne sont pas nuls MAIS pas objectifs et difficiles à mettre en œuvre (lien avec TD Palestine)
Ces critères sont désormais considérés comme établis et ont par exemple été réitéré par la
Commission dite Badinter chargée de déterminer le statut des entités issues de la dissolution
de l’ex Yougoslavie (Croatie, Bosnie)

a) Le territoire
 Le DI ne fixe pas de critères relatifs à la taille du territoire (ex : la Rép de cent marins
(60km carré)
o Il peut être enclavé au sein d’un autre État ou discontinu ; soit composé de
différentes portions non directement reliées entre elles
 MAIS : des critères relatifs aux zones maritimes sont fixés dans le traité de Montego
Bay (1981) adopté en mars 2023, après de longues négociations, créant un régime
juridique pour la haute mer :
o La frontière maritime d’un État = 12 000 marins.
o Une ZEE de 200 000 marins ; zone dans laquelle ils possèdent des droits de
pêche exclusifs.
o Droit d’exploiter leur plateau continental ; soit la continuation de la croute
terrestre sous la surface maritime.
o Création d’aires marines protégées
o Les revenus issus de l’exploitation des ressources génétiques marines devront
faire l’objet d’une redistribution (ce traité est ratifié mais pas encore entré en
vigueur faute d’un nombre suffisant à ce stade d’États l’ayant accepté).
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o Les hauts fonds marins quant à eux relèvent d’un régime spécifique et sont
considérés comme « patrimoine commun de l’humanité »

b) La population
 Déf : l’ensemble des individus rattachés par un lien de nationalité à l’État.
 Le DI ne fixe aucun critère quantitatif + il ne détermine pas les règles relatives à
l’acquisition de la nationalité.
 La seule condition fixée par le DI = la nationalité doit être effective.

c) Gouvernement effectif
 Déf : l’État doit posséder une structure gouvernementale capable d’exercer les
principales fonctions régaliennes (justice, ordre…) et de contrôler le territoire.
 Le DI général ne fixe pas de critères concernant la nature et la forme du
gouvernement.
 Il peut donc s’inscrire dans le cadre d’un État unitaire, décentralisé ou fédéral + peu
importe l’orientation idéologique du gouvernement
o Le libre choix du gouvernement a été considéré par l’Ass générale des Nations
Unies comme un élément central du DI.
o Selon la résolution 2625 de 1970, « tout État a le droit inaliénable de choisir
librement son système politique, économique, social et culturel »
 Les états les plus faibles sont très attachés au principe du libre choix de leur système
politique, économique et culturel CAR ils craignent que les États les plus puissants ne
cherchent à s’ingérer dans leurs affaires intérieures en prenant prétexte d’un mode
de gouvernement qui serait perçu comme illégitime.
o MAIS : il peut exister des exceptions volontaires au principe de non –
ingérence dans les affaires politiques, $ ou sociales d’un État. En effet, si un
État adhère librement à certains traités qui prévoient des principes directeurs
à mettre en œuvre dans le cadre de leur organisation politique, alors cet État
sera bien entendu obligé de respecter ce traité auquel il a volontairement
adhéré
o Ex : la Charte de l’Union africain interdit à l’ART 4 les changements
anticonstitutionnels de gouvernement. Donc cette Union pourra sanctionner
un État dans lequel un coup d’État a eu lieu
o Autre ex : ART 2 de l’Union européenne
o Autre ex : traité sud-américain

d) La reconnaissance
 Déf : acte par lequel un État constate l’existence d’un autre État et accepte que ce
constat lui soit opposable.
 Pour certains auteurs / la doctrine d’entre-deux-guerres, la reconnaissance = le 4 e
critère de l’État.
o Donc l’état n’existerait pas s’il n’est pas reconnu par l’ensemble des autres
États.
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o Cette analyse était défendable à une époque où il n’existait qu’une 50aine


d’États.
 Contexte actuel : quasi impossible pour une nouvelle entité de se faire reconnaitre
par la totalité des 193 États existants.
o DONC : la reconnaissance ne soit pas constitutive mais simplement
déclarative  elle ne crée pas l’État. Toutefois l’importance de la
reconnaissance demeure fondamentale. En effet, une entité qui ne serait pas
reconnue par la majorité des États ou même simplement par les États les plus
puissants, aurait les plus grandes difficultés de mener des RI normales. Cette
entité risque en outre de se voir fermer l’accès aux principales orga
internationales (notamment à l’ONU car cela nécessite au préalable un vote
d’au minimum 9 États sur les 15 présents dans le Conseil de sécurité et cela à
condition qu’aucun veto n’ai été émis.
 Cette situation est d’autant plus complexe qu’il n’existe en DI aucune obligation de
reconnaitre une autre entité comme État même si tous les critères de Montevideo
sont objectivement remplis
o Ex : Taiwan reconnu que par 14 États - le Somaliland par aucun État alors qu’il
remplit tous les critères
 Pas de critères relatifs au moment où la reconnaissance doit être effectuée. Elles
peuvent donc être tardives et intervenir bien après la création objective de l’État.
 MAIS : développement de certaines obligations de ne pas reconnaitre une entité
comme État notamment lorsque la création est la conséquence de la violation de
normes fondamentales du DI. C’est le cas d’un nouvel État qui aurait été créé en
usant du recours à la force. Il s’agit ici de la « doctrine Stimson »

(Ex : l’envoi d’une ambassade entraine une reconnaissance implicite). Enfin, elle peut être
provisoire (de facto) ou irrévocable et définitive (de jure).

2) Titres dérivés et mutations du territoire étatique


La mutation d’un territoire peut s’effectuer avec ou sans transfert de titres territoriaux d’un
État à un autre. Il y a transfert de titres quand les 2 États concernés par la mutation du
territoire (l’état qui verra son territoire et l’État qui verra son territoire agrandit) existe déjà
avant le transfert et continue tous 2 d’exister après. Tel est le cas par exemple quand il y a
annexion partielle du territoire d’un État par un autre État + quand 2 États cèdent ou
échangent certaines portions de leur territoire. La mutation sans transfert de titres suppose
la transformation d’au moins l’un des 2 États concerné par la mutation. Il se peut en effet que
l’un des États disparaisse du fait par exemple d’une annexion totale. Il peut arriver aussi
qu’un nouvel État soit créé en conséquence du processus de mutation (ex ; en matière de
sécession ou de décolonisation)

a) La décolonisation
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Ce phénomène qui a marqué la 2 e moitié du 20e S trouve son origine lointaine dans le
« printemps des peuples » qui a secoué certaines capitales européennes en 1848. On peut
également en trouver les prémices dans les 14 points du président Wilson. Le droit des
peuples à disposer d’eux – mêmes sera ensuite consacré mais de manière générale et
imprécise dans les ART 1 paragraphe 2 + 55 de la Charte des Nations Unies. Le droit des
peuples à disposer d’eux – mêmes peut être envisagé sous 2 angles. Il peut conduire au
simple droit à l’autodétermination interne. Le peuple concerné pourra alors réclamer une
certaine forme d’autonomie mais au sein d’un État préexistant. L’autodétermination externe
consiste quant à elle au droit pour un peuple de créer un nouvel État. Ce droit sera
progressivement reconnu par les instances internationales aux peuples coloniaux et plus
accessoirement aux peuples soumis à « une domination étrangère ou à un régime raciste ».
La Charte de l’ONU qui date de 1945, ne condamne pas expressément le colonialisme. Elle
renvoie dans son ART 73 aux territoires dits « non autonomes » (soit aux colonies). Elle ne
leur accorde pas expressément le droit à l’indépendance mais prévoit simplement que leur
capacité à s’autoadministrer doit être développé par l’État colonisateur. Il faudra attendre
1960 pour que le droit international condamne explicitement le colonialisme. Cette
condamnation résultera notamment de la résolution 1514 adoptée par l’Ass générale des
Nations Unies. Cette résolution dispose que « la sujétion des peuples à une subjugation, une
domination ou à une exploitation étrangère constitue un déni des droits fondamentaux de
l’Homme et est contraire à la Charte des Nations Unies ». En conséquence la résolution
proclame que les États doivent mettre fin rapidement et inconditionnellement au
colonialisme. Comme on le voit, cette résolution qui ouvre la porte à l’autodétermination
externe est centrée exclusivement sur les peuples coloniaux. La résolution 1541, viendra
définir précisément ce qu’est un peuple colonial : il s’agit d’un peuple « géographiquement
séparé et ethniquement distinct ». Par cette précision, la résolution vient mettre un terme au
phénomène sécessionniste qui avait touché notamment certains territoires des États
nouvellement décolonisés (ex : au Katanga ou Kasaï au Congo ou Biaffra au Nigéria). Ces
peuples ne peuvent donc réclamer un droit à l’autodétermination externe car ils ne
remplissent pas les critères de la résolution 1541. Le droit à l’autodétermination externe sera
étendu aux peuples soumis à « une domination étrangère » (notamment résolution 2625 qui
vise les territoires occupés de 1967) ainsi qu’aux peuples soumis à un régime raciste (on vise
à l’époque l’Afrique du Sud et son régime d’apartheid). Il existe 3 possibilités pour l’ancien
peuple colonisé.
- Celle de créer un nouvel État indépendant
- La possibilité de s’intégrer ou s’associer avec un État préexistant (donc
potentiellement avec l’ancien État colonisateur)
L’État qui procède à la décolonisation en application du DI doit respecter l’intégrité
territoriale de la future entité décolonisée. C’est ce que la CIJ a précisé dans son avis de 2019
portant sur les îles Chagos : à l’époque coloniale, ces îles étaient administrées par UK
conjointement avec l’île Maurice avec laquelle le gouverneur était commun. En 1966, les
Britanniques ont accordé l’indépendance à l’île Maurice mais non aux îles Chagos. La CIJ a
alors compris qu’il y avait là atteinte à l’intégrité territoriale de l’île Maurice.
Les peuples qui ne peuvent être qualifiés de peuples coloniaux ou de peuples soumis à une
domination étrangère ou à un régime raciste ne se voient pas reconnaitre quant à eux le
droit à l’autodétermination externe. Cette position sera fermement maintenue par les
instances internationales jusqu’à une décision de la CIJ de 2010 relative au Kosovo. Cette
décision viendra nuancée l’attitude adoptée jusque-là. Jusqu’à l’avis sur le Kosovo, les
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peuples non – coloniaux ne possédaient donc qu’un droit à l’autonomie interne et au respect
de leur particularité culturelle, linguistique ou régionale. Ces peuples ne pouvaient donc
revendiquer que les droits reconnus aux minorités à l’intérieur d’États préexistants. Ces
droits sont notamment mentionnés à l’ART 27 du Pacte international sur les droits civils et
politiques.

b) Palestine et droit des peuples à disposer d’eux – mêmes

La question internationale du statut de la Palestine se pose pour la première fois en 1922. A


cette date, la Société des Nations décide de confier à la GB un mandat international sur la
Palestine. Cette dernière est issue du démembrement de l’ancien Empire Ottoman qui a
disparu en tant que tel à la fin de la 1GM. Le système des mandats qui existe au sein de la
SDN consiste à charger un État d’administrer un territoire au nom de la communauté
internationale. Il a existé pour les entités issues du démembrement de l’Empire Ottoman
(ex : Palestine, Syrie ou Jordanie) et il a été appliqué également aux anciennes colonies
allemandes en Afrique (ex : Cameroun, Togo, Tanzanie dont l’administration a été confié à la
France ou GB). Le mandat britannique sur la Palestine a atteint son terme en 1947. L’Ass
générale des Nations Unies s’est alors posée la question du devenir de ce territoire alors que
les britanniques avaient en 1917 via une déclaration de Lord Balfour promis la création d’un
« foyer national juif » en Palestine. L’Ass générale des Nations Unies décide de trancher cette
question en mettant en place un plan de partage de la Palestine conduisant à la création de 2
États : 1 État israélien et 1 État palestinien. Ce plan de partage est la 1 ère base juridique
internationale relative au droit du peuple palestinien à un État. Ce droit sera réitéré par la
suite notamment dans la résolution 2625 de 1970 ainsi que dans un avis de la CIJ de 2004.
Cet avis porte sur la « licéité » de la construction du mur dans les territoires palestiniens.
Selon la Cour : « cette construction dresse un obstacle grave à l’exercice par le peuple
palestinien de son droit à l’autodétermination ». Si ce droit est clairement reconnu par le DI,
sa mise en œuvre effective se heurte à de nombreux obstacles qui s’inscrivent dans le cadre
des différentes guerres israélo-arabes ; la 1ère ayant résulté immédiatement de la
proclamation par l’État d’Israël de son indépendance qui a été remise en cause par les États
voisins. La guerre de 1967 conduira d’autre part à l’occupation des territoires qui étaient
jusque-là restés autonomes. C’est dans ce cadre que sera créé l’OLP par Yasser Arafat. L’OLP
fut reconnu comme « membre observateur à l’Ass générale des Nations Unies en 1974 ». il
est important de noter que le statut d’observateur n’est pas prévu explicitement dans la
Charte des Nations Unies. Il s’agit d’un statut créé par l’Ass générale des Nations Unies en
1947 pour permettre à des États ne souhaitant pas encore devenir membre à part entière de
l’ONU de participer aux travaux de l’Ass générale des Nations Unies. Il a été par la suite
étendu également à des ONG (ex : la Croix Rouge). L’admission en tant qu’observateur se fait
pas un simple vote de l’Ass générale. En 1988, Arafat proclame l’existence de l’État
palestinien. Le statut d’observateur est alors modifié et attribué non plus à l’OLP mais à la
Palestine. De nombreux États reconnaissent alors la Palestine en tant qu’État à la suite de la
déclaration de Arafat. Mais à cette date, il est certain qu’aux regards des critères de
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Montevideo, la Palestine ne peut pas objectivement être considéré comme un État. En effet,
l’OLP n’exerce absolument aucun contrôle sur le « territoire palestinien » puisque ce dernier
est entièrement occupé. La question de l’existence en DI d’un État palestinien se pose
réellement à partir de 1993 et du « processus d’Oslo ». Ce processus a conduit à des
négociations de paix entre l’État d’Israël et l’OLP. En conséquence de ces négociations, une
certaine assise territoriale va désormais être reconnue à l’autorité palestinienne. L’État
d’Israël se retire donc de certains territoires occupés et une administration palestinienne
commence à s’y implanter. A partir de cette date, la doctrine va commencer à discuter
réellement de l’existence ou non d’un État palestinien au regard des 3 critères de
Montevideo. Le poids d’orgue sera atteint quand l’autorité palestinienne tentera d’entrer à
l’ONU en tant que membre à part entière. Pour cela, il faut un vote de l’Ass générale sur
recommandation du Conseil de sécurité. Dans ce type de situation, un comité spécifique est
mis en place pour vérifier si l’entité qui veut rentrer à l’ONU répond aux critères fixés par la
Charte.
Pour cela il faut :
- Être un État
- Être pacifique
- Être disposer à remplir les obligations prévues par la Charte
Les membres du comité mis en place pour la Palestine ne parviendront pas à s’entendre sur
le fait de savoir si ces conditions sont remplies et notamment si la Palestine peut être
considérée comme un État. Ce comité examine à cette fin les critères de Montevideo.
L’existence d’un territoire et d’une population palestinienne sont relativement peu
controversés. Le territoire prévu est celui du plan de partage de 1947. D’autre part, de
nombreuses résolutions ont reconnu l’existence d’un peuple palestinien. En revanche, la
question d’un contrôle effectif de l’autorité palestinienne sur le territoire est très
controversée. Pour les opposants à la qualité étatique à la Palestine, il n’y a pas de réel
contrôle effectif de l’autorité palestinienne dans la mesure où une portion importance du
territoire : la bande de Gaza n’est pas contrôlée par l’autorité palestinienne. D’autres
membres du comité vont estimer en revanche que le DI n’exige pas un contrôle absolu sur
l’ensemble du territoire et qu’une marge de tolérance existe à cet égard. Dans cette optique,
les membres du comité vont considérer que la question de Gaza n’est pas déterminante et
vont mettre l’accent sur le déploiement par l’autorité palestinienne au sein de la Cisjordanie
d’une véritable administration remplissant les principales fonctions de l’État. A la suite des
dissentions entre les membres du comité, aucune position commune n’a pu être adoptée et
le conseil de sécurité n’a donc pas recommandé à l’Ass générale de voter sur l’admission de la
Palestine en tant qu’État membre à part entière.
Toutefois une évolution notable s’est produite par la suite. Devant le blocage du Conseil de
sécurité, l’Ass générale a décidé de modifier le statut d’observation dont bénéficiait jusque-là
la Palestine. C’est désormais « l’État de Palestine » qui est reconnu en tant que membre
observateur. Grâce à ce changement de dénomination, l’autorité palestinienne va développer
une politique volontariste en s’appuyant sur le qualificatif d’État qui lui a été reconnu. Ce
qualificatif permet en effet, de manière générale, de ratifier les traités internationaux
multilatéraux ou encore de demander à entrer dans d’autres orga internationales. C’est ainsi
que l’État de Palestine va ratifier bcp de traités multilatéraux généraux et va aussi adhérer à
des orga internationales intergouvernementales comme l’UNESCO. Parmi les points les plus
marquants de cette nouvelle politique, il faut noter l’adhésion de la Palestine au traité de
Rome qui créé la CPI. La chambre préliminaire de la CPI a eu à se prononcer sur le fait de
12

savoir si son procureur pouvait enquêter sur des faits commis dans les territoires palestiniens
sous-entendu par les autorités israéliennes ou sur des actes commis par des citoyens
palestiniens. La CPI est compétente quand des crimes de guerre, contre l’humanité, des actes
de génocide ou d’agression sont commis sur le territoire d’un État parti ou par le
ressortissant d’un État parti. Pour certains, la CPI n’avait pas compétence dans la mesure où
la Palestine ne serait pas un véritable État. La chambre préliminaire a toutefois estimé qu’il
ne lui appartenait pas de déterminer si la Palestine était objectivement un État au regard du
DI. Ce type de détermination ne relève pas du champ de compétence de la CPI. En revanche,
la Cour estime qu’elle se doit simplement de vérifier si la Palestine est un « État – parti » au
sens de la Convention. Elle constate alors que le traité de Rome a bien été ratifié par le
gouvernement palestinien, que les autres États membres de la CPI (à l’exception du Canada)
ne s’y sont pas opposés et que la Palestine peut donc être considérée comme un « État –
parti » au sens de la Convention. Dans le prolongement de cette nouvelle stratégie, l’autorité
palestinienne a également adhéré au statut de la CIJ. Dans ce cadre, elle a intenté une action
devant cet organe contre les USA en raison du transfèrement de l’ambassade des USA de Tel
Aviv à Jérusalem qui serait contraire à la Convention de 1961 sur les relations diplomatiques.

Sécession et proclamation unilatérale d’indépendance :


La sécession est l’amputation d’un territoire préexistant conduisant à la création d’un État
nouveau sur le territoire amputé. L’État nouveau pourra choisir de rester indépendant ou
bien pourra décider de fusionner avec un autre État. Ainsi, le Kosovo a-t-il été proclamé
indépendant en 2008 sur la base d’un territoire précédemment sous souveraineté serbe. La
Crimée a, elle également, proclamé son indépendance sur une base territoriale
précédemment sous souveraineté ukrainienne. Les autorités de Crimée ont ensuite décidé
de se rattacher à la Russie à la suite d’un référendum. Lorsque les proclamations
d’indépendance sont faites de manière unilatérale, sans accord du gouvernement de l’État
amputé, alors elles sont susceptibles de déboucher sur une grave crise internationale (cas du
Kosovo et de la Crimée) voire sur un conflit armé (cas de la sécession du sud Soudan).
L’analyse de ce type de situation est juridiquement complexe dans la mesure où 2 normes
potentiellement contradictoires entre en jeu. Ces 2 normes sont :
- Le droit des peuples à disposer d’eux – mêmes (ART 1 paragraphe 2 + 55 de la Charte
des Nations Unies)
- Le principe du respect de l’intégrité territoriale des États (ART 2 paragraphe 4 de la
Charte)
Jusqu’en 2010, le droit des peuples à disposer d’eux – mêmes ne primait sur le respect de
l’intégrité territoriale que dans un nombre de cas très limité. Il s’agissait essentiellement ici
du droit des peuples coloniaux définis strictement à proclamer leur indépendance. S’ils sont
rajoutés de manière ponctuelle, les peuples soumis à un régime raciste Afrique du sud) ou à
la domination étrangère (peuple palestinien). Il y avait là une conception très restrictive droit
des peuples à disposer d’eux – mêmes. C’est ainsi que le professeur Dupuy affirme dans son
manuel de DI en 2006 que : « le droit à l’indépendance reste l’apanage des peuples soumis à
une domination coloniale ».
En dehors du cas du peuple colonial, le secrétaire général des Nations Unies : U Tante avait
affirmé en 1970 : « l’ONU n’a jamais accepté et n’acceptera jamais la sécession au sein de
l’un de ses États membres ». Cette déclaration était d’autant plus notable qu’elle intervenait
13

dans le contexte délicat de la sécession du Biafra (= partie sud Est du Nigéria). Or cette
tentative de sécession avait conduit à une forte répression par les autorités nigérianes et
avait débouché sur une crise humanitaire majeure. Ce type d’hypothèse dans lequel un
peuple voit ses droits massivement violés, a néanmoins conduit une partie de la doctrine à
défendre la théorie de la « sécession remède ». Une exception à la règle d’intégrité
territoriale, un peuple victime d’un déni majeur de ses droits fondamentaux pourrait
potentiellement réclamer l’accession à l’indépendance. Cette doctrine se base notamment
sur une lecture a contrario de la résolution 2625 de 1970. Cette résolution semble permettre
l’accession à l’indépendance de certains peuples dans le cas où le gouvernement du
territoire sur lequel ils vivent ne respecte pas « l’égalité des peuples » et en discrimine
certains sur la base « de la race, de la croyance ou de la couleur ». Cette théorie aurait ainsi
justifié l’accession à l’indépendance du Pakistan oriental (Bangladesh maintenant). Cette
théorie a également été utilisé par la commission africaine des droits de l’Homme et des
peuples dans l’affaire dite du « peuple Katangais » en 1995. La commission se base ici sur
l’article 20 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples. Elle considère qu’un
peuple a le droit d’accéder à l’indépendance lorsqu’il est « victime d’une violation massive de
ses droits fondamentaux ». La décision de la commission africaine est la seule décision
internationale qui puisse être trouvée en faveur de la théorie de la « sécession remède ». En
dehors des cas d’avant (peuple colonial et éventuellement « sécession remède » sur le
continent africain), c’était le respect de l’intégrité territoriale qui devait primer. Toutes les
autres tentatives de sécession étaient donc a priori contraires au DI.
Un avis de la CIJ de 2010 est toutefois venu brouiller cette lecture. Cet avis est relatif à la
proclamation unilatérale d’indépendance du Kosovo opérée en 2008 en détriment du
territoire Serbe. Cette proclamation d’indépendance a conduit à des réactions étatiques très
contrastées. Sur les 193 États de l’ONU, seul une petite 100aine a reconnu l’indépendance.
De nombreux États s’y sont opposés, notamment les États comportant en leur sein, des
peuples à volonté sécessionnistes (ex : Espagne, Italie, Roumanie, Slovaquie...)
Devant ces divergences d’appréciations, un avis a été demandé à la CIJ à l’initiative de la
Serbie. Or contrairement à ce qu’espérait cette dernière, la Cour a considéré que la
proclamation d’indépendance du Kosovo ne violait aucune norme de DI, ni générale, ni
particulière.

Concernant la règle générale, la Cour considère que la proclamation d’indépendance n’a pas
violé le principe d’intégrité territoriale des États mentionnée à l’ART 2 paragraphe 4. La Cour
se livre ici à une lecture très stricte de l’ART, elle considère que la règle du respect de
l’intégrité territoriale n’est opposable qu’aux États. Or la proclamation d’indépendance du
Kosovo a été réalisé par les autorités provisoires de l’administration temporaire qui avait été
mise en place au Kosovo en 1999. Cette lecture stricte est très contestable car elle ne prend
pas en compte l’émergence de nouveaux acteurs des relations internationales capables de
venir les concurrencer dans l’exercice de leurs prérogatives. De plus, on peut noter que le
Conseil de sécurité lui – même en 1996 avait demandé à des entités non – étatiques de
respecter le principe de l’intégrité territoriale (il s’agissait ici des autorités abkhazes à
l’origine d’une tentative de sécession vis-à-vis de la Géorgie. En ce qui concerne l’inexistence
de la violation de règles particulières, la Cour examine si la proclamation d’indépendance a
violé la résolution 1244 du Conseil de sécurité relative au statut provisoire du Kosovo. Selon
la Cour, cette résolution n’a pas été violé dans la mesure où elle met simplement en place un
statut intérimaire et ne se prononce pas sur le statut définitif du Kosovo. Là encore, cette
14

analyse est contestable dans la mesure où la résolution mentionne clairement le respect du


principe de l’intégrité territoriale de la Serbie. La position de la Cour est d’autant plus
discutable qu’elle ne fournit aucun critère clair permettant désormais d’apprécier si une
sécession est conforme ou non au DI. La Cour se contente de dire que la sécession n’est pas
interdite de manière générale en DI et qu’il faut procéder à des analyses au cas par cas sans
indice précis à cet égard. La Cour refuse même de se prononcer sur la validité de la sécession
remède ; laissant une grande incertitude à cet égard. L’avis de la Cour a eu pour conséquence
immédiate l’émergence de nouveaux phénomènes sécessionnistes. C’est notamment sur le
fondement de la décision de la Cour que le Conseil suprême de Crimée a proclamé
unilatéralement l’indépendance de ce territoire (le Conseil suprême cite expressément la
décision de la Cour en mentionnant le fait qu’il n’existe pas d’interdiction générale de la
sécession en DI). Désormais, toute sécession n’est pas ipso facto illégale. Elles doivent
chacune être analyser à l’aide de critères qui peuvent rester imprécis ou discutés. Certaines
certitudes apparaissent néanmoins. Ainsi, lorsque le Conseil de sécurité a clairement
condamné une sécession, cette dernière peut être considérée comme illégale. Il en a été
ainsi en 1983, pour la République de Chypre Nord. Il en a été également pour la sécession
Abkhaze. On peut noter que le Conseil de sécurité n’a, en revanche, pas réussi à adopter de
résolution en ce qui concerne la sécession de la Crimée. Un projet de résolution avait bien
été rédigé mais il s’est opposé à un veto russe. La deuxième certitude est relative aux
sécessions qui auraient été orchestrées avec l’aide d’un État tiers. On va clairement ici
considérer que le principe d’intégrité territoriale a été violé puisqu’il est opposable aux États.
C’est probablement sous cet angle que doit être analysé la sécession de la Crimée, opérée
sous influence russe. La question reste toutefois complexe dans la mesure où un référendum
largement approuvé a eu lieu par la suite.

Enfin, à l’inverse, on peut raisonnablement estimer que les phénomènes sécessionnistes


pacifistes, ne conduisant pas à un conflit international, sont très certainement conformes au
DI. Ce type de situation, peu fréquent, apparait notamment lorsque c’est le droit interne de
l’État amputé qui prévoit la possibilité de faire sécession à condition de respecter un certain
processus. Tel est le cas notamment dans la Constitution Éthiopienne. En dehors de quelques
cas, l’analyse est très délicate, d’autant que la Cour n’a même pas souhaité se prononcer sur
le cas très emblématique de la sécession remède. On ne sait donc pas si ce type de sécession
est légal ou non.
C’est un concept construit par la doctrine mais la Cour ne donne pas de détail.
L’incertitude existant désormais à propos des phénomènes sécessionistes pose de véritables
difficultés en termes de RI. Elle tend en effet à favoriser ces sécessions qui ne sont plus
considérées comme illégales a priori. Or la multiplication des phénomènes sécessionnistes
est source de conflit à court et à long terme. A court terme, puisque les sécessions
entrainent dans la plupart des cas un conflit avec l’État dont le territoire est amputé. A long
terme, les phénomènes sécessionnistes conduisent à la multiplication du nombre d’État et
donc logiquement à des États de + en + petit et faible qui risquent d’entrer en conflit entre
eux pour l’accès aux ressources.

III – Compétences et immunité des États


15

L’État possède, en DI, des compétences plénières, à la différence des orga internationales qui
ne possèdent que des compétences limitées (= d’attribution). D’autre part, les États se voient
également reconnaitre des immunités qui les protègent vis-à-vis de toute action judiciaire
engagée contre eux à partir de tribunaux étrangers.

a) Les compétences de l’État


L’État possède une compétence normative et une compétence d’exécution.
Compétence normative = permet d’édicter des règles générales ou personnelles via ses
organes exécutifs, législatifs et judiciaires.
Compétence d’exécution = permet la mise en œuvre de cette normativité par les autorités
étatiques en recourant éventuellement à l’usage de la force publique.

Dans ce cadre, le DI classique, reconnait aux États une compétence territoriale et une
compétence personnelle. Plus récemment, des compétences dites « extra territoriales » et
« universelles » sont apparues mais elles demeurent contestées par certains États.

La compétence territoriale de l’État est « pleine et exclusive » (sentence arbitrale de l’île de


Palmas en 1928). L’État possède, sur son territoire, à la fois la compétence normative et
l’exclusivité de la compétence d’exécution. Cela ne signifie qu’aucun autre État n’a le droit
d’intervenir. La compétence territoriale a donc pour corolaire l’obligation de non – ingérence
des autres États. Cette compétence doit toutefois être mise en œuvre sans causer de
dommages à des États tiers à partir d’activités menées sur le territoire. Ce principe a été
consacré sous le nom d’« utilisation non – dommageable du territoire » (arbitrage fonderie
du Trail de 1943 + décision CIJ de 1949 du détroit de Corfou). Ce principe est susceptible de
recevoir de nombreux développements en matière de droit de l’environnement (selon ce
principe par exemple l’émission de pollution à partir du territoire d’un État peut engager la
responsabilité de celui-ci si ces pollutions affectent le territoire d’un autre État).

La compétence personnelle s’exerce vis-à-vis des nationaux, qu’il s’agisse de personnes


physiques ou morales. L’État possède à leur égard, en principe, à la fois la compétence
normative et la compétence d’exécution (ex : célébration d’un mariage, arrestation).
Toutefois, quand les nationaux se trouvent sur le territoire d’un autre État, alors leur État
d’origine perd la compétence d’exécution à leur égard (un État n’a pas le droit d’intervenir sur
le territoire d’un autre État par exemple pour arrêter ou juger un de ses nationaux). Ainsi
quand il y a conflit entre compétences personnelles et territoriales, c’est la compétence
territoriale qui prime (ex : affaire Bertrand Canta et Marie Trintignant qui vont en Lituanie
mais il la tue en Lituanie donc qui est compétent ? c’est le principe de la compétence
territoriale qui prime donc c’est la Lituanie qui est compétente).
A côté de ces compétences, sont apparues de nouveaux titres de compétence nettement
plus contestés. On peut citer tout d’abord le cas des compétences dites « extra –
territoriales ». Il s’agit de la mise en œuvre très extensives, par certains États (notamment
par les USA) de leur compétence normative.

Cas américain :
Ainsi, le législateur américain a-t-il adopté de nombreuses lois régissant des situations se
déroulant hors du territoire américain et impliquant des personnes physiques ou morales ne
possédant pas la nationalité américaine. Ont par exemple été adopté des législations
16

interdisant à toute personne ou entité quelle qu’elle soit de commercialiser avec des États
sous embargo unilatéral américain (ex : Cuba ou Iran). Or dans de nombreux cas, les
transactions réalisées avec ces pays avaient eu lieu hors du territoire américain et impliquait
des personnes ou firmes ne possédant pas la nationalité américaine. Les infractions à ces
législations pouvaient conduire à des amendes et même à des peines de prison. Les
juridictions américaines ont considéré que ces législations étaient valides en se basant sur
certains liens de rattachement au territoire américain. Elles ont notamment invoqué le fait
que la transaction s’effectuait en dollars ou encore le fait que des mails échangés dans le
cadre de la transaction transitaient par un server situé sur le territoire américain. Ces liens de
rattachement sont considérés par la doctrine majoritaire comme insuffisants et ne justifiant
pas l’exercice de la compétence américaine. Il existe toutefois des analyses opposées qui
considèrent que le DI n’interdit pas expressément ce type de compétence « extra
territoriale ». Même si ces législations sont probablement trop extensibles au regard du DI,
la puissance économique américaine conduit à ce qu’elle soit en parti respectée. Les grands
opérateurs économiques préfèrent parfois se soumettre à ces législations ou bien transiger
avec les autorités judiciaires américaines afin de ne pas perdre l’accès au marché américain.

La deuxième compétence contestée apparue récemment est la compétence dite


« universelle ». Cette compétence s’exerce en matière pénal. Elle trouve son origine dans le
constat que certains grands crimes internationaux restent impunis si on applique strictement
les compétences territoriales et personnelles classiques. En effet, quand les autorités d’un
État donné ne souhaite pas poursuivre certains crimes commis sur leur territoire et alors que
tant les victimes que les auteurs des actes ont la nationalité de l’État en question, alors
aucun autre État n’aura compétence pour poursuivre. L’exemple classiquement donné à cet
égard est celui des crimes commis sur la place Tien An men à Pékin en 1989 par les forces de
l’ordre chinoises. Les victimes étaient toutes de nationalités chinoise. Donc seul la Chine avait
a priori compétence pour juger ces crimes. Quand les autorités ne souhaitent pas agir, ces
crimes restent donc impunis.
Exemple :
Face à cette situation, les législateurs espagnols et belges en 1985 et 1993 ont donné
compétence respectivement aux tribunaux espagnols et belges pour juger les grands crimes
internationaux (génocide, crime contre l’humanité, crime de guerre, actes de torture…)
même lorsque les crimes en question n’avaient pas été commis sur les territoires espagnols
ou belges et que ni les victimes ni les auteurs n’étaient espagnols ou belges. Les 2 juridictions
étaient donc compétentes en matière de grands crimes internationaux sans aucun lien de
rattachement, ni territorial ni personnel.
Concrètement la mise en œuvre de ces législations s’est avérée complexe. En effet, les
autorités de ces 2 États n’obtenaient pas la permission d’aller enquêter sur le territoire des
États où avaient eu lieu les crimes. De plus, la plupart des procès étaient menés in absentia
les autorités du pays concerné refusant logiquement de coopérer et de livrer les personnes
poursuivies. De plus, d’importantes pressions diplomatiques ont été exercées sur la Belgique
et l’Espagne conduisant ces 2 États à modifier leur législation. Les compétences dites
« universelles » existantes actuellement se basent sur des conventions internationales
comme les conventions en matière de terrorisme ou encore la convention de 1984 sur la
torture. Elles élargissent les compétences personnelles et territoriales classiques. En vertu de
ces conventions, sera en effet compétent également l’État sur le territoire duquel se trouve
l’auteur d’un crime international (dans l’hypothèse où cet auteur n’a pas commis de crime
17

sur le territoire en question mais s’y est rendu par la suite). Les législations belges et
espagnoles ont été modifiées en ce sens. De nombreux code pénaux européens contiennent
désormais des dispositions similaires (ex : ART 689 du code français de procédure pénale).
Cette solution a pour avantage de ne pas juger in absentia puisque l’auteur de l’acte se
trouve sur le territoire de l’État qui entend le juger. La jurisprudence internationale et
notamment la Cour européenne a validé ce type de compétence.

b) Les immunités de l’État


L’État possède des immunités qui lui sont reconnues par le DI en tant que corolaire direct de
la souveraineté. Ces immunités empêchent toute action judiciaire entamée contre un État,
contre certains des plus hauts représentants de l’État ou encore contre ses diplomates à
partir de juridictions nationales étrangères. Ces immunités visent à empêcher la
multiplication de procédures judiciaires des États les uns entre les autres, multiplication qui
pourrait déboucher sur de graves crises internationales. Les immunités ne sont, en revanche,
pas opposables ni devant les juridictions internationales (CIJ ou CPI) ni devant les juridictions
internes de l’État poursuivi.
Ces immunités sont susceptibles d’entrer en conflit avec le droit au procès, qui est reconnu
dans de nombreuses conventions internationales relatives aux droits de l’homme. Toutefois,
les juridictions internationales ont systématiquement fait prévaloir les immunités sur le droit
au procès, y compris la CourEDH.

L’État possède à la fois une immunité de juridiction (qui empêche qu’on puisse le juger) et
une immunité d’exécution (qui empêche qu’on saisisse ses biens). L’immunité des États était
considérée comme absolue jusqu’au milieu du 20 e S. Une distinction est ensuite apparue
entre les actes dits « jure imperii » et les actes « jure gestionis ». Seuls les actes
« jure imperii » seraient désormais couverts par les immunités. Ce type d’acte est relatif aux
principales activités régaliennes de l’État (justice, défense, affaires étrangères…).
Les immunités « jure imperii » sont considérées comme absolues, elles seront ainsi
reconnues même lorsque des violations très graves du DI sont alléguées (CIJ 2012 affaire
Allemagne contre Italie).
Les actes « jure gestionis » ne seraient plus couverts par les immunités. Il s’agit là des
actes de gestion courante accomplie par les États (ex : le cas de contrats de travail ou encore
de transactions purement commerciales). Il est à noter que la distinction entre ces 2 types
d’actes est contestée et n’est pas acceptée par une large partie des États du sud qui
demeurent partisans d’une conception absolue des immunités.
Les plus hauts représentants de l’État se voient également reconnaitre des
immunités. Il n’existe pas de liste définitive des personnes protégées. Certains traités
internationaux ainsi que la jurisprudence nous permettent de savoir qu’au minimum : le chef
d’État, le 1er ministre et le ministre des Affaires étrangères possèdent des immunités (CIJ
2002 RDC contre Belgique). Cette liste est toutefois susceptible d’être élargie. Lorsqu’une
personne est protégée par des immunités, aucune action judiciaire ne peut être intentée
contre elle à partir de juridictions nationales étrangères. Cette interdiction est maintenue
même lorsque des faits particulièrement graves lui sont reprochés. Lorsque cette personne
n’est plus en fonction, des actions judiciaires seront possibles pour les actes dits
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« détachables » (= les actes sans rapport direct avec les fonctions qui lui ont été conférées.
On considère de manière générale que les crimes internationaux sont par essence des actes
détachables).
Les diplomates + locaux diplomatiques + consulaires bénéficient d’une immunité. Ces
immunités sont prévues dans les conventions de Vienne de 1961 et 1963. Les locaux
diplomatiques sont ainsi inviolables, ce qui signifie que les autorités de l’État d’accueil ne
pourront pas y pénétrer sauf avec le consentement de l’ambassadeur. Les diplomates ainsi
que leur famille possèdent également une immunité, ce qui signifie qu’ils ne pourront en
aucun cas être arrêtés ou jugés. La seule possibilité est que leur État de nationalité choisisse
librement de lever leur immunité. L’État d’accueil pourra simplement les déclarer « persona
non grata » et les renvoyer dans leur pays d’origine.

1) Les OI
L’importante augmentation du nombre d’OI à partir de la seconde moitié du 20 e S est le reflet
du développement du multilatéralisme perçu comme un vecteur efficace de pacification des
RI. Les OI (intergouvernementales) permettent en effet une coopération institutionnalisée,
permanente et transparente favorisant l’accord entre les États. Ce multilatéralisme est
pourtant fragilisé depuis quelques années tant les critiques et les phénomènes de retrait d’OI
se sont multipliés (dernier retrait en date : Niger, Burkina Fasso, Mali quittent la CDAO).
La question de l’importance réelle du rôle des OI est au cœur de la controverse entre les
réalistes et les libéraux.
Pour les réalistes : les OI ne sont que des acteurs mineurs et ne peuvent jouer qu’un
rôle limité essentiellement en temps de paix.
Pour les libéraux : les OI sont des acteurs majeurs capables de venir contester
directement la suprématie étatique
Quoi qu’il en soit, le développement des OI est relativement récent. Les 1ères apparaissent
en nombre limité au 19e S. Elles sont en général chargées de gérer des questions très
techniques comme la gestion et l’utilisation des fleuves transfrontaliers. C’est ainsi que sont
crées les commissions fluviales qui regroupent les États riverains. On peut aussi citer, dans le
cadre de ces organisations à vocation technique : l’Union postale universelle. La 1ère
organisation à vocation générale à apparaitre sera la Société des Nations en 1919 puis l’ONU
en 1945. Depuis cette date, de très nombreuses organisations ont été créés et on en compte
actuellement environ 300.

A) Définition et typologie
19

Selon la Commission du DI, une OI est « une association d’États créé par traité dotée d’une
Constitution et d’organes communs et possédant une personnalité juridique distincte de
celle de ses États membres ».
Il s’agit donc d’un sujet dérivé et secondaire des relations internationales crée par les États
par le biais d’un traité. Les OI dépendant également des États pour pouvoir implanter leur
structure permanente puisqu’elle ne possède pas de territoire. On peut noter que cette
structure permanente les distingue du mécanisme plus ancien des conférences
internationales.
La personnalité juridique qui leur est désormais reconnue est fondamentale car c’est elle qui
leur permet de conclure des traités ou encore de saisir le juge international. Cette
personnalité juridique est d’abord systématiquement reconnue sur le plan interne. L’OI se
voit ainsi reconnaitre une personnalité juridique par l’État sur le territoire duquel elle est
implantée. Cette personnalité lui permet, par exemple, d’acquérir des biens et des locaux ou
de passer certains contrats de travail. La question de la personnalité internationale de l’OI ne
s’est quant à elle posée qu’à partir de 1949 relativement à l’ONU. La Charte de l’ONU ne
précise pas en effet que l’organisation possède une telle personnalité. La question fut donc
posée par voie d’avis en 1949 à la CIJ dans le cadre de l’affaire Bernadotte. Cette affaire est la
conséquence de l’assassinat en 1948 du comte Bernadotte, représentant permanent de
l’ONU en Palestine. La CIJ va décider que l’ONU possède implicitement une personnalité
juridique lui permettant notamment de présenter des réclamations internationales. La Cour
précise que cette personnalité est fonctionnelle, à la différence de celle des États. Autrement
dit, les États possèdent une personnalité juridique plénière alors que celle des OI est limitée
à la mise en œuvre des buts précisés dans leur traité constitutif (un état peut conclure un
traité sur n’importe quelle question alors que l’OI ne pourra le faire que dans les stricts
domaines reconnus par son traité constitutif). La Cour précise ainsi que cette personnalité ne
fait pas de l’ONU un « super État ». La Cour précise enfin que cette personnalité juridique est
objective, c’est-à-dire opposable à l’ensemble des États de la société internationale.

B) Typologie
Il existe de nombreuses typologies, la plupart n’étant pas réellement pertinente sur le plan
juridique. On peut ainsi distinguer, entre les OI en fonction de leur aire géographique
(régionale ou universelle) ou encore en fonction de leur objet (commerce international pour
l’OMC, santé mondiale pour l’OMS, droits de l’homme pour le Conseil de l’Europe). Toutefois,
ces typologies ne sont pas pertinentes dans la mesure où de nombreuses organisations
recoupent plusieurs de ces domaines. La distinction la plus utile est alors celle entre les OI de
coopération et les OI d’intégration.
Les OI de coopération sont les plus nombreuses. Elles donnent naissance à des
forums permanents de discussion entre les États sans toutefois que l’OI puisse imposer une
politique commune à l’ensemble de ses membres. On peut citer à cet égard la Ligue Arabe ou
encore l’OMS.
Les OI d’intégration en revanche proposent des transferts de compétences des États
membres en faveur de l’OI. Dans ces domaines transférés, l’OI pourra adopter une position
commune selon des règles de vote spécifiques à chaque traité et imposer ensuite cette
position commune à l’ensemble des États membres (DONC y compris à ceux qui ont voté
contre). Les OI d’intégration les plus abouties possèdent en outre des mécanismes de
contrôles et de sanctions permettant de surveiller l’application des décisions communes par
20

les États et éventuellement de sanctionner ces derniers lorsqu’ils s’y dérobent. On peut citer
à cet égard l’Union européenne qui comporte à la fois un organe de contrôle (la Commission)
et un organe juridictionnel pouvant sanctionner les États ne respectant pas les politiques de
l’Union.
L’ONU représente un cas hybride. Il s’agit en effet essentiellement d’une organisation
de coopération. Les résolutions adoptées par l’Assemblée générale ne sont pas
contraignantes. Les États peuvent donc refuser de les mettre en œuvre. En revanche, en
vertu de l’ART 25 de la Charte, les décisions du Conseil de sécurité s’imposent à l’ensemble
des États de l’ONU (il intervient dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité
internationale).

Les membres de l’OI :


Les membres sont essentiellement composés d’États. Toutefois, cela peut éventuellement
s’ouvrir à d’autres entités si le traité constitutif le prévoit ou bien si une pratique se
développe en ce sens (ex : pratique des observateurs permanents à l’ONU qui a été initié par
l’Assemblée générale). Ces observateurs permanents peuvent être des États mais aussi des
organisations régionales (Union africaine ou Union européenne) voire des organisations
caritatives non gouvernementales (l’Ordre de Malte).

Adhésion aux OI :
L’OI se compose d’abord des membres fondateurs originels, qui se sont cooptés du 1 er coup
et qui ont donc rédigé ensemble le traité constitutif. Ce traité peut instituer une organisation
dite fermée. Ce qui signifie qu’aucun nouveau membre ne pourra être admis. Il en va ainsi du
Bénélux. La plupart des organisations sont toutefois dites ouvertes et sont susceptibles
d’accueillir de nouveaux membres. Les procédures d’accueil de ces nouveaux membres
devront être détaillées dans le traité fondateur. Ainsi par exemple, pour entrer à l’ONU, il faut
être un État pacifique, accepter les obligations de la Charte et avoir la capacité à les remplir.
L’admission devra ensuite être votée par l’Assemblée générale sur recommandation du
Conseil de sécurité.
Pour l’Union africaine, il faut avoir été membre de l’OUA ou bien être un État africain.

Retrait des OI :
Les possibilités de retrait ne sont pas toujours évoquées dans les traités constitutifs. Ainsi en
est-il de la Charte de l’ONU silencieuse à cet égard. Dans ce type de situations, on applique
alors le droit commun des traités tel que réglementé par la convention de vienne de 1969. Ce
droit s’applique par défaut puisque chaque organisation est bien créée par un traité
international. Le droit commun des traités prévoit que les retraits sont possibles à condition
de notifier la volonté de retrait au secrétaire général de l’OI concernée. Une fois la
notification faite, l’État restera encore membre de l’OI à part entière pour un délai de 12
mois. Lorsqu’un traité prévoit explicitement que les États membres de l’OI peuvent s’en
retirer, il détermine également à quelles conditions ce retrait est soumis. Une obligation
commune à l’ensemble des OI est celle de la notification de la volonté de retrait. Ensuite, des
délais variables et des conditions particulières pourront être prévus. Le délai le plus courant
21

est celui d’une année. Toutefois, il existe des délais plus courts : un simple délai de 3 mois est
prévu dans le cadre du traité de non-prolifération nucléaire.
Dans le cadre de l’UE, c’est l’ART 50 du traité qui prévoit des conditions de retrait. Une fois la
volonté de retrait notifiée, s’ouvre ainsi une période de 2 ans au cours de laquelle devra être
négocié un accord déterminant les relations futures entre l’Union et l’État qui souhaite s’en
retirer. Ce délai peut être prorogé. Si aucun accord n’a été trouvé alors l’ensemble des traités
et du droit de l’Union cesse de s’appliquer au terme du délai dans les relations entre l’État
sortant et l’UE.
Pendant le délai de retrait, l’État qui souhaite se retirer reste membre à part entière de l’OI. Il
demeure notamment soumis à toutes les obligations des États membres. Par exemple, si un
État comme les Philippines ou le Burundi souhaitent se retirer, ils devront conserver les
obligations comme les autre États membres.
Au cours de cette année, la Cour pénale peut entamer de nouvelles enquêtes ou de
nouvelles poursuites visant le territoire ou les ressortissants de l’État qui se retire. Les
affaires entamées au cours du délai de retrait pourront de plus être menées à leur terme au-
delà du délai de retrait.

Exclusion des OI :
L’exclusion d’un État peut être prévue dans la charte constitutive d’une OI à côté d’autres
sanctions (ex : les sanctions financières ou encore la suspension temporaire). L’exclusion est
prévue à l’ART 6 de la Charte des Nations Unies pour tout État qui violerait de manière
persistante les principes énoncés dans la charte. Cette exclusion devra être votée par
l’Assemblée générale après recommandation du Conseil de sécurité. En pratique, les
exclusions d’organisations sont très rares car les majorités exigées sont en général élevées.
Ainsi, par exemple, la tentative d’exclusion du Venezuela de l’OI des USA a échoué, la
majorité requise des 2/3 n’ayant pas été obtenue (2018). Aucun État n’a n’ont plus été jamais
exclu de l’ONU. En revanche, l’URSS avait été exclu de la Société des Nations en 1939 après
l’invasion de la Finlande. En mars 2022, a été voté avec succès l’exclusion de la Russie du
Conseil de l’Europe après l’agression de l’Ukraine. Conformément au traité constitutif (accord
de Londres 1949), l’exclusion se fondait sur l’ART 8-3 permettant de sanctionner les États
violant le principe de prééminence du droit.
La pratique la plus suivie par les OI n’est pas celle de l’exclusion complexe à mettre en œuvre
mais celle de la suspension temporaire. Par exemple, le Burkina Fasso a été suspendu de la
CDAO en mars 2022

Compétences des OI :
A la différence des États, elles ne possèdent pas de compétences générales mais possèdent
de simples compétences d’attribution déterminées dans les traités constitutifs. Il peut s’agir
de compétences normatives, opérationnelles ou encore de sanctions.

Compétences d’attribution et principe de spécialité :


En vertu du principe de spécialité, une organisation ne peut agir en dehors du domaine qui
lui est attribué par le traité constitutif. Sa personnalité juridique sera ainsi limitée à la mise en
œuvre de ses compétences spécifiques. C’est ainsi que la CIJ a refusé en 1996 de répondre à
22

la demande d’avis relative à l’OMS relativement à la licéité. La Cour a estimé ici que cette
question ne rentrait pas dans le champ des compétences de l’OMS. En revanche la Cour a
accepté de répondre à la demande d’avis de l’Assemblée générale des Nations Unies qui était
formulée dans les mêmes termes. L’Assemblée dispose en effet d’une compétence résiduelle
dans le domaine du maintien de la paix.
Les compétences d’attribution sont toutefois susceptibles d’être ponctuellement élargies via
la théorie des compétences implicites. Cette théorie a été validée par la CIJ (affaire
Bernadotte) mais également par la Cour de justice de l’UE (affaire de l’accord sur les
transports routiers). Dans ce cadre, une OI pourra se voir reconnaitre des compétences qui
ne sont pas expressément prévues dans le traité constitutif mais qui sont nécessaire à
l’accomplissement des fonctions. Il en va ainsi de la personnalité juridique, que la CIJ
reconnait à l’ONU bien que la Charte soit silencieuse à cet égard.

Compétences normatives, opérationnelles et de sanctions :


Une OI possède divers types de compétences normatives :
Des compétences à usage exclusivement interne qui permettent de réguler le
fonctionnement même de l’OI. Il s’agira, par exemple, de l’adoption d’un règlement intérieur
ou encore de l’adoption de décisions budgétaires. L’OI possède à titre principal des
compétences normatives lui permettant de mettre en œuvre les objectifs et principes
mentionnés dans le traité constitutif. C’est ainsi que les organes institués par ce traité (ex :
Assemblée, Conseil…) pourront adopter du droit dérivé. Il s’agit là de l’ensemble des
résolutions, règlementations ou encore directives adoptées par ces organes. Ce droit dérivé
est hiérarchiquement inférieur au droit dit originaire (le droit tel qu’inscrit dans le traité
constitutif). Le droit dérivé devra donc être conforme au droit originaire. L’ART 25 de la
Charte précise par exemple que « dans l’accomplissement de ses fonctions, le Conseil de
sécurité obéit aux buts et principes mentionnés dans la Charte de la Nation Unies ».
Des compétences opérationnelles qui lui permettent de mettre en œuvre
concrètement les objectifs qui lui sont assignés. Ces compétences permettront par exemple
de financer des actions de développement ou encore d’envoyer des opérations de maintien
de la paix.
Dans certains cas, elle se voit reconnaitre des compétences de contrôle et de
sanction. Il peut s’agir de la possibilité d’envoyer des missions d’inspection. Ainsi l’agence
internationale de l’énergie atomique peut-elle envoyer des missions d’inspection afin de
vérifier si les États signataires du traité de non-prolifération nucléaire respectent bien leurs
engagements. Certains OI possèdent en outre des organes permanents politiques ou
juridictionnels permettant de contrôler l’action des États (ex : le cas de la Commission et de
la Cour de Justice de l’UE).

Limites et critiques des OI :


Après plusieurs décennies de multilatéralisme relativement incontesté, on constate depuis
quelques années une recrue d’essence des critiques contre certaines OI.
Les phénomènes de retrait sont également en pleine recrue d’essence :
- Retrait de UK de l’UE
- Retrait du Burkina Fasso + Mali + Niger de la CEDEAO (février 2024)
- Retrait des USA de l’UNESCO (2017)
23

- Menace des USA de retrait de l’OMS (2021)


Les OI judiciaires voient aussi se multiplier les procédures de retrait :
- Burundi et Philippines pour la CPI
- Rwanda, Tanzanie, Côte d’Ivoire, Bénin pour la Cour africaine des droits de l’H et des
peuples

On constate dans ce contexte un affaiblissement + une concurrence vis-à-vis du rôle des OI


dans le cadre du multilatéralisme. Ainsi, on constate un retour en puissance de l’ancien
mécanisme des conférences internationales. Certaines d’entre elles se formalisent
partiellement et se réunissent désormais de manière régulière. On peut penser aux
mécanismes des G7 et G20 qui jouent désormais un rôle très important dans les relations
commerciales.
Les OI sont également de plus en plus concurrencées par les ONG et fondations (=
organismes privés à but non lucratif). Certaines de ces institutions possèdent des ressources
et moyens d’action considérables et viennent directement concurrencer les OI (ex :
Fondation Bill Gates en matière de santé qui vient directement concurrencer l’OMS).
Les OI peuvent être fragilisées pour des raisons internes ou pour des questions de
financement. On constate de manière récurrente (notamment à l’ONU) des retards de
financement (notamment des plus gros États contributeurs).
On peut noter que les OI sont aussi désormais contestées par la société civile du fait de la
mise en œuvre stricte des immunités que le DI leur reconnait. Le DI interdit toute action
judiciaire à l’encontre d’une OI à partir de juridictions étatiques (sauf en matière de contrat
de travail). Les seules instances judiciaires pouvant être saisies sont celles internes à l’OI. Or,
la plupart des OI ne possèdent pas d’instances judiciaires ou bien ne leur reconnaissent
qu’une compétence matérielle très limitée (contrat de travail, accident du travail). Il sera
ainsi par exemple impossible, pour certaines victimes civiles d’une opération de maintien de
la paix, d’engager la responsabilité judiciaire de l’ONU. L’ONU accepte seulement, au cas par
cas, et sous pression internationale de mettre en place des commissions d’indemnisation.
Ces dernières ont une compétence temporelle et matérielle très limitée.
Elles doivent s’apprécier au cas par cas. A cet égard, les questions les plus cruciales se posent
vis-à-vis de l’ONU. On peut d’abord noter que cette institution, créée en 1945 dans un
contexte interétatique, peine de plus en plus à s’adapter aux modifications de la structure de
la société internationale et notamment à l’émergence de nouveaux acteurs : ONG, FMN,
terroristes…
Les critiques visant l’ONU touchent également particulièrement ses capacités opérationnelles
en matière d’actions de développement ou d’opérations de maintien de la paix. Ces
dernières sont en général particulièrement longues et couteuses et n’atteignent que très
partiellement leur objectif.

La critique la plus récurrente porte sur l’existence même et la structure du Conseil de


sécurité :
Légitimité sur l’existence même d’un droit de veto :
 Est-il légitime qu’un organe composé seulement de 15 membres soit capable
d’adopter des mesures contraignantes vis-à-vis de l’ensemble des États en matière de
maintien de la paix (notamment avec la possibilité pour le Conseil d’autoriser le
recours à la force)
Légitimité sur la structure du Conseil de sécurité :
24

 Est-il légitime que ce Conseil comporte 5 membres permanents dotés d’un droit de
veto
Les réponses apportées à ces questions sont complexes :
Le veto n’est pas une arme des puissants contre les faibles. C’est au contraire une arme
visant à réguler les relations des puissants entre eux (= logique qui a présidé à la création du
veto en 1945). Les 5 détenteurs du veto se révélaient déjà à l’époque très hétérogènes quant
à leur orientation idéologique et politique. De fortes craintes d’un conflit militaire entre eux
étaient évoquées. Pour bloquer toute possibilité que le Conseil de sécurité puisse être
instrumentalisé par certaines de ces puissances contre d’autres et permettre le recours à la
force dans ce cas, il a été décidé que l’opposition d’un seul membre permanent empêcherait
l’adoption d’une résolution.
Le veto = une simple faculté de blocage destiné à empêcher une escalade militaire entres
grandes puissances. Malgré son caractère objectivement inégalitaire, sa suppression pourrait
s’avérer risquée étant donné les compétences reconnues au Conseil de sécurité.
Demeure néanmoins la question de l’adaptation du droit de veto aux nouveaux rapports de
puissances internationaux. De nombreux État estiment que la société internationale a
fondamentalement évolué depuis 1945 et qu’il conviendrait d’attribuer le veto de manière
plus représentative des nouveaux rapports de force (économiques, militaires ou
démographiques). A cet égard, le Brésil – le Japon – l’All ou les États africains demandent une
modification de la liste des États détenteurs du droit de veto. Là aussi la question s’avère
complexe car si de nouveaux États se voient reconnaitre un droit de veto alors l’adoption de
décisions par le Conseil deviendra de plus en plus complexe voire impossible (chaque nouvel
état détenteur possédant lui aussi sa zone d’influence géopolitique). De plus, la
détermination de ces nouveaux États auxquels on pourrait attribuer ce veto n’est pas simple.
Le Nigéria et l’Afrique du Sud ont ainsi souhaité se voir attribuer un droit de veto en se
fondant sur leur poids militaire, économique et géographique sur le continent africain. Le
Botswana et le Sénégal ont alors contesté en estimant que des critères de gouvernance
démocratique devaient également être pris en compte. Pour l’Amérique latine, se pose aussi
la question de la rivalité entre le Brésil ou l’Argentine. Toutefois, une solution pourrait être
trouvée ici en attribuant un nouveau veto par continent, veto pouvant ensuite alterner entre
différents États.
A supposer qu’une solution soit trouvée afin de permettre à de nouveaux États d’intégrer le
Conseil, cette solution risquerait de se heurter aux conditions très strictes de révision de la
Charte des Nations Unies. Le veto est en effet prévu implicitement à l’ART 27 de la Charte (les
décisions adoptées par les Conseil sont adoptées par minimum 9 voix sur 15 « y compris les
voix de tous les membres permanents »).
Les articles 107 et 108 de la Charte prévoient quelles sont les conditions de révisions de
celle-ci. Les projets de révision devront ainsi d’abord être adoptés par le Conseil (avec
possibilité de veto) puis votés par l’Assemblée générale. Dans ces conditions, il parait peu
probable qu’un projet de suppression ou d’extension du veto obtiennent préalablement
l’accord du Conseil et notamment de ses 5 membres permanents.
Ces différents éléments mènent à conclure que l’ONU est une institution quasi irréformable
du moins en profondeur et que du fait de son inadéquation croissante avec les nouveaux
enjeux, elle finira par disparaitre ou par être supplantée progressivement par de nouvelles
instances.
25

c) Les acteurs privés des RI : le cas des individus


La question des individus en tant qu’acteurs réels des RI est particulièrement controversée et
oppose de nouveau les réalistes et les libéraux. De plus, des juristes peuvent adopter une
analyse particulièrement stricte de la qualité de sujet de DI de l’individu en l’étudiant sous
l’angle unique de la capacité à agir. Historiquement, le DI a très peu régulé le statut et les
droits des individus. En effet, jusqu’à la fin du 19 e S, ce droit restait fondamentalement
interétatique. Petit à petit, une certaine règlementation a vu le jour ; essentiellement à partir
du 20e S. elle concerne d’abord le statut même de l’individu et ensuite sa capacité à agir dans
le domaine des droits de l’H.

1. La gestion du statut de l’individu par le DI


La question du statut des nationaux est très peu développée en DI. Il existe en revanche une
règlementation plus importante lorsqu’un élément d’internationalisation apparait ; tel est le
cas en ce qui concerne le statut des réfugiés et celui des apatrides régit par plusieurs traités
internationaux.

La règlementation du statut des nationaux :


L’indifférence du DI aux critères d’attribution de la nationalité :
La nationalité est un lien d’allégeance entre l’individu et l’État. Ce lien permettra à l’État
d’établir sa compétence personnelle sur ses nationaux. Le droit international contemporain
ne fixe pour l’instant aucun critère précis d’attribution de la nationalité. Ces critères relèvent
du libre choix de chaque État. Dès 1924, la CPJI avait estimé que l’attribution de la nationalité
relève du « domaine réservé des États ». Ce domaine recoupe les cas de compétence
exclusive des États. La Convention de La Haye précise de même que : « il appartient à chaque
État de déterminer par sa législation quels sont ses nationaux ».
Les États demeurent libres de déterminer s’ils souhaitent attribuer la nationalité selon le
droit du sol, du sang, une combinaison des 2 ou encore pour d’autres motifs. La législation
française par exemple reconnait à la fois le droit du sang et le droit du sol :
- Droit du sang lorsqu’au moins l’un des 2 parents a la nationalité française.
- Droit du sol : si un enfant est né sur le territoire français et y a résidé au moins 5 ans
depuis ses 11 ans.
Les USA pratiquent à la fois le droit du sang et un droit du sol automatique du simple fait de
la naissance sur le territoire américain (sauf pour les enfants de diplomate).
Le DI fixe une seule limite à cette liberté de déterminer les critères d’attribution de la
nationalité. Pour être opposable aux autres États, cette nationalité devra ainsi être effective ;
c’est-à-dire reposer sur des liens réels de rattachement. Selon la CIJ : « la nationalité est un
lien juridique ayant à sa base un fait social de rattachement, une solidarité effective
d’existence d’intérêt, de sentiment jointe à une solidarité de droits et de devoirs ». Cette
décision rendue en 1955 était relative au cas de Monsieur Nottebohm.
La CIJ a considéré que cette nationalité n’était pas opposable aux autres États. La Cour note
notamment que l’homme ne vit pas au Lichtenstein, n’y exerce pas ses activités et ne s’y
rend que très occasionnellement.
La décision a été critiquée car le critère de la nationalité effective n’était utilisé jusque-là que
dans les situations de double nationalité. Or, l’homme avait perdu sa nationalité allemande
26

du fait de la décision de la Cour, il est donc devenu sur le plan international comme un
apatride.

Le cas des nationaux à l’étranger : le mécanisme de la protection diplomatique


Lorsqu’un national se trouve sur le territoire d’un État étranger, il est en principe soumis à la
compétence territoriale de ce dernier. Il peut arriver toutefois que ce national y soit victime
d’une grave violation de ses droits fondamentaux. On pourra dans ce cas estimer que le
« standard minimum de traitement des étrangers » a été violé. Dans ce type d’hypothèse,
l’individu, dont les droits ont été gravement violés pourra réclamer la protection
diplomatique de son État de nationalité (tel était d’ailleurs la situation de monsieur
Nottebohm qui avait réclamé la protection diplomatique du Lichtenstein à l’encontre du
Guatemala. L’État requis n’est pas obligé d’accorder la protection diplomatique à son
ressortissant. Ces demandes seront examinées au cas par cas par les États de nationalité.
Lorsque l’État de nationalité accepte d’exercer la protection diplomatique alors selon la
formule consacrée : « il prend faits et causes pour son ressortissant ». Un différend
international va alors naitre entre l’État de nationalité et l’État sur le territoire duquel
l’individu a été victime d’une violation de ses droits. Ce différend international peut se régler
par voie de négociation mais éventuellement aussi par voie juridictionnelle. Selon la CPJI,
dans l’affaire Mavrommatis (1924) : « c’est un principe élémentaire du DI que celui qui
autorise l’État à protéger ses nationaux, soit lésés par des actes contraires au DI commis par
un autre État. Se faisant l’État fait valoir son droit propre, le droit qu’il a de faire respecter en
la personne de ses nationaux, le DI ».
Le paradoxe est que le dommage causé à l’individu est en fin de compte considéré comme
ayant été commis à l’encontre de son État de nationalité. Si la justice internationale demande
à l’État, auteur des violations, de verser des réparations pour le dommage subi, ces
réparations seront versées non pas à l’individu mais à l’État de nationalité (ex : dans l’affaire
République démocratique du Congo contre Guinée en 2012 la Cour a demandé à la RDC de
verser 95 000 dollars de réparation à la Guinée en raison des dommages subis par un homme
d’affaire guinéen. Il appartient ensuite aux États ayant obtenu réparation de décider ou non
de reverser la somme à l’individu lésé.

Le statut des non nationaux : la protection internationale des réfugiés


Le DI va s’intéresser à la question des réfugiés à partir de l’entre-deux-guerres. A cette
époque, se pose d’abord la question des Russes blancs ayant fuient l’URSS puis celle des
réfugiés de la guerre d’Espagne. Dans le cas de la SDN, un poste de haut-commissaire des
réfugiés sera créé ; des passeports permettant aux réfugiés de voyager seront élaborés :
« passeport Nansen ». En 1951, sera créé la structure permanente du Haut-commissariat au
réfugié. C’est dans ce cadre que sera adopté la Convention de Genève relative au statut des
réfugiés. Cette convention est ratifiée actuellement par environ 140 États.
Les États ayant ratifiés la convention peuvent décider d’attribuer eux-mêmes le statut de
réfugié sur la base des critères de la convention grâce à l’intervention de divers organismes
politiques ou juridictionnels (ex : en France le statut de réfugié est d’abord examiné par
l’OFPRA. Cet organisme dépend du ministère de l’intérieur. La décision de l’OFPRA pourra
ensuite être contestée devant la Cour nationale du droit d’asile ; une institution
juridictionnelle). Le HCR peut également, à la demande des États, attribuer lui-même le
statut de réfugié. On parlera ici de réfugié « sous mandat ». Le principe fondamental de la
convention de Genève est celui du non-refoulement. Un réfugié ne pourra ainsi pas être
27

refoulé vers un pays où il risque des persécutions, sauf s’il présente une menace grave pour
l’ordre public (ART 33). Le principe de non-refoulement est applicable dès le dépôt de la
demande d’asile. Il cesse si la demande est rejetée.

Les conditions permettant d’obtenir le statut de réfugié :


Selon l’ART 1 de la Convention de Genève, le statut de réfugié doit être accordé à toute
personne qui « craint avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa
nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques ».
le critère fondamental permettant d’obtenir le statut est donc celui de l’existence de
persécutions à venir menaçant le demandeur. La convention ne définit pas précisément ce
que sont des persécutions. Il peut ainsi s’avérer délicat de distinguer des persécutions d’actes
de discrimination. Selon la jurisprudence, il doit s’agir en une atteinte grave à la liberté ou
aux droits fondamentaux (ex : menaces physiques, risques d’emprisonnement mais aussi
d’autres types de menaces comme l’impossibilité pour un journaliste d’exercer ses
fonctions). Les persécutions permettant d’obtenir le statut doivent être des persécutions à
venir. Les persécutions passées subies éventuellement par le demandeur ne sont ni
forcément nécessaires ni forcément suffisantes. Une personne peut en effet n’avoir encore
subit aucune persécution mais avoir des craintes à l’avenir (ex : s’il y a eu un changement de
régime très récent dans le pays ou si elle a réussi à fuir à temps). Les persécutions passées ne
sont pas non plus suffisantes dans la mesure où il peut y avoir eu un changement de régime
favorable. Dans cette hypothèse, la personne a subi, par le passé, des persécutions dans son
pays d’origine mais ne craint plus rien à l’avenir. Le statut de réfugié sera néanmoins reconnu
même s’il n’y a plus de risque de persécutions à venir lorsque les persécutions passées ont
été d’une « exceptionnelle gravité ». Les persécutions ne sont pas forcément d’origine
étatique. Il peut s’agir de persécutions émanant de groupes privés ou de la société
environnante à condition que l’État ne puisse pas ou ne souhaite pas les réprimer. Tel peut
être le cas de personnes appartenant à des religions minoritaires n’étant pas officiellement
interdites par les autorités étatiques. Ces personnes pourront néanmoins, dans certains cas
être victime d’agression de la part des membres de la religion majoritaire sans que les
autorités nationales ne souhaitent intervenir. Le texte de la convention limite les catégories
de persécution ouvrant droit au statut de réfugié. Il s’agit d’abord des persécutions pour
motif politique. Les opinions politiques reprochées au demandeur d’asile peuvent être
propres ou imputées.
- Propres : quand cette personne exerce elle-même une activité politique
- Imputées : quand cette personne n’a aucune activité politique propre mais se voit
reprocher les opinions politiques de son entourage familial ou amical.
La convention prévoit également le cas des persécutions pour motif religieux (ex : une
religion minoritaire). Dans ce cas, l’athéisme peut également être pris en compte s’il
constitue un facteur de risque dans des pays ne le reconnaissant pas. Les persécutions
peuvent provenir de groupes non étatiques.

Les persécutions peuvent également être dues à la race ou à la nationalité (terme de 1951).
Ces 2 termes renvoient à l’appartenance à un peuple particulier. Dans ce cadre par exemple,
le statut de réfugié a été accordé en 1994 aux demandeurs d’asile rwandais d’origine tutsi.
Enfin la Convention prévoit les persécutions fondées sur l’appartenance à un groupe social. Il
s’agit là de la catégorie la plus malléable de la convention. Elle avait été instituée à l’origine
28

relativement aux groupes sociaux persécutés en Europe de l’Est. Elle est désormais relative à
l’ensemble des personnes possédant une caractéristique commune inhérente à leur identité
et perçue comme condamnable par la société environnante. La jurisprudence actuelle
reconnait par exemple comme appartenant à un groupe social : les femmes refusant un
mariage forcé ou encore les fillettes n’étant pas excisées.
La liste des persécutions mentionnée dans la convention est une liste fermée. Il est alors
nécessaire de réviser la Convention si l’on souhaite y introduire de nouveaux types de
persécutions. On peut noter par exemple que la catégorie dite des réfugiés climatiques n’est
pas mentionnée dans la Convention. A cet égard toutefois, une décision du Comité des droits
de l’H de 2020 a mentionné le fait que le renvoi d’un demandeur d’asile débouté vers un
pays où l’environnement est fortement dégradé peut être susceptible de porter atteinte à
son droit à la vie.
L’examen de chaque demande se fait au cas par cas par l’institution compétente qui
examinera la plausibilité des récits individuels au regard des preuves fournies et du contexte
général du pays d’origine du demandeur. Le statut de réfugié ne sera pas accordé ou pourra
être retiré aux personnes représentants un grave risque pour l’ordre public (crime grave de
droit commun, crime contre l’humanité, agissements contraires aux buts et principes des
Nations Unies). Ce point est prévu à l’art 1 F de la convention qualifié de « clause
d’exclusion ». Il appartiendra à l’autorité saisie de démontrer qu’il existe « des raisons
sérieuses de penser » que l’individu a commis un des crimes conduisant à l’exclusion. Le droit
de l’UE et le droit français ont ajouté une protection complémentaire pour les personnes
persécutées pour des motifs non-prévus dans la convention de Genève. Cette protection est
qualifiée de protection subsidiaire. Elle concerne les personnes menacées dans leur vie, dans
leur intégrité physique ou originaire de zone de conflit armé.

Gestion européenne des flux de réfugiés :


L’UE a adopté, depuis 1990, plusieurs règlements dits règlements Dublin dont l’objet est de
déterminer quel est l’État européen chargé d’examiner la demande d’asile. Ces règlements
obligent l’État désigné à examiner la demande et empêchent les demandeurs d’asile de
déposer des demandes dans des pays autres que celui compétent. Ces règlements ont donc
aussi pour but d’empêcher la multiplication des demandes d’asile. Les demandeurs d’asile
ayant déposé une demande dans un pays non-compétent pourront alors être renvoyés vers
le pays compétent. Selon la formule employée, ils seront « dublinés ». Le critère historique
permettant de déterminer le pays compétent était relatif au premier État dans lequel le
demandeur d’asile est entré après avoir franchi les frontières extérieures de l’Union. Ce
critère avait pour inconvénient de faire peser une part importante du coût administratif et
financier que représente l’accueil des demandeurs sur les pays aux frontières extérieures de
l’Union (notamment Italie, Grèce, Pologne). Les règlements Dublin ont donc ajouté de
nouveaux critères.
D’abord : est pris en compte la situation des demandeurs d’asile mineurs. Ils pourront
déposer leur demande dans n’importe quel pays de l’UE dans lequel se trouve des membres
de leur famille. En ce qui concerne les demandeurs majeurs, ils pourront déposer leur
demande dans le pays dans lequel se trouve des membres de leur famille ayant obtenu le
statut de réfugié.
Le 3e critère désigne le pays de la part duquel le demandeur d’asile a obtenu un visa
(situation peu fréquente ; la plupart des demandeurs d’asile entrant de manière irrégulière
29

sur le territoire de l’UE. Cette irrégularité ne pourra pas leur être opposée tant que la
demande d’asile n’aura pas été examinée. Mais si elle est rejetée alors cette personne pourra
être reconduite à la frontière. Si aucun de ces critères n’est rempli alors sera de nouveau
compétent le premier État traversé par le demandeur d’asile quand il est entré sur le
territoire de l’UE. L’ensemble de ces critères continue à être considéré comme très insuffisant
par les États aux frontières extérieures. De ce fait, la Commission européenne envisage
depuis 2020 de modifier fondamentalement les règles applicables jusqu’ici. Un pacte sur les
migrations a donc été élaboré par la Commission. Il doit encore recevoir l’approbation du
Parlement européen pour entrer en vigueur. Il prévoit la mise en place d’une première
procédure de filtrage aux frontières extérieurs de l’UE. Y seront examinées les demandes
susceptibles de présenter un risque pour la sécurité ou encore celles ayant peu de chance
d’aboutir du fait de la provenance du demandeur d’asile. Les pays européens devront ensuite
se répartir les autres demandeurs d’asile dont les demandes non pas été préalablement
filtrées. Les procédures de renvoi des demandeurs d’asile déboutés devront également être
mutualisées entre les États.

Le cas des apatrides :


Les apatrides sont les personnes « qu’aucun État ne reconnait comme un de ses
ressortissants en application de sa nationalité ». Il existe actuellement plus de 4 millions
d’apatrides recensés mais leur nombre réel est certainement plus important. L’apatridie peut
naitre des lacunes de certaines législations nationales (qui par exemple ne reconnaissent pas
les enfants nés de parents inconnus). Elle peut également naitre de l’incompatibilité entre 2
législations nationales lorsque les parents sont de nationalité différente. Enfin elle peut
résulter de certains bouleversements géopolitiques (la dissolution de l’URSS a ainsi entrainé
la disparition de la citoyenneté soviétique). 2 traités régissent actuellement le statut des
apatrides.
- La Convention de 1954 ratifié par 83 États reconnait certains droits aux apatrides
comme le droit à l’éducation, le droit d’ester en justice ou celui de posséder des
documents d’identité.
- La Convention de 1961, quant à elle, ratifiée par 61 États est relative à la réduction
des cas d’apatridie. Cette Convention permet aux enfants d’acquérir la nationalité du
territoire sur lequel ils sont nés s’ils ne peuvent acquérir aucune autre nationalité.
Cette Convention interdit de plus de retirer sa nationalité à un individu qui de ce fait
deviendrait apatride. Dans ce cadre, la nationalité ne peut donc être retiré qu’à des
binationaux.

2. La personnalité juridique internationale de l’individu


L’individu ne possède pas de personnalité juridique internationale plénière similaire à celle
des États. Ainsi, il ne peut pas ratifier les traités, créer des coutumes ou de manière générale
30

saisir le juge international. On constate toutefois l’émergence d’une forme de personnalité


juridique active dans le domaine des droits de l’H. D’autre part, depuis les années 1990, une
personnalité juridique passive lui est attribuée dans la mesure où il pourra être jugé par des
juridictions pénales internationales.

A) La personnalité juridique active de l’individu : la capacité à agir en


matière de droits de l’H
Le DI contemporain comprend de très nombreux instruments juridiques relatifs aux droits de
l’H. Certains d’entre eux sont faiblement contraignant voire non contraignant. Il en va ainsi
par exemple des résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies. Ainsi, la déclaration
universelle des droits de l’H de 1948 a été votée sous forme de résolution par l’Assemblée
générale. Elle n’est donc pas contraignante en tant que telle. Mais il est généralement
considéré que certaines de ses articles ont acquis une valeur coutumière et sont donc
contraignants à ce titre. D’autre part, il existe de nombreux traités internationaux relatifs aux
droits de l’H. Ces différents traités sont juridiquement contraignants pour les États les ayant
ratifiés. Les traités les plus globaux sont les 2 pactes internationaux de 1966.
 Le premier est relatif aux droits civils et politiques
 Le second est realtif aux droits $, sociaux et culturels
Ils ont été ratifiés par plus de 170 États. Toutefois, nombre d’entre eux ont émis des réserves
sur certaines dispositions de ces traités. Il existe en outre de nombreux traités à objets plus
spécifiques. Cette spécificité peut concerner le destinataire des droits. Ainsi il existe par
exemple une Convention sur les droits de l’enfant adoptée en 1989. La spécificité peut
également concernée l’ère géographique. Il existe de nombreuses conventions régionales en
matière de droits de l’H (Convention européenne, convention africaine, convention
interaméricaine).
D’importantes disparités peuvent exister entre ces conventions régionales. Elles portent
notamment sur le fait de savoir s’il faut reconnaitre des droits collectifs ou encore sur la
nécessité d’introduire ou non des devoirs de l’H (cas de la Charte africaine). Malgré la
multiplicité de conventions internationales relatives aux droits de l’H, la personnalité
juridique de l’individu dans ce domaine reste très limitée. En effet, dans la plupart des cas,
un individu ne pourra pas saisir un juge international afin de faire sanctionner la violation
d’un des droits garantis dans un traité. Sur le plan international général, cette capacité
juridique est quasi inexistante. En effet, l’individu ne peut saisir ni la CIJ ni la CPI. La seule
alternative pour lui dans certains cas est de saisir des comités chargés de surveiller la mise en
œuvre par les États de leurs obligations en matière de droit de l’H. il existe ainsi par exemple
un Comité chargé de surveiller la mise en œuvre par les États des obligations prévues par les
2 pactes de 1966. La saisine de ces comités par les individus doit en outre être accepté
expressément par les États. Il s’agit d’organes non juridictionnels qui pourront simplement
rendre un rapport établissant ou non les violations alléguées par les individus. Mais au
niveau régional existent des juridictions pouvant être saisies directement par les individus.
Une véritable personnalité juridique active apparait donc dans ce cadre. Il s’agit de la
CourEDH, de la Cour africaine des droits de l’H et des peuples (sous réserve d’acceptation
spécifique par les États) et enfin de la Cour interaméricaine des droits de l’H (même si un
filtrage préalable est effectué par la Commission interaméricaine.
31

La personnalité juridique active de l’individu apparait donc comme étant limitée et


principalement reconnues au niveau régional. Il est annoté que l’individu peut tenter de
saisir les juridicions internes de l’État auteur de la violation alléguée.
Un examen au cas par cas de la faisabilité de cette saisine sera nécessaire.
- Dans les pays dits monistes : les individus peuvent directement invoquer les traités
ratifiés devant le juge national (ex : ART 55 de la Constitution fr).
- Dans les pays dits dualistes (notamment les pays anglosaxons) : le DI ne peut pas
être invoqué en tant que tel devant le juge interne. Il devra préalablement avoir été
transposé dans l’ordre interne (sous la forme par exemple d’une loi reprenant son
contenu)

B) La personnalité juridique passive de l’individu : la responsabilité pénale


A partir du moment où l’individu peut être poursuivi devant des juridictions pénales
internationales pour des crimes internationaux alors on peut considérer qu’il est revêtu
d’une personnalité juridique passive.

Historique des juridictions pénales internationales :


La 1ère juridiction pénale internationale à avoir été instituée est le tribunal de Nuremberg qui
a fonctionné entre 1945 et 1946. Ce tribunal a jugé des hauts dignitaires allemands accusés
d’avoir commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes contre la
paix pendant la 2GM. 24 personnes physiques ont été jugées ainsi que certaines personnes
morales (organisations comme SS ou SA). Le tribunal de Tokyo, institué en 1946, a
fonctionné sur un modèle similaire.
Le fonctionnement de ces 2 tribunaux a soulevé de nombreuses questions :
- Problème du jugement par les vainqueurs
- Problème de la mise en œuvre rétroactive de la loi pénale.
Leur modèle n’a donc pas été repris par la suite.
A la fin des années 1940, l’Assemblée générale des Nations Unies évoquera la nécessité de
créer une juridiction pénale internationale permanente à vocation générale. Cette idée sera
pourtant abandonnée au cours des décennies suivantes. Il faudra attendre les années 1990
pour avoir réapparaitre de nouvelles juridictions pénales internationales. La 1 ère de ces
juridictions fut le tribunal international pour l’Ex-Yougoslavie crée en 1993. En 1994, sera
crée le tribunal international pour le Rwanda. D’autres juridictions seront créées dans les
années suivantes comme le tribunal pour la Sierra Leone, le tribunal pour le Cambodge ou
encore le tribunal pour le Liban. Toutes ces juridictions sont dites ad hoc (= juridictions à
vocation temporaire destinées à juger uniquement certaines situations spécifiques comme
attentat au Liban, génocide rwandais…). Le tribunal pour l’Ex-Yougoslavie et pour le Rwanda
sont totalement internationalisés. Ils ont été créés par une résolution du Conseil de sécurité.
Les juges sont internationaux et appliquent uniquement le DI.
Les autres tribunaux sont qualifiés d’hybride. Ils sont en général créés par voie d’accord entre
le pays concerné et l’ONU. Ils comprennent certains juges nationaux et appliquent le droit
pénal de l’État concerné en plus du DI.
Le bilan de ces tribunaux est très varié :
- Certains ont eu un impact positif sur la situation interne du pays concerné (tribunal
pour la Sierra Leone)
32

- D’autres ont été plus contestés en raison de la lourdeur des procédures et


d’accusations de partialité (cas du tribunal pour l’Ex-Yougoslavie accusé d’être le bras
armé de l’OTAN CAR ceux jugés sont souvent des serbes, croates…)
Le principal apport de ces tribunaux est la construction d’une jurisprudence permettant de
mieux définir les éléments constitutifs des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et
des crimes de génocide. Cette jurisprudence continue à être mobilisée par la CPI.

La CPI : compétence temporelle et personnelle :


La CPI est une juridiction à vocation générale et permanente. Elle a été instituée par le traité
de Rome entré en vigueur en 2002. Elle est en principe simplement complémentaire des
juridictions nationales. Elle n’a donc vocation à intervenir que si les juridictions nationales,
normalement compétentes, ne souhaitent pas poursuivre ou n’ont pas la capacité de le faire
(ART 1 et 17 du statut). La Cour a vocation générale à juger les crimes de guerre, crimes
contre l’humanité, les crimes de génocide et actes d’agression commis à partir de 2002 et en
aucun cas la compétence de la Cour ne pourra remonter à des faits antérieurs à 2002. Cette
limite a été fixée pour éviter l’invocation du principe de non-rétroactivité de la loi pénale.
La compétence de la cour peut être postérieur pour les État ayant ratifiés le traité après
2002. Ainsi, si un État ratifie le traité en 2024, la Cour ne sera compétente que pour des faits
commis à partir de 2024 sur son territoire ou pas un de ses ressortissant. Mais un État peut
spécifier, au moment de la ratification, qu’il souhaite faire rétroagir la compétence (mais
jamais au-delà de 2002). Il existe actuellement 124 États ayant ratifiés le statut de la Cour. En
plus, apparaissent des États qui n’acceptent la compétence de la Cour que pour une situation
spécifique. Cette possibilité est ouverte par l’ART 12 3 du statut. Ainsi, par exemple, l’Ukraine
n'a pas ratifié le statut mais a accepté la compétence de la Cour pour les faits commis sur son
territoire à partir de 2014. Bien qu’elle ait une vocation universelle, la compétence de la Cour
est en réalité fortement limitée par ses modalités de saisine. En vertu des ART 12 et 13,
seules 3 autorités peuvent saisir la Cour.
- Par un État partie au statut (État qui a ratifié / État membre) à condition que les faits
se soient déroulés sur le territoire d’un État partie (État qui a saisi la Cour ou tout
autre État partie) ou bien que les faits aient été commis par le ressortissant d’un État
partie.
- Par le procureur de la Cour aux mêmes conditions que pour les États parties (faits se
déroulant sur le territoire d’un État partie ou commis par le ressortissant d’un État
partie). Le procureur actuel de la CPI est le britannique Karim Khan. Le bureau du
procureur est chargé d’enquêter sur les situations qui lui sont soumises et d’emmètre
ensuite des mandats d’arrêt contre les personnes potentiellement responsables. Il est
contrôlé à ce stade par une chambre préliminaire. Il représentera ensuite l’accusation
devant la chambre de 1ère instance. Il devra ensuite étayer les faits face aux avocats
des personnes accusées. Il s’agit là d’un modèle de justice essentiellement
anglosaxon.
- Par le Conseil de sécurité des Nations Unies : il n’est soumis à aucune obligation
spécifique (sauf le vote d’une résolution par minimum 9 voix sur 15 sans veto). Donc
le Conseil peut saisir la CPI de faits s’étant déroulés sur le territoire d’États non-
parties au statut ou commis par des ressortissants d’États non-parties. Tel est le cas
de la situation en Lybie et au Soudan déférés par le Conseil alors que ces 2 États n’ont
pas ratifié le statut. Il s’agit là des affaires les plus contestées examinées par la CPI
33

L’étude des autorités susceptibles de saisir la Cour démontre que celle-ci pourra, dans
certains cas, juger des ressortissants d’États non parties au Statut. Tel est le cas lorsque la
saisine émane du Conseil de sécurité + lorsque les faits commis se déroulent sur le territoire
d’un État partie au Statut même si les auteurs des actes en question ont la nationalité d’un
État qui n’a pas ratifié le Statut. C’est sur ce dernier fondement que la Cour peut poursuivre
des crimes commis par des ressortissants russes en Ukraine ou encore que la Cour soit
compétente pour les crimes commis à Gaza. En vertu de l’article 25 du Statut, la Cour
poursuivra les auteurs et coauteurs directs ou indirects des crimes commis. Cet article
concerne les individus qui ont soit directement commis les crimes soit qui les ont ordonnés,
encouragés ou facilités (ex : par la fourniture d’armes). La Cour peut aussi poursuivre sur le
fondement de l’article 28 les supérieurs hiérarchiques et chefs militaires qui n’ont ni commis
ni ordonné ni encouragé les actes commis par leurs subordonnés mais qui n’ont pas tenté de
prendre les mesures nécessaires pour les empêcher (cas des poursuites contre Jean Pierre
Bemba). La Cour ne poursuit que les personnes physiques âgées d’au moins 18 ans. En vertu
de l’article 27 du Statut intitulé « Défaut de pertinence de la qualité officielle », les
immunités ne sont pas invocables devant la Cour (les immunités qui protègent en DI les chefs
d’état ou encore les ministres des affaires étrangères ne sont invocables que devant des
juridictions nationales étrangères et pas devant une internationale). La CPI pourra donc juger
des chefs d’état en exercice ou d’anciens chef d’état. C’est ainsi qu’un mandat d’arrêt a été
émis contre Vladimir Poutine. Un mandat avait déjà précédemment été émis contre le chef
d’état en exercice. La Cour a finalement enlevé les charges à son encontre. On peut aussi
citer le mandat d’arrêt contre le chef d’état soudanais alors encore en exercice. Enfin la Cour
a pu juger et acquitter l’ancien chef d’état ivoirien Laurent Gbagbo. Une difficulté est
toutefois susceptible d’apparaitre quand la Cour entend poursuivre des chefs d’état
appartenant à des États non parties au Statut. En effet, l’article 98, à la rédaction ambiguë
semble indiqué que les autres États parties au Statut ne sont pas obligés de coopérer avec la
Cour dans ce cas (elles ne seront donc pas obligées de livrer le chef d’état poursuivi s’il se
trouve sur leur territoire). La Cour a toutefois jusqu’ici interprété de manière très extensive
l’article 98 en considérant que l’obligation de coopération demeurait pour les États parties au
Statut. L’irresponsabilité des personnes poursuivies ne pourra être évoquée que dans le cas
de la contrainte, de la légitime défense, de la déficience mentale ou de l’intoxication. La Cour
semble pour l’heure exiger des standards élevés à cet égard.

Illustration : Affaire Dominique Omgwn


Il avait été enlevé encore enfant par une milice puis drogué et soumis à des sévices
physiques et psychologiques. Devenu adulte il a accédé au rang de second dans la milice. Il a
dans ce cadre lui – même ordonné de connaitre des crimes de guerre et des crimes contre
l’humanité. La Cour n’a accepté d’amoindrir sa peine que de manière très réduite ; eu égard à
son enfance en tant qu’ancien enfant soldat.

La peine maximale de principe devant la CPI est de 30 ans. La perpétuité est une exception et
devra être justifiée par l’extrême gravité des faits.
34

Compétence matérielle de la Cour :


La Cour est compétente pour 4 types de crimes internationaux :
- Crimes de guerre
- Crimes contre l’humanité
- Crimes de génocide
- Actes d’agression
Pour chacun de ces crimes le Statut donne d’abord une définition générale. A la suite de
cette définition est annexé une liste d’actes susceptibles de relever du crime en question.

Crimes de guerre = porter atteinte à des personnes ou biens protégés en cas de conflit armé.
Ce conflit armé peut être interne ou international. Les règles relatives aux crimes de guerre
sont anciennes et issues des différentes conventions de Genève (dont la 1 ère date de 1864) et
de La Haye (dont la 1ère date de 1899). Il s’agit du droit international humanitaire. Dans ce
cadre sont d’abord interdites les attaques contre les civils. Il s’agira d’un crime de guerre soit
si les civils ont été visés délibérément soit s’ils ont été atteints de manière disproportionnée
par rapport à l’objectif militaire recherché. Sont également protégés les soldats qui ne sont
plus en état de combattre ainsi que les prisonniers de guerre. Enfin l’atteinte à certains
bâtiments peut également être constitutive d’un crime de guerre (ex : bâtiment sanitaire,
culturel, éducatif...).
Des poursuites pour crime de guerre sont menées devant la Cour surtout par rapport à :
- Des traitements sur des prisonniers de guerre irakiens
- L’enrôlement d’enfants soldats en RDC
- La destruction de mausolées à Tombouctou
On peut noter enfin qu’en vertu de l’article 127 du Statut, un État qui vient de ratifier le
Statut a la faculté d’exclure pour 7 ans la compétence de la Cour à son égard en matière de
crimes de guerre.

Crimes contre l’humanité : la déf de ce crime est particulièrement complexe et a changé à


plusieurs reprises depuis le procès de Nuremberg. Selon le Statut, il s’agit d’une « attaque
généralisée ou systématique » contre une population civile. Cette attaque doit avoir été
menée en application de la politique d’un État ou d’une orga. Donc elle doit avoir été
planifiée. Ce crime peut être commis en période de conflit armé comme en période de paix.
Des poursuites ont été menées sur ce fondement ; notamment dans le cadre de la répression
violente de manifestations en 2008 au Kenya ou en 2010 – 2011 en Côte d’Ivoire.
L’acquittement en 2019 de l’ancien chef d’état ivoirien Laurent Gbagbo a démontré la grande
difficulté à apporter la preuve des éléments constitutifs de ce crime.

Crime de génocide : il n’était pas mentionné dans le Statut de Nuremberg a été définit pour
la 1ère fois dans une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies de 1946 et dans la
Convention de 1948 portant sur la prévention et la répression du crime de génocide. Sa
définition n’a pas évolué depuis. Il s’agir de « l’intention de détruire en tout ou partie un
35

groupe national ethnique, racial ou religieux en tant que tel. Une liste d’actes est ensuite
annexée à cette définition.
Elle comprend notamment :
- Le meurtre des membres du groupe,
- L’atteinte grave à leur intégrité physique,
- La soumission à des conditions d’existence entrainant à terme la destruction du
groupe
- Le transfert forcé d’enfants de ce groupe vers une autre communauté.
- La jurisprudence du tribunal pour le Rwanda a ajouté le viol quand il est commis dans
l’intention de détruire l’ensemble du groupe.
Le génocide comporte donc 2 éléments :
- Élément matériel : il faut que l’un ou plusieurs des crimes mentionnés dans la liste
aient été commis à l’encontre d’un groupe protégé soit d’un groupe national,
ethnique, racial ou religieux. Ce groupe doit avoir été détruit en tout ou partie. La
jurisprudence de la CIJ (Croatie contre Serbie) a précisé qu’il fallait qu’une partie
substantielle du groupe soit visée.
- Élément moral ou intentionnel : le groupe doit ainsi avoir été visé « en tant que tel »
soit en raison précisément de ses origines nationales, ethniques, raciales ou
religieuses.
2 conceptions différentes du génocide sont apparues depuis les années 1990 dans les
jurisprudences :
- Conception large : elle a prévalu devant le tribunal pour l’ex-Yougoslavie. Le
qualificatif de génocide était ainsi retenu à partir du moment où un groupe national
ethnique, racial ou religieux était spécifiquement visé.
- Conception plus stricte : elle apparait dans la jurisprudence de la CIJ (affaire Croatie /
Serbie). La Cour exige des preuves montrant que le groupe est visé non seulement
spécifiquement mais également uniquement en raison de ses caractéristiques
nationales, ethniques, raciales ou religieuses.

La difficulté liée à ces 3 définitions et aux listes d’actes annexés résulte du fait qu’un même
type d’actes est susceptible de relever de plusieurs qualifications différentes. Il faudra alors
examiner très attentivement les faits afin de déterminer la qualification la plus pertinente
(ex : le meurtre de civils en période de conflit armé peut tout d’abord relever d’un crime de
guerre mais il peut aussi s’agir d’un crime contre l’humanité si ces meurtres se sont produits
dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique planifiée par un État ou une orga.
Enfin, il s’agira d’un génocide si les civils ont été ciblés en raison de leurs origines nationales,
ethniques, raciales ou religieuses et cela dans le but de détruire le groupe auxquels elles
appartiennent.
JAMAIS ACCUSER DE 2 CRIMES POUR LE MÊME OBJET
Si hésitations alors préciser

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