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Chapitre 1

Organisations internationales/ Dr AFARA


Introduction

P 1 Définition des organisations internationales

L'un des aspects les plus marquants des relations internationales contemporaines est le


rôle croissant joué par les organisations internationales dans la coopération que nouent les
États pour régler leurs problèmes communs. Leur nombre n'a cessé d'augmenter au fil des
années et s'élève, en 1993, à plus de 250 (contre 190 États environ), mais leur importance
est extrêmement variable et toutes n'ont pas au même degré la capacité d'agir sur le plan
international.

Au sens large, l'expression peut désigner en fait deux types bien distincts
d'organisations : les organisations intergouvernementales et les organisations non
gouvernementales (O.N.G.).

Les premières composées d'États, constituent des structures permanentes de coopération


entre leurs membres. Dotées d'une personnalité juridique propre, elles exercent une action
distincte de celle des États, utilisant à cette fin les moyens qui leur sont attribués
(organes, agents, budget, compétences). Elles sont sujets de droit international au même
titre que les États, titulaires comme eux de droits et d'obligations sur le plan international.

Les secondes, qui sont très nombreuses, présentent des caractères tout différents. Ce sont
de simples groupements de personnes physiques ou morales de nationalités différentes
qu'unit la poursuite de buts communs variés : sportif (Comité international olympique),
social (internationales syndicales), écologique (Greenpeace), humanitaire (Comité
international de la Croix-Rouge, Amnesty International), etc. Elles sont dépourvues de la
personnalité juridique internationale et relèvent du droit des États où elles sont
implantées. Elles n'en exercent pas moins une influence qui peut être grande dans la vie
internationale, dans la mesure où elles font pression directement ou indirectement – par
l'entremise de l'opinion publique internationale qu'elles contribuent à façonner – sur les
États et les organisations intergouvernementales pour infléchir leur action dans le sens
qu'elles souhaitent

P 2 - La personnalité juridique des organisations internationales

Puisqu’on crée une institution pour agir dans un sens déterminé, il est nécessaire de doter
cette institution d’outils juridiques lui permettant de mener à bien ses missions. Parmi ces
instruments juridiques, on trouve la personnalité juridique et les compétences et pouvoirs
des Organisations Internationales.

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La personnalité juridique des organisations internationales peut être envisagée

dans le cadre à la fois du droit interne des Etats et celui du droit international.

1. La personnalité juridique interne

Déterminer la personnalité interne d'une personne morale, c'est rechercher si, et

dans quelle mesure, à l'intérieur de l'Etat, elle a le droit de contracter, d'acquérir et de


vendre des biens mobiliers et immobiliers et enfin d'ester en justice.

La question semble bien adéquate pour les organisations internationales qui, ne disposant
pas de leur propre territoire, sont réduits à exercer leurs missions, soit sur le territoire de
l'Etat dit du « siège », soit sur celui de l'Etat auquel l'organisation apporte une assistance
quelconque.

D'une manière générale, on constate que la capacité d'agir dans l'ordre interne des Etats
est souvent conférée par l'acte constitutif de l'organisation.

Cependant, s'il est muet ou trop général, il sera suppléé par des conventions sur les

privilèges et immunités.

La personnalité interne de l'organisation telle qu'elle est prévue, est opposable aux Etats
membres mais pas aux tiers sous réserve du cas où l'acte constitutif est valable erga
omnes.

En outre, en ce qui concerne l'exercice par l'organisation de sa capacité interne,


notamment les contrats qu'elle peut passer avec des personnes privées et les règlements
de différends éventuellement y relatifs, il faut souligner que le droit applicable peut être,
soit celui des Etats hôtes, soit celui déterminé par l'instance chargée de régler les
différends éventuels.4

Généralement, le mode de règlement de différends sera l'arbitrage international.

2. La personnalité juridique internationale

La personnalité juridique internationale repose, en général, sur une base

subjective. En effet, l'existence légale de l'organisation, aux yeux des Etats, dépend avant
tout de sa reconnaissance .

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a. La reconnaissance d'une organisation internationale

A ce niveau, nous ferons remarquer que le problème ne devrait pas se poser

pour les Etats membres de l'organisation.

En effet, cette reconnaissance résulte de leur participation à l'acte constitutif.

Toutefois, le problème est réellement posé, en ce qui concerne les Etats tiers (c'est-

à-dire non membres). Ils peuvent procéder à la reconnaissance expresse, mais le plus
souvent, cette reconnaissance résulte de comportements qui manifestent l'acceptation
implicite de cette personnalité.

Ce problème de la subjectivité de la personnalité juridique internationale, a été


partiellement résolu par la solution apportée par la CIJ, dans l'avis consultatif rendu en
1949 sur la demande de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Cette dernière désirait savoir si l'ONU justifiait de la capacité de présenter une


réclamation internationale contre un Etat pour le compte de ses agents, en particulier le
Comte Bernadotte, médiateur des Nations unies en Palestine, assassiné dans l'exercice de
ses fonctions

Dans son avis, la CIJ a souligné fortement la personnalité juridique internationale de


l'ONU allant même jusqu'à la rendre opposable à tous les Etats, y compris les Etats non
membres, et indépendamment de toute reconnaissance de leur part.1

Toutefois, il faut souligner que le raisonnement par analogie ne sera valable que pour les
organisations à vocation universelle, à l'instar de l'ONU.

Cette opposabilité erga omnes ne saurait être étendue au reste des organisations,

à caractère régional par exemple, qui restent soumis à la technique de la reconnaissance,


pour rendre opposable leur personnalité juridique aux Etats tiers.

Bref, nous sommes amenés à constater que la problématique de la personnalité juridique


internationale est sous tendue par le fait que les organisations, dès leur création, viennent
concurrencer la qualité de sujet de droit international, dont les Etats avaient
exclusivement le monopole.

Ainsi, faut-il examiner cette qualité de sujet de droit.

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P3. L'organisation internationale est un sujet de droit international

Quelle que soit sa forme, la reconnaissance de la personnalité juridique internationale aux


organisations internationales a des conséquences importantes.

En effet, consacrer la qualité de sujet de droit international à l'organisation signifie qu'elle


peut être titulaire de droit et être soumis à des obligations dans l'ordre juridique
international.

Ainsi, les organisations internationales se voient attribuer des compétences


internationales et jouissent au même titre que les Etats des prérogatives de sujets de droit
international.

« La cour est d'avis que 50 Etats, représentant une très large majorité des membres de la
communauté internationale [Et c'était vrai à l'époque], avaient le pouvoir, conformément
au droit international, de créer une entité possédant une personnalité internationale
objective et non pas seulement une personnalité reconnue par eux seuls. »

Il s'agit notamment :

- du pouvoir d'entretenir des relations diplomatiques par la représentation des

Etats ou d'autres entités auprès de l'organisation ;

- du pouvoir de conclure des traités : les organisations concluent des traités et contribuent
à la conclusion de traités ;

- de la capacité de présenter une réclamation internationale.

Il convient, en outre, de souligner que l'appréciation de l'étendue de la personnalité


internationale n'est pas la même pour toutes les organisations. Elle dépend des buts et des
fonctions qui lui sont attribués.

Ainsi, chaque organisation agit sur le plan international dans le domaine qui lui est

assigné par son acte constitutif.

En somme, nous retiendrons que l'organisation internationale doit avoir une personnalité
juridique, ce qui d'ailleurs constitue un élément important de sa définition ; et de ce fait,
elle est un sujet de droit, mais un sujet de droit bien particulier comme nous allons le voir
dans ce dernier point du présent paragraphe.

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P4. Les caractéristiques de l'organisation internationale en tant que sujet de droit

L'organisation internationale diffère de l'Etat en tant qu'elle est un sujet de

droit dérivé et fonctionnel.

a) L'organisation internationale est un sujet dérivé

En droit international, l'Etat est le sujet de droit originaire ou initial tandis que

l'organisation internationale est un sujet de droit dérivé.

Le caractère dérivé de ce sujet de droit résulte du fait que l'organisation est un être
institué reposant sur la volonté de ses créateurs, les Etats.

Et ces derniers déterminent, à travers l'acte constitutif, « ses compétences - c'est-à- dire la
sphère d'action ouverte à chaque organisation - et ses pouvoirs - c'est-à-dire les moyens
qu'elle peut déployer à l'intérieur ».1

En définitive, en attribuant des compétences et des pouvoirs à une organisation,

les Etats acceptent de perdre leur exclusivité sur la scène internationale. Aussi peuvent-ils
se voir imposer, le cas échéant, des obligations et des charges par les organisations
internationales.

b) L'organisation internationale est un sujet fonctionnel (principe de spécialité)

Ce caractère est lié de près avec le premier. Le caractère fonctionnel des organisations est
sous-tendu par le principe de spécialité auquel obéit toute organisation internationale.

De ce fait, toute organisation ne peut exercer ses compétences et pouvoirs que dans le
domaine de la mission qui lui a été déterminé par l'acte constitutif.

Cependant, on considère que ce caractère fonctionnel peut jouer sur le plan de


l'interprétation des dispositions de l'acte constitutif soit dans le sens de la restriction, soit
dans celui de l'extension.

Ce caractère joue en faveur de la restriction lorsque l'interprète ne reconnaît que les


compétences et pouvoirs inscrits dans l'acte constitutif et directement nécessaires àla
mission confiée à l'organisation.

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Tandis qu'il évolue dans le sens de l'extension en cas de silence de l'acte constitutif,
certaines compétences et pouvoirs sont réputés lui être dévolus pour l'accomplissement
de la mission de l'organisation : c'est la théorie des pouvoirs implicites2.

En conclusion, on ne saurait terminer cette section, sans rappeler l'importance

de son contenu sur les développements ultérieurs.

Signalons enfin, un autre point qui s'annonce avec la même pertinence : il s'agit de la
structure des organisations internationales.

P 5 - L’adhésion à l’organisation internationale

1 - L’acquisition de la qualité de membres


 

   Elle est toujours volontaire, aucune obligation, même par le droit. Mais ce n’est pas non
plus un droit, un dû. Chaque Organisation(s) Internationale(s) pose sa propre organisation
pour en devenir membre. Il faut distinguer les membres originaires des admis.

    Les originaires sont les Etats fondateurs qui ont constitué, signé, ratifié. Ils sont à
l’origine de l’Organisation Internationale. Il faut que l’Etat témoigne de son accord à être
lié par le traité constitutif par la ratification. Il n’y a pas de procédure d’admission pour
eux. Les anciens membres deviennent en cas de succession, les membres originaires de
l’Organisation Internationale remplaçante.
    Les admis sont les Etats qui ont adhérer ultérieurement à une Organisation(s)
Internationale(s) déjà existante. L’adhésion dépend aussi d’un acte de volonté, soumis en
plus à des conditions exigées par chaque Organisation(s) Internationale(s) et la cooptation
des Etats déjà membres. L’Etat fait une demande d’adhésion, soumis ensuite à  une
procédure d’adhésion.

1- La procédure d’admission

    Elle figure dans l’acte constitutif. Elle pose des conditions de fond, ou de forme soit les
critères d’admission, et un contrôle des candidatures pour vérifier que les critères sont
bien remplis.
    Dans une Organisation(s) Internationale(s) fermée, on n’admet pas de nouveaux Etats-
membres, c’est le cas du Benelux.
    Dans une Organisation(s) Internationale(s) ouverte, l’adhésion devrait être un droit.
    Les Organisation(s) Internationale(s) sont donc entre les deux. Par exemple, pour
l’ONU, il faut être pacifique, accepter les obligations de la charte et être capable de les

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remplir. Des Organisation(s) Internationale(s) peuvent avoir des critères plus stricts, des
critères culturels ou religieux comme c’est le cas de la ligue arabe par exemple. Pour
vérifier tout cela, il doit y avoir un contrôle, généralement effectué par les organes des
membres de l’Organisation Internationale.

    Elle peut varier. Par exemple, l’entrée d’un Etat dans l’ONU nécessite la majorité des
2/3 de l’AG, après une recommandation favorable du Conseil de Sécurité. La majorité
simple suffit pour entrer à l’OMS en revanche. Pour le conseil de l’Europe, il faut une
invitation préalable, prise à l’unanimité. Pour l’UE, le conseil doit se prononcer à
l’unanimité, après avoir consulter la    La condition peut cesser volontairement, c’est le
retrait, ou résulter d’une exclusion de l’Organisation Internationale.

2 - La perte de qualité de membre

  a - Le retrait volontaire

 S’il est toujours possible, le retrait équivaut à une dénonciation du traité qui doit se faire
selon les conditions qui la prévoit. S’il ne dit rien, le retrait soit se faire selon le droit des
traités, et le consentement des autres membres est requis. La charte de l’ONU ne contient
ainsi pas de disposition de retrait. L’examen des travaux préparatoire reconnaît un droit
de retrait. L’UE non plus, mais la procédure n’est pas exclue non plus. On peut avoir un
délai de transition, un préavis. Les choses se font de façon empirique, la SDN a vu ¼ de
ses membres partir.
    Il ne faut pas confondre le retrait avec la politique de la chaise vide. Certains Etats se
retirent aussi à cause de menace d’exclusion.

b- L’ exclusion
    Contrairement au retrait, elle est imposée à l’Etat contre sa volonté. C’est une sanction,
adressée aux membres concernés quand ils violent des principes ou obligations. Elle est
généralement prévue dans le texte constitutif ou s’il ne dit rien, se rapport au droit des
traités.

L’article 6 de la charte de l’ONU prévoit ainsi une procédure d’expulsion en cas


d’atteinte persistante aux principes de la charte. Elle intervient sur recommandation du
Conseil de Sécurité.

    En pratique, elle est rarement utilisée car prive tout moyen de pression ultérieur sur
l’Etat. Par exemple, l’Afrique du sud ou Israël. D’autres sanctions existent, comme la

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suspension de droits et privilèges. Ces sanctions sont moins sévères car provisoires et
l’Etat reste membre, par exemple l’article 7 de l’ONU

P 6 – Le fonctionnement de l’organisation internationale

    Dans certains traités constitutifs, il y a une hiérarchie des organes entre eux.
L’Assemblée Générale de l’OEA est ainsi l’organe suprême de l’Organisation
Internationale. Mais ce n’est pas une évidence. Il existe tout de même des rapports
fonctionnaires: subordination, coopération, ou indépendance.

    1 - Les rapports de subordination

    C’est ce qui se passe pour les organes qui exercent les fonctions administratives,
agissant sous l’autorité des organes inter-étatiques. Le secrétariat de l’ONU est soumis à
celle de l’Assemblée Générale ou du Conseil de Sécurité. C’est aussi le cas des organes
restreints au sein des institutions spécialisées subordonnés aux organes pléniers; ce n’est
cependant pas systématique comme c’est le cas du Conseil de Sécurité, assisté du conseil
économique et social si le Conseil de Sécurité le demande. Les organes dérivés peuvent
être subordonnés aux originaires mais ce n’est pas toujours vrai surtout lorsque ce sont
des organes de contrôle.
Le critère de nomination n’est pas non plus déterminant pour établir une subordination
entre deux organes; par exemple, les membres non permanents du Conseil de Sécurité de
l’ONU sont élus par l’Assemblée Générale mais il ne lui est pas subordonné.

2 - Les rapports de coordination

    On les rencontre lorsque pour qu’une décision soit prise, il faut l’intervention parallèle
ou successive de plusieurs organes. Par exemple, à l’ONU, l’élection des juges de la CIJ
se fait parallèlement par le conseil général et le Conseil de Sécurité. L’admission d’un
nouveau membre se fait sur recommandation du Conseil de Sécurité mais sur décision de
l’AG. La coordination peut aussi dépasser les frontières de l’Organisation Internationale.

    3- L’independance
    Cette indépendance peut être totale lorsqu’elle découle de la nature des fonctions
exercées ou lorsque l’acte constitutif prévoit l’exclusivité d’une fonction qu’il confie à un
organe, alors indépendant dans cette fonction.
L’indépendance peut aussi être occasionnelle lorsqu’un organe accomplie un acte
particulier; par exemple lorsqu’il adopte son règlement intérieur ou pour  créer un organe
dérivé.

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P 7 – Les modes de votation

    L’adoption des actes juridiques varie aussi selon les Organisations Internationales, les
organes collégiaux les prenant, et les domaines d’action dans lesquels ils interviennent
également. C’est l’acte constitutif qui définit le mode de votation; 3 grandes modalités se
sont distingué au cours de l’histoire: l’unanimité, la majorité, le consensus.

1 – L’unanimité
    C’est la 1° technique qui s’est imposée dans les Organisation(s) Internationale(s) car
on la considérait comme étant compatible avec la souveraineté des Etats-membres. Ce
mode de votation a prévalue à la SDN, applicable à l’assemblée, ou au conseil de la SDN.
L’abstention de quelques Etats n’empêchait pas l’adoption du texte; les Etats partis à un
litige ne pouvaient pas prendre par au vote. Cette unanimité revient à accorder un droit de
veto à chaque Etat, et conduit à paralyser le système de décision. Elle n’est donc plus
systématique, même si on la retrouve encore dans des Organisations Internationales, par
exemple l’OTAN. Au sein du conseil des ministres de l’UE, la règle de l’unanimité est
appliquée si un Etat-membre considère la question comme très importante. On retrouve
cette règle au profit des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU lorsqu’il
s’agit d’une question de fond.
    La règle est atténuée par la dissidence , comme à l’OCDE, la ligue arabe; on exige
l’unanimité entre les membres intéressés par le sujet en discussion. La décision adoptée
ne s’applique pas aux Etats qui n’ont pas pris part au vote. L’abstention ou la non
participation d’un membre n’équivaut pas au veto. C’est le cas des membres permanents
du Conseil de Sécurité de l’ONU. Cette règle rassure les Etats, préserve  les libertés
d’action, mais reste la source de nombreux blocages et est donc souvent écartée au profit
de la règle de la majorité.

    2- La majorité

    Après 1945, c’est le principe majoritaire qui s’est répandu. Les modalités pratiques
sont diverses, varient en fonction de l’importance du texte; il y a donc 3 majorités: la
simple, l’absolue, la qualifiée. Dans le décompte des voix, on peut inclure tous les
membre de l’organe ou seulement les votants. Par exemple, l’Assemblée Générale de
l’ONU cote à la majorité des 2/3 des membres présents et votants. Au sein du Conseil de
Sécurité, c’est un mélange pour les question de fond entre la majorité des 9/15 avec
l’unanimité des membres permanents. L’intérêt de la majorité est que c’est un moyen de
démocratiser la vie politique internationale et d’éviter le blocage des décision. C’est la
volonté de la majorité qui prime sans remettre en cause l’égalité des Etats qui disposent
tous d’une voix dans les organes où ils siègent.

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    Dans les faits, la majorité désavantage les grandes puissances. On y remédie en
instaurant un système, inégalitaire, de pondération des voix par exemple au FMI, à la
BIRD, où chaque Etat dispose d’un nombre de voix proportionnel à son apport en capital.
Le droit de veto est aussi un correctif à la majorité. Une majorité qualifiée préserve les
intérêts d’une minorité importante.
    Ce mode a pour conséquences d’entraîner le développement de la diplomatie
multilatérale. La formation de groupes favorise l’obtention d’une majorité ou crée une
minorité de blocage.

3 - Le consensus
    Il peut apparaître comme une revanche sur le système majoritaire. C’est un système de
décision sans vote formel dans lequel l’absence d’objection de la part des Etats-membres
vaut acceptation du texte. C’est une unanimité tacite. Certains texte internationaux
nécessitent qu’il y ait un accord général sur le sujet pour marquer l’importance du sujet.
Mais il devra faire l’objet de compromis pour éviter toute opposition lors de l’adoption
finale; c’est souvent un compromis entre groupes d’Etats, par exemple industrialisés et en
développement. L’inconvénient est que ça aboutit à des textes vagues et ambigus,
interprétés de manière divergente. Cette pratique a tendance à dépasser le vote
majoritaire; on la rencontre dans beaucoup d’Organisation Internationale, ou
organisations à vocation régionale. C’est même la règle de base dans certaines
Organisations Internationales. Par exemple au sein de l’OMC, il est assuré la primauté du
consensus, de même au sein de l’union africaine où il est appliqué ou à défaut la majorité
des 2/3.
Il faut en effet faire la distinction entre le consensus sine qua non où une seule opposition
empêche la décision, et le consensus si possible qui peut être remplacé par la majorité.


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CHAPITRE 2

De la Société des nations à l’ONU

Section 1 - La société des nations

Réunie à Paris, la Conférence de la paix avant de travailler à l'élaboration des traités de


paix s'est d'abord attachée à rédiger, en janvier-février 1919, le Covenant ou Pacte qui
a donné naissance à la Société des nations ( SDN ), dont la création correspondait au
14ème point du président Wilson.
   Adopté le 28 avril 1919, ce Pacte a été ensuite annexé aux différents traités.
   La Société des nations était donc fondée sur un pacte librement conclu entre des
Etats souverains qui n'aliénaient en y adhérant aucune parcelle de leur souveraineté.
   Son siège était fixé à Genève, en Suisse, pays traditionnellement neutre situé au coeur
de l'Europe.

Un organe permanent 

Secrétariat général

Chargé de l'administration, il prépare les documents et les rapports

Deux organes temporaires

Assemblée générale Conseil

 Elle est d'abord composée  Il est composé de 9 puis 13


- des pays vainqueurs membres : -  5 membres permanents
- et des pays neutres ; ( France, Royaume-Uni, Italie, Japon,
ensuite, l'admission est Etats-Unis puis Chine après le retrait
subordonnée à la ratification des de ces derniers ) ;
2/3 des membres. -  4 puis 8 membres temporaires.
 Elle se réunit 1 fois par an.  Il se réunit 3 fois par an.

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 Elle vote résolutions  C'est l'exécutif de la SDN.
et recommandations.  Il désigne à l'unanimité qui est

Institutions rattachées à la SDN

          - à Genève : le Bureau International du Travail

          - à La Haye : la Cour permanente internationale de justice

           - à Bâle : la Banque des Réglements Internationaux

          - à Paris : le Centre international de coopération intellectuelle

II. Les objectifs de la SDN et les moyens d'y parvenir

   Assurer la paix mondiale en garantissant l'égalité des Nations, ainsi que


l'indépendance politique et l'intégrité territoriale de tous les Etats grands et petits.
   Comment y parvenir ?
   En faisant triompher le principe de la sécurité collective :
        - par l'engagement des Etats membres de ne jamais déclarer la guerre ;
        - par le recours systématique à des procédures de conciliation en cas de
différents, de contentieux entre Etats ;
        - par le vote de sanctions morales ( blâme solennel ), économiques ( blocus,
embargo ) financières ( refus de crédits ), voire militaires contre tout Etat agresseur ;
        - par la révision des traités dépassés, injustes, inégaux ;
        - par la recherche négociée d'un désarmement général.

III. L'action de la SDN : un espoir vite déçu

1/ Les missions immédiates

   La première assemblée générale de la SDN s'est réunie dès la fin de 1920 et son
premier travail a été de préciser la notion de sécurité collective, de lui donner un
contenu, mais aussi d'accomplir les deux missions qui lui avaient été confiées par la
Conférence de la paix :
        - organiser les référendums prévus dans les traités de paix et qui concernaient des

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territoires contestés à population multinationale, comme par exemple en Haute-
Silésie où cohabitaient des Polonais et des Allemands ).
        - répartir au profit des pays vainqueurs par le biais du système des mandats, les
colonies ou territoires enlevés aux pays vaincus.

2/ Les faiblesse et les limites

   A la fin de 1920, au moment où la SDN a été créée et s'est mise en place, elle se voulait
une oeuvre de conciliation, voire de réconciliation, et à ce titre elle a suscité un grand
espoir de paix dans le monde.
   Mais dès sa naissance, la SDN a été perçue d'abord comme la « société des
vainqueurs », de vainqueurs qui se donnaient bonne conscience en faisant porter toute la
responsabilité de la guerre sur les pays vaincus qui se considéraient comme injustement
exclus de la communauté internationale.
   L'Allemagne vaincue, mais aussi le jeune Etat soviétique créé par les Bolcheviques en
Russie en seront tenus un temps à l'écart.
  Les Etats-Unis devenus à la faveur de la guerre la première puissance mondiale et qui
avaient été à l'origine de la création de la SDN avec leur président, Wilson, n'y ont
finalement jamais adhéré, le Sénat à majorité républicaine à l'issue des élections
d'après-guerre, ayant refusé de ratifier le Pacte de la SDN, mais aussi le traité de
Versailles et les clauses de garantie qui avaient été exigées par la France.
   L'unanimité requise au sein du Conseil de la SDN pour désigner l'agresseur en cas
de conflit, va limiter considérablement les capacités d'intervention de la SDN.
   Enfin, la SDN ne dispose d'aucune force militaire internationale pour faire respecter
ses décisions.
   La SDN va être souvent mise devant le fait accompli et contrainte fréquemment
d'entériner des coups de force parce qu'incapable de s'y opposer :
        - l'annexion du port de Memel par la Lituanie, en 1923 ;
        - l'annexion de la Mandchourie par le Japon, en 1931 ;
        - le réarmement de l'Allemagne et le rétablissement du service militaire par
Hitler, en mars 1935 ;
        - l'annexion de l'Ethiopie par l'Italie, en octobre 1935 ;
        - la remilitarisation de la Rhénanie par l'Allemagne nazie, en mars 1936  ;
        - le rattachement de l'Autriche à l'Allemagne nazie ( Anschluss ), en mars 1938 ;
        - l'annexion de la région des Sudètes par l'Allemagne nazie, en septembre 1938 ;
        - l'instauration du protectorat allemand en Bohême-Moravie en mars 1939 ;
        - l'invasion de la Pologne, en septembre 1939.
        
     Créée pour préserver la paix, la SDN  n'a pu empêcher la course à la 2ème guerre
mondiale

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Section 2 - L’Organisation des nations unies

    C’est l’Organisation Internationale universelle par excellence, puisqu’elle


regroupe la quasi totalité des Etats. L’ONU est créée par la charte des nations
unies signée le 25 juin 1945 à San Francisco avec pour objectif essentiel d’assurer
le maintien de la paix dans le monde. Elle remplit aujourd’hui bien d’autres
fonctions. C’est un espace de dialogue et de dissertation irremplaçable.

Section 1 : Les fondements de l’ONU

 §1 - la création de l’ONU


    L’objectif d’assurer la paix par le droit et la sécurité collective et celui de
développer la coopération entre les nations, n’ont pas disparu avec la SDN. Les
gouvernements tirent des leçons de l’échec de la SDN après la 2° guerre mondiale
et créent l’ONU.

    A/ la charte de l’Atlantique


    Le 14 août 1941, Roosevelt et Churchill se rencontrent dans l’Atlantique et
décident de signer une déclaration conjointe et solennelle: la charte de
l’Atlantique. Ce document est porteur d’une vision nouvelle du monde car énonce
des principes fondant « l’espoir d’un avenir meilleur pour le monde ». 8 principes
rappelant les 14 points de Wilson sont énoncés:
_ la condamnation de toute annexion territoriale
_ le respect de la volonté des peuples de toute modification territoriale
_ le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
_ la liberté commerciale
_ la coopération internationale et le développement de l’Etat providence
_ la sécurité des citoyens
_ la libre circulation en mer
_ le désarmement
Ils jettent les fondements d’une nouvelle politique internationale et dénoncent la
tyrannie nazie. Ces 2 Etats fondateurs sont rejoints par 14 autres le 24 septembre
1941. Les USA n’étaient pas encore entrés en guerre, ce qu’il font le 7 décembre.

    B/ la déclaration des nations-unies


    Elles est signée le 1° janvier 1942 à Washington par les 26 Etats alliés. La
France ne peut la signer que en 1945. Ils s’engagent à poursuivre ensemble la
guerre contre les puissance de l’axe et le Japon tout en affirmant leur adhésion à
la charte de l’Atlantique.
    Cette déclaration rappelle les principe et pose les bases de ce que devrait être la
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politique extérieure des Etats. On y trouve pour la 1° fois l’expression « nations
unies », qui implique que ce n’est pas qu’une simple alliance de circonstances,
mais une association pour la construction d’un nouvel ordre mondial.

    C/ la déclaration de Moscou


    Le 30 octobre 1943, les représentant des USA, de la GB, de l’URSS, de la
Chine signent cette déclaration. Il y est question de maintenir en tout temps la
communauté entre les grandes puissances. Cette déclaration proclame aussi la
nécessité de mettre sur pied, une fois la guerre finie, une organisation mondiale
basée sur le principe de l’égalité souveraine de tous les Etats pacifiques et ouverte
à tous les Etats, grands et petits.
    Le 1° décembre 1943, la déclaration de Téhéran se prononce dans des termes
similaires. Mais il reste à concrétiser.

    D/ la conférence de Dumbarton Oaks


    Cette conférence d’experts permet la concrétisation. Elle se déroule du 21 août
au 7 octobre 1944, pour élaborer le 1° projet d’ONU. Les 4 grandes puissances se
mettent d’accord sur les buts et le fonctionnement, les idées américaines
prévalent. Le texte retenu est ensuite proposer à tous les Etats alliés; certains
points restent en suspens comme la procédure de vote au Conseil de Sécurité. Ce
n’est que lors de la conférence de Yalta que ces questions seront résolues.

    E/ la conférence de Yalta


    Elle se tient du 4 au 11 février 1945 dans la station balnéaire de Yalta. Elle
réunit en secret les chef de gouvernement de l’union soviétique, des USA, du
RU.  Y sont signés les accords sur le sort de l’Europe, mais la conférence aboutit
aussi à des décisions majeures sur les nations unies: une déclaration qui réaffirme
les principe, la question du vote au Conseil de Sécurité est réglée, on décide de
convoquer la conférence de San Fransisco pour le 25 avril 1945.

    F/ la conférence de San Fransisco


    Cette conférence se tient 15 jours après la mort de Roosevelt. C’est la
conférences des nations unies sur l’organisation internationale, réunie de 25 avril
au 25 juin 1945 à San Fransisco. Elle réunit 50 Etats soit les 4 puissances et 46 «
Etats invités ». Les travaux débouchent sur la charte des nations unies à laquelle
est annexée le statut de la CIJ. Elle rentre en vigueur le 24 octobre 1945, désigné
comme journée des nations unies. L’ONU siège à New York.
La charte comprend un préambule, 19 chapitre et 111 articles. Une note
préliminaire annonce les amendements ultérieurs. C’est un traité multilatéral et la
charte constitutive de l’ONU, il commence donc par définir les objectifs de
l’ONU.
15
§2- les buts et principes de l’ONU
    
    A/ les grands buts de l’ONU
    Ce sont les grands objectifs qui servent à interpréter les autres dispositions de
l’ONU. Ils permettent d’identifier les compétences implicites. L’article 1 de la
charte fixe les buts:
_ maintenir la paix et la sécurité internationale. C’est une action à double
dimension; mettre en œuvre des mécanismes collectifs et régler pacifiquement les
différents, par le droit international.
_ développer entre les nations des relations amicales. Elles doivent être fondées
sur le principe de l’égalité des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes.
_ réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux
économiques, sociaux, humanitaires…, en développant et encourageant le respect
des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous sans distinction.
_ être un centre où s’harmonisent les efforts des nations vers des fins communes.

    B/ les principes de l’ONU


    Ce sont des règles de conduite respectées par l’ONU et ses Etats-membres. Un
Etat peut être exclu en cas de non respect. 7 principes sont énoncés, devant guider
leurs actions, en 2 catégories: celle se rapprochant de l’idée d’une société
internationale d’Etats souverains et celle d’Etats pacifiques.

1) une société d’Etats souverains


    On trouve les principes relatifs à cette société dans les articles 1, 2 et 7.
L’article 1 dispose que l’Organisation Internationale est basée sur l’égalité
souveraine de tous ses membres. Ça implique que tous les Etats-membres
conservent leur souveraineté et tous sont égaux.
L’article 2 énonce que les membres de l’organisation doivent remplir de bonne foi
les obligations qu’ils ont assumés au terme de la présente charte. Il y a une
obligation de comportement.
Le 3° principe précise qu’aucune disposition  de la présente charte n’autorise les
nations unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la
compétences nationale d’un Etat. Mais en sachant qu’il existe un domaine réservé
aux Etats, ce principe ne porte en rien atteinte à l’application des mesures de
coercition de l’article 7 de la charte.

2) une société d’Etats pacifiques


    Les principes relatifs à cette société sont énoncés à l’article 2. Le paragraphe 3
dit que les Etats ont une obligation de règlement pacifique des différents. Il existe
aussi le principe de l’interdiction de la menace ou de l’emploi de la force.
16
Le droit incérant de légitime défense et les actions de recours à la force menées ou
autorisées par l’ONU font exception à ce principe.
Le paragraphe 5 concerne le principe de l’assistance aux nations unies. Le
paragraphe 6 concerne le principe de l’autorité des nations unies sur les Etats non
membres.

§3- les membres de l’ONU


    L’adhésion est ouverte à tous les Etats acceptant la charte. Pour devenir
membre; il faut réponde à des conditions évoquées au chapitre 2.

    A/ les membres originaires


    Selon l’article 3, ce sont les Etats ayant été à la conférence de San Fransisco ou
ayant antérieurement signé la déclaration des nations unies en 1942; ils signent
alors la présente charte et la ratifient. Ce sont donc les 50 Etats-membres de la
conférence de San Fransisco et la Pologne qui n’avait pas eu de représentant à la
conférence mais l’a signée.

    B/ les membres admis


    L'admission d'un membre à l'ONU est organisé par l'article 4 de la charte qui en
fixe les critères et la procédure de contrôle des candidature. Il précise que peuvent
devenir membre des nations unies tous autres Etats pacifiques qui acceptent les
obligations de la présente charte et au jugement de l'organisation sont capables de
les remplir et disposés à le faire. Il y a théoriquement 5 conditions pour
prétendre accéder à l'ONU: être un Etat, rester pacifique, accepter les
obligations de la charte, pouvoir remplir ces mêmes obligations, accepter de
le faire. Selon la CIJ, ce sont des conditions nécessaires, mais aussi
suffisantes, ce qu'elle a reconnu dans son 1° avis consultatif de mai 1948. 
Mais, l'article 4 dispose que l'admission se fait par décision de l’Assemblée
Générale sur recommandation du CS; c'est la procédure de contrôle. Cette
décision se prend à la majorité des 2/3. Cela signifie que qu'il faut l'accord
des autres membres pour accéder à l'ONU. Ce mécanisme rend donc possible
un blocage des admissions, comme par exemple pendant la guerre froide entre
1945 et 1955 où de nombreuses admissions ont été bloquées suite à des calculs
des grandes puissances.

Pour empêcher l'entrée de nouveaux Etats, les Etats membres adoptaient une
interprétation politique des conditions de l'article 4. Les Etats membres rajoutent
la nécessité d'indépendance à la qualité d'être un Etat, par exemple contre
l'Albanie, la Bulgarie, la Hongrie, Roumanie.... Le problème se posait aussi pour
les Etats divisés comme l'Allemagne ou la Corée. On  jouait aussi sur le critère
d'Etat pacifique; ce critère a vu sa portée étendue: à l'origine il désignait les
17
puissance de l'axe que l'on voulait éviter et est étendue aux Etats dont les régimes
avaient été installés à l'aide de force militaire des pays qui avaient lutter contre les
USA. Il est levé en 1949, car l’Assemblée Générale de l'ONU dans sa résolution
284, a ouvert l'organisation de nombreux Etats concernés par ce rejet initial: Italie,
Autriche, Portugal.... Depuis la détente, la situation s'est débloquée, surtout à
partir du 8 décembre 1955 où l’Assemblée Générale autorise l'entrée de 16
nouveaux Etats; depuis cette date, l'admission aux nations unies est quasiment
automatique. Les observateurs n'ont pas le droit de vote.

Section 2 - la structure et le fonctionnement de l'ONU

    Pour fonctionner, l'ONU a besoin d'organes grâce auxquelles elle peut exister et
agir. L'ONU agit à travers des organes principaux qui ont créé des organes
subsidiaires.

Paragraphe 1 - les organes principaux


    La charte des nations unies en a créé 6: une AG, un Conseil de Sécurité, un
conseil économique et social ou ECOSOC, un conseil de tutelle, une CIJ et un
secrétariat général. Certains de ces organes ont un caractère inter-étatiques car
composés de représentants des gouvernements, alors que d'autres ont un caractère
intégré car composés d'agents.

 A/ les organes inter-étatiques


    C'est l'AG, le Conseil de Sécurité, l'ECOSOC et le conseil de tutelle.
    L’Assemblée Générale est l'organe plénier de l'ONU, composée donc de tous
les Etats-membres des nations unies. Chaque Etat peut avoir jusqu'à 5
représentants mais ne dispose que d'une seule voix. Elle fonctionne par sessions,
l’Assemblée Générale se réunit une fois par an en session ordinaire qui commence
vers septembre et se finie à la mi décembre. L’Assemblée Générale peut aussi se
réunir en session extraordinaire si une question ne peut pas attendre. Pour en
convoquer une, il faut que le Conseil de Sécurité ou la majorité simple des Etats-
membres le demande. Il peut y avoir des sommets exceptionnels comme en 2005;
ça a été l'occasion de mettre en relief les désaccords face à la réforme de l'ONU.

Au début de chaque session ordinaire, l’Assemblée Générale élit un bureau qui


dirigera les travaux de l'AG; ce bureau est composé d'un président, de 21 vices
présidents, des présidents de chaque grande commission de l'assemblée. Ce
bureau propose l'ordre du jour et organise le déroulement des débats en assemblée
plénière ou en commission spécialisée dans un domaine précis. Il existe 6 grandes
commissions: la 1° traite des questions politiques et de sécurité internationale, la
2° traite des questions économiques et financières, la 3° traite des questions

18
sociales humanitaires et culturelles dont les droits de l'homme, la 4° traite des
questions de politique spéciale et de la décolonisation, la 5° traite des questions
administratives et budgétaires, la 6° traite des questions juridiques sur le droit
international. Chaque session commence par un débat général durant lequel les
différents pays expriment leur position sur les grands problèmes du moment.

    La procédure de vote pour prendre des résolutions au sein de l’Assemblée
Générale est basé sur le consensus donc sans vote, mais lorsqu'il y a vote,
l'adoption d'un texte est acquise soit à la majorité simple des membres
présents et votant, soit à la majorité des 2/3 des membres présents et votant
pour les questions importantes traitées en assemblée plénière. Les questions
importantes sont énumérées à l'article 18 de la charte: s 'agit des questions
sur la paix et la sécurité internationale, relatives à l'élection des membres
non permanents du Conseil de Sécurité, des membres de l'ECOSOC et du
conseil de tutelle, relatives à l'admission des nouveaux membres, sur la
suspension des droits et privilèges des Etats-membres pour les sanctionner,
sur l'exclusion d'un membre, relatives au fonctionnement du régime de
tutelle et les questions budgétaires. L’Assemblée Générale adopte plus de 200
voire 300 résolutions par an depuis 1960. Mais elles restent souvent sans suite; à
cet égard elles n'ont que la valeur de recommandation: elles ne sont pas
obligatoires. Seul le Conseil de Sécurité peut prendre des décisions obligatoires.
 
   L’Assemblée Générale a une compétence générale en vertu de laquelle elle
peut discuter toute question ou affaire rentrant dans le cadre de la charte,
mais aussi des compétences particulières soit qui lui sont propres soit qu'elle
partage avec d'autres organes de l'ONU. Le vote du budget de l'ONU lui est
propre, comme l'examen des rapports des autres organes de l'ONU; on retrouve
aussi le développement de la coopération internationale dans les domaines
économiques, social et culturel et dans le domaine des droits de l'homme. Mais
elle partage, entre autre avec le Conseil de Sécurité, la compétence sur l'élection
du secrétaire général, des juges à la CIJ, sur l'admission des nouveaux membres.
Il faut remarquer que l’Assemblée Générale a la faculté de discuter de toute
question se rattachant au maintien de la paix et de la sécurité internationale,
mais cette faculté doit être relativisée car l'article 11 de la charte précise que
toute question de ce genre qui appelle une action est renvoyé au Conseil de
Sécurité par l’Assemblée Générale avant ou après discussion. L'article 12
ajoute que lorsque le Conseil de Sécurité s'occupe d'une de ces questions,
l’Assemblée Générale ne doit faire aucune recommandation sur cette situation ou
ce différent à moins que le conseil ne le lui demande. L’Assemblée Générale
paraît subordonnée au Conseil de Sécurité. Dès 1950, l’Assemblée Générale s'est

19
autorisée à lancer les opérations de maintien de la paix alors que cela relève en
principe du Conseil de Sécurité.

    Le Conseil de Sécurité est un organe restreint. A l'origine en 1945, il comptait


11 membres, depuis 1965, il en comporte 15 dont 5 permanent: les USA, la
Russie, la Chine, la France, le RU. LEs membres permanents disposent du droit
de veto, soit que l'un d'entre eux peut bloquer n'importe quelle décision s'il vote
contre. LEs 10 membres non permanents sont élus pour 2 ans par l’Assemblée
Générale à la majorité des 2/3, renouvelés par moitié chaque année. La
composition doit tenir compte d'une répartition géographique équitable. Cette
composition a joué un rôle important dans la crise irakienne car chaque camp
essayait de mettre de son côté les membres permanents.
Les compétences du Conseil de Sécurité peuvent être partagées avec l’Assemblée
Générale ou être exclusives. Ces compétences sont résumées aux chapitres 5, 6, 7
et 8 de la charte. L'article 24 de la charte investit le Conseil de Sécurité de la
responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale.
Dans ce rôle, il est censé agir au nom de tous les Etats de l'organisation, pas
seulement les membres du Conseil de Sécurité. Le Conseil de Sécurité participe
au règlement pacifique des différents dont la prolongation est susceptibles de
menacer la paix internationale. Pour remplir cette mission, il a un pouvoir
d'enquête et de recommandation. Surtout, en cas de menace à la paix, de rupture
de la paix ou d'acte d'agression, le Conseil de Sécurité est compétent en vertu du
chapitre 7 de la charte pour décider des mesures à adopter. C'est une fonction de
police internationale; mais il pourra aussi décider de mesures coercitives, soit qui
s'imposent aux Etats. Au terme de la charte, tous les membres de l'ONU sont
tenus d'accepter et d'appliquer les décisions du Conseil de Sécurité qui sont donc
bien obligatoires.
    Le Conseil de Sécurité a un caractère permanent, c'est-à-dire que chaque
membre du Conseil de Sécurité doit avoir un représentant permanent au siège de
l'ONU à New York. Cette permanence se justifie au regard de la mission
essentielle du Conseil de Sécurité au niveau du maintien de la paix et de la
sécurité internationale. LA présidence est assurée à tour de rôle par un de ses
membres pour un mois, suivant l'ordre alphabétique anglais.

Au sein du Conseil de Sécurité, chaque Etat dispose d'une voix; si un Etat


membre de l'ONU est en cause dans une question discutée, sans être membre du
Conseil de Sécurité, il pourra assister et même intervenir au session du Conseil de
Sécurité mais ne peut pas y voter. C'est également valable pour un membre du
Conseil de Sécurité mis en cause qui ne votera alors pas. Les décisions concernant
la procédure sont prises par un vote affirmatif de 9 des 15 membres. Les questions
de fond sont prises par un vote affirmatif de 9 membres sur 15 parmi lesquels

20
doivent figurer les 5 membres permanents. C'est le droit de veto ou le principe
d'unanimité des grandes puissances. Une abstention ne vaut cependant pas veto
dans la pratique. Tous ont un jour exercée leur droit de veto, mais l'URSS l'a
utilisé plus de 100 fois alors que la Chine seulement 6 fois. Le droit de veto a
souvent empêché le Conseil de Sécurité d'agir; il a été utilisé 193 fois en 1945 et
1990. Depuis 1990, il est surtout utilisé par les USA pour s'opposer à toute
condamnation d'Israël. Lors de la crise du Kosovo, l'OTAN est intervenu sans
décision de l'ONU pour éviter le veto russe. Le 12 janvier, la Chine et la Russie
ont posé leur veto sur une affaire concernant la Birmanie appelée à respecter les
droits de l'homme; ces 2 pays s'y sont opposé car considéraient que l'affaire
relevait de l'autorité souveraine d'un Etat. Cela va à l'encontre d principe d'égalité
souveraine des Etats-membres. Le Conseil de Sécurité est à l'origine créé pour
protéger les intérêts des membres fondateurs victorieux de la 2° guerre mondiale.
Etant donné l'évolution de la société internationale, la représentation n'est plus
équilibrée. Il est ainsi question d'une réforme du Conseil de Sécurité.

    Cette réforme piétine depuis de nombreuses années. Déjà en 1992, l'Allemagne


et le Japon ont fait connaitre à l’Assemblée Générale leur souhait de devenir
membres permanents. En 1993, l’Assemblée Générale a constitué un groupe
chargé d'examiné la question d'élargissement et donc réfléchir sur les réformes
envisageables pour accentuer la légitimité et l'efficacité du Conseil de Sécurité.
Ce groupe de travail a rendu en 1994, un rapport public en soulignant l'opinion
très répandue que le droit de veto est antidémocratique et qu'il devrait être
abandonné soit limité à des sujets particuliers soit limité à deux voix négatives.
Un autre rapport en 1995 par la commission Carlsson, propose une réforme du
Conseil de Sécurité en deux étapes:

la 1° serait d'accueillir 5 nouveaux membres permanents et le nombres de


membres non permanents passerait de 10 à 15; les 5 membres permanents ne
pourraient utiliser leur droit de veto qu'en cas de circonstances dérogatoires et
exceptionnelles;

la 2° serait l'interdiction du droit de veto et la modification de la composition du


Conseil de Sécurité. Des propositions par le groupe des personnalités de haut
niveau établit par Kofi Hannan, ou groupe des 16 sages, sont rendues au secrétaire
général fin 2004, proposant que le Conseil de Sécurité passe de 15 à 24 membres
selon 2 formules possibles: soit d'accueillir 6 nouveaux membres permanents sans
droit de veto et 3 non permanents, soit d'ajouter 8 membres semi permanents élus
pour 4 ans non renouvelables et 1 membre non permanent.

21
Ces propositions ont été discutée lors du sommet mondial de 2005; on aurait du
commencer la réforme mais les Etats ne se sont pas mis d'accord. D'un côté
l'Allemagne, le Brésil, l'Inde et le Japon soutiennent leur candidature mutuelle à
un membre permanent ainsi qu'un représentant de l'Afrique; ils souhaiteraient un
augmentation des membres du Conseil de Sécurité de 15 à 25. LEs Etats
d'Afrique réclament au moins 2 sièges permanents avec droit de veto; les
moyennes puissances proposent d'augmenter le nombre de membres non
permanents. Les USA proposent 5 nouveaux sièges permanents avec un système
de rotation et surtout ne veulent pas que le nombre total des membres dépassent
20 pour pouvoir rester efficace. Une procédure de révision de la charte reste un
obstacle de taille car la majorité des 2/3 est requise avec l'accord es 5 permanents
pour être adoptée.

    L'ECOSOC est l'organe principal de coordination des activités économiques et


sociales de l'organisation. C'est un organe semi restreint puisqu'il est composé de
54 membres depuis 1993; il y en avait 18 à l'origine. Ils sont élus pour 3 ans par
l’Assemblée Générale avec un renouvellement par tiers chaque année, et sont
rééligibles. cette élection se fait sur la base d'une représentation géographique
équitable. Il fonctionne en sessions, en général 3 sessions annuelle: une de fond
de 5 semaines, deux sessions d'organisation. En dehors des sessions, les travaux
du conseil se déroulent dans des organes subsidiaires qui se réunissent à
intervalles réguliers.  Au début de chaque session annuelle, le conseil élit son
bureau composé d'un président et de 4 vices présidents, chaque membres du
bureau est originaire de zone géographiques différentes. Le rôle de ce bureau est
de proposer un ordre du jour et d'organiser la session en collaboration avec le
secrétariat des nations unies. L'ECOSOC a également créé des commissions
économiques régionales qui sont des instruments de concertations régionale entre
Etat et permettent de décentraliser les compétences du conseil. L'ECOSOC vote à
la majorité simple des membres présents et votant, chaque membre disposant
d'une voix. Les textes adoptés ne sont que des recommandations qui ne sont donc
pas obligatoires.
  
 Les compétences de l'ECOSOC se retrouvent au chapitre 10 de la charte. Il a un
rôle d'initiative et de coordination dans tous les domaines économiques et
sociaux. Il a donc une compétence général dans ce domaine et celui des droits de
l'homme. Le conseil agit sous l'autorité de l’Assemblée Générale selon les articles
60 et 66, il y est subordonné. Les compétences sont très variées puisque son
champ d'action est vaste; il travail au sein d'un vaste réseau relationnel: il travaille
en relation avec les organes principaux et surtout l'AG, par exemple, il met en
oeuvre les résolutions qu'elle adopte dans le domaine économique et social, mais
il peut aussi lui faire des recommandations dans ce domaine et celui des droits de
22
l'homme. Il peut aussi fournir des informations au Conseil de Sécurité et l'assister
si celui-ci le demande. Il travaille aussi en relation avec les Etats en leur adressant
des rapports, leur faisant des recommandation, en convoquant des conférences
internationales.

Le conseil peut aussi leur apporter une assistance technique. Il travaille aussi avec
les institutions spécialisées de l'ONU, conclut avec eux des accords de liaison, les
conseille et assure leur coordination. Elles doivent d'ailleurs lui faire des rapports
que le conseil étudie et transmet à l’Assemblée Générale avec ses
recommandations. Il travaille aussi en relation avec certaines ONG pour les
consulter. L'utilité de ce conseil est remise en cause; il paraît nécessaire de le
réformer en faisant participer les principaux partenaires dans la vie économique,
l'ouvrir d'avantage. Il a été suggérer de créer à sa place un conseil de sécurité
économique qui se substituerait au G8. Son rôle serait de coordonner l'action de
l'ONU avec celle des organisations économiques.

    A la fin de la 1° guerre mondiale, la SDN avait décidé de déposséder les


vaincus de leurs colonies, confiées à des Etats par un système de mandats. En
1945, ces mandats ont été transformés en tutelle; l'objectif final étant de conduire
les anciennes colonies à l'indépendance. Le conseil de tutelle est ainsi créé pour
surveiller l'administration des territoires placés sous tutelle. Il reste subordonné à
l'AG. C’est un organe inter gouvernemental comprenant 3 catégories de membres:
les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité, les Etats chargés d'administrer
les Etats sous tutelle, des membres élus pour 3 ans par l'AG. Les 2 dernières
catégories devaient avoir un nombre égal. Ce conseil a joué un rôle décisif dans la
décolonisation, dans l'accès à l'indépendance des peuples colonisés. Il examinait
les rapports élaborés par les Etats administrant, faisait des visites périodiques et
pouvait recevoir des pétitions des habitants de ces territoires sous tutelle.
Différents pays ont ainsi accédé à l'indépendance, par exemple le Togo et le
Cameroun pour la France.

Ce conseil n'a plus d'utilité depuis décembre 1994 car c'est la date à laquelle le
dernier territoire sous tutelle a accéder à l'indépendance: les îles Palaos. Depuis le
conseil de tutelle a mis fin à ses réunions annuelle mais se réunit en cas de besoin.
Aujourd'hui il n'est donc plus composé que des 5 membres permanents du Conseil
de Sécurité. Les décisions sont prises à la majorité des membres présents et
votant.

    B/ les organes intégrés


23
    La CIJ est celle qui a remplacée la cour permanente de justice créée en 1920
sous la SDN, en 1945. C'est l'organe judiciaire principal des nations unies. Ce
statut de la cour fait partie intégrante de la charte. Tout Etat-membre de l'ONU est
automatiquement partie au statut de la cour.

La cour, qui siège à la Haye, est un organe permanent composé de 15 juges


reconnu pour leurs compétences en droit international. Ils sont élus pour 9 ans par
un double vote au sein de l’Assemblée Générale et du Conseil de Sécurité. Leur
mandat peut être renouvelé. Ils sont élus à la majorité absolue dans les 2 organes.
Ils sont renouvelés par Tiers tous les 3 ans pour essayer d'assurer une certaine
continuité dans la jurisprudence. Ils sont élus à titre personnel, ne représentent pas
leur Etat d'origine. Mais ils doivent représenter les grandes formes de civilisation
et les différents systèmes judiciaires du monde. Ces 15 juges élisent pour 3 ans un
président et un vice président. Lorsqu'il y a un différent, qui implique des Etats
qui n'ont pas un juge de leur nationalité à la cour, ces Etats peuvent désigner une
personne pour siéger au cours de ce procès en tant que juge ad hoc.

La fonction de la cour est de dire le droit. Elle peut exercer ce droit sous la forme
d'une fonction consultative ou par une voie contentieuse. A titre consultatif, elle
peut être saisie d'une demande d'avis sur une question juridique par l’Assemblée
Générale ou le Conseil de Sécurité mais pas par les Etats. La cour a rendu 25 avis
consultatifs depuis sa création. Ils ont un grand intérêt juridique mais ils n'ont
qu'un caractère consultatif, sans portée obligatoire. A titre contentieux, la cour est
réservée aux Etats, qui peuvent la saisir de tout différent international d'ordre
juridique qui les opposent. Mais la cour n'est compétente qu'à l'égard des Etats qui
acceptent sa juridiction; le simple fait de faire partie de l'ONU n'implique pas
cette acceptation. Il faut donc une action spécifique, par 4 moyens possibles qui
peuvent se faire avant ou après la survenance d'un conflit:

- les partis peuvent conclure un compromis dans lequel ils conviennent de


soumettre leur différent à la cour.

- les Etats peuvent prévoir à l'avance dans un traité que les litiges qui concernent
l'interprétation et l'application de ce traité devront être soumis à la CIJ; ce sont des
clauses comprommisoires.

- les Etats peuvent formuler une déclaration facultative de juridiction obligatoire.


Cette déclaration est celle que l'on trouve à l'article 36 paragraphe 2 de la charte
de l'ONU, elle signifie que chaque Etat est libre de la faire ou non mais une fois
qu'elle est faite, l'Etat est lié par cette déclaration ce qui veut dire que la
24
juridiction de la cour sera obligatoire pour lui si un autre qui a également accepté
la compétence de la cour et avec lequel il est en litige, porte le litige devant la
cour. Elle peut faire l'objet de réserve et être dénoncée.

-  Si un Etat se présente de son plein gré devant la cour, cela signifie qu'il accepte
sa juridiction.
Si l'un ou l'autre de ces moyens n'est pas rempli, aucun Etat ne pourra l'assigner
devant la CIJ. A la différence de la fonction consultative, les arrêts rendus sont
obligatoires pour les partis au litige dans le cadre du litige précis: c'est l'autorité
relative de la chose jugée. La cour peu aussi rendre des ordonnances en indication
de mesure conservatoire à caractère obligatoire, avant qu'elle ne rende un avis au
fond; ce sont des mesures provisoires. Depuis qu'elle exerce en 1946, la cour a
rendu 93 arrêts sur diverses questions, entre autres sur les frontières, la
souveraineté territoriale, le non recours à la force, les relations diplomatiques....
La CIJ est devenue un acteur privilégié du règlement des différents interétatique
et sa jurisprudence joue un rôle déterminant dans la détermination des règles de
droit international.
    
    Le secrétariat général est l'organe principal administratif de l'ONU. Il est au
service des autres organes principaux et administre les politiques, programmes....
Il est composé d'un secrétaire général et de l'ensemble du personnel nécessaire au
fonctionnement de l'organisation.

Le secrétaire général est le plus haut fonctionnaire de l'organisation. Il est


nommé par l’Assemblée Générale sur recommandation du Conseil de
Sécurité. La charte ne précise pas la durée de son mandat, mais en pratique,
il est de 5 ans renouvelables. Il est souvent choisi parmi les diplomates qui ont
toujours été issus de puissances autres que les membres permanents du Conseil de
Sécurité. Cette élection se fait dans un climat politique qui persiste pendant tout le
mandat. C'est actuellement Ban ki-Moom depuis le 1° janvier 2007

Sur le plan administratif et technique, le secrétaire général gère l'ensemble


de l'activité de l'ONU; il nomme le personnel, exécute les décisions des
organes principaux de l'ONU, est chargé d'enregistrer et de publier les traités
conclus par les membres de l'ONU. Il est assisté de secrétaires généraux, de sous
secrétaires généraux et présente chaque année un rapport auprès de l'ONU qui a
aussi une portée politique. Le secrétaire général n'est pas qu'une autorité
administrative; il incarne aussi une véritable autorité politique et
diplomatique, c'est lui le représentant de l'ONU lorsqu'elle conclue des
traités, accords. Il peut aussi attirer l'attention du Conseil de Sécurité sur
toute affaire qu'il juge importante. De même, il peut utiliser son influence pour
25
empêcher l'aggravation ou l'apparition d'un conflit qui pourrait mettre en péril le
maintien de la paix et de la sécurité internationale. Il joue le rôle de médiateur et
de conseiller dans de nombreuses affaires. Chaque secrétaire général a influencé
l'histoire de l'ONU.

Le secrétariat général est composé d'environ 10.000 fonctionnaires et d'après


l'article 10 de la charte, ils doivent être recrutés en fonction de leur mérite et selon
une répartition géographique équitable. De fait, les fonctionnaires proviennent de
160 pays différents. Ils sont désignés par le secrétaires général à partir d'une liste
proposée par les gouvernements respectifs. Ils bénéficient tous des privilèges et
immunités nécessaires à leur fonction; ils sont en poste dans différents postes
d'affectation dans le monde et s'acquittent des tâches administratives quotidiennes
de l'ONU. Le secrétariat est composé de nombreux bureaux et départements. Il a
des tâches aussi diverses que les opérations de maintien de la paix, la médiation
dans les différents internationaux, l'observation des tendances économiques et
sociales, la  réalisation de rapport.... Le personnel informe également les médias
des activités de l'ONU. Le secrétariat organise aussi des conférences
internationales, comporte des services de traduction. Pour leur personnel et le
secrétaire génal, en leur qualité de fonctionnaire international, ils ne rendent
compte de leurs activité qu'à l'ONU, sont donc indépendants à l'égard de leurs
Etats d'origine; ils prêtent serment de ne recevoir aucune instruction d'un
quelconque gouvernement. Chaque Etat-membre doit s'engager à ne pas les
influencer dans l'exercice de leurs tâches.

§2 - les organes subsidiaires


    La capacité de créer ces organes est reconnue par la charte à certains organes
comme l’Assemblée Générale à l'article 22, le Conseil de Sécurité à l'article 29,
l'ECOSOC à l'article 68. La seule chose que la charte exige est que ces organes
subsidiaires soient nécessaires à l'exercice des fonctions de l'organe principal qui
les crée. Ils ont donc un rôle d'assistance, ne sont donc pas autonomes par rapport
à l'ONU en principe. Ils peuvent s'appeler agences, fonds, missions, ils ont donc
des appellations variées, mais aussi des durées variées car certains sont créés à
caractère provisoire d'autre permanent.

La commission du droit international a été institué par l’Assemblée Générale en


47, ce sont des experts indépendants élus par l’Assemblée Générale pour 5 ans qui
jouent un rôle essentiel dans la codification du droit international public, soit faire
passer la coutume internationale à l'état d'écrit, mais oeuvrent aussi au
développement progressif du droit international, soit est à la recherche de règles
nouvelles. Le tribunal administratif des nations unies a été créé par la résolution
26
de l’Assemblée Générale en 1949 et est chargé de régler les litiges qui touchent au
personnel de l'ONU; les juges doivent tout de même être indépendants. Un conseil
des droits de l'homme qui siège à Genève a été créé par l’Assemblée Générale en
2006, pour remplacer la commission des droits de l'homme créée par l'ECOSOC
en 46. L'UNICEF est un organe subsidiaire de l'AG. En 1949 est créé l'office
secours pour les réfugiés de Palestine.

De même le tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie a été créé par le Conseil de


Sécurité en 93 pour poursuivre les responsables des violations graves du droit
humanitaire commis sur le territoire de l'ex-Yougoslavie depuis 91, il juge donc
des individus. Le Conseil de Sécurité a aussi commis le tribunal pénal pour le
Rwanda en 94 pour les mêmes raisons. Le secrétaire général peut aussi créer des
organes subsidiaires, il peut même arriver que les organes subsidiaires en créent
d'autres elles-mêmes du moment qu'ils sont nécessaires à l'exercice des fonctions
de l'organe qui les crée. Le handicap est la prolifération des organes qui pose des
problèmes de coordination, d'efficacité et de financement. Cela se justifie par le
fait que les domaines d'action de l'ONU sont de plus en plus variés et vastes.

Section 3 - les domaines d'action de l'ONU


    Ils se sont considérablement élargit. L'ONU joue un rôle fondamental dans le
maintien de la paix et de la sécurité mondiale, mais oeuvre aussi en matière de
développement et de progrès universel.

§1 - le maintien de la paix et de la sécurité internationales


    C'est le 1° but de l'ONU. Pour le réaliser, la charte des nations unies a institué
tout un mécanisme destiné à prévenir les conflits mais aussi à réagir face aux
diverses menaces qui pèsent sur la paix internationale.

    A/ le système prévu par la charte


    La charte des nations unies prévoit de manière graduée différents moyens à
disposition de l'organisation afin qu'elle puisse maintenir la paix et la sécurité
internationale. Afin de désamorcer les crises, l'ONU doit pouvoir jouer un rôle
actif dans le règlement pacifique des différents. Si le différent se prolonge et que
l'on se trouve face à une menace contre la paix, une rupture de la paix, ou un acte
d'aggression, la charte a prévu dans son article 7, un système de sécurité collective
à disposition du Conseil de Sécurité pour qu'il puise agir de manière
contraignante.
    
1) le règlement pacifique des différents
    Ce n'est pas l'objectif essentiel des nations unies mais est un moyen d'atteindre
son but principal qui est le maintien de la paix et de la sécurité en apaisant les

27
situations de conflit. Le chapitre 6 de la charte n'y prévoit pas un système propre
mais rappelle l'obligation pour les Etats-membres de régler leurs différents par les
moyens pacifiques de leur choix. Le chapitre précise les compétences et les
pouvoirs dont disposent les nations unies afin d'aider les partis au différents à
composer pacifiquement. La charte évoque notamment les procédures
diplomatiques classiques comme la négociation, l'enquête, la médiation qui fait
intervenir un tiers qui propose une solution non obligatoire, la conciliation avec
une commission qui oriente les partis vers une solution non obligatoire, mais aussi
des moyens juridictionnels tel que l'arbitrage où les partis choisissent un tiers dont
la solution sera obligatoire, le règlement judiciaire qui se fait par des juges pré-
établis dont la solution est obligatoire, la possibilité de recourir à des organismes
régionaux.

La charte précise ensuite les compétences et pouvoirs dont disposent les nations
unies et surtout le Conseil de Sécurité car il a la responsabilité principale du
maintien de la paix et de la sécurité internationale. Il peut alors recommander aux
partis de recourir à un mode de réglement pacifique; il peut mener lui-même une
enquête pour voir si la prolongation du différent risque de menacer la paix et la
sécurité internationales. Il faut noter que tout membre de l'organisation peut saisir
le Conseil de Sécurité à cette fin ainsi que tout Etat parti au diférent, ou encore
l’Assemblée Générale ou le secrétaire général. Face à un tel différent, le Conseil
de Sécurité pourra recommander aux partis les procédures ou méthodes qu'il juge
les plus appropriées. Le Conseil de Sécurité pourra leur recommander une
solution si les partis n'arrivent pas à régler leur différent; le Conseil de Sécurité
devient médiateur dont la solution n'est pas obligatoire. Il peut aussi confier ce
rôle au secrétaire général, comme en 1990. Il peut choisir de manière
discrétionnaire quelle solution prendre. Il n'a cependant qu'un rôle de
recommandation, rien n'est donc obligatoire pour les partis; il n'a pas le pouvoir
de régler les différents mais celui d'aider les Etats à respecter leur obligation de
régler pacifiquement leurs différents. Les partis peuvent aussi s'adresser à
l’Assemblée Générale pour qu'elle adopte des recommandations, mais elle ne peut
le faire que dans la mesure où le Conseil de Sécurité n'est pas déjà saisi de la
question. Elle subordonnée au Conseil de Sécurité dans ce domaine.

Si le différent se prolonge, et s'il devient une menace à la paix, le Conseil de


Sécurité va alors obtenir de véritables pouvoirs d'action au titre du chapitre 7 de la
charte des nations unies, et pourra alors prendre des décisions obligatoires.

2) l'action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix, d'acte


d'agression
    Ce sont les pouvoirs d’action du Conseil de Sécurité au titre du chapitre 7 de la
28
charte des nations unies. C’est une faculté qui lui exclusivement réservée. En
effet, l’article 11 prévoit que si une question se rattachant au maintien de la paix
et de la sécurité internationale appelle une action, l’AN doit la renvoyer devant le
Conseil de Sécurité. Il a la responsabilité principale en la matière. Le chapitre 7
instaure un véritable système de sécurité collective avec un mécanisme bien 
précis de mise en œuvre dans lequel on peut distinguer plusieurs étapes.

    La qualification de la situation; le Conseil de Sécurité évalue la gravité de la


situation comme prévu à l’article 39, qui dispose que le Conseil de Sécurité doit
examiner les faits pour déterminer si on est en menace de menace contre la paix,
de rupture de la paix, d'acte d'agression. Il peut le faire en menant une enquête.
Cette qualification est importante car équivaut à un constat officiel qui s’impose
aux Etats. Mais elle n’est pourtant pas toujours expresse; il ne le dit parfois pas
mais le fait implicitement par son recours au chapitre 7. À partir de ce constat, le
Conseil de Sécurité peut agir, prendre des mesures.

    L’adoption de recommandations ou décisions en vue de maintenir ou de rétablir


la paix et la sécurité internationale. Le Conseil de Sécurité décide de la mesure
qui lui semble la plus appropriée à la situation, mais avant, il peut aussi décider
d’adopter des mesures provisoires. Par exemple la suspension des hostilités, la
création d’une zone démilitarisée sous contrôle international. Ces mesures sont
permises par l’article 40, proposées aux Etats par le Conseil de Sécurité avec
l’objectif d’empêcher l’aggravation de la situation; mais c’est une simple
invitation. Si les Etats ne les respectent pas, les Etats risquent tout de même de
s’exposer à de véritables sanctions. Les décisions prises par le Conseil de Sécurité
sont obligatoires. Tous les membres de l’ONU sont alors obligés de les accepter,
de les respecter et de les appliquer comme prévu par l’article 25. Si ce n’est pas le
cas, le Conseil de Sécurité peut passer au stade ultime des mesures coercitives
afin de contraindre les Etats à appliquer ses décisions. Ce sont des sanctions,
même si elles n’ont pas vocation à punir les Etats récalcitrants. Ce sont des
décisions obligatoires qui vont s’imposer aux Etats qui ont rompu la paix mais
peuvent s’adresser aux autres Etats voire même à des groupes d’individus. Elles
sont prévues à l’article 41; les 1° mesures coercitives n’impliquent pas l’emploi
de la force, ce sont les mesures coercitives non militaires. L’article 41 en donne
une liste non limitative. Ce sont des sanctions politiques ou économiques; leur but
est de faire pression sur un Etat pour qu’il risque de se retrouver isoler sur la
scène internationale.

Les comités de sanction prennent les mesures. Les 2° sont les mesures coercitives
militaires; le Conseil de Sécurité peut les prendre si les mesures non militaires se
sont révélées insuffisantes ou inadaptées. Ce sont des mesures qui impliquent
29
l’emploi de la force armée. Elles sont prévues par l’article 42 de la charte qui
dispose que le Conseil de Sécurité peut recourir à la force et entreprendre au
moyen de force aérienne, navale ou terrestre toute action qu’il juge nécessaire au
maintient ou rétablissement de la paix et sécurité internationale. Ce peut être des
démonstration, mesures de blocus…. On a ici une exception au recours à la force,
alors qu’il est interdit par la charte. Les Etats doivent mettre des contingents
militaires à la disposition de l’ONU et signer des accords spéciaux. De tels
accords n’ont cependant jamais été mis en œuvre, l’ONU n’a pas d’armée
permanente.

L’article 47 prévoyait que ces actions seraient dirigées par un comité d’Etat major
composé par les membres permanents du Conseil de Sécurité, mais il n’a jamais
été mis en place. À chaque fois qu’une action coercitive militaire a été décidée par
le Conseil de Sécurité, ce n’est pas l’ONU elle-même qui a conduit les opération,
elle s’en est remise à un Etat ou un coalition d’Etat à qui elle a donné
l’autorisation d’agir. Les Etats n’hésitent pas à intervenir de manière unilatérale
pour défendre leurs intérêts, ce qui est une difficulté pour l’ONU.

    B/ le système issu de la pratique


    Durant la guerre froide, le système est paralysé par le veto souvent employé. La
pratique a du s’adapter face aux situation de crise. L’Assemblée Générale a accru
ses compétences en la matière à partir de sa résolution « union pour le maintien de
la paix ».

1) la résolution union pour le maintien de la paix


    L’article 11 de la charte, l’Assemblée Générale doit renvoyer au Conseil de
Sécurité toute question de cette compétence appelant une action. En pratique,
l’Assemblée Générale a dépassé cette limite.
Dans le contexte de la guerre de Corée, les Américains et leurs alliés ont lancé
une opération militaire légitimée par le Conseil de Sécurité. Pour adopter cette
résolution, le Conseil de Sécurité n’a pu le faire que grâce à l’absence de l’URSS
qui pratiquait alors la politique de la chaise vide. Elle ne pouvait alors pas opposer
son veto. Quand elle est revenue, il n’y a plus eu moyen de prendre des décisions,
la situation s’est bloquée.
Le 3 novembre 1950, l’Assemblée Générale a adopté la résolution 377 (5), union
pour le maintien de la paix. Elle est aussi appelée résolution Acheson; elle est très
importante car l’Assemblée Générale s’attribue par elle le droit de recommander
des mesures collectives, y compris l’emploi de la force armée dans l’hypothèse où
le Conseil de Sécurité ne peut pas adopter de décision en raison du veto de l’un
des membres permanents. Elle ne peut toutefois que recommander; les résolutions
que l’Assemblée Générale prend sur cette base n’auront pas de force obligatoire,
30
elle ne peut pas prendre de mesures coercitives. Cette résolution a été vivement
critiquée d’un point de vue politique et juridique au niveau de sa légalité par
rapport à la charte des nations unies.

2) les opérations de maintien de la paix


    Ce sont les forces d’urgence des nations unies. Ce sont les casques bleus sous
commandement du secrétaire général. Ils viennent des Etats membres extérieurs
au conflit qui les mettent à la disposition de l’ONU. L’objectif 1° est d’intervenir
sur les lieux du conflit pour s’interposer entre les belligérants. Ils établissent
souvent une zone tampon ou un cordon sanitaire entre les partis. Ces opérations
ont aussi une valeur symbolique car marquent la représentation de l’ONU lors des
situation de conflit. Ce opérations sont nées de l’inaction du Conseil de Sécurité
face aux situations de crise. Sur la base de cette résolution Acheson, la 1°
opération de maintien de la paix, la FUNU, a été instaurée. En 1962, la CIJ a
estimé que la compétence exclusive du Conseil de Sécurité ne s’impose qu’en cas
d’une mesure coercitive; en revanche, l’Assemblée Générale est autorisée à
recommander toutes action quelconque à partir du moment où elle n’est pas
coercitive. Ça ne rentre ni dans le chapitre 6 ni le 7. Les Etats intéressés doivent
avoir donner leur consentement. La FUNU est ainsi retiré en 1967 à la demande
du gouvernement égyptien.

À l’origine les forces d’interposition et d’observation sont chargées de geler le


conflit pour permettre les négociations. En 1988, les casques bleus reçoivent le
prix Nobel de la paix, et les opérations de maintien de la paix se sont  multipliées
et s’étendent à toutes les parties du monde. Les taches qui leur sont confiées sont
diversifiées. Ils ont alors pour but de consolider et de reconstruire, par exemple
contrôler l’application des accords, désarmer les factions rivales, organiser des
élections libres. Ils ont des missions à caractère humanitaires, par exemple la
FORPRONU qui a essayé de faciliter l’aide humanitaire apportée aux civils. Il y a
également une diversification dans le temps de missions confiées à certaines
opérations de maintien de la paix. La distinction entre opération de maintien de la
paix, et certaines opérations militaires, a parfois tendance à s’effacer. La
FORPRONU a ainsi été créée sur la base du chapitre 7 même si elle n’a pas de
pouvoir coercitif. Une même crise peut justifier à la fois une force armée et une
opération de maintien de la paix. Il y a donc des présences militaires et civiles
internationales sur place. La 3° génération est à la fois une force d’imposition de
la paix mais elles ne sont pas sous commandement de l’ONU, ce sont des forces
multinationales. Le bilan de ces opérations est assez contrasté. Un rapport
recommande diverses mesures pour renforcer ainsi qu’un investissement accru
des grandes puissances dans ces opérations. L’ONU joue aussi un rôle très
important en matière de désarmement. L’ONU œuvre pour le développement et le
31
progrès universel.

§ 2 - le développement et le progrès universel

    C’est un autre domaine d’action de l’ONU. On stigmatise le rôle de l’ONU en


matière de maintien de la paix, mais la plus grande partie de son activité concerne
les questions de développement, bien qu’il participe à la paix mondiale. Paix et
développement sont liés ; il ne peut y avoir de paix efficace sans développement,
ni de développement durable sans la paix. Parmi les but de l’ONU, figure aussi le
développement des relations amicales entre les nations ainsi que la coopération
internationale qui doit se faire en résolvant les problèmes internationaux, mais
aussi en développant et encourageant les droits de l’homme et les libertés
fondamentales.

A/ le développement des relations amicales entre les peuples


    Ces relations doivent être fondées sur le respect du principe de l’égalité de droit
des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes. La consécration de ces
principes dans la charte explique le rôle moteur de l’ONU dans la décolonisation.

1) l’affirmation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes


    Ce principe trouve son origine dans celui des nationalités au 19° siècle, selon
lequel toute nation a le droit de se constituer en Etat indépendant. C’est ce qui a
entraîné la création de nombreux Etats après la 1° guerre mondiale. Le droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes ou le droit à l’auto détermination est une version
plus récente et plus large. Cela implique à la fois le droit du peuple à choisir son
régime, à être consulter sur son sort, le droit de se constituer en Etat ou encore une
fois qu’il est constitué en Etat, ce peut être le droit de régler ses affaires sans
intervention extérieure.

Ce principe a été mentionné dans de nombreux textes. En 1°, la charte des nations
unies qui le mentionne à l’article 1 et 59, tout en encadrant juridiquement le
colonialisme avec un chapitre 11 consacré aux territoires non autonomes. Le droit
des peuples à disposer d’eux-mêmes s’est progressivement imposé au sein des
nations unies. Ce principe a ensuite connu une véritables consécration à travers
une résolution de 1974, qui s’appelle « déclaration sur l’octroie de l’indépendance
aux pays et aux peuples coloniaux » ou « charte de la décolonisation ».

En 1966, l’Assemblée Générale adopte 2 pactes sur les droits de l’homme: le


pacte internationale sur les droit civils et politiques, et celui sur les droits
économiques et sociaux. À l’article 1 de ces pactes, le droit des peuples à disposer

32
d’eux-mêmes est consacré. En 1970, la résolution 2625 (25) intitulée «
déclaration relative au principe du droit internationale touchant les relations
internationales et la coopération entre les Etats », codifie encore une fois le droit
des peuples à disposer d’eux-mêmes. À force de réaffirmer ce droit, ce principe
est devenu coutumier, soit une véritable règle de droit international. Ce principe a
plusieurs significations; si on prend des peuples déjà constitués en Etat ou qui se
trouvent dans un Etat démocratique, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
se traduit par le droit à l’auto détermination interne. Les peuples n’ont pas le droit
à l’auto détermination externe, soit celui de faire cessession car contrevient au
droit des Etat à leur intégrité. L’exercice est réservé aux peuples occupés, son
exercice se fait après consultation du peuple colonisé; il faut toutefois maintenir
les frontières héritées de la décolonisation.

2) le rôle de l’ONU dans le processus de décolonisation

    L’ONU n’a pas arrêté de subir l’influence des nouveaux Etats issus de la
décolonisation, vite majoritaires à l’AG. Depuis la création de l’ONU en 1945,
plus de 80 nations ont ensuite pu y adhérer en tant que nouvel Etat souverain. Le
conseil de tutelle a finalement favorisé l’autonomie en contrôlant l’action des
puissances administrant.
    
S’agissant des territoires non autonomes, énoncés au chapitre 11 de la charte;
plusieurs colonies ont accédé à l’autonomie dès les années 50.mais ce mouvement
s’est accéléré à partir de 1960, dite année de l’Afrique, où l’Assemblée Générale
de l’ONU a adopté sa déclaration sur l’octroie de l’indépendance aux pays et aux
peuples coloniaux. Par celle-ci l’Assemblée Générale a encouragé cette évolution
vers la décolonisation. Dès 1961, l’Assemblée Générale a aussi mis en place un
comité spécial de décolonisation appelé comité des 24 qui a entreprit la mise en
oeuvre de la déclaration de 1960 en faisant pression sur les Etats qui possédaient
encore des colonies et a ainsi accélérer le processus. En 1970, l’Assemblée
Générale a aussi établi un programme d’action pour l’application intégrale de la
déclaration, dans lequel elle affirme le droit incérant des peuples coloniaux de
lutter par tous le moyens nécessaires contre les puissances coloniales qui
répriment leur aspiration à la liberté et à l’indépendance. Cela implique qu’un
peuple a même le droit d’user de la force pour se libérer de l’emprise coloniale,
mais aussi un droit pour les autres Etats de l’aider à parvenir à cette
indépendance. On a alors une autre exception au recours à la force.
    Les organes des nations unies qualifient de mouvement de libération nationale
les groupes politiques qui sont engagées dans la lutte contre les puissances
coloniales. Par exemple l’OLP ou organisation de libération de la Palestine. Ces
organes leur ont permis de devenir observateurs au sein de l’ONU, ce qui est un
33
moyen de faire connaître leur aspiration à leur indépendance. Ces mouvements
représentent les peuples colonisés au sein de l’organisation, sont perçus comme
des Etats en devenir. Ces mouvements sont appelés à disparaître, le processus de
décolonisation touche à sa fin puisque sur les 67 territoires recensés comme non
autonomes en 1963, 56 avaient accédé à l’indépendance en 1995. Il reste encore
16 territoires dont la Nouvelle Calédonie.

    B/ le rôle de l’ONU dans la promotion et la protection des droits de


l’homme
    Ça fait partie des préoccupations majeures de l’ONU depuis 1965; dans le
préambule de la charte, les nations unies proclament leur foie dans les droits
fondamentaux de l’homme. L’article 1 de la charte précise qu’une des principales
taches de l’ONU est de protéger ces droits sans distinction de race. On montre que
les Etats s’engagent à prendre des mesures dans le cadre de l’ONU pour assurer le
respect des droits de l’homme. Mais la charte est une simple base, sans
programme précis. Au fil du temps, l’ONU a entreprit  des actions dans ce
domaine, enrichit cette base normative et a mis en place des instruments et
mécanismes de défense des droits de l’homme pour assurer leur primauté et
s’attaquer à leur violation quel que soit l’endroit où elles se produisent.

1) les instruments juridiques de promotion des droits de l’homme


    L’ONU a défini et consacré un ensemble de normes relatives aux droits de
l’homme, qu’elle a cherché à codifier dans des textes internationaux. À la base, il
y a l charte des nations unies qui montre sont attachement aux droits de l’homme,
ainsi qu’un grand bloc normatif qui constitue la charte internationale des droits de
l’homme qui est composées de plusieurs instruments qui envisagent les droits de
l’homme de manière globale. Ce sont la DUDH de 1948, les 2 pactes
internationaux de 1966. Cette DUDH est définie comme l’idéal commun à
atteindre par tous les peuples, composée de 30 articles sur les droits civils,
culturels, politiques, sociaux, économiques de base dont tous les peuples
devraient jouir naturellement. Cette déclaration a inspiré tous les autres textes
adoptés en matière de droits de l’homme. C’est sur cette base que l’Assemblée
Générale a adopté les 2 pactes qui correspondent aux 2 catégories de droits
énoncés dans la déclaration de 1948: le pacte international relatif aux droits
économiques sociaux et culturels, et celui sur les droits civils et politiques. Ces 2
pactes sont des traités internationaux, ce qui signifie qu’ils s’imposent aux Etats
partis. 2 protocoles s’y ajoutent, un qui permet aux particuliers de porter plainte
en 1966, le 2° adopté en 1989 plaide en faveur de l’abolition de la peine de mort.

    À côté de cette charte, l’ONU a adopté un grand nombre de conventions


internationales spéciales. Elles concernent alors certains droits ou certains
34
catégories de personnes. Par exemple la convention pour la prévention et la
répression du crime de génocide en 1948; la convention relative au statut des
réfugiés en 1951; la convention sur l’élimination sur toutes les formes de
discrimination raciale en 1966; la convention sur l’élimination de toute les formes
de discrimination à l’égard des femmes en 1979; la prévention contre la torture en
1984; la convention sur les droits de l’enfant en 1989; la convention internationale
de protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leur famille en
1990; la convention sur les droits des personnes handicapées en 2006.
  
 En plus de ces traités, l’ONU a adopté d’autres normes qui ne sont pas des traités.
Il s’agit de déclarations, de codes de conduites, de principes. Ils ont quand même
une grande influence sur les Etats qui les adoptent souvent par consensus. Par
exemple la déclaration de 1981 sur l’élimination de toutes les formes
d’intolérance ou de discrimination fondées sur la religion ou la conviction; une
déclaration sur le droit au développement en 1986; la déclaration de 1992 sur les
droits des personnes appartenant à de minorités nationales, ethniques, religieuses
ou linguistiques; la déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme en 1999.
Ces textes, ces actions de l’ONU, ont été renforcés par 2 conférences mondiales
sur les droits de l’homme; la 1° à Téhéran en 1968, la 2° à Vienne en 1993. Cette
dernière dit que les droits de l’homme ont un caractère universel et indivisible.
Aujourd’hui, il existe un véritable programme d’action des nations unies. L’ONU
a également créé des mécanismes pour protéger ces droits et aider les Etats à
remplir leurs obligations à cet égard.

2) les mécanismes de contrôle et de protection des droits de l’homme


    On peut voir 2 catégories: les conventionnels et les extra-conventionnels. Ils
ont été créé en vue de la bonne application des instruments et pour enquêter sur
les violations des droits de l’homme.
    Les mécanismes conventionnels ont été établis sur la base des conventions
spécialisées. Ils sont obligatoires pour les Etats qui ont consentis au traité
uniquement. Certaines ont institué des organes spécialisés, chargé de veiller au
respect des droits de l’homme par les Etats partis. Ils acceptent alors leur
législation, et que leur pratique soit examinées par ces organes composés
d’experts indépendants. Il en existe 7, appelés comités:
- le comité des droits de l’homme qui surveille l’application du pacte international
sur les droits civils et politiques
- le comité des droits économiques sociaux et culturels qui veille à l’application
du pacte sur les mêmes thèmes
- le comité pour l’élimination de la discrimination raciale qui veille à l’application
de la convention sur l’élimination du même thème
- le comité pour l’élimination des formes de discrimination à l’égard des femmes
35
- le comité contre la torture
- le comité des droits de l’enfant
- le comité des travailleurs migrants

D’une manière générale, chacun de ces organes est doté d’un système de contrôle
spécifique avec pour 4 d’entre eux la possibilité de recevoir des plaintes de
personnes qui prétendent que l’un de leur droit a été violé par l’Etat parti. Par
exemple le comité des droits de l’homme: les Etats partis sont tenus de leur
présenter des rapports périodiques sur la mise en œuvre des droits qui ont été
consacrés par la convention; le rôle du comité est d’examiner chaque rapport puis
de faire des recommandations aux Etats sous la forme d’observations finales. Le
comité peut aussi examiner les plaintes que certains Etats peuvent lui présenter
contre un autre Etat estimé violeur de ces droits consacrés en vertu de l’article 41
du pacte; il peut aussi examiner des communications déposées par des particuliers
qui se plaignent de violation du pacte par des Etats partis qui doivent être partis au
1° protocole facultatif relatif à ce pacte. Cette compétence du comité s’étend aussi
au 2° protocole sur la peine de mort. Il peut aussi formuler des observations
générales dans lesquelles il interprète le pacte.

    Il existe aussi de mécanismes extra-conventionnels. Ils ne sont pas fondés sur
des conventions spécifiques mais sur les pouvoirs généraux que la charte des
nations unies attribue à l’ONU dans le domaine des droits de l’homme. La
majorité des dispositions de la charte concerne surtout la répartition des
compétences entre ses organes principaux, notamment l’Assemblée Générale et le
conseil économique et social qui ont la responsabilité principale en matière des
droits de l’homme. En ce qui concerne l’AG, elle peut examiner et faire des
recommandations à propose de toutes questions relatives aux droits de l’homme.
En ce qui concerne l’ECOSOC, il peut adresser des recommandations à
l’Assemblée Générale au sujet de questions relatives aux droits de l’homme. Pour
aider l’AG, il a créé plusieurs commissions dont celle des droits de l’homme.
Cette commission a été créée en 1946, en pendant près de 60 ans, ça a été le
principal organe des nations unies dans le domaine des droits de l’homme. C’était
un organe intergouvernemental, donc politique, composée de 53 Etats. Elle a
mené des études, préparé des recommandations, élaboré des projets d’instruments
internationaux concernant les droits de l’homme; elle est ainsi à l’origine de la
DUDH de 1948. Mais elle a aussi enquêté sur les allégations de violation des
droits de l’homme, a adressé des recommandations aux Etats concernés suite aux
enquêtes. Cette commission tenait une session annuelle de mars à avril, mais
pouvait aussi se réunir en session extraordinaire. Elle a à son tour créé des
organes subsidiaires pour. Cette commission a subi de nombreuses critiques sur
son fonctionnement à cause de sa politisation, et par le fait que des pays peu

36
respectueux des droits de l’homme étaient représentés à cette commission. Elle a
alors été remplacée par le conseil des droits de l’homme qui siège également à
Genève; il a été créé par l’Assemblée Générale le 15 mars 2006, chargé de veiller
au respect des droits de l’homme. Sa composition et son fonctionnement ont été
remodelés pour répondre aux critiques.

    L’Assemblée Générale avait aussi créé le 20 décembre 1993, le poste de haut


commissaire aux droits de l’homme. Il a le rang de secrétaire général adjoint;
c’est désormais lui qui a la responsabilité principale des actions des nations unies
dans le domaine des droits de l’homme sous l’autorité du secrétaire général. Il a
pour fonctions essentielles de coordonner l’action des autres organes et des
programmes déjà en place, et il est aussi chef de l’office du haut commissariat des
nations unies aux droits de l’homme qui remplace le centre pour les droits de
l’homme. Il a donc un rôle plutôt administratif. Il supervise aussi un programme
de coopération technique dans le domaine des droits de l’homme. Son but est
d’aider les Etats à développer eux-mêmes au niveau national des mécanismes de
protection des droits de l’homme. Les tribunaux pénaux internationaux ont pour
but de juger des individus qui ont commis une violation grave aux droits
humanitaires.
    On peut dire que la protection et la promotion des doits de l’homme est aussi
un facteur de développement.

C/ la résolution des problèmes économiques et sociaux


    Après la 2° guerre mondiale, on s’est rendu compte que le processus de
décolonisation a mis en avant l’existence de pays sous développés. Il n’y a pas de
référence expresse à ces pays dans la charte mais l’ONU a joué un rôle crucial
dans le développement de ces pays. La charte dit simplement que pour réaliser la
coopération internationale, l’organisation doit aussi résoudre les problèmes
internationaux d’ordre économique, social, intellectuel, humanitaire. Ce devoir de
coopération se concrétise dans l’action de l’ONU en faveur de l’aide aux pays qui
en ont le plus besoin. Cette action s’appuie sur différentes institutions et sur une
stratégie qui évolue en fonction de la situation économique internationale du
moment.

1) les institutions chargées du développement au sein des nations unies


    Les 2 organes principaux chargés du développement sont l’Assemblée
Générale et l’ECOSOC, mais ils ont créé des organes subsidiaires pour les aider.

    L’Assemblée Générale a la responsabilité essentielle de la coopération dans les


domaines économiques et sociale. Elle établie les principes directeurs des
orientations politiques à suivre. La majorité de ses membres sont d’ailleurs des
37
pays en voie de développement, d’où l’intérêt de l’Assemblée Générale pour ces
questions. Les 2/3 de programmes d’aide sont financés par 6 ou 7 pays
industrialisés, la voie de ces pays est donc nécessaire pour que les programmes
soient mis en œuvre.
L’ECOSOC a pour mission de concrétiser cette politique, de mettre en œuvre ces
principe définis par l’AG. Il agit toujours sous l’autorité de l’AG.
Pour exercer leurs fonctions, ces 2 organes peuvent créer des organes subsidiaires.
L’ECOSOC doit agir de manière coordonnée avec les institutions spécialisées qui
travaillent avec l’ONU et ayant des compétences dans ce domaine, par exemple
l’Organisation Internationale du Travail, l’OMS.  Il a créé un comité de
coordination pour s’organiser dans ce travail.

    Parmi les organismes le plus importants, le PNUD ou programme des nations


unies pour le développement. Il y a aussi la CNUSED ou conférence des nations
unies sur le commerce et le développement, l’ONUDI ou organisation des nations
unies pour le développement industriel qui est devenue une institution spécialisée
depuis janvier 1986. Ce PNUD a été créé en 1965 par l’AG, il a pour rôle d’aider
les pays en développement en leur fournissant des conseils mais aussi de plaider
leur cause pour obtenir des dons auprès des Etats.

La CNUSED a été créée par l’Assemblée Générale en 1964; elle s’appuie sur une
revendication majeure des pays du sud qui est le rééquilibrage des échanges qui
suppose l’accès des pays du sud aux marchés des pays du nord. Elle a été plus ou
moins obligée de rejoindre la position libéraliste de l’OMC.
L’UNISEF est le principal organisme des nations unies qui s’occupe de la survie
et de la protection des enfants, ainsi que de leur développement.
Le programme alimentaire mondial s’occupe de fournir une aide alimentaire.
Le programme des nations unies pour l’environnement ou PNUE, coordonne
l’action des nations unies dans le domaine de l’environnement mais encourage
aussi le développement durable.
Ces différents organes, programmes, organismes, inscrivent leur action dans le
cadre de la stratégie des nations unies pour le développement.

2) la stratégie des nations unies pour le développement


    On peut affirmer que jusqu’aux années 1960, on ne peut pas dire que
l’Assemblée Générale ait eu une stratégie claire concernant le développement.
Les choses ont changé après la conférence de Bandung en 1955. Les pays du
tiers-monde ont pu constituer un groupe de pression au sein de l’Assemblée
Générale qui fait que sa politique en matière de développement est devenue plus
cohérente. En 1969, l’Assemblée Générale a adopté une résolution, la 1° d’une
longue série, portant un plan d’action, une stratégie à moyen terme en matière de
38
développement. Ces stratégies ont évoluées en fonction de la situation
économique du moment. Il y a ainsi 4 décennies des nations unies pour le
développement. À chaque fois, il y a eu une planification globale en matière
économique au niveau international.  Des objectifs de croissance économiques
étaient fixés, des politiques à entreprendre… Les principaux domaines étaient la
science et la technique, l’industrialisation, le commerce international, produits de
base. À chaque nouvelle décennie, on essaye de tenir compte des insuffisances,
des progrès échecs de la précédente.
Suite à l’appel lancé par le président algérien lors de l’Assemblée Générale
extraordinaire de 1974 qui visait à instaurer un nouvel ordre économique
international, les nations unies ont pris des mesures visant à l’instaurer. Par
exemple la déclaration pour l’instauration d’un nouvel ordre économique
international, et un programme d’action pour la mettre en œuvre. Ce nouvel ordre
consiste à la mise en avant d’une nouvelle conception de la coopération.
L’objectif essentiel est de supprimer le déséquilibre existant entre les pays
développé et ceux en voie de développement. Pour cela, l’accent n’est plus mis
sur les rapports nord-sud en tant que moteur de développement, mais sur les
relations entre les pays du sud comme moyen de réduire la dépendance vis à vis
des pays du nord. En 1974, malgré l’opposition des pays occidentaux,
l’Assemblée Générale a adopté la charte des droits et devoirs économiques des
Etats. Elle est largement favorable aux pays du sud, du tiers-monde et complète la
déclaration. Néanmoins, pour aboutir à ce nouvel ordre international, on devait
avoir des négociations globales qui se sont enlisées à cause de l’opposition des
pays occidentaux et du non alignement des pays du tiers monde.
    On peut aussi évoquer les grandes conférences mondiales qui ont été
convoquées dans les années 1990. Elles ont donné une nouvelle orientation en
matière de développement dans le cadre des nations unies. En 1992 par exemple,
le PNUE a organisé la conférence des nations unies sur l’environnement et le
développement qui s’est tenue à Rio de Janeiro. Il y a un consensus autour de
l’idée que ces 2 thèmes sont inséparables et interdépendants. L’idée de
développement durable est ainsi avancée et montre qu’une harmonie est
nécessaire entre le processus de développement et l’environnement. Pour
concrétiser ce consensus, la conférence de Rio a adopté un programme détaillé,
l’agenda 21, qui établit les domaines et lignes d’action nécessaires au
développement durable. Une commission du développement durable a été créée.
Le développement durable répond au besoin présent sans compromettre la
capacité des générations futures de satisfaire leurs propres besoins. Une
conférence organisée à Paris en 2007 a appelé à transformer le PUE en une
véritable Organisation(s) Internationale(s) pour l’environnement.
    Lors du sommet du millénaire en septembre 2000, les dirigeants ont adopté la
déclaration du millénaire dans laquelle les nations unies définissent 8 objectifs
39
que les Etats-membres doivent atteindre d’ici 2015. Ce sont réduire l’extrême
pauvreté et la faim, assurer l’éducation primaire pour tous, promouvoir l’égalité et
l’autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé
maternelle, combattre le VIH ou sida et le paludisme, assurer un environnement
durable, mettre en place un partenariat mondial pour le développement. C’est ce
que l’on appelle les objectifs du millénaire pour le développement qui visent à
améliorer les conditions de vie. Pour le moment, les résultats sont encore mitigés.
Kofi Hannan a dit que les pays en développement doivent respecter  leur
engagement d’adopter des stratégies internationales à cette fin et les appliquer en
toute transparence. Il ajoute que les pays riches doivent tenir de fournir les
ressources nécessaires pour que ces stratégies puissent produire leurs effets.
L’actuel secrétaire général considère que l’ECOSOC devrait devenir l’organe
intergouvernemental par excellence.
    Les institutions spécialisées couvrent tous les domaines de l’activité
économique et sociale dans leur mandat. Elles doivent alors agir en coopération
avec l’ONU.

Chapitre 2 - les institutions spécialisées des nations unies

    Le système des nations unies ne se limite pas à l’ONU, même si elle en est le
centre. Au sein de ce système, on trouve d’autres Organisation(s) Internationale(s)
autonomes vis à vis de l’ONU mais reliées à celle-ci par des accords spéciaux.

 Section 1 - la notion d’institution spécialisée

    On peut se reporter à l’article 57 de la charte des nations unies. On peut tirer de
cette disposition que ces institutions sont créées par accords entre Etats, elles sont
dotées d’attributions étendues dans certains domaines, elles sont reliées à l’ONU
par un accord. Ces 3 conditions sont indispensables.
    
§1 -  des organisations intergouvernementales
    Les institutions spécialisées sont de véritables Organisation(s) Internationale(s)
autonomes. Leur structure et fonctionnement répondent au schéma classique.

A/ la structure et le fonctionnement
    Ça varie selon les institutions spécialisées mais on retrouve le schéma tripartite
avec une AG regroupant tous les Etats-membres se réunissant à intervalle espacé,
par exemple tous les 2 ans à l’UNESCO. Le rôle de cette AG cesse déterminer la
politique générale de cette OI, elle vote le budget… On trouve aussi un organe
restreint exécutif qui est en principe élu par l’AG. L’intervalle de réunion est plus

40
fréquent que l’Assemblée Générale mais reste variable selon l’Organisation
Internationale. Son rôle est de proposer et de mettre en œuvre les décisions de
l’AG, il exerce un contrôle sur le secrétariat. Ce dernier est le 3° organe commun
à toutes les institutions spécialisées. Il se compose de fonctionnaires
internationaux, dirigé par un secrétaire ou directeur général. C’est un organe
permanent dont le rôle est important pour coordonner les administrations des
Etats-membres. Il a également un rôle politique.
  
 Chacun des organes de l’Organisation Internationale du Travail, institutions
spécialisées des nations unies, est composé de manière tripartite. Chaque
délégation a un représentant de l’Etat, des employeurs et des travailleurs à
l’organe plénier. Cette composition se retrouve dans tous le organes de
l’Organisation Internationale. Ces délégués sont désignés par le gouvernement en
accord avec les institutions syndicales.
    Chaque organe va disposer d’une compétence correspondant à sa nature.
L’ensemble du personnel est géré par la plus haute autorité administratif, et
bénéficie du statut des fonctionnaires internationaux. Le vote majoritaire
prédomine souvent au sein de ces institutions spécialisées.
Une particularité subsiste pour les institutions spécialisées à caractère financier ou
monétaire, par exemple le FMI. On y applique un mécanisme de pondération des
voix en fonction de la participation de l’Etat.

B/ la personnalité juridique
    Les institutions spécialisées sont des Organisation(s) Internationale(s)
autonomes. Elles sont fondées sur un acte constitutif qui leur est propre, parfois
antérieur à la charte des nations unies. L’Organisation Internationale du Travail
par exemple existait déjà sous la SDN. Le siège est distinct de celui de l’ONU, le
budget leur est propre.
Surtout, c’est institutions spécialisées sont dotées de la personnalité juridique
internationale, peuvent donc accomplir tous les actes de droit international, soit
conclure des traités entretenir des relations diplomatiques, présenter une
réclamation internationale devant les tribunaux internationaux et peuvent voir leur
responsabilité engagée.

§2 - Des organisations dotées d’attributions internationales étendues


    Dans les domaines économique, social, la culture intellectuelle et de
l’éducation, la santé publique, les autres domaines connexes, les institutions
spécialisées peuvent intervenir; elles ont une activité sectorielle. Ces institutions
spécialisées ont une vocation universelle car sont ouverte au plus grand nombre
d’Etat mais aussi parce qu’elle correspondent à des domaines très diversifiés.
Leur but est de prendre le relais de l’ONU dans différents domaines autres que le
41
maintien de la paix et de la sécurité internationale. Il y a une complémentarité
entre les 2. Les institutions spécialisées peuvent aussi s’orienter vers de nouveaux
domaines pouvant apparaître, même si ils ne sont pas prévus par la charte.
    La raison pratique de ces institutions spécialisées est que l’ONU ne peut pas
s’occuper de tous ces domaines. On a donc privilégié la division. Mais il y a aussi
une raison politique qui est que à la suite de l’échec de la SDN, l’ONU pouvait
aussi en connaître un, tous ses domaines d’action suivraient alors. En créant des
organisations distinctes de l’ONU, ces domaines pourraient subsister même en cas
d’échec de l’ONU.

§3 -  des organisations reliées à l’ONU par un accord


    
On peut noter que la création d’institutions spécialisées témoigne de son
rattachement à l’ONU parce que c’est généralement à l’initiative de l’Assemblée
Générale ou de l’ECOSOC qu’est créée une institution spécialisée.
Mais surtout, les institutions spécialisées sont reliées à l’ONU conformément à
l’article 63. Celui-ci dispose que les institutions spécialisées sont reliées à l’ONU
par des accords spéciaux qui sont passés avec l’ECOSOC. Cet accord est soumis à
l’approbation de l’AG. C’est pour cela qu’on dit que les institutions spécialisées
font partie du système des nations unies même si ce ne sont pas des organes de
l’ONU mais bien des Organisation(s) Internationale(s) autonomes.

L’article 63 dispose que ces accords fixent les conditions dans lesquelles ces
institutions seront reliée à l’ONU; c’est spécifique pour chaque institution.
L’ECOSOC peut coordonner l’activité des institutions spécialisée, leur adresser
des recommandations, n adresser aussi à l’Assemblée Générale de l’ONU et à ses
membres. La coordination est nécessaire étant donné la variété des compétences
des institutions spécialisées.

Section 2 - la diversité des institutions spécialisées


    Ces institutions spécialisées se sont beaucoup développées quantitativement et
qualitativement. On peut les regrouper par secteurs, même si cette classification
n’est pas unique.

§1 -  des institutions spécialisées dans le domaine social, humanitaire et


culturel
    L’Organisation Internationale du Travail a été créé avant l’ONU, en 1919. Sa
constitution formait la partie 13 du traité de Versailles. Elle a été rattachée à
l’ONU par un accord entré en vigueur en 1946, qui en a fait la 1° institution
spécialisée de l’ONU. L’Organisation Internationale du Travail a pour mission de
promouvoir le droit des travailleurs, améliorer leurs conditions de travail et lutter

42
contre le chômage. Elle fixe des normes que de nombreux pays vont adopter. On a
aujourd’hui plus de 180 conventions adoptées par l’Organisation Internationale du
Travail. Elle exerce aussi un contrôle de ces normes. Il y a même une procédure
de plainte qui existe devant le BIT, secrétariat permanent de l’Organisation
Internationale du Travail.
  
 L’OMS a été adoptée en1946, mais entre en vigueur en 1948. Elle est devenue
une institution spécialisée après l’accord spécial du 10 juillet 1948. Son objectif
est d’amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible. L’OMS
coordonne pour cela les programmes pour la réduction des épidémies, les
maladies contagieuses et tenter de les éradiquer. Elle adopte aussi des règlements
sanitaires internationaux.
    
L’UNESCO ou organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la
culture, a été créée en 1945 et est devenue une institution spécialisée en 1946. Elle
doit contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant la
collaboration et donc les liens entre les nations et encourage pour cela l’éducation
pour tous, le développement culturel, la protection du patrimoine naturel et
culturel mondial. Elle agit aussi en matière de coopération scientifique
internationale, et la liberté de la presse et de la communication.
  
 L’OMPI ou organisation mondiale de la propriété intellectuelle a été créée par la
convention de Stockholm de juillet 1967 entrée en vigueur en 1970. Elle
regroupait au départ d’anciens bureaux internationaux qui protégeaient la
propriété intellectuelle. Elle est devenue une institution spécialisée le 17
décembre 1974. Depuis le 1° janvier 1996, l’OMPI est aussi liée à l’OMC. Son
objectif est d’encourager protection de la propriété intellectuelle au niveau
international et de faciliter la coopération en matière de droits d’auteurs et de
marques déposées.
  
 L’OMT ou organisation mondial du travail a pour caractéristique d’être issue
d’une ancienne ONG fondée en 1934. Elle a été transformée en Organisation(s)
Internationale(s) en 1970, et est devenue une institution spécialisée en décembre
2003. Elle encourage le développement d’un tourisme durable, notamment par la
contribution au développement économique, à l’entente internationale, à la paix,
au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle a un intérêt
particulier pour les pays en voie de développement.

§2 - des institutions spécialisées dans le domaine des communications et de la


coopération technique
    L’UPU ou union postale universelle date de 1874. C’est devenue une institution
43
spécialisée en 1948. Son rôle est de fixer les règles internationales pour les
services postaux et essaye de coordonner les administrations postales des pays
membres en facilitant le passage du courrier sur leur territoire et offre une
assistance technique.

    L’UIT ou union internationale des télécommunication a été créée en 1932 mais


est venue fusionner 2 Organisation(s) Internationale(s) existantes: l’union
télégraphique internationale et l’union radiotélégraphique internationale. L’UIT
est devenue une institution spécialisée en 1947. Sa constitution a été modifiée en
1994. Son but est de favoriser la coopération internationale en vue d’améliorer la
communication de tous les Etats; par exemple par la coordination des fréquences
radio et télé. Elle agit aussi en encourageant l’adoption de mesures de sécurité et
organise des travaux de recherche.

    L’OACI ou organisation de l’aviation civile internationale a été créée en


succédant à une ancienne OI. Elle est devenue une institution spécialisée en 1947.
Son but est de fixer les normes internationales en matière de sécurité et
d’efficacité des transports aériens. Elle coordonne aussi la coopération
internationale dans le domaine de l’aviation civile.
    L’OMM ou organisation météorologique mondiale a été créée en 1947, entrée
en vigueur en 1950. Elle est venue remplacée une ONG. C’est devenue une
institution spécialisée en 1951. Son rôle est de promouvoir la recherche
scientifique dans le domaine de l’atmosphère terrestre et dans celui des
changements climatiques. Elle facilite les échanges de données météorologiques
au niveau international.
    L’OMI ou organisation maritime internationale est appelée ainsi depuis1982.
Son but est d’améliorer les procédures internationales en matière de transport
maritime et dans les normes de sécurité en mer. Elle cherche aussi à réduire la
pollution.

§3 -  des institutions spécialisées dans le domaine économique et financier


    Le groupe de la banque mondial regroupe plusieurs organisations apparentées
les unes aux autres. Il offre un appui financier et technique aux pays en
développement, afin de réduire la pauvreté et promouvoir la croissance
économique durable. Ce groupe est composé de plusieurs institutions, mais son
centre reste la BIRD ou banque internationale pour la reconstruction et le
financement. Elle a été créée par les accords de Bretton Woods de 1944. Son rôle
était de développer les investissements dans les zones dévastées par la guerre et
dans les régions sous développées. Ses ressources proviennent d’un capital
souscrit par les Etats-membres, mais il y aussi des capitaux privés. Cette banque
s’est adjoint à l’AID ou association internationale du développement, filiale de la

44
BIRD créée en 1960 ayant pour rôle d’accorder des crédit sans intérêt aux Etats
les plus défavorisés.  De même la société financière internationale a été créée en
1965, rattachée à la BIRD, elle encourage les capitaux privés prêtés à des
entreprises privées dans des régions sous développées.

    Le FMI ou fond monétaire international a été créé de même en 1944 pour
faciliter la coopération monétaire et la stabilité financière internationale. C’est
aussi un cadre permanent de consultation et d’assistance dans le domaine
financier. On ne peut pas être membre de la BIRD sans avoir été membre du FMI.

    La FAO ou organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture


est devenue une institution spécialisée en 1946. Elle a pour but de favoriser la
sécurité alimentaire, le niveau de vie générale des populations rurale, la
production agricole. Elle met en oeuvre une coopération internationale pour
éradiquer la faim dans le monde.
    Le FIDA ou fond international de développement agricole a été créé en 1976. Il
rassemble des fonds pour accroître la production agricole, améliore la nutrition
des pauvres. Il finance les projets mais ne réalise pas.
    L’ONUDI ou organisation des nations nies pour le développement industriel a
été créée en 1966. Elle est à la base créée par l’Assemblée Générale donc était un
organe subsidiaire de l’ONU. C’est ensuite qu’elle est devenue une  par une
convention de 1979 à Vienne. Il promeut le progrès industriel dans les pays en
développement et organise des activités de formation

45
Chapitre 3

Organisations internationales : l’Union Européenne

I - Introdution : L’Union européenne (historique)

La construction de l’Union européenne (UE) que l’on connaît aujourd’hui a réellement


démarré après la Seconde Guerre mondiale. L’Europe était alors en ruines et il fallait tout
reconstruire. Mais avant tout, il fallait trouver une solution au problème d’inimitié
chronique existant entre la France et l’Allemagne. Il fallait trouver une solution pour que
les deux pays s’entendent à nouveau pour ainsi arriver à une paix durable en Europe.
Restait à imaginer un système de relations entre Etats qui le permette…

L’idée viendra du Français Jean Monnet, un européen convaincu. Selon lui, la seule
solution est l’unité de l’Europe. Il propose un processus « à petits pas », basé sur une
collaboration franco-allemande. Concrètement, Jean Monnet va proposer aux deux pays
de coopérer pour, ensemble, produire et commercialiser leur charbon et leur acier. Ces
deux produits étaient alors particulièrement importants pour la reconstruction de
l’Europe. Le charbon permettait de produire de l’énergie et l’acier constituait un produit
d’une grande importance sentimentale, car il permettait notamment – mais pas seulement
- de fabriquer des armes.


I - Les principes fondateurs de l’ Union Européenne

L'idée de Jean Monnet sera reprise par le ministre des Affaires étrangères français, Robert
Schuman, qui deviendra ainsi le porteur du projet. Au nom du Gouvernement français, ce
dernier proposera, le 9 mai 1950, l’idée d’une mise en commun des ressources en
charbon et en acier de la France et de l’Allemagne au sein d’une organisation ouverte aux
autres pays d’Europe. (Cette déclaration ayant marquée en quelques sorte le début de la
construction européenne, la Journée de l’Europe, le 9 mai, est célébrée tous les ans dans

46
tous les pays membres de l’Union européenne).

En 1951, six Etats européens (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-
Bas) signeront ainsi le premier traité européen – le traité de Paris – créant la
Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (la CECA). La construction
européenne est lancée…

Quelques années plus tard, en 1957, les 6 mêmes Etats décident de se lancer également
dans une collaboration économique et commerciale (en d’autres termes une coopération
dans des domaines se rapportant à l’argent et au commerce) en signant les traités de
Rome (le 25 mars 1957). Principale création : la Communauté économique européenne
(la CEE).

Objectif : la CEE doit établir progressivement un marché commun (un grand territoire
européen) sur lequel pourront circuler sans difficulté (librement) des hommes et des
produits, comme dans leur propre pays.

L'Union européenne, c'est la liberté de circuler pour les personnes et les


marchandises/produits.

Les Européens ont souhaité aller encore plus loin dans leur collaboration, en signant en
1992 le traité de Maastricht qui prévoit la création d'une monnaie unique: l'euro. En effet,
avec la fin des contrôles aux frontières, il était devenu plus facile de se déplacer d’un
pays à l’autre. Néanmoins, il subsistait encore l’inconvénient d’avoir chacun des
monnaies différentes (le franc français, le deutsche Mark, la lire italienne etc.). Cela
posait des difficultés pour se déplacer et surtout pour faire des achats dans un autres pays
de l’Union (cela coûtait cher de changer la monnaie, il était difficile de comparer les prix
et de se rendre compte de la valeur des choses). C’est pour ces raisons que 17 pays ont
accepté de partager la même monnaie, l’euro, et que d’autres encore vont suivre.

Il existe désormais une monnaie unique dans l’Union européenne : l’euro. Au 1er janvier
2002, 12 pays de l’UE (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France,
Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal) adoptent une monnaie unique :
l’euro. Le Danemark, la Suède, le Royaume-Uni n’ont pas encore adopté cette monnaie
unique. Suite aux élargissements de 2004 et 2007, 5 autres pays ont depuis adopté la
monnaie unique : la Slovénie est devenue le 13ème pays membre de la zone euro en
2007, suivi par Chypre et Malte en 2008, puis la Slovaquie en 2009 et l'Estonie en 2011.
En 2015, dix neuf des vingt-huit Etats membres de l'Union européenne (UE) ont adopté
l'euro. Les derniers pays qui ont rejoint la « zone euro » sont la Lettonie qui a adopté la
monnaie unique le 1er janvier 2014 et la Lituanie le 1er janvier 2015.

47
Une fois que les autres pays (entrés dans l’Union européenne à partir de 2004)
respecteront les règles nécessaires pour avoir l'euro, ils vont également changer leur
monnaie.
Avoir la même monnaie d’un pays à l’autre, cela signifie que l’on peut aller dans ces
pays et payer avec les mêmes billets et pièces qu’en France. De plus, l’euro présente de
nombreux avantages : on n'a plus besoin de changer l’argent (on supprime le coût de
change) et on peut mieux comparer les prix d’un pays à l’autre. Les pièces comportent
une face européenne commune et une face nationale distincte. Les billets sont identiques
dans l'ensemble de la zone euro et comportent tous une fenêtre, une porte et un pont en
signe d’ouverture et de communication entre les pays européens.

Le traité de Nice a été ensuite signé en 2001 pour permettre à l'Union européenne de
fonctionner avec 25 membres et même plus. Plus d’une dizaine de pays (Pologne,
Hongrie, République tchèque, les pays baltes etc.) manifestaient depuis longtemps leur
volonté d’adhérer à l’Union européenne qui a du adapter des « règles de jeu » car on ne
fonctionne pas de la même façon à 6 qu’à 25.

Dix nouveaux Etats adhèrent finalement à l’Union européenne le 1er mai 2004 (Estonie,
Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Slovénie, Chypre
et Malte). C’est l’Union européenne des 25. Deux nouveaux Etats font partie de l’Union
européenne depuis le 1er janvier 2007 : la Bulgarie et la Roumanie. C’est l’Union
européenne des 27.

Un nouveau traité, le traité de Lisbonne a été signé en 2007 et est appliqué depuis le 1er
décembre 2009. Il concerne essentiellement des questions institutionnelles pour permettre
à l'Union européenne de fonctionner plus efficacement à 27 Etats membres et plus, avec
par exemple, la création d'un poste de Président du Conseil européen. Ce traité permet
aussi aux Etats de travailler ensemble pour affronter des problèmes très actuels comme la
question du changement climatique.

Le 1er juillet 2013, la Croatie a intégré l'Union européenne devenant ainsi le vingt-
huitième pays à prendre part à ce projet de construction européenne.

En 2016 la population du royaume uni a voté par referendum pour une sortie de
l’Union européenne (Cas prévue par le droit de l’union européenne)

II – Le partage des compétences au sein de l’union européenne entre les Etats


membres et l’union

Le traité de Lisbonne clarifie le partage des pouvoirs entre l’Union européenne et les
Étatsmembres. Il apporte une réponse à la question « Qui fait quoi ? » dans l’Union
48
européenne, ce qui est un élément déterminant de la démocratisation de l’Europe, dans
la mesure où cela renforce la responsabilité des différents niveaux de pouvoir.

1) QUELS PRINCIPES DE PARTAGE DES COMPÉTENCES ?


Le partage des compétences entre l’Union européenne et les États membres est établi
ainsi :

􀂃 L’Union dispose des compétences que les États lui attribuent dans le Traité de
Lisbonne ;

􀂃 Toutes les autres compétences continuent d’appartenir aux États.


Ce « principe d’attribution » garantit que l’Union ne puisse étendre ses compétences
aux dépens de celles des États sans leur accord. Il est à noter que le traité de Lisbonne
prévoit la possibilité de restituer des compétences aux États membres.

2) QUEL TYPE DE COMPÉTENCE ?


Le traité de Lisbonne distingue trois grandes catégories de compétences :
􀂃 Les compétences exclusives de l’Union dans les domaines où celle-ci légifère seule :
− Union douanière ;

− Établissement des règles de concurrence nécessaires au fonctionnement du


marché intérieur ;

− Politique monétaire pour les États membres dont la monnaie est l’euro ;
− Conservation des ressources biologiques de la mer dans le cadre de la politique
commune de la pêche ;
− Politique commerciale commune ;
− Conclusion d’un accord international lorsque cette conclusion est prévue dans un
acte
législatif de l’Union, ou est nécessaire pour lui permettre d’exercer sa compétence
interne, ou dans la mesure où elle est susceptible d’affecter des règles communes ou
d’en altérer la portée.

􀂃 Les compétences partagées entre l’Union et les États membres, les États exerçant
leur compétence dans la mesure où l’Union n’a pas exercé la sienne :

− Marché intérieur ;
− Politique sociale, pour les aspects définis dans le présent traité ;
− Cohésion économique, sociale et territoriale ;
− Agriculture et la pêche, à l’exclusion de la conservation des ressources biologiques de
la mer
49
;
− Environnement ;
− Protection des consommateurs ;
− Transports ;
− Réseaux transeuropéens ;
− Énergie ;
− Espace de liberté, de sécurité et de justice ;
− Enjeux communs de sécurité en matière de santé publique, pour les aspects définis
dans le traité de Lisbonne ;
− Recherche, développement technologique, espace ;
− Coopération au développement et aide humanitaire.

􀂃 Enfin, les domaines où les États membres demeurent totalement compétents mais
où l’Union peut mener des actions d’appui ou de coordination (excluant toute
harmonisation) du point de vue de l’aspect européen de ces domaines :
− Protection et amélioration de la santé humaine ;
− Industrie ;
− Culture ;
− Tourisme ;
− Éducation, formation professionnelle, jeunesse et sport ;
− Protection civile ;
− Coopération administrative.

Notons que les États coordonnent leurs politiques économiques et celles de l’emploi au
sein de l’Union et que la politique étrangère et de sécurité commune bénéficie d’un
régime spécifique.

3) QUELLES NOUVELLES COMPÉTENCES POUR L'UNION ?


LES APPORTS DU TRAITÉ DE LISBONNE

􀂃 Le traité de Lisbonne n’octroie pas de nouvelle compétence exclusive à l’Union.


􀂃 Le traité de Lisbonne donne un certain nombre de nouvelles compétences qui
entrent
dans les catégories des :
- « compétences partagées » (comme l'espace et l'énergie)
- « actions d’appui, de coordination ou de complément » (comme la protection
civile, la propriété intellectuelle, le tourisme, la coopération administrative et le sport)

C’est la procédure législative ordinaire (codécision avec le Parlement et majorité


qualifiée au Conseil des ministres) qui s’appliquera à ces domaines.

50
􀂃 Par ailleurs, le traité de Lisbonne renforce le rôle de l’Union dans certains domaines,
notamment dans celui de « la liberté, la sécurité et la justice » (voir Fiche 6 – Le traité
de Lisbonne et l’espace de liberté, de sécurité et de justice) et aussi en matière d’action
extérieure et de défense (voir Fiche 10 – Le traité de Lisbonne et l’action extérieure de
l’Union).

Ainsi, le traité de Lisbonne ouvre les perspectives d’une véritable politique de l’énergie
européenne en permettant à l'Union :

− de légiférer afin d’harmoniser le fonctionnement du marché de l'énergie ;

− de renforcer la sécurité de l'approvisionnement énergétique des États membres de


l’Union ;

− de promouvoir les économies d'énergie et le développement des énergies nouvelles


et renouvelables
.
4) QUEL RÔLE POUR LES PARLEMENTS NATIONAUX ?
Le traité de Lisbonne :

􀂃 affirme le rôle des parlements nationaux dans le contrôle du respect du partage des
compétences entre l’Union et les États membres grâce à l’introduction d'un « mécanisme
d'alerte précoce ».

Ce mécanisme permet à chaque parlement national d’indiquer les risques de


violation du principe de subsidiarité par les institutions européennes.
Au-delà d'un tiers (un quart dans le domaine « Justice et affaires intérieures ») d'avis
négatifs de la part des parlements nationaux, la Commission doit revoir sa
proposition.

􀂃 prévoit la possibilité pour chaque chambre de chaque parlement national de transmettre


à la Cour de justice des recours pour violation du principe de subsidiarité.

III – Les institutions européennes

Il est possible de distinguer 2 catégories d’institutions en fonction du rôle qu’elles


remplissent au sein de l’UE. Il y a d’un côté les institutions à vocation politiques
(Commission Européenne, Conseil Européen, Conseil des Ministres, Parlement
Européen) et les institutions spécialisées dans le contrôle des actes de l’UE.
 
Section 1 : La Commission Européenne
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Elle est chargée en vertu de l’article 17 du TUE de «  promouvoir l’intérêt général de
l’UE et prendre les initiatives appropriée à cette fin ».
 
Elle constitue une sorte de « collège politique ». Elle demeure une entité originale comme
le montre son statut et les fonctions qui lui sont attribuées.
 
I)     Le statut de la Commission

Elle repose sur des règles en matière de nominations des membres de la Commission, de
composition de l’organe collégial, de cessation des fonctions des membres de la
Commission, et de fonctionnement de l’organe.
 
A)   La nomination des membres
Les membres de la Commission sont désignés pour 5 ans aussitôt après l’élection du
parlement Européen. Il faut distinguer la nomination du président de la commission de
celle des commissaires.

1)    La nomination du président de la Commission

La désignation du président intervient immédiatement après l’élection des parlementaires.


Le candidat doit d’abord réunir la majorité qualifiée des votes du Conseil Européen. On
voit mal cependant comment un candidat pourrait être retenu si les Etats les plus
importants de l’UE ne faisaient pas partie de cette majorité qualifiée. Cela pouvant
entrainer des blocages.

 Le Conseil Européen recherche d’avantage à obtenir un consensus autour d’une


personnalité.
Le vote du Conseil Européen est insuffisant, le candidat retenu doit par la suite être élu
par le parlement Européen.
 Depuis le Traité de Lisbonne, le vote se fait à la majorité des membres. Ce qui est
différent de la majorité des suffrages exprimé que prévoyait le Traité de Nice.
 En ce sens, l’élection du président de la Commission est rendue plus exigeante mais il
dispose d’une plus grande légitimité. Par ailleurs, une élection à la majorité des membres
composant le parlement assure le président de bénéficier d’une majorité effective pouvant
le soutenir durant son mandat.
 
Si le candidat n’a pas la majorité requise par le parlement, le Conseil Européen a un mois
pour proposer un nouveau candidat et la procédure de désignation reste la même.

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 Le parlement n’est jamais en position de choisir entre plusieurs candidats. Son
intervention est décisive mais il n’a pour rôle que d’approuver ou de désapprouver le
choix effectué par le conseil Européen.
 Cette approbation par le parlement permet au président de bénéficier d’une forme de
légitimité populaire qui s’ajoute à la confiance que place en lui les chefs de
gouvernement.

 2)    La nomination des autres membres de la Commission


Elle se déroule en plusieurs phases.

- Une liste est dressée par un accord des Etats membres et avec le concours du président
de la Commission

 
- Le parlement est appelé à se prononcer sur cette liste par un vote à la majorité simple ,
intervenant à la suite d’une audition des candidats.

 
- Une fois validée par le parlement, la liste fais l’objet d’un vote à la majorité qualifiée
par la Conseil Européen. Ce 2nd vote prive symboliquement le parlement du dernier mot,
ce qui contribue à l’indépendance de la commission vis-à-vis de celui-ci.

 
- Une fois nommé définitivement, les commissaires prêtent serment devant la CJUE.
 
B)   La composition

Elle peut être envisagée de 2 manières :

- Le 1er favorise les Etats qui peuvent compter sur au moins 1 de leurs ressortissants au
sein de la Commission.

- Le 2ème consiste à détacher le nombre d’Etats membres du nombre de commissaires,


impliquant la réduction du nombre des commissaires. Avec l’élargissement de l’UE, cela
signifie que des Etats ne sont pas représentés au sein de la Commission.

Auparavant, lorsque l’UE n’avait pas été élargie, la Commission été composée de 20
commissaires nationaux avec au minimum un membre d’un Etat et au maximum 2
réservé aux Etats les plus importants.

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 L’élargissement de l’UE a obligée à repenser la composition de la Commission. Le traité
de Lisbonne pose que la Commission actuelle (Barroso II) comprend un nombre de
commissaire équivalent au nombre d’Etats membres.

 A partir du 1er novembre 2014, la Commission ne sera composée que d’un nombre égal
au 2/3 des Etats membres. Il est prévu une rotation égalitaire et programmée censée
permettre une égale représentation sur plusieurs Commissions successive sur l’ensemble
des Etats membres.

 Ainsi, la Commission ne représente pas l’intégralité des Etats membres mais les
Commission prises dans leur ensemble sont censées parvenir à ce résultat.

En plus de ce mécanisme, il est prévu que la composition de la Commission tienne


compte d’une représentation géographique équitable.

 Cependant, il est peu probable que la composition de la commission soit égale à 2/3 des
Etats-membres. Le référendum négatif irlandais sur le traité de Lisbonne a obligé à
corriger le mécanisme de composition de la Commission.

. L’une des causes de cet échec était le peur de l’Irlande de ne plus pouvoir peser au sein
des institutions de l’UE. L’Irlande conditionnait donc un 2nd référendum avec un
commissaire par Etat membre.

Le Conseil Européen s’est donc engagé a usé de son pouvoir en vertu de l’article 17 du
TUE afin de modifier à l’unanimité le nombre de Commissaires.
 
C)   La Cessation
La cessation des fonctions de commissaire peut être collective ou individuelle
1)    La cessation collective
Lorsque le parlement engage la responsabilité politique du collège par motion de censure
et lorsque cette motion est acceptée (article 17 TUE).
Les membres de la Commission sont alors révoqués, c’est à dire contraints à la
démission.

 Elle intervient en cas de démission volontaire des membres de la Commission. (Ex en


1999). Dans les 2 cas, les Commissaires restent en fonctions au cas où ils soient pourvus
à leurs remplacements.
 
Lorsque la démission est provoquée par une motion de censure, la Commission doit se
limiter à expédier les affaires courantes le temps de la transition. Si cette règle ne

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s’applique pas en cas de démission volontaire, elle pu être observée en pratique par la
Commission « santer » après que celle-ci est annoncée sa démission.
 La nouvelle commission est nommée jusqu’au terme du mandat en cas, permettant de
faire coïncider le mandat du parlement et celui de la Commission.
 
D)   Les règles de fonctionnement
La Commission est un organe qui prend des décisions d’ordre politique et qui participe à
l’exécution des politiques décidées par l’UE
 
Elle dispose d’une administration particulière et représente un organe à la fois politique et
administratif.
 
1)    Un organe politique
 
a)    Une entité indépendante
La Commission est censée avoir un regard plus large et axé sur le long terme par rapport
aux Etats membres de l’UE. C’est la raison pour laquelle un certain nombre de règles
assure son indépendance à l’égard des Etats et des entreprises industrielles ou
commerciales.
 En vertu de l’article 245 du TFUE, les Etats membres s’engagent à n’exercer aucune
pression sur la Commission.
La Commission ne doit avoir aucunes instructions de la part des Etats, entreprises.
 L’article 45 prévoit un régime d’incompatibilité des Commissaire avec tout autre
« activité professionnelle rémunérée ou non ».
Ils s’engagent également dès le début de leur mandat à respecter leurs obligations par
rapport
La charge confiée.
 La CJUE peut condamner le commissaire qui n’aurait pas respecté ses obligations.
Après leur mandat, les commissaires sont soumis à un devoir de délicatesse et
d’honnêteté quant à l’acceptation de certaines fonctions et avantages.
Le fait que les commissaires soient nommés par le Conseil Européen et par le parlement
pourrait penser qu’il y aurait une dépendance naturelle. Cependant, le pouvoir de
désignation détenu par les autorités de crée de véritable dépendance dès lors que cette
autorité a la possibilité de révoquer discrétionnairement en cours du mandat.
 Ce n’est pas le cas du Conseil Européen mais le parlement peut révoquer la commission
grâce à une motion de censure. La Commission tend donc vers une dépendance vis-à-vis
du parlement.
 
b)    Une entité homogène

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La Commission représente une entité solidaire, soudée. Elle se réunit en formation
plénière une fois par semaine et délibère sur les projets de décisions présentés par le
commissaire compétent puis prend ses décisions à la majorité de ses membres.
 Le fait de pondérer la voie de chaque membre de la commission en fonction du poids de
l’Etat dont ils sont originaires aurait été incompatible avec l’idée que la commission
représente une entité indépendante et distincte des Etats membres.
 Les commissaires sont égaux entre eux. Cela signifie qu’aucun commissaire ne dispose
de plus de voies que les autres commissaires.
 Il existe 2 limites au principe de collégialité :
 - La pratique du courrier interne :
  Elle consiste pour un commissaire à transmettre par courrier un projet de décision aux
autres membres de la commission. Si aucune objection n’a été exprimée au cours de la
semaine, alors la décision est considérée comme adoptée. On parle de décision
« tacitement » adoptée.
 - La procédure d’habilitation et de délégation :
La procédure d’habilitation consiste à charger 1 ou plusieurs commissaires de prendre
des mesures d’administration ou de gestion précises.
 
La procédure de délégation est le fait pour la Commission de «  déléguer l’adoption de
mesures de gestion, d’administration, aux directeurs généraux et chefs de services en son
nom et dans les limites des conditions qu’elle fixe ».
 
c)    Une entité présidée
 Le rôle du président de la Commission s’est affirmé dans la pratique sous la présidence
de Jacques Delors.
 - Le président est chargé en vertu de l’article 17 du TUE de définir les orientations
politiques dans lesquelles la commission inscrira ensuite sa mission. C’est donc lui qui
détermine le plan de travail de l’organe collégial. Il représente aussi la commission au
sein du Conseil Européen, et devant le parlement Européen à qui il présente le
programme politique de la Commission.
Le président organise et dirige les débats.
 - Il est « l’architecte » de son organisation car il détermine sa structure administrative et
procède à la répartition des « portes-feuilles » entre commissaires.
 - Le président a le pouvoir de révoquer les commissaires Européens à l’exception du
haut représentant pour la PESC dont la révocation suit une procédure particulière.
 
Dans la lignée de ce pouvoir de révocation, l’article 248 du TFUE dispose que les
Commissaires exercent leurs fonctions sous l’autorité de président.
 - La présidentialisation de la Commission s’illustre par le pouvoir de nomination des
vice-présidents. Avant le Traité de Nice, la prérogative était réservée aux Etat membres,
puis à la Commission.
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Le Traité de Nice prévoyait que les vice-présidents soient nommés par le président après
abrogation.
Le Traité de Lisbonne dispose que le président est le seul à intervenir dans la procédure
de décision des vice-présidents.
 
Le Haut représentant pour la PESC n’est pas concerné par cette procédure dans la
mesure où il est vice-président de plein droit.
Les Traités ne prévoient aucuns minimum ni maximum (nombre variable, actuellement
8).
José Manuel Barroso est l’actuel président de la Commission.
 
2)    Un organe administratif
Chaque commissaire est à la tête d’une direction générale. C’est le président qui décide
du découpage des affaires Européennes en direction.
Cette répartition peut conduire à des tensions entre Etats au cours de cette répartition.
 Le président dispose d’un réel pouvoir discrétionnaire en vertu de l’article 248 du TFUE
et joue donc un rôle « d’arbitre ».
 Chaque commissaire est assisté d’un cabinet et d’un directeur général qui est souvent
d’une nationalité différente. Le directeur général appartient à la fonction publique
communautaire et peut être révoqué par le commissaire.
 
2 types d’administrations peuvent être distingués :
 - Celles rattachées à un secteur particulier, spécialisées dans le traitement des problèmes
inhérent au secteur auquel elles sont rattachées (direction du commerce, de l’énergie, de
l’environnement)
- Les administrations « transversales ». Elles sont directement au service de la
Commission et des différents commissaires (secrétariat général, direction ressources
humaines)
 Le nombre de directions a augmenté au cours du temps du fait de l’augmentation des
compétences de l’UE. La création de nouveaux postes à entraîné la création de nouveaux
postes.
  
II)           Les fonctions de la Commission
 La Commission joue un rôle important dans le processus de fabrication des lois et dans
lorsqu’il s’agit de procéder à l’exécution de ces lois.
Elle aussi une place centrale dans la surveillance du respect des traités.
 
A)   La fonction législative
 
1)    Le principe
Le pouvoir législatif peut être décomposé en 3 éléments :
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 - L’initiative consiste à la proposition d’un texte à vocation normative.
- La discussion du texte.
- Le vote du texte par les autorités compétentes.
 L’article 17 du TUE pose le principe « qu’un acte législatif ne peut être adopté que sur
proposition de la commission, sauf dans les cas où les traités en disposent autrement ».
La Commission est libre de choisir le moment pour formuler la proposition de loi.
La proposition une fois définie ne peut être modifié par le Conseil des Ministres que par
un vote à l’unanimité de ses membres (article 293 du TFUE).
Cette exigence est essentielle pour les petits Etats dans la mesure où la Commission
cherche à ce que la législation Européenne ne laisse aucun Etats-membres.
 Elle y parvient grâce à son indépendance et se conforme à la mission d’intérêt général
qui lui est dévolue.
Or si le Conseil des ministres pouvait modifier facilement les propositions faites par la
Commission, cela pourrait conduire à neutraliser ses efforts pour obtenir une législation
équitable.
 
2)    Les exceptions
Contrairement à ce que l’on retrouve dans les systèmes nationaux, la Commission ne
partage pas cette prérogative avec le Parlement Européen.
 En revanche, d’autres institutions de l’UE dispose d’un pouvoir d’initiative concurrent
mais circonscrit à certains domaines (PESC).
La Commission ne peut qu’appuyer les propositions faites par le haut représentant de la
PESC.
 Dans le domaine de la coopération judiciaire et policière en matière pénale, la
Commission partage le pouvoir d’initiative avec ¼ des Etats membres. Cela démontre
qu’en dépit du rattachement de l’ex 3ème pilier au TFUE, cette matière continue de
cultiver des spécificités.
 Dans le domaine de l’UEM (Union économique monétaire), la banque centrale
européenne dispose du pouvoir d’initiative en vertu de l’article 107 du TFUE.
 
3)    Un pouvoir parfois impulsé
Il y a des cas où l’initiative de la Commission est impulsée, c’est à dire qu’une autre
institution se voit confier « l’initiative de l’initiative ».
 
La conséquence est de contribuer à faire de la Commission moins un organe politique que
technicien. Elle se voit dans ce cas de figure dépourvue de sa capacité à fixer de réelles
orientations politiques.
 L’article 241 du TFUE permet au conseil des ministres de demander à la Commission de
lui soumettre des propositions. La Commission n’est pas obligée d’y donner suite et cette
faculté donne en pratique à la Commission de « marchander ».

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 La Commission peut en effet accepter de faire les propositions voulues par le Conseil
des Ministres mais en échange de l’adoption par celui-ci d’une proposition précise.
L’article 225 du TFUE autorise à la Commission «  de soumettre toute propositions
appropriée sur les questions qui lui paraissent la nécessité de l’établissement d’un acte
communautaire pour la mise en œuvre du présent traité ».
 1 M de citoyens émanant d’un nombre suffisant d’Etat membres peuvent demander à la
Commission de faire une proposition sur un sujet.
On parle d’initiative populaire (article 11 du TUE).
B)   La fonction exécutive
 En vertu de l’article 17 du TUE, la Commission exerce « des fonctions de coordination,
d’exécution, et de gestions conformément aux conditions prévues par les traités ».
La Commission dispose de prérogatives en matière d’exécution des lois de l’UE.
Cependant, il est précisé que ces prérogatives sont exercées conformément aux conditions
prévues par les traités.
L’article 291 du TFUE dispose que «  les Etats membres prennent tout mesure de droit
interne nécessaire pour la mise en œuvre des actes juridiques contraignants de l’UE ».
 Les Etats sont d’abord compétents pour prendre les mesures d’exécution de la législation
Européenne. On considère qu’ils sont d’avantage qualifiés pour prendre les mesures les
plus efficaces.
 On retrouve le « principe de subsidiarité » qui donne la primauté d’intervention aux
Etats. La Commission n’intervient que dans les cas où l’uniformisation des mesures
d’exécution est nécessaire.
C)   La fonction de surveillance
La Commission tient de l’article 17 du TFUE le pouvoir de veiller au respect des
dispositions des traités de l’UE. Elle peut saisir la CJE (Cour de justice de l’UE)
lorsqu’une institution empiète sur une autre institution, et donc lorsqu’elle viole le
principe de l’équilibre institutionnel.
 - La Commission peut intenter un recours en contestation des membres Etatiques devant
la CJE. Ce recours permet de faire sanctionner un Etat membre lorsque celui-ci se refuse
à transposer une directive communautaire ou lorsqu’il est constaté qu’un Etat ne procède
pas à l’exécution d’un arrêt rendu par la CJE.
 - La Commission peut demander à la Cour de prononcer une « astreinte » qui est une
mesure de contrainte accessoire venant s’ajouter à l’injonction d’exécuter la règle.
Il s’agit d’une condamnation pécuniaire qui peut être levée si l’Etat procède à l’exécution
de la règle dans les temps.
 Dans le cas contraire, l’astreinte est liquidée. L’Etat doit payer la somme fixée par le
juge en plus de l’obligation d’exécuter la règle qu’il continue à courir.
L’astreinte est un moyen de pression efficace.
 
De multiples raisons peuvent amener les Etats à ne pas faire application du droit de
l’UE :
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 - Lorsqu’un Etat a la volonté de maintenir une situation qui lui était profitable.
- Lorsque l’Etat rencontre des problèmes techniques dans la transposition d’une directive.
Dans ce cas, la condamnation par la CJE oblige l’Etat à trouver une solution rapidement.
- Lorsque la directive est impopulaire, la condamnation de l’Etat lui permet d’imputer la
responsabilité du texte à l’UE.
 
La Commission ne peut pas intenter de recours contre les particuliers. Elle peut
sanctionner des entreprises pour non-respect du principe de libre concurrence.
 Elle a aussi la possibilité d’ordonner la dissolution des ententes illicites. Ces cas
surviennent lorsque 2 entreprises s’accordent sur des pratiquent qui ont pour effet
d’entraver la concurrence sur un marché donné.
 Cette situation se rencontre lorsque des entreprises s’accordent pour maintenir des prix
équivalents, ce qui assure à chacun de pouvoir conserver des marges commerciales
importantes ainsi qu’un niveau de clientèle satisfaisant.
 La Commission est aussi une autorité de régulation économique.
  
Section 2 : Le conseil Européen
 Il trouve son origine dans les « sommets » qui furent organisés entre 1961 et 1974. Ils
réunissaient les chefs d’Etats prenants des engagements. Le but de ces réunions était
d’impulser la construction Européenne.
Les engagements pris à la suite des discussions ont contribuées au lancement de la PAC
et de l’UEM.
 Le traité de Maastricht en 1992 a réinscrit ces sommets dans le cadre institutionnel de
l’UE. Dénommé « Conseil Européen », son statut sera modifié par le traité de Lisbonne.
 
I)   L’organisation du Conseil Européen
 
A)   La composition du Conseil Européen
Le conseil Européen est composé des chefs d’Etats ou de gouvernements ainsi que du
président de la commission. Il s’agit d’une structure intergouvernementale.
 
Le Traité de Lisbonne a introduit la présence facultative d’un ministre par Etat pour
assister pour assister le chef de l’Etat.
B)   Le président du Conseil Européen
 
 1)    Les missions
Le président du Conseil Européen ne peut être assimilé à un membre à part entière de
l’organe.
Le haut représentant pour la PESC rend régulièrement compte de son action devant le
Conseil Européen mais qui n’en est pas directement un membre.

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 Le président du Conseil Européen occupe une place importante au sein de l’organe. Ses
missions consistent à organiser les travaux du Conseil et donc de préparer les réunions.
Il élabore et propose les « conclusions » du Conseil Européen.
 
Il s’assure que la volonté du Conseil Européen sera respectée par les autres organes de
l’UE.
Il rencontre régulièrement le président de la Commission ainsi que le président du
Parlement Européen.
 C’est donc par son intermédiaire et non par la contrainte juridique que la volonté du
Conseil Européen parvient à être respectée par les autres organes de l’UE.
Le président est un conciliateur chargé de donner plus de fluidité au fonctionnement du
Conseil.
 
2)    Son statut
Avant, le traité de Lisbonne, il correspondait au chef de l’Etat ou de gouvernement
présidant le Conseil. Il occupait ces fonctions durant 6 mois.
 Désormais, le Conseil Européen connaît une présidence fixe de 2 ans et demi.
Il est élu à la majorité qualifié par le Conseil Européen et son mandat et renouvelable
qu’une fois.
 La courte durée de son mandat évite que le président puisse prendre une envergure
politique.
Un mandat long aurait laissé courir le risque que le président finisse sur la scène politique
Européenne.
 Les chefs d’Etat ont la possibilité de le révoquer en cours de mandat par un vote à la
majorité qualifiée. Son statut étant précaire, le président n’a pas intérêt à sortir du rôle
que lui attribuent les traités.
 Le statut de président n’est pas compatible avec un mandat national.
 
II)    Le fonctionnement du conseil Européen
 
A)   Les réunions du Conseil Européen
La fréquence des réunions est importante car d’après l’article 15 du TFUE ses membres
se réunissent au moins 4 fois par an (environ 2 jours). Elle débute par l’intervention du
président du Conseil Européen, le président du Conseil des ministres fait état des travaux
du Conseil.
 
Les prises de contact informelles permettent de cibler les Etats réfractaires à telle ou telle
mesure et donc de concentrer les forces de persuasions sur ces derniers.
Ce caractère informel est rendu nécessaire.
B)   Les votes au sein du Conseil Européen
Ils se basent sur le principe du consensus (article du TUE).
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Les Etats doivent s’efforcer de trouver entre eux un accord.
 Dans certaines matières, les traités prévoient que le Conseil réponde à la majorité
simple. C’est le cas pour l’adoption de son règlement intérieur et des questions de
procédures.
 Il est prévu qu’il se prononce à la majorité qualifiée lorsqu’il désigne le président de la
Commission ou qu’il valide la liste des Commissaires retenus par le parlement Européen.
Les votes se font parfois à l’unanimité (PESC).
 Quel que soit l’objet du scrutin, il y a lieu de souligner que le président du Conseil
Européen et le président de la Commission ne prennent jamais part aux votes.
 
III)   Le rôle du Conseil Européen
Il est chargé en vertu des traités d’exercer des fonctions décisives pour l’orientation de
l’UE. Cependant, il ne participe pas directement à l’exercice du pouvoir normatif au sein
de l’UE. Il dispose donc de moyens d’actions originaux.
A)   Les fonctions
La nature de son rôle est liée à la composition de l’organe. La fixation des grandes
orientations de l’UE, les décisions les plus importantes en rapport avec son organisation,
ne sauraient être « confisquées » par des autorités directement crées pour assurer le
fonctionnement de l’UE (Parlement Européen, Commission Européenne).
 
Il en irait autrement si la volonté des Etats de l’UE avait été de mettre en place un « Etat
fédéral ». En plus de la mission d’impulsion confiée par l’article 15 du TUE, le Conseil
Européen occupe un place majeure dans la procédure de révision des traités ainsi que
dans la fixation du statut des autres institutions.
 
Il définit aussi les critères d’adhésion des autres Etats membres et participe à la
désignation de hauts responsables de l’UE (président de la Commission, haut
représentant pour la PESC).
 
Suivant l’article 26 du TUE, c’est le Conseil Européen qui définit les orientations
générales en matière de politique étrangère et de sécurité commune et qui identifie les
intérêts stratégiques de l’UE.
B)   Les moyens d’actions
Le Conseil Européen n’est pas doté du pouvoir législatif, il n’intervient pas officiellement
dans le processus d’élaboration des lois de l’UE.
 
A l’issue de ses réunions, le Conseil publie des « conclusions » qui relatent les résultats
des travaux menés par le Conseil. Il peut les assortir de « déclarations » qui expliquent la
volonté commune de chefs d’Etats ou de gouvernements.
 

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Ces conclusions sont dénuées de force juridique contraignante (CJE « arrêt bonnamy
1975 ») Le Conseil Européen ne peut pas par l’intermédiaire de ses conclusions imposer
sa volonté aux autres institutions (Commission, parlement européen) et faire sanctionner
celles qui ne la respecterait pas.
 
Par l’intermédiaire des discussions entre les présidents du Conseil et les présidents des
autres organes, le Conseil parvient à faire inscrire sa volonté dans beaucoup d’initiatives
législatives de la Commission.
 
Les textes présentés par la Commission reflètent souvent les conclusions formulées à la
suite des réunions du Conseil Européen.
Le dialogue et les compromis constituent les moyens d’actions du Conseil vis-à-vis de
l’UE.
 
Section 3 : Le conseil des ministres (Conseil de l’UE)
 
I)   La composition du conseil de l’UE
Les textes prévoient la qualité que doivent revêtir les membres du Conseil de l’UE,
cependant les représentants varient selon les affaires à traiter.
 
A)   Une composition précise
L’article 16 du TUE dispose que «  le Conseil est composé d’un représentant de chaque
Etat membre au niveau ministériel, habilité à engager le gouvernement de l’Etat membre
qui le représente et à exercer le droit de vote ».
 
Un haut fonctionnaire ne peut donc pas représenter un Etat au sein du Conseil. Le but de
cette exigence est de conserver au Conseil de l’UE un caractère politique, c’est à dire de
garantir que les décisions prises par le Conseil ne le seront pas d’un point de vue
technocratique.
 
Cette exigence permet de s’assurer que le représentant qui prend part au vote le fera dans
le respect de la ligne politique de son pays. Le règlement intérieur du Conseil de l’UE
permet à chaque ministre de se faire assister d’un fonctionnaire, ou de se faire représenter
par un fonctionnaire lorsqu’il y a un empêchement (il ne pourra pas prendre part au vote).
 
B)   Une composition variable
La logique voudrait que le ministre siégeant au Conseil de l’UE soit à chaque fois celui
des affaires étrangères, ou celui chargé des affaires européennes.
 
Dans la mesure où le Conseil peut être amené à traiter des problèmes dans de multiples
domaines, cela représenterait 2 inconvénients majeurs :
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- Un individu ne peut pas à lui seul maîtriser et négocier autour de tous les sujets traités
dans le cadre de l’UE.
- Cela pourrait créer des tensions entre le ministre chargé des affaires européennes et les
autres ministres dans la mesure où le 1er pourrait être amené à prendre des décisions dont
le contenu s’imposerait aux 2nd ministres.
 
Faire siéger au sein du Conseil le ministre en charge des affaires traité lors d’une réunion
du Conseil présente des avantages  :
- Il sera responsable d’appliquer la décision prise et a une connaissance plus élargie dans
ce domaine.
- Le ministre peut discuter avec ses homologues européens des problèmes d’applications
qui se posent dans leurs pays, ce qui a pour effet de faciliter la recherche de compromis.
 
C’est pour ces raisons que la composition du Conseil des ministres varie en fonctions des
problèmes traités. Il y a donc plusieurs formations mais juridiquement il n’y a qu’un seul
Conseil avec les mêmes prérogatives.
 
Il y a 9 formations du Conseil de l’UE :
 
- Le Conseil des affaires étrangères
- Le Conseil des affaires économiques et financières
- Le Conseil de l’Environnement
- Le Conseil éducation, jeunesse, culture, sport…
 
Cependant, il y a des questions qui touchent à plusieurs domaines comme les
négociations en vue de l’élargissement de l’UE, la préparation du budget pluriannuel, les
négociations avec l’OMC.
 
Ces questions transversales sont prises en charge par une formation généraliste du
Conseil de l’UE nommée «  Conseil des affaires générales ».
 
II)           Le fonctionnement du Conseil de l’UE
 
A)   L’organisation du Conseil
 
1)    Le secrétariat général
Le secrétariat général permet de conférer au Conseil de l’UE une relative permanence.
Sans ce secrétariat, cette permanence ferait défaut en raison des réunions épisodiques du
Conseil même si elles sont plus fréquentes.
 
Le secrétaire générale permet au Conseil de s’autonomiser par rapport à la Commission.
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L’existence d’un secrétaire général est consacrée à l’article 240 du TFUE.
 
Ce secrétariat est composé de plus de 2000 fonctionnaires.
On trouve à la tête un secrétaire général désigné par la Conseil de l’UE à l’issue d’un
vote à la majorité qualifiée.
 
Le secrétariat général est divisé en structure administrative décidée par le Conseil à la
majorité simple.
Il existe aujourd’hui 8 directions générales au service du Conseil de l’UE :
- direction générale agriculture et pêche
- direction générale des affaires extérieures et politico-militaire
- direction générale chargée des affaires économiques et sociales…
 
2)    La présidence du Conseil de l’UE
Elle est exercée par les Etats membres chacun à leur tour pour un mandat de 6 mois.
L’ordre des présidences est fixé par le Conseil par un vote à l’unanimité.
 
Le rôle de l’Etat président est de diriger les travaux des organes dépendants du conseil
ainsi que de représenter l’UE à l’intérieur de celle-ci et dans les pays tiers.
 
L’Etat qui préside joue un rôle d’impulsion des initiatives législatives prises par la
Commission.
Le président du Conseil signe les actes pris par l’organe, veille au respect du règlement
intérieur et déclenche les votes.
Il peut prendre lui-même l’initiative des votes ou mettre en place un scrutin lorsque la
majorité des membres de l’organe valide l’initiative d’un membre du conseil ou de la
Commission.
 
Ce système présente des inconvénients :
 
- La brève durée du mandat empêche souvent l’Etat exerçant la présidence de pouvoir
réaliser pleinement ses projets.
- La Commission prend généralement le dessus sur les travaux du Conseil de l’UE.
- Les petits Etats qui accèdent à la présidence ont généralement des difficultés pour
s’imposer.
- Lorsque l’Etat exerçant la présidence se retrouve en période électorale interne, les
dirigeants sont beaucoup moins enclins à exercer leurs fonctions au sein du conseil.
 
Les avantages :
 
- Elle s’accorde avec la logique de l’UE.
65
* La durée du mandat permet de limiter les risques d’appropriation du pouvoir par un
Etat.
* La durée du mandat garantit que la Commission puisse rester au cœur des initiatives
législatives.
 
Le « Traité établissant un Constitution pour l’Europe » prévoyait un allongement de la
présidence à 1an. Le Traité de Lisbonne a mis en place le système de la « troïka »,
consistant à organiser la présidence sous une forme collégiale pour une durée de 18 mois.
 
Ces groupes sont fixés à la majorité qualifiée par le Conseil Européen. Ils sont chacun
composé de 3 Etats qui président à tour de rôle pour une durée égale.
Ce procédé est censé donner plus de continuité et de cohérence au pouvoir d’impulsion
du Conseil de l’UE grâce à la concertation entre les 3 Etats membres du groupe.
 
Ceux-ci établissent un programme commun correspondant à la « feuille de route » pour
les 18 mois de présidence de la « troïka ». Le « Conseil affaires étrangères » est
désormais exclu de la rotation car il est présidé par le haut représentant pour la PESC.
 
L’exercice de la présidence par de petits Etats continue de poser problème.
Le Traité de Lisbonne a voulu conférer au « Conseil affaires étrangères » des tâches
importantes.
Il est chargé d’assurer la cohérence des travaux des différentes formations du Conseil de
l’UE mais aussi de préparer les réunions du Conseil Européen, de coordonner les
politiques de l’UE, et de conduire celles qui sont transversales.
 
Dès lors, si l’Etat investit à la présidence est défaillant, c’est tout le système politique de
l’UE qui peut se retrouver « grippé ».
 
B)   La coordination du Conseil de l’UE
 
1)    La coordination par des formations du Conseil
Elle repose sur la formation « Conseil/affaires générales ». Il est composé principalement
des ministres des affaires étrangères et européennes.
Il est chargé en vertu de l’article 16 du TUE «  d’assurer la cohérence des travaux des
différentes formations du conseil » (réunion environ 1 fois par an).
 
La coordination est aussi assurée par le Conseil ECOFIL composé des ministres en
charge des affaires économiques, financières, et budgétaires.
Il coordonne la politique économique menée par chaque Etats.
 
Le Conseil JUMBO est organisé pour régler les problèmes d’ordre « transversaux ».
66
Ces formations se constituent en particulier dans le cadre des négociations commerciales
sur le plan international ou dans les négociations avec l’OMC.
 
2)    La coordination par le COROPER
Elle est aussi assurée par le comité des représentants permanents (COROPER). Cet
organe est apparu dans la pratique et fut reconnu en 1965 par le traité de la fonction des
exécutifs.
Il est consacré par l’article 16 du TUE et est composé de hauts fonctionnaires
administratifs.
 
Il y a 2 formations que l’on nomme partie  :
- La 1ère est chargée de traiter des problèmes techniques
- La 2ème porte sur les questions d’ordre politique
 
On parle dans le 1er cas de réunion des permanents adjoints et dans le 2nd cas des
représentants permanents. Cet organe fait la liaison entre l’UE et les Etats membres.
 
L’article 240 du TFUE lui assigne pour mission de préparer les travaux du Conseil et
d’exécuter les mandats confiés par ce dernier.
Il joue également un rôle dans le processus de fabrication et d’élaboration des lois de
l’UE à 2 titres :
- Il examine les propositions de lois de la Commission (recherche de consensus).
- Il classe le texte après examen, soit dans la catégorie A ou B.
- L’appartenance à la catégorie A implique que le texte sera appliqué sans débats
- La catégorie B implique un débat pour l’application du texte
 
Le COROPER a donc une fonction stratégique en matière législative, même s’il n’est
investi d’aucun pouvoir officiel dans le domaine.
Il peut prendre des décisions d’ordre procédurales.
 
Le COROPER se réunit une fois par semaine et est soumis aux règles convenues dans le
règlement intérieur du Conseil.
C)   Les votes au Conseil de l’UE
L’évolution au des votes au sein du Conseil traduit la progression du caractère
intégrationniste du Conseil.
Le vote à l’unanimité permet de respecter la souveraineté des Etats.
Le principe majoritaire résulte de l’émergence d’une organisation supranationale.
 
Or on peut observer au sein du Conseil l’abandon progressif de l’unanimité au profit de la
« majorité qualifié ».
 
67
1)    L’évolution des règles
Règles en vigueur :
14 Etats membres
(Si proposition de la Commission) 62 %
de la pop
De
l’UE
Majorité qualifiée = 255/345 voix + ou +
(facultatif)
2/3 Etats membres (absence proposition)

Règles futures (2014) :


55 % des Etats membres
(Si proposition de la Commission)
Majorité qualifiée = ou + 65 % de
la population
72 % des Etats membres de l’UE
(Si absence de proposition de la Commission)
 
 
 
A l’origine les règles de votes reposaient sur le principe majoritaire doublé d’un
mécanisme de pondération des voies.
 
L’enjeu de cette pondération est de faire en sorte que les petits Etats ne puissent pas
bloquer les décisions prises par les grands Etats.
La règle de l’unanimité demeurait présente dans de nombreux domaines.
 
L’organisation du système va se retrouver modifier à cause de la crise de la « chaise
vide » entre juin 1965 et janvier 1966.
La crise a été provoquée par la France qui dénonçait le passage de l’unanimité à la
majorité qualifiée dans le domaine de la PAC.
 
Le gouvernement Français refusait à participer aux réunions du Conseil de l’UE, ce qui
provoqua la paralysie de toute la communauté Européenne.
 
La crise a pris fin avec le compromis de Luxembourg signé en 1966 ; « lorsque dans le
cas de décisions susceptibles d’être prises à la majorité sur proposition de la Commission,
visant les intérêts d’un ou plusieurs partenaires, les membres du Conseil de l’UE
s’efforceront dans un délai raisonnable d’arriver à des solutions qui pourront être

68
adoptées par tous les membres du Conseil dans le respect de leurs intérêts mutuel et dans
le respect de la communauté. »
 
Le texte pose le principe de recours à l’unanimité. Le compromis de Luxembourg donne
à tout Etat membre la possibilité d’exercer un droit de véto.
Au cours des années 1960 et 1970, ces Etats membres vont abuser de leur droit de véto en
prétextant que des intérêts très importants étaient en jeu, cette utilisation provoquera un
fort ralentissement des activités de l’UE.
 
Par l’intermédiaire de diverses techniques, la solution du compromis de Luxembourg a
été abandonnée.
L’une d’elle consiste à un Etat à conserver sa législation nationale afin de satisfaire un
certain nombre d’exigences comme la protection de la santé, de la vie des personnes et
des animaux, de l’environnement, ou celle du milieu de travail.
 
En parallèle, le champ d’application de la majorité qualifiée a continué à s’étendre.
Cela dit, la règle de la majorité n’a pas conduit à défavoriser les Etats.
Ce n’est pas une majorité contraignante car les minorités ne sont pas toujours les mêmes. 
La perspective d’un vote oblige les Etats minoritaire à participer aux négociations afin
que leurs intérêts soient préservés.
 
Le principe majoritaire facilite donc la recherche de compromis.
L’idéal pour les Etats représentés au Conseil de l’UE est de parvenir à un accord unanime
mais la règle majoritaire peut intervenir pour débloquer des situations inextricables.
 
2)    Les règles applicables
 
a.    Les règles de vote aujourd’hui
L’article 239 du TFUE établit les distances d’un QUORUM. Selon cette règle, la
présence de la majorité des membres est nécessaire à l’organisation d’un vote.
Au moins 14 des membres doivent être présents.
 
Cet article permet à un Etat de recevoir une délégation de droit de vote d’un autre
membre mais il ne peut en recevoir qu’une seule.
Les textes limitent l’unanimité à des domaines qui touchent à la souveraineté des Etats, à
leur économie. Il en va ainsi en matière de PESC, d’harmonisation de la fiscalité
indirecte, UEM.
 
La modification des propositions législatives de la commission ne peut se faire qu’à
l’unanimité. Les abstentions ne font pas obstacles à l’unanimité.
 
69
Les autres décisions sont prises soit à la majorité des membres (14/27), soit à la
«  majorité qualifiée  ».
La majorité qualifiée repose sur une pondération qui accorde plus de poids aux Etats.
 
Ainsi, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni dispose de 29 voix chacun. La Grèce et le
Portugal de 12 voix chacun. Le Luxembourg, la Slovénie… de 4 voix chacun.
Le nombre total de voix est de 345 et la majorité qualifiée est fixée à 255, elle doit
correspondre aux moins au 2/3 des Etats membres en l’absence de propositions de la
Commission.
 
Dans les autres cas, les 255 voix de la majorité qualifiée doivent comprendre la majorité
des Etats membres. Par ailleurs, n’importe quel Etat de l’UE peut demander à l’issue du
vote que soit vérifiée si la majorité qualifiée représente au moins 62 % de la population
totale de l’UE.

Le seuil de la majorité qualifiée est élevé, ce qui rend plus facile l’apparition de la
minorité de blocage.
Le mécanisme de répartition des voix montre que ces règles tien de l’importance
démographique des Etats.
 
Au sein de l’organe intergouvernemental que représente le Conseil de l’UE, un effort est
donc réalisé pour que la dimension Etatique soit dépassée au profit d’une meilleure prise
en compte des citoyens Européens.
 
Ce souci de rendre le Conseil plus démocratique se retrouve dans la règle des 62 %.
 
b.    Les règles de votes dans l’avenir
Le Traité de Lisbonne a apporté des modifications.
Ces changements seront applicables en 2014 et il est prévu que l’ancien système restera
en vigueur de manière ponctuelle entre 2014 et 2017.
 
Le Traité de Lisbonne opère une consécration de la « majorité qualifiée » qui devient la
règle de droit commun. Il modifie le contenu de la majorité qualifiée car elle sera atteinte
lorsque 55 % des Etats membres au moins se seront prononcés en faveur d’une décision.
Il faut que cette majorité qualifiée représente au minimum 55 % de la population de
l’UE.
 
La majorité des Etats est relevée à 72 % lorsque le Conseil ne statue pas sur une
proposition de la Commission. Les décisions seront à priori moins difficiles à prendre et
un peu plus démocratique.
 
70
Le Traité de Lisbonne rattache au système de la majorité qualifiée plusieurs domaines en
matière de contrôle aux frontières, d’immigration, d’armement.
 
Certaines compétences nouvelles apparaissent et sont directement associées au système
majoritaire (tourisme, énergie, protection civile).
 
On dénombre 46 cas de vote à « l’unanimité ». Ce constat invite à nuancer la
consécration du système majoritaire comme règle de droit commun.
 
III)       Les prérogatives du Conseil de l’Union Européenne
 
Le Conseil dispose d’un pouvoir général de décision en matière législative et budgétaire.
La procédure législative spéciale fait intervenir le Conseil de l’UE exclusivement
(sécurité sociale, protection sociale, droit à la famille, harmonisation fiscale, fiscalité de
l’énergie).
 
Toutefois le traité de Lisbonne a supprimé toutes les compétences de principes du conseil
en matière exécutive. La commission est le seul organe compétent par principe en matière
exécutive.
L’article 291 du TFUE prévoit cependant que le législateur peut confier des compétences
d’exécution au Conseil dans des cas spécifiques dûment justifiés.
 
Par ailleurs, le traité donne des fonctions au Conseil dans des domaines biens précis
(fluctuation des prix, pêche, secteur économique et monétaire, concurrence).
 
En vertu de l’art du TFUE, le Conseil peut demander à la Commission de lui soumettre
des propositions législatives par un vote à la majorité simple. La Commission n’est pas
obligée de donner suite à la demande du Conseil de l’UE.
 
 
Section 4 : Le Parlement Européen
 
L’institutionnalisation du parlement Européen trouve son origine dans la volonté
d’associer les peuples Européen à la conduite du pouvoir. Cette exigence a d’abord été
concrétisée dans le cadre de la CECA qui prenait la forme d’une assemblée commune. Le
parlement Européen sera finalement reconnu dans sa forme actuelle par le traité de
Maastricht en 1992.
Cet organe constitue une pièce maîtresse de la construction Européenne dans le sens où il
permet de contrebalancer le penchant technocratique.
 

71
Pour que l’exercice de ces pouvoirs puisse donner l’impression d’être fait dans un sens
démocratique, le Parlement Européen doit être investit d’une légitimité correspondante.
Le Parlement Européen doit reposer sur des règles lui garantissant un fonctionnement
stable.
 
I)           La légitimation du parlement Européen
Elle renvoie aux modalités de compositions des institutions. Le nombre des députés n’a
cessé d’augmenter et sont aujourd’hui 754.
 
Les modalités juridiques de composition du parlement paraissent décisives dans la
mesure où elles permettent d’apporter à l’Union Européenne une forme de légitimité
démocratique directe.
 
Cependant, ces modalités n’ont pas été jugées suffisantes, c’est la raison pour laquelle un
certain nombre de pratique aujourd’hui institutionnalisée sont venues renforcer le
dispositif juridique.
 
A)  Les modalités juridiques de légitimation
 
1)   La qualité de représentant des parlementaires
Les autorités telles que celles rencontrées dans le Conseil Européen et dans le Conseil de
l’Union Européenne sont considérées comme légitimes car elles défendent au sein de
l’UE les intérêts de leurs Etats respectifs (on peut parler de légitimité de gouvernement).
 
Les membres qui composent la Commission tirent leur légitimité de leur dévouement à la
cause de l’Union Européenne dans son ensemble. On peut parler de « légitimité
d’impartialité ».
 
Le Parlement Européen s’appuie sur une légitimité différente. Ses membres sont
directement chargés d’agir non pas dans le sens de l’Etat dont ils sont les ressortissants,
ni dans celui de l’entité abstraite que représente l’Union Européenne, mais sont sensé agir
dans le sens des citoyens de l’UE.
 
Le rôle des parlementaires est d’exprimer la volonté de tous les individus qui détiennent
la citoyenneté d’un Etat membre de l’UE.
On peut parler de « légitimité démocratique stricto sensu ».
 
Cette forme de représentativité exprime qu’il existe une correspondance entre les
décisions prises par le parlement et la volonté des gouvernés Européens. Afin d’expliquer
le phénomène, le droit d’union de l’Union Européenne fait appel à une fiction juridique
commune à tous les régimes démocratiques qui est celle du mandat politique.
72
 
En vertu du mandat, il y a transfert des gouvernés vers les parlementaires. Ce transfert ne
porte pas sur le pouvoir lui-même qui reste attaché au peuple mais sur l’exercice de ce
pouvoir.
Par le mandat, les parlementaires Européens sont donc investit de la mission d’exprimer
la volonté des citoyens de l’UE.
 
Cependant, il est impossible de prévoir à l’avance tous les problèmes qui seront traités
par le parlement et les organes de l’UE. De plus, les solutions aux problèmes émergent
souvent à la suite de discussions.
 
Il est difficile de charger par avance un individu de porter telle ou telle solution devant
l’instance de décision.
 
Faire en sorte que les parlementaires soient dans l’obligation de demander
systématiquement l’avis des citoyens reviendrait à faire voter les citoyens eux-mêmes
(coûteux en temps/argent).
Le mandat Européen ne peut être établit avec précision. Il ne comporte pas d’instructions
venant des électeurs vis-à-vis des parlementaires élus.
 
Les parlementaires Européens sont dotés d’un « mandat représentatif ».
Cela signifie qu’ils n’ont aucun de comptes à rendre à leurs électeurs durant l’exercice de
leur fonction et ne peuvent donc pas être révoqués lorsque les électeurs estimeraient leur
volonté trahie.
 
Il en résulte que les promesses électorales n’ont aucune valeur juridique, c’est à dire
qu’elles ne peuvent être invoquées devant une juridiction afin d’engager la responsabilité
du parlementaire qui les aurait pas tenus.
 
La décision « acte constitutionnel » du 20 septembre 1976 consacre le caractère
représentatif du mandat en dénonçant à l’article 4 que les parlementaires «  ne peuvent
être liés par des instructions, ni recevoir de mandat impératif »
 
Des mécanismes garantissent que le transfert de l’exercice du pouvoir se fasse dans les
conditions les plus intimes possibles. Chaque citoyen doit pouvoir choisir le ou les
députés qui le représenteront.
 
2)   Les mécanismes de représentativités de parlementaires
 
A)   Le mode de désignation retenu
 
73
a)    L’élection des députés par les citoyens de l’UE 
 
L’élection se faisait auparavant par le suffrage universel indirect car chaque parlement
national était chargé de désigner les parlementaires Européens.
 
L’acte de 1976 prévoit seulement que les opérations électorales doivent avoir lieues dans
tous les Etats membres à la même date.
 
En dehors de ce cadre commun, les textes laissent les Etats libres d’organiser les
élections dans les modalités de leurs choix. L’élection peut ainsi résulter d’un scrutin
majoritaire à 1 tour, 2 tour, ou à la proportionnelle.
 
De même, lorsque le scrutin à la proportionnelle est retenu, il peut prendre appui sur des
listes présentes au niveau national ou régional.
Il existe donc une réelle hétérogénéité des procédures de désignations mais la tendance
est à la désignation des députés Européens par la voie du scrutin à la proportionnelle.
 
Ce scrutin permet de répartir les sièges proportionnellement au nombre de suffrage
obtenu par les listes correspondant aux différentes tendances de l’opinion.
 
La composition du parlement Européen en ressort relativement fidèle à l’Etat des forces
politiques dans l’UE.
Le scrutin à la proportionnelle a cependant l’inconvénient de multiplier les partis
politiques au sein du parlement et de petits partis eurosceptiques.
Cela rend donc plus difficile l’émergence de majorité favorables à des règles européennes
d’harmonisation.
 
Dans le cadre d’une circonscription unique  ; le territoire Français.
 
Chaque parti politique était chargé de présenter des listes au niveau national, chaque liste
portant autant de candidats que de sièges à pourvoir.
Les listes qui ne parvenaient pas à obtenir au moins 5 % des suffrages ne pouvaient
disposer d’aucun siège.
 
Ce système présenter l’inconvénient d’orienter la discussion vers des thèmes nationaux.
La loi du 11 avril 2003 a modifié le déroulement des élections européennes en France en
créant des circonscriptions régionales à mi-chemin entre les élections régionales et
nationales.
 
La loi attribue 13 siège à l’île de France, 10 sièges au Nord-Ouest, 9 à l’Est et 9 à l’Ouest,
13 au Sud-est, 10 au sud-ouest, 5 au massif central, et 3 à l’outre-mer.
74
 
C’est un scrutin à la proportionnelle à 1 tour.
Le Conseil Européen est chargé de fixer la composition du parlement Européen, reposant
sur le principe de « pondération » qui détermine le nombre de sièges en fonction du poids
démographique de chaque Etats.
 
Ce nombre varie considérablement. Celui attribué à la France est de 74, à l’Allemagne de
99, celui du Luxembourg de 6.
 
b)    Une appréciation critique de ce système
Le choix des parlementaires est paramétré en fonctions du poids démographique de
chaque Etat.
Chaque Etat restant libre de déterminer la procédure élective.
 
La représentativité du peuple Européen est conditionnée par le degré de représentativité
des Etats eux-mêmes. Il serait plus juste de dire que les députés représentent les peuples
Européens.
Il s’agit d’un parlement « interétatique ».
 
Les choses seraient différentes si l’on dépassait le cadre étatique au profit de
circonscription Européennes fondées sur des critères culturels, historiques, linguistiques,
voire économiques.
Cependant, cela remettrait en cause le principe unitaire de souveraineté Etatique.
 
Il arrive que des partis fassent campagne pour la défense des intérêts nationaux, ce qui
contredit la volonté du pouvoir constituant Européen de mettre en place des représentants
de l’UE.
 
 
 
B)  Les modalités pratiques de cette légitimation
En raison du faible taux de participation aux élections Européennes, la légitimité du
parlement européen devient faible.
Ce faible taux de participation est cependant compensé par des liens entre le Parlement et
la société civile. Ainsi des auditions publiques sont organisées par des commissions
parlementaires afin de permettre aux députés d’entendre l’avis d’experts indépendants sur
les législations en cours d’élaboration.
Il est courant que les députés auditionnent les partis concernés par un dossier, c’est à dire
que les acteurs auront à respecter la législation Européenne envisagée.
Pour accroître la portée de ces discussions, ces rencontres sont souvent médiatisées.

75
A la suite du rejet du traité établissant une constitution pour l’Europe en 2005, le
parlement est allé beaucoup plus loin en institutionnalisant des rencontres permanentes
avec les citoyens et organisations de la société civile.
 
Le parlement organise ainsi souvent des forums de citoyens permettant de mesurer les
attentes et points de vue des citoyens de l’UE.
 
II)         Le statut du parlement Européen
 
A)  Le fonctionnement du parlement Européen
En vertu de l’article 231 du TFUE, le parlement statue en principe à la majorité des
suffrages exprimés.
Toutefois il y a des cas où le parlement doit statuer à la majorité qualifiée (3/4 membres).
 
Sur le plan de l’organisation, les traités accordent au parlement une marge de manœuvre
importante. Ils se dotent d’un règlement intérieur adopté à la majorité des membres
composants l’assemblée, prévoyant que l’ordre du jour est décidé par la conférence des
présidents.
Il fixe aussi les règles relatives à la constitution des groupes parlementaires.
 
Vis-à-vis de la présidence, la décision acte du 20 septembre 1976 dispose que le
président et les 14 vices président sont élus pour 2 ans et demi.
 
Le parlement est composé de commissions parlementaires :
- Les Commissions permanentes spécialisées dans l’examen des textes législatifs.
- Les Commissions d’enquêtes dont la fonction est d’étudier les allégations d’infraction
ou de mauvaise administration dans l’application du droit de l’UE.
- Les Commissions temporaires d’une durée maximale d’1 an, chargées d’étudier des
problèmes spécifiques.
 
Les parlementaires Européens se rassemblent en groupes politiques.
Ces groupes réunissent des parlementaires réunissant des mêmes opinions politiques.
L’appartenance à un groupe ouvre droit à certaines prérogatives et soumet les
parlementaires à une discipline commune.
 
Ce système des groupes permet de briser le cloisonnement Etatique. Afin d’éviter la
multiplication des groupes politiques, le règlement intérieur prévoit qu’un groupe ne peut
pas être composé de moins de 25 députés.
De plus, chaque groupe doit réunir des députés provenant d’au moins 1/4 des Etats
membres.
 
76
Le travail des parlementaires est rythmé par une multitude de session courtes au cours
desquelles ils se réunissent pour examiner les textes et les voter (elles ont lieues chaque
mois et durent 4 jours).
Cela permet aux parlementaires Européens de ne pas se déconnecter de leur pays.
 
B)  La situation des parlementaires
Elle est principalement régit par la décision du parlement Européen du 28 septembre
2005. Ce texte prévoit notamment le régime de rémunération des députés européens.
Aujourd’hui chaque député perçoit 7 589 € net.
 
A l’issue de leur mandat, les parlementaires ont droit à une indemnité provisoire de 2 ans
maximum afin de les aider dans leur réinsertion professionnelle. Ils ont aussi droit à un
remboursement des frais dans le cadre de leur mandat (déplacements…).
 
L’article 5 de la décision autorisait le cumul des mandats parlementaires et nationaux,
visant à l’origine à ce que le parlement ne soit pas composé d’acteurs politique de 2 nd
plan.
 
La décision du parlement du 25 juin 2002 a mis fin à ce régime de compatibilité.
Il faut noter que les parlementaires sont élus pour 5ans et sont inamovibles.
 
Les députés peuvent avoir des assistants qu’ils choisissent librement disposant alors
d’une enveloppe de 17 540 €. Ce système permet au parlement de gagner en
indépendances vis-à-vis de la commission et des lobbies industriels et associatifs dans la
mesure où ils ont grâce à ces assistants la possibilité de rechercher des informations
techniques par eux-mêmes.
 
III)       Les pouvoirs du parlement Européen
 
Le parlement Européen ne peut pas être dissout. De plus, le pouvoir législatif
parlementaire n’est exercé que par une seule chambre (monocamérisme).
L’absence de droit de dissolution ajouté au monocamérisme accorde au parlement un
certain poids de plus que les traités successifs ont élargis les compétences du parlement.
 
L’importance du parlement Européen doit être relativisée dans la mesure où ses pouvoirs
sont limités par un partage du pouvoir assez tranché.
 
 
 
A)  La fonction législative

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La fonction législative du parlement est renforcée. Il ne disposait à l’origine que d’un
pouvoir consultatif. Cependant, le parlement ne dispose pas de la plénitude des pouvoirs
en matière législative.
 
L’adoption des lois de l’UE nécessite toujours la participation du conseil de l’UE.
 
B)  La fonction budgétaire
Le rôle du parlement en matière budgétaire n’a cessé d’augmenté. Il avait en vertu du
traité de 1975 le pouvoir d’arrêter en dernier ressort le budget.
 
Le Traité de Lisbonne a modifié l’équilibre en partageant la décision finale avec le
Conseil.
Le parlement en a cependant retiré en contrepartie un pouvoir d’amendement plus
important.
 
C)  Le pouvoir de contrôle
 
Le décalage fondamental entre le Parlement, organe strictement démocratique, et le
Conseil, organe interétatique, empêche d’imaginer un scénario plus poussé.
 
S’agissant du contrôle porté sur la Commission, le parlement dispose d’un contrôle
corrélatif plus étendu.
Il peut aussi poser des questions écrites ou orales, mais peut également mettre en place
une commission d’enquête et surtout adopter une motion de censure à l’égard de la
Commission.
 
A l’instar de la plupart des régimes nationaux, il existe une forme de rationalisation de la
procédure.
Le but étant d’éviter que des motions ne puissent être trop facilement engagées et
adoptées et donc de limiter les risques de déstabilisation institutionnelle.
Le dépôt de la motion n’est possible que si au moins ¼ des membres du parlement l’ont
signés.
 
L’adoption de la motion ne peut avoir lieu qu’à la majorité des 2/3 des suffrages
exprimés des membres du parlement.
 
L’adoption de la motion de censure est exigeante mais il n’est pas nécessaire de la
déclencher pour exercer une pression sur la commission.
L’hypothèse que la motion survienne peut suffire à contraindre la commission à s’aligner
sur les objectifs du parlement, voire à démissionner d’elle-même.
 
78
D)  Le pouvoir de nomination
Le parlement Européen joue un rôle plus ou moins important dans la désignation à de
hautes fonctions de l’UE.
Il désigne le médiateur Européen institué par le traité de Maastricht, il émet un avis
consultatif pour la désignation des membres de la Cour des Comptes, et participe à
l’élection du président de la commission et se prononce par vote sur la liste des
commissaires.
 
La désignation des juges de la CJUE reste du ressort des gouvernements des Etats
membres.
 
Section 5 : Les institutions spécialisées
 
On peut distinguer 3 institutions spécialisées : La CJUE, la banque centrale Européenne,
et la Cour des Comptes.
 
Sous-section 1 : La Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE)
 
 
Les règles de droit qui sont produites par l’UE ainsi que celles qui organisent l’UE
seraient très largement dépourvues d’effectivité s’il n’était prévu aucun mécanisme de
sanctions juridictionnelles.
 
La CJUE se charge de faire respecter le droit de l’UE et garanti à chaque citoyen de
pouvoir bénéficier d’une protection extérieure à l’Etat dont il est le ressortissant.
 
Elle joue un rôle essentiel en matière d’interprétation des traités constitutifs de l’UE et
des règles élaborées par l’UE elle-même.
Ce travail d’interprétation apparaît dans les motifs de ses arrêts, visant à préciser le sens
des traités et des énoncés juridiques produits par l’UE.
 
I)           Le statut de la CJUE
 
A.  L’organisation
 
1)    La structure de la CJUE
Elle est divisée en 3 juridictions : La Cour de justice, le Tribunal, et le Tribunal de la
fonction publique.
 

79
L’apparition de ces 2 dernières juridictions s’est faite dans un 2nd temps afin de
désengorger la Cour de Justice et de réduire le délai de traitement des affaires au bénéfice
des justiciables.
L’existence de délais raisonnables est une condition majeure du droit produit par l’UE.
 
Il existe une « hiérarchie juridictionnelle » au sein de la CJUE.
- Le Tribunal est détenteur de la compétence de droit commun, ses décisions peuvent en
principe faire l’objet d’un pourvoi auprès de la CJUE.
 
- Les décisions rendues par le Tribunal de la fonction publique peuvent faire l’objet d’un
recours devant le tribunal.
 
Certaines affaires sont portées directement devant la Cour de Justice, d’autre part les
tribunaux peuvent parfois rendre des décisions en 1er et dernier ressort.
2)    Le fonctionnement de la CJUE
Il repose sur l’existence de greffes.
 
Chaque juridiction de la CJUE dispose de son greffe, ce qui permet au Tribunal et au
Tribunal de la fonction publique de gagner en indépendance vis-à-vis de la CJUE.
 
Le rôle de ces greffes se décline sur 3 niveaux : assistance au magistrat, gestion
administrative et financière de la juridiction.
 
Il existe aussi au sein des juridictions un président distinct. Elles élisent leur président
chacune de leur côté pour 3 ans à la majorité et à bulletin secret parmi ses juges.
Cette procédure de désignation confère au président une réelle indépendance vis-à-vis des
Etats membres.
 
Le secret du scrutin permet d’éviter que des clans se forment au moment de l’élection.
Cela garantit à la Cour une certaine unité.
 
En principe, au moment de traiter les litiges, les juridictions ne réunissent pas l’ensemble
de leurs magistrats. Chaque juridiction est composée de chambres qui rendent leur
décision au nom de l’organe dans son entier.

La Cour de Justice peut siéger en chambre (3 ou 5 juges), en grande chambre (13 juges),
ou en assemblée plénière lorsqu’elle le décide.
 
S’agissant du tribunal de la fonction publique, il siège en principe en chambre composée
de 3 juges, parfois 5. Il statue en assemblée plénière dans de rares cas déterminés.
 
80
Par ailleurs, au sein du tribunal et du tribunal de la fonction publique, le recours au juge
unique est désormais possible.
 
B.  La composition
La Cour de Justice est composée de juges et d’avocats généraux. La règle est celle d’un
juge par Etat membre, soit 27 juges actuellement.
 
Le nombre d’avocats généraux est de 8 ;
5 d’entre eux sont issus des 5 plus grands Etats de l’UE (Espagne, Italie, Allemagne,
France, R-U)
 
Ils ont pour rôle de présenter publiquement en toute impartialité et en toute indépendance
des conclusions motivées.
 
Les magistrats de la Cour de Justice sont soumis à un statut adapté à leurs fonctions ;
- Ils sont nommés pour 6 ans et renouvelés par moitié tous les 3 ans.
- Le mandat de chaque magistrat est renouvelable indéfiniment.
 
- Leur désignation se fait d’un commun accord par les Etats membres. Ils doivent choisir
des personnalités qui offrent toute garantie d’indépendance et qui réunissent les
conditions requises pour l’exercice dans leur pays des plus hautes fonctions
juridictionnelles.
On retrouve ainsi des personnalités ayant fait carrière dans la magistrature, ou encore des
professeurs de droit.

Depuis le Traité de Lisbonne un avis préalable est donné composé de 7 personnalités.


Celles-ci sont des anciens membres de la Cour de Justice, du Tribunal, ou des juristes.
Etant donné que les juges et avocats généraux sont désignés directement par les Etats, un
ensemble de règles garantissent leur indépendance ou cour de l’exercice de leurs
fonctions ;
 
- Ils doivent prêter serment en début de leurs fonctions
- Il est prévu une règle d’incompatibilité avec toute autre fonctions
- Ils sont irrévocables, sauf en cas de manquement à leurs obligations.
 
S’agissant du Tribunal de la fonction publique, il est composé de 7 juges nommés pour 6
ans, désignés par le conseil après avis consultatif d’un comité similaire à celui existant
pour les 2 autres juridictions.
 
II)         Les fonctions de la CJUE
 
81
1)    Le Tribunal
Il dispose de la compétence de principe.
A ce titre, il statue sur  les recours :
- en annulation des actes pris par l’UE,
- en carence (lorsqu’une institution aurait dû prendre un acte),
- en réparation des dommages causés par les institutions de l’UE ou par leurs agents.
 
Il statue également en matière de recours sur les décisions du Tribunal de la fonction
publique, mais uniquement lorsque ce recours porte sur des affaires de droit
(incompétence, irrégularité de la procédure, violation du droit de l’UE).
 
2)    La Cour de Justice
Elle est compétente pour toutes les matières qui ne relèvent pas du Tribunal, à l’exception
de celles attribuées au Tribunal de la fonction publique.
 
Elle statue ainsi sur les matières de règlement des questions préjudicielles (lorsqu’un juge
national pose une question à la CJUE),
- en matière de recours contre un acte ou une abstention du Parlement Européen ou du
Conseil,
- en matière de recours contre un acte ou une abstention de statuer de la Commission
relative à la participation d’un Etat membre à une procédure de coopération.
 
La Cour de Justice est compétente pour statuer sur les manquements des Etats dans
l’application des droits de l’UE.
En 2nd lieu, elle est compétente en ce qui concerne les recours du Tribunal en 1ère instance.
 
3)    Le Tribunal de la fonction publique
Elle est strictement limitée aux litiges entre l’UE et ses agents.
 
III)       La procédure contentieuse
Elle organise le processus par lequel des actes ou des faits reprochés à une personne
physique ou à une institution sont confrontés à la norme de droit afin de déterminer s’il y
a eu ou non déviance.
 
La contestation de ces actes ou de ces faits ce produit au cours de « l’instance ». La
décision correspond à la constatation par la juridiction d’une déviance ou l’absence de
déviance, et à la prescription éventuelle d’une solution pour régler le litige en question.
 
Il existe souvent des procédés permettant aux partis qui se sentent lésés par une décision
ou injustement condamnés de contester cette dernière. On parle de voie de recours.
 
82
A)   L’instance
Elle débute par l’introduction de l’instance qui est le fait pour le demandeur de déposer
une requête. Il faut que le requérant est la capacité d’agir en justice. Pour déterminer les
requérants qui ont cette qualité, le CJUE se fonde sur ce que prévoit le droit interne de
chaque Etat membre.
 
Chaque parti doit se faire représenter par une personne habilitée à le faire et domiciliée à
Luxembourg. La règle de la représentation obligatoire vaut quel que soit le litige, sauf en
matière de renvoi préjudiciel lorsque la représentation ne s’imposait pas au niveau
national.
 
Les institutions de l’UE peuvent se faire représenter par un de leurs agents, tandis que les
autres partis doivent faire appel à un avocat habilité à exercer devant une juridiction d’un
Etat membre, voire dans certains cas se faire représenter par un professeur de droit
lorsque la législation de l’Etat concerné les autorisent à plaider.
 
En principe la requête doit être rédigée dans une des langues officielle de l’UE (23
langues officielles) et contenir un certain nombre d’élément (identité des partis, objet du
litige).
L’absence de ces éléments peut conduire à l’irrecevabilité de la requête.
 
1)    Le déroulement de l’instance
La procédure est essentiellement écrite, ce qui implique un échange de mémoire entres
les parties du litige. La chambre saisie de l’affaire est en charge de l’instruction, ce qui
lui permet d’entendre les partis et les témoins. Il peut s’en suivre une phase orale au cours
de laquelle plaident les avocats et répondent les partis aux questions des juges et de
l’avocat général.
 
Au cours de l’instance, la CJUE peut demander des mesures provisoires par voie de
référé. Il en va ainsi d’un sursis à l’exécution de l’acte attaqué.
Les mesures prescrites ne sont valables que pour une durée limitée, le but est
généralement d’assurer que des dommages irréversibles ne puissent survenir avant que la
décision finale ne soit rendue.
 
Le fondement juridique à partir duquel ces mesures sont prises ne conditionne pas la
décision finale.
L’ordonnance de référé de lie par le jugement au principal.
 
 
2)    L’arrêt

83
Il est rendu en audience publique après délibération à la majorité des voix par la chambre
saisie du litige.
 
A l’inverse de ce que l’on retrouve dans les décisions rendu par la CJUE, il n’y a pas de
publication des avis individuel de chaque magistrat. Les avis dissident éventuels ne
peuvent dont être portés à la connaissance du public, ce qui confère à la CJUE une pure
légitimité.
B)   Les voies de recours
On distingue dans le cadre de la procédure de la CJUE 2 voies de recours :
 
- La réformation : elle consiste généralement à demander à une autre juridiction de
réexaminer le litige (Tribunal ou Cour de Justice), le pourvoi reste limité aux questions
de droit.
 
Le juge du 2nd degré ne se substitue pas au juge d’instance dans l’appréciation des faits
dans laquelle il a pu se livrer. La réformation peut dans d’autres cas consister à demander
à la Cour de Justice d’examiner une décision rendue par le Tribunal «  en cas de risque
sérieux d’atteinte ou à la cohérence du droit communautaire ».
S’il apparaît que le risque était avéré, le Cour de Justice renvoie l’affaire devant le
Tribunal.
 
- La rétractation : Il s’agit de recours portés devant la même juridiction.
Ce moyen peut être exercé lorsqu’il est découvert un fait de nature à exercer une
influence sur la solution et qui était inconnu de la partie avant le prononcé de l’arrêt.
 
 
Sous-section 2 : La Banque Centrale Européenne
 
La politique monétaire et la politique de changes menés par l’UE ont pour but de
maintenir la stabilité des prix et de soutenir des politiques économiques générales dans
l’UE.
Par un ensemble de mécanismes de régulation, la BCE a pour objectif d’assurer la
stabilité des prix.
 
L’effort de stabilisation des prix de la BCE serait totalement vain si les Banques centrales
nationales pouvaient continuer à réguler librement les économies nationales. L’institution
de la BCE ne signifie pas la disparition des Banques centrale nationales mais sont
cantonnées au rôle d’exécutant.
 

84
La BCE représente la clé de voûte du système Européen de Banque centrale SEBC.
L’objectif de stabilisation des prix serait difficile à atteindre si les Etats pouvaient
influencer l’action de la Banque centrale.
 
Dans la lignée du modèle Allemand, le statut de la BCE et celui des Banque centrales
nationales leurs assure une indépendance vis-à-vis du pouvoir politique.
 
- En 1er lieu on trouve le conseil des gouverneurs.
 
Il est composé du directoire de la Banque centrale ainsi que des gouverneurs des Banques
centrales de la zone euro.
Le rôle du directoire est de fixer les orientations et de prendre les décisions
indispensables aux objectifs du SEBC.
 
Il définit la politique monétaire de l’UE. Ces décisions sont prises en général à la majorité
simple sans pondération, ce qui renforce le caractère supranational de la BCE.
 
- En 2nd on trouve le directoire.
 
Il est composé du président de la BCE, d’un vice-président et de 4 autres membres.
Ils sont chacun désignés à la majorité qualifiée pour 8 ans non renouvelables à la
recommandation du Conseil.
Cette désignation à lieu après concertation du Conseil Européen et du Conseil des
gouverneurs.
 
Sa mission est d’exécuter la politique monétaire dans le sens définit par les gouverneurs.
Il donne à cet effet des instructions aux BCE.
 
- En 3ème, Le Conseil économique et financier
 
Il est composé de 2 représentants par Etat membre en plus des 2 membres de la
Commission et des 2 membres de la BCE qui y siègent.
Son rôle est purement consultatif.
 
 
Sous-section 3 : La Cour des Comptes
 
Elle a été créée en 1976, sa consécration a été véritablement opérée par le traité de
Maastricht

85
L’apparition d’un tel organe a été rendu nécessaire par l’attribution à l’UE de ressources
propres, l’existence d’un budget régi par des règles précises, et une organisation détachée
de l’emprise des Etats membres.
 
Selon l’article 285 du TFUE, la Cour des Comptes a pour but d’assurer le contrôle des
comptes de l’UE.
Elle examine la légalité des recettes et des dépenses et s’assure de la bonne gestion
financière de l’UE.
 
Ses pouvoirs d’investigations sont poussés car elle peut exercer des contrôle sur pièce et
sur place dans les locaux de toute institutions gérant les recettes et dépenses pour l’UE, y
compris dans les locaux des personnes physiques ou morales bénéficiaire de versements
provenant de l’UE.
 
La portée de ces pouvoirs doit être nuancée dans la mesure où la Cour ne possède
d’aucun pouvoir direct de sanction et de décision.
 
Elle est composée d’1 ressortissant de chaque membre de l’UE (27). Chaque magistrat est
choisi parmi des personnalités appartenant ou ayant appartenues à des institutions au sein
de leur pays d’origine.
Ils sont élus pour une durée de 6 ans par le conseil statuant à la majorité qualifiée sur
proposition des Etats membres.
 
-- Ils ne doivent ni solliciter, ni accepter d’instructions d’aucuns gouvernements ni
organismes et leur statut est incompatible avec tout activité professionnelle.
 

86
Chapitre 4

L’organisation mondiale du commerce

L'OMC (Organisation Mondiale du Commerce, en anglais, World Trade Organization)


est une organisation internationale. Elle édicte des règles régissant le commerce des
marchandises, des services, des biens agricoles et industriels et de la propriété
intellectuelle entre les pays. Son but est d'aider, par la réduction des obstacles au libre-
échange, les producteurs de marchandises et de services, les exportateurs et les
importateurs à mener à bien leurs activités.

L'OMC est avant tout un cadre de négociation, un lieu où les gouvernements membres
essaient de résoudre les désaccords commerciaux existant entre eux. L'OMC s'est dotée
d'un « pouvoir judiciaire », l'Organe de Règlement des Différends (ORD), auprès duquel
les pays qui s'estiment lésés peuvent porter plainte. Une procédure permet de régler les
conflits entre les États membres. Elle est avant tout basée sur la négociation.

L'OMC n'est pas une agence de l'ONU. Depuis 2001, le cycle de négociation mené par
l'OMC est le cycle de Doha.

L'OMC produit un rapport annuel sur le commerce mondial ; son but est de faire mieux
comprendre les tendances du commerce international, les questions de politique
commerciale et le système commercial multilatéral

I - .Le rôle de l’OMC : tantôt législateur, gendarme, arbitre ou garant. 

A.   Rôle de régulation juridique de la mondialisation économique :

87
A.1. Rôle d’élaboration de la réglementation du commerce international servant de
cadre aux négociations commerciales.

A.2. Rôle d’examen des politiques commerciales des Etats-membres consistant à


analyser et soumettre à la critique multilatérale l’ensemble des dispositions de politiques
commerciales appliquées par les Etats-membres chacun à tour de rôle. Il s’agit d’un rôle
« mineur » de l’OMC dans la mesure où celle-ci ne dispose pas de sanctions juridiques,
elle anime seulement à la « pression des pairs ».

B. Réguler la globalisation[2] et ce faisant, assurer la croissance économique:

B.1. Libéraliser et multilatéraliser les échanges commerciaux relatifs aux


marchandises, aux services, à la propriété intellectuelle et aux investissements liés au
commerce, en suivant une philosophie que nous qualifierions aujourd’hui de libérale et
un but, l’équité, juste et humaniste. Quelles politiques économiques mises en œuvres ?
Deux volets :

a) « Free trade[3]  »  promouvoir l’échange libre et concurrentiel par :

- l’abaissement général et progressif des droits de douanes (aujourd’hui autour de


3%) 

- la prohibition des restrictions quantitatives (contingents) qui nuisent à un


développement harmonieux du commerce international.

b) « Fair trade  »  repose sur la loyauté des échanges et le principe de non-discrimination,


c’est-à-dire sur :

- l’interdiction des pratiques de dumping (ventes à perte) et des subventions

- le traitement de la nation la plus favorisée (TNPF) par application de la clause de la


nation la plus favorisée (CNPF) : tous les avantages commerciaux que s’accordent
mutuellement deux ou plusieurs états doit être étendus aux autres états. Il s’agit en fait
d’un principe d’égalité de traitement visant à décloisonner le commerce mondial.

- le principe de la clause nationale : les produits importés doivent recevoir le même


traitement en matière de règlements intérieurs et d’imposition que ceux nationaux

88
- principe de transparence

Cette libéralisation, vise et a permis un accroissement de la production (ce faisant elle


aspire a une croissance économique soutenue) et du bien-être international

B.2. Rôle dans le développement : promouvoir des phénomènes de rattrapage pour une
meilleure intégration ou insertion dans le commerce international, par un traitement
spécial transitoire.’

Aujourd’hui les pays en voie de développement (PVD) représentent 30% du commerce


international ; il s’agit donc d’une réalité économique face à laquelle l’OMC, en tant
que arbitre de la mondialisation, doit s’adapter. Quels sont les moyens mis en œuvre ?

Dans un premier temps, l’OMC fait preuve, pour les PVD et les intégrations régionales,
de « souplesse » et de « progressivité » en ce qui concerne l’application et le respect
des principes et politiques économiques cités ci-dessus : notamment en ce qui
concerne  le TNPF (l’OMC tolère un certain degré de protectionnisme de façon à ne pas
asphyxier les économies encore fragiles par l’entrée massive et plus compétitive de
produits étrangers) ou encore la reconnaissance du principe de non réciprocité.

Dans un second temps, l’OMC a joue un rôle actif dans le développement (pour éviter
une possible marginalisation dans l’économie mondiale) via des aménagements
spécifiques comme l’amélioration de l’accès au marché pour les produits des PVD,
l’octroi de période de transition, l’assistance technique et l’instauration de programmes
de formation pour combler ou du moins réduire le fossé notamment en matière de
technologies de l’information et des communication (TIC). Mais c’est surtout l’ouverture
du « cycle du développement » à Doha en novembre 2001 qui marque une étape, qui se
concrétise à Cancun en septembre 2003 par la mise en place d’un « fonds global
d’affectation spéciale pour le programme de Doha pour le développement ». En dépit des
perspectives ouvertes par les négociations multilatérales, la clé du développement réside
dans la capacité des pays à développer leurs attraits et, avant tout, offrir un potentiel de
marché propre à attirer les investisseurs dans un espace économique large.

Les cycles (ou Round) de négociations commerciales au GATT

89
De 1947 à 1994, la principale activité du GATT sera l'organisation de négociations
commerciales multilatérales (NCM), chargées de libéraliser le commerce mondial.
Huit cycles se sont succédés. Les cinq premiers cycles, menés d'avril 1947 à 1967,
visaient essentiellement la suppression des restrictions quantitatives et l'abaissement des
droits de douane, qui fut très important.

GATT : LES CYCLES DE NÉGOCIATIONS COMMERCIALES


MULTILATÉRALES DE 1947 À 1993

Cycles Date Membre Décisions


s

1er cycle : octobre 1947 23 pays 104 accords de réduction des droits
Genève de douane

2ème cycle : avril - août 33 pays 147 accords de réduction des droits
Annecy 1949 de douane

3ème cycle septembre 34 pays Réduction des droits de douane de


:Torquay 1950 - avril 25 % par rapport au niveau de 1948,
1951 une centaine d'accords
(la RFA fait partie de la négociation)

4ème cycle : janvier - mai 22 pays Réduction des droits de douane


Genève 1956 environ 60 nouvelles concessions
tarifaires
 (le Japon a accédé au GATT en
1955)

5ème cycle : septembre 35 pays 49 accords bilatéraux de réduction


Dillon Round 1960 - juillet des droits de douane
1962 (notamment entre la CEE et ses
partenaires)

6ème cycle : mai 1964 - juin 48 pays - Réduction des droits de douane de
Kennedy Round 1967 35 %
- Mesures anti-dumping
- Mécanismes préférentiels jugés
insuffisants par les pays en
développement

90
7ème cycle septembre 99 pays - Réduction des protections tarifaires
:Tokyo (ou 1973 - avril de 34 %
Nixon) Round 1979 - Mesures non tarifaires
- Mise au point des codes anti-
dumping

8ème cycle : septembre 125 pays - Réduction des droits de douane


Uruguay Round 1986 - avril - Mesures non tarifaires
1994 - Agriculture
- Services
- Droits de propriété intellectuelle
- Préférences commerciales pour les
pays en développement
- Création de l'OMC

L'Uruguay Round et les accords sectoriels

Le plus long des cycles de négociations, l'Uruguay Round a été aussi le plus conflictuel et
le plus novateur.
Il a élargi, en effet, le champ de la négociation à des secteurs non couverts jusque là par
le GATT : l'agriculture, le textile et les services, et, à ce titre, mis en évidence le conflit
commercial latent entre les Etats-Unis et l'Europe, notamment à travers la négociation
agricole.
Il a également, pour la première fois, intégré la protection de la propriété intellectuelle au
sein du commerce international.

L'Acte final de l'Uruguay Round du 15 avril 1994 recouvre de très nombreux accords

II - Organes de l’OMC

B.3. Règlements des différends commerciaux : soit à l’amiable, soit par l’ORD.

Au sein de l’OMC, l’Organe de Règlement des Différends (ORD) et l’Organe


d’Appel Permanent (OAP), assurent la résolution des litiges commerciaux entre les
Etats au niveau international, surveillent la mise en œuvre des décisions et
recommandations, autorisent la suspension des concessions et des autres obligations. Ils
constituent en un mot « le bras armé » de la nouvelle organisation en jouant un rôle de

91
régulation juridique de la mondialisation économique. L’OMC est aujourd’hui
victime de son propre succès et l’ORD et l’OAP sont saturés.

Exemples:

-USA/ Japon en 1995 pour le secteur de l’automobile, USA/UE pour le bœuf aux
hormones en 1996

- au regard des accords ADPIC (concernant les services), en mai 1999 l’OMC avait été
saisie de 19 plaintes pour résoudre des litiges en matière de droit d’auteur, de brevets et
de marques.

Le mécanisme de règlements des différends qui fonctionne depuis le Traité de Marrakech


dans le cadre de l’OMC est un système destiné à trancher les contentieux commerciaux
entre les parties. C’est un système à plusieurs étages qui comporte une procédure
préalable de consultation débouchant éventuellement si aucun accord n’est trouvé entre
les parties sur un panel dont les conclusions sont contraignantes.

1 ère étape : consultation entre les parties

Les parties entament des consultations au sein de l’OMC qui doivent donner lieu à un
accord dans les soixante jours.

2ème étape : le panel

Si la consultation a échoué, les parties se mettent d’accord sur les trois membres du
panel choisis par les membres de l’OMC. Les parties présentent leurs soumissions au
panel ; elles peuvent faire des observations sur le rapport intérimaire. Le panel présente
ses conclusions qui sont adoptées par tous les membres de l’OMC au sein de l’Organe de
règlement des différends. Pour refuser les conclusions d’un panel il faut obtenir l’accord
de tous les membres de l’OMC, ce qui rend l’adoption des conclusions quasi
automatique.

3ème étape : mise en œuvre des conclusions

Les parties appliquent les décisions du panel ou peuvent faire appel, elles saisissent
alors l’Organe d’appel composé de sept membres permanents qui sont des
personnalités indépendantes. Les conclusions de l’Organe d’appel sont automatiquement
adoptées. La mise en œuvre des conclusions doit se faire dans un délai raisonnable, qui
est défini par arbitrage, s’il y a désaccord entre les parties ; celles ci informent l’ORD des
étapes de la mise en conformité. Le plaignant peut exercer des mesures de rétorsions

92
commerciales à l’égard de la partie adverse en attendant la mise en conformité des règles
ou des mesures commerciales : la portée de ces rétorsions fait l’objet d’un arbitrage.

Le caractère contraignant des conclusions a changé la nature du mécanisme de règlement


des différends. L’ORD est sollicité par un nombre croissant de pays, y compris des pays
émergents, qui recourent à ses procédures comme les deux grands du commerce mondial
l’Union européenne et les États-Unis. Ce mécanisme est aujourd'hui perçu comme un
facteur d'équité dans le système commercial, cependant, il reste difficile d'accès pour les
pays les moins avancés."

Source : Jacquet Pierre, Messerlin Patrick, Tubiana Laurence Le Cycle du millénaire La


Documentation française. (Les Rapports du Conseil d'analyse économique, n° 20)

Ainsi, l’ORD comprend tous les Etats membres. Plus rapide et surtout plus contraignant
que le GATT, il met théoriquement tous les pays membres sur un pied d’égalité.

Les conflits commerciaux portés devant l'OMC depuis 1995

La liste de tous les différends commerciaux est consultable sur le site de l'OMC.
Ces différends reflètent l'état des relations commerciales internationales, la logique des
blocs régionaux, Etats-Unis contre Union européenne notamment, où les conflits
commerciaux opposent deux régions qui réalisent plus de 40% des échanges mondiaux.
Les principales pierres d'achoppement sont les questions agricoles (bœuf aux hormones,
OGM, bananes) et les services.

Nombre de différends

En 2005, on recense 314 plaintes déposées depuis le lancement de l'organisation.


Si le bilan de l'OMC fait état d'un nombre croissant de plaintes, on constate également
que de nombreux litiges se sont réglés à l'amiable : en dix années de fonctionnement,
50% des plaintes se sont soldées par un règlement à l'amiable après consultations
préliminaires.

En 2005, 81 affaires, au total, ont donné lieu à des rapports adoptés, soit en première
instance, soit par l'organe d'appel.
On constate une évolution en baisse des affaires faisant l'objet d'un appel : au début
chaque affaire, ou presque, faisait l'objet d'un appel, chiffre tombé à environ 30%.

Selon un Rapport rendu début 2005 par le Conseil consultatif au Directeur général pour le
10ème anniversaire de l'OMC, (PDF, 103 Ko) "Cette jurisprudence des 81 affaires pour
lesquelles les rapports ont été adoptés représentent 27 000 pages de jurisprudence. Il ne

93
fait aucun doute que cette jurisprudence aura sur le droit international général un effet
dépassant les limites du système de l'OMC."

Origine des plaintes

> Plaintes de pays membres développés (122 affaires/150 demandes)

> Plaintes de pays membres en développement (52 affaires/59 demandes)

> Plaintes déposées à la fois par des pays membres développés et des pays membres en
développement (5 affaires/11 demandes)

Source : OMC, mars 2001

Les principaux utilisateurs du mécanisme restent les Etats-Unis et l’Union européenne.


Les recours déposés par les pays en développement sont encore en nombre largement
inférieur à ceux déposés par les pays développés mais leur volume augmente. Aucune
plainte n'émane des pays les moins avancés (PMA).

ETAT DES DIFFÉRENDS

  Panels   TOTA Panels   TOTA


gagnés L perdus L

  En tant En tant   En tant En tant  


que que que que
plaignant défendeur plaignant défendeur

Etats-Unis 12 1 13 3 10 13

Union 13 1 14 1 4 5
européenne

Japon 3 1  4  - 2 2

PED 18 1 19  - 9 9

Source : DREE, septembre 2000

Quelques différends commerciaux significatifs

94
Le conflit de la banane

Le conflit de la banane remonte au 1er juillet 1993, année de mise en place du marché
intérieur de l'Union européenne, qui avait entraîné la création d'un nouveau système
unique d'importation, combinant des quotas fixés pour les pays ACP (Afrique, Caraïbes,
Pacifique), système préservant les intérêts des producteurs communautaires et des pays
ACP, au détriment des bananes dites "dollars" en provenance d'Amérique latine et
commercialisées par les multinationales américaines.

 Le 5 février 1996, les Etats-Unis, ainsi que l'Equateur, le Guatemala, le Honduras


et le Mexique ont déposé une plainte contre l'Union européenne.
 Par deux fois, le 25 septembre 1997 et le 9 avril 1999, l'ORD a donné tort à
l'Union européenne (PDF, 177 Ko), autorisant les plaignants à imposer des droits
de douane sur certains produits européens, équivalents au préjudice subi par les
entreprises américaines, estimé à 191,4 millions de dollars par an.
 Le 11 avril 2001, le règlement intervenu entre l'Union européenne et les Etats-
Unis, se conforme aux exigences de l'OMC, et supprime à terme (en 2006) les
quotas réservés aux pays ACP.
 Le 1er juillet 2001, les Etats-Unis lèvent les sanctions.

Ce conflit illustre la guerre commerciale qui fait rage entre l'Europe et les Etats-Unis, et
la fin d'une politique préférentielle européenne à l'égard de certains pays en
développement, mise en œuvre par la Convention de Lomé.

 Le 1er août 2005, le conflit rebondit, avec la publication d'un rapport d'arbitrage
de trois experts mandatés par l'OMC (PDF, 167 Ko) qui avait été saisie en mars et
avril 2005 par neuf pays latino-américains (Brésil, Costa Rica, Colombie,
Equateur, Honduras, Guatemala, Nicaragua, Panama, Venezuela). Il condamne en
effet le nouveau système d'importations prévu par l'Union européenne pour le 1er
janvier 2006, jugeant que le tarif de 230 euros (279 dollars) par tonne que l'UE
veut appliquer sur les importations de bananes en provenance d'Amérique latine
est trop élevé, les pays du groupe Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) n'étant pas
soumis à ce droit de douane.
 Le 26 novembre 2008, l'organe d'appel de l'OMC, estimant que le régime
d'importation de bananes de l'Union européenne "contrevient" aux règles du
commerce international, confirme une première décision prononcée en avril 2008
en faveur de l'Equateur et en mai 2008 en faveur des Etats-Unis, et dont l'Union
européenne avait fait appel le 28 août. Les Etats-Unis et l'Equateur critiquent le
régime d'importation européen de bananes entré en vigueur en janvier 2006, qui
impose un droit de douane par tonne sur les bananes non originaires de la zone
ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique).

95
 Le 15 décembre 2009, un accord à Genève met fin à la "guerre de la banane". La
négociation, à laquelle ont participé tous les pays latino-américains fournisseurs
de bananes à l'Union européenne, aboutit à un accord sur la baisse progressive des
droits de douane imposés par Bruxelles sur la banane hors pays ACP (Afrique,
Caraïbes, Pacifique), de 176 euros la tonne actuellement à 114 euros en 2017 avec
une première coupe à 148 euros à la signature de l'accord. En contrepartie, les
producteurs latino-américains et les Etats-Unis acceptent d'abandonner leurs
recours devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Par ailleurs,
l'Union européenne annonce une enveloppe allant jusqu'à 200 millions d'euros
pour aider les pays ACP à supporter la concurrence accrue de l'Amérique latine.
L'accord, qui est paraphé à Genève, doit être signé en 2010 par les 27 Etats
membres de l'Union européenne.

Le bœuf aux hormones

Ce différend illustre également le conflit commercial Etats-Unis - Europe, mettant cette


fois en jeu la question de la sécurité alimentaire, et notamment le principe de précaution.

 En 1988, l'Union européenne avait décréteun embargo sur la viande traitée aux
hormones de croissance. Les Etats-Unis et le Canada portaient l'affaire devant
l'OMC le 20 mai 1996.
 Lors du jugement rendu le 16 janvier 1998, l'organe d'appel de l'ORD confirmait
la décision de septembre 1997, condamnant l'Union à lever l'embargo, sauf à
apporter des preuves scientifiques de la nocivité de la viande aux hormones.
 Le 12 juillet 1999, l'ORD, qui, dans cette affaire, n'a pas retenu la pertinence du
principe de précaution a autorisé les Etats-Unis à taxer des produits européens,
pour un montant de 116,8 millions de dollars par an.

Chapitre 5 - Organisations internationales – La ligue Arabe

Introduction

96
Fondée sur l’idée de l’union des Etats arabes, la Ligue des Etats arabes a plusieurs
valeurs et objectifs qui sont dans l’intérêt des états arabes. La Ligue arabe est la seule
organisation qui incarne la totalité des états arabes et des structures qui montrent les
valeurs de ces états. La LEA a voulu réunir les états arabes dans le but de renforcer les
relations entre eux, d’améliorer la coopération et de préserver l’indépendance et la
souveraineté ainsi que de défendre leurs intérêts.

I - La création de la ligue arabe (charte)


La Charte de la Ligue arabe, votée en 1945 avec la constitution de l’organisation,
comprend 20 articles dont l’amendement est abordable à condition que la majorité soit
qualifiée ; en d’autres termes pour que les deux tiers des membres soient d’accord. Cette
charte est issue du protocole d’Alexandrie (sorte d’accord signé en 1944 par les 7 états
arabes fondateurs (Egypte, Irak, Arabie Saoudite, Syrie, Liban, Transjordanie, Yémen) de
la Ligue). A ces états fondateurs, ce sont ajoutés plusieurs états et aujourd’hui la LEA
compte pour 22 états membres.

Les conditions d’adhésion à la Ligue se définissent dans l’Article 1 de la Charte. Il est


donc certain que tout état arabe indépendant a le droit de s’adhérer, il doit présenter une
demande auprès du Secrétariat général qui va être, ensuite, être déposée au Conseil lors
de sa première réunion après la présentation de la demande. Cependant, selon l’Article 18
de la Charte, si l’un des états membres voudrait se retirer, il doit informer le Conseil de la
Ligue de son intention un an avant son retrait. Ainsi que le Conseil considère tout état ne
remplissant pas les obligations de la Charte comme étant exclu de la LEA ; et cela par
une décision votée par unanimité par tous les états membres sauf l’état visé. Il faut noter
que selon l’article 3 de la Charte, il est demandé la formation d’un conseil constitué des
représentants des états-membres. Ce Conseil se réunit deux fois par an, selon l’article 11.
D’ailleurs, selon l’article 7, il faut ajouter que les états arabes font preuve de capacité de
consensus. Mais ce principe décisionnel, bien qu’il est voté par unanimité, mais pose un
certain problème, c’est que soit tout le monde est d’accord et donc c’est un consensus
d’évidence, soit c’est un consensus qui est le fruit des négociations et des compromis
faits par chacun en vue d’aboutir à une décision commune. Il faut noter qu’il y a deux
points essentiels qui sont : le principe de droit voire l’égalité des états et l’égalité de la
souveraineté. Il est important de noter que selon l’article 6 de la Charte, une réunion
immédiate du Conseil est requise lors d’une agression ou même d’une menace
d’agression d’un état membre. Le Conseil décide des mesures nécessaires à prendre par
vote unanime.

Selon la Charte, la Ligue arabe est un outil de coordination stratégique, de mise en place
des éléments stratégiques et en même temps, des éléments de coordination entre les
différents états. Elle est aussi un outil qui prévoit des structures pour s’assurer que les
faits se passent ou non. C’est aussi une réunion d’états. Ce n’est pas un processus
97
d’intégration, il n’y a aucun objectif de disparition ou de fédération. La ligue arabe
soutient aussi la lutte du peuple palestinien afin de créer un état palestinien.
De plus, selon la charte, il y a trois points techniques :
-la décision ; son mode et son principe.
-la notion de solidarité face à une menace ou une menace d’agression pour un état.
-le respect de la souveraineté des états.

II –Les instances de la ligue Arabe

La Ligue des Etats Arabes est formée de trois organes principaux qui sont le Secrétariat
général, le Conseil de la Ligue, et les comités permanents. Cette ligue a prévu la
constitution d’organisations dans le but de diversifier les activités économiques et
sociales. Elle s’est chargée aussi de former des agences spécialisées et autonomes comme
l’Organisation arabe de travail, l’Union postale et l’Union des télécommunications.
a. Le Secrétariat général :

L’article XII de la Charte reconnait la mise en place d’un secrétariat général qui sera
constitué d’un secrétaire général, de secrétaires adjoints et d’un personnel. C’est le
Conseil de la Ligue qui nomme le Secrétaire général à majorité de deux tiers pour une
période de cinq ans sous réserve de renouvellement. Et c’est le Secrétaire général qui
est chargé, avec le consentement du Conseil de la Ligue, de la nomination des secrétaires
adjoints et du personnel de la Ligue.

Les fonctions de base du Secrétaire Général :


– Les tâches administratives et techniques : le suivi de la mise en oeuvre des décisions du
Conseil de la Ligue et de ses comités, la détermination de la date des sessions du Conseil,
l’invitation aux réunions des travaux pertinents du secrétariat général et la préparation du
budget de la Ligue.

– Les fonctions politiques : le droit d’assister aux réunions du Conseil de la Ligue, de


participer à la discussion des différentes problématiques, de faire des rapports ou des
déclarations orales et écrites sur tout sujet consulté et examiné, le droit d’attirer
l’attention du Conseil ou des Etats membres à une question qui est estimée importante
pour le Secrétaire général, le droit de représenter la Ligue au sein des organisations
internationales, le droit de parler au nom de la Ligue et de s’adresser aux publics avec les
données et informations nécessaires.

D’ailleurs, il est nécessaire de mettre en évidence les différents secteurs du secrétariat


général, qui sont les suivants :

98
– Bureau du Secrétaire général.
– Secteur politique et diplomatique.
– Secteur économique.
– Secteur sécuritaire.
– Secteur de contrôle financier et administratif.
– Secteur des affaires sociales.
– Bande de la Palestine et des territoires arabes occupés.
– Secteur des medias, de l’information et des télécommunications.
– Secteur des ressources humaines, financières et des services.

b. Le Conseil de la Ligue :

C’est l’organe suprême de la Ligue des Etats Arabes. Il est constitué des représentants de
chaque Etat membre. Chacun d’eux a une seule voix. Il se réunit deux fois par an.
Les devoirs du Conseil :

– Mettre en oeuvre des accords entre les différents états dans tous les domaines.
– Prendre les mesures nécessaires pour éviter toute agression réelle ou potentielle qui
pourrait menacer un des Etats membre.
– Résoudre les différends entre les Etats membre par des moyens pacifiques (médiation
ou arbitrage).
– Identifier les moyens de coopération entre les organismes internationaux afin de
préserver la paix et la sécurité internationale.
– Nommer le secrétaire général de la Ligue.
– Evaluer les postes des Etats membre dans le budget de la Ligue et leur approbation.
– Mettre les règles propres au Conseil, aux comités permanents et au secrétariat général.

c. Les différents conseils :

Il faut noter qu’au sein de la Ligue Arabe, il y a des conseils permanents et un réseau
juridique propre aux pays arabes.
Le Conseil économique est un conseil chargé de créer une grande zone de libre-
échangeentre les différents pays arabes. Il y a aussi des institutions bancaires qui
facilitent le financement du développement.
Le Conseil de défense est un conseil qui vise à garantir une sécurité collective à tous les
niveaux et dans tous les pays arabes.
Les Conseils ministériels :
– Ministres du logement et de la construction arabe.
– Ministres des transports arabes.
– Ministres arabes chargés des affaires environnementales.

99
– Ministres arabes des télécommunications et de l’information.
– Ministres arabes du tourisme.
– Ministres arabes des medias.
– Ministres arabes de l’électricité.
– Ministres arabes des affaires sociales.
– Ministres arabes de la jeunesse et du sport.
– Conseil ministériel arabe de l’eau.
– Ministres arabes de la justice.
– Ministres arabes de la santé.

d. Comités permanents :

Chaque comité est représenté par un délégué qui possède une seule voix. Le Conseil de la
Ligue nomme un président pour chaque comité pour deux ans de mandat renouvelable.
La prise des décisions se fait par vote majoritaire des Etats membres. Chacun de ces
comités a le droit de constituer des comités secondaires. Ces comités ont aussi le droit
d’engager des experts des Etats membre pour profiter de leurs expériences et
compétences. Il faut noter que ces comités ont un rôle dans l’accomplissement de
plusieurs projets d’accords conclus par les Etats membre. Citons, le comité de combat
pour la traite des êtres humains, le comité arabe des droits de l’Homme.

100
– Ministres arabes des télécommunications et de l’information.
– Ministres arabes du tourisme.
– Ministres arabes des medias.
– Ministres arabes de l’électricité.
– Ministres arabes des affaires sociales.
– Ministres arabes de la jeunesse et du sport.
– Conseil ministériel arabe de l’eau.
– Ministres arabes de la justice.
– Ministres arabes de la santé.

d. Comités permanents :

Chaque comité est représenté par un délégué qui possède une seule voix. Le Conseil de la
Ligue nomme un président pour chaque comité pour deux ans de mandat renouvelable.
La prise des décisions se fait par vote majoritaire des Etats membres. Chacun de ces
comités a le droit de constituer des comités secondaires. Ces comités ont aussi le droit
d’engager des experts des Etats membre pour profiter de leurs expériences et
compétences. Il faut noter que ces comités ont un rôle dans l’accomplissement de
plusieurs projets d’accords conclus par les Etats membre. Citons, le comité de combat
pour la traite des êtres humains, le comité arabe des droits de l’Homme.

Secretaires généraires
Depuis la création de la Ligue des Etats arabes jusqu’à aujourd’hui, sept secrétaires
généraux ont présidé la Ligue des Etats arabes.
1945-1952 : Abdel Rahman Azzam. Il est né le 8 mars 1893 dans une famille arabe
originaire de la péninsule arabique. Il a fait des études de médecine à la Faculté de San
Thomas à l’Université de Londres en 1912. Nationaliste égyptien, fervent partisan du
panarabisme, il s'est opposé fermement à la partition de la Palestine. Lors de sa carrière
politique, il fut membre au parlement en 1924 et 1936 et ambassadeur d'Égypte dans
plusieurs pays. Il est le grand-oncle maternel d'Ayman al-Zawahiri.
1952-1972 : Mohammad Abdel Malak Hassouna. Il est né le 28 octobre 1898. Il a obtenu
sa licence de droit de l’Université du Caire en 1921 et ensuite il a poursuivi ses études de
Master en sciences économiques et politiques à l’Université de Cambridge en Angleterre
en 1925 où il a été membre de la première mission du corps diplomatique du Ministère
des Affaires étrangères. Il est maire d'Alexandrie entre le 25 avril 1942 et le 15 mai 1948.
Sa période est marquée par la construction de l'université de l'Alexandrie. Il a occupé le
poste de ministre des affaires sociales entre 1949 et 1950 puis ministre de l'éducation. Il
sera nommé secrétaire général de la Ligue en 1952.

101
1972-1979 : Mahmoud Riad. Il est né le 8 janvier 1917. Il est diplômé de l’Académie
militaire de L’Egypte en 1936. Il a enseigné la matière des tactiques dans l’Académie
militaire à partir de 1942. Il a rejoint l’Académie d’Etat-major et a obtenu sa diplôme en
1943 et ensuite il continue l’enseignement dans l’Académie militaire. Il a occupé le poste
de d'ambassadeur de l'Égypte auprès la Syrie en 1955 et de l'ONU entre 1962 et 1964. Il
était également le conseiller des affaires politiques de Gamal Abdel Nasser entre 1958 et
1962 et de Anouar el-Sadate en 1972. Ensuite il fut désigné ministre des Affaires
étrangères de 1964 à 1972 pour devenir ensuite le troisième secrétaire général de la Ligue
arabe en 1972.

1979-1990 : Chazli al Klibi. Il est né le 6 décembre 1925 à Tunis. Il a fait ses études
secondaires au Collège Sadikiya, puis il s’est déplacé vers Paris où il a poursuivi ses
études en Littérature et Philosophie à l’Université de la Sorbonne. Ainsi qu’il a obtenu
une licence en Langue et Littérature arabe en 1947. Directeur général de la radio
nationale en 1958, il devient le premier ministre tunisien des Affaires culturelles (1961-
1970, 1971-1973, 1976-1978) sous la présidence d'Habib Bourguiba puis directeur de
cabinet du président de 1974 à 1976 avant d'occuper le poste de ministre de l'Information
de 1978 à 1979. Il sert également comme maire de Carthage de 1963 à 1990. Il est
nommé secrétaire général de la Ligue en 1979.
1991-2001 : Ahmad Ismat Abdel Majid. Il est né le 22 mars 1923 en Alexandrie. En
1944, il obtient une licence en droit de l'Université d'Alexandrie. En 1947, il obtient son
diplôme de droit. Un an plus tard, il est diplômé de l'Université de Paris en économie. En
1949, il obtient un autre diplôme en droit comparé et en sciences politiques.

2011-… : Nabil Al Arabi. Il est né le 15 mars 1935. Il a fait ses études en droit à
l’Université de Caire (1955) puis à la Faculté de Droit à la Faculté de Droit à l’Université
de New York. Ministre des Affaires étrangères, il a été élu à l’unanimité secrétaire
général de la Ligue arabe. Il était ancien ambassadeur à l’ONU, diplomate et spécialiste
de droit international. Il a travaillé en 2001 à la Cour Internationale de Justice. Il a fait
partie aussi de l’équipe égyptienne qui a négocié la paix avec Israël en 1978-1979.

LIGUE DES ETATS ARABES : SIEGES.


Selon l’Article 10 de la Charte de la Ligue des Etats arabes, le siège permanent de la
ligue doit être au Caire. Le Conseil de la Ligue peut décider ensuite lui-même le lieu de
sa réunion, puisqu’il se réunit deux fois par an. Cela est décidé dans la Charte qui a été
décrétée en 1945 avec la constitution de l’organisation de la LEA. Le siège de la LEA est
donc resté au Caire de 1945 à 1979. Mais, en 1978, ont été signés les accords de Camp
David qui ont conduit l’année suivante au premier traité de paix entre Israël et un pays
arabe qui est l’Egypte. Et comme l’acteur face à celui israélien Menahem Begin, était
l’égyptien Anouar el Sadat, donc l’Egypte va être exclue de la LEA. Il faut noter
102
qu’avant son exclusion, les ministres de la Ligue arabe se sont réunis à Bagdad pour
définir les sanctions diplomatiques et économiques infligées à l’Egypte, mais l’Irak va
s’opposer ne voulant que des sanctions économiques symboliques sans même toucher à la
population égyptienne. Suite à cela, le siège de la Ligue arabe va être déplacé vers Tunis.
L’Egypte va être exclue de la Ligue des Etats arabes et va être privée de son siège
pendant presque 10ans. Cette exclusion ne serait pas en faveur de la Ligue car l’Egypte
avait une part très importante, et donc la Ligue va assister à une diminution de son
influence. En 1990, le siège de la LEA sera de nouveau au Caire lors de la guerre du
Golfe ; et jusqu’à aujourd’hui le siège de la LEA est au Caire en Egypte.

103
Chapitre 6 - L’OTAN

Introduction

L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord est née de la guerre froide. Au lendemain de


la défaite de l'Allemagne, le monde se partage en deux blocs, opposant les États-Unis et
l'URSS, ainsi que leurs alliés respectifs. L'Alliance atlantique est alors destinée à contrer
la puissance soviétique.

Aujourd'hui, l'OTAN comprend 19 membres : depuis l'origine, la Belgique, le Canada, le


Danemark, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Islande, l'Italie, le
Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal ; depuis 1952, la Grèce et la Turquie ;
depuis 1955, la République fédérale d'Allemagne ; depuis 1982, l'Espagne ; depuis mars
1999, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque. Tous ces pays en font partie afin
de « sauvegarder la paix et la sécurité, et de développer la stabilité et le bien-être dans la
région de l'Atlantique nord ». Après la chute du mur de Berlin, en 1989, l'Alliance a
redéfini son rôle. À Rome, en 1991, puis lors du Conseil de l'Atlantique Nord à
Washington, en 1999, elle a adopté un nouveau concept stratégique.

L'OTAN doit s'ouvrir à de nouveaux États, développer des partenariats avec la Russie et
l'Ukraine, élargir le dialogue avec les pays de la Méditerranée. Une conception élargie de
la sécurité peut conduire l'Organisation à mener des opérations de maintien de paix hors
de sa zone de compétence. La condition en est alors une réforme de ses structures
militaires.

I Genèse et finalité de l'Alliance atlantique

2.1. La formation du pacte de l'Atlantique Nord

L'origine du Pacte est multiple. Elle se trouve, tout d'abord, dans la déclaration du
président américain Harry Truman, datant du 12 mars 1947. La « doctrine Truman »,
motivée, entre autres, par l'essor de mouvements de guérilla nationalistes soutenus par les
Soviétiques ou à direction communiste (Kurdistan, Chine, Grèce, Viêt Nam), remet en
question la tradition isolationniste des États-Unis en temps de paix, en militant en faveur
d'une solidarité militaire au sein du monde occidental.

104
L'OTAN doit aussi sa création au désir des Européens de se lier aux États-Unis par un
pacte durable de défense. Soucieux de la menace soviétique (création du Kominform,
grèves communistes en Italie et en France en 1947-1948, et surtout « coup de Prague » de
février 1948, puis blocus de Berlin en juin), la Grande-Bretagne, la France, les Pays-Bas
et le Luxembourg, déjà liés par le traité de Bruxelles (17 mars 1948), décident d'élargir
leur pacte d'alliance à d'autres pays de l'Europe occidentale et aux deux grands États
industriels d'Amérique du Nord. Le traité de l'Atlantique Nord est signé le 4 avril 1949
par les douze pays fondateurs et entre en vigueur le 24 août suivant.

La zone couverte par le traité, s'étendant aux territoires métropolitains des États membres
mais non à leurs possessions d'outre-mer, est décrite dans l'article 6 : l'Alliance intervient
en cas d'« attaque contre le territoire de l'une des parties en Europe ou en Amérique du
Nord, contre les départements français d'Algérie (mention supprimée en 1963, après
l'accession du pays à l'indépendance), contre les îles placées sous la juridiction de l'une
des parties dans la région de l'Atlantique nord, au nord du tropique du Cancer, ou contre
les navires ou aéronefs de l'une des parties dans la même région. »

Le traité peut être révisé au bout de dix ans à la demande de l'une des parties et par voie
de consultation (article 12). Il peut être dénoncé par toute partie au bout de vingt ans,
mais sa durée est illimitée, comme le préciseront les Alliés dans les accords de 1954.
Enfin, d'autres pays peuvent être admis dans l'Alliance, aux conditions fixées par
l'article 10, qui précise : « Les parties peuvent, par accord unanime, inviter à accéder au
traité tout autre État européen susceptible de favoriser le développement des principes du
présent traité et de contribuer à la sécurité de la région de l'Atlantique nord. » La zone
sera progressivement élargie à la Grèce et à la Turquie, à l'Allemagne, à l'Espagne, et
finira par s'étendre aux pays de l'Europe de l'Est avec l'adhésion, en 1999, de la Hongrie,
de la Pologne et de la République tchèque.

2.2. Les objectifs du Pacte

L'esprit et les buts du traité sont exposés dans le Préambule et dans les trois premiers
articles. Le Pacte a pour objet d'assurer collectivement la sécurité des États signataires.
La référence à la charte de l'Atlantique de 1941 et à la charte des Nations unies de 1944
est constante. Comme elles, le texte du traité mentionne les grands principes sur lesquels
doit reposer l'ordre international : la liberté des peuples, le règne du droit, la justice, la
coopération économique et le refus de l'emploi de la force pour résoudre les conflits, sauf
en cas de légitime défense.

En temps de paix, la sécurité collective des États membres est assurée par l'assistance
mutuelle et la coopération économique. Il est dit, dans l'article 3, que chaque pays
signataire devra accroître sa capacité de « résistance à une attaque armée ». Et, selon

105
l'article 5, toute agression armée contre un des membres est considérée « comme une
attaque dirigée contre toutes les parties. […] Chacune d'elles, dans l'exercice du droit de
légitime défense […], assistera la partie ou les parties ainsi attaquées ». Chaque État
membre conserve cependant le choix des moyens. Pour la première fois de son histoire,
l'OTAN a mis en œuvre la disposition de l'article 5, le 12 septembre 2001, après les
attentats qui ont frappé les États-Unis. (→ événements du 11 septembre 2001.)

2.3. Les évolutions doctrinales

Dès sa création, en 1949, l'OTAN est une organisation purement défensive et dissuasive,
et, dans l'hypothèse où une agression est commise sur le territoire des pays membres,
ceux-ci bénéficient, le cas échéant, du « parapluie nucléaire » américain. Mais la
fabrication, par l'URSS, de missiles balistiques à capacité intercontinentale l'amène, en
1967, à adopter la doctrine de « riposte graduée », qui fixe les conditions nouvelles de
l'engagement des forces armées de l'Alliance.

En cas d'échec de la dissuasion, cette riposte doit se faire en trois paliers : l'engagement
des forces conventionnelles ; l'emploi des armes nucléaires tactiques en soutien des armes
conventionnelles ; et, par voie de conséquence, la mise en œuvre des forces nucléaires
stratégiques des deux adversaires – les représailles étant alignées sur le niveau d'agression
de l'adversaire. Cette évolution doctrinale conduit la France, en 1966, à se retirer du
commandement intégré de l'Alliance, puis à exiger le retrait des forces stationnées sur son
territoire et à récupérer la souveraineté complète de son espace aérien. Toutefois, un
certain nombre de liens sont préservés, grâce à des accords d'état-major.

Une seconde évolution se fait jour avec la crise des euromissiles : au déploiement, à partir
de 1977, des missiles SS 20 soviétiques, l'OTAN réplique, en 1979, par la « double
décision », qui envisage ou le retrait des SS 20 ou, en cas de maintien de leur présence, le
déploiement des missiles américains Pershing 2 sur le territoire des alliés européens
(Allemagne, Italie, Grande-Bretagne principalement). Cette seconde option est
effectivement appliquée en 1983, dans un climat d'intense agitation pacifiste, hostile à
l'action de l'Alliance.

3. Structures et fonctionnement de l'OTAN

Pour que la politique de sécurité de l'Alliance soit définie et appliquée avec le concours
des États membres, indépendants et souverains, chacun des gouvernements doit être
parfaitement informé des choix et des orientations de ses partenaires et des motivations
qui les inspirent. L'OTAN n'est pas une organisation supranationale ; il s'agit d'une
alliance internationale à vocation défensive. Fin 1949, l'Europe et le monde paraissent de
106
plus en plus nettement s'organiser autour de deux pôles de puissance : les États-Unis, qui,
poussés par les circonstances, sont amenés à exercer leur leadership sur le « monde
libre », et assument les responsabilités majeures au sein de l'Alliance atlantique ; l'URSS,
qui, en attendant la mise en place du pacte de Varsovie en 1955, a signé des traités
militaires avec ses satellites et s'efforce, depuis janvier 1949, de les intégrer
économiquement à l'espace soviétique par le biais du Comecon, réplique à la création de
l'OECE (Organisation européenne de coopération économique). Ce sont désormais deux
« blocs » relativement homogènes qui vont s'affronter dans les batailles de la guerre
froide.

En mai 1956, toutefois, le Conseil de l'Atlantique crée un comité chargé de rechercher les
moyens de développer la coopération entre les pays de l'OTAN dans les domaines non
militaires. Le 13 décembre est présenté le rapport dit « des trois sages ». Qualifié aussi de
« charte morale », ce rapport affirme que l'existence de relations étroites au niveau
politique et économique entre les membres de l'Alliance est la condition sine qua non à la
réalisation effective de la mission de dissuasion de l'OTAN. Ainsi, la procédure de
consultation n'est pas limitée aux seules questions militaires. Le comité politique, les
groupes d'experts ad hoc, le groupe consultatif sur la politique atlantique sont autant
d'organes qui contribuent au développement de la consultation politique entre les
gouvernements des États membres de l'OTAN. Enfin, la déclaration d'Ottawa de 1974
– sur les relations atlantiques – réaffirme la volonté des Alliés de « maintenir entre eux
une étroite consultation et un esprit de coopération et de confiance mutuelle »
(paragraphe 11).

4. Les structures de l'OTAN

Ce qui distingue fondamentalement ce traité des alliances de type traditionnel qui l'ont
précédé, ce sont les organes permanents qui se sont développés pour en assurer
l'exécution et qui constituent l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, instituée par la
convention d'Ottawa du 20 septembre 1951.

4.1. Les structures civiles de l'Alliance

Le Conseil de l'Atlantique Nord

Le Conseil de l'Atlantique Nord, organe politique le plus élevé de l'OTAN, présidé par le
secrétaire général, est la seule structure définie par le traité de l'Atlantique Nord. En son
sein, les États membres ont les mêmes droits, quels que soient leur poids économique ou
leur importance militaire, et les décisions sont prises à l'unanimité – ce qui implique un
droit de veto pour chacun. Les gouvernements des États membres peuvent y conduire des

107
consultations sur toutes les questions touchant à leur sécurité. C'est l'organe décisionnel
suprême.

Le secrétaire général de l'OTAN

Le secrétaire général de l'OTAN est nommé par le Conseil de l'Atlantique Nord par
consensus, au terme de consultations. Sa fonction est à la fois civile et militaire. Chargé
de promouvoir et de diriger le processus de consultation et de prise de décision au sein de
l'OTAN, il se doit de donner des impulsions et des conseils fondés sur ses contacts avec
les membres de l'Alliance et les responsables d'autres États.

Le Comité des plans de défense (CPD)

Le Comité des plans de défense (CPD) est chargé de donner des orientations aux autorités
militaires de l'OTAN. Il a été institué après la décision prise par la France, en 1966, de ne
plus laisser participer son ministère de la Défense au Conseil de l'Atlantique Nord et de
se faire représenter au sein de ce dernier par son seul ministère des Affaires étrangères.

Le Groupe des plans nucléaires (GPN)

Le Groupe des plans nucléaires (GPN), composé des représentants de tous les États
membres, à l'exception de la France, est la principale enceinte de consultation pour toutes
les questions relatives au rôle des forces nucléaires dans le cadre des politiques de
sécurité et de défense mises en place par l'OTAN. Depuis 1992, cet organisme a cessé de
travailler activement, l'OTAN n'ayant plus aujourd'hui d'« adversaire global ». Toutefois,
les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui sont, avec la France, les seuls pays membres de
l'OTAN à posséder des armements nucléaires, continuent de se concerter au sein du GPN.

4.2. Les structures militaires fonctionnelles

Le Comité militaire, créé en octobre 1949, est l'instance militaire suprême de l'OTAN.
Placé sous l'autorité politique du Conseil de l'Atlantique Nord, du CPD et du GPN, il
donne des orientations au haut commandement de l'OTAN. En temps de paix, il est
chargé de préparer les mesures et les plans jugés nécessaires à la défense commune de la
zone de l'OTAN en Europe. Le Comité dispose d'un état-major militaire international
(EMI), qui veille à ce que ses décisions et directives soient appliquées ; c'est l'organe
exécutif du Comité militaire, dont la France, qui l'avait quitté en 1966, se rapproche
depuis 1995. Ainsi, la mission militaire de la France participe à tous les travaux, sauf à
ceux qui sont relatifs à la planification nucléaire.

4.3. Les commandements opérationnels

108
Le Commandement suprême allié en Europe (SACEUR)

Au niveau stratégique, le nombre des commandements suprêmes a été ramené (par


dissolution, en 1992, du Commandement suprême allié de la Manche, ou CINCHAN) de
trois à deux. Le Commandement suprême allié en Europe (SACEUR), basé à Mons, en
Belgique, a pour mission fondamentale de contribuer au maintien de la paix, de la
sécurité et de l'intégrité territoriale des États membres de l'Organisation. Il couvre les
zones terrestres allant du cap Nord à l'Afrique du Nord et de l'Atlantique à la frontière
orientale de la Turquie, à l'exception du Portugal et du Royaume-Uni. En cas de conflit
armé, le SACEUR a vocation à prendre la direction de toutes les opérations terrestres,
navales et aériennes dans cette zone qui couvre près de 2 millions de kilomètres carrés.
De lui dépendent trois commandements régionaux : pour le Nord-Ouest (à High
Wycombe, en Grande-Bretagne), pour le Centre-Europe (à Brunssum, aux Pays-Bas) et
pour le Sud (à Naples).

Le Commandement suprême allié de l'Atlantique (SACLANT)

Basé à Norfolk, aux États-Unis, le SACLANT étend sa compétence de l'Arctique au


tropique du Cancer et des eaux territoriales de l'Amérique du Nord aux côtes d'Europe et
d'Afrique, y compris le Portugal, mais à l'exclusion de la Manche et des îles Britanniques.
Il a pour fonction, en temps de paix, de préparer des plans de défense, ainsi que de diriger
des exercices d'entraînement intégrés et combinés. En temps de guerre, sa mission
fondamentale est de prendre en charge la sécurité de tout l'océan Atlantique, en assurant
la protection de ses voies maritimes.

5. La position de la France

En 1966, la France s'est retirée du commandement militaire intégré de l'OTAN, car la


politique française reposait – depuis le retour au pouvoir du général de Gaulle – sur la
constitution d'une force de dissuasion nationale. Cela répondait à un double objectif :
reconquérir l'indépendance nationale, tant militaire que politique, et ne pas se laisser
entraîner par les États-Unis dans un conflit qui ne concernait pas la France. La doctrine
française de la dissuasion proportionnelle s'opposait, à l'époque, à la doctrine de la
« riposte massive ». Or, bien qu'en 1967 l'OTAN eût adopté la doctrine de la « riposte
graduée », en élevant le seuil de recours au nucléaire, la position de la France resta
inchangée.

Après trois décennies d'ostracisme, la France a admis que la défense européenne ne


pouvait se concevoir comme concurrente de l'Alliance atlantique. Sans que les forces
armées du pays soient en permanence intégrées dans l'OTAN, les représentants de la
France ont fait leur retour au sein du Conseil des ministres de la Défense et au Comité

109
militaire à partir de 1994, quand on commença à envisager l'emploi des troupes françaises
déployées en Bosnie dans le cadre de l'OTAN. En 1996, le chef d'état-major des armées
françaises, le général Jean-Philippe Douin, a affirmé que la France était prête à adhérer à
une nouvelle structure militaire de l'Alliance atlantique. Mais, l'année suivante, le refus
américain d'attribuer à un Européen le commandement régional pour le sud de l'Europe
(Naples) a mis un terme à cette démarche.

6. Un nouveau concept stratégique

La fin de la guerre froide, synonyme de disparition de la menace soviétique et de


démocratisation des pays de l'Europe de l'Est, a également obligé l'OTAN à s'interroger
sur ses raisons d'être, tant la chute du mur de Berlin semblait dicter l'effacement d'une
structure politico-militaire née pour répondre aux tensions Est-Ouest. Désireuse de
justifier sa survie, l'OTAN a vu sa tâche facilitée par les enseignements tirés de la guerre
du Golfe de 1990-1991 et du conflit dans l'ex-Yougoslavie, qui, tout autant que la
nouvelle donne stratégique, ont imposé une révision de sa doctrine stratégique et une
restructuration de ses forces.

6.1. L'ouverture aux pays de l'Europe de l'Est

Au lendemain de la guerre froide, l'OTAN a été contrainte de modifier ses structures pour
être en mesure de faire face aux exigences de la nouvelle situation en Europe.
L'Organisation a manifesté la volonté de se rénover en lançant un processus de
coopération avec les États membres de l'ex-pacte de Varsovie, qui estiment vivre dans
« un vide stratégique ». Les nouvelles missions ayant, a priori, pour terrain d'application
privilégié l'Europe centrale et orientale, l'intégration des pays qui en font partie apparaît
comme le corollaire logique de la volonté d'assurer la stabilité de cette partie de l'Europe.
Pour répondre au désir d'adhésion que ceux-ci ont formulé, deux organismes ont été
créés.

Le Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA)

Il a remplacé, en 1997, le Conseil de coopération nord-atlantique (COCONA), créé en


novembre 1991, à l'instigation du président américain George Herbert Walker Bush, pour
être un forum réunissant les représentants de l'Alliance atlantique et ceux des États de
l'ex-pacte de Varsovie. Le CPEA offre le cadre général dans lequel ont lieu les
consultations touchant aux questions politiques et à la sécurité, en vue d'un renforcement
de la coopération entre les États européens, y compris les républiques de l'ex-URSS (soit,
au total, 50 États).

Le Partenariat pour la paix (PPP)

110
Le Partenariat pour la paix (PPP) a été créé et proposé aux pays de l'ancienne Europe
communiste dès 1994. Il se compose alors de 24 membres. En adhérant à ce Partenariat,
les anciens pays communistes s'engagent à respecter et à défendre les principes du droit
international, de même qu'à s'acquitter des obligations posées par la charte de l'ONU et à
se conformer aux principes proclamés par la Déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948. Les partenaires doivent également réaffirmer qu'ils sont résolus à tenir
les engagements pris en application de l'Acte final d'Helsinki ainsi que de la totalité des
documents ultérieurs de la CSCE (Conférence sur la sécurité et la coopération en
Europe), devenue l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

En contrepartie, ils doivent être associés à des exercices militaires de l'OTAN, tels que
des manœuvres communes et des échanges de personnels militaires ; dans certaines
circonstances, ils doivent aussi être associés à des opérations de maintien de la paix.
Enfin, ils ont la possibilité de recourir à l'article 4 du traité de l'Atlantique Nord, et
peuvent donc demander des « consultations » aux pays membres de l'OTAN, s'il advient
que leur intégrité territoriale, leur indépendance politique ou leur sécurité sont menacées.
En revanche, ils ne peuvent pas bénéficier des dispositions de l'article 5.

Le PPP est un élément clé de l'instauration de nouvelles relations de sécurité entre


l'Alliance et ses partenaires. Il est devenu une composante permanente de la sécurité
européenne et a vocation à poursuivre sa fonction d'antichambre de l'OTAN. De fait,
l'admission de pays d'Europe centrale et orientale en tant que membres à part entière a été
l'une des questions fondamentales du sommet de Madrid, en juillet 1997. Le 12 mars
1999, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque ont été les premiers d'entre eux à
quitter le PPP pour faire leur entrée dans l'Alliance. En novembre 2002, la Bulgarie,
l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie sont invitées à
rejoindre l'Alliance en mai 2004. En avril 2009, la Croatie et l’Albanie rejoignent à leur
tour l’OTAN, composée désormais de 28 États membres. L’ex-République yougoslave de
Macédoine et le Monténégro participent, depuis 1999 et 2009 respectivement, au « plan
d’action pour l’adhésion », et la coopération avec la Bosnie-Herzégovine progresse
également.

Le Conseil OTAN-Russie

Depuis la fin de la guerre froide, l'OTAN a également tenu à amorcer le dialogue avec la
Russie, l'Ukraine et certains pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. Ainsi, le 27 mai
1997, à Paris, les membres de l'Alliance atlantique et la Fédération de Russie ont signé
l'Acte fondateur instituant les relations de coopération et de sécurité mutuelles entre eux
et crée un Conseil permanent conjoint, transformé en Conseil OTAN-Russie le 28 mai
2002.

111
La « charte sur un partenariat spécifique entre l'Organisation du traité de l'Atlantique
Nord et l'Ukraine » a été paraphée à Sintra, au Portugal, le 29 mai 1997. Depuis, cette
coopération s’est approfondie et s’est intensifiée en réaction à l’annexion de la Crimée
par la Russie en mars 2014 et des menaces pesant sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine,
avec le conflit entre les forces sécessionnistes soutenues par Moscou et l’armée
ukrainienne dans l’est du pays. La coopération militaire et civile avec Moscou est alors
suspendue.

De même, l’OTAN apporte son soutien aux aspirations euro-atlantiques de la Géorgie,


exprimées dès 2002, notamment depuis l’affrontement armé entre cette dernière et la
Russie, en août 2008, et la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des régions
géorgiennes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie.

L'OTAN et le Proche-Orient

Par ailleurs, à Bruxelles, le 8 février 1995 et lors de la réunion interministérielle tenue à


Sintra le 29 mai 1997, le Conseil de l'Atlantique Nord a décidé d'entamer un dialogue
direct avec l'Égypte, Israël, la Jordanie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie afin que ces
pays apportent « leur contribution à la paix et à la sécurité dans la région ». Ce « dialogue
méditerranéen », auquel s’est jointe l’Algérie en 2000, a été réaffirmé et précisé lors des
sommets d’Istanbul en juin 2004 et de Berlin en avril 2011.

6.2. Une conception élargie de la sécurité

La multiplication des conflits qui ont fait suite à la guerre froide dans l'ex-Yougoslavie et
dans l'ex-URSS a montré que la disparition de la menace globale que représentait pour
l'Europe occidentale l'Union soviétique ne signifiait pas la fin de l'insécurité. Dans la
perspective de ces nouveaux défis, et dans le cadre de « la conception élargie de la
sécurité », formulée à Rome en novembre 1991, l'OTAN a cherché à redéfinir ses
missions, afin de conserver le rôle majeur dans la gestion des crises à venir.

Le document établi à Rome énonce les principes qui déterminent le rôle futur de l'OTAN
dans le système de sécurité de la nouvelle Europe. Le dialogue, la coopération ainsi que
le maintien d'un potentiel de défense collectif sont les éléments clés de la nouvelle
stratégie de l'Alliance, éléments qui doivent permettre de résoudre de manière pacifique
les crises affectant la sécurité européenne. Ce nouveau concept autorise des interventions
de l'Alliance au-delà des frontières des pays membres (il s'agit du « hors zone »). Il est
affirmé que « le rôle fondamental des forces nucléaires des Alliés est politique : préserver
la paix et prévenir la coercition et toute forme de guerre ». Lors du sommet de Bruxelles
de janvier 1994, les chefs d'État et de gouvernement des pays alliés ont reconnu la

112
menace que constitue la prolifération des armes de destruction massive pour la sécurité
internationale. Les forces nucléaires sont devenues « l'arme du dernier recours ».

L'OTAN a aujourd'hui abandonné la stratégie de l'« avant » et a adopté un dispositif de


joint precision interdiction ; ses forces doivent être capables d'opérer des frappes au-delà
de l'Europe orientale, et jusque dans la profondeur du dispositif ennemi. En 1991, les huit
corps d'armée nationaux ont été remplacés par cinq corps d'armée multinationaux. Une
force de réaction rapide de 70 000 hommes, rassemblant des divisions multinationales,
est en mesure d'intervenir à tout moment sur le territoire européen de l'Alliance.

De nouvelles structures de commandement sont également conçues avec la mise en


œuvre de QG multinationaux et interarmées, et celle de Groupes de forces interarmées
multinationales (GFIM). Ces forces doivent être interopérables et disposer de doctrines
ainsi que de technologies adaptées.

Enfin, l'OTAN adopte une approche globale de la sécurité, considérant que les intérêts de
l'Alliance peuvent être mis en cause par des actes relevant du terrorisme, du sabotage et
du crime organisé, aussi bien que par la rupture des approvisionnements en ressources
vitales.

7. Le rôle de l'OTAN dans le maintien de la paix

L'OTAN n'a jamais eu à intervenir militairement au moment des plus vives tensions entre
les blocs américain et soviétique. Paradoxalement, c'est au moment où l'Alliance voit
disparaître son objectif initial – faire face à la menace soviétique – que des missions
nouvelles s'ouvrent à elle. Elle doit désormais s'acquitter de tâches de maintien de la paix
et gérer les crises en coopération avec des pays qui n'en sont pas membres, ainsi qu'avec
d'autres organisations internationales.

Pour sa première intervention à l'étranger depuis la fin de la guerre froide, l'OTAN a


participé, en 1994, à la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie-Herzégovine.
C'est à la demande de l'ONU que les appareils de l'Alliance atlantique sont intervenus
contre l'aviation serbe qui survolait l'espace aérien bosniaque. Le Conseil de sécurité de
l'ONU a donné, le 15 décembre 1995, autorité à l'OTAN pour faire appliquer, si
nécessaire en recourant à la force, les dispositions militaires de l'accord de paix sur la
Bosnie-Herzégovine, signé à Paris le 14 décembre 1995. Aux termes de cet accord,
l'OTAN a pris le relais de la force de protection de l'ONU (la FORPRONU) qui avait été
déployée, en mars 1992, dans l'ex-Yougoslavie pour accomplir une mission de maintien
de la paix, de séparation des forces en présence et d'assistance humanitaire. La force
multinationale de mise en application de la paix (IFOR) a achevé sa mission en décembre

113
1996 et a été remplacée par une force de stabilisation de la paix (SFOR), plus réduite, et
qui s'emploie à faire exécuter l'accord de paix dans son intégralité.

Cette première opération militaire d'envergure de l'OTAN a été réalisée selon des
modalités qui n'avaient pas été imaginées lors de sa fondation. Pour la première fois
depuis 1949, l'OTAN est sortie de sa zone traditionnelle d'intervention telle qu'elle avait
été définie à l'origine. Enfin, il s'agit également de la première opération de l'OTAN avec
des pays non membres de l'Organisation : la Russie, le Danemark, la Norvège, la Suède,
la Finlande, la Pologne, la Lituanie, l'Estonie, la Lettonie et la Turquie, qui tous ont
participé à l'opération « Effort concerté ».

Depuis, l'OTAN s'est engagée au Kosovo (1999), en Macédoine (2001), dans le cadre de
la mission « Moissons essentielles » (récupération des armes des militaires de l'UCK
[Armée de libération du Kosovo]) et en Afghanistan où, intervenant pour la première fois
hors de la zone « euro-atlantique », elle assure, en 2003-2014, le commandement de la
Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS), déployée autour de Kaboul.
Depuis janvier 2015, la nouvelle mission non combattante (« soutien résolu »), visant à
prodiguer formation, conseil et assistance aux forces de sécurité et aux institutions
afghanes, en a pris la relève.

Le sommet de Prague du 21 novembre 2002 a tiré, en effet, les enseignements des


attentats du 11 septembre 2001 pour mieux prendre en compte la menace terroriste.

8. L'OTAN et la défense européenne

Au-delà de la nature de ses missions et de l'étendue de la zone géographique qu'elle


couvre, c'est surtout la structure de l'OTAN que la fin de la guerre froide a mise en cause,
dans la mesure même où la disparition de la menace globale que représentait le bloc
soviétique a libéré de facto l'Europe de sa dépendance à l'égard de Washington. Cela
explique que la fin des années 1990 ait été marquée par une course de vitesse entre les
partisans d'un renforcement de l'Identité européenne de sécurité et de défense (IESD) au
sein de l'OTAN – le retour de la France jouant alors le rôle de moteur – et ceux qui
visaient à l'« otanisation » de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), considérée par le
traité de Maastricht lui-même comme le « bras armé » de l'Union européenne. Or, celle-
ci, en se dotant des instruments propres à la mise en place de la politique européenne de
sécurité et de défense (PESD), a ôté sa finalité à l'UEO, qui a mis fin à son existence en
novembre 2000.

Désormais, l'OTAN soutient pleinement le développement de l'Identité européenne de


sécurité et de défense. Les Américains ne la conçoivent plus comme une concurrente,
mais comme le moyen de renforcer le lien transatlantique sur une base plus équilibrée. Le

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Conseil européen de Feira (juin 2000) a décidé de mettre en place des relations
spécifiques entre l'OTAN et l'Union européenne sous la forme de groupes chargés
d'étudier les capacités militaires, les questions de sécurité, les modalités de transfert des
moyens de l'OTAN à l'UE et les arrangements permanents entre les deux organisations.
Ces derniers ont été précisés lors du Conseil européen de Göteborg (juin 2001).

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