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Sous le thème :
Le régime de la minorité
Encadrée par :
Prof LFERKLI Aida
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Table des matières
Introduction générale……………………………………………………...…...3
II) Justice pénale des mineurs au Maroc : L’écart entre la loi et son
application...………………………………………………………………...…22
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INTRODUCTION
La problématique de la justice à l'égard des jeunes délinquants, ou, selon la
terminologie préconisée par l'UNICEF « des enfants ayant affaire avec la justice
», s'érige en l'une des préoccupations les plus épineuses au sein des débats
entourant les politiques pénales au sein des pays démocratiques. La délinquance
juvénile englobe l'ensemble des transgressions commises par les individus
n'ayant pas atteint l'âge de dix-huit ans. Conformément à la Convention
internationale des droits de l'enfant (CIDE), le qualificatif de "mineur
délinquant" s'applique à tout enfant soupçonné, accusé, ou reconnu coupable
d'une infraction à la loi pénale.
En effet, cette délinquance ne se circonscrit pas à notre nation. Elle constitue un
phénomène social transversal à toutes les sociétés. Elle témoigne d'un échec
dans le processus de socialisation et révèle une crise d'intégration au sein d'une
tranche d'âge marquée par la fragilité et l'inachèvement du développement.
D’ailleurs dans les annales de l'histoire, les civilisations ont été le témoin de ces
relations complexes entre les générations. Déjà, chez les philosophes grecs,
Socrate mettait en lumière cette dynamique en soulignant que "notre jeunesse
aime le luxe, elle a de mauvaises manières, méconnaît l’autorité et n’a aucun
respect de l’âge" et Socrate concluait, de manière perspicace, que "les enfants
d’aujourd’hui sont des tyrans".
Le Maroc a démontré son engagement envers la problématique de la
délinquance juvénile à travers son orientation en matière de politique criminelle.
Ainsi, il s'est engagé dans l'adhésion aux principales conventions internationales
concernant l'enfance, en tête desquelles figure la Convention des Nations unies
relative aux droits de l'enfant, qui a été ratifiée en 1993, ainsi que les règles de
Beijing sur l'administration de la justice pour les mineurs1. Selon l'article 1 de la
Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE), approuvée par le
Maroc, la notion d'enfant englobe "tout être humain de moins de 18 ans sauf si
la majorité est atteinte plus tôt". Cette définition, inscrite dans la CIDE, ne
repose ni sur des fondements physiologiques ni psychologiques, étant donné que
l'être humain est capable de saisir les concepts de bien et de mal avant l'âge de
dix-huit ans. Néanmoins, le droit est confronté à la complexité de concilier la
double nature de l'enfant, à la fois personne à part entière et individu vulnérable
et en devenir.
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https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/united-nations-standard-
minimum-rules-administration-juvenile
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A ce niveau la problématique qui émerge avec une intensité particulière réside
dans la mesure dans laquelle le mineur délinquant est imputable de ses actions
ou, inversement, victime des contingences. La question se pose de savoir si un
mineur dépourvu de discernement peut-il être considéré comme pénalement
responsable ?
Pour répondre à ce problème de droit, il serait intéressant d’analyser, en premier
lieu, les spécificités du traitement du mineur en conflit avec la loi en droit
marocain (I). En deuxième lieu, il serait pertinent d’étudier les moyens mis en
œuvre à cette fin ainsi quels sont les manquements et les défaillances constatées
dans la mise en œuvre de cette politique (II).
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I) Fondements du principe de la responsabilité pénale du mineur
La question du fondement du principe de la responsabilité pénale du mineur demeure
l’une des questions les plus controversées du droit pénal des mineurs. Elle est
également l’une des plus complexes. La raison en est simple : c’est de la réponse à
cette question théorique que dépendent bon nombre de solutions pratiques :
Fixation de l’âge de la majorité pénale, nature et quantum des mesures éducatives ou
sanctions pénales applicables, compétence des organes judiciaires spécialisées…
1- Le discernement : condition sine qua non de la responsabilité pénale
En vertu de l’article 85 du DOC, le père et la mère après le décès du mari sont
responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs habitant avec eux.
Ainsi, le mineur peut s’exonérer de réparer le dommage civil causé par lui, et c’est à
ses parents d’en assumer la responsabilité.
Cependant, la responsabilité pénale ne peut être retenue qu’à l’encontre de l’individu
qui a personnellement commis l’infraction. Elle repose sur deux éléments essentiels :
la culpabilité et l'imputabilité. La responsabilité découle uniquement de la commission
effective de l'infraction et de sa possibilité d'attribution à l'individu. La culpabilité
revêt la dimension morale de la faute, la "culpa". Quant à l'imputabilité, elle se définit
comme la capacité d'attribuer une infraction à une personne. Il est possible d'imputer
une infraction uniquement si l'individu en question a pleinement compris la portée de
ses actes, soulevant ainsi la question du discernement, soit la faculté de distinguer le
bien du mal. Ainsi, il est concevable de commettre une infraction et d'en être coupable
sans que celle-ci puisse être imputée, faute de discernement. Ce dilemme se manifeste
notamment dans le cas des mineurs, telle qu'un enfant d'un an et demi qui, bien
qu'ayant conscience de ses gestes en nous griffant, ne peut se voir imputer l'infraction
de coups et blessures en raison de son discernement encore en développement. La
problématique sous-jacente réside donc dans la délinquance des mineurs et la
complexité d'établir leur culpabilité ainsi que la possibilité de leur imputer une
infraction.
En effet l’article132 prévoit que ‘’Toute personne saine d'esprit et capable de
discernement est personnellement responsable’’
Tout d’abord la notion de discernement englobe la faculté d'agir de manière rationnelle
tout en intégrant la capacité d'anticiper les conséquences de ses actions, la conscience
des transgressions, et la distinction entre le bien et le mal. L'évaluation de cette
aptitude au discernement s'opère de manière individuelle, dépendant du contexte
spécifique du mineur et des circonstances particulières qui se présentent.
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Dans le cadre du droit musulman 2, trois phases caractérisent le développement de la
personnalité du mineur :
-Avant l'âge de 7 ans révolus, le mineur est considéré comme irresponsable.
-Entre 8 et 12 ans, l'âge du discernement limité est déterminé, présupposant la
responsabilité du mineur sans toutefois le soumettre aux peines légales telles que la
peine capitale, la flagellation, ou l'amputation.
-La pleine majorité pénale divise les juristes : certains la lient à la puberté, tandis que
d'autres la repoussent à un âge ultérieur.
Le principe est que les mineurs qui ne sont pas doués du discernement sont
irresponsables de leurs actes. Mais ceux doués du discernement sont partiellement
responsables de leurs actes, car on prend en considération que le développement
psychomoteur du mineur n’est pas totalement achevé.
La jurisprudence a essayé de réagir à cette ambiguïté. L’arrêt Laboube, rendu le 13
Décembre 19563 par la chambre criminelle de la Cour de cassation, relatif à la
minorité, est un arrêt important du droit pénal en ce qu’il précise les limites de la
responsabilité pénale du mineur. Un enfant de 6 ans avait été poursuivi du chef de
délits de blessures involontaires. Il est déféré devant le tribunal pour enfants qui le
déclare coupable du délit de blessures involontaires, sans qu’il n’y ait lieu à sanction
pénale. Le tribunal ordonne la remise du mineur à sa famille, et déclare également le
père de l’enfant civilement responsable.
Un appel est interjeté auprès de la cour d’appel. Celle-ci confirme le jugement rendu
par le tribunal pour enfants en ce qui concerne la remise du mineur à sa famille. Selon
la cour d’appel, la responsabilité pénale d’u mineur ne peut pas être retenue si celui-ci
ne dispose pas de la raison nécessaire pour comprendre la nature de l’acte qu’on lui
reproche.
La question qui se posait à la Cour de cassation était de savoir si un mineur qui a
commis un acte sans le vouloir, ni sans en mesurer la portée, peut voir sa
responsabilité pénale engagée.
Dans son arrêt du 13 Décembre 1956, la chambre criminelle de la Cour de cassation
casse et annule l’arrêt rendu par la cour d’appel « dans le seul intérêt de la loi ». Elle
déclare que la cour d’appel n’était pas fondée à prendre une mesure de redressement à
l’égard du mineur, étant donné que « l’arrêt ne pouvait prononcer que sa relaxe ». Pour
la haute juridiction, « toute infraction même non intentionnelle suppose en effet que
son auteur ait agi avec intelligence et volonté ».
Pour être reconnu pénalement responsable, un mineur doit donc avoir agi avec
discernement.
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Mohamed Drissi Alami Machichi, ‘’manuel de droit pénal général ’’
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https://aideauxtd.com/arret-laboube-13-decembre-1956/
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La Cour de cassation répond donc par la négative au problème de droit qui lui était
posé, l’absence de discernement faisant selon elle obstacle à la mise en œuvre de la
responsabilité pénale du mineur qui n’a « ni compris ni voulu son acte ».
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Compte tenu de la diversité des solutions adoptées, il apparaît difficile de déterminer
un âge moyen permettant de situer ce seuil d’âge minimum à partir duquel peut
intervenir l’autorité judiciaire à raison d’un fait qualifié infraction. En effet, s’agissant
d’un critère subjectif, lié au développement psychologique du sujet, cet âge varie en
fonction de considérations multiples : géographiques, physiologiques, économiques,
sociales etc… Il apparaît donc difficile de fixer de façon rigide un seuil d’âge
uniforme, applicable à l’ensemble des systèmes juridiques. Tout au plus est-il permis
de souhaiter que cet âge ne soit pas trop bas, si l’on veut bien considérer le caractère
psychologiquement traumatisant que représente, pour un enfant, une comparution
devant une instance judiciaire.
A l’opposé de la tendance inverse qui précède, on observe une tendance à reporter au-
delà de l’âge de la majorité pénale la possibilité d’appliquer au sujet la législation
spéciale applicable aux mineurs. Il existe en effet une catégorie de délinquants, appelés
« jeunes adultes » dont la personnalité révèle une immaturité physique et
psychologique ou des carences éducatives. Les soumettre ainsi au régime pénal
applicable aux majeurs aurait à leur égard un effet négatif et ne pourrait qu’aggraver
leur situation. Le modèle de justice « protectionnel », inspiré par la doctrine de
Défense sociale, a fortement contribué à l’adoption de telles mesures, dont l’utilité
n’est pas contestable.
II) Justice pénale des mineurs au Maroc : L’écart entre la loi et son
application
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Article 139du CP : ‘’Le mineur de douze ans qui n'a pas atteint dix -huit ans est, pénalement,
considéré comme partiellement irresponsable en raison d'une insuffisance de discernement.
Le mineur bénéficie dans le cas prévu au premier alinéa du présent article de l'excuse de
minorité, et ne peut faire l'objet que des dispositions du livre III de la loi relative à la
procédure pénale’’.
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1- Protection pénale des mineurs : la conjugaison primordiale du judiciaire et
du social
Il est permis d’affirmer que dès le début du XXe siècle, nous avons posé les jalons
d’un système de justice des mineurs plus orienté vers la prévention que vers la
répression, vers l’utilisation d’instruments d’éducation essentiellement autres que la
détention et les peines traditionnelles. Un système orienté davantage vers une analyse
plus approfondie et vers une plus grande valorisation de la personnalité du mineur, de
l’environnement social où il a vécu plus que de l’infraction en soi, vers une
spécialisation de plus en plus accentuée du juge des mineurs qui doit avoir des notions
différentes, utiliser des instruments différents de ceux du juge des adultes dans la
mesure où sa tâche fondamentale est primordiale : réhabiliter le mineur et le réinsérer
dans la société en le rééduquant.
Dans le cadre du système judiciaire marocain, l'objectif principal est la protection du
mineur, qu'il soit victime ou délinquant. Pour atteindre cet objectif, des mesures
spécifiques ont été mises en place. Ces mesures visent à traiter à la fois les mineurs
victimes et ceux délinquants. L'approche cruciale adoptée n'est pas axée sur la simple
punition, mais plutôt sur l'éducation et l'apprentissage.
En effet, cette approche globale vise à garantir que le mineur délinquant comprenne
précisément les conséquences de ses actions, favorisant ainsi sa croissance et son bien-
être futurs. Toutefois, cette délinquance n'est pas une exception, mais plutôt un
phénomène social présent dans de nombreuses sociétés. Elle reflète un échec de la
socialisation et une crise d'intégration au sein d'une catégorie d'âge caractérisée par la
fragilité et l'incomplétude du processus de croissance Ceci renvoie à ce que l'on a pu
appeler la crise des repères, à la défaillance du rôle socialisateur de la famille, de
l'école, et cela fait référence à ce que la sociologie appelle la crise des processus de
socialisation, cette crise de civilisation c'est ce que Raymond Aron à justifier en disant
« l'incapacité des adultes de transmettre aux générations montantes le respect des
valeurs ou l'obéissance à des impératifs qui fondent la cohérence d'une société».
A ce stade, la question qui se pose est celle de savoir dans quelle mesure le mineur
délinquant est responsable de ses actes ou plutôt considéré comme une victime des
circonstances. Faut-il le protéger et l'aider ou plutôt le punir ?
Le code de procédure pénale révisé a été instauré tardivement en 2002, répondant ainsi
aux normes internationales en matière de justice pour les mineurs. Les modifications
majeures introduites par cette loi visent à aligner le système judiciaire marocain sur les
conventions internationales, notamment la Convention internationale des droits de
l'enfant ratifiée par le Maroc en 1993, les Règles de Beijing et les Règles des Nations
Unies pour la protection des mineurs privés de leur liberté. Les points saillants de cette
réforme incluent l'élévation de l'âge de la majorité pénale à 18 ans, attribuant un rôle
actif au juge des mineurs et au conseiller des mineurs respectivement au tribunal de
première instance et à la cour d'appel. La loi a également instauré des organes
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judiciaires spécialisés gérant spécifiquement les affaires impliquant des mineurs,
dirigés obligatoirement par un juge des mineurs, et a créé une branche spécialisée des
officiers de police judiciaire dédiée aux mineurs. Elle a accordé une attention
particulière à la protection des enfants en situation difficile et a rendu obligatoire
l'enquête sociale dans ces affaires (articles 512 à 517 du CPP). Par ailleurs, cette
réforme a redéfini la responsabilité pénale des mineurs. Selon les dispositions, un
mineur de moins de 12 ans est considéré comme totalement irresponsable, et aucune
peine ne peut lui être infligée. Entre 12 et 18 ans, le mineur est considéré comme
partiellement responsable, pouvant être soumis à des mesures de protection, de
rééducation, voire exceptionnellement à des peines atténuées. Tout en sachant, que la
loi ait prévu la séparation des affaires des mineurs de celles des adultes, avec un
dossier spécifique à traiter par le juge des mineurs.
La fonction du juge des mineurs, conforme aux normes internationales établies pour le
traitement des cas impliquant des mineurs dans le code de procédure pénale, met
l'accent sur la primauté de l'intérêt de l'enfant. Le juge est habilité à prononcer des
"mesures de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation". Il est important
de noter que le concept du "meilleur intérêt pour le mineur" peut varier selon les
circonstances individuelles. Deux critères stratégiques fondent les procédures
destinées aux mineurs, selon la législation marocaine : le pouvoir discrétionnaire du
juge et le suivi du mineur.
Le deuxième critère concerne le suivi. Le juge des mineurs est chargé de maintenir un
lien direct et continu avec le mineur ainsi qu'avec les individus responsables de sa
garde dans le but de garantir l'efficacité des mesures prises pour le bien-être du
mineur. Cela se traduit par des visites régulières du juge et par l'examen des rapports
rédigés par les éducateurs et les délégués en charge de la liberté surveillée. Ce faisant,
le juge a la possibilité de modifier les mesures par le biais d'une procédure légale ou en
réponse à une demande émanant des personnes en charge de l'enfant.
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Les institutions de détention au Maroc
Lesdits centres, destinés aux enfants mineurs âgés de 12 à 18 ans ayant commis des
actes délictueux ou criminels réprimandés par la loi, ont pour objectifs de formuler des
propositions d’orientation qui seront soumises aux autorités judiciaires en vue de
prendre les mesures judiciaires adéquates; d’assurer des prestations socio-éducatives et
sanitaires susceptibles d’aider à la rééducation et à la réinsertion sociale des mineurs;
de faire bénéficier les mineurs d’une formation scolaire et professionnelle pour
favoriser leur autonomie et leur réinsertion sociale, économique, au terme de leurs
séjours dans les centres; et de consolider les liens sociaux des mineurs avec leurs
familles.
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Le législateur marocain a assuré une protection pénale aux mineurs d’après les
dispositions du code pénal. Cependant, des enjeux existent et se considèrent comme
étant un obstacle auquel les mineurs font face pour jouir d’une protection pénale réelle
et effective. Plusieurs questions se posent ici : est-ce que les mineurs jouissent
vraiment d’une protection pénale réelle au Maroc, autrement dit : est que cette
protection est bien appliquée en réalité et quelles sont les principales lacunes des
dispositions du code pénal marocain en matière de la protection pénale des mineurs.
Le chapitre suivant est consacré pour faire une étude critique de l’effectivité des
mesures mises en œuvre pour la protection pénale des mineurs en mettant l’accent sur
les lacunes législatives dans le même cadre.
L’objectif du législateur marocain est de fournir une protection juridique pour prendre
soin des mineurs, certes des lacunes législatives persistent en matière de cette
protection.
D’une part, il existe des enjeux relatifs à l’aspect social et le problème de la
réintégration du mineur dans la société qui entravent les efforts déployés pour rétablir
l'intégration sociale du mineur. En effet, le regard de la société par ses différentes
composantes que ce soit les membres de famille, les voisins, les proches,
l’environnement en général en vers ce mineur autant qu’un délinquant contribue à la
marginalisation de ce mineur et le rend un membre non actif dans la société5. Ce
regard impacte négativement sur sa vie en tuant ses sentiments et ses émotions et en le
privant d'un droit humain crucial, à savoir le droit à l'oubli. Cela pousse ledit mineur,
par la suite, à commettre des autres crimes pour se venger de la maltraitance qu’il a
subie et par conséquent le taux du crime augmente.
Ainsi, s’imposent les difficultés que rencontrent les établissements comme : les centres
de protection de l'enfance que le législateur leur a confié selon les dispositions des
articles 471 et 481 du code de procédure pénale6 des missions de la garde des mineurs
dans le cadre des mesures judiciaires relatives aux mineurs âgés entre 12 et 18 ans
commettant des crimes et délits sanctionnés. Cependant, ces institutions envisagent des
obstacles qui entravent leur capacité à accomplir pleinement la mission qui leur est
confiée, que ce soit au niveau des ressources matérielles ce qui se manifeste par une
insuffisance d'équipements ou encore tout ce qui pourrait affecter des soins médicaux
ainsi que les ressources thérapeutiques et partant ça se reflète sur la sécurité mentale et
psychique du mineur7.
5
Samira KHARZOUNE, « La justice pénale pour les accusés à la lumière de la politique
criminelle marocaine entre les contours de la crise et les raisons de chercher des alternatives
: une lecture évaluative par la Dr Samira Khazroun, docteure en droit », (consulté le
29/11/2023 à 4h00min).
6
Voir articles 471 et 481 du code de procédure pénale.
7
Ibrahim El Ghandour, « Les problématiques liées à la détention du mineur en vertu de la
législation criminelle et du projet de loi en cours d'élaboration », (consulté le 29/11/2023 à
4h20min).
15
En plus, les établissements pénitentiaires confrontent de nombreux problèmes
matériels qui entravent la réalisation de la peine privative de liberté, qui vise la
réhabilitation et la réintégration. Selon la loi 23.98 régissant l'organisation et le
fonctionnement des établissements pénitentiaires, notamment son article 12 8 qui
détermine les catégories bénéficiaires des centres de redressement et de rééducation
pour les mineurs et les condamnés de moins de vingt ans a été défini dans le but de les
réintégrer dans la société. Il en découle que les détenus en détention provisoire sont
placés dans des prisons pour adultes en attendant le prononcé des jugements définitifs
à leur encontre, en tenant compte que la durée de cette détention et la situation peuvent
être prolongées en raison des procédures judiciaires suivies dans de tels cas, ce qui
pourrait avoir des conséquences sur ces mineurs, étant en compagnie des personnes
condamnées et ayant des antécédents criminels, par conséquent, le mineur peut faire
face au viol, aux agressions sexuelles et physiques, comme bien, il sera, de ce fait, plus
prédisposé à la récidive.
Finalement, il convient de parler des enjeux relatifs à la non-imposition des
alternatives à la peine privative de liberté. En effet, en se référant aux dispositions de
l'article 481 du code de procédure pénale marocaine, il apparaît que le législateur
marocain a tenté de diversifier théoriquement les mesures correctives afin de mettre en
œuvre le principe de l'exceptionnalité de la peine envers l'auteur. Cependant, une
analyse approfondie de cet article révèle pragmatiquement l'absence effective de
certaines institutions mentionnées, compromettant ainsi leur activation, comme si le
législateur ne les avait jamais stipulées. Par conséquent, le juge ne les applique pas en
raison de leur absence, ce qui affecte le choix de la sanction comme solution dans de
nombreuses situations. De même, l'incapacité des autres mesures correctives à
atteindre l'objectif recherché conduit généralement à restreindre le pouvoir
discrétionnaire du juge envers l'auteur, de sorte qu'il ne donne pas la même priorité à
rechercher le bien-être de l'auteur qu'il le fait pour l'intérêt de la société, se manifestant
par la réponse à la criminalité commise par l'auteur à travers la prononciation d'une
peine d'emprisonnement ou d'une amende. Et pour pouvoir résoudre ces problèmes il
convient de mettre des mesures alternatives prenant en considération les capacités
financières de l'État.
Bibliographie
I. Ouvrages
8
Voir l’article 12 de la loi 23.98 relative à l'organisation et le fonctionnement des
établissements pénitentiaires.
16
Mohamed Drissi Alami Machichi, ‘’manuel de droit pénal général’’
Stéphanie Mauclair. Cairn. Info. Chapitre. La protection des mineurs. Dans droit
des personnes 2019.pages 99à115
II. Arrêts :
Arrêt rendu par la chambre criminelle de la cour de cassation en date du 13
décembre 1956 LABOUBE
III. Webographie :
https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/united-nations-
standard-minimum-rules-administration-juvenile
EL MRAHI Rajae, rapport de la Cour suprême du Maroc sur les mineurs en
danger/ http://v1.ahjucaf.org/Rapport-de-la-Cour-supreme-
du,7217.html#:~:text=Si%20la%20peine%20pr%C3%A9vue%20pour,ont%20lieu
%20%C3%A0%20huis%20clos.
17
Cours de droit.net. Fiches/cours. Le mineur :incapable d'exercice, protection
juridique. https://cours-de-droit.net/incapactie-d-exercice-et-protection-juridique-
du-mineur-a127427486/
Nations unies. Droits de l'homme. Haut-commissariat.Regles des Nations Unies
pour la protection des mineurs privés de liberté. Consulté le 01 décembre 2023.
https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/united-nations-
rules-protection-juveniles-deprived-their-liberty
Caroline Février, L’arrêt Laboube du 13 Décembre 1956
https://aideauxtd.com/arret-laboube-13-decembre-1956/
Reynold Ottenhof, La responsabilité pénale des mineurs dans l’ordre interne et
international https://www.cairn.info/revue-internationale-de-droit-penal-2004-1-
page-25.htm
https://www.cabinetaci.com/minorite-la-responsabilite-des-mineurs
https://www.cabinetaci.com/causes-subjectives-dirresponsabilite-penale/
IV. Lois :
Code pénal
Code de procédure pénale
La loi 23.98 relative à l'organisation et le fonctionnement des établissements
pénitentiaires
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