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REPUBLIQUE DU NIGER

UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI


FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUE ET POLITIQUE
(FSJP)

EXPOSE
Groupe N°1

Master II : Droit des Affaires Carrières


Judiciaires

THEME : LES JURIDICTIONS DES MINEURS

MEMBRES DU GROUPE : DIRIGE PAR :


Hassane Malam Ali Daouda Monsieur Mamane Lawan Barry
Adamou Abdou Safyatou
Abdou Bagna Sarifatou
Abdou Mani Chafaatou
Mahaman Inoussa
INTRODUCTION
Le Niger s’est engagé depuis plus d’une décennie dans un vaste et
ambitieux programme de réforme de son système de protection
juridique.
Ainsi, selon la convention relative au droit de l’enfant les Etats parties
reconnaissent à tout enfant suspecté, accusé ou confronté à la loi
pénale le droit à un traitement qui soit de nature à favoriser le sens de
la dignité et de la valeur personnelle qui renforce son respect pour les
droits de l’homme et les libertés fondamentales. Dans cette convention
il est tenu compte de l’âge de l’enfant, ainsi que de la nécessité de
facilité sa réintégration dans la société et également de lui faire
assumer un rôle constructif au sein de celle-ci.
Aux termes de l’article premier de la loi 2014-72 du 20 novembre 2014
le mot « mineur » désigne tout être humain âgé de moins de 18 ans. La
même loi détermine les compétences, les attributions et le
fonctionnement des juridictions pour mineur. Le mineur auquel est
reproché une infraction qualifiée crime, délit ou contravention ne peut
être déféré devant les juridictions de droit commun, il ne sera
justiciable que devant les juges des mineurs ou les tribunaux pour
mineurs selon les distinctions établies aux articles 59 à 61 de la loi
organique n° 2004-50 fixant l’organisation et la compétence des
juridictions en République du Niger.
La situation des enfants en conflits avec la loi est un véritable problème
de société et préoccupe de plus en plus la communauté internationale
dans son ensemble. C’est le lieu aussi de préciser que les Etats africains
en générale et ceux de l’Afrique de l’ouest en particulier n’échappent

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pas à cette situation. Ce pendant qu’elle est la particularité de la
juridiction des mineurs ?
Dans la suite de notre analyse nous traiterons dans une première partie
(I) de l’organisation des juridictions des mineurs dans une seconde
partie de la compétence des juridictions des mineurs (II).

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I. L’organisation des juridictions des mineurs.
Au cœur de ce système le juge des mineurs et le tribunal de mineurs
occupent une place prédominante. Ils sont chargés ainsi selon les cas
d’engager les poursuites (A) et d’ouvrir une information (B).

A. La poursuite
Comme en droit commun, lorsque des infractions sont commises par un
mineur l’action publique est exercée par le ministère public. L’action
publique est alors déclenchée soit par le procureur de la république du
lieu de la commission de l’infraction soit par celui du lieu d’arrestation
du suspect ou encore par celui de son lieu de résidence. La majorité
pénale étant fixé à dix-huit (18) ans révolus, lorsque l’âge du mineur ne
peut être établi avec certitude l’âge le plus bas résultant des
investigations doit être retenu dans l’intérêt de l’enfant. L’opportunité
des poursuites étant reconnu au procureur de la république, ce dernier
a le choix entre poursuivre ou ne pas poursuivre le mineur suspecté
d’avoir commis une infraction. Dans le dernier cas, avis est donné au
plaignant à qui s’offre l’option de la plainte avec constitution de partie
civile. Lorsqu’il décide de poursuivre, le procureur est obligé d’ouvrir
une information en saisissant le juge des mineurs près le tribunal de
grande instance. Dans les tribunaux d’instance c’est le président du
tribunal qui saisit le juge d’instance qui fait office de juge des mineurs.
Le mineur de moins de treize (13) ans considéré comme étant
pénalement irresponsable peut faire toutefois l’objet d’une mesure de
protection ordonnée par le juge des mineurs. Il ne peut être placé en
garde à vue, mais peut être retenu, à la disposition d’un officier de
police judiciaire avec l’accord écrit du Procureur de la République sans

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être placé en chambre de sûreté, pour une durée n’excédant pas douze
(12) heures. Les poursuites laisseront place à la phase d’instruction.

B. L’ instruction
L’instruction est une tâche réservée au juge d’instruction spécialisé
mineur. Tout d’abord, le mineur est mis en examen si le juge estime
qu’il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblables le
fait que le mineur ait pu participer, soit comme auteur ou bien comme
complice, à la commission des infractions.
Ensuite il le fait comparaitre assister de son avocat ou éventuellement
assisté de ses parents ainsi que d’un gardien de la protection judiciaire
de la jeunesse. A défaut le procureur de la république saisit le juge des
mineurs qui désigne selon les cas un avocat ou un conseil commis
d’office. Il est alors informé, le mineur, de la possibilité qui s’offre à lui
de se taire, ou de faire des déclarations.
Le juge d’instruction effectuera toutes les diligences et investigations
utiles pour parvenir à la manifestation de la vérité, à cet effet il
procédera à une enquête soit par voie officieuse, soit dans les formes
prévues. Il procède à des auditions, des interrogatoires et
confrontations en veillant à respecter les délais de convocations et de
mise en disposition du dossier au conseil du mineur mis en examen. Il
peut effectuer des saisies, des transports sur les lieux, et procéder à des
expertises techniques.
Comme pour les majeurs, il peut déléguer aux services de police par le
biais de commission rogatoire. Enfin, si le mineur ne défère pas à ses
convocations, le juge peut le contraindre au moyen d’un mandat de

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recherche, de comparution d’amener ou d’arrêt. Ce pendant le juge
des mineurs ne peut informer qu’en vertu d’un réquisitoire introductif
du Procureur de la République, du procureur délégué ou du président
du tribunal d’instance une personne dénommée ou contre X.
Le réquisitoire doit viser les qualifications pénales sur la base desquelles
la procédure a été engagé ainsi que des textes de loi qui réprimandent
ces infractions. On dit que le juge des mineurs faisant office de juge
d’instruction est saisi in rem c’est-à-dire des faits c’est la raison pour
laquelle il peut inculper toute personne ayant participé à la commission
des faits même si par ailleurs elle n’a pas été visée au réquisitoire du
procureur de la république.
Ce pendant l’exécution des peines et des mesures relève de la
compétence des juridictions des mineurs (II).
II. La compétence des juridictions des mineurs.
Les juridictions des mineurs sont compétentes pour connaitre des
mesures spéciales de protection des mineurs en danger (A) et de la
répression des infractions commises par les mineurs (B).
A. les mesures spéciales de protection du mineur en danger

Au Niger, c’est la loi N° 2004-72, du 20 novembre 2014, qui crée les


juridictions pour mineurs. Celles-ci sont compétentes en matière pénale
et de protection des mineurs.
C’est à ce niveau que le caractère spécial de la procédure est plus
perceptible. En effet l’article 2 de la loi invite spécialement les autorités
chargées de rendre les décisions concernant un mineur de ne tenir
compte que de son intérêt. C’est la seule procédure qui inclut une telle
injonction.

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La justice pénale pour enfant a pour fonction prioritaire d’éduquer et
non de sanctionner. Il s’agit en quelque sorte du principe de la
protection dans la répression commandée par l’intérêt supérieur de
l’enfant.
En effet soucieux de protéger les enfants en conflit avec la loi en évitant
leur condamnation à des peines privatives de liberté, le législateur
nigérien a prévu plusieurs sortes de mesures alternatives à
l’emprisonnement d’enfants déclarés coupable d’infraction à la loi
pénale.
D’une part les juridictions pour mineurs peuvent instruire les dossiers
impliquant des mineurs, ayant commis des infractions ; et d’autre part,
protéger les mineurs vulnérables.
Cette même loi précitée détermine les compétences, les attributions et
le fonctionnement des juridictions pour mineurs. Pour ce qui est du
mineur en danger, le même article déclare « Est mineur en danger un
enfant de moins de 18 ans dont la santé, la sécurité, la moralité ou les
conditions de son éducation sont gravement compromises ».
La loi donne deux catégories de compétences au juge des mineurs. Il est
compétent pour instruire et juger des infractions qui sont commis par
les mineurs : lorsqu’un enfant de moins de 18 ans est en danger, le
juge des mineurs est compétent pour prendre des mesures de
protection en sa faveur.
L’article 5 de la même loi prend en charge les décisions intéressant le
mineur victime d’une infraction pénale ou se trouvant dans une
situation de vulnérabilité. C’est le cas notamment lorsque les conditions
de santé, d’éducation et d’épanouissement de l’enfant sont gravement
compromises. Le juge peut être saisi par une déclaration au greffe de sa
juridiction ou par requête écrite du procureur de la république des père

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et mère du tuteur, du subrogé, d’un service étatique de protection de
l’enfant faisant suite à cette sollicitation.

L’article 18 de la loi dispose sans ambages que « le juge des mineurs


peut confier provisoirement le mineur inculpé à :
Ses parents ou à la personne qui en avait la garde, ainsi qu’à toute
personne digne de confiance ; Un centre agréé ou à une famille
d’accueil habilitée localement ; Un établissement ou une institution
d’éducation de formation professionnelle, ou du soin de l’État, ou d’une
administration publique habilitée ; un établissement hospitalier ou au
service d’assistance à l’enfance ».

Au Niger, la pratique la plus courante, dans les cabinets des juges des
mineurs, est la remise de l’enfant à ses parents. Sur les 10 juges des
mineurs interrogés au sujet de l’application de placement provisoire, la
plupart ont exprimé leur préférence pour la remise de l’enfant à ses
parents. Ils justifient leur option en précisant, d’une part, que
l’environnement familial est le cadre le plus protecteur de l’enfant et,
d’autre part, que les infrastructures sociales d’accueil sont quasi
inexistantes.
Par contre, la plupart des parents interrogés sur la meilleure mesure à
prendre souhaitent l’application de mesures plus éducatives telles que
le placement de l’enfant dans un centre d’apprentissage où, à la fin de
son placement, il peut bénéficier d’un certificat d’apprentissage qui lui
ouvre d’autres opportunités de réinsertion.
Une autre pratique très développée par les juges pour suppléer
l’absence d’infrastructures étatiques d’accueil est le recours à la mise en
apprentissage dans des structures privées informelles, notamment des

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ateliers de couture, de menuiserie bois, de menuiserie métallique et de
mécanique.

B. La répression des infractions commises par les mineurs.


La justice des mineurs est une justice adaptée. Les audiences des
juridictions des mineurs ne sont pas publiques. Chaque affaire sera
jugée séparément en l’absence de tous autres prévenus.
Seuls sont admis à assister aux débats la victime, qu’elle se soit ou non
constituée partie civile, les témoins de l’affaire, les proches parents, le
tuteur ou le représentant légal du mineur, l’avocat ou le conseil commis
d’office, les représentants de l’administration ou de structure
s’occupant des enfants.
Le président peut, à tout moment, ordonner que le mineur se retire
pendant tout ou partie de la suite des débats. Il peut de même
ordonner aux témoins de se retirer après leurs auditions.
La publication du compte-rendu des débats des juridictions des
mineurs dans le livre, la presse, la radiophonie, la cinématographie ou
de quelque manière que ce soit est interdite.
La publication par les mêmes procédés, de tout texte ou de toute
illustration concernant l’identité et la personnalité des mineurs
délinquants est également interdite.
Les infractions à ces dispositions sont punies conformément à l’article
57 de l’ordonnance n° 2010-35 du 4 Juin 2010, portant régime de la
liberté de presse.
Le jugement est rendu en audience publique en la présence du mineur

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et, le cas échéant de celle de ses parents, son tuteur ou son
représentant légal en tant que de besoin.
Ainsi le mineur de treize (13) à moins de dix-huit (18) ans ayant agi sans
discernement sera relaxé ou acquitté.
Mais, il peut faire, selon les circonstances, l’objet de mesure de
protections, d’assistance et de rééducation.
Néanmoins s’il est décidé que le mineur de treize (13) à moins de
dix-huit (18) ans a agi avec discernement, les peines seront
prononcées ainsi qu’il suit :
- S’il a encouru la peine de mort ou la peine d’emprisonnement,
à vie, il sera condamné à une peine de dix à trente (30) ans ;
- S’il a encouru une peine criminelle d’emprisonnement de dix
(10) à trente (30) ans, il sera condamné à une peine de deux (2)
à moins de dix (10) ans ;
- S’il encoure une peine correctionnelle ou de simple police il ne
sera condamné qu’à la moitié de la peine à laquelle il aurait pu
être condamné s’il était majeur.
Toutefois, la juridiction compétente pourra également, après avoir
déclaré le mineur coupable :
- Le dispenser de peine, s’il apparait que son reclassement est
acquis, que le dommage est réparé et que le trouble résultant
de l’infraction a cessé ;
- Ajourné le prononcé de la peine pour une durée maximale d’un
(1) an, s’il apparait que son reclassement est envoi d’être
requis, que le dommage est en voie d’être réparé et que le
trouble résultant de l’infraction va cesser ;

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- Donner un avertissement judiciaire sous forme
d’admonestation ou de réprimande ;
- Ordonner une mesure de protection dont le suivi sera assuré
par le juge des mineurs ;
- Le condamner à une peine de travail d’intérêt général.
Les décisions rendues contre les mineurs ne sont pas inscrites au
bulletin n°3 du casier judiciaire.

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Conclusion
A l’instar d’autres pays de la sous-région, le Niger a résolument fait le
choix de révolutionner son système de protection judiciaire en
planifiant plusieurs réformes législatives et politiques pour
institutionnaliser l’application des mesures alternatives à
l’emprisonnement des enfants en conflits avec la loi. Ces reformes
significatives ont permis d’améliorer les conditions de prise en charge
des enfants qui ont commis des infractions à la loi pénale. Toutefois,
malgré les efforts louables d’énormes difficultés persistent dans la mise
en œuvre. On constate de surcroit dans la mise en œuvre de ses
mesures un problème d’harmonisation des pratiques au niveau des
différents pays de la sous-région.

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Bibliographie
Ouvrage
 Constitution de la République du Niger du 10 novembre 2010,
préambule, p. 1.
 Code de procédure pénal
Article
 Article 41 de la loi no 015-2014/AN portant protection de l’enfant
en conflit avec la loi ou en danger.
 Article 2 de la loi no 2014-72 du 20 novembre 2014 portant
juridiction des mineurs au Niger.
 Article 3 de la loi no 2014-72 du 20 novembre 2014 portant
juridiction des mineurs au Niger.
 Article 5 de la Convention internationale relative aux droits de
l’enfant.
 Article 18 de la loi no 2014-72 du 20 novembre 2014 portant
juridiction des mineurs au Niger.
 Article 28 de la loi no 2014-72 du 20 novembre 2014 portant
juridiction des mineurs au Niger.
 Articles 59 à 61 de la loi organique n° 2004-50 fixant l’organisation
et la compétence des juridictions en République du Niger.
 Article 45 du code pénal.
Webographie
 https://www.studiokalangou.org
 https://www.maxicours.com
 https://www.forensicpsichiatryinstitute.com
 https://www.village-justice.com

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