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D Martini, ordonnance 1945, 2023

LE DROIT PENAL DES MINEURS


L'ordonnance du 2 février 1945
(remplacée depuis septembre 2019 par un nouveau Code de la justice pénale des mineurs)

Jusqu’en 1945 en France, la réponse à la délinquance des mineurs est essentiellement d’ordre
carcéral (cf. les « bagnes » pour enfants).

Au sortir de la guerre, les idées humanistes sont au premier plan (réaction contre les camps, images
traumatisantes d'enfants enfermés et maltraités) comme en témoignent les premiers mots du
préambule de l'ordonnance de 1945 : « il est peu de problèmes aussi graves que ceux qui
concernent la protection de l'enfance, et parmi eux, ceux qui ont trait au sort de l'enfance traduite
en justice. La France n'est pas assez riche d'enfants pour qu'elle ait le droit de négliger tout ce qui
peut en faire des être sains ».

L'Ordonnance de 1945 est le premier texte juridique suite à la libération de la France. L'ordonnance
de 1945 a été modifiée des dizaines de fois. Notre législation actuelle relative aux mineurs
délinquants est donc devenue illisible et incohérente suite à l'empilement des réformes successives
qui se sont emballées ces dernières années.

L’ordonnance du 2 février 1945, qui constitue « la charte de l’enfance délinquante », fixe les
principales orientations de la justice des mineurs encore en vigueur aujourd’hui : privilège de
juridiction, priorité donnée à l’éducatif et présomption d’irresponsabilité.

L’ordonnance du 23 décembre 1958 complète ce texte en étendant les mesures éducatives aux
mineurs en danger.

Par la suite, l’ordonnance de 1945 connaîtra plusieurs modifications et adaptations. En effet,


notamment depuis le début des années 90, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer une
refonte de cette ordonnance qui ne permettrait pas d’apporter de solutions aux nouvelles formes de
délinquance juvénile, qualifiée à la fois de plus jeune et de plus violente.

«On a fait fantasmer ces dernières années sur les mineurs délinquants. Or, il
se trouve que la part des mineurs dans la délinquance générale, non
seulement n’a pas augmenté mais elle s’est tassée ».
Pourtant, la justice des mineurs s’est faite ces derniers temps plus répressive, notamment depuis
20021. Il en est de même pour la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance qui a
pour objectif de traiter de façon plus efficace et mieux adaptée la délinquance des mineurs. Enfin, la
loi renforçant la lutte contre la récidive vise également à durcir la réponse pénale apportée à la
délinquance des mineurs.

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Loi du 9 septembre 2002 dite d’Orientation et de Programmation pour la justice ou loi Perben I.
1
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Pour se conformer aux prescriptions de la convention de New York sur les droits de l'enfant, il est
demandé à la France (depuis des dizaines d'années) de définir un âge légal minimal en dessous
duquel un mineur ne peut faire l'objet de poursuites pénales plutôt que de laisser le soin au juge de
le déterminer en fonction de critères flous (le discernement).

LA RESPONSABILITE PENALE DES MINEURS.


L'âge de la majorité pénale, c'est-à-dire l'âge à partir duquel un délinquant est soumis au droit
pénal commun et ne bénéficie plus de l'excuse de minorité, s'établit à dix-huit ans2. Toutefois,
certains mineurs de plus de seize ans peuvent être assimilés à des majeurs sur le plan pénal. La loi
du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance a étendu la possibilité d'exclure l'excuse
de minorité aux auteurs de graves infractions (sexuelles, avec violences)

Les réponses judiciaires susceptibles d’être apportées à un acte délinquant par un mineur varient en
fonction de son âge. L’âge pris en compte est celui du mineur à la date de l’infraction et non celui
qu’il a lorsqu’il se fait arrêter ou lorsqu’il comparaît devant une juridiction.

En France, l'âge de la responsabilité pénale3 : âge où le mineur peut être considéré responsable de
ses actes et donc passible de sanctions pénales n’est pas précisément fixé. Depuis la loi de 2002, dite
Perben 1, tout mineur est responsable pénalement de ses actes à partir du moment où il est
capable de discernement4. En fonction de l’âge, les mesures varient.

Contrairement à une idée reçue, il n'existe donc pas d'âge minimal de responsabilité pénale en
France. La responsabilité pénale des mineurs est reconnue si le mineur est capable de discernement

Actualisation juridique :

Voir réforme proposée par le nouveau code de la justice pénale des mineurs

Quel que soit son âge, un mineur peut être reconnu coupable d'une infraction.

Seuls les mineurs de treize à dix-huit ans peuvent subir des sanctions pénales5.

De l’âge du discernement à 10 ans.

Aucune peine ne peut être prononcée contre le mineur délinquant. Seules des mesures de protection,
d’assistance, de surveillance et d’éducation peuvent être prises. On parle alors de présomption
irréfragable de culpabilité. Pour que ces mesures éducatives soient prises, il faut que l’acte matériel
reproché soit compris par l’enfant.

2
Dans tous les pays européens sauf au Danemark (15 ans) et au Portugal (21 ans), l'âge de la majorité pénale
s'établit à dix-huit ans.
3
En Allemagne, Autriche, Espagne, Italie, les mineurs sont totalement irresponsables pénalement jusqu'à 14 ans. En
Angleterre, depuis une loi de 1998, la responsabilité pénale a été fixée à 10 ans, c'est l'âge le plus bas d'Europe avec
la Suisse. A l'opposé, la responsabilité pénale est établie à 16 ans en Belgique et au Portugal Pour les autres, elle
s'étale de 12 ans aux Pays-Bas à 15 ans au Danemark.
4 Capacité à apprécier avec justesse et clairvoyance une situation, des faits
5
Les parents sont responsables civilement des fautes de leur enfant mineur. L'indemnisation de la victime sera à leur
charge.
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De 10 à 13 ans.

Bien sûr entre 10 et 13 ans, sont possibles toutes les réponses qui l’étaient avant 10 ans. La grande
différence est que le mineur de plus de 10 ans peut faire l’objet d’une sanction éducative :
confiscation d’un objet, interdiction de paraître dans certains lieux…
En cas de non respect de ces mesures, le mineur pourra faire l’objet d’un placement.
On parle alors d’excuse de minorité, la responsabilité du mineur délinquant sera atténuée.

De 13 à 16 ans.

Toutes les réponses données sont applicables.


Le mineur de plus de 13 ans peut faire l’objet d’une condamnation pénale et cette condamnation
peut prendre la forme d’un emprisonnement dont la durée ne pourra être supérieure à la moitié de la
peine encourue par un majeur compte tenue de la règle de la diminution de peine applicable aux
mineurs. Le mineur entre 13 et 16 ans ne peut cependant pas être placé en détention provisoire pour
la commission d’un délit ; cela reste possible pour un crime.
On parle également dans ce cas d’excuse de minorité : la responsabilité pénale sera atténuée.

De 16 à 18 ans.

Le régime juridique applicable aux mineurs de 16 à 18 ans se rapproche de celui des majeurs.
Le mineur pourra faire l’objet de toutes les mesures, sanctions éducatives et peines mentionnées
auparavant ; il pourra être placé en détention provisoire lorsqu’il a commis un délit.
Le mineur bénéficie aussi de l’excuse de minorité. Sa responsabilité pénale pourra être atténuée.
A partir de 18 ans, il y a pleine responsabilité ; le droit pénal des majeurs s’applique.

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MESURES APPLICABLES AUX MINEURS.

L’ordonnance de 1945 privilégiait les mesures éducatives. Seuls les mineurs de plus de 13 ans
pouvaient être condamnés à une peine6.( 13 ans est défini comme étant l'âge de la
responsabilité pénale).
La loi du 9 septembre 2002, dite « loi Perben » crée un troisième type de sanctions, les sanctions
éducatives insérées entre les mesures éducatives et les peines.

Mineurs capables de Mineurs âgés de 10 à Mineurs âges de 13 à Mineurs âgés de 16 à


discernement 13 ans. 16 ans. 18 ans.
(et même inférieur à
10 ans).

Mesures éducatives Mesures éducatives Mesures éducatives Mesures éducatives

Sanctions éducatives Sanctions éducatives Sanctions éducatives

Peines Peines
(avec atténuation de (possibilité peine égale
la peine.) à celle d’un majeur.)

Les mesures éducatives.

Elles se diversifient selon l’opportunité de la mesure à prendre.

• Remise de l’enfant à la famille ou placement dans un centre spécialisé7.


• La liberté surveillée : le juge nomme un délégué qui est chargé de suivre le mineur.

6
Nombre de mineurs incarcérés au 1er janvier 2019 : 769.1% de la population carcérale. La proportion de
mineurs écroués n’a jamais été aussi élevée depuis quinze ans. Tout mineur incarcéré est pris en charge et suivi par
la PJJ

7
Cf. Centre de placement immédiat (CPI) : placement en urgence des mineurs en difficulté pour une période max de
3 mois. But : évaluer la situation du mineur.

Cf. Centre Educatif Renforcé (CER) : structure non close qui prend en charge les mineurs les plus en difficulté, pendant
2 à 3 mois, sur décision du juge des enfants et/ou du tribunal pour enfants. Les mineurs y sont suivis en permanence
par des éducateurs. Avant dernière chance avant prison.

Cf. Centre éducatif fermé (CEF) crée en 2002 (51 en France) : mineurs placés dans le cadre d’un contrôle judiciaire
ou d’un sursis avec mise à l’épreuve. But : assurer aux jeunes de 13 à 18 ans un suivi éducatif et pédagogique
renforcé. Alternative à l’incarcération (peine encourue 5 ans). Dernière chance avant prison

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• La mise sous protection judiciaire.


• La médiation réparation.

Ces mesures sont applicables à tous les mineurs capables de discernement.

Les sanctions éducatives.


Elles constituent un type nouveau de réponses à la délinquance juvénile avec 6 possibilités.

• Confiscation de l’objet ayant servi à l’infraction.


• Interdiction de paraître dans certains lieux.
• Interdiction d’entrer en relation avec la victime.
• Interdiction d’entrer en relation avec les participants à l’infraction.
• Mesures d’aide ou de réparation.
• Obligation de suivre un stage de formation civique.

Les peines.

Le prononcé des peines.

Le tribunal pour enfants et la cour d’assises des mineurs peuvent infliger une peine atténuée par
rapport à celle encourue pour les majeurs.
La réclusion criminelle à perpétuité est remplacée par une réclusion de 10 à 20 ans ; la réclusion à
temps et l’emprisonnement sont remplacés par une peine qui ne peut excéder la moitié de celle
encourue par le majeur.
Toutefois cette faveur peut être écartée à l’égard des mineurs de plus de 16 ans, compte tenu des
circonstances de l’espèce et de leur personnalité. Le placement s’effectue alors dans un
établissement spécialisé8.
La peine d’amende est divisée par deux.
La période de sûreté, les interdictions, déchéances ou incapacités ne peuvent être prononcées.
La juridiction peut assortir la peine d’un sursis avec mise à l’épreuve ou d’un sursis assorti de
l’obligation d’accomplir un travail d’intérêt général.

L’application des peines.


La loi Perben 2 du 9 mars 2004 précise que le juge des enfants exerce les fonctions dévolues au
juge de l’application des peines jusqu’à que le mineur ait atteint l’âge de 21 ans.
Le tribunal pour enfants exerce les attributions dévolues au tribunal de l’application des peines et la
chambre spéciale des mineurs les attributions dévolues à la chambre de l’application des peines.

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Cf. Quartier des mineur ou structure pénitentiaire destinée à l’incarcération des mineurs (EPPM, Etablissement
pénitentiaire pour mineurs).
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Ages et phases de jugement.

Mineurs Mineurs âgés de 10 Mineurs âgés de 13 Mineurs âgés de 16 à


capables de à 13 ans. à 16 ans. 18 ans
discernement.

Jugement en Chambre du Conseil Jugement en Jugement en Chambre


Délit Ou Chambre du du Conseil
Au Tribunal pour Enfants Conseil Ou
Ou Au Tribunal pour
Au Tribunal pour Enfants
Enfants

Jugement au Tribunal pour Enfants Jugement au Jugement en Cour


Crime Tribunal pour d’Assises des
Enfants Mineurs

DES JURIDICTIONS SPECIALISEES

L’ordonnance de 1945 avait prévue pour le mineur un privilège de juridiction, c’est-à-dire la


certitude d’avoir affaire, tout au long de la procédure pénale, non pas aux juridictions ordinaires
mais à un magistrat spécialisé.

Le parquet des mineurs.

Dans chaque parquet, des substituts du procureur sont spécialement chargés des affaires de mineurs.
Ces magistrats décident de donner suite à l’affaire ou non.

Le juge des enfants.

Institution centrale de la justice des mineurs au sein du Tribunal de Grande Instance, le juge des
enfants tient à la fois un rôle de protection et un rôle de sanction.
Dans sa fonction protectrice, le juge des enfants intervient en assistance éducative lorsqu’un mineur
est en danger physique ou moral, c’est-à-dire privé des soins et/ou de l’éducation nécessaires pour
garantir sa santé, sa sécurité ou sa moralité. Il est saisi par le parquet et effectue toute investigation
utile.

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Dans sa fonction répressive, il intervient lorsqu’un mineur est suspecté d’une infraction tant pour
instruire que pour juger après avoir été saisi par le procureur de la République. Il procède à toutes
les investigations utiles sur les faits et la personnalité du mineur. Il est épaulé par les services de la
Protection Judiciaire de la Jeunesse.

Lors de cette phase, le juge des enfants peut prendre diverses mesures selon l’âge du mineur, la
nature de l’infraction et la peine encourue. Depuis le 1er janvier 2005, le juge des enfants est
compétent pour l’application des peines prononcées à l’encontre des mineurs. Le régime des
audiences pénales est celui de la publicité restreinte (cf huis clôt).

Le juge d’instruction chargé des affaires de mineurs.


Il est obligatoirement saisi par le parquet lorsqu’un mineur fait l’objet de poursuites en matière
criminelle. Il est également souvent saisi quand l’affaire apparaît particulièrement complexe en ce
qui concerne les faits.

Le JLD.

Désigné par le Président du TGI, ce magistrat n’est pas spécialisé dans les affaires des mineurs. Il
statue sur le placement ou la prolongation de la détention provisoire des mineurs.

Le tribunal pour enfants.

Cette juridiction est composée du juge des enfants qui la préside et de deux assesseurs qui ne sont
pas des magistrats professionnels.
Le tribunal pour enfants a compétence pour juger les délits, les contraventions de cinquième classe,
les crimes commis par les mineurs âgés de moins de 16 ans au moment des faits.

La cour d’assises des mineurs.

Elle juge les crimes commis par les mineurs de 16 à 18 ans. Elle est composée de 3 magistrats
professionnels et de 9 jurés.

LA PROCEDURE

La phase policière.

La police et la gendarmerie sont appelées à procéder, vis-à-vis des mineurs, aux investigations
habituelles. Si la fouille corporelle et l’interrogatoire ne présentent pas de spécificité, la garde à vue
revêt un particularisme du fait de l’âge du mineur.
Pour les mineurs, les règles varient selon l’âge et les faits commis.

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De 10 à 13 ans De 13 à 16 ans De 16 à 18 ans

Mesures possibles Rétention Garde à vue Garde à vue

Présomption que le
Conditions mineur a commis ou
concernant tenté de commettre
l’infraction un délit puni de 5 Aucune Aucune
ans
d’emprisonnement
au moins.

Autres conditions Accord préalable Information d’un Information d’un magistrat


d’un magistrat magistrat

12 heures 24 heures 24 heures

Durée de la Prolongation Prolongation pour Prolongation possible pour 24


mesure possible pour 12 24 heures maxi en heures après présentation
heures maxi après cas de crime ou délit obligatoire au parquet.
présentation au puni d’au moins 5
Parquet ans Prolongation possible pour 48
d’emprisonnement heures en cas de trafic de
et après présentation stupéfiants et criminalité
obligatoire du organisée.
mineur au Parquet

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Droits du De 10 à 13 ans De 13 à 16 ans De 16 à 18 ans


mineur

Information des
parents, du Immédiate, sauf Immédiate, sauf décision
tuteurs, ou du Immédiate décision contraire contraire du Parquet
service ayant la du Parquet
garde du mineur

Obligatoire et Obligatoire et Obligatoire, à la demande du


Examen médical immédiat immédiat mineur, de ses parents, du
tuteur ou du service qui en a
la garde

10-13 ans 13-16 ans 16-18 ans

Avocat Obligatoire dès le Possibilité de Possibilité de s’entretenir


début de la retenue s’entretenir avec un avec un avocat dès le début
avocat dès le début de la garde à vue
de la garde à vue

Les interrogatoires des mineurs font l’objet d’un enregistrement audiovisuel.

Phase judiciaire.

Contrairement au droit commun où la phase d’instruction et la phase de jugement sont nettement


séparées, il n’en va pas toujours de même pour les mineurs où un magistrat est parfois appelé à
exercer successivement les fonctions d’instruction et de jugement.

Phase d’instruction

Un certain nombre de règlent gouvernent cette phase :

• Examen de la personnalité (enquête sociale, scolaire, familiale)


• Placement éventuel dans sa famille ou dans un centre.
• Mise en liberté surveillée.

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Le Parquet des mineurs

• En cas de crime, il doit faire ouvrir une information préalable.


• En cas de délit, il doit saisir soit le juge d’instruction soit le juge des enfants.

Pour un traitement plus rapide des dossiers et pour faire prendre conscience au mineur du caractère
infractionnel de l’acte commis, le législateur a accru les pouvoirs du Parquet en créant deux
procédures accélérées (loi du 1er juillet 1996) :

1. la convocation par OPJ aux fins de jugement.


2. la notification à comparaître devant le juge des enfants.

Le juge des enfants

Nommé pour 3 ans, il a une compétence d’instruction :

• exclusive pour les contraventions de 5ème classe.


• éventuelle pour les délits.

Le juge d’instruction.

Ce magistrat dispose d’une compétence :

• exclusive pour les crimes.


• éventuelle pour les délits.

Il dispose de tous les moyens d’investigation dévolus au juge d’instruction, notamment en matière
de détention et du contrôle judiciaire.

1. La détention provisoire.

Elle peut être ordonnée à titre exceptionnel pour conserver des preuves dans des établissements
pénitentiaires spécialisés pour mineurs.

Mineur de 16 à 18 ans :
- s’ils encourent une peine correctionnelle supérieure ou égale à 3 ans.
- s’ils se sont soustraits au contrôle judiciaire.
- s’ils encourent une peine criminelle.
-
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Mineur de 13 à 16 ans :
- s’ils encourent une peine criminelle.

2. Le contrôle judiciaire.

Il peut être donné dans les conditions générales applicables aux majeurs :

- nécessité d’une ordonnance motivée.


- possibilité de l’assortir d’obligations spécifiques.
- possibilité de l’appliquer aux mineurs de 13 à 16 ans pour les délits punis d’au moins
5 ans d’emprisonnement.

Phase de jugement.

Procédure normale.

Le juge des enfants a la possibilité de connaître des affaires qu’il a lui-même instruites
contrairement au droit commun qui pose le principe de la séparation de l’instruction et du jugement.
La procédure se déroule en chambre du conseil, sans publicité : c’est l’audience de cabinet. Tous les
mineurs sont concernés par cette procédure. Les mineurs de moins de 13 ans doivent comparaître à
cette audience.

Au pénal, le juge peut :

- Relaxer.
- Ordonner des mesures éducatives.
- Dispenser de mesures.
- Ordonner des investigations supplémentaires.

Au civil, le juge peut allouer des dommages intérêts.

Le tribunal pour enfants a pour compétence les mineurs de 13 à 16 ans en matière criminelle et les
mineurs de 13 à 18 en matière correctionnelle. La publicité est réduite, le mineur peut être dispensé
de comparaître.

Le tribunal peut :

- Relaxer.
- Surseoir à son jugement en ordonnant la liberté surveillée.
- Prononcer une peine obligatoirement réduite pour les mineurs de 13 à 16 ans et
facultativement réduite pour les mineurs de 16 à 18 ans.

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La cour d’assises a pour compétence les mineurs de 16 à 18 ans coupables de crimes. La procédure
est identique à celle du droit commun avec publicité réduite et la dispense possible du mineur à
comparaître.

La cour peut :
- Acquitter.
- Prononcer une mesure éducative ou une peine minorée.

Procédure du jugement à délai rapproché.

Dans un souci d’efficacité de la répression, à côté de la procédure ordinaire, la loi Perben, ou loi du
9 septembre 2002, instaure une procédure accélérée, appelée procédure de jugement à délai
rapproché.

Elle permet au procureur de la République de traduire directement devant le tribunal pour enfants
un mineur, sans passer par la voie de l’information préalable. Cette procédure est particulièrement
adaptée aux délits commis par des mineurs ayant déjà fait l’objet de poursuites pénales et pour
lesquels des investigations récentes sur la personnalité ont déjà été effectuées.

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La justice pénale des mineurs en chiffres

Les enfants et la justice pénale


→ Contrairement à une idée reçue, les enfants ne représentent que 11,7 % de l’ensemble des
personnes mises en cause dans une affaire pénale.
→ L’augmentation du nombre de mineurs mis en cause s’explique notamment par la hausse de la
réponse pénale, qui est passée de 60 % en 1994 à 93 % aujourd’hui.
→ Un budget en constante évolution, un nombre d’emplois qui stagne.

Le milieu ouvert majoritaire


• 140 272 enfants sont suivis au titre de la protection judiciaire de la jeunesse.
• Le foyer est en tête des mesures de placement (47 %).
• 769 enfants sont incarcérés.
• En 2017, le budget s’élève à environ 6 000 euros par enfant et par an. Un éducateur suit entre 20 et
30 enfants.

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Actualisation juridique :

Le nouveau code de la justice pénale des mineurs a été publié au Journal


Officiel le 13 septembre 2019. Ce code remplace l’ordonnance de 1945 sur l’enfance délinquante.
L’ordonnance de 1945 est donc abrogée et remplacée par un Code autonome, qui regroupe les
dispositions relatives à la justice pénale des mineurs.
Dans la loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme de la justice, le Parlement
donne définitivement la possibilité pour le gouvernement de réformer l’ordonnance sur l’enfance
délinquante par ordonnance. Une procédure législative d’exception qui permet au pouvoir exécutif
de se saisir, provisoirement et pour un sujet bien précis, du pouvoir législatif.

L’enfant » devient un mineur. Est-ce un simple changement de terminologie ? Il semble que l’on nie
de plus en plus un droit à l’enfance, un droit à l’erreur de ce qui n’est qu’une personne en
construction.

L’essentiel du nouveau code de justice pénale des mineurs


• Un article préliminaire reprend les principes constitutionnels applicables aux enfants : primauté
de l’éducatif, spécialisation des juridictions, atténuation de la responsabilité en fonction de
l’âge.
• Le code crée une présomption de non-discernement en dessous de 13 ans. Il s’agit d’une
présomption simple : le juge peut prononcer une sanction à l’égard d’un enfant de moins de 13 ans
s’il prouve son discernement. En dessous de cet âge, les enfants relèveront de mesures d’assistance
éducative judiciaires. Parallèlement, il crée une présomption de discernement à partir de 13 ans. S’il
décide de ne pas condamner un mineur de cet âge, le juge devra le motiver. C’est peu ou prou ce qui
se fait déjà en pratique. Avant cette réforme, la loi française établissait un principe de responsabilité
pénale mais sans fixer d’âge.
• Le code met en place une césure entre la décision sur la culpabilité et la décision sur la sanction
prononcée : découpage en deux temps de la procédure visant les mineurs délinquants. Il crée la
procédure de la mise à l’épreuve éducative. Le mineur serait convoqué devant le juge des enfants
pour une première audience sur la culpabilité dans un délai de 10 jours à trois mois (lors de cette
audience, la victime est indemnisée de son préjudice). En cas de déclaration de culpabilité, la
décision sur la sanction serait renvoyée six ou neuf mois après le temps de cette mise à l’épreuve.
Le juge pourra alors ordonner une mesure éducative judiciaire, une mesure d’investigation sur la
personnalité et des mesures de contrôle judiciaire. Cette attente permettra de juger de l’évolution du
mineur avant de prononcer la sanction. En cas de réitération du mineur, les décisions sur la sanction
finale seraient regroupées. Objectif avoué : juger plus vite, réduire les délais de jugement
(aujourd’hui, les victimes doivent attendre en moyenne dix-huit mois pour voir leur affaire jugée
devant les tribunaux pour enfants).
• Le texte regroupe les mesures pouvant être prononcées en deux mesures éducatives :
l’« avertissement judiciaire » (avant : admonestation, la remise à parents) et la « mesure
éducative judiciaire ». Une mesure éducative unique est créée, la mesure éducative judiciaire.
Celle-ci permettra au juge de prononcer des interdictions d’aller et venir, des confiscations d’objets,
des obligations de suivre un stage mais également quatre « modules » cumulables : un module
insertion, un module réparation (à l’égard de la victime ou dans l’intérêt de la collectivité), un
module santé (placement en établissement médico-social ou de santé hors psychiatrie) et un module
placement (établissement ou chez une personne digne de confiance).
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CONCLUSION :

Nous constatons une évolution du droit des mineurs vers le droit des majeurs.

-Diminution des moyens d'investigation sur la personnalité des mineurs du fait de la mise en place
des procédures rapides (procédure de présentation immédiate pur les plus de 16 ans si peine
encourue sup ou égale à 3 ans), jugement à délais rapproché, entre 1 et 3 mois après la commission
de l'infraction.

-Atteinte à l'excuse de minorité

La récidive semble quasiment assurée s’agissant des mineurs ou des jeunes majeurs si on ne
s’attaque pas aux racines de leur délinquance : formation scolaire et professionnelle limitée,
environnement dégradé, appartenance à une « culture de la rue » en opposition avec les normes et
les codes sociaux dominants, un manque de confiance dans la loi, les adultes et les institutions, etc.

L’histoire démontre les limites de la seule stratégie répressive et punitive. La société n’est pas
protégée sinon à court terme de l’incarcération des mineurs délinquants. La prison est criminogène.
Dans certains cas, elle s’impose, mais il ne faut pas lui demander plus que ce qu’elle peut faire :
éliminer provisoirement quelqu’un du circuit.

On ne lutte pas contre la violence seulement par une contre violence.

La critique de l’ordonnance de 1945 n’a jamais été aussi virulente alors même que la quasi-totalité
des infractions commises donnent lieu à une réponse judiciaire en application de l’effet « tolérance
zéro ». De plus, 95 % des mineurs qui passent devant un juge ne le reverront pas au cours de leur
vie.
Le « vrai » problème n’est il pas celui des moyens humains et financiers ? 80 % des mesures
éducatives sont exercées plus de 3 mois après avoir été prononcées en raison du manque d’effectif
des services éducatifs.

Chaque année, sur les 13 millions d'enfants et d'adolescents, environ entre 80 000 et 90 000 sont
présentés à un juge, soit moins de 1% d'entre eux. On compte beaucoup plus de mineurs victimes de
la violence des adultes qu'auteurs d'actes de délinquance.

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