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Prise en charge des mineurs en difficultés ou en danger

DROIT DE LA JEUNESSE : 2 PREOCCUPATIONS MAJEURE AU DEPART


1.- Question de l’autorité parentale Intervention de l’Etat dans la vie privée car :
- contrôle de l’exercice de la puissance parentale (jusqu’à la déchéance de l’autorité
parentale)
o démembrement de la puissance paternelle (autorité parentale conjointe – nécessité
de l’intervention d’un tiers, juge ou médiateur).
LA FAMILLE = LIEU NATUREL DE VIE DE L’ENFANT
Vivre en famille est un droit protégé par les conventions internationales
o Article 8 de la CEDH : Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale,
… sauf en cas de restrictions prévues par la loi et nécessaires, dans une société
démocratique.
o Article 7 CIDE: L’enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à
un nom, le droit d’acquérir une nationalité et, dans la mesure du possible, le droit de
connaître ses parents et d’être élevé par eux…
o Article 9 CIDE : Les Etats parties veillent à ce que l’enfant ne soit pas séparé de ses
parents contre leur gré, à moins que les autorités compétentes ne décident, sous
réserve de révision judiciaire et conformément aux lois et procédures applicables,
que cette séparation est nécessaire dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
o Article 16 CIDE : Nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans
sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à
son honneur et à sa réputation
PRINCIPE DE BASE
Article 18 CIDE : Education = droit des parents. Les Etats parties s'emploient de leur mieux à
assurer la reconnaissance du principe selon lequel les deux parents ont une responsabilité
commune pour ce qui est d'élever l'enfant et d'assurer son développement.
➔ La responsabilité d'élever l'enfant et d'assurer son développement incombe au
premier chef aux parents ou, le cas échéant, à ses représentants légaux.
➔ Ceux-ci doivent être guidés avant tout par l'intérêt supérieur de l'enfant.
EXCEPTION :
o Protection spéciale (remplacement).
o Séparation si nécessaire.
Article 9 CIDE
Les États parties veillent à ce que l’enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur gré, à
moins que les autorités compétentes ne décident, …, que cette séparation est nécessaire
dans l’intérêt supérieur de l’enfant. …, par exemple lorsque les parents maltraitent ou
négligent l’enfant, ou lorsqu’ils vivent séparément …
Article 20 CIDE
1. Tout enfant qui est temporairement ou définitivement privé de son milieu familial, ou qui
dans son propre intérêt ne peut être laissé dans ce milieu, a droit à une protection et une
aide spéciales de l’État.
2. Les États parties prévoient pour cet enfant une protection de remplacement conforme à
leur législation nationale.

AUTORITE PARENTALE
Définition = ensemble de prérogatives (droits, pouvoirs et obligations) dont disposent les
parents à l’égard des biens et de la personne de leur(s) enfant(s)
Objectifs
L’autorité parentale est donnée :
o dans l’intérêt de l’enfant et non des parents
o pour permettre à l’enfant d’atteindre l’âge adulte dans de bonnes conditions
o aux père et mère.
Siège de la matière
Articles 371 à 387ter du Code civil. L’enfant reste sous l’autorité parentale de ses parents
jusqu’à l’âge de la majorité (18 ans) ou de son émancipation. Lorsqu'ils vivent ensemble, les
père et mère exercent conjointement leur autorité sur la personne de l'enfant. A l'égard des
tiers de bonne foi, chacun des père et mère est réputé agir avec l'accord de l'autre quand il
accomplit seul un acte de cette autorité sous réserve des exceptions prévues par la loi.
AUTORITE PARENTALE CONJOINTE = REGLE
Exercice conjoint de plein droit.
o Décisions importantes = nécessitent accord des deux parents
o la santé (choix médecin principal, engagement thérapie ou traitement,…)
o l’éducation
o la formation (choix école, choix option, choix langues…)
o les loisirs (qui dépassent le temps d’hébergement du parent /récurant / à risque)
o l’orientation religieuse ou philosophique.
o Décisions usuelles = ne requièrent pas un accord préalable de l’autre parent
o Les décisions relatives aux modalités pratiques de la vie courante.
o Ex: organisation interne du ménage de chaque parent, l’alimentation donnée à
l’enfant, la discipline, les heures de repas, l’hygiène corporelle, le type de vêtements,
les sorties familiales, etc.
AUTORITE PARENTALE EXCLUSIVE = EXCEPT°
Des motifs sérieux doivent être invoqués Possibilité APC mais APE pour tel ou tel domaine.
Retenu par la jurisprudence pour justifier l’APE :
o maltraitance grave de l’enfant
o maladie mentale grave d’un parent
o conflit permanent entre les parents, empêchant la prise de décision
o appartenance à une secte d’un parent
o sanction prise à l’égard d’un parent qui n’a pas respecté l’exercice conjoint de
l’autorité parentale (ex: enlèvement international de l’enfant)
Par contre non retenu par la jurisprudence pour justifier l’APE :
o alcoolisme ou consommation de stupéfiants par un parent
o parent est coupable de violences conjugales
o parent est en prison
o handicap physique d’un parent
o fait qu’un parent n’a plus aucun contact avec l’enfant
o éloignement géographique car un parent part vivre à l’étranger
o difficultés de concertation entre parents ou leur opposition sur certains points.
→En cas d’APE, l’autre parent conserve le droit d’être informé
Distinction entre garde et autorité parentale

• Ancienne terminologie : droit de garde = droit d’hébergement principal + autorité


parentale exclusive du parent « gardien ».
• Notion d’autorité parentale est détachée de la notion d’hébergement.
EVOLUTION DES DISPOSITIONS AU FIL DES SIECLES
Code pénal de 1810 et 1867 :
- Autorité parentale détenue par le père (puissance paternelle/droit de
correction/limite = droit pénal)
- L’Etat s’immisce dans la vie familiale et peut assister le père dans sa mission
contrôle uniquement les excès dans l’exercice de la puissance paternelle.
- Majorité pénale = 16 ans.
- Notion de discernement : avant 16 ans, les actes du jeune relèveront du droit pénal si
il a agit avec un discernement suffisant.
- Le code pénal de 1810 vise différentes hypothèses : inconduite, infraction,
vagabondage.
- Le Code pénal de 1867 apporte peu de modification par rapport au code de 1810
concernant les mineurs.
- Création des établissements spécifiques pour les jeunes: les établissement de
réforme et de charité.
Loi du 15 mai 1912 sur la protection de l’enfance
- 1ère loi globale relative à la protection de la jeunesse
- Quand mise en danger : met en place un système de mesures de garde, de
préservation et d’éducation à l’égard de mineurs âgés de moins de 16 ans qui se
mettent en danger de par leur attitude (délinquance, vagabondage, indiscipline,…).
- Vise 2 catégories d’enfants : mineurs qui se mettent en danger et mineurs
délinquants (Oubli des mineurs mis en danger par les autres).
- Majorité pénale: 16 ans et abandon de la notion de discernement (avant 16 ans, le
jeune ne relève plus du droit pénal)
- Contexte social et culturel : la loi de 1912 s’inscrit dans contexte social (révolution
industrielle, besoin important de main d’œuvre plus qualifiée,..), scientifique (essor
de la psychologie, de la sociologie,…) > évolution de la pensée et la nécessité d’une
autre approche de la délinquance des mineurs.
- Développement du mouvement associatif caritatif.
- Création de l’obligation scolaire.
- Déchéance de la puissance paternelle :
o facultative ou obligatoire selon les faits reprochés au parent
o Totale: porte sur tous les droits
o Révision possible : 5 ans (DAP facultative) –10 ans (DAP obligatoire)
Conclusions :
✓ 1ère intervention de l’Etat dans la vie des familles sur un plan de l’aide et de
l’assistance et non plus sur un plan pénal (mineur en danger).
✓ Mesure principale en cas de déficience parentale = le placement.
✓ Début de la réflexion sur la notion d’intérêt de l’enfant
Loi du 8 avril 1965 relative à la Protection de la jeunesse
- Loi globale dont le centre d’intervention est l’enfant en danger. Le mineur délinquant
n’est qu’une des 3 catégories d’enfants visées par la loi (mineur se mettant en
danger, mineurs délinquants, mineurs mis en danger par d’autres)
- instaure un régime protecteur sans différence de traitement entre l’enfant en danger
et l’enfant délinquant. Ce système s’inscrit dans une perspective d’ordre
thérapeutique et préventif.
- Le juge se voit conférer de larges pouvoirs et pourra prendre toutes les mesures qu’il
estime adéquates (pas de notion de durée)
- Centre de l’intervention: l’enfant plus que les actes qu’il commet. Ce système
constitue une approche globale de l’enfance inadaptée, dans une volonté de
dépénalisation: présomption irréfragable de non discernement.
- Intérêt de l’enfant = seul critère dont le juge doit tenir compte.
- Majorité pénale : 18 ans (dessaisissement : 16 ans)
- Déchéance de l’autorité parentale :
o Toujours facultative (quel que soit les faits reprochés au parent)
o Partielle ou totale.
o Possibilité d’encadrement par un service de pro-tutelle.
1988 : communautarisation de l’aide à la jeunesse (mineur en danger / difficulté)
- L’AJ est communautarisée.
- 3 lignes d’intervention :
o aide à la jeunesse spécialisée, non contraignante et subsidiaire à l’aide sociale
générale : en dehors du judiciaire instances créés au sein des communautés (S.A.J.
wallonie/Bxl).
o mesures protectionnelles obligatoires : juge (protection judiciaire)
o mineurs en conflit avec la loi : juge.
- Décrets adoptés par chaque communauté.
- Création des Services d’aide à la jeunesse (SAJ) dirigés par les conseillers de l’aide à la
jeunesse (Wallonie/Bxl).
- Modification des Services de protection judiciaire (SPJ) dirigés par les directeurs de
l’aide à la jeunesse (Wallonie)
Loi du 19 janvier 1990
Majorité civile à 18 ans.
Loi du 2 février 1994
1ère réforme importante de la loi de 1965
- Concordance avec les textes internationaux
- Combler certaines lacunes suite à la loi du 19 janvier 1990
- Définir les procédures applicables devant le TJ lorsqu’il intervient dans le cadre des
décrets.
Lois des 15 mai et 13 juin 2006
- 2ème grande réforme de la loi : tout en maintenant le modèle protectionnel, elle
introduit des éléments relevant du droit pénal et du modèle sanctionnel dans la loi
de 1965.
- Centre de la loi : mineur délinquant
- Majorité pénale = 18 ans
- Introduction d’une liste de critères, l’intérêt du jeune est contrebalancé par d’autres
valeurs: protection société, victime,…
- Les nouvelles lois diversifient les mesures et introduisent la médiation et le stage
parental.
- Différents modèles :
o protectionnel = modèle de référence principal.
o sanctionnel : limite des mesures, stage parental, PIG, le placement en IPPJ si une
mesure antérieure n’a pas été exécutée, amendes administratives, augmentation du
pouvoir du parquet…
o pénal : la notion de sursis, la limitation de la durée du placement en IPPJ, le projet du
jeune qui ne peut être présenté qu’après déclaration de culpabilité, le
dessaisissement
o restauratif : médiation parquet et juge, concertation restauratrice en groupe…
Aide sociale générale
= base du système de l’aide à la jeunesse.
Ex.: droits à l’accès aux soins, à l’enseignement, à la culture,…et de manière plus générique à
ce que l’on appelle les droits économiques et sociaux sont matérialisés par une série de
services, d’institutions publiques ou privées qui permettent la mise en œuvre de ces droits.
Cette aide sociale est :
- Générale ➔ Elle s’adresse à tous les jeunes et à toutes les familles avant même
l’apparition d’une quelconque difficulté. Le simple statut de mineur permet d’en
bénéficier. Ex. : Le droit aux allocations familiales ou celui d’être scolarisé est ouvert
à tous.
- Préventive ➔Contrairement aux autres niveaux d’aide, objectif premier = prévention.
Elle contribue au bien-être général du jeune et de sa famille et doit créer les
conditions d’un meilleur développement de ceux-ci.
- Volontaire ➔Autre caractéristique déterminante, cette aide s’exerce sur une base
volontaire. Elle est un droit pour ses bénéficiaires et non une obligation. Ceux-ci
choisissent donc librement d’y recourir ou non.
Aide à la jeunesse (SAJ / Conseiller)
Par rapport à l’aide sociale générale, l’aide à la jeunesse est :
- complémentaire ➔ c’est-à-dire qu’elle permet de trouver ou de renforcer de façon
plus adaptée l'aide que la société offre à toutes les familles depuis la naissance
jusqu'à la majorité des enfants
- spécialisée ➔ repose sur du personnel et un réseau de services spécialement formés
pour aider les jeunes en difficulté et leur famille.
- Supplétive ➔ cela signifie que l'aide spécialisée ne doit être apportée que dans les
cas où les services dits "de première ligne" ( le C.P.M.S. de l’école par exemple) n'ont
pu apporter l'aide de manière adéquate.
- Curative ➔ Elle s’adresse à certaines catégories de mineurs. Le champ de
l’intervention du conseiller de l’aide à la jeunesse est donc plus limité et vise à
apporter une réponse adéquate à une situation de « difficulté » particulière et non à
prévenir celle-ci.
L’article 2 du décret définit que l’aide à la jeunesse s'applique :
1° aux jeunes en difficulté, ainsi qu'aux personnes qui éprouvent de graves difficultés dans
l'exécution de leurs obligations parentales ;
2° à tout enfant dont la santé ou la sécurité est en danger ou dont les conditions d'éducation
sont compromises par son comportement, celui de sa famille ou de ses familiers. Il
s'applique également aux personnes physiques et morales qui apportent leur concours à
l'exécution de décisions individuelles émanant des autorités communautaires ou des
autorités judiciaires en matière d'aide à la jeunesse et de protection de la jeunesse.
- Volontaire ➔ L’aide spécialisée ne peut se mettre en place qu'avec l'accord du jeune
de plus de 12 ans, des parents et personnes qui ont la garde en droit ou en fait du
jeune (Art.23 du Code de la jeunesse) Fonde la relation de confiance qui doit
s’installer entre la famille et le conseiller de l’aide à la jeunesse. Ce n’est qu’au terme
d’un processus de négociation et après avoir identifié avec les parties les difficultés
auxquelles elles sont confrontées qu’un accord sera formalisé entre elles et le
conseiller.
Protection judiciaire (Tribunal / Directeur)
Ultime étape dans les processus d’aide et de protection, la protection judiciaire est confiée
au tribunal de la jeunesse. Cette aide est :
- Spécialisée ➔ À nouveau le recours à ce niveau d’aide doit être considéré comme
résiduaire et vise :
o les mineurs ayant commis un fait qualifié infraction
o les mineurs en danger pour lesquels le recours à l’aide volontaire n’a pas pu se
mettre en place
- Curative ➔ Cette aide vise à apporter une réponse à la situation de danger qui
permet la saisine du tribunal. Il s’agira :
o Soit d’imposer les mesures prévues dans les décrets lorsque le juge est saisi
d’une situation de danger grave et actuel pour laquelle un accord devant le
conseiller n’a pas pu être trouvé
o Soit d’imposer des mesures de garde, d’éducation et de sanction prévues par
les législations communautaires lorsque l’on a à faire à des mineurs ayant
commis des délits.
- Contraignante ➔ Cette caractéristique différencie plus que tout autre le recours à la
protection judiciaire des autres niveaux d’intervention. Les mesures prononcées par
le juge et par le directeur s’imposent au jeune et à sa famille qui doivent les suivre.
Cette aide porte donc atteinte de manière plus importante aux droits des personnes.
C’est pourquoi les droits procéduraux des parties en cause seront renforcés
(Convocation selon des formes définies, procédure d’appel,…)
DEROULEMENT D’UNE PROCEDURE
1/ Quand le mineur a commis un fait qualifié infraction (mineur en conflit avec la loi)
Quand un mineur est appréhendé par la police, le procureur du Roi peut :
- classer le dossier sans suite
- admonester le jeune
- lui proposer une médiation (le jeune ou la victime peut refuser. Si accord réalisé, le
procureur du Roi constate l’extinction des poursuites)
- saisir le tribunal de la jeunesse (monopole de la saisine du juge ou tribunal de la
jeunesse).
Lorsque le juge de la jeunesse est saisi, s’ouvre une phase préparatoire de 6 mois pendant
laquelle le magistrat peut :
- faire procéder à des investigations dans le milieu de vie du jeune
- prendre des mesures provisoires (ex.: surveillance du SPJ, prestation d’intérêt
général de 30h, participation à un module de formation ou de sensibilisation,
accompagnement ou guidance, maintien dans le milieu de vie sous conditions,
l’éloignement du milieu de vie).
Une offre restauratrice peut toujours être proposée et la faisabilité du projet écrit du jeune
sera examinée pendant cette phase.
L’éloignement du milieu de vie signifie que le jeune peut être confié à :
- un membre de sa famille et de ses familiers
- un accueillant familial
- un établissement approprié en vue de son éducation ou de son traitement
- une institution publique (IPPJ), soit en régime ouvert, soit sous certaines conditions,
en régime fermé.
A l’issue de cette phase préparatoire, le dossier du mineur est ensuite fixé en audience
publique.
Lors de cette audience, le parquet convoque le jeune de plus de 12 ans, son avocat, le jeune
de moins de 12 ans représenté par son avocat, les parents, leur avocat s’ils en ont un, et la
victime.
Après un débat contradictoire, le tribunal de la jeunesse statue sur les faits à charge du
jeune et éventuellement sur les montants réclamés par la victime.
Le juge prononce alors une mesure de garde ou d’éducation.
Le juge doit tenir compte des facteurs suivants pour prendre sa décision :
- l’intérêt du jeune
- sa personnalité et son degré de maturité
- son milieu de vie
- la gravité des faits, leur répétition et leur ancienneté, les circonstances dans
lesquelles ils ont été commis, les dommages et les conséquences pour la victime
- les mesures antérieures prises à l’égard du jeune et son comportement durant
l’exécution de celles-ci la sécurité publique.
Les mesures qui peuvent être prises sont presque identiques à celles prévues lors de la
phase préparatoire :
- surveillance du SPJ
- accomplissement d’une prestation d’intérêt général de 150h au plus
- accompagnement ou guidance
- maintien dans le milieu de vie sous conditions
- éloignement du milieu de vie.
Le tribunal de la jeunesse peut, en outre, réprimander le jeune, ce qu’il ne peut faire au
stade de la phase provisoire.
Désaisissement
Le juge de la jeunesse peut se dessaisir du dossier et le renvoyer vers une chambre
spécialisée du tribunal correctionnel si il estime que les mesures protectionnelles sont
inadéquates pour un mineur qui a commis un ou des faits qualifiés infraction après l’âge de
16 ans et avant l’âge de 18 ans.
→Dans ce cas, le jeune est assimilé à un adulte et une peine peut être prononcée à son
égard (emprisonnement ou autre).
→Les conditions sont strictes, examinées par le tribunal à l’audience publique, et sur
réquisitions du ministère public.
Révision et clôture
- La révision est obligatoire annuellement pour les mesures au fond. Les mesures
d’éloignement du milieu de vie doivent, elles, être revues semestriellement.
- Le dossier se clôturera à la majorité du jeune, sauf exception (prolongation des
mesures possibles au-delà de la majorité et sous conditions). Il peut se clôturer avant
la majorité si le juge estime que le jeune ne doit plus faire l’objet de mesures
contraignantes du tribunal de la jeunesse.
2/ Quand le mineur est en danger
- Depuis 1991, les mineurs en difficulté et en danger passent d’abord devant le service
de l’aide à la jeunesse (SAJ).
- Dirigé par le conseiller de l’aide à la jeunesse, ce service peut mettre en place des
mesures d’aide avec l’accord de toutes les parties (parents, mineurs entre 12 et 14
ans assisté d’un avocat, mineur de plus de 14 ans sans avocat…). Il s’agit d’une aide
spécialisée mais sollicitée, consentie, volontaire.
- En cas d’échec de l’aide spécialisée volontaire, parce que le jeune et/ou ses parents
ne sont pas d’accord avec l’aide proposée ou ne suivent pas les mesures prévues, le
SAJ qui estime que le mineur reste en danger, adresse une note de synthèse au
procureur du Roi, en sollicitant l’ouverture d’un dossier au tribunal de la jeunesse.
L’objectif est que l’aide contraignante soit mise en place.
- Le tribunal ne peut être saisi qu’en cas d’échec de l’aide volontaire.
- Le procureur du Roi a le monopole de la saisine du tribunal de la jeunesse.
- Le juge de la jeunesse prendra toute mesure qu’il estimera utile de manière
contraignante, sans avoir besoin de l’accord des parties :
o donner une directive pédagogique aux personnes investies de l’autorité parentale à
l’égard du mineur ou qui en assument la garde
o ordonner une guidance familiale, psychosociale, éducative et/ou thérapeutique pour
le jeune, sa famille et/ou ses familiers
o imposer au jeune, à sa famille ou ses familiers un projet éducatif
o soumettre le jeune à la surveillance du service social compétent en lui imposant
éventuellement des conditions (fréquenter régulièrement un établissement scolaire,
avoir régulièrement un entretien avec l’assistant social compétent, etc)
o permettre au jeune, s’il a plus de 16 ans, de se fixer dans une résidence autonome
o en cas d’urgence, placer le jeune dans un centre d’accueil ou dans un établissement
ouvert approprié
o placer le jeune dans une famille ou chez une personne digne de confiance.
Exception :
Dans les cas où la sécurité psychique ou physique d’un jeune est compromise au point de
nécessiter urgemment un placement hors du milieu familial (attendre la mise en place de
l’aide volontaire via le SAJ est impossible), le parquet peut saisir le tribunal en vue dudit
placement, sans passer par l’aide volontaire
3 / Qui défend le mineur ?
- Lorsque le tribunal est saisi par le PR pour un mineur en danger ou un mineur
délinquant, le bâtonnier doit directement veiller à désigner un avocat spécialisé en
droit de la jeunesse pour assurer sa défense (aide juridique gratuite).
- Un avocat est également désigné pour assister le jeune devant le SAJ.
- Cet avocat doit être indépendant des autres parties aux procès (parents, famille
d’accueil…). Il assiste le jeune lors des entretiens de cabinet avec le juge ou des
audiences et le représente s’il a moins de 12 ans.
Protection des personnes vulnérables
1. Personnes protégées majeures
Certains adultes ne peuvent pas/plus (ou prévoient le moment où ils ne pourront plus)
prendre certaines décisions de manière autonome (ex. : quant à la gestion de leur
patrimoine).
 Afin de protéger ces individus et/ou leurs biens, le législateur a organisé 2 régimes :
- le mandat de protection extrajudiciaire
- la protection judiciaire.
1.1. La protection extrajudiciaire
C’est un contrat permettant à une personne majeure encore capable, le mandant, de
désigner une (ou plusieurs) personne(s) à qui elle fait confiance, le mandataire (ou les
mandataires), qui réalisera, en son nom et pour son compte, certains actes déterminés dans
le contrat de mandat, et ce, lorsque le mandant sera devenu incapable d’accomplir ces
actes.
Le mandat de protection extrajudiciaire peut porter sur des actes de représentation et de
gestion relatifs aux biens.
- Le mandant peut donner procuration à une autre personne, par exemple un membre
de sa famille, pour qu’elle gère une partie ou l’ensemble de son patrimoine lorsqu’il
ne sera plus capable de le faire.
- Depuis 2018, le contrat peut également permettre au mandataire de réaliser des
actes de représentation relatifs à la personne, comme choisir la maison de repos de
son mandant.
- Les pouvoirs du mandataire sont délimités dans le contrat de mandat.
- Le texte légal précise que « le mandataire associe le mandant, dans toute la mesure
du possible et compte tenu de son degré de compréhension, à l’exercice de sa
mission. Il se concerte, à intervalles réguliers et au moins une fois par an, avec le
mandant et, le cas échéant, avec les personnes désignées par le mandant ».
Diverses formalités doivent être respectées.
Il faut notamment que le mandat de protection extrajudiciaire, ainsi que la fin de ce contrat,
soient enregistrés dans le registre central tenu par la Fédération royale du notariat belge.
Le mandat de protection extrajudiciaire peut être réalisé avec ou sans l’intervention d’un
notaire.
La protection extrajudiciaire est le régime de protection privilégié car il donne plus de liberté
et d’autonomie au mandant, qui décide et prévoit, pour le moment où il ne sera plus en
mesure d’exprimer sa volonté, quels actes pourront être exercés, de quelle manière et par
quelle personne.
Cette solution sera dès lors toujours préférée à la protection judiciaire, sauf si elle ne permet
pas, ou plus, de protéger suffisamment la personne vulnérable.

Le juge de paix peut notamment mettre fin, partiellement ou totalement, au contrat de


mandat de protection extrajudiciaire si celui-ci ne répond pas aux intérêts du mandant ( Les
procédures judiciaires ).
Une mesure de protection judiciaire peut remplacer tout ou une partie du mandat de
protection extrajudiciaire.

Il est aussi possible que le juge de paix décide de faire coexister le mandat extrajudiciaire
avec une mesure de protection judiciaire qui le compléterait.
Le juge statue souverainement et toujours en fonction de l’intérêt du mandant.
1.2. La protection judiciaire
Le juge de paix peut ordonner une mesure de protection judiciaire s’il l’estime nécessaire et
lorsque la protection (extrajudiciaire) existante est insuffisante.
Il désigne alors un administrateur de la personne (ou deux si ce sont les parents de la
personne protégée qui sont désignés) et/ou un ou plusieurs administrateur(s) des biens.
- L’administrateur assistera et aidera la personne protégée ou la représentera et
prendra certaines décisions à sa place, conformément à l’intérêt de celle-ci.
- L’administrateur doit, dans la mesure du possible, prendre en considération la
volonté ainsi que les besoins de la personne à protéger.
La philosophie du législateur est de permettre à la personne protégée de continuer à
prendre, autant que possible, des décisions de manière seule et autonome.
- le juge de paix établit la liste des actes que la personne à protéger n’est pas/plus
capable d’accomplir.
- Le juge doit se prononcer expressément sur la capacité, pour la personne protégée, à
réaliser une série d’actes que le législateur a énumérés dans le Code civil.
Par exemple :
- Si une mesure de protection judiciaire a été ordonnée concernant la personne, le
juge doit examiner si celle-ci est capable de consentir au mariage ou de reconnaître
un enfant.
- S’il s’agit d’une mesure de protection judiciaire des biens, le juge de paix décide si la
personne concernée est capable, par exemple, d’aliéner des biens ou d’acheter un
immeuble.
Il s’agit donc d’une protection sur mesure.
La personne protégée peut être soit assistée, soit représentée dans le cadre de
l’accomplissement d’un acte.
- L’assistance permet à la personne protégée de garder une plus grande autonomie.
- A l’inverse, si la personne vulnérable est représentée lors de la réalisation de certains
actes, cela implique que l’administrateur agit en son nom et pour son compte.
L’administrateur s’entretient régulièrement (une fois chaque année minimum) avec la
personne protégée (ou avec la personne de confiance).
- Il n’est que lorsque l’assistance est insuffisante que le juge de paix ordonne la
représentation pour la réalisation des actes à poser.
- Certaines opérations, par exemple, le fait de reconnaître un enfant ou de demander
l’euthanasie, ne peuvent faire l’objet ni d’une représentation ni d’une assistance si la
personne protégée a été considérée par le juge comme étant incapable de réaliser
ces actes.
La personne protégée/à protéger peut choisir une personne de confiance, dont le rôle
consistera à la soutenir tout au long de l’administration :
- autre personne que l’administrateur désigné
- Le texte l’égal prévoit contacts étroits avec la personne protégée et se concerte
régulièrement avec son administrateur.
- reçoit tous les rapports relatifs à l’administration et est tenue au courant par
l’administrateur de tous les actes posés. Elle peut solliciter toutes les informations
utiles à ce propos.
- peut saisir le juge de paix si elle constate que l’administrateur ne remplit pas
convenablement sa mission.
- La personne protégée peut renoncer au soutien de la personne de confiance ou
désigner une autre en adressant une requête au juge de paix.
- Ce dernier peut également décider d’office (ou à la requête de l’administrateur ou du
procureur du Roi) que la personne de confiance n’exercera plus sa mission si tel est
l’intérêt de la personne protégée.
La personne protégée/à protéger, toute personne intéressée ou le procureur du Roi peuvent
introduire une demande de mesure de protection par requête, accompagnée d’un certificat
médical circonstancié.
Néanmoins, 2 exceptions : si urgence avérée ou si impossibilité absolue de joindre le
certificat médical, la requête doit contenir suffisamment d’éléments et le juge désigne un
médecin agréé ou un psychiatre pour émettre un avis sur l’état de santé de la personne
protégée/à protéger.
Le juge de paix contrôle le bon déroulement de l’administration sur base de rapports que
l’administrateur lui communique annuellement.
- peut à tout moment, soit d’office, soit à la demande de la personne protégée ou de
sa personne de confiance, de son administrateur ou de tout intéressé, ainsi que du
procureur du Roi, mettre fin à la mesure de protection judiciaire ou en modifier le
contenu par une ordonnance motivée.
2. Loi du 26.06.90 relative à la protection des malades mentaux
2.1. Le traitement volontaire ou forcé
Le traitement d’un individu atteint d’une maladie mentale dans un service de psychiatrie
peut se réaliser de manière volontaire ou forcée.
Si le malade décide volontairement de se faire soigner au sein d’un service de psychiatrie, il
peut quitter librement le service quand il le souhaite.
Si une hospitalisation s’avère nécessaire, le malade peut être privé de cette de liberté.
Toutefois, une mesure de protection à l’égard d’une personne ayant des troubles mentaux
ne peut être prise que si celle-ci représente un danger pour elle-même ou pour les autres et
si aucun autre traitement n’est approprié.

2.2. Traitement dans le cadre hospitalier ou familial


Dans un cadre hospitalier :
Le juge de paix (si le malade est majeur) ou le juge de la jeunesse (si celui-ci est mineur), est
compétent pour statuer sur la nécessité de prendre des mesures de protection.
- Une mise en observation d’une personne au sein d’un service psychiatrique peut être
ordonnée, sauf urgence, sur base d’une requête introduite par toute personne
intéressée et à laquelle est joint un rapport médical circonstancié.
- S’il y a urgence, le procureur du Roi pourra décider lui-même d’une mise en
observation immédiate, sur base d’un avis médical ou d’un rapport médical.
- Si le procureur du Roi considère qu’une mise en observation doit être mise en place
immédiatement, il en avertit les personnes concernées (le malade, son conjoint ou
cohabitant légal…) et adresse au juge compétent une requête.
- Le juge doit ensuite, en respectant le délai légal, se prononcer sur le fait de savoir si
le maintien, ou non, de l’individu en observation est nécessaire.
- Si une mise en observation est ordonnée, sa durée maximale est de 40 jours.
Le maintien de l’hospitalisation du malade après la période d’observation peut avoir lieu si
son état le justifie.
- le juge décide et en fixe la durée
- Max 2 ans (renouvelé si nécessaire)
La fin de l’hospitalisation du malade peut se réaliser de diverses manières (ex.: le médecin-
chef de service peut y mettre fin si l’état du patient ne requiert plus le maintien de
l’hospitalisation, en respectant la procédure applicable).
Dans un cadre familial :
Le traitement du malade peut avoir lieu dans le milieu familial lorsque son état le permet.
La procédure s’apparente à l’hospitalisation sur de nombreux points.
Il y a également 2 phases : une de maximum 40 jours, suivie dans certains cas d’une seconde
période de 2 ans maximum.

- Le juge désigne une personne dont le rôle est de veiller sur l’individu malade et un
médecin chargé de son traitement.
- Certaines garanties sont mises en place afin de s’assurer du bon suivi du patient et de
l’adéquation de la mesure. Par exemple, le juge doit rendre visite au malade une fois
par an minimum.

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