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AT/MP 3.

- Responsabilité pénale et
délégation de pouvoirs

Maître Olivier BARRAUT


09/10/2014
Plan

1. Le responsable pénal dans l’entreprise


La responsabilité du chef d’entreprise
La responsabilité de la personne morale

2. La délégation de pouvoirs
Les conditions de validité d’une délégation de pouvoir
Mise en œuvre d’une délégation de pouvoir
Les effets d’une délégation de pouvoir

3. Liens entre responsabilité civile et responsabilité pénale

4. Constatation des infractions

5. La mise en mouvement de l’action

6. La peine

2
1. Le responsable pénal
dans l’entreprise

2. Quel est le représentant pénal ?


1. Le responsable pénal dans
l’entreprise
3
Pluralité de responsables au sein
d’une entreprise
 D’autres personnes que le chef d’entreprise peuvent être poursuivies

– Cela dépend de l’incrimination

CODE CODE
TRAVAIL PENAL

 Ex C. trav., art. L. 4741-1 ne vise que l’employeur (personne morale, chef d’entreprise
ou son délégataire)
 Au titre du Code pénal : quand la loi ne fait pas de distinction selon l’auteur de l’infraction :
toute personne qui a pu participer à la réalisation de l’infraction peut être poursuivie (chef
d’entreprise, salarié, personne morale…)

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Personnes pénalement responsable

Code du travail
Code Pénal
Code de la sécurité sociale
Droit de l'environnement

Infraction pour homicides Infraction pour inobservation


ou blessures par de la réglementation
imprudence, délit,
mise en danger

Imputable uniquement à
Imputable à tous ceux l’employeur (personne morale
qui ont une responsabilité et personne physique qui
effective et aux personnes exerce le pouvoir de direction
morales ou son délégataire)
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M.E.L.T.T./ I.P.S.T
3. Comment transférer la responsabilité
pénale

2. La responsabilité
du chef d’entreprise

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Qui est responsable ?

 Au sein d’une entreprise individuelle


le propriétaire ou le gérant

 Au sein d’une personne morale


→ Principe
– Le dirigeant de droit
– La personne physique qui détient, à titre originaire, la plénitude des pouvoirs de direction
sur le personnel et les biens affectés à l’activité.

→ Recherche des dirigeants réels


- Dirigeant de fait : les juges recherchent la personne qui détient réellement
le pouvoir de direction.

- La qualité de dirigeant de fait résultait des indices suivants :

 il recrutait le personnel,
 se présentait comme le directeur, organisait le travail (Cass. crim., 11déc. 2012, n°
11-88.643);
 engageait financièrement l’entreprise (acquisition d’un engin de chantier),
 les tiers ont affirmé n’être en relation qu’avec lui (Cass. crim., 25 juin 2013, n° 12-
84.810).

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Tableau sur le chef d’entreprise
responsable pénalement

Forme de la société Responsable originel

SARL à gérant unique Gérant unique

SARL à pluralité de gérants Cumul de responsabilités sauf si, par la


répartition des tâches, il incombait à un
seul de faire appliquer la législation

SA de type classique Le président du CA ou le directeur général


si personne différente

SA à directoire et conseil de surveillance Le président du directoire ou l’un des


membres du directoire si relève de ses
fonctions

SNC ou société en commandite Gérant unique ou cogérants

Association Le président

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Qui est responsable en cas de
pluralité d’entreprises ?

Deux hypothèses doivent être distinguées :

– Le travail en commun

– Le travail temporaire

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Qui est responsable en cas de
pluralité d’entreprises ?
 Travail en commun

– Coopération sur un site

 Le chef d’entreprise à laquelle appartient la victime

→ Sauf si les travaux sont exécutés sous une direction unique autre que la sienne
(même en l’absence de clause contractuelle, la détermination de l’entreprise pilote
dépend d’éléments de fait)

 Si la coopération est contractuellement organisée : le chef de l’entreprise désignée


(chantiers du bâtiment)

– Travaux effectués dans un établissement par une entreprise extérieure

 Le chef de l’entreprise utilisatrice pour les mesures générales applicables à tous

 Chaque chef d’entreprise pour les mesures de prévention nécessaires à la protection de son
propre personnel

 Les responsabilités respectives peuvent être engagées simultanément.

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Qui est responsable en cas de
pluralité d’entreprises ?
 Travail temporaire

– Principe :

 responsabilité du chef de l’entreprise de travail temporaire pour les salariés


sous contrat de travail temporaire

– Exceptions :

 responsabilité du chef de l’entreprise utilisatrice, pour ces mêmes salariés, pour


les conditions d’exécution du travail suivantes :

→ durée du travail

→ travail de nuit et travail des femmes, des enfants et des jeunes

→ repos hebdomadaire et jours fériés

→ hygiène et sécurité (C. trav., art. L. 1251-21)

 illustration : Cass. crim., 2 oct. 2012, n° 11-85.032

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Le chef d’entreprise peut-il être
responsable pour ses salariés ?

 Le chef d’entreprise répond des infractions qu’il commet seul


matériellement.
– Exigence d’une participation personnelle
– Les juges ne peuvent condamner un directeur de supermarché pour paiement de
salaires inférieurs au Smic alors qu’il avait été embauché plusieurs mois après la date
des faits reprochés (Cass. crim., 3 avr. 2013, n° 12-82.551).

 Le chef d’entreprise répond aussi des infractions révélées par le


comportement de ses salariés.

– Domaine : infractions non intentionnelles

– Cette responsabilité concerne principalement des infractions aux règles d’hygiène et de


sécurité : l’employeur doit veiller à leur stricte observation (défaut de surveillance,
défaut de formation, ne pas avoir délégué ses pouvoirs, etc).

Délégation de pouvoirs :
Elle ne constitue pas une cause d’irresponsabilité, elle modifie simplement la qualité du
responsable
.

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La responsabilité pénale de la
personne morale

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Les conditions de la responsabilité
de l’entreprise

 A l’exception de l’Etat, toutes les personnes morales sont concernées


– De droit public ou de droit privé
– À but lucratif ou non lucratif
 Restrictions quant aux infractions punissables s’agissant des collectivités territoriales
 Restrictions quant aux sanctions applicables aux CE et syndicats

 Sociétés civiles, sociétés commerciales y compris avec statut coopératif,


associations, GIE, fondations, CE et syndicats, etc.

 L’infraction doit avoir été commise par un organe ou un représentant de la


personne morale.
– Organes
 Organes de gestion (président, CA, DG…)
 Organes de contrôle (AG, CS…)
– Représentants
 Organes de gestion
 Ou mandat donné à une autre personne, physique ou morale

 L’infraction doit avoir été commise pour le compte de la personne morale.


– La personne morale doit avoir un intérêt à la consommation de l’infraction
– Il n’y a pas à établir de faute distincte à la charge de la personne morale (Cass. crim., 26
juin 2001, n° 00-83.466, Bull. n° 161)
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Les conditions de la responsabilité
de l’entreprise
 Identification de l’organe ou du représentant :
– Evolution de la jurisprudence
 Dans un 1er temps, la CC a autorisé les juges du fond à ne plus identifier l’organe ou le
représentant auteur de l’infraction avant d’imputer celle-ci à la personne morale.

→ Présomption d’imputation des infractions aux organes ou représentants

 Elle revient désormais à une application stricte de la loi pénale


→ Cass. crim., 11 oct. 2011, n° 10-87.212 EDF (solution implicite)
→ Cass. crim., 8 nov., 2011, n° 11-81.422
→ Cass. crim., 11 avril 2012, n° 10-86.974

→ Cass. Crim. du 2 oct. 2012 (n° 11-84.415, bull. n° 205):


La Cour d’Appel avait condamné deux sociétés pour homicide et blessures involontaires, en
raison de manquements fautifs aux prescriptions légales.
L’arrêt a été cassé : « en prononçant ainsi, sans mieux rechercher si les manquements
relevés résultaient de l'abstention d'un des organes ou représentants des sociétés
prévenues, et s'ils avaient été commis pour le compte de ces sociétés, au sens de l'article
121-2 du code pénal, la cour d'appel n'a pas justifié sa décision »

- Cass. Crim., 11 juin 2013, n° 12-80.551 (même approche)


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Les domaines de la responsabilité de
l’entreprise

 Jusqu’au 31.12.2005, la responsabilité pénale de la personne morale devait être


expressément prévue par le texte prévoyant l’infraction.

 La loi n° 2004-204 du 9.03.2004 a supprimé le principe de spécialité de la


responsabilité.

 Donc depuis le 1er janvier 2006, principe d’une responsabilité générale : toutes les
infractions peuvent engager la responsabilité de l’entreprise

 Quelle que soit la gravité de la qualification

 Quelle que soit la source de l’infraction : code pénal, code du travail, texte non codifié, etc.

 Que pour les infractions commises à compter du 1er janvier 2006

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Les hypothèses particulières de
responsabilité de l’entreprise

 Transfert à l’employeur (souvent une personne morale) de la peine


d’amende infligée à l’un de ses salariés :

– Ce transfert est prévu par les textes dans 2 hypothèses :

 Amendes lors de la conduite d’un véhicule (C. route, art. L. 121-1)

 Amendes en matière d’hygiène et de sécurité (C. trav., art. L. 4741-2)

– Mécanisme :

 L’employeur est condamné, non comme auteur de l’infraction, mais comme payeur de
l’amende infligée à l’un de ses salariés.

 Ces transferts constituent des atteintes au principe de personnalité des peines.

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Le cumul de responsabilités

 La responsabilité pénale des personnes morales n’exclut pas celle des personnes
physiques auteurs ou complices des mêmes faits.

 La responsabilité pénale de la personne morale ne constitue pas un écran destiné à


masquer les responsabilités des personnes physiques qui n’auraient plus à répondre des
mêmes actes.

 Les juges retiennent facilement une responsabilité conjointe même en l’absence


d’éléments constitutifs de l’infraction distincts.

 S’agissant du délit pour homicide ou blessures involontaires : il se peut que la société


engage sa responsabilité mais que la personne physique soit relaxée.

Ces solutions s’expliquent par la hiérarchie des fautes, instituée par la loi du 10 juillet 2000 (C.
pén., art. 121-3 à propos des délits non intentionnels) :

 Auteur direct : n’importe quelle faute engage sa responsabilité


 Auteur indirect (personne physique) : seule une faute dite qualifiée ou faute caractérisée
engage leur responsabilité
 Selon la JP Les chefs d’entreprise et leurs délégataires sont considérés comme des
auteurs indirects
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3. Comment transférer la responsabilité
pénale

2. Le transfert de responsabilité :
la délégation de pouvoirs

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Caractéristiques d’une délégation de
pouvoirs
 Une délégation de pouvoir doit :

– être limitée
 le chef d’entreprise ne peut déléguer l’intégralité de ses prérogatives d’organisation et de
surveillance, il y aurait alors confusion sur la qualité même de chef d’entreprise.

– être précise
 les missions spécifiques du délégataire doivent être exemptes d’ambiguïté.

– et revêtir un certain degré de permanence

 La mission de prévention serait illusoire sur une courte période.

 Concernant la personne du délégant


– Il doit s’agir du chef d’entreprise, c’est-à-dire de la personne détenant le pouvoir de direction
effective de l’entreprise
– L’employeur ne peut déléguer les mêmes fonctions à des personnes différentes :
 un tel cumul serait de nature à restreindre l’autorité et à entraver les initiatives des
délégataires (Cass. crim., 19 mars 1996, n° 94-84.854).
 Possibilité de subdélégations

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Conditions tenant au délégataire

LES CRITERES
DU POUVOIR

L'AUTORITE LES COMPETENCES LES MOYENS

Une délégation seulement écrite n'est pas suffisante pour opérer


une délégation de pouvoirs

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Conditions tenant au délégataire

 L’autorité
– Le délégataire doit avoir l’autorité nécessaire pour veiller aux règles qu’il est en charge
de faire appliquer : un pouvoir de commandement suffisant pour obtenir l’obéissance
 faculté d’empêcher l’infraction ex : pouvoir de fermer le dimanche
 capacité autonome de commandement voire pouvoir disciplinaire lorsque la délégation
suppose une surveillance sur autrui
→ La CC n’a jamais affirmé en principe que toute délégation implique nécessairement
une parcelle du pouvoir disciplinaire.

 La délégation n’est plus limitée aux directeurs, elle peut être consentie à des salariés
occupant des positions hiérarchiques plus modestes. Encore faut-il que le salarié
appartienne à la hiérarchie de l’entreprise (qu’il n’ait pas à en référer au chef d’entreprise
avant toute décision).

 La compétence
– Le délégataire doit disposer des connaissances notamment techniques nécessaires pour
assurer le respect des règles qu’il doit faire observer.
– Il doit également disposer des connaissances juridiques.

 Les moyens
– Moyens humains, matériels, techniques, financiers (notamment les conditions d’engagement
des dépenses)
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Conditions tenant au délégataire

 Appartenance à l’entreprise

– Principe

 Le délégataire doit appartenir à l’entreprise.

 Il doit y avoir un lien de subordination, qui suppose l’existence d’un lien hiérarchique.

 Le délégataire doit être le préposé du délégant.

– Exceptions : en matière de santé et de sécurité au travail

 Le préposé d’une société peut être responsable pour :


→ un groupe de sociétés (Cass. crim., 7 février 1995, n° 94-81.832)
→ toutes les entreprises intervenant sur un chantier si la délégation est consentie
par le représentant légal de chacune des entreprises intervenantes (Cass. crim., 23
nov. 2010, n° 09-85.115)

a.La JP a reconnu la licéité des délégations multi-entreprises


Les dirigeants qui ne sont pas matériellement en mesure d’assurer eux-
mêmes les obligations leur incombant peuvent s’entendre pour adopter une modalité
d’exercice du pouvoir délégué adaptée au caractère interdépendant de leurs activités

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Conditions de forme

 Acceptation du délégataire

– Elle n’est pas nécessaire en raison du lien de subordination ; c’est une modalité d’exécution du
contrat, mais il faut, au moins, informer le salarié
– En revanche, si le transfert de responsabilité opère modification du contrat de travail, il faut
l’accord du salarié.

 Ecrit fortement recommandé

– L’écrit n’est pas obligatoire, sauf dispositions conventionnelles en ce sens.

 La CCN du bâtiment et des travaux publics impose un écrit comme condition de validité
de la délégation de pouvoirs.
 Vérifiez votre convention collective

– Mais il est fortement conseillé, dans un souci de pré-constitution de la preuve de la délégation


 L’existence de la délégation de pouvoirs doit être prouvée par celui qui en invoque le
bénéfice.
Attention à la rédaction de l’écrit
.

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La subdélégation et cumul de délégations

 Subdélégation

– Hypothèse : le préposé tient ses pouvoirs d’un primo-délégataire


– délégations en cascade, à ne pas confondre avec un cumul de délégations
 Elle est autorisée
• même si le chef d’entreprise ne l’a pas expressément autorisée
• sauf si le chef d’entreprise s’y est expressément opposé
 Elle répond aux même conditions que la délégation de pouvoirs.

 Délégations en parallèle

– Elles sont possibles si le champ des responsabilités assumées par chaque délégataire est
circonscrit.

– Elles sont, pour un même travail, impossibles .

Cass. crim., 19 mars 1996, n° 94-84.854 : “le chef d’entreprise ne peut déléguer ses
pouvoirs à plusieurs personnes pour l’exécution d’un même travail, un tel cumul étant
de nature à restreindre et à entraver les initiatives des prétendus délégataires”

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Preuve d’une délégation

 Le chef d’entreprise doit démontrer que les conditions sont remplies


- la délégation doit exister au moment des faits .

 La preuve est libre : faisceau d’indices


–S’il y a un écrit portant délégation expresse de pouvoir, même s’il a été accepté par le salarié:
pouvoir d’appréciation des juges (date de la délégation/infraction, autorité, compétence, etc.)

–Des clauses du contrat de travail peuvent être interprétées comme opérant une délégation de
responsabilité pénale si elles sont précises et corroborées par un transfert effectif de pouvoir

→ ne pas écrire que le salarié dispose de la « faculté d’agir par toutes voies
d’autorité » = termes trop vagues

→ mentionner les moyens financiers, disciplinaires dont le salarié dispose (Cass.


crim., 8 oct 2002, n° 02-82.752)

La délégation de pouvoir est en suspendue tout le temps de la suspension du contrat


(Cass. Crim., 19 juin 2012, n° 11-81.654)

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Modifications susceptibles d’affecter
une délégation
 Un transfert d’entreprise affecte-t-il une délégation de pouvoir ?

– 1999 : une délégation de pouvoir devient caduque par suite d’un changement de direction
(Cass. crim., 30 mars 1999, n° 98-81.433 : reprise dans le cadre d’une procédure collective
des actifs de cinq sociétés)

– 2006 : la seule circonstance que l’entreprise ait été transférée dans le cadre de l’article L.
122-12 C. trav. ne saurait bloquer l’efficacité d’une délégation (Cass. crim., 14 mars 2006, n°
05-85.889, Bull. n° 75)

– 2011 : 2 arrêts du 20 juillet 2011 semblent, sinon revenir sur la solution de 2006, du moins
ne pas lui accorder la même automaticité

 La CC opère une distinction entre le CT, qui est transféré, et la délégation de pouvoir qui
peut être caduque du fait du transfert d’entreprise
 Au-delà de cette distinction, la portée des arrêts est difficile à cerner.
→ Aucune règle ne semble posée (caducité / transfert de la délégation). Examen au
cas par cas par le juge

 par prudence : au nouveau dirigeant de valider rapidement les anciennes délégations

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Limites à la délégation de pouvoirs
(Responsabilité du délégant)

 Par définition : une délégation est inefficace si l’acte délictueux a été


commis hors des attributions du délégataire.

 Limites au mécanisme de la délégation de pouvoirs :

– Immixtion du délégant dans le champ des responsabilités confiées au délégataire


 Cass. crim, 7 juin 2011, n° 10-84.283

– Cas particulier du délit d’entrave

– La fréquence des infractions démontre les lacunes du délégataire (délégation non valable)

– L’infraction résulte du fonctionnement général défectueux de l’entreprise

 La responsabilité du délégataire ne peut être engagée (Cass. crim., 7 déc. 2004, n° 03-
87.015 : fonctionnement sur le mode de la sous-traitance qui a créé une confusion totale
dans l’organisation du travail et le partage des tâches et responsabilités)

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4. Lien entre responsabilité pénale et
responsabilité civile du chef d’entreprise
3. Liens entre responsabilité pénale
et responsabilité civile

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Fonctions des deux responsabilités

 Responsabilité civile :

– fonction réparatrice : elle a pour but de réparer un dommage causé

–  c’est le préjudice causé qui va permettre de fixer la réparation, ce qui implique qu’il peut y
avoir responsabilité sans faute.

 Responsabilité pénale

– fonction punitive : vise à sanctionner une faute personnelle

– peu importe l’absence de préjudice

– nécessite l’existence d’un texte législatif ou réglementaire édictant une infraction

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Assurances

 Il est possible voire obligatoire de s’assurer en matière civile.

 Responsabilité pénale :

– amendes civiles, pénales et fiscales + interdictions d’exercice : impossible d’être garanti en


raison :

 du principe de la responsabilité personnelle en matière pénale,

 du souci de sauvegarder le caractère préventif de la répression pénale

– possible de s’assurer contre les conséquences civiles d’une faute pénale (sauf faute
intentionnelle) et contre les frais

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Tableau récapitulatif sur
la charge financière

Auteur de l’infraction Condamnation pénale Condamnation civile

Personne physique (chef L’entreprise si absence


d’entreprise ou L’auteur de l’infraction d’abus de fonction (pas
délégataire) d’intention)

Personne morale L’entreprise L’entreprise


(l’entreprise)

Impossible de s’assurer Possible de s’assurer

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Tableau récapitulatif
des actions en responsabilité

Poursuites pour Poursuites pour Poursuites sur


infraction au infraction au les deux
Code du travail Code pénal fondements

En l’absence de Salariés NON OUI NON


délégation de
pouvoirs Chef OUI OUI NON
d’entreprise

En présence Salariés non NON OUI NON


d’une délégataires
délégation de Salariés NON OUI OUI
pouvoirs délégataires
Chef OUI NON NON
d’entreprise

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5. La constatation des infractions

4. La constatation des infractions

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Par l’inspecteur du travail

 Pouvoirs de contrôle de l’inspecteur du travail

 Droit d’entrée et de visite


 Droit d’enquête et de communication
L’obstacle au contrôle : un délit

 Procès verbal de constat

– Fait foi jusqu’à preuve du contraire


– Contenu : description des faits constatés et indication des éléments légal, matériel,
intentionnel de l’infraction

 Conditions

– Après mise en demeure dans certains cas (notamment en matière d’hygiène et de sécurité),
sauf s’il y a danger grave ou imminent pour l’intégrité physique des salariés
– L’auteur du PV
 Avoir qualité pour dresser un PV : inspecteurs et contrôleurs
 Etre compétent
→ Matériellement / Territorialement

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La transmission du procès-verbal

 Cas général

– PV dressé en double exemplaire

– Un exemplaire envoyé au préfet de département

– Un exemplaire déposé au parquet, qui décide seul de l’opportunité des poursuites

 En droit du travail

– Les PV des inspecteurs / contrôleurs du travail sont transmis au procureur de la République.

 Avant la transmission au procureur de la République, l'agent de contrôle doit informer la


personne visée au procès-verbal des faits susceptibles de constituer une infraction pénale
ainsi que des sanctions encourues (C. trav., art. L. 8113-7 mod. par la loi Warsmann).
→ La loi n’impose pas la transmission du PV à l’employeur.

– Un exemplaire doit être adressé au représentant de l’Etat dans le département.

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5. La constatation des infractions

5. La mise en mouvement de l’action

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Le dépôt de plainte auprès des
services de police
 La victime porte plainte au bureau de police.

 La police judiciaire effectue des investigations (enquête).

 Au terme de cette enquête, la police judiciaire :


– transmet le dossier, constitué des différents procès verbaux dressés au cours de l’enquête,
au Parquet (du tribunal de grande instance),

 Le parquet
– est saisi le plus souvent par les procès verbaux dressés par les officiers de police judiciaire;
– il l’est aussi souvent par le dépôt de plainte, directement auprès de la juridiction, par la
victime;
– il peut aussi être avisé d’une infraction par la dénonciation d’un tiers, par la rumeur publique
ou par les médias.

 L’action publique exercée par le ministère public (monopole)


– Principe de l’opportunité des poursuites : le parquet apprécie la suite à donner aux plaintes
et dénonciations (voir diapo suivante) : classement, poursuite, mesures alternatives
– Exception : l’obligation de poursuivre
→ Plainte de la victime avec constitution de partie civile
→ Citation directe du prévenu devant le tribunal
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L’action civile

 L’action civile

– Définition de l’action civile

 Action en réparation du dommage causé par l’infraction


 Monopole de la victime : avoir subi un préjudice direct et personnel

– Exercice de l’action civile

 Personnes physiques : salariés, employeurs


 Personnes morales : syndicats, institutions représentatives du personnel

→ C. trav., art. L. 2132-3 autorise la constitution de partie civile d’un syndicat


relativement aux faits portant un préjudice, direct ou indirect, à l’intérêt collectif de
la profession qu’il représente.

Un syndicat est recevable à se constituer partie civile dès lors qu’est seulement
possible le préjudice invoqué (Crim., 27 juin 2012, n° 11-86.920, à propos
d’une prise illégale d’intérêt par le directeur d’un établissement bancaire)

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La procédure pénale
 Prescription de l’action pénale

Crimes : 10 ans, Délits : 3 ans Contraventions : 1 an

 Déroulement de la procédure en matière délictuelle (tribunal correctionnel)


–Avec instruction préparatoire
 Réquisition du ministère public à fin d’informer
 Juge d’instruction : mise en examen, enquête, mandats, garde à vue, interrogatoires, comparutions
 Clôture de l’instruction
→ Ordonnance de non-lieu ou ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel
–Sans instruction préparatoire (citation directe)
 Enclenchement des poursuites
→ Citation directe par le parquet ou la partie civile
→ Avertissement suivi de comparution volontaire
→ Convocation par procès verbal
→ Comparution immédiate

 Déroulement de la procédure en matière contraventionnelle (tribunal de police)


 Citation directe
 Comparution volontaire

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5. La constatation des infractions

6. La peine

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La sanction pénale

 Principes

– Pas de peine sans texte

– Individualisation de la peine

 Teneur de la sanction pénale

– Contravention : amende et peines complémentaires

– Délits et crimes : amende et/ou emprisonnement, et peines complémentaires

– Personnes morales : amende × 5 et peines complémentaires

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Le risque pénal en matière
d’accident du travail

 Prévention des accidents du travail

– Infraction aux dispositions de prévention édictées par une caisse : contravention de 5 ème classe
× le nombre de salariés

– Défaut de déclaration des procédés de travail susceptibles de provoquer une maladie


professionnelle : contravention de 3ème classe

 Mesures accompagnant un accident du travail

– Absence de déclaration, défaut d’inscription sur le registre, défaut d’information du CHSCT,


non-délivrance de la feuille d’accident : contravention de 4ème classe

 Prestations et cotisations

– Retenue sur salaire pour l’assurance accident : amende de 12.000 €


– Fraude ou fausse déclarations pour obtenir des prestations non dues : amende 3.750 €

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Au titre du code pénal : degré de gravité
des délits d’atteinte à la personne

Manquement délibéré
Gravité
des
Délits Manquement

Négligence

Inattention

Maladresse et imprudence

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Le risque pénale en matière d’accident du
travail
Le risque pénal en matière de temps
de travail et durée du travail

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