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SOMMAIRE

SOMMAIRE........................................................................................................2

DEDICACES.......................................................................................................3

REMERCIEMMENTS.......................................................................................4

INTRODUCTION GENERALE........................................................................5

PARTIE I : Le Régime de la procédure d’acquisition du titre foncier en


République Gabonaise........................................................................................7
Chapitre 1 : La phase administrative de la procédure d’acquisition foncière.........................9
Section 1: Les organes compétents......................................................................................9
Section 2: Les différentes procédures................................................................................13
Chapitre 2 : La phase d’immatriculation de la procédure d’acquisition foncière.................18
Section 1: Les organes compétents....................................................................................19
Section 2: Le déroulement de la procédure d’immatriculation.........................................24

PARTIE 2 : La portée de la procédure d’acquisition du titre foncier en


République Gabonaise......................................................................................29
Chapitre 1: Les limites de la procédure d’acquisition foncière.............................................31
Section 1: Les limites relatives à la phase administrative de la procédure........................31
Section 2: Les insuffisances relatives à la phase d’immatriculation de la procédure........35
Chapitre 2 : Les perspectives d’amélioration envisageables.................................................39
Section 1: La provincialisation de la procédure d’acquisition foncière.............................40
Section 2: La multiplication des campagnes de sensibilisation et l’allègement des coûts de
la procédure actuelle...........................................................................................................43

CONCLUSION GENERALE..........................................................................49

TABLE DE MATIERES...................................................................................50

ANNEXES..........................................................................................................51

BIBLIOGRAPHIE............................................................................................52
DEDICACES

Je dédie principalement ce mémoire à ma maman adorée MASSOUMBI Hortense, qui


m’aident à dépasser mes limites.
REMERCIEMMENTS

Avant de commencer, je tiens tout d’abord à remercier Monsieur Ulric Arnol


NZOUNDOU, pour avoir accepté de diriger ce travail malgré ses multiples occupations et
pour son sens de l’écoute.
Je ne saurais oublier l’ensemble des enseignants et le corps administratif de l’Université
Africaine des Sciences (UAS).
INTRODUCTION GENERALE
«  La terre en Afrique est un bien précieux, car elle exprime dans une certaine mesure la
cohésion familiale. Elle constitue l'une des sources de développement économique et social
d'un pays »1. Cette assertion de Simplice GOUAMBE détermine l’importance ou la nécessité
pour les Etats africains de règlementer l’utilisation et l’occupation des sols.
Ainsi, à l’instar des autres Etats africains, notamment francophones, le Gabon dispose
d’un régime foncier marqué par une spécificité tenant non seulement à la dualité des normes
modernes et traditionnelles aspirant à gouverner le statut des sols sur lequel on se polarise
habituellement, mais aussi à la place qu’occupe l’Etat sur la scène foncière.
Ce régime foncier a connu une récente évolution en ce qui concerne les modes
d’accession à la propriété. En effet, avant 1963, l’accession à la terre se faisait de façon
traditionnelle. Seuls les autochtones avaient la possibilité de devenir « propriétaires
terriens »2. Mais l’insécurité née de cette pratique va aboutir à son abandon. C’est avec la
législation foncière de 19633, que le Gabon nouvellement indépendant va confier à la seule
puissance étatique la gestion de sa terre et instaurer des nouvelles méthodes d’acquisition de
la propriété. Cet état de droit, basé essentiellement sur une règlementation écrite va être
maintenu par la réforme de 2012 actuellement en vigueur.
Il convient, dans le cadre de notre étude portant sur la procédure d’acquisition du titre
foncier par les personnes physiques uniquement, de définir brièvement quelques généralités.
D’abord, le concept de « procédure »4. Au sens juridique, il peut être défini comme
l’ensemble des formalités qui doivent être suivies pour aboutir à un certain résultat. Ainsi, la
procédure d’acquisition est l’ensemble des étapes ou cheminement que les citoyens doivent
suivre pour l’établissement ou la délivrance d’un titre de propriété.
Ensuite, l’expression « titre foncier ». Selon l’article 3 de l’ordonnance n°5/2012 du 13
février 2012 fixant le régime de la propriété foncière en République gabonaise ratifié par la loi
n° 3/2012 du 13 aout 2012, il s’agit du « document authentique établit par le conservateur de
la propriété foncière et des hypothèques garantissant, sécurisant, et protégeant un droit réel
immobilier  ».
Enfin, l’expression « personne physique ». Elle désigne tout sujet de droit, tout
individu doté de la personnalité juridique et pouvant se prévaloir d’un droit ou d’une situation
juridique.

1
Cf. République du CAMEROUN, Université de Yaoundé II-SOA, mémoire de DEA droit en droit privé, «la
procédure d’immatriculation des terrains en droit camerounais selon le décret n°2005 /481 du 16 décembre
2005 modifiant et complétant certaines dispositions du décret n°76/165 du 25 avril 1976 fixant les conditions
d’obtention du titre foncier », Simplice GOUAMBE, 2006, page 1
2
Contrairement au mode moderne de gestion de la terre, le mode traditionnel consiste à confier l’ensemble des
terres à un chef coutumier, gardien de la tradition ancestrale. Le roi coutumier est le seul qui puisse distribuer
les terres à ses sujets.
3
Cf. Loi n°15 /63 du 8 mai 1963 fixant le régime de la propriété foncière en République gabonaise (journal
officiel).
4
Cf. lexique des termes juridiques 2012, 19 ème édition, 2012, DALLOZ, page 683.
Toutefois, le problème de l’accès à la propriété foncière au Gabon repose sur un constat.
Celui « du paradoxe qui existe entre l’apparente disponibilité de la terre et les difficultés
qu’éprouvent les citoyens à être propriétaire d’un terrain à bâtir. La principale raison de
cette situation est que l’Etat, qui est au centre de l’accès à la propriété foncière, ne joue pas
son rôle premier qui est la production des terrains à bâtir afin de mettre à la disposition de la
population des parcelles viabilisées, spécialement en zone urbaine »5. Malgré cette incapacité
de l’Etat de mettre à leur disposition des terrains, les populations tentent d’y accéder par tous
moyens, donnant parfois l’impression que c’est la loi du plus fort, du plus agressif ou du plus
fortuné qui prévaut. Cet état des choses laisse penser que l’accès à la propriété foncière
n’obéit à aucune règlementation.
Au regard de cette situation, on peut légitimement se poser les questions suivantes : quel
est le régime de la procédure légale d’acquisition du titre foncier par les personnes physiques
en République gabonaise ? Cette procédure d’accès à la propriété présente-t-elle des
insuffisances ?
L’intérêt de notre étude est double : d’une part, faire connaitre aux citoyens les
nouvelles dispositions régissant la procédure légale d’obtention du titre foncier, d’autre part,
proposer des solutions aux difficultés liées à l’obtention du titre foncier en République
gabonaise.
Sur ce, l’architecture retenue de notre travail reposera sur deux parties : la première
présentera le régime de la procédure légale d’acquisition du titre foncier en République
gabonaise (partie 1). La seconde sera consacrée à l’examen de la portée de ladite procédure
(partie 2).

5
Cf. Christian Aimé NKOGHE, « l’accès à la propriété foncière : procédure et contentieux  », hebdo informations
n°637, 31 octobre 2015, page 1
PARTIE I : Le Régime de la procédure
d’acquisition du titre foncier en République
Gabonaise
Au Gabon, toute personne physique de nationalité gabonaise ou étrangère6 peut engager
une procédure d’immatriculation foncière. Cette procédure qui a pour but de mettre sous
l’emprise privée une parcelle du domaine privé de l’Etat 7 est soumise à une réglementation
écrite.
En effet, il y a lieu de préciser que le régime d’acquisition par les personnes physiques
ou morales à titre privé relève du domaine privé de l’Etat, tel que défini par la loi n°14/63 du
8 mai 1963 fixant la composition du domaine de l’Etat et les règles qui en déterminent les
modes de gestion ou d’aliénation.
Ainsi, l’accès à la propriété foncière a pour base légale la loi n° 3/2012 du 13 aout 2012
portant ratification de l’ordonnance n°5/2012 du 13 février 2012 fixant le régime de la
propriété foncière en République gabonaise. Il s’articule en deux phases distinctes : la phase
dite administrative (chapitre 1) et la phase d’immatriculation judiciaire (chapitre 2).

Chapitre 1 : La phase administrative de la procédure


d’acquisition foncière

6
Avant la réforme de 2012, les biens immobiliers du domaine privé de l’Etat ne pouvaient faire l’objet d’une
cession à une personne de nationalité étrangère. Celle-ci ne bénéficiait, et sous certaines conditions, que de
concessions foncières. (Cf. les dispositions du décret n°77/PR/MF.DE du 6 février 1967 règlementant l’octroi
des concessions et locations des terres domaniales).
7
En effet, la propriété foncière n’existe au profit d’une personne physique ou morale qu’à partir de l’inscription
au livre foncier du conservateur. Laquelle inscription est précédé d’une procédure de transfert des droits de
l’Etat au personne physique ou morale concernée.
Tout candidat à la procédure d’acquisition d’un titre foncier doit nécessairement
constituer un dossier déposé auprès de l’administration. Cette demande enclenche la phase
administrative de la procédure dont la finalité est de faire sortir la parcelle du domaine privé
de l’Etat pour l’attribuer au citoyen-demandeur8. Ce transfert de propriété est matérialisé par
un acte définitif délivré par l’organe de gestion de son domaine privé, mis en place à cet effet.
Mais quels sont les organes qui interviennent dans cette phase administrative (section 1), et
quelles en sont les procédures applicables (section 2)

Section 1: Les organes compétents

La question foncière, l’accès aux logements et l’urbanisation constituent des


préoccupations majeures des hautes autorités de la République. La création d’une agence,
désormais chargée des tâches opérationnelles autrefois exercées par les services centraux de
l’Etat, visent à instituer un interlocuteur unique auprès duquel l’usager dépose son dossier et
retire son titre de propriété. L’objectif étant de parvenir à développer un environnement
urbain ou rural harmonieux et simplifié. Cette agence, dénommée Agence Nationale de
l’Urbanisme, des Travaux Topographiques et du Cadastre, est donc l’instrument d’exécution
de la politique publique de l’Etat en matière d’urbanisme, domaniale, des travaux
topographiques et du cadastre (paragraphe 1).
A côté de celle-ci, il y a la Direction provinciale des impôts et le Tribunal administratif
territorialement compétents qui jouent des rôles non négligeables (paragraphe 2) dans la
phase administrative d’acquisition foncière.

Paragraphe 1 : L’Agence Nationale de l’Urbanisme, des Travaux


Topographiques et du Cadastre

Selon l’article 2 du décret 1500/PR/MHUEDD du 29 décembre 2011, « il est créé et


placé sous la tutelle du ministère de l’habitat un établissement public à caractère industriel et
commercial dénommé Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du
cadastre, en abrégé : ANUTTC ».
Cet organisme, doté de la personnalité juridique et jouissant de l’autonomie de gestion
financière, dispose du pouvoir de prendre des actes à caractère administratif et possèdent des
représentations dans chaque province.
Analysons à présent ses attributions (A) et son organisation (B).

A- Les attributions de l’agence


En application de l’article 4 nouveau du décret n°0702/PR/MPITPTHTAT modifiant
certaines dispositions du décret 1500/PR/MHUEDD du 29 décembre 2011 sus-mentionné,
« l’agence a pour mission la mise en œuvre, pour le compte de l’Etat, des collectivités locales

8
L’Etat ne peut reprendre la parcelle ainsi sortie de son domaine privé que par la procédure de l’expropriation
pour cause d’utilité publique.
et des tiers, de l’aménagement d’espaces constructibles urbains et ruraux, la création de
parcellaires en vue de la cession des lots, l’établissement des actes de cession, la remise des
titres de propriété établis par la Conservation de la Propriété Foncière et des Hypothèques
aux acquéreurs, et la gestion des terrains et propriétés bâties de l’Etat ». Il en ressort que les
attributions de l’ANUTTC sont reparties en quatre domaines :
- En matière d’urbanisme, elle est chargée d’exécuter ou de faire exécuter, en
collaboration avec les autres services compétents, les schémas directeurs, les plans et
coefficients d’occupation des sols et les plans d’aménagements, ainsi que les plans sectoriels
d’aménagements des zones à allotir ; d’examiner et d’approuver les plans de lotissements
proposés par les lotisseurs privés ; de contrôler l’occupation des terrains du domaine public et
privé de l’Etat ; de mettre en œuvre les opérations de déguerpissements des terrains devant
faire l’objet d’opérations d’aménagements par l’Etat ou leur contrôle lorsqu’elles sont
réalisées par les opérateurs privés ; de mettre en œuvre des plans de lotissements dans le cadre
de l’exécution des programmes d’aménagement ; de préserver les sites présentant un intérêt
touristique, culturel ou historique de toute occupation illégale ; de constater toute infraction à
la réglementation d’urbanisme et de prononcer les sanctions administratives sans préjudice de
l’exercice de l’action publique ;

- En matière de topographie, l’agence est chargée d’établir le canevas des bornes, de


tenir et entretenir, par les mises à jour, le répertoire du système national de référence y relatif ;

- En matière cadastrale, elle tient et met à jour le fichier du parcellaire cadastral et les
plans y afférents ; archive les dossiers relatifs aux parcellaires cadastrées et aux procédures y
attachées ; exécute le bornage des parcelles nouvellement créées ou le rebornage des parcelles
existantes ; vérifie et valide les travaux de bornage exécutés par les opérateurs privés ; met à
la disposition de l’administration fiscale les données techniques nécessaires à la détermination
des impôts fonciers sur le bâti et le non bâti ;

- En matière domaniale, les services de l’ANUTTC ont pour mission d’établir les actes
de cession des terrains nus de l’Etat 9 ; d’établir et délivrer les actes de concession des baux sur
les terrains de l’Etat ; d’établir les projets d’actes de cession et d’affectation des propriétés
bâties de l’Etat ; d’établir les projets d’actes de location des biens immobiliers bâtis de
l’Etat ;d’établir les projets d’actes d’acquisition par l’Etat de biens immobiliers bâtis et non
bâtis ; de tenir et mettre à jour le fichier des biens immobiliers de l’Etat, en liaison avec les
services de la Conservation Foncière et des Hypothèques ; d’appliquer les normes et
spécifications techniques dans les domaines relevant de sa compétence .

Toutefois, le texte de création prévoit que l’ANUTTC puisse recevoir des pouvoirs
publics toute autre mission relevant de sa compétence. C’est ainsi que, l’article 9 nouveau du
décret n°0702/PR/MPITPTHTAT sus-cité, lui transfère de plein droit l’entièreté « des actifs
et prérogatives précédemment dévolus à la direction générale de l’urbanisme et des
aménagements fonciers, à la direction générale des travaux topographiques et du cadastre, à
la direction des domaines et des opérations foncières et aux brigades spéciales d’urbanisme

9
Selon le décret 0122/PR/MECIT du 28 février 2012 portant réorganisation de la direction générale des impôts
cette attribution était anciennement dévolue à la direction de domaines et des opérations foncière (article 49)
et aux directions provinciales des impôts via le service de gestion des affaires domaniales (article 89).
et de la construction sont de plein droit transférés à l’agence ». Autrement dit, cette
disposition vient abroger les prérogatives des directions citées en matière d’opérations liées à
la procédure d’attribution foncière. Elle ne remet pas en cause leur existence juridique 10 mais
leurs compétences en la matière.
Quid à présent de l’organisation de cet organisme de gestion du foncier au Gabon ?

B- Le cadre organique de l’agence


Conformément aux dispositions de la loi n°20/2005 du 3 janvier 2006 fixant les règles
de création, d’organisation et de gestion des services de l’Etat, l’ANUTTC, administration
publique, disposant d’un service central et des services administratifs déconcentrés11.
Le service central de l’agence comprend un conseil d’administration, une direction
générale, et une agence comptable12. Il s’agit des organes, situé à la capitale Libreville, qui ont
une compétence nationale unique.
On peut citer : la direction des opérations d’urbanismes et des aménagements ; de la
direction administrative et financière ; de la direction juridique et du contentieux et de la
direction des systèmes informatiques. Ces différentes directions de l’administration centrale
de l’ANUTTC sont chacune subdivisées en divisions ou départements.
Les services administratifs déconcentrés, il s’agit des services territoriaux de l’agence
qui ont une compétence provinciale. Ces services provinciaux, dénommés  représentations
locales ou provinciales, exercent au niveau local les missions dévolues aux directions de
l’administration centrale de l’ANUTTC.
Chaque représentation provinciale comprend un guichet unique et est subdivisée en
service des opérations d’urbanisme et des aménagements ; service des travaux topographiques
et service du cadastre. Pour des raisons de nécessité, certaines agences provinciales peuvent
ajouter dans leur organigramme des Bureaux.
En outre, pour l’exercice de ses missions, l’ANUTTC collabore avec un réseau
d’experts indépendants nationaux et internationaux et des bureaux d’études spécialisés.

Paragraphe 2 : Les directions provinciales des impôts et tribunaux


administratifs
La phase administrative de la procédure d’acquisition du titre foncier fait intervenir
d’autres organes après l’instruction du dossier par l’agence. Il s’agit notamment des directions
provinciales des impôts (A), et des tribunaux administratifs (B).

A- La direction provinciale des impôts territorialement compétente


10
En effet, selon le décret n°1496/PR/MHUEDD du 29 décembre 2011 portant création et organisation du
ministère de l’habitat, de l’urbanisme, de l’écologie et du développement durable, ces différentes directions
générales et direction n’assurent désormais que le contrôle et le suivi de la politique d’aménagement effectuée
par l’ANUTTC.
11
Cf. Articles 8, 9, 22 et 23 de la loi n°20/2005.
12
Cf. Article 5 du décret n°1500 /PR /MHUEDD du 29 décembre 2011.
Selon l’article 31 nouveau du décret n°0704/PR/MPITPTHTAT modifiant et
supprimant certaines dispositions du décret n°257/PR/MECIT du 19 juin 2012 réglementant
les cessions et locations des terres domaniales : « l’Agence Nationale d’Urbanisme, des
Travaux Topographiques et du Cadastre établit les actes de cessions ou de concessions de
bail et les transmet sans délai à la direction provinciale des impôts territorialement
compétente pour enregistrement  ».
Autrement dit, c’est l’agence qui établit les actes de cession en ce qu’elle est l’unique
gestionnaire du domaine privé de l’Etat. La compétence de la direction provinciale des impôts
du lieu de situation de l’immeuble cédé ne se résume plus qu’à l’enregistrement dudit acte,
c’est-à-dire à la perception des droits d’enregistrement inhérente à la transaction foncière
ayant entrainé un transfert de propriété. La preuve de l’enregistrement est la mention apposée
sur l’acte de cession. Cette mention comporte le bureau, la date de l’enregistrement, le renvoi
au registre, le nombre de pages et de renvois de l’acte ainsi que les sommes perçues.
L’enregistrement effectué par la direction provinciale des impôts est donc une formalité
fiscale qui est obligatoire en la matière, à l’occasion duquel un droit est perçu au profit du
trésor public. L’acte de cession soumis à l’enregistrement est déposé en deux exemplaires
dont un est conservé par le Service de l’Enregistrement de la direction provinciale des impôts
concernée.
L’enregistrement a pour effet de donner date certaine à la cession effectuée entre l’Etat
et le particulier.
En plus de l’enregistrement des actes de cession, les directions provinciales des impôts,
conformément à l’article 73 du décret n°0122/PR/MECIT du 28 février 2012 portant
réorganisation de la direction générale des impôts, sont notamment chargées dans leur ressort
territorial de compétence respectif, de suivre l’application des textes législatifs et
règlementaires en matière fiscale, domaniale et foncière ; d’assurer l’exploitation fiscale des
informations foncières ; d’identifier ;de localiser et d’immatriculer les contribuables ; de
contrôler, de la coordonner et d’animer l’activité de tous les services fiscaux et domaniaux
installées dans leur ressort territorial ; et de collecter, de centraliser, de mettre à disposition et
de suivre l’exploitation par les services compétents des renseignements à but fiscales,
domaniales fonciers.
Au plan organique, une direction provinciale des impôts comprend plusieurs services
dont le service de gestion des affaires domaniales. C’est par le biais de ses services qu’elle est
notamment chargée au niveau provincial de contrôler le fichier domanial, en relation avec
l’antenne locale de l’ANUTTC.
Quid à présent du rôle des tribunaux administratifs ?

B- Le tribunal administratif du ressort territorial


Au cours de son accomplissement, la phase administrative rencontre très souvent des
contestations de la part des personnes qui sollicitent l’obtention d’un acte de cession. Ces
contestations prennent ainsi la forme d’un contentieux dit « administratif » relevant de la
compétence du tribunal administratif.
En effet, selon l’article 40 du décret n°257/PR/MECIT du 19 juin 2012 règlementant les
cessions et locations de terres domaniales « les contestations relatives aux actes de cessions
et de locations par l’Etat de ses terres relèvent de la compétence des juridictions
administratives ». Autrement dit, lorsque le litige va porter sur la légalité de l’acte de cession,
seule la juridiction administrative, et notamment le tribunal administratif 13, sera compétent
pour en connaitre.
Le requérant pourra donc saisir le tribunal administratif, à tout moment de la procédure
d’acquisition foncière mais avant l’obtention du titre foncier, aux fins de dénoncer le non-
respect de la procédure qui a conduit à l’édiction de l’acte de cession contesté.
Le contentieux devant le tribunal administratif peut également porter sur le respect des
conditions de formes d’une cession par adjudication. Dans ce cas, le requérant allègue que
l’ANUTTC n’a pas porté à la connaissance du public les conditions de participations à cette
adjudication. Le juge administratif vérifiera alors si l’agence a effectivement respecté la
procédure prévue par le décret n°257/PR/MECIT.
Par ailleurs, la juridiction administrative du ressort territorial connait des recours en
annulation portant sur les décisions rendues par l’agence en matière d’opposition,
d’opérations de bornage et de publicité.
Notons enfin que les demandes d’annulation des actes administratifs d’attribution de
terrain déjà en titre foncier doivent être déclarés irrecevables parce que leurs annulations n’ont
aucune conséquence juridique sur la validité du titre foncier. Le titre foncier étant définitif,
irrévocable, imprescriptible et inattaquable.
Sur le plan organique, un tribunal administratif comprend un siège et un parquet. Le
siège est composé d’un président, de vice-présidents et de juges. Le ministère public (ou
parquet) est exercé par un commissaire à la loi assisté de commissaires adjoints et de
substituts. Le greffe du tribunal est tenu par un greffier en chef assisté d’un greffier en chef
adjoint et de greffiers ; tandis que le secrétariat du parquet est dirigé par un secrétaire en chef
assisté d’un secrétaire en chef adjoint et de secrétaires.
Il convient de souligner, cependant, qu’à ce jour seul le tribunal administratif de
Libreville est opérationnel, les sections administratives restant compétentes au sein des
juridictions judiciaires de l’intérieur du pays.
En outre, les tribunaux administratifs de Franceville, Port-Gentil et Oyem sont
respectivement en cours d’opérationnalité ou fonctionnalité et de construction.
Après avoir analysé les organes compétents dans la phase administrative de la procédure
d’acquisition foncière, il sied d’étudier les différentes procédures existantes.

Section 2: Les différentes procédures

La phase administrative de la procédure d’acquisition du titre foncier par une personne


physique repose sur deux types de demandes, celle dite d’attribution et celle dite de
régularisation. Elles donnent droit à deux types de procédures : soit d’une procédure
d’attribution foncière (paragraphe 1), soit d’une procédure de régularisation foncière
(paragraphe 2).

13
Cf. Article 19 de la loi n°17/84 du 29 décembre 1984 portant code des juridictions administratives.
Paragraphe 1 : Le déroulement de la procédure d’attribution foncière
C’est la principale procédure d’acquisition foncière prévue par la loi, elle commence par
une demande d’attribution parcellaire, puis l’instruction du dossier (A) et se termine par une
décision de l’administration (B) portant attribution ou non de la parcelle sollicitée.

A- De la demande d’attribution parcellaire à l’instruction du dossier


Au Gabon, toute personne désireuse d’obtenir une parcelle assortie d’un titre foncier
doit au préalable déposer une demande d’attribution parcellaire auprès de l’organisme de
gestion compétent14.
Conformément à l’article 24 du décret 257/PR/MECIT du 19 juin 2012 règlementant les
cessions et locations des terres domaniales, la demande de cession des terrains est faite sur
imprimé mise à la disposition des usagers par le bureau de l’ANUTTC territorialement
compétent. Elle doit être signée du candidat et enregistrée contre récépissé.
La demande doit indiquer l’état civil complet du demandeur, son domicile et le cas
échéant, la désignation du lot sollicité. Elle précise l’utilisation projetée du terrain, les moyens
financiers du demandeur. Elle contient une déclaration d’avoir pris connaissance de la
règlementation domaniale et l’engagement de la respecter. A cette demande doit être joint un
acte de procuration authentique ou sous seing privé, si le demandeur agit par intermédiaire,
les signatures de l’acte sous seing privé doivent être légalisées.
Notons que la demande d’attribution parcellaire est subordonnée au paiement par le
requérant des frais de dossier d’un montant de cinquante mille (50.000) francs CFA.
Il s’en suit que l’agence vérifie que la demande satisfait aux exigences prescrites ci-
dessus avant de l’enregistrer et en délivrer récépissé le même jour, faute de quoi le dossier est
rejeté avant toute instruction. En application des articles 26 à 30 du même décret, la demande
est alors instruite par les services de l’agence en vue de la constitution d’un dossier technique
dans un délai maximum de trois mois à compter de la date de délivrance du récépissé
d’enregistrement.
Lorsque le terrain sollicité se trouve dans une zone non lotie, l’agence procède d’abord
à la reconnaissance et à la délimitation du terrain. Ensuite, elle accomplit la formalité de
publicité en apposant la demande instruite sur le terrain pendant un délai de quinze (15) jours
au cours duquel les oppositions peuvent être soulevées.
S’il y a des oppositions enregistrées dans les délais l’agence statue sur les oppositions et
notifie sa décision aux parties en cause dans un délai de quinze (15) jours à compter de la date
d’enregistrement de l’opposition. Les demandes desdites oppositions sont rédigées sur papier
libre et déposées aux services de l’ANUTTC territorialement compétents. Sous peine
d’irrecevabilité, elles doivent être motivées et appuyées par tous moyens de preuve.

14
Selon l’article 4 de l’ordonnance n°6/2012 du 13 février 2012 ratifiée par la loi n°7/2012 du 13 août 2012
fixant les règles générales relatives à l’urbanisme en République gabonaise un organisme de gestion est «une
agence chargée d’aménager les espaces constructibles et de délivrer les titres de propriété établis par les
administrations compétentes ».
Au terme de l’instruction, si l’administration décide de céder la parcelle sollicitée, les
services de l’agence liquide le montant du prix de cession 15, en tenant compte de la
classification de la parcelle, et le notifie au demandeur qui doit s’en acquitter auprès de
l’agent comptable de l’agence dans un délai d’un mois.
Quid de la nature et de la valeur juridique de l’acte de cession ainsi établit ?

B- La cession de terres domaniales : l’acte de cession


La décision de l’administration portant attribution de la parcelle sollicitée intervient au
terme de la procédure d’instruction. L’attribution ainsi décidée marque la volonté de l’Etat de
transférer son droit de propriété. D’où l’appellation d’acte de cession. Il s’agit d’un acte
juridique ayant un caractère administratif du fait de son auteur. Cet acte fait grief car
conférant des droits à son titulaire : droit de propriété en l’espèce.
En effet, selon l’article 7 du décret n°257/PR/MECIT, la cession d’un bien immobilier
du domaine privé de l’Etat se fait nécessairement en toute propriété et à titre onéreux. Les
terrains sont par ailleurs consentis aux personnes physiques soit de gré à gré, soit par voie
d’adjudication.
La cession par voie de gré à gré est utilisée lorsque le terrain ne fait pas l’objet de
demande concurrente et que l’agence ne décide pas d’une adjudication ouverte conformément
à l’article 12 du même décret.
La cession par voie d’adjudication, quant à elle, est utilisée lorsqu’il y a des demandes
concurrentes déposées dans un intervalle n’excédant pas quinze (15) jour à compter de la date
d’enregistrement de la première demande. Elle peut être ouverte ou restreinte sur décision de
l’agence.
L’adjudication est faite en public aux enchères verbales. Ne peuvent y participer que
ceux, indépendamment du demandeur, qui ont fait élection du domicile dans le centre où est
situé le terrain, objet de la vente. Les concurrents doivent également avoir remis à l’ouverture
de la séance, entre les mains de l’agence, un cautionnement en l’espèce ou par tout autre
moyen de paiement garantie d’un montant égale au cinquième de la mise à prix 16. Les
cautionnements effectués par ceux qui ne sont pas déclarés adjudicataires leurs sont restituées
dès la clôture des enchères. Par contre le cautionnement effectué par l’adjudicataire est
conservé et vient en déduction du prix d’adjudication de la parcelle.
L’agence établit alors un cahier de charges spéciales indiquant la date fixée par
l’adjudication ; la mise à prix du terrain ; le montant minimum des enchères et toutes
obligations particulières qu’elle juge utile d’imposer à l’adjudicataire. La date d’adjudication
et les clauses des cahiers de charges spéciales sont portées à la connaissance du public par des
avis affichés aux bureaux de l’ANUTTC territorialement compétente, des gouvernorats, des
mairies, des préfectures et sous-préfectures, ainsi que sur l’emplacement du terrain en cause,
au moins quinze (15) jours avant le jour prévu de l’adjudication. Un exemplaire de cet avis est
communiqué aux demandeurs.
Précisons, que s’il ne se produit aucune enchère, l’adjudication est prononcée d’office
pour le montant de la mise en adjudication du terrain, par l’agence. Cette dernière rédige un
15
Le paiement pouvant être échelonné selon les modalités arrêtées par l’organisme de gestion.
16
Ce montant qui constitue le point de départ des enchères est fixé par l’agence (article 14 du décret suscité)
procès-verbal en autant d’exemplaires que nécessaire, lequel est signé séance tenante par le
représentant de l‘agence ayant dirigée l’adjudication et par l’adjudicataire ou son représentant
dûment mandaté et le montant de la mise à prix comptant le jour de l’adjudication contre
délivrance d’une quittance. Toutefois, un délai franc17 de quarante-huit (48) heures peut être
accordé à l’adjudicataire pour s’acquitter du montant adjugé. En cas du non-paiement du prix
de cession au terme de ce délai franc, le lot ou parcellaire est accordé au second
enchérisseur18. Dans tous les cas, le montant du prix de cession est liquidé et notifié au
demandeur par l’agence.
Au-delà de la procédure formelle de l’acquisition foncière par voie d’attribution, il
existe au Gabon, une procédure de régularisation dite « de régularisation foncière ».

Paragraphe 2 : La procédure de régularisation foncière


L’accès à la propriété au Gabon peut résulter d’une demande dite de « régularisation
foncière » adressée aux services de l’ANUTTC territorialement compétents. Cette procédure
concerne les personnes qui s’installent de fait, et parfois de manière anarchique, sur des
terrains non lotis.
En général, la terre dont on entend régulariser auprès de l’administration a été acquise
de manière informelle auprès d’un particulier qui prétend en être le propriétaire sur le
fondement d’une prescription acquisitive, d’une terre ancestrale, d’un héritage successorale
immobilier etc. Mais en violation flagrante des règles établies19.
Il convient de noter, que l’accès à la propriété des terrains non lotis et ceux lotis, en
milieu urbain comme en milieu rural, obéit pratiquement à la même procédure. La
particularité des terrains lotis étant le caractère facultatif de certaines formalités comme celle
relative à la publicité de la demande.
Nous analyserons, d’une part, le régime juridique justifiant cette procédure
exceptionnelle20 qui aboutit à une cession de terrain (A) et présenterons, d’autre part, les
spécificités de cette procédure d’acquisitions foncière (B).

A- Le fondement de la procédure
Ce sont essentiellement les dispositions transitoires du décret n° 257/PR/MECIT du 19
juin 2012 règlementant les cessions et locations des terres domaniales qui justifieraient
l’existence d’une telle procédure. En effet, l’article 41 dispose : « les personnes bénéficiant
de titres d’attribution provisoire devront, solliciter auprès des services provinciaux de
l’ANUTTC territorialement compétents, la constitution de dossier règlementaire en vue
d’établissement des actes de cession en toute propriété… ».
Alors que, « les projets de décrets d’attribution à titre définitif en cours de signature
restent soumis à la procédure applicable au moment de leur établissement ». Autrement dit,
17
Délai excluant les weekends et les jours fériés.
18
Cf. article 19 du décret n°257/PR/MECIT.
19
Il s’agit d’une résistance des usages et coutumes qui contribuent encore fortement dans notre société à
l’appropriation des terrains. Cet état de chose crée une confusion dans la gestion du foncier national.
20
Cette procédure n’est exclusive qu’au système foncier gabonais. Elle évolue en marge de la procédure de
principe qu’est l’attribution foncière.
la régularisation concerne ici des personnes se trouvant dans des situations bien spécifiques au
moment de la publication dudit décret. Le texte s’adresse particulièrement aux individus qui
ont obtenu de l’administration une décision provisoire d’attribution foncière. Il était demandé
à ces derniers d’introduire un dossier auprès des services provinciaux de l’agence en vue de
leur établir des actes de cession en toute propriété conformément à la loi.
Partant de cette disposition, va naitre des usages tendant à corriger les manquements
observés lors de toute acquisition informelle de terrain.
Sur ce, rappelons que sous le régime de l’ancienne loi, les terres faisant partie du
domaine privé de l’Etat pouvaient faire l’objet d’une cession provisoire. Le cessionnaire était
soumis à une obligation temporaire de mise en valeur de la parcelle de terrain d’une durée de
deux (2) ans, avec la possibilité d’une prorogation d’un an. La cession ainsi faite était
strictement personnelle car ne pouvant donner lieu de la part du bénéficiaire à aucun acte de
cession, de transfère de droit, sans autorisation expresse des services des domaines. S’en
suivait, par la suite, la délivrance d’un décret d’attribution dit « définitif ». C’est le constat par
l’administration de la mise en valeur effective de la parcelle à titre provisoire qui permettait
de l’obtenir. L’acte de cession définitif avait pour effet de transférer complètement la
propriété du terrain à son bénéficiaire. C’est en outre, cette décision définitive marquant la
volonté manifeste de l’Etat de céder une partie de son domaine privé, qui pouvait faire l’objet
de l’immatriculation à la conservation foncière par le concerné.
Il faut donc entendre par régularisation foncière cette procédure qui consiste à légaliser
le statut des occupants illégaux en leur donnant le droit d’accéder à la propriété du sol par
l’obtention d’un titre foncier. Est soumis à la régularisation foncière toute personne physique
ayant construit avec et/ ou sans titre d’occupation.
Mais quelle est la particularité de cette procédure ?

B- Les étapes de la procédure de régularisation


Elle débute, tout comme la procédure normale d’attribution, par une demande de
régularisation foncière adressée au directeur général de l’ANUTTC. Elle est faite sur un
formulaire prévu à cet effet, à retirer et déposer auprès des représentations locales, moyennant
une somme de cinq (5) milles francs.
La demande de la personne physique doit être accompagnée d’une copie légalisé de la
pièce d’identité en cours de validité (carte national d’identité, passeport, permis de conduire,
carte de séjour) ; une procuration authentique ou sous seing privée légalisée le cas échéant,
avec la copie légalisée de la pièce d’identité du mandataire ; la quittance de paiement des frais
de dossier d’un montant de cinquante (50.000) milles francs ; et autres justificatifs : plan de
bornage et plan de situation du terrain, si possible. Il est à noter que tout dossier incomplet est
systématiquement rejeté et l’ouverture du dossier ne garantit pas l’attribution ou régularisation
d’un terrain.
En ce qui concerne l’instruction de la demande, une fois le dossier de régularisation
enregistré par l’unité de gestion foncière, la division opération d’urbanisme (DOUAF)
effectue la visite d’enquête foncière afin d’établir un plan de situation de la parcelle. S’en suit
l’opération de levé topographique mené par la division opération de bornage qui établit à son
tour le plan d’état des lieux du terrain dont la facture est notifiée au demandeur pour paiement
à l’agence comptable. Ensuite, la division attribution et procédure procède à une visite de
reconnaissance afin de créer et d’attribuer un numéro à la parcelle.
Le même service procède à l’avis d’affichage et calcul le montant des frais de cession
au regard de la classification par zone prévue par les textes. Va s’en suivre, la rédaction du
plan de bornage par la division dessin et le devis de bornage par la division bornage de la
division opérations de bornages (DTT). Au terme de cette opération, une seconde facture dite
de bornage de cession est établie par la division budget et comptabilité pour paiement du
bornage et des frais de cessions. Une fois le règlement effectué par le demandeur, l’opération
de bornage est réalisée par un géomètre assermenté (techniciens de l’agence ou d’un cabinet
d’expertise agréé par l’agence) et le procès-verbal de bornage rédigé par les soins de la
division des opérations de bornages.
C’est cette opération qui permet à la division attribution et procédures (DC) d’établir
l’acte de cession au profit du demandeur. Cet acte est une décision valant titre de propriété
prise et signée par les autorités de l’ANUTTC, notamment le Directeur Général ou par
délégation ses adjoints. L’acte donne lieu au paiement des droits d’enregistrement au Service
Enregistrement de la direction provinciale des impôts. Enfin, l’acte permettra à son titulaire
d’obtenir de la conservation foncière l’établissement du titre foncier.
En somme, retenons que la phase administrative de la procédure d’acquisition foncière
comprend, au Gabon, deux modalités procédurales, ayant la même finalité : doter la personne
physique d’une parcelle de terrain avec titre foncier.
Mais une fois cette phase terminée, s’ouvre la phase d’immatriculation encore appelée
« phase judiciaire ».

Chapitre 2 : La phase d’immatriculation de la procédure d’acquisition


foncière

L’obtention d’un titre foncier peut faire l’objet de plusieurs modalités. D’abord le
morcellement, qui consiste à avoir un titre sur une parcelle de terrain qui a au préalable fait
l’objet d’un premier titre foncier. Ensuite la mutation, qui est le fait d’avoir un même terrain
titré mais de changer de titulaire. Celle-ci peut également résulter d’une cession, qui consiste
pour le détenteur d’un titre foncier à céder ses droits sur le terrain à un tiers. Enfin la fusion,
qui consiste à réunir deux ou plusieurs titres fonciers pour obtenir un seul lorsque lesdits
terrains sont situés mitoyens. Ces différents modes d’acquisitions d’un titre foncier ne se
réalise que sur des terrains ayant au préalable fait l’objet d’un titre foncier.
Mais l’accès à la propriété par l’acquisition d’un terrain faisant déjà l’objet d’un titre
foncier étant rarement à l’origine des troubles et conflits sociaux nécessitant la saisine des
tribunaux, notre propos sera donc circonscrit à l’accès à la propriété des terrains qui ne font
pas kht4w2 de titre foncier.
La phase dite judiciaire est instruite par le Conservateur de la propriété foncière sous le
contrôle du juge judiciaire, gardien de la propriété privée. Elle repose sur l’inscription au livre
foncier de la parcelle cédée par l’administration.
Nous analyserons, d’une part, les organes compétents (section 1) et d’autre part, le
déroulement de la procédure d’immatriculation d’une parcelle (section 2).

Section 1: Les organes compétents

Afin de garantir, protéger et sécuriser le titre de cession, son titulaire doit


obligatoirement l’immatriculer en saisissant le Conservateur foncier territorialement
compétent (paragraphe 1). Lequel fait intervenir, à son tour, le juge judiciaire du ressort
territorial pour autoriser l’immatriculation (paragraphe 2) et l’établissement du titre foncier.

Paragraphe 1 : La Conservation de la Propriété Foncière et des


Hypothèques
La conservation foncière constitue « la cheville ouvrière de tout processus d’accès à la
propriété immobilière  »21. En effet, selon l’article 4 de l’ordonnance n°5/2012 du 13 février
2012 fixant le régime de la propriété foncière en République gabonaise ratifiée par la loi
n° 3/2012 du 13 aout 2012 : «  il est institué dans chaque chef-lieu de province une
conservation de la propriété foncière et des hypothèques »22.
Nous analyserons, ci-après, les attributions (A) et l’organisation (B) de la conservation
de la propriété foncière et des hypothèques.

A- Les attributions de la Conservation Foncière


Conformément aux dispositions de l’article 5 de l’ordonnance n°5/2012 et de l’article 2
du décret n°249/PR/MECIT du 19 juin 2012 fixant l’organisation des conservations de la
propriété foncière et des hypothèques, celles-ci sont « notamment chargées, dans leur ressort
2☺territorial respectif :

- de tenir le registre foncier et exécuter les formalités et les procédures prescrites pour
l’immatriculation des immeubles, ainsi que l’inscription des actes ou décisions
concernant les immeubles immatriculés ;

- d’immatriculer les immeubles au registre foncier ;


21
TIENTCHEU NJIAKO (A), Droits réels et domaine national au Cameroun, éd. PUA, Yaoundé 2005, P 81.
22
A l’exception des autres provinces, la province de l’Estuaire comprend deux (2) conservation foncière :
- La conservation de la ville de Libreville avec juridiction sur le département KOMO-MONDAH ;

- La conservation des autres départements.


- d’établir les titres de propriété portant sur les biens immobiliers ;

- d’inscrire sur les titres de propriété les droits réels immobiliers affectant ces biens ;

- d’inscrire sur le registre foncier, les mutations totales ou partielles pouvant affecter
les propriétés immatriculées ;

- de délivrer aux propriétaires les titres de propriété qu’elles établissent ;

- de procéder à la formalité fusionnée des actes portant sur les biens immobiliers ;

- d’inscrire au livre foncier tous faits et convention entre vifs, tous procès-verbaux de
saisies immobilières, tous jugements passes en force de chose jugée ayant pour objet
de constituer, transmettre, déclarer ou éteindre un droit réel immobilier ;

- d’inscrire au livre foncier tous baux d’immeubles à caractère commercial et tous


baux d’immeubles dont la durée excède trois années ;

- de vérifier l’identité et la capacité des personnes qui aliènent des biens immobiliers
ou des droits réels immobiliers ;

- de tenir le registre de dépôt des réquisitions d’immatriculation ;

- de tenir le registre des oppositions à l’immatriculation  ;

- de tenir le registre spécial des baux à construction ;

- de radier du livre foncier toutes inscriptions, mentions et pré-notations en vertu de


tout acte en la forme authentique et tout jugement passé en force de chose jugée ».

En dehors des tâches traditionnelles de la conservation foncière 23, le Conservateur joue


un rôle variable dans la procédure d’immatriculation, selon qu’elle se déroule avec ou sans
incident, comme cela sera étudié dans le déroulement de la procédure, ci-dessous. Mais quel
est le cadre organique des conservations foncières ?

B- L’organisation des conservations foncières


Le cadre organique règlementaire prévoit pour chaque Conservation Foncière un
conservateur et des services techniques24.
Les conservations foncières étant des services publics déconcentrés à autonomie de
gestion25, elles sont dirigées par un Conservateur foncier, qui est un agent ayant qualité
d’officier ministériel sur qui repose une responsabilité personnelle et pécuniaire. Garant de la
sécurité des transactions immobilières, les registres qu’il tient et les états qu’il délivre sont à
ce titre des actes authentiques.

23
Il s’agit de la communication aux publics, des renseignements contenus dans les archives et relatif aux
propriétés, la conservation des livres fonciers et des actes relatifs aux immeubles immatriculés.
24
Cf. Article 4 du décret n°249/PR/MECIT du 19 juin 2012 susmentionné.
25
Cf. Article 8,29 et 30 de la loi n°20/2005 du 3 janvier 2006 fixant les règles de créations, d’organisations, et de
gestion des services de l’Etat, placée sous la tutelle du ministre chargé de l’économie
Dès son entré en fonction, il prête serment devant le tribunal de première instance de
son ressort, et est tenu de constituer un dépôt à titre de cautionnement dont le montant est fixé
par arrêté du ministre chargé de l’économie26. Selon l’article 11 de l’ordonnance, le
Conservateur n’est soumis qu’à la seule autorité de la loi dans l’exercice de ses fonctions. Il
jouit à ce titre d’une indépendance morale et matériel et bénéficie d’un régime spécial de
rémunération.
Selon l’article 13 de l’ordonnance n°5/2012, le Conservateur foncier engage sa
responsabilité personnelle dans les actes qu’il prend et les formalités qu’il accomplit.
L’Etat reste toutefois civilement responsable des faits dommageables non imputable à la
responsabilité personnelle du conservateur. Ce dernier n’est responsable personnellement que
des préjudices résultant notamment :
- « de l’omission sur ses registres d’une inscription, mention, prénotation ou radiation
régulièrement demandée ;

- de l’omission sur les états ou certificats, délivrés et signés par lui, d’une ou plusieurs
inscriptions, mentions, prénotations ou radiations portées sur le titre foncier à moins
qu’il ne soit exactement conforme aux réquisitions des parties ou que l’omission
provienne de désignations insuffisantes ne pouvant lui être imputées ;

- des irrégularités et nullités des inscriptions, mentions, prénotations ou radiations


portées au livre foncier ».

Par ailleurs, outre le cautionnement administratif, le Conservateur est tenu de souscrire


des assurances destinées à couvrir les faits dommageables résultant de la mise en jeu de sa
responsabilité personnelle. L’article 16 de l’ordonnance dispose qu’il ne peut ni refuser ni
retarder l’exécution d’une réquisition ou de toute autre formalité régulièrement demandée,
sous peine de dommages et intérêts.
Notons que les sommes perçues par le conservateur dans l’exercice de sa fonction sont
des deniers publics. A ce titre, le Conservateur est un comptable public de fait.
Les registres du livre foncier dont il tient sont cotés et paraphés par pages, de la
première à la dernière, par le président du tribunal compétent. Tous les documents délivrés
par le conservateur doivent en outre être revêtus, à côté de sa signature, du sceau officiel de
son office.
Pour l’accomplissement de sa mission, l’article 6 du décret n°249/PR/MECIT prévoit
que tout conservateur soit assisté d’une secrétaire particulière, d’une secrétaire de pool et, le
cas échéant, de deux chargés d’études au plus.
Mais en dehors du Conservateur, il existe aussi au sein des conservations des services
techniques. Lesquels comprennent le service de l’immatriculation ; de la publicité foncière ;
de services de l’informatique, des archives et de la recherche ; du service de la législation et
du contentieux ; le service administratif, financier et comptable. Placés sous l’autorité d’un

26
La somme versée à titre de cautionnement est versé au conservateur trois ans après la cessation définitive de
ses fonctions si dans ce délai aucune action en responsabilité n’a été engagée contre lui ou si les suites d’une
telle action ont été couvertes par les assurances (article 10 de l’ordonnance n°5/2012).
chef de service nommé par décret pris en conseil de ministre, ces services ont des attributions
spécifiques d’ordre technique prévus par le texte organique de la conservation foncière27.
Dans leur fonctionnement, notamment au cours de l’instruction des demandes
d’immatriculation foncière, les conservations foncières font intervenir d’autres organes
d’appui et de contrôle. Dans un premier cas, il est question des organes spécialisés dans un
domaine particulier et sollicité par le Conservateur pour exécuter certaines opérations de
publicités. A l’exemple du journal officiel ou tout journal d’annonces légales (hebdo info),
des gouvernorats, mairies, préfectures et sous-préfectures dont les colonnes et locaux servent
pour la publicité des réquisitions d’immatriculation.
Dans un second cas, il s’agit des tribunaux judiciaires du ressort territorial, sur
lesquelles notre analyse va à présent se focaliser.

Paragraphe 2 : Le tribunal judiciaire du ressort territorial

Selon l’article 44 de l’ordonnance n°5/2012 « s’il existe des oppositions ou


contestations, la demande d’immatriculation est portée devant le tribunal judiciaire de
première instance qui statue au fond, conformément aux dispositions des articles 410 et
suivants du code de procédure civile. Le tribunal saisi statue sur toutes les demandes ».
Il en ressort une compétence d’attribution du juge judiciaire, du lieu de situation de
l’immeuble, en matière d’immatriculation foncière.
Il convient de distinguer ici la juridiction du président du tribunal judiciaire du ressort
(A) de celle du tribunal (B) judiciaire à proprement parlé.

A- Le rôle de la juridiction du Président du tribunal


En application de la loi organique n°9/94 du 17 septembre 1994 fixant l’organisation, la
composition, la compétence et le fonctionnement de la cour judiciaire, des cours d’appel et
des tribunaux de première instance, en son article 64 et 65, un tribunal de première instance
est composé d’un président, de vice-présidents et de juges. Le Président du tribunal doté
d’un cabinet, constitue, à lui seul, une juridiction autonome qui statue par voie
d’ordonnance28 rendue sur requête et qui est règlementé par les articles 445 à 447 du code de
procédure civile.
La juridiction du président du tribunal est donc à distinguer de celle du tribunal. Il s’agit
d’une juridiction gracieuse car le juge intervient en l’absence de tout litiges, à la demande
d’un particulier ou d’une autorité administrative (notamment le Conservateur foncier).Selon
l’article 28 du code de procédure civile, la saisine du président de la juridiction gracieuse du
tribunal est une obligation légale en raison d’une procédure donnée ou de la nature de l’affaire
ou de la qualité du requérant29. C’est ainsi qu’en matière d’immatriculation foncière, l’article
43 de l’ordonnance n°5/2012 dispose que « s’il n’existe pas d’opposition, le président du
tribunal judiciaire compétent examine si la demande est régulière et si toute les formalités

27
Cf. Articles 8 à 12 du décret n°249/PR/MECIT
28
Il s’agit d’une « décision rendu par le président dans les cas spécifiés par la loi lorsque les circonstances
n’exigent pas que la partie adverse soit appelée » (article 445 du code de procédure civil).
29
Se sont les articles 29 à 30 et les articles 448 à 450 qui traitent de la matière gracieuse.
requises ont été observées. Il apprécie la nature et l’étendue des divers droits réels dont
l’immeuble est grevé et rend s’il y a lieu l’ordonnance d’immatriculation ».
Le contrôle du président du tribunal s’exerce donc quand aucune opposition n’a été
enregistrée durant l’instruction de la demande de réquisition ou d’immatriculation adressée au
conservateur foncier territorialement compétent.
Quid à présent de la compétence du tribunal judiciaire à proprement parler ?

B- Le rôle du tribunal
En application des articles 67 à 70 de la loi n°9/94 du 17 septembre 1994 sus-
mentionnée, un tribunal de première instance, organisé en chambre, comprend des juges
travaillant en formation collégiale. En générale, une formation de jugement comprend un
président et deux juges. Le Procureur de la République exerçant en toute matière le ministère
public. Les dossiers y sont instruits par un ou plusieurs juges, appelés assesseurs.
Il s’agit d’une juridiction contentieuse, contrairement à la juridiction du président du
tribunal, dont la fonction principale consiste à trancher les litiges, à donner la solution d’un
procès. En matière d’immatriculation foncière, le tribunal judiciaire du ressort territorial est
compétent lorsqu’une ou plusieurs oppositions ont été enregistrées durant l’instruction. Son
rôle se concrétise par une décision dite « jugement d’immatriculation », conformément à
l’article 44 de l’ordonnance n°5/2012 disposant que « s’il existe des oppositions ou
contestations la demande d’immatriculation est portée devant le tribunal judiciaire de
première instance qui statue au fond, conformément aux dispositions des articles 410 et
suivant du code de procédure civile ».
Grosso modo, le contentieux dans la phase judiciaire se présente sous la forme soit d’un
contentieux direct, soit d’un contentieux indirect.
Le contentieux direct est celui qui est déclenché par le ou les oppositions faites par
déclaration écrite déposée à la conservation foncière par tout intéressé ou son représentant
durant la procédure d’immatriculation30. Une fois en état, le dossier d’immatriculation est
transmis par le Conservateur au greffe du tribunal judiciaire compétent. La juridiction instruit
le dossier et statue sur l’opposition en la forme et au fond. Mais la juridiction doit également
se prononcer sur l’immatriculation en cause pour vider complètement sa saisine.
De manière concrète, le tribunal, dans son jugement, reçoit ou rejette l’opposition,
ordonne l’immatriculation de la parcelle, précise le nom de la personne au profit de laquelle le
titre foncier doit être créé, fixe les limites du terrain conformément aux documents cadastraux
et topographiques versés au dossier et ordonne l’inscription des droits réels et servitudes
devant grever le titre foncier. S’il le juge nécessaire, le tribunal peut aussi ordonner le
morcellement de la parcelle ou annuler toute la procédure.
Pour ce qui est du contentieux indirect, il s’agit des demandes adressées au juge des
référés ou du fond, en dehors de la procédure d’immatriculation mais qui ont une incidence
indirecte sur la reconnaissance du droit de propriété foncière au requérant. Il est

30
Cf. Article 34 et suivants de l’ordonnance n°5/2012 du 13 février 2012.
principalement question des demandes en cessation de troubles, arrêt des travaux, expulsion 31.
A cet effet, la problématique des actions possessoires se pose.
En réalité, si ces actions n’émanent pas d’une personne titulaire d’un titre inscrit au
livre foncier, les demandes suscitées, à l’origine du contentieux indirect devraient en principe
être considérées comme des actions possessoires dont le but est de permettre au possesseur de
faire respecter son droit en justice, en violation manifeste du cadre législatif et règlementaire
qui prohibe la prescription acquisitive en droit foncier et immobilier gabonais. En effet, nul ne
pouvant accéder à la propriété foncière par la possession, des mesures que le juge peut
prendre pour la protéger ou maintenir ne sont pas opposable à l’Etat.
Mais quelles sont les étapes de la phase judiciaire d’immatriculation d’un terrain ?

Section 2: Le déroulement de la procédure d’immatriculation

La phase judiciaire de la procédure d’acquisition d’un titre foncier obéit à une procédure
différente de celle de la phase administrative : c’est ici que se déroule l’immatriculation à
proprement parlé, de la parcelle cédée à un particulier par l’Etat.
Au Gabon, selon l’article 26 de l’ordonnance n°5/2012, « l’immatriculation est
obligatoire  ». Elle est une procédure publique, contradictoire et judiciaire, qui a pour objectif
de placer un bien sous l’emprise du régime du livre foncier. Elle est concrétisée par la remise
d’un titre de propriété dit « titre foncier, imprescriptible, inattaquable ». Ce titre constitue en
quelque sorte l’acte de naissance de l’immeuble à la vie juridique ou le point de départ de
toutes les mutations et constitutions de droit ultérieur.
La procédure d’immatriculation s’ouvre avec une demande d’immatriculation et son
instruction par le Conservateur foncier (paragraphe 1). Elle s’achève par la décision
d’immatriculation et par l’opération de transcription des droits immobiliers au livre foncier
(paragraphe 2).

Paragraphe 1 : De la réquisition foncière à l’instruction du dossier


Nous étudierons, d’une part, la réquisition faite par la personne ayant bénéficié d’une
cession de terrain de l’Etat (A) et, d’autre part, l’instruction du dossier d’immatriculation par
les services de la conservation foncière (B).

A- La demande de réquisition foncière


Selon les articles 27 et suivants de l’ordonnance n°5/2012, les personnes suivantes
peuvent requérir l’immatriculation : les propriétaires ou copropriétaires ; les détenteurs de
droits réels32; les détenteurs de servitudes foncières ou d’hypothèques (avec le consentement
31
Selon Christian Aimé NKOGHE « ces demandes qui paraissent simples doivent cependant être examiné avec
circonspection par le juge afin d’éviter des confusions et des décisions inappropriées pouvant outrepasser sa
compétence et semer le trouble et la confusion dans l’esprit du justiciable et des acteurs intervenants dans les
différentes étapes de la procédure d’accès à la propriété foncière » (L’accès à la propriété foncière  : procédure
et contentieux, hebdo info n°637,31 octobre-15 novembre 2015, PP 211-212).
32
Notamment l’usufruit, l’habitation, l’emphytéose et l’antichrèse. 
du propriétaire et des copropriétaires) ; le mandataire légal. Le tuteur ou le curateur d’un
incapable a également qualité pour requérir l’immatriculation au nom de son pupille au cas où
celui-ci est détenteur de droits qui lui permettraient de la requérir lui-même s’il n’était pas
incapable.
Notons que toute personne qui requière l’immatriculation d’une parcelle doit remettre à
la conservation foncière du lieu de situation de l’immeuble une déclaration signée d’elle-
même. Cette déclaration doit contenir des informations sur son état civil, sa situation
matrimoniale, et son statut professionnel. Ainsi que la description de l’immeuble dont
l’immatriculation est requise et l’estimation de sa valeur vénale33 ou locative34.
La demande de réquisition du particulier-cessionnaire est faite sur un imprimé mis à sa
disposition par les services de la conservation foncière du lieu de situation de l’immeuble
sollicité. Le demandeur doit fournir en plus de la demande et entre, autres pièces, l’acte
d’attribution définitif qui lui a été délivré au terme de la phase administrative, c’est-à-dire
l’acte de cession de la parcelle en portant titre de propriété, ainsi que les documents
cadastraux et topographiques permettant d’identifier et de délimiter la parcelle cédée.
Toutefois, si un ou plusieurs actes invoqués par le requérant se trouve en la possession
de tiers, le juge par ordonnance sur requête fait sommation aux détenteurs d’en opérer le
dépôt à la conservation foncière du lieu de situation de l’immeuble dans un délai de huit (8)
jours. Il peut être accordé des délais de distances selon le lieu de localisation du détenteur
desdits actes.
Une fois la demande et les pièces justifiant les droits du requérant sur la parcelle à
immatriculer enregistrées, le conservateur doit procéder à l’instruction du dossier.

B- L’instruction du dossier d’immatriculation par le conservateur


Dès réception du dossier d’immatriculation, le Conservateur saisi crée une réquisition
d’immatriculation à laquelle il affecte un numéro d’ordre. Ensuite, il informe le public de
l’ouverture d’une procédure d’immatriculation par un avis inséré dans le journal officiel ou
tout autre journal d’annonce légale. Cette publication 35 peut également se faire par tous
moyens notamment par affichage public au gouvernorat, à la mairie, à la préfecture ou au
tribunal judiciaire du lieu de situation de l’immeuble.
L’avis précise que les oppositions seront reçues à la conservation foncière pendant un
délai de quinze (15) jours qui courent à partir de la date de publication. Ce délai peut être
prorogé de dix (10) jours ouvrables par ordonnance du président du tribunal compétent, sur
requête ou demande des personnes agissant au nom d’un tiers (le tuteur, le représentant légal
ou le mandataire). Mais cette prorogation ne peut se faire qu’une seule fois. Autrement dit,
toute personne, ayant un intérêt réel et légitime, peut intervenir dans la procédure par voie
d’opposition.
En application de l’article 34 de l’ordonnance n°5/2012, une opposition ne peut se faire
que :
33
Valeur pouvant résulter d’une transaction commerciale (vente) dudit immeuble.
34
Cf. Article 30 de l’ordonnance n°5 /2012.
35
Selon l’article 33 de l’ordonnance n°5/2012, la publication doit mentionner le lieu de situation de l’immeuble,
le numéro de la parcelle et l’indication de la section ; tout autre indication ou repère géographique susceptible
de faciliter la localisation de l’immeuble par tout intéressé.
- En cas de contestation sur l’existence ou l’étendue du droit de propriété du requérant
ou sur les limites de l’immeuble ;

- En cas de prétentions sur l’existence d’un droit réel susceptible de figurer sur le titre à
établir.

Précisons qu’aucune opposition n’est recevable après l’expiration du délai de quinze


(15) jours à compter de la date de publication de la réquisition.
En définitive, la procédure d’immatriculation d’une parcelle se caractérise par deux
hypothèses : soit elle est normale, c’est-à-dire sans opposition(s), soit elle est incidente, c’est-
à-dire avec opposition(s)36.
Aussi, au terme de l’instruction, une décision d’immatriculation peut être prise,
justifiant la transcription de la parcelle.

Paragraphe 2 : De la décision d’immatriculation à l’opération de


transcription de la parcelle attribuée
En cas de dossier conforme, toute demande de réquisition foncière se solde
nécessairement par la prise d’une décision judiciaire d’immatriculation et l’inscription du
terrain sollicité dans le livre foncier afin de générer un titre foncier au profit du demandeur.
Nous étudierons, le processus de prise de la décision judiciaire et sa nature (A) avant de
voir le mécanisme de création du titre foncier qui est l’opération de transcription des droits
immobiliers (B).

A- La décision d’immatriculation
Selon l’article 42 de l’ordonnance n°5/2012, « à l’expiration des délais requis et après
avoir constaté l’accomplissement de toute les formalités destinées à assurer la publicité de la
procédure, le Conservateur transmet les dossiers relatifs aux demandes d’immatriculation au
greffe du tribunal judiciaire ». Il ressort de cette disposition que l’intervention du tribunal
judiciaire du ressort territorial dans la procédure d’immatriculation dépend de la saisine du
Conservateur. Il n’y a pas une auto-saisine de la juridiction. Cette saisine donne lieu à deux
types de décisions : soit une ordonnance, soit un jugement d’immatriculation.
L’ordonnance d’immatriculation est rendue par le Président de la juridiction comme
vu précédemment37 , si aucune opposition n’a été enregistrée pendant le délai de quinze (15)
jours à partir de la date de publication de la réquisition. De manière pratique, le président du
tribunal prend cette ordonnance après vérification de la régularité de la procédure aussi bien
36
Dans le cas d’une procédure normale c’est-à-dire sans incidents ou oppositions, le Conservateur n’intervient
que pour établir un titre foncier au nom du requérant, à la suite de l’ordonnance d’immatriculation. Toutefois,
il peut faire des observations lorsqu‘il constate des erreurs faites par ses prédécesseurs ou par un autre
intervenant à la procédure.
Dans le cas d’une procédure avec incidents c’est-à-dire dans laquelle intervient des oppositions le Conservateur
foncier ne règle pas lui-même les oppositions mais les transmet au tribunal judiciaire du ressort territorial.
37
Cf. Paragraphe 2 de la section 1 au chapitre 2.
en la forme qu’au fond. La décision a pour but d’autoriser la création du titre foncier
conformément aux limites et à la surface arrêtée par le bornage.
Par contre, le jugement d’immatriculation relève de la compétence du tribunal c’est-à-
dire qu’il est pris par une formation de jugement. Cette décision intervient si une ou plusieurs
oppositions ont été enregistrées dans le délai de quinze (15) jours à compter de la date de
publication de la réquisition. De manière pratique, le dossier est examiné par le tribunal qui
statue en matière contentieuse d’abord sur le ou les opposition(s), puis sur l’immatriculation.
Notons que ces décisions en matière d’immatriculation ne sont susceptibles que d’un
recours en cassation. Mais quid de l’opération de transcription des droits ?

B- L’opération de transcription de la parcelle attribuée


C’est l’article 46 de l’ordonnance n°5/2012 qui en constitue le fondement juridique. Il
est dit que le Conservateur du lieu de situation de l’immeuble sollicité doit procéder à
l’immatriculation au vue de l’expédition de la décision de l’immatriculation 38 qui lui est
communiqué par le greffe. Le Conservateur inscrit ainsi, uniquement les droits réels existant
sur l’immeuble tels qu’il résulte de la décision de justice transmise.
C’est donc en opérant la transcription au livre foncier de l’ordonnance ou du jugement
d’immatriculation que le Conservateur crée juridiquement le titre foncier 39 au profit du
demandeur. Autrement dit, le livre foncier en est la « matérialisation originale » et la copie
délivré au titulaire la « matérialisation conforme40 ». Il en résulte en définitive que le titre
foncier est créé par le Conservateur mais sur le fondement d’une décision judiciaire.
Rappelons que le titre foncier, est un acte juridique qui purge en quelques sortes toutes
les irrégularités pouvant entacher les différents titres, actes ou documents administratifs à
l’origine de sa création et la procédure exécutée. En affirmant dans l’article 61 et suivants de
l’ordonnance n°5/2012 du 13 février 2012, le caractère « définitif, irrévocable,
imprescriptible et inattaquable  » du titre foncier, le législateur gabonais consacre ainsi d’une
part le caractère sacré du droit de propriété, reconnu et protégé par la constitution, d’autre
part, la sécurité et la sécurisation du titre de propriété.
Toutefois, tout intéressé peut exercer une action en responsabilité contre la personne qui
aurait établit ou fait établir un titre foncier en usant du dol, de moyens illicites ou frauduleux.
Après l’étude du régime de la procédure d’acquisition d’un titre foncier en République
gabonaise, il sied de nous intéresser à la portée de cette procédure légale.

38
Il s’agit de la grosse de la décision judiciaire c’est-à-dire la copie de celle-ci comportant la formule exécutoire.
39
Le document dénommé « titre foncier » porte alors un numéro d’ordre et le plan de bornage de la parcelle
concernée y est annexé.
40
Précisons que conformément à l’article 19 et suivant, le Conservateur tient un livre foncier composé de
plusieurs registres et fichiers à l’exemple du registre des dépôts, du registre des formalités préalables à
l’immatriculation, du registre des oppositions à l’immatriculation et du registre des titres de propriétés.
PARTIE 2 : La portée de la procédure
d’acquisition du titre foncier en République
Gabonaise
Le Gabon par l’instauration de la réforme de 2012 a amélioré son système foncier tant
au niveau organique que structurelle. L’accès au foncier qui autrefois représentait un défi
majeur devrait trouver remède par ces nouvelles dispositions mises en place.

Cependant, fort est de constater que malgré l’arsenal juridique adopté, l’acquisition d’un
titre foncier par les citoyens relève toujours d’un parcours du combattant. En effet, la mise en
œuvre du nouveau cadre organique et normatif rencontre des difficultés au niveau pratique qui
ralentissent le processus d’obtention de titre de propriété.

Cette observation nous amène, sans prétendre à l’exhaustivité, à évoquer les limites
relatives à la procédure d’acquisition foncière (chapitre 1) avant de proposer des perspectives
d’améliorations envisageables (chapitre 2).
Chapitre 1: Les limites de la procédure d’acquisition foncière

La procédure d’obtention d’un titre foncier au Gabon, en dépit de la réforme de 2012,


connait des limites qui se font remarquer dans la pratique.

Ces limites reposent essentiellement sur des insuffisances constatées tant au niveau de la
phase administrative (section 1) qu’au niveau de celle dite judiciaire (section 2) de la
procédure.

Section 1: Les limites relatives à la phase administrative de la procédure

Certes, il est prévu pour l’exécution de cette phase des représentations de l’organe en


charge du foncier dans chaque chef-lieu de province, conformément à l’alinéa 2 de l’article 3
du décret n°1500/PR/MHUEDD suscité.

Cependant, la forte centralisation de l’ANUTTC (paragraphe 1) demeure


omniprésente. A cela, s’ajoute les difficultés pratiques de la procédure (paragraphe 2), qui
paralyse l’exécution normale de la procédure d’attribution foncière.

Paragraphe 1 : La forte centralisation de l’ANUTTC et les insuffisances


textuelles
Le fonctionnement actuel de l’ANUTTC fait ressortir une forte centralisation de
l’exercice de ses missions au niveau de la capitale. En effet, peu de décision ou aucune du
tout, sont prises au niveau des provinces, pourtant le cadre légal prévoit l’existence des
représentations locales de l’agence.

Nous analyserons l’ineffectivité des représentations locales de l’ANUTTC (A) et les


insuffisances textuelles organiques (B).

A- L’ineffectivité des Représentations locales de l’ANUTTC

Afin de valoriser une proximité auprès des usagers, l’agence nationale d’urbanisme, des
travaux topographiques et du cadastre devrait disposer, tel que prévu par son texte organique,
des représentations dans chaque province. Cependant, depuis la mise en place de la réforme
foncière de 2012, ces représentations locales ne sont pas encore effectives.

En effet, dans la pratique se sont les directions provinciales de l'Urbanisme et du


Cadastre du Ministère en charge de l'Habitat qui jouent le rôle desdites représentations locales
et d’assistance de l’agence au détriment de la loi41. Leurs compétences étant limitées aux
enquêtes foncières et à l’établissement du certificat d’affichage sans opposition (CASO) qui
se solde par la délimitation définitive de la parcelle. L’établissement des actes de cession de

41
Cf. Article 9 nouveau du décret n°0702 suscité modifiant certaines dispositions du décret n°1500.
l’ensemble du territoire demeure toujours centralisé au niveau de l’agence de Libreville. Cette
forte centralisation de compétence au niveau de l’agence centrale cause des pesanteurs qui
représentent un obstacle à l’exécution de la procédure dans les délais prévu par la loi 42. Il en
résulte une situation caractérisée par d’importants dysfonctionnements comme la lourdeur
dans le traitement des dossiers.
De ce fait, l’usager se trouvant par exemple à Makokou ou à Koulamoutou est contraint
de se rendre à Libreville pour poursuivre la procédure dans le but d’avoir un acte de cession,
puis immatriculer sa parcelle de terrain.

De même, l’inexistence de guichet unique dans les provinces43 cause un blocage de la


procédure au niveau du bornage de la parcelle car rare sont les usagers qui se rendent à la
capitale afin de poursuivre l’exécution de la procédure. C’est dire que le demandeur de la
parcelle se trouve ainsi découragé par l’éloignement de l’administration centrale compétente
et les risques qu’il doit prendre pour se rendre à la capitale, sans compter le coût financier de
l’entreprise.

Par ailleurs, l’absence d’une déconcentration des services de l’ANUTTC entraine


d’énormes pertes de temps pour toute personne désireuse d’acquérir légalement une parcelle
ou même de la régulariser. Il s’en suit parfois, pour les plus courageux, des navettes
incessantes entre les différents services (chef de quartier, mairie, service du cadastre, tribunal
d’instance et conservation foncière). Et ceux, en plus d’autres tracasseries administratives
liées au traitement de leur dossier 44 qui finalement irritent et découragent les citoyens. Cet état
de chose constitue une entorse à la procédure légale d’obtention de titre de propriété au
Gabon45.
Les Délégations provinciales de l’agence devraient donc être des services de proximité
dont le souci premier est d'être au service de l'usager avec une large action sur le foncier rural.
Or, à l’heure actuelle, seules quatre (4) provinces sont pourvues de représentations (l'Estuaire,
le Haut Ogooué, l'Ogooué Maritme et le Woleu Ntem) lesquelles, du reste, ont du mal à
42
«Il faudra désormais six (6) mois pour obtenir un titre foncier contre 10 ans auparavant», a laissé entendre le
Directeur général de l’ANUTTC, Yannick Mokanda dans un entretien accordé au quotidien L’union.
43
Pour ce faire, toutes les administrations qui participent en aval comme en amont à l’opération de la
délivrance des titres fonciers, seront rassemblé sur un même site pour faciliter la transmission des dossiers.
«En ce qui concerne la délivrance des titres fonciers, qui est très importante, parce qu’elle permet de sécuriser
les propriétaires, il y a un guichet unique qui a été mis en place et va rassembler les différents ministères qui
interviennent dans la délivrance des titres fonciers».
«Vous avez l’agence pour la partie technique, pour tout ce qui est enquêtes foncières, travaux topographiques,
délivrance des identités cadastrales du parcellaire. Vous avez la partie administrative, qui sera gérée par la
direction générale des Impôts, qui va notamment gérer la signature des actes de session et de terrain. Vous
avez la partie judiciaire, qui sera gérée par le tribunal, en liaison avec la conservation foncière, qui fera
l’immatriculation pour attribuer un titre foncier», a précisé Monsieur Yannick Mokanda, Directeur général de
l’ANUTTC  dans ses propos à L’union en 2012.
44
Il s’agit du phénomène de dessous de table ou de corruption dans certaines administrations gabonaises
45

Faut-il rappeler que la création de l'ANUTTC répondait au souci d'apporter rapidement des réponses, de
manière générale, aux besoins des promoteurs immobiliers, des opérateurs économiques et des citoyens dans
la simplification des procédures d'accès à la propriété et la réduction significative des délais d'attribution et de
régularisation des terrains.
fonctionner ou pas du tout. Elles connaissent des problèmes techniques, infrastructurels et en
ressources humaines.
Mais les limites de la procédure d’acquisition foncière au Gabon ne sont pas liées qu’à
la forte centralisation du principal organe en charge du foncier. Elles sont aussi liées aux
insuffisances textuelles.

B- Les limites liées aux insuffisances textuelles

De manière générale, la procédure légale d’obtention d’un titre foncier repose sur une
règlementation écrite. Aussi aujourd’hui, la phase administrative de la procédure est
essentiellement régie par le décret n°257/PR/MECIT du 19 juin 2012 règlementant les
cessions et locations des terres domaniales modifié par le décret n°0704/PR/MPITPTHTAT
du 19 juin 2012. Alors que la phase judiciaire de la procédure a pour fondement la loi
n° 3/2012 du 13 aout 2012 ratifiant l’ordonnance n°5/2012 du 13 février 2012 fixant le régime
de la propriété foncière en République gabonaise.

Il ressort de l’examen de ces différents textes plusieurs insuffisances du fait de


l’imprécision de certaines dispositions.

En effet, à la lecture de l’article 32 nouveau du décret n°0704/PR/MPITPTHTAT du 19


juin 2012 modifiant et supprimant certaines dispositions du décret n°257/PR/MECIT du 19
juin 2012 règlementant les cessions et locations des terres domaniales, il est dit que l’agence
est l’organe qui transmet le dossier à la conservation foncière territorialement compétente aux
fins de création du titre foncier.
Or, les dispositions de l’article 27 et suivant de l’ordonnance n°5/2012 du 13 février
2012 fixant le régime de la propriété foncière en République gabonaise prévoit que seul le
propriétaire ou son mandataire légale peuvent requérir l’immatriculation aux moyens d’une
demande de réquisition. Laquelle demande, déposée auprès du Conservateur foncier, doit être
accompagnée du titre de propriété et autres documents, notamment l’acte de cession de la
parcelle délivré par l’administration dans la mesure c’est cette décision de l’administration qui
lui confère l’entière propriété sur la parcelle de terrain sollicité.
Il apparait de la comparaison de ces deux textes une imprécision sur l’acteur qui
enclenche la procédure d’immatriculation. Est-ce l’ANUTTC du fait qu’elle est censée
transmettre le dossier technique au service de la conservation foncière ? Ou bien la
compétence revient plutôt au demandeur de la parcelle, ayant obtenu de l’administration une
décision d’attribution, d’entamer personnellement l’immatriculation de sa parcelle de terrain
en déposant une demande de réquisition telle que prévue ?

En somme, la procédure de l’article 32 nouveau du décret n°0704 et celle des articles


27 à 32 mérites d’être précisés par les pouvoirs publics car l’immatriculation est présentée au
Gabon comme une procédure obligatoire, qui s’impose à tous détenteurs d’une décision
d’attribution parcellaire à titre définitif.
Paragraphe 2 : L’insuffisances de moyens et le déficit de politique
d’aménagement du territoire

L’exécution de la procédure légale d’attribution foncière reste confrontée à de multiples


difficultés, d’ordre techniques et en ressources humaines (A).
Toutes ces difficultés participent de l’occupation anarchique des terres au Gabon, du fait
de l’absence d’une réelle politique d’aménagement du territoire par l’Etat (B).

A- L’insuffisance de moyens technique et humain

Pour la réalisation des missions qui lui sont assignées, l’ANUTTC a besoin de moyens
techniques et humains suffisants46. Or, force est de constater qu’il n’en est rien.

D’abord, la mise en œuvre de la procédure d’attribution foncière est butée aux


insuffisances quantitatif et qualitatif des ressources humaines. Le manque de formation des
agents est à relever. En effet, certains ne disposent pas toujours d’une formation adaptée
pouvant leur permettre d’exercer au mieux leurs taches, contenues de la technicité des
opérations que nécessite la procédure d’acquisition foncière.
De plus, certains agents n’ont pas connaissance de la nouvelle réforme et sont figés à
l’ancienne procédure de 1963. Il s’agit en réalité d’un problème lié au choix de profil lors des
recrutements des dits personnels. C’est ainsi, que cette lacune constitue un frein à l’exécution
efficace de la procédure d’obtention du titre foncier.
Notons aussi que le personnel nécessaire pour asseoir un véritable traitement des
dossiers fait parfois défaut à l’agence. Ce qui explique, sans doute, la lenteur dans le travail
dans la mesure où il n’y pas suffisamment d’homme ou d’agent pour pouvoir traiter dans les
délais requis l’ensemble des dossiers déposés. En effet, le nombre élevé de demandes de
parcelles nécessite que l’agence dispose d’un personnel suffisant. Or, la réalité nous montre
que le personnel nécessaire n’est pas mis à la disposition de l’organisme de gestion.
Ensuite, d’autres limites tiennent au caractère lacunaire de moyens techniques et
financiers mis à la disposition de l’agence. En effet, les dotations ou crédits mis à la
disposition de l’agence, ainsi que le manque de logistique (matériels roulants, GPS, etc.)
nécessaire pour les missions des terrains ne permettent d’assurer un bon fonctionnement de
ses services.

B- Le déficit de politique d’aménagement du territoire national

46
Selon les économistes Taylor et Ford, tout bien ou service pour être produit doit réunir aux moins deux
facteurs de productions : le travail et le capital. Le travail étant la main d’œuvre qualifié et le capital, les
machines. De ce fait, pour atteindre les objectifs escomptés même en matière de production et de
fonctionnement de services publics de l’Etat, des moyens doivent être réunis tant au niveau techniques,
humains et infrastructurels.
La quasi inexistence ou ineffectivité de politique d’aménagement du territoire au
Gabon47 est pour beaucoup dans la difficulté qu’ont les citoyens d’acquérir un terrain
viabilisé, en milieu urbain comme rural.
En effet, l’Etat en tant que propriétaire et gestionnaire des terres qui composent son
domaine privé devrait disposer et mettre en œuvre une véritable politique d’occupation des
sols. Or, le constat est que l’Etat est absent ou inopérant quant à cette mission ; d’où
l’occupation anarchique des terrains par les populations.

L’Etat essaie tant bien que mal de corriger cet état de chose en instaurant dans la
pratique la procédure dite de régularisation. Toutefois, cette procédure n’est pas remède à la
situation car indirectement elle participe à l’occupation anarchique des terres dans la mesure
où le citoyen avant de se rapprocher de l’administration occupent d’abord les lieux par des
constructions et ce, sans autorisation. De ce fait, les populations se considérant propriétaire
vont ensuite le régulariser en mettant l’administration sur le fait accompli. La conséquence en
est que la procédure de régularisation semble devenir la procédure de principe au détriment de
la procédure normale d’attribution car elle est la plus pratiquée.

Toutes les mesures mises en place telles que la signature de l’acte de vente et/ou la
participation des administrations municipales pour légaliser les « cession » illégales passées
entre particuliers participent à l’usurpation des droits de l’Etat.

Quid des insuffisances ou limites dans la phase dite judiciaire de la procédure ?

Section 2: Les insuffisances relatives à la phase d’immatriculation de la


procédure

A ce niveau, les insuffisances constatées sont presque les mêmes. Le principal organe
de l’immatriculation foncière a des problèmes de fonctionnement (paragraphe 1).
De même, la question de la détermination de la juridiction compétente pour connaitre
des contestations relatives à l’acte de cession ou décision portant attribution de la parcelle
lorsque celles-ci interviennent au niveau de la phase judiciaire de la procédure d’acquisition
foncière (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les difficultés de fonctionnement de la Conservation


Foncière

47
Rappelons que toutes les sociétés humaines aménagent l’espace dans lequel elles vivent, produisent,
échangent. Elles doivent s’organiser, par exemple, pour gérer leurs systèmes d’échange et de transport, leurs
ressources en eau, leurs déchets, etc.
L’aménagement du territoire désigne aujourd’hui l’action publique qui se force d’orienter la répartition des
populations, leurs activités, leurs équipements dans un espace donné et en tenant compte de choix politiques
globaux.
Tout comme l’organe en charge de la gestion foncière, la conservation foncière souffre
d’une concentration de ses activités à Libreville (A), sans compter l’insuffisance de moyens
techniques et infrastructurels (B).

A- La forte concentration des activités à la capitale

L’article 2 du décret n°249/PR/MECIT du 19 juin 2012 fixant l’organisation des


conservations de la propriété foncière et des hypothèques prévoit que chaque conservation
foncière à un « ressort territorial respectif ». De ce fait, chaque province doit posséder une
conservation foncière qui établit le titre foncier en collaboration avec le tribunal judiciaire du
ressort territorial.
Autrement dit, le législateur a prévu en matière de gestion des immatriculations
foncières l’existence non d’un fichier unique d’immatriculation mais de plusieurs fichiers
tenus par chaque conservation foncière provinciale. D’ailleurs, l’ordonnance n°5/2012 parle
des conservations foncières et non d’une conservation foncière nationale. Pour rappel, toutes
les conservations foncières, y compris celles de l’Estuaire, sont des services publics
déconcentrés à autonomie de gestion sous la tutelle administrative du ministère de
l’économie.

Toutefois, la pratique révèle une violation flagrante des textes dans la mesure où la
seule conservation foncière opérationnelle est celle de Libreville. En effet, cette
administration centralise l’établissement des titres fonciers de l’ensemble du territoire
national.
Ainsi, le tribunal du ressort territorial, du lieu de situation de la parcelle attribué par
l’administration, délivre l’ordonnance d’immatriculation, après que l’attributaire de la parcelle
est demandé la réquisition de son immeuble auprès de la conservation foncière de Libreville.
Celle-ci instruit le dossier, reçoit les oppositions des tiers le cas échéant, puis le transfert au
tribunal de première instance de la province où se situe la parcelle sollicitée pour ordonnance
ou jugement d’immatriculation. Puis, le tribunal transfert à nouveau à la conservation foncière
de l’Estuaire situé à Libreville pour création du titre foncier. Cette dernière, malgré son
incompétence territoriale, va sécuriser, garantir et protéger le droit réel immobilier en
établissant le titre foncier.

En somme, la non application de la loi crée dans le fonctionnement de l’organe une asphyxie
ou forte concentration qui ne facilite pas l’obtention du titre foncier. Nombreuses sont les
personnes qui quoique disposant d’un titre de propriété ont du mal à poursuivre la procédure
d’immatriculation car très longue et couteuse.
Quid des insuffisances au plan des moyens ?

B- L’insuffisance de moyens techniques et infrastructurels


Dans son fonctionnement, l’unique conservation foncière opérationnelle se trouve
également butée aux difficultés techniques et infrastructurelles.
En effet, en l’absence de conservation foncière effective des autres provinces, la
conservation foncière de l’Estuaire reçoit les demandes d’immatriculation de l’ensemble du
territoire. Or en son sein, elle ne dispose pas de ressources humaines suffisantes pour
l’exécution des tâches de la procédure qui lui sont imparties. Les délais prescrits ne peuvent
de ce fait être respectés, d’où la naissance de lenteur administrative.

Ajouté à cela, se pose la carence des moyens roulants et l’exiguïté des locaux de
l’unique conservation foncière de Libreville. De même, le déficit d’une formation ou
spécialisation des agents en matière domaniale et foncière constitue un handicap pour mieux
satisfaire les besoins de la population.

En définitive, les insuffisances relatives à la phase d’immatriculation de la procédure


d’acquisition foncière sont liées non seulement au dysfonctionnement de la conservation
foncière mais aussi à la difficulté de déterminer la juridiction compétente pour les litiges nés
au cours de la phase administrative de la procédure mais qui sont soulevés au cours de la
phase judiciaire de la procédure d’acquisition du titre foncier.

Paragraphe 2 : La question de la juridiction compétente pour les litiges de


la phase judiciaire de la procédure

Les interprétations divergent sur l’exclusivité d’une compétence qui serait


judiciaire dans la phase d’immatriculation, peu importe la nature de la contestation.

En effet, les oppositions portant sur l’irrégularité d’une opération de la phase


administrative d’attribution de la parcelle (défaut de publicité, absence de bornage de la
parcelle…) peuvent être soulevées après la décision d’attribution de ladite parcelle. N’étant
pas précisé par le législateur, la contestation d’un tel acte administratif en voie
d’immatriculation pose le problème de la juridiction compétente pour en connaitre.

L’examen de la question nous emmènera à voir que si le juge judiciaire a une


compétence de principe dans la phase d’immatriculation de la procédure, résultant de ce qu’il
est gardien de la propriété privé (A), le juge administratif y dispose d’une compétence
d’exception, du fait de la nature administrative de l’acte attaqué (B).

A- La compétence de principe du juge judiciaire


A la lecture des articles 40 et suivants de l’ordonnance n°5/2012 sus-étudiés, le juge
judiciaire est compétent pour connaitre des oppositions susceptibles de naître dans la phase
judiciaire de la procédure d’acquisition foncière. Autrement dit, le législateur n’a envisagé au
profit du juge judiciaire que les litiges portant sur la demande d’immatriculation faite par
l’usager attributaire de la parcelle. Le juge judiciaire est donc écarté du règlement des
oppositions concernant la phase administrative quoique soulevé dans la phase judiciaire.

Il ne peut connaitre que des incidents issus de la phase d’immatriculation. Il doit veiller
à ce qu’aucun droit immobilier des personnes tierces ne soit lésé à cette occasion car les
opérations d’immatriculation effectuées dans cette phase ont pour conséquence de créer une
présomption de propriété irréfragable au profit du bénéficiaire, même à l’encontre des tiers
qui prétendent être propriétaires, mais dont les droits n’ont pas été inscrits lors de la procédure
d’immatriculation. En effet, le tiers qui ne révèle pas ses droits au cours de cette phase ne
pourra non plus le faire après l’immatriculation de l’immeuble. Le juge judiciaire y joue donc
un rôle important de gardien de la propriété privée.

Par ailleurs, les litiges relevant du droit à immatriculer une parcelle et les droits
personnels y relatifs sont du domaine de compétence du juge judiciaire dans la procédure
d’immatriculation. Il s’agit de la contestation de la qualité de celui qui sollicite
l’immatriculation, et des litiges relatifs à des droits et charges non soumis à la formalité de
publication.
Toutefois, les irrégularités de l’acte de cession d’une parcelle en voie d’immatriculation,
du fait de leur nature, ne devraient pas être portées devant le juge judicaire comme cela est
constaté.
Par ailleurs, en matière d’actions possessoires le juge des référés ou du fond48 de l’ordre
judiciaire saisi ne saurait conférer de droit de propriété au requérant. Or, dans la pratique,
certains plaideurs malicieux tentent parfois de faire passer ces actions possessoires en actions
pétitoires de revendication d’un droit de propriété. Et ce, malgré le fait que la prescription
acquisitive n’existe pas en droit foncier et immobilier Gabon. D’ailleurs les mesures que le
juge judiciaire peut prendre pour protéger ou prolonger une possession ne sont pas opposable
à l’Etat. Elles ne confèrent aucun titre.

Quid de la compétence exceptionnelle du juge administratif dans la phase judiciaire de


la procédure d’acquisition foncière ?

B- La compétence d’exception du juge administratif

Selon l’article 19 de la loi n°17/84 du 29 décembre 1984 portant code des juridictions
administratives « …  d’une façon générale toute contestation en matière immobilière relevant
de la juridiction administrative sont de la compétence de la section administrative dans le
48
Ces demandes adressées en dehors de la procédure d’immatriculation ont cependant une incidence indirecte
sur la reconnaissance du droit de propriété foncière au requérant. Il s’agit principalement des demandes en
cessation de trouble, arrêt de travaux, expulsion.
ressort de laquelle se trouve l’immeuble objet du litige ». Autrement dit, les sections
administratives sont en premier ressort juge des recours pour excès de pouvoir formés contre
les décisions des autorités administratives provinciales. C’est ainsi, les litiges ou oppositions
relatifs aux opérations de publicité ou de bornage d’un terrain lors de la phase administrative
qui sont soulevés dans la phase judiciaire de la procédure doivent être portés devant la
juridiction administrative compétente. Autrement dit, sa compétence s’étend au-delà de la
phase administrative. Il suffit juste que la contestation porte sur la légalité d’un élément des
opérations ayant permis d’obtenir une telle décision.
En effet, cette décision, revêtue du sceau de la présomption de régularité de la procédure
suivie pour son établissement, reste un acte administratif déférable devant le juge
administratif, chaque fois qu’une règle de procédure n’a pas été respectée. Or, les règles de
procédures étant d’ordre public, leur non-respect est une violation manifeste de la loi pouvant
être soulevée à tout moment. Le contentieux des décisions d’attribution de parcelle relève par
conséquent des juridictions administratives même si la contestation est soulevée au cours de la
phase d’immatriculation de la parcelle, conformément à l’article 40 du décret n°
257/PR/MECIT sus-étudié. C’est dire que la phase judicaire de la procédure n’exclut pas la
nature administrative de l’acte de cession en toute propriété.
Notons que lors de la phase d’immatriculation les oppositions reçues par le juge
judiciaire ne doivent porter sur l’existence ou l’étendu d’un droit réel soulevé à la suite de
l’opération de publicité. Tel est l’esprit des dispositions de l’article 44 de l’ordonnance
n°5/2012. Cependant, lorsque les contestations portent sur l’acte administratif d’attribution de
la parcelle, il ne s’agit nullement d’opposition à la demande d’immatriculation mais de
contestation sur la régularité juridique d’un acte de l’administration créant des droits au profit
d’un tiers. L’annulation d’un tel acte ne peut se faire que soit par la voie du recours pour
excès de pouvoir (vice de forme, violation de la loi), soit par la voie du recours en déclaration
d’inexistence juridique. Lesquels recours ne sont envisageable que devant le juge
administratif.
Notons qu’à cause de l’imprécision ou silence des textes existant, certains praticiens du
droit semblent cependant, et à tort, entretenir une confusion sur le sens des dispositions des
articles 40 et suivants de l’ordonnance susmentionnée, en donnant une interprétation
extensive de la compétence dévolue aux juridictions judiciaires.

Après un examen non exhaustif des limites de la procédure d’acquisition foncière en


vigueur, il sied de proposer quelques perspectives d’amélioration envisageables.

Chapitre 2 : Les perspectives d’amélioration envisageables

Face aux nombreuses insuffisances qui compromettent l’efficacité de la procédure


d’acquisition d’un titre foncier au Gabon, notamment par une personne physique, il est
nécessaire de proposer des pistes d’amélioration de la procédure en vigueur. Ainsi, quelques
perspectives restent possibles.
Notons que le but des présentes suggestions est de renforcer l’expertise des organismes
de gestion du foncier de l’Etat (ANUTTC, conservations foncières, juridictions compétentes),
et partant, l’efficacité de la procédure légale d’attribution de terrain et d’obtention du titre
foncier, enclenchée par le particulier.
Pour se faire, il conviendrait d’envisager d’une part, une provincialisation de la
procédure légale actuelle (Section 1), et d’autre part, une multiplication des compagnes de
sensibilisation sur les règles d’accès à la propriété foncière, mais aussi, un allègement des
coûts de la procédure d’obtention du titre foncier au Gabon (Section 2).

Section 1: La provincialisation de la procédure d’acquisition foncière

Afin de faciliter l’accès à la propriété foncière, il importe de provincialiser


effectivement l’entièreté de la procédure d’acquisition d’une parcelle et d’obtention du titre
foncier.
La provincialisation serait ainsi une mesure d’opérationnalité des cadres territoriaux
existant49 : elle repose sur la mise en place des représentations de l’ANUTTC et des autres
conservations foncières provinciales prévues par les textes. Autrement dit, il faut une
nécessaire effectivité des organes de gestion foncière locales 50 (paragraphe 1) et une dotation
en moyens de fonctionnement suffisants (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La nécessaire effectivité des organes de gestion


foncières locaux

Il sied de faire appliquer les dispositions des textes organiques en vigueur, étudiés dans
la première partie de notre mémoire, qui prévoit l’existence au niveau locale d’organes de
gestion du foncier.
Il s’agit donc de mettre en place les représentations locales de l’ANUTTC (A) et les
conservations foncières provinciales (B).

A- La mise en place des Représentations locales de l’ANUTTC

Afin de rapprocher l’administration des usagers et d’éradiquer le phénomène des


lenteurs administratives en matière d’attribution foncière les représentations locales de
l’ANUTTC doivent être installées dans chaque province.

En effet, la déconcentration de ces administrations au niveau de chaque chef-lieu de


province permettrait à l’agence nationale d’urbanisme, de travaux topographiques et du
cadastre de Libreville de ne plus être saturée par le traitement des dossiers de l’ensemble du
territoire national. Cela amoindrirait la masse de travail de ladite agence et éviterait toute les

49
Il s’agit des cadres territoriaux prévu par la loi n°14/96 du 15 avril 1996 portant réorganisation territoriale de
la République gabonaise, notamment la province et le département.
50
L’allusion est faite ici aux différents organes administratifs comme juridictionnels intervenant dans la
procédure d’acquisition foncière.
navettes, inutiles, entre les directions provinciales de l’urbanisme et du cadastre et l’agence
centrale de Libreville.

Toutefois, sachant qu’une province est subdivisée en département, ladite représentation


provinciale devra déléguer les attributions de certains de ses services (à l’exemple du service
du cadastre ; celui des travaux topographiques et celui des opérations d’urbanisme et des
aménagements) dans chaque département pour une meilleure gestion foncière départementale.
Le but étant de disposer d’une représentation de l’ANUTTC à même de gérer toute la matière
foncière de la province.

De ce fait, la phase administrative de la procédure d’acquisition foncière pourrait être


ouverte au niveau départemental pour être parachevée à la capitale provinciale aux fins
d’établissement de l’acte de cession.

De manière pratique, ladite phase débuterait alors par une demande soit d’attribution ou
de régularisation auprès des services départementaux de la représentation provinciale de
l’ANUTTC. Lesquels, après études du dossier, devrons procéder aux différentes
investigations techniques (enquêtes foncières, état des lieux, etc.) et transférer le dossier à la
représentation provinciale. Cette dernière devra recevoir les différentes oppositions,
transmises le cas échéant à la juridiction compétente. Le reste de la procédure se déroulant
conformément aux textes en vigueur en la matière51.

Mais la nécessaire effectivité des organes de gestion foncières locales passe aussi par la
mise ne place des conservations foncières provinciales.

B- La mise en place des Conservations Foncières Provinciales


Tel qu’imaginé par le législateur, les conservations foncières provinciales sont des
administrations déconcentrées dotées de la mission d’immatriculer les immeubles ou terrains
attribués au niveau local à un particulier. Aussi, l’effectivité de leur mise en place dans les
chefs-lieux de province s’impose car elle permettrait d’alléger le poids de travail actuel de la
conservation foncière de Libreville. Le but étant d’optimiser le fonctionnement de cette
administration incontournable dans l’obtention du titre foncier.
De façon pratique, une fois l’acte de cession, sous forme de décision portant attribution
de la parcelle, établit par la représentation provinciale de l’ANUTTC, le dossier
d’immatriculation serait transmis à la conservation foncière de la province par les soins de
l’agence mais après avoir sollicité et obtenu de l’attributaire de la parcelle le dépôt d’une
demande de réquisition foncière.

La conservation foncière provinciale en collaboration avec le tribunal judiciaire du


ressort territorial devra alors établir le titre foncier et ce dans des délais raisonnables, sans
recourir à la conservation foncière de Libreville comme c’est le cas actuellement. La
procédure étant ainsi entièrement provincialisée c’est à dire qu’elle débutera, se déroulera et
s’achèvera dans la province.
51
Cf. Première partie de notre mémoire.
La procédure sera à cet effet simplifié et accessible tant par sa proximité auprès des
usagers que par l’absence de contraintes de déplacement de ces derniers à la capitale
Libreville.

Cet ensemble d’innovations ne saurait se faire qu’en dotant les organes de gestion du
foncier de l’Etat de moyens suffisant de fonctionnement.

Paragraphe 2 : La dotation en moyens de fonctionnement suffisants

Pour un dynamisme dans l’exécution de la procédure d’attribution foncière au Gabon,


un recrutement et une formation des agents en matière de gestion foncière (A) sont
nécessaires, sans oublier une mise à disposition de moyens techniques et financiers (B).

A- Le recrutement et la formation des agents en matière de gestion


foncière

Signalons que si l’efficacité et l’efficience d’une administration se jauge à l’aune de la


qualité de ses agents, il va de soi que la qualité du recrutement de son personnel et la qualité
de la formation suivie par ses agents est une question fondamentale.

Pour ce qui est du recrutement, les différents organismes de gestion du foncier de l’Etat
doivent recruter des personnes ayant des profils adaptés à la nature des missions et de
l’activité qu’ils exercent. Il conviendrait donc de ne recruter que des personnels dont le profil
ou les compétences permettraient de réaliser de façon directe les missions de l’organisme de
gestion.

Par ailleurs, à côté du recrutement qualitatif, un recrutement quantitatif des agents,


techniciens de la matière foncière, est nécessaire.

En ce qui concerne la formation du personnel existant, il conviendrait d’organiser des


séminaires ateliers ou des formations de renforcement de capacité de ces derniers portant sur
la nouvelle règlementation foncière en République gabonaise.
De même, l’Etat par le biais des administrations concernées devraient permettre aux
agents qui le désirent, selon les critères et conditions déterminés par les textes en vigueur 52,
d’effectuer des stages professionnels soit de perfectionnement, soit de formation en vue
d’éradiquer l’actuelle confusion née de la cohabitation de l’ancienne et de la nouvelle
procédure d’acquisition foncière.

Quid de la question des moyens technique et financier ?

B- La mise à disposition de moyens financier et technique

52
Cf. Décret n°862/PR/MFPRA du 25 juillet 1970 règlementant les avantages de carrière attachés aux stages
professionnels effectués par les fonctionnaires et agents auxiliaires de l’Etat.
Le bon fonctionnement des organes de gestion du foncier de l’Etat nécessite des
moyens techniques et financiers suffisants. Or, comme nous l’avons souligné, ces moyens
font défaut.

En effet, les organes administratifs comme juridictionnels intervenant dans la procédure


d’attribution et d’immatriculation de la parcelle de terrain, doivent disposer des moyens
proportionnels à l’importance de leur activité pour pouvoir traiter dans les plus brefs délais les
dossiers qui leur sont transmis.

Il sied de les doter de ressources financières considérables au plan du fonctionnement ;


de moyens roulants adaptés aux missions de terrain (reconnaissance des terrains sollicités,
enquêtes foncières…) qui leur sont dévolues. Les opérations d’aménagements fonciers
nécessitant à cet effet des véhicules et engins adaptés.

Au plan purement technique, les agents doivent être dotés de boussoles, GPS, et autres
appareils utiles à l’accomplissement des opérations de topographie et de cadastre.

De même, au plan juridique, des textes d’application doivent être pris pour l’application
des lois et règlement en la matière. Tout comme les imprécisions des dispositions des articles
27,30 et suivants, 40,43 et surtout 44 de l’ordonnance n°5/2012 du 13 février 2012 sus-
mentionnée doivent être corrigées.

Par ailleurs, l’aménagement ou la construction des locaux des organes de gestion du


foncier est nécessaire. L’idéal serait d’avoir un local permettant d’accueillir tout le personnel
dont a besoin l’organe intéressé sans que ce personnel ne soit à l’étroit. L’efficacité et
l’efficience est à ce prix.

Enfin, pour ce qui est des pratiques de corruption observées, notons qu’il conviendrait
de mettre en application la batterie de sanctions (disciplinaire, civile et pénale) qui existe en la
matière. Il faut impérativement sanctionner les agents publics véreux qui se servent de leur
fonction comme moyen d’extorsion des fonds aux usagers du service public.
Cependant, les perspectives d’améliorations des limites à l’actuelle procédure
d’acquisition foncière ne sauraient se réduire à la seule provincialisation de ladite procédure.
Il conviendrait aussi d’envisager des compagnes de sensibilisation multiple sur la
règlementation foncière au Gabon et, de penser à un allègement des coûts actuels de la
procédure d’obtention d’un titre foncier pour les personnes physiques.

Section 2: La multiplication des campagnes de sensibilisation et


l’allègement des coûts de la procédure actuelle

La méconnaissance de la législation domaniale et foncière par les populations explique


la forte implantation des réseaux informels d’appropriation des terres. Il en résulte des
situations d’occupations anarchiques des sols et un abondant contentieux foncier.
Face à cet état de fait, l’Etat, propriétaire et gestionnaire du territoire national, doit
initier et multiplier des campagnes de sensibilisation sur la procédure légale d’attribution
d’une parcelle et d’obtention d’un titre foncier au Gabon (paragraphe 1).

De même, pour faciliter l’accès à la propriété foncière aux personnes physiques et tenir
compte des différentes couches sociales, il importe que le gouvernement allège les coûts de la
procédure d’acquisition foncière actuellement en vigueur (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La nécessité d’une multiplication de campagnes de


sensibilisation

Au regard des difficultés d’accès à la propriété foncière sus-étudiées, les autorités


administratives doivent s’attelés à trouver des solutions durables. Aussi, la sensibilisation
représente une des armes efficaces contre la méconnaissance des procédures légales
d’acquisitions des sols.

Ainsi, afin de décourager la pratique des cessions informelles constatée, des campagnes
de sensibilisation doivent s’effectuer tant en milieu urbain (A) que rural (B).

A- En milieu urbain

La sensibilisation pourrait être un instrument puissant de changement d’attitudes des


populations. A cet effet, pour que cet instrument atteigne les objectifs escomptés, les experts
fonciers de l’agence et du ministère en charge de l’urbanisme et de l’habitat devraient
multiplier des campagnes de sensibilisation auprès non seulement des différents acteurs de la
procédure d’acquisition mais aussi des populations cibles.

Les outils de sensibilisation à utiliser pourraient être des séminaires organisés


périodiquement sur des thématiques en rapport avec le régime foncier en vigueur. Pour ce
faire les municipalités, les gouvernorats et chefs de quartiers devraient être mis à contribution.

Autrement dit, ces différentes autorités administratives, au travers d’une approche


pédagogique, pourront recevoir toutes les informations relatives à la procédure légale
d’attribution pour être ensuite capable de les transmettre à leur tour.

Lesdits séminaires de sensibilisation pourraient être organisés chaque année, par


exemple, afin de favoriser une imprégnation et implémentation des règles légales et
règlementaires de bonnes gestions foncières. Le respect ou l’application stricte desdites règles
par les acteurs de la procédure est à ce prix.

Notons que les moyens ou supports de sensibilisation devront être différent selon que la
sensibilisation concerne les autorités administratives ou les populations. Pour ces dernières,
l’agence devrait utiliser des moyens de communication audiovisuelles tels que des émissions
télé et radio, des affiches sur des panneaux publicitaires, des publications dans des journaux et
la distribution de prospectus dans la ville. Tout comme à l’ère du numérique, elle pourrait se
servir des canaux des réseaux sociaux. La création des sites web, régulièrement mis à jour,
des administrations intervenant dans la procédure d’attribution des parcelles de l’Etat et
d’obtention des titres fonciers pourrait être un atout considérable dans l’œuvre de
sensibilisation projetée.

Mais des actions de sensibilisation sont aussi nécessaires pour les populations vivant en
milieu rural car l’ANUTTC doit adopter une politique d’information proche des usagers.

B- En milieu rural

La sensibilisation en milieu rural devra se poursuivre sous le même angle qu’en milieu
urbain, cependant les moyens de sensibilisation utilisés devraient être quelque peu différents.
En effet, l’agence devrait procéder à une sensibilisation à deux niveaux :

Au niveau des autorités administratives locales, décentralisées et déconcentrées,


l’agence devra organiser des caravanes de sensibilisation qui auront la charge, suivant une
approche pédagogique et même vernaculaire, de donner le maximum d’informations en
matière de règles domaniales, foncières et d’urbanisme.

Les caravanes de sensibilisations devront être menées, le cas échéant, en collaboration


avec les préfets, les conseils départementaux, les sous-préfets, les chefs de regroupement et
chefs de villages. De même, la contribution des associations et ONG peut être sollicitée.

En ce qui concerne les populations locales, nous pensons qu’en plus des caravanes de
sensibilisation, des journées d’échanges ou de dialogue devront être mis en place afin
d’amener les populations à changer de comportement.

Au travers de ses échanges, l’agence pourra inculquer aux populations la notion


d’occupation légale d’une parcelle afin d’éradiquer le phénomène d’occupation anarchique et
ce même dans les villages où le concept de terres ancestrales est le plus revendiqué. Les
administrations en charge de la gestion du foncier de l’Etat, propriétaire du territoire national,
devront être présentées53.

En somme, la sensibilisation en milieu urbain comme rural, devrait être un instrument


d’appropriation efficace des règles de gestion de l’Etat et d’acquisition foncière.
Cependant, afin de faciliter aux populations l’accès à la propriété foncière, il importe
d’envisager des mesures d’allègement des coûts actuels de la procédure d’attribution d’une
parcelle et d’obtention d’un titre foncier.

53
Ces actions de sensibilisation permettront de garantir l’idée selon laquelle l’Etat est seul propriétaire des
terres et lui seul à le pouvoir d’organiser les cessions par le canal de ses administrations.
Paragraphe 2 : L’allègement des coûts actuels de la procédure
d’acquisition foncière

Dans la mesure où toute procédure engagée pour l’attribution d’une parcelle et/ou
l’immatriculation engendre nécessairement des frais à la charge du demandeur conformément
à la règlementation.
Or, la réticence des populations à engager les procédures formelles se justifie par le
caractère excessif des coûts actuels. D’où l’intérêt d’envisager une réforme d’allègement aussi
bien pour l’obtention de la décision portant attribution (A) que pour la délivrance du titre
foncier (B) de la parcelle.

A- La réforme des coûts applicables dans la phase administrative


d’attribution d’une parcelle

Pour ce qui est de la phase administrative qui se solde par l’obtention de la décision
portant attribution d’une parcelle, le barème des prix applicables pour toutes les prestations
effectuées par ou pour le compte de l’ANUTTC54 est règlementé par la décision
n°0003/ANUTTC/DG pour toutes procédures d’attribution comme de régularisation. C’est
ainsi que :

 En matière d’opérations d’urbanisme et d’aménagement foncier, la personne physique


doit dépenser pour les prestations suivantes :

- Certificat d’urbanisme55 : 25.000 FCFA ;


- Certificat de conformité : 25.000FCFA ;
- Elaboration du plan de délimitation : 100FCFA/m2 ;
- Elaboration des plans d’aménagement : le montant, qui varie en fonction de la
complexité du site et de la superficie sollicitée, va de 250000 à 400000 FCFA ;
- Constat de mise en valeur et sa validation (cas des parcelles de terrain acquises
avant la réforme de 2012) : le taux de prélèvement de l’agence varie en fonction du
coût estimé de l’investissement (soit de 0,37 à 4%) ;
- Permis de construire : le taux de prélèvement dépend de la valeur de
l’investissement projeté (soit 0,5% à 20%) ;
- Permis de démolir : le montant est fonction du coût de l’investissement à démolir
(soit 1%, en plus des mesures de protection du site exigées) ;
- Conception des plans types de maison : 2500FCFA /m2.

 En matière d’opérations de travaux topographiques, la personne physique doit


dépenser pour les prestations suivantes :
54
Le barème est fixé par le directeur général de l’agence, après consultation du conseil d’administration et du
ministère de tutelle représentant le gouvernement.
55
Document informatif pouvant être demandé à l’administration, qui indique les dispositions d’urbanisme et
les limitations administratives au droit de propriété. Ce document précise si le terrain peut être utilisé pour la
réalisation de l’opération de construction projetée sur celui-ci.
- Reconnaissance des lieux (y compris le plan de situation) : 15000FCFA ;
- Bornage (ou plan de bornage) : le montant varie selon le lieu de situation de
l’immeuble sollicité, avec un minimum de deux bornes exigées (soit
25000FCFA /borne à Libreville, et 15000FCFA/ borne dans les autres
agglomérations du pays) ;
- Plan topographique pour les enquêtes foncières (c’est-à-dire les opérations des
levés topographiques nécessaires pour l’élaboration du plan) : le montant, qui varie
en fonction de la superficie de la parcelle, oscille entre 90FCFA le m2 à 60FCFA le
m2. Toutefois, une majoration de 30% audit montant pourra être appliquée pour les
terrains très accidentés, couverts de végétation ou de constructions.

 En matière d’opérations cadastrales, notons que le prix de cessions de terrains varie en


fonction de la classe et superficie du terrain. La classification, elle dépend de la zone
et des équipements qui s’y trouvent 56. Dans tous les cas, le prix de cession d’une
parcelle s’obtient en multipliant l’indice de la parcelle par la note sur vingt donnée par
l’administration multipliée à son tour par la surface de terrain sollicité.

 Pour ce qui est des prestations relatives aux consultations des archives cadastrales, la
personne physique doit dépenser pour la copie d’un document A 4 (1000 FCFA), d’un
document A 3 (1500 FCFA) et d’un extrait de plan (2000FCFA).
L’examen des coûts sus-mentionnés ressort qu’en moyenne la personne physique est
amené à dépenser plus de deux million de francs CFA pour l’accomplissement des seules
opérations de la phase administrative de la procédure légale d’attribution d’un terrain.
Montant qui n’intègre d’ailleurs même pas le prix de la cession, fixé après les opérations
préparatoires à la décision d’attribution de l’agence. D’où, les populations estiment que les
coûts actuels sont trop élevés. Ce qui découragent ces dernières à se rapprocher de l’agence en
vue de solliciter une régularisation ou attribution de parcelle.

C’est pourquoi, il nous semble cohérent, si l’on veut lutter contre le phénomène de
l’occupation anarchique des sols et sans titre de propriété, de réduire de moitié par exemple
les coûts actuellement applicables, qualifiés d’excessifs. La meilleure gestion actuelle du
foncier de l’Etat est à ce prix.

Découvrons à présent les réformes envisageables en matière de coûts applicables dans


la phase d’immatriculation d’une parcelle.

B- La réforme des coûts applicables pour l’immatriculation de la


parcelle attribuée

56
Selon les textes en vigueur, il existe quatre classes de terrains : première classe (100 francs, le point),
deuxième classe (75 francs, le point), troisième classe (50 francs, le point), quatrième classe (40 francs, le
point).
En ce qui concerne la phase d’immatriculation se soldant par la délivrance du titre
foncier, la tarification des différentes prestations effectuées par les conservations foncières est
fixée par l’arrêté n°17/PR du 1er février 2001 modifiant l’arrêté du 18 mai 1931 fixant le tarif
des droits et frais en matière d’immatriculation, de transcription et d’inscription foncière.

Il ressort de cette règlementation que tout attributaire ou propriétaire d’une parcelle,


pour l’immatriculation ou transcription de celle-ci, doit dépenser certaines sommes en guise
de paiement des droits et frais de la cause57. Autrement dit, les personnes physiques doivent
s’acquitter :

- Pour les droits d’immatriculation de la parcelle acquise : le montant des frais


dépend de la valeur déclarée de l’immeuble à immatriculer (soit 0,6%) ;
- Pour les droits de transcription des actes portant mutation des biens immobiliers
entre vifs ou par décès, le montant dépend de la valeur du bien immobilier à muter
(0,6%) ;
- Pour la délivrance des copies de titres fonciers : 20.000 FCFA par livret58 ;
- Pour toute recherche au livre foncier : le montant à débourser est de 10.000 FCFA
par titre recherché.
Au regard des dispositions de l’arrêté 17/PR sus-cité, notons que l’essentielles des
dépenses effectuées dans cette phase servent à la liquidation du salaire règlementaire du
Conservateur Foncier, en raison de sa double responsabilité civile et pénale.

En définitive, toute personne désireuse d’entamer la procédure légale d’acquisition


foncière est amenée à dépenser énormément d’argent pour l’accomplissement des formalités
administratives et judiciaire de la procédure. En plus des difficultés inhérentes à la pratique
administrative « des dessous de table », cette dernière ne peut qu’être découragée. Or, si les
coûts des droits et frais de procédure étaient allégés, tout gabonais aurait facilement accès à la
propriété et disposerait d’un titre foncier. Toutes choses qui montrent qu’une réforme en
matière de coûts de procédure administrative foncière s’impose dans notre pays.

Dans la mesure où les frais actuels de la procédure limitent l’obtention du titre foncier à
certaines classes de personnes, le gouvernement devrait fixer des montants raisonnables,
tenant compte du coût de vie du gabonais moyen et de notre réalité sociologique. La réforme à
envisager doit avoir pour but de permettre au paysan de disposer d’un titre foncier.

57
L’expression « droits » désignant certains impôts indirects tel que droits de timbre ou droits
d’enregistrement.
Alors que l’expression « frais » désigne l’ensemble des dépenses occasionnées pour l’accomplissement d’une
formalité administrative.
58
Le document étant remis sous forme de brochure.
CONCLUSION GENERALE
Dans ce travail, nous avons essayé de montrer comment se présente le régime et les
insuffisances de la procédure légale d’acquisition d’un titre foncier par les personnes
physiques en République gabonaise.

Notre thématique nous a permis de mettre en exergue dans une première partie, d’une
part, les différents organes administratifs et juridictionnels qui interviennent dans la procédure
d’attribution d’un terrain. De même, ont été étudié les deux formes de procédures
d’attribution et de régularisation foncière qui existent dans notre système foncier.

D’autre part, les phases administrative et judiciaire de cette procédure nous ont permis
de voir comment sont instruites les demandes d’attribution et d’immatriculation d’une
parcelle ; qui se soldent respectivement par l’obtention d’une décision portant cession en toute
propriété et par la délivrance d’un titre foncier. C’est seulement et uniquement après avoir
obtenu le titre foncier qu’une personne physique peut se considérer propriétaire au Gabon.

La seconde partie de notre travail, quant à elle, visait à faire ressortir les limites de la
procédure légale d’attribution en vigueur. Celles-ci sont liées à la forte centralisation des
administrations en charge de la gestion du foncier de l’Etat, et aux multiples difficultés de
fonctionnement que connaissent lesdites administrations, notamment en matière de moyens
technique, infrastructurel et en ressources humaines.

Toute chose qui nous a conduit à proposer des perspectives de solutions en préconisant
d’une part, de déconcentrer l’exercice de la procédure d’acquisition foncière au moyen d’une
« provincialisation » de celle-ci. D’autre part, l’instauration des campagnes de sensibilisation
et l’allègement des coûts de prestations des différentes opérations de la procédure menée.

Par ailleurs, dans la mesure où la politique d’aménagement du territoire pourrait


permettre à l’Etat de favoriser le développement harmonieux des différentes régions de son
territoire59, l’Etat devrait jouer un rôle moteur dans l’occupation des espaces constructibles du
territoire national. Il pourrait ainsi corriger les déséquilibres spatiaux actuels.

Il serait prétentieux de notre part d'affirmer que ce travail suffit pour résoudre
efficacement tous les problèmes fonciers rencontrés dans la procédure d’acquisition
foncière60. C'est pourquoi, nous proposons que d'autres axes de recherche soient étudiés afin
d'approfondir le présent travail.

59
En effet, l’aménagement du territoire portant sur la disposition spatiale des hommes et des activités, il
conjugue le développement économique, habitat, transports et communications.
60
En effet, au terme de nos recherches, nous pouvons conclure que la terre, autrefois bien collectif, sacré et
inaliénable, entre de plus en plus dans le système de l'économie capitaliste où elle est considérée comme une
marchandise. Du coup, elle devient le point de mire de toutes les convoitises surtout en milieu urbain, centre
d'intérêts de plusieurs acteurs.
TABLE DE MATIERES
INTRODUCTION GENERALE

PARTIE I : Le Régime de la procédure d’acquisition du titre foncier en


République Gabonaise
Chapitre 1 : La phase administrative de la procédure d’acquisition
foncière
Section 1: Les organes compétents
Paragraphe 1: L’Agence Nationale de l’Urbanisme, des Travaux topographiques et du
Cadastre
A-Les attributions de l’agence
B-Le cadre organique de l’agence
Paragraphe 2: Les directions provinciales des impôts et tribunaux administratifs
A-La direction provinciale des impôts territorialement compétente
B- Le tribunal administrative du resort territorial
Section 2: Les différentes procédures
Paragraphe 1: Le déroulement de la procedure d’attribution foncière
A- De la demande d’attribution parcellaire à l’instruction du dossier
B- La cession de terres domaniales: l’acte de cession
Paragraphe 2: La procedure de régularisation foncière
A- Le fondement de la procédure
B-Les étapes de la procedure de régularisation

Chapitre 2 : La phase d’immatriculation de la procédure d’acquisition


foncière
Section 1: Les organes compétents
Paragraphe 1: La conservation de la Propriété Foncière et des Hypothèques
A- Les attributions de la Conservation Foncière
B- L’organisation des conservations foncières
Paragraphe 2: Le tribunal judiciaire du resort territorial
A- Le role de la jurisdiction du Président du tribunal
B- Le role du tribunal
Section 2: Le déroulement de la procédure d’immatriculation
Paragraphe 1: De la requisition foncière à l’instruction du dossier
A- La demande de requisition foncière
B- L’instruction du dossier d’immatriculation par le conservateur
Paragraphe 2: De la decision d’immatriculation à l’opération de transcription de la parcelle
attribuée
A- La decision d’immatriculation
B- L’opération de transcription de la parcelle attribuée
PARTIE 2 : La portée de la procédure d’acquisition du titre foncier en
République Gabonaise
Chapitre 1: Les limites de la procédure d’acquisition foncière
Section 1: Les limites relatives à la phase administrative de la procédure
Paragraphe 1: La forte centralization de l’ANUTTC et les insuffisances textuelles
A- L’ineffectivité des Représentations locales de l’ANUTTC
B- Les limites liées aux insuffisances textuelles
Paragraphe 2: L’insuffisance de moyens et le deficit de politique d’aménagement du
territoire
A- L’insuffisance de moyens technique et humain
B- Le deficit de politique d’aménagement du territoire national
Section 2: Les insuffisances relatives à la phase d’immatriculation de la procédure
Paragraphe 1: Les difficultés de fonctionnement de la Conservation Foncière
A- La forte concentration des activités à la capitale
B- L’insuffisance de moyens techniques et infrastructurels
Paragraphe 2: La question de la jurisdiction compéténté pour les litiges de la phase
judiciaire de la procédure
A- La competence de principe du juge judiciaire
B- La competence d’exception du juge administratif

Chapitre 2 : Les perspectives d’amélioration envisageables


Section 1: La provincialisation de la procédure d’acquisition foncière
Paragraphe 1: La necessaire effectivité des organs de gestion foncière locale
A- La mise en place des Représentations locales de l’ANUTTC
B- La mise en place des Conservations Foncières Provinciales
Paragraphe 2: La dotation en moyens de fonctionnement suffisants
A- Le recrutement et la formation des agents en matière de gestion foncière
B- La mise à disposition de moyens financier et technique
Section 2: La multiplication des campagnes de sensibilisation et l’allègement des coûts de
la procédure actuelle
Paragraphe 1: La nécessité d’une multiplication de campagnes de sensibilisation
A- En milieu urbain
B- En milieu rural
Paragraphe 2: L’allègement des coûts actuels de la procédure d’acquisition foncière
A- La réforme des coûts applicables dans la phase administrative d’attribution d’une
parcelle
B- La réforme des coûts applicables pour l’immatriculation de la parcelle attribuée

CONCLUSION GENERALE

ANNEXES
ANNEXE 1 : Procès-verbal de reconnaissance
Annexe 2 : Plan de situation
Annexe 3 : Plan de délimitation
Annexe 4 : Avis d’affichage
Annexe 5 : Certificat d’affichage sans opposition
Annexe 6 : Plan de bornage
Annexe 7 : Décret portant à titre provisoire et onéreux d’un terrain
Annexe 8 : Décret attribuant définitivement un terrain
Annexe 9 : Décision portant cession en toute propriété d’un terrain
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE

I- TEXTES JURIDIQUES

- Loi n°3/91 du 26 mars 1991 portant constitution de la République Gabonaise ;


- Loi organique n°9/94 du 17 septembre 1994 fixant l’organisation, la composition,
la compétence et le fonctionnement de la cour judiciaire, des cours d’appel et des
tribunaux de première instance ;
- Loi n°14/63 du 8 mai 1963 fixant la composition du domaine de l’Etat et les règles
qui en déterminent les modes de gestion et d’aliénation ;
- Loi n°20/2005 du 3 janvier 2006 fixant les règles de création, d’organisation et de
gestion des services de l’Etat ;
- Loi n°17/84 du 29 décembre 1984 portant code des juridictions administratives ;
- Ordonnance n°6/2012 du 13 février 2012 ratifiée par la loi n°7/2012 du 13 août
2012 fixant les règles générales relatives à l’urbanisme en République gabonaise ;
- Ordonnance n°5/2012 du 13 février 2012 fixant le régime de la propriété foncière
en République gabonaise ratifiée par la loi n° 3/2012 du 13 aout 2012 ;
- Loi n°14/96 du 15 avril 1996 portant réorganisation territoriale de la République
gabonaise ;
- Loi n°15/63 du 8 mai 1963 portant régime de la propriété foncière en République
gabonaise ;
- Décret n°1496/PR/MHUEDD du 29 décembre 2011 portant création et
organisation du ministère de l’habitat, de l’urbanisme, de l’écologie et du
développement durable ;
- Décret n°0704/PR/MPITPTHTAT modifiant et supprimant certaines dispositions
du décret n°257/PR/MECIT du 19 juin 2012 réglementant les cessions et locations
des terres domaniales ;
- Décret n°77/PR/MFDE du 6 février 1967 règlementant l’octroi des concessions et
locations des terres domaniales ;
- Décret n°0702/PR/MPITPTHTAT modifiant certaines dispositions du décret
1500/PR/MHUEDD du 29 décembre 2011 ;
- Décret 0122/PR/MECIT du 28 février 2012 portant réorganisation de la direction
générale des impôts ;
- Décret n°249/PR/MECIT du 19 juin 2012 fixant l’organisation des conservations
de la propriété foncière et des hypothèques ;
- Décret n°862/PR/MFPRA du 25 juillet 1970 règlementant les avantages de
carrière attachés aux stages professionnels effectués par les fonctionnaires et
agents auxiliaires de l’Etat ;
- Décret n°1500/PR/MHUEDD du 29 décembre 2011 portant création et
organisation de l’ANUTTC ;
- Arrêté n°17/PR du 1er février 2001 modifiant l’arrêté du 18 mai 1931 fixant le tarif
des droits et frais en matière d’immatriculation, de transcription et d’inscription
foncière ;
- Décision n°0003/ANUTTC/DG pour toutes procédures d’attribution comme de
régularisation.

II- OUVRAGES

- LIZ Alden Willy, Les droits fonciers au Gabon : faire face au passé et au
présent, édition FERN, avril 2012 ;
- TIENTCHEU NJIAKO André, Droits fonciers urbains du Cameroun, PUA,
Yaoundé 2003, p 59 ;
- MANDESSI BELL (E), Le droit foncier au Cameroun. Aspects théoriques et
pratiques, ouvrages dactylographié Tome I, p 24.
- GASSE Victor, Droit foncier outre-mer et son évolution depuis
l’indépendance, th. dacty tome I Université d’Aix-Marseille, 1968 p37 ;
- R. CHAPUS, Droit administratif général, Tome 1, 16ème édition, Collection
DOMAT, Montchrestien, Paris 2001, 982 pages ;
- GUINCHARD (Serge) et DEBARD (Thierry), Lexique des termes juridiques
2012, 19ème éd. Paris, Dalloz, Avril 2011.

III- ARTICLES, COURS ET MEMOIRES

a- Articles
- Christian Aimé NKOGHE, « L’accès à la propriété foncière : procédure et
contentieux », hebdo informations, n°637, 31 octobre-15 novembre 2015 ;
- Philippe CHANDEZON, « La terre au Gabon : règlementations et procédures »
in Africonstruct, Yaoundé, atelier n°6, 1er février 2007, www.africonstruct.org ;
- Joseph COMBY, « Quel cadastre, pourquoi faire ? : cas du Gabon », mars
1995, www.comby-foncier.com;

b- Cours
- Ulric Arnol NZOUNDOU, Cours de droit foncier, licence 3, UAS, 2015-2016 ;
- Sylvain Serge IKAPITTE, Cours de contentieux domanial, filière administrative,
Ecole Nationale de la Magistrature, 2015-2017.

c- Mémoires
- Simplice GOUAMBE, « La procédure d’immatriculation des terrains en droit
camerounais selon le décret n°2005/481 du 16 décembre 2005 modifiant et
complétant certaines dispositions du décret N°76/165 du 25 avril 1976 fixant les
conditions d'obtention du titre foncier », Université de Yaoundé II-SOA, DEA
droit privé, 2006
- Jackson MUMBERE KINANGA, « L’application de la loi dite foncière dans la
résolution des conflits fonciers en territoire Lubero en RDC », Université
officielle de RUWENZORI, Graduat en droit privé, 2012.

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