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SOMMAIRE........................................................................................................2
DEDICACES.......................................................................................................3
REMERCIEMMENTS.......................................................................................4
INTRODUCTION GENERALE........................................................................5
CONCLUSION GENERALE..........................................................................49
TABLE DE MATIERES...................................................................................50
ANNEXES..........................................................................................................51
BIBLIOGRAPHIE............................................................................................52
DEDICACES
1
Cf. République du CAMEROUN, Université de Yaoundé II-SOA, mémoire de DEA droit en droit privé, «la
procédure d’immatriculation des terrains en droit camerounais selon le décret n°2005 /481 du 16 décembre
2005 modifiant et complétant certaines dispositions du décret n°76/165 du 25 avril 1976 fixant les conditions
d’obtention du titre foncier », Simplice GOUAMBE, 2006, page 1
2
Contrairement au mode moderne de gestion de la terre, le mode traditionnel consiste à confier l’ensemble des
terres à un chef coutumier, gardien de la tradition ancestrale. Le roi coutumier est le seul qui puisse distribuer
les terres à ses sujets.
3
Cf. Loi n°15 /63 du 8 mai 1963 fixant le régime de la propriété foncière en République gabonaise (journal
officiel).
4
Cf. lexique des termes juridiques 2012, 19 ème édition, 2012, DALLOZ, page 683.
Toutefois, le problème de l’accès à la propriété foncière au Gabon repose sur un constat.
Celui « du paradoxe qui existe entre l’apparente disponibilité de la terre et les difficultés
qu’éprouvent les citoyens à être propriétaire d’un terrain à bâtir. La principale raison de
cette situation est que l’Etat, qui est au centre de l’accès à la propriété foncière, ne joue pas
son rôle premier qui est la production des terrains à bâtir afin de mettre à la disposition de la
population des parcelles viabilisées, spécialement en zone urbaine »5. Malgré cette incapacité
de l’Etat de mettre à leur disposition des terrains, les populations tentent d’y accéder par tous
moyens, donnant parfois l’impression que c’est la loi du plus fort, du plus agressif ou du plus
fortuné qui prévaut. Cet état des choses laisse penser que l’accès à la propriété foncière
n’obéit à aucune règlementation.
Au regard de cette situation, on peut légitimement se poser les questions suivantes : quel
est le régime de la procédure légale d’acquisition du titre foncier par les personnes physiques
en République gabonaise ? Cette procédure d’accès à la propriété présente-t-elle des
insuffisances ?
L’intérêt de notre étude est double : d’une part, faire connaitre aux citoyens les
nouvelles dispositions régissant la procédure légale d’obtention du titre foncier, d’autre part,
proposer des solutions aux difficultés liées à l’obtention du titre foncier en République
gabonaise.
Sur ce, l’architecture retenue de notre travail reposera sur deux parties : la première
présentera le régime de la procédure légale d’acquisition du titre foncier en République
gabonaise (partie 1). La seconde sera consacrée à l’examen de la portée de ladite procédure
(partie 2).
5
Cf. Christian Aimé NKOGHE, « l’accès à la propriété foncière : procédure et contentieux », hebdo informations
n°637, 31 octobre 2015, page 1
PARTIE I : Le Régime de la procédure
d’acquisition du titre foncier en République
Gabonaise
Au Gabon, toute personne physique de nationalité gabonaise ou étrangère6 peut engager
une procédure d’immatriculation foncière. Cette procédure qui a pour but de mettre sous
l’emprise privée une parcelle du domaine privé de l’Etat 7 est soumise à une réglementation
écrite.
En effet, il y a lieu de préciser que le régime d’acquisition par les personnes physiques
ou morales à titre privé relève du domaine privé de l’Etat, tel que défini par la loi n°14/63 du
8 mai 1963 fixant la composition du domaine de l’Etat et les règles qui en déterminent les
modes de gestion ou d’aliénation.
Ainsi, l’accès à la propriété foncière a pour base légale la loi n° 3/2012 du 13 aout 2012
portant ratification de l’ordonnance n°5/2012 du 13 février 2012 fixant le régime de la
propriété foncière en République gabonaise. Il s’articule en deux phases distinctes : la phase
dite administrative (chapitre 1) et la phase d’immatriculation judiciaire (chapitre 2).
6
Avant la réforme de 2012, les biens immobiliers du domaine privé de l’Etat ne pouvaient faire l’objet d’une
cession à une personne de nationalité étrangère. Celle-ci ne bénéficiait, et sous certaines conditions, que de
concessions foncières. (Cf. les dispositions du décret n°77/PR/MF.DE du 6 février 1967 règlementant l’octroi
des concessions et locations des terres domaniales).
7
En effet, la propriété foncière n’existe au profit d’une personne physique ou morale qu’à partir de l’inscription
au livre foncier du conservateur. Laquelle inscription est précédé d’une procédure de transfert des droits de
l’Etat au personne physique ou morale concernée.
Tout candidat à la procédure d’acquisition d’un titre foncier doit nécessairement
constituer un dossier déposé auprès de l’administration. Cette demande enclenche la phase
administrative de la procédure dont la finalité est de faire sortir la parcelle du domaine privé
de l’Etat pour l’attribuer au citoyen-demandeur8. Ce transfert de propriété est matérialisé par
un acte définitif délivré par l’organe de gestion de son domaine privé, mis en place à cet effet.
Mais quels sont les organes qui interviennent dans cette phase administrative (section 1), et
quelles en sont les procédures applicables (section 2)
8
L’Etat ne peut reprendre la parcelle ainsi sortie de son domaine privé que par la procédure de l’expropriation
pour cause d’utilité publique.
et des tiers, de l’aménagement d’espaces constructibles urbains et ruraux, la création de
parcellaires en vue de la cession des lots, l’établissement des actes de cession, la remise des
titres de propriété établis par la Conservation de la Propriété Foncière et des Hypothèques
aux acquéreurs, et la gestion des terrains et propriétés bâties de l’Etat ». Il en ressort que les
attributions de l’ANUTTC sont reparties en quatre domaines :
- En matière d’urbanisme, elle est chargée d’exécuter ou de faire exécuter, en
collaboration avec les autres services compétents, les schémas directeurs, les plans et
coefficients d’occupation des sols et les plans d’aménagements, ainsi que les plans sectoriels
d’aménagements des zones à allotir ; d’examiner et d’approuver les plans de lotissements
proposés par les lotisseurs privés ; de contrôler l’occupation des terrains du domaine public et
privé de l’Etat ; de mettre en œuvre les opérations de déguerpissements des terrains devant
faire l’objet d’opérations d’aménagements par l’Etat ou leur contrôle lorsqu’elles sont
réalisées par les opérateurs privés ; de mettre en œuvre des plans de lotissements dans le cadre
de l’exécution des programmes d’aménagement ; de préserver les sites présentant un intérêt
touristique, culturel ou historique de toute occupation illégale ; de constater toute infraction à
la réglementation d’urbanisme et de prononcer les sanctions administratives sans préjudice de
l’exercice de l’action publique ;
- En matière cadastrale, elle tient et met à jour le fichier du parcellaire cadastral et les
plans y afférents ; archive les dossiers relatifs aux parcellaires cadastrées et aux procédures y
attachées ; exécute le bornage des parcelles nouvellement créées ou le rebornage des parcelles
existantes ; vérifie et valide les travaux de bornage exécutés par les opérateurs privés ; met à
la disposition de l’administration fiscale les données techniques nécessaires à la détermination
des impôts fonciers sur le bâti et le non bâti ;
- En matière domaniale, les services de l’ANUTTC ont pour mission d’établir les actes
de cession des terrains nus de l’Etat 9 ; d’établir et délivrer les actes de concession des baux sur
les terrains de l’Etat ; d’établir les projets d’actes de cession et d’affectation des propriétés
bâties de l’Etat ; d’établir les projets d’actes de location des biens immobiliers bâtis de
l’Etat ;d’établir les projets d’actes d’acquisition par l’Etat de biens immobiliers bâtis et non
bâtis ; de tenir et mettre à jour le fichier des biens immobiliers de l’Etat, en liaison avec les
services de la Conservation Foncière et des Hypothèques ; d’appliquer les normes et
spécifications techniques dans les domaines relevant de sa compétence .
Toutefois, le texte de création prévoit que l’ANUTTC puisse recevoir des pouvoirs
publics toute autre mission relevant de sa compétence. C’est ainsi que, l’article 9 nouveau du
décret n°0702/PR/MPITPTHTAT sus-cité, lui transfère de plein droit l’entièreté « des actifs
et prérogatives précédemment dévolus à la direction générale de l’urbanisme et des
aménagements fonciers, à la direction générale des travaux topographiques et du cadastre, à
la direction des domaines et des opérations foncières et aux brigades spéciales d’urbanisme
9
Selon le décret 0122/PR/MECIT du 28 février 2012 portant réorganisation de la direction générale des impôts
cette attribution était anciennement dévolue à la direction de domaines et des opérations foncière (article 49)
et aux directions provinciales des impôts via le service de gestion des affaires domaniales (article 89).
et de la construction sont de plein droit transférés à l’agence ». Autrement dit, cette
disposition vient abroger les prérogatives des directions citées en matière d’opérations liées à
la procédure d’attribution foncière. Elle ne remet pas en cause leur existence juridique 10 mais
leurs compétences en la matière.
Quid à présent de l’organisation de cet organisme de gestion du foncier au Gabon ?
13
Cf. Article 19 de la loi n°17/84 du 29 décembre 1984 portant code des juridictions administratives.
Paragraphe 1 : Le déroulement de la procédure d’attribution foncière
C’est la principale procédure d’acquisition foncière prévue par la loi, elle commence par
une demande d’attribution parcellaire, puis l’instruction du dossier (A) et se termine par une
décision de l’administration (B) portant attribution ou non de la parcelle sollicitée.
14
Selon l’article 4 de l’ordonnance n°6/2012 du 13 février 2012 ratifiée par la loi n°7/2012 du 13 août 2012
fixant les règles générales relatives à l’urbanisme en République gabonaise un organisme de gestion est «une
agence chargée d’aménager les espaces constructibles et de délivrer les titres de propriété établis par les
administrations compétentes ».
Au terme de l’instruction, si l’administration décide de céder la parcelle sollicitée, les
services de l’agence liquide le montant du prix de cession 15, en tenant compte de la
classification de la parcelle, et le notifie au demandeur qui doit s’en acquitter auprès de
l’agent comptable de l’agence dans un délai d’un mois.
Quid de la nature et de la valeur juridique de l’acte de cession ainsi établit ?
A- Le fondement de la procédure
Ce sont essentiellement les dispositions transitoires du décret n° 257/PR/MECIT du 19
juin 2012 règlementant les cessions et locations des terres domaniales qui justifieraient
l’existence d’une telle procédure. En effet, l’article 41 dispose : « les personnes bénéficiant
de titres d’attribution provisoire devront, solliciter auprès des services provinciaux de
l’ANUTTC territorialement compétents, la constitution de dossier règlementaire en vue
d’établissement des actes de cession en toute propriété… ».
Alors que, « les projets de décrets d’attribution à titre définitif en cours de signature
restent soumis à la procédure applicable au moment de leur établissement ». Autrement dit,
17
Délai excluant les weekends et les jours fériés.
18
Cf. article 19 du décret n°257/PR/MECIT.
19
Il s’agit d’une résistance des usages et coutumes qui contribuent encore fortement dans notre société à
l’appropriation des terrains. Cet état de chose crée une confusion dans la gestion du foncier national.
20
Cette procédure n’est exclusive qu’au système foncier gabonais. Elle évolue en marge de la procédure de
principe qu’est l’attribution foncière.
la régularisation concerne ici des personnes se trouvant dans des situations bien spécifiques au
moment de la publication dudit décret. Le texte s’adresse particulièrement aux individus qui
ont obtenu de l’administration une décision provisoire d’attribution foncière. Il était demandé
à ces derniers d’introduire un dossier auprès des services provinciaux de l’agence en vue de
leur établir des actes de cession en toute propriété conformément à la loi.
Partant de cette disposition, va naitre des usages tendant à corriger les manquements
observés lors de toute acquisition informelle de terrain.
Sur ce, rappelons que sous le régime de l’ancienne loi, les terres faisant partie du
domaine privé de l’Etat pouvaient faire l’objet d’une cession provisoire. Le cessionnaire était
soumis à une obligation temporaire de mise en valeur de la parcelle de terrain d’une durée de
deux (2) ans, avec la possibilité d’une prorogation d’un an. La cession ainsi faite était
strictement personnelle car ne pouvant donner lieu de la part du bénéficiaire à aucun acte de
cession, de transfère de droit, sans autorisation expresse des services des domaines. S’en
suivait, par la suite, la délivrance d’un décret d’attribution dit « définitif ». C’est le constat par
l’administration de la mise en valeur effective de la parcelle à titre provisoire qui permettait
de l’obtenir. L’acte de cession définitif avait pour effet de transférer complètement la
propriété du terrain à son bénéficiaire. C’est en outre, cette décision définitive marquant la
volonté manifeste de l’Etat de céder une partie de son domaine privé, qui pouvait faire l’objet
de l’immatriculation à la conservation foncière par le concerné.
Il faut donc entendre par régularisation foncière cette procédure qui consiste à légaliser
le statut des occupants illégaux en leur donnant le droit d’accéder à la propriété du sol par
l’obtention d’un titre foncier. Est soumis à la régularisation foncière toute personne physique
ayant construit avec et/ ou sans titre d’occupation.
Mais quelle est la particularité de cette procédure ?
L’obtention d’un titre foncier peut faire l’objet de plusieurs modalités. D’abord le
morcellement, qui consiste à avoir un titre sur une parcelle de terrain qui a au préalable fait
l’objet d’un premier titre foncier. Ensuite la mutation, qui est le fait d’avoir un même terrain
titré mais de changer de titulaire. Celle-ci peut également résulter d’une cession, qui consiste
pour le détenteur d’un titre foncier à céder ses droits sur le terrain à un tiers. Enfin la fusion,
qui consiste à réunir deux ou plusieurs titres fonciers pour obtenir un seul lorsque lesdits
terrains sont situés mitoyens. Ces différents modes d’acquisitions d’un titre foncier ne se
réalise que sur des terrains ayant au préalable fait l’objet d’un titre foncier.
Mais l’accès à la propriété par l’acquisition d’un terrain faisant déjà l’objet d’un titre
foncier étant rarement à l’origine des troubles et conflits sociaux nécessitant la saisine des
tribunaux, notre propos sera donc circonscrit à l’accès à la propriété des terrains qui ne font
pas kht4w2 de titre foncier.
La phase dite judiciaire est instruite par le Conservateur de la propriété foncière sous le
contrôle du juge judiciaire, gardien de la propriété privée. Elle repose sur l’inscription au livre
foncier de la parcelle cédée par l’administration.
Nous analyserons, d’une part, les organes compétents (section 1) et d’autre part, le
déroulement de la procédure d’immatriculation d’une parcelle (section 2).
- de tenir le registre foncier et exécuter les formalités et les procédures prescrites pour
l’immatriculation des immeubles, ainsi que l’inscription des actes ou décisions
concernant les immeubles immatriculés ;
- d’inscrire sur les titres de propriété les droits réels immobiliers affectant ces biens ;
- d’inscrire sur le registre foncier, les mutations totales ou partielles pouvant affecter
les propriétés immatriculées ;
- de procéder à la formalité fusionnée des actes portant sur les biens immobiliers ;
- d’inscrire au livre foncier tous faits et convention entre vifs, tous procès-verbaux de
saisies immobilières, tous jugements passes en force de chose jugée ayant pour objet
de constituer, transmettre, déclarer ou éteindre un droit réel immobilier ;
- de vérifier l’identité et la capacité des personnes qui aliènent des biens immobiliers
ou des droits réels immobiliers ;
23
Il s’agit de la communication aux publics, des renseignements contenus dans les archives et relatif aux
propriétés, la conservation des livres fonciers et des actes relatifs aux immeubles immatriculés.
24
Cf. Article 4 du décret n°249/PR/MECIT du 19 juin 2012 susmentionné.
25
Cf. Article 8,29 et 30 de la loi n°20/2005 du 3 janvier 2006 fixant les règles de créations, d’organisations, et de
gestion des services de l’Etat, placée sous la tutelle du ministre chargé de l’économie
Dès son entré en fonction, il prête serment devant le tribunal de première instance de
son ressort, et est tenu de constituer un dépôt à titre de cautionnement dont le montant est fixé
par arrêté du ministre chargé de l’économie26. Selon l’article 11 de l’ordonnance, le
Conservateur n’est soumis qu’à la seule autorité de la loi dans l’exercice de ses fonctions. Il
jouit à ce titre d’une indépendance morale et matériel et bénéficie d’un régime spécial de
rémunération.
Selon l’article 13 de l’ordonnance n°5/2012, le Conservateur foncier engage sa
responsabilité personnelle dans les actes qu’il prend et les formalités qu’il accomplit.
L’Etat reste toutefois civilement responsable des faits dommageables non imputable à la
responsabilité personnelle du conservateur. Ce dernier n’est responsable personnellement que
des préjudices résultant notamment :
- « de l’omission sur ses registres d’une inscription, mention, prénotation ou radiation
régulièrement demandée ;
- de l’omission sur les états ou certificats, délivrés et signés par lui, d’une ou plusieurs
inscriptions, mentions, prénotations ou radiations portées sur le titre foncier à moins
qu’il ne soit exactement conforme aux réquisitions des parties ou que l’omission
provienne de désignations insuffisantes ne pouvant lui être imputées ;
26
La somme versée à titre de cautionnement est versé au conservateur trois ans après la cessation définitive de
ses fonctions si dans ce délai aucune action en responsabilité n’a été engagée contre lui ou si les suites d’une
telle action ont été couvertes par les assurances (article 10 de l’ordonnance n°5/2012).
chef de service nommé par décret pris en conseil de ministre, ces services ont des attributions
spécifiques d’ordre technique prévus par le texte organique de la conservation foncière27.
Dans leur fonctionnement, notamment au cours de l’instruction des demandes
d’immatriculation foncière, les conservations foncières font intervenir d’autres organes
d’appui et de contrôle. Dans un premier cas, il est question des organes spécialisés dans un
domaine particulier et sollicité par le Conservateur pour exécuter certaines opérations de
publicités. A l’exemple du journal officiel ou tout journal d’annonces légales (hebdo info),
des gouvernorats, mairies, préfectures et sous-préfectures dont les colonnes et locaux servent
pour la publicité des réquisitions d’immatriculation.
Dans un second cas, il s’agit des tribunaux judiciaires du ressort territorial, sur
lesquelles notre analyse va à présent se focaliser.
27
Cf. Articles 8 à 12 du décret n°249/PR/MECIT
28
Il s’agit d’une « décision rendu par le président dans les cas spécifiés par la loi lorsque les circonstances
n’exigent pas que la partie adverse soit appelée » (article 445 du code de procédure civil).
29
Se sont les articles 29 à 30 et les articles 448 à 450 qui traitent de la matière gracieuse.
requises ont été observées. Il apprécie la nature et l’étendue des divers droits réels dont
l’immeuble est grevé et rend s’il y a lieu l’ordonnance d’immatriculation ».
Le contrôle du président du tribunal s’exerce donc quand aucune opposition n’a été
enregistrée durant l’instruction de la demande de réquisition ou d’immatriculation adressée au
conservateur foncier territorialement compétent.
Quid à présent de la compétence du tribunal judiciaire à proprement parler ?
B- Le rôle du tribunal
En application des articles 67 à 70 de la loi n°9/94 du 17 septembre 1994 sus-
mentionnée, un tribunal de première instance, organisé en chambre, comprend des juges
travaillant en formation collégiale. En générale, une formation de jugement comprend un
président et deux juges. Le Procureur de la République exerçant en toute matière le ministère
public. Les dossiers y sont instruits par un ou plusieurs juges, appelés assesseurs.
Il s’agit d’une juridiction contentieuse, contrairement à la juridiction du président du
tribunal, dont la fonction principale consiste à trancher les litiges, à donner la solution d’un
procès. En matière d’immatriculation foncière, le tribunal judiciaire du ressort territorial est
compétent lorsqu’une ou plusieurs oppositions ont été enregistrées durant l’instruction. Son
rôle se concrétise par une décision dite « jugement d’immatriculation », conformément à
l’article 44 de l’ordonnance n°5/2012 disposant que « s’il existe des oppositions ou
contestations la demande d’immatriculation est portée devant le tribunal judiciaire de
première instance qui statue au fond, conformément aux dispositions des articles 410 et
suivant du code de procédure civile ».
Grosso modo, le contentieux dans la phase judiciaire se présente sous la forme soit d’un
contentieux direct, soit d’un contentieux indirect.
Le contentieux direct est celui qui est déclenché par le ou les oppositions faites par
déclaration écrite déposée à la conservation foncière par tout intéressé ou son représentant
durant la procédure d’immatriculation30. Une fois en état, le dossier d’immatriculation est
transmis par le Conservateur au greffe du tribunal judiciaire compétent. La juridiction instruit
le dossier et statue sur l’opposition en la forme et au fond. Mais la juridiction doit également
se prononcer sur l’immatriculation en cause pour vider complètement sa saisine.
De manière concrète, le tribunal, dans son jugement, reçoit ou rejette l’opposition,
ordonne l’immatriculation de la parcelle, précise le nom de la personne au profit de laquelle le
titre foncier doit être créé, fixe les limites du terrain conformément aux documents cadastraux
et topographiques versés au dossier et ordonne l’inscription des droits réels et servitudes
devant grever le titre foncier. S’il le juge nécessaire, le tribunal peut aussi ordonner le
morcellement de la parcelle ou annuler toute la procédure.
Pour ce qui est du contentieux indirect, il s’agit des demandes adressées au juge des
référés ou du fond, en dehors de la procédure d’immatriculation mais qui ont une incidence
indirecte sur la reconnaissance du droit de propriété foncière au requérant. Il est
30
Cf. Article 34 et suivants de l’ordonnance n°5/2012 du 13 février 2012.
principalement question des demandes en cessation de troubles, arrêt des travaux, expulsion 31.
A cet effet, la problématique des actions possessoires se pose.
En réalité, si ces actions n’émanent pas d’une personne titulaire d’un titre inscrit au
livre foncier, les demandes suscitées, à l’origine du contentieux indirect devraient en principe
être considérées comme des actions possessoires dont le but est de permettre au possesseur de
faire respecter son droit en justice, en violation manifeste du cadre législatif et règlementaire
qui prohibe la prescription acquisitive en droit foncier et immobilier gabonais. En effet, nul ne
pouvant accéder à la propriété foncière par la possession, des mesures que le juge peut
prendre pour la protéger ou maintenir ne sont pas opposable à l’Etat.
Mais quelles sont les étapes de la phase judiciaire d’immatriculation d’un terrain ?
La phase judiciaire de la procédure d’acquisition d’un titre foncier obéit à une procédure
différente de celle de la phase administrative : c’est ici que se déroule l’immatriculation à
proprement parlé, de la parcelle cédée à un particulier par l’Etat.
Au Gabon, selon l’article 26 de l’ordonnance n°5/2012, « l’immatriculation est
obligatoire ». Elle est une procédure publique, contradictoire et judiciaire, qui a pour objectif
de placer un bien sous l’emprise du régime du livre foncier. Elle est concrétisée par la remise
d’un titre de propriété dit « titre foncier, imprescriptible, inattaquable ». Ce titre constitue en
quelque sorte l’acte de naissance de l’immeuble à la vie juridique ou le point de départ de
toutes les mutations et constitutions de droit ultérieur.
La procédure d’immatriculation s’ouvre avec une demande d’immatriculation et son
instruction par le Conservateur foncier (paragraphe 1). Elle s’achève par la décision
d’immatriculation et par l’opération de transcription des droits immobiliers au livre foncier
(paragraphe 2).
- En cas de prétentions sur l’existence d’un droit réel susceptible de figurer sur le titre à
établir.
A- La décision d’immatriculation
Selon l’article 42 de l’ordonnance n°5/2012, « à l’expiration des délais requis et après
avoir constaté l’accomplissement de toute les formalités destinées à assurer la publicité de la
procédure, le Conservateur transmet les dossiers relatifs aux demandes d’immatriculation au
greffe du tribunal judiciaire ». Il ressort de cette disposition que l’intervention du tribunal
judiciaire du ressort territorial dans la procédure d’immatriculation dépend de la saisine du
Conservateur. Il n’y a pas une auto-saisine de la juridiction. Cette saisine donne lieu à deux
types de décisions : soit une ordonnance, soit un jugement d’immatriculation.
L’ordonnance d’immatriculation est rendue par le Président de la juridiction comme
vu précédemment37 , si aucune opposition n’a été enregistrée pendant le délai de quinze (15)
jours à partir de la date de publication de la réquisition. De manière pratique, le président du
tribunal prend cette ordonnance après vérification de la régularité de la procédure aussi bien
36
Dans le cas d’une procédure normale c’est-à-dire sans incidents ou oppositions, le Conservateur n’intervient
que pour établir un titre foncier au nom du requérant, à la suite de l’ordonnance d’immatriculation. Toutefois,
il peut faire des observations lorsqu‘il constate des erreurs faites par ses prédécesseurs ou par un autre
intervenant à la procédure.
Dans le cas d’une procédure avec incidents c’est-à-dire dans laquelle intervient des oppositions le Conservateur
foncier ne règle pas lui-même les oppositions mais les transmet au tribunal judiciaire du ressort territorial.
37
Cf. Paragraphe 2 de la section 1 au chapitre 2.
en la forme qu’au fond. La décision a pour but d’autoriser la création du titre foncier
conformément aux limites et à la surface arrêtée par le bornage.
Par contre, le jugement d’immatriculation relève de la compétence du tribunal c’est-à-
dire qu’il est pris par une formation de jugement. Cette décision intervient si une ou plusieurs
oppositions ont été enregistrées dans le délai de quinze (15) jours à compter de la date de
publication de la réquisition. De manière pratique, le dossier est examiné par le tribunal qui
statue en matière contentieuse d’abord sur le ou les opposition(s), puis sur l’immatriculation.
Notons que ces décisions en matière d’immatriculation ne sont susceptibles que d’un
recours en cassation. Mais quid de l’opération de transcription des droits ?
38
Il s’agit de la grosse de la décision judiciaire c’est-à-dire la copie de celle-ci comportant la formule exécutoire.
39
Le document dénommé « titre foncier » porte alors un numéro d’ordre et le plan de bornage de la parcelle
concernée y est annexé.
40
Précisons que conformément à l’article 19 et suivant, le Conservateur tient un livre foncier composé de
plusieurs registres et fichiers à l’exemple du registre des dépôts, du registre des formalités préalables à
l’immatriculation, du registre des oppositions à l’immatriculation et du registre des titres de propriétés.
PARTIE 2 : La portée de la procédure
d’acquisition du titre foncier en République
Gabonaise
Le Gabon par l’instauration de la réforme de 2012 a amélioré son système foncier tant
au niveau organique que structurelle. L’accès au foncier qui autrefois représentait un défi
majeur devrait trouver remède par ces nouvelles dispositions mises en place.
Cependant, fort est de constater que malgré l’arsenal juridique adopté, l’acquisition d’un
titre foncier par les citoyens relève toujours d’un parcours du combattant. En effet, la mise en
œuvre du nouveau cadre organique et normatif rencontre des difficultés au niveau pratique qui
ralentissent le processus d’obtention de titre de propriété.
Cette observation nous amène, sans prétendre à l’exhaustivité, à évoquer les limites
relatives à la procédure d’acquisition foncière (chapitre 1) avant de proposer des perspectives
d’améliorations envisageables (chapitre 2).
Chapitre 1: Les limites de la procédure d’acquisition foncière
Ces limites reposent essentiellement sur des insuffisances constatées tant au niveau de la
phase administrative (section 1) qu’au niveau de celle dite judiciaire (section 2) de la
procédure.
Afin de valoriser une proximité auprès des usagers, l’agence nationale d’urbanisme, des
travaux topographiques et du cadastre devrait disposer, tel que prévu par son texte organique,
des représentations dans chaque province. Cependant, depuis la mise en place de la réforme
foncière de 2012, ces représentations locales ne sont pas encore effectives.
41
Cf. Article 9 nouveau du décret n°0702 suscité modifiant certaines dispositions du décret n°1500.
l’ensemble du territoire demeure toujours centralisé au niveau de l’agence de Libreville. Cette
forte centralisation de compétence au niveau de l’agence centrale cause des pesanteurs qui
représentent un obstacle à l’exécution de la procédure dans les délais prévu par la loi 42. Il en
résulte une situation caractérisée par d’importants dysfonctionnements comme la lourdeur
dans le traitement des dossiers.
De ce fait, l’usager se trouvant par exemple à Makokou ou à Koulamoutou est contraint
de se rendre à Libreville pour poursuivre la procédure dans le but d’avoir un acte de cession,
puis immatriculer sa parcelle de terrain.
Faut-il rappeler que la création de l'ANUTTC répondait au souci d'apporter rapidement des réponses, de
manière générale, aux besoins des promoteurs immobiliers, des opérateurs économiques et des citoyens dans
la simplification des procédures d'accès à la propriété et la réduction significative des délais d'attribution et de
régularisation des terrains.
fonctionner ou pas du tout. Elles connaissent des problèmes techniques, infrastructurels et en
ressources humaines.
Mais les limites de la procédure d’acquisition foncière au Gabon ne sont pas liées qu’à
la forte centralisation du principal organe en charge du foncier. Elles sont aussi liées aux
insuffisances textuelles.
De manière générale, la procédure légale d’obtention d’un titre foncier repose sur une
règlementation écrite. Aussi aujourd’hui, la phase administrative de la procédure est
essentiellement régie par le décret n°257/PR/MECIT du 19 juin 2012 règlementant les
cessions et locations des terres domaniales modifié par le décret n°0704/PR/MPITPTHTAT
du 19 juin 2012. Alors que la phase judiciaire de la procédure a pour fondement la loi
n° 3/2012 du 13 aout 2012 ratifiant l’ordonnance n°5/2012 du 13 février 2012 fixant le régime
de la propriété foncière en République gabonaise.
Pour la réalisation des missions qui lui sont assignées, l’ANUTTC a besoin de moyens
techniques et humains suffisants46. Or, force est de constater qu’il n’en est rien.
46
Selon les économistes Taylor et Ford, tout bien ou service pour être produit doit réunir aux moins deux
facteurs de productions : le travail et le capital. Le travail étant la main d’œuvre qualifié et le capital, les
machines. De ce fait, pour atteindre les objectifs escomptés même en matière de production et de
fonctionnement de services publics de l’Etat, des moyens doivent être réunis tant au niveau techniques,
humains et infrastructurels.
La quasi inexistence ou ineffectivité de politique d’aménagement du territoire au
Gabon47 est pour beaucoup dans la difficulté qu’ont les citoyens d’acquérir un terrain
viabilisé, en milieu urbain comme rural.
En effet, l’Etat en tant que propriétaire et gestionnaire des terres qui composent son
domaine privé devrait disposer et mettre en œuvre une véritable politique d’occupation des
sols. Or, le constat est que l’Etat est absent ou inopérant quant à cette mission ; d’où
l’occupation anarchique des terrains par les populations.
L’Etat essaie tant bien que mal de corriger cet état de chose en instaurant dans la
pratique la procédure dite de régularisation. Toutefois, cette procédure n’est pas remède à la
situation car indirectement elle participe à l’occupation anarchique des terres dans la mesure
où le citoyen avant de se rapprocher de l’administration occupent d’abord les lieux par des
constructions et ce, sans autorisation. De ce fait, les populations se considérant propriétaire
vont ensuite le régulariser en mettant l’administration sur le fait accompli. La conséquence en
est que la procédure de régularisation semble devenir la procédure de principe au détriment de
la procédure normale d’attribution car elle est la plus pratiquée.
Toutes les mesures mises en place telles que la signature de l’acte de vente et/ou la
participation des administrations municipales pour légaliser les « cession » illégales passées
entre particuliers participent à l’usurpation des droits de l’Etat.
A ce niveau, les insuffisances constatées sont presque les mêmes. Le principal organe
de l’immatriculation foncière a des problèmes de fonctionnement (paragraphe 1).
De même, la question de la détermination de la juridiction compétente pour connaitre
des contestations relatives à l’acte de cession ou décision portant attribution de la parcelle
lorsque celles-ci interviennent au niveau de la phase judiciaire de la procédure d’acquisition
foncière (paragraphe 2).
47
Rappelons que toutes les sociétés humaines aménagent l’espace dans lequel elles vivent, produisent,
échangent. Elles doivent s’organiser, par exemple, pour gérer leurs systèmes d’échange et de transport, leurs
ressources en eau, leurs déchets, etc.
L’aménagement du territoire désigne aujourd’hui l’action publique qui se force d’orienter la répartition des
populations, leurs activités, leurs équipements dans un espace donné et en tenant compte de choix politiques
globaux.
Tout comme l’organe en charge de la gestion foncière, la conservation foncière souffre
d’une concentration de ses activités à Libreville (A), sans compter l’insuffisance de moyens
techniques et infrastructurels (B).
Toutefois, la pratique révèle une violation flagrante des textes dans la mesure où la
seule conservation foncière opérationnelle est celle de Libreville. En effet, cette
administration centralise l’établissement des titres fonciers de l’ensemble du territoire
national.
Ainsi, le tribunal du ressort territorial, du lieu de situation de la parcelle attribué par
l’administration, délivre l’ordonnance d’immatriculation, après que l’attributaire de la parcelle
est demandé la réquisition de son immeuble auprès de la conservation foncière de Libreville.
Celle-ci instruit le dossier, reçoit les oppositions des tiers le cas échéant, puis le transfert au
tribunal de première instance de la province où se situe la parcelle sollicitée pour ordonnance
ou jugement d’immatriculation. Puis, le tribunal transfert à nouveau à la conservation foncière
de l’Estuaire situé à Libreville pour création du titre foncier. Cette dernière, malgré son
incompétence territoriale, va sécuriser, garantir et protéger le droit réel immobilier en
établissant le titre foncier.
En somme, la non application de la loi crée dans le fonctionnement de l’organe une asphyxie
ou forte concentration qui ne facilite pas l’obtention du titre foncier. Nombreuses sont les
personnes qui quoique disposant d’un titre de propriété ont du mal à poursuivre la procédure
d’immatriculation car très longue et couteuse.
Quid des insuffisances au plan des moyens ?
Ajouté à cela, se pose la carence des moyens roulants et l’exiguïté des locaux de
l’unique conservation foncière de Libreville. De même, le déficit d’une formation ou
spécialisation des agents en matière domaniale et foncière constitue un handicap pour mieux
satisfaire les besoins de la population.
Il ne peut connaitre que des incidents issus de la phase d’immatriculation. Il doit veiller
à ce qu’aucun droit immobilier des personnes tierces ne soit lésé à cette occasion car les
opérations d’immatriculation effectuées dans cette phase ont pour conséquence de créer une
présomption de propriété irréfragable au profit du bénéficiaire, même à l’encontre des tiers
qui prétendent être propriétaires, mais dont les droits n’ont pas été inscrits lors de la procédure
d’immatriculation. En effet, le tiers qui ne révèle pas ses droits au cours de cette phase ne
pourra non plus le faire après l’immatriculation de l’immeuble. Le juge judiciaire y joue donc
un rôle important de gardien de la propriété privée.
Par ailleurs, les litiges relevant du droit à immatriculer une parcelle et les droits
personnels y relatifs sont du domaine de compétence du juge judiciaire dans la procédure
d’immatriculation. Il s’agit de la contestation de la qualité de celui qui sollicite
l’immatriculation, et des litiges relatifs à des droits et charges non soumis à la formalité de
publication.
Toutefois, les irrégularités de l’acte de cession d’une parcelle en voie d’immatriculation,
du fait de leur nature, ne devraient pas être portées devant le juge judicaire comme cela est
constaté.
Par ailleurs, en matière d’actions possessoires le juge des référés ou du fond48 de l’ordre
judiciaire saisi ne saurait conférer de droit de propriété au requérant. Or, dans la pratique,
certains plaideurs malicieux tentent parfois de faire passer ces actions possessoires en actions
pétitoires de revendication d’un droit de propriété. Et ce, malgré le fait que la prescription
acquisitive n’existe pas en droit foncier et immobilier Gabon. D’ailleurs les mesures que le
juge judiciaire peut prendre pour protéger ou prolonger une possession ne sont pas opposable
à l’Etat. Elles ne confèrent aucun titre.
Selon l’article 19 de la loi n°17/84 du 29 décembre 1984 portant code des juridictions
administratives « … d’une façon générale toute contestation en matière immobilière relevant
de la juridiction administrative sont de la compétence de la section administrative dans le
48
Ces demandes adressées en dehors de la procédure d’immatriculation ont cependant une incidence indirecte
sur la reconnaissance du droit de propriété foncière au requérant. Il s’agit principalement des demandes en
cessation de trouble, arrêt de travaux, expulsion.
ressort de laquelle se trouve l’immeuble objet du litige ». Autrement dit, les sections
administratives sont en premier ressort juge des recours pour excès de pouvoir formés contre
les décisions des autorités administratives provinciales. C’est ainsi, les litiges ou oppositions
relatifs aux opérations de publicité ou de bornage d’un terrain lors de la phase administrative
qui sont soulevés dans la phase judiciaire de la procédure doivent être portés devant la
juridiction administrative compétente. Autrement dit, sa compétence s’étend au-delà de la
phase administrative. Il suffit juste que la contestation porte sur la légalité d’un élément des
opérations ayant permis d’obtenir une telle décision.
En effet, cette décision, revêtue du sceau de la présomption de régularité de la procédure
suivie pour son établissement, reste un acte administratif déférable devant le juge
administratif, chaque fois qu’une règle de procédure n’a pas été respectée. Or, les règles de
procédures étant d’ordre public, leur non-respect est une violation manifeste de la loi pouvant
être soulevée à tout moment. Le contentieux des décisions d’attribution de parcelle relève par
conséquent des juridictions administratives même si la contestation est soulevée au cours de la
phase d’immatriculation de la parcelle, conformément à l’article 40 du décret n°
257/PR/MECIT sus-étudié. C’est dire que la phase judicaire de la procédure n’exclut pas la
nature administrative de l’acte de cession en toute propriété.
Notons que lors de la phase d’immatriculation les oppositions reçues par le juge
judiciaire ne doivent porter sur l’existence ou l’étendu d’un droit réel soulevé à la suite de
l’opération de publicité. Tel est l’esprit des dispositions de l’article 44 de l’ordonnance
n°5/2012. Cependant, lorsque les contestations portent sur l’acte administratif d’attribution de
la parcelle, il ne s’agit nullement d’opposition à la demande d’immatriculation mais de
contestation sur la régularité juridique d’un acte de l’administration créant des droits au profit
d’un tiers. L’annulation d’un tel acte ne peut se faire que soit par la voie du recours pour
excès de pouvoir (vice de forme, violation de la loi), soit par la voie du recours en déclaration
d’inexistence juridique. Lesquels recours ne sont envisageable que devant le juge
administratif.
Notons qu’à cause de l’imprécision ou silence des textes existant, certains praticiens du
droit semblent cependant, et à tort, entretenir une confusion sur le sens des dispositions des
articles 40 et suivants de l’ordonnance susmentionnée, en donnant une interprétation
extensive de la compétence dévolue aux juridictions judiciaires.
Il sied de faire appliquer les dispositions des textes organiques en vigueur, étudiés dans
la première partie de notre mémoire, qui prévoit l’existence au niveau locale d’organes de
gestion du foncier.
Il s’agit donc de mettre en place les représentations locales de l’ANUTTC (A) et les
conservations foncières provinciales (B).
49
Il s’agit des cadres territoriaux prévu par la loi n°14/96 du 15 avril 1996 portant réorganisation territoriale de
la République gabonaise, notamment la province et le département.
50
L’allusion est faite ici aux différents organes administratifs comme juridictionnels intervenant dans la
procédure d’acquisition foncière.
navettes, inutiles, entre les directions provinciales de l’urbanisme et du cadastre et l’agence
centrale de Libreville.
De manière pratique, ladite phase débuterait alors par une demande soit d’attribution ou
de régularisation auprès des services départementaux de la représentation provinciale de
l’ANUTTC. Lesquels, après études du dossier, devrons procéder aux différentes
investigations techniques (enquêtes foncières, état des lieux, etc.) et transférer le dossier à la
représentation provinciale. Cette dernière devra recevoir les différentes oppositions,
transmises le cas échéant à la juridiction compétente. Le reste de la procédure se déroulant
conformément aux textes en vigueur en la matière51.
Mais la nécessaire effectivité des organes de gestion foncières locales passe aussi par la
mise ne place des conservations foncières provinciales.
Cet ensemble d’innovations ne saurait se faire qu’en dotant les organes de gestion du
foncier de l’Etat de moyens suffisant de fonctionnement.
Pour ce qui est du recrutement, les différents organismes de gestion du foncier de l’Etat
doivent recruter des personnes ayant des profils adaptés à la nature des missions et de
l’activité qu’ils exercent. Il conviendrait donc de ne recruter que des personnels dont le profil
ou les compétences permettraient de réaliser de façon directe les missions de l’organisme de
gestion.
52
Cf. Décret n°862/PR/MFPRA du 25 juillet 1970 règlementant les avantages de carrière attachés aux stages
professionnels effectués par les fonctionnaires et agents auxiliaires de l’Etat.
Le bon fonctionnement des organes de gestion du foncier de l’Etat nécessite des
moyens techniques et financiers suffisants. Or, comme nous l’avons souligné, ces moyens
font défaut.
Au plan purement technique, les agents doivent être dotés de boussoles, GPS, et autres
appareils utiles à l’accomplissement des opérations de topographie et de cadastre.
De même, au plan juridique, des textes d’application doivent être pris pour l’application
des lois et règlement en la matière. Tout comme les imprécisions des dispositions des articles
27,30 et suivants, 40,43 et surtout 44 de l’ordonnance n°5/2012 du 13 février 2012 sus-
mentionnée doivent être corrigées.
Enfin, pour ce qui est des pratiques de corruption observées, notons qu’il conviendrait
de mettre en application la batterie de sanctions (disciplinaire, civile et pénale) qui existe en la
matière. Il faut impérativement sanctionner les agents publics véreux qui se servent de leur
fonction comme moyen d’extorsion des fonds aux usagers du service public.
Cependant, les perspectives d’améliorations des limites à l’actuelle procédure
d’acquisition foncière ne sauraient se réduire à la seule provincialisation de ladite procédure.
Il conviendrait aussi d’envisager des compagnes de sensibilisation multiple sur la
règlementation foncière au Gabon et, de penser à un allègement des coûts actuels de la
procédure d’obtention d’un titre foncier pour les personnes physiques.
De même, pour faciliter l’accès à la propriété foncière aux personnes physiques et tenir
compte des différentes couches sociales, il importe que le gouvernement allège les coûts de la
procédure d’acquisition foncière actuellement en vigueur (paragraphe 2).
Ainsi, afin de décourager la pratique des cessions informelles constatée, des campagnes
de sensibilisation doivent s’effectuer tant en milieu urbain (A) que rural (B).
A- En milieu urbain
Notons que les moyens ou supports de sensibilisation devront être différent selon que la
sensibilisation concerne les autorités administratives ou les populations. Pour ces dernières,
l’agence devrait utiliser des moyens de communication audiovisuelles tels que des émissions
télé et radio, des affiches sur des panneaux publicitaires, des publications dans des journaux et
la distribution de prospectus dans la ville. Tout comme à l’ère du numérique, elle pourrait se
servir des canaux des réseaux sociaux. La création des sites web, régulièrement mis à jour,
des administrations intervenant dans la procédure d’attribution des parcelles de l’Etat et
d’obtention des titres fonciers pourrait être un atout considérable dans l’œuvre de
sensibilisation projetée.
Mais des actions de sensibilisation sont aussi nécessaires pour les populations vivant en
milieu rural car l’ANUTTC doit adopter une politique d’information proche des usagers.
B- En milieu rural
La sensibilisation en milieu rural devra se poursuivre sous le même angle qu’en milieu
urbain, cependant les moyens de sensibilisation utilisés devraient être quelque peu différents.
En effet, l’agence devrait procéder à une sensibilisation à deux niveaux :
En ce qui concerne les populations locales, nous pensons qu’en plus des caravanes de
sensibilisation, des journées d’échanges ou de dialogue devront être mis en place afin
d’amener les populations à changer de comportement.
53
Ces actions de sensibilisation permettront de garantir l’idée selon laquelle l’Etat est seul propriétaire des
terres et lui seul à le pouvoir d’organiser les cessions par le canal de ses administrations.
Paragraphe 2 : L’allègement des coûts actuels de la procédure
d’acquisition foncière
Dans la mesure où toute procédure engagée pour l’attribution d’une parcelle et/ou
l’immatriculation engendre nécessairement des frais à la charge du demandeur conformément
à la règlementation.
Or, la réticence des populations à engager les procédures formelles se justifie par le
caractère excessif des coûts actuels. D’où l’intérêt d’envisager une réforme d’allègement aussi
bien pour l’obtention de la décision portant attribution (A) que pour la délivrance du titre
foncier (B) de la parcelle.
Pour ce qui est de la phase administrative qui se solde par l’obtention de la décision
portant attribution d’une parcelle, le barème des prix applicables pour toutes les prestations
effectuées par ou pour le compte de l’ANUTTC54 est règlementé par la décision
n°0003/ANUTTC/DG pour toutes procédures d’attribution comme de régularisation. C’est
ainsi que :
Pour ce qui est des prestations relatives aux consultations des archives cadastrales, la
personne physique doit dépenser pour la copie d’un document A 4 (1000 FCFA), d’un
document A 3 (1500 FCFA) et d’un extrait de plan (2000FCFA).
L’examen des coûts sus-mentionnés ressort qu’en moyenne la personne physique est
amené à dépenser plus de deux million de francs CFA pour l’accomplissement des seules
opérations de la phase administrative de la procédure légale d’attribution d’un terrain.
Montant qui n’intègre d’ailleurs même pas le prix de la cession, fixé après les opérations
préparatoires à la décision d’attribution de l’agence. D’où, les populations estiment que les
coûts actuels sont trop élevés. Ce qui découragent ces dernières à se rapprocher de l’agence en
vue de solliciter une régularisation ou attribution de parcelle.
C’est pourquoi, il nous semble cohérent, si l’on veut lutter contre le phénomène de
l’occupation anarchique des sols et sans titre de propriété, de réduire de moitié par exemple
les coûts actuellement applicables, qualifiés d’excessifs. La meilleure gestion actuelle du
foncier de l’Etat est à ce prix.
56
Selon les textes en vigueur, il existe quatre classes de terrains : première classe (100 francs, le point),
deuxième classe (75 francs, le point), troisième classe (50 francs, le point), quatrième classe (40 francs, le
point).
En ce qui concerne la phase d’immatriculation se soldant par la délivrance du titre
foncier, la tarification des différentes prestations effectuées par les conservations foncières est
fixée par l’arrêté n°17/PR du 1er février 2001 modifiant l’arrêté du 18 mai 1931 fixant le tarif
des droits et frais en matière d’immatriculation, de transcription et d’inscription foncière.
Dans la mesure où les frais actuels de la procédure limitent l’obtention du titre foncier à
certaines classes de personnes, le gouvernement devrait fixer des montants raisonnables,
tenant compte du coût de vie du gabonais moyen et de notre réalité sociologique. La réforme à
envisager doit avoir pour but de permettre au paysan de disposer d’un titre foncier.
57
L’expression « droits » désignant certains impôts indirects tel que droits de timbre ou droits
d’enregistrement.
Alors que l’expression « frais » désigne l’ensemble des dépenses occasionnées pour l’accomplissement d’une
formalité administrative.
58
Le document étant remis sous forme de brochure.
CONCLUSION GENERALE
Dans ce travail, nous avons essayé de montrer comment se présente le régime et les
insuffisances de la procédure légale d’acquisition d’un titre foncier par les personnes
physiques en République gabonaise.
Notre thématique nous a permis de mettre en exergue dans une première partie, d’une
part, les différents organes administratifs et juridictionnels qui interviennent dans la procédure
d’attribution d’un terrain. De même, ont été étudié les deux formes de procédures
d’attribution et de régularisation foncière qui existent dans notre système foncier.
D’autre part, les phases administrative et judiciaire de cette procédure nous ont permis
de voir comment sont instruites les demandes d’attribution et d’immatriculation d’une
parcelle ; qui se soldent respectivement par l’obtention d’une décision portant cession en toute
propriété et par la délivrance d’un titre foncier. C’est seulement et uniquement après avoir
obtenu le titre foncier qu’une personne physique peut se considérer propriétaire au Gabon.
La seconde partie de notre travail, quant à elle, visait à faire ressortir les limites de la
procédure légale d’attribution en vigueur. Celles-ci sont liées à la forte centralisation des
administrations en charge de la gestion du foncier de l’Etat, et aux multiples difficultés de
fonctionnement que connaissent lesdites administrations, notamment en matière de moyens
technique, infrastructurel et en ressources humaines.
Toute chose qui nous a conduit à proposer des perspectives de solutions en préconisant
d’une part, de déconcentrer l’exercice de la procédure d’acquisition foncière au moyen d’une
« provincialisation » de celle-ci. D’autre part, l’instauration des campagnes de sensibilisation
et l’allègement des coûts de prestations des différentes opérations de la procédure menée.
Il serait prétentieux de notre part d'affirmer que ce travail suffit pour résoudre
efficacement tous les problèmes fonciers rencontrés dans la procédure d’acquisition
foncière60. C'est pourquoi, nous proposons que d'autres axes de recherche soient étudiés afin
d'approfondir le présent travail.
59
En effet, l’aménagement du territoire portant sur la disposition spatiale des hommes et des activités, il
conjugue le développement économique, habitat, transports et communications.
60
En effet, au terme de nos recherches, nous pouvons conclure que la terre, autrefois bien collectif, sacré et
inaliénable, entre de plus en plus dans le système de l'économie capitaliste où elle est considérée comme une
marchandise. Du coup, elle devient le point de mire de toutes les convoitises surtout en milieu urbain, centre
d'intérêts de plusieurs acteurs.
TABLE DE MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
CONCLUSION GENERALE
ANNEXES
ANNEXE 1 : Procès-verbal de reconnaissance
Annexe 2 : Plan de situation
Annexe 3 : Plan de délimitation
Annexe 4 : Avis d’affichage
Annexe 5 : Certificat d’affichage sans opposition
Annexe 6 : Plan de bornage
Annexe 7 : Décret portant à titre provisoire et onéreux d’un terrain
Annexe 8 : Décret attribuant définitivement un terrain
Annexe 9 : Décision portant cession en toute propriété d’un terrain
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
I- TEXTES JURIDIQUES
II- OUVRAGES
- LIZ Alden Willy, Les droits fonciers au Gabon : faire face au passé et au
présent, édition FERN, avril 2012 ;
- TIENTCHEU NJIAKO André, Droits fonciers urbains du Cameroun, PUA,
Yaoundé 2003, p 59 ;
- MANDESSI BELL (E), Le droit foncier au Cameroun. Aspects théoriques et
pratiques, ouvrages dactylographié Tome I, p 24.
- GASSE Victor, Droit foncier outre-mer et son évolution depuis
l’indépendance, th. dacty tome I Université d’Aix-Marseille, 1968 p37 ;
- R. CHAPUS, Droit administratif général, Tome 1, 16ème édition, Collection
DOMAT, Montchrestien, Paris 2001, 982 pages ;
- GUINCHARD (Serge) et DEBARD (Thierry), Lexique des termes juridiques
2012, 19ème éd. Paris, Dalloz, Avril 2011.
a- Articles
- Christian Aimé NKOGHE, « L’accès à la propriété foncière : procédure et
contentieux », hebdo informations, n°637, 31 octobre-15 novembre 2015 ;
- Philippe CHANDEZON, « La terre au Gabon : règlementations et procédures »
in Africonstruct, Yaoundé, atelier n°6, 1er février 2007, www.africonstruct.org ;
- Joseph COMBY, « Quel cadastre, pourquoi faire ? : cas du Gabon », mars
1995, www.comby-foncier.com;
b- Cours
- Ulric Arnol NZOUNDOU, Cours de droit foncier, licence 3, UAS, 2015-2016 ;
- Sylvain Serge IKAPITTE, Cours de contentieux domanial, filière administrative,
Ecole Nationale de la Magistrature, 2015-2017.
c- Mémoires
- Simplice GOUAMBE, « La procédure d’immatriculation des terrains en droit
camerounais selon le décret n°2005/481 du 16 décembre 2005 modifiant et
complétant certaines dispositions du décret N°76/165 du 25 avril 1976 fixant les
conditions d'obtention du titre foncier », Université de Yaoundé II-SOA, DEA
droit privé, 2006
- Jackson MUMBERE KINANGA, « L’application de la loi dite foncière dans la
résolution des conflits fonciers en territoire Lubero en RDC », Université
officielle de RUWENZORI, Graduat en droit privé, 2012.