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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

FACULTE DE DROIT

COURS D’ETHIQUE ET DEONTOLOGIE DES AVOCATS

Destiné aux étudiants de deuxième licence (tous).

Par NKUMISONGO ROBERT

Professeur Associé

Année Académique 2023- 2024.


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INTRODUCTION
Le manque d’intégrité dans le secteur de la justice, réel ou perçu, sape considérablement la
confiance en l’état de droit.

Dans le langage courant, éthique, morale et déontologie sont à peu près synonymes. La morale
s'entend comme l'ensemble des normes propres à un individu, un groupe social (jusqu'au peuple ou à la
nation) à un moment précis de leur histoire. C'est aussi l'ensemble des devoirs au service du Bien. Par
ailleurs, on emploie aujourd'hui le terme d'éthique dans le sens de réflexion théorique portant sur la valeur
des pratiques.

Le dictionnaire Robert définit notamment, l’éthique comme étant : « Ensemble des valeurs, des
règles morales propres à un milieu, une culture, un groupe ». L’éthique professionnelle : c’est l’Ensemble
de principes et valeurs morales permettant de juger un acte (ou son absence) comme acceptable ou non,
dans le cadre des activités professionnelles. Il aide à prévenir des comportements « mauvais » pour la
profession ou l'entité et éventuellement les condamner. Exemple : l’abus de pouvoir, la divulgation
de secrets, le harcèlement…

La déontologie, par contre, du grec deon "devoir", et qui nous vient via l'anglais deontology, est tout
d'abord le nom, en philosophie morale, de la "théorie des devoirs". Dans un sens moins technique, et plus
répandu aujourd'hui, elle désigne l'ensemble de devoirs qu'impose à des professionnels l'exercice de leur
métier.

Il existe une panoplie de professions juridiques :

- La magistrature ;
- La diplomatie ;
- Le conseil juridique ;
- Cabinets ministériels ;
- La profession d’avocats,
- Huissier ;
- Assistants juridiques ;
- Officier de police judiciaire ;
- Secrétaire de parquet ;
- Fonctionnaire dans les administrations publiques ;
- Assistant social ;
- Défenseur des droits de l’homme ;
- Défenseur des droits de l’environnement ;
- Enquêteur ;
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- Assistants aux ressources humaines ;


- Greffier ;
- Assistant chargé des questions humanitaire ;
- Agent au développement ;
- Activiste des droits humains.
- Etc…

Pendant toute sa vie, l’avocat est tenu d’avoir une vue d’ensemble sur l’éthique, qui
est un ensemble des règles de conduite, de comportement voulus dans la profession d’avocats.
L’éthique se ramène à une nombreuse législation, règlement intérieur et coutumes
universellement admis. On étudie les dispositions légales en la matière, le règlement intérieur des
barreaux ainsi que les us et coutumes dans ce domaine.

L’exemple des Douze (12) Règles de Saint Alphonse nous inspirent pour la conduite
d’un bon avocat et résument l’essentiel de l’attitude que doit avoir celui-ci dans l’exercice de sa
profession. En effet, au début de 18è S, brillant avocat, Alphonse MARIE DE LIGUORI,
préoccupé par la ruse et les mensonges avec lesquelles agissaient ses confrères, et avant de
renoncer à sa carrière et d’être ordonné prêtre, il écrivit une liste de principes éthiques qui valent
encore aujourd’hui :

1. N’accepter jamais de cause injuste ; Une cause injuste est aussi funeste à l’honneur qu’à la
conscience. Ex. une expropriation pour ses intérêts personnels ;

2. Ne pas défendre une cause par des moyens illicites ;

Ex. voler des pièces dans un dossier.

3. Ne pas accabler le client de dépenses superflues ; autrement l’avocat est tenu à la restitution ;

4. L’Avocat doit défendre la cause de son client avec tout le soin qu’il mettrait à défendre la
sienne propre, mais ne pas y mettre la passion ;

5. Il faut bien étudier les pièces d’un procès, afin d’en tirer les arguments qui peuvent rendre plus
efficace la défense de la cause ;

6. La négligence et les retards de l’avocat sont souvent préjudiciables aux clients ; il doit les
dédommager de ces pertes, autrement, il pèche contre la justice ;
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7. Dans la défense de sa cause, l’avocat doit implorer le secours pour réussir dans sa défense ;
Dieu n’est-il pas le premier protecteur de la justice ?

8. Un avocat se déshonore, en acceptant des affaires supérieures à ses talents, ou s’il prévoit
qu’il n’aura pas le temps de préparer sa défense ;

9. Justice et probité sont les deux compagnes obligées de l’avocat, il doit les garder comme la
prunelle de ses yeux ;

10. Un avocat qui perd une cause par sa négligence encourt l’obligation de réparer tous les
dommages subis par son client ;

11. Dans la défense d’une cause, il faut être véridique, sincère, respectueux et raisonnable.

12. Les qualités requises chez un avocat sont : - La science - La diligence - La vérité - La fidélité
et - La justice.

OBJECTIFS DU COURS
La moralisation de la profession d’avocats. Cette moralisation de l’avocat se justifie
par la noblesse de la profession qu’il exerce, une profession de l’élite, initiatique.

Ce cours de déontologie de l’Avocat est destiné aux étudiants de deuxième licence


en droit. Mais, il importe avant tout de définir qui est l’avocat. D’après WOOG Jean Claude : «
l’imagerie populaire ignore le plus souvent les visages multiples de l’avocat :

- Pour tous, c’est celui qui incarne la défense, symbolise la liberté, représente un
contrepouvoir, affirmé par son courage et son indépendance ; le courage est compté
parmi les quatre vertus cardinales avec, la justice, la prudence et la tempérance. Et sans le
courage on ne peut s’engager dans un métier comme celui d’avocat qui s’exerce dans la
contradiction et dans l’affrontement en audience publique. Ainsi, être avocat ne va donc
pas sans le courage ;
- Pour certains, c’est le conseiller, le confident, parfois l’ami, qui secourt et qui oriente,
certes en prenant position, mais sans jamais accepter d’être le complice par indélicatesse
(malhonnêteté);
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- Pour d’autres, c’est le technicien de la procédure et le détenteur des tactiques savantes qui
conduisent au déroulement efficace du procès et à l’exécution rapide du jugement ;
- L’Avocat est aussi le rédacteur des actes juridiques qui organisent les rapports entre les
particuliers ou les relations commerciales entre les entreprises, à l’intérieur du pays
comme au-delà des frontières ». On peut aussi définir l’avocat comme celui qui a la
passion de la connaissance des lois et du respect de la justice, afin de servir la défense des
individus et de garantir toutes les libertés nécessaires. Enfin, on peut se souvenir que «
depuis DEMOSTHENES qui entraînait irrésistiblement les athéniens par les chaines
d’acier de ses discours, jusqu’au plus humble avocat qui présente à la barre la défense de
son client, l’avocat est celui qui parle au tribunal ; on n’a jamais connu dans l’histoire,
des muets qui aient prétendu au titre d’avocat ».

L’Avocat ainsi définit est un pilier de la société dont l’apport est nécessaire
pour la régulation des rapports sociaux. Au Congo, la profession a pour ancêtre le corps de
MANDATAIRES AD LITEM, qui fut institué par ordonnance du 5 décembre 1892 par le
Gouverneur Général, sous l’Etat Indépendant du Congo. Ces mandataires ad litem sont des
personnes chargées d’introduire et de soutenir en leurs noms des actions civiles ou
commerciales devant les tribunaux.

La présence d’un avocat solitaire n’est signalée, d’après le témoignage de


Maître Yves de WINNE, qu’en 1910 à Elisabethville, dans la foulée du mouvement de
l’annexion du Congo à la Belgique, suite à l’adoption de la Charte coloniale du 18 octobre
1908.

Sous la colonisation, au cours des années 1930 fut institué par Décret colonial
du 7/11/1930 un Barreau destiné, essentiellement aux européens et autres étrangers vivant
dans la colonie et dans les contrées environnantes du Congo-belge et Rwanda Urundi. (d’où
la présence des antillais au Barreau de la Gombe).

Sous l’empire de cette ordonnance coloniale, plus tard après l’indépendance


du Congo, une poignée de congolais eurent prêté serment d’avocat. Le premier d’entre eux
devint avocat le 03 sept. 1963, il s’agit de Maître Vital MBUNGU BAYANAMA, record
aujourd’hui de longévité professionnelle, soit 54 ans d’exercice effectif de la profession
d’avocat.
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Par soucis de rompre avec les vestiges de la colonisation, le Barreau a été


créé par Ordonnance-loi n°68/247 du 10 juillet 1968. D’où l’origine de la date du 10 juillet
de chaque année retenue pour célébrer la journée du Barreau. Cette ordonnance-loi est venue
consacrer le monopole de l’assistance et de la représentation en justice par les avocats seuls.
Plus tard, le Barreau fut réorganisé par Ordonnance-loi n°79-028 du 28 septembre 1979
portant organisation du Barreau, du corps des défenseurs judiciaires et du corps des
mandataires de l’Etat. Cette ordonnance-loi est encore en vigueur. L’ensemble de règles de
déontologie objet de ce cours sont définies par cette dite ordonnance-loi qui traite de :

- Dispositions générales sur la profession d’avocat ;


- Accès à la profession d’avocat ;
- Organisation et administration des Barreaux ;
- Exercice de la profession d’avocat près chaque cour d’Appel ;
- Discipline de la profession d’Avocat ;
- Avocat à la Cour Suprême de Justice ;
- Ordre National des Avocats (ONA).

Pour ce faire et pour des raisons méthodologiques, ce cours comporte quatre chapitres suivants :

 Chapitre premier : Définition de l’avocat et de sa fonction sociale


 Chapitre deuxième : Les organes de l’ordre et leurs fonctions
 Chapitre troisième : Les droits, devoirs et incompatibilités des avocats
 Chapitre quatrième : De la discipline

CHAPITRE PREMIER : DE L’AVOCAT ET DE SA FONCTION


SOCIALE.
I. Définition de l’avocat : art.1 à 6 de l’OL de 1979

Critères pour retrouver l’avocat : L’avocat est une personnalité complexe à saisir. Sa définition
serait donc incomplète. Lire l’ordonnance-loi organique du 08 septembre 1979 portant
organisation du barreau (article 1 à 6). D’où une définition systématique de l’avocat serait
incomplète et même dangereuse scientifiquement.
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 L’article premier de la loi organique sur les barreaux dispose : les avocats sont des
auxiliaires de justice : ils assistent, représentent, postulent, concluent devant les
juridictions. Leur mission consiste aussi à consulter, concilier, conseiller.

Auxiliaires de justice, quid ?

Cette qualité est double : 1. Au prétoire

2. En dehors du prétoire

1. Devant les juridictions (PRETOIRE), cette qualité se manifeste par :

- Assister les parties ;

- Représenter les parties ;

- Postuler (faire des démarches pour obtenir quelque chose) ;

- Conclure ;

- Plaider.

2. En dehors du prétoire, son activité consiste à :

- Consulter les parties ;

- Concilier les parties ;

- Rédiger les actes sous seing privé ;

- Représenter les parties devant les autorités politico-administratives, l’inspection du travail ;

- Assister les parties.

Il est à noter que l’auxiliaire de justice est toute personne qui apporterait son aide à la
distribution de la justice : interprète, expert, OPJ, traducteur, commis exécutant. L’avocat est-il
dans ce genre ? Non. De nos jours, les juristes considèrent que l’avocat est sur le plan juridique
le troisième pilier de la distribution de la justice (OPI). L’activité de l’avocat permet, grâce à la
contradiction, à la juridiction de dire le droit selon la justice.

Quid de l’avocat robot ?


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 L’article 2 de la loi précitée dispose :

La profession d’avocat est libérale et indépendante. Les avocats se soumettent aux lois et
règlements de la déontologie de leur profession.

L’avocat est indépendant et libéral :

Ce n’est pas une permissivité dans les mœurs de l’avocat. L’indépendance et sa libéralité ne
disent pas qu’il est licencieux. C’est plutôt une garantie supplémentaire pour l’efficacité du
travail de l’avocat. Par ces qualités (indépendance et liberté), l’avocat transcende les passions et
affronte les litiges en toute objectivité. Pour organiser son travail, il ne dépend pas d’une
pression extérieure. Il le fait en âme et conscience.

 L’article 3 de l’O-L ajoute :

Nul ne peut porter le titre d’avocat ni exercer la profession s’il n’est inscrit sur le
tableau ou à la liste de stage. Cela veut dire que l’exercice de la profession d’avocat est
conditionné à l’apparition sur le tableau de l’ordre ou la liste de stage.

Dans son discours à l’occasion de la rentrée judiciaire de 2001-2002, le bâtonnier


Mathias MBUYI TSHIMBADI souligne le fait que tout Etat moderne a pour attribut la
souveraineté : celle-ci consiste à assurer la santé, l’éducation, la justice, qui sont insusceptibles
de perception visible, tangible, matérielle. La ratio legis, c’est pour permettre à l’Etat de vérifier
en toutes circonstances la qualité des personnes mises à la disposition des citoyens pour la
défense de leurs intérêts, et cela à tout moment. Les particuliers, l’Etat et quiconque a intérêt
peut vérifier cette appartenance. L’Etat, dans sa souveraineté, attribue la fonction de défendre les
intérêts des autres, à l’avocat (et aussi au défenseur judiciaire).

- On poursuit pour exercice illégal de la profession d’avocat tout celui qui, sans titre se
ferait passer pour avocat. Ces personnes répertoriées sont qualifiées par l’Etat et la loi à
défendre les intérêts des citoyens.

N’y a-t-il pas double emploi entre tableau de l’ordre et liste de stage ? l’admission au tableau de
l’ordre est subordonnée à l’émergence à une liste qui prépare à l’admission sus citée.

- Les avocats font partis des barreaux près la Cour d’appel ou près la Cour de cassation,
après éclatement de la Cour suprême de justice en juridictions de trois ordres (judiciaire,
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administratif et constitutionnel). L’appartenance à la liste de stage est le corollaire à celle


à un tableau de l’ordre.

Le barreau près la Cour de cassation est autrement organisé. Un barreau est près une
Cour d’appel et non un barreau de la province.

Article 5 prévoit :

Les avocats peuvent plaider et conclure en toute matière et devant toutes les
juridictions, sauf les cas exceptionnels des lois particulières et de la Cour de cassation. C’est le
monopole de la plaidoirie reconnue aux avocats. Cet article se lie avec l’article 6 qui dispose:
sans préjudice des dispositions relatives aux défenseurs judiciaires et aux mandataires de l’Etat,
nul ne peut faire ce que l’avocat doit faire.

Exceptions

- Devant les TGI, les avocats sont en concours avec les défenseurs judiciaires, les
mandataires de l’Etat et les mandataires pourvus de procurations spéciales ;
- Ils ne plaident pas devant la Cour de cassation s’ils n’y sont pas inscrits.

Selon l’Article 14 du code de procédure civile : les mandataires bénéficiaires de la procuration


spéciale sont :

- L’époux ou l’épouse ;
- Les coassociés ;
- Les curateurs.

Mais l’article 14 a-t-il été abrogé par l’article 5 précité ?

Article 6 : Nul ne peut, s’il n’est avocat…Article 14 al. 2 CPC :

- Les fondés de pouvoir sont-ils encore recevables ?


- L’inspecteur du travail saisit le juge après mise en demeure

Le monopole doit être relativisé.


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II. Les deux fonctions sociales de l’avocat :

A. LA FONCTION DE CONSULTATION

L’avocat fera preuve d’un savoir juridique exemplaire. C’est le gage de l’excellence
de sa formation universitaire. Il doit donner des avis appropriés (juridiques) chaque fois qu’il est
requis. Il évitera de verser dans l’erreur et la fantaisie. C’est le nœud gardien de la profession.
Pas d’artisanat ou d’alchimie juridique.

Principes à pratiquer :

1. Rejeter toute référence à des souvenirs épars ou à des rumeurs sur le dossier lui soumis. Il
faut cultiver le sens de l’objectivité et le recours aux textes de lois ;
2. Rejeter le complexe de l’omniscient. Il n’est pas surprenant. Il recommande à un confrère
plus aguerri si les questions de droit sous examen sont d’une technicité qui le dépasse. Il
devra au besoin, solliciter du client des recherches plus approfondies en vue de donner un
avis écrit (qui coute plus cher que l’oral) avec référence de la doctrine et de la
jurisprudence.
3. Il ne doit jamais hésiter à dire à son client qu’il n’a pas raison et qu’il a tort. Il ne dira pas
au client ce que celui-ci veut entendre. Il doit, en toute circonstance, être honnête
moralement, scientifiquement et professionnellement.
B. LA CONCILIATION DES LITIGES

La règle : Mieux vaut un mauvais arrangement qu’un bon procès. L’avocat ne doit pas abuser de
l’adversaire de son client, lorsque ce dernier n’a pas de conseil. Cette règle implique que l’avocat
est tenu de concéder suffisamment de temps à la partie adverse pour se constituer un avocat. La
conciliation lui permet de se constituer conseil. La justice ne régule pas la société de nos jours ;
elle est une source de conflits : le règlement est donc souhaité, car on est à l’abri des tracasseries.
C’est de l’équité et de la transparence.

NB. Il y a lieu de noter que le règlement amiable à des avantages :


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1. On gagne du temps : le renvoi des causes pour motifs justes (pas d’avocat, moyens de
défense non réunis, temps…) Article 27 : un mois
2. Il faut au minimum 6 mois pour obtenir un jugement en matière civile. Dans la
conciliation, on se fait des concessions successives en renonçant tous à une partie de ses
droits de façon à solutionner le litige. La transaction a autorité de la chose jugée. Les
cours et tribunaux allongent le temps pour prononcer les jugements.
3. La conciliation permet de mettre les parties au litige à l’abri des tracasseries financières,
psychologiques et judiciaires. Les parties ont moins de stress dus aux renvois et méandres
du Palais de justice. Les honoraires, provisions, frais de justice sont moindres à cause de
la durée écourtée de la solution : diminution des frais à exposer.

La conciliation, par le biais de l’avocat (avec ses avantages) prend de plus en plus de
l’importance au point de supplanter et d’être à toute solution juridictionnelle du litige.

LES CONDITIONS D’ADMISSIONS A L’EXERCICE DE LA PROFESSION

D’AVOCAT

Article 7 : Nul ne peut accéder à la profession d’avocat ni en exercer les prérogatives, s’il ne
remplit pas les conditions suivantes :

- Etre congolais. Toutefois, l’étranger y accède, sous la condition de la réciprocité ou selon


les conventions internationales. D’où il faut la nationalité congolaise. Or la loi congolaise
sur la nationalité est fluide.
- Etre titulaire d’une licence ou d’un doctorant en droit délivré par l’Université congolaise
(anciennement l’UNAZA, l’ENDA) ou d’un diplôme équivalent d’une université
étrangère qui enseigne le droit congolais.

En 2000, le Conseil national de l’ordre a pris une décision de principe rendant


obligatoire l’admission au barreau moyennant un test pour ceux qui viennent des universités non
agréées, L’admission à la profession est facultative pour les étudiants venant des universités
publiques de la RDC. Il sied de noter que le barreau est le dernier rempart pour la sauvegarde des
droits de l’homme. La connaissance du droit congolais est fondamentale dans l’accès à la
profession d’avocat. Aujourd’hui, il faut satisfaire à un test.
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Commentaires

La profession d’avocat gère même les détenteurs du pouvoir. Il va de soi que cela pose problème.

Pour la mise en état d’une affaire au civil, cela se fait par la communication des pièces par des
avocats ou par le greffe si l’une des parties n’a pas d’avocat et la rédaction des moyens
communiqués ou échangés se fait en français. Or beaucoup de candidats n’ont plus de niveau
requis. D’où l’instauration du test d’admission au barreau qui pose le problème
d’inconstitutionnalité longtemps débattu au CNO avant de rendre cette décision favorable
aujourd’hui.

- N’avoir pas été condamné pour des actes contraires à l’honneur, à la probité, aux bonnes
mœurs, à moins d’une amnistie ou d’une réhabilitation
- N’avoir pas été auteur des faits de même nature que ceux prévus ci-dessus ayant donné
lieu à une action disciplinaire sanctionnée ou à une décision, administrative de
destitution, radiation ou révocation sauf autorisation expresse du procureur général près
de la Cour de cassation.

Articles 8 et 9 : obligation de stage de formation à la pratique professionnelle : 2 ans. Suivre le


stage de professionnalisation. Mais dispense de stage par la loi :

- Des professeurs d’université ayant trois ans de prestation ;


- Des magistrats ayants trois ans de prestation ;
- Des défenseurs judiciaires ayant 5ans de prestation.
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CHAPITRE DEUXIEME : LES ORGANES DE L’ORDRE ET LEURS


FONCTIONS
Chaque Cour d’appel a un barreau. Il y avait 12 cours d’appel avant l’avènement de la
Constitution du 18 février 2006, et 27 Cours d’appel actuellement la ville province de Kinshasa
est dotée de deux cours d’appel, la CA de Gombe et celle de Matete. Il y a donc 27 barreaux ; le
28ème celui près la Cours de cassation. Chaque barreau a une personnalité juridique et il est
autonome.

Près de chaque barreau, il y a trois organes :

1.l’Assemblée générale
Il est l’organe suprême. Il comprend tous les avocats inscrits au tableau. Les stagiaires y assistent
sans droit de vote. Elle se réunit en Assemblée ordinaire tous le 2éme mardi du mois d’octobre
(rentrée judiciaire). C’est elle qui élit le bâtonnier et les membres du Conseil de l’ordre pour trois
ans. Elle délibère sur toute question intéressant le fonctionnement de la justice et le
fonctionnement de l’exercice de la profession d’avocats.

2.le conseil de l’ordre :


Après un cap de 100 avocats il y a élection de 15 membres. C’est le gouvernement du barreau. Il
veille à la discipline des avocats, à l’organisation des commissions, au bon fonctionnement et à
la bonne tenue des avocats. Il veille au service de documentation et de recherche des avocats.
C’est la juridiction du premier degré des avocats en disciplinaire.

3.le bâtonnier :
Il représente le couronnement de l’exercice de la profession d’avocat. C’est lui qui représente le
barreau aux yeux des tiers. Il est autorisé par le conseil de l’ordre pour ester en justice au nom du
barreau.

Il est autorisé aussi de poser des actes pour le compte du barreau. Il gère les avocats en pater
familias. Il est chargé de l’administration du barreau au quotidien. Il peut faire des
admonestations paternelles des avocats lorsque les fautes commises ne justifient pas une action
disciplinaire.

Il doit être informé, chaque fois qu’un avocat met en cause ou est consulté pour mettre en cause
une autorité judiciaire, un auxiliaire de justice, fût-ce un autre avocat. Il sera informé, peut
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autoriser même la production en justice des correspondances entre avocats. Car elles sont
empreintes du sceau de la confidentialité. Le bâtonnier concilie les différends entre avocats et
tiers.

A retenir : L’ordre national des avocats est la superstructure qui coiffe les vingt-sept barreaux de
la RDC cet ordre est mêmement structure : Assemblée générale, Conseil de l’ordre national et le
bâtonnier national.

Son assemblée nationale est composée, non pas de tous les avocats de la République, mais des
tous les bâtonniers et des membres des conseils des ordres de chaque barreau en exercice. Elle a
les mêmes fonctions que toute assemblée générale : siéger ordinairement ou extraordinairement,
son conseil de l’ordre ; il a quatre avocats près la cour de cassation et cinq avocats près les cours
d’appel, son bâtonnier est de droit bâtonnier près la cour de cassation .C est le bâtonnier
national

Le conseil national de l’ordre : il a pour mission essentielle de juger les avocats au second
degré en matière disciplinaire. Il peut se saisir d’office en premier et dernier ressort. Il prend des
décisions pour réguler et uniformiser les règles de la profession en RDC et son exercice.
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CHAPITRE III : LES DROITS, DEVOIRS ET INCOMPATIBILITES


DES AVOCATS
La vie professionnelle de l’avocat est émaillée d’un certain nombre des droits reconnus
par les lois, les coutumes et les usages professionnels universellement admis. Cependant, les
devoirs et interdits paraissent tellement nombreux qu’il y a lieu de se demander si, le barreau ne
serait pas, au-delà des apparences, un sacerdoce au sens ecclésiastique du mot.

I. LES DROITS DE L’AVOCAT


Ces droits sont : Le droit est d’appartenir au tableau de l’ordre , Le droit de visite de ses
clients détenus et l’accès au dossier judiciaire, L’assistance à l’assemblée générale des
avocats

1. Le tout premier droit est d’appartenir au tableau de l’ordre

Les avocats portent à l’audience la robe noire avec chausse garnie de fourrure de
léopard et le rabat blanc ; Ils ne peuvent y porter aucun insigne ni bijou marquant leur
appartenance à un Ordre national ou étranger ou à une institution de droit public ou privé. Ils
sont appelés ‘‘MAITRE’’. Ils plaident débout et découvert. Noter que le mot maître est une
formule d’appel et non un titre par lequel on désigne les avocats et les défenseurs judiciaires,
Notaires.

Les articles 3 et 32 de la loi organique sous étude constituent, a n’en point douter, une
prérogative en faveur de l’avocat.

En effet, la lecture conjuguée de ces deux dispositions légales permet de dégager, d’une
part la protection du titre de l’avocat par l’appartenance à un tableau de l’ordre ou à une liste
stage, et d’autre part, l’organisation des cas d’exclusion, d’incompatibilités ou d’admissions. La
protection du titre d’avocat lui confère un privilège sans partage car, les cas échéant, les
poursuites pénales pour exercice illégal de la profession d’avocat sont même prévues par la loi
à l’article 151. Ce droit implique en lui-même de nombreux autres droits liés à l’activité et la
fonction sociale et judiciaire de l’avocat, Il s’agit en l’occurrence du droit de représenter et
d’assister les parties du droit de conclure et plaider du droit rédiger des actes sous seing privé, du
droit de consulter et de concilier les parties. Cette énumération n’est pas exhaustive. Les droits
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ainsi énumérés apparaissent aisément à travers l’étude de rapport entre l’avocat et ses clients,
avec ses confrères et tous les citoyens.

NB : La mission de représenter n’est pas que judiciaire, l’avocat peut le faire devant les autorités
politico-administratives du pays, même devant les membres de la sécurité (ANR).

Commentaires :

La fonction d’avocat est non seulement judiciaire mais aussi extrajudiciaire, c’est ainsi qu’on
retrouve l’avocat aussi devant les autorités de l’ANR défendant son client. L’avocat est
véritablement le troisième pilier de la description de la justice aux cotés de l’OMP, du juge, c’est
en tant que tel que l’avocat doit etre inscrit au tableau de l’ordre ou à la liste de stage qui assure
sa propre protection. Ce qui est protégé par la loi c’est la profession d’avocat et non l’appellation
maitre (car il y a aussi des maitres d’école, karaté …) même un défenseur peut être appelé
maitre. L’appartenance au barreau est dès lors un droit subjectif.

Les avocats plaident debout, a découvert. Jadis ils plaidaient avec un chapeau qui conférait
autorité au 18eme Siècle. Ce chapeau se trouve dans l’habillement à travers son décor actuel.
L’avocat mène une vie de monastère, passe par toutes sortes de pièges où il ne doit tomber sous
peine d’être radier et n’y revenir que dix ans après

Lorsque l’article 19 de la loi sous analyse dit que la procédure judiciaire est caractérisée
par le contradictoire ou la loyauté du combat judiciaire, cela veut dire qu’il ne doit exister aucun
élément du dossier sans que l’avocat de la partie adverse n’en soit informé et ne réplique. Cet
argument se communique par les conclusions auxquelles l’avocat de la partie adverse réplique
par ses propres conclusions. La partie qui n’a pas d’avocat reçoit la communication des moyens
et pièces en passant par le greffe. Et si après avoir comparu la partie défenderesse cesse de
comparaître, la partie demanderesse lance «la sommation à conclure » dans les 15 jours, sinon le
tribunal rend un jugement réputé contradictoire. Mais l’avocat procède plutôt par la « sommation
courtoise » adressée à la partie adverse.

Mais l’avocat est tenu de renvoyer la cause lorsqu’il est établi que la partie adverse a un
conseil avec qui elle a déjà comparu. Il est interdit à l’avocat de requérir le défaut en cas
d’empêchement de l’avocat de la partie adverse. Par ailleurs, si l’avocat est tenu d’aviser le
bâtonnier chaque fois, qu’individuellement, en tant qu’avocat il doit comparaître contre une
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autorité judiciaire, cela ne veut pas dire que le bâtonnier doit autoriser. Sinon ce serait aller à
l’encontre des droits de l’homme de l’avocat. Le bâtonnier a simplement le droit d’être informé.
Et si les avocats ont le devoir de se connaître c’est aussi pour préserver la confraternité. L’avocat
de la partie défenderesse doit se manifester à celui de la partie demanderesse par écrit.

En plus, l’avocat n’est nullement un plaideur sur une seule commune ; il est plutôt
national et même universel. C’est pourquoi il doit bien se comporter partout. En ce sens, il est
fait obligation à un avocat en déplacement de rencontrer impérativement le président du tribunal
du lieu avant toute chose, à titre de courtoisie, puis voir le procureur de la République, et
finalement l’avocat de la partie adverse. Par courtoisie. Il doit être en toge, et le faire même à
l’étranger pour prévenir quelque chose de mauvais.

L’avocat a aussi le devoir de consulter dans son cabinet. Une consultation est payante, il
faut savoir qui va percevoir l’argent (fonction sociale de la consultation de l’avocat).

Il y a des exceptions : c’est le cas par exemple d’un dossier concernant le DG de la


Gécamines, pour lequel l’avocat se rendra à son bureau, muni de son dossier. La facture à payer
est fonction de l’ouverture du dossier.

A la fin de la procédure, l’avocat est tenu de restituer à son client toutes les pièces qu’il
détiendrait ainsi que les sommes, sous réserve d’exercer son droit de rétention, c’est-à-dire en
attendant d’etre lui-même désintéressé. L’avocat a aussi le devoir de mener les affaires que le
client lui a confiées avec célérité, diligence et compétence sinon il engage sa propre
responsabilité. Enfin, l’avocat qui a accepté un dossier, même s’il n’a pas encore été
rémunéré, doit l’assumer jusqu’à son terme. Dans le cas contraire, il doit aviser à temps le client
pour que ce dernier choisisse un autre avocat.

Article 32 : doit être omis du tableau, l’avocat qui se trouve dans un état d’incompatibilités.

2. Le droit de visiter ses clients détenus et d’accéder à leurs dossiers judiciaires


(articles 72 O-L, articles 18 et 19 const.)

L’article 72 vient concrétiser les articles 18 alinéa 3 et article 19 de la constitution du 18 février


2006. Selon l’article 72, les avocats peuvent correspondre avec leurs clients détenus et les voir
sans témoins aux lieux où ils sont incarcérés. L’avocat doit pour cela arranger son langage.
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3. Le droit d’assistance à l’assemblée générale des avocats

La présence d’un avocat à l’assemblée générale n’est pas une obligation, car elle n’infère pas des
sanctions disciplinaires comme faute ; il faut un quorum pour siéger :

- Le défaut étant une faute, un texte qui sanctionne ;


- L’assemblée générale des avocats est un organe très important et chaque avocat pris
individuellement est important. Y participer est un droit, il n’y a pas de délégation. On y
vient individuellement.
- Une loi n’a pas prévu de sanction pour absence. On ne peut pas sanctionner négativement
le non exercice de son droit.

LES DEVOIRS DE L’AVOCAT


Devoirs généraux
Il s’agit notamment :

- Du devoir d’observer scrupuleusement les devoirs que lui imposent les règles, traditions
et usages professionnels envers les magistrats, les confrères, ses clients ;
- Du devoir à l’honneur, à la loyauté, l’indépendance et la délicatesse qui sont pour
l’avocat des devoirs impérieux.

Devoirs spécifiques ou des interdits


- Il est interdit aux avocats de se rendre cessionnaire des droits successoraux ou litigieux.
- De faire entre les parties, en vue d’une rétribution, des conventions aléatoires
subordonnées à l’issue d’un procès : le pacte de QUOTAS LITIS ;
- De n’avancer aucun fait grave contre l’honneur ou la réputation des parties, à moins que
les intérêts de la cause l’exigent ;
- De refuser ou de négliger la défense des prévenus et l’assistance aux parties quand ils
sont désignés ;
- De racoler la clientèle ou de rémunérer un intermédiaire ;
- D’user de tous les moyens publicitaires, sauf ce qui est strictement utile pour
l’information du public ;
- D’accepter d’un intermédiaire la cause d’un tiers, sans se mettre en rapport direct avec
celui-ci ;
- D’accepter de défendre tour à tour des intérêts opposés dans une même cause ;
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- De révéler le secret professionnel ;


- De faire état, à l’audience, d’une pièce non communiquée à l’adversaire ;
- De faire toute démarche, d’avoir toute conduite compromettant leur indépendance et leur
moralité.

LES INCOMPATIBILITES DES AVOCATS


1. Aux termes de l’article 58 de l’O-L organique du barreau, la profession d’avocat est
incompatible avec l’exercice de toute activité de nature à porter atteinte à l’indépendance
ou au caractère libéral de la profession. Il en va ainsi de toute fonction permanente de
l’ordre judiciaire ou administratif rémunérée, c’est-à-dire l’avocat ne peut être OMP,
juge…
2. Tout emploi à gage créant un lien de subordination.
3. Toute espèce de négoce exercé directement ou par personne interposée.

La loi a voulu donner une indication des emplois qu’on ne peut exercer
cumulativement. Quid alors d’un avocat qui est actionnaire ou associé (S.A…) ? Il faut noter
cependant qu’une exception concerne l’enseignant de droit dans une université ou un institut
supérieur. Quid alors d’un avocat qui enseigne le droit commercial au secondaire ? Est-il en
incompatibilité et pourquoi ? Les avocats ministres, dircab, députés, sont-ils concernés par les
incompatibilités ? La réponse est non aussi longtemps que ces avocats paient leurs cotisations et
leurs cabinets comportent des avocats. Sauf que les ministres (même en Belgique et en France)
ne mettent plus la toge pour plaider. L’incompatibilité ici n’est pas automatique. IL faut
examiner au cas par cas.

Le règlement d’ordre intérieur des barreaux, sur cette question rajoute à l’article 50 que tout
avocat qui se propose d’exercer une activité extérieure à celle de sa profession est tenu d’en
aviser le conseil de l’ordre dont il relève avant tout exercice de cette activité …….

Le conseil de l’ordre se réserve cependant le droit d’interdire à un avocat de continuer à exercer


une activité extérieure à sa profession s’il s’avère que cette activité ne se concilie pas ou plus
avec ses devoirs professionnels.

RAPPORTS ENTRE AVOCAT ET CLIENT


Deux principes :
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1. L’indépendance de l’avocat
2. Le désintéressement de l’avocat
a) L’indépendance de l’avocat

Le rejet de tous ordres, toutes instructions émanant du client pour garder intacte l’autonomie
scientifique même si les avis et considérations déplaisent au client, c’est-à-dire l’avocat n’est pas
un garçon de course ni un agent des affaires du client. A ce niveau d’indépendance se
manifestent d’autres interdits, notamment interdiction de racoler la clientèle, la publicité
tapageuse, sauf le strict nécessaire, comme dit ci-haut, pour informer le public de l’emplacement
du cabinet et du téléphone du cabinet. Interdiction de tout marchandage en rémunération des
intermédiaires. Interdiction de s’identifier au client. Interdiction de plaider ses propres affaires ou
celles de ses proches. Interdiction de plaider tour à tour des intérêts opposés.

b) Le désintéressement de l’avocat

L’avocat ne peut refuser une cause du seul fait qu’elle n’est pas rentable pour lui. C’est de la
sorte qu’il est permis des exceptions s’il y a divergence de vues avec le client ou succession de
conseils non rémunérés. A ce niveau, il faut préciser le système de désignation d’office, c’est-à-
dire par le bâtonnier en faveur des indigents. C’est le pro deo.

RAPPORTS ENTRE AVOCAT ET CONFRERE


1. La règle d’or à ce niveau consiste dans l’adage ; « le client passe, le confrère reste ». Pour
un combat judiciaire bon et loyal, les avocats se doivent confiance, compréhension et
correction réciproques. C’est de là que découlent les obligations de courtoisie, de
solidarité et d’assistance mutuelle. Ainsi les avocats doivent premièrement se
communiquer les conclusions et les pièces dans le délai légal (trois jours) afin de
permettre à l’avocat de la partie adverse de conclure avant l’audience (réplique).
2. Les avocats doivent éviter la rétention indue du dossier des pièces de l’adversaire.
3. L’avocat est interdit d’entrer en contact avec le client de son confrère, sauf avec l’accord
du client et en présence de son conseil, pour assurer l’équilibre dans les négociations.
4. L’avocat dont le client a perdu le procès doit écrire à l’avocat de la partie adverse de
quelle manière son client accepte l’exécution du procès. De même, l’avocat de la partie
qui a gagné peut écrire à celui de la partie succombante, au nom de la courtoisie et c’est
toujours le plus jeune avocat qui doit se transporter vers le plus ancien.
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5. Les correspondances entre avocats sont toujours confidentielles, même si un avocat par
esprit de chicane (malveillance) s’autorise l’outrecuidance (luxe) d’accepter sa lettre dont
la mention « la présente n’est confidentielle ». Cependant, à la vérité, les correspondances
des avocats peuvent néanmoins être produites en justice uniquement dans les cas prévus
par le règlement intérieur du barreau et ce moyennant autorisation écrite du bâtonnier.
6. Les lettres des avocats doivent être courtes et dignes
7. La non-réponse à une lettre des autorités du barreau ou du confrère est une faute
déontologique susceptible d’une sanction disciplinaire.

RAPPORTS ENTRE AVOCAT ET MAGISTRAT (article 14)


On impose à l’avocat l’obligation de ne rien dire ni publier contre un magistrat. C’est le serment
le plus long du monde : le postulant est tenu avant entrée en stage de prêter : « je jure de
respecter (…), de ne rien dire de mal des jugements (…), de ne conseiller ni défendre…. que je
trouve juste en mon âme et conscience…. ». D’après le bâtonnier Mathias MBUYI
TSHIMBADI, c’est le serment le plus avilissant, car :

- Ne rien dire de contraire aux décisions judiciaires ;


- Ne jamais s’écarter du respect dû respect aux tribunaux et aux magistrats ;

Cela pose problème à l’avocat face au magistrat compromettant, vénal ( qui se vend, vend sa
conscience). Or, observe le bâtonnier, le respect doit être réciproque. C’est pourquoi :

- Il est interdit à l’avocat l’obséquiosité (exagérément poli) ou servilité( bassesse d’âme) ;


mais il doit demeurer vis-à-vis du magistrat ferme, poli, courtois ;
- Obligation de ne pas abuser du monopole de plaidoirie et de l’immunité de parole par les
écarts de langage, des dissonances, sur les personnalités (v. argument ad hominem) ;
- Eviter des reproches inconfortables au magistrat en public et recourir aux mécanismes de
récusation, suspicion légitime ;
- L’obligation de réserve et de l’honneur doivent guider en toute circonstance vis—vis du
magistrat ;
- Eviter des amitiés circonstancielles avec les juges ;
- Eviter de parler du procès avec le juge pour ne pas remettre en cause son indépendance et
ne pas tomber dans le trafic d’influence et la collusion ;
- L’avocat doit être strict et soigné dans sa tenue vestimentaire.
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CHAPITRE IV DE LA DISCIPLINE
Toute contravention aux lois et règlements, toute infraction aux règles professionnelles,
tout manquement à la probité, à l'honneur ou à la délicatesse, même se rapportant à des faits
extraprofessionnels, exposent l'avocat qui en est l'auteur aux sanctions énumérées à l'article ci-
dessous. Les peines disciplinaires sont :

1. L’avertissement ;

2. La réprimande ;

3. La suspension pour un temps qui ne peut excéder une année.

4. La radiation du Tableau ou de la liste de stage.

Les fautes ou manquements des avocats sont réprimés par le Conseil de l'Ordre
siégeant comme conseil de discipline soit sur plainte ou dénonciation d'un magistrat, d'un avocat,
d'un stagiaire ou de toute personne intéressée, soit d'office.

Toute faute ou manquement commis à l'audience par un avocat fera l'objet d'un
procès-verbal dressé par le greffier à la demande du Président de l'audience. Ce procès-verbal
sera transmis sans délai au Bâtonnier et au Procureur Général qui en saisiront le Conseil de
l'Ordre. Le Conseil de l'Ordre peut, soit d'office, soit sur réquisitions du Procureur Général,
interdire provisoirement l'exercice de ses fonctions à l'avocat qui fait l'objet d'une poursuite
pénale ou disciplinaire. Il peut, dans les mêmes conditions, ou à la requête de l'intéressé, mettre
fin à cette interdiction.

L’interdiction provisoire cesse de plein droit si les actions pénales ou disciplinaires


sont éteintes. Aucune peine disciplinaire, aucune mesure d'interdiction provisoire ne peut être
prononcée sans que l'avocat mis en cause ait été entendu ou appelé. Tout avocat qui fait l’objet
d’une sanction disciplinaire a la possibilité de relever appel devant le Conseil National de
l’Ordre. Mais, il est interdit d’adopter tout comportement de nature à manquer du
respect aux autorités de l’ordre.

Voir les 70 Article 86 de l’ordonnance-loi. 71 Article 87 de l’ordonnance-loi. 72 Article


88 de l’ordonnance-loi. 73 Article 89 de l’ordonnance-loi. 74 Article 90 de l’ordonnance-loi. 75
Article 91 de l’ordonnance-loi.
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Il est ainsi prévu que « dans l’exercice de sa profession, l’avocat relève de l’autorité et
bénéficie de la protection des organes dirigés par ses propres pairs : Bâtonnier National, Conseil
National de l’Ordre, le Bâtonnier et le Conseil de l’ordre. Il doit respecter leurs décisions et
s’abstenir de faire tout ce qui est susceptible de nuire à leur autorité ». Toutefois, lorsque l’avocat
fait l’objet d’une sanction disciplinaire, il peut être relevé des conséquences d’une telle sanction,
puisqu’il est prévu que : « sur demande de l’avocat intéressé, le Conseil peut le relever des
conséquences qu’il a attachées ou pourrait attacher aux peines d’avertissement, de réprimande ou
de suspension. Il ne fait usage de cette faculté qu’après expiration d’un délai de trois ans suivant
le prononcé de la peine et pour autant que l’avocat ait fait preuve d’un parfait amendement ou
qu’il n’ait encouru, durant cette période, aucune autre sanction disciplinaire.

Le Conseil statue par décision sans recours, après avoir entendu l’intéressé si celui-ci
le demande ». Les dispositions de l’article 71 visées ne sont pas applicable à la sanction de
radiation. Mais sur recours des avocats radiés le CNO a pris plusieurs décisions en annulant la
sanction de radiation prise par les Conseils de l’ordres de différents Barreaux, en motivant sa
décision par la disproportionalité entre les faits reprochés à l’avocat et la sanction lui infligée,
surtout si les faits sont bénins et si l’avocat a été sanctionné deux fois pour les mêmes faits.

Dans d’autres cas le CNO procède à la réduction de la peine de la radiation à une


suspension de 12 mois. Il faut noter que l’action en matière disciplinaire est imprescriptible.
Article 63 point 4 et 5 du Règlement intérieur cadre des Barreaux de la RDC. Article 71 du
Règlement intérieur cadre des Barreaux de la RDC.

CONCLUSION
L’avocat est un homme de vertu et d’honneur. En tant que plaideur et défenseur des droits, il doit
être un homme de vérité et de bien, un vir bonus. L’avocat est libre et indépendant. Lorsqu’il
conseil, assiste ou défend, il exerce une fonction fondamentale et essentielle dans
l’organisation sociale (Bâtonnier Mario STASI).
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BIBILIOGRAPHIE
Ordonnance-loi n°79-028 du 28 septembre 1979 portant organisation du Barreau, du corps des
défenseurs judiciaires et du corps des mandataires de l’Etat

Décision n°CNO/8/87 du 19 août 1987 portant règlement intérieur cadre des Barreaux de la RDC
tel que modifié par décision n°04/CNO du 24/2/2001.

H.F. MUPILA NDJIKE KAWENDE, cours de déontologie des avocats et des magistrats,
Première édition Les Editions Universitaires Pax-Congo Kinshasa, décembre 2018.

Jean-Jacques TAISNE, la déontologie de l’avocat, 6è édition, Dalloz, Paris, 2009.

MBUYI-MBIYE TANAYI, La profession d’avocat au Congo, 2ème édition, Ntobo, Kinshasa, s.d.

MBUYI-MBIYE TANAYI, Force exécutoire nonobstant appel de la peine disciplinaire de


suspension, R.J.Z., Kinshasa, 1984.
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TABLE DES MATIERES


INTRODUCTION...........................................................................................................................................2
OBJECTIFS DU COURS..............................................................................................................................4
CHAPITRE PREMIER : DE L’AVOCAT ET DE SA FONCTION............................................................................6
SOCIALE.......................................................................................................................................................6
CHAPITRE DEUXIEME : LES ORGANES DE L’ORDRE ET LEURS FONCTIONS................................................13
1.l’Assemblée générale..........................................................................................................................13
2.le conseil de l’ordre :..........................................................................................................................13
3.le bâtonnier :......................................................................................................................................13
CHAPITRE III : LES DROITS, DEVOIRS ET INCOMPATIBILITES DES AVOCATS...............................................15
I. LES DROITS DE L’AVOCAT...................................................................................................................15
LES DEVOIRS DE L’AVOCAT................................................................................................................18
LES INCOMPATIBILITES DES AVOCATS...............................................................................................19
RAPPORTS ENTRE AVOCAT ET CLIENT...............................................................................................19
RAPPORTS ENTRE AVOCAT ET CONFRERE.........................................................................................20
RAPPORTS ENTRE AVOCAT ET MAGISTRAT (article 14).....................................................................21
CHAPITRE IV DE LA DISCIPLINE..................................................................................................................22
CONCLUSION.............................................................................................................................................23
BIBILIOGRAPHIE.........................................................................................................................................24

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