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LES PERSONNES

La personnalité juridique est l’aptitude à participer à la vie juridique. Elle est conférée aux personnes physiques et à certains
groupements, les personnes morales. En effet, la réussite de certains projets de grande envergure nécessite de constituer des
groupements de personnes mettant en commun leurs activités et leurs ressources, et dépassant les intérêts des membres qui
les composent.

Section 1. La notion de personne juridique

Dans le langage commun, une personne est un individu. En droit, la notion de « personne » est plus large puisqu'elle englobe
les personnes physiques et les groupements de personnes physiques ou de biens que sont les personnes morales.

La personnalité juridique consiste dans l’aptitude à être sujet de droit. Les personnes sont des sujets de droit actifs quand
elles sont titulaires de droits, et des sujets de droit passifs quand elles sont débitrices d'obligations.

Exemples :

 Le droit à la protection de son nom, le droit de réclamer une créance échue, le droit de se marier, le droit de vote,
etc. : leurs titulaires sont des sujets de droit actifs.
 L’obligation de payer ses impôts, l’obligation de réparer les dommages causés à autrui, l'obligation d’élever ses
enfants, etc. : leurs titulaires sont des sujets de droit passifs.

La personnalité juridique est conférée aux personnes physiques et aux personnes morales, pour leur donner la possibilité de
faire valoir leurs droits et de réaliser des actes juridiques.

Exemples : acheter, vendre, donner, louer, travailler, se marier, constituer une société.

Section 2. La diversité des personnes

Deux catégories de personnes ont la personnalité juridique :

• Les personnes physiques


• Les personnes morales.

I. Les personnes physiques

Les personnes physiques sont les êtres humains. Tous les êtres humains sans exception sont dotés de la personnalité
juridique, mais certains d’entre eux ne sont pas aptes à exercer tous leurs droits.

Exemple : Les mineurs n'ont pas la possibilité de passer des contrats.

II. Les personnes morales

La personne morale est la naissance d’une nouvelle personne distincte des personnes physiques qui la composent et dont
elle est l'émanation. La personnalité morale qui en découle permet de donner au groupement des moyens d'action. Ainsi, la
personne morale a un patrimoine propre distinct du patrimoine de chacun de ses membres. Les personnes morales sont les
groupements de droit public ou du droit privé. Certaines sont mixtes.

A. Les personnes morales de droit public

Les personnes morales de droit public ont pour vocation de servir l’intérêt général ; elles assument des activités dites « de
service public ».

Exemples : collectivités publiques (régions, départements, communes), hôpitaux, universités, etc.


B. Les personnes morales de droit privé

Elles relèvent de deux catégories différentes en fonction de leur but, lucratif ou non.

 Les groupements sans but lucratif (ex. associations, fondations...) poursuivent un objectif social, humanitaire,
culturel, etc., sans recherche de bénéfice. Les associations peuvent réaliser des bénéfices mais doivent les réinvestir
dans l’activité.
 Les groupements à but lucratif (ex. sociétés) mettent en commun des moyens en vue de rechercher et de partager
les bénéfices ou de réaliser des économies qui peuvent résulter de leur activité.

Section 3. La personnalité juridique des personnes physiques

I. L'existence de la personnalité juridique chez la personne physique


A. La naissance de la personnalité juridique.

En principe, la personnalité juridique s'acquiert à la naissance de l’enfant, à condition que cet enfant soit « né vivant et viable
». L’enfant possède la personnalité juridique du seul fait de sa naissance.

Avant la naissance, le fœtus n’est pas une personne, mais il peut toutefois acquérir la personnalité juridique de façon
rétroactive, après être né viable. Cette règle particulière (« infans conceptus pro jam nato habetur quoties de commodis ejus
agitur » ou encore « infans conceptus ») s’applique quand il en va de l’intérêt de l'enfant.

Exemple : Lorsque le père d'un enfant en gestation décède, on considère que cet enfant est une personne pour sauvegarder
ses droits à l’héritage, en faisant remonter le début de sa personnalité à la période présumée de sa conception (entre 180 et
300 jours avant sa naissance).

B. La fin de la personnalité juridique

En principe, la personnalité juridique disparaît au décès de la personne physique, constaté médicalement et déclaré à la
mairie.

Lorsqu’une personne a cessé de paraître au lieu de son domicile ou de sa résidence sans que l’on en ait eu de nouvelles, le
juge des tutelles peut, à la demande des parties intéressées ou du ministère public, constater qu’il y a présomption
d’absence. Le conjoint, les héritiers, les créanciers, et autrement dit ceux qui ont un intérêt à la désignation d’une personne
chargée d’administrer les biens de l’absent peuvent agir. L’absent étant présumé vivant, son mariage demeure intact. Le
conjoint peut cependant demander le divorce, notamment en invoquant une altération définitive du lien conjugal.

La disparition est définie comme « Le décès de tout français (...) dans des circonstances de nature à mettre sa vie en danger,
lorsque son corps n'a pu être retrouvé ». Lorsque le décès est certain, ou quasi-certain, mais que le corps n'a pu être
retrouvé, on applique ce régime. Ce régime permet de déclarer rapidement la personne décédée.

II. La capacité juridique


A. La définition de la capacité juridique

« Être capable » en droit n’est pas une affaire de compétence personnelle mais d’aptitude juridique. La capacité juridique est
l'aptitude à être titulaire de droits et d’obligations et à les exercer.

En principe, toute personne est capable juridiquement ; la loi déclare que « la capacité est la règle, l’incapacité l'exception ».

B. Les deux composantes de la capacité

Une personne capable possède à la fois la capacité de jouissance et la capacité d’exercice.

Les personnes physiques possèdent la capacité de jouissance, ce qui leur permet de posséder ou d’acquérir des droits.

Exemples : Être propriétaire, avoir le droit de vote, avoir droit au respect de sa vie privée.

Elles sont également titulaires de la capacité d’exercice, qui leur permet d’exercer elles-mêmes ces droits.

Exemples : Vendre sa maison, faire une donation, emprunter, voter, ester en justice (intenter un procès).
C. Les différents cas d’incapacité

Il arrive que la capacité juridique des personnes soit restreinte du fait de leur âge, de leur état physique ou mental ou de leur
situation. Cette limitation constitue l’incapacité et les personnes qui en sont frappées sont des incapables.

1. Les mineurs incapables

Seule la majorité à 18 ans révolus ou l'émancipation permettent de faire tous les actes de la vie civile.

L’émancipation permet à un jeune d'au moins 16 ans d’accéder à la capacité juridique par une décision de justice.

Le mineur non émancipé est donc considéré comme un incapable. Pour exercer ses droits, il est représenté par son
représentant légal, ou par son tuteur s'il est orphelin.

2. Les majeurs incapables

Les majeurs incapables sont soumis à des régimes de protection différents en fonction de la gravité de l’altération de leurs
facultés mentales ou corporelles de nature à empêcher l'expression de leur volonté.

La sauvegarde de justice : ce régime est temporaire et limité à 2 ans. Il est réservé aux majeurs dont les facultés sont
temporairement altérées.

La curatelle est un régime d’assistance qui s’applique aux personnes majeures victimes d’altérations plus durables. La
personne protégée est atteinte de déficience mentale moyenne.

La tutelle est un régime de représentation. Une personne souffrant d’une altération grave (ex. troubles mentaux, maladie
d’Alzheimer).

D. La portée des incapacités

On distingue l'incapacité de jouissance et l’incapacité d'exercice.

Les incapables d’exercice gardent leur capacité de jouissance. L’incapacité d’exercice est le fait de ne pas pouvoir exercer soi-
même un droit dont on est titulaire. Ainsi, le mineur, incapable d’exercer un droit, peut devenir propriétaire par héritage ; le
majeur sous tutelle conserve son patrimoine.

Dans un souci de protection d’eux-mêmes ou des autres, les incapables ne peuvent accomplir certains actes juridiques
qu’avec l’assistance ou par l’intermédiaire d’une personne capable, désignée à cet effet.

Exemple : Le mineur est représenté par ses parents. Le majeur sous curatelle est assisté de son curateur. Le majeur sous
tutelle est représenté par son tuteur.

III. Les éléments d'identification de la personne physique.

Le nom, le domicile et la nationalité sont les principaux éléments qui permettent d’individualiser les personnes physiques.

A. Nom

Le nom est l’appellation qui désigne la personne. Il est composé du nom de famille et du prénom.

Le nom de famille dépend de la filiation : le nom du père, celui de la mère ou les deux noms accolés.

Le changement de nom est difficile, sauf si l’intéressé peut justifier d’un « intérêt légitime » (nom ridicule, risque d'extinction
du nom).

Le prénom est librement choisi par les parents. Mais l'officier d’état civil peut aviser le procureur en cas de prénom qu’il
considère contraire à l'intérêt de l’enfant.
B. Le domicile

La personne physique doit pouvoir être localisée. Le domicile permet cette localisation : c'est le lieu de son « principal
établissement ». La personne accomplit ses droits et ses obligations à cet endroit. Le domicile est en principe unique. On peut
changer librement de domicile en modifiant le lieu de son principal établissement.

C. La nationalité

La nationalité est le lien juridique et politique qui unit une personne à un État.

En principe, toute personne a une nationalité, excepté les apatrides.

La nationalité française s’obtient soit :

 A la naissance, (par le sang ou par le sol)


 Au cours de l’existence par naturalisation
 Par déclaration après 4 ans de mariage avec un(e) Français(e).

Section 4. La personnalité juridique des personnes morales

Les personnes morales sont les groupements d’êtres humains ou de biens auxquels la loi attribue la personnalité juridique.

I. L'existence de la personne morale


A. La constitution de la personne morale

Contrairement à la personne physique qui naît naturellement, la personne morale ne peut naître que de l’acte de volonté de
ses membres, matérialisé par les statuts.

Exemples : La création d’une société de transport, d’un syndicat, d’un parti politique, d'une association sportive.

Dans tous les cas, les statuts précisent quelle forme juridique est retenue pour la personne morale, en choisissant parmi
celles qui sont offertes par la loi.

Exemples : une société anonyme, une SARL, une association loi de 1901, une société civile

La naissance des personnes morales de droit privé provient d’une déclaration à l’autorité publique.

Exemple : Pour les sociétés, civiles ou commerciales, et les GIE, le point de départ coïncide avec la date de l’immatriculation
au registre du commerce et des sociétés (RCS). Tant que la société n’est pas immatriculée, elle n’a pas la personnalité
juridique.

B. La fin de la personne morale

La personne morale s’éteint par sa dissolution. Les causes de cette dissolution peuvent être multiples. Certaines personnes
morales sont perpétuelles : l’Etat ne disparaîtra jamais.

Dans le cas d’une société ou d’une association, la loi ou les statuts peuvent en disposer autrement. Les personnes morales
disparaissent de plein droit par l’arrivée du terme prévu, sauf si elles décident de se prolonger. Elles peuvent être dissoutes
par la loi en fonction de la survenance de certains événements. Parfois, si l’objet social est réalisé, la personne morale n’a
plus de raison d’être.

Exemples : La dissolution anticipée peut être décidée par ses membres ou par un tribunal, comme dans le cas de la mise en
liquidation judiciaire d’une société.

II. La capacité de la personne morale

Donner la personnalité juridique aux groupements, c’est leur permettre d’exercer des droits indépendamment de leurs
membres. Leur capacité se distingue de celle conférée aux personnes physiques de deux manières.
A. Le principe de spécialité

La capacité des personnes morales est moins étendue que celle des personnes physiques, car elle est limitée par le principe
de spécialité. La personne morale a été créée pour la réalisation d’un objet limité. Elle a une capacité dite « spéciale », limitée
à la réalisation de cet objet.

Exemple : La société Michelin ne peut pas vendre du chocolat, car cette activité est exclue de son objet social.

B. La nécessité d'une représentation

Les personnes morales n’ont pas d'existence physique. Une société ne peut pas tenir le stylo pour signer un contrat.
Matériellement, l’action des groupements ne peut donc s’exercer que par l’intermédiaire de leurs organes de direction.

Exemples : Le gérant, le directeur général ou le président du directoire de la SA, le secrétaire général d’un syndicat, le
président d’une association sont les représentants des personnes morales qu’ils dirigent. Ils sont considérés comme les
mandataires de la personne morale.

C. Le cas particulier des associations

Toute association est libre de fonctionner sans autorisation ni déclaration. Dans ce cas, elle n’a pas de personnalité juridique,
donc aucune capacite juridique ; aucun acte de la vie civile ne peut être accompli en son nom.

En revanche, les associations déclarées (à la préfecture) acquièrent une capacité juridique restreinte, c’est-à-dire le droit
d’ester en justice (d'intenter un procès), de recevoir des dons manuels (argent, meuble), d’acquérir à titre onéreux, de
posséder et d’administrer les cotisations, le local où siège l’association, et les immeubles strictement nécessaires à la
réalisation du but de l'association.

Seules les associations déclarées d'utilité publique par décret du ministère de l’intérieur ont une capacité plus complète. Le
principal intérêt est qu’elles peuvent recevoir des donations et des legs (par testament).

Quand elles font des bénéfices, les associations sans but lucratif ne peuvent pas les distribuer à leurs membres. Elles doivent
les réinvestir dans leur activité.

III. Les éléments d'identification de la personne morale


A. La dénomination sociale

La dénomination sociale est l’appellation de la société. Elle joue le même rôle que le nom pour les personnes physiques. Elle
permet d’identifier et d'individualiser la société, qui exerce ainsi son activité en se distinguant des autres personnes. Par
l’effet d'un dédoublement, le vocable choisi sert parfois également d’enseigne, de nom commercial ou même de marque des
produits ou services de l’entreprise.

Exemple : Coca-Cola est une dénomination sociale, mais aussi une marque déposée.

1. Le choix de la dénomination sociale

Les associés fondateurs peuvent librement choisir la dénomination de leur société, à condition de ne pas porter atteinte aux
droits que les tiers pourraient avoir sur cette dénomination à quelque titre que ce soit.

Ces droits peuvent résulter notamment d'une marque déposée, d’un nom commercial protégé, d’une création littéraire ou
d’une dénomination sociale antérieure.

Rien n’interdit naturellement d’utiliser le nom de famille d’un ou de plusieurs associés comme dénomination, ou un nom
fantaisiste.

La seule formalité est la mention obligatoire de cette dénomination dans les statuts.
La désignation d’une société civile peut se faire par un vocable comportant le nom d’au moins un des associés : on parle alors
de raison sociale, et non de dénomination sociale.

Exemples : « Danone », « Carrefour », « Air France » sont des dénominations sociales. « Société Martin et compagnie » est
une raison sociale.

2. Le changement de dénomination sociale

Les personnes morales peuvent facilement changer de nom en choisissant une nouvelle dénomination sociale et en la faisant
enregistrer au RCS, ou à la préfecture pour les associations.

Exemples : C’est souvent le cas lors d'une fusion : GDF/Suez deviennent ENGIE.

B. Le siège social

Pour des raisons économiques, juridiques, fiscales, il est nécessaire de pouvoir localiser facilement la personne morale. Elle
doit donc choisir un domicile appelé siège social. Le siège social est donc le domicile d’une personne morale. Elle peut le
déterminer et le transférer librement par une décision collective de ses membres.

Au plan civil, le siège social est librement déterminé par les statuts.

Au plan fiscal, il est le lieu du principal établissement. Lorsqu’un groupement exerce son activité dans plusieurs
établissements, qu’une société possède plusieurs succursales, seul l’établissement principal a le statut de siège social.

La jurisprudence admet toutefois que les sociétés succursales puissent être assignées devant le tribunal du lieu où le litige a
pris naissance et pas forcément à celui du siège.

Exemple : Un litige avec la banque LCL n'oblige pas à saisir le tribunal du siège social, où se trouve le siège social. Le
demandeur peut s'adresser à la juridiction de la ville où il a ouvert le compte litigieux.

C. La nationalité

La nationalité est la localisation de son siège social qui donne sa nationalité au groupement. Ainsi, les sociétés, les
associations, les syndicats dont le siège est en France sont des personnes morales françaises.

Lorsque le siège social d’une société française est transféré à l’étranger, celle-ci change de nationalité et prend celle du pays
d’accueil.

D. Le numéro d’identification

L’immatriculation au RCS des sociétés et des groupements d’intérêt économique entraîne l’attribution par l’Insee d’un
numéro d’identification unique.

Les entreprises ont l’obligation légale de faire figurer ce numéro sur tous les documents externes (déclaration fiscale, lettre
commerciale, publicité...).

Exemple : Le numéro d’immatriculation 854 456 982 RC5 Toulon : 854 456 982 = numéro SIREN à 9 chiffres attribués en
fonction de l’ordre d’inscription.

RCS = Registre du Commerce et des Sociétés ; Toulon : lieu de l’immatriculation.

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