Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
En raison d’une maladie ou d’un handicap, une personne peut avoir des difficultés ou une
impossibilité pour organiser son quotidien (par ex. payer ses factures) ou effectuer des démarches
administratives. Cette personne peut également rencontrer des difficultés pour exprimer sa
volonté.
- Une protection limitée à la gestion des prestations sociales :
Assister (// conseil judiciaire dans le Code Napoléon) = Soutenir la personne qui ne peut accomplir
seule ses démarches, sans la remplacer. La signature du curateur à côté de celle de la personne
protégée marque cette assistance. Cette technique permet à l’intéressé de rester au premier plan
de la scène juridique.. La personne protégée s’engage avec autrui. La personne en charge de la
mesure ne décide pas « pour » l’intéressé mais « avec » lui.
L’assistance est la manifestation d’une approbation concomitante au consentement du majeur
protégé. Le curateur doit apposer sa signature à côté de celle de la personne protégée lorsqu’il est
convaincu que le contrat est conforme à l’intérêt de la personne protégée et conclu par un sujet qui
a compris et accepté les conséquences de son engagement. Il doit refuser de signer l’acte dès lors
qu’il doute de la conformité de l’acte à l’intérêt du curatélaire et a fortiori s’il estime que le
curatélaire n’a pas saisi le sens, la valeur et la portée de ses engagements, en dépit des
informations destinées à l’éclairer. (G Raoul Cormeil)
Représenter = Accomplir pour la personne tous les actes que celle-ci n’est plus en mesure de faire,
faire en lieu et place.
La représentation judiciaire est une fiction qui permet au protecteur d’engager par sa parole ou sa
signature la personne. Celle-ci s’engage par autrui. Le représentant consent en lieu et place du
représenté et l’acte ainsi conclu produit ses effets dans le patrimoine du représenté, sans transiter
dans le patrimoine du représentant. Elle peut être conventionnelle (MPF) ou judiciaire (tutelle). (G
Raoul Cormeil)
Aide ou assistance de la personne concernant son patrimoine (gérer les comptes bancaires,
effectuer des placements, vendre un bien immobilier, racheter une assurance vie) . Protection
extra-patrimoniale : santé, relations, lieu de vie…
Quel que soit le régime de protection, la loi prévoit des actes qui sont exclusivement exercés par la
personne protégée, comme la reconnaissance ou la déclaration d’un enfant (C Civ 458)
Actes strictement personnels : déclaration de naissance d’un enfant, actes relatifs à l’autorité
parentale
Acte strictement personnel = celui qui ne peut être passé que par la personne protégé, sans
assistance ni représentation
C civ 415
Les personnes majeures reçoivent la protection de leur personne et de leurs biens que leur état ou
leur situation rend nécessaire selon les modalités prévues au présent titre.
Cette protection est instaurée et assurée dans le respect des libertés individuelles, des droits
fondamentaux et de la dignité de la personne.
Elle a pour finalité l’intérêt de la personne protégée. Elle favorise, dans la mesure du possible,
l’autonomie de celle-ci. Elle est un devoir des familles et de la collectivité publique.
C civ 425
Toute personne dans l’impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts en raison d’une altération,
médicalement constatée, soit de ses facultés mentales, soit de ses facultés corporelles de nature à
empêcher l’expression de sa volonté peut bénéficier d’une mesure de protection juridique prévue
au présent chapitre.
S’il n’en est disposé autrement, la mesure est destinée à la protection tant de la personne que des
intérêts patrimoniaux de celle-ci. Elle peut toutefois être limitée expressément à l’une de ces deux
missions.
Subsidiarité : curatelle (tutelle) prononcée que si établi que sauvegarde (curatelle) ne peut assurer
une protection suffisante. ; le juge peut s’opposer à une mesure s’il existe un dispositif moins
contraignant, qui
permet à l’intéressé de sauvegarder sa personne et ses intérêts patrimoniaux (ex: adaptation des
pouvoirs que les époux tiennent de leur régime matrimonial, procurations)
Proportionnalité et individualisation (C civ 428 al 2) : « La mesure est proportionnée et
individualisée en fonction du degré d’altération des facultés personnelles de l’intéressé »
Mesures judiciaires
• Sauvegarde de justice (deux) (éventuellement complétée par un mandat spécial) (C Civ 433-439)
• Curatelle (trois) (C Civ 472) (simple, renforcée ou aménagée/modulée) : permettant à la personne
d’être assistée et contrôlée pour les actes qu’elle doit réaliser
• Tutelle: permettant à la personne d’être représentée d’une manière continue dans les actes de la
vie civile. Le tuteur agit à la place de la personne protégée et protège ses intérêts
• Habilitation familiale (trois) (C civ 494-1) : prononcée par le juge mais ensuite gérée complètement
par la famille, sans surveillance du magistrat : spéciale, générale par assistance ou par représentation
• Mandat de protection future (deux) (C civ 477-493) (acte notarié ou signature privée)
La sauvegarde de justice
La personne conserve l’exercice de ses droits (C Civ 435) : elle peut faire seule les actes de
conservation, d’administration et de disposition
• Les actes qu’elle passe et les engagements qu’elle contracte pendant la durée de la mesure
peuvent être réduits ou annulés. La protection se réduit à la possibilité d’agir en nullité d’un contrat
ou de réduire un engagement excessif
• Permet d’accompagner la personne pendant que le juge étudie la possibilité de mettre en
place une mesure.
• Durée: 1 an (renouvelable une fois)
• Permet d’accéder à la mise en place du mandat spécial (C Civ 437) (confié par le juge dans le
cadre d’une sauvegarde de justice) : le mandataire spécial se voit confier par le juge le soin
d’accomplir certains actes déterminés, justifiés par un situation d’urgence (payer les factures,
recevoir le courrier, débloquer une assurance vie pour payer une maison de retraite, établir un
dossier de surendettement, vendre le bien immobilier d’une personne en institution)
• La sauvegarde de justice médicale : mise en place suite à une déclaration faite au procureur
de la République, soit par le médecin de la personne à protéger (accompagnée de l’avis conforme
d’un psychiatre), soit par le médecin de l’établissement de santé où se trouve la personne à
protéger. Maintient la personne protégée dans sa pleine capacité juridique (C civ 434, CSP L3211-6)
• La sauvegarde de justice judiciaire (prise par le juge des contentieux de la protection)
maintient aussi la pleine capacité juridique lorsque le juge ne désigne aucun mandataire
La curatelle : La personne ne peut agir sans l’assistance du curateur pour tous les actes
patrimoniaux importants mais elle peut faire seule les actes conservatoires et les actes
d’administration.
• Simple : la personne continue à vivre comme d’habitude, à recevoir son courrier, elle gère
seule tous les actes de la vie courante (suivi du budget), dispose toujours de ses moyens de
paiement (chéquier et carte bleue), le curateur n’intervient que pour les actes ayant un impact
grave sur le patrimoine (achat ou vente d’un bien immobilier), autorisation du juge s’il s’agit de son
domicile; retraits des comptes épargne avec l’assistance du curateur. La personne peut se marier
après en avoir informé son curateur / peut divorcer avec l’assistance de son curateur. Peut faire
une donation avec l’assistance de son curateur
• Renforcée = régime mixte : la personne est assistée sauf pour la gestion de ses revenus et
de ses dépenses (gérés par le curateur). La personne n’a plus ni carte bleue ni de chéquier ; elle ne
peut avoir qu’une carte de retrait ou de paiement avec interrogation systémique du solde. Elle
accomplit seule ses démarches, le curateur l’accompagne si nécessaire, et pour les actes avec
impact grave sur le patrimoine. Les décisions sont prises à deux. Le budget est établi à deux. Le
curateur reçoit les ressources de la personne sur un compte au nom de la personne protégée et
paie les charges (dépenses fixes et programmées). Il verse à la personne protégée l’argent
nécessaire aux dépenses courantes (alimentation, cigarettes, produits
d’hygiène) en fonction de son budget, et lui remet l’argent restant disponible. La personne peut
faire un testament ou le révoquer. Peut faire seule les démarches de renouvellement de la carte
d’identité
• Aménagée = le juge peut autoriser le curateur à représenter la personne pour un acte
déterminé (C Civ 469), il fixe les actes que la personne peut faire seule ou avec l’aide de son
curateur
• Durée: 5 ans
La tutelle : La personne est représentée pour tous les actes de la vie civile (sauf actes
strictement personnels)
• Le juge peut énumérer certains actes que la personne peut faire seule ou avec l’assistance
du tuteur (C civ 473)
• Le tuteur intervient au nom de la personne ; perçoit les ressources de la personne protégée,
paye ses charges ; établit le budget prévisionnel avec la personne si ses capacités le permettent.
• Il demande l’autorisation du juge pour les actes ayant un impact grave sur le patrimoine
• Le courrier de la personne arrive au domicile du tuteur : le courrier privé doit lui être remis
• La personne doit être accompagnée de son tuteur pour le renouvellement de sa carte
d’identité
• La personne peut se marier après en avoir informé son tuteur. Le tuteur représente la
personne en tutelle pour la procédure de divorce
• Pour faire un nouveau testament, il faut l’autorisation du juge des tutelles
• Durée : 5ans (jusqu’à 10 ans)
C civ 459-2
La personne protégée choisit le lieu de sa résidence.
Elle entretient librement des relations personnelles avec tout tiers, parent ou non. Elle a le droit
d’être visitée et, le cas échéant, hébergée par ceux-ci.
En cas de difficulté, le juge ou le conseil de famille s’il a été constitué statue.
Habilitation familiale (C civ 494-4 sq)
• Pour anticiper une perte de capacité physique ou mentale qui se traduirait par une mesure
de tutelle ou de curatelle, pour protéger les intérêts personnels et /ou patrimoniaux
• Les parents d’un enfant (mineur ou majeur) qui souffre d’une maladie ou d’un handicap
peuvent aussi utiliser le mandat de protection future (= mandat pris pour autrui, obligatoirement
notarié)
• Le mandat ne fait pas perdre au mandant ses droits et sa capacité juridique.
• Le mandataire peut être une personne physique (proche, professionnel) ou une personne
morale inscrite sur la liste des MJPM
• La personne à protéger choisit à l’avance l’étendue des pouvoirs du/des mandataires ; elle
peut indiquer se souhaits (logement, relations personnelles, loisirs/vacances); elle peut autoriser le
mandataire à consentir à sa place à certains acts médicaux importants
• Lorsque le mandataire constate que l’état de santé du mandant ne lui permet plus de
prendre soin de sa personne ou de s’occuper de ses affaires, il fait les démarches nécessaires pour
que le mandat prenne effet. Cette constatation doit être établie par un médecin inscrit sur une liste
établie par le Procureur de la République. Le médecin délivre un certificat médical constatant
l’inaptitude du mandant. Le mandataire se présente avec le mandat et le certificat médical au
greffe du tribunal pour faire viser (vérifier) le mandat par le greffier et permettre sa mise en œuvre.
• Le mandat s’exerce en principe à titre gratuit mais le mandant peut prévoir une
rémunération ou indemnisation (par ex. remboursement de ses frais sur présentation des
justificatifs.
• Le mandant peut charger une ou plusieurs personnes de contrôler l’exécution du mandat.
C’est lui qui fixe les modes de contrôle.
• Toute personne peut saisir le juge pour contester la mise en œuvre du mandat, ses
conditions d’exécution, ou s’il devient nécessaire de protéger davantage le mandat
Procédure de protection (habilitation familiale ou protection judiciaire)
Familles : le curateur/tuteur est choisi en priorité parmi les proches de la personne à protéger
(parent, enfant, époux): la mesure est alors exercée à titre gratuit (une indemnité peut être
autorisée par le juge ou le conseil de famille, en fonction de l’importance des biens gérés ou de la
difficulté d’exercer la mesure; elle est à la charge de la personne protégée)
Rechercher, chaque fois que c’est possible, les souhaits et l’accord de la personne, qui doit être
informée dans des formes adaptées de sa situation financière, des démarches faites et à faire, de
la possibilité de faire appel au juge en cas de difficultés
• En cas d’hébergement dans un établissement, le logement doit être sauvegardé le plus
longtemps possible. Si les meubles ne peuvent être installés ou stockés, ils pourront être vendus ou
donnés (avec
l’autorisation du juge)
• En tutelle comme en curatelle, le rôle du mandataire n’est pas de
forcer la personne protégée à faire des économies et de l’épargne
• Principe de probité : incapacité du MJPM de recevoir à titre gratuit (C civ 909) ou de
contracter à titre onéreux ( C civ 508) ; prohibition du conflit d’intérêts
• Les personnes en tutelle sont plus âgées (plus de la moitié ont 60+) et sont en majorité des
femmes (DGCS 2012)
• Les personnes en curatelle sont majoritairement des hommes et les deux-tiers ont moins de
60 ans (DGCS 2012).