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L’article 1124 du code civil de 1804 énonçait que « Les incapables de contracter
sont, Les mineurs, Les interdits, Les femmes mariées, dans les cas exprimés par la
loi »
La mort civile : Elle privait la personne de tous ses droits civils, le condamné perdait
la propriété de tous ses biens, sa succession était ouverte, son mariage était
dissous, il ne pouvait plus se marier (art. 25).
L’incapacité des mineurs : la minorité allait jusqu’à l’âge de 21 ans. Les mineurs
étaient soumis à la « puissance paternelle » qui remplaçait alors l’autorité parentale.
On était très loin de l’idée actuelle d’un droit conféré aux parents dans l’intérêt de
l’enfant. L’idée d’autorité était proche de celle de domination.
Quelques restrictions persistaient au-delà de la majorité, ainsi, les hommes de moins
de 25 ans ne pouvaient pas se marier sans l’autorisation de leurs parents (art. 148).
L’incapacité des majeurs vulnérables dans le code de 1804 : elles pouvaient voir
leur capacité juridique supprimée ou réduite sans véritable objectif de préservation
maximum de leur autonomie.
L’optique est très paternaliste.
Deux mesures étaient prévues par le code civil de 1804 : l’interdiction et le conseil
judiciaire. Très schématiquement, elles correspondaient à la tutelle et à la curatelle
puisque l’interdiction prévoyait la représentation et le conseil conduisait à une
assistance.
L’interdiction : L’article 509 du code civil de 1804 énonçait ainsi : « les lois sur la
tutelle des mineurs s’appliqueront à la tutelle des interdits ». Toute idée de protection
de la personne n’est tout de même pas absente dans les textes puisque l’article 510
énonçait alors « Les revenus d’un interdit doivent être essentiellement employés à
adoucir son sort et à accélérer sa guérison ».
Ainsi, aucun objectif de préservation de l’autonomie n’apparaît mais il y a bien une
volonté de protection.
La loi vise a mettre en avant l’idée de protection et non de diminution, d’où le rejet de
l’expression « majeurs incapables » et l’essor des termes « majeur protégé » (la
comparaison des intitulés des lois de 1968 et de 2007 le démontre). L’idée est de
protéger les intérêts de la personnes protégée (pour les mineurs, cela renvoie à
l’objectif de protection de l’intérêt de l’enfant) et de préserver au maximum ses choix
(là encore, pour les mineurs, l’idée est déjà connue, notamment à travers les règles
imposant d’entendre les mineurs doués de discernement). On retrouve derrière cela
l’essor de l’autonomie personnelle et l’idée de protection des droits fondamentaux
individuels de chacun
Dans les cas de difficultés sociales il faut utiliser les mesures d’accompagnement
socio judiciaire
La loi supprime donc la curatelle pour prodigalité qui permettait de décider d’une
curatelle sans certificat médical et pour seuls motifs sociaux.
Il est aujourd’hui exclu de retirer la capacité d’une personne en raison d’un
surendettement ou pour éviter une dilapidation du patrimoine.
Désormais, seules les personnes bénéficiant de prestations sociales sont
susceptibles d’être concernées par une mesure, ce sera en priorité une mesure
d’accompagnement social et, si cela s’avère nécessaire, tout au plus, la capacité
de la personne pourra être réduite mais uniquement s’agissant de la perception et
de la gestion de ces prestations, via une mesure d’accompagnement judiciaire.
La création du mandat de protection future. Celui-ci permet à la personne d’anticiper
et de prévoir elle-même la protection à mettre en place si un jour cela devient
nécessaire. La création de ce mécanisme reflète aussi une idée de déjudiciarisation
puisque l’intervention du juge ne sera pas indispensable.
Désormais, chacun des parents exerçant l’autorité parentale est administrateur légal
(art. 382 C. civ.) et peut agir seul sauf pour certains actes très importants qui
nécessitent l’autorisation du juge.
L’incapacité d’exercice
Elle n’empêche pas d’être titulaire d’un droit, elle empêche simplement de l’exercer.
Pour l’exercer il faudra alors, selon les cas, soit être représenté par un tiers, soit être
assisté par un tiers. Les incapacités d’exercice peuvent être générales, c'est à dire
concerner tous les droits ou être spéciales, c'est à dire ne concerner qu’un droit
particulier.
Au sein des mineurs, il existe de nombreuses règles qui conduisent à une gradation
de l’autonomie des moins de 18 ans. Les textes renvoient parfois à des notions telles
que le discernement ou la maturité. Dans d’autres cas, ils fixent des seuils d’âge. Les
seuils les plus fréquents sont 13 et 16 ans. Ainsi, par exemple, le changement de
prénom, la plupart des changements de noms, l’adoption ou encore l’acquisition
anticipée de la nationalité française d’un mineur de 13 ans suppose son
consentement (art. 60, 61-3, 61-3-1, 363, 345, 360 et 21-11 C. civ.). A partir de 16
ans, l’autonomie est encore plus importante puisque le mineur peut agir seul et sans
autorisation pour acquérir ou perdre la nationalité française (art. 17-3, 20-2, 21-11,
22-3 et 26-3 C. civ.). Son autonomie grandissante atteint également les questions
patrimoniales puisqu’il peut obtenir une copie des documents relatifs à la gestion de
ses biens qui seraient demandés par le juge à son administrateur légal (art. 387-4 et
5 C. civ.) ou qui sont établis par son tuteur (art. 510 C. civ.). Depuis 2010, il peut
même être autorisé à gérer une entreprise personnelle (art. 388-1-2 et 401 C. civ.). Il
peut également disposer de la moitié de ses biens disponibles par testament (art.
904 C. civ.). Enfin, bien sûr, à partir de 16 ans, il peut être émancipé (art. 413-2 C.
civ.)
S’agissant des majeurs, la protection de leur intérêt est également un objectif de la
législation et il doit en être tenu compte dans la mise en œuvre des mesures de
protection. L’article 415 du code civil précise bien que la protection des majeurs « a
pour finalité l'intérêt de la personne protégée » tout en ajoutant immédiatement après
qu’elle « favorise, dans la mesure du possible, l'autonomie de celle-ci ». On peut
relever deux différences par rapport à l’intérêt de l’enfant : - L’intérêt du majeur
protégé ne s’affirme pas comme étant supérieur à toute autre considération et devant
s’imposer systématiquement. Le juge doit le prendre en considération lorsqu’un texte
lui prescrit de le faire (ex. : art. 426 C. civ., prise en compte de l’intérêt de la
personne pour changer de logement ; art. 448 C. civ., possibilité d’écarter le tuteur
désigné, au nom de l’intérêt de la personne ; art. 494-5 C. civ., le dispositif de
l’habilitation familiale doit être conforme aux intérêts de personne). - C’est parfois la
volonté de la personne qu’il faut chercher à respecter et non son intérêt objectif, dans
une perspective de respect de l’autonomie et de refus du paternalisme systématique
(l’idée est de ne pas imposer à la personne une décision jugée dans son intérêt alors
qu’elle l’apprécie différemment ; il faut, au maximum, éviter de prétendre savoir
mieux que la personne elle-même ce qui est bon pour elle).
Pour les majeurs, ce second cercle est large puisqu’il pourra s’agir d’un parent, d’un
allié ou d’une personne résidant avec le majeur protégé ou même d’une personne
entretenant avec lui des liens étroits et stables
En outre, la possibilité, depuis 2007, de désigner un tuteur adjoint, permet de
désigner plusieurs personnes de la famille pour protéger la personne vulnérable. Par
exemple, pour un adulte handicapé, cela permet aux deux parents d’exercer la
mesure de protection.
L’Etat, le juge
Certains actes sont d’administration mais ils doivent être regardés comme des actes
de disposition lorsque, dans les circonstances de l’espèce, ils ne répondent pas à la
définition générale des actes d’administrations « en raison de leurs conséquences
importantes sur le contenu ou la valeur du patrimoine de la personne protégée, sur
les prérogatives de celle-ci ou sur son mode de vie » (art. 1 du décret). Figurent
notamment dans cette liste : le paiement des dettes, la conclusion et la rupture d’un
contrat de travail.
D’autre part, certains actes sont de disposition mais ils doivent être considérés
comme des actes d’administration lorsque, dans les circonstances de l’espèce, ils ne
répondent pas à la définition générale de l’acte de disposition « en raison de leurs
faibles conséquences sur le contenu ou la valeur du patrimoine de la personne
protégée, sur les prérogatives de celle-ci ou sur son mode de vie » (art. 2 du décret).
Figurent notamment dans cette liste : le prélèvement de sommes d’argent sur le
capital à l'exclusion du paiement des dettes, l’emprunt de sommes d'argent, le prêt
consenti par la personne protégée, la conclusion d'un contrat d'exploitation d'un droit
ou d'un meuble incorporel ou encore le contrat de crédit.
Selon l’article 414-1 du code civil, « Pour faire un acte valable, il faut être sain
d'esprit ». L’insanité d’esprit est donc une cause de nullité (la règle est reprise pour
les contrats à l’article 1129 C. civ. qui énonce « Conformément à l'article 414-1, il faut
être sain d'esprit pour consentir valablement à un contrat »).
L’insanité d’esprit est une cause de nullité relative qui ne peut être invoquée que par
la personne qui subit ou subissait le trouble mental (ou son représentant) dans un
délai de cinq ans. La charge de la preuve du trouble mental pèse sur celui qui
invoque la nullité. Il doit démontrer l’absence de discernement de la personne au
moment de l’acte.
Selon la jurisprudence (Civ. 1re, 25 mai 2004, n° 01-03629 ; Civ. 1re, 14 mars 2018,
n° 17-15406), la preuve de l’existence d’un trouble mental doit être rapportée par le
demandeur même si l’auteur de l’acte est sous un régime de protection.
Dès lors, par exemple, l’autorisation donnée par le juge des tutelles pour effectuer un
acte n’est pas un obstacle à l’action en nullité pour insanité d’esprit (Civ. 1re, 20 oct.
2010, 09-13635 : « Mais attendu que l'autorisation donnée par le juge des tutelles de
vendre la résidence d'un majeur protégé ne fait pas obstacle à l'action en annulation,
pour insanité d'esprit, de l'acte passé par celui-ci »).
Après le décès de la personne, ses héritiers peuvent agir en nullité pour trouble
mental des actes autres que la donation entre vifs ou le testament dans différents
cas posés à l’article 414-2 du code civil : - Si l'acte porte en lui-même la preuve d'un
trouble mental ; - S'il a été fait alors que l'intéressé était placé sous sauvegarde de
justice ; - Si une action a été introduite avant son décès aux fins d'ouverture d'une
curatelle ou d'une tutelle ou aux fins d'habilitation familiale ou si effet a été donné à
un mandat de protection future.
Pour les libéralités, il existe un texte spécifique, l’article 901 du code civil : Selon ce
texte, « pour faire une libéralité, il faut être sain d'esprit. La libéralité est nulle lorsque
le consentement a été vicié par l'erreur, le dol ou la violence ». Il ressort de la
jurisprudence que l’action est réservée aux successeurs universels légaux ou
testamentaires, à l’exclusion des légataires à titre particulier et des tiers intéressés
L’accompagnement socio-judiciaire
Cette mesure vise les personnes qui bénéficient de prestations sociales et dont la
santé ou la sécurité est menacée par des difficultés à gérer leurs ressources.
Comprend l’accompagnement social et judiciaire
La mesure d’accompagnement social personnalisé
Elle prend la forme d'un contrat conclu entre le bénéficiaire et le département
(représenté par le président du Conseil départemental).
La mesure comporte deux volets : un accompagnement social individualisé et une
aide à la gestion des prestations sociales. S’agissant de l’accompagnement social, le
contrat doit prévoir des actions menées par les services sociaux visant à l’insertion
sociale et au rétablissement des conditions d’une gestion autonome des prestations
(art. L271-2 CASF). Sur l’aide à la gestion, le contrat peut prévoir que le département
percevra et gèrera pour le compte du bénéficiaire tout ou partie des prestations.
La gestion doit se faire « dans l'intérêt de la personne en tenant compte de son avis
et de sa situation familiale » (art. 495-7 C. civ.). En outre, l’optique est d’aider la
personne à redevenir complètement autonome, à l’accompagner vers l’autonomie.
Par conséquent, le mandataire doit exercer auprès d’elle « une action éducative
tendant à rétablir les conditions d'une gestion autonome des prestations sociales »
(art. 495-7 C. civ.).
La protection future qui permet à une personne majeure en possession de ses moyens de désigner
par avance la personne qui devra la représenter si un jour elle n’est plus en mesure de pourvoir seule
à ses intérêts en raison d’une altération de ses facultés
- le mandat de protection future a une base contractuelle, il ne nécessite pas de décision de justice ;
par conséquent, il permet au mandataire d’intervenir mais sans rendre le mandant incapable ; -
l’habilitation familiale permet une protection par la famille ; elle s’apparente à la curatelle ou à la
tutelle selon ce qui est décidé ;
- la curatelle conduit en principe à une assistance pour les actes les plus importants ;
Selon l’article 428 du code civil, la mesure de protection judiciaire doit être « proportionnée et
individualisée en fonction du degré d'altération des facultés personnelles de l'intéressé »
En outre, une mesure de protection judiciaire ne peut être ordonnée par le juge qu'en cas de
nécessité et lorsqu'il ne peut être suffisamment pourvu aux intérêts de la personne par la mise en
œuvre d’un mandat de protection future conclu par l'intéressé, par l'application des règles du droit
commun de la représentation, ou par celles relatives aux droits et devoirs respectifs des époux et des
règles des régimes matrimoniaux ou encore par une autre mesure de protection moins
contraignante. L’article 494-2 contient des règles similaires s’agissant de l’habilitation familiale
Deux mécanismes peuvent particulièrement être utilisés et permettre d’éviter la mise en place d’une
mesure judiciaire de protection : le mandat et la gestion d’affaires. - Le mandat Le mandat (art. 1984
s. C. civ.), ou procuration, donné par la personne dont les facultés sont altérées peut être suffisant
dans certains cas pour pourvoir à ses intérêts. Rappelons qu’il permet au mandataire de conclure des
actes au nom et pour le compte du mandant. Cela peut ainsi par exemple, permettre à un enfant de
gérer quelques tâches pour son parent devenu incapable de les effectuer. Cette solution n’est pas
adaptée à toutes les situations pour différentes raisons. Tout d’abord, en cas de conflit familial, un
simple mandat peut mettre en difficulté le mandataire. Ensuite, un mandat général sera limité aux
actes d’administration. Seul un mandat exprès et spécial peut permettre de disposer de la propriété
d’un bien. Enfin, le mandat doit prendre la forme de l’acte pour lequel il est donné. Par exemple,
pour une vente d’immeuble exigeant un acte authentique, le mandat devra aussi être authentique.
- La gestion d’affaires La gestion d’affaires (art. 1301 s. C. civ.) est un quasi-contrat de mandat. C’est
une hypothèse de représentation imparfaite. Rappelons que la gestion d’affaires vise le cas dans
lequel une personne, sans y être obligée, « gère sciemment et utilement l'affaire d'autrui, à l'insu ou
sans opposition du maître de cette affaire ». Une personne va donc prendre seule l’initiative de gérer
les affaires d’une autre sans accord de volonté entre elles (toutefois, il ne faut pas qu’il existe une
opposition de la personne dont les affaires sont gérées). Dans ce cas, le gérant est soumis à toutes les
obligations d'un mandataire dans l'accomplissement des actes juridiques et matériels de sa gestion. Il
doit gérer les affaires avec soin, comme le ferait une personne raisonnable. De son côté, celui dont
les affaires ont été gérées « doit remplir les engagements contractés dans son intérêt par le gérant »
à condition que la gestion ait été « utile » (art. 1301-2 C. civ.
Le régime primaire contient trois dispositifs susceptibles d’être utilisés dans cette situation :
l’habilitation, l’autorisation judiciaire et les mesures judiciaires$
- L’habilitation Il s’agit ici de permettre à un époux de représenter l’autre lorsque celui-ci ne peut pas
manifester sa volonté, quelle que soit la cause de cette impossibilité.
- L’autorisation judiciaire
L’article 217 du code civil permet au juge d’autoriser un des époux à agir seul dans deux hypothèses :
« soit lorsque son conjoint est hors d’état de manifester sa volonté, soit lorsque son refus n’est pas
justifié par l’intérêt de la famille