Vous êtes sur la page 1sur 12

Chapitre introductif

L’article 1124 du code civil de 1804 énonçait que « Les incapables de contracter
sont, Les mineurs, Les interdits, Les femmes mariées, dans les cas exprimés par la
loi »

La mort civile : Elle privait la personne de tous ses droits civils, le condamné perdait
la propriété de tous ses biens, sa succession était ouverte, son mariage était
dissous, il ne pouvait plus se marier (art. 25).
L’incapacité des mineurs : la minorité allait jusqu’à l’âge de 21 ans. Les mineurs
étaient soumis à la « puissance paternelle » qui remplaçait alors l’autorité parentale.
On était très loin de l’idée actuelle d’un droit conféré aux parents dans l’intérêt de
l’enfant. L’idée d’autorité était proche de celle de domination.
Quelques restrictions persistaient au-delà de la majorité, ainsi, les hommes de moins
de 25 ans ne pouvaient pas se marier sans l’autorisation de leurs parents (art. 148).

L’incapacité des majeurs vulnérables dans le code de 1804 : elles pouvaient voir
leur capacité juridique supprimée ou réduite sans véritable objectif de préservation
maximum de leur autonomie.
L’optique est très paternaliste.
Deux mesures étaient prévues par le code civil de 1804 : l’interdiction et le conseil
judiciaire. Très schématiquement, elles correspondaient à la tutelle et à la curatelle
puisque l’interdiction prévoyait la représentation et le conseil conduisait à une
assistance.

L’interdiction : L’article 509 du code civil de 1804 énonçait ainsi : « les lois sur la
tutelle des mineurs s’appliqueront à la tutelle des interdits ». Toute idée de protection
de la personne n’est tout de même pas absente dans les textes puisque l’article 510
énonçait alors « Les revenus d’un interdit doivent être essentiellement employés à
adoucir son sort et à accélérer sa guérison ».
Ainsi, aucun objectif de préservation de l’autonomie n’apparaît mais il y a bien une
volonté de protection.

Le conseil judiciaire : Si le juge refusait de prononcer l’interdiction, il pouvait tout de


même prévoir qu’une assistance d’un conseil serait indispensable pour certains
actes, optant ainsi pour un régime de conseil judicaire, plus proche de la curatelle.
En outre, le conseil judiciaire était également possible pour les prodigues.
L’enfermement des aliénés : il conduisait, si la personne n’était pas déjà interdite, à
une incapacité puisque la gestion des biens de l’aliéné était confiée à un
administrateur. Il y avait ainsi confusion entre le soin (à travers l’hospitalisation) et la
mesure civile d’incapacité.

La loi de 1968 visait à réformer les régimes d’incapacité qui concernaient


uniquement les mineurs et les majeurs incapables de pourvoir à leurs intérêts,
de s’assumer ou d’assumer leur famille.

Les lois du 3 janvier 1968 et du 5 mars 2007

La loi du 3 janvier 1968


Cette loi a mis fin au système des interdits et des aliénés et a créé le système
tutélaire. Plus précisément, elle a maintenu la tutelle des mineurs et a mis en place
trois possibilités pour les majeurs : la sauvegarde de justice, à vocation provisoire, et
surtout la curatelle et la tutelle, qui peuvent être envisagées à plus long terme.
Selon cette loi :
« La majorité est fixée à dix-huit ans accomplis ; à cet âge, on est capable de tous
les actes de la vie civile.

La sauvegarde de justice, à vocation provisoire ou tutelle : soit à l'occasion d'un


acte particulier, soit d'une manière continue, le majeur qu'une altération de ses
facultés personnelles met dans l'impossibilité de pourvoir seul à ses intérêts.
Peut pareillement être protégé le majeur qui, par sa prodigalité, son intempérance
ou son oisiveté, s'expose à tomber dans le besoin ou compromet l'exécution de ses
obligations familiales ».
La seule mesure qu’il était possible d’utiliser dans le cas du dernier alinéa
était la curatelle, dite curatelle pour prodigalité, à l’exclusion donc de la tutelle.
 Il était possible de voir sa capacité juridique réduite alors même que l’on
disposait de toutes ses facultés. Tel pouvait être le cas en cas de
prodigalité, d’intempérance ou d’oisiveté

La loi du 5 mars 2007 portant réforme de la protection juridique des majeurs

La loi vise a mettre en avant l’idée de protection et non de diminution, d’où le rejet de
l’expression « majeurs incapables » et l’essor des termes « majeur protégé » (la
comparaison des intitulés des lois de 1968 et de 2007 le démontre). L’idée est de
protéger les intérêts de la personnes protégée (pour les mineurs, cela renvoie à
l’objectif de protection de l’intérêt de l’enfant) et de préserver au maximum ses choix
(là encore, pour les mineurs, l’idée est déjà connue, notamment à travers les règles
imposant d’entendre les mineurs doués de discernement). On retrouve derrière cela
l’essor de l’autonomie personnelle et l’idée de protection des droits fondamentaux
individuels de chacun

Dans les cas de difficultés sociales il faut utiliser les mesures d’accompagnement
socio judiciaire
La loi supprime donc la curatelle pour prodigalité qui permettait de décider d’une
curatelle sans certificat médical et pour seuls motifs sociaux.
Il est aujourd’hui exclu de retirer la capacité d’une personne en raison d’un
surendettement ou pour éviter une dilapidation du patrimoine.
Désormais, seules les personnes bénéficiant de prestations sociales sont
susceptibles d’être concernées par une mesure, ce sera en priorité une mesure
d’accompagnement social et, si cela s’avère nécessaire, tout au plus, la capacité
de la personne pourra être réduite mais uniquement s’agissant de la perception et
de la gestion de ces prestations, via une mesure d’accompagnement judiciaire.
La création du mandat de protection future. Celui-ci permet à la personne d’anticiper
et de prévoir elle-même la protection à mettre en place si un jour cela devient
nécessaire. La création de ce mécanisme reflète aussi une idée de déjudiciarisation
puisque l’intervention du juge ne sera pas indispensable.

L’ordonnance du 15 octobre 2015 et la loi du 23 mars 2019 : choix de l’autonomie

Une nouvelle forme de protection juridique : l’habilitation familiale. L’habilitation


familiale est prioritaire par rapport aux mesures judiciaires de sauvegarde de
justice, de curatelle ou de tutelle. Depuis sa création, le dispositif de l’habilitation
familiale a été étendu (v. infra), ce qui a permis de renforcer la place de la famille
dans la protection des majeurs.

Désormais, chacun des parents exerçant l’autorité parentale est administrateur légal
(art. 382 C. civ.) et peut agir seul sauf pour certains actes très importants qui
nécessitent l’autorisation du juge.

- La loi du 23 mars 2019

l'habilitation familiale est recomposée si bien qu'elle concurrence l'ensemble des


mesures de protection judiciaire (les conditions d'ouverture et de renouvellement se
rapprochent fortement du droit commun ; désormais, elle peut être aussi bien de
représentation que d'assistance) ; et le juge des tutelles cède sa place, depuis le 1er
janvier 2020, au juge des contentieux de la protection.
L’incapacité de jouissance
C’est l’incapacité d’être titulaire d’un droit. Une incapacité totale de jouissance revient
à une absence de personnalité juridique.
Dans le code civil actuel, les incapacités spéciales de jouissance sont inspirées
d’une méfiance dans certaines situations particulièrement propices à un abus.
Par exemple disposition entre corps médical ayant prodigué des soins et le malade
qui décède.
Les mandataires judiciaires à la protection des majeurs et les personnes morales au
nom desquelles ils exercent leurs fonctions ne peuvent pareillement profiter des
dispositions entre vifs ou testamentaires que les personnes dont ils assurent la
protection auraient faites en leur faveur quelle que soit la date de la libéralité ».

L’incapacité d’exercice
Elle n’empêche pas d’être titulaire d’un droit, elle empêche simplement de l’exercer.
Pour l’exercer il faudra alors, selon les cas, soit être représenté par un tiers, soit être
assisté par un tiers. Les incapacités d’exercice peuvent être générales, c'est à dire
concerner tous les droits ou être spéciales, c'est à dire ne concerner qu’un droit
particulier.

Au sein des mineurs, il existe de nombreuses règles qui conduisent à une gradation
de l’autonomie des moins de 18 ans. Les textes renvoient parfois à des notions telles
que le discernement ou la maturité. Dans d’autres cas, ils fixent des seuils d’âge. Les
seuils les plus fréquents sont 13 et 16 ans. Ainsi, par exemple, le changement de
prénom, la plupart des changements de noms, l’adoption ou encore l’acquisition
anticipée de la nationalité française d’un mineur de 13 ans suppose son
consentement (art. 60, 61-3, 61-3-1, 363, 345, 360 et 21-11 C. civ.). A partir de 16
ans, l’autonomie est encore plus importante puisque le mineur peut agir seul et sans
autorisation pour acquérir ou perdre la nationalité française (art. 17-3, 20-2, 21-11,
22-3 et 26-3 C. civ.). Son autonomie grandissante atteint également les questions
patrimoniales puisqu’il peut obtenir une copie des documents relatifs à la gestion de
ses biens qui seraient demandés par le juge à son administrateur légal (art. 387-4 et
5 C. civ.) ou qui sont établis par son tuteur (art. 510 C. civ.). Depuis 2010, il peut
même être autorisé à gérer une entreprise personnelle (art. 388-1-2 et 401 C. civ.). Il
peut également disposer de la moitié de ses biens disponibles par testament (art.
904 C. civ.). Enfin, bien sûr, à partir de 16 ans, il peut être émancipé (art. 413-2 C.
civ.)
S’agissant des majeurs, la protection de leur intérêt est également un objectif de la
législation et il doit en être tenu compte dans la mise en œuvre des mesures de
protection. L’article 415 du code civil précise bien que la protection des majeurs « a
pour finalité l'intérêt de la personne protégée » tout en ajoutant immédiatement après
qu’elle « favorise, dans la mesure du possible, l'autonomie de celle-ci ». On peut
relever deux différences par rapport à l’intérêt de l’enfant : - L’intérêt du majeur
protégé ne s’affirme pas comme étant supérieur à toute autre considération et devant
s’imposer systématiquement. Le juge doit le prendre en considération lorsqu’un texte
lui prescrit de le faire (ex. : art. 426 C. civ., prise en compte de l’intérêt de la
personne pour changer de logement ; art. 448 C. civ., possibilité d’écarter le tuteur
désigné, au nom de l’intérêt de la personne ; art. 494-5 C. civ., le dispositif de
l’habilitation familiale doit être conforme aux intérêts de personne). - C’est parfois la
volonté de la personne qu’il faut chercher à respecter et non son intérêt objectif, dans
une perspective de respect de l’autonomie et de refus du paternalisme systématique
(l’idée est de ne pas imposer à la personne une décision jugée dans son intérêt alors
qu’elle l’apprécie différemment ; il faut, au maximum, éviter de prétendre savoir
mieux que la personne elle-même ce qui est bon pour elle).

Lorsqu’il faut envisager une mesure de protection, le rôle de la famille reste


fondamental. Tout d’abord, la famille élargie peut intervenir pour demander la mise
en place d’une mesure.
La notion de famille retenue ici est particulièrement large puisqu’elle comprend
l’ensemble des parents ou alliés. Elle comprend également le conjoint, le partenaire
pacsé ou le concubin. En outre, depuis 2007, elle s’est élargie aux proches puisque
l’ouverture de la mesure peut aussi être demandée par « une personne entretenant
avec le majeur des liens étroits et stables » (art. 430 C. civ.).

Ensuite, la famille figure en bonne place pour exercer une tutelle.


On retrouve ici le « premier cercle » puisque pour les mineurs, le dernier vivant des
parents, s’il exerçait l’autorité parentale, a un droit de choisir le tuteur (art. 403
C. civ.).
Pour les majeurs, le tuteur ou le curateur sera en priorité le conjoint, le partenaire
pacsé ou le concubin (art. 449 C. civ.). Il faut toutefois noter que, qu’il s’agisse d’un
mineur ou d’un majeur, dans un cas comme dans l’autre, ces « tuteurs prioritaires »
peuvent être écartés dans l’intérêt de la personne protégée. A défaut de premier
cercle ou si celui-ci ne s’avère pas en mesure de protéger efficacement la personne,
le second cercle familial va intervenir.

Pour les majeurs, ce second cercle est large puisqu’il pourra s’agir d’un parent, d’un
allié ou d’une personne résidant avec le majeur protégé ou même d’une personne
entretenant avec lui des liens étroits et stables
En outre, la possibilité, depuis 2007, de désigner un tuteur adjoint, permet de
désigner plusieurs personnes de la famille pour protéger la personne vulnérable. Par
exemple, pour un adulte handicapé, cela permet aux deux parents d’exercer la
mesure de protection.

Pour les mineurs, le rôle du « second cercle » familial semble décliner


Désormais, à défaut de désignation d’un tuteur par les parents, le tuteur est désigné
par le conseil de famille sans aucune priorité donnée à la famille (art. 404 C. civ.). Le
conseil de famille est quant à lui composé de personnes de la famille ou de
personnes ayant des liens avec l’enfant ou avec ses père et mère (art. 399 C. civ.).

Depuis la loi de 2007, et dans un souci de simplification, le conseil de famille est


devenu optionnel, il n’est plus systématique.

L’Etat, le juge

Le mandataire judiciaire à la protection des majeurs (MJPM) Cette profession a été


créée par la loi du 5 mars 2007. Elle montre la professionnalisation croissante de la
protection juridique des majeurs, parallèle au déclin de la protection familiale.

Section III Rappels sur les notions (pouvoirs, actes)


La capacité indique quels sont les actes qu’une personne peut effectuer sur son
patrimoine.
Le pouvoir indique quels sont les actes que la personne chargée de la protection
peut effectuer sur le patrimoine de la personne protégée.
Selon l’article 1, « Constituent des actes d'administration les actes d'exploitation ou
de mise en valeur du patrimoine de la personne protégée dénués de risque anormal
».
Selon l’article 2, « Constituent des actes de disposition les actes qui engagent le
patrimoine de la personne protégée, pour le présent ou l'avenir, par une modification
importante de son contenu, une dépréciation significative de sa valeur en capital ou
une altération durable des prérogatives de son titulaire ».

Sont ainsi toujours des actes d’administration, notamment : S’agissant des


immeubles : la conclusion et le renouvellement d'un bail qui ne dépasse pas 9 ans
ainsi que les travaux d'améliorations utiles, les aménagements et les réparations
d'entretien. S’agissant des meubles : l’ouverture d'un premier compte au nom ou
pour le compte de la personne protégée, la perception des revenus et celle des
fruits, la vente de meubles d’usage courant ou de faible valeur. Relèvent également
toujours de la catégorie des actes d’administration l’acceptation d’une succession à
concurrence de l’actif net, la conclusion ou le renouvellement d'un contrat
d'assurance de biens ou de responsabilité civile, toute action en justice relative à un
droit patrimonial de la personne sous tutelle.

Relèvent à l’inverse toujours de la catégorie des actes de disposition, notamment :


S’agissant des immeubles, la disposition des droits relatifs au logement de la
personne protégée (par aliénation, résiliation ou conclusion d'un bail), la vente ou
l’apport en société, l’échange, la constitution de droits réels (principaux tels que
usufruit ou servitudes ou accessoires tels que l’hypothèque) et « tout acte grave,
notamment la conclusion et le renouvellement du bail, relatif aux baux ruraux,
commerciaux, industriels, artisanaux, professionnels et mixtes, grosses réparations
sur l'immeuble ». En ce qui concerne les meubles, la modification d’un compte ouvert
ou l’ouverture d’un nouveau compte, l’aliénation des meubles meublant du logement,
les actes importants concernant un fond de commerce (vente, apport en société ou
conclusion d’un contrat de location gérance), la vente de meubles de valeur ou qui
constituent, au regard de l'inventaire, une part importante du patrimoine du mineur ou
du majeur protégé. De nombreux actes à titre gratuit doivent également toujours être
regardés comme des actes de disposition : la donation consentie par une personne
protégée majeure, le partage amiable, l’acceptation pure et simple d'une succession,
la renonciation à une succession, la révocation d'une donation entre époux. Relève
également toujours de la catégorie des actes de disposition la modification du régime
matrimonial.

Certains actes sont d’administration mais ils doivent être regardés comme des actes
de disposition lorsque, dans les circonstances de l’espèce, ils ne répondent pas à la
définition générale des actes d’administrations « en raison de leurs conséquences
importantes sur le contenu ou la valeur du patrimoine de la personne protégée, sur
les prérogatives de celle-ci ou sur son mode de vie » (art. 1 du décret). Figurent
notamment dans cette liste : le paiement des dettes, la conclusion et la rupture d’un
contrat de travail.

D’autre part, certains actes sont de disposition mais ils doivent être considérés
comme des actes d’administration lorsque, dans les circonstances de l’espèce, ils ne
répondent pas à la définition générale de l’acte de disposition « en raison de leurs
faibles conséquences sur le contenu ou la valeur du patrimoine de la personne
protégée, sur les prérogatives de celle-ci ou sur son mode de vie » (art. 2 du décret).
Figurent notamment dans cette liste : le prélèvement de sommes d’argent sur le
capital à l'exclusion du paiement des dettes, l’emprunt de sommes d'argent, le prêt
consenti par la personne protégée, la conclusion d'un contrat d'exploitation d'un droit
ou d'un meuble incorporel ou encore le contrat de crédit.

Section I La nullité des actes pour insanité d’esprit et l’accompagnement


socio-judiciaire

Indépendamment de la mise en place de toute mesure de protection, le code civil


prévoit des dispositions destinées à protéger les personnes en situation d’insanité
d’esprit qui aurait donné leur consentement à un acte juridique.

Selon l’article 414-1 du code civil, « Pour faire un acte valable, il faut être sain
d'esprit ». L’insanité d’esprit est donc une cause de nullité (la règle est reprise pour
les contrats à l’article 1129 C. civ. qui énonce « Conformément à l'article 414-1, il faut
être sain d'esprit pour consentir valablement à un contrat »).
L’insanité d’esprit est une cause de nullité relative qui ne peut être invoquée que par
la personne qui subit ou subissait le trouble mental (ou son représentant) dans un
délai de cinq ans. La charge de la preuve du trouble mental pèse sur celui qui
invoque la nullité. Il doit démontrer l’absence de discernement de la personne au
moment de l’acte.

Selon la jurisprudence (Civ. 1re, 25 mai 2004, n° 01-03629 ; Civ. 1re, 14 mars 2018,
n° 17-15406), la preuve de l’existence d’un trouble mental doit être rapportée par le
demandeur même si l’auteur de l’acte est sous un régime de protection.

Dès lors, par exemple, l’autorisation donnée par le juge des tutelles pour effectuer un
acte n’est pas un obstacle à l’action en nullité pour insanité d’esprit (Civ. 1re, 20 oct.
2010, 09-13635 : « Mais attendu que l'autorisation donnée par le juge des tutelles de
vendre la résidence d'un majeur protégé ne fait pas obstacle à l'action en annulation,
pour insanité d'esprit, de l'acte passé par celui-ci »).

Après le décès de la personne, ses héritiers peuvent agir en nullité pour trouble
mental des actes autres que la donation entre vifs ou le testament dans différents
cas posés à l’article 414-2 du code civil : - Si l'acte porte en lui-même la preuve d'un
trouble mental ; - S'il a été fait alors que l'intéressé était placé sous sauvegarde de
justice ; - Si une action a été introduite avant son décès aux fins d'ouverture d'une
curatelle ou d'une tutelle ou aux fins d'habilitation familiale ou si effet a été donné à
un mandat de protection future.
Pour les libéralités, il existe un texte spécifique, l’article 901 du code civil : Selon ce
texte, « pour faire une libéralité, il faut être sain d'esprit. La libéralité est nulle lorsque
le consentement a été vicié par l'erreur, le dol ou la violence ». Il ressort de la
jurisprudence que l’action est réservée aux successeurs universels légaux ou
testamentaires, à l’exclusion des légataires à titre particulier et des tiers intéressés

En matière de responsabilité civile extracontractuelle, le trouble mental n’est pas une


cause d’irresponsabilité puisque l’article 414-3 du code civil précise que « celui qui a
causé un dommage à autrui alors qu'il était sous l'empire d'un trouble mental n'en est
pas moins obligé à réparation »

L’accompagnement socio-judiciaire
Cette mesure vise les personnes qui bénéficient de prestations sociales et dont la
santé ou la sécurité est menacée par des difficultés à gérer leurs ressources.
Comprend l’accompagnement social et judiciaire
La mesure d’accompagnement social personnalisé
Elle prend la forme d'un contrat conclu entre le bénéficiaire et le département
(représenté par le président du Conseil départemental).
La mesure comporte deux volets : un accompagnement social individualisé et une
aide à la gestion des prestations sociales. S’agissant de l’accompagnement social, le
contrat doit prévoir des actions menées par les services sociaux visant à l’insertion
sociale et au rétablissement des conditions d’une gestion autonome des prestations
(art. L271-2 CASF). Sur l’aide à la gestion, le contrat peut prévoir que le département
percevra et gèrera pour le compte du bénéficiaire tout ou partie des prestations.

Le Président du Conseil départemental peut demander au juge du tribunal judiciaire


qu’une partie des prestations sociales correspondant au montant du loyer et les
charges locatives soit versée directement, chaque mois, au bailleur (art. L271-5
CASF).

- La mesure d’accompagnement judiciaire


La mesure est prononcée sur demande du procureur de la République à la suite d’un
rapport des services sociaux. Elle est exclue lorsqu’une mesure de protection est
mise en place (si la mesure de protection est mise en place postérieurement, la
mesure d’accompagnement judicaire cesse) et lorsque les règles relatives aux
régimes matrimoniaux suffisent pour parvenir à une gestion satisfaisante par le
conjoint.
La mesure n’entraîne en principe pas d’incapacité. Elle ne porte que sur la gestion
de certaines prestations sociales : celles-ci seront gérées par un mandataire
judiciaire à la protection des majeurs habilité.

La gestion doit se faire « dans l'intérêt de la personne en tenant compte de son avis
et de sa situation familiale » (art. 495-7 C. civ.). En outre, l’optique est d’aider la
personne à redevenir complètement autonome, à l’accompagner vers l’autonomie.
Par conséquent, le mandataire doit exercer auprès d’elle « une action éducative
tendant à rétablir les conditions d'une gestion autonome des prestations sociales »
(art. 495-7 C. civ.).

Les mesures de protection juridiques des majeurs

La protection future qui permet à une personne majeure en possession de ses moyens de désigner
par avance la personne qui devra la représenter si un jour elle n’est plus en mesure de pourvoir seule
à ses intérêts en raison d’une altération de ses facultés

L’ordonnance du 15 octobre 2015 portant simplification et modernisation du droit de la famille a


créé une nouvelle mesure de protection : l’habilitation familiale.

En résumé, la situation est aujourd’hui la suivante :

- la sauvegarde de justice ne conduit pas à une représentation ou à une assistance systématique ;


c’est un régime par nature provisoire ;

- le mandat de protection future a une base contractuelle, il ne nécessite pas de décision de justice ;
par conséquent, il permet au mandataire d’intervenir mais sans rendre le mandant incapable ; -
l’habilitation familiale permet une protection par la famille ; elle s’apparente à la curatelle ou à la
tutelle selon ce qui est décidé ;

- la curatelle conduit en principe à une assistance pour les actes les plus importants ;

- la tutelle conduit en principe à une représentation générale

Règles de mise en place communes

La subsidiarité des mesures de protection des incapables

Selon l’article 428 du code civil, la mesure de protection judiciaire doit être « proportionnée et
individualisée en fonction du degré d'altération des facultés personnelles de l'intéressé »

En outre, une mesure de protection judiciaire ne peut être ordonnée par le juge qu'en cas de
nécessité et lorsqu'il ne peut être suffisamment pourvu aux intérêts de la personne par la mise en
œuvre d’un mandat de protection future conclu par l'intéressé, par l'application des règles du droit
commun de la représentation, ou par celles relatives aux droits et devoirs respectifs des époux et des
règles des régimes matrimoniaux ou encore par une autre mesure de protection moins
contraignante. L’article 494-2 contient des règles similaires s’agissant de l’habilitation familiale

Deux mécanismes peuvent particulièrement être utilisés et permettre d’éviter la mise en place d’une
mesure judiciaire de protection : le mandat et la gestion d’affaires. - Le mandat Le mandat (art. 1984
s. C. civ.), ou procuration, donné par la personne dont les facultés sont altérées peut être suffisant
dans certains cas pour pourvoir à ses intérêts. Rappelons qu’il permet au mandataire de conclure des
actes au nom et pour le compte du mandant. Cela peut ainsi par exemple, permettre à un enfant de
gérer quelques tâches pour son parent devenu incapable de les effectuer. Cette solution n’est pas
adaptée à toutes les situations pour différentes raisons. Tout d’abord, en cas de conflit familial, un
simple mandat peut mettre en difficulté le mandataire. Ensuite, un mandat général sera limité aux
actes d’administration. Seul un mandat exprès et spécial peut permettre de disposer de la propriété
d’un bien. Enfin, le mandat doit prendre la forme de l’acte pour lequel il est donné. Par exemple,
pour une vente d’immeuble exigeant un acte authentique, le mandat devra aussi être authentique.

- La gestion d’affaires La gestion d’affaires (art. 1301 s. C. civ.) est un quasi-contrat de mandat. C’est
une hypothèse de représentation imparfaite. Rappelons que la gestion d’affaires vise le cas dans
lequel une personne, sans y être obligée, « gère sciemment et utilement l'affaire d'autrui, à l'insu ou
sans opposition du maître de cette affaire ». Une personne va donc prendre seule l’initiative de gérer
les affaires d’une autre sans accord de volonté entre elles (toutefois, il ne faut pas qu’il existe une
opposition de la personne dont les affaires sont gérées). Dans ce cas, le gérant est soumis à toutes les
obligations d'un mandataire dans l'accomplissement des actes juridiques et matériels de sa gestion. Il
doit gérer les affaires avec soin, comme le ferait une personne raisonnable. De son côté, celui dont
les affaires ont été gérées « doit remplir les engagements contractés dans son intérêt par le gérant »
à condition que la gestion ait été « utile » (art. 1301-2 C. civ.

Subsidiarité par rapport au droit des régimes matrimoniaux

Le régime primaire contient trois dispositifs susceptibles d’être utilisés dans cette situation :
l’habilitation, l’autorisation judiciaire et les mesures judiciaires$

- L’habilitation Il s’agit ici de permettre à un époux de représenter l’autre lorsque celui-ci ne peut pas
manifester sa volonté, quelle que soit la cause de cette impossibilité.

- L’autorisation judiciaire

L’article 217 du code civil permet au juge d’autoriser un des époux à agir seul dans deux hypothèses :
« soit lorsque son conjoint est hors d’état de manifester sa volonté, soit lorsque son refus n’est pas
justifié par l’intérêt de la famille

Les mesures judiciaires


- Les mesures judiciaires L’article 220-1 du code civil dispose : « Si l'un des époux manque gravement
à ses devoirs et met ainsi en péril les intérêts de la famille, le juge aux affaires familiales peut
prescrire toutes les mesures urgentes que requièrent ces intérêts. »

Vous aimerez peut-être aussi