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République Démocratique du

Congo
Ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire
INSTITUT SUPERIEUR D’ETUDES SOCIALES DE KANANGA
« ISES/KGA »

Domaine : Sciences Economiques et de Gestion


Filière : Gestion Commerciale et Administrative
Département de Comptabilité et Finance

U.E. : GESTION ET FINANCE


E.C.2 : OPERATIONS DE BANQUES ET DE BOURSES

Notes destinées aux étudiants de troisième


licence en gestion commerciale et
administrative.
Semestre 5

Ass. Léon-Fils MUKEBA TSHIBANGU

ANNEE ACADEMIQUE 2023-


2024
Opérations de banques et de bourses

Introduction
Ces notes se proposent de présenter de façon synthétique et
accessible l’essentiel des connaissances relatives aux opérations bancaires
et boursières que doivent posséder les étudiants du premier cycle (LMD)
en gestion commerciale et administrative, option comptabilité et finance
en se limitant toutefois au territoire national qu’est la RDC notre cher et
beau pays.
Il peut également être utile aux étudiants désirant préparer
les concours administratifs, aux étudiants de banque, microfinance et
assurance, économie monétaire et financière, etc. et ceux venant de
cursus non économiques ou gestionnaires ou à toute autre personne
désirant s’initier aux opérations bancaires et aussi boursières.
Les opérations de banques et de bourses sont donc sans
doute l’une des disciplines les plus intéressantes de la gestion et finance.
La banque et la bourse sont à la fois familières et méconnues du grand
public. Les opérations bancaires et boursières sont deux domaines
distincts, mais liés dans le secteur financier.
De façon à faciliter le travail de repérage des notions
fondamentales que doivent acquérir les étudiants, les définitions les plus
importantes sont grisées et un résumé est proposé à la fin de chaque
chapitre.
L’objectif principal de ce cours est de familiariser les
étudiants avec les notions de base de banques, des opérations de banques
et aussi des différentes opérations de bourses.
A travers le contenu de ce module, nous cherchons à
accorder une certaine autonomie à l’étudiant pour procéder à des
recherches complémentaires afin de compléter sa formation et faire la
synthèse des différentes approches en ce domaine. La lecture des divers
livres d’économie monétaire et financière et la consultation des sites
spécialisés en ce domaine vont permettre à l’étudiant d’actualiser ses
connaissances et de constituer sa propre grille d’analyse.
Voici quelques bibliographies à consulter :
1. Dratkine. S., « Institutions et mécanismes monétaires », Armand
Collin, Paris, 1996 ;
2. Fréderic Mishkin, Monnaie, banque et marchés financiers, Pearson
France, Paris, 2004 ;
3. Gérard Bramoullé et Dominique Augey, Economie monétaire, Dalloz,
Paris, 1998 ;

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Opérations de banques et de bourses

4. Jesús Huerta de Soto, Monnaie, crédit bancaire et cycles


économiques, L'Harmattan, Paris, 2011.

CONTENU DU MODULE

Chapitre I. Les notions élémentaires


Chapitre II. Les marchés monétaire et financier (marché des capitaux)
Chapitre III. Marché des changes

A l’issue de ce cours, l’étudiant sera en même de :


 Maitriser les notions élémentaires de la banque, des opérations des
banques et celles de la bourse ;
 Connaitre les différents marchés qui composent le marché des
capitaux ;
 Différencier le marché monétaire du marché financier ;
 Connaitre et maitriser les différentes opérations qui s’effectuent sur
le marché des changes.

CHAPITRE PREMIER : NOTIONS ELEMENTAIRES


Les opérations de banques et de bourses sont distinctes, mais
liées dans le système financier. Nous allons démontrer cela par des
explications générales des opérations de chacune.
I.1. NOTIONS SUR LA BANQUE
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Opérations de banques et de bourses

I.1.1. Définitions de la banque


Une banque est une entreprise qui fait commerce d’argent et
qui en gère les risques financiers. Cette activité peut être exercée pour le
compte de clients de différentes manières : recevoir et garder des fonds,
proposer divers placements (épargne), fournir des moyens de paiement
(chèques, cartes bancaires, etc.) et de change, prêter de l'argent, et plus
généralement se charger de tous services financiers.
Une banque peut également intervenir pour réaliser des
opérations et des interventions sur les marchés financiers pour son
compte ou celui de sa clientèle.
On distingue traditionnellement les activités de banque de
dépôt de celles des banques d'investissement ou d'affaires, encore que
beaucoup d'établissements bancaires se livrent conjointement à ces deux
types d'activité.
Le Professeur MABI MULUMBA considère une banque
comme étant une entreprise qui reçoit en dépôts des fonds qu'elle utilise
pour faire crédit.
En effet, les banques sont des entreprises comme les autres
mais qui produisent des services bancaires notamment l'épargne, le crédit,
le change, transferts, compensations, les paiements,...
L'activité des banques englobe la réception de fonds du
public, leur mise à la disposition de la clientèle ainsi que la gestion de
moyens de paiements. Les fonds recueillis sont affectés à la conduite des
opérations de crédit, elles-mêmes génératrices de nombreux dépôts par
supplément de monnaie qu'elles sont amenées à créer : elles sont au
centre du processus de création monétaire.
La banque est l'intermédiaire entre offreurs et demandeurs de
capitaux et ceci à partir de deux processus distincts :
 En intercalant (interposant) son bilan entre offreurs et demandeurs
de capitaux, c'est l'intermédiation bancaire.
 En mettant en relation directe offreurs et demandeurs de capitaux sur
un marché de capitaux (marché financier notamment), c'est le
phénomène de désintermédiation.
Pour l'analyse de cette rencontre (offreurs et demandeurs), la
notion d'intermédiation est généralement définie à contrario de la notion
de finance directe. Si celle-ci s'applique à un système qui met directement
en relation les deux catégories précitées d'agents, l'intermédiation voit
cette relation prise en charge par des intermédiaires à qui sont assignés
quatre taches : « faire rencontrer les offres et demandes de capitaux dans

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le cadre du financement direct, assurer des prestations de services aux


différents intervenants, accorder des crédits par émission de moyen de
paiement et enfin fournir des garanties de paiement aux agents
économiques ».
I.1.2. Les origines historiques de la banque
I.1.2.1. La banque dans l'Antiquité
On peut faire remonter l'origine de la banque à Babylone, où,
e
dès le II millénaire av. J.-C., le prêt sur marchandises (particulièrement
les grains) se pratiquait déjà dans l'enceinte des temples. Avec l'apparition
de la monnaie, vers le VIIe siècle avant notre ère, les opérations de prêts
et de dépôts ont pris un nouvel essor : après s'être exercées dans un cadre
religieux, elles relèveront, à l'époque classique, de la compétence de
personnages laïcs, les trapézites. Sous l'Empire romain, des banquiers
privés, les argentarii, jouent un rôle semblable, mais ajoutant à leurs
activités l'avance de fonds pour le compte de leurs clients, moyennant
intérêt. Jusqu'au Moyen Âge, les activités de banque ne concerneront
essentiellement que des opérations de caisse, le crédit restant rare.
I.1.2.2. De l'époque médiévale à la Renaissance
L'époque médiévale marque l'avènement d'une remarquable
expansion du commerce de banque à partir des croisades qui stimulent
considérablement les échanges internationaux. À partir du XI e siècle, ce
sont principalement les Italiens (la première banque a été créée à Venise
en 1151, tandis que Florence devenait une place bancaire de première
importance), mais également les Templiers et les Juifs, groupes fortement
structurés fonctionnant en réseaux, qui donnent naissance à une activité
de banque mieux ordonnée, assise sur la création de nouveaux
instruments financiers permettant le développement du crédit et facilitant
la circulation de la monnaie.
Dès le XIIe siècle, le développement du commerce permet
l'apparition de nouvelles techniques bancaires : l'intensification des
échanges entre les marchands, principalement italiens, et l'Orient,
l'existence de circuits commerciaux reliant l'Europe du Nord
-- notamment les villes hanséatiques -- avec les Flandres, l'Angleterre, la
Toscane et la Lombardie, l'importance prise par les foires, entre autres
celles qui se tiennent en Champagne et à Lyon, précipitent, pour des
raisons de commodité et de sûreté, une profonde mutation des opérations
de banque. Pour éviter de transporter des sommes en numéraire, on a fait
recours à la dématérialisation en introduisant les premiers instruments
négociables. Ainsi, on utilise la lettre de paiement, puis la lettre de
change, plus souple, puisqu'elle se transmet entre créanciers par simple
endos, et fonctionne comme un instrument de crédit : le changeur, qui ne
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réalisait jusqu'alors que des opérations de caisse, devient un véritable


banquier.
I.1.2.3. De la Renaissance au XVIIIe siècle
La Renaissance voit la poursuite de l'expansion et de la
spécialisation des activités bancaires avec la création de véritables
multinationales : les Fugger en Allemagne, les Médicis, les Alberti ou les
Strozzi à Florence, ainsi que plusieurs grandes familles génoises,
vénitiennes ou milanaises assoient leur puissance politique sur leurs
activités financières, favorisées par des innovations telles que le chèque
ou la comptabilité en partie double. Dans le même temps, des
établissements bancaires comparables à ceux qui existent aujourd'hui,
aptes à recevoir des dépôts et à pratiquer la tenue de comptes, font leur
apparition, à l'image de la Banco di San Giorgio, à Gênes.
La modernisation de l'économie se poursuit à partir du
e
XVII siècle, principalement à partir des centres très actifs que sont
devenus Londres et Amsterdam, qui font figure de places financières
mondiales. À Londres, notamment, l'activité des orfèvres favorise une
nouvelle modernisation des techniques bancaires : l'or mis en dépôt chez
ces artisans doit, en principe, pouvoir être restitué à son propriétaire.
Cependant, dans la mesure où la quantité d'or retirée par les propriétaires
ne correspond, en réalité, qu'à une fraction du dépôt total, les orfèvres
sont en mesure de prêter, pour un temps du moins, une partie de cet or
contre un billet à ordre.
Par la suite, des certificats de papier remboursables en pièces
d'or seront mis en circulation à la place de l'or, la création monétaire
devenant ainsi liée au développement économique et non plus au volume
de métal précieux disponible. Progressivement, la valeur totale de ces
billets de banque excédera la valeur de l'or contre lequel ils sont
échangeables. Ce système de réserves fractionnaires est resté depuis à la
base des systèmes bancaires actuels.
I.1.2.4. La banque moderne
À partir de la fin du XVIIIe siècle, mais surtout au
XIXe siècle -- durant lequel se produit la révolution industrielle --, l'essor
des banques est favorisé par trois facteurs : le développement de la
monnaie fiduciaire (c'est-à-dire les billets), puis de la monnaie scripturale
(en compte), ainsi que le développement du financement des entreprises
industrielles et commerciales par le biais d'émission de titres, ancêtres des
valeurs mobilières.
Cette période correspond également à la concentration du
système bancaire, avec l'apparition de grands établissements (tels que la

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Opérations de banques et de bourses

Société générale et le Crédit Lyonnais en France, la Deutsche Bank en


Allemagne, la Barclays Bank en Grande-Bretagne) et, dans tous les pays,
les premières tentatives de l'État pour organiser une véritable tutelle du
secteur.
Au XXe siècle, ce mouvement ne se dément pas, notamment
dans le contexte de la crise économique de 1929. En effet, cette dernière
impose l'idée que la profession doit faire l'objet d'un contrôle, car les
fluctuations de l'activité bancaire sont susceptibles d'avoir un
retentissement sur l'ensemble de l'activité économique. Aux États-Unis,
par exemple, l'une des premières mesures prises par le président
Roosevelt dans le cadre du New Deal sera d'instaurer un cloisonnement
strict entre banques d'affaires et banques de dépôts, par le Banking Act de
1933. En France, le gouvernement du général de Gaulle introduit après la
Libération, en 1945, une classification des banques et un encadrement de
leur activité en créant un Conseil national du crédit. Parallèlement s'opère
la nationalisation d'un certain nombre d'établissements de crédit, dont la
Banque de France.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, les principales modifications ayant
affecté le secteur bancaire ont consisté en une considérable expansion de
sa clientèle : la possession d'un compte bancaire s'est à peu près
généralisée à l'ensemble de la population dans la plupart des pays
industrialisés. Dans le même temps, la tendance à la concentration des
groupes bancaires s'est affirmée, ceux-ci s'impliquant de plus en plus dans
des activités financières, de sorte que l'on assiste à la constitution de pôles
réunissant banques et compagnies d'assurances, qui rentabilisent leurs
actifs en menant des politiques de participation actives dans le domaine
industriel et dans l'immobilier.

Section 3. Les activités bancaires


3.1. La gestion de l'argent et les services proposés aux particuliers et
aux ménages.
Les banques fournissent aux déposants une série de services :
· La tenue des comptes et collecte de fonds : la banque fournit aux
détenteurs de comptes une comptabilité des mouvements de fonds. Elle
peut procéder pour certains clients qui manient des volumes importants
de fonds (commerçants et grands distributeurs) la collecte des espèces,
leur comptage et leur comptabilisation.
· La sécurité : la banque est un lieu sécurisé où l'argent est en temps
normal plus protégé qu'au domicile des particuliers. Elle fournit des
coffres pour conserver des valeurs. Il faut néanmoins noter qu'un dépôt
est en fait un prêt gratuit à la banque qui utilise aussitôt la trésorerie reçue
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pour financer son activité. En cas de faillite de la banque, les dépôts sont
perdus sous réserve des garanties fournies par l'État. Elle établit des
chèques de banque pour certaines transactions sécurisées, devises
étrangères.
· Les moyens de paiement : la banque permet de mobiliser son compte de
dépôt de plusieurs façons :
- fourniture es chèques et déclenchement de leur règlement via le système
de compensation ;
- fourniture des cartes de paiements ;
- gestion des virements vers d'autres comptes bancaires ;
- fourniture sur simple demande des espèces, billets de la banque centrale
et pièces de monnaie.
· Les moyens de paiement pour les échanges internationaux :
- conversion en devises étrangères ou en Traveler's checks ;
- gestion de transferts des fonds à l'étranger selon des modalités et
conditions acceptées par les banques correspondantes.
3.2. La fourniture de crédits et d'instruments de placement

3.2.1. Aux entreprises


La banque :
· produit et distribue des crédits adaptés aux activités et aux projets des
entreprises ;
· elle gère les moyens de paiement et les flux financiers qui leur sont
associés ;
· elle produit et/ou distribue des placements.
Le crédit documentaire est également un crédit sur document qui porte
généralement sur des transactions commerciales avec l'étranger.
Le découvert bancaire est devenu progressivement le principal mode de
prêt à court terme. Il est généralement accordé en contrepartie de
l'obtention de garanties et de cautions sur le patrimoine de l'entreprise ou
de ses dirigeants.
Avec la déspécialisation, les banques peuvent pratiquer généralement
toutes les formes de crédit à plus ou moins long terme, avec des règles
prudentielles et des techniques différentes selon les secteurs
économiques. Leasing, financement du fonds de roulement, des stocks,
des achats d'équipements, des opérations immobilières, l'ensemble des

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compartiments de l'actif d'une entreprise peut bénéficier du support des


banques.
Les opérations sur le passif qui étaient le privilège des banques d'affaires
sont désormais mises en oeuvre par toutes les banques universelles.
Il peut s'agir d' introduction en bourse, d'émission d' obligation, de
cession ou d'achat d'autres entreprises, de prise de participation, de
restructuration de l'endettement, de crédit relais, de titrisation de la dette
clientèle, etc.
Les entreprises étant aujourd'hui capables de se financer directement sur
différents marchés, le secteur bancaire a réagi en diminuant son rôle de
prêteur et en augmentant celui de prestataire de service, sa rémunération
dépendant désormais plus de commissions et moins de l'activité de crédit
proprement dite.
En fait, les banques se sont placées à toutes les phases de vie d'une
entreprise : naissance, expansion, introduction en bourse, fusions,
acquisitions, restructuration, sortie de côte, cession, etc.
Elles peuvent également agir sur le crédit à la clientèle des entreprises
qu'elles servent. C'est le cas des secteurs immobiliers (on prête
simultanément aux promoteurs, aux entreprises et aux acheteurs), de
l'aviation (on finance la construction et les achats par les grands clients),
l'automobile (on finance les stocks et en même temps l'achat des flottes
par les entreprises et le crédit automobile des particuliers via des filiales
spécialisées).
3.2.2. Aux particuliers
· La banque produit et/ou distribue des placements à court ou à long
terme, avec différents niveaux de risques financiers, gérés directement
par elle ou par d'autres entreprises financières. Les comptes ou plans
d'épargne, des Sicav de trésorerie et autres instruments de placements
quasi liquides, sont des exemples de placements à court terme ;
· elle produit et distribue directement des crédits : crédit à la
consommation, crédit immobilier, crédit bail, principalement ;
· la banque fabrique des produits financiers plus ou moins complexes
qu'elles proposent aux gestionnaires de fortune. Elles peuvent avoir leur
propre département de gestion de fortune.
La banque peut également prendre des rémunérations pour placer des
titres lors par exemple d'une introduction en bourse et toucher des
commissions de mandats sur les portefeuilles qu'elle nourrit de ces titres
non pas pour le meilleur soin du client mais pour le sien propre.
3.2.3. A l'Etat

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Les services effectués pour le compte de l'Etat comprennent les


placements des emprunts de l'Etat, notamment le bon du trésor. En outre,
les banques pratiquent une activité de gestion auprès du public au profit
des émetteurs d'actions et obligations16(*).
3.3. La fourniture de garanties, cautions, et protections diverses
La banque accorde :
- les garanties de change ;
- l'assurance vie ;
- l'assurance collective sur les soldes des dépôts ;
- le cautionnement.

Section 4. Typologie, rôles, organisation et opérations bancaires


4.1. Les Banques Centrales
La Banque Centrale d'un(ou plusieurs) pays est une institution chargée
par l'Etat (ou un ensemble d'Etats dans le cas de la zone monétaire) de
décider d'appliquer la politique monétaire. Les banques centrales sont des
institutions nationales ou supranationales à but non lucratif qui émettent
de la monnaie, elles prêtent essentiellement aux banques
commerciales17(*).
Appelée encore « banque des banques » ou « banque de premier rang »,
toute banque centrale, au-delà des particularismes nationaux concernant
les modalités de son action et le degré d'indépendance avec lequel elle
accomplit sa mission, occupe une place spécifique au sein des systèmes
bancaires. Toute banque centrale est investie de pouvoirs et de
responsabilités qui en font un acteur de premier plan dans la conduite des
politiques monétaires et financières des nations.
Une banque centrale est d'abord un institut d'émission. Elle dispose du
privilège, autrefois régalien, de battre monnaie, c'est-à-dire d'assurer la
fabrication et la mise en circulation des billets et des pièces de monnaie.
Toutefois, la monnaie circulant aujourd'hui, pour une grande part, sous
une forme démonétisée, cette activité traditionnelle des banques centrales
n'est plus sa fonction principale18(*).
4.1.2. Rôles des Banques Centrales
Les Banques Centrales jouissent d'une autonomie plus ou moins grande
vis-à-vis des pouvoirs publics. Les rôles des Banques Centrales
recouvrent aujourd'hui un champ d'investigation qui en fait les principaux
acteurs de la vie financière et bancaire. Les Banques Centrales jouent tout
ou en partie trois rôles principaux suivants :

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- assurer l'émission de la monnaie fiduciaire et contribuer et contribuer


ainsi à fixer le taux d'intérêt ;
- superviser le fonctionnement des marchés financiers, assurer le respect
des réglementations du risque (ratio de solvabilité) des institutions
financières (en particulier les banques de dépôts) ;
- jouer le rôle de préteur en dernier ressort en cas de crise systémique.
Les Banques Centrales n'ont pas de rôles strictement identiques ou la
même organisation dans tous les pays, elles peuvent partager notamment
leurs pouvoirs avec d'autres institutions. Cette institution peut être
totalement indépendante du pouvoir politique comme l'est la Banque
Centrale Européenne (BCE), ou partiellement, comme la Reserve
Fédérale des Etats-Unis (FED), ou coexistent un conseil fédéral des
gouverneurs et un réseau de banques à capitaux privés, les 12 banques
fédérales.
En assurant la gestion des réserves de changes, les Banques Centrales
participent à la stabilisation des relations monétaires extérieures entre un
pays et ses partenaires étrangers. Toute Banque Centrale est donc
responsable des interventions sur le marché de change en opérant l'achat
des devises étrangères dans le cas inverse. Outre son action sur le volume
de devises qu'elle peut détenir, toute Banque Centrale est chargée de
maintenir la valeur externe de la monnaie de l'Etat pour le compte duquel
elle agit19(*).
Ce faisant, la Banque Centrale participe à la conduite sinon à la définition
de la politique monétaire menée par un Etat en conformité avec la
politique économique générale menée par les autorités gouvernementales.
La politique monétaire consiste en l'utilisation du contrôle de l'offre de
monnaie par la Banque Centrale comme un instrument permettant de
réaliser les objectifs d'une politique économique générale 20(*). Son objectif
fondamental est d'assurer un environnement favorable à l'augmentation
du revenu réel dans une perspective à long terme le plus régulièrement et
le plus près de son potentiel de plein emploi21(*).
L'action sur volume financier consiste à contrôler la croissance de la
masse monétaire, c'est-à-dire l'ensemble des moyens de payements mis à
la disposition de l'économie. L'action sur le prix consiste à agir sur les
opérations de taux d'intérêt.
C'est dans cette optique que la Banque Centrale constitue l'autorité qui
réglemente l'activité des établissements de crédit. Garante d'un bon
fonctionnement du système bancaire et financier, la Banque Centrale
établit et impose à toute banque de respecter un ensemble des règles
prudentielles d'activités. Celles-ci visent à couvrir les risques

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d'insolvabilité des banques. Toute banque doit ainsi respecter certains


ratios de solvabilité et de liquidité couvrant les risques liés aux retraits de
fonds. Le mécanisme de réserve obligatoire participe dans cette politique.
Cette même exigence participe ou conduit à une intervention en matière
de division des risques : il s'agit ici de réduire les concours financiers qui
se concentreraient sur un ensemble des bénéficiaires ou d'activités
restreints afin de pallier la défaillance éventuelle d'un client important qui
mettrait en péril la solvabilité de l'établissement bancaire.
Les Banques Centrales prennent en garde les titres de valeurs et de
sécurité comme or, ivoire, passeports, billets de trésorerie, timbres
fiscaux et autres. Les Banques Centrales ouvrent dans leurs livres les
comptes disponibles (comptes courants) et comptes indisponibles sous
forme de « coefficient de réserve obligatoire dont le taux varie d'un
système bancaire à l'autre ». Les Banques Centrales distribuent des
crédits, elles jouissent de deux mécanismes appelés contrôle direct et
indirect. Par contrôle direct, elles imposent un volume de crédit par
banque, et le contrôle indirect c'est le coefficient de réserve obligatoire
qu'on vient d'évoquer22(*).
En outre, la Banque Centrale joue le rôle de caissier de l'Etat, c'est
généralement la Banque Centrale qui effectue, pour le compte de l'Etat,
tous les paiements et encaisse toutes les recettes de l'Etat en se
conformant aux instructions administratives émanant du gouvernement.
En vue d'assurer ce service, elle ouvre sur tout le territoire du pays, dans
chaque siège, chaque succursale, chaque agence un compte courant au
nom de l'Etat, appelé compte général du Trésor. C'est à ce compte que
sont finalement centralisées toutes les opérations financières de l'Etat
(exécution du budget ordinaire et extraordinaire, avance aux organismes
d'Etat...)23(*).
Ayant le contrôle sur le volume de la monnaie et du crédit, généralement
caissier et banquier de l'Etat, la Banque Centrale est l'institution qui est la
mieux indiquée pour conseiller le gouvernement sur la sauvegarde de
l'intérêt public en matières financière et monétaire voire en matière
économique de façon générale. C'est tout naturellement que le
gouvernement sollicite le concours de la Banque Centrale pour des
éclaircissements sur les objectifs et les conséquences de la politique
financière et monétaire du pays24(*).
Remarque : bien que la Banque Centrale jouisse de tous ces privilèges,
elle a été critiquée par les économistes de l'Ecole Autrichienne. Cette
Ecole critique l'action des Banques Centrales qui est selon elle
responsables des crises financières à répétition. MILTON FRIEDMAN
attribue par exemple la spirale inflationniste des années 1930 à l'échec de

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la Reserve Fédérale Américaine à fournir assez de liquidités lord d'une


phase de contraction. Il est notamment célèbre pour avoir déclaré « qu'un
des grands problèmes économiques de notre temps qu'il reste à résoudre
est celui de la suppression de la Reserve Fédérale25(*).
4.1.3. Organisation

4.1.3.1. Organisation financière


Le capital social d'une banque peut être détenu par l'Etat, c'est le cas de
nombreux pays en voie de développement. Il existe des pays où le capital
social est mixte, c'est-à-dire détenu par l'Etat et le secteur privé, comme
les pays développés tels que les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la
Belgique et d'autres pays.
4.1.3.2. Organisation administrative
A. Le Conseil d'Administration
Il est composé d'un président qui est généralement un Gouverneur, d'un
Vice-gouverneur, des administrateurs membres des organismes suivants :
association des banques, de la chambre de commerce, d'un délégué du
ministère des finances, des hauts fonctionnaires de la Banque Centrale.
B. Le Comité de Gestion
Il comprend le Gouverneur, le ou les Vice-gouverneurs, les conseillers ou
censeurs qui occupent de la gestion quotidienne de la banque appuyés par
les directions ou départements, les services, les bureaux, les sections,...
Les taches journalières sont regroupées en fonctions spécifiques telles
que la politique monétaire, les ressources humaines, la gestion financière,
la logistique et l'administration.
4.1.4. Les opérations des Banques Centrales26(*)
La Banque Centrale a pour principales opérations :
- les opérations sur l'or et devises;
- les concours au Trésor;
- les concours à l'économie par les refinancements accordés aux
institutions financières.
· Opérations sur l'or et devises (ou avoirs extérieurs nets)
En achetant au secteur privé ou à l'Etat de l'or ou des devises
provenant du règlement des exportations, des transferts de revenus et de
capitaux entrant dans le pays, la Banque Centrale émet en contrepartie

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des billets de banque (la monnaie fiduciaire) ou ouvre des comptes


courants en ses livres en faveur des banques ou du Trésor.
Lorsqu'elle exerce cette faculté, elle augmente effectivement le volume
de la circulation fiduciaire et exerce une pression haussière sur le volume
de la monnaie scripturale.
Par la vente de l'or ou des devises pour financer les importations, assurer
les transferts de revenus et couvrir la sortie de capitaux vers l'étranger, la
Banque Centrale a la faculté de réduire le volume de la monnaie en
circulation à concurrence de la sortie d'or ou de devises.
En résumé, la masse monétaire augmente ou diminue à l'occasion
d'opérations entre agents résidents et non-résidents. La création monétaire
due à l'extérieur se produit lorsque l'ensemble des échanges de devises
contre la monnaie nationale entre opérateurs non financiers laisse
persister un excédent d'offre de devises qui conduit le système bancaire à
accroître ses actifs en devises.
· Opérations de crédit au Trésor
Parmi les clients de la Banque Centrale, l'Etat occupe une position
de choix. Devant faire face au règlement des dépenses importantes
échelonnées d'une manière régulière le long de l'année alors que
généralement les recettes n'alimentent ses caisses qu'à des intervalles
relativement espacés les uns des autres, l'Etat, du fait de ce décalage entre
la période de ses dépenses et celle de la perception de ses recettes, est tout
naturellement obligé de solliciter des avances de trésorerie auprès de la
Banque Centrale.
Les concours de la Banque Centrale au Trésor se réalisent soit par des
avances directes soit par des souscriptions de bons du Trésor. Ils peuvent
également se faire sous la forme de concours indirects lorsque la Banque
Centrale pratique la politique d'open market en achetant des titres publics
(bons du Trésor, obligations d'Etat). Lorsque la Banque Centrale accorde
du crédit à l'Etat, il y a création monétaire.
L'expérience a montré toutefois que l'Etat peut devenir un client très
dangereux s'il recourt à la Banque Centrale pour financer d'une manière
permanente l'excédent de ses dépenses sur ses recettes ordinaires. Une
telle pratique est à la base de l'instabilité monétaire, c'est-à-dire de
l'inflation.
Aussi l'Etat moderne doit-il mettre la Banque Centrale à l'abri de sa toute-
puissance et créer dans la mesure du possible des contraintes
institutionnelles au recours illimité au crédit de l'Institut d'émission en
assurant à la Banque Centrale l'autonomie administrative et en limitant

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son appui financier à l'Etat par des dispositions législatives précises. Pour
prendre l'exemple de la Banque Centrale du Congo, il faut noter que ses
statuts limitent ses concours à l'Etat à 15 % de la moyenne des recettes
fiscales annuelles calculées sur la base des trois derniers exercices
financiers. Il nous sera donné de constater plus loin (chapitre sur
l'inflation) que cette disposition n'a guère été respectée dans les relations
entre la Banque Centrale et l'Etat. La conséquence est aujourd'hui
évidente : le pays vit une situation d'inflation endémique.
· opérations de crédit à l'économie
La Banque Centrale s'abstient généralement de faire la concurrence aux
banques commerciales. Elle abandonne, en principe, à celles-ci les
opérations de crédit avec le public, c'est-à-dire avec les entreprises et les
particuliers. La Banque Centrale ne traite donc qu'avec les banques ou
avec des institutions à caractère bancaire. Elle n'accorde du crédit qu'aux
institutions financières. C'est delà que vient son appellation de « Banque
des banques ».
Les banques privées n'ont pas besoin de l'appui financier de la Banque
Centrale pour traiter des opérations de crédit avec le public. Elles
disposent de moyens propres (leur capital, les versements des déposants)
pour faire du crédit à l'économie du pays.
Ce n'est que devant l'insuffisance de leurs moyens propres face à une
demande croissante du crédit de la part du secteur privé ou une forte
demande de remboursement en billets de banque de la part des déposants
que les banques ont un ultime recours à la Banque Centrale pour obtenir
du crédit. On dit que la Banque Centrale accorde aux banques du crédit
de réserve ou du crédit de dernière instance.
La Banque Centrale accorde du crédit aux banques par le truchement du
réescompte et de l'avance garantie :
1° Le réescompte : C'est la méthode classique de crédit aux banques qui
consiste en l'achat par la Banque Centrale des effets commerciaux
détenus par les banques commerciales. L'opération se traduit par l'achat
des effets de commerce à leur valeur nominale moins l'intérêt calculé
suivant le taux d'escompte officiel établi par la Banque Centrale. Pour
qu'ils soient admis au réescompte, la Banque Centrale exige que les effets
de commerce soient :
- à courte échéance (ne dépassant pas 90 jours ou 120 jours);
- émis pour financer une opération commerciale;
- signés par trois personnes notoirement solvables dont une banque.
-

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 15


Opérations de banques et de bourses

2° L'avance en compte : La Banque Centrale peut accorder des avances


en compte aux banques. Celles-ci sont généralement garanties par le
nantissement (la mise en gage) d'effets de commerce ou des titres émis
par l'Etat (Bons du trésor, obligations). Parfois elles sont garanties par de
l'or ou des devises étrangères à recevoir.
Les opérations de réescompte et d'avances en compte sont toujours à
l'origine de la création monétaire au profit des banques.
4.2. Les banques de dépôts
Elles reçoivent des particuliers et entreprises des dépôts de monnaie
remboursables à vue ou à court terme (maximum 2 ans) et font du crédit à
court terme seulement. L'activité de ces banques consiste en fait à
transformer des dépôts en crédits, ce qui explique leur rôle déterminant
dans le processus de création monétaire. Ces activités sont prioritairement
destinées au financement de l'économie et de ses agents économiques.
4.2.1. Rôles des banques commerciales
Elles ont pour rôle primordial la création de monnaie par le mécanisme de
multiplicateur de crédits. La création monétaire a comme source
principale les crédits que les banques accordent. Dans un système
financier hiérarchisé et différencié, les banques rencontrent des limites
exogènes à leur pouvoir de création monétaire :
· les banques ne peuvent pas émettre de billets. Ce privilège est réservé à
la Banque Centrale en ce qu'elle est l'unique Institut d'émission.
· la banque ne crée la monnaie qu'à partir de la monnaie centrale (billets
et dépôts à la Banque centrale).
La monnaie créée par les banques dans leurs octrois de crédit est
appelée monnaie scripturale ou monnaie de banque. Elle est représentée
par la somme des dépôts et comptes courants à vue inscrits dans les
registres des banques de dépôts, des comptes chèques postaux et des
intermédiaires financiers recevant des dépôts à vue
appelés intermédiaires financiers accessoirement monétaires.
La monnaie scripturale n'est pas créée d'une façon illimitée. En effet,
ceux qui ont fait des dépôts à vue en banque peuvent au moyen du chèque
ou virement (qui sont des instruments de mobilisation des dépôts) retirer
à tout moment leurs avoirs. La banque doit alors faire face au retrait des
dépôts exigibles à vue en conservant une encaisse en billets dont la
proportion dépend des habitudes de paiement du public.
Comme les banques créent de la monnaie en octroyant du crédit et
qu'elles ne peuvent pas engager tous leurs dépôts, cela constitue déjà une

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 16


Opérations de banques et de bourses

limite à la création de la monnaie scripturale. Cette limite est de nature


gestionnelle.
Il importe à présent de dégager le mécanisme par lequel les banques
créent de la monnaie scripturale en octroyant du crédit. Référons-nous à
une situation concrète pour mieux suivre ce mécanisme.
Nous prenons le cas du système bancaire dans son ensemble. Celui-ci est
composé de trois banques : A, B, C.
Soit un dépôt de 1.000 F chez la banque A. Celle-ci a l'habitude de garder
un coefficient de trésorerie de 20 %. Ce qui fait qu'avec les 1.000 F, la
banque A peut accorder du crédit à concurrence de 800 F. C'est ce qu'elle
fait. Le bénéficiaire de crédit de 800 F fait un virement de ce montant au
profit de son créancier qui a un compte chez la banque B. celle-ci
enregistre un dépôt de 800 F. La banque B qui a également l'habitude de
tenir un coefficient de trésorerie de 20 % des dépôts peut octroyer du
crédit jusqu'à un montant de 640 F et c'est ce qu'elle fait.
Le bénéficiaire de ce montant est client de la banque C qui reçoit un
dépôt de 640 F qu'elle peut donner en crédit jusque 512 F, son coefficient
de trésorerie étant également de 20 %.
Comme on peut le suivre à travers les bilans des banques A,B,C. les
octrois successifs de crédits ont permis d'avoir un volume de dépôts de
2.440 F grâce aux crédits permis par un dépôt initial de 1.000 F
Banque A Banque B
Caisse 200 Dépôt 1 : 1.000 Caisse 160 Dépôt 2 : 800
I Crédits 800 II Crédits 640
Banque C
Caisse 128 Dépôt 3 : 640
III Crédits 512
- Au départ, la monnaie scripturale était de 1.000 F correspondant au
dépôt 1.
- Après trois opérations de crédits, le volume global de la monnaie
scripturale s'élève à 2.440 F, soit une création monétaire
supplémentaire de : 1.440 F grâce aux crédits accordés.
Toutes ces opérations peuvent également se dérouler au niveau
d'une même banque quand nous considérons un système bancaire avec
une seule banque.
En pratique, la banque peut se trouver à court de liquidités. Elle peut
alors, en échange d'une partie de ses créances, obtenir des billets soit

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 17


Opérations de banques et de bourses

auprès des autres banques (si ces autres banques ne connaissent pas les
mêmes difficultés) soit auprès de la Banque Centrale qui est prêteur de
dernier ressort.
Dans ce cas, la limite de la création de la monnaie scripturale par les
banques provient également des conditions qu'impose la Banque Centrale
pour leur procurer la monnaie centrale.
En résumé, la limite à la création de la monnaie scripturale est liée aux
règles de gestion des banques (coefficient de trésorerie) et aux conditions
de mobilisation de certaines créances auprès de l'Institut d'émission. A
ces limites, il y a lieu de mentionner le coefficient de fuite, c'est - à - dire
la préférence des agents non financiers pour la détention des billets.
4.2.2. Organisation
4.2.2.1. Organisation administrative
Il existe une assemblée générale des actionnaires, un conseil
d'administration et un comité de gestion. Pour son fonctionnement, la
banque est agréée par la Banque Centrale selon la loi bancaire de chaque
pays ou par la commission du crédit.
4.2.2.2. Organisation financière
Le capital social d'une banque de dépôts est sous forme de « Société par
Action à Responsabilité Limitée » de société anonyme.
4.2.3. Les opérations des banques de dépôts
4.2.3.1. Les dépôts bancaires
Deux types de dépôts peuvent être effectués auprès des banques :
- les dépôts à vue : dans ce cas, le retrait de fonds ne nécessite pas de
préavis, le client peut venir retirer ses fonds à tout moment voulu ;
- les dépôts à terme : ils peuvent l'objet d'un retrait qu'à l'échéance fixe.
A partir de ces dépôts, la banque dispose de fonds qu'elle peut utiliser
librement, à condition d'être toujours en mesure de les restituer si le
déposant le demande. Pour ce faire, elle est tenue de respecter un certain
rapport entre ses réserves de monnaie et les prêts qu'elle consent, rapport
que l'on appelle « coefficient de liquidité ». Cette exigence de solvabilité
des établissements de crédits est renforcée par le mécanisme dit « des
réserves obligatoires » que chaque banque doit constituer auprès de sa
Banque Centrale. Dès lors que la banque satisfait à ces conditions, elle est
en mesure de créer la monnaie : elle le fait non seulement lorsqu'en
contrepartie d'un dépôt, elle permet à son client de régler ses dépenses par
chèques ou par cartes de crédit mais également lorsqu'elle octroie des
avances à un client débiteur. En effet, par sa seule volonté, son client

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 18


Opérations de banques et de bourses

pourra utiliser des moyens de payement auxquels ne correspond aucun


dépôt, ce qui revient à créer de la monnaie, en revanche, lorsque le client
remboursera la banque, il y a « destruction de la monnaie ».
4.2.3.2. Les crédits
Le crédit est une somme d'argent qu'un agent économique emprunte
auprès de la banque, en prenant l'obligation contractuelle de la
rembourser et de payer également les intérêts. Ceux-ci constituent en fait
le prix du service rendu par la banque, en prenant le risque sur son client.
Le remboursement du crédit permet à la banque d'octroyer des nouveaux
crédits à d'autres agents économiques. Les intérêts permettent à la banque
de couvrir ses couts, notamment en matière de collecte de dépôts. En
effet, tous les crédits que la banque octroie proviennent des dépôts que les
clients on confiés à la banque.
Les banques octroient des crédits pour une période allant de 3 à 5 ans
sous formes diversifiées :
- facilités de caisse : elles aident les entreprises à trouver les fonds de
roulement nécessaire pour leur fonctionnement ;
- crédit de campagne : il est accordé aux entreprises agricoles pour la
production et le ramassage des produits vivriers, etc. ;
- crédit commercial et industriel : il s'agit des prêts accordés aux
entreprises pour l'acquisition de certains articles pour le fonctionnement
moyennant certains gages. Ces crédits sont accordés à court et à moyen
terme ;
- crédit d'exploitation : il est destiné à satisfaire les besoins cycliques de
l'entreprise. Il est remboursable par les recettes d'exploitation de
l'entreprise27(*).
- crédit d'investissement : il finance les projets d'investissement de
l'entreprise, il est remboursables à long terme, en plus, il finance les
besoins acycliques de l'entreprise.28(*)
4.2.3.3. L'épargne
Les banques de dépôts s'occupent de la collecte de l'épargne publique en
appliquant les taux d'intérêts réels positifs.
4.2.3.4. Le marché interbancaire
Les banques s'octroient périodiquement les crédits pour une période de 1
à 7 jours appelé « call money » avec les taux d'intérêts négociés.
4.2.3.5. Le transfert de fonds
Les banques commerciales font le transfert de fonds au niveau national et
international moyennant certains frais.
L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 19
Opérations de banques et de bourses

4.2.3.6. Le commerce extérieur.


Elles ouvrent des comptes auprès des banques correspondantes pour les
opérations propres et de leurs clients.
4.3. Les banques d'affaires
Ce sont des banques qui possèdent des capitaux propres importants et
reçoivent des entreprises et de certains particuliers des dépôts monétaires
remboursables à long t
4.3.1. Rôles des banques d'affaires
Les banques d'affaires ont, quant à elles, pour mission de gérer des prises
de participation dans des entreprises existantes ou en formation, à
l'exclusion de tout problème relatif à la distribution de crédits et de
collecte de ressources monétaires. Elles récoltent des fonds pour des
investissements et pour promouvoir le développement économique et
industriel.
4.3.2. Organisation

4.3.2.1. Organisation administrative


Les banques d'affaires sont en principe des SARL, où existent une
assemblée générale des actionnaires, un conseil d'administration, un
comité de gestion, les directions, les bureaux, les services, les sections. A
la tête du comité de gestion il ya un administrateur délégué.
4.3.2.2. Organisation financière
Le capital social des banques d'affaires comprennent des titres émis à
moyen et à long terme, les cotisations en bourse, les emprunts et dépôts à
terme.
4.3.3. Les opérations des banques d'affaires
Il s'agit de financer les opérations à moyen et à long terme pour une
période allant de 5 à 40 ans dans les secteurs clés de l'économie pour son
expansion.

Section 5. Les clients des banques commerciales


Dans une économie moderne, la majorité des échanges des biens se fait
par l'intermédiaire de la banque. Chaque agent économique peut détenir à
certains moments une quantité de monnaie supérieure à ces besoins.
Cependant, en d'autres cas, il vient à en manquer pour faire face à ses
dépenses de trésor et équipement29(*).
Le marché bancaire se subdivise en trois grands segments de clientèle :

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 20


Opérations de banques et de bourses

- les particuliers ;
- les professionnels ;
- les entreprises.
5.1. Les clients particuliers30(*)
Un particulier est une personne physique qui exprime des besoins
bancaires en dehors de toute l'activité professionnelle, à titre personnel et
privé.
5.1.1. Caractéristiques des clients particuliers
Ces caractéristiques permettent l'identification des clients particuliers, de
distinguer l'intérêt qu'apportèrent ces clients à la banque.
5.1.2. Besoins des particuliers
Ceux-ci découlent de l'excédent ou du déficit de son budget. Celui-ci sert
à couvrir des dépenses mensuelles ou régulières du particulier. Il est
constitué de l'ensemble de ses revenus. Les préoccupations quotidiennes
du particulier s'expriment sous forme de besoins bancaires.
5.1.3. Besoins de base du particulier
Ces besoins sont :
- besoin de sécurité : déposer, gérer et disposer des fonds que celui-ci
possède en toute sécurité ;
- besoin de commodité : utilisation facile des fonds déposés sur compte
bancaire (moyen de payement) ;
- besoin de placement ;
- besoin de crédit : pour satisfaire les besoins de consommation, le
particulier peut contracter un emprunt à court terme, moyenne et longue
échéance de remboursement.
5.2. Les clients professionnels.
Un professionnel est un entrepreneur ayant une affaire personnelle et
travaillant pour son propre compte. Il se définit par son activité
professionnelle exercée dans un but de lucre.
5.2.1. Identification des clients professionnels
Ils s'identifient généralement grâce à :
- l'appartenance à une activité professionnelle ;
- la recherche d'un profit ;
- la séparation entre patrimoine personnel et professionnel ;
- la variation du revenu en fonction de la nature de l'activité.
L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 21
Opérations de banques et de bourses

5.3. La clientèle des entreprises31(*)


C'est l'activité d'une personne ou d'un groupe de personnes qui travaillent
pour fournir des biens et services à des clients. L'objectif des entreprises
est de satisfaire ses clients pour gagner de l'argent.
5.3.1. Les caractéristiques des entreprises
On distingue :
- les entreprises fonctionnant dans un cadre prédéterminé par la loi ;
- le marché de l'entreprise est le marché traditionnel des banques.
5.3.2. Besoins des entreprises
Ils sont partagés en deux catégories :
- les services rendus par la banque : ce sont des services similaires à ceux
offerts aux particuliers et aux professionnels ;
- les concours financiers : crédit d'exploitation, crédit d'investissement,
crédit-bail, crédits extérieurs.
CHAPITRE II. LE SYSTEME BANCAIRE CONGOLAIS : CADRE
STRUCTUREL ET FONCTIONNEMENT.

Introduction
« Aucun système bancaire ne s'est créé ex nihilo : la géographie, le mode
de formation de l'unité du pays, la puissance économique, le tempérament
national, les traditions financières se sont conjuguées pour édifier dans
chaque pays un système bancaire original 32(*)». C'est pour dire que
chaque système bancaire est fondé sur des fondements multiples, il ne se
crée pas d'emblée, il en faut des conjonctions qui doivent se souder pour
faire un corps bancaire solide.
Cela étant, dans ce second chapitre dont le titre est susmentionné, il nous
sera question de brosser la description du système bancaire congolais,
c'est-à-dire nous voulons le présenter, étudier son fonctionnement, voir
son évolution à travers les différents moments historiques.

Section 1. Définition
Le système bancaire peut être défini comme un ensemble hiérarchisé
d'organismes assurant de façon indépendante la fonction d'intermédiation
financière et qui se caractérisent par le pouvoir de création de la monnaie.
Il se compose de la Banque Centrale et des banques du second rang
encore appelées banques commerciales. Il fonctionne avec l'aide des
organes de réglementation, de représentation de la profession. Le système

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 22


Opérations de banques et de bourses

bancaire intervient de façon directe et indirecte au processus de la


création ou de la circulation de la monnaie et de l'épargne ou simplement
dans la circulation de la monnaie et de l'épargne.

Section 2. Rôle du système bancaire dans l'économie33(*)


Le rôle du système bancaire dans l'activité économique peut être
diversement appréhendé. Toutefois, sa contribution au niveau de la
croissance économique et partant du développement d'un pays a fait
l'objet d'une attention particulière. Ainsi, Schumpeter (1912), soulignait
déjà la grande importance des banques dans le fonctionnement du
système économique, et leur apport bénéfique à la croissance à travers le
financement de l'innovation. Bencivenga et Smith (1991) montrent qu'une
bonne gestion du risque de liquidité par le secteur bancaire permet
d'augmenter la part de l'épargne allouée aux placements davantage
productifs tout en gardant un niveau d'épargne constant. Ces auteurs
établissaient par là et de façon théorique une relation positive entre le
secteur bancaire et la croissance économique.
D'une manière générale, les travaux théoriques présentés par Crâne et
Merton (1995) identifient six fonctions qui à leur sens mettent en
exergues le rôle du système bancaire dans une économie :
- le système bancaire comme moyen de règlement :
le système bancaire est un mécanisme de règlement des transactions dans
la mesure où il constitue un moyen d'échange essentiel au bon
fonctionnement d'une économie basée par exemple sur la spécialisation
des taches. En effet, si la monnaie est l'unité de valeur commune, les
formes sous lesquelles elle est échangée se sont multipliées : numéraire,
cheque, carte de débit, transfert électronique de fonds, dépôts directs et
retraits pré-autorisés.
- le système bancaire comme un système d'agrégation de l'épargne :
le système bancaire est un moyen d'agrégation d'épargne dans la mesure
où la nécessité d'agrégation de l'épargne prend origine dans le besoin
qu'expriment les entreprises d'opérer en une taille qui minimise leurs
couts de transaction. De ce fait, on peut considérer l'agrégation de
l'épargne comme une fonction importante du système bancaire. D'ailleurs,
cette agrégation bénéficie tant aux fournisseurs qu'aux utilisateurs de
capitaux (Danielson et al., 2009).
- le système bancaire comme un procédé de transfert de ressources :
le système bancaire est un procède de transfert des ressources
intersectoriel, inter-temporel et inter-régional. Cette fonction permet aux
particuliers (ménages) de compenser les différences entre leur profil de

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Opérations de banques et de bourses

revenus issus du travail et leur profit de consommation durant leur vie.


Au plan macroéconomique, il est à noter que tous les secteurs
économiques ne font pas tous face aux mêmes opportunités. En effet,
certains font face à des déclins, alors que d'autres sont en pleine
croissance. Il est donc important que via le système bancaire, les
ressources sous forme de dettes ou de capital, actions se déplacent vers
les entreprises ou les régions les plus performantes (Adrian and
Brunnermeier, 2009 ; Avgouleas et al., 2010).
- le système bancaire comme système de gestion des risques :
le système bancaire est un mécanisme de gestion des risques car il permet
via les actifs disponibles (police d'assurances, produits dérivés, etc.) de
réduire les risques. En outre, il permet aussi à ceux qui sont prêts à
supporter plus de risques d'augmenter leur espérance de revenu. La
diversification des risques et/ou la redistribution du risque résiduel
attestent ainsi le rôle de gestion de risque par le système bancaire. (Cihak
and Erlend, 2009).
- le système bancaire comme un réducteur des couts lié à l'asymétrie
de l'information :
le système bancaire réducteur des asymétries d'information dans la
mesure où il offre aux agents économiques des moyens pour minimiser
les coûts reliés à l'asymétrie d'information. Une de ces fonctions
importantes réside dans le fait qu'il met à la disposition des agents
économiques des instruments permettant de réduire l'impact de ces
difficultés (Lall, 2009).
A l'analyse de ces arguments, il ressort que le rôle du système bancaire
est de faciliter notamment la mobilisation des ressources bloquées dans le
secteur traditionnel de l'économie, et les transférer au secteur moderne
qui peut promouvoir la croissance en assurant leur affectation aux projets
les plus performants. Telle serait donc la contribution de tout système
financier et bancaire au processus de développement.
- Le système bancaire comme système d'information sur la valeur des
ressources :
Les marchés financiers secondaires permettent de connaître en tout temps
le prix des obligations, des actions et des produits dérivés. Ces prix
constituent des signaux très importants pour les épargnants qui sur cette
base peuvent considérer la composition de leur portefeuille. Ce sont aussi
des signaux pour les dirigeants d'entreprises qui voyant le prix de leur
titre monter reçoivent ainsi un encouragement à solliciter de nouveaux
capitaux et prendre de l'expansion. Un système de prix instantanés et
largement divulgués est un moteur puissant de réallocation des ressources

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 24


Opérations de banques et de bourses

qui favorise l'efficacité du secteur réel. Cela aide aux agents économiques
à coordonner la prise de décisions dans un système économique
décentralisé.

Section 3. Bref aperçu historique du système bancaire


congolais34(*)
Le système bancaire congolais tel qu'il se présente à l'heure actuelle est
de formation récente. Il subit des transformations successives et se
complète au fur et à mesure que des nouvelles exigences du
développement du pays apparaissent. C'st pourquoi il faut suivre les
étapes de son évolution pour mieux cerner ses particularités.
La première banque à avoir vu le jour au Congo est la Banque du Congo-
Belge (BCB), filiale de la Banque de la Société Générale de Belgique,
créée en 1909. Elle remplissait à la fois son rôle originel de banque de
dépôts, celui de Banque d'émission, privilège dont elle fut investie le
07/07/1911. Le 10/08/1911, naissait la Banque Commerciale du Congo ;
elle devrait vivre en satellite de la Banque du Congo-Belge et limiter
conventionnellement ses opérations à celles que la Banque du Congo-
Belge se vit interdire par les dispositions la régissant en tant qu'institut
d'émission. En 1919, la Banque du Congo-Belge disposait de 24 agences
au Congo, 2 dans le Tanganyika Territory, d'un siège à Londres ouvert
pendant la guerre et d'un bureau à Anvers.35(*)
En 1911, la Standard Bank of South Africa établit une agence à
Lubumbashi. Cette se retirera du Congo en 1936. En 1920, le Crédit
Général du Congo ouvre ses portes en tant que société à portefeuille. Il
reprend en 1924 les 4 agences de la Banque de Bruxelles à Kinshasa,
Lubumbashi, Matadi et Kisangani. Ces agences avaient été ouvertes en
1923.
En 1929, les activités du Crédit Général du Congo passèrent à la Banque
Belge d'Afrique qui devrait les gérer comme une banque commerciale
pure. Après 1971, la Banque Belge d'Afrique pris la dénomination
d'Union Congolaise de Banque.
En 1919, la Banco National Ultramarino avait ouvert une agence à
Kinshasa. Cette agence fut reprise en 1926 par la Banco d'Angola et
transférée à Boma en 1934. Cette banque se retira du Congo en 1947.
En 1928, l'Union du Crédit d'Elisabethville vit le jour, mais n'eut qu'une
brève existence. Elle devrait disparaitre au cours de la grave dépression
de 1930-1935.

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Opérations de banques et de bourses

Le 24 décembre 1947, la Société Congolaise de Banque, émanation de la


Banque de Reports avait été constituée. Depuis que le Congo était devenu
Zaïre, elle avait pris le nom de Banque du Peuple.
En octobre 1950, sous l'impulsion de la Banque Belge pour l'Industrie,
naissait la Banque Congolaise pour l'Industrie, le Commerce et
l'Agriculture.
En mars 1951, la Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie
(Paris) installait une agence à Kinshasa. Ses activités furent reprises par la
Société Congolaise de Banque, devenue Banque du Peuple.
Le 28 septembre 1951, le Crédit Congolais ouvrait ses portes sous le
patronage de la Société Belge de Banque et de la Banque de Commerce.
Pour coiffer la structure financière du pays, l'Etat créait le 29 septembre
1951 la Banque Centrale du Congo-Belge et du Ruanda-Urundi qui devait
entrer en fonction le 01 juillet 1952.
En ce temps, les établissements de crédit continuaient leur implantation.
Le 25 septembre 1952, la Krediet Bank s'installait au Congo. Elle devrait
reprendre au cours de l'année 1954 l'activité de la Banque Congolaise
pour le Commerce, l'Industrie et l'Agriculture, installée à Bukavu, dont
une assemblée générale tenue le 28 avril de cette même année modifiait
sa dénomination en Krediet Bank-Congo. Cette banque prit pour finir, le
nom de Crédit Commercial Africain après 1960 et fut absorbée par la
Banque du Peuple en 1967.
La dissolution de la Banque Commerciale du Congo était décidée le 19
novembre 1952, étant donné qu'elle n'avait plus de raison d'être avec la
création de la Banque Centrale et la reprise par la Banque Commerciale
de ses activités normales.
En 1954, au mois de juillet, la Banque de Paris et des Pays-Bas (Société
Française) ouvrait ses guichets à Kinshasa. Cette banque fut la dernière à
s'installer au Congo avant 1960, année de l'indépendance du pays.
En 1969, il eut la création de la Banque de Kinshasa qui est d'initiative
des nationaux. Ce fait mérite d'être mentionné. Cela marque la
concrétisation de la volonté nationale de voir ses entrepreneurs nationaux
s'insérer d'une manière dynamique et irréversible dans le processus du
développement national.
En avril 1970, la Banque Internationale pour l'Afrique au Congo (au
Zaïre à l'époque) voit le jour. Elle est en fait une filiale de Banque
Internationale pour l'Afrique Occidentale (BIAO), une banque au capital
français à l'origine, qui s'est ensuite transformé en banque internationale

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Opérations de banques et de bourses

avec la participation à son capital de la First National City Bank en 1965.


En 1965, la BIAO jouit d'un capital d'un grand rayon d'action en Afrique.
Le 1er juin 1971, la First City Bank ouvre ses portes à Kinshasa et é ans
après c'est le tour de la Grindlay Bank (mars 1973).

Section 4. Organisation bancaire


Dans cette brève présentation de la structure bancaire congolaise, nous
distinguerons d'une part les institutions monétaires et part les institutions
financières spécialisées. Le système bancaire congolais est organisé selon
un système pyramidal comprenant un institut d'émission, qui est la
Banque Centrale et un ensemble d'établissements constituant les banques
dites du second rang.
4.1. Les institutions monétaires

4.1.1. La Banque Centrale du Congo (BCC).


La Banque Centrale du Congo a été créée par le décret-loi du 23 février
1961 mais n'entra en activité que le 22 juin 196436(*). Le décret-loi numéro
005/2002 relative à la constitution, à l'organisation et aux financements,
la BCC reconnait en son article 1 er, l'indépendance de celle-ci37(*) dans
l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique monétaire visant à
stabiliser le niveau général des prix intérêts. La BCC est donc
indépendante et jouit de l'autonomie de gestion dans la réalisation de ses
missions et attributions38(*). Elle est donc responsable des interventions
sur le marché des changes en opérant l'achat des devises étrangères et
leurs ventes lorsque le Franc congolais s'apprécie ou déprécie. Outre cela,
elle est chargée de maintenir la valeur externe de la monnaie de l'Etat et
c'est dans cette optique qu'elle réglemente l'activité des établissements de
crédit. Elle veille au bon fonctionnement du système bancaire et
financier, établit et impose à toute banque de respecter un ensemble des
règles prudentielles d'activités.
4.1.1.1. Fonctionnement de la BCC39(*)
· Administration
1. Conseil de la BCC
Le Conseil de la Banque est l'organe suprême d'administration de la
Banque. Dans ce cadre, il conçoit, oriente la politique de la Banque et en
contrôle la gestion. Il prend tout acte intéressant la Banque, notamment la
définition et la mise en oeuvre des politiques monétaire et de change,
l'élaboration du budget et l'établissement des comptes annuels ainsi que la
définition du statut des agents.

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Opérations de banques et de bourses

2. Le Gouverneur
Le Gouverneur est l'organe qui dirige la Banque Centrale. Il prépare et
met en oeuvre les résolutions du Conseil d'Administration. Aussi, assure-
t-il la gestion courante de l'Institut d'Emission et la mise en oeuvre de la
politique monétaire. Dans l'exercice de ses fonctions, le Gouverneur est
assisté d'un Vice-gouverneur. Ce dernier exerce les fonctions qui lui sont
déléguées par le Gouverneur. Le Gouverneur et le Vice-gouverneur
constituent la Haute Direction de la Banque Centrale.
3. Structures de contrôle
Outre le collège des commissaires aux comptes, la Banque Centrale
dispose également d'autres structures de contrôle, à savoir : le Comité
d'Audit et la Direction de l'Audit Interne.
3.1. Collège des commissaires aux comptes
Le Collège des commissaires aux comptes exerce un contrôle des
opérations
financières de la Banque. A cet égard, il vérifie les livres, les caisses, le
portefeuille et les valeurs de la Banque. Il contrôle la régularité et la
sincérité
des inventaires et certifie le bilan annuel et le tableau de formation des
résultats.
3.2. Comité d'Audit
Le Comité d'Audit est un organe relevant du Conseil d'Administration de
la Banque. Il a pour mission de veiller sur les procédures d'Audit, le
système de contrôle interne et le cadre d'informations financières et
comptables de l'Institut d'Emission.
3.3. Direction de l'audit interne
L'Audit Interne est l'organe chargé de la prévention des risques et pertes
en vue de garantir l'efficacité, la transparence et la bonne gouvernance de
la Banque. A cet effet, il exerce une activité permanente de surveillance
et de contrôle sur le fonctionnement et la gestion de l'Institut d'Emission
et propose à la Haute Direction des mesures susceptibles de contribuer à
la prévention des cas de mauvaise gestion, à l'accroissement du
rendement au sein de la Banque par la qualité de ses services et à
l'amélioration de la fiabilité de l'information financière.
4.1.2. Les banques du second rang
La période postcoloniale connait un léger recul des activités jusqu'en
1966, mais un regain est constaté à partir de 1967 avec l'embellie des

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 28


Opérations de banques et de bourses

cours de cuivre et la mise en place d'un nouveau code d'investissement


attirent les investisseurs dans plusieurs domaines y compris les banques.
Cependant, le retrait de la coopération en 1991 à causé un vide dans
l'attrait de capitaux. Par contre, la nouvelle loi bancaire parue en 2002 et
le nouvel ordre politique et économique peuvent ramener les investisseurs
dans le secteur.
Jusqu'en 1998, le pays ne compte que 9 banques commerciales et à ces
jours il en a 20.
Les banques commerciales (en activité) concentrent quasi exclusivement
leurs activités sur environ 100 sociétés grandes et moyennes (présentes
surtout dans le secteur minier et de l'importation) sur les comptes des
administrations publiques et sur l'élite économique du pays.
Il y a des études qui sont en train d'être menées pour mettre sur pieds le
système de « Banques Villageoises » de manière à intégrer toutes les
couches sociales.
Liste des banques créatrices de monnaie en R.D.C.
1. Banque Commerciale du Congo (B.C.D.C.)
Siège : Kinshasa
Succursales ou agences : Bukavu, Butembo, Fungurume, Goma,
Kananga, Kisangani, Kinshasa,
Kolwezi, Likasi, Lubumbashi, Matadi, Mbuji-Mayi.
2. Afriland First Bank Congo Démocratique (First Bank CD)
Siège : Kinshasa
3. Banque Internationale pour l'Afrique au Congo (B.I.A.C.)
Siège : Kinshasa
Succursale : Goma, Lubumbashi et Matadi.
4. Citi Group (C.B.)
Siège : Kinshasa
5. Stanbic Bank Congo (S.B.C.)
Siège : Kinshasa
6. Access Bank (A.B.)
Siège : Goma/Nord - Kivu

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 29


Opérations de banques et de bourses

7. Banque Internationale de Crédit (B.I.C.)


Siège : Kinshasa
Succursales ou agences : Beni, Boma, Bukavu, Butembo, Lubumbashi,
Matadi, Mbanza Ngungu et
Muanda.
8. Procredit Bank Congo
Siège : Kinshasa
9. Raw Bank
Siège : Kinshasa
Succursales ou agences : Fungurume, Kolwezi, Likasi, Lubumbashi et
Matadi.
10. Trust Merchant Bank (T.M.B.)
Siège : Lubumbashi
Succursales ou agences : Kasumbalesa, Kinshasa, Kolwezi et Likasi.
11. Ecobank (EC)
Siège : Kinshasa
12. Mining Bank Congo (MBC)
Siège : Kinshasa
13. First International Bank (FIBank)
Siège : Kinshasa
14. Sofi banque
Siège : Kinshasa
15. La Cruche Banque
Siege: Goma
16. Advans Banque Congo
Siège: Kinshasa
17. Bank of Africa, BOA
Siège: Kinshasa
18. Banque Gabonaise Française Internationale, BGFIBANK
Siège : Kinshasa
19. United Bank for Africa, UBA
L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 30
Opérations de banques et de bourses

Siège : Kinshasa
20. Byblos Bank Congo
Siège : Kinshasa
4.2. Les institutions financières spécialisées
Regroupés sous le vocable d'organismes spécialisés, différents
établissements ont été associés par les Pouvoirs Publics, pendant des
décennies, au financement de l'investissement dans le cadre de
procédures spéciales mises en place au gré des impératifs économiques et
sociaux : expression même d'une économie de « financements
administrés », caractérisé par un cloisonnement de l'intermédiation, ils
constituaient le fer de lance de la politique sélective du crédit définie par
la puissance publique40(*). Ce sont des organismes établis par l'Etat pour
permettre les différents agents économiques à subvenir à leurs besoins en
venant souscrire des dépôts dans ces différents organismes. Ils
contribuent au financement des activités économiques de l'Etat. Ils ont
également le privilège de mobilisation des ressources pour un bon
fonctionnement de l'appareil étatique.
4.2.1. Caisse (Générale) d'Epargne du Congo (CADECO)
Elle est créée en juin 1950, elle a pour objectif essentiel de permettre aux
masses congolaises de se constituer une épargne en vue d'améliorer leur
sort. D'autre part, cette épargne ainsi constituée pourra être mise à la
disposition notable.
La CADECO a mobilisé l'épargne et accordé les crédits jusqu'à connaître
une baisse d'activités. Cette situation est consécutive à la baisse du
pouvoir d'achat, au désordre macroéconomique et politique et l'inattention
des autorités. A l'heure de l'émergence des micro-finances et banques de
rues, cette institution est à recapitaliser.
4.2.2. Caisse Nationale d'Epargne et de Crédit Immobilier (CNECI)
Elle a été créée en 1971. Son objectif social est :
- d'accorder des prêts et des crédits à moyen terme et à long terme avec
ou sans garantie personnelle ou réelle aux personnes à revenus modestes
en vue de construction, acquisition, achèvement ou extension
d'immeubles d'habitation ;
- de favoriser la naissance d'institutions d'épargne et de crédit publiques et
privées en vue de financer la construction immobilière, par des prêts à
moyen terme ou à long terme ;
- de recevoir des dépôts d'épargne ;

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 31


Opérations de banques et de bourses

- de faire toutes les opérations mobilières, immobilières, financières,


commerciales ou civiles qui soient de nature à favoriser son objet social.
Elle a obtenu pour le début de ses activités une dotation de l'Etat que
devait compléter les dépôts d'épargne reçus du public.
4.2.3. Institut National de Sécurité Sociale (INSS)
Il est créé par le décret-loi du 29 juin 1961
4.2.4. Fonds de Promotion Industrielle
Cet organisme créé pour financer le développement industriel du pays est
alimenté en ressources à partir de la parafiscalité. Il s'agit d'une taxe
prélevée sur la vente au détail des biens produits et / ou commercialisés
sur toute l'étendue du pays d'une part et prélevée à l'importation d'autre
part. Selon les ordonnances n° 89-171 du 07 août 1989 et n° 89-031 du 07
août 1989, les ressources du Fonds de Promotion Industrielle constituent
une subvention destinée à la réalisation de l'objet social du Fonds pendant
dix ans (depuis 1999). Au-delà de cette échéance, elles constituent des
lignes de crédit dont les conditions d'octroi et de remboursement seront
fixées par le Gouvernement. Il a pour but de stimuler la production des
matières premières locales indispensables au bon fonctionnement de
l'industrie. C'est le cas du maïs pour les brasseries et minoteries, le coton
pour les textiles, le tabac pour les cigarettes, le latex et le caoutchouc
pour la pneumatique.
4.2.5. Société Financière de Développement (SOFIDE)
Elle a été créée le 09 janvier 1970 sous l'impulsion des pouvoirs publics
avec le concours du groupe de Banque Mondiale et d'un ensemble de
banques et institutions financières étrangères. Elle a pour objectif de
financer le développement économique sous forme de prêts ou de prises
de participations en faveur des projets dont la rentabilité aura pu
objectivement être établie quel que soit le secteur intéressé.
Les opérations à caractère commercial, immobilier ou social sont écartées
du champ d'intervention de cette institution financière. La SOFIDE situe
ses interventions dans le moyen et long terme, des projets agricoles,
industriels et commerciaux. Quoi qu'elle soit autorisée à recevoir des
dépôts à terme, depuis sa création, elle n'a pas recouru à cette nature de
ressources. Elle a plutôt privilégié la mobilisation de ressources
provenant des emprunts en devises à l'extérieur.
La SOFIDE connait de sérieuses difficultés à la suite de la sous-
capitalisation, amplifiée par l'absence de ligne de crédit de la Banque
Mondiale, principal actionnaire et bailleur de fonds. A l'heure actuelle, les
investisseurs se heurtent au statut semi-officiel de cet organisme.

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 32


Opérations de banques et de bourses

4.2.6. Société Nationale d'Assurance (SONAS)


Elle est créée le 23 novembre 1966 par l'ordonnance-loi n°66/622 bis, elle
jouit du monopole des assurances dans le pays. Elle mobilise de fonds
importants comme l'INSS, qui pourraient contribuer efficacement au
financement des investissements.
N.B : les banques commerciales sont elles aussi regroupées en une
association appelée Association Congolaise des Banques (ACB), créée
par l'assemblée constituante du 22 août 1952 pour une durée de 30 ans
prorogée de manière indéterminée par l'assemblée générale du 18 juin
1982. Par la n°003-2002 du 02 février 2002 relative à l'activité de et au
contrôle des établissements de crédit en son article 86 dispose que tout
établissement de crédit est obligatoirement tenu d'adhérer à l'ACB.
Section 5. La crise bancaire en RDC
Les banques jouent un rôle majeur sur les marchés financiers parce
qu'elles sont bien placées pour s'engager dans des activités de production
d'information qui facilitent l'investissement productif. La condition des
bilans des banques a beaucoup d'importance pour offre des prêts. Si les
banques souffrent d'une détérioration de leurs bilans et subissent par
conséquent une contraction importante de leur capital, il y aura moins de
ressources à prêter et des crédits bancaires diminueront. La contraction du
crédit provoque alors une baisse de la dépense d'investissement, ce qui
ralenti l'activité économique.
La crise bancaire peut être définie comme une rupture dans le processus
d'intermédiation bancaire, rupture provoquée soit par des retraits massifs
des dépôts (course aux guichets), soit par l'insolvabilité d'une ou plusieurs
établissements suite à l'excès de risque. Cette rupture peut être interceptée
par des indicateurs micro et macroéconomiques de la crise bancaire. A
propos de l'insolvabilité des banques, les causes ne se situent pas
uniquement au niveau de la mauvaise gestion des banques mais
également au niveau des distorsions affectant le cadre dans lequel les
banques exercent leurs activités. Ainsi, la récurrence et
l'approfondissement des déséquilibres macroéconomiques peuvent
enclencher un processus de désintermédiation durable conduisant à une
cessation partielle ou totale des activités bancaires. 41(*)
5.1. Les manifestations de la crise bancaire en RDC42(*)
Les dépôts bancaires, toutes maturités confondues, ont connu une période
croissante de 1965 à 1975. A partir de 1980, les signes annonciateurs de
la crise bancaire apparaissent : les dépôts bancaires ont constamment
fléchi, et les crédits offerts par le système bancaire congolais ont connu
approximativement une loi d'évolution semblable.

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 33


Opérations de banques et de bourses

Parallèlement, le taux d'intermédiation bancaire, qui exprime le rapport


D/L, est passé de 3,54 en 1965 à 1,58 en 1997. Ce taux traduit la capacité
du système bancaire à favoriser les dépôts à partir des crédits et à
entretenir un processus cumulatif de l'intermédiation.

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Opérations de banques et de bourses

5.2. Les causes de la crise bancaire congolaise43(*)


Dans un travail remarquable, Firmin Koto Ey'Olanga a montré que la
crise bancaire au Congo procédait de plusieurs causes : les distorsions
structurelles, les comportements pervers des groupes sociaux ainsi que «
l'inorthodoxie » des politiques gouvernementales, qui ont provoqué la
crise économique. Celle-ci a pris la forme d'une grave baisse d'activité
qui a amené les banques à réduire progressivement leurs propres activités.
D'où, apparition
des ruptures dans le processus d'intermédiation.
Un point important à souligner est que les politiques gouvernementales
mises en oeuvre n'ont pas seulement provoqué des perturbations des prix
et de la production, elles ont également entraîné un changement dans
l'évolution de certaines variables monétaires comme les réserves
obligatoires et les taux d'intérêt. Le phénomène de décote de la monnaie
scripturale par rapport à la monnaie fiduciaire trouve également ses
causes premières dans ces politiques.
Parmi les causes immédiates de la crise bancaire, il y a lieu de relever
l'interaction de plusieurs comportements dont celui de :
- l'Etat en matière de politique budgétaire ;
- la Banque Centrale en matière de financement des opérations
financières du Trésor public ;
- les banques commerciales dans leurs politiques d'octroi des crédits ;
- le public en matière de détention de richesses sous forme de dépôts.
Le schéma ci-dessous en résume la chaîne de causalité :
- le déficit budgétaire de l'Etat est financé dans une très large mesure
(plus de 95%) par création monétaire;
- la création monétaire entraîne l'éviction du crédit à l'économie au profit
du crédit à l'Etat ;
- l'expansion monétaire et une forte circulation fiduciaire hors banque
génèrent l'hyperinflation et la dollarisation ainsi que la baisse des
activités productive ;
- tandis que la forte circulation fiduciaire hors banque et la réduction du
crédit à l'économie amènent les banques au rationnement des liquidités ;
- les perturbations macroéconomiques précédentes conduisent à une
contraction des dépôts et des crédits bancaires ;
- par ailleurs, la hausse du coefficient de réserve obligatoire et du taux de
réescompte a contribué à la réduction des crédits bancaires ;

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 35


Opérations de banques et de bourses

- les crédits faisant les dépôts, la réduction des premiers a entraîné la


baisse des seconds ;
- finalement, la contraction simultanée de ces deux variables
d'intermédiation bancaire fait apparaître les conditions nécessaires de
crise bancaire.
5.3. La régulation des institutions bancaires congolaises
La régulation bancaire est un ensemble de règles, d'incitation et de
pratiques des autorités publiques qui vise à instaurer et à maintenir la
stabilité financière. Un système bancaire et financier est stable s'il est
capable d'absorber les chocs sans apparition de processus cumulatifs de
nature à empêcher l'allocation des fonds aux projets d'investissement, ou
le paiement des transactions dans l'économie.
La régulation bancaire a trois composantes interdépendantes. D'abord,
la politique microprudentielle consiste en une réglementation qui tend à
maintenir en toutes circonstances des établissements de crédit sûrs, sains,
solvables et solides, tout en garantissant les acteurs du secteur financier,
ainsi que la protection du consommateur de services financiers. Ensuite,
la politique macroprudentielle s'efforce d'édifier une architecture
cohérente et efficace des institutions et des réglementations, exempte
d'antisélection,
de risque moral et d'incitations négatives. L'action des autorités vise à
assurer le bon fonctionnement de l'industrie bancaire et à prévenir ou à
résoudre les crises du système bancaire et financier. Enfin, au point de
contact entre
la politique macroprudentielle et la politique monétaire, la fonction de
prêteur en dernier ressort exercée par la Banque Centrale et l'Etat se
situe au coeur du filet de sécurité.
Du point de vue de la réglementation prudentielle, il existe huit domaines
fondamentaux dans lesquels s'exerce la régulation bancaire :
- le filet de sécurité public ;
- les restrictions de détention par les banques d'actifs risqués ;
- les exigences réglementaires en capital ;
- l'agrément et la surveillance des établissements ;
- l'évaluation des systèmes de contrôle interne des risques ;
- les exigences de communication financière aux régulateurs et aux
marchés ;
- la protection des consommateurs ;

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 36


Opérations de banques et de bourses

- les restrictions de concurrence.


En RDC, la régulation des institutions bancaires et non bancaires est régie
par les textes suivants (que vous devez consulter dans le numéro spécial
du Journal Officiel de mai 2002) :
- loi n°002/2002 du 02 février 2002 portant dispositions applicables aux
Coopératives d'Epargne et de Crédit ;
- loi n°003/2002 du 02 février 2002 relative à l'activité et au contrôle des
Etablissements de Crédit ;
- loi n°005/2002 du 07 mai 2002 relative à la constitution, à l'organisation
et au fonctionnement de la Banque Centrale du Congo ;
- l'Instruction n°1 du 12 septembre 2003 de la Banque Centrale aux
Institutions de Micro Finance.
-
La Loi n°003/2002 du 02 février 2002 « relative à l'activité et au contrôle
des
établissements de crédit » remplace l'Ordonnance-Loi n°72-004 du 14
janvier 1972 relative à la protection de l'épargne et au contrôle des
intermédiaires financiers dite « Loi Bancaire ».
Elle est censée tenir compte du contexte nouveau ayant marqué la
profession bancaire, à savoir : la mondialisation des activités financières,
l'interconnexion des marchés et l'informatisation de plus en plus poussée
de la gestion. Ces mutations ont amplifié les risques traditionnels de la
profession et en ont fait naître de nouveaux, rendant ainsi nécessaire la
mise en place des dispositifs d'encadrement axés sur le contrôle
prudentiel.
La présente Loi Bancaire présente l'avantage de couvrir toutes les
entreprises du secteur financier et les définit à partir de leur fonction
économique qui est la réalisation d'opérations de banque. Celles-ci sont
subdivisées en trois catégories distinctes, à savoir : 1) la réception des
fonds publics ; 2) les opérations de crédit ; ainsi que 3) les opérations de
paiement et la gestion des moyens de paiement.
La nouvelle Loi Bancaire regroupe sous le vocable nouveau
d'Etablissement de Crédit, les entreprises limitativement identifiées ci-
après :
- les banques ;
- les coopératives d'épargne et de crédit ;
- les caisses d'épargne ;

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 37


Opérations de banques et de bourses

- les institutions financières spécialisées ;


- les sociétés financières.
Cet élargissement du champ d'application de la nouvelle loi est inspiré
par un souci d'universalité et n'affecte ni la diversité du système financier
national, ni les particularités de chaque catégorie d'Etablissements de
Crédit, qui sont régies par des dispositions spécifiques.
Les Etablissements de Crédit sont tenus, avant d'exercer leur activité sur
le territoire national, d'obtenir l'agrément de la Banque Centrale.
L'obtention de l'agrément est subordonnée à certaines conditions de fond
dont l'existence et la réunion sont contrôlées par la Banque Centrale lors
de l'instruction de la demande d'agrément. Ces conditions sont d'ordre
juridique et économique.
Les conditions d'ordre juridique sont au nombre de trois :
- l'Etablissement de Crédit doit être une personne morale ;
- l'Etablissement de Crédit doit justifier d'un capital minimum libéré
déterminé par la Banque Centrale ;
- l'es Etablissements de Crédit ne doivent pas être frappés par
l'interdiction professionnelle.
S'agissant de conditions d'ordre économique, la Banque Centrale vérifie
pendant l'instruction du dossier d'agrément si l'implantation de
l'Etablissement de Crédit répond à un besoin économique évident. Elle
s'assure de la sécurité de la clientèle en contrôlant l'adéquation des
moyens techniques et financiers de l'Etablissement de Crédit à son
programme d'activité. La Banque Centrale s'assure également de la
crédibilité des
promoteurs étrangers pour éviter notamment l'introduction dans le circuit
financier des capitaux d'origine criminelle.
Le législateur a prévu d'autres dispositions ayant trait à la protection, au
retrait d'agrément, au contrôle, à la dissolution et la liquidation, aux
relations entre les établissements de crédit et leur clientèle, aux sanctions
et à l'organisation de la profession.
I.1.1. La collecte de dépôts
Ici, la banque collecte des dépôts auprès des clients, qui
peuvent être utilisés pour divers services financiers.
I.1.2. Les prêts
Les banques accordent des prêts aux particuliers, aux
entreprises et même aux gouvernements, générant des intérêts.

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 38


Opérations de banques et de bourses

I.1.3. Les services bancaires


Les banques offrent des services tels que les comptes
courants, les cartes de crédit, les prêts hypothécaires, etc.
I.1.4. Les investissements
Les banques investissent également dans des actifs financiers
tels que des titres, des obligations et d’autres instruments.
I.2. Les opérations des bourses
Parmi les opérations boursières, nous pouvons citer :
I.2.1. L’échange d’actifs
Ici, les bourses facilitent l’échange d’actifs financiers tels
que les actions, les obligations, les produits dérivés, etc.
I.2.2. La cotation
Les entreprises émettent des titres qui sont cotés sur la
bourse, les rendant accessibles aux investisseurs.
I.2.3. La négociation
Les investisseurs achètent et vendent des actifs sur la bourse,
générant des transactions.
I.2.4. La régulation
Les bourses sont régulées pour assurer l’intégrité du marché,
la transparence et la protection des investisseurs.
POINT DE LIAISON
Les banques et les bourses sont interconnectées car les
banques peuvent être des acteurs sur le marché boursier. Les
investisseurs peuvent utiliser des services bancaires pour financer leurs
transactions boursières, et les banques peuvent détenir des actions et
d’autres titres. De plus, les opérations sur le marché financier, y compris
le marché boursier, ont un impact sur l’économie dans son ensemble,
influençant des décisions bancaires.
En bref, les banques se concentrent sur la collecte de dépôts,
les prêts et les services bancaires, tandis que les bourses facilitent
l’échange d’actifs financiers. Les deux jouent un rôle crucial dans le
fonctionnement du système financier.
Les actifs financiers se réfèrent aux instruments qui
représentent la propriété ou la créance d'une entité sur une autre.
Cela inclut les actions, les obligations, les produits dérivés et d'autres
investissements. Ces actifs sont négociés sur les marchés financiers et

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 39


Opérations de banques et de bourses

jouent un rôle crucial dans la gestion des portefeuilles


d'investissement.

Le système financier désigne l'ensemble des institutions,


des marchés et des instruments qui facilitent la circulation de l'argent
et des capitaux au sein d'une économie. Il englobe les banques, les
marchés financiers, les assurances, les institutions de prêt, et d'autres
entités qui participent à la gestion des ressources financières.

Le système financier joue un rôle crucial dans l'économie


en permettant la mobilisation et l'allocation efficace des ressources
financières. Il offre des mécanismes pour collecter l'épargne, fournir
des financements, gérer les risques, et faciliter les transactions
économiques.

En résumé, le système financier est un réseau complexe


d'institutions et d'instruments qui facilitent le flux des fonds et
contribuent au fonctionnement global de l'économie.

Les agrégats monétaires font référence à diverses


catégories d'argent en circulation dans une économie, mesurées en
fonction de leur liquidité et de leur proximité avec les transactions
financières. Ces agrégats sont utilisés pour évaluer la quantité
d'argent disponible dans une économie et son impact sur l'inflation et
d'autres variables macroéconomiques.

Les principaux agrégats monétaires comprennent :

1. M0 (ou M0) : Il représente la monnaie fiduciaire en


circulation, y compris les pièces et les billets.

2. M1 : Il englobe le M0 ainsi que les dépôts à vue,


généralement les comptes courants et les chèques.

3. M2 : Il inclut le M1 ainsi que les dépôts à terme, les


comptes d'épargne et d'autres dépôts moins liquides.

4. M3 : Il est le plus large et comprend le M2 en plus


d'autres instruments financiers tels que les titres du marché
monétaire.

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 40


Opérations de banques et de bourses

Ces agrégats offrent une perspective sur la masse


monétaire totale et ses différentes composantes, ce qui aide les
économistes et les décideurs à surveiller la stabilité financière et à
prendre des décisions politiques éclairées.

La masse monétaire fait référence à l'ensemble de


l'argent en circulation dans une économie à un moment donné. Elle
englobe différents types d'argent, notamment la monnaie fiduciaire
(pièces et billets) et les dépôts bancaires. Les agrégats monétaires, tels
que M1, M2 et M3, sont des mesures spécifiques de la masse
monétaire, classées en fonction de la liquidité et de la proximité avec
les transactions financières.

La base monétaire, en revanche, se réfère à la quantité


totale de monnaie émise par l'autorité monétaire d'un pays,
généralement la banque centrale. Elle comprend la monnaie
fiduciaire en circulation (M0) ainsi que les réserves des banques
commerciales détenues auprès de la banque centrale. La base
monétaire est une composante de la masse monétaire, mais elle ne
représente pas l'ensemble de l'argent en circulation dans l'économie.

En résumé, la masse monétaire englobe tous les types


d'argent en circulation, tandis que la base monétaire est une
composante spécifique de la masse monétaire, se concentrant sur la
monnaie émise par la banque centrale.

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 41


Opérations de banques et de bourses

CHAPITRE DEUXIEME : LES MARCHES MONETAIRE


ET FINANCIER
Ce sont les marchés dont lesquels les agents économiques
peuvent obtenir les capitaux nécessaires pour réaliser leurs transactions
commerciales et financières, soit à court terme (marché monétaire) soit à
long terme (marché financier), soit en devises (marché des changes).
A - Marché monétaire
Le marché monétaire peut être défini comme le marché informel où les
institutions financières, comme le Trésor, la banque centrale, les banques
commerciales, les gestionnaires de fonds, les assureurs, etc. ainsi que les
grandes entreprises (marché des billets de trésorerie), peuvent placer leurs
avoirs ou emprunts à court terme (moins d'un ou deux ans).. Le marché

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 42


Opérations de banques et de bourses

monétaire est un élément essentiel au fonctionnement des marchés


financiers.
Lorsqu’une banque prête de l'épargne préexistante ou crée de la nouvelle
monnaie scripturale à la suite d'un crédit accordé, elle crédite le compte à
vue de son client qui va dépenser cette monnaie, c'est-à-dire la virer aux
comptes à vue de ses fournisseurs et salariés, une fraction seulement des
comptes des bénéficiaires étant tenus par cette banque. À l'inverse, la
banque peut recevoir, dans les comptes de dépôts de ses clients, les
montants correspondant aux achats effectués par les clients d’autres
banques.
Lorsque chaque banque accorde des crédits en fonction de ses parts de
marché de dépôts, le marché bancaire est équilibré. Mais si ce n'est pas le
cas ; pour ajuster leur trésorerie en monnaie banque centrale, les banques
vont se tourner vers le marché monétaire qui leur permet de placer,
auprès des autres banques et établissements financiers, leurs excédents ou
d’obtenir d'eux le financement de leurs besoins de monnaie centrale,
après compensation journalière des mouvements entre banques.
Parmi les opérations les plus courantes sur le marché monétaire on trouve
:
•les prêts interbancaires non gagés, qui sont à la fois l'opération la plus
risquée, la plus encadrée et, pourtant, la plus fréquente du marché
monétaire ;
•les prêts interbancaires gagés, ou pensions, sur des actifs identifiés mais
non livrés à la contrepartie
•la pension livrée ou "repurchase agreement", c'est-à-dire l'emprunt de
numéraire gagé par la vente au comptant simultanée, avec livraison,
d'actifs financiers négociables (obligations, bons du Trésor, certificats de
dépôt, etc.) qui se dénoue, à l'échéance du prêt de numéraire, par le rachat
des mêmes actifs ;
• les titres de créance négociables à court terme, à savoir principalement
les bons du Trésor émis par les Trésors, les certificats de dépôt émis par
les banques et les billets de trésorerie émis par les entreprises ;
• des valeurs mobilières, théoriquement accessibles aux particuliers,
principalement des emprunts d’État courts mais aussi des obligations
courtes émises par les collectivités locales ou les entreprises ;
• les dépôts en devises ;
• etc.
La banque centrale utilise également le marché monétaire pour :

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Opérations de banques et de bourses

• gérer au quotidien la liquidité (pomper les excédents ou satisfaire les


besoins) du système bancaire, et de l'économie en général (pour
combattre l'inflation ou la déflation par exemple et, en cas de crise
financière, fournir suffisamment de liquidités pour éviter un arrêt du
système financier, voire des faillites en chaînes (ce qui a été fait
notamment le 11 septembre 2001).
• piloter les taux d'intérêts à court terme par le système de pensions.
• placer les réserves de change des banques centrales étrangères
B – le Marché financier
Un marché financier peut être défini comme un marché sur lequel des
personnes, des sociétés privées et des institutions publiques peuvent
négocier des titres financiers, matières premières et autres actifs, à des
prix qui reflètent l'offre et la demande. Ce marché permet, entre autres, de
faciliter la collecte de capitaux.
Par définition, les marchés financiers sont des marchés sur lesquels sont
négociés des instruments financiers dont les principaux sont :
- Les actions : une action est un titre de propriété sur une fraction du
capital d’une entreprise. Sur le plan financier, elle présente une source
potentielle de revenu pour son détenteur sous forme de dividendes ou une
plus-value.
- Les obligations : une obligation est un titre de créance correspondant à
un prêt accordé par le propriétaire de l’obligation à la société qui a émis
cette obligation. L’acheteur aura droit à des intérêts selon le taux convenu
à l’achat et au remboursement du montant à l’échéance de l’obligation.
- Les contrats à terme peuvent être définis comme des engagements
irrévocable à acheter ou à vendre, à un certain prix, à une date future, une
certaine quantité d’une marchandise.
- Les options sont des contrats ouvrant le droit à vendre ou à acheter à un
certain prix, à une date future, une certaine quantité d’une marchandise.
L’émetteur de l’option s’est engagé, d’une manière irrévocable, à vendre
ou à acheter l’objet de l’option si le détenteur l’exige.
La bourse constitue le principal marché financier sur lequel sont
négociées les principales valeurs mobilières.
Une valeur mobilière est un titre financier négociable émis par une entité
juridique (société, une collectivité, organisme public ou privé …) qui
souhaite se procurer des financements destinés à réaliser des projets
d’investissements. Ces titres attestent pour leurs propriétaires qu’ils sont
détenteurs d’une fraction du capital (actionnaires) ou qu’ils disposent
d’un droit de créance sur le patrimoine de l’entité émettrice (créanciers).

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Opérations de banques et de bourses

Les Valeurs mobilières sont, En règle générale, émises par les sociétés
par actions qui remplissent un certain nombre de conditions fixées par le
code commerce. Celles-ci visent à fournir un maximum de garanties et
une meilleure transparence financière pour les souscripteurs de ces
valeurs mobilières. Par ailleurs, les collectivités locales ou les organismes
publics jouissant de la garantie de l’Etat peuvent, eux aussi, émettre des
valeurs mobilières, particulièrement des titres de créances, en vue de
financer des projets
d’envergure tels que les autoroutes, les barrages …etc.
1- Formes des valeurs mobilières
Les valeurs mobilières peuvent être soit matérialisées par un document
appelé certificat d’actions ; soit traduites par une inscription en compte
ouvert chez un Intermédiaire financier habilité (on parle de titre
dématérialisé).
Cependant, les valeurs nominatives matérialisées par des certificats,
notamment pour le cas des actions, entraînent pour la société émettrice la
tenue d’un registre appelé registre des actionnaires. Sur ce dernier, il est
transcrit l’identité du propriétaire ainsi que les références des certificats
de titres détenus. Ce registre Constitue également la base légale du
transfert de propriété des titres entre le cédant et le cessionnaire.
2- Les différents types de valeurs mobilières.
En règle générale, les valeurs mobilières se répartissent
fondamentalement entre les titres de créances (comme les obligations) et
les titres de capital (comme les actions).
Le détenteur de titres de capital est considéré comme un copropriétaire de
la société ; en revanche celui qui détient des titres de créances est
considéré comme un prêteur à la société.
a, Les actions.
Le capital d'une société par actions est divisé en actions : ces dernières
représentent la contrepartie des apports (nature ou/et espèces) apportés à
la société. Lors de la création d’une société, les personnes qui participent
à la constitution de son capital sont appelées des actionnaires fondateurs.
Les actions d’une société sont des titres négociables, c'est-à-dire qu’elles
peuvent être cédées sur le marché, et acquises par d’autres personnes qui
n’ont
pas participé à sa création. Par conséquent, une action est un titre de
propriété qui correspond à une partie du capital de la société. Une action
peut procurer deux types de revenus :

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Opérations de banques et de bourses

- Les dividendes qui sont une partie du bénéfice net distribué aux
actionnaires à la fin de l’exercice ;
- la plus-value sur cession qui est la différence entre le prix d’achat et le
prix de vente de l’action. Elle n’est réalisée que lorsqu’on vend l’action à
un prix supérieur à celui de l’achat.
Le statut d'actionnaire d'une société confère un certain nombre de droits
notamment :
- Le droit à l'information
L'actionnaire peut obtenir gratuitement auprès de la société dans laquelle
il est actionnaire tout document portant sur la gestion des affaires de la
société. A ce titre, on peut citer : le bilan comptable, le rapport de gestion,
le rapport du commissaire aux comptes… etc. Par ailleurs, si la société est
cotée en bourse, elle est tenue de communiquer à ses actionnaires et au
public en général :
Ø Une information comptable et financière périodique : publication des
états financiers annuels et semestriels dans la presse ;
Ø Une information permanente : celle-ci est destinée à communiquer tout
fait jugé important et susceptible d'avoir une incidence sur le cours de
bourse.
- Le droit de vote aux assemblées générales
Une assemblée générale des actionnaires constitue une occasion pour ces
derniers pour donner leur opinion sur la gestion de la société.
Durant les assemblées, l’avis de l’actionnaire, exprimé à travers
l’exercice du droit de vote, est sollicité pour l’approbation de certains
actes de gestion. Il s'agit notamment de l'adoption des comptes de
l'exercice clos, de la nomination des administrateurs au Conseil
d’administration, de la désignation du Commissaires aux Comptes, de la
modification des statuts ….etc
- Le droit à une rémunération
Une action peut donner lieu à une rémunération sous forme de dividende.
Ce dernier correspond à la part du bénéfice réalisé versé à chaque action.
Le versement de ce dividendes dépend donc des résultats réalisés par la
société. Il revient à l’assemblée générale des actionnaires de décider de sa
distribution et de la fixation de son montant.
L'usage veut qu'une société ne distribue de dividendes que lorsqu’elle
réalise un résultat net positif (bénéfice).
- Le droit de souscription préférentiel

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Opérations de banques et de bourses

Il s’agit d’un droit accordé à l’actionnaire au cas où la société décide


d’opérer une augmentation de capital.
- Le droit d'attribution
Ce droit est exercé au cas où la société augmente la valeur nominale de
l'action ou le cas échéant crée des actions nouvelles, en transformant des
réserves, propriété des actionnaires, en capital.
b, Les obligations
Une obligation est un titre financier négociable qui matérialise
l'engagement d'un emprunteur envers un prêteur qui, en contrepartie, met
des fonds à sa disposition. Cet engagement se traduit par un contrat
d’émission qui définit les caractéristiques de l’emprunt et les modalités de
remboursement des fonds et le mode de rémunération du prêteur.
Les paramètres de base d’une obligation sont les suivants :
+ Valeur nominale ou valeur faciale ;
+ Mode d’amortissement : remboursement in fine, annuités constantes;
+ Durée de l’emprunt qui renseigne sur la date de remboursement de
l'emprunt ;
+ Date de jouissance : c'est la date à partir de laquelle les intérêts
commencent àcourir;
+Taux facial : c'est le taux d'intérêt versé sous forme de coupon au
porteur de l'obligation ;
+ Périodicité : c'est la fréquence de versement du coupon. Les obligations
émises jusque là sur le marché sont généralement à taux fixe. Les
obligations à taux variable ont un coupon qui n'est pas fixe mais indexé
sur un taux référentiel dégagé par le marché. Le prix de l’obligation
fluctue en fonction de l'évolution des taux d'intérêt sur le marché. Il y a
lieu de retenir qu’une obligation présente deux caractéristiques :
Ø Une rémunération qui est indépendante des résultats de l'entreprise et
déterminée contractuellement d'avance. Le détenteur du titre obligataire
percevra l'intérêt (ou coupon) qui lui est dû, et ce quels que soient les
résultats de la société;
Ø Elle est remboursée en priorité par rapport aux fonds propres en cas de
liquidation de la société. Les recettes de la liquidation vont d'abord servir
à désintéresser les créanciers, et ce n'est que s'ils le sont totalement que le
reliquat éventuel sera alors versé aux actionnaires.
Par ailleurs, les titres obligataires confèrent à leurs porteurs des droits de
créances identiques. Cependant, il convient de préciser que ces porteurs

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Opérations de banques et de bourses

ne participent pas à la gestion des affaires de la société, mais peuvent


toutefois se constituer en masse pour défendre leurs intérêts.
c, Autres valeurs mobilières
Au-delà de ces deux types de titres élémentaires que sont l'action et
l’obligation, d’autres valeurs mobilières sont prévues par le code de
commerce, dont les principales sont
+ Les certificats d’investissements et les certificats de droits de vote
Les certificats d’investissement et de droit de vote sont des titres
négociables émis par une société par actions à l’occasion d’une
augmentation de capital ou d’un fractionnement des actions déjà
existantes.
Le certificat d’investissement représente un droit pécuniaire et sa valeur
nominale doit être égale à celle de l’action de la société émettrice. Le
certificat de droit de vote, quant à lui, représente, comme son nom
l’indique un droit autre que pécuniaire attaché à l’action. Ces valeurs
mobilières doivent revêtir la forme nominative. Les règles régissant les
conditions d’émission et les droits conférés aux détenteurs de ces valeurs
mobilières sont semblables à celles qui s’appliquent aux actions.
+ Les titres participatifs
Un titre participatif est un titre de créance négociable, émis par une
société par actions dont la rétribution comporte deux types de
rémunération :
Ø Une partie fixe mentionnée dans le contrat d’émission ;
Ø Une partie variable indexée sur les résultats de la société.
Les droits des porteurs de titres participatifs, notamment la
communication des documents sociaux, ressemblent à ceux conférés aux
détenteurs des titres obligataires.
+ Les obligations convertibles en actions
L'obligation convertible en action est une obligation classique, en général
à taux fixe, qui donne au souscripteur, pendant la période de conversion,
la possibilité de l'échanger contre une ou plusieurs actions de la société
émettrice. . Ce rapport, appelé base de conversion, est déterminé au
moment de l'émission.
La période de conversion est définie dans le contrat d'émission : elle peut
débuter dès l'émission ou à une date ultérieure pour s'achever au
remboursement. L'émetteur peut au moment de la conversion de
l'obligation remettre soit de nouvelles actions soit des actions déjà émises.
+ Les obligations avec bons de souscription d'actions :
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Opérations de banques et de bourses

Ce titre comporte en réalité deux produits : une obligation classique et un


bon de souscription d'action qu’on peut assimiler à une option d'achat. Un
bon de souscription est un titre financier négociable permettant de
souscrire pendant une période donnée, dans une proportion et à un prix
fixé à l'avance dans le contrat d’émission, à un autre titre financier qui est
l’action. La période d’exercice du droit de souscription ne peut dépasser
la dernière échéance de l’obligation.
d- Les risques liés à l’investissement dans les valeurs mobilières
Toutes les valeurs mobilières comportent certains risques. Certaines sont
plus risquées que d'autres. Par exemple, il est plus risqué d'investir dans
des actions que dans des obligations.
En effet, le risque action peut se traduire par une éventuelle moins-value
pour son détenteur, due à une chute de son cours en bourse (le prix de
l’action sur le marché devient inférieur à celui payé par l’actionnaire).
Aussi, le versement d’un dividende en fin d’exercice n’est également
guère garanti au cas où les résultats dégagés seraient moins bons que ceux
espérés. En revanche, les obligations sont moins risquées dans la mesure
où il est garanti à leurs détenteurs le versement du coupon initialement
fixé dans le contrat d’émission ainsi que le capital principal souscrit.
CHAPITRE TROISIEME : LE MARCHE DES CHANGES
Le marché des changes peut être défini comme un type de marché
financier sur lequel sont échangées les devises dites convertibles. Ce
marché désigne donc l'endroit où différents acteurs peuvent s'échanger de
la monnaie en respectant un taux de change déterminé. Ce dernier n'est
jamais fixe et évolue sans arrêt. Le marché des changes est, en volume de
transactions, le marché financier le plus important au monde.
Bien qu'il porte sur des pièces et des billets de banque, le marché des
changes est un marché totalement dématérialisé. Il ne dépend d'aucune
place boursière, ce qui lui permet de proposer des transactions 24h/24, 7
j/7 (alors que d'autres marchés sont soumis aux horaires d'ouverture des
Bourses).
A) Les composantes du marché des changes.
Le marché des changes peut être scindé en trois catégories :
1-Le marché au comptant :
Le marché au comptant, appelé aussi « marché spot », est le marché sur
lequel des devises sont échangées entre banques. Le marché est qualifié
de comptant car les livraisons de devises s'effectuent dans les deux jours
ouvrables.

L3 Comptabilité et Finance/Gestion Commerciale et Administrative, 2023-2024 Page 49


Opérations de banques et de bourses

Dans un marché au comptant, la livraison des biens échangés et leur


paiement ont lieu pratiquement simultanément et immédiatement,
Le cours d'une devise représente le prix d'une devise par rapport à une
autre. Cette cotation résulte de la confrontation des demandes (par les
importateurs, les emprunteurs de devises, les touristes se rendant à
l'étranger, les investisseurs à l'étranger, ...) et des offres (par les
exportateurs, les prêteurs de devises, les touristes qui viennent dans le
pays, les investisseurs qui rapatrient des fonds, ...)
Le cours d'achat est le prix auquel la banque est prête à acheter des
devises. Inversement, le cours de vente est le prix demandé par la banque
pour vendre de la devise.
2- Le marché du dépôt :
C'est le marché sur lequel se traitent des opérations de trésorerie en
devises sous forme d'emprunts et de prêts. Ce marché appelé aussi
marché interbancaire est organisé selon des règles très précises quant aux
taux, aux durées et aux calculs d'intérêts.
C’est sur ce marché que se traitent des opérations de trésorerie en devises
sous forme d'emprunts et de prêts.
3- Le marché à terme :
Le marché des changes à terme (forwardmarket) est un marché où les
devises s'échangent à un cours fixé sur le moment pour une livraison qui
se fera ultérieurement à une date déterminée. Par exemple, Ce marché
peut être utile pour un exportateur qui va recevoir des devises à une
échéance donnée et qui souhaite dès maintenant figer le cours de change
de son exportation afin de garantir le produit de ses ventes en devises
nationales. On peut bien évidemment appliquer le même raisonnement à
un importateur qui veut fixer d'avance le coût de son approvisionnement.
On retrouve également sur le marché des changes à terme l'existence de
contrats de swaps (d'échanges) de devises. Ceux-ci constituent un
engagement d'acheter (ou de vendre) au comptant un montant de devises
et de revendre (ou racheter) à terme ce même montant de devises
NB. Il existe au Maroc une circulaire qui réglemente le marché des
changes et précise les règles de son fonctionnement.
B –Le Risque de change
Le risque de change désigne l'incertitude quant au taux de change d'une
monnaie par rapport à une autre à court et moyen terme. Il s'agit du risque
qui pèse sur la valeur d'une devise par rapport à une autre du fait de la
variation future du taux de change. Le risque de change constitue un

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Opérations de banques et de bourses

véritable problème pour les entreprises qui réalisent des opérations


internationales.
1 - Le risque de transaction.
Le risque de transaction désigne l’effet potentiellement néfaste des
variations du taux de change pendant la période entre la conclusion d’un
contrat et son règlement ultérieur.
Lorsque deux entreprises possédant des devises différentes concluent un
contrat avec transaction monétaire à la clé, l’intervalle entre la conclusion
du contrat et le paiement est une période de risque potentiel en raison de
la volatilité des taux de change qui peuvent fluctuer considérablement
dans un court laps de temps.
Ainsi, lorsqu'une entreprise importe des produits semi-ouvrés ou des
matières premières, libellés en devises, elle doit gérer son risque de
change entre la date de facturation et la date de règlement. Si les produits
importés rentrent dans la production de produits finis, destinés, par
exemple, à l'exportation, une mauvaise gestion du risque de change
provoque une augmentation du coût de revient et donc une perte de
compétitivité.
Le risque de change peut être supporté par le vendeur, comme il peut être
supporté par l’acheteur :
Exemple d’un cas où l’importateur a supporté le risque de change : En
janvier, une entreprise marocaine importe une marchandise pour une
valeur de 1000 USD. Le contrat commercial est établi le 5 janvier (taux
de change 1 USD est égal à 10 MAD) ; mais le paiement n’aura lieu que
le 10 février (taux de change 1 USD est égale à 12 MAD) . Dans ce cas,
l’importateur aura besoin de 2000 MAD de plus (risque de change) pour
avoir les 1000 USD nécessaires pour le paiement de l’exportateur
étranger.
Exemple d’un cas où l’exportateur a supporté le risque de change : en
janvier, une entreprise marocaine exporte une marchandise pour une
valeur de 1000 USD . Le contrat est établi le 10 janvier ( taux de change
1 USD est égale à 10 MAD , mais le paiement n’aura lieu que le 15
février ( taux de change 1 USD est égal à 9 MAD ). Dans ce cas
l’exportateur, en changeant les dollars contre le dirham, va recevoir une
somme de 9000 DH au lieu de 10000 DH : la perte de 1000 DH
représente le risque de change.
Pour faire face à ce risque, les importateurs et les exportateurs ont donc
intérêt à adopter une politique de couverture du risque de change
appropriée.

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Opérations de banques et de bourses

2 - Politiques de couverture du risque de change.


Dès le moment où une entreprise entend exercer des activités
internationales, elle doit s'inquiéter de la politique de couverture à mettre
en oeuvre pour se protéger contre le risque de transaction lié aux ventes
futures en devises étrangères. La naissance du risque de change n'a pas
lieu de manière instantanée au moment de la facturation. Ce risque doit
être pris en compte bien avant, dès l'émission de l'offre, du catalogue ou
de l'appel d'offre. De plus, il est important que l'entreprise se fixe des «
seuils de tolérance » face à ce risque. A partir de quel moment se
couvrira-t-elle ? Quel niveau de risque est-elle prête à assumer ?
D’une façon générale, on distingue 3 types de politiques de couvertures
du risque de change :
o La non-couverture du risque : Cette stratégie consiste à laisser la
position de change de l'entreprise ouverte sans couverture.
Cette alternative peut être adoptée dans l'hypothèse où l'entreprise traite
avec des devises stables, ou si elle arrive à reporter la totalité du risque
sur son partenaire par une clause dans le contrat.
A l'inverse, certaines entreprises y recourent même si la devise est
instable, dans le but de réaliser un gain de change. Elle correspond dans
ce cas à une attitude spéculative.
Dans certains cas aussi, se protéger contre le risque de change peut coûter
tellement cher que la protection n'en vaut pas la peine.
Cette attitude peut également naître d'une méconnaissance du risque
encouru.
o La couverture systématique : Elle consiste à se couvrir
automatiquement dès qu'apparaît un engagement ou un avoir en devises,
elle permet donc d'éliminer totalement le risque de change dès sa
naissance.
Cette stratégie est conseillée dans le cas où l'entreprise traiterait avec des
clients provenant de pays divers, offrant des devises volatiles. Dans ce
cas, les méthodes de couverture telles que la compensation sont
impossibles à mettre en place ce qui oblige l'entreprise, si celle-ci veut se
couvrir contre le risque de change, à prendre une couverture automatique.
De même, si les opérations envisagées sont de montants très élevés, le
trésorier peut être amené à couvrir systématiquement le risque de change,
toute variation pouvant entraîner une perte importante.
Cette attitude pourra se retrouver également lorsque, pour un courant
d'affaires continu, la moindre perte de change entraîne une érosion
importante de la marge.

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Opérations de banques et de bourses

Cette stratégie n'est pas toujours bénéfique pour l'entreprise dans la


mesure où elle peut présenter des inconvénients :
· Les coûts de couverture sont très élevés.
· La probabilité de perte d'opportunités.
o La couverture sélective : Dans ce cas, le trésorier décide d'une
méthodologie qui déterminera quand il couvrira ou pas le risque de
change. Cette politique suppose l'application de critères de sélection qui
correspondent à un niveau d'acceptation du risque ainsi qu'à une
anticipation sur l'évolution des cours de change.
La couverture sélective ne doit pas être appliquée dans le cadre d'une
faible activité à l'international. Celle-ci ne peut en effet justifier la mise
en place d'une structure de gestion du risque de change qui coûterait plus
cher que les pertes probables dues aux variations des cours des devises.
3 Les Techniques de couverture du risque de change
La couverture du risque de change consiste à réduire ou à annuler le
risque lie à la position de change de l’entreprise en utilisant des méthodes
internes ou en transférant le risque à des organismes externes (banques et
assurances).
a,Les techniques internes.
Les techniques de couverture internes à l’entreprise visent à réduire
l’exposition de celle-ci au risque de change. Elles sont déjà nombreuses et
permettent aux entreprises de ne pas se
lancer des leurs premières opérations de commerce international dans des
dépenses supplémentaires en faisant appel aux techniques externes.
1 - Choix de la monnaie de facturation.
La monnaie de facturation est la devise dans laquelle sera libellé le
contrat d'achat ou de vente internationale. Les parties au contrat, qui ont
la liberté de choisir cette monnaie de facturation, peuvent choisir une
devise plutôt qu'une autre afin de minimiser le risque de change.
Pour éviter le risque de change, chacune des parties au contrat a intérêt à
choisir sa monnaie nationale comme monnaie de facturation En effet,
pour éviter le risque de change, de nombreuses entreprises, notamment
les PME, choisissent de ne facturer ou de n'accepter que des transactions
en monnaie nationale (ou en euros dans le cas des pays européens). Cette
situation fait peser le risque de change sur la partie étrangère. Celle-ci ne
l'admettra que si :
 L'entreprise est en position de force, les avantages que l'autre partie
retire de la transaction étant importants (qualité du produit ou des

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services, compétitivité du prix, délais de règlements longs, délais


d'exécution rapides, service après-vente performant, ...)
 Le coût final sera inférieur pour l'autre partie, celle-ci anticipant une
dépréciation de la monnaie nationale de l'acheteur en cas d'achat, ou une
appréciation en cas de vente.
Les deux parties peuvent également choisir une devise étrangère aux deux
parties comme monnaie de facturation. Dans ce cas, le vendeur a intérêt à
choisir une devise forte et l’acheteur une devise faible.
Il faut cependant préciser que certains critères externes et internes
interviennent dans le choix de la monnaie de facturation.
Parmi les principaux critères externes à l’entreprise, on peut retenir :
 la législation des changes : certains pays imposent leur monnaie
nationale dans les opérations commerciales avec l'étranger (tant à l'achat
qu'à la vente).
 la zone géographique : des pays ont l'habitude de commercer dans une
devise tierce pour des raisons de proximité géographique, ou de liens
économiques historiques. C'est le cas du dollar américain dans de
nombreux pays d'Amérique latine, du Moyen-Orient et d'Asie du sud-est,
de la livre sterling dans les pays du Commonwealth ou du franc français
dans certains pays africains.
 le marché des changes : il n'existe pas dans tous les pays de marché des
changes pour toutes les monnaies. Dans ce cas, l'importateur peut
éprouver des difficultés pour se procurer la devise de paiement auprès des
banques locales et peut être amené à refuser la transaction commerciale.
De même pour l'exportateur qui peut avoir du mal à convertir la devise
reçue de l'étranger.
Parmi les critères internes à l'entreprise :
 les devises du portefeuille de l'entreprise : vous pourrez opter pour une
devise qui compense une position de change de sens contraire, annulant
ainsi (en totalité ou partiellement) votre risque de change. De plus, les
banquiers préfèrent généralement un petit nombre de transactions avec
d'importants volumes unitaires libellés en une ou deux devises.
 les possibilités financières qu'offre la devise : celle-ci permet-elle de
bénéficier d'un cours à terme favorable ? D'avoir recours à un
financement à faible taux d'intérêt ?
2 - Le termaillage

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Le termaillage consiste à accélérer ou à retarder les encaissements et les


décaissements en devises selon l’évolution anticipée des cours de la
devise concernée.
Cette technique vise donc à faire varier les termes des paiements afin de
profiter de l'évolution favorable des cours.
Les situations suivantes peuvent se présenter :
 si l'exportateur anticipe une appréciation de la devise de facturation, il
tentera de retarder l'encaissement de sa créance pour bénéficier d'un cours
futur plus avantageux. A l'inverse, si l'exportateur anticipe une
dépréciation de la devise de facturation, il tentera d'accélérer
l'encaissement de sa créance pour bénéficier du cours actuel plus
avantageux.
 si l'importateur se trouve face à une tendance à l'appréciation de la
devise du contrat d'achat, il sera tenté d'anticiper son règlement. Au
contraire, si l'importateur se trouve face à une tendance à la dépréciation
de la devise du contrat d'achat, il tentera de retarder son règlement de
manière à pouvoir bénéficier d'un cours futur plus avantageux.
Les techniques visant à mesurer l'évolution des cours de change
mobilisent des ressources importantes. La technique du termaillage, basée
principalement sur cette estimation de l'évolution des cours, n'est
applicable que dans la mesure où votre chiffre d'affaires à l'exportation et
les pertes potentielles liées aux variations de cours de change justifient la
mise en place d'une telle structure. De plus, le termaillage présente des
limites qui sont liées au niveau de la trésorerie de l'entreprise et aux
contraintes commerciales.
3 -Les clauses d’indexation dans les contrats
Une clause d'indexation est une règle indiquée dans un contrat selon
laquelle l'un des éléments du contrat, notamment le prix, varie en fonction
d'un autre élément, souvent un indice. Une clause d'indexation peut être
insérée dans plusieurs types de contrats (par exemple un contrat
commercial, un contrat de bail, etc.), mais jamais dans un contrat de
travail.Elles sont variées et permettent une protection contre le risque de
change.
On citera comme exemples :
Les clauses d’adaptation des prix proportionnelle aux fluctuations des
cours de change : dès la signature du contrat, le vendeur fixe la valeur des
marchandises dans sa monnaie. Si le cours de la monnaie de facturation
du contrat augmente, le prix de l'exportation est augmenté pour l'acheteur

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sur base du nouveau taux de change. Le risque de change est donc


totalement supporté par ce dernier.
Clause d'indexation « tunnel » : l'entreprise peut introduire un tunnel,
présentant un cours minimum et maximum à l'intérieur desquels le cours
de la monnaie de facturation peut fluctuer sans aucune incidence sur le
prix des marchandises. Si les variations de cours de change dépassent ces
limites, le prix est revu à la hausse ou à la baisse selon les modalités
prévues dans la clause.
La clause de risque part La clause de risque partagé : Elle fait supporter
aux deux parties une part du risque de change. Le contrat prévoit par
exemple qu’une partie de la variation de cours intervenant entre la date de
facturation et la date de paiement sera partagée entre les parties selon un
certain mode (moitié-moitié par exemple).
Les parties peuvent adopter une autre date comme date de signature du
contrat.
4 Les compensations internes.
La compensation est une technique de couverture par laquelle une
entreprise limite son risque de change en compensant les encaissements et
les décaissements dans une même monnaie. Ainsi, le règlement d'une
créance en devise sera affecté au paiement d'une dette libellée dans la
même unité monétaire. La position de change ne porte alors que sur le
solde.
Dans cette optique, l'entreprise veille à limiter le nombre de monnaies de
facturation, de manière à pouvoir compenser un maximum de flux
d'argent « entrant » et « sortant ». L'entreprise doit également agir sur les
dates de règlement afin de disposer de suffisamment d'entrées pour payer
les sorties.
b- Les techniques externes.
Les techniques externes de couverture contre le risque de change,
contrairement aux techniques internes, sont les méthodes qui nécessitent
le recours à des organismes externes à l'entreprise.
Les techniques externes, pour lesquelles l’entreprise utilise les
instruments mis à sa disposition par les marchés ou des organismes
extérieurs, peuvent limiter plusieurs risques de change, certaines d’entre
elles s’étant développées plus particulièrement depuis une vingtaine
d’années. Ces techniques, plus souvent utilisées que les techniques
internes, ne sont pas équivalentes. Certaines garantissent un cours
déterminé futur, d’autres limitent le risque de hausse ou de baisse d’une
devise en laissant ouverte la possibilité de bénéficier d’une appréciation

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ou d’une dépréciation de la devise, d’autres encore garantissent le cours


d’une devise à l’intérieur d’une fourchette de cours.
1- La couverture sur les marchés des changes à terme.
La couverture sur le marché des changes à terme est la couverture la plus
utilisée par les entreprises du fait de sa simplicité d’emploi. De plus, elle
s’applique à l’exportation comme à l’importation.
Le change à terme est un accord portant sur l'achat ou la vente d'un
montant défini d'une devise contre une autre à un cours de change ferme
et définitif, mais l'échange à lieu à une date ultérieure déterminée. Cette
opération permet de fixer à l'avance un cours de change pour une
transaction future sans que n'intervienne les flux de trésorerie avant
l'échéance.
Principe : Cette technique annule, à l’échéance, la rentrée ou la sortie de
devises attendues par l’entreprise. L’exportateur doit vendre à terme les
devises correspondant au montant de l’exportation en cas de perspective
de dépréciation éventuelle de la devise. L’importateur doit acheter à
terme les devises correspondant au montant de l’importation dans le cas
de l’appréciation de la devise.
La technique de couverture à terme permet de connaître à l'avance le
cours auquel le banquier, d'une part, achètera la devise à l'exportateur au
moment de l'échéance et, d'autre part, vendra la devise à l'importateur au
moment de l'échéance. Il est important de noter que ces contrats sont
fermes et que l'exportateur ou l'importateur ne peuvent bénéficier d'une
évolution favorable ultérieure de la devise.
Les caractéristiques de change à terme :
avantages
Inconvénients
 Le cours est garanti et connu dès la couverture.
 Cette technique est peu adaptée aux risques aléatoires ou potentiels en
raison du caractère irrévocable de l'engagement.
 Cette technique ne nécessite aucun suivi administratif.
 Cette technique se caractérise par une souplesse d'utilisation (échéance
sur mesure, couverture pour de nombreuses monnaies).
 Le cours garanti n'est pas négociable.
 Il est impossible de profiter d'une évolution favorable des cours de la
devise.
2 - Les marchés d’options de devises.

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Définition et principe :
L'acheteur d'une option d'achat de devises acquiert le droit - et non
l'obligation - d'acheter un certain montant de devises à un prix fixé dès
l'origine (appelé prix d'exercice), jusqu'à, ou à, une certaine échéance
(appelée date d'exercice).
 L'acheteur d'une option de vente de devises acquiert le droit - et non
l'obligation - de vendre un certain montant de devises. Comme dans le cas
d'une option d'achat, cours et échéance sont fixés préalablement.
Le détenteur d'une option peut donc décider librement de l'exercer, c'est-
à-dire d'acheter ou de vendre la devise au prix d'exercice. Mais il peut
également renoncer à utiliser ce droit si le cours qu'il peut obtenir sur le
marché des changes est plus avantageux pour lui.
L'option de change permet donc à son détenteur de couvrir son risque de
change tout en préservant la possibilité de réaliser un gain de change dans
le cas d'une évolution favorable du cours de la devise.
En contrepartie du service et des risques encourus par le vendeur de
l'option (généralement un banquier), une prime, plus ou moins importante
suivant les situations (devises, durées de couverture, cours garantis), est
demandée à l'acheteur de l'option. Le risque de l'acheteur d'options est
ainsi limité au montant de cette prime.
Le dénouement d'une option peut se faire selon trois voies : il y a
abandon de l'option si l'acheteur d'option trouve avantage à acheter (ou à
vendre) ses devises sur le marché des changes. Il y a exercice de l'option
dans le cas contraire. Enfin, il y a revente de l'option lorsque celle-ci a
encore une valeur positive et que l'entreprise n'a pas réalisé son opération
commerciale.
Quand l'entreprise exercera-t-elle son option ?
 Un importateur, qui veut se protéger d'une hausse de la devise dans
laquelle il est facturé, achète une option d'achat de devises. Si le cours de
la devise a effectivement fortement augmenté et est au-dessus de celui de
l'option, l'entreprise a intérêt à exercer celle-ci. Si, à l'inverse, le cours a
fortement diminué (donnant une variation supérieure au prix de l'option),
l'entreprise a intérêt à abandonner celle-ci.
 Un exportateur achète, quant à lui, une option de vente de devises pour
se protéger contre une baisse de la devise dans laquelle il a facturé son
client étranger. Si le cours a effectivement fortement baissé et est en-deçà
de celui de l'option, l'entreprise a intérêt à exerce celle-ci. Si, à l'inverse,
le cours a fortement augmenté (donnant une variation supérieure au prix

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Opérations de banques et de bourses

de l'option), l'entreprise a intérêt à abandonner l'option et à changer les


devises sur le marché au comptant
C – Tableau de synthèse
Technique de couverture
Avantages
Inconvénients
Facturation en monnaie nationale
 · Utilisation simple.
 Coût nul.
 Protection complète contre le risque de change.
 Commercialement mauvais car tout le risque est transposé sur l'acheteur
ou le vendeur.
 Ne permet pas de bénéficier d'une évolution favorable des cours de
change.
Termaillage
 Coût quasi nul
 Méthode spéculative (basée sur l'évolution plus ou moins favorable des
cours de change)
 Utilisation compliquée : basée sur l'estimation de l'évolution des cours
de change.
 Nécessite une trésorerie saine.
Clause d'indexation
 · Utilisation simple
 Coût faible
 Risque souvent partagé entre acheteur et vendeur
 Négociation difficile - commercialement
pas toujours apprécié.
Compensation
 · Risque aléatoire (l'entreprise doit réussir à compenser les flux entrant
et sortant !)
 Coût lié à la gestion soutenue de la position de change.
 Nécessite une gestion suivie de la position de change de l'entreprise.
 Demande un nombre limité de monnaies de facturation.

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Police d'assurance de change


 La couverture dès remise de l'offre est possible.
 Possibilité de bénéficier d'un gain de change pour certaines polices.

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