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Université Mohammed V- RABAT-AGDAL

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Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et


Sociales
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Master Sciences Juridiques

Semestre 2

Procès pénal

Année Universitaire : 2017/2018

Thème D’exposé : La détention avant jugement

Réalisé par : Encadré par :


ELEKHDAR KARIM Pr EL FADDALI NISRINE

OULIOUDI MEHD
Introduction

En vérité, la réaction contre le crime est un véritable défi lancé à la société.

Elle doit suffisamment être efficace, tout en respectant les droits et liberté des
citoyens. La recherche des preuves entraine inéluctablement des
comportements préjudiciables a la tranquillité et la liberté des individus, et
exige des pratiques qui permettent de parvenir et d’établir la vérité , elle
pousse l’Etat a contraindre le citoyen, a le priver de sa liberté, a lire sa
correspondance, a violer son domicile, des actes normalement interdits, les
agents de l’Etat sont pourtant autorisés légalement à accomplir ces actes , ces
atteints prennent alors des différents appellations « garde a vue », « détention
préventive » « perquisition ».

Si personne ne peut contester l’existence de ces prérogatives, qui rendent


l’infraction autorisée. Leur mise en œuvre doit être minutieusement
réglementée et soumise à des contrôles efficaces, il ne peut en tout cas s’agir
que d’exception.

La privation de liberté avant jugement doit concilier entre deux impératifs et


deux intérêts en présence l’ordre public et une condition essentielle du procès
équitable qui est la présomption d’innocence.

Le droit à la liberté et à la sureté est un droit fondamental inhérent à la


personne, inscrit dans les instruments internationaux de la protection des
droits de l’Homme et dans la constitution.

L’article 23 de la constitution dispose : « nul ne peut être arrêté, détenu,


poursuivi ou condamné en dehors des cas et des formes prévues par la loi ».

La détention arbitraire ou secrète et la disparition forcée sont des crimes de la


plus grande gravité et exposent leurs auteurs aux punitions les plus sévères.
Toute personne détenue doit être informé immédiatement d’une façon
compréhensible sur les motifs de sa détention et ses droits. L’article 5 de la
CEDH prévoit que nul ne peut être privé de sa liberté, sauf dans les cas suivants
et selon les voies légales.

 Toute personne priver de sa liberté par arrestation ou détention a le


droit d’introduire un recours sur la légalité de sa détention.
 Toute personne condamnée dans des conditions contraire à la loi à le
droit à la réparation.
Le traitement et l’analyse de ce sujet nous a conduit à poser la
problématique suivante :

Dans quelle mesure la détention avant jugement qu’est réglementée est


organisée tout au longue de la procédure , ainsi qu’elle fait objet
d’application rationnelle en pratique afin de protéger le droit au procès
équitable ?

Pour répondre à cette problématique on a adopté le plan suivant :

Plan :
Nous allons, tout d’abord, traiter les différents moyens de détention avant jugement
légalement reconnus. Ensuite nous allons analyser le caractère souvent abusif de la
détention avant jugement.

I- Les différents moyens de détention avant jugement


légalement reconnus

A- Au stade de l’enquête et de la poursuite

B- Au stade de l’instruction

II- Une privation de liberté souvent abusive

A- Une mesure exceptionnellement autorisée : un recours très


fréquent en pratique

B- Une atteinte au procès équitable


I- Les différents moyens de détention avant jugement
légalement reconnus.
La détention avant jugement intervient dans toutes les phases de la procédure
pénale, au stade de l’enquête et la poursuite (A) et dans la phase de
l’instruction (B).

A- Au stade de l’enquête et de la poursuite


La garde a vue prive de liberté un individu qui n’a pas été reconnu coupable, ni
même mis en examen. Les conditions du recours à cette mesure sont donc
strictement réglementées et un certain nombre de garanties sont accordées
aux citoyens lors de sa mise en œuvre.

La garde a vue qui se traduit par une arrestation, puis par le maintien du
suspect a la disposition de la police judicaire pour une durée déterminée, est
en soi, une mesure attentatoire à la liberté individuelle d’une gravité
incontestable. Si le législateur met une telle arme à la disposition de l’OPJ pour
les nécessités de l’enquête, il l’entoure cependant d’un certain nombre de
précautions sous forme d’une réglementation légale très stricte.

Le souci majeur du législateur est de protéger l’individu contre les abus et les
erreurs. Toutefois, d’autres impératifs dictés par la sauvegarde de l’ordre
public, la sécurité et la justice viennent s’imposer, même s’ils se traduisent par
de sérieuses limitations des libertés individuelles.

Le but essentiel recherché par la procédure pénale est de réaliser un équilibre,


une conciliation entre ces deux fondements du droit.

En plus du souci du législateur, la garde a vue à longtemps préoccupé les


organisations et les défenseurs des droits de l’Homme. C’est d’ailleurs sur la
demande insistante de ces organisations que les délais de garde a vue qui
étaient de 96 heures susceptibles, sous certains conditions, d’une prolongation
de 48 heures , ont été réduits de moitié en 1991 et ramenés a 48 heures avec
une possible prolongation de 24 heures, ces délais repris par le code de 2002,
restent donc inchangés.

Ainsi, l’obligation faite à l’OPJ d’aviser le parquet de toute mise en garde a vue
dans le cadre de l’enquête de flagrance (c’est-à-dire en cas de crimes ou délits
flagrants passible d’emprisonnement. Art 66) et de requérir son autorisation
préalable avant d’y procéder en cas d’enquête préliminaire crimes ou délits
non flagrants passibles d’emprisonnement (art.80) a pour effet de permettre au
parquet de suivre et de contrôler le déroulement de l’opération la plus
sensible de l’enquête qui est la garde a vue. Mais a y voir de prés, on ne peut
manquer de relever l’absence de précision sur la forme que doivent revêtir
l’avis et l’autorisation préalable susvisés, ce qui laisse entendre que l’écrit n’est
pas exigé et qu’ils peuvent, donc, être donnés même oralement. Mais, elle est
davantage souhaitable quand on sait que dans tous les cas, c’est a l’OPJ qu’il
revient d’apprécier souverainement, et sans être tenu de motiver sa décision, si
« les nécessités de l’enquête » (Art.66 et 80) exigent la mise en garde a vue
d’une personne.

La personne gardée a vue jouit de certains avantages d’inégale valeur. D’abord


l’OPJ est tenu d’informer la famille de la personne gardée a vue dès qu’il décide
de retenir cette dernière a sa disposition. L’avis a la famille peut se faire par
tous les moyens et par l’intermédiaire de la police, de la gendarmerie ou des
autorités administratives, lorsque la famille réside loin du lieu de la garde a
vue. L’OPJ doit s’assurer de l’identité du parent contacté, du degré de parenté
et de son adresse, mention en est faite sur le procès- verbal d’audition ou sur
le rapport de synthèse, si la personne gardée a vue n’a pas de famille ou si l’OPJ
a été dans l’impossibilité de contacter les membres de sa famille, mention en
est faite sur le P.V.

A noter que l’article 67 du nouveau code de procédure pénale, permet a la


personne gardée a vue de prendre attache avec un avocat a condition de la
prolongation de la garde a vue, cette assistance est également soumise a
l’accord du représentant du ministère public. Ceci étant, le ministère public sur
demande de l’OPJ, peut retarder cette entrevue avec l’avocat chaque fois qu’il
s’agit d’infractions touchant la sûreté de l’Etat, le terrorisme, les associations
de malfaiteurs, d’assassinat, d’empoisonnement, de prises d’otages. Mais ce
retard ne peut et ne doit dépasser 48 heures à partir de la première
prolongation. Ce contact avec l’avocat ne peut dépasser une demi-heure et se
passe sous le contrôle de l’OPJ. L’avocat qui prend contact avec le prévenu ne
doit rien divulguer, mais il peut déposer auprès du parquet ou de la police
judiciaire tout document ou observations écrites.

Les dispositions de l’article 23 de la constitution de 2011 ainsi que celles de


l’article 66 du CPP reconnaissent- pour la 1ère fois- à la personne gardée à vue,
le droit de garder le silence. De même, le Pacte International relatif aux Droits
Civils et Politiques dans son article 14 désigne que toute personne ne peut être
forcée de témoigner contre elle-même ou de s’avouer coupable.

Parmi les mesures visant à garantir les droits des gardés a vue, on peut parler
du droit a l’examen médical. Les articles 73 et 74 du CPP permettent au
Procureur général du Roi, au Procureur du Roi ou au juge d’instruction
d'ordonner des examens médicaux, si la personne gardée à vue en fait la
demande ou s'il existe des signes apparents de sévices subis durant
la garde à vue.

En ce qui concerne le délai légal de la garde a vue, on sait qu’il est variable
selon trois catégories d’infractions : pour l’infraction de droit commun, il est de
48 heures susceptible d’être prolongés de 24 heures. Pour l’atteinte à la sureté
de l’Etat, il est de 96 heures susceptibles d’être renouvelées une fois, pour
l’infraction terroriste, il est de 96 heures susceptibles d’être renouvelées à
deux reprises. Ainsi, dans le cadre de l’enquête préliminaire (Art.80), la
prolongation légale du délai de garde a vue est subordonnée, lorsqu’il s’agit
d’une infraction de droit commun a deux conditions :

Avant l’expiration du délai initial (de 48 heures), la personne gardée a vue doit
être obligatoirement conduite devant le chef du parquet.

Celui-ci, après audition de cette personne, peut accorder a l’OPJ l’autorisation


écrite de prolonger la garde a vue de 24 heures. Encore faut-il ajouter qu’ « à
titre exceptionnel, cette autorisation peut être accordée par décision motivée,
sans que la personne soit conduite au parquet » Art 80 al 05.

Toutefois, lorsqu’il s’agit d’une atteinte a la sureté de l’Etat ou d’une infraction


terroriste, la prolongation de la garde a vue est subordonnée seulement a
l’autorisation écrite sans que la personne soit conduite devant le parquet.
Dans le cadre de l’enquête de flagrance (Art.66), quelle que soit la nature de
l’infraction, la prolongation de la garde a vue est exclusivement subordonnée
a l’autorisation du parquet, sans que l’intéressé soit conduit devant celui-ci.

L’OPJ est tenu de mentionner sur la P.V. d’audition de toute personne gardée a
vue, le jour et l’heure a partir desquels elle a été appréhendée et le jour et
l’heure ou elle a été soit libérée soit présentée devant le magistrat compétent,
une telle mention devant, d’ailleurs, être assortie en marge, soit de la signature
ou de l’empreinte de la personne intéressée, soit de l’indication de son refus ou
de son impossibilité et de leur cause (Art.67).

Ainsi dans tous les lieux susceptibles de recevoir des prévenus gardés a vue,
doit être tenu un registre spécial coté et paraphé par le procureur du Roi. Ce
registre doit mentionner une série d’indication a même d’informer l’autorité
judiciaire du déroulement de la garde a vue dans des conditions légales :
indication de l’identité du gardée a vue, cause de la garde a vue, état de santé
du gardé a vue et l’alimentation offerte.

Il s’agit, enfin, de l’obligation pour l’OPJ d’adresser quotidiennement au


ministère public, la liste des personnes placée en garde a vue au cours des 24
heures écoulées (Art.67).

Ces obligations sont a conjuguer avec les attributions de haute importance


expressément confiées, a cet égard, au procureur du Roi et qui consistent,
outre la vérification susvisée des registres, a veiller au respect des règles et
délais de la garde a vue, a pouvoir ordonner a tout moment sa cessation ou la
présentation devant lui de la personne retenue, et a visiter au moins une fois
par semaine les différents locaux de la police et de la gendarmerie recevant des
personnes gardées a vue et relevant de son ressort (Art.45 et 66 dernier
alinéa).

Mandat de dépôt :

C’est l’ordre donné par le juge d’instruction, de l’établissement pénitentiaire de


recevoir et de détenir provisoirement l’inculpé. Aux termes de l’article 152 du
nouveau code de la procédure pénale, cet ordre peut s’accompagner par la
recherche et l’arrestation de l’intéressé, ce mandat n’a lieu qu’en matière
criminelle ou délictuelle, le code précise qu’il ne peut être pris qu’après un
interrogatoire de l’intéressé par le juge, observons que ce mandat fait dans une
large mesure double emploi avec le mandat d’arrêt en droit marocain,
toutefois malgré l’identité de la gravité.

Dans le mandat de dépôt, le code n’oblige guerre le juge d’instruction de


consulter le procureur de Roi, de plus le mandat lui-même ne peut être pris
qu’après interrogatoire, nous sommes fondées à croire que le juge ne peut le
décider qu’aux termes d’un ou plusieurs contacts avec le prévenu.

B- Au stade de l’instruction
Dans cette phase les moyens de détention sont nombreux et successivement
applicables en parle ainsi, du mandat d’amener, mandant d’arrêt et la
détention préventive.

Concernant le mandat d’amener (prévu par l’art 146 CPP), c’est un mandat
exécutoire par la force publique. Si, au cours de l’exécution de cette l’intéressé
refuse d’obéir ou tente de s’évader, l’agent de la force publique peut le
contraindre et le conduire devant le juge d’instruction qui doit l’interroger
immédiatement si l’interrogatoire immédiat ne peut avoir lieu, l’intéressé est
conduit à la maison d’arrêt où il ne peut être détenu plus de vingt quatre
heures ( art 147 du CPP).

En ce qui concerne le mandat d’arrêt (art 154 jusqu’à 185 du CPP), il cumule les
effets attachés au mandat de dépôt et le mandat d’amener, il est utilisé à
l’encontre des inculpés en fuite ou qui résident à l’étranger, il est exécuté dans
les mêmes conditions que le mandat d’amener, mais ne peut être décerné par
le juge d’instruction qu’après réquisition du ministère public.

Après ces deux mandats le juge décide si il y’a lieu à la détention provisoire,

S’agissant de ce dernier moyens de détention avant jugement, Jean Pradel


disait « la détention provisoire est l’incarcération d’un inculpé en maison
d’arrêt pendant tout ou partie de l’instruction préparatoire, jusqu’au jugement
définitif sur le fond de l’affaire»

Et selon Jocelyne Leblois-Hoppe « la détention provisoire constitue un moment


clé de l’instruction durant lequel des principes contradictoire doivent être
conciliés, le respect de la présomption d’innocence, la liberté mais aussi l’ordre
public et les besoins d’instruction.
Cette mesure au Maroc est réglementée par les articles 175 à 188 du CPP qui la
déclare expressément exceptionnelle, sa durée peut se prolonger aussi
longtemps que l’instruction l’exige.

La détention provisoire ne peut résulter que d’un mandat de dépôt ou d’arrêt.

Sa durée en matière de délit (art 176 du CPP) est un mois renouvelable deux
fois, en ce qui concerne les crimes (art 177 du CPP) la durée est de deux mois
renouvelable Cinque fois.

II- Une privation de liberté souvent abusive


L’ensemble de ces moyens de privation de liberté A.J, notamment la détention
provisoire est des mesures exceptionnelles mais elles sont devenues
actuellement une règle (A). Ce qui porte atteinte au procès équitable (B).

A- Une mesure exceptionnellement autorisée : un


recours très fréquent en pratique
Jean jack Rousseau disait que « la liberté est le bien qui permet de jouir des
autres biens ».

Ce qui implique que la privation de liberté A.J, et spécifiquement la détention


préventive est une mesure que le CPP la déclare expressément exceptionnelle
à travers son art 159 « la mise sous contrôle judiciaire et la détention
provisoire sont des mesures exceptionnelles, autorisées dans le cas de crime et
délit passible d’une peine privative de liberté »

Le recours à la privation de liberté avant jugement est limité au cas suivants :

 Lorsqu’il s’agit d’une infraction flagrante (art 74 du CPP), la flagrance


est précisée par l’art 56 du CPP dans les cas suivant :
1- Arrêté l’intéressé en train de commettre l’infraction ou il vient de la commettre.

2-Poursuivi par la clameur publique.

3- Arrêter quelque instant après la commission en détenant les outils et les armes
présumes servie à la commission de l’infraction.

 Lorsque l’intéressé avoue (art 47 du CPP)


 Dans le cas où l’intéressé ne présente pas les garanties de présence.
(art 74 du CPP)
 Dans le cas du non respect de l’inculpé des mesures de la mise sous
contrôle judiciaire, le juge d’instruction peut discerner un mandat de
dépôt ou d’arrêt après autorisation du parquet. (art 160 du CPP)
Mais en pratique le recours à la privation avant jugement dépasse les cas
légalement autorisés pour devenir une pratique fréquente habituelle et une
règle.

En raison de l’absence de la motivation des responsables, au Maroc le taux


de la détention avant jugement confirme le recours excessif à cette mesure
qui atteint selon les années les proportions suivantes :1

Année Le taux de la détention A.J par


rapport à la population carcérale
2012 46 %
2013 42%
2014 43%

En outre, des conséquences pour la population active, travaillant dans le


secteur privé par ce que le fait de s’absenter pour plus de 4 jours constitue un
abondan ce qui va priver le salarié des indemnités.

B-Une atteinte au procès équitable

Nul ne peut nier que le recours excessive, voire abusive de la détention avant
jugement dans toutes ses formes et moyens, porte atteinte au procès équitable
et plus spécifiquement à la présomption d’innocence, tel le droit reconnu au
suspect au stade de l’enquête.

L’omission est d’autant plus regrettable qu’elle se double de l’exclusion du


droit à l’assistance d’un avocat dés l’arrestation et la mise en garde à vue du
suspect, certes ce droit est tout au moins prévu pour le stade « éventuel » de
prolongation de la garde à vue , l’intéressé étant, alors admis à demander un
entretien avec un avocat auquel cas , la requête faite par l’OPJ est communiqué
au parquet qui autorise , dés la première heure de la prolongation de la garde à

1
Statistiques de la délégation à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion
vue, le contact avec l’avocat pour une durée maximale de 30 minutes sous
contrôle de l’OPJ ( art 66 et 80 du CPP) .

Or même dans ces conditions, ce droit est sujet à restrictions, d’une part
l’exigence d’une autorisation du parquet et d’autre part, à la demande de l’OPJ
pour les besoins de l’enquête, le parquet peut retarder de 48h au maximum à
compter de la première prolongation de la garde à vue, le contact entre
l’avocat et le suspect lorsqu’il s’agit des infractions terroristes où de l’une des
infractions graves énumérées à l’art 108 du CPP.

Une autre entorse au procès équitable faite par la détention provisoire car il
n’est nullement prescrit au juge d’instruction qui décide de mettre une
personne en détention préventive de motiver spécialement son ordonnance en
droit et en fait, ce qui constitue déjà un défi à la présomption d’innocence.

D’autre part, le code (art 176 et 177 du CPP) après avoir fixé la durée de la
détention provisoire à un mois en cas de délit et à deux mois en cas de crime,
autorise le juge d’instruction à prolonger cette durée s’il le juge nécessaire, or
on ne peut raisonnablement admettre qu’une personne présumée innocente
puisse être maintenue en détention pour une aussi longue durée.
Conclusion :

Les ratifications et réformes entreprises depuis 2011 constituent des signes


encourageants dans le renforcement de l’état de droit au Maroc.

En dépit de ces avancées, la question de la détention avant jugement demeure


centrale. A cet égard, notre code de procédure pénale reste bien plus imprégné
des préoccupations de l’ordre public et de la sécurité que des exigences des
droits de la défense.

Après avoir analysé et démontrer les lacunes de cette mesure, il convient de


dire que la détention avant jugement ne présente pas des garanties
protectrices a la personne privée de sa liberté pour les besoins de l’enquête.
Mais elle constitue autant de failles de nature à faciliter la tache aux OPJ, et a
leur permettre de déployer tous les moyens pour trouver les coupables , ce qui
porte atteinte aux droits de la défense et plus particulièrement la présomption
d’innocence.

Afin de rompre définitivement avec les différentes atteintes aux droits de


l’Homme lors de la détention avant jugement, l’Etat doit renforcer
l’indépendance de la justice et établir des mécanismes de protection des droits
de l’Homme, a travers le recours a des mesures préventives telles que :

 La mise sous contrôle judiciaire (Le retrait des passeports et la


fermeture des frontières et L’interception des courriers et des
communications)
 Le recours a la caution
 Le bracelet électronique
 L’assignation à résidence
Le but de ces différentes mesures est l’instauration d’un certain équilibre entre
le souci sécuritaire et l’impératif des droits de l’Homme en ce qui concerne des
valeurs aussi fondamentale que la vie privée, la liberté individuelle et la
présomption d’innocence, afin d’instaurer au Maroc un Etat de droit
respectueux de ses obligations internationales.

Bibliographie :

 BENSMINA Driss : La procédure pénale : Phase de l’enquête préliminaire.

 BOURETZ Sophie : La garde à vue, La justice au quotidien, édition


L’Harmattan.

 El Hila (A.), L’enquête policière entre les impératifs de l’ordre public et de la


sécurité et les exigences des droits de l’Homme », étude publiée in « droits de
l’homme et gouvernance de la sécurité », ouvrage collectif, édition
l’Harmattan.
 Revue juridique,politique et economique du Maroc

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