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MASTER SCIENCES CRIMINELLES ET DROITS DE L’HOMME

SEMESTRE : 1
Examen en : méthodologie
Sujet : le principe de l’opportunité des poursuites

REALISE PAR : ENCADRE PAR :


ABDERRAHMANE RAJAFALLAH Mme : Benrezzouq

L’année universitaire: 2019/2020


La procédure pénale étymologiquement c’est aller vers la peine, au sens large du terme elle signifie
la mise en œuvre concrète du droit pénal, par la recherche des auteurs d’infraction et leur jugement.
Le déroulement de la procédure pénale nécessite l’accomplissement de 3 phases très importantes
parmi elles on trouve ce qu’on appelle la poursuite pénale, celle-ci est réglementée par un certain
nombre de restrictions et conditions, elle est confiée a un organe très important qui as une place
assez marquante dans le corps judiciaire ;c’est le ministère public qui peut poursuivre toute
personne suspectée d’avoir commis une infraction par le biais du principe de l’opportunité de
poursuite .Ce principe aussi appelé nolle prosequi dans les régimes de Common Law, s'oppose
au principe de légalité des poursuites, selon lequel le ministère public se trouve libre suivant son
appréciation des faits de poursuivre ou de ne pas poursuivre .
C’est un principe qui a été inscrit dans l’ancien code de procédure pénale dans l’article 38 , il a été
repris par le nouveau code de 2003 dans son art 40.
En effet l’intérêt de l’opportunité de poursuite est considérable pour qui veut connaitre ce pouvoir et
avoir une vision très claire sur le fonctionnement et la façon dont le parquet va en utiliser
Alors la question que l’on se pose est celle de savoir comment le ministère public met en œuvre ce
principe ??
Pour bien répondre à cette problématique on va adopter le plan suivant :
I- La mise en œuvre du principe de l’opportunité de poursuite

a- l’appréciation du bien fondé


b- l’appréciation fondée sur la recevabilité

II-les types de la décision finale de la poursuite

a- la vérification des empêchements


b- la décision finale
I- La mise en œuvre du principe de l’opportunité de poursuite

Cette question soulève 2 choses :

a- l’appréciation du bien fondé

en face du principe de la légalité des poursuites qui veille a ce que toute infraction commise doit
être poursuivie et déférée devant la juridiction on a le principe de l’opportunité des poursuites qui
donne au procureur du Roi lorsqu’une infraction lui est dénoncée la faculté de déclencher ou de ne
pas déclencher les poursuites ,c’est un principe par lequel le procureur dispose donc d’une large
liberté qui peut être une cause d’arbitraire d’après laquelle il peut avantager quelqu’un à l’autre , et
pour ne pas tomber dans ce problème le législateur a entouré cette liberté par des limites et
restrictions .L’appréciation des faits constituée la 1 ère chose dont le ministère public doit faire ; c’est
la qualification de l’infraction, il qualifie le fait s’il est tombé sous le coup de la loi pénale  il va
poursuivre si il ne tombe pas il ne poursuit pas , et pour parvenir a cette phase il faut d’abord vérifier
le bien fondé de l’action publique et l’infraction c’est a dire il doit a travers l’utile des faits constatés
dans le procès verbal décider et apprécier s’il s’agit des faits qui enfreignent la loi pénale ou non , si
vraiment ils en enfreignent cela veut dire qu’ils constituent une infraction donc a cet égard il faut
que tous les éléments constitutifs de cette infraction soient réunis a savoir l’élément légal, matériel
et moral .
Concernant l’élément légal le ministère public doit vérifier l’existence de l’ omission ou la
commission au préalable car selon le principe de la légalité des délits et peines pas de sanction pas
d’infraction sans un texte de loi (art 4 du code pénal ) ; pour qu’il y a une infraction elle doit être
prévue préalablement par un texte d’incrimination et par conséquent la personne poursuivie va
savoir pour quel acte va être détenue et même l’avocat va pouvoir préparer sa plaidoirie et sa
défense, et puisqu’on est devant la légalité de l’acte ca nous amène a parler aussi de ce que l’on
appelle l’interdiction de l’interprétation de la loi par voie analogique par les magistrats afin d’éviter
de tomber devant le vide juridique ce qui s’est passé avant la promulgation du code pénal et dans ce
cas là l’exemple le plus connu c’est celui de la filouterie d’aliment qui devient maintenant réprimer
par la loi ,ceci concerne en quelques sorte la légalité de l’infraction .
En ce qui concerne l’élément matériel le ministère public est obligé de vérifier est ce que l’infraction
a été consommée ou est ce qu’elle est tentée ,est ce que les 2 conditions de la tentative sont réunies
a savoir le commencement d’exécution et le désistement involontaire pour arriver en fin de compte
a donner une qualification exacte .
Quant à l’élément moral il faut d’abord le distinguer du mobile qui est une vengeance qui ne peut
pas donner lieu à une excuse car le principe c’est l’indifférence du mobile. En effet la vérification de
cette élément moral vise à déterminer d’une part est ce que l’infraction s’agit d’une faute
intentionnelle ou d’une faute non intentionnelle (la culpabilité) et d’autre part est ce que l’auteur de
l’infraction bénéfice au moment des faits de ce que l’on appelle le libre arbitre (l’imputabilité).
b- L’appréciation fondée sur la recevabilité

Il faut en effet examiner la recevabilité en la forme des poursuites éventuelles, cet examen portera
sur la compétence qu’elle s’agisse de la compétence d’attribution ou territoriale. A part ca le
ministère public doit verifier l’absence de toute cause d’extinction de l’action publique telle que le
décès du délinquant, la prescription l’abrogation de la loi pénale … art 4 cpp .Donc une fois tous ces
éléments sont bien appréciés et relevés il va pouvoir qualifier l’infraction pour arriver en fin de
compte a préciser bien dans la citation directe et dans le réquisitoire introductif le texte de loi
attaché a cette qualification qu’est d’une grande importance et qui constitue la base de poursuite

II -les types de la décision finale de la poursuite


Avant l’arrivée au stade de la décision finale le pour procureur doit chercher les empechements de
l’action publique :

a- La vérification des empêchements

Le ministère public lors de la poursuite pénal est obligé de réaliser un bon nombre de vérifications
avant d’arriver au stade où il doit décider de déclencher les poursuites ou non.
Parmi ces verifications le parquet doit faire attention aux empêchements ou bien les obstacles à
l’action publique qui peuvent prendre 2 formes :
Les empêchements définitifs : dans ce sens le ministère public doit chercher l’existence des faits
justificatifs consacrés par art 124 du code pénal car se sont des causes d’irresponsabilité pénal qui
peuvent changer la qualification et faire obstacle à l’exercice de l’action publique.
En suite il vérifie est ce que l’action n’est pas éteinte par l’écoulement du temps ; 15 ans pour les
crimes ,4 ans pour les délits et une année pour les contraventions mais la prescription ne doit pas
être suspendue par un acte de poursuite.
Reste le problème de la verification des immunités qu’elles soient parlementaires ou diplomatiques ;
Pour l’immunité parlementaire il faut noter que les parlementaires avant la constitution de 2011
bénéficient d’une double immunité générale , qu’elle n’existe plus ce qui est très claire dans art 64
de la constitution qui prévoit une immunité spéciale uniquement pour les opinions exprimées au
cours de débats parlementaires pour ne pas mettre frein à la liberté d’opinion des parlementaires
Concernant l’immunité diplomatique le ministère public doit savoir est ce que la personne présentée
devant lui s’agit d’un citoyen marocain ou d’un citoyen qui bénéfice de l’immunité diplomatique car
c’est de la coutume de droit international privé que les diplomates, leurs familles, leurs enfants sont
protégés par cette forme d’immunité et par conséquent ils ne peuvent pas être poursuivis
automatiquement.
Puis il est tenu aussi de vérifier d’un coté s’il y a une amnistié qui enlève le caractère délictueux de
l’acte et par la suite la personne ne peut plus être poursuivie, et d’autre coté l’abrogation de la loi
pénal qui consiste en la suppression d’une règle normative qui cesse d’être applicable pour l’avenir.
Et Finalement cette série de vérifications doit comprendre aussi le décès du délinquant et la question
de la chose jugée car se sont des modes d’extinction de l’action publique.
Les empêchements provisoires : le retrait de la plainte a fait partie de ces obstacles temporaires
lorsque l’infraction est subordonnée a une plainte de la victime car s’il n ya pas de plainte il n’y aura
pas de poursuite ce qui est très claire en matière d’adultère prévue par l’art 491 du code pénal .ainsi
rédigé  {est punie de l’emprisonnement d’un an à deux ans toute personne mariée convaincue
d’adultère. La poursuite n’est exercée que sur plainte du conjoint offensé}
Donc le ministère a ce niveau là doit verifier également si l’action publique n’est pas conditionnée a
une plainte de la victime

b- la décision finale

Apres tout ca et une fois que le procureur aura avoir une idée claire sur la situation il va qualifier les
faits, s’il s’aperçoit qu’il n y a pas de charges contre la personne il va classer l’affaire sans suite c’est a
dire il va libérer la personne s’elle était en garde a vue et la poursuite s’arrête là ; sachant que cette
décision aura la valeur d’une décision administrative qui n’est pas susceptible de recours.
Par ailleurs lorsqu’il ya des charges qui pèsent sur la personne poursuivie le procureur a 2 moyens :
la citation directe qui est un acte juridique qui retrace les faits, la constations de la police judicaire, la
qualification de l’infraction, les circonstances qu’ont entourées l’infraction, l’identité de la personne ,
de la victime et les tiers civilement responsable… avec la précision de la date et le jour de l’audience
et avec le respect du délai qui change en fonction du domicile de la personne (8 jours pour les
résidents au Maroc, 2 mois pour ceux qui résident dans les pays du Maghreb arabe ou en Europe et 3
mois pour ceux qui habitent en Australie).
Cette citation directe obéit au système de notification par exploit de huissier à la personne
poursuivie, partie civile et aux tiers civilement responsables car cette notification est très importante
puisqu’elle saisie la juridiction compétente et une fois qu’elle notifie à la personne celle-ci ca sera
dans l’obligation d’être présente le jour de l’audience sinon elle va être jugée par défaut sauf s’elle
présente un motif légitime dans ce cas là, la décision est réputée contradictoire.
Le réquisitoire afin d’informer appelé aussi réquisitoire de soi informer, c’est un acte qui n’as pas la
même forme que la citation directe mais qui résume aussi les faits et la qualification, par lequel le
ministère public déclenche la poursuite en application de l’art 82 du cpp en vue de procédure a une
instruction préparatoire

Conclusion

Le principe de l’opportunité des poursuites a fait l’objet de controverses débats ; il a fait couler
beaucoup d’encre en ce qui concerne son application et ses effets sur le procès pénal.
Ainsi Les partisans de ce principe avancent plusieurs arguments pour justifier ce principe. Il s’agit de
l’individualisation du criminel, du maintien de l’ordre public, de la gestion efficiente et souple du
tribunal et du désengorgement des juridictions et des maisons d’arrêt.
Malgré ces avantages, force est de constater que de nombreuses critiques peuvent être faites à ce
système. D’abord l’application de ce principe ouvre la voie à l’arbitraire : En effet le procureur du roi
de par sa décision de classement sans suite se comporte exactement comme un juge. Plus qu’une
décision administrative, le classement sans suite peut être une véritable décision au fond d’abandon
de charges car l’infraction étant bien constituée. Donc assimilable a une véritable décision
juridictionnelle puisqu’elle traite des questions de libertés. Ensuite elle ouvre la voie à l’injustice : Le
principe de l’opportunité des poursuites conduit a une application à géométrie variable de la loi qui
peut, dans certains cas, créer un déséquilibre entre les intérêts des parties.
Au regard de ces clarifications, l’on est amené à se demander si l’opportunité des poursuites
garantirait-elle à tous un égal traitement devant la loi pénale. L’application du principe ne conduit-
elle pas à mettre en mal la garantie des libertés fondamentales ? Sa mise en œuvre garantie-t-elle un
procès équitable ? Le procureur du roi étant un magistrat soumis, partie au procès pénal et
défendant les intérêts de la société, il n’incarne pas les garanties du procès équitable : indépendance,
impartialité et égalité. Ce qui amène certains auteurs à faire une proposition d’un autre système dans
lequel le procureur n’a pas la liberté. Du moins, un système où il a une liberté réduite et limitée. Il
reçoit les plaintes et les transmet directement à un juge indépendant et impartial qui décide si
l’infraction est constituée ou non. Ce juge serait assimilable au jury américain.

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