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Sujet : l’enquête préliminaire et l’enquête de flagrance.

De manière commune, la notion d’enquête désigne l’ensemble des recherches ayant pour but la manifestation de la
vérité relativement à la commission d’une infraction pénale. Il s’agit des enquêtes de police ainsi que l’instruction
préparatoire menée par le juge d’instruction. Légalement, le terme enquête désigne le cadre juridique permettant aux
officiers et agents de police judiciaire d’agir en absence d’une information judiciaire en vue de rechercher la vérité
relativement à une infraction pénale. L’enquête préliminaire et l’enquête de flagrance semblent constituer deux cadres
juridiques nettement distincts de l’action policière. En effet, on remarque aujourd’hui que la distinction entre les deux
cadres juridiques traditionnels de l’action policière tend à disparaitre.il arrive parfois qu’on applique le régime de
l’enquête de flagrance à des situations qui auraient autrefois relevé de l’enquête préliminaire. De même, le régime de
l’enquête préliminaire tend à se rapprocher ce celui de l’enquête de flagrance dans la mesure ou on constate des
situations de coercition de plus en plus présente dans ce type d’enquête. Cette ambivalence pose la question de la
persistance de la distinction traditionnelle entre les deux cadres juridiques de l’action policière que constituent
l’enquête préliminaire et l’enquête de flagrance. Ce sujet est d’un intérêt capital dans la mesure où il nous permet de
comprendre les limites de la distinction entre ces deux cadres juridiques. De ce fait, nous allons dans un premier temps
étudier la distinction traditionnelle entre enquête préliminaire et enquêtée flagrance (I) et dans un second temps la
dissipation des cadres juridiques traditionnels de l’action policière (II)

I) La distinction traditionnelle entre enquête préliminaire et enquête de flagrance.

Ces deux cadres juridiques se différencient quant à leur domaine d’application (A) mais aussi quant à leur régime (B).

A) Enquête préliminaire et enquête de flagrance : deux domaines d’application distincts.

Le domaine d’application de l’enquête préliminaire est connu comme un domaine vaste dans la mesure où aucune
réelle condition ne préside son ouverture. L’art 116 du CPP prévoit que les OPJ, soit sur les instructions du PR soit
d’office procèdent à des enquêtes préliminaires. Notons que les moyens requis pour la mise en œuvre de l’enquête
préliminaire sont moins importants que ceux de l’enquête de flagrance. En pratique, l’enquête préliminaire est mise en
œuvre lorsque la police recherche des renseignements suite aux indications données par un citoyen quelconque,
lorsque la durée de l’enquête de flagrance est écoulée ou encore lorsque le PR sollicite de la police les renseignements
qui lui sont utiles. L’enquête préliminaire est ainsi de mise à chaque fois que l’enquête de flagrance ne peut être mise en
œuvre et qu’aucune instruction n’est ouverte. L’enquête de flagrance ne peut intervenir que lorsqu’une infraction d’une
gravité suffisante a été commise. Le fait pour les policiers de se trouver dans le cadre juridique de l’enquête de flagrance
leur confère d’importantes prérogatives. Du point de vu légale, l’enquête de flagrance s’applique dans un domaine bien
limité comme le prévoie l’art. 103 du CPP en énumérant limitativement quatre cas dans lesquelles la flagrance est
caractérisée. Pour conclure à la flagrance, il faut établir systématiquement l’existence de deux critères cumulatifs à
savoir le critère temporel (dans un temps très voisin de l’action), et le critère visuel (des indices apparents d’un
comportement délictueux).

B) Enquête préliminaire et enquête de flagrance : deux régimes distincts.

L’enquête préliminaire est non coercitive dans la mesure où l’infraction doit d’abord être vérifiée elle ne justifie pas
d’accorder à la force publique des pouvoirs contraignants. Dans le cadre de l’enquête préliminaire le principe est celui
selon lequel un agent de la force publique doit obtenir le consentement du particulier avant toute exécution d’un acte
coercitive. A défaut, des poursuites pénales et/ou disciplinaires pourraient être exercées contre l’agent et l’acte
irrégulier effectué se trouverait entaché de nullité. Dans certaines hypothèses (terrorisme, stupéfiants, arme et
explosifs..) la loi permet qu’il soit dérogé à cette règle à la condition que la perquisition ait été préalablement autorisée
par le juge et autorisation obtenue à la requête du ministère public. L’enquête de flagrance quant à elle est coercitive.
La découverte de l’infraction constitue le point de départ de l’enquête : l’infraction est d’ores et déjà établie. Cette
situation de gravité et d’urgence explique que les différentes opérations de l’enquête de flagrance ne nécessitent pas le
Document réalisé par NGUEKO RAPHAEL LE 18/04/2019
Consentement de l’intéressé et est placée sous l’autorité du PR qui dirige l’enquête dans ce cadre, les agents de la force
publique ont un pouvoir plus important que dans le cadre de l’enquête préliminaire. L’art 107 du CPP permet à l’OPJ
agissant en enquête de flagrance de requérir de toute personne, de tout établissement ou organisme privé ou public ou
de toute administration publique de lui remettre des documents intéressant l’enquête, sans que puisse lui être opposée
l’obligation au secret professionnel. Ici, la loi fait prévaloir l’efficacité de l’action policière sur les droits et libertés
individuelles.

II) La dissipation des cadres juridiques traditionnels de l’action policière.

Nous allons dans le cadre de cette dissipation étudier le rapprochement entre enquête de flagrance et enquête
préliminaire (A) ensuite l’émergence de procédures indifférentes à la distinction traditionnelle (B)

A) Le rapprochement entre enquête de flagrance et enquête préliminaire.

Le domaine de l’enquête de flagrance s’est beaucoup étendue ces dernières années, si bien que des situations qui
relevaient autre fois de l’enquête préliminaire, se voient aujourd’hui qualifiées de flagrance. Cet élargissement du
domaine de la flagrance est dû à la jurisprudence par sa volonté de valider l’ouverture d’une enquête de flagrance à la
constatation d’indices apparents d’un comportement délictueux tels que : l’hésitation marquée par un individu à la vue
des policiers ; mouvement du bras vers le caniveau juste avant le contrôle de police. Initialement non coercitive,
l’enquête préliminaire, pour des raisons d’ordre public a subi de nombreux bouleversements notamment en octroyant
aux policiers et gendarmes agissant dans le cadre d’une enquête préliminaire d’importants pouvoirs de contrainte au
point de devenir une enquête coercitive à l’image de l’enquête de flagrance. On serait tenté de penser que la distinction
entre enquête préliminaire et enquête de flagrance a perdu beaucoup de son intérêt.

B) L’émergence de procédures indifférentes à la distinction traditionnelle.

Pour répondre à l’urgence générée par certaines situations particulières, le législateur a mis en place des cadres
d’enquête spécifiques nommées enquête sui generis qui n’entrent pas dans le domaine de l’enquête de flagrance mais
qui permettent l’exercice par les enquêteurs des pouvoirs de la flagrance. Le CPP Français prévoie en son art 74 aliénât 2
que les pouvoirs de l’enquête de flagrance puissent être exercés par l’OPJ, sur instruction du PR, lorsque la disparition
d’un mineur ou d’un majeur protégé vient d’être constatée ainsi que la disparition d’un majeur présentant un caractère
inquiétant ou suspect eu égard aux circonstances, à l’âge de l’intéressé ou à son état de santé. En plus d’enquête sui
generis nous pouvons évoquer l’essor des procédures pénales dérogatoires en l’occurrence la loi du 9 mars 2004 qui
met en place une nouvelle procédure pénale dérogatoire s’appliquant de manière générale, à des infractions
nombreuses et diverses, dont le seul point commun est d’avoir été commises, tentées ou préparées en bande organisée
notamment le terrorisme et le trafic de stupéfiants.

Document réalisé par NGUEKO RAPHAEL LE 18/04/2019

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