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Université Ibn Zohr

Ecole Supérieure de Technologie


Laayoune

Introduction à l’étude
du droit
DUT : Métiers de la logistique de l’économie et de la finance
Semestre 1

Dr LAILA DALAA

Année Universitaire 2022-2023

Dr Laila DALAA 1
Plan du cours

Introduction B) les sanctions pénales


Les différentes branches du Droit o les crimes
- Le Droit public et ses o les délits
subdivisions.  Les délits correctionnels
- Le Droit privé et ses  Les délits de police
subdivisions. o Les contraventions
- Les Droits mixtes. A- Les contraventions de première
classe
Première Partie : Le Droit objectif
B- Les contraventions de deuxième
Chapitre I : Les caractères essentiels de la classe
règle de Droit Chapitre II : les sources de la règle
Section I : La règle de droit est une règle de droit
générale et abstraite
Section I : Les sources traditionnelles de
1 – La généralité : caractère commun à
la règle de droit.
toute norme juridique
1- Le droit musulman
2 – Portée relative de la généralité de la
règle de droit – abstraite- A- Les fondements du droit
musulman
Section II : la règle de droit est
obligatoire o Les sources originelles

1 – Les règles impératives ou d’ordre  Le Coran


public  Le degré de généralité des
2 – les règles supplétives ou dispositions coraniques
interprétatives
 Le sens des dispositions
Section III : la sanction étatique de
coraniques
la règle de droit- Coercitif-
 le caractère obligatoire des
1- la notion de sanction
dispositions coraniques
2- Les différents types de
 La Sunna
sanctions
o Les sources dérivées
A) les sanctions civiles
 L’Idjmaa
o la réparation
 Le Qiyas
o La contrainte

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B- Le droit musulman comme source C- L’abrogation de la loi ‫اﻟﻐﺎء اﻟﻘﺎﻧﻮن‬
du droit marocain  l’abrogation expresse
2- La coutume  l’abrogation tacite ou implicite
A- définition de la coutume 3- la jurisprudence
B- Les caractères de l’usage A- La jurisprudence
coutumier. comme source du
Section II : les sources modernes droit
de la règle de droit
B- L’organisation
1- le droit international
judiciaire au Maroc
2- La loi
4- La doctrine
A- les composantes de Deuxième Partie : les droits subjectifs Les
la notion générale droits subjectifs désignent
de la loi Chapitre I : Les sujets de droit
B- la distinction de la Section I : Les personnes physiques
loi et du règlement 1- Le commencement
o Elargissement du domaine de la personnalité
de la loi juridique
C- les conditions 2- L’extinction de la
d’application de la personnalité
loi Section II : les personnes morales
 L’entrée en vigueur de la loi 1- Les différents types de personnes
Quand la loi entre-t-elle en morales
vigueur? Chapitre II : L’objet des droits subjectifs
o la promulgation Section I : La distinction des droits
o la publication patrimoniaux et des droits
 Domaine d'application des lois extrapatrimoniaux
dans le temps 1- les droits patrimoniaux et les
o la non rétroactivité des lois droits extra-patrimoniaux
o l’application immédiate de la loi 2- Les différents droits patrimoniaux
nouvelle A- Les droits réels
o la survie de la loi ancienne o les droits réels principaux :

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o Les droits réels accessoires Chapitre I : L’objet de la preuve
B- Les droits personnels ou de Chapitre II : La charge de la preuve
créance Chapitre III : Les moyens de
C- Les droits intellectuels preuve
Section II : les biens corporels et les biens a) Preuves préconstituées
incorporels L’acte Authentique
Section III: classification des choses L’acte sous seing privé
Section IV : la distinction des meubles et b) Preuves a posteriori
des immeubles L’aveu de la partie
1- Les immeubles La preuve testimoniale
2- Les meubles La présomption
Troisième Partie : PREUVE D'OBLIGATION Le serment et le refus de le prêter

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Introduction
De simple introduction au droit civil, l’introduction à l’étude du
droit s’est élargie pour devenir une introduction générale à toutes les
disciplines juridiques, aussi bien de Droit privé que de Droit public.
Comment peut-on, donc définir la notion de « Droit » ?
le notion de « Droit » peut-être défini comme un ensemble de
règles de conduite destinées à organiser la vie en société, et qui ont
vocation à s'appliquer à toutes les personnes qui forment le corps
social.
Ces règles qui sont formulées de manière générale et
impersonnelle, concernent chacun et ne désignent personne en
particulier.
Le mot « Droit » correspond, dans ce premier sens, à ce que les
juristes appellent le « Droit objectif ». The law.
Dans son second sens, le Droit désigne « les facultés, les pouvoirs
et les prérogatives individuelles que les personnes ont vocation à
puiser dans le corps de règles qui constitue le Droit objectif». On parle
alors de « droits subjectifs ». Right.
Les différentes branches du Droit
- Le Droit public et ses subdivisions.
Quelles sont les différentes disciplines relevant du Droit public ?
Les principales branches de cette discipline sont : le Droit

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constitutionnel, le Droit administratif, les libertés publiques, le Droit
fiscal, le Droit international public ...)
 Droit public interne : ensemble des règles de droit qui régissent
l'organisation et le fonctionnement de l'Etat, de l'administration,
des collectivités territoriales et des institutions rattachées à
l'Etat (personnes morales de droit public), ainsi que leurs
relations avec les personnes privées.
 Droit constitutionnel : c’est un ensemble de règles qui
réglementent l’organisation et le fonctionnement de l’Etat.
 Droit administratif : ensemble de normes qui régissent
l’organisation de l’appareil administratif.
 Droit de libertés publiques : La création des associations, le droit
d’attroupement (‫)اﻟﺗﺟﻣﮭر‬, la liberté d’expression.
 Droit fiscal : peut être défini comme étant la branche du droit
recouvrant l'ensemble des règles de droit relatives aux impôts.
 Droit des finances publics : c’est l’ensemble de normes, règles à
traves desquels l’Etat définit et prévoit les modalités de
financement publiques (Recettes et Dépenses).
 Droit international public : est l’ensemble de normes, règles et
techniques et d’institutions à caractère international qui
régissent le fonctionnement international.
Ex :
 Les organismes internationaux
 Les nations unies

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- Le Droit privé et ses subdivisions.
Quelles sont les disciplines relevant du Droit privé ?
Le Droit civil et le Droit commercial constituent les principales
matières du Droit privé.
 Droit civil : c’est un droit qui concerne les relations entre les
personnes, individus et les citoyens.
Ex : - Droit de la famille…

 Droit commercial : est l’ensemble de règles juridiques qui


régissent les relations entre les commerçants.
Ex : - Droit bancaire ; droit foncier…

- Les Droits mixtes.


La notion de Droit mixte, s’étend à toute branche du Droit qui
réalise une combinaison de règles relevant, pour les unes du Droit
public, et pour les autres du Droit privé Il s’agit essentiellement : du
Droit pénal, du Droit processuel, du Droit social, et du Droit
international privé.
 Le droit pénal (DPG, DPS, PP) : Ensemble de normes et de
règles qui régissent les infractions et tout comportement qui
trouble la société.
 Droit pénal général (DPG) : est l'ensemble des règles
de droit communes à toutes les infractions et à toutes
les peines.
 Droit pénal spécial (DPS) : est l'étude de l'ensemble
des infractions, de leurs éléments constitutifs des infractions et
des peines applicables pour chacune.
 Procédure pénale (PP) : est l'ensemble des règles
qui organisent le processus de répression d'une infraction.

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N.B : « Nul ne peut se faire justice à soi-même »

 Droit international privé : est constitué par l'ensemble des


principes, des usages ou des conventions qui gouvernent les
relations juridiques établies entre des personnes régies par des
législations d'États différents
Ex :
- La situation des étrangers au Maroc ‫وﺿﻌ ﺔ اﻷﺟﺎﻧﺐ ﺎﻟﻤﻐﺮب‬
De manière générale, les articles 3 et 4 de la loi 02-03 soumettent les
étrangers traversant les frontières marocaines à un contrôle exercé
par les autorités. Tandis que l’article 3 porte sur le contrôle de
validité du passeport et du visa, l’article 4 prévoit un contrôle dont la
nécessité, et dans une certaine mesure, les contenus sont laissés à
l’appréciation des autorités. Ce contrôle concerne la vérification des
ressources financières des immigrés, leurs motifs d’entrée et les
garanties de leur retour au pays. Dans le cas où l’intéressé ne remplit
pas ces conditions, il peut se voir refuser l’entrée sur le territoire et
être renvoyé immédiatement. Toutefois, l’article 4 prévoit certains
droits à l’étranger dont l’entrée sur le territoire est refusée, tels que
ceux de prévenir la personne qui devait l’accueillir, avertir son
consulat et prendre contact avec un avocat
- La nationalité ‫اﻟﺠ ﺴ ﺔ‬
Lien juridique et politique défini par la loi d'un Etat unissant un
individu audit Etat.
- conflits de lois (compétence) ‫ﺗﻨﺎزع اﻟﻘﻮاﻧﻴﻦ‬
Chaque Etat, ayant son ordre juridique propre, la règle de conflit de
loi permet de déterminer la loi applicable à une situation de droit
privé dans un contexte international, grâce à un critère de
rattachement territorial (lieu de résidence, de la prestation…),
personnel (nationalité) ou économique (centre des intérêts
économiques). On distingue parmi les règles de conflit, la règle de

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conflit bilatérale et la règle de conflit unilatérale. Elle se distingue de
la loi de police qui est exclusive de toute règle de conflit.

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Première Partie : Le Droit objectif
Chapitre I : Les caractères essentiels de la règle de Droit
l faut au préalable dégager ses caractères essentiels, à savoir : la
généralité et l’abstraction, l’obligation et la sanction par l’autorité
publique.
Section I : La règle de droit est une règle générale et abstraite ‫ﻗﺎﻋدة‬
‫ﻋﺎﻣﺔ وﻣﺟردة‬
1 – La généralité : caractère commun à toute norme juridique
Définition : la généralité « la règle de droit concerne chacun et
ne désigne personne en particulier ».
En effet, la règle juridique n’est pas faite pour un individu ou
pour un acte.
C’est une disposition absolument impersonnelle qui s’adresse, à
toutes les personnes qui remplissent les conditions d’application de
cette règle.
2 – Portée relative de la généralité de la règle de droit – abstraite-
La généralité de la règle de droit se trouve parfois atténuée,
dans la mesure où elle concerne une situation plus ou moins
étroitement définie.
Les dispositions de l’art. 90 de la constitution de 2011, ne
concernent qu’une seule personne le Chef du gouvernement,
cependant, elles demeurent des règles générales, abstraites et
impersonnelles.

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On assiste également à la régression de la généralité de la règle
de droit, lorsqu’elle ne s’applique qu’à une catégorie limitée de
personnes déterminées par leurs activités.
Exemple :
- les règles du droit commercial pour les commerçants ;
- celles du droit du travail pour les salariés ;
- il en est de même pour les règles relatives au statut des
avocats, des médecins, des architectes, des militaires, etc
Section II : la règle de droit est obligatoire
Le caractère obligatoire est lié à la règle de droit dès sa naissance.
Le degré de leur obligation donne lieu à deux catégories de règles :
- les règles impératives, prohibitives ou d’ordre public; et
- les règles supplétives, facultatives ou interprétatives
1 – Les règles impératives ou d’ordre public ‫ﻗواﻋد ﻣن اﻟﻧظﺎم اﻟﻌﺎم‬
Les règles impératives ou d’ordre public s’imposent sans que les
parties ne puissent y déroger par des accords particuliers.
Tel est le cas de la plupart des dispositions relevant du droit
public et du droit pénal.
Définition: C’est une règle strictement et absolument
obligatoire.
Ex : Règles pénale / certain règles familiales

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2 – les règles supplétives ou interprétatives ‫ﻗواﻋد ﻣﻛﻣﻠﺔ و ﺗﻔﺳﯾرﯾﺔ‬
Les règles supplétive, « suscitent une conduite particulière, mais
les parties peuvent parfaitement y déroger, choisir par contrat
d’autres règles qui leur conviennent davantage que les règles légales».
Ces règles sont nombreuses dans le cadre du droit des contrats.
Elles ne s’imposent qu’à défaut de volonté, expresse ou tacite,
contraire des particuliers.
Définition : Ce sont des règles qui ne présentent pas un caractère
obligatoire absolu, c'est-à-dire qu’on peut changer relativement la
destination de la règle de droit selon la volonté des parties.
Ex : Règles civiles
Exemple illustratif : - Dans le cadre d’une opération de vente d’un
bien mobilier , la loi civile a prévu normalement que la livraison doit
se faire sur place ,hors sur le plan pratique les parties au contrat
peuvent se mettre d’accord .
Autrement :
Ex : - Prévoir que la livraison soit faite à domicile.
- Prévoir un délai de garantie.
- Prévoir une prestation d’entretien.
Tout ça entre dans le cadre du principe selon lequel « le contrat est
la loi des parties ‫» اﻟﻌﻘﺪ ﺷﺮ ﻌﺔ اﻟﻤﺘﻌﺎﻗﺪﻳﻦ‬.
Section III : la sanction étatique de la règle de droit- Coercitif-
La contrainte institutionnelle permet à l’autorité publique de
sanctionner le non-respect de la règle de droit
Définition : Coercitif veut dire sanctionner, autrement dit qui ne
respecte pas la règle de droit et sanctionné par les pouvoirs publics.

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3- la notion de sanction
En principe, la règle de droit est assortie d’une sanction, au cas
où elle serait transgressée. La sanction prévue permet d’en garantir le
respect.
4- Les différents types de sanctions
Les sanctions rendues par le juge, peuvent être soit civiles soit
pénales.
C) les sanctions civiles ‫اﻟﻌﻘوﺑﺎت اﻟﻣدﻧﯾﺔ‬
Les sanctions civiles sont réparties en deux catégories : celles qui
sont destinées à assurer la réparation et celles engendrant une
contrainte.
o la réparation ‫إﺻﻼح اﻟﺿرر‬
Les sanctions donnant lieu à réparation sont de deux types :
- la nullité des actes juridiques viciés;
Nullité (la résiliation du contrat : ‫ )ﻓﺴﺦ اﻟﻌﻘﺪ‬: est une sanction
civile qui frappe l’acte juridique, l'individu qui ne respecte pas les
conditions de forme ou de fond prévu par la loi.
Autrement, la nullité est une :
Sanction civile
L’une des parties a le droit de demander la nullité
devant le juge.
Question : Quand peut-on demander la nullité ?

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1-S’il y a un défaut au niveau du contrat (le non-respect des
conditions du contrat)
Conditions du contrat sont : --La capacité
– l’objet
– la cause
– le consentement.
2-En cas d’absence d’un élément indispensable, sine qua non,
primordiale.
Exemples : - Annulation d’un contrat de Vente,
- Annulation d’un contrat d’allocation.
- les dommages et intérêts.
Dommage et intérêt ‫اﻟﺘﻌ ﺾ‬: il s’agit d’une somme d’argent que
doit payer toute personne qui occasion par son comportement ou par
son fait, un dommage (un préjudice, un mal) à une autre personne.
Cette somme est destinée à réparer le dommage ou le préjudice
causé par autrui.
Autrement, dommage et intérêt est :
Sanction civile
Somme d’argent qui peut être demandé sous forme
d’indemnité, en cas du non exécution du délai fixé au contrat.
Les dommages fixés par la justice compétence
o La contrainte
Il existe deux types de contrainte :
- la contrainte directe,

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Définition : C’est une sanction civile qui permet d’agir directement
sur la personne.
Ex : Contrat de location
En cas de non-paiement du loyer, le propriétaire a le droit d’agir
directement sur le locataire en demandant son expulsion ou son
évacuation.
- la contrainte indirecte.
Définition : c’est une sanction civile qui permet à une partie d’agir
indirectement sur la personne par l’intermédiaire de la saisie de ses
biens.
Ex : le créancier (‫ )اﻟﺪاﺋﻦ‬a le droit de saisir (‫ )اﻟﺤﺠﺰ‬les biens du
débiteur (‫ )اﻟﻤﺪﻳﻦ‬après autorisation de la justice.
---La saisie peut porter soit su des biens meubles (voiture,
compte bancaire, salaire…etc) ou sur des biens immeubles (terrain,
appartement…etc)
Question : Quelle est la différence entre la Nullité, Résolution et
Résiliation ?
 Nullité : Voir la définition en haut. (Ex : La nullité d’un acte
de mariage )
 Résolution : effet rétroactif (Ex : Résolution d’un Contrat
d’achat ou de vente )
 Résiliation : Terme plus utilisé au niveau du droit de travail (Ex :
Résiliation d’un contrat du travail)

On applique le mot « Résiliation » dans les contrats successifs


D) les sanctions pénales
Ces peines sanctionnent les actes de délinquance et doivent en
principe être proportionnées à la gravité de l’infraction.

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A cet effet, le code pénal regroupe les infractions en trois
catégories : les crimes, les délits et les contraventions. (Art. 111 du
CP).
o les crimes ‫اﻟﺟﻧﺎﯾﺎت‬
Les peines criminelles principales sont selon l’article 16 du code
pénal : la peine de mort (capitale) ; la réclusion perpétuelle ; la
réclusion à temps pour une durée de 5 à 30 ans ; la résidence forcée ;
la dégradation civique.
Définition : Ce sont des infractions les plus graves qui peuvent
commettre une personne.

Ex : Meurtre commis avec préméditation ou guet-apens ‫اﻟﻘﺘﻞ ﻣﻊ‬


‫ﺳﺒﻖ اﻹﺻﺮار و اﻟﺘﺮﺻﺪ‬

Les Sanctions : Dégradation civique, (‫)اﻟﺘﺠ ﺪ ﻣﻦ اﻟﺤﻘﻮق اﻟﻤﺪﻧ ﺔ‬

- Peine de mort (‫)اﻹﻋﺪام‬,

- Réclusion perpétuelle (‫)اﻟﻤ ﺪ‬,

- Réclusion à temps « 5 à 30 ans »

o les délits ‫اﻟﺟﻧﺢ‬


Ce sont des infractions de gravité moyenne. Leur sanction est
précisée par l’article 17, en ces termes : « les peines délictuelles
principales sont :
- l’emprisonnement ;
- l’amende de plus de 1200 dirhams. »

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(La durée de la peine d’emprisonnement est d’un mois au moins
et cinq années au plus, sauf le cas de récidive ou autres où la loi
détermine d’autres limites).
A cet égard, le Code pénal distingue entre deux types de peines
délictuelles :
- les délits correctionnels, et
- les délits de police.
Définition : les délits ce sont des infractions de gravité moyenne, ils
viennent après les crimes et leurs sanctions sont légères par rapport
aux sanctions prévues.
On distingue entre deux types de délits:

 Les délits correctionnels ‫ﺟﻧﺢ اﻟﺗﺄدﯾﺑﯾﺔ‬


Comme le précise l’article 111 al. 2 du CP, est considérée délit
correctionnel : « toute infraction que la loi punit d’une peine
d’emprisonnement dont elle fixe le maximum à plus de deux ans… ».
C’est le cas des articles 401, 505, et 520 du Code pénal. Définition :
c’est le 1er type d’infraction qui fait partie des délits et qu’ils sont de
gravité moyenne.
Ex : - Enlèvement d’une femme mariée
- Sanction -Emprisonnement de 2 à 5 ans +
une amende

 Les délits de police ‫اﻟﺟﻧﺢ اﻟﺿﺑطﯾﺔ‬


Moins grave que le délit correctionnel, le délit de police est
comme le précise l’article 111 alinéa 3 du C.P. toute : « infraction que

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la loi punit d’une peine d’emprisonnement dont elle fixe le maximum
à deux ans, ou moins de deux, ou d’une amende de plus de 1200
dirhams ». Exp. articles 386 et 400 du C.P. Exemples : - Outrage public
à la pudeur (‫)اﻹﺧﻼء ﺑﺎﻟﺣﯾﺎء اﻟﻌﺎم‬.
- Le vol (‫)اﻟﺳرﻗﺔ‬.
-Emprisonnement d’un mois à 2 ans +
Sanction : une amende

Les circonstances aggravantes :

Par le mécanisme de circonstance aggravante un délit peut amener


à un crime.

Ex : -Le vol par une seule personne pendant la journée (délit de


police)

-Le vol commis par un groupe de personnes pendant la


nuit (Crime)

Les circonstances atténuantes :

La notion de circonstances atténuantes permet au juge


d'apprécier librement la peine encourue au regard du contexte dans
lequel a été commis l'acte prohibé ainsi qu'au regard de la qualité de
la personne jugée.

o Les contraventions ‫اﻟﻣﺧﺎﻟﻔﺎت‬


Selon l’article 18 du C.P. : « les peines contraventionnelles
principales sont :
- la détention de moins d’un mois ;
- l’amende de 30 à 1200 dirhams.
Définition : Les contraventions sont des infractions de gravité très
faible, ils viennent en 3éme position après les crimes et les délits.

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---Les sanctions prévues pour les contraventions sont moins lourdes
par rapport aux autres sanctions.
Au Maroc le code pénal distingue entre deux types de contraventions :
C- Les contraventions de première classe :
Ex : Article 608 du code pénal
Sanction : -Détention d’un à 15 jours + une
amende

D- Les contraventions de deuxième classe :


Ex : -Stationnement illégale d’une voiture.
-Une personne qui ne porte pas sa ceinture de sécurité.
Sanction : -Amende (somme d’argent payée par le
contrevenant et qui va être versée des
les caisses de l’Etat.

La distinction entre les 3 types d’infractions :


Crimes Délits Contraventions
Gravité Plus grave gravité moyenne moins grave
Sanction En haut En haut En haut
Prescription ‫اﻟﺘﻘﺎدم‬ 15 ans 4 ans 1 ans
Juridiction Cours d’appel Tribunal de première Tribunal de première
instance instance

N.B : La prescription ‫ اﻟﺘﻘﺎدم‬est le mode d'acquisition ou de perte d'un


droit par l'écoulement d'un délai. Elle peut également désigner la
perte d'un droit lorsque celui-ci n'a pas été exercé pendant un
certain temps.
 Ex : d’une créance

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Chapitre II : les sources de la règle de droit
Quelles sont, alors, les sources actuelles de la règle de droit
marocain ?
La règle de droit est issue de deux catégories de sources :
 les sources traditionnelles (droit musulman et du droit
coutumier) et
 les sources modernes (le droit international, la loi, la
doctrine et la jurisprudence).
Section I : Les sources traditionnelles de la règle de droit.
3- Le droit musulman
C- Les fondements du droit musulman
Les sources du droit musulman sont nombreuses. Les plus
importantes qui ne font pas l’objet de divergences doctrinales sont de
deux ordres : les sources originelles (le Coran et la Sunna) et les
sources dérivées (l’Idjmaa et le quiyas)
o Les sources originelles
 Le Coran
Le Coran est la parole de Dieu révélée au prophète (Muhammad
dont le texte écrit nous a été rapporté par des témoignages multiples.
Les dispositions coraniques peuvent être distinguées selon leur degré
de généralité, leur sens et leur caractère obligatoire.
 Le degré de généralité des dispositions coraniques
Les dispositions légales divines sont de deux types : les Ahkams
et les principes généraux.

Dr Laila DALAA 20
- Les Ahkams sont des règles qui interviennent pour résoudre un
problème particulier.
- Les principes généraux sont des règles qui peuvent être
adaptées à toutes les époques et servir comme source de législation
 Le sens des dispositions coraniques
Selon leur sens, les dispositions du Coran sont de deux sortes :
certaines et présomptives.
 le caractère obligatoire des dispositions coraniques
Pour ce qui est de leur portée, les règles coraniques certaines
sont de cinq types (correspondant à cinq qualifications différentes des
actes humains) : obligatoires, recommandées, prohibées, conseillées
ou tolérées.
 La Sunna
La Sunna signifie la conduite du Prophète constituée par ses
paroles (hadiths), ses pratiques (la manière de prier ou de faire le
pèlerinage) et ses approbations tacites ou expresses.
o Les sources dérivées : l’Idjmaa et le Qiyas
 L’Idjmaa
L’Idjmaa signifie l’accord unanime des Ulémas d’une même
époque sur l’une des questions de la religion ou plus généralement sur
une question déterminée.
 Le Qiyas
Le Qiyas ou raisonnement par analogie est une méthode selon
laquelle une règle posée par un texte (verset coranique, hadith,

Dr Laila DALAA 21
solution d’Idjmaa) se trouve appliquée à des cas non compris dans ses
termes mais commandés par la même raison.
Alors que l’Idjamaa résulte du travail collectif des Ulémas, le
Qiyas est issu d’initiatives individuelles.
D- Le droit musulman comme source du droit marocain
Dans un pays comme le Maroc, où la religion n’est pas séparée
de l’État, les principes traditionnels du droit musulman sont-ils des
sources du droit actuellement en vigueur au Maroc ?
L’attachement du Maroc à l’Islam est affirmé, par la Constitution
du 1er juillet 2011. Celle-ci, comme d’ailleurs les précédentes, après
avoir précisé, dans son préambule, que le Royaume du Maroc, est un
État musulman, énonce, dans son article 3, que « l’islam est religion
de l’État qui garantit à tous le libre exercice des cultes ».
Certes, depuis l’indépendance du Maroc, le législateur s’est
employé à adapter la loi islamique aux besoins nouveaux résultant de
la vie moderne.
Cependant, cela ne signifie aucunement, l’abandon du droit
musulman, notamment dans les domaines du code de la famille, du
statut personnel et successoral au profit du droit moderne
d’inspiration européenne.

Dr Laila DALAA 22
4- La coutume ‫اﻟﻌرف‬
La coutume est l'une des sources les plus importantes de la règle
de droit.
D- définition de la coutume
La coutume est une règle de conduite « qui découle d'une
pratique ancienne, d'un usage qui s'est prolongé dans le temps et qui
devient à certaines conditions une règle de droit».
Pour qu’il y ait coutume, il faut que deux éléments soient réunis
: (à savoir) un élément matériel et un élément psychologique :
o l’élément matériel :
Cet élément, suppose l’existence d’un comportement suivi d’une
manière habituelle.
L’usage doit être assez ancien est relever d’une mise en œuvre
répétée. (Le fait, pour une femme mariée de portée le nom de son
mari).
o l’élément psychologique :
En fonction de cet élément, l’usage doit être perçu (ressenti)
comme un comportement obligatoire par l'opinion commune. C’est-
à-dire que ceux qui se conforment à l'usage doivent avoir la conviction
qu’il s’agit d'une règle contraignante. (Consiste dans le fait que les
citoyens aient la conviction qu’ils agissent conformément au droit).
E- Les caractères de l’usage coutumier.
L'usage coutumier présente les principales caractéristiques de
la règle de droit : il est générale et impersonnel, bénéficie d'une

Dr Laila DALAA 23
certaine notoriété et considéré par les sujets de droit comme ayant
un caractère obligatoire
Section II : les sources modernes de la règle de droit
1- le droit international
Le droit international public, est le droit des relations
interétatiques.
Il englobe l’ensemble des règles et des principes qui régissent
les relations entre les États souverains et qui les engagent de
manière réciproque.
Les sources formelles du droit international, (selon l’art. 38 du
Statut de la Cour internationale de justice) sont : les traités et les
conventions internationales, la coutume internationale, les principes
généraux de droit, et l’équité.
Les décisions judiciaires et la doctrine, qui ont également été
évoqué à l’art 38 du statut de la CIJ sont des sources subsidiaires ou
indirectes du droit.
En cas de conflit entre la législation internationale et la
législation interne, faut-il donner la suprématie au droit international
ou au droit interne ?
Certains systèmes juridiques attribuent au droit international
une valeur supra constitutionnelle (doctrine moniste).
D’autres systèmes affirment leur refus vis-à-vis de cette
approche (doctrine dualiste).

Dr Laila DALAA 24
L'article 27 de la convention de Vienne de 1969, sur le droit des
traités, dispose : « Une partie ne peut invoquer les dispositions de
son droit interne comme justifiant la non-exécution d'un traité ».
La constitution de 2011 affirme dans son préambule que le
Maroc s’engage à « accorder aux conventions internationales
dûment ratifiées par lui, dans le cadre des dispositions de la
Constitution et des lois du Royaume, dans le respect de son identité
nationale immuable, et dès la publication de ces conventions, la
primauté sur le droit interne du pays, et harmoniser en conséquence
les dispositions pertinentes de sa législation national ».
2- La loi ‫اﻟﻘﺎﻧون‬
Source fondamentale de la règle de droit, la loi dans son sens
large, désigne toutes les règles émanant de l’autorité publique, et qui
présentent un caractère général, impersonnel et obligatoire.
A- Quelles sont alors les composantes de la notion
générale de la loi ?
Les constitutions marocaines distinguent nettement, depuis
1962, la loi « stricto sensu » du règlement.
La loi dans son sens étroit est l’œuvre du pouvoir législatif, avec
ses deux chambres - la chambre des représentants et celle des
conseillers.
Alors que le règlement relève du pouvoir exécutif et des
autorités administratives.

Dr Laila DALAA 25
B- la distinction de la loi et du règlement
o Elargissement du domaine de la loi
Dans Les constitutions précédentes, le domaine réservé à la loi
était réduit à quelques matières limitées : 4 sous les constitutions de
1962 et 1970, élargi à 11 sous la constitution de 1972 révisée en 1992
et 1996.
L’article 71 de la nouvelle constitution a élargi le domaine
réservé à la loi pour atteindre le nombre de 31 matières réservées à
la compétence du Parlement.
D’autres dispositions de la constitution de 2011 font état des
matières attribuées au Parlement.
Il s’agit d’une trentaine d’articles portant sur des matières
variées tel : la loi de finances (art. 75), la constitution des
organisations syndicales et leur financement (art. 28) ; la liberté de
concurrence ; l’accès aux médias publics, etc.
A cela s’ajoute les cas de renvoi de certaines dispositions de la
constitution aux lois organiques.
Une vingtaine de cas tel : le processus de mise en œuvre de la
langue amazigh, le conseil national des langues et de la culture
marocaine (art 5).
Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi
appartiennent au domaine réglementaire (art. 72).

Dr Laila DALAA 26
C- les conditions d’application de la loi
 L’entrée en vigueur de la loi Quand la loi entre-t-elle en
vigueur?
L’entrée en vigueur de la loi suppose que soient remplies deux
formalités :
 la promulgation ‫إﺻدار اﻟﻘﺎﻧون‬
 la publication de la loi. ‫ﻧﺷر اﻟﻘﺎﻧون‬
o la promulgation : ‫اﻹﺻدار‬
La promulgation de la loi est prévue par l’article 50 de l’actuelle
constitution qui stipule que : « Le Roi promulgue la loi dans les trente
jours qui suivent la transmission au gouvernement de la loi
définitivement adoptée ».
Cet acte ne concerne que la constitution et les lois votées par le
Parlement.
Le règlement qui est l'œuvre du pouvoir exécutif est exécutoire
par nature.
o la publication : ‫اﻟﻧﺷر‬
La publication consiste dans l’insertion du texte de loi au BO. Elle
concerne aussi bien les lois que les règlements.
L'objet de cette formalité est d’informer les sujets de droit du
contenu de la règle juridique pour leur permettre de l’observer et le
cas échéant, la leur imposer.

Dr Laila DALAA 27
Au Maroc, la procédure de publication est mentionnée à de l’art.
50.
 Domaine d'application des lois dans le temps
L’entrée en vigueur d'une législation nouvelle, soulève le
problème du conflit dans le temps, entre cette loi nouvelle et la loi
ancienne.
Afin de résoudre ce genre de conflit de lois, il faut déterminer le
domaine d'application dans le temps des lois successives.
Pour ce faire, il convient dans chaque cas, de savoir quelle est
l'étendue exacte de l'application de la loi nouvelle, et de rechercher si
la loi antérieure ne conserve pas un certain empire, qu’il est
nécessaire de déterminer précisément, le cas échéant.
À cet égard, la doctrine a donné naissance à trois principes,
reconnus par le droit marocain, à savoir : Le principe de la non
rétroactivité de la loi, Le principe de l’effet immédiat de loi nouvelle,
et Le principe de la survie de la loi ancienne dans le cadre contractuel.
o la non rétroactivité des lois : ‫ﻋدم رﺟﻌﯾﺔ اﻟﻘواﻧﯾن‬
Le principe de non rétroactivité des lois est énoncé par l'article 6
de l’actuelle constitution : « …La loi ne peut avoir d'effet rétroactif ».
Il assure la sécurité et la stabilité des droits subjectifs, en les
mettant à l'abri des modifications que peut entraîner une loi nouvelle.
En dépit de sa consécration constitutionnelle, le principe de non
rétroactivité des lois subit quelques exceptions.

Dr Laila DALAA 28
 Il n'est pas applicable dans le cas où les considérations de
justice de sécurité d'ordre social sont susceptibles d'être
compromises.
 La rétroactivité de la loi est permise dans les cas suivants :
 lorsqu’il s’agit de lois pénales plus douces.
 lorsque la loi nouvelle le permet expressément.
 lorsque la loi nouvelle est une loi interprétative de la loi
ancienne.
(Une autre exception permet « de faire rétroagir les rectificatifs
qui corrigent une erreur matérielle ou une omission évidente
affectant un texte publié au B.O. ».
Il en va de même des lois qui sont adoptées pour abroger
«rétroactivement ou annuler des textes antérieurs pris par une
autorité illégitime ».
o l’application immédiate de la loi nouvelle ‫ﻣﺑدأ اﻷﺛر اﻟﻔوري ﻟﻠﻘﺎﻧون‬
Le principe de l'effet immédiat des lois nouvelles, mis en valeur
par le doyen P. Roubier, implique qu'une loi nouvelle s'applique sans
restriction dès le moment où elle entre en vigueur.
Cela n'exclut aucunement, que cette entrée en vigueur soit elle-
même retardée, par la volonté du législateur lui-même.
(Si, par exemple les conditions du mariage sont modifiées, ces
conditions doivent être remplies, sans distinction, par tous les couples
qui désirent se marier après l'entrée en vigueur de la loi).

Dr Laila DALAA 29
Pour justifier l'application de ce principe, la doctrine avance
deux arguments :
La loi nouvelle est présumée meilleure que la loi ancienne ;
Il faut assurer l'unité de législation, en évitant de faire coexister
la loi ancienne et la loi nouvelle.
Ce principe n'est cependant pas absolu, la complexité de certains
faits et actes juridiques, nécessite le maintient ou « la survie de la loi
ancienne ».
o la survie de la loi ancienne
Le maintien ou la survie de la loi ancienne vaut pour toutes les
situations contractuelles en cours au moment de l'entrée en vigueur
de la loi nouvelle, dès lors qu'elles ont été constituées avant celle-ci.
Ce principe s'explique par le fait qu'il s'applique à des situations dont
la loi laisse ordinairement la maîtrise aux volontés individuelles, il est
normal que ce que ces volontés ont légitimement établi ne puisse pas
être ensuite remis en cause .
Par ailleurs, les problèmes soulevés par l’application de la loi
dans le temps n’ont plus lieu, lorsque la loi antérieure est abrogée.
F- L’abrogation de la loi ‫اﻟﻐﺎء اﻟﻘﺎﻧون‬
L’abrogation de la loi consiste donc à lui retirer sa force
obligatoire, soit en la supprimant purement et simplement, soit en la
remplaçant par une loi nouvelle.
Elle peut-être expresse ou tacite.

Dr Laila DALAA 30
 l’abrogation expresse : ‫اﻟﻐﺎء ﺻرﯾﺢ‬
L’abrogation est expresse lorsque la loi nouvelle, décide, en
termes formels, de mettre fin à l’application matérielle de la loi
ancienne. -L’étendue de cette abrogation est généralement
déterminée par le texte même qui l’édicte formellement. Celle-ci
peut-être totale ou partielle.
Selon l’article 474 du DOC : « Les lois ne sont abrogées que par
des lois postérieures, lorsque celles-ci l’expriment formellement, ou
lorsque la nouvelle loi est incompatible avec la loi antérieure, ou
qu’elle règle toute la matière régie par cette dernière ».
(A titre d’exemple, en vertu de l’art. 44 de la nouvelle loi relative
au droit d’association : « le présent dahir est applicable dans tout
l’étendue de notre royaume. Il abroge et remplace toutes législations
antérieures relatives aux associations ».
 l’abrogation tacite ou implicite : ‫اﻟﻐﺎء ﺿﻣﻧﻲ‬
L’abrogation est tacite lorsque la loi nouvelle, ne fait aucune
référence à l’abrogation du texte antérieur, mais se révèle
incompatible dans son esprit est dans sa lettre avec la loi ancienne.
L’application simultanée des deux lois (ancienne et nouvelle) se
révélant impossible, c’est la loi exprimant la plus récente volonté du
législateur qui est appliquée.

Dr Laila DALAA 31
3- la jurisprudence ‫اﻻﺟﺗﮭﺎد اﻟﻘﺿﺎﺋﻲ‬
Produit de l’activité judiciaire, la jurisprudence désigne
l’ensemble des décisions rendues par les juridictions nationales
(Tribunaux et Cours d’appel).
A- La jurisprudence comme source du droit
Est-ce que la jurisprudence constitue une source directe du droit?
Dans les pays du Common law la jurisprudence constitue une
véritable source du droit, lorsque toutes ou une majorité des
décisions qui se sont succédées interprètent de la même manière les
règles du droit.
A l’opposé de cette conception, le droit marocain ne reconnaît pas la
jurisprudence comme source directe du droit.
D’une part, le juge est lié par la loi, il a vocation non pas de créer la
règle de droit, mais d’appliquer, et éventuellement d’interpréter une
règle conçue et élaborée par le législateur.
D’autre part, contrairement aux juges anglo-saxons, un juge
marocain n'est pas lié par les décisions qu'ont pu rendre ses
collègues, il n'y a pas de précédents judiciaires.
Cependant, face à une lacune de la loi, le juge est conduit à créer le
droit.
L’article 290 du code pénal dispose que : tout magistrat ou tout
fonctionnaire public investi d'attributions juridictionnelles ne peut
refuser de rendre la justice même en cas de silence ou d'obscurité de
la loi.

Dr Laila DALAA 32
B- L’organisation judiciaire au Maroc
Régie par la loi n°1-74-338 du 15 juillet 1974 ; l’organisation
judiciaire marocaine comprend des juridictions de droit commun,
des juridictions spécialisées et une juridiction d'exception.
 Les juridictions de droit commun
sont compétentes pour tout litige qui n’est pas spécialement attribué
par la loi à une autre juridiction. Elles sont constituées : des
juridictions de proximité, des Tribunaux de première instance, des
Cours d'appel et de la Cour de Cassation.
 Les juridictions spécialisées
Sont constituées des juridictions administratives et des juridictions
de commerce.
 Les juridictions administratives comprennent les tribunaux
administratifs et cours d’appel administratives.
 Les juridictions de commerce comprennent les tribunaux de
commerce et les cours d'appel de commerce.
 Les juridictions d'exception
Suite à l’annulation de la cour spéciale de justice, les tribunaux
d'exception qui fonctionne réellement au Maroc se réduisent au
tribunal militaire. La cour des comptes est considérée comme une
juridiction comptable supérieure non rattachée à l’organisation
judiciaire. Quant à la haute cour de justice prévue par la constitution
de 1962, elle n’a encore jamais fonctionné.

Dr Laila DALAA 33
Supprimée depuis le 16 sep. 2004, la Cour spéciale de justice était
chargée de statuer sur certains crimes commis par les fonctionnaires.
Il s'agit des crimes suivants : la concussion, la corruption, le trafic
d'influence et le détournement de deniers publics.
La Cour des comptes a été instituée par la loi n° 62-99 du 31juin 2002
formant code des juridictions financières.
4- La doctrine. ‫اﻟﻔﻘﮫ‬
La doctrine représente l’ensemble des opinions émises (écrits,
commentaires, théories…) sur le droit positif par les juristes
(professeurs de droit, avocats, notaires, juges etc.) La doctrine n'est
pas une source directe du droit, mais elle est importante pour
analyser et comprendre la norme juridique. Ses critiques peuvent
également inspirer le législateur et la jurisprudence.

Dr Laila DALAA 34
Deuxième Partie : les droits subjectifs Les droits
subjectifs désignent
L’ensemble des prérogatives ou pouvoirs reconnus aux
personnes, par la règle de droit objectif, dont le respect ou la
reconnaissance peut-être réclamé en justice.
La diversité de ces droits apparaît à travers l’identification de
leurs titulaires (chap. I) et la détermination de leur objet (Chap. II).
Chapitre I : Les sujets de droit
Sujet de droit c'est-à-dire le titulaire naturel des droits subjectifs.
L’aptitude à avoir des droits et des obligations est reconnue, a
priori, aux êtres humains (personnes physiques), mais également à
certains groupements- de personnes, ou de biens- qui sont érigés en
personnes distinctes et autonomes (personnes morales).
Section I : Les personnes physiques
En tant que principaux sujets de droits subjectifs, les personnes
physiques se voient reconnaitre la personnalité juridique.
La personnalité en soit veut dire l'aptitude à être titulaire de
droits et d’obligations et de pouvoir en jouir librement.
1- Le commencement de la personnalité juridique
A partir de quel moment l’individu acquiert la personnalité juridique
?
La naissance d'un individu est la condition sine qua non de
l'apparition de sa personnalité juridique.

Dr Laila DALAA 35
Pour exister, il suffit en vertu de l’art. 331 du code de la famille
que l’enfant soit né vivant.
Le point de départ de la personne juridique, peut même
remonter parfois jusqu’à la date de conception de l'enfant, lorsqu’elle
présente un intérêt pour l’enfant : règle de "l'infans conceptus".
2- L’extinction de la personnalité
Tout individu conserve sa personnalité juridique jusqu'à sa mort.
Après le décès, subsistent toutefois quelques traces de la
personnalité.
Des écrits injurieux, diffamatoires envers le décédé peuvent donner
lieu à une condamnation en dommages et intérêts.
Section II : les personnes morales
Groupements de biens ou de personnes.
2- définition des personnes morales
Groupement animé d’un intérêt propre, et doté de la personnalité
juridique.
A- Un groupement de personnes ou de biens
B- Un groupement animé d’un intérêt propre
C- Un groupement doté de la personnalité juridique.
3- Les différents types de personnes morales
Les groupements de biens
A- les fondations religieuses (Habous ou Wakf )
B- Les fondations laïques

Dr Laila DALAA 36
Fondation Mohammed V pour la solidarité, Fondation
Mohammed VI de promotion des Œuvres sociales de l’Education
Formation, Fondation du Roi Abdul Aziz Al Saoud pour les Etudes
Islamiques et les Sciences humaines.
Les groupements de personnes
A- les personnes morales de droit public
l’Etat, les collectivités territoriales (communes, provinces,
préfectures et Régions), et les offices et établissements publics.
B- Les personnes morales de droit privé
Les personnes morales à but lucratifs (les sociétés) et celles à but
désintéressé (les associations, les coopératives, les mutuelles, les
syndicats professionnel etc).
Chapitre II : L’objet des droits subjectifs
En raison de leur diversité, les droits subjectifs seront classifiés selon
l’ordre suivant :
- les droits patrimoniaux et les droits extra-patrimoniaux;
- les biens corporels et les biens incorporels ;
- les différents types de choses ;
- les meubles et les immeubles.
Section I : La distinction des droits patrimoniaux et des droits
extrapatrimoniaux
3- les droits patrimoniaux et les droits extra-patrimoniaux
Les droits patrimoniaux font partie du patrimoine du sujet de droit.

Dr Laila DALAA 37
Constitués de biens évaluables en argent (droit de propriété et droit
de créance), ils ont une valeur d'échange.
Ils sont cessibles, transmissibles aux héritiers, saisissables par les
créanciers, et prescriptibles.
Les droits extra –patrimoniaux, sont hors du patrimoine du sujet
auquel ils sont rattachés.
Ils n’ont pas de valeur pécuniaire.
Ces droits sont incessibles, intransmissibles aux héritiers,
insaisissables par les créanciers, et imprescriptibles.
Trois catégories de droits extra-patrimoniaux peuvent être
identifiées :
 Les droits civils et politiques du citoyen;
 Les droits de la personnalité;
 Les droits dits " de famille ".

4- Les différents droits patrimoniaux


Les droits patrimoniaux peuvent être regroupés en trois catégories :
les droit réels (A), les droits personnels ou de créance (B) et les droits
intellectuels (C).
D- Les droits réels
o les droits réels principaux :
Il s’agit du droit de propriété et ses démembrements: Le droit de
propriété, le droit d’usufruit, le droit des Habous, les droits d’usage et

Dr Laila DALAA 38
d’habitation, le droit de l’emphytéose, le droit de superficie, le droit
de servitude.
o Les droits réels accessoires
Les droits réels accessoires sont liés à l’existence d’une créance
dont ils garantissent le recouvrement.
Cas essentiellement de l’hypothèque et du gage.
E- Les droits personnels ou de créance
Le droit personnel ou de créance lie deux personnes. Il se définit
comme le droit subjectif qu'a une personne, appelée créancier,
d'exiger d'une autre personne, le débiteur, une certaine prestation.
F- Les droits intellectuels
Les droits de propriété industrielle ou commerciale qui
regroupent d'une part les droits sur les signes distinctifs (en particulier
les marques), d'autre part les droits sur les créations (brevets
d'invention, dessins et modèles…).
Les droits de propriété littéraire et artistique (droits d'auteur)
qui sont aujourd'hui appliqués également aux logiciels, aux bases de
données et aux œuvres " numériques " ou " multimédias ".
Section II : les biens corporels et les biens incorporels
Les biens corporels : sont tous les biens objet de droits qui ont une
existence matérielle : un immeuble ou un objet mobilier quelconque.
Les biens incorporels : ce sont des biens qui ont une valeur
économique, mais qui n’ont pas d’existence matérielle : propriété
littéraire et artistique, fonds de commerce.

Dr Laila DALAA 39
Section III: classification des choses
La distinction des choses consomptibles et des choses non
consomptibles ;et
La distinction des choses fongibles et des choses non fongibles.
Section IV : la distinction des meubles et des immeubles
3- Les immeubles
La notion d’immeuble désigne la terre et tout ce qui y est fixé.
Elle se rapporte aux biens insusceptibles de déplacement regroupés
par le législateur en trois catégories (art. 5 du code foncier du 2 juin
1915).
Les immeubles par nature ;
Les immeubles par destination ; et
Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent.
4- Les meubles
Le législateur marocain, reconnaît, toutefois, l’existence de deux
catégories de biens meubles :
Les meubles par nature et les meubles par anticipation.
A ces deux catégories le législateur français ajoute une
troisième, concernant les meubles par détermination de la loi

Dr Laila DALAA 40
Troisième Partie : PREUVE D'OBLIGATION
La preuve est le moyen permettant d’établir l’existence d’un
droit ou d’un fait, ou de démontrer et établir la vérité de quelque
chose.
Lorsque ce moyen est déterminé par la loi, la preuve est dite
«légale », dans les autres cas, elle est dite « libre ».
En matière de preuve il y a toujours trois questions à se poser :
Quel est l’objet de la preuve ?
C’est-à-dire que doit être prouvé ?
Qui doit prouver ?
C’est la question de la charge de la preuve.
Comment il est possible de prouver ?
C’est la question relative aux modes de preuve.
Chapitre I : L’objet de la preuve
Partant du principe qu’il incombe à chaque partie de prouver
conformément à la loi les faits nécessaires au succès de sa prétention,
il en résulte que l’élément de « droit » lorsqu’une règle de droit le
reconnaît ne nécessite pas de preuve contrairement à l’élément de «
fait » qui a pour origine la volonté des parties et produit des effets
juridiques doit toujours se prouver.
En effet, le « fait » à prouver est celui qui va déclencher
l’application de la règle de droit. Dans ce cas, la preuve des « faits »

Dr Laila DALAA 41
est indispensable pour que le juge puisse discerner la vérité entre des
déclarations contradictoires.
Il en va cependant différemment lorsque le plaideur invoque une
coutume, un usage ou encore une loi étrangère qui s’appliquerait sur
le territoire marocain, dans ce cas la preuve de la règle de droit doit
être rapportée
Chapitre II : La charge de la preuve ‫ﻋبء اﻻﺛﺑﺎت‬
En matière civile la procédure est accusatoire, le principe est que
la charge de la preuve repose sur le demandeur.
Ainsi, celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la
prouver.
Si le demandeur ne rapporte pas la preuve de sa prétention, il
perd le procès qu’il a lui-même initié.
En revanche, lorsque le demandeur prouve l’existence de
l’obligation, celui qui se prétend libérer doit le prouver à son tour. En
somme il devient demandeur à son tour. La charge de la preuve pèse
donc alternativement sur chacun des adversaires au fur et à mesure
qu’ils allèguent de nouveaux faits.
Illustration : le demandeur « A » a prouvé l’existence d’un vice
affectant la validité d’un acte juridique ; c’est alors le défendeur « B »,
qui devenant « demandeur à la preuve » va devoir prouver, s’il veut
échapper à la condamnation, par exemple qu’il a déjà exécuté le
contrat et que le vice n’entraîne pas la nullité...
Toutefois, La preuve de l’obligation ne peut être faite :

Dr Laila DALAA 42
« 1) Lorsqu’elle tendrait à établir l’existence d’une obligation
illicite ou pour laquelle la loi n’accorde aucune action ;
2) Lorsqu’elle tendrait à établir des faits non concluants ; »
Article 426 du D.O.C
Chapitre III : Les moyens de preuve
Le Dahir des Obligations et des Contrats reconnaît
traditionnellement cinq moyens de preuve : la preuve littérale ou
écrite1, la preuve testimoniale2, les présomptions3, l’aveu4, le
serment et le refus de le prêter5.
On distingue des preuves préconstituées et des preuves a
posteriori.
a) Preuves préconstituées :
La preuve préconstituée résulte d’un écrit. Il existe deux types
d’écrits :
L’acte Authentique ‫اﻟﻌﻘد اﻟرﺳﻣﻲ‬:
Est un acte dressé avec les solennités requises par des officiers
publics ayant le droit d’instrumenter dans le lieu où l’acte a été rédigé.
Sont également authentiques : les actes reçus officiellement par les
juges, en leur tribunal et les jugements rendus par les tribunaux

‫اﻟدﻟﯾل اﻟﻛﺗﺎﺑﻲ‬1
‫ﺷﮭﺎدة اﻟﺷﮭود‬2
‫ اﻟﻘراﺋن‬3
‫اﻻﻋﺗراف‬4
‫اﻟﯾﻣﯾن واﻟﻧﻛول ﻋﻧﮭﺎ‬5

Dr Laila DALAA 43
tunisiens et étrangers, en ce sens que ces derniers peuvent faire foi
des faits qu’ils constatent, même avant d’avoir été rendus
exécutoires.
L’acte authentique fait pleine foi, même à l’égard des tiers et
jusqu’à inscription de faux, des faits et des conventions attestés par
l’officier public qui l’a rédigé comme passés en sa présence.
L’acte sous seing privé ‫ اﻟﻌﻘد اﻟﻌرﻓﻲ‬:
Ecrit rédigé par des particuliers dont la signature reste
obligatoire.
L’acte sous seing privé peut être d’une autre main que celle de
la partie, pourvu qu’il soit signé par elle. Ils font foi de leur date, entre
les parties, leurs héritiers et leurs ayant cause à titre particulier,
agissant au nom de leur débiteur. Envers les tiers, l’acte sous seing
privé n’a de date que dans les cas prévus par l’article 425 du Dahir des
Obligations et des Contrats et qui sont :
« 1) Du jour où ils ont été enregistrés, soit au Maroc, soit à
l’étranger ;
2) Du jour ou l’acte a été déposé dans les mains d’un officier
public ;
3) Si l’acte est souscrit, soit comme partie, soit comme témoin,
par une personnalité décédée ou réduite à l’impossibilité physique
d’écrire, du jour du décès ou de l’impossibilité reconnue ;

Dr Laila DALAA 44
4) De la date du visa ou de la légalisation apposés sur l’acte par
un officier à ce autorisé ou par un magistrat soit au Maroc soit à
l’étranger ;
5)Lorsque la date résulte d’autres preuves équivalentes et
absolument certaines. »
Les ayants cause et successeurs à titre particulier sont considérés
comme tiers, lorsqu’ils n’agissent pas au nom de leur débiteur.
A côté de l’acte authentique ou de l’acte sous seing privé, il
existe d’autres actes écrits : Correspondance, livres comptables,
copies, des télégrammes, et des livres des parties, des bordereaux des
courtiers dûment signés par les parties, des factures acceptées, des
notes et documents privés… .
b) Preuves a posteriori :
-L’aveu de la partie ‫ اﻻﻋﺗراف‬:
L’aveu est judiciaire ou extrajudiciaire.
L’aveu judiciaire est la déclaration que fait en justice au cours d’une
instance la partie ou son représentant spécialement autorisé à cet
effet. L’aveu judiciaire peut également résulter du silence de la partie,
lorsque, formellement invitée par le juge à s’expliquer sur la demande
qui lui est opposée, elle persiste à ne pas répondre et ne demande pas
le délai pour ce faire.
L’aveu doit être libre et éclairé, il fait pleine foi contre son
auteur, contre ses héritiers et ses ayants cause et ne produit des effets
contre les tiers que dans les cas exprimés par la loi.

Dr Laila DALAA 45
L’aveu extrajudiciaire est celui qui est fait en dehors de la
présence du juge ou dans une autre instance. Il ne peut être prouvé
par témoins toutes les fois qu'il s'agit d'une obligation pour laquelle la
loi exige preuve par écrit.
N.B :
L'aveu ne peut être divisé contre celui qui l'a fait, lorsqu'il
constitue la seule preuve contre lui. « Il peut être divisé :
1° Lorsque l'un des faits est prouvé indépendamment de l'aveu ;
2° Lorsque l'aveu porte sur des faits distincts et séparés ;
3° Lorsqu'une partie de l'aveu est reconnue fausse.
L'aveu ne peut être révoqué, à moins qu'on ne justifie qu'il a été
déterminé par une erreur matérielle.
L'erreur de droit ne suffit point pour autoriser la révocation d'un
aveu, à moins qu'elle ne soit excusable, ou causée par le dol de l'autre
partie.
L'aveu ne peut être révoqué, alors même que la partie adverse
n'en aurait pas pris acte. » Article 414 du Dahir des Obligations et des
contrats.
L'aveu ne peut faire foi :
« 1° Lorsqu'il énonce un fait physiquement impossible, ou dont
le contraire est démontré par des preuves irrécusables ;
2° Lorsque celui en faveur duquel il est fait y contredit
formellement ;

Dr Laila DALAA 46
3° Lorsqu'il tend à établir une obligation ou un fait contraire à la
loi ou aux bonnes mœurs, ou pour lequel la loi n'accorde aucune
action, ou à éluder une disposition positive de la loi ;
4° Lorsqu'une chose jugée est intervenue établissant le contraire
de ce qui résulte de l'aveu. » Article 415 du D.O.C
-la preuve testimoniale : ‫ﺷﮭﺎدة اﻟﺷﮭود‬
Repose sur le témoignage, qu’est une déclaration faite par
une personne sur des faits dont elle a eu personnellement
connaissance.
L'objet du témoignage est toujours ce que le témoin a
personnellement vu ou entendu.
A noter que chacun est tenu d'apporter son concours à la justice
en vue de la manifestation de la vérité.
-la présomption ‫اﻟﻘرﯾﻧﺔ‬:
C’est l’indice au moyen duquel la loi ou le juge établit l'existence
de certains faits inconnus.
On distingue entre les présomptions établies par la loi et ceux
qui ne le sont pas.
La présomption établie par la loi, dite légale, est celle qui est
attachée par la loi à certains actes ou à certains faits. Il s’agit :
1°Des actes que la loi déclare nuls d'après leurs seules qualités
comme présumés faits en fraude de ses dispositions ;

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2°Des cas dans lesquels la loi déclare que l'obligation ou la
libération résulte de certaines circonstances déterminées, telles que
la prescription ;
3° L'autorité que la loi attribue à la chose jugée.
Nulle loi n'est admise contre la présomption de la loi. Elle
dispense de toute preuve celui au profit duquel elle existe.
Les présomptions qui ne sont pas établies par la loi sont remises
à la prudence du juge ; il ne doit admettre que des présomptions
graves et précises ou bien nombreuses et concordantes, lesquelles ne
sont admises que si elles sont confirmées par serment de la partie qui
les invoque, si le juge le croit nécessaire.
-Le serment et le refus de le prêter :
Est une déclaration solennelle faite devant un juge. La partie qui
prête le serment doit prononcer les mots : “ Je jure devant Dieu ”.
Lorsque pour mettre fin définitivement à un litige une partie
défère le serment à son adversaire pour lui permettre de faire la
preuve de ses prétentions, ou que ce dernier lui réfère ce serment,
ledit serment est prêté à l'audience par la partie en personne, en
présence de l'autre partie ou elle dûment appelé.

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