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Deuxième partie :
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Table des matières
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§2- Les règles matérielles
A- Définition des règles matérielles
B- Présentation des principales règles matérielles
I-Les gles at ielles d’o igi e i te e
II-Les gles at ielles d’o igi e i te atio ales
a) Les règles matérielles interétatiques
b) La lex mercatoria
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Se tion III: L’ vi tion de la loi trang re : l’ex eption d’ordre pu li international
A- Notio de l’o d e pu li
A- L’o d e pu li plei
B- L’o d e pu li att u
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Cette partie comporte deux chapitres : les méthodes de résolution des conflits de
lois, et la ise e œuv e de la gle de o flits de lois.
Le premier chapitre est relatif à une présentation des différentes méthodes qui
s’appli ue t pou soud e les o flits de lois da s l’espa e. Qua t au se o d hapit e, il
s’i t esse à la ise e œuv e de la thode la plus i po ta te ; celle des règles de conflits
de lois.
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Cette règle de conflit est dite bilatérale, car elle peut soit désigner la lex fori ou loi du
for (loi du juge saisi) soit une loi étrangère. Elle est aussi appelée, règle savignienne car la
méthode a été systématisée par Savigny, un auteur allemand.
Le législateur tunisien, dans le Code de DIP, a opté pour le bilatéralisme. La plupart
des gles de o flit so t ilat ales. Qua d il ’e iste pas de gle de o flit gissa t u e
question donnée, le juge doit quand même statuer. Pour ce faire, il devra élaborer une règle
de o flit et le l gislateu lui o do e de suiv e la thode savig ie e. E effet, l’a ti le
dispose : « lorsque le rapport juridique est international, le juge fera application des règles
prévues par le présent Code, à défaut de règles, il dégagera la loi applicable par une
détermination objective de la catégorie de rattachement ». C’est-à-di e ue ’est à pa ti de
la nature du rapport juridique que le juge effectuera la localisation permettant de désigner
la loi applicable. Cette méthode est o je tive juste e t pa e u’elle se ase su la atu e
juridique du rapport pour désigner la loi applicable.
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La gle est o sa e pa l’a ti le selo le uel « La possession, la propriété et
autres droits réels sont régis par la loi de la situation du bien ».
Les contrats sont généralement soumis à la loi choisie par les parties. La solution a
été posée à partir de la fin du 19ème siècle et la justification du principe était liée au rôle
prédominant alors reconnu à la volonté dans le droit des contrats.
Cette liberté de choix satisfait la volonté des parties qui normalement, vont opter
pou la loi ui favo ise le plus leu i t t. C’est aussi u atta he e t ui satisfait au
i p atifs du o e e i te atio al e pe etta t au pa ties d’ happe au o sta les
des réglementations internes impératives en choisissant une loi plus libérale. Le Code de DIP
o sa e e atta he e t au sei de l’a ti le selo le uel, « le contrat est régi par la loi
désignée par les parties ».
Les délits (les obligations légales ou extracontractuelles) sont soumis à la loi du lieu
de leu su ve a e le lo i deli ti . L’a ti le dispose ue « La responsabilité
e t a o t a tuelle est sou ise à la loi de l’État su le te itoi e du uel s’est p oduit le fait
dommageable ». Ce rattachement est fondé sur le fait ue ette loi po d d’a o d à
l’atte te l giti e des pa ties : les personnes se conforment généralement aux règles de
prudence en vigueur dans un lieu donné et si elles causent un dommage, la victime doit
pouvoir compter sur la protection offerte par le droit local. Ensuite, ce rattachement satisfait
l’i t t de l’État au ai tie d’u e tai o d e su so te itoi e, ui e peut t e alis
ue si sa loi s’appli ue.
a) La rigidité
La gle de o flit de lois ilat ale lassi ue p se te l’i o v ie t de la igidit e
e se s u’elle peut a outi à la d sig atio d’u e loi ui ’e t etie t pas des lie s t oits
avec le litige.
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C’est su tout e ati e de espo sa ilit d li tuelle ue le a a t e igide de la
gle de o flit est lai e e t appa u. Ai si l’appli atio de la loi du lieu de su ve a e du
délit a montré le caractère rigide de la règle de conflit de lois.
Pa e e ple lo s u’u us de tou istes alg ie s, i at i ul e Alg ie, p ovo ue
u a ide t e Tu isie et ue l’auteu du do age le hauffeu du us et les vi ti es so t
alg ie s, l’appli atio de la loi tu isie e, e ve tu de l’a ti le du Code de DIP, peut
s’av e i ad uate, a le litige est eau oup plus p o he de l’o d e ju idi ue alg ie .
b) La neutralité
Le second défaut de la règle de conflit de lois bilatérale classique est son caractère
abstrait ou neutre. Cela signifie que la loi désignée cherche pas à atteindre un certain
résultat matériel. La règle de conflit de lois est une règle «aveugle », e e se s u’elle e
s’i t esse pas au o te u de la loi u’elle d sig e. Quand la règle de conflit désigne en
ati e de divo e d’ pou de atio alit s diff e tes, la loi de leu de ie do i ile
o u , elle e he he pas pa le iais de e atta he e t à favo ise l’u e des solutio s
possi les du litige, à savoi l’o te tio ou le refus du divorce. Elle ne désigne pas la loi
applicable en fonction de son contenu, favorable ou non au divorce.
L’appli atio de l’a ti le du Code de DIP, peut ai si a outi à do e o p te e
à une loi qui interdit à la femme de demander la dissolution du mariage.
Les deux principaux défauts de la règle de conflit de lois bilatérales ont provoqué son
renouvellement.
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Mais e p i ipe du atta he e t à la le lo i deli ti est i fl hi à l’ali a de l’a ti le
qui dispose que « lo s ue l’auteu du fait do agea le et la vi ti e o t leu side e
habituelle dans le même État, la loi de cet État est applicable ».
Ai si le fait ue l’auteu du fait do agea le et la vi ti e aie t leu side e da s
un même État conduit à ett e à l’ a t le atta he e t p i ipal loi du lieu de su ve a e
du délit).
La loi de l’État où se t ouve la side e de l’auteu du do age et elle de la
vi ti e est plus p o he du litige ue elle de l’État où le d lit a eu lieu.
La même règle est pos e lo s ue la espo sa ilit sulte d’u a ide t de la
er
i ulatio . L’a ti le ali a pose le rattachement de principe à savoir le rattachement à
la loi du lieu de l’a ide t. Mais so ali a appo te u o e tif au atta he e t de
principe en prévoyant que : « toutefois, lorsque toutes les parties sont résidentes dans le
pays qui est en même temps celui où sont immatriculés le ou les véhicules en rapport avec
l’a ide t, la loi de e pa s est appli a le ».
Cette méthode reste dans la philosophie générale de la règle de conflit bilatérale et
permet toujours de garantir la prévisibilité des solutions : o sait à l’ava e uelle loi se a
appli a le. Il ’e est pas de e pou les lauses d’e eptio .
2-C’est aussi u e thode compliquée. Le juge devra ainsi examiner les différentes
lois désignées par la règle de conflit afin de choisir celle qui sera plus favorable.
3-C’est u e thode qui favorise le lexforisme, ’est-à-dire le retour systématique à
la loi du for. Les juges ont souvent tendance à faire application de la loi tunisienne, sans
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p o de à u e a e el des diff e tes lois e p se e. C’est e u’il est possi le de
déduire du jugement du Tribunal de première instance de Tunis rendu le 11 juillet 2000. Il
s’agissait e l’esp e du divo e e t e u e fe e tu isie e et u a i saoudie . Les juges
fo t appli atio de la loi tu isie e o fo e t à l’a ti le du Code, loi u’ils esti e t
t e la plus favo a le à l’i t t de l’e fa t. Mais ie ’est dit su le o te u du d oit
saoudien. Les juges ne procèdent pas réellement à la comparaison des lois applicables pour
connaitre quelle est celle qui est « plus favorable à l’e fa t ».
On peut aussi remarquer cette tendance au lexforisme dans une décision redue par
le T i u al de p e i e i sta e de Tu is e date du jui . E l’esp e, le juge devait
hoisi e t e la loi atio ale de l’e fa t, ’est-à-dire la loi tunisienne, et la loi de son
do i ile, ’est-à-dire la loi française. Après avoir examiné les dispositions des article 203 et
du Code ivil f a çais d’u e pa t et elles de l’a ti le du Code du statut pe so el
d’aut e pa t, le juge esti e ue les deu lois sont équivalentes. Il préfère néanmoins faire
appli atio de la loi tu isie e a il s’agissait de « la loi du juge saisi ».
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II-Défauts de la règle de conflit de lois unilatérale
La règle de conflit de lois unilatérale présente deux inconvénients majeurs : la lacune
et le cumul.
Si o aiso e à pa ti de l’a ti le , o peut a outi à des i passes.
Co fo e t à et a ti le, la loi f a çaise s’appli ue e ati e de divo e da s deu
hypothèses : d’a o d lo s ue les pou o t la atio alit f a çaise e suite lo s u’ils so t
domiciliés en France. Cette deuxième hypothèse couvre deux cas : celui des époux de même
nationalité étrangère (exemple deux Tunisiens) ou de nationalité différente (un mari français
et une femme tunisienne).
Il y aura lacune par exemple pour le cas du divorce entre un Français marié à une
Tu isie e et do i ili s e Eg pte. S’ils saisisse t les t i u au f a çais d’u e de a de e
divorce, ceux- i so t o p te ts, ais la loi f a çaise ’est pas o pétente, et aucune des
lois étrangères ne se veut applicable, ni la loi tunisienne qui désigne la loi de leur domicile
commun, ni la loi égyptienne qui désigne la loi nationale du mari.
L’h poth se de la la u e est g ale e t solutio e pa les u ilat ralistes par
l’appli atio de la le fo i. C’est d’ailleu s la solutio appo t e pa le l gislateu f a çais da s
l’ali a de l’a ti le du Code ivil : « le divorce et la séparation de corps sont régis par la
loi française lorsque aucune loi étrangère ne se reconnaît compétence, alors que les
tribunaux français sont compétents pour connaître du divorce ou de la séparation de
corps ».
Cette solutio du etou à la le fo i, si elle pe et de so ti de l’i passe, e as de
lacune est cependant critiquable, sur le plan méthodologique car on élargit de manière
a tifi ielle le ha p d’appli atio de la le fo ui s’appli ue a à des h poth ses initialement
non prévues. Il y aura cumul dans l’h poth se où la loi du fo ’ ta t pas o p te te, deu
ou plusieurs lois étrangères se voudront applicables. Si on raisonne toujours à partir de
l’a ti le e p e a t l’e e ple d’u a i Ég ptie et d’u e pouse f a çaise et do i ili s
en Tunisie. Si le divorce est demandé en France, les tribunaux français sont compétents,
ais la loi f a çaise e s’appli ue pas, les pou ’a a t pas la atio alit f a çaise et
’ ta t pas do i ili s e F a e.
Cependant, la loi égyptienne se veut applicable en tant que loi nationale du mari,
mais aussi la loi tunisienne en tant que loi du domicile commun des époux. Laquelle choisir ?
Au u e i di atio ’est do e da s l’a ti le . La do t i e u ilat aliste p onise alors
d’appli ue la loi ui a les lie s les plus t oits. Mais o e t hoisi la loi ui a les lie s les
plus étroits, la loi la plus significative ? S’il s’agit de e he he la loi ui lo alise le ieu le
rapport juridique cela ne revient-il pas à adopter la méthode bilatéraliste ?
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B-Bilatéralisation de la règle de conflit de lois unilatérale
La ilat alisatio est u e op atio de le tu e ilat aliste d’u e gle de o flit
unilatérale. Elle consiste à rendre bilatérale le critère de rattachement utilisé par la règle de
conflit unilatérale.
E F a e, l’a t Bus ueta, e du le jui pa la Cou d’appel de Pa is a
p o d à la ilat alisatio de l’a ti le du Code ivil. Rappelo s ue e te te dispose ue
« les lois o e a t l’ tat et la capacité des personnes régissent les français, même résidant
à l’ t a ge ». Ce te te sou et l’ tat et la apa it des F a çais à la loi atio ale f a çaise,
ce qui signifie que, réciproquement, les étrangers seront soumis à la leur loi nationale.
La gle de o flit de lois de l’a ti le du Code des so i t s pou a aussi t e
bilatéralisée : Libellé ainsi : « les sociétés dont le siège social est situé sur le territoire
tunisien sont soumises à la loi tunisienne », il pourra devenir : La loi applicable aux sociétés
est la loi de leur siège social.
Mais toutes les gles de o flit u ilat ales e so t pas sus epti les d’ t e
ilat alis es. Il e est ai si de l’a ti le du Code ivil f a çais. Il ’est pas ilat alisa le
car il prévoit un retour à la lex fori au cas où les époux ne sont pas français et ne sont pas
domiciliés en France.
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B-Mise e œuv e des lois de poli e
Il co vie t d’ tudie les lois de poli e du fo (I) et les lois de police étrangères (II).
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t a g es da s l’o d e ju idi ue t a ge . Seule ette thode pe et de te i o pte des
intérêts des États étrangers afin de les aider à réaliser leurs politiques législatives.
Cepe da t l’appli atio des lois de poli e t a g es doit t e u e si ple fa ult ,
u e si ple possi ilit . Le juge ’est ja ais o lig de fai e appli atio des lois de poli e
t a g es, o t ai e e t au lois de poli e du fo . E effet, l’expression « le juge donne
effet… », utilis e pa l’a ti le du Code de DIP, doit se o p e d e o e, le juge « peut
donner effet » et non pas « le juge doit donner effet ».
E d oit o pa aussi, l’appli atio des lois de poli e t a g es est u e si ple
fa ult . C’est ai si ue l’a ti le Loi f d ale suisse de d oit i te atio al p iv dispose que
« lorsque des intérêts légitimes et manifestement prépondérants au regard de la conception
suisse du d oit l’e ige t, u e dispositio i p ative d’u d oit autre que celui désigné par la
présente loi peut être prise en considération, si la situation présente un lien étroit avec ce
droit ».
L’a ti le de la Co ve tio de Ro e de su la loi appli a le au o ligatio s
contractuelles pose une simple faculté. Il prévoit que « lo s de l’appli atio , e ve tu de la
p se te o ve tio , de la loi d’u pa s d te i , il pou a t e do effet au
dispositio s i p atives de la loi d’u aut e pa s ave le uel la situatio p se te u lie
étroit, si et dans la mesure où, selon le droit de ce dernier pays, ces dispositions sont
applicables quelle que soit la loi régissant le contrat ».
Le Tribunal de première instance de Tunis a accepté dans une décision du 29 juin
2000 de donner effet aux lois de police étrangères. Il considère que « l’a ti le de la loi
italienne sur la faillite posant la règle de la suspension des poursuites individuelles contre le
failli est u e gle i p ative d’appli atio essai e ui peut t e appli u pa le juge
tunisien si les o ditio s de sa ise e œuv e so t e plies.
La Cour de cassation refuse, en revanche, dans une décision du 26 avril 2005 de
donner effet à des mesures américaines extraterritoriales édictant un gel des avoirs libyens
en raison de leur caractère politique. Le Tribunal fait donc application de la loi choisie par les
pa ties ui tait e l’esp e la loi tu isie e.
Les règles matérielles de droit international privé sont des règles substantielles qui
gisse t di e te e t le fo d du d oit et ui e s’appli ue t ue da s les elatio s
internationales.
Il en découle que les règles matérielles se distinguent par deux caractéristiques :
-Ce sont des règles de fond. Elles régissent directement le fond de la question tout
o e les gles de d oit i te e. C’est e ui les disti gue des gles de o flit de lois ui
sont des règles de désignation.
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-Ce sont des règles spécifiques aux rapports i te atio au . Elles e s’appli ue t pas,
en règle générale, aux rapports internes.
Les règles matérielles sont particulièrement adaptées aux rapports internationaux.
Elles se distinguent, en règle générale, par leur souplesse.
Quel est le lien entre règle de conflit et règles matérielles ?
Dans certains cas, les règles matérielles sont indépendantes des règles de conflits de
lois. Elles s’appli ue t di e te e t. Ai si, les dispositio s elatives au d oit de la atio alit
s’appli ue t di e te e t, sans le passage par la règle de conflit de lois. De même, les règles
elatives à la o ditio des t a ge s s’appli ue t di e te e t sa s d sig atio pa la gle
de conflit de lois.
D’aut es gles at ielles d pe da t pou t e appli u es, de leu d sig ation par
les règles de conflits de lois. Ainsi, lorsque le juge étranger donne compétence au droit
tunisien en vertu de sa règle de conflit de lois, il pourra appliquer les dispositions de la loi du
11 mars 1998 sur le transport multimodal international de marchandises (qui comporte des
règles matérielles).
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a)Les règles matérielles interétatiques
Les règles matérielles interétatiques sont celles qui émanent de différents États. Les
règles matérielles interétatiques sont, en général, contenues dans les conventions
internationales. Pour ce qui est du droit tunisien, on peut citer la Convention de Hambourg
du 31 mars 1978 sur le transport de marchandises par mer. Cette loi prévoit de nombreux
as d’appli atio . Elle est appli a le da s plusieu s as, et notamment lorsque le port de
chargement ou de déchargement est situé dans un État contractant ou lorsque les parties
o t hoisi l’appli atio de la Co ve tio . Cette Co ve tio p voit u e gle e tatio
spécifique au transport maritime internationale qui se distingue du transport maritime
interne.
On peut également citer la Convention de Vienne du 11 avril 1980 sur la vente
i te atio al de a ha dises. Cette Co ve tio ’est pas appli a le e Tu isie puis u’elle
’a pas t atifi e. Elle est ependant très importante au niveau des rapports
i te atio au , puis u’elle a t atifi e pa u o e i po ta t d’États. Ai si, lo s ue la
règle de conflit de lois tunisienne désignera le droit français, le juge devra faire application
de la Convention de Vienne puisque la France a ratifié cette Convention.
b) La lex mercatoria
La lex mercatoria (loi des marchants, des commerçants) est un ensemble de règles
suivies par les commerçants dans un domaine déterminé dans les relations internationales.
La lex me ato ia ’ a e pas des États, ais de o de du o e e i te atio al lui-
même.
On considère généralement que la lex mercatoria se compose de divers éléments, et
notamment des éléments suivants :
-La pratique contractuelle. Ce sont les clauses contractuelles généralement suivies
dans le commerce international. On peut donner comme exemple la clause de hardship. En
ve tu de ette lause, le ha ge e t de l’e vi o e e t o o i ue, politi ue ou so ial
conduit à un déséquilibre contractuel qui doit entrainer une renégociation du contrat.
-Les principes généraux du droit : ce sont des principes généraux qui régissent les
rapports entre les praticiens comme le principe de bonne foi
-Les usages du commerce international : Ce sont les usages et les habitudes qui sont
suivis da s les ilieu p ofessio els. Pa e e ple, l’o ligatio de d liv a e p se su le
vendeur.
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Section I : La condition de la loi étrangère1
O e a i e a tou à tou l’auto it de la gle de o flit de lois (§1), et la mise en
œuv e de la loi t a g e (§2).
1
CHEDLY (L), in « L’offi e du juge et la gle de o flit», i Le Code de droit international privé, deux ans après,
CPU, 2003, p. 97.
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Tu is a soulev d’offi e la gle de o flit elative au divo e da s u e d isio du juillet
2000. Les juges soulèvent aussi des règles de conflit qui portent sur des droits disponibles.
C’est e ue l’o o state ota e t da s le juge e t e du pa le T i u al de p e i e
instance de Tunis rendu le 29 juin 2000 selon lequel « la créance trouve son origine
da s…u e elatio i te atio ale, il est essai e de e he he le d oit appli a le
conform e t à l’a ti le du Code de d oit i te atio al p iv ».
Toutefois pou ue le juge puisse ett e e œuv e l’a ti le , il doit t e e esu e
de eleve d’offi e les l e ts d’ext a it . Il est v ai u’e g al les pa ties fo t tat de
l’ l e t d’e t a it pa e e ple la atio alit , le do i ile, le lieu d’e utio du o t at
ou le lieu de su ve a e du fait g ateu de espo sa ilit . Elles so t d’ailleu s o lig es
par les règles du Code de procédure civile et commerciale de faire état de leur domicile (art.
. Mais da s la esu e où les pa ties e fo t pas tat de et l e t d’e t a it , le juge
dev ait pouvoi , s’il esti e ue le litige est i te atio al, de a de au pa ties les p isio s
ui lui pa aisse t essai es. Il s’git epe da t d’u e si ple fa ult offe te au juge pa le
CPCC.
a) Le critère de la patrimonialité
On peut distinguer entre les droits disponibles et les droits indisponibles en revenant
au critère de la patrimonialité. Les droits disponibles seraient ainsi les droits patrimoniaux, et
les droits indisponibles seraient les droits extrapatrimoniaux.
Pour différencier les droits patrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux, on peut
eve i au d oit i te e. D’ap s l’a ti le du COC « les choses, les faits et les droits
i o po els ui so t da s le o e e peuve t seuls fo e o jets d’o ligatio s. So t da s
le commerce, toutes les choses au sujet desquelles la loi ne défend pas expressément de
contracter ». Les droits disponibles, dont les parties ont la libre disposition, peuvent alors
être définis comme étant les droits qui portent sur des choses corporelles ou incorporelles
dans le commerce, ’est à di e eu au sujet des uels la loi e d fe d pas e p ess e t de
contracter.
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D’ap s e te te, les d oits pouva t fai e l’o jet d’a tes ju idi ues so t les d oits
patrimoniaux.
E eva he, e peuve t fai e l’o jet d’a tes ju idiques les droits extra-patrimoniaux,
o e le d oit à la li e t , au a iage au espe t de la vie p iv e et …E effet, e ve tu de
l’a ti le du COC : « Est ulle et e d ulle l’o ligatio ui e d pe d, toute o ditio
ayant pour effet de restreindre ou d’i te di e l’e e i e des d oits et fa ult s appa te a t à
toute pe so e hu ai e telles elle de se a ie , d’e e e ses d oits ivils ».
Cependant cette distinction est insuffisante. Certains droits patrimoniaux ne peuvent
être cédés et leur titulai e e peut o plus e o e . C’est le as du d oit au ali e ts su
lequel on ne peut transiger (art. 1464 du COC). Inversement, certains droits extra-
patrimoniaux sont susceptibles de renonciation. Il en est ainsi du droit au respect de la vie
p iv e. Lo s u’u e pe so e a epte la divulgatio de sa vie p iv e, elle e o e à e d oit.
On peut aussi la divulguer moyennant rémunération et partant, ce droit de la personnalité
’est plus ho s o e e ju idi ue.
) Le it e de l’o d e pu li
Outre le it e de la pat i o ialit , o peut se ase su le it e de l’o d e pu li
afin de distinguer entre droit disponible et droit indisponible.
Peut-o di e u’u d oit est i dispo i le d s lo s u’il est p vu pa u e gle
d’o d e pu li ? En réalit , tout d pe d des otifs pou les uels ette gle d’o d e pu li a
t adopt e. Pa i les gles d’o d e pu li , il a elles ui pou suive t u i t t pu li ,
’est l’o d e pu li de di e tio , et elles ui o t pou ut la p ote tio des i t ts des
pa ties, ’est l’o d e pu li de p ote tio . Pa i les gles ui o t pou ut de p ot ge
l’i t t pu li , o peut a ge les uestio s tou ha t au statut pe so el a iage, divo e,
filiatio , ga de… ou elles ui o e e t les li e t s pu li ues les li e t s d’e p essio ,
d’opi io ou d’asso iatio .
E eva he, les gles d’o d e pu li te da t à p ot ge u i t t pa ti ulie
peuve t fai e l’o jet d’u e e o iatio ais seule e t ua d elles « portent sur des droits
patrimoniaux et acquis ». C’est ai si ue le pa te su su essio futu e est i te dit dans
l’a ti le du COC selon lequel « ...on ne peut, à peine de nullité absolue, renoncer à une
succession non encore ouverte, ni faire aucune stipulation sur une pareille succession ou sur
l’u des o jets ui so t o p is, e ave le o se te e t de elui de la su essio
du uel il s’agit ». Mais il est possi le, o fo e t à l’a ti le du e ode de
renoncer à des « droits héréditaires déjà acquis ». De e, s’il ’est pas possible de
e o e à l’ava e à so d oit à pa atio ava t la su ve a e du fait g ateu de
espo sa ilit d’ap s les a ti les et du COC . U e fois le do age su ve u, ela est
possi le. E effet, il d oule de l’a ti le du COC u’o « peut t a sige su l’i t t
p u iai e ui sulte d’u d lit ».
O peut do o lu e u’il est possi le de e o e à u d oit d s lo s ue elui-ci
est pat i o ial et u’au u o d e pu li ’est e ause. Qua d l’o d e pu li de p ote tio
est en cause, la e o iatio ’est possi le ue lo s ue e d oit est acquis, ’est-à-dire que
so titulai e est e esu e de l’e e e . Qua d ’est l’o d e pu li de di e tio ui est e
ause, au u e e o iatio ’est possi le uelle ue soit la atu e de e d oit.
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II-La e o iatio à la gle de o flit de lois pa l’a o d p o du al
Alo s u’elle s’i pose toujou s au juge, la gle de o flit de lois e s’i pose pas
toujours aux parties. Celles- i peuve t e o e lo s u’il s’agit de d oits dispo i les. Les
parties peuve t ett e à l’ a t la gle de o flit pa l’a o d p o du al. L’a o d
procédural se définit comme un accord qui permet aux parties de renoncer à la loi
normalement désignée par la règle de conflit de lois.
Il convient de remarquer, avant de pou suiv e, ue l’a o d p o du al se app o he
de l’a o d de fo d ui pe et au pa ties de hoisi la loi appli a le e ati e
o t a tuelle, o fo e t à l’a ti le du Code de DIP. L’a o d de fo d, o e l’a o d
procédural permettent aux parties de faire le choix de la loi applicable. Mais une différence
i po ta te e iste e t e les deu . L’a o d p o du al est u a o d ui pe et de ett e à
l’ a t la gle de o flit de loi et la loi u’elle d sig e. Pa o t e, l’a o d de s’i s it da s
le ad e de la gle de o flit de lois, il o stitue l’ l e t de atta he e t e ati e
contractuelle.
Il o vie t d’e a i e la fo e (a), le domaine (b) et la portée (c) de l’a o d
procédural.
a)La fo e de l’a o d p o du al
Quelle est la forme que doit p e d e l’a o d p o du al ?
Pou l’a o d p o du al, l’a ti le e ige seule e t u e manifestation explicite de
volonté. La volo t des pa ties ’a pas esoi de s’e p i e da s u e fo e pa ti uli e. Le
l gislateu ’a pas e ig pa e e ple u accord écrit. Il a seulement exigé que la volonté des
pa ties soit e pli ite, ’est-à-dire claire, non équivoque. Elle pourrait par exemple résulter
des o lusio s o o da tes des pa ties ui e vise t ue le d oit du fo à l’e lusio de la
loi étrangère. En cas de doute sur la portée de leur accord, le juge pourrait inviter les parties
à expliciter leur choix.
A d faut d’a o d e pli ite des pa ties su la ise à l’ a t de la loi t a g e, le juge
dev a l’appli ue si elle est d sig e pa la gle de conflit de lois.
) Le do ai e de l’a o d p o du al
La uestio du do ai e de l’a o d p o du al a d jà t a o d e. Co e o l’a
d jà vu, l’a o d p o du al e peut i te ve i ue lo s u’il s’git de d oits do t les pa ties
ont la libre disposition. Il ne peut pas concerner des droits indisponibles.
) La po t e de l’a o d p o du al
L’a ti le se o te te de p ise ue les pa ties peuve t e o e à l’appli atio
de la gle de o flit de lois lo s u’elle o e e des d oits i dispo i les.
Mais la do t i e o sid e ue la ise e œuv e de l’a o d p o du al a outit à
deux conséquences liées entre elles :
Tout d’a o d, la ise e œuv e de l’a o d p o du al o duit à e o e à la loi
étrangère désignée par la règle de conflit de lois. Ce qui signifie que si la règle de conflit
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donne compétence à la lex fori, on ne peut, par accord entre les parties, demander
l’appli atio d’u e loi t a g e.
E suite, la ise e œuv e de l’a o d p o du al doit seule e t o dui e à
de a de l’appli atio de la loi du for. Les parties ne peuvent pas ainsi renoncer à
l’appli atio de la loi t a g e d sig e pa la gle de o flit pou de a de l’appli atio
d’u e aut e loi t a g e. Elles peuve t seule e t de a de l’appli atio de la loi du fo .
Trois arguments peuve t t e p se t s à l’appui ette solutio .
En premier lieu, le Code prévoit plusieurs cas de retour à la loi du for pour sa vocation
su sidiai e lo s u’il ’est pas possi le d’appli ue la loi t a g e. C’est le as lo s u’il et
e œuv e l’e eptio d’o d e pu li a ti le du Code de DIP ou lo s u’il e pa vie t pas à
établir la preuve de la loi étrangère (article 32 du Code de DIP).
E se o d lieu, o peut ava e u a gu e t d’o d e p ati ue. L’a o d p o du al
vise à « alléger » la tâ he du juge e vita t, da s e tai es ati es, l’appli atio du d oit
t a ge et e favo isa t l’appli atio de la loi du for. Il est donc illogique de renoncer à
l’appli atio de la loi t a g e d sig e pa la gle de o flit de lois pou de a de
l’appli atio d’u e aut e loi t a g e.
En troisième lieu, le législateur a lui- e p vu u as d’appli atio sp ifique de
l’a o d p o du al e ati e de espo sa ilit d li tuelle e pe etta t au pa ies de
d sig e la loi du fo . Il s’agit de l’a ti le du CDIP selon lequel « les parties peuvent, après
su ve a e du fait do agea le, o ve i de l’appli ation de la loi du for, ta t ue l’affai e
est pendante en première instance ».
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Si le juge e pa vie t pas à appo te la p euve de la loi t a g e, l’a ti le p voit
que «dans les autres cas, la partie dont la demande est fondée sur la loi étrangère, est tenue
d’e ta li le o te u».
Le système de preuve de la loi étrangère issu du Code peut sembler incohérent. En
effet, il e se t à ie d’i pose au juge l’o ligatio d’appli ue la gle de o flit et de
considérer que celle- i est da s e tai s as d’o d e pu li ua d o e fait pas pese su le
juge l’o ligatio de appo te la preuve du droit étranger. En effet, il suffit aux parties de ne
pas appo te la p euve de la loi t a g e pou happe à l’appli atio de la loi t a g e
e ua d la gle de o flit est d’o d e pu li .
Da s d’aut es s st es ju idi ues, la solutio est diff e te. C’est ai si ue la ha ge
de la p euve de la loi t a g e s’i pose au juge f a çais. C’est e u’a lai e e t affi la
Cour de cassation dans les arrêts Itarco et Aubin du 28 juin 2005. Pour la Cour de cassation,
« il incombe au juge français ui e o ait o e appli a le le d oit t a ge d’e
e he he soit d’offi e, soit à la de a de d’u e pa tie ui l’i vo ue, la te eu , ave le
o ou s des pa ties s’il lieu, et de do e à la uestio litigieuse u e solutio o fo e au
droit positif étranger ».
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Section II : Le changement du critère de rattachement
Il faut rappeler que le critère de rattachement est un élément de la règle de conflit de
lois et qui sert à désigner la loi applicable : la nationalité et le domicile dans les articles 46, 47
ou du CDIP, le lieu de situatio du ie da s l’a ti le , le lieu du lieu du d lit da s les
a ti les et …
Ce critère de rattachement peut changer : changement de nationalité, de domicile,
de situatio du ie et …Le ha ge e t peut t e soit li ite (§1) soit illicite (§2). Dans le
p e ie as, il s’agit du o flit o il, da s le se o d as, il s’agit de la f aude à la loi.
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deu i e a oge la p e i e, alo s ue da s le o flit o ile les deu lois ’ a e t pas
du même législateur et sont toutes les deux en vigueur. Mais ces différences ne sont pas
fondamentales car vis à vis de la situation juridique, la question se présente de la même
manière : deu lois se t ouve t su essive e t appli a les et il s’agit de savoi da s uelle
mesure les effets de la situation initiale se trouvent régis par la loi nouvelle. Les principes de
o t oa tivit et d’appli atio i diate de la loi ouvelle peuve t do pa faite e t
t e t a spos s au o flit o ile. C’est la solutio pou la uelle a opt le l gislateu tu isie
da s l’a ti le .
L’a ti le est u te te al dig . Il ’utilise i l’e p essio de o flit o ile i
elle de ha ge e t volo tai e de l’ l e t de atta he e t. Selo e te te, « la loi
appli a le est d sig e selo le as soit e fo tio de l’ l e t de atta he e t e ista t
au moment de la naissance de la situation juridique, soit en vertu de celui existant au
moment où se produisent les effets de cette situation juridique ». L’a ti le disti gue e t e
deux cas : le p e ie est elui où le it e de atta he e t ’a su i au u ha ge ent.
Da s e as, le juge l’appli ue a à l’e se le du litige. Le se o d as, o e e le
changement du critère de rattachement entre le moment de la naissance de la situation
ju idi ue et le o e t de la p odu tio de ses effets. L’a ti le p o ise, dans ce cas, de
distinguer entre les conditions de validité de la situation juridique, qui restent régies par la
loi ancienne et ses effets, qui seront soumis à la loi nouvelle. Il y a là une transposition des
p i ipes ui s’appli ue t e ati e de o flits de lois dans le temps : le principe de
l’appli atio i diate de la loi ouvelle et le p i ipe de o t oa tivit .
Cette solution des conflits mobiles avait déjà été adoptée par la Cour de cassation
da s so a t du jui . Les faits de l’espèce étaient les suivants : U Tu isie s’est
a i ave u e F a çaise et a o te u pa la suite la atio alit f a çaise. Il s’est ad ess au
Tribunaux tunisiens pour demander le divorce. Dans la mesure où les époux avaient la
nationalité française lors de l’i t odu tio de l’i sta e, les juges o t appli u au divo e, la
loi nationale commune des époux, la loi française. En cas de changement de nationalité
e t e la date du a iage et elle du divo e, ’est ette de i e atio alit ui doit t e
prise en considération pour régir la dissolution du lien.
Le Code de DIP comporte plusieurs règles de conflit qui consacrent les solutions de
l’a ti le . Tel est le as de l’a ti le du Code ui dispose ue le divo e et la s pa atio de
corps sont régis pa la loi atio ale o u e des pou e vigueu au o e t où l’i sta e
est i t oduite. C’est aussi le as de l’a ti le ui p voit l’appli atio pou les o ligatio s
espe tives des pou ’a a t pas la e atio alit de la loi du de ie do i ile conjugal.
C’est aussi le as de l’a ti le ui sou et le testa e t à la loi du testateu au o e t du
décès.
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A-Notio de l’o d e pu li
L’e eptio d’o d e pu li i te atio al o stitue l’u des a is es
fo da e tau du d oit i te atio al p iv . Elle est gle e t e pa l’a ti le du Code de
DIP selon lequel « l’e eptio de l’o d e pu li e peut t e soulev e pa le juge ue lo s ue
les dispositions du droit t a ge d sig s’oppose t au hoi fo da e tau du s st e
juridique tunisien ».
D’ap s e te te, o peut di e ue l’e eptio d’o d e pu li ev t t ois
caractéristiques essentielles :
Tout d’a o d, il s’agit d’u a is e d’e eptio . Le p i ipe, dans les relations
p iv es i te atio ales, este l’appli atio du d oit d sig pa la gle de o flit de lois.
E suite, l’e eptio d’o d e pu li i te vie t ap s l’ tape de la ise e œuv e de la
gle de o flit de lois et l’e a e du d oit t a ger.
E fi , l’e eptio d’o d e pu li est u a is e ui assu e la p ote tio de l’o d e
juridique du for contre les lois étrangères lorsque celles-ci contredisent ses « choix
fondamentaux ». Il pe et do de p se ve la p i aut de l’o d e ju idi ue du for.
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Qua t à l’e eptio d’o d e pu li , elle i te vie t seule e t si le d oit t a ge
s’oppose au hoi fo da e tau du d oit tu isie . Ai si elle pou a i te ve i pou ett e
à l’ a t la loi a o ai e, désignée par la règle de conflit de lois, qui autorise le mariage
pol ga i ue. Si l’ pou est d jà a i , l’e eptio d’o d e pu li i te vie d a pou a te
l’appli atio du d oit t a ge .
C-Co te u de l’o d e pu li
La otio d’o d e pu li est u e otio t s diffi ile à e e , Que sig ifie t les
termes de « choix fondamentaux » utilis s pa l’a ti le du Code de DIP ?
Il o vie t de e a ue ue l’o d e pu li i te ational est un mécanisme qui
i te vie t su tout e ati e de statut pe so el, a ’est da s e do ai e ue des
différences importantes existent entre les systèmes juridiques.
Le statut pe so el, e Tu isie, a su it u e dou le i flue e, d’u e pa t u e
i flue e t aditio el ou o ve tio el, et d’aut e pa t, u e i flue e ode e. Cette
double influence en matière de droit interne se traduit au niveau des relations privées
internationales.
Si o e a i e la ju isp ude e, o peut esti e ue l’o d e pu lic peut recevoir soit
un contenu traditionnel (I), soit un contenu moderne (II).
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Plusieu s d isio s e dues pa les t i u au tu isie s o t efus d’a o de
l’e e uatu à des décisions étrangères relatives aux droits de garde pour contrariété à
l’o d e pu li i te atio al. Ces d isio s o e e t do les o flits de ju idi tio s, ais
elles peuve t se vi à illust e la o eptio t aditio elle de l’o d e pu li i ternational.
L’h poth se lassi ue ui se p se te deva t les juges tu isie s est elle d’u
juge e t t a ge a a t a o d à la e t a g e side te à l’ t a ge le d oit de
ga de. Les juges efuse t l’e e uatu au juge e t t a ge e aiso de sa contrariété à
l’o d e pu li .
Ainsi, dans une affaire tranchée par la Cour de cassation en date du 3 juin 1982,
l’o d e pu li eçoit u o te u t aditio el. E l’esp e, u e d isio f a çaise avait
prononcé le divorce entre un Tunisien et une Française et avait accordé à la mère le droit de
ga de. La e de a de aup s du T i u al de p e i e i sta e de Tu is l’e e uatu .
La Cou de assatio d la e o t ai e à l’o d e pu li la d isio f a çaise. Elle
énonce que « l’app iatio de la o ditio de non-violation du jugement étranger, dont
l’e e uatu est de a d , au gles d’o d e pu li …se fait su la ase de so a se e
d’oppositio au att i uts esse tiels du pa s do t les plus i po ta ts, pou la Tu isie, so t
l’Isla et l’authe ti it a a e ». La Cour de cassation ajoute que « le déracinement de
l’e fa t du ilieu da s le uel il a g a di et do t il pa le et it la la gue, de ses ha itudes et
traditions, de même que son détachement de son milieu social arabe et musulman sont de
nature à faire de lui un exilé permanent coupé de sa religion et donc un apostat. Un tel
juge e t viole…l’o d e pu li du pa s et s’oppose à sa Co stitutio ».
Les mêmes arguments sont repris par la Cour de cassation dans un arrêt du 4 janvier
da s l’affai e Christine. E l’esp e, le juge e t elge avait p o o le divo e e t e
u pou tu isie et u e pouse da oise side ts e Belgi ue et a o d la ga de d’u
e fa t à la e et elle d’u aut e e fa t au p e. La e de a de l’e e uatu de e
jugement. La Cour de assatio efuse l’e e uatu et d la e ue « l’e fa t est de
nationalité tunisienne et musulmane puisque son père est tunisien et musulman. La période
ue l’e fa t a pass e e Tu isie ave so p e est d te i a te puis ue ’est au ou s de
cette période u’elle a d ouve t les sp ifi it s de so ilieu fa ilial et atio al… u’elle
s’est ha itu e au ode de pe s e, à la eligio et u’elle s’est atta h e à la pat ie et à ses
valeurs spirituelles, nationales, culturelles et sociales. Ce qui pourrait faire de la rupture avec
so ilieu u v ita le e il. Cela o stitue u e attei te à l’o d e pu li …et à la
Constitution ».
Cette o eptio t aditio elle de l’o d e pu li p vaut aussi e matière
d’adoptio . C’est e ui esso t d’u e décision rendue par le Tribunal de première instance
de Tu is du jui à p opos d’u e adoptio i te atio ale.
E l’esp e, u juge e t aut i hie avait p o o l’adoptio d’u Tu isie pa u
Aut i hie . L’adopta t s’ad esse au ju idi tio s tu isie es afi de de a de l’e e uatu de
la décision autrichienne.
Se asa t su l’a ti le de la loi du as , le T i u al o e e pa o e
que « le d oit tu isie e pe et pas à l’ t a ge d’adopte u Tu isie » et que « l’adoptio
ne peut être prononcée dans la mesure où rien, dans le dossier, ne permet de constater que
le de a deu s’est o ve ti à l’isla ». Le Tribunal estime ensuite que « les dispositions
elatives à l’adoptio o e e t l’o d e pu li » et ajoute que la décision autrichienne est
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« contrai e à l’o d e pu li et e peut e evoi la fo ule e utoi e puis u’elle o t edit
l’a ti le du Code d oit i te atio al p iv ui e ige, pou ue l’e e uatu soit a o d , ue
la d isio t a g e soit o fo e à l’o d e pu li ».
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tunisien tel que reflété par le Code du statut personnel qui visent à consolider les liens
familiau et à assu e l’ uili e e t e les d oits de la fe e et les d oits de l’ho e ».
A-L’o d e pu li plei
L’o d e pu li da s so effet plei i te vie t, selo l’a ti le du Code de DIP, lo s de
la atio d’u e situatio ju idi ue su le te itoi e tu isie . U e situatio ju idi ue
o t ai e à l’o d e pu li i te atio al e peut te e. La loi t a gère sera écarté et
lui se o t su stitu es les dispositio s du d oit tu isie . Ai si, l’o d e pu li da s so effet
plein interviendra pour écarter la loi étrangère qui autorise le mariage polygamique sur le
territoire tunisien ou pour reconnaitre à la femme le droit de demander la dissolution du
mariage.
B-L’o d e pu li att u
L’effet att u de l’o d e pu li est gle e t pa l’a ti le du Code de DIP qui
affirme que «sont reconnus en Tunisie les effets des situations régulièrement créées à
l’ t a ge , o fo e t à la loi d sig e pa la gle de o flit tu isie e, s’il ’appa aît
ue es es effets so t i o pati les ave l’o d e pu li i te atio al tu isie ». L’effet
att u de l’o d e pu li se fo de su la otio du espe t i te atio al des d oits a uis. Le
juge du fo e peut, sa s e ett e e ause des d oits guli e e t a uis à l’ t a ge , leu
oppose l’o d e pu li .
L’o d e pu li atténué est un ordre public « allégé » qui intervient pour permettre la
e o aissa e des effets d’u e situatio ju idi ue vala le e t e à l’ t a ge . La mise
e œuv e de l’o d e pu li att u est sou ise à deu o ditio s p i ipales.
D’a o d, la situatio ju idi ue doit avoi t guli e e t e à l’ t a ge . La
validit de la situatio e à l’ t a ge s’app ie o fo e t à la loi ue d sig e la
règle de conflit tunisienne.
E suite les effets doive t t e o fo es à l’o d e pu li .
Preno s l’e e ple du a iage pol ga i ue. Celui-ci ne peut être célébré en Tunisie.
La polygamie constitue un délit pénal et le principe de territorialité de la loi pénale
s’oppose a à toute l atio de a iage pol ga i ue e Tu isie, e e t e pou do t
la loi atio ale l’auto ise. La l atio du a iage pol ga i ue o t edit l’o d e pu li
i te atio al tu isie , a l’i te di tio de la pol ga ie fait pa tie des « choix
fondamentaux » de l’o d e ju idi ue tu isie .
Mais des effets pourraient être reconnus à un mariage polygamique célébré au
Ma o e t e deu Ma o ai s si l’auto it ui l’a l est o p te te selo le d oit
a o ai et si la loi a o ai e, ue d sig e l’a ti le du Code de DIP, a t appli u e. Le
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mariage polygamique ne peut être l e Tu isie, du fait de sa o t a i t à l’o d e
pu li i te atio al tu isie . Mais s’il est l à l’ t a ge e t e pe so es do t le statut
pe so el l’auto ise, pa u e auto it pu li ue o p te te, des effets pou aie t lui t e
reconnus. La th o ie de l’effet att u de l’o d e pu li ’a pas eu eau oup de su s
aup s des juges. O pet ite u e seule d isio ui l’appli ue. Il s’agit d’u e d isio
e due e date du d e e pa la Cou d’appel de Tu is ui a e o u les effets
su esso au d’u a iage pol ga i ue l e L ie.
II-L’effet d’ vi tio
L’effet d’ vi tio est gle e t pa l’ali a de l’a ti le selo le uel « la loi
t a g e ’est a t ue da s ses dispositio s o t ai es à l’ordre public au sens du droit
international privé ». L’ vi tio de la loi t a g e e doit pas t e u e vi tio totale, elle
doit t e li it e au seuls dispositio s ui heu te t l’o d e pu li i te atio al tu isie .
Cette éviction limitée de la loi étra g e s’e pli ue pa le a a t e e eptio el de l’o d e
public international.
Ai si, pa e e ple, si la loi t a g e d sig e pa l’a ti le du Code de DIP heu te
l’o d e pu li tu isie e e u’elle auto ise le a iage pol ga i ue, elle e se a artée
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que dans cette limite. Les autres dispositions de la loi étrangère relatives aux autres
conditions du mariage peuvent être appliquées.
II-L’effet de su stitutio
L’effet de su stitutio est u effet de e pla e e t de la loi t a g e a t pa la
loi tu isie e. Il est p vu pa l’ali a de l’a ti le selo le uel « le juge applique les
dispositions de la loi tunisienne au lieu des dispositions de la loi étrangère écartée ». Le droit
tunisien intervient dans ce cas dans sa vocation subsidiaire. L’appli atio de la loi tu isie e
devie t essai e pou o le le vide laiss pa l’ vi tio de la loi t a g e.
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