Introduction au cours

1. Présentation :

 Pierre Bazier (avocat au barreau de Bruxelles et chargé de cours invité à

l’UCLouvain)

 Courriel : pierre.bazier@uclouvain.be

 Bienvenu à un cours d’introduction au droit public et privé !

2. Objectifs du cours :

 Panorama des principales branches du droit (public et privé)

 Acquisition de réflexes qui vous seront utiles dans votre vie de praticien
(ingénieurs et informaticiens)
3. Contenu du cours de LESPO1122C :

 Supports : un Manuel d’introduction au droit. Tour d’horizon en quinze leçons

(Politeia, 2023) et des slides

Édition de 2023

Parution en
mars 2023
 Programme cours : 9 ou 10 leçons sur les 15 du Manuel

1) La règle de droit
2) L’ordre juridique, la souveraineté et l’état de droit
3) La personne, les droits subjectifs et son patrimoine
4) Le droit des contrats (I)
5) Le droit des contrats (II)
6) Le droit de la responsabilité civile extracontractuelle
7) La procédure civile
8) Le droit administratif
9) Le système fédéral belge
10) Le contentieux administratif

 Remarque : cf. dernière diapositive de chaque leçon pour voir les points de
chaque leçon qu’il ne faut pas connaitre pour l’examen
4. Examen :

 Modalités (sous réserve de modification) :

o QCM SANS points négatifs

o Nombre de QCM : 30 avec cinq propositions à chaque fois

o Réponse : une réponse correcte par proposition

o Durée : 2h00

 Base de l’examen : Manuel et ajouts du cours oral

 Exemples de QCM : plus d’exemples à venir lors de la dernière séance avant
les vacances de printemps

1) Quelle sanction un créancier peut-il invoquer devant un juge lorsque

son débiteur conclut un acte juridique, avec un tiers, en fraude de ses
droits ?

a) la nullité relative de l’acte juridique conclu par son débiteur

avec le tiers
b) l’exécution en nature de l’acte juridique conclu par son
débiteur avec le tiers
c) l’inopposabilité de l’acte juridique conclu par son débiteur
avec le tiers
d) la résolution judiciaire de l’acte juridique conclu par son
débiteur avec le tiers

e) une amende civile en application de l’article 780bis du Code

judiciaire
2) Marcel est le propriétaire d’un manoir situé à la campagne. Ce manoir
dispose d’un domaine doté d’un verger et d’une butte contenant une source de
minerai exploitable. Marcel souhaite conférer un droit d’usufruit sur le
manoir et son domaine à sa sœur, mais il ne comprend pas bien ce droit. Il
vous demande ainsi des renseignements. Laquelle de ces affirmations est
correcte ?

a) le droit d’usufruit permettra à la sœur de Marcel d’habiter dans le

manoir et de le détruire entièrement pour construire un magasin de
vêtements à la place

b) le droit d’usufruit permettra à la sœur de Marcel d’ouvrir une carrière

pour exploiter le gisement de minerai

c) le droit d’usufruit permettra à la sœur de Marcel de vendre le manoir et

son domaine

d) le droit d’usufruit permettra à la sœur de Marcel d’habiter le manoir et

de percevoir les fruits issus du verger chaque année ou de percevoir les
loyers issus de sa mise en location

e) Aucune de ces réponses n’est correcte

5. Monitorats :

 Pas matière d’examen

 Pas perdre de vue leur utilité !

o Poser des questions

o Apprendre la matière sous un angle un peu plus pratique

 Moniteurs :

o Marie Vanloocke et Laure Gravy (étudiantes en Master en droit)

o Mathieu Koch (juriste et coordinateur des monitorats)

 Objectif : augmenter les chances de réussite et les notes obtenues via cinq
séances de 2h00 étalées sur le quadrimestre (S5, S8, S9, S11 et S12)

 Contenu :

o Séances sont thématiques : chacune d'entre elle revient sur un point

de matière essentiel du cours.

o Séances théoriques et pratiques :

• La partie théorique apporte une plus-value en ce qu’elle aborde la

matière d'un point de vue plus concret.

• La partie pratique est abordée via des questions de types

examens et des casus (mises en situation juridiques)
6. Avant de commencer… où se trouvent les règles juridiques ?

 Code Bac « la Charte » (volume 1er)

o A retenir :

 Acheter la version 2022-2023… ou ;

 Imprimer les textes juridiques sur Moodle

Ingénieurs : volume 2 utile pour la suite de vos études

 Sources : une règle juridique peut se trouver dans :

1) Un code adopté par le législateur :

 Exemples : Code civil ou Code pénal

2) Une loi :

 Exemple : lois coordonnées sur le Conseil d’état

3) Un arrêté royal :

 Exemple : arrêté royal du 21 octobre sur le Covid-19

 Structure d’une règle juridique : paragraphe et aliéna :

o Exemple : l’article 1730 de l’ancien Code civil

« §1er. Les parties dressent impérativement un état des lieux détaillé

contradictoirement et à frais communs. Cet état des lieux est dressé, soit au
cours de la période où les locaux sont inoccupés, soit au cours du premier mois
d'occupation. Il est annexé au contrat de bail écrit, au sens de l'article 1erbis
du livre III, titre VIII, chapitre II, section 2 et sera également soumis à
enregistrement (= §1er, alinéa 1er).

A défaut d'accord entre les parties, le juge de paix, saisi par requête introduite
avant l'expiration du délai d'un mois ou de quinze jours selon le cas, désigne
un expert pour procéder à l'état des lieux. Le jugement est exécutoire
nonobstant opposition et n'est pas susceptible d'appel (= §1er, alinéa 2).

§2. Si des modifications importantes ont été apportées aux lieux loués après
que l'état des lieux a été établi, […] » (= §2, alinéa 1er).
 Le code ou les textes juridiques à l’examen :

o Post-it avec référence au code, à la loi, à l’arrêté royal : admis

o Renvois chiffrés d’articles à articles : admis

o ! Aucune autre annotation dans le code !

 Exemple de renvoi d’article à article : compétences de la communauté germanophone

Base des compétences

communautaires de la
Communauté germanophone

Contenu des matières

culturelles : cf. article 4, §1er,
de la loi du 31/12/1983

Contenu des matières

personnalisables : cf. article 4,
§2, de la loi du 31/12/1983
 Leçon 1. La règle de droit

Introduction : s’agit-il de règles de droit ?

1. Définition de la règle de droit :

 Prescription d’un comportement,

 À des catégories de personnes abstraitement définies,

 Dans des hypothèses déterminées,

 En prévoyant une sanction en cas de non-respect,

 À laquelle est assortie un pouvoir de contrainte

2. Structure et destinataire de la règle de droit

1) Structure : schéma « hypothético-déductif » :

o Hypothèse = conditions d’application

o Dispositif = conséquences juridiques en cas d’application

Exemple : article 1609 de l’ancien Code civil

« La délivrance doit se faire au lieu où était, au temps de la vente, la chose qui en a

fait l'objet, s'il n'en a été autrement convenu ».

Hypothèse = condition Dispositif = conséquences

2) Destinataires :

a) Primaires = ceux qui doivent respecter le comportement

• Toute personne :

 Exemple : article 461 du Code pénal :

« Quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui

appartient pas, est coupable de vol ».

• Catégories particulières :

 Exemple : article 11bis loi du 22 août 2002 :

« Toute personne doit recevoir de la part des professionnels de la

santé les soins les plus appropriés visant à prévenir, écouter,
évaluer, prendre en compte, traiter et soulager la douleur ».
b) Secondaires = ceux qui bénéficient du comportement

• Exemple du contrat de bail (article 1709 de l’ancien Code civil) :

 Notion : location d’un bien contre un loyer

 Bailleur destinataire secondaire : loyer

 Locataire destinataire secondaire : location du bien

c) Tertiaires = ceux qui garantissent le respect des règles de droit

• Agents de police

• Cour constitutionnelle, Conseil d’état et cours et tribunaux

3. Caractères de la règle de droit

 Résumé : général et abstrait (3.1), Obligatoire (3.2) et coercitif (3.3)

3.1. Caractère général et abstrait

 Notion :

o Principe : application à des « catégories de personne personnes

abstraitement définies » (=/= personne nommément désignée)

o Exemple : article 422bis du Code pénal

« Sera puni d'un emprisonnement de huit jours à (un an) et d'une

amende de cinquante à cinq cents [euros] ou d'une de ces peines
seulement, celui qui s'abstient de venir en aide ou de procurer une aide
à une personne exposée à un péril grave, soit qu'il ait constaté par lui-
même la situation de cette personne, soit que cette situation lui soit
décrite par ceux qui sollicitent son intervention »
 Tempérament :

o Catégories abstraites peuvent cacher des personnes déterminées…

o Exemple : article 87 de la Constitution :

« Le Roi ne peut être en même temps chef d'un autre Etat, sans l'assentiment
des deux Chambres »

 Roi : Philippe (un seul Roi)

 Mais… le Roi : prédécesseurs et successeurs de Philippe

 Conclusion : pas d’atteinte au caractère abstrait de la norme

 Observations sur le caractère général et abstrait :

1) Garantie de la sécurité juridique

o Exemple : article 393 du Code pénal

… vous souhaitez assassiner quelqu’un…

… le caractère général et abstrait des règles du Code pénal vous permet

utilement de savoir, à toutes fins utiles, que…

« L'homicide commis avec intention de donner la mort est qualifié

meurtre. Il sera puni de la réclusion de vingt ans à trente ans »
2) Renforcement de ce caractère via la publicité du Moniteur belge

Adresse du Moniteur belge :

http://www.ejustice.just.fgov.
be/cgi/welcome.pl
3) Règles générales et abstraites = protection contre l’arbitraire :

• Idée : respect du principe d’égalité et de non-discrimination

• Conséquence : tout le monde est traité de la même façon

• Exemple : pas de discrimination en fonction de la couleur de peau,

de la (prétendue) race, de l’origine ethnique, du sexe, etc.
3.2. Caractère obligatoire :

 Notion : comportement imposé à respecter

 Formes du comportement :

1) Action ou omission

a) Action : article 422bis du Code pénal

« Sera puni d'un emprisonnement de huit jours à (un an) et d'une

amende de cinquante à cinq cents [euros] ou d'une de ces peines
seulement, celui qui s'abstient de venir en aide ou de procurer
une aide à une personne exposée à un péril grave, soit qu'il ait
constaté par lui-même la situation de cette personne, soit que
cette situation lui soit décrite par ceux qui sollicitent son
intervention »

Comportement attendu : action = il faut intervenir

 b) Omission : article 458 du Code pénal

« Les médecins, chirurgiens, officiers de santé, pharmaciens, sages-

femmes et toutes autres personnes dépositaires, par état ou par
profession, des secrets qu'on leur confie, qui, hors le cas où ils sont
appelés à rendre témoignage en justice (ou devant une commission
d'enquête parlementaire) et celui où la loi, le décret ou l'ordonnance les
oblige ou les autorise à faire connaître ces secrets, les auront révélés,
seront punis d'un emprisonnement d'un an à trois ans et d'une amende
de cent euros à mille euros ou d'une de ces peines seulement ».

Comportement attendu : omission = pas révéler les

secrets
2) Ordre, interdiction ou autorisation

a) Ordre : article 203, §1er, de l’ancien Code civil

« Les père et mère sont tenus d'assumer, à proportion de leurs

facultés, l'hébergement, l'entretien, la santé, la surveillance,
l'éducation, la formation et l'épanouissement de leurs enfants. Si la
formation n'est pas achevée, l'obligation se poursuit après la majorité
de l'enfant ».

b) Autorisation : exercice de certaines professions

Exemples : médecins, avocats, psychologues, etc.

 Remarque : certains comportements ont un caractère implicite

o Exemple : articles 1382 et 1383 de l’ancien Code civil :

« Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui
par la faute duquel il est arrivé, à le réparer ».

« Chacun est responsable du dommage qu'il a causé non seulement par son fait,
mais encore par sa négligence ou par son imprudence »,

 Interdiction de commettre une faute ? Pas dans le texte = implicite

 Intensité variable du caractère obligatoire des règles de droit :

1) Règles supplétives (auxquelles on peut déroger) :

• Notion : obligatoires, SAUF dérogation des destinataires

• Exemple : article 1651 de l’ancien Code civil

« S'il n'a rien été réglé à cet égard lors de la vente, l'acheteur doit payer au lieu
et dans le temps où doit se faire la délivrance ».

2) Règles auxquelles on peut déroger sous conditions ou on ne peut pas déroger :

• Notion : dérogations limitées ou impossibles

• Distinction : règles impératives ou d’ordre public

• Critère de distinction ? intérêts protégés

 Régime des règles impératives :

o Notion : protection des intérêts privés (article 1.3 du Code civil)

o Exemple : dispositions de la loi du 3 juillet 1978 sur les contrats de travail

o Violation :

• Nullité de l’acte : anéantissement par le juge

• Nullité relative

 Invoquée par la partie protégée

 Le juge ne peut la soulever d’office

 Confirmation possible en justice

 Régime des règles d’ordre public :

o Notion : règles assurant la protection de l’ordre public (des fondements

essentiels de l’état) (article 1.3, alinéa 4, du Code civil)

 Rapports état – particuliers : fonctions régaliennes (police, défense, etc.)

 Rapports particuliers – particuliers : règles fixant les bases de l’ordre

économique, moral, social ou environnemental de la société (statut des
personnes, minorité, etc.)

o Violation : nullité absolue

 Un tiers intéressé peut l’invoquer (ex : Ministère public)

 Le juge peut la soulever d’office

 Confirmation pas possible en justice

 Distinction entre les normes supplétives, impératives et d’ordre public :

1) Texte : exemple de l’article 5.3, alinéa 2, du Code civil

« Les dispositions du présent livre [i.e. Livre 5 sur les obligations] sont
supplétives, à moins qu'il résulte de leur texte ou de leur portée qu'elles
présentent, en tout ou en partie, un caractère impératif ou d'ordre public ».

2) Travaux préparatoires : exemple de l’article 1244 de l’ancien Code civil

« Le juge peut […] accorder des délais modérés pour le paiement et faire
surseoir aux poursuites, même si la dette est constatée par un acte
authentique, autre qu'un jugement ».
« la disposition de l’article 1244 du Code civil (…) constitue une disposition fondée
sur l’ordre public, qui pour cette raison, ne peut dépendre de la forme de
l’obligation » (Doc. Parl., Sénat, sess. ord. 1937-1938, Pasin., 1938, p. 228).

3) Objet et sanction de la règle : exemple du droit pénal qui est d’ordre public
3.3. Caractère coercitif (pouvoir de contrainte)

3.3.1. Sanction

3.3.1.1. Notion

 Définition : conséquence du non-respect de la norme

 Place de la sanction :

1) A l’échelle de l’ordre juridique :

• Exemple : l’article 8, §1er, de la loi du 22 août 2002 :

« Le patient a le droit de consentir librement à toute intervention du

praticien professionnel moyennant information préalable ».

Sanction du non-respect ? Article 1382 de l’ancien

Code civil
 2) A l’échelle de la norme

• Exemple : l’article 417/11 du Code pénal

« On entend par viol tout acte qui consiste en ou se compose d'une

pénétration sexuelle de quelque nature et par quelque moyen que ce soit,
commis sur une personne ou avec l'aide d'une personne qui n'y consent
pas.

Cette infraction est punie de la réclusion de dix ans à quinze ans »

 Importance de la sanction : pas de sanction = pas de règle juridique

3.3.1.2. Catégories

1) Anéantissement de l’acte juridique ou limitation de son efficacité

o Nullité d’un contrat ou d’un acte des autorités publiques

 Exemple : annulation d’une loi contraire à la Constitution

o Inopposabilité d’un acte juridique en cas de fraude

 Consécration : 5.243 du Code civil

« Le créancier peut attaquer en son nom personnel les actes juridiques du

débiteur accomplis en méconnaissance frauduleuse de ses droits de
recours, à la condition que sa créance soit née avant l'acte juridique
attaqué. […]

Cette action entraîne l'inopposabilité de l'acte juridique au créancier,

sans préjudice de la réparation du dommage s'il y a lieu. […] »
2) Exécution forcée de l’obligation (en droit des contrats)

o Exécution en nature : exécuter ce qui est initialement prévu (article 5.234 du

Code civil) (primauté)

o Exécution par équivalent : réparation du préjudice par des dommages et

intérêts (article 5.237 du Code civil) = substitut si exécution en nature
impossible ou constitutive d’un abus de droit
 Exercice : départ d’un locataire qui ne paie plus son loyer et qui
déménage chez ses parents

Sanction prévue par le droit (remède du bailleur) :

• Exécution en nature ? rester dans le bien + payer le loyer

 Non : sanction abusive (=/= Primauté)

• Exécution par équivalent ? Laisser partir + dommages et intérêts

 Oui : sanction pas abusive et satisfaisante pour le bailleur

 Plus de détails : cf. leçon n° 6 sur le droit des contrats

3) Réparation du dommage extracontractuel (article 1382 de l’ancien Code civil)

o Différence réparation en nature ou par équivalent (n° 1.030 du Manuel :

renvoi à la leçon n° 7 sur la responsabilité civile extracontractuelle)

4) Privation d’un droit ou d’une liberté (droit pénal)

o Réclusion, emprisonnement, peine de surveillance électronique, peine

de travail ou peine de probation autonome (article 7 du Code pénal)

o Atteinte au patrimoine (amende)

o Interdictions :

 Vote et éligibilité (article 31 du Code pénal)

 Indignité successorale (article 4.6 du Code civil)

3.3.2. Contrainte

 Notion : possibilité d’obtenir la sanction en cas de non-respect

 Concrètement : possibilité d’avoir accès à un juge

 Deux remarques :

1) Recours à la force publique = apanage de l’État

• ! État a le monopole de la violence ! (=/= justice privée)

2) Revers de la médaille = exercice conditionné de la force publique

• Idée : pas d’exception aux règles juridiques pour l’État

Numéros de la leçon à ne pas étudier : n° 1.034, n° 1.035 et n° 1.038