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Leçon 3.

La personne
Introduction

 Aperçu de la notion de personne en droit belge

 Remarque terminologique : « personne » = « sujet de droit »

 Deux catégories à examiner

1) Personnes physiques

2) Personnes morales
Questions introductives : s’agit-il de personnes au sens juridique du terme ?
1. La notion de « personne »

 Définition : le titulaire de droits et d’obligations dans un ordre juridique déterminé

 Deux remarques :

1) Personne : destinataire primaire et secondaire de la règle de droit (rappel)

2) Personne = « fiction juridique » :

• Pas une réalité naturelle

• Ordre juridique décide qui est ou non une personne (physique ou morale)

o Exemple en droit international : états = sujets primaires ; organisations


internationales = sujets dérivés

États et organisations internationales = personnes de droit


international
 Conséquences de la personnalité juridique :

1) Capacité de jouissance : être titulaire de droits et d’obligations

• Exemple : être propriétaire d’une maison

2) Capacité d’exercice : le fait de pouvoir exercer ses droits et ses obligations

• Exemple : pouvoir vendre ou louer la maison dont on est propriétaire (=


exercer son droit de propriété)
2. La personne en droit interne

2.1. La personne physique

2.2.1. La personnalité et la capacité de jouissance

 Notion « d’être humain » = personne physique de la naissance jusqu’à la mort

 Acquisition de la personnalité juridique :

1) Enfant né

2) Enfant né vivant (=/= mort né)

3) Enfant né vivant et viable


 Personne au sens juridique du terme ?

Non…

o Tempérament : acquisition de la personnalité au moment de la


conception dans certains cas où l’enfant y trouve un intérêt

• Exemple : article 4.137, alinéa 1er, du Code civil

« Pour recevoir une donation, il suffit d'être conçu au moment de la


donation ».

Conception suffit pour être considéré comme une personne


et donc pour pouvoir recevoir une donation
 Perte de la personnalité juridique = Décès

o Notion de décès ? Aucune définition légale

o Consensus : mort cérébrale = cessation irréversible du fonctionnement


du cerveau (« encéphalogramme plat »)
 Conséquence de la personnalité juridique = capacité de jouissance

o Rappel de la notion : capacité d’être titulaire de droits et d’obligations

o Exceptions : « incapacités spéciales de jouissance »

o Exemple 1 : incapacité d’élire et d’être élu des mineurs

o Exemple 2 : incapacité à hériter du défunt (indignité successorale) si


vous l’avez assassiné… (article 4.6 du Code civil)
2.1.2. La capacité d’exercice

 Notion : aptitude à exercer des droits et des obligations de façon autonome


sans représentation ou autre modalité de protection

 Plusieurs statuts :

1) Personnes physiques majeures = capacité générale d’exercice

2) Existence de statuts de protection = capacité limitée d’exercice =


personne en situation de faiblesse ou de vulnérabilité

• Exemple 1 : le mineur d’âge (cf. infra)


• Exemple 2 : le majeur sous régime d’administration
provisoire (article 488bis, §1er, de l’ancien Code civil)

« Le majeur qui, en raison de son état de santé, est totalement


ou partiellement hors d'état de gérer ses biens, fût-ce
temporairement, peut, en vue de la protection de ceux-ci, être pourvu
d'un administrateur provisoire, lorsqu'il n'est pas déjà pourvu d'un
représentant légal ».

Administrateur provisoire exerce les droits de la personnes protégées


 Mineur d’âge : celui qui n’a pas atteint 18 ans (article 388 de l’ancien Code civil)

 Principes :

1) Pas de capacité d’exercice

2) Qui exerce les droits du mineur ? = les parents par leur autorité parentale

• Capacité à représenter l’enfant pour les actes juridiques à accomplir


(parents agissent « qualitate qua »)

• Capacité de déterminer les orientations de la vie de leur enfant


 Modalités d’exercice de l’autorité parentale :

1) Parents vivent ensemble (article 373 de l’ancien Code civil) :

• Exercice conjoint de l’autorité parentale

• + Présomption d’accord parental à l’égard des tiers de bonne foi

2) Parents séparés (article 374 de l’ancien Code civil) :

• Exercice conjoint et présomption s’appliquent également

• Mais il existe des exceptions…


• … à l’exercice conjoint de l’autorité parentale si séparation :

1. « nécessité que commande la pratique »

 Chaque parent peut prendre des décisions sur les


questions éducatives de la vie quotidienne ou de soins
de santé SANS en aviser l’autre préalablement

2. Article 374, alinéa 2, de l’ancien Code civil :

« A défaut d'accord sur l'organisation de l'hébergement de


l'enfant, sur les décisions importantes concernant sa santé, son
éducation, sa formation, ses loisirs et sur l'orientation religieuse
ou philosophique ou si cet accord lui paraît contraire à l'intérêt
de l'enfant, le tribunal de la famille compétent peut confier
l'exercice exclusif de l'autorité parentale à l'un des père et
mère »
 Remarque et réflexion sur l’incapacité générale d’exercice du mineur :

• Exceptions à l’incapacité d’exercice : croissent depuis quelques années

• Conséquence : existence d’une « capacité d’exercice résiduelle »

• Exemple : article 12, §2, de la loi du 22 août 2002

« Suivant son âge et sa maturité, le patient est associé à l'exercice de ses


droits. Les droits énumérés dans cette loi peuvent être exercés de manière
autonome par le patient mineur qui peut être estimé apte à apprécier
raisonnablement ses intérêts »

Un enfant de 14 ans jugé apte à apprécier ses intérêts


pourrait poser des choix concernant des soins de santé,
comme le fait de se soumettre ou une à une
chimiothérapie
2.2. La personne morale

2.2.1. La notion de personne morale

 Définition : entité constituée d’un ensemble de personnes – physiques ou


morales – à laquelle le droit attribue une personnalité juridique

 Conséquences de l’attribution de la personnalité juridique aux PM

1) PM : capacité de jouissance (titulaires de droits et d’obligations)

2) PM : patrimoine propre = distinct de leurs membres


2.2.2. Catégories de personnes morales

2.2.2.1. Personnes morales de droit public

 Exercent des missions de service public et servent l’intérêt général

 Disposent de prérogatives de puissance publique

 Exemples : autorité fédérale, autorités fédérées, communes, etc.


2.2.2.2. Personnes morales de droit privé

 Catégorie résiduaire (tout ce qui n’est pas PM de droit public)

Personne morale de droit américain

 Limitation de principe de la capacité de jouissance = « Principe de spécialité »

1) Spécialité légale :

• Pas d’actes en dehors du cadre légal pour lequel la PM a été institué


(Cf. le Code des sociétés et des associations)

• Exemple : distribution de profits par une ASBL = acte nul


2) Spécialité statutaire :

• Notion de statut : acte constitutif de la société

• Pas d’actes en dehors de l’objet de la société défini par les statuts

• Exemple : ASBL ayant pour objet la promotion des jeux d’échecs

• Peut pas se lancer dans la vente de logiciels informatiques


 Classification des personnes morales de droit privé

1) Les sociétés (article 1:1 du CSA)

o Notion :

• Associés
• Faisant un apport en numéraire, en nature ou en industrie
• Afin de procurer un avantage patrimonial directe ou indirecte

o Classification (PM) :

• Société en nom collectif,


• Société en commandite,
• Société à responsabilité limitée,
• Société anonyme,
• Etc.
o Un des buts de la société :

Procurer un avantage patrimonial aux associés


2) Les associations (article 1:2 du CSA)

o Notion :

• Membres
• Exercent une activité formant l’objet de l’association
• Dans un but désintéressé (=/= avantage patrimonial)

o Tempérament à l’absence d’avantage patrimonial :

• Distribution d’un avantage patrimonial dans un but désintéressé

• Exemple : association luttant contre la précarité

• Peut tout de même distribuer des repas chauds à des


citadins dans le besoin et même à ses membres

o Classification (PM) : ASBL et AISBL


3) Les fondations (article 1:3 du CSA)

o Notion:

• Fondateurs
• Affectent un patrimoine
• À la réalisation d’un but déterminé (forcément désintéressé)

o Classification (PM) :

• Fondation privée
• Fondation d’utilité publique
Le reste = toute fondation qui n’est
pas reconnue par le Roi comme
fondation d’utilité publique
 Capacité d’exercice des personnes morales : intermédiaire de leurs organes

o Rappel : PM = fiction juridique = il faut donc agir par des organes

o Notion d’organe : entités agissant au nom et pour le compte des PM

o Conséquence : organe engage la société pour les actes juridiques accomplis en


cette qualité d’organe

• Exemple : CEO d’un bureau d’études d’ingénieurs (SRL) achète un bâtiment


pour son activité = cet acte engage directement sa société

o Exemples d’organes :

o Assemblée générale : on délibère

o Conseil d’administration : on prend des décisions qui engagent la société


Numéros de la leçon à ne pas étudier ou à étudier partiellement : n° 3.011, n° 3.013, n°
3.025 (classification des sociétés = PM), n° 3.026 (classification des associations = PM), n°
3.027 (classification des fondations = PM)
Merci

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