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Leçon 7.

La responsabilité
extracontractuelle
1. Introduction

 Principe : tout personne doit répondre des fautes qu’elle a commises

 Deux sortes de responsabilités : responsabilité civile et pénale

Contractuelle
et
extracontractuelle
1.1. Distinctions fondamentales

1.1.1. Distinction entre responsabilités pénale et civile

1) La responsabilité pénale

o Notion : personne physique ou morale enfreint la loi pénale = responsabilité


pénale

o Objectif : protection de l’ordre public = sanction des fautes pénales

o Remarque sur la relation faute pénale et faute civile (important !) :

• Principe : faute pénale peut occasionner un dommage à un tiers

• Exemple : coup de poing à un tiers = lésion corporelle

• Conséquence : faute pénale = faute civile (poursuite de l’auteur au pénal


et indemnisation de la victime au civil)
2) La responsabilité civile

1. Responsabilité extracontractuelle

o Notion : personne physique ou morale cause un dommage à un tiers par sa faute

o Objectif :

• Principe : indemnisation de la victime du dommage (=/= protection ordre


public)

• Conséquence : existence de responsabilités sans faute = « fait générateur »


suffit

• Exemple : morsure d’un chien = responsabilité de son gardien sans qu’il soit
requis que ce dernier ait commis une faute (article 1385 de l’ancien Code
civil)

o Remarque terminologique : responsabilité extracontractuelle = responsabilité


aquilienne = responsabilité délictuelle = responsabilité quasi-délictuelle
2. Responsabilité contractuelle

o Notion : inexécution imputable d’une obligation contractuelle = responsabilité


contractuelle (articles 5.82, 5.83 et 5.225 du Code civil)

o Conséquence : cf. supra leçon 6, partie II


1.1.2. Le cumul des responsabilités contractuelle et extracontractuelle

 Question : peut-on choisir d’agir en responsabilité extracontractuelle entre


cocontractants ? = question du concours ou de l’option des responsabilités

o Réponse : oui mais à des conditions restrictives

o Raison d’une telle action ? contourner une clause d’exonération de responsabilité

 Exemple : l’opération d’un patient ratée par un chirurgien (avec lequel le patient a
directement contracté)

Patient agit en responsabilité extracontractuelle


pour contourner une clause d’exonération de la
responsabilité contractuelle prévue dans le contrat
 Deux principes issus de la jurisprudence de la Cour de cassation :

1) La règle

• Conditions de l’option des responsabilités :

 Manquement à une obligation générale de prudence et

 Manquement a causé un dommage autre que celui résultant de la


mauvaise exécution du contrat

• Conséquence = pas d’option possible si :

 Faute consiste uniquement en un manquement contractuel ou

 Dommage causé par ce manquement pas différent de celui


résultant de la mauvaise exécution du contrat
2) L’exception

• Principe : l’action en responsabilité extracontractuelle est toujours permise


lorsque le manquement contractuel = infraction pénale

• Exemple : les coups et blessures involontaires (articles 418 et ss. du Code


pénal). Le plus souvent, le patient dont l’opération a raté pourra donc choisir
d’agir en responsabilité extracontractuelle, vu que la faute du chirurgien
constitue généralement une atteinte à son intégrité physique
2. La responsabilité du fait personnel

2.1. Les éléments constitutifs de la responsabilité du fait personnel

 Bases légales : articles 1382 et 1383 de l’ancien Code civil

o Article 1382 : « Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un


dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer »

o Article 1383 : « Chacun est responsable du dommage qu'il a causé non


seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence »

 Triptyque magique : faute – dommage – lien causal


2.1.1. La faute

 Notion : violation d’une norme de conduite préexistante

 Deux sortes de normes de conduite :

1) Violation d’une disposition légale imposant un comportement déterminé

2) Violation du comportement qu’aurait adopté dans les mêmes circonstances


par une personne raisonnable et prudente

 Deux remarques :

o Faute la plus légère = suffit pour engager la responsabilité extracontractuelle

o Distinction entre la faute volontaire et involontaire = sans importance (ex. : le


fait de planter un pylône sur un terrain sans avoir conscience du fait qu’il
appartient à autrui n’empêche pas de conclure à l’existence d’une faute)
2.1.1.1. Sources de la norme de conduite

 Deux sources :

1) Violation de la loi imposant un comportement déterminé

• Principe : violation de la loi = faute extracontractuelle

• Exemple classique : faute pénale = faute civile

Coups et blessures volontaires


(article 392 du Code pénal)
=
Faute extracontractuelle
2) Violation de la norme générale de prudence

• Principe : violation du « critère de la personne prudente et raisonnable »

• Contenu : comparaison du comportement litigieux avec celui qu’aurait


adopté toute personne prudente et raisonnable placée dans les mêmes
circonstances

• Deux remarques :

 Personne prudente et raisonnable : appréciation abstraite = pas de


prise en compte des qualités personnelles de l’auteur de la faute
dans l’appréciation (ex. : âge, maturité ou expérience)

 Multitude de fautes possibles avec ce critère : abus de droit, rupture


abrupte des pourparlers lors de la formation d’un contrat (culpa in
contrahendo), etc.
2.1.1.2. L’imputabilité ou le comportement libre et conscient

1) Notion de capacité de discernement

o Imputabilité faute = discernement : capacités cognitives et volitives nécessaires


pour comprendre les conséquences dommageables de son comportement

o Contenu : appréciation concrète = prise en compte des qualités personnelles de


l’auteur de la faute (ex. : âge, maturité ou expérience)

o Absence de discernement :

Pas le
résultat
d’une
faute !
Enfants en bas âge Trouble mental Perte passagère
(pas de de discernement
discernement
avant six ans)
2) Cause de justification

o Notion : circonstance externe qui s’impose à une personne et qui lui fait
perdre le contrôle de ses actes ou de son libre arbitre

o Caractéristiques : circonstances imprévisibles et invincibles

o Deux exemples :

Légitime défense État de nécessité (infraction


commise pour protéger un
intérêt jugé supérieur)
2.1.2. Le dommage

 Notion : perte d’un avantage quelconque ou la lésion d’ordre matériel ou


immatériel d’un intérêt légitime (définition très large)

 Exemples de postes de dommage :

o Dommage corporel (perte d’une jambe dans un accident)

o Dommage matériel (perte d’une voiture dans un accident)

o Dommage moral (perte d’un proche lors d’un accident)

o Dommage économique (perte de revenus à la suite d’un accident)


 Trois caractères du dommage réparable :

1) Certain : pas d’indemnisation d’un dommage hypothétique ou éventuel


(dommage doit être certain dans son existence et non dans son montant)

2) Légitime

• Principe : pas d’indemnisation d’un intérêt illicite

• Exemple : la perte de revenus d’un travail au noir = pas d’indemnisation


pour la perte de rémunération subie par le travailleur

3) Personnel

• Principe : victime doit avoir subi personnellement le dommage

• Attention : indemnisation du dommage indirect ou par répercussion

o Exemple : dommage personnel, mais indirect d’un parent = le


parent voit des souffrances de son enfant blessé dans un accident
2.1.3. Le lien causal entre le fait générateur et le dommage

 Notion : lien de cause à effet (trait d’union) entre la faute et le dommage

 Conception de la causalité = théorie de « l’équivalence des conditions »

o Principe : lien de causalité lorsque la faute est la condition sans laquelle le


dommage ne se serait pas produit in concreto (« condition sine qua non »)

o Exemple : refus de priorité de droite et dégâts matériels à la voiture de la


victime. Le refus de priorité (faute) est la condition sine qua non des dégâts à
la voiture (dommage) = lien de causalité entre la faute et le dommage

 Preuve : elle revient à la victime de la faute et du dommage


 Deux questions :

1) Dommage causé par plusieurs fautes

o Principe : on retient toutes les fautes causales (gravité sans importance)

o Conséquence : tout fautif = tenu à la réparation intégrale (infra, n° 2.3.3)

2) Dommage causé en partie par la faute de la victime

o Principe : on tient compte de sa faute causale dans l’évaluation de son


dommage

o Exemple : une personne monte dans la voiture d’un conducteur alcoolisé.


Accident en raison de l’alcool = faute du conducteur et de la victime (être
montée dans le véhicule dans ces circonstances) causales = 90%
d’indemnisation du dommage que la victime réclame au conducteur
2.3. Conséquences de la responsabilité

2.3.1. Le principe de la réparation

 Principe : responsable de la faute doit indemniser la victime de son dommage

o Évaluation du dommage : appréciation concrète = prise en compte des


qualités personnelles de la victime

o Exemple : un préjudice d’agrément à la suite d’un accident (impossibilité de


prendre par à un hobby) = indemnisation plus importante chez un jeune
marathonien que chez une personne âgée et sédentaire
 Réparation intégrale :

o Principe : réparation de tout le dommage causé à la victime

o Objectif : replacer la victime dans la situation qui était la sienne avant la


survenance du dommage (dans la mesure du possible)

o Tempérament : la réparation ne peut enrichir la victime

Une voiture déclassée

= il faut tenir compte de la vétusté


du véhicule (valeur réelle avant
sinistre et non valeur à neuf)
 Deux sortes de réparation :

1) Réparation en nature (article 5.237 du Code civil)

o Principe : réparation au sens propre du terme (équivalent « non pécunier »)

o Exemple : un accident de voiture avec la clôture du voisin = réparation de la


clôture au sens propre du terme par l’auteur du dommage

o Remarque : réparation en nature = rare en pratique

2) Réparation pécuniaire (article 5.237 du Code civil)

o Principe : réparation en nature impossible ou abusive = réparation par


équivalent prononcée par les cours et tribunaux

o Contenu : réparation par dommages et intérêts (équivalent « pécunier »)


2.3.3. Pluralités de fautes : condamnation in solidum à procéder à la réparation

 Notion : les débiteurs sont tenus in solidum lorsque, hors les cas de la solidarité et
de l'indivisibilité passives et bien qu'ils soient liés envers le créancier par des
obligations distinctes, ils sont chacun tenus à la totalité du paiement (article 5.168
du Code civil) = Plusieurs fautes ont contribué au même dommage

 Exemple : une maison s’écroule en raison d’un défaut de conception = fautes de


l’architecte et de l’entrepreneur prouvées = réparation in solidum

 Fonctionnement de la réparation ?

1. Le stade de l’obligation à la dette (rapport auteurs – victime) ;

2. Le stade la contribution à la dette (rapport auteur – auteur = règlement de


comptes entre les auteurs du dommage après indemnisation de la victime)
1) Obligation à la dette (articles 5.161 et 5.169 du Code civil)

o Principe : droit d’élection de la victime = peut réclamer la réparation


intégrale de son dommage à chaque auteur

o Tempérament : victime ne peut obtenir plus que son dommage (=/=


réclamer plusieurs fois l’indemnisation)

Victime Dommage de 400 EUR


(400 EUR)
Action au choix = Obligation à la dette
contre A1 et A2

La victime peut demander à l’auteur


Auteur 1 Auteur 2 1 de payer les 400 EUR – Pas
d’argent ? Demande à l’auteur 2 de
les payer (inverse possible)
2) Contribution à la dette (articles 5.164 et 5.169 du Code civil)

o Question : que peut faire l’auteur de la faute qui a entièrement indemnisé


la victime de son dommage ? Il ne doit pas assumer tout le dommage

o Principe : action contre le co-auteur afin qu’il le rembourse à concurrence


de la part de responsabilité qu’il assume dans le dommage de la victime

o Calcul de la part du co-auteur ? règle de base = divisibilité de la dette :


division de plein droit de l’obligation en fonction du nombre de fautifs

Victime Auteur 1 paye les 400 EUR à la victime


(400 EUR)
= Contribution à la dette :
Action
Paye 400

L’auteur 1 peut agir contre l’auteur 2


Auteur 1 Auteur 2 pour lui réclamer sa part dans le
dommage (200 EUR = 400 EUR/2)
Réclame 200
NB : les principes généraux de la responsabilité extracontractuelle…
3. Hypothèses particulières de responsabilité extracontractuelle

3.1. Les responsabilités du fait d’autrui

 Base légale fondamentale : article 1384 de l’ancien Code civil

« On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait,
mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou
des choses que l'on a sous sa garde.
Le père et la mère sont responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs.
Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et
préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés.
Les instituteurs et les artisans, du dommage cause par leurs élèves et apprentis
pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance.
La responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que les père et mère, instituteurs et
artisans, ne prouvent qu'ils n'ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette
responsabilité ».
3.1.1. La responsabilité des parents

3.1.1.1. Le principe et le fondement

 Rappel de la base légale : article 1384, alinéa 2, de l’ancien Code civil

 Deux fondements :

o Moral : parents doivent surveiller et éduquer leurs enfants (cumulatif)

o Pragmatique : enfants mineurs ne sont généralement pas solvables

Plutôt rare en pratique


3.1.1.2. Conditions

1) Un enfant mineur

o Principe : appréciation de la minorité au jour du fait dommageable

o Conséquence : parents restent tenus de répondre des faits de leur enfant


mineur devenu majeur entretemps

2) Des parents

o Principe : parents biologiques ou adoptifs (filiation légale)

o Conséquence : les grands-parents et les tuteurs ne sont pas considérés


comme des parents au sens de l’article 1384, alinéa 2, du Code civil
3) Une faute ou un acte objectivement illicite de l’enfant

o Faute = capacité de discernement dans le chef de l’enfant (question de fait)

Responsabilité personnelle de l’enfant s’ajoute à celle des parents

o Acte objectivement illicite = pas de capacité de discernement

• Notion : acte qui aurait été considéré « comme une faute » si l’enfant avait
été doué de la capacité de discernement

• Exemple : un enfant frappe son camarade de classe = acte qui aurait été
considéré comme une faute s’il avait été commis par un adulte

• Conséquence : acte objectivement illicite suffit pour retenir la


responsabilité des parents, mais pas la responsabilité de l’enfant

4) Dommage et lien causal


3.1.1. Conséquences

 Principe : double présomption de faute dans le chef des parents

1) Défaut d’éducation

2) Défaut de surveillance

 Caractère de la présomption = réfragrable

o Renversement de la présomption : démonstration de l’absence de faute dans


l’éducation et la surveillance de l’enfant

o Appréciation en fait : dépend de la possibilité d’exercer une surveillance sur


l’enfant (« événement soudain et imprévisible », ex. : accident dans un
château gonflable), de son âge ou de son parcours de vie (pour l’éducation)

 En outre : les parents peuvent toujours contester l’existence du dommage et du


lien de causalité entre l’acte illicite de leur enfant et le dommage
3.1.2. La responsabilité des maîtres et commettants

3.1.2.1. Le principe et le fondement

 Rappel de la base légale : article 1384, alinéa 3, de l’ancien Code civil

 Fondement : il reste un peu flou…

o Économique : employeur supporte le risque lié à l’activité du préposé


(souvent un « employé »)

o Pragmatique : employeur est souvent plus solvable que son employé

Riche Pauvre
3.1.2.2. Conditions

1) Un préposé et un commettant

o Condition : lien de subordination (ou de « préposition »)

o Notion de subordination : le préposé doit se trouver sous l’autorité et la


surveillance du commettant (= recevoir des ordres et des instructions)

o Exemples classiques : le contrat de travail et le statut de la fonction publique

2) Faute du préposé, un dommage et un lien de causalité

3) Faute commise dans le cadre des fonctions

o Principe : existence d’un lien de connexité entre la faute et les fonctions (ce qui
n’est pas le cas pour les fautes commises par le préposé pendant ses vacances)

o Abus de fonctions : permet généralement d’engager la responsabilité du


commettant (ex. : détournement de fonds par un agent de banque = engage la
responsabilité de la banque)
3.1.2.3. Conséquences

 Régime de responsabilité objectif :

o Principe : pas de présomption de faute dans le chef du commettant

o Caractère de la présomption : irréfragable = commettant ne peut pas la


renverser en démontrant l’absence de faute présumée dans son chef !

o Nuance : commettant peut contester la réunion des conditions d’application


de la présomption exposées au point précédent (supra, 3.1.2.1.)
 Remarque : article 18 de la loi du 3 juillet 1978 relative aux contrats de travail

« En cas de dommages causés par le travailleur à l'employeur ou à des tiers dans


l'exécution de son contrat, le travailleur ne répond que de son dol et de sa faute
lourde.
Il ne répond de sa faute légère que si celle-ci présente dans son chef un caractère
habituel plutôt qu'accidentel […] » (cf. art. 2 de la loi du 10 février 2003 pour
l’équivalent applicable à la fonction publique)

Immunité de responsabilité civile personnelle de l’employé

Commettant ne peut s’en prévaloir pour éluder sa responsabilité


3.1.3. Responsabilité des instituteurs et artisans

3.1.3.1. Fondement

 Rappel de la base légale : article 1384, alinéa 4, de l’ancien Code civil

 Fondement : instituteurs et artisans doivent surveiller leurs élèves ou apprentis


pendant le temps de l’enseignement qu’ils prodiguent

3.1.3.2. Conditions

1) Un artisan et un apprenti…

o Artisan : celui qui dispense un enseignement technique ou professionnel

o Apprenti : celui qui apprend son métier auprès de l’artisan


2) … ou un instituteur et un élève

o Instituteur :

• Notion : celui qui dispense un enseignement englobant la transmission de


connaissances techniques ou intellectuelles, mais aussi tout autre
communication scientifique, professionnelle, morale ou sociale

• Exemples d’enseignant en jurisprudence : éducateurs (chargés d’un


enseignement), professeurs de sport ou de musique = très large

o Élève :

• Notion : celui qui reçoit l’enseignement de la part d’un instituteur

• Remarque : pas de condition de minorité (=/= responsabilité des parents)


3) Une faute (ou AOI) de l’élève ou de l’apprenti

Lancer un cailloux dans la tête Tire au but et casse trois dents au


d’un camarade et lui casser trois gardien dans une cour de
dents = faute ou AOI récréation = pas une faute ou AOI

4) Une faute (ou AOI) pendant le temps de la surveillance

• A contrario : pas de responsabilité de l’instituteur si accident de vélo de


l’élève ou de l’apprenti alors qu’il est de retour chez ses parents

5) Un dommage et un lien causal


3.1.3.3. Conséquences

 Principe : présomption de faute de surveillance des instituteurs ou artisans

 Caractère de la présomption : réfragable = instituteur ou artisan peut la renverser en


démontrant qu’il n’a pas commis de faute de surveillance (question de fait)

o Exemple : un élève qui plante soudainement et subitement son compas dans l’œil
de son voisin (sans signe de dispute apparent entre les deux élèves). L’évènement
est si soudain et imprévisible que l’instituteur n’aurait rien pu y faire

 Deux remarques :

o Enseignants : bénéficient de l’immunité personnelle de responsabilité civile s’ils


sont employés ou statutaires dans une école (supra, n° 3.1.2.3)

o Cumul de la responsabilité des parents et instituteurs possible (ex. : un acte


dommageable commis par l’enfant alors qu’il était à l’école. On engage la
responsabilité des parents et de l’instituteur)
3.2. Régimes particuliers de responsabilité du fait des choses issus du Code civil

3.2.1. Responsabilité du gardien d’une chose affectée d’un vice

3.2.1.1. Le principe et le fondement

 Rappel de la base légale : article 1384, alinéa 1er, de l’ancien Code civil

« On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait,
mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou
des choses que l'on a sous sa garde »

 Fondement : pragmatique = le gardien assume le dommage causé par ses choses


3.2.1.2. Conditions

1) Un gardien de la chose

o Notion : celui qui, pour son propre compte, use, jouit ou conserve la chose
avec un pouvoir de surveillance et de contrôle

o Remarque sur la notion de gardien :

• Propriétaire d’une chose : il n’est pas toujours son gardien

• Garde : notion de fait qui dépend des circonstances (ex. : le prêt d’une
chose avec un pouvoir de direction et de contrôle)
2) Un vice de la chose

o Notion de vice : caractéristique anormale de la chose qui l’écarte de son


modèle de référence et susceptible de causer un dommage

o Remarques :

• Conception fonctionnelle du vice : comparaison de la chose litigieuse


avec un « modèle abstrait de référence » (= modèle standard)

• Caractères du vice : doit pas être permanent, ni connu du gardien et il


peut résulter de l’adjonction d’une chose à une autre

• Exemple : une feuille de salade sur le sol d’une grande surface. Feuille de
salade présente dans le rayon informatique = caractéristique anormale
du sol et donc un vice – Feuille de salade présente dans le rayon fruits et
légumes = caractéristique normale du sol et donc pas un vice
3.2.1.3. Conséquences

 Nature de la responsabilité : irréfragable

 Conséquence : gardien de la chose ne peut pas la renverser en essayant de


démontrer qu’il n’a pas commis de faute

 Tempérament : gardien peut toujours contester la réunion des conditions


d’application de la responsabilité exposées au point précédent (supra, n° 3.2.1.2.)
3.2.2. Responsabilité du fait des animaux

3.2.2.1. Le principe et le fondement

 Base légale pertinente : article 1385 de l’ancien Code civil

« Le propriétaire d'un animal, ou celui qui s'en sert, pendant qu'il est à son usage,
est responsable du dommage que l'animal a causé, soit que l'animal fût sous sa
garde, soit qu'il fût égaré ou échappé »

 Fondements :

o Moral : un animal présente un risque que son gardien doit assumer

o Pragmatique : un animal n’a pas la personnalité juridique et on ne peut


donc agir contre lui = son gardien assume le dommage qu’il cause à autrui
3.2.2.2. Conditions

1) Un animal domestique ou sauvage (s’il dispose d’un gardien)

2) Un fait ou un acte de l’animal ayant causé un dommage


3) Un gardien de l’animal

o Notion de gardien : celui qui a la maitrise de l’animal au moment du fait


dommageable, c’est-à-dire un pouvoir de direction et de contrôle (sans
intervention du propriétaire à ce moment)

o Remarque : propriétaire n’est pas toujours le gardien de l’animal

o Exemple : un chien promené par des amis d’une personne partie en vacances.
Gardien = l’ami qui a le pouvoir de direction et de contrôle lors de la promenade
3.2.2.3. Conséquences

 Nature de la responsabilité : irréfragable

 Conséquence : gardien de l’animal ne peut pas la renverser en essayant de


démontrer qu’il n’a pas commis de faute

 Tempérament : gardien peut toujours contester la réunion des conditions


d’application de la responsabilité exposées au point précédent (supra, n° 3.2.2.2.)
Merci

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