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CH 8

LA RESPONSABILITÉ
I - LA RESPONSABILITÉ CIVILE
1) Principe général
Art 1382 du code civil : "Tout fait quelconque de l'homme qui cause un dommage à autrui oblige celui par la faute
duquel il est arrivé à le réparer."
 Cette réparation s'obtient uniquement au tribunal.

Dommage = Fait
préjudice + générateur

Lien de causalité
= C'est le fait qui provoque le dommage

Le dommage peut être :


 Corporel : ex Blessure
 Matériel : ex Détérioration d'un bien, manque à gagner
 Moral : ex Décès d'un proche, atteinte à l'honneur.

La victime doit prouver :


 qu'elle a subi un dommage
 que le dommage est la conséquence du fait générateur
 que le fait générateur a été commis par la personne que la victime attaque en justice

Il existe plusieurs régimes de responsabilité civile en fonction de la nature du fait générateur.


2) Spécificités de la responsabilité contractuelle
Ce régime de responsabilité implique l'existence d'un contrat.
LE FAIT GÉNÉRATEUR EST L'INEXÉCUTION DU CONTRAT.
La victime doit prouver que l'inexécution du contrat lui a provoqué un dommage
(Ex : le retard du transporteur provoque un manque à gagner pour une entreprise qui ne peut plus fabriquer ses
produits)

Le mécanisme du déclenchement de l'action en responsabilité est différent selon qu'il y a obligation de moyens ou
de résultat :
En cas d'obligation de résultat Si le résultat n'est pas atteint, le débiteur est présumé
responsable (présomption simple, c'est à dire que le débiteur peut
se défendre)

En cas d'obligation de moyens C'est à la victime (= créancier) de prouver que les moyens n'ont
pas été mis en oeuvre.

Rq : la responsabilité peut être limitée par une clause du contrat.


(Ex : fixation d'un montant de réparations maximum)

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3) Spécificités de la responsabilité délictuelle et quasi délictuelle


LE FAIT GÉNÉRATEUR EST UN FAIT JURIDIQUE.
On parle de responsabilité délictuelle quand le fait juridique est volontaire et fait avec intention de nuire : (Ex :
bâtir un mur très haut uniquement pour gêner son voisin)
On parle de responsabilité quasi-délictuelle quand le fait n'est pas volontaire ou était sans intention de nuire.
Le type de responsabilité engagé dépend de la nature du fait générateur
Nature du fait
Faute personnelle Faute d'un tiers Fait d'une chose
générateur
Définition Action volontaire ou Fautes de personnes dont on Accident provoqué par une
involontaire doit répondre chose dont on est le gardien
 L'employeur est responsable (Cela comprend également
de son salarié les dommages causés par
 L'artisan est responsable de les animaux et les bâtiments)
son apprenti
 Les parents sont
responsables de leurs
enfants
Exemples Une personne en Un salarié a un accident de Une personne glisse sur le
bouscule une autre qui se voiture en effectuant un sol mouillé d'un supermarché
blesse déplacement pour son travail. et se blesse.
Une personne est mordue
par un chien
Type de
RESPONSABILITE DU RESPONSABILITE DU RESPONSABILITE DU
responsabilité
engagé FAIT PERSONNEL FAIT D'AUTRUI FAIT DES CHOSES
Mécanisme de La victime doit prouver La victime doit prouver que le La victime doit prouver que la
mise en oeuvre que la personne qu'elle tiers a commis une faute. Ceci chose (ou l'animal) a
attaque en justice a établi, employeur, artisan ou provoqué le dommage.
commis une faute parents sont présumés
Rq : le gardien n'est pas
(volontaire ou par responsables.
forcément le propriétaire,
imprudence)
(Pour l'employeur et l'artisan la mais celui qui avait la garde
présomption est irréfragable = de la chose au moment de
ils n'ont pas le droit de prouver l'accident. C'est le gardien
le contraire, qui est responsable.
Pour les parents la
présomption est simple = ils
peuvent se dégager en
prouvant qu'ils n'ont pas
commis de faute de
surveillance de leurs enfants)

4) Causes d'exonération
Il est possible de se dégager de sa responsabilité (= prouver qu'on n'est pas responsable) dans trois cas :
 Cas de force majeure : le dommage a été provoqué par un événement imprévisible et irrésistible
ex Une tempête.
 Faute d'un tiers : le dommage n'a pas été causé par la personne attaquée mais par une autre
ex Monsieur Dupont a été bousculé par Monsieur Durand, se casse une jambe et lui demande des dommages
et intérêts. Monsieur Durand se dégage de sa responsabilité en disant qu'il a été lui-même bousculé par
Monsieur Martin.
 Faute de la victime : Le dommage a été provoqué par une faute de la victime
ex Monsieur Dupont est mordu par un chien après avoir frappé ce chien.

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5) Procédure de mise en oeuvre et conséquences


Le demandeur devant le tribunal est la victime du dommage
Le tribunal saisi est un tribunal civil :
TI ou TGI, tribunal de commerce (pour les litiges entre commerçants), prud'hommes pour les litiges liés au
contrat de travail.
Le tribunal inflige comme sanction des dommages et intérêts qui seront versés à la victime pour l'indemniser de
son préjudice. Le montant de D&I est évalué par le juge en fonction de l'importance du préjudice subi.
Délai de prescription : 10 ans en responsabilité civile délictuelle, 30 ans en responsabilité civile contractuelle

II - LA RESPONSABILITÉ PÉNALE
1) Principe général
3 éléments doivent être réunis :
Élément légal Élément matériel Élément moral
= Infraction prévue par un texte de = Réalisation de cette infraction = Volonté de nuire
loi (sauf exceptions, par exemple pour
l'homicide par imprudence)

2) Procédure de mise en oeuvre et conséquences


L'initiative du procès revient au ministère public, parfois conjointement avec la victime.
Les affaires sont jugées devant un tribunal pénal : tribunal de police, tribunal correctionnel, cour d'assises.
La sanction infligée dépend de la nature de l'infraction commise et sa gravité. Elle prévue dans les textes de loi

Type d'infraction Contravention Délit Crime


Description Violation d'un règlement Violation d'une loi Assassinat, viol,
– Atteinte au bien d'autrui fabrication de fausse
(Vol, escroquerie, ...) monnaie, attentats, ...
– Atteintes à l'intégrité
corporelle d'une personne
(violence, homicide
involontaire, ...)
Tribunal compétent Tribunal de police Tribunal correctionnel Cour d'assises
Sanctions – Travail d'intérêt – Amendes (> 3 750 €) Prison (10 ans minimum)
général – Prison jusqu'à 10 ans
– Amendes
Prescription 1 an 3 ans 10 ans

Les infractions peuvent entraîner des préjudices pour les victimes. Une action civile peut donc être menée
conjointement à l'action pénale selon le schéma suivant :

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RESPONSABILITÉ PÉNALE

responsabilité pénale uniquement responsabilités civile et pénale liées

Préjudice causé Préjudice causé


ou non à une victime

Option possible
mais irrévocable
de la victime

La victime se La victime
MINISTÈRE Ministère Ministère
constitue porte l'affaire
PUBLIC public public
partie civile au civil

ACTION PUBLIQUE
et ACTION CIVILE ACTION CIVILE
ACTION PUBLIQUE exercées en même exercée séparément ACTION PUBLIQUE
temps devant la de l'action publique
même juridiction

TRIBUNAL TRIBUNAL TRIBUNAL


TRIBUNAL CIVIL
RÉPRESSIF RÉPRESSIF RÉPRESSIF

PRIMAUTÉ DU JUGE RÉPRESSIF

SANCTION
SANCTION
+
SANCTION déterminée par la
dommages-intérêts.
lié à la gravité de la même juridiction qui
La décision pénale a
faute juge d'abord au
autorité de la chose
pénal puis au civil
jugée à l'égard du civil

III - PROLONGEMENT : EXEMPLES SPÉCIFIQUES


1) La responsabilité du fait des véhicules terrestres à moteur
Jusqu'en 1985, les litiges liées à la responsabilité après un accident de la route était entièrement réglé par la
jurisprudence
Cependant, des dispositifs particuliers ont été mis en place avec la loi du 5 juillet 1985.
Cette loi prévoit une indemnisation quasi systématique des victimes d'accidents de la route.
Cette loi s'applique dès lors qu'un véhicule terrestre à moteur (sauf train et tramway) est impliqué dans cet
accident, même si le véhicule est à l'arrêt.

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Les victimes sont les piétons,


les cyclistes et les personnes
transportées y compris en vertu
d'un contrat de transport (Taxi ou
bus). Lorsque la victime est le
conducteur, la loi prévoit que sa
faute limite ou fait disparaître son
indemnisation.
Certaines victimes seront
toujours indemnisées quel que soit
leur comportement : mineurs de
moins de 16 ans, majeurs de plus
de 70 ans, handicapés physiques
(cette disposition s'explique par la
vulnérabilité de ces victimes et le
fait que ce sont elles qui sont
majoritairement victimes des
accidents).
Les possibilités d'exonération
de l'auteur de l'accident se voient
fortement réduites : en effet, seule
la faute inexcusable et/ou la faute
volontaire (selon les cas) pourront
être invoquées ; ni la force
majeure, ni le fait d'un tiers ne
pourront être utilisés.

2) La responsabilité du producteur
Une directive européenne du 25 juillet 1985 a imposé aux États membres de l'Union européenne la mise en
place dans leur législation d'une responsabilité des professionnels du fait des produits défectueux. Cette directive a
été transposée par la Loi du 19 mai 1998. (Code civil articles 1386-6 à 1386-18).
Selon ces dispositifs, un produit est jugé défectueux dès lors qu'il n'offre pas à l'utilisateur la sécurité. Les
professionnels ont alors une responsabilité de plein droit, sans faute et extra-contractuelle. Cette responsabilité est
présumée, la victime n'a pas à prouver la faute du professionnel. Pour mettre en oeuvre l'action en responsabilité, la
victime n'a plus alors qu'à prouver le dommage et le lien de causalité.
Les possibilités d'exonération du professionnel sont très limitées. Le professionnel doit donc prendre toutes
les mesures permettant d'éviter les dommages par l'information ou le retrait immédiat des produits du marché. La
responsabilité pénale du producteur peut même être engagée sur le fondement de l'atteinte involontaire à l'intégrité
de la personne en cas d'accident provoqué par les produits fabriqués. (Selon la gravité des blessures provoquées,
cette infraction peut être considérée comme une contravention de 2ème classe, de 5ème classe ou un délit)
Ces dispositifs viennent s'ajouter aux dispositions traditionnelles du contrat de vente, garantie contractuelle
et garantie contre les vices cachés. (Voir Ch9 de droit de deuxième année sur la protection du consommateur)

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