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Résumé de l’introduction générale:

● L'importance croissante de la dimension juridique dans la création et le développement des entreprises, notamment des
Petites et Moyennes Entreprises, est un phénomène marquant de ces dernières années.
● Au Maroc, l'entreprise individuelle et la société commerciale sont les deux formes juridiques les plus courantes pour
l'organisation des entreprises.
● L'entreprise individuelle est exploitée par un commerçant seul, sans associé, et ne possède pas de personnalité et de
patrimoine distincts de ceux du commerçant.
● La société commerciale implique la collaboration de plusieurs associés et crée une personne morale distincte avec une
personnalité juridique propre.
● Les lois marocaines ont adapté le droit aux besoins de notre époque en introduisant la notion de personnalité juridique
distincte et de patrimoine séparé pour les sociétés.
● Les avantages de constituer une société au Maroc sont nombreux, tels que l'agrégation de forces pour développer un
projet commun, la séparation des patrimoines professionnel et privé, la facilitation de la transmission des patrimoines et
les avantages fiscaux.
● La personnalité morale conférée aux sociétés permet de pérenniser l'entreprise au-delà de la vie de ses fondateurs.
● Dans le contexte actuel de la pandémie de coronavirus et du confinement obligatoire, le cours de droit des sociétés
abordera cinq chapitres : la nature juridique de la société commerciale, la constitution de la société, les règles communes
de fonctionnement et de dissolution des sociétés commerciales, les principales formes de sociétés commerciales au Maroc
et la société à responsabilité limitée (SARL).
● Il est recommandé d'avoir à disposition les principaux textes juridiques tels que le Dahir des Obligations et Contrats, le
code de commerce, la loi 5-96 sur la SARL et la loi 17-95 sur les sociétés anonymes pour faciliter la compréhension du
droit des sociétés.

Chapitre 1: La nature juridique de la société commerciale.


● La société est définie par l'article 982 du Dahir des obligations et contrats comme un contrat où deux ou plusieurs
personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail en vue de partager les bénéfices.
● Deux approches doctrinales : l'approche contractuelle et l'approche institutionnelle.
● Section 1 : Approche contractuelle de la société.
○ Considère la société comme un contrat.
○ Les règles applicables relèvent du droit commun des contrats.
○ Le mandat social est utilisé pour le fonctionnement des sociétés.
○ Critiques : insuffisance pour expliquer certaines règles, nécessité d'immatriculation pour la personnalité juridique,
pouvoirs des dirigeants fixés par des lois spécifiques.
● Section 2 : Approche institutionnelle de la société.
○ Considère la société comme une poursuite d'un intérêt commun.
○ Les droits des associés sont subordonnés à l'intérêt social.
○ Les dirigeants sont des organes chargés de mettre en œuvre la volonté commune des associés.
○ Les décisions des associés majoritaires peuvent être annulées si elles vont à l'encontre de l'intérêt social.
● Synthèse des approches contractuelle et institutionnelle.
○ La société a une nature mixte ou hybride.
○ La nature mixte varie selon les catégories de sociétés.
○ Dans les sociétés de personnes, l'aspect contractuel est prépondérant.
○ Dans les sociétés de capitaux, l'aspect institutionnel est plus marqué.
○ La nature mixte peut varier à l'intérieur d'une même catégorie de société.
● La société est une technique d'organisation de l'entreprise et un terrain privilégié pour l'ingénierie juridique.

Chapitre 2: La constitution de la société.


Section 1: Les règles de constitution communes à toutes les sociétés et les règles spécifiques du contrat de société.

● Conditions générales de validité des contrats:


○ Capacité de s'obliger.
○ Déclaration valable de volonté portant sur les éléments essentiels de l'obligation.
○ Objet certain pouvant former l'objet de l'obligation.
○ Cause licite de s'obliger.
● Capacité de s'obliger:
○ Dans les sociétés de capitaux et SARL: capacité civile suffisante.
○ Dans les sociétés de personnes: qualité de commerçant et respect des conditions pour devenir commerçant.
● Déclaration valable de volonté portant sur les éléments essentiels de l'obligation:
○ Consentement sincère et intègre des associés.
○ Erreur sur les qualités substantielles de la chose ou sur la personne d'un associé.
○ Dol provenant d'une des parties au contrat.
○ Violence économique (rarement invoquée).
● Objet certain pouvant former l'objet de l'obligation:
○ Mise à disposition des apports promis par les associés pour partager les bénéfices ou économies.
○ Distinction entre objet légal (partager le bénéfice) et objet statutaire (activités spécifiques de la société).
○ L'objet statutaire doit être déterminé, possible et licite.
● Cause licite de s'obliger:
○ Motivation des associés pour créer la société.
○ Distinction entre objet et cause.
○ Exemple de cause illicite: création d'une société pour contourner la loi.

Les conditions spécifiques relatives à la formation du contrat de société sont énoncées dans l'article 982 du Dahir des
Obligations et Contrats. Ces conditions sont les suivantes :

A. La pluralité d'associés : Pour former une société, il est nécessaire d'avoir au moins deux associés, sauf dans les cas prévus par
la loi où la société peut être constituée par une seule personne. De plus, chaque associé doit avoir la capacité requise par les
règles de son statut personnel, conformément à l'article 12 du code de commerce marocain.

B. Les apports : Une autre condition essentielle est la mise en commun de biens ou de travail, ou les deux, sous forme d'apports.
Chaque associé s'engage à mettre à la disposition de la société un apport, qui peut prendre différentes formes : numéraire
(somme d'argent), en nature (bien mobilier ou immobilier) ou en industrie (travail, connaissances techniques, talent, etc.). Les
apports sont obligatoires et forment le capital social de la société.

1. L'apport en numéraire : Il s'agit de la mise à disposition d'une somme d'argent par un associé. L'apport en numéraire peut
se faire en deux étapes : la souscription, où l'associé promet de réaliser l'apport, et la libération, où l'associé verse
effectivement la somme due.
2. L'apport en nature : Il s'agit de la mise à disposition d'un bien, qu'il soit meuble ou immeuble, corporel ou incorporel,
autre que de l'argent. L'apport en nature peut se faire sous différentes formes, telles que la pleine propriété, la nue-
propriété, l'usufruit ou la jouissance. Il est important d'évaluer correctement les apports en nature pour éviter toute
surévaluation ou sous-évaluation.
3. L'apport en industrie : Lorsqu'un associé ne peut pas apporter de l'argent ou un bien en nature, il peut apporter son travail,
ses connaissances techniques, son talent ou sa notoriété à la société. Cependant, les apports en industrie ne sont
généralement admis que dans les sociétés de personnes et sont interdits dans les sociétés de capitaux.

C. La réalisation et le partage de bénéfices et la contribution aux pertes : Le but d'une société est de réaliser des bénéfices et de
les partager entre les associés. Il s'agit d'un élément caractéristique de la société qui la distingue de l'association, dont le but est
non lucratif. Chaque associé doit contribuer aux pertes de manière proportionnelle à son apport. Toute clause attribuant à un
associé une part dans les bénéfices ou les pertes supérieure à sa part proportionnelle à son apport est nulle.

En résumé, pour former un contrat de société, il faut réunir les éléments suivants : la pluralité d'associés, la mise en commun
d'apports (numéraire, en nature ou en industrie) et la réalisation et le partage de bénéfices, ainsi que la contribution aux pertes.

§2. Les conditions spécifiques relatives à la formation du contrat de société.


Les conditions spécifiques relatives à la formation d'un contrat de société sont énoncées dans l'article 982 du Dahir des
Obligations et Contrats. Il existe trois conditions légales principales, ainsi qu'une condition supplémentaire établie par la
jurisprudence.

A - Pluralité d'associés : À moins que la loi ne prévoie des exceptions, un contrat de société doit être conclu par au moins deux
associés. Cependant, les associés doivent également avoir la capacité requise par les règles de leur statut personnel,
conformément à l'article 12 du code de commerce marocain.

● Les apports (B) : Pour former une société, il est nécessaire de mettre en commun des biens, du travail ou les deux à la
fois. Les apports peuvent être en numéraire, en biens mobiliers ou immobiliers, en droits incorporels, ou même en crédit
commercial. Ils peuvent également prendre la forme d'apports en nature ou d'apports en industrie. Les apports sont
obligatoires, et chaque associé doit effectuer un apport effectif.
○ L'apport en numéraire consiste à mettre une somme d'argent à la disposition de la société. Il peut être réalisé en
deux phases : la souscription, où l'associé s'engage à réaliser l'apport, et la libération, où l'associé verse
effectivement la somme due.
○ L'apport en nature concerne tout bien autre que de l'argent. Il peut s'agir d'un immeuble, d'un fonds de commerce,
d'un brevet, etc. Différentes formes d'apports en nature sont possibles, comme l'apport en propriété, l'apport en
jouissance ou l'apport en nue-propriété. L'évaluation de l'apport en nature est importante pour éviter la
surévaluation ou la sous-évaluation. En cas de litige, un expert comptable peut être désigné pour évaluer l'apport.
○ L'apport en industrie permet à un associé d'apporter son travail, ses connaissances techniques, son talent ou sa
notoriété à la société. Cependant, les apports en industrie sont généralement admis dans les sociétés de personnes,
mais interdits dans les sociétés de capitaux.

C -Réalisation et partage des bénéfices et contribution aux pertes : Une société a un but lucratif, qui consiste à réaliser des
bénéfices et à les partager entre les associés. La contribution aux pertes est également requise et doit être proportionnelle à
l'apport de chaque associé. Une clause attribuant à un associé une part supérieure à sa mise dans les bénéfices ou les pertes est
nulle et rend le contrat de société nul.

D. Volonté commune de collaborer pour réaliser le but social (affection societatis) : En plus des trois conditions légales, la
jurisprudence exige qu'il y ait une volonté commune de collaborer entre les associés pour réaliser le but social de la société.

Section 2. Les conditions de forme relatives à la formation du contrat de société.


§1. La rédaction des statuts.
Les conditions de forme relatives à la formation du contrat de société comprennent la rédaction des statuts (A) et
l'accomplissement de formalités complémentaires (B).

A. La forme des statuts :

● Les statuts doivent être rédigés par écrit, soit sous forme d'acte notarié, soit sous seing privé.
● Dans la pratique marocaine, les statuts sont souvent établis sous seing privé et enregistrés à l'administration fiscale.
● La forme authentique est obligatoire en cas d'apport en bien immeuble.

B. Le contenu des statuts :

● Les statuts doivent mentionner les apports de chaque associé.


● Ils doivent comporter au moins 11 mentions obligatoires, telles que les informations sur les associés, la raison sociale,
l'objet de la société, le siège social, la forme juridique, le capital social, etc.
● Tous les associés doivent signer les statuts.

Les formalités postérieures à la signature des statuts sont essentielles pour rendre l'existence de la société opposable aux tiers :

A. L'enregistrement des statuts :

● Les statuts doivent être enregistrés auprès de la direction régionale des impôts dans un délai d'un mois après leur
signature.

B. Le dépôt des statuts :

● Les statuts doivent être déposés en triple exemplaire au greffe du tribunal de commerce du lieu du siège social,
accompagnés d'autres pièces nécessaires.
● Le greffier vérifie la régularité de la constitution de la société et établit un procès-verbal de dépôt.

C. La constitution d'un dossier auprès du Centre Régional d'Investissement :

● Le dossier doit inclure les statuts, la preuve de domiciliation de la société, les pièces d'identification des responsables de
la société, la demande d'immatriculation au registre de commerce et le certificat de dépôt des fonds.

D. L'immatriculation de la société au registre du commerce :

● L'immatriculation doit être effectuée dans les 3 mois suivant la constitution de la société.
● La demande d'immatriculation est déposée auprès du secrétariat-greffe du tribunal de commerce compétent.
● L'immatriculation au registre du commerce permet d'établir la personnalité morale de la société et de rendre les
engagements sociaux opposables.
E. La publication d'un avis au Bulletin Officiel :

● Dans les 30 jours suivant l'immatriculation de la société, le greffier procède à une publicité de la constitution de la société
au moyen d'avis au Bulletin Officiel et dans un journal d'annonces légales.

En cas de non-respect des conditions de formation du contrat de société, la nullité de la société n'est pas automatique et doit être
prononcée par une décision judiciaire. La nullité ne produit pas d'effet rétroactif et la société cesse d'exister pour l'avenir. Les
associés responsables de l'irrégularité peuvent voir leur responsabilité civile engagée.

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