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Correction séance 3 : La peine

Méthodologie : comme le commentaire d’arrêt. Ce que vous devez faire c’est lire chacun des
arrêts et dégager des axes de commentaire communs ou divergents. Faites un tableau pour
vous aider et dégager un plan et une problématique commune. Vous devez regrouper,
également, la phrase d’attaque, les faits, la procédure et la solution.

Pour aller plus loin sur cette question : lire l’article « les dernières peines accessoires à
l’épreuve du Conseil constitutionnel » par Catherine Tzutzuiano.

Phrase d’attaque : L’automaticité des peines s’oppose au principe d’individualisation des


peines, récemment consacré par le Conseil constitutionnel, au regard de l’article 8 de la
DDHC. A cet égard, trois QPC, en date du 11 juin, 29 septembre et 10 décembre 2010,
illustrent son rôle toujours plus prégnant dans le contrôle du respect des principes
constitutionnels.

Dispositions contestées : La première décision en date du 11 juin 2010 est relative au


contrôle de constitutionnalité de l’article L.7 du code électoral qui prévoit « de plein droit »
une interdiction d’inscription sur la liste électorale pendant 5 ans pour les infractions relatives
au manque de probité dans la vie publique. (Peine accessoire)
La deuxième décision en date du 10 décembre 2010 est relative au contrôle de
constitutionnalité de l’article 1741 alinéa 4 du code général des impôts qui impose au juge
d’ordonner sans possibilité de moduler la durée de la publication de condamnation pour
fraude fiscale dans un journal officiel ainsi qu’un affichage communal. (Peine
complémentaire obligatoire)
Enfin, la dernière décision en date du 29 septembre 2010 concerne, quant à elle, le contrôle de
constitutionnalité de l’article L 243-13 du code de la route qui prévoit « de plein droit » en
modulant la durée l’annulation du permis de conduire avec l’interdiction d’en solliciter un
nouveau pendant 3 ans au plus, en cas de récidive. (Peine complémentaire obligatoire)

Arguments des parties communes : A cet égard, chacun des requérants évoque que ces
sanctions seraient contraires à l’article 8 de la DDHC dont découle le principe
d’individualisation des peines au regard de leur caractère obligatoire, voire automatique. Ils
demandent alors une abrogation de celles-ci.

Solution : Dans les deux décisions du 11 juin et du 10 décembre 2010, le Conseil déclare les
peines automatiques inconstitutionnelles au regard du principe d’individualisation en ce
qu’elles sont appliquées de plein droit pour la première et ordonnées sans pour autant être
modulées pour la seconde. Parallèlement, dans sa décision du 29 septembre 2010, il déclare la
peine complémentaire obligatoire conforme à la Constitution en ce qu’elle reste ordonnée par
le juge et qu’elle est modulable. L’ensemble de ces décisions est fondé sur l’article 8 de la
DDHC.

Problématique : La question qui se pose est celle de déterminer la constitutionnalité des


peines accessoires et des peines complémentaires obligatoires au regard du principe
d’individualisation ?

Annonce du plan : Afin d’en arriver à ces solutions, le Conseil constitutionnel rappelle le
principe de l’interdiction des peines automatiques (I) et sa portée (II).
I : Le rappel de l’interdiction des peines automatiques

A : Les peines automatiques à la lumière du principe d’individualisation

àArt 8 DDHC : le Conseil constitutionnel a déduit du principe de nécessité, le principe


d’individualisation des peines. Il a mis beaucoup de temps à le consacrer
constitutionnellement. Équilibre à trouver : égalité des justiciables et la liberté du juge dans le
respect de l’article 34 C°. Ces difficultés expliquent une évolution lente du Conseil. Il l’a fait
incidemment, mais expressément dans une décision du 22 juin 2005. Afin d’évincer une
peine automatique avant cette date, il utilisait plutôt la nécessité. En 2010, il est clair que le
principe avancé est celui de l’individualisation (décision 1 juin 2010 : considérant 4/ décision
2 déc. 2010 : considérants 2 et 3/ décision 3 sept. 2010 : considérants 2 et 3).

àDomaine : l’article 8 DDHC ne s’applique pas simplement aux peines au sens strict. La
peine est formellement celle qui s’applique au droit pénal et qui est prononcée par le juge
pénal. Elle s’applique également aux « sanctions ayant le caractère d’une punition ». Cette
expression est une création purement prétorienne du Conseil constitutionnel qui permet
d’appliquer les principes pénaux tels que ceux de l’article 8 à des sanctions qui auraient une
coloration punitive, telles que les sanctions administratives dans le but d’étendre au maximum
les principes constitutionnels protecteurs. En l’espèce, la décision 1 dans son considérant 5
qualifie la sanction de l’article L.7 du code électoral d’une SACP, mais plus loin à nouveau
« peine » = flou du conseil constitutionnel. La décision 2 dans son considérant 4 et la décision
3 dans son considérant 3 évoque une « peine ».

B : Les peines automatiquement prononcées par le juge

Le Conseil constitutionnel rappelle évidemment que les peines doivent être obligatoirement
prononcées par le juge, et cela dans les trois décisions :

àIntervention du juge : le juge doit PRONONCER la peine (Art. 132-17 al 1 CP « aucune


peine ne peut être appliquée si la juridiction ne l’a pas expressément prononcée ») ou la
SACP :
-Elle ne peut être appliquée « de plein droit » ce qui était le cas dans la 1ère décision
(considérant 5) = par conséquent déjà inconstitutionnelle.
-La deuxième décision « ordonne » (considérant 5) = visiblement le juge la prononce
puisqu’il l’ordonne.
-Enfin la troisième décision : « de plein droit » dans le considérant 1. De prime abord, ne la
prononce pas, mais le considérant 5 apporte de plus amples précisions « prononce ».

àModulation par le juge : le juge au-delà de devoir prononcer la peine il doit pouvoir la
MODULER en fonction des « circonstances propres à chaque espèce ».
-1ère décision : il ne la prononce même, elle est automatique, considérant 5 « sans que le juge
qui décide de ces mesures ait à la prononcer expressément ». Inconstitutionnelle.
-2ème décision : le juge l’ordonne, mais comme il ne la module pas inconstitutionnelle. Le
considérant 5 « qu’il ne peut faire varier la durée de cet affichage fixée à trois mois ». Il peut
juste décider si la publication sera totale ou par extrait. Inconstitutionnelle.
-3ème décision : de prime abord « de plein droit », mais finalement le conseil précise au
considérant 5 que le juge « fixe la durée de l’interdiction dans la limite du maximum de trois
ans ». Constitutionnelle du fait de la modulation aux circonstances de l’espèce qui respecte le
principe d’individualisation.

II : La portée de l’interdiction des peines automatiques

A : L’interdiction des peines automatiques (1 + 2 décisions)

Bilan : les peines automatiques qui ne sont pas prononcées par le juge (décision 1) et celles
qui sont prononcées par le juge, mais qui ne sont pas modulées par lui (décision 2) sont
évidemment inconstitutionnelles elles sont par conséquent abrogées.
Deux types de peines peuvent être obligatoires : les peines accessoires et les peines
complémentaires obligatoires qui sont difficiles à distinguer.

-Peines accessoires : Peine qui s'ajoute automatiquement à la peine principale. Elles sont
applicables au condamné même si le juge ne les prononce pas. Bannies du Code pénal en
1994 avec l’insertion de l’article 132-17 : «aucune peine ne peut être appliquée si le juge ne
l’a expressément prononcée». Cependant, demeurent dans les autres codes (code électoral,
route, code général des impôts) donc QPC pour les annuler sur le fondement de l’article 8
DDHC (accroît la constitutionnalisation du droit pénal). Y. MAYAUD : ce sont des peines
« dont l’originalité et de s’adosser à une condamnation indépendamment de son prononcé, en
relevant d’une application automatique ». La décision 1 = peine accessoire sans aucun doute
qui sont toujours inconstitutionnelles.

-Peines complémentaires obligatoires : Peine qui doit être obligatoirement prononcée par le
juge, mais s’il ne le fait pas (omission) la peine ne sera pas exécutée. Cet oubli encourt,
toutefois, la cassation. En effet, il est obligé de les prononcer, mais il peut les adapter
s’agissant du quantum ou de modalités d’exécution = marge faible. La décision 2 = peine
complémentaire obligatoire puisqu’il la prononce bien sauf qu’il ne peut pas la moduler ce qui
est au contraire au principe d’individualisation des peines. Ces peines sont maintenues dans le
CP et les codes extra-pénaux que si elles peuvent être modulées ce qui est le cas dans la 3ème
décision.

B : L’admission des peines complémentaires obligatoires modulables

La troisième décision illustre bien cet exemple. Elle est différente des deux autres en ce que la
sanction est modulée.

àPrise en compte de la nécessité de répression effective : considérant 3 « qu’il ne saurait


toutefois faire obstacle à ce que le législateur fixe des règles assurant une répression effective
des infractions. »

àPeine obligatoire prononcée par le juge avec une modulation possible : considérant 5.

Annexe : Décision du Conseil constitutionnel du 21 février 2008 relative aux MS

Fondée par l’école positiviste à la fin du XIXème siècle par Lombroso, Ferri, Garofalo.
Précautions de protection sociale destinées à prévenir la récidive d’un délinquant (Ex :
rétention de sûreté – post-infraction) ou neutraliser un état dangereux (Ex : injonction de soins
à un dément). A la différence des peines les MS ne sont pas fondée sur la culpabilité, mais sur
la DANGEROSITÉ. Régime juridique variable, mais a priori pas d’application de l’article 8
DDHC. Ex : désintoxication à destination des alcooliques. En revanche quand la MS est
privative de liberté = application de l’article 8 DDHC (Rétention de sûreté ou encore
internement psychiatrique de force).

Les MS privatives de liberté sont difficiles à traiter : DC 21 février 2008 du CC : le conseil


vient dire que la rétention de sûreté est bien une MS comme le prévoit le législateur, mais le
régime constitutionnel qu’il faut lui appliquer est celui de la peine (Article 8 DDHC =
légalité/ non rétroactivité surtout).

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