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Le respect des normes internationales en droit administratif

Le respect des traités par les actes administratifs

 Le respect de droit originaire par les actes administratifs


CE ass., Kirkwood, 10 mai 1952 / CE ass., Belgacem, 19 avril 1991: le CE admet de vérifier qu’un
acte administratif respecte bien un traité international.
On admet que la notion de « traité » inclut la coutume internationale quand il s’agit d’un contrôle de
conventionnalité d’un acte administratif (différent de quand il s’agit de contrôler la conventionnalité
d’une loi).

 Le respect du droit dérivé par les actes administratifs


o Les règlements européens

Même JP que Kirkwood : le juge administratif vérifie que les actes administratifs respectent bien
les règlements européens.

o Les directives européennes

- L’opposabilité des directives aux actes administratifs règlementaires


CE ass., Association ornithologique et mammalogique de Saône-et-Loire : les actes administratifs
règlementaires français doivent respecter les directives européennes.
- L’opposabilité des directives aux actes administratifs individuels
CE ass., Cohn-Bendit, 22 déc.1978 : le CE refuse de vérifier qu’un acte administratif individuel
français respecte une directive européenne, quelque soit la précision de la directive.
≠ CJCE, Van Duyn, 4 déc.1994 : la CJCE dit que les actes administratifs individuels doivent
respecter les directives lorsqu’elles sont inconditionnelles et suffisamment précises.
CE, Dame Perreux, 30 oct. 2009 : alignement des JP. Le CE admet que des particuliers puissent
contester devant lui des actes administratifs individuels au vu de leur incompatibilité avec des
directives ; non seulement pour demander l’annulation de ces actes mais aussi pour demander le
bénéfice des droits garantis par la directive.

Le respect des traités par les lois

 Les palliatifs
Le Conseil constitutionnel ne veut pas faire le contrôle de conventionnalité des lois.
Le juge administratif a trouvé des palliatifs afin de faire prévaloir les traités sur la loi dans prétendre
que les lois ne s’inclinent devant les traités, car il considère la loi comme la norme suprême.
o L’interprétation des traités

Le juge administratif peut donner un sens à la loi, ou au traité, voire aux deux, de manière à ce qu’il
n’y ait plus de problème de compatibilité entre les deux.
Au départ, interprétation liée par l’avis du ministre des affaires étrangères. Mais condamnation
de cette manière de faire par la CEDH car contraire au droit au procès équitable (art.6 CEDH) :
CEDH, Beaumartin, 24 nov.1994. La France avait de toute façon abandonné cette pratique : CE ass.,
Gisti, 29 juin 1990 : le CE peut toujours demander son avis au ministre des affaires étrangères sur
l’interprétation des traités mais n’est plus lié par cet avis.
> Nouveau mécanisme pour interpréter les traités de l’UE : article 267 du TFUE : si la question de
l’interprétation d’un texte européen se posent devant le CE, il est tenu de renvoyer la question
d’interprétation à la CJUE, qui va statuer sur renvoi. Les juridictions subordonnées, elles, sont libres
de renvoyer ou non. ∆ → Contré par la théorie de l’acte clair : le CE peut prétendre qu’il n’y a aucun
problème d’interprétation s’il ne veut pas renvoyer une question d’interprétation, et dans ce cas il fait
prévaloir le sens qu’il veut.

o L’utilisation des principes de règlement des conflits de lois dans le temps

On fait comme si le traité avait simplement la même valeur que la loi (qui peut le plus peut le
moins, vision minimaliste), pour utiliser des mécanismes de loi dans le temps pour faire prévaloir le
traité sans le dire supérieur.
Loi antérieure au traité avec lequel elle est supposé en contradiction
On utilise la règle selon laquelle la loi postérieure l’emporte sur la loi antérieure pour faire prévaloir le
traité.
Loi postérieure au traité avec lequel elle est en contradiction
Si le traité a un champ d’application plus spécifique que la loi, on utilise la règle selon laquelle la règle
spéciale déroge à la règle générale pour faire prévaloir le traité.
→ Question de la compétence du juge administratif pour faire prévaloir un traité sur la loi quand
aucun des palliatifs ne peut jouer (loi postérieure et plus spécifique) ?

 La sanction de la hiérarchie
o Le refus initial

CE, Syndicat général des fabricants de Semoule de France, 1er mars 1968 : le juge administratif n’est
pas compétent pour vérifier que les lois françaises sont conformes aux traités. (arguments : suprématie
de la loi et séparation des pouvoirs + jusqu’en 1975 il soutient que c’est au CC de faire le contrôle).
MAIS CJCE, SA Simmenthal, 9 mars 1978 : la CJCE dit que les juges nationaux doivent faire
prévaloir le droit de l’UE en laissant inappliqué toute dispositions, même législative, contraire ;
qu’elle soit antérieure ou postérieure au droit de l’UE en question.
+ dans une décision rendue en 1988, le CC a dit que, en tant que juge des élections (donc fonction
identique à ce que fait le juge administratif en étant par exemple juge des élections municipales), il
ferait ce contrôle de conventionnalité.
o Le revirement

CE ass., Nicolo, 20 oct. 1989 : le CE opère un contrôle de compatibilité (plus tolérant qu’un
contrôle de conformité) de la loi à un traité
La portée du revirement
Après cet arrêt, le CE a fait prévaloir tout le droit communautaire (pas seulement droit de l’UE,
mais aussi droit de la CEDH, pactes des Nations-Unies, actes européens dérivés, …) sur la loi. (>
permet de changer de norme de référence pour éviter un contrôle de Constitutionnalité : les
requérants vont piocher dans le droit international des principes qui ressemblent à ceux de la C°,
même après apparition de la QPC car contrôle de conventionnalité + rapide et – filtré que la QPC).
Limite : CE, Aquarone, 6 juin 1997 : le CE refuse de faire prévaloir la coutume internationale sur les
lois internes.
- Les conséquences du revirement
- Si un acte administratif est invoqué par un requérant comme étant contraire à une disposition
du droit international. C’est une responsabilité pour faute, le CE condamne la France a réparer le
préjudice causé. CE, Société Arizona Tobacco Products, 28 fév. 1992.
- Si la loi est invoquée par un requérant comme étant contraire à une disposition du droit
international. CE ass., Gare de Dieu, 8 février 2007 : le CE considère que la violation entrainant un
préjudice d’une règle internationale par la loi entraine simplement la responsabilité de l’Etat, sans
dire que c’est une faute (car le CE tient à la suprématie de la loi donc réticent à dire que c’est une
faute). L’Etat devra aussi réparer le préjudice causé.
Dans les deux cas, il doit y avoir un préjudice causé.

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