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Institutions juridictionnelles 

: séance 7 : La Cour européenne des droits


de l’homme.
Convention européenne des droit de l’homme est adoptée le 4 novembre 1950 (3 septembre 1953).

> Mise en place de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH)

Prévois un mécanisme de sanction des droits.

Celui qui assure l’effectivité de la CEDH c’est le juge national, le juge lux car droit international prime
sur droit national.

1) Sanction nationale des droits énoncés par la Convention ; il appartient en tout premier lieu aux
États ayant ratifié la Convention, qui s'impose à eux en tant que traité international, d'en assurer
l'application effective. -> juge interne est le premier juge de droit international mais en cas de
violation d’un Etat de ses obligations sans que le juge national ne sanctionne cette obligation ->
nécessité de mettre en place une institution, la CourEDH.

2) Sanction internationale des droits ; il a fallu prévoir la défaillance des États à respecter la
Convention, ce qui explique la création d'un appareil européen de sanction des règles de la
Convention, qui se présente comme une « garantie de secours », jouant comme un mécanisme
subsidiaire par rapport aux systèmes nationaux de garantie des droits de l'homme.

CourEDH peut ê saisie par un individu dont les droits ont été violés et dr qui sont inscrits dans la
Convention.

Texte de la Convention + les protocoles (qui aménagent la cour au fil des années) :

- Protocole no 14 signé le 13 mai 2004, entré en vigueur le 1er juin 2010 pour accélérer la
procédure (juge unique)
- Protocole n° 16 (facultatif) > demandes d’avis consultatifs sur des questions de principe
relatives à l’interprétation ou à l’application des droits et libertés définis par la Convention ou
ses Protocoles.
- + Protocole n°15 > en vigueur le 1er août 2021 (raccourcis les délais de recours -> passé de 6
mois à 4 mois)

1. Composition et fonctionnement de la CEDH :


- 47 juges élus, sur une liste de trois personnes présentée par chaque État membre, par
l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe, elle-même composée de délégations des
Parlements nationaux.
- Désignés pour neuf ans et non rééligibles, ce qui apporte une garantie supplémentaire
d'indépendance ; leur mandat s'achève lorsqu'ils atteignent 70 ans.
- Siège à Strasbourg
- Langues officielles : Français et Anglais
- 4 formations:
o Les requêtes manifestement irrecevables sont examinées par un juge unique. -> pour
trier, traiter des affaires irrecevables. (300 000 affaires par ans -> il faut bien les
traiter les demandes farfelues)
o Un comité de 3 juges peut rendre à l’unanimité une décision de recevabilité et
statuer sur le fond d’une affaire qui a fait l’objet d’une jurisprudence bien établie de
la Cour. (si pas de difficultés dans l’affaire)
o Une requête peut également être attribuée à une chambre de 7 juges qui se
prononce à la majorité, le plus souvent sur la recevabilité et le fond de l’affaire.
(organisé par section)
o Dans des cas exceptionnels, la Grande Chambre de 17 juges examine les affaires qui
lui sont déférées soit à la suite d’un dessaisissement par une chambre, soit lorsqu’un
renvoi de l’affaire est accepté. (président de la cour siège aussi ; formation de
révision de la grande chambre)
- La Grande chambre est
o une formation solennelle de jugement (en cas de dessaisissement des chambres art.
30)
o une formation de révision des arrêts des chambres, toute partie au litige pouvant
dans les trois mois de l'arrêt demander le renvoi devant elle de l'arrêt rendu, « dans
des cas exceptionnels ». -> connait aussi des recours contre les décisions des
chambres, dans des conditions strictes et par un mécanisme de filtrage.

2. La procédure devant la CEDH :


- Juridiction internationale -> 2 types de recours : la requête individuelle (individu qui agit
contre un Etat partie à la Convention) et le recours étatique (Etat contre Etat partie)
Article 33 Conv. EDH = recours étatique (très rare)
Article 34 Conv. EDH = requête individuelle :
« La Cour peut être saisie d’une requête par toute personne physique, toute organisation
non gouvernementale ou tout groupe de particuliers qui se prétend victime d’une violation
par l’une des Hautes Parties contractantes des droits reconnus dans la Convention ou ses
protocoles. Les Hautes Parties contractantes s’engagent à n’entraver par aucune mesure
l’exercice efficace de ce droit ».
- Article 35 : Conditions de recevabilité
1. La Cour ne peut être saisie qu’après l’épuisement des voies de recours internes, tel qu’il
est entendu selon les principes de droit international généralement reconnus, et dans un
délai de quatre mois à partir de la date de la décision interne définitive.
2. La Cour ne retient aucune requête individuelle introduite en application de l’article 34,
lorsque
a) elle est anonyme ; ou
b) elle est essentiellement la même qu’une requête précédemment examinée par la Cour ou
déjà soumise à une autre instance internationale d’enquête ou de règlement, et si elle ne
contient pas de faits nouveaux.
3. La Cour déclare irrecevable toute requête individuelle introduite en application de l’article
34 lorsqu’elle estime :
a) que la requête est incompatible avec les dispositions de la Convention ou de ses
protocoles, manifestement mal fondée ou abusive ; ou
b) que le requérant n’a subi aucun préjudice important, sauf si le respect des droits de
l’homme garantis par la Convention et ses protocoles exige un examen de la requête au fond
et à condition de ne rejeter pour ce motif aucune affaire qui n’a pas été dûment examinée
par un tribunal interne.
4. La Cour rejette toute requête qu’elle considère comme irrecevable par application du
présent article. Elle peut procéder ainsi à tout stade de la procédure. (voir schéma slide 187)

- Epuisement des voies de recours internes: (CEDH 20 janvier 2011 Haxhishabani c.


Luxembourg)
27. La Cour rappelle que les dispositions de l'article 35 de la Convention ne prescrivent
l'épuisement que des recours à la fois relatifs aux violations incriminées, disponibles et
adéquats. Ils doivent exister à un degré suffisant de certitude non seulement en théorie mais
aussi en pratique, sans quoi leur manquent l'effectivité et l'accessibilité voulues ; il incombe à
l'Etat défendeur de démontrer que ces exigences se trouvent réunies. De plus, la règle de
l'épuisement des voies de recours internes ne s'accommode pas d'une application
automatique et ne revêt pas un caractère absolu : en en contrôlant le respect, il faut avoir
égard aux circonstances de la cause. De surcroît, un requérant qui a utilisé une voie de droit
apparemment effective et suffisante ne saurait se voir reprocher de ne pas avoir essayé d'en
utiliser d'autres qui étaient disponibles mais ne présentaient guère plus de chances de
succès.
-> épuisement des voies de recours pour éviter affaires trop nombreuses à la courEDH mais
aussi parce que le juge national est le premier juge à appliquer le droit international.

- Délai de 4 mois : (CEDH 20 janvier 2011 Haxhishabani c. Luxembourg)


La Cour constate que la requête lui parvint en l'espèce « par télécopie en date du 9
novembre 2007 et fut expédiée par courrier recommandé, le même jour, tel que cela résulte
du tampon de la poste. La Cour considère dès lors que le requérant a introduit sa requête
dans le délai des six mois à partir de l'arrêt de la Cour de cassation du 10 mai 2007. Partant,
l'exception d'irrecevabilité soulevée par le Gouvernement doit être rejetée ».

- Sur le fondement d’un ou plusieurs droits énoncés dans la Convention : (CEDH 20 janvier
2011 Haxhishabani c. Luxembourg) -> mais ne rejuge pas le fond de l’affaire ; elle s’assure
que l’Etat a respecté ou non ses obligations ; pas elle a se prononcer sur la conventionnalité
de l’article 475 mais à tout les juges administratifs qui doivent faire prévaloir cet article
international. Rôle de voir si la procédure devant les juridictions internes respecte l’article 6.
Pas un rejugement, mais on poursuit un Etat qui aurait manqué à ses obligations.
36. La Cour précise d'emblée qu'elle n'est pas appelée à examiner in abstracto la
compatibilité avec la Convention de la jurisprudence luxembourgeoise relative à l'article 475
du code pénal. Il n'entre pas davantage dans ses attributions de substituer sa propre
appréciation des faits et des preuves à celle des juridictions internes, cette tâche relevant, au
premier chef, du droit interne et des juridictions nationales.

- Existence d’un préjudice important de minimis non curat praetor :


CEDH 7 janvier 2014 Cusan et Fazzo contre Italie permet à la Cour de préciser que ne remplit
pas la condition d'irrecevabilité de l'article 35, § 3 b) une requête qui, bien que ne
comportant pas d'enjeu financier, soulève une question d'importance subjective pour les
requérants - telle l'attribution du nom de famille à un enfant - et, surtout, soulève une
question de principe, non tranchée jusqu'alors, à savoir « l'impossibilité, pour un couple
marié, d'attribuer à ses enfants, à leur naissance le nom de famille de la mère » (§ 39).
Intégré par Protocole 14 pour écarter certaines affaires mais en pratique, très peu mis en
œuvre car courEDH rappelle que la question du préjudice important n’est pas proportionnel
au préjudice financier. Donc critère compliqué à mettre en œuvre. Problème au niveau de la
méthode de juger l’importance du préjudice ? parce qu’il doit connaitre les faits et on n’est
qu’à la recevabilité.

- Irrecevabilité des requêtes abusives ou encore redondantes : Quid du contentieux de masse


ou à répétition?
Procédure de l’arrêt pilote: ex. CEDH, 3 sept. 2013, M. C. et a. c. Italie (indemnisation sang
contaminé)
La Cour a été saisie de nombreuses requêtes ayant le même objet, soit environ cinquante
requêtes pour un total d'environ un millier de requérants, l'affaire M. C. ayant été introduite
par 162 requérants. Les requêtes non communiquées au Gouvernement seront ajournées
pendant une période d'un an, ce qui devrait permettre au Gouvernement italien de prendre
les mesures nécessaires. -> hypothèses doivent ê distinguées du contentieux de masse ou du
contentieux à répétition (hypothèses où plusieurs personnes sont concernées mais question
est la même). Comment la cour peut gérer toutes ces demandes et comment l’Etat peut
gérer toutes ces demandes ? -> arrêt pilote ; cours a ajourné les demandes des 162
requérants pour permettre au gouvernement italien de prendre les mesures nécessaires.
Intéressant comme procédure car CourEDH cherche à éviter des violation future ; effectivité
de ses décisions est prise en compte.

 Autorité des décisions rendues : La CEDH rend des arrêts motivés et déclaratifs (déclare
si oui ou non il y a eu violation de la convention dans le cas précis soumis à la cour).
Pas de double degré de juridiction, mais l’article 43 de la Conv. organise un mécanisme
de renvoi devant la Grande chambre dont la saisine est subordonnée à l’acceptation
préalable de la demande par un collège de cinq juges.

- Article 46 Conv. EDH : Force obligatoire et exécution des arrêts:


1. Les Hautes Parties contractantes s’engagent à se conformer aux arrêts définitifs de la Cour
dans les litiges auxquels elles sont parties.
2. L’arrêt définitif de la Cour est transmis au Comité des Ministres qui en surveille l’exécution.
[…]
4. Lorsque le Comité des Ministres estime qu’une Haute Partie contractante refuse de se
conformer à un arrêt définitif dans un litige auquel elle est partie, il peut, après avoir mis en
demeure cette partie et par décision prise par un vote à la majorité des deux tiers des
représentants ayant le droit de siéger au Comité, saisir la Cour de la question du respect par
cette Partie de son obligation au regard du paragraphe 1.
5. Si la Cour constate une violation du paragraphe 1, elle renvoie l’affaire au Comité des
Ministres afin qu’il examine les mesures à prendre. Si la Cour constate qu’il n’y a pas eu
violation du paragraphe 1, elle renvoie l’affaire au Comité des Ministres, qui décide de clore
son examen. -> Etats sont tenus de mettre en œuvre les arrêts de la CourEDH.
- Satisfaction équitable art. 41 Conv. EDH : Si la Cour déclare qu’il y a eu violation de la
Convention ou de ses protocoles, et si le droit interne de la Haute Partie contractante ne
permet d’effacer qu’imparfaitement les conséquences de cette violation, la Cour accorde à la
partie lésée, s’il y a lieu, une satisfaction équitable.
>> Satisfaction équitable = indemnisation
>> Adoption de mesures générales
>> + Adoption de mesures individuelles. Ex. réexamen de l’affaire (exceptionnel)
(voir schéma exécution des arrêts slide 197)
Souvent conduit à des modification, parfois, les Etats paient. Souvent, les Etats sont conduits
à modifier leur législation pour ne pas s’exposer à de nouvelles condamnations devant la
CourEDH.

- Réflexions pour créer des procédures de réexamen des affaires dans tous les domaines
Recommandation R(2000)2 du 19 janvier 2000 (comité des ministres) en faveur du réexamen
d'une affaire ou de la réouverture d'une procédure au niveau interne à la suite d'un arrêt de
condamnation de la Cour.
 Quand une décision de justice nationale est jugée contraire à la Convention européenne
des droits de l’homme, quel serait la réparation la plus adéquate, si violation art 6 ? le
plus adéquat serait qu’on rejuge mon affaire (imagine je suis en prison). La Cour n’a pas
le droit de faire annuler la décision de l’Etat car regarde si Etat a manqué à ses
obligations.
Cette recommandation a incité nombre d'États à se doter, généralement par la voie
législative, d'une procédure spéciale de réouverture d'une procédure juridictionnelle
définitivement close, le plus souvent en matière pénale, mais aussi en matière civile et
administrative (Suisse, Allemagne, Turquie, …) >> Véritable intégration du droit processuel
européen dans les procédures internes. Pas de telle possibilité en dr lux, en matière civile
mais dans le NCPC, un recours en révision est possible : Cf procédure pénale Art. 443 CIC: La
révision peut être demandée, quelle que soit la juridiction qui ait statué, au bénéfice de
toute personne reconnue auteur d'un crime ou d'un délit par une décision définitive rendue
en premier ou en dernier ressort lorsqu'il résulte d'un arrêt de la CEDH qu'une condamnation
pénale a été prononcée en violation de cette Convention.

(CEDH, 28 septembre 1995, Procola c. Luxembourg ; CEDH 24 avril 2008 Kemp c.


Luxembourg ; CEDH 11 février 2010 Leandro Da Silva c. Luxembourg)

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