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AU DROIT
Année 2013-2014
Ce fascicule comprend :
La série 2
Le devoir 2 à envoyer à la correction
Le devoir 3 à envoyer à la correction
En collaboration avec
le Centre National
d’Enseignement à Distance Marielle MARTIN
Institut de Lyon
W1111-F2/4
Introduction au droit • Série 2
L’auteur :
Marielle MARTIN : Docteur en droit privé et sciences criminelles, maître de conférences au Cnam.
� • • • www.cnamintec.fr • • • �
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UE 111 • Introduction au droit
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Introduction au droit • Série 2
Titre 3. Le patrimoine............................................................................... 45
Chapitre 1. Nature juridique du patrimoine..........................................................45
Lexique 51
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Exercices autocorrigés 55
Annexes 59
Index 67
Devoir 2 69
Devoir 3 71
6
1
partie
Le droit des personnes
Afin d’appréhender qui sont les personnes au regard du droit et les actes qu’elles peuvent vala-
blement accomplir, on envisage ici ce que sont la personnalité juridique (Titre 1) et la capacité
juridique (Titre 2).
Être doté de la personnalité juridique, c’est avoir une existence juridique en tant que per-
sonne, sujet de droit. La personnalité juridique est donc l’aptitude que l’on a à être titulaire de
droits (subjectifs) et à être tenu à des obligations. Consécutivement, la personne est un
acteur à part entière de la vie juridique, notamment dans le monde des affaires. La person-
nalité juridique est reconnue à toute personne physique, c’est-à-dire à tous les humains
(Chapitre 1), mais aussi à certains groupements appelés en ce cas des personnes morales
(Chapitre 2). On qualifie de personnalité morale la personnalité juridique des personnes
morales.
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I. Conditions
Tout être humain a la personnalité juridique, mais la condition essentielle pour l’acquisition de la
personnalité juridique est que l’enfant naisse vivant (avoir respiré au moins une fois) et viable
(être doté des organes vitaux). Toutefois, seul l’être humain a la personnalité juridique, ce qui
exclut les animaux et les choses.
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II. Durée
Quand la personnalité juridique des personnes physiques débute-t-elle et cesse-t-elle ?
A. Début de la personnalité
Par principe, la personnalité juridique de l’être humain commence dès la naissance (et ce,
indépendamment de ce que la naissance doit être déclarée dans les trois jours à l’officier d’état
civil du lieu de l’accouchement). Mais, par exception, « l’enfant simplement conçu est consi-
déré né dans son intérêt ». À cet égard, le problème de la date de la conception se pose. Pour
le résoudre, la loi (art. 311 al. 1er C. civ.) établit une présomption selon laquelle la conception peut
se situer entre 180 et 300 jours inclus avant la naissance (présomption légale de conception).
Entre ces deux dates limites, l’enfant peut situer la date de sa conception comme son intérêt
l’exige ; par exemple, pour recueillir une succession ouverte avant sa naissance mais à partir de
sa conception ; pourvu, bien sûr, qu’il naisse vivant et viable.
Plus généralement, on s’interroge sur le statut juridique de l’embryon, spécialement au regard
des lois de bioéthique (loi bioéthique du 6 août 2004 révisée par une loi du 7 juillet 2011). En
effet, ces lois n’indiquent pas expressément si l’embryon est une personne humaine ou seule-
ment une personne humaine potentielle. Cependant, si ces lois permettent à certaines condi-
tions d’intervenir sur l’embryon (fécondation in vitro…), elles en encadrent surtout la protection
(interdiction des pratiques eugéniques tendant à l’organisation de la sélection des personnes, du
transfert d’embryons humains à titre onéreux, de leur utilisation à des fins industrielles ou com-
merciales, nullité des conventions portant sur la procréation ou la gestation pour le compte
d’autrui, instauration d’une procédure analogue à l’adoption pour l’accueil d’embryon congelé,
prohibition des crimes contre l’espèce humaine : eugénisme et clonage reproductif…).
B. Fin de la personnalité
La personnalité juridique cesse au décès médicalement constaté.
Mais si l’on n’a pas de certitude quant au décès, si l’on n’a pas trouvé le corps, sauf cer-
taines exceptions, l’individu est considéré encore vivant : on dit qu’il est « absent ».
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L’absent est donc un individu dont on ne sait s’il est mort ou vivant, qui a cessé de paraître
à son domicile ou sa résidence sans que l’on ait eu de ses nouvelles. L’absent étant consi-
déré toujours en vie, ses biens sont administrés provisoirement et ses « héritiers » ne peuvent en
disposer avant un certain délai.
Il faut distinguer l’absence de la disparition. La disparition est un régime plus souple qui
intervient lorsqu’une personne a disparu dans des circonstances de nature à mettre sa vie
en danger, sans que le corps ait pu être retrouvé. Le tribunal de grande instance rend un
jugement déclaratif de décès qui produit les mêmes effets qu’un acte de décès. La date du
décès doit être indiquée en tenant compte des circonstances. Le disparu est considéré par la
loi comme décédé : son conjoint peut alors se marier. Mais si le prétendu décédé reparaît, il
devra se marier une nouvelle fois avec son ex-conjoint dans le cas où ce dernier aurait tenu à
attendre… comme Pénélope attendit Ulysse !
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UE 111 • Introduction au droit
I. Le nom de famille
Le nom de famille est l’appellation qui permet de désigner chaque personne dans la commu-
nauté humaine. Ce nom, que l’on doit obligatoirement avoir, s’accompagne d’un autre élément
tout aussi obligatoire : le prénom. Celui-ci (un seul prénom suffit, il n’est pas nécessaire mais seu-
lement possible d’en avoir plusieurs) sert à désigner, entre elles, les personnes au sein d’une
famille. Selon le doyen Cornu, le prénom est l’expression « personnalissime de la personnalité »
(Droit civil, t. 1, « Précis Domat », n° 626, 1980). Le nom de famille, ainsi que le prénom, sont
incessibles (ils ne peuvent se vendre…), imprescriptibles (ils ne se perdent pas au fil du temps),
protégés par la loi (contre toute usurpation ou atteinte par autrui…) et en principe immuables (on
ne peut en changer). Néanmoins, la possibilité d’un changement de nom ou de prénom est
depuis fort longtemps admise par le législateur qui exige un intérêt légitime : nom ridicule ou
grossier, désir d’éviter l’extinction du nom porté par un ascendant, volonté d’intégration dans la
communauté française… Ce changement est alors autorisé par décret publié au Journal officiel et
tout intéressé peut y faire opposition pendant deux mois à dater de cette publication. Plus généra-
lement, les autorités publiques veillent d’ailleurs à ce que le (ou les) prénom(s) choisi(s) pour un
enfant ne porte(nt) pas préjudice à celui-ci (l’officier d’état civil qui reçoit la déclaration de naissance
peut, si un prénom lui paraît contraire à l’intérêt de l’enfant, en informer le procureur de la République).
Remarques
• Il arrive qu’une personne physique possède également un pseudonyme (nom volontairement
choisi par une personne pour exercer une activité littéraire ou artistique, militaire ou religieuse ;
l’hypothèse la plus fréquente concernant aujourd’hui les artistes de spectacle), un surnom
(« petit nom » dont l’usage est, dans la plupart des cas, employé par l’entourage familial) ou un
titre nobiliaire (titre se transmettant par ordre de naissance : prince, duc, marquis…) qui ne
sont que des accessoires du nom de famille ; mais dont certains (pseudonyme, titre nobi-
liaire) sont cependant susceptibles d’être défendus en justice contre toute usurpation.
• La particule fait partie du nom de famille et est défendue comme lui.
• En ce qui concerne le simple usage du nom, signalons que par mariage, la femme acquiert,
selon une tradition ancestrale, l’usage du nom de son mari. Il s’agit là d’un droit d’usage
coutumier reconnu à l’épouse qui conserve néanmoins son nom de famille : ainsi, dans les
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actes officiels, elle est désignée par son nom de jeune fille avec la mention « épouse… » ou
« veuve… ». À ce propos, il est à noter une évolution récente : par exemple, sur une question
posée par un parlementaire, le ministère de la Justice et des Libertés a considéré que, réci-
proquement, l’homme marié peut tout aussi bien prendre le nom de son épouse comme nom
d’usage (réponse ministérielle publiée au JO du Sénat du 27 octobre 2011, page 2764).
• Par ailleurs, la loi dispose que toute personne majeure peut ajouter à son nom, à titre d’usage,
le nom de celui de ses parents qui ne lui a pas transmis le sien.
II. Le domicile
Selon le Code civil, « le domicile de tout Français quant à l’exercice de ses droits civils est
au lieu de son principal établissement » (art. 102 al. 1er). Le domicile est le siège juridique de
la personne. Toutefois, la loi ne définit pas la notion de « principal établissement » ; d’où, pour
déterminer le domicile, on s’attache à repérer le lieu où vit principalement l’intéressé (lieu où
il est officiellement joignable à titre privé). Le domicile est en principe unique. Mais ce prin-
cipe subit des exceptions : il en est ainsi avec la notion de domicile élu (domicile choisi par les
parties ou imposé par la loi, pour l’exécution d’un acte déterminé ou à l’occasion d’une procé-
dure ; généralement chez une autre personne. Par exemple : chez un banquier pour le rembour-
sement d’un prêt ou en l’étude d’un notaire pour la vente d’une maison). Toutefois, cette élection
de domicile ne vaut que pour les besoins de la situation qui la motive et, pour le reste, ne modifie
en rien le domicile, lieu effectif du principal établissement des parties concernées.
La notion de domicile présente un certain nombre d’intérêts pratiques notamment pour les
mesures nécessaires à la gestion, la transmission d’un patrimoine, pour certaines mesures de
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Introduction au droit • Série 2
publicité, pour la détermination de la compétence des juridictions. Ceci justifie ces deux prin-
cipes : celui de la nécessité du domicile (des dispositions particulières existent pour les per-
sonnes « sans domicile fixe ») et celui de l’unité du domicile.
Le domicile ne doit pas être confondu avec des lieux de vie plus occasionnels (ex. : résidence
secondaire).
III. La nationalité
Autre élément de l’individualisation des personnes : la nationalité est le lien juridique qui rat-
tache une personne à un État. Ce lien détermine, sur de nombreux points, quel est le pays
dont les règles juridiques sont applicables à la personne (ex. : en ce qui concerne la capacité
juridique, le droit positif français s’applique à tous les Français, même résidant à l’étranger).
En principe, toute personne a une nationalité, mais n’en a qu’une seule. Cependant, certaines
personnes peuvent avoir la nationalité de plusieurs pays et, inversement, il arrive qu’une per-
sonne se retrouve sans nationalité (apatride) ; en pareils cas, on comprend qu’il est difficile de
savoir quel droit leur est applicable.
Outre les personnes physiques, d’autres personnes ont une existence juridique : ce sont les
personnes morales.
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durée de la personnalité morale, et, d’autre part, quels sont les éléments essentiels d’identifica-
tion des personnes morales, on se propose de recenser les principales catégories de ces
dernières que l’on a coutume de distinguer selon qu’elles relèvent plutôt du droit public ou plutôt
du droit privé et ce, au moyen du tableau ci-après :
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UE 111 • Introduction au droit
Remarques
• Certaines personnes morales relèvent à la fois du droit public et du droit privé : les entre-
prises publiques (personnes morales de droit public mais disposant de prérogatives de
droit privé), les comités d’entreprise (personnes morales de droit privé, mais disposant de
prérogatives de droit public).
• L’étude, dans le détail, des différentes personnes morales excède le cadre du présent cours.
Les conditions d’octroi et la durée de la personnalité diffèrent selon les catégories de per-
sonnes morales.
I. Conditions
Dans tous les cas, l’octroi de la personnalité morale repose sur des formalités à accom-
plir ; lesquelles ne produisent effet que si les conditions de fond exigées par la loi pour la validité
de la constitution de la personne morale sont remplies (selon la nature de la personne morale :
nombre de membres, montant du capital social…). Or, ces formalités ne sont pas les mêmes
pour toutes les personnes morales. Ainsi, par exemple : une société n’acquiert la personnalité
morale qu’à dater de son immatriculation au Registre du commerce et des sociétés (RCS), un
GIE n’acquiert également la personnalité morale qu’à dater de son immatriculation au RCS, mais
une association n’acquiert la personnalité morale qu’après sa déclaration à la préfecture ou
sous-préfecture de son siège social, suivie de sa publication au Journal officiel.
Remarque
Un groupement est licite si son activité est licite, mais ses membres peuvent choisir que ne lui
soit pas octroyée la personnalité morale en n’accomplissant pas les formalités nécessaires pour
cela (cas des associations non déclarées, des sociétés en participation : ces groupements
répondent respectivement à la définition des associations et des sociétés en se comportant
comme telles, mais ne sont pas des personnes morales).
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Introduction au droit • Série 2
II. Durée
La création d’une personne morale nécessite la rédaction de statuts comportant diverses
mentions, dont la durée prévisible du groupement. En principe, cette durée est librement
déterminée par les fondateurs. Toutefois, par exemple, la loi oblige à ce que la durée d’une
société ne dépasse pas 99 ans… mais autorise à ce qu’elle soit prorogée en cours d’existence !
La durée de la personne morale dépend donc de la durée initialement prévue et des proro-
gations éventuelles. Néanmoins, la personne morale peut disparaître avant l’échéance
ainsi fixée et ce, pour différentes raisons : réalisation de l’objet pour lequel la personne morale
a été créée (lorsque la personne morale a atteint le but précis pour lequel elle a été constituée,
elle n’a plus lieu d’exister), survenance d’une cause de dissolution ayant été prévue dans les
statuts, décision de dissolution anticipée prise par les membres de la personne morale, décision
judiciaire de liquidation en raison de difficultés financières ou à titre de sanction pénale…
I. La dénomination sociale
Équivalent du nom de famille des personnes physiques, la « dénomination sociale » est l’appel-
lation officielle sous laquelle fonctionne la personne morale (l’expression « dénomination
sociale » est d’ailleurs davantage réservée aux sociétés, tandis que, par exemple, on préférera
parler de « titre » pour une association).
Cette appellation, qui permet de distinguer chaque personne morale parmi les autres, est en
principe librement choisie par les membres de ladite personne ; lesquels doivent toutefois
veiller à ne pas créer de confusion spécialement avec des groupements concurrents.
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II. Le siège social
Équivalent du domicile des personnes physiques, le « siège social » est le lieu où est officielle-
ment installée la personne morale. Il permet notamment de savoir où lui adresser des cour-
riers, de déterminer la compétence territoriale de la juridiction devant laquelle l’assigner…
III. La nationalité
Comme pour les personnes physiques, une personne morale a une nationalité, c’est-à-dire
un lien juridique qui la rattache à un État. Il se trouve que ce lien est en principe déterminé
par le lieu du siège social. Ainsi, par exemple, l’article 1837 alinéa 1er du Code civil dispose :
« Toute société dont le siège est situé sur le territoire français est soumise aux dispositions
de la loi française. »
Que l’on soit un être humain ou un groupement, être doté de la personnalité juridique implique
de posséder la capacité juridique. Cette capacité est toutefois plus ou moins étendue.
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UE 111 • Introduction au droit
Différentes notions introductives doivent être évoquées (chapitre 1), avant de voir comment se
présentent la capacité juridique des personnes physiques (chapitre 2) et celle des personnes
morales (chapitre 3).
La capacité juridique est consécutive à la personnalité juridique : en effet, à quoi cela servi-
rait-il d’exister juridiquement si l’on n’avait aucune aptitude reconnue ? La capacité juridique est
donc, en quelque sorte, la concrétisation de la personnalité juridique.
Mais la capacité juridique recouvre en réalité deux sortes de capacités : la capacité de
jouissance (l’aptitude à avoir des droits et des obligations : avoir le droit au respect de sa vie
privée, avoir un droit de propriété, avoir une dette…) et la capacité d’exercice (l’aptitude à
exercer soi-même et pour soi-même les droits et obligations que l’on a) ; la seconde capacité
étant, on le voit, subordonnée à la première.
Lorsque le législateur restreint la capacité, il diminue la personnalité et alors il y a atteinte à la
liberté civile. Pour cette raison, un adage ancien dispose que : « La capacité est la règle, l’inca-
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pacité, l’exception. » Toute personne est, en principe, pleinement capable, tant pour acquérir
un droit que pour exercer le droit considéré et tout texte imposant une incapacité doit être
entendu strictement, comme exception au principe général.
Avec plus ou moins d’ampleur, la capacité de jouissance comme la capacité d’exercice peuvent
être limitées.
I. L’incapacité de jouissance
Depuis la suppression de la mort civile en 1854 (tout condamné à une peine perpétuelle perdait
toute personnalité juridique), il n’existe plus d’incapacité de jouissance générale, c’est-à-
dire, s’appliquant à tous les droits, mais seulement des incapacités de jouissance spé-
ciales, c’est-à-dire n’atteignant que certains droits.
Exemple
Les membres des professions médicales et de la pharmacie, ainsi que les auxiliaires médicaux
qui ont prodigué des soins à une personne pendant la maladie dont elle meurt, ne peuvent
profiter des dispositions entre vifs ou testamentaires qu’elle aurait faites en leur faveur pendant
le cours de cette maladie (art. 909 al. 1er C. civ.). Le législateur renforce d’ailleurs l’efficacité de
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cette incapacité en prohibant toute libéralité (don, legs) qui serait faite de manière détournée
soit sous la forme notamment d’une fausse vente, soit à une personne servant d’intermé-
diaire : « toute libéralité au profit d’une personne physique, frappée d’une incapacité de rece-
voir à titre gratuit, est nulle, qu’elle soit déguisée sous la forme d’un contrat onéreux ou faite
sous le nom de personnes interposées, physiques ou morales » (art. 911 al. 1er C. civ.).
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Pour déterminer la liberté d’action plus ou moins large laissée par le législateur à l’incapable ou
à son représentant, le droit distingue les actes selon leur gravité.
I. L’acte de conservation
Il est nécessaire à la sauvegarde d’un droit. Il a pour but d’éviter au patrimoine une perte immi-
nente, ou au moins le risque d’une perte. Il suppose une dépense négligeable au regard de
l’importance du bien à sauvegarder. Il est permis à toute personne sans autorisation (ex. : renou-
vellement d’une inscription hypothécaire, assurance contre l’incendie…).
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UE 111 • Introduction au droit
Selon le législateur, le mineur est l’individu de l’un ou de l’autre sexe qui n’a point encore
l’âge de dix-huit ans accomplis. Sauf à être émancipé, le mineur est réputé incapable.
cellule familiale du mineur : soit l’un au moins de ses deux parents exerce l’autorité paren-
tale et le mineur est placé sous la protection corrélative, soit aucun des deux n’exerce
cette autorité et le mineur est placé sous tutelle.
A. L’autorité parentale
Selon l’article 371‑1 du Code civil, l’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs
ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. Elle appartient aux deux parents (ascendants immé-
diats) jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité,
sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le
respect dû à sa personne. Les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent,
selon son âge et son degré de maturité.
La loi (art. 372 et 373‑2 C. civ.) pose le principe de l’exercice en commun de l’autorité paren-
tale par les deux parents, quelle que soit leur situation juridique (mariés ou non, divorcés…).
Toutefois, le législateur (art. 373 C. civ.) envisage les hypothèses dans lesquelles un parent ne
puisse exercer l’autorité parentale (outre son décès). Il en est ainsi, notamment, du parent
juridiquement absent, en incapacité juridique…
Par ailleurs, si les parents se désintéressent manifestement de l’enfant ou s’ils sont dans l’im-
possibilité d’exercer l’autorité parentale (prison…), le juge peut prononcer la délégation partielle
ou totale de cette autorité à un tiers.
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Introduction au droit • Série 2
Quoi qu’il en soit, pour les parents qui l’exercent, l’autorité parentale s’exprime à l’égard de
la personne même du mineur mais aussi de son patrimoine.
a. L’administration légale
Définition
L’administration légale est le droit et l’obligation pour l’un des deux parents ou les deux
parents qui exerce(nt) l’autorité parentale, de gérer le patrimoine du mineur non émancipé.
Il y a deux sortes d’administration légale :
• L’administration légale pure et simple :
Ce régime s’applique quand les deux parents exercent en commun l’autorité parentale
(C. civ., art. 389‑1).
Les parents accomplissent ensemble les actes qu’un tuteur ne pourrait faire qu’avec
l’autorisation du conseil de famille (voir infra la tutelle).
À défaut d’accord entre les parents, l’acte doit être autorisé par le juge des tutelles.
Même d’un commun accord, les parents ne peuvent : ni vendre de gré à gré, ni apporter en
société un immeuble ou un fonds de commerce appartenant au mineur, ni contracter d’em-
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prunt en son nom, ni renoncer pour lui à un droit, sans l’autorisation du juge des tutelles. Et si
l’acte cause un préjudice au mineur, les parents en sont responsables solidairement.
• L’administration légale sous contrôle judiciaire :
L’administration légale est placée sous le contrôle du juge des tutelles lorsqu’un seul
parent exerce l’autorité parentale (l’un des deux parents est décédé ou hors d’état de mani-
fester sa volonté en raison de son incapacité, de son absence, de son éloignement ou de toute
autre cause, ou il a consenti une délégation de ses droits, ou il a été condamné pour abandon
de famille ou, enfin, il a fait l’objet d’un jugement de retrait).
L’administrateur doit demander l’autorisation du juge des tutelles pour accomplir les actes
qu’un tuteur ne pourrait faire qu’avec l’autorisation du conseil de famille.
Il peut faire seul les autres actes.
b. La jouissance légale
Selon l’article 383 al. 2 du Code civil, la jouissance légale est attachée à l’administration
légale : elle appartient soit aux deux parents conjointement, soit à celui des deux qui a la charge
de l’administration.
Il s’agit d’un droit d’usufruit, appartenant au(x) titulaire(s) de l’autorité parentale et qui lui
(leur) permet de percevoir les fruits, les produits et les revenus des biens de l’enfant, jusqu’à ce
qu’il atteigne l’âge de 16 ans ou qu’il soit émancipé. Les revenus des biens de l’enfant doivent
toutefois être prioritairement employés à sa nourriture, son entretien et son éducation.
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La jouissance légale porte, en principe, sur tous les biens de l’enfant mineur, sauf sur : les biens
que l’enfant acquiert par son travail (sans pour autant que le mineur puisse disposer de ses
salaires ; car c’est l’administrateur légal qui les perçoit et les capitalise pour son compte) ; les
biens qui lui ont été donnés ou légués par un tiers à la condition expresse que ses parents n’en
jouiront pas ; les biens recueillis dans une succession dont l’un ou l’autre des parents a été exclu
comme indigne.
Remarques
• L’administration légale prend fin normalement à la majorité, l’émancipation ou le décès du
mineur. Le décès des deux parents provoque l’ouverture d’une tutelle. La tutelle peut être
substituée à une administration légale pure et simple pour « cause grave » à titre de sanction
contre l’administrateur.
• L’administration légale sous contrôle judiciaire peut se transformer en administration légale
pure et simple dans certains cas notamment le retour du parent qui était absent.
• La fin de l’administration légale comme la cessation des fonctions de l’administrateur légal
donne lieu à une reddition de comptes dans les trois mois à compter de la fin de l’adminis-
tration légale ou de la cessation des fonctions.
B. La tutelle
La tutelle est un régime de protection du mineur non émancipé. Elle est prononcée lorsqu’au-
cun des parents de ce mineur n’exerce l’autorité parentale. La tutelle fonctionne avec plu-
sieurs organes : le juge des tutelles, le tuteur, le subrogé tuteur et le conseil de famille.
2. Le tuteur
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Le tuteur est le représentant légal du mineur, il est chargé de gérer le patrimoine de celui-ci
et de prendre soin de sa personne (le mineur est domicilié légalement chez son tuteur ; toute-
fois, le tuteur n’est pas tenu à l’entretien du pupille car cet entretien est assuré par les propres
revenus du mineur ou par l’obligation alimentaire qui pèse sur ses proches parents).
Le tuteur peut être désigné par testament du dernier vivant des deux parents du mineur. À défaut
de tuteur testamentaire, la tutelle est généralement confiée à l’ascendant (grand-parent, arrière-
grand-parent) du mineur le plus proche en degré (lorsqu’il y a concours d’ascendants au même
degré, le conseil de famille désigne celui d’entre eux qui sera tuteur). S’il n’y a ni ascendant ni
tuteur testamentaire, le conseil de famille convoqué par le juge des tutelles désigne un tuteur.
Les pouvoirs et obligations du tuteur se répartissent ainsi :
• il peut accomplir seul : les actes de conservation, les actes d’administration ;
• il doit obtenir l’autorisation du conseil de famille pour les actes de disposition ;
• il lui est interdit d’acheter, prendre à loyer, sauf autorisation du conseil, les biens du mineur,
accepter la cession d’un droit ou d’une créance, faire des libéralités au nom du mineur ;
• à l’ouverture de la tutelle, le tuteur doit notamment faire dresser un inventaire des biens du
mineur en présence du subrogé-tuteur qui doit saisir le juge des tutelles si cet inventaire n’est
pas fait. De plus, le tuteur doit remettre un compte annuel de gestion au subrogé-tuteur qui le
transmet avec ses observations au greffier en chef du TI, lequel, en cas de difficulté, peut en
référer au juge des tutelles. Enfin, dans les trois mois qui suivent la fin de la tutelle, le tuteur doit
rendre compte de sa gestion au pupille devenu majeur ou à ses héritiers. Le fait d’avoir approuvé
le compte n’empêche pas le majeur d’agir en responsabilité contre le tuteur et les autres organes
de tutelle. Cette action en justice se prescrit par cinq ans à compter du jour de la majorité.
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Nota bene
La loi n° 2007‑308 du 5 mars 2007 prévoit une disposition (art. 405 C. civ.), entrée en vigueur
le 1er janvier 2009, et selon laquelle plusieurs tuteurs peuvent être désignés :
« Le conseil de famille peut, en considération de la situation du mineur, des aptitudes des
intéressés et de la consistance du patrimoine à administrer, désigner plusieurs tuteurs
pour exercer en commun la mesure de protection. Chaque tuteur est réputé, à l’égard des
tiers, avoir reçu des autres le pouvoir de faire seul les actes pour lesquels un tuteur n’aurait
besoin d’aucune autorisation.
Le conseil de famille peut décider que l’exercice de la tutelle sera divisé entre un tuteur
chargé de la personne du mineur et un tuteur chargé de la gestion de ses biens ou que la
gestion de certains biens particuliers sera confiée à un tuteur adjoint.
À moins qu’il en ait été autrement décidé par le conseil de famille, les tuteurs désignés en
application du deuxième alinéa sont indépendants et ne sont pas responsables l’un envers
l’autre. Ils s’informent toutefois des décisions qu’ils prennent. »
3. Le subrogé tuteur
Il est nommé par le conseil de famille parmi ses membres, si possible dans une branche diffé-
rente de celle du tuteur. Il surveille la gestion tutélaire : c’est son rôle essentiel. Il informe le juge
s’il constate des fautes dans la gestion du tuteur. Il représente le mineur lorsque ses intérêts sont
en opposition avec ceux du tuteur.
4. Le conseil de famille
Le conseil de famille est une assemblée de membres de la famille, d’alliés ou d’amis (toute
personne manifestant un intérêt pour le mineur), présidée par le juge des tutelles, à laquelle le
tuteur doit demander l’autorisation pour accomplir les actes importants. Cette assemblée est
composée d’au moins quatre membres ; y compris le tuteur et le subrogé-tuteur mais non le juge
des tutelles (lequel préside le conseil, avec voix délibérative et prépondérante en cas de partage
des voix).
Le conseil de famille règle les conditions générales de l’entretien et de l’éducation de l’enfant, en
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respectant la volonté éventuellement exprimée dans ce domaine par les parents. Il donne son
consentement au mariage, à l’émancipation et à l’adoption du mineur. Il existe des cas où le juge
des tutelles supplée le conseil de famille pour autoriser directement le tuteur à agir notamment
en cas d’urgence, mais à charge pour le juge de rendre compte au conseil a posteriori.
Remarques
• La tutelle prend fin normalement à la majorité du mineur, son émancipation ou son décès.
• Autant que faire se peut, la tutelle est de type familial, mais :
Art. 411 du Code civil, dans sa rédaction issue de la loi n° 2007‑308 du 5 mars 2007 :
« Si la tutelle reste vacante, le juge des tutelles la défère à la collectivité publique compé-
tente en matière d’aide sociale à l’enfance.
En ce cas, la tutelle ne comporte ni conseil de famille ni subrogé tuteur.
La personne désignée pour exercer cette tutelle a, sur les biens du mineur, les pouvoirs
d’un administrateur légal sous contrôle judiciaire. »
18
UE 111 • Introduction au droit
A. Conditions de l’émancipation
Il y a deux formes d’émancipation :
• L’émancipation légale qui résulte de plein droit du mariage.
• L’émancipation judiciaire qui nécessite une décision spéciale.
2. L’émancipation judiciaire
Cette émancipation ne peut pas être accordée avant que le mineur ait seize ans révolus. Elle
résulte d’une décision du juge des tutelles s’il est convaincu qu’il existe de « justes motifs ». Le
juge peut être saisi d’une demande d’émancipation, selon le cas, par l’un et/ou l’autre des deux
parents ou par le conseil de famille.
B. Effets de l’émancipation
Sans devenir un majeur, le mineur émancipé acquiert la pleine capacité civile (il n’est plus sous
l’autorité de ses deux parents, donc il peut avoir un domicile séparé…).
Cependant, le mineur émancipé n’est pas totalement assimilé à un majeur capable. Ainsi, le
mineur émancipé ne peut être commerçant que s’il obtient une autorisation judiciaire spéciale.
Ceci résulte d’une disposition de la loi n° 2010‑658 du 15 juin 2010 relative à l’entrepreneur indi-
viduel à responsabilité limitée ; disposition désormais inscrite en ces termes aux articles 413‑8
du Code civil et L. 121‑2 du Code de commerce :
« Le mineur émancipé peut être commerçant sur autorisation du juge des tutelles au
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Il est à noter que, même si cette règle ne change en rien le fait qu’il faille avoir en principe 18 ans
révolus pour pouvoir exercer le commerce, elle apporte une profonde réforme en la matière car
auparavant le mineur, même émancipé, ne pouvait être commerçant. L’émancipation est donc
une sorte d’anticipation sur la majorité. Elle prend fin à 18 ans ou au décès du mineur
émancipé.
Quelle est la capacité juridique des personnes physiques majeures ?
En principe, une personne majeure a la pleine capacité juridique. Toutefois, sa capacité, spécia-
lement d’exercice, peut être restreinte.
201111TDPA0213 19
Introduction au droit • Série 2
A. La sauvegarde de justice
La personne placée sous cette sauvegarde continue à exercer ses droits, mais ses enga-
gements peuvent être réduits en cas d’excès et ses actes rescindés pour lésion. L’acte est
rescindé pour cause de lésion lorsqu’un préjudice en résulte pour l’incapable quelle que soit son
importance. Cette rescision (nullité) peut jouer aussi bien pour les actes d’administration que de
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disposition. L’action en réduction peut intervenir pour les engagements excessifs, c’est-à-dire
ceux qui, tout en étant à juste prix, sont hors de proportion avec les besoins ou les ressources
de l’incapable.
La mise sous sauvegarde cesse par une déclaration de cessation, ou par l’ouverture d’une tutelle
ou d’une curatelle.
B. La curatelle
Sous ce régime, il n’y a pas d’autre organe que le curateur, qui est désigné par le juge des
tutelles sauf le cas où la loi désigne le conjoint comme curateur.
L’incapable ne doit, sans l’assistance de son curateur qui en réfère au juge des tutelles,
faire des actes de disposition. Mais il pourra faire seul les autres actes. À noter que la loi
n° 2007‑308 du 5 mars 2007 prévoit la possibilité, pour le juge des tutelles, d’ordonner à tout
moment une curatelle renforcée (dans ce cas, entre autres mesures, le curateur perçoit seul les
revenus de la personne en curatelle sur un compte ouvert au nom de cette dernière ; il assure
lui-même le règlement des dépenses auprès des tiers et dépose l’excédent sur un compte laissé
à la disposition de l’intéressé ou le verse entre ses mains).
Les actes que l’incapable en curatelle est capable de faire seul peuvent être réduits pour excès
ou rescindés pour lésion.
La curatelle prend fin comme la tutelle par la disparition des causes qui l’ont provoquée.
20
UE 111 • Introduction au droit
C. La tutelle
Le fonctionnement de la tutelle est sensiblement le même que celui vu supra à propos du
mineur non émancipé ; si ce n’est, notamment, que le tuteur désigné peut être, par exemple, le
conjoint. La tutelle prend fin avec la fin des causes qui l’ont déterminée, après avis du médecin
spécialiste.
Nota bene
Lorsqu’aucun membre de la famille ou aucun proche ne peut assumer notamment la curatelle
ou la tutelle, le juge désigne un mandataire judiciaire à la protection des majeurs (MJPM) inscrit
sur une liste légale conformément aux articles L. 471‑1 et suivants du Code de l’action sociale
et des familles.
Qu’en est-il de la capacité juridique des personnes morales ?
Toute personne morale est soumise au « principe de la spécialité » qui limite son champ
d’action à l’objet pour lequel elle a été créée et qui figure dans ses actes constitutifs (ex. :
les statuts d’une société doivent, entre autres, mentionner l’objet de celle-ci). Cela signifie que
la personne morale ne peut agir que dans la limite de cet objet.
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Par sa nature, une personne morale ne peut mettre en œuvre elle-même les droits et obli-
gations qui sont les siens. Ce sont donc forcément des personnes habilitées qui agissent
en représentation de la personne morale (ex. : c’est le dirigeant d’une société ou d’une asso-
ciation qui passe un contrat ou este en justice pour le compte de la personne morale qu’il dirige).
En conclusion, le repérage des personnes et de leur capacité au sens juridique conduit à des
investigations que ne soupçonne pas le non-initié en droit. Pourtant, cette recherche, au service
de laquelle des règles juridiques existent, conditionne en grande partie la validité des actes que
l’on passe avec autrui.
L’étude des personnes doit être complétée par celle des biens car, on vient de le voir, le droit
établit un lien étroit entre les personnes et les biens : en tant que personne, un être physique ou
moral a l’aptitude à avoir des biens et lorsqu’il est inapte à les gérer lui-même, des régimes
d’assistance ou de représentation organisent cette gestion à sa place.
201111TDPA0213 21
2
partie
Le droit des biens
Cette étude du droit des biens suppose d’exposer ce que sont les biens (Titre 1) ; d’envisager
les principaux droits portant dessus, dont le droit de propriété (Titre 2) ; et de situer les biens par
rapport à la notion juridique de patrimoine (Titre 3).
Avant de recenser les grandes sortes de biens, il convient de définir la notion de bien : au
regard du droit privé, il s’agit de toutes les « choses » susceptibles d’appropriation privée
ainsi que de tous les droits portant sur ces « choses » ; ces droits étant donc des droits
subjectifs patrimoniaux réels (sur les droits subjectifs, revoir la série 1 du présent cours).
Cette approche appelle un certain nombre d’observations. Ainsi, il existe des choses qui ne
sont susceptibles d’aucune appropriation et qui ne sont donc pas des biens. Ce sont les
choses communes, dont l’usage est commun à tous (ex. : l’air, l’eau courante, l’eau de la
mer…). Par ailleurs, il existe des choses qui sont des biens susceptibles d’appropriation,
mais non d’appropriation privée, par de simples particuliers (personnes physiques ou per-
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sonnes morales) : ce sont les biens faisant partie du domaine public de l’État ou d’une collec-
tivité publique (ex. : rivages, ports, rivières navigables, voies de communication, terrains
militaires…). Ces biens sont inaliénables et insaisissables et leur régime juridique relève du
droit public qui n’est pas la branche de droit que l’on étudie ici. On doit cependant signaler
que des biens peuvent faire partie du domaine privé de l’État et qu’ils sont aliénables.
En outre, il n’est pas nécessaire qu’une chose soit effectivement appropriée pour être un
bien. Il suffit qu’elle soit susceptible d’être appropriée au plan privé.
Enfin, les biens sont non seulement des « choses » matérielles (ex. : table, chaise, bâti-
ment…) mais aussi des « choses » immatérielles (ex. : logiciel, brevet…), ainsi que les droits
portant sur ces choses ; ces droits étant, de par leur nature, immatériels (un droit ne se
palpe pas !).
Précisément, les biens sont soumis à des régimes juridiques différents selon leur nature. Il
existe, à cet égard, plusieurs classifications des biens. Toutes ne seront pas examinées ici.
Cependant, deux classifications fondamentales et qui peuvent en pratique être croisées
l’une avec l’autre doivent être exposées : la distinction des biens corporels et des biens
incorporels (chapitre 1) et la distinction des biens meubles et immeubles (chapitre 2).
201111TDPA0213 23
Introduction au droit • Série 2
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C’est la distinction la plus fondamentale dans le Code civil : tous les biens sont meubles ou
immeubles (art. 516). On en conclut fort logiquement que tous les biens que la loi ne fait pas
entrer dans la catégorie des immeubles doivent être considérés comme des biens meubles, et
inversement. Cette lapalissade a une grande portée juridique.
Les intérêts de la distinction sont multiples. Les différences de régime juridique des meubles
et des immeubles sont souvent la conséquence de leur nature physique. Ainsi la fixité des
immeubles explique que l’on ait pu organiser une sûreté réelle sans dépossession matérielle du
propriétaire, l’hypothèque, et un système de publicité non seulement des hypothèques, mais de
tous les contrats relatifs à des droits réels immobiliers (vente, constitution d’un droit d’usufruit
sur l’immeuble…) : la publicité foncière. De même la possession des immeubles produit des
effets spéciaux. La dévolution héréditaire des immeubles est régie par la loi du pays où l’im-
meuble se trouve situé, tandis que la succession mobilière est régie par la loi du pays où se
trouve situé le dernier domicile du défunt.
D’autres différences font apparaître un régime juridique plus protecteur des droits immobiliers
que des droits mobiliers. Par exemple, les règles de la saisie immobilière et de la vente forcée de
l’immeuble sur saisie sont toujours beaucoup plus complexes et plus protectrices des intérêts
du propriétaire et des titulaires de droits réels que la saisie et la vente forcée des meubles.
Quels sont les critères et la signification de la distinction entre les biens meubles et les
biens immeubles ? Quelles sont les sortes de biens meubles ? Quelles sont les sortes de
biens immeubles ?
24
UE 111 • Introduction au droit
Le critère de base de la distinction est purement matériel et physique : il réside dans la fixité ou
la mobilité naturelle du bien. Et, effectivement, une grande partie des différences de régime
juridique se rapporte à la fixité de l’immeuble.
Cependant, la distinction avait aussi, pour les rédacteurs du Code civil, une signification
économique. Dans la société française de l’époque, comme dans l’Ancien Régime, l’immeuble
était en fait l’élément le plus important des patrimoines et par conséquent, le plus digne de pro-
tection. Il l’était d’abord par sa valeur économique, dans un pays essentiellement agricole (res
mobilis, res vilis : chose mobilière, chose de faible valeur). Il l’était aussi par sa stabilité juridique
(un immeuble fait l’objet de transferts moins fréquents qu’un objet mobilier) et par la stabilité de
sa valeur patrimoniale. La propriété des immeubles était un facteur de la puissance économique
des familles. Enfin, la meilleure sûreté à offrir à un créancier pour obtenir du crédit était encore
l’hypothèque immobilière. La distinction s’adaptait donc à l’importance effective de la fortune
foncière.
Envisagée de ce point de vue, la distinction est aujourd’hui critiquable et même en 1804, elle
n’était pas sans appeler des critiques.
Le critère physique adopté par le Code civil ne correspond pas entièrement à la significa-
tion économique de la distinction. Les rédacteurs du Code civil ont dû, eux-mêmes, lui appor-
ter quelques correctifs (par exemple, voir plus loin la notion d’immeuble par destination). À
l’époque, le critère était déjà en porte-à-faux : certains biens, classés dans la catégorie des
meubles, étaient un élément important des fortunes privées (rentes constituées…) ; l’Ancien
Droit, plus nuancé, les avait assimilés aux immeubles.
Les transformations de l’économie ont entraîné, depuis lors, une transformation profonde dans
la composition des fortunes privées. Ce qui fait la richesse privée, ce sont surtout les monopoles
d’exploitation, les fonds de commerce, les brevets d’invention, les marques de commerce, les
droits d’associé et autres valeurs mobilières, tous droits incorporels qui se trouvent classés dans
la catégorie des meubles. Ce mouvement de patrimonialisation de nouveaux biens qui ne
peuvent être que des biens meubles se poursuit encore actuellement (ex. : le droit de présenta-
tion d’une clientèle civile, le portefeuille d’assurance…) ; soit qu’il s’agisse de biens qui repré-
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sentent une activité humaine, soit qu’il s’agisse de biens qui sont l’accessoire d’une telle
activité.
Le maintien des effets de la distinction entre meubles et immeubles dans ces nouvelles circons-
tances économiques s’est révélé gravement nuisible. Il faut désormais protéger ces éléments de
la fortune mobilière autant que la fortune foncière.
Toutefois, malgré l’amélioration du régime juridique des meubles incorporels, la distinction des
meubles et des immeubles conserve son intérêt et, dans une certaine mesure, une signifi-
cation économique. L’instabilité économique et monétaire du xxe siècle a montré que la pro-
priété d’un immeuble était encore une valeur patrimoniale stable. La pénurie de logements et la
pratique de la division de la propriété des immeubles d’habitation par appartements ont égale-
ment contribué à soutenir la valeur de l’immeuble et à en faire un des éléments majeurs des
fortunes privées.
Il faut se méfier de ne pas limiter les biens meubles à la seule signification que leur donne
le langage courant ; à savoir les lits, sièges, tables, tapisseries, miroirs, vaisselles… que le
Code civil désigne d’ailleurs sous l’expression de « meubles meublants », c’est-à-dire « les
meubles destinés à l’usage et à l’ornement des appartements ». En réalité, on distingue :
les meubles par nature, les meubles par détermination de la loi et les meubles par
anticipation.
201111TDPA0213 25
Introduction au droit • Série 2
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À l’instar de ces dispositions de la loi, la jurisprudence admet que le propriétaire peut lui-même
anticiper sur la séparation matérielle et que la vente de récoltes futures, ou arbres à abattre, ou
de matériaux à provenir d’une démolition ou à extraire d’une carrière, constitue une vente mobi-
lière et non une vente d’immeuble ; elle est donc soumise aux règles applicables aux ventes de
meubles.
Mais il est nécessaire que cet artifice commode qu’est l’anticipation de la mobilisation ne porte
pas préjudice à des personnes qui ont des droits réels sur l’immeuble auquel sont encore atta-
chées les choses qui sont l’objet du contrat. C’est pourquoi la jurisprudence, dans les rapports
des contractants avec ces tiers, traite cette vente comme une vente d’immeuble et exige l’ac-
complissement des formalités de publicité foncière.
Ainsi, une même vente reçoit une qualification mixte et le même objet est considéré comme un
meuble par anticipation dans les rapports entre vendeur et acheteur et comme un immeuble
dans les rapports entre les contractants et les tiers titulaires de droits réels sur l’immeuble. Cette
relativité de la qualification n’est pas une vaine subtilité ; elle permet de nuancer l’application des
règles juridiques en tenant compte des différentes caractéristiques des situations.
Le Code civil qualifie d’immeubles trois catégories de biens : les immeubles par nature, les
immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent et les immeubles par destination.
26
UE 111 • Introduction au droit
qui est attribuée au propriétaire d’un immeuble compris dans une opération de rénovation
urbaine et qui lui donne droit de participer à l’opération et de recevoir ultérieurement la propriété
d’un autre immeuble.
201111TDPA0213 27
Introduction au droit • Série 2
valeur. Il s’agit toujours d’immeuble par nature qui est fait pour un usage ou un type d’exploita-
tion déterminé, qui ne peut être utilisé à cette fin sans son accessoire mobilier et qui perdrait une
grande partie de sa valeur si l’accessoire en était séparé. L’immobilisation par destination a
notamment pour effet de renforcer le crédit hypothécaire, puisque l’hypothèque portera sur un
ensemble de plus grande valeur.
Les conditions de l’immobilisation et les causes de cessation de l’immobilisation découlent de
cette raison.
A. Conditions de l’immobilisation
• Une première condition de l’immobilisation est l’unité de propriété de l’immeuble principal
et du meuble immobilisé. Au contraire, un cheptel appartenant à un fermier et placé par lui
sur le domaine agricole qui lui est loué ne devient pas immeuble par destination. Il n’est pas
davantage possible pour le propriétaire de l’immeuble principal d’immobiliser une chose
appartenant à autrui. S’il n’y avait pas unité de propriété, il serait impossible de comprendre
dans une même saisie les deux biens, ce qui est justement le rôle de l’immobilisation par
destination.
• En second lieu, le rapport de destination doit être établi par le propriétaire des deux biens
et non par une tierce personne.
Le Code civil exige l’existence d’un rapport de destination entre le meuble et l’immeuble princi-
pal. Le meuble doit avoir été placé pour le service et l’exploitation du fonds. Une analyse de
ce rapport de destination permet de discerner deux éléments de fait : un élément matériel, car
il faut que le meuble immobilisé soit effectivement nécessaire et serve effectivement à
l’exploitation de l’immeuble principal ; un élément subjectif et intentionnel car il faut que le
propriétaire ait eu la volonté d’affecter le meuble au service de l’immeuble.
Ce sont là de purs faits. La qualification d’immeuble par destination n’est pas décidée par le
propriétaire, mais par la loi elle-même qui l’impose impérativement. La loi tient compte de la
volonté du propriétaire, mais le rôle de cette volonté se limite à créer le rapport de destination ;
après avoir affecté l’accessoire à l’exploitation de l’immeuble principal, le propriétaire n’est pas
libre de considérer que l’accessoire n’est pas devenu un immeuble : la qualification est légale et
impérative.
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Le Code civil a donné l’exemple de plusieurs types de rapport de destination. La jurisprudence
a dû en admettre d’autres.
Le Code civil a eu surtout en vue l’immobilisation par destination agricole. Ainsi, le cheptel vif
ou mort nécessaire à l’exploitation d’un domaine agricole est un immeuble par destination.
Il existe aussi une immobilisation par destination industrielle. Le Code civil vise les ustensiles
des forges, papeteries et autres usines, mais la notion s’applique à toutes sortes d’industries
(ex. : les cuves installées dans un bâtiment à usage de brasserie, les machines à carder dans une
filature, les machines d’une scierie, les chaudières d’une teinturerie et même le matériel roulant
d’une mine ou d’une carrière, parfois même des objets qui n’interviennent pas directement dans
la production tels que les récipients et véhicules de livraison). Encore faut-il que l’aménagement
de l’immeuble principal révèle qu’il est destiné à un genre d’exploitation déterminé.
L’immobilisation par destination commerciale n’est pas prévue par le Code civil, mais la généra-
lité des termes de la loi permet de l’envisager. Elle est plus rare, parce qu’un immeuble dans lequel
se trouve exploité un certain genre de commerce peut facilement être reconverti sans gros frais
pour servir à un autre usage ; l’accessoire mobilier est donc, en ce cas, beaucoup moins néces-
saire. C’est pourquoi la jurisprudence a précisé l’élément matériel du rapport de destination. Il n’y
a immobilisation que si l’immeuble principal a reçu un aménagement spécial en vue d’une exploi-
tation commerciale déterminée en vue de recevoir l’accessoire mobilier indispensable à cette
exploitation (ex. : un bâtiment construit spécialement pour servir exclusivement d’hôtel et ne pou-
vant être transformé en immeuble d’habitation sans des dépenses considérables ; on a admis, en
ce cas, l’immobilisation ; au contraire, dans le cas général, les billards, chaises, tables, ustensiles
de cuisine… ne sont pas immobilisés par destination).
28
UE 111 • Introduction au droit
Le Code civil prévoit un autre type d’immobilisation : l’immobilisation par attache à perpé-
tuelle demeure. La première application qu’il en donne concerne des objets qui sont scellés à
plâtre, chaux ou ciment ou qui ne peuvent être détachés sans être fracturés ou détériorés ou
sans briser ou détériorer la partie du fonds à laquelle ils sont attachés.
Les autres applications énoncées dans la loi constituent, en réalité, une immobilisation par
destination ornementale. D’ailleurs, la jurisprudence, interprétant extensivement la notion d’at-
tache à perpétuelle demeure n’exige pas une fixité des objets, mais son adhésion matérielle et
durable (tapisserie occupant un emplacement aménagé à cette fin dans la paroi d’un mur, tapis
d’escalier, clé des serrures…) ; ce qui est en accord avec l’alinéa 4 de l’article 525 du Code civil
déclarant immeubles les statues placées dans une niche pratiquée exprès pour les recevoir,
encore qu’elles puissent être enlevées sans fracture ou détérioration. C’est finalement une
immobilisation par destination somptuaire ou utilitaire.
B. Cessation de l’immobilisation
L’immobilisation par destination prend fin lorsqu’une des conditions qui viennent d’être indi-
quées disparaît. Il existe donc deux modes de cessation de l’immobilisation : d’abord, elle
peut cesser par l’effet d’une séparation matérielle de l’accessoire immobilisé et de l’im-
meuble principal. Il y a cessation effective de l’affectation de l’accessoire à l’exploitation de
l’immeuble principal. La cessation de l’immobilisation est alors opposable à toute personne,
même à celles qui sont titulaires d’un droit portant sur l’immeuble principal, mais la responsabi-
lité du propriétaire est éventuellement engagée envers ces derniers.
L’immobilisation cesse également par l’effet de la séparation juridique : elle se produit lorsque
le propriétaire dispose séparément de l’immeuble principal et de l’accessoire immobilisé,
par exemple en vendant ou en louant séparément l’accessoire (ex. : vente d’un fonds de
commerce et des installations frigorifiques d’une part, et du bâtiment d’autre part, à des acqué-
reurs différents). Mais afin de protéger les personnes qui ont acquis un droit réel sur l’immeuble
antérieurement à la séparation juridique, la jurisprudence décide que la séparation juridique ne
leur est opposable qu’à partir du moment où elle est suivie d’une séparation matérielle. La sépa-
ration matérielle joue ainsi le rôle d’un moyen de publicité.
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Remarque
Par croisement des classifications, un bien meuble peut être corporel (ex. : chaise…) ou incor-
porel (ex. : action de société…) ; de même, un bien immeuble peut être corporel (ex. : bâtiment)
ou incorporel (ex. : droits réels immobiliers…).
L’étude du droit des biens est aussi l’occasion d’approfondir les principaux droits subjectifs
portant sur ces biens ; à savoir le droit de propriété et ses démembrements.
Titre 2. La propriété
et ses démembrements
Quelques principes généraux sur le droit de propriété (chapitre 1) précèdent des considérations
relatives aux modalités d’acquisition de ce droit (chapitre 2) et des considérations relatives à son
étendue (chapitre 3).
201111TDPA0213 29
Introduction au droit • Série 2
À partir de cette définition, examinons les attributs et les caractères du droit de propriété.
Le droit de propriété octroie trois attributs à son titulaire : l’usus, le fructus et l’abusus.
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III. Le droit de disposer de la chose (abusus)
L’abusus est le droit qu’a le propriétaire d’effectuer sur la chose, objet de sa propriété, tout
acte de disposition (ex. : la vendre, la donner, la grever de sûretés, l’abandonner, la détruire…).
Toutefois, on ne doit surtout pas assimiler l’abusus au droit d’« abuser » de son droit de
propriété car l’exercice de ce droit ne doit pas porter préjudice à autrui ; sous peine de
sanctions.
Remarque
À propos de l’image du bien :
Ces dernières années, les juges ont à différentes reprises, affirmé la protection dont bénéficie
un propriétaire quant à l’image de son bien ; que l’utilisation qui est faite de cette image (publi-
cation…), sans son autorisation, porte atteinte à sa vie privée (atteinte à l’intimité…) ou non
(utilisation commerciale de l’image…).
La maîtrise de l’image du bien serait donc incluse dans les attributs du droit de propriété :
ainsi, sauf à adopter une attitude abusive, « tout propriétaire a le droit le plus absolu d’interdire
la reproduction à des fins commerciales de ses biens » (CA Paris, 12 avril 1995 ; comité régio-
nal de tourisme de Bretagne et a. c/ Mme de Kerguezec) ; « l’exploitation du bien sous la forme
de photographies porte atteinte au droit de jouissance du propriétaire » (Cass. 1re civ., 10 mars
1999 ; Mme Gondrée épouse Pritchett c/ Sté Éditions Dubray) ; trouble manifestement illicite
30
UE 111 • Introduction au droit
Le droit de propriété est en principe un droit exclusif et individuel, absolu, perpétuel et protégé.
copropriétaires.
A. Restrictions légales
Certaines de ces restrictions sont édictées par le législateur dans le but de protéger l’intérêt
général (ex. : expropriations pour cause d’utilité publique pour des biens exposés à certains
risques naturels majeurs menaçant gravement des vies humaines, pour construction d’un bâti-
ment à usage public : route, école… ; réquisitions : pour les besoins de l’installation d’un poste
médical avancé en cas de sinistre… ; obligations ou interdictions d’exploitation : obligations
d’entretien de parcelles forestières… ; servitudes d’alignement des façades ; contraintes liées
aux sites classés : normes architecturales à respecter… ; obligations sanitaires pesant sur les
propriétaires d’immeubles en matière d’amiante, de lutte contre les termites…) ; d’autres restric-
tions sont édictées par le législateur dans le but de protéger des intérêts particuliers (ex. :
droit au bail au profit des commerçants-locataires : voir série 3 ; statut au profit des fermiers et
des métayers qui accordent à ces derniers des prérogatives qui diminuent le droit discrétionnaire
du propriétaire…).
201111TDPA0213 31
Introduction au droit • Série 2
B. Restrictions jurisprudentielles
Le droit de propriété est certes absolu, mais la jurisprudence considère que l’exercice abusif
d’un droit entraîne, à certaines conditions, la responsabilité de son titulaire : théorie juris-
prudentielle de l’abus de droit. De même, un propriétaire, sans chercher à nuire à son voi-
sin, engage à son égard sa responsabilité s’il lui cause des préjudices qui excèdent ce que
l’usage oblige à supporter entre voisins : théorie jurisprudentielle des troubles anormaux
de voisinage. Sur ces deux comportements, qui peuvent aussi, venant d’autrui, entraver l’exer-
cice du droit de propriété (voir infra section 3 du chapitre 3).
C. Restrictions conventionnelles
Citons le cas, par exemple, du donataire qui accepte la donation qui lui est consentie mais qui
est affectée d’une clause d’inaliénabilité en vertu de laquelle il s’engage à conserver le bien visé.
Il ne pourra donc en disposer à sa guise (vente…).
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Il existe différentes manières de devenir propriétaire (par le biais d’une donation, d’une succes-
sion, de la découverte d’un trésor…). Cependant, conformément au programme officiel de l’UE
que nous étudions, nous ciblerons les développements qui suivent, d’une part, sur le contrat,
l’un des modes les plus courants du transfert de la propriété par un acte juridique et, d’autre
part, sur la possession, illustration surprenante de l’acquisition de la propriété par une situation
de fait.
(Pour une étude approfondie des contrats : voir série 3). Le contrat est donc bien un accord de
volontés, un acte juridique (voir série 1).
Parmi les contrats, le contrat de vente est le plus remarquable quant à son effet sur le transfert
de la propriété. Bien que, en principe d’effet immédiat, ce transfert connaît des tempéraments.
32
UE 111 • Introduction au droit
II. Limites
Le principe du transfert immédiat de la propriété dès la formation du contrat connaît un certain
nombre de limites. Ainsi, le transfert de propriété de la chose peut être retardé selon la
volonté expresse des parties (clause de réserve de propriété par laquelle le vendeur conserve
la propriété de la chose, même mise en possession de l’acheteur, et ce jusqu’au paiement inté-
gral du prix par celui-ci) ou en raison de la nature de la chose, objet du contrat. Il en est ainsi
des choses de genre dites aussi choses fongibles (par opposition aux corps certains, ces
choses sont interchangeables les unes par rapport aux autres : voitures de série…) transférées
au moment de leur individualisation et des choses futures dont la propriété est transférée
à la date de leur achèvement.
En outre, en matière d’immeuble, on doit signaler la réglementation de la publicité foncière : les
accords translatifs ou constitutifs, entre vifs, de droits réels immobiliers doivent être publiés au
bureau de la conservation des hypothèques et la règle de l’antériorité de la date de publicité du
contrat de vente prime celle de l’antériorité de la date de passation du contrat (ex. : si Pierre vend
son immeuble à Paul le 15 juin 2013 avec publication de l’acte le 10 juillet 2013, puis le vend une
seconde fois à Jacques le 2 juillet 2013 avec publication de l’acte le 8 juillet 2013 ; le conflit entre
les « acheteurs » sera normalement tranché en faveur de Jacques).
Remarque
Quel que soit le régime juridique du transfert d’un droit, ce dernier obéit à un principe général :
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nul ne peut transférer à autrui plus de droits qu’il n’en a. Ainsi, si le vendeur n’a pas la propriété
de la chose, l’acheteur ne peut devenir le propriétaire de la chose par l’effet de la vente.
La possession est une situation de fait qui, en toute légalité et en dehors d’un accord avec
un précédent propriétaire, permet de ravir à celui-ci la propriété de son bien. Pour que le
possesseur devienne propriétaire, sa possession doit dans tous les cas être « utile ». En
outre, des conditions doivent être réunies qui divergent selon que le bien possédé est un
immeuble ou un meuble.
A. Définition de la possession
La possession est un état consistant dans le fait de détenir une chose en exerçant sur elle
les attributs du droit de propriété et en prétendant à la qualité de propriétaire.
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Introduction au droit • Série 2
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II. Acquisition de la propriété par la possession
en matière immobilière
Selon l’article 2272 du Code civil, on peut devenir propriétaire d’un immeuble par une posses-
sion qui, en principe doit durer trente ans : il s’agit de la prescription acquisitive (dite usuca-
pion). Cependant, à certaines conditions supplémentaires, il est possible de devenir
propriétaire d’un immeuble par une possession d’une durée plus courte : il s’agit de la prescrip-
tion abrégée.
Nota bene
Cela n’est pas incompatible avec le fait que le possesseur peut être de mauvaise foi en ce
sens, par exemple, qu’il sait qu’il n’est pas le véritable propriétaire.
34
UE 111 • Introduction au droit
B. La prescription abrégée
L’usucapion abrégée exige deux conditions supplémentaires :
• Le possesseur doit avoir un juste titre, c’est-à-dire un acte qui serait translatif de propriété
s’il ne comportait pas un vice (ex. : le vendeur du bien n’était pas le véritable propriétaire…).
• Le possesseur doit être de bonne foi qui consiste dans la croyance, lors de l’acquisition, que
l’auteur (celui de qui on tient son immeuble) était le légitime propriétaire. À noter cependant
que la bonne foi est légalement mais simplement présumée (C. civ., art. 2274).
Depuis la loi n° 2008‑561 du 17 juin 2008, le délai de prescription est alors de dix ans (aupa-
ravant le délai était de dix ans si le véritable propriétaire habitait dans le ressort de la cour
d’appel où est situé l’immeuble ; ce délai était de vingt ans si le véritable propriétaire était domi-
cilié hors dudit ressort).
L’alinéa 1er de l’article 2276 du Code civil (« En fait de meubles, la possession vaut titre »)
signifie qu’en matière mobilière, la possession utile vaut en principe immédiatement titre
de propriété. Le possesseur doit toutefois être de bonne foi. Cela étant, le possesseur de
mauvaise foi peut également devenir le propriétaire d’un bien meuble, mais à condition
que sa possession soit trentenaire.
1. Principe
La protection du possesseur de bonne foi est réalisée par une présomption irréfragable de
propriété au profit du possesseur de bonne foi qu’implique l’article 2276 alinéa 1er du Code
civil. La propriété de ce possesseur est établie à l’égard de tous par la simple preuve de sa
possession.
La preuve de la possession fait acquérir la propriété du meuble. Cette acquisition de la propriété
a été expliquée par certains auteurs par l’idée d’une prescription instantanée. Or, par hypothèse
la prescription implique une possession prolongée dont la durée variable est fixée par la loi.
Donc, c’est la loi elle-même qui confère la propriété au possesseur de bonne foi pour le protéger
contre toute action en revendication d’un tiers.
Pour établir cette présomption de propriété, la jurisprudence exige les conditions suivantes :
• La présomption ne bénéficie qu’à un possesseur au sens juridique du terme et non pas à un
détenteur précaire. Par exception, le créancier gagiste peut se prévaloir de l’article 2276. Cette
interprétation large de la jurisprudence permet d’assurer la sécurité du créancier gagiste.
• La possession doit être paisible, publique et non équivoque.
• Le possesseur doit être de bonne foi. Ici, la bonne foi consiste dans le fait d’avoir acquis la
possession de la chose en croyant la recevoir du véritable propriétaire.
201111TDPA0213 35
Introduction au droit • Série 2
2. Atténuation
Cette atténuation est visée par l’alinéa 2 de l’article 2276 précité du Code civil qui admet
l’action en revendication exercée par le primo-propriétaire contre le possesseur de bonne
foi de meubles perdus ou volés.
Cette action est recevable pendant un délai de trois années à compter de la perte ou du
vol. Pour aboutir dans son action en revendication, le propriétaire de la chose perdue ou volée
doit établir le fait du vol ou de la perte de la chose.
Limite de cette atténuation : si le possesseur évincé (l’action en revendication exercée dans
le délai et contre un acquéreur de bonne foi a abouti) a acquis la chose « dans une foire ou
dans un marché, ou dans une vente publique, ou d’un marchand vendant des choses
pareilles » (C. civ., art. 2277), le propriétaire doit rembourser au possesseur le prix d’achat.
Le possesseur garde la possibilité de refuser de restituer la chose avant d’être remboursé.
La faveur faite ainsi à ce possesseur est justifiée par le fait qu’on peut supposer généralement qu’il
ignorait au moment de l’acquisition la perte ou le vol de la chose et donc qu’il était de bonne foi.
L’inventeur d’une chose perdue ou d’une épave terrestre (celui qui découvre cette chose) qui la
dépose volontairement dans un bureau des objets trouvés en obtient la détention une année
après le dépôt si elle n’est pas réclamée. Comme tout possesseur de bonne foi, il n’est à l’abri
d’une action en revendication qu’après l’expiration du délai de trois années à compter de la perte.
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La jonction des possessions :
Le législateur permet au possesseur actuel de joindre à sa possession celle de son auteur
(qui, par hypothèse, n’est pas le véritable propriétaire mais un possesseur). Si les deux
possesseurs successifs sont de bonne foi, la jonction des possessions permet de bénéficier
du délai de l’usucapion abrégée en matière immobilière. Par contre, si l’un d’eux est de
mauvaise foi, c’est la prescription trentenaire qui doit être retenue.
L’interruption de la prescription :
S’il y a interruption de la prescription pendant plus d’un an par une citation en justice
signifiée par un tiers au possesseur ou par une reconnaissance volontaire par le possesseur
de la propriété d’une autre personne, le temps couru ne compte plus. L’interruption de la
prescription a pour effet de rendre inutile tout le temps précédemment écoulé. Une nouvelle
prescription acquisitive peut commencer aussitôt.
La suspension de la prescription :
À la différence de l’interruption, la suspension de la prescription ne rend pas inutile le délai
déjà écoulé. Lorsque la cause de suspension disparaît, le possesseur ne doit accomplir que
la durée du délai de prescription qui restait à couvrir lorsque la cause de suspension est
survenue. Les causes de suspension sont multiples : la prescription ne court pas contre les
mineurs non émancipés pendant tout le temps de la minorité, contre les majeurs en tutelle
pendant toute la durée de leur incapacité et entre époux pendant toute la durée du mariage.
•••
36
UE 111 • Introduction au droit
•••
À propos de la situation du possesseur évincé :
Lorsque l’action en revendication du véritable propriétaire aboutit, le possesseur est évincé.
Selon le Code civil, tout possesseur évincé est obligé non seulement de restituer la chose
(meuble ou immeuble) mais aussi les fruits produits par la chose.
Toutefois, la loi dispense le possesseur de bonne foi de restituer les fruits. Le possesseur
de bonne foi fait les fruits « siens », c’est-à-dire qu’il en conserve la propriété. Cette faveur
du législateur à l’égard du possesseur de bonne foi s’explique généralement de la manière
suivante : les fruits (ce que produit périodiquement la chose et qui n’entame pas la
substance même de cette chose ; contrairement aux produits de la chose) sont faits pour
être consommés au fur et à mesure (ex. : les fruits naturels comme les récoltes, les fruits
civils tels que les loyers d’un immeuble loué).
La consommation des fruits par le possesseur de bonne foi ne diminue pas la valeur
« capital » de la chose qu’il doit restituer. Par contre, l’obliger à restituer les fruits qu’il a
perçus pendant plusieurs années a pour conséquence de l’appauvrir en le contraignant à
prélever en une fois une somme importante sur son patrimoine alors qu’il n’a commis
aucune faute, puisqu’il est de bonne foi.
Après ces développements sur les caractéristiques du droit de propriété (chapitre 1) et certaines
modalités de son acquisition (chapitre 2), interrogeons-nous sur l’étendue de ce droit.
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Introduction au droit • Série 2
Sur quoi le droit de propriété s’exerce-t-il ? Sur des biens meubles ou immeubles, mais aussi sur
des éléments qui y sont liés.
I. En matière mobilière
Le droit de propriété porte sur le bien meuble lui-même (meuble meublant, animal domes-
tique…) mais aussi, et par accession, sur tout ce qu’il produit. En effet, en vertu de la règle
selon laquelle le régime juridique d’un élément accessoire suit le régime juridique de l’élément
principal auquel il est rattaché, le droit de propriété d’un élément principal emporte aussi pro-
priété de l’élément qui lui est accessoire. Par une sorte d’attraction, la propriété du principal
s’étend à la propriété de l’accessoire.
Article 546 du Code civil :
« La propriété d’une chose, soit mobilière, soit immobilière, donne droit sur tout ce qu’elle
produit, et sur ce qui s’y unit accessoirement, soit naturellement, soit artificiellement.
Ce droit s’appelle droit d’accession. »
Le droit d’accession s’applique donc d’une part, sur ce qui est produit par la chose et, d’autre
part, sur ce qui s’unit et s’incorpore à la chose.
Ainsi, par exemple, en matière mobilière, en ce qui concerne le droit d’accession sur ce qui est
produit par la chose, la propriété d’un animal emporte la propriété de ses petits (« croît des ani-
maux » visé par l’article 547 du Code civil).
En ce qui concerne le droit d’accession sur ce qui s’unit et s’incorpore à la chose, citons par
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exemple l’article 566 du Code civil :
« Lorsque deux choses appartenant à différents maîtres, qui ont été unies de manière à
former un tout, sont néanmoins séparables, en sorte que l’une puisse subsister sans
l’autre, le tout appartient au maître de la chose qui forme la partie principale, à la charge
de payer à l’autre la valeur, estimée à la date du paiement, de la chose qui a été unie. »
En d’autres termes, hormis le croît des animaux qui manifeste l’accession mobilière, la propriété
d’un immeuble (fonds de terre, bâtiment…) emporte par accession la propriété des fruits qu’il
produit (bananes, loyers…).
38
UE 111 • Introduction au droit
En ce qui concerne le droit d’accession sur ce qui s’unit et s’incorpore à la chose immobilière,
citons par exemple les articles 552 et 554 du Code civil.
Article 552 du Code civil :
« La propriété du sol emporte la propriété du dessus et du dessous.
Le propriétaire peut faire au-dessus toutes les plantations et constructions qu’il juge à
propos, sauf les exceptions établies au titre des servitudes ou services fonciers.
Il peut faire au-dessous toutes les constructions et fouilles qu’il jugera à propos, et tirer de
ces fouilles tous les produits qu’elles peuvent fournir, sauf les modifications résultant des
lois et règlements relatifs aux mines, et des lois et règlements de police. »
Dans le même esprit et bien qu’il soit mentionné au titre des servitudes, l’article 673 du Code
civil énonce :
« Celui sur la propriété duquel avancent les branches des arbres, arbustes et arbrisseaux
du voisin peut contraindre celui-ci à les couper. Les fruits tombés naturellement de ces
branches lui appartiennent.
Si ce sont des racines, ronces ou brindilles qui avancent sur son héritage, il a le droit de
les couper lui-même à la limite de la ligne séparative.
Le droit de couper les racines, ronces et brindilles ou de faire couper les branches des
arbres, arbustes et arbrisseaux est imprescriptible. »
Le droit de propriété est démembré lorsque les attributs (usus, fructus, abusus) qu’il confère
à son titulaire sont répartis entre plusieurs personnes. Cela est principalement le cas si le
propriétaire supporte une servitude ou si l’usufruit du bien approprié est reconnu à autrui
(l’usufruitier).
I. Les servitudes
La servitude foncière ou servitude réelle est un droit réel grevant un immeuble dit fonds ser-
vant, pour l’usage et l’utilité d’un autre, dit fonds dominant (C. civ., art. 637).
Grâce à ce droit, le propriétaire du fonds dominant peut faire certains usages du fonds servant :
par exemple, la servitude de passage au profit d’un fonds enclavé permet au propriétaire du
fonds enclavé de traverser un fonds voisin pour avoir accès à une voie de communication.
La servitude est inséparable, activement et passivement, du fonds dominant et du fonds servant,
et elle se transmet de plein droit avec la propriété.
Selon leur mode d’exercice, on distingue :
• les servitudes continues et les servitudes discontinues ;
• les servitudes apparentes et les servitudes non apparentes.
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Introduction au droit • Série 2
La servitude est continue : quand elle s’exerce sans intervention d’un fait actuel de l’homme. Elle
suppose un état de chose permanent, par exemple servitude d’écoulement des eaux, servitude
de vue. Elle est discontinue dans le cas contraire, par exemple servitude de passage, de pui-
sage, etc.
La servitude est apparente : quand des travaux extérieurs révèlent son existence (servitude
d’aqueduc). Elle est non apparente quand elle n’est révélée par aucun signe visible (servitude de
ne pas bâtir).
Ces deux classifications peuvent se combiner, par exemple le service de jour dans un mur est
une servitude continue et apparente.
La servitude peut être établie par l’une des façons suivantes :
• par la loi et en raison de la situation des deux fonds (situation des lieux), que ce soit dans un
intérêt privé ou dans un intérêt public. Ex. : servitude d’écoulement naturel des eaux (Art. 640
C. civ. : « Les fonds inférieurs sont assujettis envers ceux qui sont plus élevés, à recevoir les
eaux qui en découlent naturellement sans que la main de l’homme y ait contribué. Le proprié-
taire inférieur ne peut point élever de digue qui empêche cet écoulement. Le propriétaire supé-
rieur ne peut rien faire qui aggrave la servitude du fonds inférieur ») ;
• par l’homme : servitude du fait de l’homme ;
• par titre : contrat ou testament ;
• par destination « du père de famille » ; par exemple, lorsque le propriétaire de deux fonds
contigus établit une charge sur l’un pour le service de l’autre et ensuite vend séparément l’un
d’eux ;
• par prescription acquisitive trentenaire.
Le propriétaire du fonds servant doit supporter la servitude et ne rien faire qui puisse la
diminuer. (ex. : édifications empêchant l’écoulement des eaux pluviales venant du fonds domi-
nant). Le propriétaire du fonds dominant ne peut l’aggraver (ex. : travaux entraînant un ruis-
sellement plus important des eaux pluviales en direction du fonds servant). Le propriétaire qui
empêcherait le bon exercice du droit de servitude devrait alors assumer les conséquences de
ses actes (adaptation de son fonds pour permettre le bon exercice de la servitude, remise des
choses en l’état antérieur, versement de dommages-intérêts à la victime).
La servitude s’éteint dans les cas suivants :
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• l’exécution devient impossible ;
• la perte de la chose ;
• l’arrivée du terme ou de la condition résolutoire ;
• la renonciation unilatérale ;
• la consolidation qui résulte de la réunion de la propriété des deux fonds ;
• le non-usage trentenaire.
II. L’usufruit
L’usufruit est un droit réel d’usage (usus) et de jouissance (fructus) portant sur un bien
dont la propriété appartient à autrui.
Article 578 du Code civil :
« L’usufruit est le droit de jouir des choses dont un autre a la propriété comme le proprié-
taire lui-même, mais à la charge d’en conserver la substance. »
Le droit de propriété est ainsi démembré. Autrement dit, le propriétaire est privé du droit d’usage
et de jouissance pendant la durée de l’usufruit. Il est réduit à une nue-propriété. La pleine pro-
priété est reconstituée de plein droit au profit du nu-propriétaire à l’extinction de l’usufruit.
L’usufruit est un droit temporaire. Il est viager, il ne peut durer au-delà de l’existence de l’usufrui-
tier, si celui-ci est une personne physique, au-delà de trente ans, si l’usufruitier est une personne
morale.
40
UE 111 • Introduction au droit
L’intérêt de l’usufruit est d’assurer à l’usufruitier l’usage d’un bien et d’être aussi une source de
revenus, sans dépouiller définitivement le nu-propriétaire. Par conséquent, l’usufruit se rencontre
surtout en matière successorale :
• Usufruit légal du conjoint survivant sur les biens laissés par le conjoint prédécédé.
• Legs d’usufruit.
• Donation de biens à venir faite en usufruit au profit du conjoint.
• Donation entre vifs (enfants) ; le donateur (ascendant) se réservant l’usufruit.
L’usufruit peut être constitué soit par :
• La loi et l’effet de l’ouverture de la succession.
• La volonté unilatérale : le testament.
• Le contrat : donation notamment.
• La prescription acquisitive.
L’usufruit peut porter sur toutes sortes de choses corporelles : meubles ou immeubles. Il peut
porter aussi sur des biens incorporels, par exemple : fonds de commerce, créances, etc.
Deux principes gouvernent les rapports entre l’usufruitier et le nu-propriétaire :
• L’usufruitier a un droit réel portant sur le bien grevé d’usufruit et indépendant du droit du
nu-propriétaire.
• L’obligation pour l’usufruitier de conserver la substance de la chose et de n’en pas changer la
destination.
Quels sont les droits et obligations de l’usufruitier ? Dans quelle mesure l’usufruit et la nue-pro-
priété sont-ils séparés ? Que dire de l’extinction de l’usufruit ?
Les fruits sont ce que produit périodiquement la chose (fruits naturels, tels que les récoltes, ou
fruits civils, tels que les loyers), et qui n’épuisent pas la substance même de la chose. Par contre,
les produits appartiennent au nu-propriétaire.
La distinction des fruits et des produits est relative. Ainsi l’usufruitier a droit à certains produits
s’il se conforme à l’aménagement donné par le nu-propriétaire (ex. : l’usufruitier profite de l’abat-
tage de bois de haute futaie qui ont été mis en coupes réglées par le nu-propriétaire. Par contre,
il ne peut mettre en coupe les bois de haute futaie si le nu-propriétaire n’a pas antérieurement
procédé à cet aménagement : articles 591 et 592 du Code civil).
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Introduction au droit • Série 2
• Lorsque l’usufruit porte sur des choses consomptibles ; c’est-à-dire des choses qui dispa-
raissent par le premier usage telles que : vin, sommes d’argent, etc. ; l’usufruitier a le droit d’en
disposer, sauf à restituer des biens de même nature, quantité et valeur à l’extinction de l’usu-
fruit. Cette sorte d’usufruit est appelée : quasi-fruit.
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2. Les tempéraments
Afin de conserver la substance de la chose et la restituer au nu-propriétaire, nous avons vu que
l’usufruitier est tenu à certaines obligations dans l’intérêt même du nu-propriétaire.
En cas de succession où nous sommes en présence d’un usufruitier et d’héritiers nus-proprié-
taires, l’existence de l’usufruit cause une gêne aux nus-propriétaires qui ne peuvent pas partager
commodément entre eux la propriété. De même l’usufruitier n’exerce pas commodément son
usufruit puisque son droit porte seulement pour partie sur plusieurs biens, objets de son usu-
fruit ; et surtout s’il n’entretient pas de bons rapports avec les nus-propriétaires. Théoriquement,
le partage est exclu pour résoudre le problème : les deux droits sont distincts. Néanmoins, la
jurisprudence et la pratique ont trouvé la solution suivante : elles considèrent qu’il existe une
indivision quant à la jouissance. L’usufruitier peut la faire cesser en demandant le cantonnement
de son usufruit sur des biens déterminés. Bien plus, lorsque la masse indivise ne peut être com-
modément partagée, il peut être procédé à la licitation de la pleine propriété c’est-à-dire la vente
en un seul lot de la nue-propriété et de l’usufruit ; à condition que cette licitation apparaisse
nécessaire à la protection de l’intérêt des parties et à l’assiette de l’usufruit (Cass. 1re civ., 22 jan-
vier 1962, D. 1962, 418, Note Cornu).
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UE 111 • Introduction au droit
C. L’extinction de l’usufruit
1. Les causes
Les causes d’extinction de l’usufruit sont multiples :
• décès de l’usufruitier ou expiration d’un délai de 30 ans pour les personnes morales ;
• arrivée du terme fixé conventionnellement ;
• déchéance de l’usufruitier, par exemple : qui abuse de son droit ;
• perte de la chose, mais avec report sur l’indemnité d’assurance ;
• expropriation pour cause d’utilité publique, avec report sur l’indemnité d’expropriation ;
• renonciation de l’usufruitier ;
• non-usage du droit d’usufruit pendant trente années ;
• consolidation du droit de l’usufruitier par la réunion de la nue-propriété et l’usufruit sur la même
tête, par exemple : l’usufruitier qui hérite du nu-propriétaire.
2. Les effets
L’extinction de l’usufruit entraîne :
• L’obligation de restituer le bien par l’usufruitier : en principe en nature et dans l’état où il se
trouvait à l’ouverture de l’usufruit. En cas d’impossibilité de restituer en nature, elle se fera en
valeur. En cas de perte, par la faute de l’usufruitier, celui-ci doit indemniser le nu-propriétaire.
Par contre, aucune indemnité n’est due à l’usufruitier pour les améliorations effectuées par lui
(mais droit à indemnisation s’il a fait des réparations incombant au nu-propriétaire).
• Le droit aux fruits cesse à l’extinction de l’usufruit. Le Code civil distingue entre : les fruits
naturels (ceux qui proviennent de la nature), les fruits industriels (ceux qui sont obtenus grâce
au travail de l’homme), et les fruits civils (revenus périodiques de la chose par exemple : inté-
rêts du capital prêté).
Les fruits naturels ou industriels non encore perçus à l’extinction de l’usufruit appartiennent au
nu-propriétaire. Par contre, les fruits civils de l’année en cours sont acquis par l’usufruitier en
proportion de la partie de l’année écoulée. C’est le principe de l’acquisition des fruits civils par
jour (C. civ., art. 586) et des fruits naturels par la perception (C. civ., art. 585).
Sans être démembré, le droit de propriété peut voir son exercice entravé par la prise en compte
de données extérieures.
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Le droit de propriété ne saurait être exercé au point de causer un dommage à autrui. La jurispru-
dence sanctionne ainsi la responsabilité pour abus du droit de propriété et la responsabilité pour
troubles anormaux de voisinage.
I. L’abus de droit
L’abus du droit de propriété est le fait d’user de la chose d’une manière préjudiciable et dans
l’intention de nuire à autrui, sans prendre les précautions nécessaires pour éviter la réalisation
du dommage.
Par exemple : le fait pour un propriétaire de construire une fausse cheminée dans le seul but
d’enlever la lumière à un autre immeuble (CA Colmar, 2 mai 1855, D. 1856‑2, 9) ; ou encore : le
fait pour un propriétaire d’installer sur son terrain des carcasses de bois, hérissées de pointes de
fer pour gêner l’atterrissage des aéronefs sur un terrain voisin.
La responsabilité sera engagée aux conditions suivantes : il faut, d’une part, un dommage
causé à un voisin par un acte de propriété (que ce soit un acte d’usage, de jouissance, ou
encore de destruction) sur un immeuble. D’autre part, l’intention de nuire doit exister : la simple
négligence ou l’imprudence ne suffit pas, le dommage doit avoir été causé intentionnellement (par
esprit de malveillance, de malice…). Enfin, l’acte en question du propriétaire ne doit présenter
aucun intérêt sérieux et légitime.
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Introduction au droit • Série 2
La théorie de l’abus du droit de propriété est une application par les juridictions des principes de
la responsabilité civile délictuelle de l’article 1382 du Code civil :
« Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la
faute duquel il est arrivé, à le réparer. »
La réparation du préjudice sera soit en nature (destruction des ouvrages dommageables) soit, à
défaut, se résoudra en une condamnation à des dommages-intérêts.
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base d’une faute de négligence ou d’imprudence.
Sanctions : les tiers lésés peuvent obtenir en justice d’une part des dommages-intérêts, d’autre
part que le tribunal prescrive, au besoin sous astreinte, au propriétaire responsable soit d’éviter
soit d’atténuer fortement les causes du dommage. Cependant, le tribunal ne peut ordonner la
fermeture d’une usine ou d’une exploitation qui aurait été autorisée par l’Administration : dans
cette hypothèse, s’il persiste des troubles de voisinage (le cas échéant après aménagement des
locaux), le voisin verra son préjudice réparé par l’allocation de dommages-intérêts.
Il est à noter que la responsabilité pour inconvénients anormaux de voisinage peut également
être retenue à l’encontre des locataires.
Remarque
S’inspirant de la jurisprudence, le législateur a adopté différentes dispositions, notamment
dans le Code de la santé publique, visant à lutter contre le bruit devenu l’un des troubles
contemporains majeurs.
Art. R. 1334‑31 du Code de la santé publique :
« Aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte
à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé, qu’une
personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne,
d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité. »
Pour finir, le lien entre le droit des personnes (Partie 1 de cette série) et le droit des biens (Partie 2
de cette série) peut être réalisé par la notion de patrimoine.
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UE 111 • Introduction au droit
Titre 3. Le patrimoine
Qu’est-ce que le patrimoine au sens juridique ? (chapitre 1) Deux grandes approches du patri-
moine dominent cette notion : l’approche personnaliste et la thèse du patrimoine d’affectation
(chapitre 2). Le droit positif français se range à l’approche personnaliste, mais avec de plus en
plus de nuances (chapitre 3).
Selon l’approche personnaliste, le patrimoine serait une conséquence de l’existence d’une per-
sonne. Tandis que, selon la thèse du patrimoine d’affectation, le patrimoine serait un ensemble
ne se justifiant que par l’activité à laquelle il est rattaché.
Selon cette approche, le patrimoine n’existe que comme une conséquence de la personnalité
juridique. Cela entraîne un certain nombre de conséquences qu’il convient de tempérer.
201111TDPA0213 45
Introduction au droit • Série 2
II. Conséquences
On identifie cinq règles provenant de l’approche personnaliste du patrimoine.
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défunt. Le patrimoine survit au décès de son titulaire. Il est recueilli par l’héritier.
E. La subrogation réelle
La subrogation est le remplacement d’une personne ou d’un droit par une autre personne
ou un autre droit. Elle est personnelle dans le premier cas, réelle dans le second.
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UE 111 • Introduction au droit
La subrogation réelle explique le droit de gage général des créanciers chirographaires sur le
patrimoine du débiteur. Ces créanciers n’ont aucun privilège ; ils ne peuvent pas empêcher la
sortie d’un bien de ce patrimoine et ils n’ont aucun droit de suite sur un bien lorsqu’il est transmis
à un tiers.
En revanche, par l’effet de la subrogation réelle, tout bien qui entrera dans le patrimoine pour
prendre la place du bien qui en est sorti, constituera leur gage.
Exemple
Dupont qui a des créanciers chirographaires dispose de valeurs mobilières d’un montant de
250 000 €. Il les vend et emploie le prix de vente pour acquérir un terrain. Les créanciers chiro-
graphaires ne peuvent pas exercer leur droit sur l’actif (valeurs mobilières) tel qu’il existait au
jour de la naissance de la dette. Mais ils disposeront désormais d’un droit sur l’actif présent
(terrain) : ils subissent les fluctuations du patrimoine dans sa valeur et dans sa composition.
L’approche personnaliste du patrimoine a ses limites.
III. Limites
Tout d’abord, le patrimoine ne comporte que des droits pécuniaires (patrimoniaux) : le principe
est discutable car de nombreux droits extrapatrimoniaux ont des incidences pécuniaires (ex. :
autorité parentale qui permet le droit de jouissance légale sur les biens du mineur non éman-
cipé) ; d’où : les droits patrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux sont affectés à la personne.
Ils devraient donc tous faire partie du patrimoine.
Ensuite, tout le système d’Aubry et Rau repose sur le lien qui existerait entre la personnalité et le
patrimoine. La liaison s’opère grâce à la toute puissance de la volonté de l’homme (principe de
l’autonomie de la volonté en tant que source de droits) qui lui permettrait de rassembler ses
droits en un tout. Or, ce rôle attribué à la volonté est contraire à la réalité. Par exemple : le com-
merçant souhaite n’affecter à son entreprise qu’une masse de biens déterminée et non pas
l’ensemble de ses biens.
La volonté joue-t-elle ici un quelconque rôle ? Autrement dit, est-ce par notre volonté que nos
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Selon cette thèse, si l’ensemble de nos biens forme un patrimoine : c’est en raison de leur
affectation commune, ce sont les moyens de notre activité.
Et plus généralement : Tous biens affectés à un but commun constituent une universalité juri-
dique, un patrimoine.
Conséquence : Une même personne peut avoir plusieurs « patrimoines » correspondant à
diverses activités ; autrement dit, il y a un ensemble de biens divisé en sous-ensembles affec-
tés à un but précis (voir supra : éleveur, boucher, conserverie).
Le patrimoine n’apparaît plus comme une conséquence de la personnalité mais plutôt la person-
nalité juridique comme une conséquence du patrimoine d’affectation.
Exemple : pour une fondation, la personnalité n’est accordée qu’en considération de la masse
de biens affectée à telle ou telle œuvre (c’est la fondation indirecte telle qu’elle existe en France).
De nos jours, la doctrine quasi unanime critique la théorie classique et préconise d’adopter la
notion de patrimoine d’affectation (constitution d’une masse de biens autonome affectée à un
but déterminé) comme cela a toujours été admis en droit anglo-saxon et depuis un siècle en
Allemagne.
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Introduction au droit • Série 2
Néanmoins, en droit positif, la théorie d’AUBRY et RAU prévaut malgré le développement conti-
nuel d’exceptions à la théorie classique.
Pour ne prendre que quelques exemples significatifs dans le monde des affaires, remarquons
que la création de sociétés unipersonnelles (à associé unique) revient à créer un patrimoine
d’affectation (ex. : cas de l’EURL qui est une SARL composée d’un seul associé. En effet, la
personne qui crée une EURL dote celle-ci d’un patrimoine qui lui est propre et conserve le sien
par ailleurs).
En outre, la loi n° 94‑126 du 11 février 1994 relative à l’initiative et à l’entreprise (loi Madelin)
permet à un entrepreneur individuel (commerçant ou non) de demander à ses créanciers profes-
sionnels de se désintéresser en priorité sur les biens nécessaires à l’exploitation de l’entreprise
et non sur les biens à usage privé ; ce qui réalise une sorte de partition au sein du patrimoine du
débiteur.
Comme la loi précitée, la loi n° 2003‑721 du 1er août 2003 pour l’initiative économique, poursui-
vant l’objectif de protéger les biens non directement affectés à l’activité professionnelle, prévoit
entre autres la faculté pour l’entrepreneur individuel (commerçant ou non) de déclarer insaisis-
sable sa résidence principale. Il en résulte donc aussi une scission des biens au sein du patri-
moine de l’intéressé.
Mais surtout, la loi n° 2010‑658 du 15 juin 2010 relative à l’entrepreneur individuel à responsabi-
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lité limitée (EIRL) consacre le patrimoine d’affectation en permettant à tout entrepreneur indi-
viduel, par création des articles L. 526‑6 et suivants du Code de commerce, de séparer son
patrimoine non professionnel et son patrimoine professionnel ; de sorte que les biens non
professionnels ne sont en principe pas exposés aux recours des créanciers dont la créance est
née dans le cadre de l’activité professionnelle de l’entrepreneur individuel.
Article L. 526‑6 du Code de commerce (dans sa rédaction modifiée par la loi n° 2011‑525
du 17 mai 2011) :
« Tout entrepreneur individuel peut affecter à son activité professionnelle un patrimoine
séparé de son patrimoine personnel, sans création d’une personne morale.
Ce patrimoine est composé de l’ensemble des biens, droits, obligations ou sûretés dont
l’entrepreneur individuel est titulaire, nécessaires à l’exercice de son activité profession-
nelle. Il peut comprendre également les biens, droits, obligations ou sûretés dont l’entre-
preneur individuel est titulaire, utilisés pour l’exercice de son activité professionnelle et
qu’il décide d’y affecter. Un même bien, droit, obligation ou sûreté ne peut entrer dans la
composition que d’un seul patrimoine affecté.
Par dérogation à l’alinéa précédent, l’entrepreneur individuel exerçant une activité agricole
[…] peut ne pas affecter les terres utilisées pour l’exercice de son exploitation à son acti-
vité professionnelle. Cette faculté s’applique à la totalité des terres dont l’exploitant est
propriétaire.
Pour l’exercice de l’activité professionnelle à laquelle le patrimoine est affecté, l’entrepre-
neur individuel utilise une dénomination incorporant son nom, précédé ou suivi immédia-
tement des mots “Entrepreneur individuel à responsabilité limitée” ou des initiales “EIRL”. »
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UE 111 • Introduction au droit
Tout entrepreneur individuel (commerçant, artisan, agriculteur, professionnel libéral) peut donc
constituer un patrimoine qui, affecté à son activité professionnelle, est le gage de ses créanciers
professionnels. Concrètement, l’affectation se fait au moyen d’une déclaration formelle. (Sur
l’entrepreneur individuel : voir série 3).
L’existence de sûretés permet également de moduler le principe de correspondance entre le
passif et l’actif au sein d’un même patrimoine.
L’article 2284 du Code civil (anc. art. 2092) dispose que le débiteur répond de ses engagements
sur tous ses biens mobiliers, immobiliers, présents et à venir :
« Quiconque s’est obligé personnellement, est tenu de remplir son engagement sur tous
ses biens mobiliers et immobiliers, présents et à venir. »
Le créancier se voit donc reconnaître un droit général sur l’ensemble des biens de son débiteur :
on désigne ce droit sous l’intitulé de « droit de gage général ». Cela est conforté par l’article 2285
du même Code (anc. art. 2093) qui précise que les biens du débiteur sont en principe le « gage
commun de ses créanciers ».
Un créancier impayé pourra donc saisir n’importe quel bien de son débiteur, sauf, toutefois, à
être primé par d’autres créanciers :
Article 2285 du Code civil :
« Les biens du débiteur sont le gage commun de ses créanciers ; et le prix s’en distribue
entre eux par contribution, à moins qu’il n’y ait entre les créanciers des causes légitimes
de préférence. »
Les causes légitimes de préférence dont il est ici question sont les sûretés et notamment les
sûretés réelles (garanties au profit d’un créancier donné accordées par son débiteur sur un ou
plusieurs biens précis lui appartenant : hypothèque sur un immeuble du débiteur, gage sur un
meuble du débiteur…).
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Conclusion
Au terme de cette série, vous savez qu’il existe différentes catégories de personnes
(personnes physiques et personnes morales) et quels sont les éléments de leur
identification (« nom », « domicile »…) ainsi que l’importance de chacun d’eux (utilité
juridique du « domicile »…).
Vous avez également appris qui est habilité juridiquement à effectuer quel type d’acte
(au regard de la capacité juridique) ; ce qui doit vous permettre de savoir quels sont les
engagements que vous pouvez valablement prendre de même que ceux que les autres
personnes peuvent prendre à votre égard.
Par ailleurs, les biens étant indissociables de l’univers des entreprises, vous savez
maintenant ce qu’est un bien au sens du droit et quelle nature juridique est la sienne
selon les cas (bien meuble ou bien immeuble). Vous avez pris conscience, à cette occasion,
de l’étendue de la gamme des biens et que leur qualification juridique relève parfois de
fictions que ne peut soupçonner la personne non initiée en droit (biens meubles par
anticipation, biens immeubles par destination…). L’enjeu est pourtant de taille puisque les
règles applicables diffèrent selon la nature juridique du bien (sûreté à laquelle il peut
servir d’assiette…).
Précisément, l’étude des biens a également servi de prétexte à l’étude des principaux
droits pouvant porter dessus (droit de propriété, usufruit, servitudes) qui sont d’ailleurs
également considérés comme des biens ; qu’il s’agisse des modalités d’acquisition de
ces droits (avec notamment la démonstration des effets juridiques de la possession qui a
•••
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Introduction au droit • Série 2
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entre autres l’étonnante particularité de permettre à un possesseur, du seul fait de son
comportement, de ravir la propriété à un propriétaire même doté d’un titre officiel justifiant
sa propriété !), de leurs modalités d’exercice, d’extinction…
Enfin, le lien devait être fait avec l’importante notion de patrimoine : en droit, si les
biens font partie du patrimoine, ils n’en sont pas les seuls éléments constitutifs. Le
patrimoine est un ensemble également composé des dettes de la personne à laquelle
il appartient. À ce propos, en droit positif français, le patrimoine n’est pas une notion
définie par la loi mais repose sur un raisonnement doctrinal d’ailleurs de plus en plus
contesté, évoluant vers la reconnaissance de l’affectation et qui n’est pas sans
incidence sur le fonctionnement des entreprises.
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UE 111 • Introduction au droit
Lexique
Pêle-mêle, des concepts et expressions clefs du vocabulaire juridique dans l’ordre de leur
apparition dans le cours. La liste est à compléter par vos soins ! (Toutes les définitions
données dans le cours doivent être connues).
Personnalité juridique : aptitude à être titulaire de droits et d’obligations.
Personne physique : personne humaine.
Personne morale : groupement de personnes physiques doté de la personnalité juridique.
Absence : situation d’une personne physique dont on ne sait si elle est encore vivante, faute
d’avoir de ses nouvelles, mais sans pour cela qu’un événement puisse particulièrement laisser à
penser qu’elle est probablement décédée.
Disparition : situation d’une personne physique qui ne donne plus de ses nouvelles à la suite de
circonstances pouvant faire présumer son décès, sans que son corps ait pu être retrouvé (nau-
frage, tremblement de terre…).
État civil : ensemble des qualités au plan privé d’une personne physique déterminant ses droits
et obligations (âge, sexe, qualité d’époux, de parent, d’enfant, de français ou étranger…).
Nom de famille : appellation permettant de désigner les membres d’une même famille.
Domicile : siège juridique, lieu du principal établissement de la personne.
Élection de domicile : désignation d’un domicile (autre que le domicile réel) choisi par une per-
sonne ou imposé par la loi pour les besoins ponctuels d’un acte précis (ex. : lors d’une constitu-
tion d’avocat, élection de domicile chez ce dernier).
Nationalité : lien juridique de rattachement d’une personne à un État.
Apatride : personne n’ayant aucune nationalité (suite à déchéance de nationalité…).
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Société : groupement à but lucratif constitué par des associés qui espèrent se partager les
bénéfices ou profiter de l’économie que réalisera cette société ; étant entendu que les associés
doivent effectuer des apports à ladite société et s’engagent également à contribuer aux pertes
éventuelles de celle-ci.
GIE (Groupement d’intérêt économique) : groupement dont le but est lucratif en ce sens qu’il
est constitué pour faciliter le développement économique de ses membres (ex. : études de mar-
ché, informatisation…), lesquels conservent leur indépendance économique et juridique.
Association : groupement qui poursuit un but autre que lucratif (humanitaire, culturel…).
Syndicat : groupement qui a pour vocation de défendre les intérêts individuels et collectifs des
personnes visées par ses statuts.
Fondation : groupement de biens qui a pour vocation d’être utilisé au service d’une cause.
Dénomination sociale : appellation officielle sous laquelle fonctionne une personne morale.
Siège social : lieu où est officiellement installée une personne morale.
Capacité de jouissance : aptitude à avoir, à acquérir un droit.
Capacité d’exercice : aptitude à exercer soi-même et pour soi-même les droits dont on a la
jouissance.
Acte de conservation : acte de sauvegarde d’un droit destiné à éviter au patrimoine le risque
d’une perte.
Acte d’administration : acte de gestion courante visant à entretenir et faire fructifier le patrimoine.
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Introduction au droit • Série 2
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Sauvegarde de justice : régime de protection applicable aux incapables majeurs atteints d’une
altération modérée de leurs facultés physiques et/ou mentales.
Curatelle : régime de protection applicable aux incapables majeurs dont l’altération des facultés
physiques et/ou mentales nécessite une assistance.
Lésion : déséquilibre économique important entre les obligations dues par les parties dans un
contrat synallagmatique ou entre les lots attribués à des copartageants.
Rescision pour lésion : anéantissement par décision de justice d’un acte lésionnaire.
Réduction pour excès : action en justice visant à obtenir un rééquilibrage économique entre les
obligations réciproques des parties.
Fruits : biens que procure régulièrement et périodiquement une chose sans que sa substance
en soit altérée. Les fruits peuvent être naturels (fruits de la nature : pommes…), industriels (résul-
tant du travail des hommes) ou civils (fruits d’un capital : loyers et autres revenus d’argent…).
Produits : biens que procure l’exploitation d’une chose dont la substance s’en trouve altérée.
(ex. : matériaux extraits d’une carrière).
Bien : chose susceptible d’appropriation et droits portant sur cette chose.
Chose commune : chose dont l’usage est commun à tous, qui ne peut être appropriée (l’air…)
et qui n’est donc pas un bien.
Bien corporel : bien matériel, tangible, palpable (table, chaise, bâtiment…).
Bien incorporel : bien immatériel, impalpable (créance, fonds de commerce…).
52
UE 111 • Introduction au droit
Immeuble par nature : le sol et tout ce qui y adhère fermement (terrains, bâtiments, arbres non
coupés…).
Immeuble par destination : bien meuble par nature, fictivement considéré comme immeuble
parce que placé par son propriétaire pour l’exploitation du fonds dont il est également proprié-
taire : destination agricole (tracteur…), commerciale (présentoirs…), industrielle (machines-
outils…), ornementale (tapisserie occupant un emplacement spécialement aménagé dans la
paroi d’un mur…).
Meubles meublants : biens meubles par nature destinés à l’usage et à l’ornement des
appartements.
Meuble par nature : bien pouvant se déplacer de son propre mouvement ou par l’effet d’une
force externe (animaux, récoltes coupées, tables…).
Meuble par anticipation : immeuble fictivement considéré comme un meuble parce qu’appelé
à le devenir (arbres à abattre…).
Droit de propriété : droit subjectif, patrimonial, réel, principal. « La propriété est le droit de jouir
et disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage
prohibé par les lois ou par les règlements » (C. civ., art. 544).
Usus : attribut du droit de propriété conférant au propriétaire le droit de se servir de sa chose.
Fructus : attribut du droit de propriété conférant au propriétaire le droit de percevoir les revenus
(fruits, produits) de sa chose.
Abusus : attribut du droit de propriété conférant au propriétaire le droit d’effectuer sur sa chose
tous les actes qu’il souhaite (vente, destruction, donation…).
Accession : modalité d’acquisition des choses accessoires à la chose principale appropriée.
Ayant-cause : personne qui tient son droit d’une autre personne (appelée auteur).
Acte entre vifs : acte juridique dont les effets ont lieu du vivant des parties (vente, donation…).
Acte à cause de mort : acte juridique dont les effets n’ont lieu qu’au décès d’une personne (legs…).
Acte à titre gratuit : acte ayant lieu sans contrepartie (donation, legs).
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Introduction au droit • Série 2
Servitude : droit subjectif, patrimonial, réel, démembré qui confère à son titulaire un droit d’usage
d’une chose dont la propriété appartient à quelqu’un d’autre. Exemples : servitude de passage,
de puisage, de pacage, de vue, d’éclairement…
Ainsi, la servitude de passage est un droit grevant un immeuble dit fonds servant pour l’usage
d’un autre dit fonds dominant.
Chose frugifère : chose susceptible de produire des fruits (arbre fruitier, appartement loué…).
Chose consomptible : chose qui disparaît par le premier usage (aliments…).
Chose fongible (chose de genre) : chose interchangeable. Exemple : deux appareils rigoureuse-
ment identiques. À opposer au corps certain. Exemple : une œuvre d’art unique.
Patrimoine : universalité de droit comportant les biens et les obligations appréciables en argent
d’une personne.
Subrogation : substitution d’une chose ou d’une personne à une autre.
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UE 111 • Introduction au droit
Exercices autocorrigés
Questions
1. Au regard du droit, qui est considéré comme absent ?
a. Une personne dont on sait qu’elle n’est momentanément pas présente mais qui doit
revenir.
b. Une personne dont on ignore depuis un certain temps où elle est, sans que l’on puisse
particulièrement craindre qu’elle soit décédée.
c. Une personne dont on ignore où elle est, mais dont on peut craindre, eu égard aux circons-
tances, qu’elle est décédée.
2. Parmi les régimes cités de protection des personnes juridiquement incapables, quel(s) est
(sont) celui (ceux) qualifié(s) de représentation et non de simple assistance ?
a. L’administration légale pure et simple.
b. L’administration légale sous contrôle judiciaire.
c. La tutelle.
3. À quelle(s) personne(s) le régime de la tutelle peut-il être appliqué ?
a. À un mineur non émancipé dont aucun des deux parents n’exerce l’autorité parentale.
b. À un mineur émancipé dont les facultés physiques et/ou mentales sont gravement
altérées.
c. À un majeur dont les facultés physiques et/ou mentales sont gravement altérées.
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Introduction au droit • Série 2
9. Quel(s) est (sont) le(s) droit(s) que l’on peut perdre par un non-usage trentenaire ?
a. Le droit de propriété.
b. Le droit d’usufruit.
c. Le droit de servitude.
10. En droit, qu’est-ce que le patrimoine ?
a. La fortune d’une personne, c’est-à-dire l’ensemble de ses biens.
b. L’ensemble des créances, des biens et des dettes des seules personnes physiques
majeures.
c. L’ensemble des créances, des biens et des dettes présents et à venir de toute personne
physique (même mineure) et de toute personne morale.
Réponses
1. b ; 2. a b c ; 3. a b c ; 4. a c ; 5. a b ; 6. a b ; 7. c ; 8. a b c ; 9. b c ; 10. c.
Les exercices (à ne pas envoyer à la correction), dont les corrigés figurent à la suite des sujets,
ont pour but la mise en œuvre et l’approfondissement des connaissances acquises dans le
cours.
Exercice
Énoncé
1. Au début de l’année 2013, M. Anvin, brillant homme d’affaires, a quitté son domicile parisien
à bord de son hélicoptère personnel pour se rendre en Suisse. Curieusement, il ne s’est pas
présenté à son rendez-vous et n’a jamais pu être retrouvé en dépit de nombreuses recherches.
Qualifier la situation juridique de M. Anvin.
2. Le docteur Richard, bien qu’ayant prodigué des soins attentifs à Mme Lafin, n’a pu enrayer la
progression de la maladie de sa patiente qui décède non sans avoir, par testament, désigné le
praticien au nombre de ses héritiers. Les enfants de Mme Lafin contestent la volonté de la
défunte. Qu’en pensez-vous ?
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3. Aristide Deschamps est agriculteur. Il exploite contre le versement d’une redevance, plusieurs
parcelles appartenant à M. Urbain et vient d’acheter un tracteur pour les besoins de son activité.
M. Urbain a-t-il raison de prétendre que le tracteur est un bien immeuble par destination ?
4. M. Lucra a découvert, il y a huit ans, un terrain qu’il a défriché et sur lequel il organise pour les
enfants des promenades à dos de poney moyennant le prix d’un ticket. Le véritable propriétaire
du terrain survient alors et réclame la restitution de son bien, les sommes perçues du fait de la
promenade et des dommages-intérêts. Quel est votre avis ?
5. M. Ludo est propriétaire d’un étang estimé à 30 000 euros. Il a consenti une hypothèque sur
cet étang à M. Bastien dont la créance s’élève à 22 000 euros. Les autres créanciers de M. Ludo
n’ont-ils aucun droit de regard sur la valeur de l’étang ?
Corrigé
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UE 111 • Introduction au droit
Dans le cas de l’absence comme dans celui de la disparition, le législateur aménage une
démarche spécifique qui, au fur et à mesure que le temps passe, conduit à l’ouverture de la
succession de la personne concernée, à la dissolution de son mariage, etc.
En l’espèce, les enfants de Mme Lafin sont donc en principe fondés à contester la volonté de la
défunte.
Cependant, par une sorte de fiction, certains immeubles par nature sont parfois assimilés à des
meubles ; il s’agit alors de meubles par anticipation (ex. : récoltes vendues sur pied…).
À l’inverse, certains meubles par nature peuvent être assimilés à des immeubles. Ce sont, d’une
part, les immeubles par incorporation et, d’autre part, les immeubles par destination (meubles
placés par le propriétaire du fonds pour le service et l’exploitation de ce fonds).
En l’espèce, le tracteur d’Aristide Deschamps est un bien meuble par nature qui ne peut ici rece-
voir la qualification d’immeuble par destination agricole, car son propriétaire (A. Deschamps)
n’est pas propriétaire de l’immeuble au service duquel il l’a placé puisque les parcelles appar-
tiennent à M. Urbain.
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Introduction au droit • Série 2
S’agissant des biens immeubles, la possession octroie la propriété par une prescription en prin-
cipe trentenaire. Néanmoins, si le possesseur est de bonne foi et dispose d’un juste titre (titre
translatif de propriété dont le possesseur ignore les vices), la durée de la prescription est rame-
née à dix ans.
Le véritable propriétaire peut toujours tenter de récupérer son bien en exerçant une action en
revendication dans les délais impartis. Si cette action aboutit, le possesseur doit lui restituer le
bien. De même, le possesseur évincé, sauf à être de bonne foi, est tenu de restituer les fruits de
la chose (ce que fournit régulièrement la chose sans en entamer la substance). Rien ne justifie la
condamnation au versement de dommages-intérêts à la charge du possesseur.
En l’espèce, M. Lucra exerce sur un bien immeuble une possession utile depuis huit ans. Bien
qu’apparemment de bonne foi, il ne semble pas disposer d’un juste titre et ne pourra donc invo-
quer la propriété du terrain qu’après trente ans de prescription. Le véritable propriétaire est par
conséquent fondé à réclamer la restitution du terrain mais ses prétentions quant aux sommes
perçues du fait des promenades à dos de poney seront rejetées, sauf à prouver la mauvaise foi
de M. Lucra. Celui-ci ne doit pas de dommages-intérêts.
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M. Ludo, peut par priorité, être désintéressé sur la valeur de l’étang, du montant de sa créance
qui s’élève à 22 000 €.
Si d’autres créanciers de M. Ludo, se sont vus reconnaître une hypothèque sur l’étang, ils seront
désintéressés selon leur rang.
Enfin, en dernier lieu, les créanciers chirographaires se partagent l’éventuel reliquat au même
titre que tous les créanciers privilégiés dont la sûreté ne porte pas sur l’étang.
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UE 111 • Introduction au droit
Annexes
Sur le droit des personnes :
• Annexe 1 : Choix du prénom dans l’intérêt de l’enfant : Cass. 1re civ., 15 février 2012 ;
M. Dominique X… Mme Isabelle Y… c/ Le procureur général près la Cour d’appel de Versailles.
• Annexe 2 : Fabrice PERREAU-BILLARD, « La réforme des tutelles – Les acteurs de la protec-
tion – Le majeur à protéger : le mandat de protection future », AJ Famille, 2007, p. 213 s.
Sur le droit des biens :
• Annexe 3 : Abus du droit de propriété : Cass. 1re civ., 20 janvier 1964 ; Dame Blum c/ Demoiselle
Lassus.
• Annexe 4 : Troubles anormaux de voisinage : CA Riom, 1re ch. civ., 7 septembre 1995 ; Époux
Roche c/ Rougier.
Rejet
Demandeur(s) : M. Dominique X… ; Mme Isabelle Y…
Défendeur(s) : Le procureur général près la Cour d’appel de Versailles
Vu leur connexité, joint les pourvois n° B 11 19.963 et M 10 27.512 ;
son fils, né le 7 novembre 2009, Titeuf, Grégory, Léo ; que l’officier d’état civil a informé le procu-
reur de la République que le choix du premier prénom, Titeuf, lui paraissait contraire à l’intérêt de
l’enfant ; que, sur le fondement de l’article 57 du code civil, le parquet a fait assigner les parents
afin de voir prononcer la suppression du prénom Titeuf ; que, par jugement du 1er juin 2010, le
tribunal de grande instance de Pontoise, se fondant sur l’intérêt de l’enfant, a ordonné la suppres-
sion du prénom Titeuf de son acte de naissance et dit qu’il se prénommera Grégory, Léo ;
Attendu que M. X… et la mère de l’enfant, Mme Y…, font grief à l’arrêt de confirmer le jugement,
alors, selon le moyen :
1°/ que la contrariété à l’intérêt de l’enfant qui peut justifier que le prénom choisi par ses parents
soit supprimé doit être appréciée de façon objective ; qu’en appréciant la conformité à l’intérêt de
l’enfant du prénom Titeuf uniquement par référence à un personnage de bande dessinée dont la
notoriété est nécessairement éphémère et limitée, dont elle relève au demeurant qu’il est “plutôt
sympathique”, et en se livrant à une analyse subjective des caractéristiques de ce personnage,
sans se prononcer au regard de critères objectifs seuls à même de garantir le principe d’égalité
devant la loi, la cour d’appel a violé l’article 57 du code civil, ensemble l’article 3 de la Convention
de New York du 20 novembre 1989 et l’article 8 de la Convention européenne des droits de
l’homme ;
2°/ que toute restriction à la liberté de choix du prénom de l’enfant par ses parents ne peut être
justifiée que par l’intérêt de l’enfant ; qu’en jugeant que le prénom Titeuf n’était pas conforme à
l’intérêt de l’enfant et en ordonnant sa suppression de l’acte de naissance, sans rechercher, ainsi
qu’elle y était invitée, si le fait qu’au moins un autre enfant ait reçu ce prénom sans opposition du
ministère public et que d’autres enfants aient reçu les prénoms d’autres personnages de bande
dessinée ou dessins animés n’était pas de nature à mettre en évidence que le choix du prénom
litigieux ne portait pas atteinte à l’intérêt de l’enfant, la cour d’appel a privé sa décision de base •••/•••
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Introduction au droit • Série 2
•••/••• légale au regard de l’article 57 du code civil, ensemble l’article 3 de la Convention de New York du
20 novembre 1989 et l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme ;
Mais attendu que c’est par une appréciation souveraine qu’en une décision motivée la cour d’ap-
pel a estimé qu’il était contraire à l’intérêt de l’enfant de le prénommer Titeuf ; que le moyen qui ne
tend en réalité qu’à contester cette appréciation ne peut être accueilli ;
Annexe 2
Parce que nous sommes tous susceptibles de devenir incapables, la loi n° 2007‑308 du 5 mars
2007 portant réforme de la protection juridique des majeurs crée le mandat de protection future.
Cette réforme entrera en vigueur le 1er janvier 2009, à l’exception des dispositions concernant le
mandat de protection future qui sont d’application immédiate. Les notaires peuvent donc, dès
maintenant, recevoir de tels mandats, étant précisé, toutefois, qu’ils ne pourront produire effet qu’à
compter du 1er janvier 2009.
Face au phénomène du vieillissement de la population, le xxie siècle doit se préparer à une véritable
révolution : celle de la longévité. Aujourd’hui 2,3 millions de personnes ont plus de 80 ans, et ces
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dernières années ont vu l’accroissement sensible des cas de démence sénile. À titre indicatif, il y
aurait aujourd’hui en France plus de 700 000 personnes, soit 1 % de la population, placées sous
un régime de protection juridique et 68 000 mesures nouvelles sont prononcées par an. Avec un
rythme de progression de 4 % annuels, on envisage un million de personnes placées sous un
régime de protection en 2010. La tutelle « familiale » concerne 51 % des personnes âgées de 70 à
80 ans. Cette proportion diminue pour celles qui atteignent plus de 80 ans, leurs enfants prenant
en charge la tutelle jusqu’au moment où ils deviennent eux-mêmes trop âgés pour l’assumer. Le
rôle des curateurs et des tuteurs est très difficile, et on peut regretter le manque de formation spé-
cifique de beaucoup d’entre eux qui, bien que bons gestionnaires, n’ont pas toujours les qualités
ou les connaissances juridiques et patrimoniales requises pour aborder tous les aspects de la prise
en charge d’un majeur protégé âgé, dépendant (2).
Chacun doit savoir qu’il a toutes les chances de vivre vieux, et même très vieux, et qu’il lui faut, de
ce fait, en tenir compte dans ses projets (3).
Les notaires ne sont pas restés insensibles au vieillissement de la population et à ses consé-
quences en matière d’incapacité. Ils s’y sont d’ailleurs directement intéressés lors des 95e et 102e
congrès nationaux des notaires de France (4). Favorables au mandat pour incapacité future, les
notaires avaient d’ailleurs déjà proposé (5) que soit organisée au sein du Code civil « la possibilité
pour toute personne physique, dans la perspective où elle deviendrait incapable, de permettre à
un représentant de son choix, également personne physique qui accepterait sa mission, de
contracter en son nom pour organiser et maintenir son état de vie, en respect des indications figu-
rant au mandat, et de ses habitudes de vie ».
Une réforme du droit des majeurs protégés, adaptant le droit des incapacités à l’évolution contem-
poraine, s’imposait. Chaque famille peut un jour se trouver concernée par l’institution d’une mesure
de protection à l’égard de l’un de ses membres, frappé par la maladie, l’âge ou le handicap. Orga-
nisées par la loi du 3 janvier 1968 (C. civ., art. 489 à 514), les mesures pérennes de protection des •••/•••
60
UE 111 • Introduction au droit
•••/••• incapables ont toujours été engagées et assurées par les pouvoirs publics. Ce système a un coût
social élevé et des modes de financement complexes. Le suivi et le contrôle de l’application des
mesures souffrent de nombreuses carences. Ces dispositions, souvent mal vécues par la per-
sonne protégée elle-même, voire sévèrement critiquées par l’entourage familial, ne sont plus adap-
tées. En effet, il arrive souvent que les familles répugnent au départ à demander l’application d’un
régime de protection, ne voulant pas porter atteinte à la liberté de leur proche devenu vulnérable.
« La pudeur habite souvent la personne vulnérable et son entourage » (6). Or, la personne protégée
doit rester au cœur de tout régime de protection, et le législateur doit avoir la volonté constante de
respecter les souhaits et les sentiments de la personne.
Il aura fallu une belle persévérance pour aboutir à la loi du 5 mars 2007 portant réforme de la pro-
tection juridique des majeurs. Inspiré des législations étrangères, le mandat de protection future
est déjà pratiqué au Québec depuis 1990 sur le modèle du « Curateur public » (7). Ce mandat per-
met à chacun d’anticiper en toute liberté sa propre protection. La seule volonté de la personne
suffit à sa protection, ne dépendant ainsi que de soi, en tout cas le moins possible des aides
extérieures. Avec le nouveau mandat de protection future, le législateur concilie ainsi dignité et
liberté. Il offre une solution souple qui n’entraîne pas l’incapacité du mandant, et très personnalisée
pour désigner à l’avance qui sera chargé de veiller sur ses intérêts et sa personne en cas de
besoin.
tion, puisque l’article 2003 dispose que le mandat prend fin notamment par la tutelle des majeurs.
Le mandant y choisit son ou ses mandataires qui doivent accepter expressément le mandat (C. civ.,
art. 489, al. 1er, nouv. et 492, al. 2, nouv.). Le mandataire peut être une personne physique choisie
librement par le mandant ou une personne morale inscrite sur la liste des mandataires judiciaires à
la protection des majeurs (C. civ., art. 480, al. 1er, nouv.). Plutôt que de désigner une seule per-
sonne, il sera opportun de faire une liste, en désignant à défaut. La subdélégation spéciale est
permise (C. civ., art. 482 nouv.). Le mandataire doit, pendant toute l’exécution du mandat, jouir de
la capacité civile, et ne peut être déchargé de ses fonctions qu’avec l’autorisation du juge des
tutelles.
Le mandat ne prendra effet qu’à compter du jour où sera constatée l’incapacité du mandant,
lorsqu’il est établi qu’il ne peut plus pourvoir seul à ses intérêts (C. civ., art. 481, al. 1er, nouv.). Il est
bien évident que le mandataire ne pourra décider d’exécuter le mandat sans que ne soit, au préa-
lable, constatée l’altération des facultés personnelles du mandant. Pour mettre en œuvre le man-
dat, le mandataire doit le présenter au greffe du tribunal d’instance et produire un certificat médical
émanant d’un médecin spécialiste choisi sur une liste établie par le procureur de la République. Le
greffier doit alors le viser et le dater puis le restituer au mandataire (C. civ., art. 481, al. 2, nouv.).
Ainsi, la date de début d’exécution du mandat sera certaine. Il reste cependant à prévoir la forme
de l’acte du greffier et les modalités de sa publicité.
Le mandat de protection future s’exerce à titre gratuit, sauf stipulations contraires (C. civ., art. 419,
al. 5, nouv.). Lors de l’ouverture de la mesure, le mandataire devra procéder à un inventaire des
biens du mandant, et établir chaque année un compte de sa gestion (C. civ., art. 486 nouv.). De
même, à l’expiration du mandat, le mandataire doit tenir à la disposition de la personne qui conti-
nue la gestion ou aux héritiers du mandant les cinq derniers comptes annuels de gestion et toutes
pièces justificatives (C. civ., art. 487 nouv.). •••/•••
201111TDPA0213 61
Introduction au droit • Série 2
•••/••• C’est donc une convention de protection qui doit être enfermée dans des règles de forme strictes.
La liberté du mandant reste encadrée. Deux formes seront possibles qui n’auront pas les mêmes
effets en matière patrimoniale. Le mandant peut rédiger ses volontés en termes généraux ou spé-
ciaux aux termes d’un mandat unique. Il peut être établi en la forme notariée (C. civ., art. 489 à 491
nouv.) ou par acte sous-seing privé (C. civ., art. 492 à 494 nouv.), à l’exception du mandat pour
autrui qui doit respecter la forme authentique (C. civ., art. 477, al. 4, nouv.). En aucun cas, et quelle
que soit la forme du mandat, les dispositions relatives à la protection personnelle ne pourront
déroger aux règles de la protection judiciaire. Une personne sous tutelle ne peut pas conclure un
tel mandat (C. civ., art. 477, al. 1er, nouv.). Une personne sous curatelle doit être assistée de son
curateur (C. civ., art. 477, al. 2, nouv.).
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la signature d’un contrat. Aussi aura-t-il le devoir de vérifier l’identité et prendre garde à la capacité
du mandant. Il informera le mandant sur les conséquences de son acte. Si au moment où le man-
dat a été donné, le notaire est sûr de la capacité de son client, rien ne menace, semble-t-il, la
validité de l’acte accompli. Mais est-on toujours sûr de cette capacité ? Se pose la question fon-
damentale du degré d’autonomie de la personne. L’évaluation de l’aptitude du mandant à exprimer
sa volonté lors de la rédaction du mandat peut s’avérer nécessaire pour certaines personnes
atteintes d’une maladie de type Alzheimer. Les notaires sont parfois confrontés à ce genre de
situation et aimeraient avoir des réponses claires.
La forme notariée (C. civ., art. 489 à 491 nouv.) permet une protection juridique très étendue, et
autorise une appréciation plus large des pouvoirs du mandataire. Le notaire doit attirer l’attention
de ce dernier sur ses obligations et les risques d’engagement de sa responsabilité. Un seul notaire
est choisi par le mandant (C. civ., art. 489, al. 1er, nouv.). Dans l’avant-projet de loi, deux notaires
devaient intervenir à la régularisation du mandat : un notaire choisi par le mandant et un notaire
désigné par le président de la Chambre des notaires. L’obligation de faire appel à deux notaires a
été supprimée. Le coût de l’acte n’en sera que moins élevé.
Le notaire donne force exécutoire au mandat qui sera exécuté sous son contrôle et pourra ainsi
couvrir les actes de disposition du patrimoine (C. civ., art. 490, al. 1er, nouv.). Mais le mandataire ne
peut accomplir un acte de disposition à titre gratuit qu’avec l’autorisation du juge des tutelles
(C. civ., art. 490, al. 2, nouv.).
Le mandat est un acte grave aux termes duquel le mandant choisit un mandataire au lieu et place
de l’autorité judiciaire. La désignation du ou des mandataires par acte notarié doit être préférée
dans la mesure où le mandat authentique assure une protection juridique accrue, le mandataire
pouvant exécuter tous les actes de disposition du patrimoine à titre onéreux sous le contrôle du
notaire. Ce dernier étant par ailleurs investi d’un pouvoir de contrôle et de vérification puisqu’il peut •••/•••
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UE 111 • Introduction au droit
•••/••• saisir le juge des tutelles de tout mouvement de fonds et de tout acte non justifiés ou n’apparais-
sant pas conformes aux stipulations du mandat (C. civ., art. 491 nouv.). En effet, les conseils avisés
du notaire permettront au mandant de recevoir une information adaptée et d’être assuré du bon
respect du mandat. Le mandat authentique lui assurera un contrôle du mandataire (C. civ., art. 491,
al. 2, nouv.).
Fin du mandat
L’exécution du mandat prend fin (C. civ., art. 483, nouv.) par :
• le rétablissement des facultés personnelles du mandant ;
• le décès du mandant ou de son mandataire ;
• la révocation judiciaire du mandataire ;
• l’ouverture d’une mesure de protection juridique.
Conclusion
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Le testament nous permet de prévoir la mort, le mandat de protection future nous permet de pré-
voir l’incapacité. Praticien du droit, le notaire est un homme de terrain et de proximité, il accom-
pagne notre vie dans les moments clés. Il est de manière permanente en contact avec la population.
Il se doit d’être le défenseur et le protecteur des plus fragiles. Toute personne vulnérable doit avoir
droit à l’assistance et à l’aide requise pour mener une vie conforme à ses capacités réelles et
potentielles. Le notaire doit saisir l’opportunité qui lui est donnée de devenir l’interlocuteur privilé-
gié quand la volonté devient impuissante.
Les notaires savent mieux que quiconque combien le mandat de protection future correspond à
une attente profonde de leurs clients. Parce qu’il est le professionnel de la transmission du patri-
moine, homme de l’écrit, le notaire doit maîtriser ce nouvel outil qu’est le mandat de protection
future. La volonté des clients, soucieux de se protéger, de préserver un être cher, prendra corps
grâce à cette maîtrise. En qualité d’acteur, maîtrisant parfaitement le droit de la famille, le notaire
se doit de participer activement à ces nouvelles fonctions.
« Parce que la liberté, grâce à la forme authentique, sera mieux surveillée et expliquée, son domaine
sera plus riche et plus vaste » (9).
Mots clés :
MAJEUR PROTÉGÉ * Réforme des tutelles * Mandat de protection future
Fabrice PERREAU-BILLARD, Notaire
AJ Famille, Éditions Dalloz, 2007, p. 213 s.
(1) L’AJ famille, dans ses n° 4/2007 et n° 5/2007, a consacré un dossier à la « Réforme des tutelles », constitué, outre la pré-
sente contribution, des articles suivants :
Th. Fossier et Th. Verheyde, « La protection de la personne », p. 160.
Th. Fossier et L. Pécaut-Rivolier, « La protection des intérêts patrimoniaux », p. 167.
Th. Fossier, L. Pécaut-Rivolier et Th. Verheyde, « La mesure d’accompagnement judiciaire » (MAJ) et « Les mesures adminis-
•••/•••
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Introduction au droit • Série 2
Annexe 3
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avoir rappelé et déclaré constantes les constatations de fait des premiers juges, a relevé « qu’il
apparaît bien des éléments de la cause que les parties vivent dans une mésintelligence certaine »
et que « l’instance… reflète et caractérise la psychologie de demoiselle Lassus, recherchant la
satisfaction d’un mobile malicieux » ; – Attendu qu’en se refusant, dans de telles circonstances, à
accorder à dame Blum réparation du préjudice dont elle se plaignait alors qu’ils constataient en
même temps, à la charge de demoiselle Lassus, un exercice purement malicieux, partant abusif,
de son droit de propriété, les juges du second degré ont violé le texte visé par le pourvoi ;
Par ces motifs, et sans qu’il y ait lieu de statuer soit sur les autres branches du premier moyen, soit
sur le second moyen : – Casse et annule l’arrêt rendu entre les parties par la cour d’appel d’Agen,
le 28 mars 1962, et renvoie devant la cour d’appel de Toulouse.
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UE 111 • Introduction au droit
Annexe 4
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UE 111 • Introduction au droit
Index
Absence 8 Embryon 8
Abus du droit de propriété 43 EURL 48
Abusus 30 Fondation 11
Accession 38 Fructus 30, 40
Acte d’administration 14 Fruit 30, 37, 41, 43
Acte de conservation 14 Groupement d’intérêt économique 11
Acte de disposition 15 Immeuble par destination 27
Acte de disposition à titre gratuit 15 Immeuble par l’objet auquel il s’applique 27
Acte de disposition à titre onéreux 15 Immeuble par nature 27
Action en revendication 36, 37 Incapacité 13
Action pétitoire 37 Incapacité de jouissance 13
Action possessoire 37 Incapacité d’exercice 14
Administration légale 16 Indivision 31
Administration légale pure et simple 16 Interruption de la prescription 36
Administration légale sous contrôle Jonction des possessions 36
judiciaire 16 Jouissance légale 16
Animus 34 Juge des tutelles 17
Apatride 10 Juste titre 35
Approche personnaliste 48 Majeur 19
Assistance 14 Mandat de protection future 20
Association 11 Meuble meublant 25
Autorité parentale 15 Meuble par anticipation 26
Bien 23 Meuble par détermination de la loi 26
Bien corporel 24 Meuble par nature 26
Bien immeuble 24, 26 Mineur 15
Bien incorporel 24 Mineur émancipé 18
Bien meuble 24, 25 Mineur non émancipé 15
Bonne foi 35 Nationalité 10, 12
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Introduction au droit • Série 2
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UE 111
Devoir 2
Introduction au droit
Année 2013-2014
À envoyer à la correction
Auteur : Marielle MARTIN
Nota Bene
Ce devoir est conçu pour être traité au seul moyen de la partie 1 de la série 2 à laquelle il se rapporte.
Les notions traitées antérieurement sont évidemment supposées acquises.
Cas n° 1
Le jeune Xavier est un adorable petit garçon âgé de 2 ans qui, jusque-là, a eu le bonheur d’être élevé par
ses deux parents très attentifs, M. et Mme Durant.
Or, un drame vient de frapper cette famille puisque M. Durant, 30 ans, est décédé avant-hier dans un
terrible accident de la circulation, alors qu’il était seul au volant de sa voiture.
Accablée de chagrin, Mme Durant, 27 ans, garde toutefois le sens des réalités et se préoccupe de savoir
si le décès de son mari a une incidence sur l’administration légale pure et simple, régime juridique de
protection dont on lui avait dit qu’il s’appliquait à leur petit Xavier.
Elle vous interroge donc à ce sujet.
Cas n° 2
Mme Sijeveu, 45 ans, est placée sous curatelle depuis deux ans. C’est M. Comilfo, 50 ans, qui a été
désigné son curateur par le juge des tutelles.
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Répondre aux six questions posées à la suite des extraits de la décision de justice ci-après
reproduite :
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Introduction au droit • Devoir 2
•••/••• Seeb était, à la suite d’une cession totale, détenue par un actionnaire unique et que cette situation avait
entraîné un changement de dirigeant social, la société Castes industrie a entendu mettre un terme au
contrat en décembre 2007 ; qu’estimant que cette brusque résiliation était fautive, la société Seeb l’a fait
assigner en paiement de dommages-intérêts ; […] ;
Attendu que la société Castes industrie fait grief à l’arrêt d’avoir accueilli cette demande, alors, selon le
moyen :
[…] que le contrat conclu en considération de la personne du dirigeant est résilié de plein droit en cas de
changement de cette personne non agréé par le partenaire ; que cette résiliation intervient de plein droit et
ne peut présenter aucun caractère abusif ; qu’un contrat de distribution est un contrat intuitu personae par
nature, compte tenu de l’intégration du distributeur au réseau et de la confiance entre partenaires que cela
suppose ; […] ;
Mais attendu qu’ayant justement énoncé qu’en raison du principe d’autonomie de la personne morale, cette
dernière reste inchangée en cas de cession de la totalité des parts ou actions d’une société ou de change-
ment de ses dirigeants et relevé l’absence de stipulation contractuelle autorisant la rupture avant échéance
dans de telles hypothèses, la cour d’appel, qui a ainsi fait ressortir qu’il n’était pas établi que la convention
de distribution exclusive ait été conclue en considération de la personne du dirigeant, en a déduit, à bon
droit, sans écarter le caractère intuitu personae du contrat, qu’en l’absence d’une stipulation particulière, la
convention était maintenue en dépit des changements survenus ; que le moyen […] n’est pas fondé […] ;
[…] ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
[…] ».
TRAVAIL À FAIRE
1. Au regard des différentes sortes de personnes morales qui existent, quelle est la nature juridique
de chacune des deux sociétés en litige dans la décision de justice étudiée ?
2. Quels sont, dans cette affaire, les faits à l’origine du litige ?
3. Dans quel sens la cour d’appel, dont l’arrêt est ici attaqué devant la Cour de cassation, avait-elle
statué ?
4. Que décide, en l’espèce, la Cour de cassation ?
Document de travail réservé aux élèves de l’Intec – Toute reproduction sans autorisation est interdite
5. Cette décision de la Cour de cassation est-elle conforme au droit en vigueur s’agissant de ce
qu’est la personnalité morale ?
6. À quelle condition, selon cette jurisprudence, le changement d’associé ou de dirigeant d’une
société personne morale aurait-il une incidence sur les contrats passés par cette dernière ?
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UE 111
Devoir 3
Introduction au droit
Année 2013-2014
À envoyer à la correction
Auteur : Marielle MARTIN
Nota Bene
Ce devoir est conçu pour être traité au seul moyen de la partie 2 de la série 2 à laquelle il se rapporte.
Les notions traitées antérieurement sont évidemment supposées acquises.
Répondre aux huit questions posées à la suite des extraits de la décision de justice ci-après
reproduite :
des actes matériels d’occupation réelle et se conserve tant que le cours n’en est pas interrompu ou sus-
pendu, la cour d’appel, qui n’a pas recherché si la possession des Consorts X… ne s’était pas poursuivie
au-delà de 1948 par la seule intention, sans être interrompue avant l’expiration du délai de prescription par
un acte ou un fait contraire, n’a pas donné de base légale à sa décision ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 9 décembre 2010, entre les parties, par
la cour d’appel de Papeete ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient
avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Papeete, autrement
composée ;
[…] ».
TRAVAIL À FAIRE
1. Quelle est la juridiction qui rend la décision reproduite ? Quand ? Qui sont les parties (demande-
resse, défenderesse) à ce stade de la procédure ?
2. En l’espèce, quels sont les biens dont les Consorts X… réclament la propriété ?
3. Selon les Consorts X…, par quelle modalité juridique sont-ils devenus propriétaires de ces biens ?
4. Quelle est la décision attaquée devant la juridiction qui rend la décision reproduite ? (Par quelle
juridiction a-t-elle été rendue ? Quand ? En faveur de qui cette juridiction s’était-elle prononcée ?)
5. Quel est le raisonnement mené par la juridiction dont la décision est attaquée devant la juridiction
qui rend la décision reproduite ?
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Introduction au droit • Devoir 3
6. Dans quel sens statue la juridiction qui rend la décision reproduite ? (Qui l’emporte ? Selon quels
motifs : en d’autres termes, quels sont les arguments de cette juridiction ?)
7. Le raisonnement mené par la juridiction dont la décision est reproduite est-il conforme au droit en
vigueur au regard de la modalité d’acquisition de la propriété dont il s’agit ?
8. Que décide la juridiction qui rend la décision reproduite, quant à la suite du procès ?
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