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Contentieux européen – Cours 5

DEUXIÈME CHAPITRE : le recours en annulation.

A. Base légale et description générale du mécanisme

Il s’agit de la possibilité d’obtenir l’annulation d’un acte administratif ou depuis peu, législatif.

Ce recours existe aussi en droit de l’UE et il est prévu aux articles 263, 264 et 266 TFUE.

On va anticiper un peu sur ce qui nous sera expliqué par les autres profs. Ils vont nous expliquer
l’exception d’illégalité et la question préjudicielle en validité.
Ces trois procédures appartiennent à une même famille qui vise a contrôler la légalité d’un acte de l’UE.
Le mot « légalité » est un mot un peu générique parce que ca veut aussi dire «  constitutionnalité », c’est
le même processus. En réalité c’est de vérifier la conformité d’une règle à une norme supérieure.

La question de la légalité s’apprécie en chaine, càd qu’une norme doit toujours être conforme à la
norme supérieure et si elle ne l’est pas, toutes les normes inférieures, qui ont été prises sur base de cette
norme en question, sont nulles.

Retenir la notion de chaine de légalité et 3 synonymes :


- l’annulation (on annule parce que la norme n’est pas conforme à la norme supérieure),
- légalité (si une norme est annulée c’est parce qu’elle n’est pas légale, pas conforme à la norme
supérieure)
- validité (non-conformité à la norme supérieure).

Ces 3 synonymes vont guider 3 procédures de droit européen qu’on va voir : l(annulation, l’exception
d’illégalité et la question préjudicielle en validité).

Attention, ces 3 procédures ont le même objectif, c’est de « tuer » un acte. En droit l’annulation c’est un
peu la peine capitale. On est mort et on est censé n’avoir jamais existé puisque c’est rétroactif.
Même objectif, même résultat mais la procédure va être différente.

L’annulation dans la mesure ou c’est un recours direct càd il y a un requérant et il y a un défendeur.

L’exception d’illégalité, ce n’est pas une action en illégalité, c’est un argument qu’on invoque dans une
procédure (autre) déjà introduite. Il y a un requérant et un défendeur mais l’action dans laquelle on se
trouve ne concerne pas l’acte en cause dont on soulève l’illégalité.

La question préjudicielle en validité c’est encore différent, c’est un recours indirect. Il n’y a pas de
requérant et de défendeur puisque c’est un litige qui se trouve devant le juge national, qui lui va poser
une question à la CJUE.
On a un double tryptique : un tryptique de procédure (annulation – exception d’illégalité – question
préjudicielle en validité) et un tryptique d’objectif (l’annulation – vérifier la légalité – la validité ou la
conformité à une norme supérieure de l’acte concerné). Donc on veut obtenir l’annulation, l’invalidité ou
la non-conformité à la norme supérieure.

La semaine passée on avait vu que pour le recours en manquement il n’y avait pas au départ, de
sanction. Elles ne sont venues que plus tard, c’étaient des sanctions financières.

Ici, on a immédiatement une sanction, c’est l’annulation, la peine de mort d’un acte. On l’a dit tout à
l’heure, elle est même rétroactive. C’est une fiction dans la plupart des cas.

C’est la sanction
- de l’illégalité (autres synonymes : invalidité, non-conformité à une norme supérieure)
- d’acte (ici on ne parle pas d’abstention, on avait vu que ca c’était l’action en carence. Ici il faut quelque
chose de positif, c’est un acte dont on va sanctionner l’illégalité)
- obligatoire (càd qu’il y a des effets juridiques obligatoires, autrement dit on peut exclure tout ce qui est
avis, recommandations, conseils, résolutions, communications – on verra les exceptions plus tard).

L’art. 263 nous dit « la Cour européenne contrôle la légalité des actes…. Destinés à produire des effets
juridiques à l’égard des tiers ». Donc il faut que ce soit des actes avec effets juridiques obligatoires.

Les actes de qui ?


Ce sont les actes qui viennent de l’UE, posés par les institutions, les organes, les organismes de l’UE.

Dans la dia 26/49 on a déjà 5 éléments :


- la sanction (la peine de mort)
- l’illégalité (la non-conformité à une norme supérieure, l’invalidité)
- d’actes (il faut une action positive)
- qui a des effets juridiques obligatoires
- qui viennent d’une institution, organes, organismes de l’UE.

Dans tout système juridique on devrait être protégé comme citoyen, comme entreprise contre l’illégalité
des actes.

Nous allons examiner 3 choses :


- on va voir les auteurs, ce que ca veut dire organes, organismes, institutions
- on va détailler ce qu’est un acte obligatoire
- les raisons pour lesquelles on peut démontrer l’illégalité d’un acte.

B. Qui ou quels actes sont mis en cause ?

1) Avant Lisbonne
Les auteurs, avant Lisbonne on avait la technique de la liste mais en droit on a toujours un problème à
faire une liste car on risque d’avoir oublié quelque chose.
En droit européen ça a été la règle générale jusqu’au traité de Lisbonne au niveau des auteurs d’acte.

On a :
- le Conseil
- le Conseil et le Parlement européen (avant Lisbonne pour les actes en codécision. Aujourd’hui on a
remplacé ça par la « procédure législative ordinaire » ou la « procédure législative spéciale »)
- la Commission
- la Banque centrale européenne
- la BEI (erreur dia, art. 327 b) et c) c’était du temps du Traité CE, maintenant il est remplacé par le 271)
- curiosité historique : le Parlement européen. Avant Lisbonne on précise que les actes du Parlement
européen ne peuvent donner lieu à un recours en annulation que s’ils ont des effets juridiques vis-à-vis
des tiers. Pourquoi avoir prévu ça uniquement pour le Parlement européen alors que de toute façon
l’art. 263 nous dit que les recours en annulation sont possibles contre les actes juridiques de n’importe
qui, pourvu qu’ils aient des effets juridiques à l’égard des tiers.
Particularité historique : si on remonte à la création de la Communauté européenne, en 1958, le
Parlement européen n’était pas dans les actes qui pouvaient être attaqués, il n’était pas cité. Il faut se
dire qu’il n’était pas cité parce qu’à l’époque le PE était un organisme de pure discussion politique, il
n’avait qu’un pouvoir purement consultatif. Dans l’art. du traité on l’a pas mis dans les institutions car il
n’y avait aucun acte du PE qui avait des actes juridiques vis-à-vis des tiers. Il était absent.

C’est une des grandes innovations de la jurisprudence de la Cour, on a ça dans la liste des arrêts que le
prof nous a indiqué, l’arrêt Les Verts 1 c. Parlement européen C-294/83. Le parti politique les Verts agit
contre le PE en 1983 parce que le PE a pris une décision d’allocation de crédit aux différents partis pour
l’élection du PE qui se profile pour 1984 2. Les Verts ne sont pas contents de ce qu’on leur alloue et vont
devant la CJUE en annulation de l’acte du PE. A l’époque on ne peut normalement pas attaquer les actes
du PE car il n’est pas cité dans la liste. Assez étrangement, le PE qui est attaqué vient devant la CJUE et
on aurait pu attendre qu’il soulève une exception d’irrecevabilité mais le PE est content d’être attaqué
parce que c’est pour lui une sorte de reconnaissance comme institution qui prend des actes juridiques
obligatoires. C’est l’attitude politique du PE qui veut être reconnu comme les autres institutions.

Le PE va se défendre sur la légalité de son acte de répartition des crédits et la CJUE va dire que c’est
possible dans un État de droit de pouvoir attaquer le PE, parce que nous sommes en 1983 càd 30 ans
après le Traité et entretemps, avec l’acte unique européen de 1986 qui se préparait, l’élection au
suffrage universel de 1979, la CJUE dit que le PE aujourd’hui a des pouvoirs qui vont au-delà du pouvoir
consultatif et du contrôle politique et donc dans un ordre juridique fondé sur l’État de droit toutes les
décisions prises dans cette ordre juridique doivent pouvoir faire l’objet d’un recours en annulation. C’est
ce qu’on appelle la légitimation passive. Le PE obtient dans cet arrêt une légitimation passive, càd que
ses actes, pour autant qu’ils soient juridiquement obligatoires (ici ils l’étaient puisque c’était l’octroi de
dépenses électorales, donc les Verts ne pouvaient pas obtenir plus).

1
Le groupe des Verts au parlement européen.
2
La première élection du PE au suffrage universel a été en 1979, Simone Veil.
Dans son texte de l’arrêt « Les Verts » la CJUE avait dit que même si c’était pas prévu dans le Traité, les
principes généraux supérieurs, l’État de droit impliquaient que les actes du PE qui avaient des effets
juridiques obligatoires vis-à-vis des tiers devaient pouvoir être attaqués en annulation.
En 1992, quand le constituant faisant le Traité de Maastricht, les EM ont accepté l’innovation de la CJUE
et ont repris sa phrase. Mais pour les autres aussi les effets juridiques vis-à-vis des tiers étaient exigés
pour leurs actes mais c’est de là que vient cette bizarrerie pour le PE alors que c’est une phrase qui dans
le contenu vaut pour tout le monde.

Après 1983, après cet arrêt le PE a la légitimation passive mais n’a pas encore la légitimation active. La
légitimation passive c’est de pouvoir être attaqué en annulation. La légitimation active c’est de pouvoir
attaquer les autres. Cette dernière n’arrivera qu’en 1990 – 9& avec un arrêt dit « Tchernobyl » C-70/88,
où la CJUE a suivi le processus que dans l’arrêt « Les Verts ». Le PE a attaqué le Conseil et la CJUE a dit
ok, alors qu’un an auparavant elle a dit non. Ce n’était pas non plus dans le Traité. C’est une époque où
la Cour a beaucoup d’imagination pour combler les lacunes des traités.

Finalement ca donnera lieu à l’intégration du PE dans les textes du traité en 1992, dans le Traité de
Maastricht.

D’après ce qu’on voit sur la dia 27 on peut exclure du recours en annulation les actes qui dont partie de
l’ordre juridique européen, comme le Traité, qui est la norme juridique suprême et qui n’est pas posé par
une institution européenne, c’est un acte des états membres.

Les actes des EM dans l’ordre juridique européen s’appellent le droit primaire. Ce qui est posé par les
organes et organismes de l’UE c’est le droit dérivé ou secondaire.

Donc déjà avant Lisbonne, on ne peut agir que contre les actes des institutions, càd qu’on doit en
exclure le droit primaire. Ce sont les traités, la Charte des droits fondamentaux et les protocoles.

Ceci dit, quand on fait des listes ce n’est jamais exhaustif donc avant Lisbonne on avait oublié la Cour
des comptes qui est devenue une institution avec le Traité de Lisbonne, qui a été créée en 1975 (donc
plus récente mais plus vieille que la BCE, alors qu’on avait mis cette dernière).
Est-ce que la CJUE comblerait le vide ? Le prof pense que oui mais cela n’est encore jamais arrivé.

Arrêt Maurissen c. Cour des comptes européennes :


Madame Maurissen était fonctionnaire à la Cour des comptes qui avait un problème avec son
employeur. Elle est venue à la CJUE en annulation d’un acte de la Cour des comptes. La CJUE a accepté
de traiter le dossier et elle a décidé sur le fond.
Donc là on peut dire que normalement la CJUE devrait combler le vide.

Petite particularité du droit européen : chaque institution européenne est considérée comme
l’employeur de ses employés, temporaires ou statutaires. Donc quand on a un employé de la CJUE qui
n’est pas content, il va devoir agir contre son employeur et là l’employé devra agir contre son patron
mais devant son patron, ce qui est un peu bizarre. Biensur le juge ne sera pas l’administratif qui engage
mais ca reste bizarre.
Le Conseil européen, qui n’est pas dans la liste mais il ne faut pas oublier qu’avant Lisbonne c’était un
organe plutôt informel qui avait été créé en 1975 et donc c’était une réunion informelle des chefs d’état
et de gouvernement, c’était ni une institution, ni un organe qui prenait une décision juridique.
Exemple : l’euro avant de s’appeler « euro » s’appelait « ECU », qui voulait dire « European Currency
Unit ». Quand on a fait la monnaie européenne, début des années 1990, les allemands n’étaient pas
contents de sacrifier leur deutsche mark pour une monnaie avec un nom anglais dont les anglais ne
veulent pas. C’est ainsi qu’en 1995 on a trouvé « l’euro » au Conseil européen.

Si on regarde le Journal officiel de l’UE de l’époque, cette décision n’est pas signée par le Conseil
européen mais par le Conseil des ministres des finances. Donc juridiquement, les décisions du Conseil
européen, qui étaient des décisions politiques étaient traduites en termes juridiques et de publication
par le Conseil des ministres. Donc ca n’avait pas beaucoup d’importance que le Conseil européen était
exclu des auteurs dont on pouvait attaquer les actes en annulation.

Mais quid des autres organes communautaires ? Dans la liste de la dia 27 il n’y a pas la Cour des
comptes, CJUE etc. ni toute une série d’autres organes européens qu’on a commencé à créer comme les
agences communautaires (l’Agence sur les marques, l’Agence sur la sécurité alimentaire etc.). il y avait
aussi les organes créés par le TUE de 1992, l’Europol, l’Eurojust qui ne sont pas nommés non plus dans le
Traité.

Dans la liste des arrêts on en a 3 : SGEEM c. BEI (c’est un arrêt en responsabilité). Le SGEEM avait agi en
responsabilité contre la BEI or le Traité ne prévoyait pas qu’on puisse agir en responsabilité contre la BEI.
On dit aux SGEEM que la BEI n’est pas une institution de l’UE mais un organe. La CJUE va dire que c’est
vrai, ce n’est pas une institution donc on devrait dire non mais la CJUE va proclamer un principe très
important, qui est de dire que l’intention des auteurs du traité c’est que la Communauté européenne ne
peut pas échapper à ses responsabilités. Ce n’est pas un régime fondé sur l’État de droit si une
institution qui décide ou non de cet ordre juridique peut échapper au contrôle de légalité ou à sa
responsabilité.

On va retenir un principe général « Les Verts » : le principe de la rule of law, selon lequel tout organe ou
organisme quelqu’il soit doit voir ses actes contrôlés et sa responsabilité engagée.
C’est pas du texte, ce n’est que de la jurisprudence mais fondée sur un principe général de l’État de
droit.

On a 2 autres arrêts :
1. Sogelma c. Agence européenne pour le reconstruction.
Sogelma avait un problème dans ses relations avec telle agence et de nouveau le tribunal va dire qu’on
a le principe général « Les Verts ». Vous ne pouvez pas agir dans l’ordre juridique européen sans voir vos
actes contrôlés.

2. Italie c. Comité économique et social européen


Ce comité n’est pas dans la liste mais de nouveau, principe général « Les Verts ».
Comment on faisait à l’époque pour toutes les agences européennes ?
Il y avait le principe général qu’on vient de voir, et il y avait aussi certaines agences ou organismes dans
les statuts desquels il était écrit que la CJUE serait compétente pour les actions dirigées contre elles.

Venons-en à l’article actuel 263 TFUE.


On a tiré les leçons à Lisbonne de ce problème, on a toujours gardé la liste en la modifiant un peu :
- actes législatifs (adoptés selon une procédure ordinaire ou spéciale ; en droit européen on définit les
actes législatifs par la procédure alors qu’en droit belge on les définit par l’auteur, ils viennent du
parlement)
- actes du Conseil (unilatéral, le parlement n’intervient pas)
- de la Commission
- de la BCE
- de la BEI
- petite particularité : du Parlement européen, du Conseil européen, des organes et organismes de l’UE
destinés à produire des effets juridiques vis-à-vis des tiers.
On cite maintenant le Conseil européen parce qu’il est devenu une institution et a un certain nombre de
pouvoirs de décision par acte juridique.

Ce qui est intéressant dans le Traité de Lisbonne c’est qu’on a échappé au problème de la liste grâce au
fait qu’on a rajouté « des organes et organismes de l’UE destinés à produire des effets juridiques vis-à-
vis des tiers ». Donc tout ce qui agit au nom de l’UE pour autant qu’il ait des effets juridiques vis-à-vis
des tiers sera susceptible de recours en annulation.

1. Est toujours exclu de l’art. 263 le droit primaire. Les révisions du traité sur base de l’art. 48 TUE c’est
une décision du Conseil européen. En fait on exclut tout ce qui est décidé par les EM.

2. Art. 269 du Traité


On connait les problèmes qui se posent aujourd’hui à propos de la Pologne. Il y a l’art. 7 TUE qui prévoit
qu’on peut punir en lui retirant des droit un EM qui ne respecte pas les valeurs de l’art. 2, notamment
l’État de droit. ( ?? on entend pas bien – il parle encore des actualités Hongrie Pologne)

Si un jour il y avait qqch, il y a eu la mise en accusation de la Hongrie et de la Pologne, l’art. 269 limite la
compétence de la CJUE en annulation contre ses décisions art. 7, aux seuls aspects procéduraux de l’art.
ca veut dire que la Hongrie qui a été mise en article 7 a pu aller à la CJUE pour contester le respect de la
procédure prévue par ledit art. 7 (=les décisions ne peuvent être prises qu’à ¾ des voix, a la majorité
qualifiée etc.). La Hongrie peut faire ça, aller contre la procédure mais elle ne peut pas d’après l’art. 269
faire un recours en annulation contre le reste des décisions qui pourraient être prises à ce sujet ;
Donc si demain la décision était prise de dire « La Hongrie n’a pas respecté l’État de droit et donc elle
est punie de droit de vote au Conseil », la Hongrie ne pourrait pas juridiquement aller devant la Cour de
justice pour dire « Si, j’ai respecté l’État de droit ».
Retenir qu’il y a cette bizarrerie de l’art. 269.
Dans la liste on a le Conseil, composé des différents ministres des EM. Si les ministres sont réunis, est-ce
que c’est toujours en Conseil ? est-ce qu’il ne peuvent pas être réunis en EM, pour se rencontrer en
dehors des compétences de l’UE ?

On va avoir toute une série de dossiers qui vont illustrer la difficulté de faire la distinction entre «  est-ce
qu’ils sont réunis en Conseil » ou bien en « Conférence intergouvernementale », la différence entre le
droit européen et le droit international.

Premier arrêt illustratif « Parlement européen c. Conseil et Commission », arrêt dit aussi « Bangladesh ».
On l’appelle ainsi parce que le Bengladesh avait subi un désastre climatique et les pays européens se
réunissent et décident de lui donner une aide spéciale. Ils se mettent d’accord pour baser ça sur leurs
PIB nationaux respectifs. La Commission présente à la réunion propose d’offrir l’ouverture d’un compte
en banque sur lequel l’État peut verser sa contribution et la Commission la versera aux autorités du
Bangladesh. Le Parlement n’est pas content parce qu’il n’a pas été consulté et il agit en annulation mais
il ne voulait pas l’annulation des effets de la décision (que le Bangladesh n’ait pas l’argent) mais il veut
qu’on reconnaisse qu’il avait le droit d’être consulté sur cette décision.
La CJUE va décider qu’en réalité cette décision, même si la Commission est présente et a ouvert un
compte, n’était pas une réunion du Conseil, même si tous les ministres étaient présents. C’était une
réunion des EM. Quand les EM agissent politiquement mais qu’ils ne sont pas en Conseil, l’acte est
inattaquable car c’est un acte des EM.

Aujourd’hui il y en a un autre qui est assez clair, c’est « Représentants des EM c. Sharpston ». les juges à
la CJUE sont nommés par les représentants des EM. Madame Sharpston, avocate générale anglaise, est
furieuse de devoir quitter la Cour. Les EM et la Cour estime que puisqu’elle est britannique, comme les
britanniques ont quitté, elle doit quitter alors qu’elle estime que non parce qu’elle a été nommée pour 6
ans. Elle intente un recours en annulation de la nomination de son successeur, un grec.
La CJUE va dire qu’il est évident que les juges et les avocats généraux sont nommés par les
représentants des EM. C’est indiqué textuellement dans le Traité.

Il va aussi y avoir des dossier un peu moins clairs, comme NF-NM c. Conseil européen.
Il y a eu il y a 3-4 ans un afflux important de réfugiés syriens dans l’UE et l’UE pour éviter l’afflux en
Grèce et en Europe centrale a discuté avec Mr Erdogan et en échange de 3 milliards d’euros l’UE a
proposé à la Turquie de garder les syriens chez eux. NF et NM sont des réfugiés syriens qui vont agir
contre le résultat de ce contact UE – Turquie. Les autorités européennes attaquées devant la CJUE disent
que c’est pas l’Europe, ce sont les EM donc ce n’est pas une décision européenne. Ils vont aussi
prétendre que ce n’est pas un acte à effets juridiques obligatoires. Alors qu’ils ont publié un
communiqué de presse « Agreement EU – Turkey ». ils s’étaient réunis dans les locaux du Conseil à
Bruxelles, et ils ont prétendu que c’était en qualité de chefs d’état et de gouvernement qu’ils étaient tous
là.
La frontière est mince. Le tribunal va considérer qu’en effet, ce n’était pas une décision européenne, mais
une décision des représentants des EM, même si on parle de « EU-Turkey agreed ». ils vont prétendre
que c’était juste une déclaration politique (qui coute 3 milliards) et le tribunal va accepter et la cour va
confirmer.
Ceci nous indique qu’entre Conseil européen càd les chefs d’état et de gouvernement et les
représentants des EM, la frontière est un peu floue.

On a deux autres arrêts : Mallis et Chrysostomides, qui sont des arrêts à propos de la crise financière
chypriote des années 2008 – 2010. Dans ces deux arrêts le tribunal et la Cour vont considérer que les
décisions qui ont été prises au niveau européen et qui étaient prises en réalité par l’Eurogroupe (réunion
des ministres des finances). Est-ce que c’est un organisme de l’UE ? La Cour et le tribunal ont décidé que
non, ce n’est ni un organe ni un organisme, il n’a pas la personnalité juridique mais il est prévu dans le
traité, art. 137 TFUE que les ministres des finances vont se réunir informellement donc la Cour va déduire
que c’est un forum de discussion qui ne prend pas de décision (noter que pour les chypriotes c’était
quand même une décision). La Cour va dire que l’Eurogroupe ce n’est pas une configuration du Conseil.
La Conseil c’est la réunion des ministres de chaque pays pour une matière déterminée alors que
l’Eurogroupe non parce qu’on dit que c’est une réunion informelle.

Chrysostomides a agi contre le Conseil mais même chose, on a considéré que c’était un organisme
intergouvernemental donc en dehors du cadre institutionnel européen, il n’avait pas de compétence par
lui-même.

Ce dont on parle maintenant c’est une question de recevabilité, savoir si on peut entrer dans le tribunal
pour défendre sa cause parce qu’on attaque quelqu’un qui est européen, ce n’est pas un EM. La
frontière entre le Conseil et les représentants des EM peut être floue.

Qu’est-ce qu’il faut pour qu’on puisse attaquer ou pour qu’un organe/organisme puisse attaquer ?
Qu’il ait la personnalité juridique ou alors on attaque la communauté en tant que telle.

Arrêt ELTI c. Délégation de l’UE au Monténégro


La aussi le Tribunal a été très sévère. ELTI est une société qui agit contre l’Ambassade de l’UE au
Monténégro. On ne peut pas attaquer quelqu’un devant le tribunal s’il n’a pas la personnalité juridique
et la délégation de l’UE n’a pas la personnalité juridique. Donc le recours a été déclaré irrecevable. La
Cour dit dans ces cas-là, s’il n’y a pas de personnalité juridique vous devez agir contre l’institution dont
dépend l’organe que vous attaquez. L’Ambassade de l’UE dépend de la Commission donc vous auriez du
attaquer la Commission.

Il y a un petit piège pour étudiants : on a vu que l’on ne pouvait jamais attaquer en annulation les actes
des EM. Il y a une exception : Rimsevics et BCE c. Lettonie. C’est l’art. 14 des statuts de la BCE qui
prévoient que pour la démission des gouverneurs des banques nationales il puisse y avoir une
possibilité d’agir contre une décision nationale, autrement dit les états ne sont pas libres de révoquer ou
de suspendre les gouverneurs des banques nationales pour les pays dont la monnaie est l’euro. C’est
une petite exception.

On a 3 affaires où les auteurs ont été accepté par la Cour :


1. C-626/15
Est-ce qu’un acte du COREPER peut être attaqué ?
Le COREPER n’a pas de personnalité juridique, c’est un organe européen dont l’abréviation veut dire
« Comité des Représentants permanents » càd les chefs de cabinet du conseil. Donc le COREPER n’a pas
d’existence juridique en tant que tel. La Cour va dans cet arrêt dire que ce que le COREPER a décidé a eu
des effets juridiques qui dépassent la préparation de la décision. Ca veut dire qu’il y a une zone floue
dans laquelle on a dit non pour l’Eurogroupe mais on dit oui pour le COREPER.
Il faut être attentif à ce qu’il y a une zone floue entre ce qui est les représentants des EM d’une part et
les les institutions et spécialement le Conseil d’autre part. Personnalité juridique ou pas c’est un peu flou
aussi : on a la délégation de l’UE on dit non et le COREPER on dit oui.

2. Arrêt Hautala c. Autorité européenne de sécurité des aliments


Et 3. Tweedale c. Autorité européenne de sécurité des aliments

C’est l’application du nouvel article 263 du Traité de Lisbonne « les organes et organismes de l’UE et qui
ont la personnalité juridique peuvent être attaqués en annulation ». il n’y a plus besoin d’utiliser le
principe général « Les Verts » ni de quoique ce soit d’extension de jurisprudence.

C. Quelles violations ?

1. Quels actes sont attaquables ?

La première condition c’est d’avoir un acte existant. On a 2 arrêts qui illustrent cette condition  : Iran
Insurance Cy c. Conseil et Organisation des Modjahedines d’Iran c. Conseil.

En réalité ces affaires iraniennes viennent de façon lointaine des Nations Unies, ce sont des résolutions
du Conseil de sécurité des Nations-Unies qui prennent des mesures contre des citoyens ou organismes
iraniens qui sont suspectés de participer illégalement au programme nucléaire iranien.
La décision prise par le Conseil de sécurité c’est d’obliger les membres des NU de bloquer les avoirs
bancaires des comptes de ces citoyens, organismes ou entreprises. C’est le Conseil de sécurité pour l’UE
qui est chargé d’exécuter ces décisions du Conseil de sécurité.

On parle de cela à propos des actes existants parce que lorsque le Conseil parfois se rend compte que
sa décision a quelques défauts juridiques ou lorsqu’ils estiment que l’adversaire peut ne pas être attentif,
ils suppriment la décision de blocage des comptes contre laquelle les iraniens étaient allés devant le
tribunal et ils remplacent la décision le même jour par une autre décision qui est exactement la même
avec deux virgules et une signature en plus. Ils peuvent ainsi dire devant la Cour que la décision
attaquée n’existe plus.

Dans ces cas-là lorsque l’acte est pratiquement le même, celui qui a été retiré ou abrogé, la Cour va
accepter que le requérant puisse garder son action initiale contre l’acte qui a disparu et qu’il puisse
adapter ses conclusions contre l’acte nouveau qui a été adopté.

En dehors de ce cas il faut évidemment que le cas soit existant.


La plus grande question, c’est celle des effets juridiques obligatoires. C’est la condition inscrite dans le
Traité et évidemment on a toujours des traités pour illustrer la difficulté pour voir s’il y a des effets
juridiques obligatoires ou pas.

Exemples
1. Reynolds c. Commission : Reynolds est un gros conglomérat cigarettier américain que la Commission
européenne avait soupçonné de participer à sa propre contrebande. La Commission avait introduit une
action contre Reynolds aux USA et Reynolds est venu devant la CJUE en annulation de la décision de la
Commission de l’attaquer aux USA. Est-ce que l’acte d’introduire une action contre quelqu’un a des
effets juridiques obligatoires contre quelqu’un ? Effets juridiques obligatoires veut dire que ca doit
affecter juridiquement l’autre.

A première vue oui parce que quand on est attrait au tribunal notre situation juridique n’est plus la
même que quand on n’était pas attrait au tribunal. On doit répondre et si on ne le fait pas on risque
d’être condamné. Il y a en quelque sorte un effet juridique. Mais est-ce que ca modifie notre situation
juridique ? Non, que ce soit sur le plan pénal ou civil on est toujours présumé innocent.
Reynolds disait que la Commission avait pris une décision illégale mais en termes de recevabilité est-ce
que Reynolds pouvait obtenir la reconnaissance des effets juridiques obligatoires sur elle, càd une
affectation de sa situation juridique du fait de l’introduction de la procédure aux USA ?

La Cour a indiqué que pour elle il n’y avait pas d’affectation de la situation juridique de Reynolds. C’est
pas parce qu’elle est attraite devant un tribunal américain que sa situation juridique avait été modifiée.
C’est vrai que la situation juridique n’est pas modifiée, elle ne doit pas payer des dommages et intérêts,
elle n’est pas reconnue coupable etc. même si quand on est défendeur au tribunal on a quand même
une autre situation que quand on ne l’est pas mais la Cour a dit non.
Ceci dit, biensur Reynolds a perdu son action devant la CJUE mais Reynolds a gagné aux USA.

2. Commission c. Violetti
Violetti était une entreprise qui se plaignait que l’OLAF (organisme européen de lutte anti-fraude) avait
transmis au Parquet italien des informations sur Violetti. Violetti agissait contre la Commission puisque
l’OLAF dépend de la Commission pour annuler cette décision.
La Cour avait dit que le fait qu’on transmette des informations au parquet n’affecte pas votre situation
juridique.

3. Shindler c. Conseil
Monsieur Shindler c’est un anglais qui est anti Brexit et il n’avait pas pu voter au referendum du Brexit en
2016. Le Brexit est voté en 2016, Madame May prend du temps et finalement elle notifie à l’UE
conformément à l’art. 50 du Traité la décision du Royaume-Uni de se retirer de l’union. Monsieur
Shindler estime que la décision qui a été prise par l’Europe de désigner la Commission pour négocier
affectait sa situation juridique à lui.

Pas du tout, ce qu’a fait l’UE c’est tout simplement de tenir compte de la lettre de retrait qui avait été
envoyée par le Royaume-Uni. Ca n’a pas changé la situation juridique de Mr Shindler, ca n’a pas été une
réduction de ses droit à lui. C’était même pas non plus une confirmation de la décision même.
4. NF-NM c. Conseil européen
Les réfugiés syriens avaient déjà perdu sur le premier argument puisqu’on avait dit que ce n’est pas le
Conseil européen mais les EM réunis en conseil. Le tribunal dans le même arrêt va accepter l’autre
argument du Conseil qui est de dire que ce n’est pas un acte à effets juridiques obligatoires : « la
déclaration UE – Turquie – ils répètent UE, ils ne disent pas EM – publiée par un communiqué de presse
est le fruit d’un dialogue international qui n’avait pas pour intention de produire des effets juridiques
obligatoires, ni de constituer un accord ou un traité. C’est une simple déclaration politique. »

C’est marrant que ce soit une simple déclaration politique mais elle parvient quand même à bloquer les
réfugiés syriens et qui fait en sorte que l’UE paye 3 milliards, comme par hasard en échange du blocage
des syriens. On peut plaider qu’il fait nuit en plein jour…

Dans ce dossier on a deux arguments difficiles à accepter :


- c’est pas l’UE
- c’est pas un accord et il n’y a pas d’effets juridiques obligatoires.

5. Affaire C-16/16P Belgique c. Commission


C’est un bel exemple d’un acte sans effets juridiques obligatoires. C’était une recommandation de la
Commission sur les conseils adressés aux EM pour protéger les consommateurs mineurs contre les jeux
en ligne. Les états n’étaient pas obligés de respecter la communication de la Commission donc ca n’a
pas d’effet juridique obligatoire.

Attention, 3ème bullet de la dia 30, il ne faut pas se faire leurrer par la forme, le titre ou la nature de
l’acte.
Ca peut être une lettre, un communiqué de presse, un acte matériel.

1. Arrêt France c. Commission (communication)


C’était un texte que la Commission avait intitulé « communication » et qui avait été publié au Journal
officiel3 dans la partie « c ». La communication c’est de l’info, du conseil. Dans l’arret de la Cour on peut
lire que cette communication a pour origine une proposition de directive que la Commission avait faite
aux états et les états l’avaient refusée. La Commission était revenue une 2 ème fois avec à peu près le
même texte avec quelques modifications, et les états l’avaient à nouveau refusé.

Et donc la commission de Guerlas (?), puisque sa directive ne pouvait pas passer par les États et une
directive doit passer par les états, notamment en procédure législative ordinaire, la commission publie
au Journal officiel partie « c » une communication.

La Cour va dire qu’elle va lire le texte, or le texte de la Commission ressemblait très fort à la proposition
de directive. La Commission avait toujours utilisé un langage impératif, dans la communication elle disait
que les états étaient obligés à faire des rapports annuels, devaient envoyer des documents réguliers à la
Commission etc. Donc la Cour va conclure que la communication était une vraie directive et que la

3
Il y a deux parties dans ce journal, la partie « L », législation et la partie « C », communication.
Commission n’avait pas la compétence de la prendre. Donc c’est un acte attaquable, même s’il s’appelle
« communication ».

2. France c. Commission (code de conduite)


La aussi la Cour va lire le texte et elle va considérer que ce code de conduite c’est beaucoup plus que
des modalités d’application. D’ailleurs à l’audience la Commission avait dit que le fait de ne pas
respecter le code de conduite pouvait être constitutif d’une infraction. Alors c’est que le code de
conduite est obligatoire.

3. Grand-Duché du Luxembourg c. Parlement européen


Le parlement européen a pris une résolution. Une résolution en principe n’a pas d’effets juridiques
obligatoires mais en réalité la Cour a considéré que le Parlement avait pris une décision à effets
juridiques obligatoires puisqu’il était dans cette résolution en train d’affecter les services du PE à
différents lieux d’implantation.

Il y a un grand problème entre le PE, le Luxembourg et la France, c’est que le Luxembourg et la France
veulent absolument garder les service du PE, les uns à Strasbourg, les autres au Luxembourg, alors que
le PE voudrait tout avoir à Bruxelles. Mais il y a un accord politique de 1992 disant qu’on garde le PE à
Strasbourg pour les séances plénières on garde les services (notamment de traduction) du PE au
Luxembourg. Le PE essaye par tous les moyens de tout mettre à Bruxelles et fait une résolution disant
que tel service était à telle rue à Bruxelles. Même si on a dit que c’était une résolution c’est en fait une
décision à effets juridiques obligatoires.

Anecdote : Tout ça vient des belges. Si la CJUE est au Luxembourg c’est a cause des belges. En 1950 on
crée la CECA, on est six : Allemagne, France, Italie, Benelux. Où va-t-on mettre la CECA ? Les 5 autres
pays que la Belgique disent Bruxelles mais la Belgique n’est pas d’accord. C’est un problème Bruxelles –
Liège car c’est à Liège qu’on avait du charbon et de l’acier. Le gouvernement belge est obligé de dire
aux autres qu’il a un problème politique interne alors on décide de ne rien mettre en Belgique. Donc en
1951, création de la CECA et on décide de tout mettre au Luxembourg, sauf les sessions plénières du PE
à Strasbourg, le reste du PE au Luxembourg, la Commission au Luxembourg, les services de l’assemblée
parlementaire au Luxembourg et le Conseil au Luxembourg. Heureusement les luxembourgeois, quand
on a fait le marché commun en 1957 – 1958, on dit qu’ils ne pouvaient pas tout prendre, avec tout ce
qu’ils faisaient en plus.
A ce moment-là, la Belgique a retrouvé une chance et finalement Bruxelles est devenu progressivement
la capitale des services mais avec des restes à Strasbourg et au Luxembourg. Et donc le PE aujourd’hui
est en train de lutter pour essayer de tout rassembler à Bruxelles. Une semaine par mois tout est
déménagé au Luxembourg, par camions….

4. Commission c. Conseil
Le Conseil n’a pas dit « communication », « code de conduite » ou « résolution » mais il ne voulait pas
dire « décision » alors il a dit « conclusions ». dans ces conclusions il mettait en sommeil une procédure
de déficits publics excessifs contre un état. C’est un acte à effets juridiques obligatoires, très positifs,
pour l’état concerné. C’est pas parce que ca s’appelle « conclusions » que ca n’a pas d’effets juridiques
obligatoires.
5. Air France c. Commission
Là c’est une déclaration. C’est assez extraordinaire d’avoir seulement un acte oral. C’était une déclaration
du porte-parole de la Commission, responsable pour les affaires de la concurrence. Ce Monsieur sur
base de ce qu’il pouvait dire comme porte-parole, avait annoncé qu’une fusion entre deux compagnies
aériennes n’avait pas de caractère européen, communautaire.

Air France n’était pas contente puisqu’elle voulait lutter contre la concentration des deux autres
compagnies et donc elle agit contre la décision de la Commission de dire que la concentration des deux
concurrent n’avait pas d’impact communautaire.

La Commission dit que c’est une déclaration et dès lors ce n’est pas un acte attaquable. La Commission
n’ayant pas nié que le porte-parole avait dit vrai. Le fait que la Commission décide qu’une concentration
n’a pas de caractère communautaire a pour conséquence que la concentration ne peut plus être
contrôlée que par un droit national, donc ce n’est plus le droit européen qui s’applique. Évidemment, ca
a des effets juridiques importants.

Donc la Cour a accepté la recevabilité (nous sommes toujours dans de la recevabilité) càd qu’elle va
permettre à Air France de venir plaider l’éventuelle annulation de la décision de la Commission.

Donc on voit que la forme, le titre, le fait que ce soit oral ou écrit, que ce soit une lettre ou que ce soit
publié au Journal officiel, ca n’a pas d’importance. La seule condition importante c’est que l’acte ait un
effet juridique obligatoire.

Exemples d’actes qui ne sont pas attaquables :


- les abstentions (éventuellement attaquables par le recours en carence)
- les actes confirmatifs

1. Commission c. Ferriere Nord

(Explication par rapport à la liste des arrêts  : ici c’est «  Commission c. Ferriere  » mais c’est Ferriere qui se
plaint. A quoi pouvons-nous le voir, alors que généralement le requérant est en premier  ? Le titre est «  C-
516/06P  » donc le «  P  » derrière le chiffre nous sommes en pourvoi, c’est pour ça qu’on est devant la
Cour. En réalité il y a eu un arrêt du tribunal avant, Ferriere Nord c. Commission, la Commission a perdu,
elle va en pourvoi et ca devient Commission c. Ferriere.

Quand on voit que dans un recours en annulation on a l’institution citée en premier, ce n’est pas parce que
c’est la Commission qui attaque l’autre, c’est parce qu’on est en pourvoi.)

Donc ici c’est Ferriere qui attaque la Commission, qui a perdu. La Commission va devant la Cour et c’est
à propos d’un acte confirmatif.
Qu’est-ce qu’un acte confirmatif ?
Ex. : je suis condamné comme entreprise à 500 000 euros d’amende pour infraction au droit de la
concurrence, je reçois la décision et je suis un peu négligent et je me rends compte que j’approche la fin
du délai. On écrit à la Commission pour lui demander si c’est exact qu’elle m’a condamné à une amende
de 400 000 euros. La Commission me répond en me disant que je dois payer une amende de 500 000.
Est-ce que avec cette dernière lettre qu’elle vient de m’envoyer je recommence le délai  ? ? Non, le délai
court àpd la décision, donc de la première lettre que j’ai reçue. La deuxième n’est que la confirmation de
la décision première. Sinon ce serait trop simple pour contourner les délais pour agir en annulation.

Dans Ferriere, ce qui était intéressant c’était que la Cour a bien indiqué la différence entre un acte
confirmatif et un acte qui ne l’est pas : si on a un élément nouveau ou si on a des raisons de demander
un réexamen du dossier et qu’à la suite d’un réexamen la Commission confirme sa décision, mais elle a
fait un réexamen, alors on n’est pas dans la confirmation. Mais ca doit être prouvé.

Ici Ferriere demandait de payer son amende à crédit. C’est une autre demande mais ca ne suspend pas
le recours en annulation contre la décision.

- les actes purement politiques, les résolutions, les déclarations d’intention


On parle ici des vraies résolutions, pas de celles qui ont des effets juridiques obligatoires. Si le Parlement
dit qu’il demande la libération de Aung San Suu Kyi en Birmanie, c’est pas un acte à effet juridiques
obligatoires. Les partisans du régime birman ne peuvent pas agir en annulation contre cette déclaration
du PE.

1. Arrêt SGL Carbon c. Commission


C’était aussi un arrêt disant que c’est un acte purement confirmatif parce qu’il n’y avait pas de nouvel
élément, il n’y avait pas de réexamen. Si on est curieux on peut lire le §51.

- les instructions et lignes directrices internes aux institutions, les circulaires, les communications
Si le PE décide que dans les couloirs il faut marcher à droite pour ne pas se rencontrer pour le Covid
c’est une instruction interne, il n’y a pas d’effets juridiques envers les tiers.

Par contre, il faut être très attentif qu’on ne doit pas considérer que trop de choses restent purement
internes.
Ex. : si le parlement décide de faire ses sessions à Bruxelles au lieu de Strasbourg, ca a des effets
juridiques a l’égard des tiers.

1. Arrêt Martinez e.a. c. Parlement européen


Martinez est un député du front national qui agit contre la décision du PE sur la formation des groupes
politiques au parlement (au parlement former des groupes est très intéressant, il faut être des députés
de plusieurs pays, il faut être un certain nombre et si les conditions sont remplies on a plus de
collaborateurs et plus d’argent). Martinez n’était pas content de la décision qui avait été prise parce qu’il
estimait que l’extrême droite dont il était, n’avait pas suffisamment de bonnes conditions pour pouvoir
former un groupe. Le parlement disait qu’il s’agissait d’une instruction purement interne.
La Cour a refusé en disant que ca avait des effets juridiques vis-à-vis des tiers. Le parlement disait que
les parlementaires ne sont pas des tiers pas rapport au parlement, mais si. Par rapport a la constitution
d’un groupe, on ne peut pas dire que ca n’a pas d’effets juridiques vis-à-vis des tiers. Le parlement par
rapport à ses membres ca doit être considéré comme des rapports de tiers à tiers.
2. Mote c. Parlement européen
Monsieur Mote c’est quelqu’un qui a eu des problèmes avec la justice. La justice de son pays avait
demandé la levée de son immunité.

Est-ce que la décision du PE de lever l’immunité c’est un acte purement interne ?Non, c’est au-delà de
l’organisation interne du parlement. Ca a un effet juridique sur un tiers en tout cas, sur celui dont on lève
l’immunité.

3. Stauner e. a. c. Parlement européen et Commission


C’est un exemple où on a un accord entre le PE et la Commission sur la manière dont ils peuvent
collaborer. Ca, c’est considéré comme un acte purement interne.

- les actes de pure exécution


Ca ressemble un peu aux actes confirmatifs.

1. Hongrie c. Commission
La Hongrie avait reçu des subsides mais la Commission considère que la Hongrie ne les emploie pas
correctement et envoie à la Hongrie la décision disant qu’ils doivent rembourser. Puis la Commission
envoie une lettre à la Hongrie en lui disant sur quel compte il faut verser l’argent. Est-ce que cet acte fait
recommencer le délai ? Non, on ne peut pas dire que c’est de la confirmation, c’est de l’exécution, du
détail.

- les actes préparatoires (par opposition aux positions définitives)


Càd ceux qui ne sont pas la position définitive de l’institution. Le prototype des actes préparatoires c’est
la proposition de la Commission (la Commission a le monopole de l’initiative).

- les actes de nature contractuelle


Arrêt Czech c. Commission
Quand on fait un contrat avec la Commission, par exemple en matière de marché public ou un contrat
de recherche, et qu’on n’est pas d’accord avec la Commission, ce n’est pas une action d’annulation mais
une action de nature contractuelle, art. 272 et pas 263.

2. Quels motifs d’annulation ?

En droit européen il y a 4 raisons, toutes indiquées à l’art. 263 § 2 TFUE.

La première raison pour laquelle l’annulation peut intervenir c’est soit l’incompétence de l’UE en tant
que telle soit de l’auteur européen de l’acte.
1. Arrêt France c. Commission (déjà vu)
C’est la France qui avait attaqué la communication de la Commission qui n’était pas une communication.
La Cour avait dit que ca avait des effets juridiques obligatoires, ca avait un langage impératif.
C’était annulable parce que la Commission n’était pas compétente pour prendre toute seule un texte
impératif, une directive. C’est une matière de l’UE oui, donc l’UE aurait pu prendre une directive par le
Conseil et le Parlement. Ici non parce que c’est la Commission qui a pris la décision et là elle n’est pas
compétente.

2. Allemagne c. Parlement européen et Conseil


Ca illustre bien la différence entre le citoyen d’une part et le juge de l’autre. Ca veut dire qu’on peut
comme juge, être obligé d’annuler un texte, alors qu’on est d’accord avec son contenu.

Cette affaire concernait une directive européenne qui interdisait le sponsoring et la publicité des
produits du tabac. On est au début des années 2000 et l’Allemagne attaquait ce texte non pas parce
qu’il était mauvais mais parce qu’elle trouvait que ce n’était pas une compétence de l’UE mais bien une
compétence nationale. Ce sont les états qui doivent s’occuper de la santé humaine. La directive a été
annulée parce qu’en effet la protection de la santé humaine est une compétence nationale, alors que le
texte était largement acceptable pour tout le monde.

3. SP c. Commission
SP c’est une entreprise qui avait agi contre la décision de la Commission qui avait basé sa décision le
Traité CECA or ce traité avait expiré à ce moment-là.

La Cour a considéré que c’était un défaut de compétence (le prof dirait plutôt défaut de base légale).
C’est vrai, la Commission n’a pas la compétence de prendre une décision sur base d’un traité qui n’existe
plus.
Le traité CECA avait expiré en 2002.

Cette première raison est un argument d’ordre public, donc le juge peut le soulever d’office. A la limite,
il doit le soulever d’office, même si les parties se taisent sur le sujet.

Idem pour le deuxième cas, la violation des formes substantielles.


Une forme est substantielle généralement lorsqu’on peut dire que l’acte aurait été fondamentalement
diffèrent si on avait respecté la forme.

Dans les exemple qu’on verra on a le non-respect des compétences du PE, on ne l’a pas consulté. On
peut dire qu’on n’est pas obligé de suivre son avis, oui mais quand même, on ne sait pas.
Dans Eurobolt on n’a pas respecté un délai. On peut dire que même si on avait respecté le délai l’acte
aurait été le même, mais ca on le sait pas.

Par exemple, de ne pas avoir entendu celui à qui l’acte a été adressé.
Ca ne veut pas dire qu’on est sur que l’acte aurait été différent mais si les droits de la défense doivent
être respectés c’est pour donner toutes les chances à tout le monde et avoir un acte qui est basé sur les
différents arguments.
On peut aussi considérer qu’il y a forme substantielle lorsqu’on a une règle institutionnelle essentielle
(ne pas consulter le parlement, ne pas consulter la BCE etc.)

1. Royaume-Uni c. Conseil
Les directives peuvent être approuvées par procédure écrite, pour autant que tout le monde soit
d’accord. Ici une directive avait été approuvée par procédure écrite alors que deux états étaient contre
(contre la procédure, pas nécessairement contre la directive). Le Royaume-Uni a considéré que c’était
une règle essentielle et la Cour a été d’accord.

2. Italie c. Commission
L’Italie était fâchée car la décision de la Commission n’était signée par personne, ni par le président ni
par le secrétaire général de la Commission. Elle doit être authentifiée, c’est une règle institutionnelle
fondamentale, sans quoi le contrôle judiciaire pourrait devenir impossible si on n’a pas de motivation ou
si la motivation est totalement insuffisante.

3. Chronopost
La Cour avait annulé pour défaut de motivation.

4. Espagne c. Commission
L’Espagne avait agi en annulation contre la décision de la Commission parce que l’Espagne n’avait pas
été invitée à la réunion en espagnol.

La Cour avait dit que c’était essentiel s’ils n’étaient pas venus à la réunion parce qu’ils n’avaient pas
compris l’invitation mais comme les espagnols sont venus à la réunion c’est qu’il n’y a pas eu de non-
respect des droits de la défense, ils ont pu participer à la réunion, à la délibération. C’est vrai que c’est
une faute mais c’est pas essentiel puisqu’ils sont venus à la réunion.

5. Transocean Association
Non-respect des droits de la défense.

Donc on voit qu’il faut estimer si la forme est substantielle càd si le contrôle judiciaire devient difficile, il
n’y a pas de motivation, si l’acte aurait pu être différent ou si on ne respecte pas les principes généraux
comme les droits de la défense, le respect des délais c’est une question d’appréciation et le juge doit
aussi les vérifier d’initiative et il peut soulever le non-respect d’office.

Les deux autres causes d’annulation possibles sont beaucoup plus simples :
- toute violation du droit européen, quelle qu’elle soit

- le détournement de pouvoir
On n’a qu’un seul exemple dans la jurisprudence de la Cour depuis le début, même si l’argument est
souvent soulevé par les avocats.

Le détournement de pouvoir c’est utiliser un pouvoir qu’on a, à des fins pour lesquelles il ne m’a pas été
donné.

1. Turner c. Commission
Il s’agit d’une dame brillante, grande scientifique mais qui en termes de relations humaines ne parvient
pas à se faire accepter par beaucoup d’autres et en plus les autres sont jaloux parce qu’elle a un job
extrêmement agréable à la Commission européenne, d’abord dans son domaine et ensuite elle est en
Italie dans un bureau superbe etc. Tout cela fait que finalement il y en a qui veulent se faire la peau de la
dame.

Or, dans le statut du personnel de la Commission il y a un article qui dit que les autorités compétentes,
l’AIPN (Autorité investie du pouvoir de nomination) peut muter un fonctionnaire dans l’intérêt du
service. Soudainement, cette dame se voit mutée à Bruxelles, dans un pays ou il pleut, dans un obscur
bureau etc. Heureusement pour elle, elle a quelques alliés qui lui trouvent des papiers qui indiquent que
ce n’est pas du tout dans l’intérêt du service de la muter mais c’est pour satisfaire la jalousie de certains
(c’était assez explicite sur les petits papiers).

Elle a intenté un recours en annulation qu’elle a gagné, pour détournement de pouvoir, puisque le
pouvoir de muter la Commission l’a, mais elle ne peut l’utiliser que dans l’intérêt du service, qui n’était
pas démontré et on avait des documents qui démontraient que c’était tout autre chose.

Pourquoi est-ce qu’on n’a trouvé dans la jurisprudence de la Cour qu’un seul exemple clair ?
Il y a un problème de preuve car si les preuves ne sont pas là, ca ne peut pas réussir. C’est extrêmement
difficile de prouver qu’on a pas l’objectif de. C’est ce que les Romains appelaient la « probatio
diabolica ».

Ces deux causes d’annulation ne peuvent être invoquées que par le requérant. Le juge ne peut pas les
soulever d’office mais s’il les voit.

D. Qui peut agir ?

C’est un des problèmes les plus difficiles en droit européen.

On a trois catégories :
- les super-privilégiés
- les semi-privilégiés
- les particuliers.

Les super-privilégiés (art. 263 § 2 TFUE)


On les appelle ainsi parce qu’ils n’ont à démontrer aucun intérêt. Ils peuvent agir pour des simples
motifs juridiques, pour des raisons purement politiques etc. Ils n’ont pas besoin de s’expliquer sur les
raisons pour lesquelles ils introduisent un recours en annulation. Il sera toujours recevable, pour autant
que l’acte soit attaquable et qu’il y ait une cause d’annulation. Une fois que ces conditions sont
respectées et que l’acte est d’un auteur « attaquable », ils ne doivent pas démontrer une quelconque
intérêt.

Ce sont les EM, le Conseil, la Commission et le Parlement européen. Ca en fait 30.

Ici nous parlons de légitimation active.


On voit que le PE se trouve dans cette catégorie de super-privilégiés mais depuis le Traité de Nice
(entrée en vigueur en 2003). Avant il était dans les semi-privilégiés (entre Maastricht et Nice).
C’est avec l’arrêt Tchernobyl, fin des années ’80, qu’il était entré dans la catégorie des semi-privilégiés.

On ne doit pas oublier les articles 7 et 269, on ne peut agir que sur les dispositions procédurales de l’art.
7. Attention aussi a l’art. 275 – 276, qui prévoient pour la PESC et pour les opérations de police une
incompétence de la CJUE.

Mais en dehors de cela, ils sont toujours recevables à agir en annulation contre un acte à effets
juridiques obligatoires, d’un auteur acceptable et pour une bonne raison.

Est-ce que les EM peuvent agir contre un acte alors qu’ils ont voté pour ?
Oui.
Mais ça se passe rarement.

1. Italie c. Conseil
L’Italie a agi contre un acte du Conseil alors qu’elle avait voté en faveur.

Ca peut arriver quand entre le moment où vous votez et le moment où l’acte entre en vigueur, par ex. le
gouvernement a changé. (Le gouvernement italien avait changé entre les deux peut-être).

2. Royaume-Uni c. BCE
Les anglais sont un peu gonflés car dans cet acte il avaient obtenu une dérogation mais malgré qu’on
les avait exemptés, ils ont agi en annulation contre. Ils avaient eu un opt-out, ça n’avaient pas d’effet
contre eux mais ils ont quand même agi contre. C’est recevable.

Il faut donc toujours que l’acte soit à effets juridiques obligatoires. Cf. Arrêt République Tchèque c.
Conseil.

C-70/88 Parlement européen c. Conseil


On l’a vu, c’est l’arrêt Tchernobyl, qui avant que le texte du traité ne le prévoit, avait donné la
légitimation active au parlement.

Attention, EM ca veut dire « état », autrement dit ca ne peut pas être des régions. Ca ne peut pas être la
Wallonie, sauf si la Belgique introduit le dossier en se portant fort pour la Région Wallonne. C’est l’État
qui doit absolument agir en annulation.

Les semi-privilégiés (art. 263 § 3 TFUE)


Il y en a 3 : la BCE, la Cour des comptes et le Comité des Régions. Ils peuvent agir mais uniquement pour
sauvegarder leurs prérogatives.

C’est le statut qu’avait le PE entre Maastricht et Nice. C’était la phase de l’arrêt Tchernobyl. Depuis Nice
le PE est passé dans la catégorie supérieure.
Il y a un petit supplément pour le Comité des Régions, qui selon l’art. 8 du Protocole n° 2 sur
l’application des principes de subsidiarité et de proportionnalité, peut introduire un recours en
annulation pour non-respect du principe de subsidiarité. C’est assez logique puisque la subsidiarité c’est
de faire en sorte de faire au niveau de la commune ce qui peut être mieux fait au niveau de la commune,
a la Région ce qui peut être mieux fait à la Région qu’à l’État ou à l’Europe, puis a l’État si ca peut être
mieux fait qu’au niveau de l’UE. Le Comité des Régions est un peu le gardien de ce qui pourrait mieux se
faire en-dessous qu’au-dessus.

On n’a pas encore d’exemple depuis que ca existe.

Les particuliers (art. 263 § 4 TFUE)


C’est tous les autres, pas uniquement les citoyens mais aussi toutes les personnes morales qui existent
dans le monde, de droit public ou de droit privé, avec ou sans esprit de lucre. Ca peut être des
organisations internationales, ca peut être des états tiers.

Cette masse explique que les conditions vont être beaucoup plus restrictives que pour les privilégiés.

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