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Fiche n°7 : L’ordre juridique de l’Union

I. Connaissance de base
Les sources du droit de l’Union
Avant Lisbonne peu d’indications sur la hiérarchie des normes ; ce traité a clarifier en
établissant une hiérarchie entre actes de droit dérivé
- D’abord le droit primaire formé des traités et des divers actes (actes d’adhésion par exemple)
qui les complètent ou les modifient ; ainsi que la Charte des D fondamentaux
- Les PGD : dégagés par la Cour de Justice ; ils ont un rang supérieur aux accords externes et
au droit dérivé
- Les accords externes : accords conclus par l’Union avec des Etats tiers ou des OI (art. 216§2
TFUE) inférieurs aux traités car sur demande d’une des 3 institutions du triangle ou d’un Etat
membre la Cour peut être saisie pour avis sur la compatiblité de l’accord avec les traités.
Si avis négatif il ne peut entrer en vigueur sauf modification de l’accord ou révision des traités
(218 §6 TFUE) = accord sup au D dérivé, CJUE International Fruit Company, 1972
- Le D dérivé : constitué des actes adoptés par les institutions de l’Union en application des
Traités (art.288 TFUE) :
Règlement : Portée générale, il est obligatoire dans tous ses éléments et directement
applicable dans tout Etat membre
Directive : Lie les Etats quant aux résultats à atteindre, laisse aux instances nationales la
compétence quant à la forme et aux moyens.
Décision : Texte de portée générale dans tous ses éléments, adressé à des destinataires
formellement désignés et obligatoire seulement à eux.
La consécration des D F
=> Pas de référence aux D F dans Traité de Rome ; cela débute avec la jsp de la Cour : arrêts
Stauder (1969), Handelgesellchaft (1970) et Nold (1974) la Cour affirme que les actes
communautaires ne doivent pas mettre en cause les D F qui font parti des PGD, ces droits ce
dégagent des traditions constitutionnelles (2ème arrêt) ainsi que de la CEDH et de la
jurisprudence de la Cour (1975 Rutili)
=> La reconnaissance des DF dans le Traité de Maastricht qui dispose que l’Union respecte
les D F, tels qu’ils sont garantis par la CEDH et qu’ils résultent des traditions
constitutionnelles communes des Etats membres en tant que PGD de l’Union (art.6§3 TUE)
Traité d’Amsterdam va plus loin et énonce les principes fondamentaux à la base de l’Union :
Liberté, démocratie, le respect des D de l’H et les libertés fondamentales : le respect de ces
principes sont exigés pour l’admission de tout Etat candidat à l’UE.
=> Les mécanismes de surveillance et de sanction en cas de non-respect des DF : le TUE
prévoir procédure de surveillance et sanction avec volet préventif (introduit Traité de Nice) et
punitif (Traité d’Amsterdam)
Mécanisme préventif = possibilité pour le Conseil d’entendre l’Etat membre concerné et de
lui adresser des recommandations, à la majorité des 4/5 de ses membres le Conseil pet
constater l’existence d’un risque clair de violation grave des D F après avis conforme du
Parlement européen.
Volet punitif en deux phases : A la majorité des 4/5 de ses membres, le Conseil européen
constate l’existence d’une violation grave et persistante par un Etat membre des principes sur
lesquels l’Union est fondée, sur proposition d’un tiers des Etats membres ou de la commission
et après avis conforme du Parlement euro ; ensuite cette violation constatée, il appartient alors
au Conseil de décider à la majorité qualifiée de suspendre certains droits de l’Etat découlant
du traité, y compris droit de vote au sein du Conseil (art.7 TUE)
Pluralisme des médias et indépendance de la justice affectés dans certains pays toutefois pas
de sanction à l’unanimité car ces pays se protégent entre eux.
2014 commission met en place procédure dite de dialogue sur l’état de droit : mécanisme non-
juridictionnel visant à instaurer un dialogue sur le respect des droits fondamentaux.
2017 : Commission engage procédure d’infraction contre Pologne devant la Cour qui a
demandé de suspendre l’application de dispositions qui ont pour effet la recomposition
immédiaite de sa Cour Suprême et de l’indépendance des juges.
Même année procédure art. 7 mise en place contre Pologne, le Conseil n’a pas encore voté.
=> La charte des D fondamentaux : Proclamé par le Conseil, le Parlement et la Commission le
7 décembre 2000. Composé de 6 rubriques (dignité, liberté, égalité, solidarité, citoyenneté,
justice.) elle actualise les droits civils et politiques issus de la CEDH et innove en consacrant
sur le même plan des droits éco et sociaux.
Le but est triple :
Montrer que l’Union n’est pas qu’un marché mais aussi une entité politique avec une
communauté de valeurs communes ; actualiser le corpus des D F ; conjurer le risque ‘un
contrôle général du droit dérivé par les juridictions constitutionnelles nationales et la CEDH =
en effet dans la décision Matthews c/ RU de 1999 la CEDH avait affirmé sa compétence pour
contrôler compatibilité de mesures nationales d’application du D de l’Union avec les
principes posés par la CEDH.
Dans Bosphorus, 2005 la Cour indique que le droit communautaire avait une présomption de
conformité avec la convention qui pouvait être renversée s’il s’avère qu’il n’offre pas une
protection équivalente à celle garanti par la Convention.
Lisbonne donne une force contraignante à la charte (art.6 TUE), par un protocole annexé à
Lisbonne le RU et la Pologne pas liés par cette force.
Une déclaration annexée au traité rappelle que la charte n’étend pas le champ d’appli du droit
de l’Union ni ne crée de new compétences en sa faveur.
Les principes d’application du D de l’Union.
=> Principe de primauté
Affirmé par la CJUE dans Costa c. Enel en 1964 : le traité a instauré un ordre juridique
propre, « un corps de droit applicable à leurs ressortissants et à eux-mêmes ».
Ce principe vaut pour toutes les normes de l’Union ; le juge national a pbligation d’assurer le
plen effet des normes communautaires en laissant inappliquée au besoin les dispos contraires
dans la législation nationale sans attendre sa sortie de l’ordonnancement juridique (CJCE
Simmenthal, 1978).
=> L’effet direct
La mise en œuvre des directives impliquent que les Etats prennent dans les délais prescrits les
mesures nationales de transposition. La Cour a reconnu aux directives une forme d’effet direct
(Van Duyn, 1974), les particuliers pouvaient invoquer devant une juridiction nationale les
dispos d’une directive non transposée avec série de conditions :
Effet direct ne peut jouer qu’une fois expiration du délai de transposition ; les dispos du D de
l’UE doivent êtres claires et inconditionnelles » ; n’être assorties d’aucune réserve et ne
nécessiter aucune intervention législative des Etats.
Principe de responsabilité des Etats à l’égard des particuliers lésés par la non-transposition
d’une directive (Francovich, 1991) = D à réparation pour le particulier lésé par absence de
mesure de transposition.
3 conditions pour droit à réparation soit reconnu au profit d’un particulier pour cela
(Brasseries du Pêcheurs et Factortame III, 1996) = norme communautaire conférait des D aux
particuliers ; la violation commise doit être suffisamment caractérisée, elle est définie comme
« méconnaissance manifeste et grave, par un Etat membre comme par une institution
communautaire, des limites qui s’imposent à son pouvoir d’appréciation » ; un lien de
causalité directe entre la violation du droit communautaire et le dommage subi.
Les moyens de contrôle et de suivi de la transposition des directives
Commission veille application du D de l’Union (17 TUE) = procédure de manquement arme
pour amener les Etats à transposer dans les délais les directives ; elle est informée par les Etats
qui lui notifient les mesures nationales prises pour la mise en œuvre des directives, peut être
informée des manquements par les particuliers.

II. Le bilan
La reconnaissance du principe de primauté par les juridictions nationales
=> La primauté du D de l’Union est reconnue par l’E des juridictions des Etats, pour lois
antérieures en France mais pour lois postérieures : attendre Vabre en 1975 puis Nicolo pour le
CE en 1989, qu’il étend aux règlements communautaires (Boisdet, 1992) et aux directives non
transposées après le délai d’expiration (Rothmans International France, 1992)
=> Les juridictions nationales fondent la supériorité du D de l’Union sur leurs prescriptions
nationales
Article 55 de la C puis se fonde sur l’article 88-1 depuis révision C de 1992 qui pose le
principe de la participation de la France à l’UE
=> De plus les Etats n’admettent pas pour la plupart la supériorité du droit de l’Union à
l’égard de leurs normes constitutionnelles
Sauf Pays-Bas ou Belgique, aucun Etats admet sup du D de l’Union sur les règles
constitutionnelles.
Les autres Etats se réservent le droit de contrôler la conformité du D de l’Union avec leurs
règles constitutionnelles.
CE Sarran, 1998 ; Cour de Cass Fraisse, 2000 = cette position de principe se fonde sur
l’article 55 de la C qui reconnait sup des traités sur la loi mais pas sur la C ; et art. 54 qui
contrôle conformité des traités à la C : si un traité est déclaré par le CC non conforme à la C il
ne peut être ratifié sauf révision C.
Pour les actes de D dérivé :
Pas soumis au Conseil C par l’article 54 car ils ne nécessitent pas d’acte complémentaire de
ratification ou d’approbation.
Le CC considère que la transposition d’une directive résulte d’une exigence constitutionnelle.
Il s’est reconnu compétent pour vérifier la compatibilité d’une loi de transposition avec la
directive qu’elle a pour objet de transposer (DC n°2006-540 de 2006) = réservé aux
incompatibilités manifestes. En l’absence d’une telle violation seul le juge de l’Union peut
contrôler le respect par une directive des compétences définies par les traités et des D F. Le
CC n’a pas un pouvoir d’appréciation des dispositions de la directive
Cependant réserve de constitutionnalité émis par le conseil constitutionnel (même
décision) car la transposition d’une directive ne saurait « aller à l’encontre d’une règle ou d’un
principe inhérent à l’identité constitutionnelle de la France, sauf à ce que le constituant y ait
consenti. »
=> Cas limité au principe de laïcité ou d’indivisibilité de la rép par ex mais le CC fait
prévaloir les dispositions de la C sur le D de l’Union.
Reprise par le CE avec l’arrêt Arcelor en 2007 : en cas de recours contre un décret de
transposition d’une directive au motif qu’il violerait un principe constitutionnel, le JA doit
d’abord vérifier si ce principe est garanti par le D de l’Union. Si oui le juge européen doit être
saisi par voie préjudicielle, la CJ est la seule compétente pour apprécier en cas de doute sur la
validité de la directive au regard du D de l’Union.
Si non (le principe constit n’est pas garanti par le droit de l’Union) le juge national est
compétent pour apprécier la constitutionnalité de la mesure de transposition. Le JA se réserve
la possibilité d’annuler un décret de transposition d’une directive au motif
d’inconstitutionnalité.
La reconnaissance du principe de l’invocabilité directe des directives par le juge
national
Le CE s’est longtemps opposé à l’invocabilité directe des directives => Arrêt Cohn Bendit,
1978, il considère que les autorités nationales sont les seules compétentes pour transposer, il
refuse d’apprécier une décision individuelle au regard d’une directive non transposée.
Revirement de jsp avec Mme Perreux en 2009, il se fonde sur le fait que l’obligation de
transposition découle des traités et de la Constitution, il a admis que les « dispositions
précises et inconditionnelles » d’une directive pouvaient être invoquées à l’appui d’un REP
contre un acte individuel quand l’Etat n’a pas pris dans les délai impartis les mesures de
transpositions nécessaires.
La reconnaissance du déficit de transposition
Depuis 1998 commission publique un état de la transposition des directives. Le déficit de
transposition des directives est passé de 6.3% en 1997 à 0.9% en 2017
Pour les directives « sensibles » (chasse, traitement des eaux urbaines, protection habitats
naturels etc…) continuent à ne pas être appliquées par les Etats.
Blocages politiques des Etats pour transposer par peur des réactions de l’opinion publique,
complexité de certaines directives. Volonté de la Commission Juncker est de faire adopter, au
nom de l’objectif de « mieux légiférer », des directives moins détaillées laissant plus de marge
de manœuvre aux gouvernements qui risque toutefois d’alourdir le travail de transposition.
Mauvais élève la France à améliorer sa situation et son déficit en 2017 est de 0.2%
Circulaire de 2004 a institué des correspondants « transposition » dans les ministères sous la
direction du Secrétariat général des affaires euro (SGAE).
La surcharge de l’ordre du jour parlementaire peut poser des problèmes pour l’adoption en
temps voulu des textes. Etude du CE de 2015 : « Directives européennes : anticiper pour mieux
transposer » qui propose d’anticiper les enjeux de la transposition dès l’ouverture des négociations et
d’entamer le travail de transposition avant la publication de la directive.

Une classification juridique des actes de l’Union plus cohérente


=> Les apports du Traité de Lisbonne
Distinction nouvelle entre actes législatifs, délégués et d’exécution
Lisbonne donne définition procédurale des actes législatifs qui sont les actes adoptés selon la
procédure législative ordinaire ou spéciale (art.289 TFUE)
Suite au tableau :
Procédure d’adoption des actes délégués : La Commission transmet le projet d’acte délégué
au Conseil et au Parlement européen. Deux possibilités sont ouvertes par le trait : Le
Parlement ou le Conseil peut décider de révoquer la délégation ; l’acte ne peut entrer en
vigueur que si, dans le délai fixé par l’acte législatif, le Parlement euro ou le Conseil
n’exprime pas d’objections
Pour actes d’exécution : Comitologie avec deux procédures possibles (consultation ou
examen)

=> Les interrogations ouvertes par cette nouvelle hiérarchie


Refus de séparation d’autorité législative ou exécutive qui permettrait d’instaurer une claire
distinction entre actes réglementaires et législatifs = impossible avec la confusion des
fonctions en Europe.
Distinction entre règlement et directive n’a pas été clarifiée par le traité de lisbonne.
Règlement : instrument recommandé quand il faut établir un régime juridique uniforme ne
laissant aucune marge de manœuvre d’adaptation aux gouv.
En théorie directive n’est : ni d’application générale (destinataires limitativement énumérés),
ni directe (actes de transposition). = parait adaptée à l’harmonisation des législations qui
implique une collaboration entre autorité communautaire et autorités nationales.
Maintien des actes atypiques : Actes pout pt commun d’avoir ni destinataire, ni d’effet
juridique obligatoire : conclusions, recommandations, lignes directrices qui émanent de la
commission mais aussi des deux conseils. Confusion normative car ils peuvent produire effets
de D quand ils couvrent des domaines de compétences complémentaires où l’Union ne peut
légiférer, ils peuvent donner l’impression que l’Europe est en train d’édicter des normes
obligatoires, ce qui n’est pas le cas.

III. Perspectives
Adhésion de l’Union à la CEDH
Idée ancienne avec une réponse négative de la part de la Cour : avis 2/94 de 1996, la Cour
estime que la Communauté n’avait pas de compétence pour adhérer à la convention. Lisbonne
prescrit que l’Union adhère à la CEDH mais c’est une procédure très lourde : voir art. 218§8
TFUE.
Une telle adhésion nécessite des réponses à plusieurs enjeux : les recours exercés devant
Strasbourg, par des Etats extérieurs à l’Union ou des particuliers ne remettent en cause la clé
de répartition des compétence entre l’Union et ses Etats membres ; la seconde : nécessité de
maintenir le monopole de la CJ pour l’appréciation des actes européens. La 3 e est de ne pas
remettre en cause la situation individuelle des Etats membres : en effet tous les membres de
l’UE ont ratifié la Convention mais pas tous les protocoles ou avec des réserves.
En dernière réponse la CJ s’est prononcée par avis conformément à l’article 218§11 le 18
décembre 2014 et a estimé que l’adhésion pouvait « compromettre l’équilibre sur lequel
l’Union est fondée ainsi que l’autonomie du Droit de l’Union » = incompatible avec D de
l’UE.

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