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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

DROIT DE L’UNION EUROPÉENNE I


Le premier semestre concerne le contentieux européen, le deuxième la politique de la
concurrence et des grandes libertés.
Fonda: « L’effectivité du droit de l’UE ». Cas pratique. Commentaire d’arrêt. Traités
autorisés.
Comple : 4 ou 5 questions posées à l’étudiant. Durée 1h30.

PROPOS LIMINAIRES :

Le droit de l’UE est un droit issu des traités constitutifs de l’UE, et de tous les
actes qui ont été pris en son application. C’est un droit qui trouve sa source dans des
traités internationaux qui ont été conclus par des États européens, qui ont accepté de
faire partie d’un ensemble et d’une organisation dénommée Union européenne. Ce
droit est effectivement issu de traités internationaux, conclus de manière classique en
bonne et due forme, confirmé lors de la ratification de ces traités.

Le DIP, étudié à part, est une discipline qui obéit à une certaine logique : c’est
le droit des rapports internes étatiques, s’appliquant aux organisations
internationales + il protège les individus.

Le droit de l’UE est du droit international régional, composé de traités


engageant des États et dont le champ d’application est limité uniquement aux États
membres de l’organisation. Cad ceux qui sont sur le continent européen et qui sont
engagés sur des valeurs communes. Il est certes issu du droit international, mais s’en
émancipe largement à certains égards. En effet, il a souscrit à une dynamique propre,
à travers la Cour de Justice de l’UE. Dès 1963, dans un arrêt « Van Gend en Loos », la
CJU a fait référence à « l’ordre juridique international ». C’est à l’occasion de cette
affaire qu’elle a reconnu le principe de « l’effet direct des dispositions du droit de
l’UE », qui sont « claires, précises et inconditionnelles ».

 Faits : une entreprise se voit imposer des droit de douanes supérieurs à ceux qui
étaient applicables auparavant. Les autorités néerlandaises ont affirmé qu’elles
étaient libre de les fixer comme bon leur semblait. L’entreprise a identifié l’art
12 du TFUE qui prévoyait que « les États membres s’abstiennent d’introduire
entre eux de nouveaux droits de douanes » et « d’augmenter les droits de
douanes existants ».

 Solutions : L’avocat général affirme qu’il faut suivre la solution des


gouvernements. Se jouait une question d’avenir, selon laquelle un traité n’a

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d’effet direct que si cela a été stipulé par les auteurs du traité, si tel était bien
leur volonté. Si l’on est ds le doute, il n’y a pas d’effet direct. A l’opposé, il y avait
ceux qui pensaient que le droit communautaire ne serait plus du DI classique,
car on permettait à tout un chacun de soulever devant le juge national des
incompatibilités avec le droit communautaire européen. Cette dernière thèse l’a
emporté.

La CJ a indiqué que l’ordre juridique international créait des charges à l’égard


des particuliers, ce même droit crée des droits au profit des particuliers dont ils
peuvent se prévaloir en justice devant les juridictions internationales. C’est ainsi
qu’elle a pris une position très originale pour l’époque, sorte de progrès de l’État de
droit.

Un an plus tard, la CJ a pris position dan un arrêt « Costa c/ Enel » du 15


juillet 1964 à la suite d’une question préjudiciel.

 Faits : COSTA était un avocat italien qui avait dû régler une facture
d’électricité, et avait remarqué que l’organisme en question était en position de
monopole. Il trouvait cela contraire au droit communautaire européen,
notamment au visa de l’art 37 TFUE, qui interdit les discriminations. ENEL (la
société de gestion des réseaux électriques en Italie) s’y est opposé en mettant en
avant le fait que le texte postérieur déroge au texte antérieur. Autrement dit,
« Lex periorant derogent ». Donc le traité conclut par les États membres
pouvait se voir opposer un texte de droit italien pris unilatéralement. Il disait
que l’Italie ne respectait donc pas le traité.

 Procédure : De son côté, Maurice LAGRANGE conclut à la primauté du droit


communautaire.

 Solution : la CJUE le suit et constate le principe de primauté du droit


communautaire, en affirmant que ce droit issu d’un traité conclut par des États,
sous réserve de réciprocité, ne saurait se voir opposer des actes pris
unilatéralement par un État membre, fusse t-il postérieur.

Pr en arriver là, la CJUE a observé que la communauté économique


européenne était fondée sur un ordre juridique propre, elle n’a plus fait référence à un
ordre juridique international. Cette volonté de s’affranchir ne fera que s’illustrer au
cours des affaires postérieures.

➔ Ex : Arret CJUE « Commission c/ Belgique et Luxembourg », sur un


manquement d’État. Si un État n’a pas respecté un texte du traité, c’est parce
que un autre État ne l’a pas fait. C’est la réciprocité. Ce n’est pas acceptable en
droit communautaire selon la CJUE, car il est fondé sur une idée forte de
solidarité. Ça ne saurait donc être un motif suffisant. Si c’est applicable en droit
international conventionnel, ça ne l’est pas en droit communautaire.

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Le droit de l’UE a donc sa dynamique propre et son originalité. C’est un droit


qui se définit par ses sources issues des traités constitutifs et des actes pris en leur
application. Quelle est la finalité de ce droit donc ? Le droit de l’UE, si l’on devait en
définir la finalité, sa mission générale, serait :

• Le rapprochement des peuples d’Europe dans un espace commun. Les


moyens sont déclinés, en lien avec une finalité à court terme, dans lequel
les biens les personnes et les capitaux circulent sans entraves indus.
Cette modalité, si importante et considérable, peut être présentée comme
un véritable objectif.
• C’est un espace de liberté, de sécurité et de justice.
• C’est également la traduction d’une volonté de création d’un marché
commun.

Les droits nationaux sont contraints par le droit de l’UE qui régit l’ensemble
de ces matières. Compte tenu de la diversité des moyens, il pouvait s’appliquer à de
nombreuses matières. Le droit de l’UE ajd s’applique à 80 % de notre droit, sans que
cela ne soit nécessairement indiqué. Lorsque l’on présente une loi, on ne sait que
rarement qu’elle est d’inspiration européenne, transposition d’une directive. Le droit
national est le plus souvent issu du droit européen. Cette origine présente un intérêt
pour les juristes, surtout pour la théorie de l’interprétation conforme. Arret CJUE du
13 novembre 1990 dit « Marleasing », la CJUE affirme que le droit national doit être
étudié en conformité avec la disposition européenne dont il est issu. Dans ces
conditions, on retrouve l’application du droit européen ds pleins de cas de
figures.Quelques exemples :

• Dans des litiges qui s’appliquent en droit du travail, dans les relations
entre employeurs et salariés. Pour protéger les salariés, leur qualité de
vie (congés, horaires etc.). Le but est également d’assurer une
représentation des salariés. Ex : Hôtesse de l’air fait l’objet d’un
traitement trop sévère par rapport à ses collègues masculins sur l’âge de
la retraite. Elle invoque le droit européen contre les discriminations
directs et indirects.

• Dans les litiges opposant les consommateurs et les commerçants, au titre


du droit de la consommation. Il est principalement inspiré du droit de
l’UE et des multiples directives sur le sujet. Affaire « Banque nationale
de Paris », se rapporte à des prêts pour l’achat de biens immobiliers en
France. Les contrats ont été conclus en franc suisse malgré la dévaluation
de l’euro, faisant perdre bcp aux consommateurs. La Ccass n’a pas vu de
clauses abusives, car le contrat stipulait les risques attachés au risque de
change. Interrogation de la CJUE sur cette question. Le 15 juin 2021, elle
affirme que ce type de clause peut être considérée comme abusive. La
Ccass a par la suite suivi cette tendance. Le droit national qui prévoit des
incriminations, doit respecter les exigences du droit européen, des traités

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et des textes des institutions. Le juge pénal doit tenir compte de ces
exigences.

CHAP 1- Le cadre et les moyens d’action de l’UE.

= Concerne les moyens de droit pour mettre en œuvre devant un juge ce droit de l’UE.
Préalablement, il faut comprendre ce qu’est l’UE, ce qui anime son action et délimite
ses moyens et ses obj.

Pbqs : Quelle est la nature de l’UE ? Ses moyens ? S afinalité ?

SECTION I : La nature de l’Union Européenne.

Elle est posée en doctrine par des auteurs qui s’interrogent sur ce qu’est l’UE.
On connaît tous l’expression : « l’Union européenne est un objet juridique non
identifié », selon Jacques DELORD1. Depuis la CCA, la doctrine constatait que les
communautés européennes avaient une nature particulière. Ils ont observé qu’il
s’agissait d’organisations sui generis. Ce qualificatif a été utilisé avec bcp de facilités
par la doctrine. Pour autant, les communautés ont été reconnues par les organisations
internationales comme étant des organisations internationales (les États de la
communauté), cad d’une nature équivalent. A aucun moment une organisation n’a
traité avec l’UE comme si il s’agissait d’un État. Pour autant, ds la doctrine, des
auteurs ont comparé les communautés à une forme particulière d’État. Le cas échéant,
un État fédéral en devenir. C’est une création imputable aux États membres de l’UE
qui seraient en voie de transformation régulière en une fédération d’État, ou plus
encore en un État fédéral. La doctrine de nombreux États membres s’interroge sur la
vraie nature de l’UE et élabore de multiple réflexions selon des critères complexes :

• Mais d’un point de vue concret, on fait des constats pour observer que l’UE est
une organisation internationale au sens du droit international. C’est le 1 er point
de def.

• L’UE connaît également une évolution permanente qu’on ne constate pas ds la


plupart des organisations internationales. Elle est susceptibles de
différenciations en son sein, elle n’est pas aussi unitaire qu’on voudrait bien le
croire. Ex : L’Euro n’est pas la monnaie des 27 États membres. C’est le 2e cas de
def.

1 Homme d’État français, il travaille tout d’abord auprès de Jacques CHABAN-DELMAS, puis obtient
des ministères dans les gouvernements de Pierre MAUROY.

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1§ Une organisation internationale au sens d’organisation internationale


publique.

Pour la commission du droit international des Nations Unies, une orga


internationale est :

1. une organisation établie par un traité ou un autre instrument reconnu et régit


par le droit international, ;
2. ayant une personnalité juridique propre ;
3. une organisation internationale pouvait « comprendre parmi ses membres, non
seulement des États mais aussi des organisations internationales ». S’agissant
de l’UE, elle n’est composée que d’États. L’art 49 du TUE se rapportant à
l’adhésion à l’UE est explicite : « Tout État européen qui respecte les valeurs
visées à l’art 2 et s’engage à les promouvoir peut demander à devenir membre
de l’UE ». Seuls les États de surcroît européens et respectueux des valeurs de
l’UE peuvent être membres ou devenir membres de cette organisation. Une
organisation autre ne peut pas adhérer à l’UE.

Cette association est dotée d’une personnalité juridique qui lui est propre,
même si cela a fait débat dans la doctrine, notamment après le Traité de Maastricht
en 1992. Le TUE n’a pas traité de la personnalité juridique de l’UE en tant que telle.
Les communautés européennes disposaient elles, tout de même, de cette personnalité
juridique. En 1992, on crée une Union européenne d’un genre nouveau qui englobe les
3 communautés européennes existantes, en y ajoutant des formes de coopération
interétatiques dans les domaines fondamentaux de la politique étrangère, de la
coopération policière et de la sécurité.

Les auteurs du Traité de Lisbonne de 2007 ont refondu l’UE et les


communautés existantes, en créant une UE, un art 47 TUE prévoyant qu’elle avait la
personnalité juridique. L’UE telle qu’elle est conçue en vertu des traités constitutifs,
est une organisation internationale au sens du droit international public, explicité par
la Commission du droit international des Nations Unies.

2§ Une organisation internationale évolutive.

L’UE qui repose sur deux traités, TUE et TFUE, a considérablement évolué au
fil du temps. Elle n’est pas le fruit d’une génération spontanée. C’est plutôt une issue
de multiples adaptations et évolutions d’un système préexistant.

Les prémices de l’organisation que nous connaissons aujourd’hui émergent


avec la CECA2 pr réguler le charbon et l’acier, et ceci pour que les 6 États concernés ne

2 Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, fondée par le Traité de Paris en 1951 et entrée
en vigueur en juillet 1952. l’objectif était de moderniser les systèmes industriels de production
européens et de contrôler les productions nationales.

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se fassent pas la guerre, et pour que les citoyens disposent d’une énergie équitable.
Cette création était aussi destinée à réaliser des projets plus ambitieux :
• Rapprocher les peuples conformément à la déclaration de Robert SCHUMAN3
de 1950 : « L’Europe ne se ferait pas d’un coup, ni par une réalisation
d’ensemble », mais elle se ferait plutôt progressivement. Adoption de la méthode
des « petits pas » de Jean MONNET4.

• Échecs : communauté européenne de défense, bloqué par la France alors qu’elle


en était à l’origine.

• 1957 : à Rome CEE5, et CEEA6 : donc deux traités. Le CEEA concerne l’énergie
atomique, indispensable mais aussi dangereuse en cas de guerre. Il fallait
s’entendre sur l’approvisionnement et la sécurité de ces centrales nucléaires. La
CEE avait pour obj de mettre en place un marché commun reposant sur 4
libertés fondamentales de circulations :
◦ Des marchandises ;
◦ des personnes ;
◦ des services ;
◦ des capitaux.

En plus des libertés de circulations qui viennent éliminer des obstacles, les
auteurs du traité ont aussi établis l’intégration positive, consistant à élaborer
des règles communes, des politiques et actions communes aux États membres.
On crée des règles en commun qui s’appliqueront à tous les membres de la
communauté. Elle a prospéré, à un point qu’elle a été considérée comme un
modèle par l’Europe.

• Le RU avait fait en parallèle l’association européenne de libre échange, mais y a


renoncé face à l’échec. Donc la CEE s’est élargie et a accueilli des demandeurs
(RU, Suède, Irlande) en 1973. Les 2 communautés se sont donc progressivement
élargies. Puis viennent l’Espagne et le Portugal en 1986.

• C’est l’Acte unique européen qui est adopté en 1986, venant modifier le traité
CEE. Il reconnaît la nécessité d’établir une coopération politique entre les États,
au sien du Conseil européen. L’on y traite de questions éminemment politiques.
L’Europe est entrain de changer. Fait état de questions primordiales de société.
Il y a bcp à faire sur l’UE en raison des nombreux cloisonnements internes. Il
inclut la révision des institutions, des nouveaux champs de compétences et la

3 Homme politique français du XXe siècle, sous-secrétaire d’État sous la IIIe Rep, ministres à
plusieurs reprises sous la IVe, il est ensuite président du Parlement européen. Considéré comme
l’un des pères fondateurs de la construction européenne.
4 Fonctionnaire international français du XXe siècle, banquier international, partisan du libre-
échangisme et de l’atlantisme. Considéré par beaucoup comme l’un des pères fondateurs de la
construction européenne.
5 Communauté Économique Européenne, créée en 1957 (Allemagne de l’Ouest, Belgique, France,
Italie, Luxembourg, Pays-Bas).
6 Communauté Européenne de l’Énergie Atomique (EURATOM).

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nouvelle coopération politique européenne. Il suit la réflexion européenne des


années 1980.

• L’obj du marché intérieur sera mis en place à partir de 1993, vu comme un


espace sans frontières intérieures, ce qui est considérable pour l’époque. Le
traité fait état de « circulations entre États membres », donc il y a bien un reste
de frontière tout de même.

En 1992 est signé le Traité sur l’Union Européenne signé à Maastricht , signé
par 12 état membres, créant une UE constituée de 3 communautés initiales et trois
domaines primordiaux : les Communautés européennes (CE), la Coopération policière
et judiciaire en matière pénale (CPJP anc JAI), la Politique étrangère et de sécurité
commune (PESC). Les CE sont considérées comme étant « le premier pilier de l’UE » ;
la PESC, le 2e ; la CPJP, le 3e. Le conseil institué par les 3 traités communautaires sert
d’instance de discussion pour parler de la PESC, de la CPJP, des affaires intérieures
plus spécifiques (CE). Mais cela a plutôt discrédité l’UE, présentée comme une « usine
à gaz », comme un « machin ». Était-ce le signe de la mort de l’UE ? En réalité, les
créateurs de l’UE ont été obligés de créer cette masse informe pour aller plus loin dans
l’intégration, en raison des volontés disparates. Il s’agissait d’éviter à tt prix de créer
une fédération d’État, le tout dans un esprit fédéral. Il fallait s’en tenir donc à cette
Union. L’UE a été en même temps, dotée de compétences nouvelles, et c’est en cela
qu’il y a eu un progrès :

➔ Protection des consommateurs et de santé (elle a été visionnaire sur ce point).


➔ En matière budgétaire également, avec notamment l’instauration d’une
monnaie commune.
➔ L’UE s’est vue aussi reconnaître une possibilité de faire prospérer la citoyenneté
européenne. Les traités constitutifs ont mis en place une citoyenneté de l’Union
que peut revendiquer tt ressortissant ayant la nationalité d’un État membre.
Concrètement, on peut voter dans un État membre où l’on séjourne, aux
municipales notamment.

En 1995, Suède, Autriche et Norvège ont rejoins l’UE. Le passage à la l’Europe


des 15 est imminent. Ce processus évolutif a forcé l’UE à aller plus loin, à engager une
construction plus large et plus profonde. Il faut faire évoluer ce 3eme pilier. Traité
d’Amsterdam en 1997, conduisant à faire évoluer le troisième plier, à la
communautariser, pour que les matières d’asile et d’immigration soient des règles
communes aux 27 États membres, sans passer sans cesse par une négociation entre
États. Les conséquences de la Guerre Froide et de la suppression du mur de Berlin
pose bcp de questions : doit-on accueillir des États de l’Europe orientale dans le bloc
européen, alors même qu’ils étaient liés à la Russie soviétique ?

✔ Un système de réparation de ces États via le Traité de Nice signé en 2001a été
mis en place, à la suite du Conseil européen de 2000, préparant 10 ou 12 États.

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✔ Par la suite, le traité d’adhésion signé à Athènes en 2003 fait entrer 10


nouveaux États des Pays d’Europe centrale et orientale : c’est le Traité
d’Athènes de 2003.
✔ Ce sont désormais 25 États membres qui cohabitent ensemble, et c’est en même
temps que ces États signent un traité établissant une constitution en Europe
(Traité de Rome de 2004), échouant à la suite des référendums en France et aux
Pays Bas. Cet échec est le signe d’un affaiblissement considérable de l’UE telle
qu’elle a été pensée, sur des questions plus profondes et plus politiques. Les
États adoptent tt de même en 2007 le Traité de Lisbonne, modifiant les traités
existants. Ce traité va contribuer à l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie ds
l’UE. Se traduit aussi une volonté de reconsidérer l’UE en modifiant les traités :

◦ Fait disparaître les 2eme et 3eme piliers de l’UE. Cette dernière


n’est plus constituée en piliers, ces matières sont insérées dans le
champs du TUE et du TFUE. Ce sont les institutions de l’UE qui
traitent de ces différentes questions. Il y a une forme de
banalisation des domaines relevant de la Haute politique, de la
justice et de la matière pénale.

◦ Deux nouveaux traités : le TUE d’une 50aine d’articles, issus de


l’ancien traité de l’UE de 1992, ainsi que le TFUE issu du traité
instituant la communauté européenne modifié. Il n’y a plus donc de
communauté européenne, celle-ci s’y est substituée.

◦ Seule la CEEA subsiste, car elle est spécialisée.

◦ La CECA s’est éteinte 50 ans après son entrée en vigueur.

3§ Une organisation susceptible de différenciation.

Elle a tjrs été voulue comme une organisation présentant tous les caractères
d’unité, pour que chaque citoyen de l’UE ait le sentiment d’appartenir à une
organisation commune. Cette exigence d’unité n’a pas été totalement respectée en
raison des compromis que les États membres ont dû aménager au fil du temps, à
partir du Traité d’Amsterdam notamment. Des protocoles ont été prévus au profit du
RU, de l’Irlande, du Danemark dans le domaine de l’espace de sécurité et de justice.
Dans un autre domaine aussi, la politique étrangère et de sécurité commune. + Dans
le domaine économique et monétaire avec la monnaie commune, reposant sur un
groupe d’État composé de 19 membres. Il aurait été préférable que les EM adoptent
eux mêmes la monnaie commune, mais certains ont gardé leur monnaie nationale =>
crée des obstacles et des entraves entre les États, c’est un frein pour le marché
commun. La différenciation est surtout marquée par des 10aines de protocoles
annexés au traités, très précis. Il y a aussi la possibilité d’aller plus loin dans un
groupe qui constitue une élite aux moyens des coopérations renforcées. Permet à un
groupe d’État de mettre en œuvre une politique, voire une action sur un thème

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spécifique qui n’engage pas les 27 États membres, mais engageant seulement un
groupe d’États. Ceux-ci pourraient ensuite être rejoints par d’autres. Ex : En matière
de divorce. Idée selon laquelle les États membres peuvent prendre des initiatives en
allant plus loin. En quelques sortes, l’Europe est organisée en cercles concentriques.
Mais pour le coup, les différences sont parfois trop importantes.

SECTION II : Finalités et orientations de l’UE.

La communauté économique européenne ne présentait pas ce type de défaut. Une


autre critique est parfois faite par les hommes politiques, notamment Laurent
FABIUS qui en a tiré une formule particulière : « l’Europe, terrain vague ». Cette
union est une organisation désincarnée, pas commandée par une logique. Elle impose
des obligations aux sujets de droits, sans qu’ils ne soient pensés et conçus ds un cadre
avec des finalités.

L’Europe n’a jamais été un terrain vague en réalité, car d’un point de vue de la
construction politique, ses concepteurs avaient bcp d’esprits et l’ont bâti sur des bases
solides. Les traités constitutifs de l’UE se sont tjrs attachés à indiquer les finalités et
les orientations des communautés puis de l’UE. Marquées selon une gradation :
• Les valeurs de l’UE
• Les obj de l’UE
• Les missions imparties de l’UE
• Les principes directeurs de l’UE

1§ Les valeurs de l’UE.

Les valeurs de l‘UE ont été pour la première fois inscrites en tant que telles par
le Traité de Lisbonne ds le TUE. Ces valeurs sont celles de l’organisation créée par les
États membres, mais aussi et simplement celles des États membres qu’ils partagent
ds l’organisation. Ces valeurs sont essentielles, déjà connues et identifiées depuis
longtemps.

Les nouveaux traités découlant du Traité de Lisbonne, devaient clairement


énoncer les valeurs de l’UE, pour permettre à tout un chacun de les comprendre.

• Dignité humaine : via l’Art 2 TUE : « L’union est fondée sur les valeurs de
respect de la dignité humaine ».

• Liberté et démocratie : Ds le traité, il y a des dispositions qui marquent le


rattachement aux exigences de démocratie représentatives et participatives.

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• Le principe d’égalité, toujours perçu comme un principe fondamental,


expliquant la plupart des interdictions énoncées dans les traités. Cette exigence
est l’une des valeurs marquante de l’UE, et ceci depuis l’origine.

• Le principe du respect de l’État de droit : Ds les traités originels, il s’agissait de


construire des traités à vocation économique, sans exigence de respect de l’État
de droit. Mais les penseurs ont peu à peu rappelé les exigences de respect de
l’État de droit.

• Respect des droits de l’Homme, des droits des minorités également : exigence
marquante pour l’UE. Il est apparu que quoique l’on fasse, l’on ne peut agir avec
légitimité que si l’on veille à ne pas porter atteinte aux droits de l’Homme.

Art 2 du TUE, précisant que les valeurs de l’UE sont partagées, « communes aux
États membres ». C’est l’expression même que l’UE a des valeurs fondamentales.
Certains hommes politiques ont comparé ce texte à des écrits saints, très éloigné de la
réalité. Cet article doit être considéré comme celui qui marque l’attachement de l’UE
et des États membres à ce qui est de plus profond.

2§ Les objectifs généraux de l’UE.

Ces obj assignés à l’UE sont énoncés de manière vague ds l’art 3 §1 du TUE :
« L’Union a pour but de promouvoir la paix, ses valeurs, et le bien être de ses
peuples ». Ces 3 objectifs sont généraux :

➢ Promouvoir la paix : a tjrs été l’obj des nations européennes. Il fallait


sauvegarder la paix en Europe. Au fil du temps, le mot a été remplacé par
« promouvoir », cad que en effet il faut sauvegarder la paix, mais qu’il fallait en
plus montrer l’exemple partout ds le monde. Chacun des accords conclu par l’UE
est attaché à cette exigence.

➢ Promouvoir ses valeurs : ds la mesure où l’Art 2 énonce les valeurs, il s’agissait


de fixer un obj à l’UE. On lui demande non seulement de promouvoir la paix,
mais aussi de promouvoir les valeurs de l’UE. Cad qu’il faut être exemplaire en
les respectant. Il s’agit à ce titre de faire valoir que toutes les valeurs énoncées
sont essentielles. Il ne devrait pas être permis de contracter avec un État tiers
qui ne respecte pas l’État de droit ou les droits de l’homme.

➢ Préserver le bien-être de ses peuples : en effet, il n’y a pas de peuple européen


unique, on fait réf ici aux nombreux peuples européens, aux nations autrement
dit. Si il n’y avait qu’un peuple, on aurait un territoire européen et un État
européen. Ce sont les peuples des États membres de l’UE qui sont centraux.

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Ces exigences appellent des moyens assez aléatoires et utopiques en réalité : on


ne peut faire le bien être de tous. Toute l’action de l’UE doit être commandée par la
poursuite de cet objectif : avoir plus de bien-être en Europe.

L’art 3§1 du TUE n’est pas d’effet direct évidemment. Il ne peut pas être invoqué
par des justiciables devant une juridiction nationale en vue de produire des droits
concrets, en raison de la généralité de ses termes.

3§ Les missions de l’UE.

Art 3 §2 à 5 énoncent de manière désordonnées les missions assignées à l’UE. Ds


les traités originels, ce qui importait de réaliser de manière prioritaire, c’était le
marché commun. Il fallait que les facteurs de production puissent circuler facilement
en Europe. Cette mission est tjrs au cœur de l’UE, mais elle n’est plus présentée
comme première. Les auteurs du Traité de Lisbonne ont dégagé :

➢ L’espace de sécurité, de liberté et de justice sans frontières intérieures, au sein


duquel est assuré la libre circulation des personnes. Il s’agit là d’une mission
particulièrement difficile, pas pleinement assurée. La mission est bien énoncée
et est première au sein de l’UE. Les mécanismes mis en place, sous la forme de
règlement, sont des mécanismes élaborés qui n’ont pas d’équivalents ds le
monde. Les contraintes sont lourdes.

➢ L’UE a pour mission d’établir un marché intérieur, selon l’art 3 §3 al 1 :


« l’Union établi un marché intérieur ». Art 26 §2 TFUE : « Le marché intérieur
comporte un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation
des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée selon
les dispositions du traité ». cette notion de marché commun a paru ne plus
rendre suffisamment compte de la réalité. L’Acte unique européen a dégagé la
notion de « marché intérieur sans frontières intérieures ». Cette ref à l’absence
de frontières est à relativiser car il n’y a pas d’abolition à proprement parler.
Mais d’un ptn de vue de l’image, l’UE devait constituer un espace sans
frontières. Elles s’appliquent avec moins de rigueur. Les États membres ont des
droits de s’opposer aux 4 libertés de circulation, sur le fondement d’arguments
légitimes. Ex : Ordre public, sécurité publique, sécurité sanitaire… Il faut
montrer qu’il n’y a pas de moyens moins restrictifs.

➢ D’autres missions moins importantes sont tt de même à évoquer : L’art 3§3


appelle à une action au titre du développement durable, à la croissance, à
l’environnement et au progrès. Ds un autre registre, est aussi évoquée la
mission de « cohésion et de solidarité », la lutte contre les discriminations
sociales, de sauvegarde de la culture ; et enfin des mission extérieures ds le § 5
concernant la mise en place des missions de commerce libre et équitable,
d’élimination de la pauvreté, des droits de l’enfant etc.

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4§ Les principes directeurs de l’UE.

Ils vont encadrer tte l’action de l’UE. Sont au nombre de 4 :

1. Le respect des droits fondamentaux des États membres ds Art 4§2 TUE. L’UE
doit respecter en effet les États membres qui l’ont mise en place, elle n’est pas
un super État. Il faut donc respecter « l’identité nationale des États ». Le droit
de l’UE doit avoir un respect de ce qui est fondamental. En vertu du Traité de
Lisbonne. On respecte ce qui est fondamental au sein des États.

2. Le respect des compétences étatiques. Il en va de la légitimité de l’UE. Art 4§1


TUE : « Toute compétence non attribuée à l’Union dans les traités appartient
aux États membres ».

3. Principe de respect des droits de l’Homme ds l’art 6 du TUE. C’est un ancrage


qui date de 30 ans, découlant du Traité de Maastricht.

4. Respect du principe d’égalité des citoyens et du principe démocratique aux Art 9


et 10 TUE. L’Union doit tjrs y rester attaché ds son action. L’Union devrait tjrs
agir ds le strict respect des principes directeurs.

SECTION III : Les moyens de l’Union.

1§ L’entité juridique.

L’entité juridique = sur ce plan, l’UE s’est vue reconnaître expressément la


personnalité juridique, dans un art 47 TUE. Cette reconnaissance signifie que l’UE
peut sur le plan interne, agir en justice, contre tout sujet de droit qui n’aurait pas
respecté ses propres droits. Elle peut en tant que personne morale, acquérir des biens,
notamment pr exercer sa mission ds un certain nombre d’États membres, où elle est
installée. Il lui faut également pouvoir employer du personnel, et être ainsi en mesure
de signer un contrat et s’engager avec des personnes ds le cadre d’une relation de
travail, comme le ferait une entreprise.

Sur le plan externe, l’Union doit être en mesure d’être représentée et d’être
accueillie via des représentants, ds des États tiers à l’UE, ds le cadre des missions
diplomatiques par exemple. Elle doit pouvoir aussi accueillir les mission
diplomatiques des États tiers. c’est un droit de légation7, à la fois actif et passif.

Plus encore, l’Union doit être en mesure de participer à des organisations


internationales. Celle ci n’est pas systématique mais va dépendre des statuts de
7 Le droit de légation est le droit reconnu aux organisations internationales d’entretenir des relations
diplomatiques avec d’autres sujets du droit international.

12
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

l’organisation internationale en cause. Ds certaines organisations internationales, elle


peut obtenir le statut de membre à part entière de l’organisation. Par l’exemple ds
l’OAA8, L’UE a acquis un véritable statut de membre après avoir été simple
observateur. Pareil pour l’OMC, au moment des accords de Marrakech de 1994. L’UE a
été partie prenante et partie fondatrice de l’organisation en cause. La participation de
l’UE n’a pas pour effet d’exclure les États membres de l’organisation. Sur le plan
international, il faut mentionner aussi cette capacité de l’union à conclure des accords
internationaux avec des États tiers. Elle a conclut plusieurs centaines d’accords
internationaux avec des États tiers. Elle peut donc traiter d’un pb particulier avec tel
ou tel État tiers. S’attache à diverses questions : protection des données par exemple.
L’UE a donc occupé une place fondamentale. Pr les États, elle est devenue un
partenaire que l’on ne peut éviter. Ces relations internationales se développent, sont
en cours, ne sont pas achevées loin de là. L’UE est entrain de préparer les accords avec
Saint-Marin9, la principauté d’Andorre, avec Monaco également.

2§ Les compétences de l’Union.

Le propre de l’UE est d’être une association d’États qui partagent des moyens en
vue de réaliser des obj définis. Si l’organisation n’est pas dotée expressément de
compétences par les fondateurs de l’organisation, cad les États membres, alors cette
organisation ne pourra pas mener à bien ses missions. Ds un tel système, l’Union ne
peut avoir que des compétences d’attribution, c’est ce que rappellent les traités, ceci
depuis le traité de Lisbonne en son art 5. Le principe d’attribution régit la délimitation
des compétences de l’Union. Ainsi, elle n’agit que ds les limites des compétences que
les États lui ont attribué. Le traité sur l’UE est très clair : l’UE ne peut pas agir ds un
champ ds lequel elle n’a pas reçu les compétences. Les compétences attribuées à l’UE :
art 2 à 6 du TUE qui énumèrent un certains nombre de compétences en les classant
par caté :

1. Les compétences exclusives : compétences attribuées à l’UE et relevant


exclusivement de la compétence de l’Union, sans partage avec les États
membres. Les matières relevant de cette compétence sont ajd peu nombreuses.
Art 3 TUE :
• L’Union douanière
• Règles de concurrence nécessaires au fonctionnement du marché
• Politique monétaire pr les États qui ont choisi l’Euro
• La conservation des ressources biologiques de la mer
• La politique commerciale commune

2. Les compétences partagées : elles sont visées à l’art 4 du TFUE, et elles


correspondent à des matières qui donnent lieu à un partage de compétence
entre l’Union et les Etats membres. Ce partage se conçoit au sein des diffs

8 ??
9 La république de Saint Marin est un micro État enclavé à l’intérieur de l’Italie, dont la création
daterait de 301.

13
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

matières énumérées pr le traitement de telle ou telle question. Ex :


l’environnement, l’énergie. Quand il s’agit de fixer des limites, d’acceptabilité
des nuisances sonores, aériennes.. Il y a une volonté des États membres de
garder la main. Pr être en mesure de le faire, il faut être décideur et garder la
main. Il y a tte une série de sous matières qui font l’objet d’attribution à l’UE,
celles non attribuées relèvent encore des États membres. Mais lorsqu’ils
décident, lors d’une réunion, d’agir en commun et ainsi de confier à l’UE
l’exercice des compétences, alors ils se privent d’agir ds le domaine considéré. Il
y a des questions sensibles ajd. Ex : pénuries d’énergie. Les institutions de l’UE
n’utilisent pas l’expression de « souveraineté de l’UE ».

3. Les compétences d’appuis, de soutien et de coordination : à l’art 6 TFUE. On y


trouve des matières sensibles auxquels les États sont attachés. Ex : culture. Les
États membres ont accepté que l’UE prenne certaines avancées. Ex :
coordination programme universitaires, circulation des biens culturels. Ce jeu
de coordination, d’appuis ou de soutien, veut dire que l’UE est susceptible d’agir.
Tt cela est ainsi énoncé ds ces dispositions spécifiques. Il y a lieu pr bien
comprendre, le partage et le soutien, que l’UE ne peut agir que si elle respecte le
principe de subsidiarité. Art 5§3 TUE. = C’est l’idée selon laquelle l’union peut
agir ds le domaine des compétences qui appartiennent aussi bien à elle qu’aux
États membres, et surtout si il apparaît que les États membres, compte tenu de
leur dimension ou de leur incapacité chronique, ne sont pas parvenus à la
réalisation d’objectif visés. Il y a un test à effectuer avant d’agir. L’Union doit se
demander si elle est légitime à agir, et trop souvent on a observé que l’Union
réglementait tt et n’importe quoi, animée par une « furie réglementaire ». L’UE
peut tjrs exercer un contrôle juridictionnel, au motif que l’UE n’a pas respecté le
principe de subsidiarité.

3§ Les moyens financiers.

Il faut tenir compte que l’UE a des droits qui lui sont propres. L’UE peu agir sans
avoir à attendre l’aide ou le versement de sommes par les États membres. L’Union
dispose de ressources propres, inscrites ds un budget propre à l’UE, aux art 310 et 311
du TFUE. Ils indiquent que ttes les recettes et dépenses de l’UE doivent faire l’objet de
précision pr chaque exercice budgétaire. L’art 311 indique que ce budget est sans
préjudice d’autres recettes, sans préjudice de fonds, intégralement financé par des
ressources propres. La ressource principale, la TVA payée par chacun d’entre nous, fait
l’objet d’un reversement à l’Union européenne. Elle a les moyens de sa politique, le
budget n’étant pas très colossal. Environ 170 milliards d’euros.

Pr la période 2021-2027, il a été décidé d’un budget de 1000 milliards d’euros, en


vue de favoriser la relance économique.

4§ Les moyens institutionnels.

14
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Art 13 TUE, explicite à ce titre : « 1. L'Union dispose d'un cadre institutionnel visant à
promouvoir ses valeurs, poursuivre ses objectifs, servir ses intérêts, ceux de ses citoyens, et ceux des
États membres, ainsi qu'à assurer la cohérence, l'efficacité et la continuité de ses politiques et de ses
actions.
Les institutions de l'Union sont :
- le Parlement européen,
- le Conseil européen,
- le Conseil,
- la Commission européenne (ci-après dénommée « Commission »),
- la Cour de justice de l'Union européenne,
- la Banque centrale européenne,
- la Cour des comptes.

2. Chaque institution agit dans les limites des attributions qui lui sont conférées dans les traités,
conformément aux procédures, conditions et fins prévues par ceux-ci. Les institutions pratiquent entre
elles une coopération loyale.

3. Les dispositions relatives à la Banque centrale européenne et à la Cour des comptes, ainsi que des
dispositions détaillées sur les autres institutions, figurent dans le traité sur le fonctionnement de
l'Union européenne.

4. Le Parlement européen, le Conseil et la Commission sont assistés d'un Comité économique et social
et d'un Comité des régions exerçant des fonctions consultatives. ».

Les institutions sont donc :

• Parlement européen
• Commission européenne
• Conseil européen
• Cour de Justice de l’Union Européenne
• Cour Européenne des Comptes
• La banque centrale européenne.

De nombreux organes sont appelés à exercer des missions spécifiques, comme le


comité économique et social et ttes les agences instituées. Ex : l’agence des droits
fondamentaux. Une centaine d’agences européennes exercent des compétences
attribuées avec des compétences qui lui sont propres. On considère que ce sont 55 000
fonctionnaires et agents qui travaillent pr l’UE. Fonctionnaires en tant que dotés d’un
statut de fonction publique internationale, et agents comme étant liés
contractuellement avec un organe ou une institution de l’UE. Elles bénéficient d’un
certain nombre de privilèges et d’immunités. Il y a un certains nombre de privilèges et
d’immunités qui couvrent ces agents. Il y a bcp de privilèges selon le prof.

Tels sont les moyens de l’UE.

15
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Ière PARTIE : LES SOURCES DU DROIT DE L’UNION EUROPEENNE

L’étude des sources est essentielle pour comprendre la particularité, la spécificité


du système ds lequel on évolue, sachant que lorsqu’on se voit imposer le respect de
telle ou telle règle au nom de l’UE, il faut s’assurer que ces règles soient bien assises et
trouvent leurs sources ds des sources reconnues au sein de l’ordre juridique de l’UE.
Les règles à respecter doivent reposer sur des sources formelles du droit. Les sources
sont les « entités officiellement reconnues au moyen desquelles les règles seront
formée » et imposées, F. GENY10.

Il y a tjrs lieu en présence d’une règle imposée, de se demander si cette règle est
ou non légitime et sur quelle source elle repose. Les sources du droit de l’UE qui sont
reconnues, sont multiples, et ce constat ne doit pas surprendre, il est banal. Le
système a été construit suivant un esprit systématique, bcp plus facile à comprendre
que ne l’est le droit international. L’UE est limité à 27 États membres, de surcroît ds
un espace régional, et la convergence entre les États membres de cette UE, et leur
volonté de partager des missions communes, conduit à la mise en œuvre de règles
issues de sources bien identifiées. Cette identification est insuffisante et il y a lieu de
définir les caractères propres à ces sources européennes : la sécurité juridique, la
hiérarchie des normes, de nature à établir un ordre juridique propre à l’UE, qui ne
dépend pas des ordre juridiques nationaux.

Mais sont insuffisants à caractériser le droit de l’UE, reposant sur des exigences
fondamentales, celui de l’effet direct du droit de l’UE, reconnu largement, et celui de la
primauté du droit de l’UE, sans lesquels le droit de l’UE ne serait pas ce qu’il est ajd.

TITRE I : IDENTIFICATION DES SOURCES DU DROIT DE


L’UE.
Ces sources sont relativement aisées à identifier, elles sont effectivement le
support de règles du droit qui sont issues des traités constitutifs de l’UE, mais aussi
les règles de droit qui ont été adoptées par les institutions de l’UE, soit de manière
unilatérale en tant qu’acte d’une ou plusieurs institutions qui engage l’Union, soit de
manière conventionnelle. Aucun texte des traités constitutifs n’énumère les sources de
l’UE. En fonction de leur nature, de leur type, de leur rang ds la hiérarchie des normes

10 Jurisconsulte français du XXe siècle, connu pour sa défense de la coutume comme source créatrice
du droit.

16
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

européennes. C’est la doctrine qui a procédé à des classifications, qui ont été reconnues
par la Cour de justice.

Distingo entre plusieurs sources du droit, avec 5 catégories de sources du droit de


l’UE.
• Les traités relatifs à l’UE, qui font partie du droit primaire
• La Charte européenne des droits fondamentaux
• Les institutions européennes adoptent des actes unilatéraux droit dérivé de
l’UE. Cela fait partie du droit secondaire.
• Les accords internationaux liant l’UE. Cette source nécessite l’accord d’un État
tiers, d’une personne extérieure à l’UE.
• Les sources non écrites du droit.

CHAP PREMIER : Les traités relatifs à l’Union européenne.

Les traités relatifs à l’Union Européenne sont des actes juridiques plurilatéraux
conclus entre des Etats qui se sont soumis aux droits qu’ils ont institué par voie de
traité. Signés par les 27 États membres, en vue d’authentifier les engagements. Mais
la signature ne suffit pas. Ils doivent être signés et ratifiés, par chacun des États
signataires. La ratification est destinée à exprimer le consentement de chacun des
États à être engagé, lié. Faite selon des règles propres à chaque État. Il n’y a pas de
procédure européenne de ratification. Ces traités ont en commun d’être conclus pour
une durée déterminée ou indéterminée. Ces traités peuvent être révisés selon une
procédure qui est définie par les traités.

Les traités relatifs à l’UE peuvent être présentés de diffs manière :

• Les traités constitutifs


• Les traités modificatifs

SECTION 1 : les traités constitutifs.

L’Union englobe les traités soutenant les piliers, il y en avait 3, car 3


communautés européennes ;

• CECA
• CEEA
• CEE

+ traité sur l’UE

17
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Donc ça fait 4 traités constitutifs ds ce système. C’est une source de complexité.


Avec le traité de Lisbonne, la communauté européenne a fait place à l’UE. Ajd il y a
l’UE et une seule communauté, la Communauté européenne de l’énergie atomique
(EURATOM).

S’agissant de l’UE, 2 traités constitutifs : TUE et TFUE. Ce n’est pas très logique,
=> source de complexités. C’est ainsi que le système a été prévu. Traité instituant le
traité sur l’énergie atomique entrant en vigueur en 1958. Cette communauté a un
objectif particulier : assurer la libre circulation des données et des éléments de nature
nucléaire, et d’assurer la sécurité de l’exploitation de cette énergie. Donc le TFUE, et
le TUE constituent les traités sur lesquels est foncée l’Union. Ils sont
complémentaires, on ne peut pas comprendre l’un sans l’autre. Complique
considérablement la lecture qui doit être faite de ces traités. Régulièrement, on est
amené à devoir lire les dispositions pr approfondir la question, que l’on va trouver ds
le TFUE.

1§ Le traité sur l’Union européenne.

C’est le traité premier, c’est le traité qui au fond se rapporte aux aspects
constitutionnels de l’UE, composé que de 55 articles. Il est issu du traité sur l’UE qui
avait été conclu en vertu du traité de Maastricht de 1992. Il a été modifié par le traité
d’Amsterdam de 1997, puis par le Traité de Nice en 2001, puis par le Traité de
Lisbonne en 2007.

L’actuel traité est donc le fruit d’une évolution de traités antérieurs, sachant que
le traité fondateur avait été conclu en 1989. La structure initiale a été préservée,
parfois de manière indue. Il aurait été plus simple de supprimer un certains nombre
de subdivisions.

Premier titre intitulé « Dispositions communes ». Ca n’a aucun sens, et on ne


comprend pas que les négociateurs laissent passer ce type de bévue. Ce sont des
dispositions liminaires et générales en réalité, de principe plus spécifiquement. En
fait, on trouve l’explication ds le fait que il y avait des dispositions communes aux trois
piliers. On y trouve l’établissement de l’UE. Puis viennent tous les éléments
fondateurs et ceux qui se rapportent aux finalités, les valeurs, les objectifs, les droits
des États membres, l’attribution des compétences, et les droits fondamentaux. On a là
ds un titre des dispositions fondamentales, mais liminaires.

Titre deuxième : « dispositions relatives aux principes démocratiques ». Sont liés


au premier article en réalité. L’UE souscris à la démocratie représentative.

Titre III : 2tabli par le traité de Lisbonne. Il se rapporte aux institutions, intitulé
« Dispositions relatives aux institutions », art 13 à 19. Les articles qui suivent précises
le rôle de chacune des institutions. Ces articles ne suffisent pas. On se réfère au
TFUE, et on doit lire le chapitre sur les dispositions constitutionnelles.

18
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Titre IV : coopérations renforcées.

Titre V : dispositions relatives à l’action extérieure et dispositions spécifiques.

Il y a un chapitre qui porte sur le socle commun aux relations extérieures, pr tte
espèce de relation extérieure. Le champ suivant traite de la PESC (Politique
Étrangère et de Sécurité Commune), qui ne fait pas ensuite l’objet de développements
ds d’autres traités. Autrement dit, les différents volets des relations extérieures sont
développées ds le TFUE. Au fond, c’est le fruit d’une évolution depuis le traité de
Maastricht.

Enfin, comme ds ts les traités, un Titre VI porte sur les dispositions finales. On y
trouve des dispositions sur la révision des traités, mais aussi sur l’adhésion, ou encore
sur le retraité de l’UE. Ce traité n’a pas défini les véritables politiques internes de
l’Union, et on ne sait pas ce qu’il peut faire à l’intérieur des États.

2§ Le Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne.

Il est le complément du traité sur l’UE, est censé traiter du fonctionnement, des
aspects fonctionnels et mécaniques. Certaines de ces dispositions traitent de questions
de matière constitutionnelles. Des questions sur la citoyenneté de l’UE et la non
discrimination, qui aurait par exemple due avoir sa place ds le premier. Cela
s’explique par le fait que ds le traité antérieur, les dispositions sur la citoyenneté
figuraient comme telles. On les a maintenu, et on a pas voulu les écarter. Conçu
comme la suite du traité CEE conclu en mars 1959. Ce traité CEE a connu des
vicissitudes. Ajd il n’y a plus de traité CEE, c’est le TFUE qui en est un aboutissement.

Les auteurs du traité de Maastricht voulaient supprimer l’argument économique,


qui donnait à la Communauté européenne un côté trop marchand. Permet
rapprochement des peuples au moyen d’une citoyenneté de l’UE. Ce traité CEE a vécu
25 ans.

Le TFUE est bcp plus long que le TUE, composé de 358 articles. Il va au-delà de
la technique, du fonctionnement de l’UE, et il porte des dispositions disparates.

Il est structuré, non pas en titres, mais en parties, parfois subdivisées en chap et
sections :

• 1ere partie : « Les principes ». On y trouve des dispositions fondamentales sur


la structure de l’UE. Au fond, c’est une forme de reprise des dispositions du
traité sur l’UE, inscrites au titre 1er. On y trouve des dispositions sur des
catégories de compétences, ainsi que des dispositions d’application générale.
Concerne les art 7 à 17. Ex : la protection de l’environnement, assurée ds ttes
les po de l’Union / la protection des consommateurs / la protection des animaux.

19
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Ce sont donc des exigences auxquelles les États membres de l’Union sont
attachées. Tte l’action menée au titre de l’UE doivent être guidées par ces
exigences.

• 2eme Partie : « La non discrimination et la citoyenneté » → Art 18 à 25. C’est


une partie qui est mal placée aux premiers abords, car on s’attendait à la
trouver ds le TUE, quasi constitutionnel. Mais ce traité est l’émanation du
traité CEE, on a juste repris les dispositions originelles. D’autres facteurs de
non-discrimination feront l’objet d’actes réglementaires, l’art 19 concernant la
non discrimination. C’était une invitation donnée au Conseil à agir, ce qu’il a
fait de manière objective dès l’année 2000. Il y a donc une directive 2078,
adoptée par le Conseil qui interdit ces diff types de discrimination. Elle a été
transposée par les États membres.

• 3ème Partie : elle porte sur les « politiques et actions internes de l’UE » → Art
26 à 197. C’est le corps du TFUE, se rapportant au droit matériel, appliqué au
sein des États membres de l’UE. 2 modes d’intégration :

◦ L’intégration négative = élimination des obstacles qui surgissent entre les


États membres de l’Union. Art 26 du TFUE sur le marché intérieur : espace
sans frontières intérieures, ds lequel la libre circulation des marchandises,
personnes, services et capitaux est assurée. A la suite de cet art, on trouve
énoncé ds diff titres, le régime de chacune des libertés. Les autres libertés
sont bcp plus évidentes pour nous. Ex : droit des salariés. Ces libertés sont
garanties, reconnues comme étant invocable devant les juridictions
nationales. En ce sens, Arret « Cristini » de 1975, concernant une
ressortissante italienne, veuve d’un italien ayant travaillé en France. Elle
décide de rester sur le territoire FR, et elle demande une carte SNCF de
famille nombreuse. Mais refus en raison du fait qu’elle n’est pas de
nationalité FR. La CJUE reconnaît la libre circulation des travailleurs,
même si elle n’est que la veuve d’un ouvrier italien. Pas de discrimination
possible. Ce type d’arrêt a été rendu tjrs ds un esprit de logique. Ex : Quand
un allemand est venu en France pour demander une prime d’ancien
combattant. La CJUE a donné raison au gouv Fr, car cette prime était pr les
patriotes. Il y a des éléments intrinsèquement liés à la nationalité, au
patriotisme, qui ne pourront disparaître.

◦ L’intégration positive = consiste à construire du droit au moyen de


réglementations spécifiquement européennes. La Communauté a établi des
règlements européens ds un certains nombre de matières. L’Europe doit être
en mesure de proposer à tous un cadre juridique approprié. Il lui faut
adopter une législation européenne ds les matières pr lesquelles elle a reçu
des compétences à cet effet. Les politiques qu’elle va entreprendre sont ds les
domaines dont elle a compétence. La politique la plus connue en la matière
concerne l’agriculture, ds un Titre III du Traité. Elle a été placée là car elle
était première, notamment en 1957. Les États membres à l’époque, voulaient

20
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

absolument encadrer l’approvisionnement et la distribution des produits,


créant ainsi une communauté européenne de l’agriculture. Mais cela a été
refusée, car on ne pouvait raisonnablement créer des communautés sur
chaque thèmes important. Cette po agricole a été très interventionniste, elle
a imposé des cotas par exemple. Tt cela prenait place ds un esprit de
rationalisation. Les agricultures ont subi des contraintes, mais aussi des
aides en contrepartie. L’autre po forte et ancienne est celle des transports,
considérée comme prioritaire pour construire l’Europe. En vue de favoriser
les exploitants, il ne faut pas le nier, les exploitants des transports aériens,
ont largement bénéficié de cette réglementation. Ajd si un vol est retardé,
annulé, on peut se prévaloir du règlement de 2004, pr obtenir des
dédommagements. La politique de l’environnement par exemple, est très
contraignante pr les Etats, concernant les émissions de gaz à effet de serre.
Cette réglementation ne faut que se durcir au fils des ans. Aussi la po en
matière de la protection des consommateurs : pub mensongère interdite par
exemple. Ds la matière contractuelle, il est protégé par des multiples titres,
concernant les clauses abusives notamment. C’est une certaine vision de
l’Union.

• 4eme Partie : art 198 à 204 « Association des pays territoires d’outre mer, qui
font l’objet d’un statut particulier ». Il s ne peuvent être assimilés à des
territoires d’un État membre ds lesquels on appliquerait les liberté de
circulation ou les politiques communes. Ex : en Nouvelle Calédonie.

• 5eme Partie : « Action extérieure » - Art 205 à 209. C’est le TUE qui a consacré
un titre à l’action extérieure, mais ici on y trouve des développements,
applicables à la po commerciale commune, à la politique humanitaire, et à un
certains nombre de dispositions qui décrivent la façon dont on contrôle
l’application d’un droit international.

• 6eme Partie : Art 223 – 235 « Disposition institutionnelles et financières ». Pose


des limites pleinement établies aux institutions. Pr la CJUE, on a une section 5,
avec ttes les règles de compétences, de fonctionnement et de voies de droit.

• 7eme Partie : « dispositions générales et finales » art 335-357. On y trouve la


durée de l’engagement, la question des langues de l’UE, ou encore des questions
sur les rapports avec les conventions internationales antérieurement conclues
par les États membres. On y trouve aussi des protocoles avec la même valeur
que les traités constitutifs, en vertu de l’art 51 du TUE. On en trouve une
30aine, portant sur les questions qui n’ont pas été l’objet de dispositions du
TFUE. Les négociateurs ont considéré qu’il ne fallait pas alourdir les traités
stricto sensu. Aussi un protocole qui se rapporte à la France, ou encore au RU ds
sa spécificité. Autres sujets : monnaies, Schengen, droit d’asile, service d’intérêt
général etc... C’est un ensemble hétérogène dont il faut tenir compte.

21
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

SECTION II : Les traités modificatifs.

Le sens de la construction européenne est celui de l’élargissement de la


construction, telle qu’elle a été mise en place et pensée dès son origine cf
Ils se sont efforcés de faire en sorte que le construction européenne ne soit pas
perçue comme un simple club, restreint et élitiste. Un club veille à ne pas être assailli,
à ne pas voir les membres extérieurs. Les communautés européennes ont tjrs été
ouvertes, sans être élitistes. Il faut laisser la chance à des États qui n’ont pas encore
atteinte le dvlp eco max, sur le plan social et politique. Ils sont en voie de consolidation
et de construction. Cette idée a animée les pères de l’Europe.

L’Europe a aussi des objectif clairement définis, et se devait évoluer ds un esprit


pas limités à des objectifs économiques, mais plutôt de faire en sorte que les peuples
d’Europe aient envie de travailler ensemble, d’avoir des projets communs. C’est l’une
des raisons pr lesquelles des traités ont été modifiés pr réaliser des élargissements et
des perfectionnements.

1§ Les traités visant au perfectionnement et à l’approfondissement.

Les traités constitutifs des organisations ont été ainsi créés, il devaient être
possible dès l’origine de les faire évoluer, et ce sans délai minimum. Il y a des États,
normalement souverains, qui ne peuvent défaire en tte liberté ce qu’ils avaient fait.

Elles sont définies par le TUE, ds un art 48, qui s’attache à la procédure de
révision des traités constitutifs, dans ses §2 à §5, se trouvant ds le dernier titre du
TUE. Se rapportant aux dispositions finales. Les traités peuvent être révisés selon une
procédure de révision ordinaire, tandis qu’ils peuvent avoir une révision simplifiée.

• Procédure de révision ordinaire, en 3 phasmes :

▪ Une phase d’initiative. Ici il n’y a pas d’initiative populaire. L’initiative de


révision appartient à « tout gouvernement d’un État membre ». Elle
appartient aussi à la Commission européenne, qui a tjrs eu un droit
d’initiative, surtout en matière législative et constitutionnelle. De plus, le
Parlement européen, de plus en plus important, se voit aussi reconnaître
la possibilité de présenter un projet de révision. Ce projet de révision doit
être soumis au Conseil de l’UE. Ensuite, il est en charge de transmettre
le projet au Conseil européen. Le projet est également soumis aux
parlements nationaux des États membres de l’UE. Ils constituent la
représentation démocratique de chacun des États membres.

▪ Le projet est ds les mains du Conseil européen, qui en discute, et qui doit
prendre une position. Le §3 indique que le Conseil européen a deux
possibilité. Si il est favorable au projet de révision, il lui faut poursuivre
la procédure ; en convoquant une convention qui va pleinement examiner

22
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

les termes du projet, soumis ensuite à une conférence


intergouvernementale (voie complexe et lourde à mettre en place) : ou
alors via une seconde voie dans laquelle le conseil européen avec
l’approbation du Parlement européen, peut convoquer directement la
Conférence des représentants des gouvernements (la CIG). Cette dernière
voie ne peut être mise en place que lorsque la révision est de faible
ampleur. Elle a été décidée après le Traité de Lisbonne lorsque le
gouvernement de l’Espagne a demandé que le nombre de ses
représentants au Parlement européen soit augmenté compte tenu de
l’importance de sa population. Il fallait donc modifier les dispositions sur
la composition du Parlement européen. Pr examiner cela, le Conseil
européen a estimé que l’on n’allait pas monter une convention pour
discuter de l’adéquation du nombre de parlementaire espagnol au sein de
cette institution. Au terme de l’adoption par la conférence
intergouvernementale, il faut une troisième phase.

▪ La ratification par tous les États membres du texte de révision. Si une


seule ratification fait défaut, le traité ne pourra pas pleinement produire
ses effets. Chaque État membre défini sa procédure de ratification comme
il l’entend. Il peut s’agir d’une procédure référendaire, ou alors via le
Parlement et le chef d’État.

• Les procédures de révision simplifiées , §6 et §7 de l’art 40, permettant de faire


économie d’une convention, mais plus encore de faire économie de la Conférence
intergouvernementale des représentants des États membres.

▪ La simplification maintien l’initiative aux gouv nationaux, à la


Commission et au Parlement européen.

▪ Le texte de la révision doit être adoptée par le Conseil européen


exclusivement, et ceci à l’unanimité.

▪ Approbation du texte par les États membres.

Cette procédure ne peut être utilisée que dans un champ particulier, compte
tenu du fait qu’elle n’est pas soumise à la conférence des représentants. La
3eme partie du TFUE se rapporte aux politiques et actions internes de l’UE,
sur le droit matériel. Elle se rapporte à des domaines d’activités, et ds
lesquelles elle veut évoluer. La révision ne doit pas conduire à accroître les
compétences de l’UE. C’est ce le champ qu’il été dit que les compétences de
l’UE pouvaient évoluer. L’UE peut ajuster un certain nombre d’actions.

Cette procédure simplifiée a notamment été utilisée pr essayer de stabiliser


une crise financière. Cette perspective est intervenue il y a 10 ans, et a
conduit les institutions à réagir. Les États membres ont dû mettre en place

23
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

un mécanisme de stabilité de la crise. Initiative du gouvernement belge, avec


une disposition du TFUE, en son art 136, proposant de le modifier pr que
l’on se dote d’un mécanisme de stabilité en Europe. Cette question a donné
lieu à un renvoi préjudiciel, formé par une juridiction nationale, et que la
CJUE a dû examiner. Arrêt du 27 nov 2012, « Pringle ». Affaire rendue en
assemblée plénière de la CJUE. Constituait une affaire inédite car elle visait
à demander à la CJUE, si la décision du Conseil européen prise à
l’unanimité pour modifier l’art 136, était ou non conforme à l’art 48 du TUE.
La CJUE a observé qu’une décision du Conseil européen était une décision
d’une institution européenne, et qu’elle était donc conséquemment
compétente pr examiner cet acte. La modification ne conduit pas à
augmenter les compétences de l’UE, mais plutôt à la mise en place d’un
mécanisme de gestion des crises. La décision du Conseil européen n’est donc
pas entachée d’illégalité. A permis de continuer le processus de révision du
traité. Elle a permis aux Etats membres de la zone euro d’adopter un traité
MES11 puis SCG12. Les États membres ont donc pu se doter de mécanismes
visant à limiter les effets de la crise financière, nécessitant de modifier une
disposition du TFUE.

2§ Des traités visant à l’élargissement et au retrait.

Ces traités ont été envisagés par les traités constitutifs, dès l’origine, ils ont
envisagés la possibilité d’adhésion, tjrs prévue à l’art 49 du TUE. En revanche, le
retrait n’était pas envisagé, car ce n’était pas le sens de l’Histoire. Lors de l’élaboration
du Traité de Lisbonne, il y a eu des discussions à ce sujet. Les États membres ont
considéré que c’était mieux d’adopter une disposition sur le retrait, c’est l’art 50 du
TUE.

A) Les procédures.

1- Adhésion.

La procédure d’adhésion est à l’art 49 du TUE, et comporte elle aussi, 3 phases :

• La phase d’initiative. Elle vient de celui qui veut adhérer à l’UE, donc d’un État
européen qui « respecte les valeurs et s’engage à les promouvoir » . Ce n’est pas
un droit acquis. Le Parlement européen et les parlements nationaux sont
informés de cette demande qui est adressée au Conseil.

11 Mécanisme de Stabilité Européen, relatif à la création d’une institution financière internationale


ayant la capacité de lever des fonds sur le marché financier afin d’apporter une aide aux Etats et
aux banques privées en difficulté.
12 Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance mis en place en 2012, ayant pour objectif
de faire une convergence des intérêts des États sur l’union économique et monétaire.

24
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

• La phase d’examen de la demande adressée au Conseil. La possible adoption de


l’accord d’adhésion.
◦ Le Conseil doit consulter la Commission, c’est la moindre des
choses, car c’est la gardienne des traités.
◦ Le Conseil doit saisir le Parlement européen en vue de
l’approbation par ses membres de la demande d’adhésion.
L’approbation ne pourra être valablement donnée qu’à la majorité
absolue de ses membres. L’unanimité des États membres en
Conseil, est favorable a cette adhésion. Reste encore à s’entendre
sur les modalités de sa participation. Accord d’adhésion entre les
États membres de l’UE et l’État adhérent, si la candidature a été
acceptée.

• La ratification : on a envisagé un processus de ratification par ts les États


membres de l’UE et l’État membre adhérent, au visa de l’art 49 du TUE. En
France, les modalités de ratification ont évolué.
◦ Il est prévu que la ratification d’une adhésion serait faite par voie
référendaire, art 88-5 de la C FR : « tout projet de loi relatif à
l’adhésion d’un traité est soumis au référendum par la présidence
de la république ».
◦ Evolution lors de la révision de 2008, avec une alternative prévue :
l’autorisation de ratification est donnée par le Parlement FR.
Ajout : « toutefois, par le vote d’une motion adoptée en terme
identique par chaque assemblée à la majorité des 3/5 e, la
Parlement peut autoriser l’adoption du projet de loi en vertu de
l’art 89 de la Constitution ». Cette restriction était commandée par
un soucis électoral, et aussi lié à la politique. On voulait faire
comprendre, que seul le peuple pouvait décider du processus
d’adhésion. La large adhésion qui avait eu lieu en 2004 avec 10
nouveaux États, avait été décidé sans que l’on prenne appuis sur la
volonté populaire. Le Parlement FR avait autorisé le Président de
la Rep a ratifier directement l’adhésion.

=> Donc voie référendaire ou parlementaire. ttes ces questions ont une importance
politique et juridique primordiale. Question sensible politiquement.

2- Le retrait.

On ne pensait pas que le retrait pouvait être sollicité par un État qui était ds les
CI depuis plusieurs décennies, et encore moins d’un État fondateur de l’UE. L’Art 50 a
défini la procédure de retrait, avec deux phases de la procédure (pas de procéder
d’approbation des États membres de l’UE) :

• L’initiative : Elle doit venir de celui qui veut quitter l’UE. Il n’y a pas de retrait
imposé par d’autres. « Tout État membre peut décider, conformément à ses
règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union » , selon le §1 de l’art 50. Il doit

25
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

également notifier son intention au Conseil européen. Au RU, à la suite du


référendum du 23 juin 2016, considéré comme un évènement sans précédent en
Europe, Mme Theresa MAY a décidé de prendre le temps de la réflexion, et a
décidé de notifier une lettre le 29 mars 2017.

• La décision : elle ne nécessite pas d’autorisation qui serait donnée par la


Commission européenne ou par le Parlement européen. Tout État membre
ayant le droit de se retirer, sa décision doit être discutée avec l’UE. Elle doit
prendre acte et ne peut refuser à l’État membre l’issue souhaitée. Un accord
doit être conclut entre l’UE et l’État membre sortant. Pour le retrait, c’est un
accord entre l’UE (art 218 TFUE) et l’État membre qui veut sortir. Il faut
respecter une procédure de négociation, via des négociateurs, en la personne de
la Commission européenne. Le Conseil européen fixe les directives de
négociation à la Commission européenne pour parvenir à un accord acceptable
par tous.

Pour le RU, les négociation ont été ouvertes rapidement par le Conseil. On a
même pensé que l’on ne parviendrait pas à conclure cet accord avec le RU. Le retrait
aurait pu intervenir, parce que l’art 50 ne conditionne pas le retrait à l’intervention
d’un accord. Le retrait peut avoir lieu indépendamment de tt accord avec l’UE, il
découle de la volonté des membres de sortir de l’organisation. On est ds un cadre
différent, et le temps a fait son œuvre, et finalement un accord a pu être conclu par
l’UE au moyen d’une décision du 30 janvier 2020. Compte tenu des effets produits par
l’accord de retrait, on a accordé une période de transition couvrant tte l’année 2020 pr
la sortie effective. Aucune approbation ou ratification n’est prévue par le texte. En
cours de procédure, on s’est demandé, compte tenu d’un mouvement au sein du RU
disant que le référendum de 2016 a été pris ds un contexte trop particulier, et qu’il
fallait donc rediscuter ou refaire un référendum. A été posée la question de la
possibilité de révoquer sa notification de sortie. L’art 50 du Traité sur l’UE permettait-
il de le faire ?

Affaire CJUE, AP « Andy Wightman » le 10 dec 2018, en Ass plénière de la


CJUE : elle a dit que l’art 50 du TUE a deux obj : consacrer le dorit souverain d’un
État membre de se retirer de l’UE, et de mettre sur pied une procédure visant à
permettre qu’un tel retrait se fasse de façon ordonnée. La Cour ajoute que en l’absence
de dispositions expresses du traité qui régirait la révocation d’une notification de
retrait, cette révocation ne peut pas être exclue, étant l’expression d’une décision
souveraine d’un État membre de l’UE de finalement rester au sein de l’organisation :
on peut donc revenir sur sa décision. Elle a voulu faire comprendre au gouv qu’il lui
était possible de décider de son maintien ds l’UE. Il n’y aura pas de second référendum
donc.

B) Les effets de ce type de traité.

1- Les effets des traités d’adhésion.

26
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Ces traités provoquent nécessairement des modifications des traités constitutifs,


notamment des dispositions institutionnelles qui sont contenues ds le TFUE, mais
aussi ds les nombreux protocoles annexés aux traités ; aussi sur le nombre de sièges,
de membres ds les diff organes, sur le calcul des majorités pr décider au sein des
institutions. Parfois, il faut discuter de certaines questions sur des point sensibles Ex :
circulation des personnes, monnaie commune, préservation des exigences etc. D’une
manière générale, l’UE souhaite qu’il y ait peu d’aménagements consentis au profit du
nouvel adhérent, car elle doit être caractérisée par l’Unité. Il faut donc éviter des
disparités de traitement. On demande aux candidats de se préparer à l’adhésion, au
terme d’un processus de pré adhésion. Il y a bcp de contraintes quand on rentre ds
l’UE. Ex : conservation de l’environnement.

Le traité d’adhésion demeure interétatique, n’est pas inférieur aux traités


constitutifs. Arrêt CJUE de 1992 « Portugal et Espagne C/ Bruxelles », au sujet de
l’accord d’adhésion qu’ils avaient signé. La CJUE a observé que l’adhésion de
nouveaux États membres se réalise par des actes qui ont valeur de droit primaire et
qui peuvent modifier, ds ts les domaines, les situations préexistantes. La Cour a
ajouté qu’il fallait respecter l’acquis communautaire, étant la règle générale de base. Il
y a donc cette exigence de respecter les acquis de l’UE.

2- Les effets de l’accord de retrait.

Art 50 §3 à 5→ Les traités cessent d’être applicables à l’État concerné à partir de


la date d’entrée en vigueur du retrait. L’art 50 envisage un autre cas de figure, sans
accord de retrait : en l’absence d’un accord de retrait en raison d’une mésentente, le
retrait produit ses effets ds les 2 ans après la notification visée au §2, cad 2 ans après
la notif de l’intention de se retirer.

Ds le cas du RU, le 29 mars 2019, aucun accord de retrait n’avait été trouvé.
Donc absence d’accord. Mais le Conseil européen a prolongé cette période à plusieurs
reprises, jusqu’à ce que l’on parvienne à un accord de retrait. Ils y sont parvenus en
janvier 2020, l’accord a pu être signé. Le RU cesse d’être lié par les traités, et par tt le
droit dérivé des traités constitutifs (directives, règlements). Les règlements non
transposés ds le droit anglais, n’ont plus applicabilité. Sur les directives, le pb était
moindre, car elles étaient transposées ds le droit britannique => devenus loi en droit
britannique.

Art 50 du traité, dernier § : « Si l'État qui s'est retiré de l'Union demande à


adhérer à nouveau, sa demande est soumise à la procédure visée à l'article 49 ». Ils
peuvent adhérer à nouveau, demande soumise à l’art 49. Sorte de remariage. Quelle
serait la réaction des membres de l’UE face à ce retour, après une telle déconvenue ?

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

CHAP II – La Charte des droits fondamentaux de l’UE.


La Charte des droits fondamentaux constitue une source de droit primaire de
l’UE. La Charte a valeur de traité constitutif, c’est l’art 6 TUE qui en dispose ainsi.
Pour autant, elle n’est pas inscrite ds les traités, et n’est pas une partie des traités
constitutifs. Elle n’est pas rattachée aux traités ds un protocole. Cette Charte est née
d’un constat, lors du Conseil européen en 1999, où les représentants des États
membres ont dit qu’il y avait lieu de se doter d’un instrument de protection des droits
fondamentaux, efficace et contraignant. Une convention a été mise en place, en charge
d’élaborer un charte des droits fondamentaux. Pr la France, le président Guy
BRAIBANT13 était le représentant. Ils ont établi une charte avec 54 article, malgré la
divergence des positions qui animait les États membres, étant tjrs le cas ajd. Cette
Charte a été proclamée par les présidents des 3 institutions le 7 dec 2000 à Nice. La
Charte a acquis une valeur qui était celle d’un droit dérivé car elle procédait d’une
décision inter institutionnelle. Elle n’avait donc pas valeur de traité. Pr ce faire, on l’a
intégré ds le traité pour la constitution, qui a échoué. Avec le Traité de Lisbonne, on a
décidé de ne pas la rattacher à ce traité, mais de lui conférer valeur de traité ds l’art 6
du Traité de Lisbonne : « 1. L'Union reconnaît les droits, les libertés et les principes
énoncés dans la Charte des droits fondamentaux du 7 décembre 2000, telle qu'adaptée
le 12 décembre 2007 à Strasbourg, laquelle a la même valeur juridique que les traités.
Les dispositions de la Charte n'étendent en aucune manière les compétences de
l'Union telles que définies dans les traités. Les droits, les libertés et les principes
énoncés dans la Charte sont interprétés conformément aux dispositions générales du
titre VII de la Charte régissant l'interprétation et l'application de celle-ci et en
prenant dûment en considération les explications visées dans la Charte, qui indiquent
les sources de ces dispositions. / 2. L'Union adhère à la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Cette adhésion ne
modifie pas les compétences de l'Union telles qu'elles sont définies dans les traités. / 3.
Les droits fondamentaux, tels qu'ils sont garantis par la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales et tels qu'ils résultent
des traditions constitutionnelles communes aux États membres, font partie du droit
de l'Union en tant que principes généraux ». C’est un véritable défis qui a été relevé,
en leur conférant le rang de traité constitutif, et en lui donnant les effets que le peuple
attendait. Elle est accompagnée d’explications, officielles, jointent à la Charte des
droits fondamentaux.

Il faut étudier la diversité des droits et principes consacrés, ainsi que le champ
d’application et les principes d’interprétation pour appliquer cette Charte.

13 Juriste français du XXe siècle, président de la section du rapport et des études du CE de 1985 à 1992.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

SECTION I : Diversité des droits et principes consacrés.

Les auteurs de la Charte ont retenu des titres, voulus significatifs et modernes.
Ils ont choisi des intitulés qui correspondent aux valeurs de l’UE consacrée à l’art 2 du
TUE. Pr qu’il y ait un écho à l’art 2 ds la Charte des droits fondamentaux, les valeurs
connues existaient préalablement en tant que principe. C’était une quasi valeur. Ces
titres tendent à refléter des préoccupations et exigences au sein de nos sociétés. Ils se
démarquent des instruments classiques : les pactes internationaux des droits de
l’Homme ds les années 60. La Charte est un énoncé de droit et principes originaux.
Sur les questions matérielles, il faut mentionner les titres 1 à 6.

• Le Titre I concerne la « dignité », art 1 à 5 : se rapporte à la dignité humaine


mais aussi au droit à la vie, à l’intégrité de la personne, à l’interdiction de la
torture et des peines inhumains, et de l’esclavage et du travail forcé. Elle a été
conçue pr contraindre les institutions de l’UE à respecter les droits
fondamentaux, principalement les institutions européennes étant visées par ces
textes. La Charte ne visait pas seulement ça, mais aussi les États membres. Ds
une certaine mesure, cette Charte doit être respectée par des personnes privées.
Concrètement, on peut invoquer les art 1 à 5 contre un État membre qui use du
droit européen. Logiquement, on devrait pouvoir utiliser ces dispositions à
l’encontre de personnes privées, mais pas encore révélé par la JP. Ex : un
employeur. Le principe de dignité naît d’une affaire qui a opposé un employé qui
avait décidé de changer de sexe à la rentrée scolaire au RU, il était passé
femme. L’employeur l’a licencié. Ce changement de sexe a conduit à un
licenciement. Il a donc agi en justice, et l’affaire s’est retrouvée devant la CJUE
pour avis. Arret CEDH de 1975 « Hess c/ RU » Elle a fait réf aux principes de
dignité humaine. Ce droit fondamental reconnu s’est inspiré de la CEDH. Ce
droit a été considéré comme prioritaire.

• Titre II « Libertés », art 6 à 19 : on énonce des libertés au sens classique, mais


aussi des droits intitulés comme tels. Ex : Art 6 et le droit à la sûreté. Ce titre II
se rapporte à des droits et libertés, qui doivent bénéficier à des citoyens de l’UE,
mais plus largement à tte personne. L’un des art les plus controversé est l’art
10. Il a donné lieu à des arrêts de la Cour concernant l’abattage rituel des
animaux → Arret CJUE de 2018 « Ligue A », sur la mise en cause d’un texte qui
prévoit des règles contraignantes s’agissant l’abattage des animaux, suite à un
règlement européen de 2009. Cette mise en cause qui tend à permettre
l’interdiction de cet abattage, a été confronté à la liberté de religion. La CJ a dit
que ce n’était pas une atteinte injustifiée à la liberté de religion, car la
justification était à rechercher ds la protection des animaux. Sur les 27 juges
qui prennent position, il y a une majorité de juges chrétiens, donc l’appréciation
faite est nécessairement orientée. C’est l’une des libertés régulièrement
contestée. Question du droit de propriété également dans ce même titre. Il est
régulièrement invoqué par des individus à l’encontre des États et de institutions
=> procédure en contestation de manquement, CJUE « Commission c/ Hongrie »
en 2019, car cet État réservait les terres libres aux nationaux (régime restrictif).

29
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Ils souhaitaient éviter les achats spéculatifs. Pr ce faire, elle a décidé de


poursuivre la Hongrie en visant la libre circulation des capitaux et le droit de
propriété consacré à l’art 17 de la Charte. Il y avait une entrave à la libre
circulation des capitaux selon la CJUE, et aussi une entrave à la propriété. Il y
avait d’autres moyens possibles.

• Titre III « égalité », art 20 à 26 : Les droits compris ds cette catégorie sont très
divers et assez hasardeux. Revendication possible par des personnes quelque
soit leur nationalité. L’une de dispositions principales est l’art 21 concernant la
« non discrimination », car le texte interdit « toute discrimination notamment
fondée sur le sexe, la race, la couleur etc... ». Autrement dit tte discrimination
qui se rapporte à l’une de ces valeurs est interdite, ce qui n’a pas d’équivalent ds
ts les autres textes internationaux et nationaux. L’un des facteurs le plus
souvent invoqué se rapporte à l’âge car c’était un instrument nouveau, ainsi que
l’orientation sexuelle. Protection considérable développé par le droit de l’UE en
ce qui concerne l’égalité homme femme.

• Titre IV « Solidarité », art 27 et 38 : le plus discuté, avec des positions


divergentes sachant qu’on touche aux droits sociaux. Ex : protection en cas de
licenciement injustifié. Au fond, il y avait un État membre qui était défavorable
à la consécration de certains droit sociaux, c’était le RU. Donc il y a eu des
nuances, sachant que les art 27 à 38 énoncent parfois des valeurs de manière
conditionnelle. L’art 27 intitulé « droit à l’information et à la consultation des
travailleurs au sein de l’entreprise », mais quand on lit son contenu, on constate
que les travailleurs ont droit à l’info et à la consultation « en temps utiles »,
« dans les cas et conditions prévues dans le droit de l’Union et les législations et
pratiques nationales ». Cette dernière phrase montre qu’il s’agit d’un droit
conditionnel, par sa mise en œuvre, les actes de l’union ou les actes étatiques.
CJUE 2014 « association de médiation sociale », qui venue du sud de la France,
est remontée à la CJUE en raison de pb de représentation de salariés par des
syndicats au sein d’une asso. Elle n’était pas permise et les employés ont
convoqué cet art 27 de la Charte des droits fondamentaux. La Ccass a interrogé
la CJUE. « L’article 27 ne consacre pas un droit en tant que tel, mais énonce un
principe » selon la CJUE. Donc il ne pouvait pas être invoqué par des salariés à
l’encontre d’un employeur. L’art 27 énonçait un simple principe et ne consacrait
pas un droit ! En 2018, certains droits sociaux ont pu être reconnus par la
CJUE. Ex : droit congés payés.

• Titre V « citoyenneté », art 39 à 46 : les droits énoncés ne sont pas reconnus au


profit de tte personne indépendamment de sa personnalité. Ce sont les citoyens
de l’Union qui pourront se prévaloir des droits reconnus aux art 39 a 46. Liste
d’exemples : Le droit de votre et d’éligibilité aux élections municipales et Parlm
europ / Droit de pétition / Droit de séjourner et circuler sur le territoire de l’UE /
Droit d’accès aux documents => reconnu à tte personne physique ou morale
résident / Art 41 : droit à une bonne administration => aspiration à choisir les
grandes options que l’Europe doit prendre.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

• Titre VI « justice »,art 47 à 50 : ne concerne pas les seuls citoyens de l’Union,


mais bien toute personne. Art 47 énoncé en tant que droit par un recours
effectif. Art 49 principe de légalité et de la proportionnalité des délits et des
peines. Art 50 non bis in idem = on ne peut être jugé pénalement 2 fois pr la
même infraction. De tels principes s’inscrivent ds une logique étant celle de
l’État de droit. Régulièrement invoqué par les justiciables. Affaire Polonaise,
notamment CJUE, 2019 « Commission c/ Pologne » au sujet de la retraité
anticipé des magistrats. Ces mesures étaient orientées, car il y avait au sein de
la Cour suprême polonaise des juges gênants. Les exigences du traitement
demandent un tribunal indépendant et impartial ne sont plus remplis si le pouv
exécutif décide de modifier la composition d’une juridiction. Le droit à une
protection juridictionnel est fondamentale. Reconsidération de choix qui ont été
fait par les présentes politiques, notamment en matière répressive de fixation
des amendes par exemple.

SECTION II : Champ d’application et principes d’application.

1§ La questions du champ d’application.

La Charte a été conçue pr contraindre les institutions de l’Union européenne, car


elles adoptent des texte contraignants nombreux, ils devaient donc respecter des droits
fondamentaux. En revanche, elles n’ont pas respecter les droits fondamentaux des
États membres. Une charte a été établie pour consacrer les règles à respecter par les
institutions, souvent qualifiées d’un intérêt seulement économique.

Art 51 affirme que la Charte doit aussi être respectée des États membres, ds le
respect du principe de subsidiarité. Les droits fondamentaux doivent être respectées
ds ttes les conditions, ainsi qu’aux États membres uniquement lorsqu’ils mettent en
œuvre le droit de l’Union. Il prend des mesures d’application d’un règlement européen
par exemple. JP de la Cour de justice ds un arrêt CJUE « Akeberg Fransson » en 2013
=> contraindre les États à respecter les droits fondamentaux.

Les titulaires des droits de la Charte des droits fondamentaux sont tte personne
physique et morale, indépendamment de sa nationalité, du lieu d’exercice, de son
activité. Il faut le faire à l’encontre d’une personne qui est tenue au respect de la
Charte. Le champ du titulaire est très large. Ce champ très largement conçu peut être
restreint ds certains cas, quelques unes des dispositions de la Charte ne sont
reconnues que au bénéfice des citoyens de l’Union, et particulièrement les dispositions
du Titre V « citoyenneté » : droit de vote, éligibilité, droit d’accès aux documents, droit
de pétition etc.. Ts ces droits sont conçus comme devant bénéfices aux citoyens de l’UE,
cad tte personne physique ayant la nationalité d’un État membre. Les ressortissants
des États tiers ne peuvent pas bénéficier des droits ainsi consacrés.

31
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Le droit à une bonne administration de l’art 41, est sujet à interprétation, et est
réservé, au fond, aux citoyens. Le libellé de l’art 42, à la diff de tous les articles
précédents, fait référence « à toute personne ». Le texte entend que tte personne a le
droit de voir ses affaires traités de manière impartiale et équitable. Ce bénéfice peut
être donc étendu aux ressortissants des États tiers. Ce droit sera revendiqué contre les
institutions européennes, car ce sont elles qui doivent faire une bonne administration.
Cela vaut pr tte personne en rapport avec les institutions de l’UE donc. Les
dispositions de la Charte ont donc été mal placées, car le principe de bonne
administration est bpc plus large que la citoyenneté.

4 dispositions :

➔ Art 51 vise les organes et institutions de l’Union. Quand elles adoptent


des règlements, des décisions, des directives, qu’elles concluent avec un État tiers ou
une autre organisation, ils sont tenus au respect des éléments de la Charte. Sont tenus
au respect de ttes les libertés consacrée.

Est ce que elle s’applique aux États membres ? Bcp étaient réticents. Mais ils doivent
respecter la Charte uniquement « lorsqu’ils mettent en œuvre le droit de l’Union »,
donc c’est un application restrictive. Cette formule utilisée a été reprise de la JP de la
Cour, qui imposait aux États membres de respecter des principes généraux de la
Charte. Les États membres qui prennent des mesures d’application de la
réglementation européenne sont tenus au respect de leur Constitution, des principes
des juridictions étatique, par la CEDH, et en plus par la Charte. La CEDH est un
textes très anciens, de 1950. La Charte elle, a reconnu des droits novateurs au
contraire, en rapport avec le temps. c’est la raison pr laquelle les États étaient
réticents à accumuler tes ces contraintes. Approche systémique de la CJUE, inscrite ds
l’art 50. Mais les citoyens et entreprises ont commencé à se prévaloir du respect de la
Charte à l’encontre des États membres, même quand ils ne mettaient pas en oeuvre
une réglementation européenne.

➔ C’est le cas de CJUE, en 2013 : « Akerperg framsson » : En l’espèce, le texte de


l’Etat mis en cause n’était pas l’application d’un règlement européen ni la
transposition d’une directive europ, mais un texte opposé à une entreprise qui
avait commis des fraudes à la TVA. L’entreprise a requis l’art 51 pour ne pas
être réprimée, et la CJUE considère qu’ici, il y a bien mise en œuvre du droit de
l’UE et donc de la Charte => c’est l’application d’une sanction en cas de non-
respect du droit national qui a été pris sur le fondement d’une directive. La
directive en question ne prévoit pas de sanction particulière. C’est librement
que la Suède a sanctionné ceux qui ne payaient pas la TVA. La Cour observe
que des dispositions nationales ds le prolongement de la transposition de la
directive constitue une forme de mise en ouvre de la directive. A partir du
moment où un État membre agit ds le champ d’application de l’UE, il est
astreint à la Charte des droits fondamentaux.

32
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

➔ Arrêt « commission c/ Hongrie » 2019 : C’est au sujet d’une loi qui restreint le
droit d’usufruit sur la propriété en Hongrie et qui impose une condition de
nationalité => priver les sujets de droit d’autres Etats-membres d’accéder à la
possibilité de l’usufruit sur une propriété e Hongrie, c’est les priver de l’usage
d’une liberté de circulation, notamment la circulation des K. La commission
estime que c’est non seulement une atteinte à la libre circulation des K, mais
aussi une atteinte à l’art 17 de la Charte sur le droit de propriété
La Hongrie dit que l’on n’est pas dans la mise en œuvre du droit de l’Union au
sens de l’art 51 de la Charte, car elle n’applique aucune directive ni de
règlement europ. MAIS, la CJUE considère qu’à partir du moment où une
liberté de circulation est applicable, la Charte est également applicable.

Il y a une volonté d’ancrer ces pb dans une logique de droits fondamentaux, et la


CJUE montre que ces pb se rapportent directement à des droits fondamentaux de la
personne, tels qu’énoncés dans la Charte. Donc le champ d’application est bcp + large
que l’on ne pourrait le croire.

2§ Le principe d’interprétation de la Charte.

Art 52 de la Charte, l’un des plus important, qui prévoit des principes
d’interprétation. Les droits sont déjà reconnus ds les traités constitutifs de l’UE, ds les
conditions prévues par ceux ci. Ces droits fondamentaux, seront interprétées à la
lumière des dispositions du traité. Que est l’apport de cette disposition inscrite ds la
Charte ?

Le §3 indique que ds la mesure où la Charte contient des droits qui sont aussi
garantis par la CEDH, leur sens et leur portée sont les mêmes que ceux que confèrent
ladite convention. Quand il y a correspondance entre un droit de la Convention et un
droit dans la Charte, il faut interpréter les droits de la Charte comme les droits de la
convention, selon les indications de la JP de la Cour européenne DH. Cela ne vaut pas
pr ttes les dispositions de la Charte, mais pr les dispositions communes. Ex : le droit à
la vie, le droit à la liberté d’expression. Un certains nombre de droits voisins ne sont
pas identiques. Ex : droit au procès équitable de la CEDH est plus restreint que celui
de la Charte. Donc pas de contrainte de suivre les interprétations de la CEHD ds ces
hypothèses. ATTENTION, il ne faut pas en faire trop, certains interprétations ne
correspondent pas.

Le §4 de l’art 52 traite des « traditions communes des États membres ». Cette


disposition est énigmatique. Objectif est qu’il y aient des interprétations en harmonie
avec les traditions juridiques de l’UE. Il faut tt de même que le juge ait connaissance
des explications, qu’il les consulte

L’art 52 traite enfin d’une distinction entre les droits et principes énoncés dans
la Charte :
o Droits fondamentaux

33
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

o Simples principes, qui, à la différence des droits, doivent être mis en œuvre par
les institutions de l’UE ou les états-membres de l’UE pr devenir effectif

MAIS, la frontière entre droits et principes est poreuse. C’est le juge, la CJUE,
qui sera en mesure de le dire => s’agissant de l’art 27 concernant le droit à
l’information et à la consultation au sein d’une entreprise. Dans un arrêt de 2014, la
CJUE indique que l’art 27 consacre un principe et non un droit fondamental, car la
représentation dans l’entreprise est garantie mais dans les conditions prévues par la
législation nationale.

Art 53 : clause de non recul. Aucune disposition de la Charte ne doit être


interprétée comme limitant les droit fondamentaux reconnus par le droit de l’UE, de
manière à ce que les droits déjà consacrés dans le droit de l’UE (traités etc.), mais
aussi la CEDH et le DIP auquel l’UE a souscrit et enfin la Constitution des États
membres, ne soient atteintes ou limités par aucune disposition de la Charte.

• Dans un arrêt CJUE de 2013 « Mellomi », la CJUE prend position au sujet


d’une demande de mandat d’arrêt d’un ressortissant formulée par l’Italie pr M.
Mellomi établi en Espagne. Cette dernière a refusé de déférer car il y a un droit
protecteur de la constitution espagnole consistant à protéger les personnes qui
sont jugées par défaut, comme en l’espèce parce qu’il n‘avait pas comparu à
l’audience. => une exigence particulière énoncée dans le droit d’un état-membre
peut-elle faire obstacle au mandat d’arrêt européen qui trouve sa source dans
une décision cadre de l’UE ? La CJUE dit que pr des raisons tenant à l’unité de
l’UE, les Etats-membres ne peuvent pas faire valoir ce type d’exigence. Ils ne
peuvent en aucun cas adopter des règles qui porteraient attente à l’unité, à
l’efficacité de l’UE, et tt particulièrement un mécanisme de la décision cadre,
qui prévoyait la remise d’un individu identifié ds un État membre à une
autorité d’un autre État membre qui le réclame, fut il jugé par défaut.

Les dispositions de la Charte sont d’une complexité remarquable et soulèvent des


débats qui ne sont jamais terminées. On peut tjrs trouver une brèche ds le système.
Par exemple, le conseil de l’UE a adopté le 6 Octobre 2022, des sanctions contre la
Russie, dont l’une des dispositions prévoit que « les avocats et les comptables ne
pourront plus assister les entreprises qui sont implantées en Russie ». Priver un
requérant, c’est peut être le priver d’un droit à la défense. Donc décision impactante.
Cette privation est importante, et sera sûrement contestée. La Charte est donc un
instrument vivant, avec une montée en puissance des principes de cette Charte.

34
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

CHAP III – Les actes des institutions de l’Union européenne.


Les actes ont souvent été décrié par les observateurs, au motif qu’ils conduisent à
l’adoption d’une réglementation européenne très lourde et difficile d’accès. Elle
constituerait un « magma informe » dans lequel, nous même, nous ne parvenons pas à
évoluer. Le Conseil européen, dès sa réunion en 1992, a fait le constat que la
réglementation européenne doit être plus simple et plus facile d’accès au plus grand
nombre. Les vœux exprimés ne sont pas tjrs réalisés. En ce sens, les institutions de
l’UE, qui élaborent ce droit dérivé des traités, ont adopté des actes institutionnels.
Plutôt que d’empiler des codifications, et d’apporter une modification à chaque fois, les
institutions ont préféré consolider les textes de manière à proposer aux diffs sujets de
droit des solutions. La codification est donc diversement appréciée. Elle a tendance à
rigidifier le droit. On s’interroge sur la bonne place des textes, Ex : ne fallait-il pas le
ranger ds le code fiscal plutôt que ds le code de commerce ? On ne va pas sortir un
texte d’un code pour le faire rentrer ds un autre code. Exception du droit douanier car
il est individualisable., mis ds un code à part.

Les institutions de l’UE se sont engagées à mieux légiférer, avec l’exigence


d’expliciter les obligations posées à l’égard des opérateurs économiques. Chacune des
obligations est exposée dans des considérant. Différents programmes ont été adoptés,
parfois avec des intitulés regrettables. Il y a des exigences de mieux légiférer et mieux
réglementer. La clarification et la simplification doivent fournir des actes
immédiatement identifiables par les sujets de droit.

Art 288 TFUE s’attache aux actes adoptés par les institutions. Ds son al 1, pr
exercer les compétences de l’UE, les institutions adoptent des directives des
recommandations et des avis. Autrement dit, certains articles énoncent les diffs
catégorie d’actes que les institutions seront amenées à adopter pr traiter des actions et
politiques communes. Insuffisant pr rendre compte de la pratique réglementaire. Les
actes innommés sont atypiques, tandis que ceux visés à l’art 288 sont considérés
comme des actes typiques.

SECTION I : Les actes typiques.

Art 288 TFUE : « Pour exercer les compétences de l'Union, les institutions adoptent des règlements,
des directives, des décisions, des recommandations et des avis.
Le règlement a une portée générale. Il est obligatoire dans tous ses éléments et il est directement
applicable dans tout État membre.

La directive lie tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux
instances nationales la compétence quant à la forme et aux moyens.

La décision est obligatoire dans tous ses éléments. Lorsqu'elle désigne des destinataires, elle n'est
obligatoire que pour ceux-ci.

Les recommandations et les avis ne lient pas. »

35
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Sont ceux visés à l’art 288 al 1 du TFUE, cet énoncé n’est pas propre au Traité de
Lisbonne, puisque l’article antérieur était disposé de la même manière. On retrouve 4
catégories d’actes. Les institutions n’ont pas tjrs le choix de choisir tel ou tel acte. Ex :
en matière agricole, le conseil doit adopter un règlement. Parfois, il est prévu que
l’institution visée adoptera une recommandation, ne produisant pas d’effets
contraignants. Compte tenu de la portée, des effets définis à l’art 288, une institution
pourrait être tentée d’adopter une recommandation, de lui faire produire des effets
contraignants.

Si une institution adopte un acte qui n’a que l’apparence du respect de la


dispositions du traité qui l’habilite à adopter un acte, elle sera vite déjouée et la CJUE
procédera à une requalification de l’acte. Apprécie systématiquement l’objet de l’acte et
ses effets.

4 catégories d’actes atypiques :


- Les règlements
- Les décisions
- Les directives
- Avis et recommandations

1§ Les règlements.

Art 288 al 2, s’attachant aux règlements, qui a une portée générale, étant
obligatoire ds tous ses éléments, et directement applicable ds tt État membre.

A) Une portée générale.

Lorsque le texte indique que le règlement a une portée générale, cela doit avoir
du sens, notamment en ce qui concerne le régime contentieux du règlement ds une
optique de contestation de règlement.

Arret CJUE de 1962 « Fédération de la Boucherie en gros » , arrêt de principe tjrs


cité, le règlement a 2 aspects :

• Il s’applique à des situations déterminées objectivement.


• Il vise des catégories de personnes envisagées abstraitement et dans leur
ensemble, et non des personnes désignées.

=> c’est ainsi qu’il a une portée générale.

36
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Très souvent, des opérateurs économiques ont tenté d’attaquer des règlements en
disant qu’ils n’étaient qu’une décision qui s’adressait à eux, pr prévenir d’un recours
en annulation. La CJUE a tjrs été attentive à ce type de revendication, et s’est
demandée souvent si le texte dénoncé était ou non un règlement. Le fait que des
personnes ont été associées ds une phase préparatoire ds l’élaboration du règlement,
est indifférent à la qualité de règlement. L’intitulé est également totalement
indifférent. La possibilité de déterminer le nombre de personnes concernées par le
règlement, est un facteur indifférent. Ex : règlements concernant la fécule de pomme
de terre. Des entreprises vont le contester car il s’adresse à quelques entreprises
seulement. Le texte aurait pu viser les entreprises A et B par exemple. Or ce n‘est pas
parce qu’on est en mesure d’identifier à un moment donné les véritables destinataires
d’un texte, que celui-ci perd sa qualité de texte d’application générale. Les entreprises
n’ont jamais été désignées comme telles. Tt ceci peut évoluer. Le texte s’applique à des
catégories de personnes qui ont été envisagées abstraitement en raison de leur qualité.

B) Un caractère obligatoire complet.

Il est obligatoire ds ts ses éléments, et se distingue donc de la directive, qui est


elle obligatoire concernant les finalités et objectifs, mais laisse aux États membres le
domaine concernant les moyens. Il ne laisse que peu de place aux États membres ds
l’application qui doit être faite des éléments européens. Les obligations qu’il pose
s’imposent à tous les sujets de droit :

• Aux institutions de l’UE : , surtout celles qui ont adopté le règlement, elles sont
liées à lui. Par exemple, le règlement n°1 2003 concernant l’application des art
101 et 102 des traités sur les entreprises. Celles ci sont susceptibles d’invoquer
ce règlement à l’encontre des institutions de l’UE, notamment la Commission
sur les règles de la concurrence.

• Aux États membres : le règlement supplique aussi aux États membres. Par
exemple, le règlement sur la sécu sociale basé sur les Art 45 et suivants TFUE.
Système assurant un droit au paiement des prestations sur les territoires des
États membres. Le Conseil et le Parlement ont adopté des règlements
contraignants qui prévoient que quand on se déplace ds un autre État membre,
on doit être certains que les périodes au cours desquelles on a cotisé, sont prises
en compte ds le calcul des prestations et versements des indemnités de sécu
sociale => ds ts les États membres : c’est la totalisation au sens du traité. Le
règlement contraint les Etats qui ne disposent d’aucune marge de manœuvre.

• Aux entreprises : Par exemple, règlement sur la téléphonie mobile, pr que les
utilisateurs ne soient plus imposés, et qu’ils puissent opposer le texte à leur
opérateur. Le règlement de 2004 sur le droit des passagers des transports
aériens est particulièrement contraignant pour les entreprises, car il impose
une indemnisation des passagers aériens qui ont fait l’objet d’une annulation de
leur vol voire d’un retard important. En supposant que le droit national n’ait

37
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

rien prévu en ce sens, le seul règlement européen suffit aux passagers pour
obtenir indemnisation.

C) L’applicabilité directe.

Ces textes sous la forme réglementaire sont obligatoires en ts leurs éléments,


d’applicabilité direct ds les États membres. Donc pas besoin de transposition pour
qu’ils produisent leurs effets, qu’ils soient intégrés ds un code, ou publiés au JORF 14. Il
suffit qu’ils soient publiés au JOUE 15 pour qu’ils soient opposables à tous. Arret CJUE
21 dec 2011 « Danske » : « il n’est pas besoin de mesures d’application pour donner
effet au règlement ds les ordres juridiques nationaux ». En même temps, les mesures
d’application ne sont pas interdites, et des règlements peuvent nécessiter, pr une
bonne compréhension, un certain nombre de mesures d’application. Ces mesures ne
sont pas nécessaires pour que le règlement produise ses effets. Le règlement est d’effet
direct.

2§ Les directives.

Constituent une source particulièrement controversée, parce que ce sont des


actes qui ne se suffisent pas à eux mêmes : ils nécessitent une transposition ds le droit
des États membres pour produire leurs effets. Art 288 al 3 : la directive lie tt État
membre destinataire quant aux résultats à atteindre, tt en laissant aux instances
nationales la compétence quant à la forme et aux moyens. C’est un instrument
juridique qui n’est pas immédiat contrairement au règlement. La directive a souvent
un caractère normatif car elle fixe un certain nombre de lignes de conduites et
d’exigences à respecter. Les directives sont nombreuses, adoptées ds des domaines
variés. Ex : environnement, droit de la propriété intellectuelle etc..

Ces directives vont susciter de l’intérêt compte tenu du champ qu’elles couvrent.

A) Une protée variable, non générale.

La directive a un destinataire, qui est l’État membre, elle « lie tout État membre
destinataire ». Elle est notifiée à un État membre, le plus souvent à plusieurs États
membres, et à tous les États membres ds la pratique. Le plus souvent, elles sont
notifiées à l’ensemble des États membres en vue d’être transmises. Une directive ne
peut pas être notifiée à une institution de l’UE ou à une entreprise. Elle peut être
notifiée à un seul État membre ou à un groupe seulement d’états membres. Mais en
pratique, elle est notifiée à l’ensemble des États membres de l’UE.

B) Le caractère obligatoire, partiel.

14 Journal Officiel de la République Française.


15 Journal Officiel de l’Union Européenne.

38
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Elle n’est obligatoire que ds son objet et sa finalité. Elle fixe un obj à atteindre.
Ex : interdire la publicité mensongère. Les États ont en théorie une liberté quant aux
moyens à mettre en œuvre pr la réalisation de cet obj. Cette liberté est exercée ds un
délais fixé par la directive, ultime, à respecter pour la transposition de la directive.
Ex : 12, 18, OU 24 mois selon la technicité de la matière. Selon les formes qu’ils
souhaitent.

Il y a deux constats à faire :

• Précision extrême des directives des institutions européennes : fiscalité,


environnement etc.. Cette précision fait douter du respect de la logique de l’art
288, indiquant que les États sont libres des moyens quant à la réalisation des
objectifs. Pratique institutionnelle dénoncée ds les milieux souverainistes, et
certains milieux d’affaires. La Cour a constaté que la précision apportée à un
texte dénommé directive, est commandée par la finalité de la directive, par
exemple si l’on veut harmoniser les taxes sur les CA. Il faut s’attacher à
l’assiette de la taxe, au taux de TVA applicable, réglementer la méthode de
calcule de la taxe applicable. La Cour est amené à concéder aux institutions
européenne cette possibilité de préciser tte une série de modalités qui
normalement devraient revenir aux États.

• Les exigences imposées par la CJUE : La CJUE veille avec soin à ce que les
directives soient transposées par des actes contraignants. Cela pourrait poser
question, car l’art 288 indique que les États membres « ont le choix des moyens
et des formes ». Il est arrivé que les États membres transposent une directive
au moyen d’une circulaire, d’un protocole ou d’une note de service. La
Commission a agit contre les États membres qui transposaient comme cela. La
CJUE a donné raison à la Commission. La transposition doit être faite au
moyen d’actes assurant des garanties juridiques, contraignants. En ce sens,
Arrêt CJUE 12 Octobre 1995 « Commission c/ Espagne » à propos d’un texte
administratif, protocole qui n’était pas obligatoire dans ses effets, et donc par
conséquent, on ne pouvait pas valablement transposer comme cela des
directives au moyen d’actes modifiables.

C) Le caractère effectif.

La CJUE a aussi caractérisée l’effectivité des mesures de transposition. Les


mesures de transpositions ne sont paas satisfaisantes ds certains cas car l’effectivité
n’est pas garantie. Par exemple, CJUE « Commission c./ Pologne » 2011. Si il y a des
zones d’ombre, des dispositions inabouties, alors le résultat recherché n’est pas atteint
et on a un système inachevé, or c’est l’effectivité qui doit commander. Si les
institutions ont souhaité que la publicité comparative ds les États membres soit
admise ds les années 1990, elle doit pouvoir être décidée par une entreprise qui
compare ses services avec une autre, avec ttes les exigences de sécurité juridique.

39
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Cette exigence vaut pour les autorités législatives, exécutives et même s’applique
à l’administration qui est en charge des relations avec les administrés. En ce sens :
CJUE « Commission c/ Espagne » de 1995. En l’espèce, la commission a appris que l’A
fiscale espagnole faisait preuve de militantisme sur les remboursements de TVA, avec
une distinction selon que l’entreprise était nationale ou d’un autre État membre. Les
demandes des entreprises des autres États membres étaient traitées plus lentement.
La Commission a affirmé que l’effectivité des mesures de transpositions de la directive
valait aussi ds la pure application des mesures de transpositions.

Vaut aussi pr les juridictions nationales, mais aussi pr les entreprises Ex :


environnement, fiscalité. Les juridictions nationales ne sont pas tjrs en mesure
d’appliquer les dispositions de la directive ds les litiges qui opposent un individu à une
entreprise, et ceci en raison de l’absence d’effet direct horizontale des directives
européennes. En ce sens, une directive ne peut pas créer d’obligations à l’égard d’une
personne privée. En dépit de cette lacune, la CJUE impose aux juridictions nationales
d’interpréter le droit national conformément aux directives européennes. C’est la
théorie de « l’interprétation conforme » des directives. Dictée par l’exigence
d’effectivité propre aux directives européennes. Si l’on veut qu’elles produisent des
effets, que leur finalité soit rendue effective, il faut qu’elles basent leurs
interprétations sur les obj de la directive → CJUE 1990 « Marleasing »

3§ Les décisions.

Art 288 al 4 TFUE, qui est une disposition qui a évolué, à la différence des
précédentes. Les décisions étaient originellement des actes à caractère obligatoire, et
elles le sont tjrs. Elles étaient des actes à portée individuelle. Désormais, les décisions
n’ont plus nécessairement une portée individuelle, ceci tenant au fait que les auteurs
du Traité de Lisbonne ont supprimé un certain nombre d’actes qui prenaient des
dénominations variables, pr simplifier cette nomenclature. Elles sont des « décisions »
à présent. La décision est devenue hétérogène.

On peut y attacher quelques éléments :

A) La portée en principe non générale.

Le plus souvent, conformément aux traités originels, les décisions étaient en


principe des actes, et elles le sont ds 95 % des cas encore, qui avaient un destinataire
déterminé, désigné ds le texte même de la décision. Ainsi, une décision était adoptée
particulièrement par la Commission européenne qui est une institution en charge de
l‘exécution des actes normatifs. Ds ce cadre, elle adopte des décisions qui sont
adressées nommément à des personnes désignées. Peuvent être des États membres ou
des entreprises.

Les décisions adressées aux États membres : c’est le cas en matière d’aide d’État.
Art 107 et 108 TFUE, réglementant les aides d’État accordées aux entreprises qui sont

40
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

interdites (sauf exceptions) lorsqu’elles faussent la concurrence et affectent les


échanges entre États membres. Le principe est celui donc de l’interdiction des aides
d’État. Elle est assortie d’exceptions tt de même, et peut faire l’objet de dérogations
accordées par la Commission européenne, notamment lorsqu’elle consacre telle ou telle
aide favorable à des entreprises, qui par exemple promeuvent la protection de
l’environnement, ou qui emploient des personnes à l’origine au chômage. La
Commission est emmenée à autoriser, et nécessairement à refuser un certain nombre
d’aides souhaitées par les États membres pour leurs entreprises. Ils doivent notifier
les projets d’aide d’État aux entreprises => Pb pr la concurrence.

Elle dispose d’un pouv exécutif, pas totalement discrétionnaire : elle prend une
décision d’acceptation d’une aide ou de refus d’une aide. Cela peut être aussi une
acceptation sous condition. La décision doit être motivée, puis notifiée à l’État membre
destinataire. Elle pourra être contestée, par l’État membres, mais aussi par des
entreprises concernées. En ce sens : accords entre entreprises, régis par l’art 101 du
TFUE, se rapportant aux accord entre entreprises qui faussent la concurrence ds le
marché intérieur. Cet article 101 a donné lieu à des précisions concernant des
règlements d’application du droit de la concurrence européenne. Les entreprises
respectent ou non ce règlement, elles vont être amenées à passer des accords et
développer des pratiques concertées. Or le traité interdit les accords formels et les
pratiques concertées sur les prix concertés, entre entreprises. Peut donner lieu à des
amendes, par voie de décision.

Les institutions, particulièrement le Conseil, adoptent des décisions qui n’ont pas
cette portée et cette qualité individuelle, et ds ce cas elle est simplement publiée au JO
et n’est pas adressée de manière individuelle.

B) Un caractère obligatoire absolu.

Les décisions, aux termes de l’art 288 al 4 sont obligatoires ds tous leurs
éléments, cad aussi bien ds le résultat à atteindre que ds les moyens énoncés, et ceci à
la différence des directives. Les décisions se rapprochent à ce titre des règlements.
Elles n’ont pas à être transposées. Elles produisent des effets à l’égard des institutions
des États membres, des personnes privées. Ex : par voie de décision, la Commission
décide d’attribuer une indemnité à l’un de ses agents, de ses fonctionnaires. Elle se
contraint elle même par voie de décision notifiée à son agent. Lorsque la Commission
adopte une décision relative aux aides d’État et qu’elle autorise l’aide à condition que
l’État aménage son projet d’une certaine manière, l’aide est accordée seulement à la
condition du respect de ttes les modalités, sinon l’acte de l’État membre sera entaché
d’illégalité.

Elles sont obligatoires à l’égard des personnes privées aussi. Ex : impose à une
entreprise d’aménager un réseaux de distribution de produits. L’entreprise n’a pas le
choix, soit elle s’expose à une amende, soit elle se conforme à l’exigence de la
Commission. Ils n’ont pas à être repris ds le droit national. Un texte, l’art 299 du
TFUE, indique que les actes des institutions sont à la charge des personnes autres que

41
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

les États, forment titre exécutoire, à partir du moment où une charge pécuniaire est
imposée à une entreprise.

4§ Les recommandations et avis.

A) Les avis.

Sont des actes visés à l’art 288 al 5, qui ont en commun de ne pas lier, de ne pas
être revêtus de force obligatoire. Les avis sont émis par les institutions de l’UE. Ainsi
que par les organes qui n’ont pas la qualité d’institution Ex : comité des régions de
l’UE.

Objectif d’exprimer une position au sujet d’une orientation décidée par une autre
institution. Il s’agit d’éclairer par l’expertise telle ou telle autre institution quant au
bien fondé de ses choix. A supposé que l’avis soit négatif, il ne produirait aucun effet
contraignant, il ne bloquerait pas le processus normatif initié par une institution, la
commission par exemple. Elle pourra continuer le processus. Pas de portée juridique,
de force contraignante.

B) Les recommandations

Les recommandations d’un autre coté, consistent à inciter les États membres ou
les opérateurs économiques à adopter tel ou tel comportement. Ex : demande une
diminution de la dépense énergétique d’un État. Toute institution peut prendre ce type
d’acte tant qu’elle a une compétence relative à la matière. Mais l’acte n’est pas
contraignant, même si il a un effet incitatif. Aucune obligation de respect. Il faut
savoir que lorsqu’une institution adopte une réglementation, c’est parce que elle n’a
pas le choix de le faire via un autre type d’acte. Souvent ds des matières sensibles.

SECTION II : Les actes atypiques.

1§ Les actes atypiques prévus par les traités.

Certaines dispositions prévoient l’adoption d’actes qui ont la dénomination


d’actes au sens de l’art 288, mais qui n’en produisent pas les effets : il peut s’agir de :
- Règlement
- Directive
- Avis

2 exemples :

• Directive : est un acte notifié aux États membres, obligatoire mais il y a une
liberté sur la forme et les moyens. La directive, au sens de l’art 218 §4 du

42
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

TFUE, se rapportant aux accord internationaux, « le Conseil peut adresser des


directives aux négociateurs ». Le négociateur est généralement la Commission
européenne ou une personne désignée à cet effet. Il va orienter les négociations
pour fixer une ligne politique, avec des retombées eco et so. Ces directives n’ont
rien à voir avec celles qui ont été présentées. Elles consistent à définir une
orientation, elles n’ont pas à être transposées, et elles ne sont pas un acte à
caractère obligatoire.

• L’avis : il ne lie pas, n’a pas de force contraignante. Il est fait référence à
« l’adoption d’un avis », qui peut avoir un effet contraignant et bloquant. Art
258 du TFUE, se rapportant à un recours possible de la Commission
européenne à l’encontre d’un État membre qui aurait manqué à ses obligations.
Doit être précédé d’une procédure dite administrative ou préjuridictionnelle. La
Commission n’est pas en mesure de saisir directement de la CJUE. Si la
Commission estime qu’un État membre a manqué à ses obligations, elle émet
un avis motivé après l’avoir mis en demeure de présenter ses justifications. Cet
avis a une force obligatoire. Si l’État membre ne respecte pas les exigences d’un
avis motivé, alors la Commission peut saisir la CJUE pour introduire un
recours en constatation de manquement. Donc ce type d’avis est contraignant,
alors que normalement il n’a pas cette force. De plus, l’art 218 du TFUE sur les
accord internationaux, fait référence à l’avis ds son §11, qui indique que « un
État membre peut saisir la Cour de justice d’une demande d’avis sur la
compatibilité de l’accord envisagé avec des traités ». En cas « d’avis négatif de
la Cour, l’accord envisagé ne peut entrer en vigueur sauf modification de celui-ci
ou révision des traités ». Si il est négatif, il a un effet bloquant. Illustration
d’avis : Voir l’avis de 1994 au sujet du projet d’adhésion de la communauté
européenne à la CEDH. Elle a rendu son avis en 1996, en décidant que la CE
n’avait pas reçu compétence en matière de protection des droits de l’Homme.
L’art 6 du TUE prévoit depuis que l’UE « adhère à la CEDH ». Par conséquent,
la voie était libre. Le second avis a bloqué tte perspective d’adhésion ds les
années à venir. Les avis sont donc importants et peuvent bloquer un processus.

2§ Les actes atypiques non prévus par les traités.

= L’activité des institutions européennes au titre de la gestion dans différents


secteurs. L’institution en question peut rencontrer des difficultés pratiques, et il lui
faut donc rationaliser les activités. Pour assurer une sécurité juridique et une
progression, elles peuvent adopter 2 types d’actes différents des autres :

1. Les accord interinstitutionnels : adoptés entre plusieurs institutions


européennes, relevant du droit dérivé. Ce ne sont pas des accords
internationaux, ce sont des actes qui sont pris conjointement par le Parlement,
le Conseil et la Commission. Utile quand ils constatent des intérêts convergents
et qu’ils veulent se fixer une ligne claire sur la méthode à adopter. Sur la
méthode, les institutions ont conclut qu’ils sont applicables à la technique de

43
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

législation. Cette exigence de « mieux légiférer » pèse sur chacune des


institutions, qui participe à sa manière au processus législatif. La Commission
est à l’origine de l’acte ensuite adopté par les deux autres, et si elle propose un
acte qui est déjà excessivement long et incompréhensible, elle met le législateur
européen en difficultés. Ds cette optique, elle doit faire un travail exigent,
proposer un texte mûrement réfléchi. Souvent, elle oublie ses engagements, et
propose des textes pratiquement incompréhensibles. Les autres institutions se
sont engagées elles aussi à adopter un texte au terme de différents
amendements étudiés : il fait donc l’objet de discussions dans un certain
pluralisme. Cet engagement est souscris par chacune des institutions, qui peut,
lors de l’adoption d’un texte constater un non respect. Mais pas suffisant pour
qu’il soit annulé.

Il peut aussi intervenir ds le champ d’une matière. Par un accord


interinstitutionnel, les 3 institutions ont adopté la Charte des droits
fondamentaux en décembre 2000 après le Conseil européen. Il s’agissait
d’énoncer des principes dont tte personne peut se prévaloir. Quand elle a été
adoptée, elle n’était pas contraignante vis à vis des États membres car c’était un
accord interinstitutionnel. Les institutions elles, se devaient aussi de respecter
les dispositions prévues : « Respecte la loi que tu as faite ». Elles ont visé la
charte ds un certain nombre d’actes adoptés en y faisant référence, et se sont
efforcées de respecter les droits fondamentaux. Ils présentent tt de même des
inconvénients.

2. Les actes programmatrices et d’orientation des institutions : suivant des formes


très divers (résolution, communication, ligne directrice). Les institutions, ds
leurs rapports, veulent faire connaître leurs orientations ds différentes
matières. Ex : ds le droit de la concurrence, complexe. Il faut faire connaître un
certain nombre de points, comme les sanctions appliquées par exemple. IL faut
ds une certaine mesure, éclairer les États membres ou les entreprises, en
établissant des lignes directrices, notamment sur les questions des aides.
Prennent la forme de communications de la Commission, publiées au JOUE. En
ce sens, on avait par exemple le règlement sur les accords dits verticaux ds les
chaînes de réseaux d’entreprises. Il a fait l’objet de lignes directrices de la
Commission, avec des schémas et des graphiques pour comprendre ttes les
dispositions. Il résulte de la JP qu’une entreprise peut se prévaloir des
communications adoptées par la Commission à son encontre. Telle ou telle
entreprise peut revendiquer le bénéfice d’une règle énoncée ds une
communication de la Commission à l’encontre de cette dernière, qui aurait
ignoré la règle pourtant fixée par la communication, certes ds un acte atypique
dénué d’effet obligatoire. Rapprochement du statut des circulaires en DA. L’acte
est invocable à l’encontre de son auteur : arrêt CJUE 1996 « Poste banque »

Deuxièmement, concernant la communication non favorable et comportant des


lacunes : peut-on contester la communication de la commission alors même
qu’elle n’a pas d’effet obligatoire ? Possible de le faire ds un procès, notamment

44
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

entreprise vs Commission : Arret Trib UE « Affaire TOTAL », régulièrement en


litige en raison de la rigidité du droit de la concurrence. TOTAL a considéré que
la communication des sanctions aux entreprises ne respectait pas tjrs les droits
fondamentaux, et surtout le principe de non discrimination, sans logique
explicative, sans être objectivement prouvée. Effectivement, la communication
sur les sanctions portait atteinte à la non discrimination , et le Trib UE a décidé
de ne pas appliquer totalement la communication, cad totalement les sanctions
décrites ds le texte. Les entreprises et États membres peuvent se prévaloir de
droits fondamentaux.

=> Le plus simple serait de s’en tenir à des actes classiques, visé à l’art 288 TFUE.
Mais avec les multiples aléas, les institutions adoptent des actes qui ne correspondent
pas à ceux pr lesquels il y avait une habilitation.

CHAP IV : Les accord internationaux conclus par l’Union


européenne et les actes pris en leur nom.

Les accords internationaux liant l’UE à des États sont très nombreux ds la
pratique. Sont conclus avec des États tiers pr régir un ensemble de relations, sur le
plan eco, so et culturel. Ils sont conclus de manière spécifique pr régler un pb
particulier. Ex : accord entre l’UE et la Suisse sur les visas Schengen. Ils sont tjrs
conclus en vertu de compétences qui ont été expressément attribuées au profit de l’UE,
soit en vertu de compétences qui résultent implicitement des traités constitutifs.

Les accords sont conclus au moyen d’un acte du Conseil qui conclut l’accord une
fois qu’il a été précisément établi. C’est un acte unilatéral, pris sous forme de décision
et se rapportant au droit dérivé. L’acte en question a un statut particulier : c’est un
accord institutionnel qui lie l’UE et un État tiers, ne pouvant pas être remis en cause
comme un acte d’une institution. Cet accord international, une fois conclu, entre ds
l’ordre juridique de l’UE. Il se suffit à lui même pour entrer ds l’ordre de l’UE : arrêt
CJUE « Haegeman » 1974, sur l’accord conclu entre la CE et la Grèce. On voulait
savoir quel était la force de cet accord, et si il faisait partie du droit communautaire.
La Cour a affirmé que cet acte faisait partie de l’ordre juridique commun, ce qui a pour
effet de confier à la Cour une compétence pr l’interprétation. Il entre ds l’ordre
juridique de l’Union, il va trouver sa place, se situant entre les traités constitutifs et
les actes unilatéraux des institutions. Les institutions de l’UE sont tenues au respect
des accords internationaux conclus par des États tiers. Ces accords ont une force
inférieure aux traités constitutifs et à la Charte des droits fondamentaux.

Donc les accords sont soumis au respect des traités constitutifs et de la charte.
Donc des vérifications sont possibles, a priori, mais aussi a posteriori. Arret CJUE
« Allemagne c/ Conseil », sur un accord qui avait prévu des certificats d’exportation de

45
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

banane vers l’UE. Certaine exportateurs n’avaient pas de certificats. L’Allemagne a


contesté cela, et a saisi la Cour. L’accord en lui même violait le principe d’égalité de
traitement ou de non discrimination, il ne respectait pas les traités constitutifs. Un
juge national peut saisir la Cour sur un accord conclut entre un État tiers et l’UE, pr
savoir si il respecte la Charte ou les traités constitutifs. Très troublant pour les
partenaires extra-européens : un traité peut être valable pendant des années et
exploser du jour au lendemain.

=> Source tt de même originale et indispensable.

CHAP V : Les sources non-écrites du droit de l’Union


Européenne.

La pratique constitutionnelle est insuffisante pour créer une coutume qui aurait
une force et une identité propre. Les sources non écrites sont connues de l’ensemble du
système de droit, car elles n’ont pas fait l’objet d’une rédaction applicable à une
généralité de situations : elles sont le produit d’une expression JP, qui est celle de la
CJUE.

En effet, le droit de l’UE ne fait pas place à la coutume. Donc les sources non-
écrites du droit de l’UE sont :
- La JP
- Les PGD

SECTION I : La jurisprudence européenne.

La CJUE a été investie par les traités constitutifs d’une mission définie dans l’art
19 du TUE, indiquant que la CJUE « assure le respect du droit dans l’interprétation
et l’application des traités ». Les traités ainsi désignés font références aux traités
constitutifs, à la Charte des droits fondamentaux, et aux autres sources écrites du
droit de l’UE (accord internationaux, actes écrits). La CJUE est non seulement appelée
à appliquer les règles de droit écrit ds les litiges qu’elle a tranché, mais aussi à
délivrer des interprétations pour appliquer les règles de manière adaptée, juste et
pertinente. Indépendamment de tte application, elle a aussi pr rôle d’interpréter des
règles quand elle est sollicitée pour cela. En effet, la CJUE peut être appelée par une
juridiction nationale à interpréter le droit de l’UE sans avoir à l’appliquer. Art 19 du
TUE, fait référence à ces deux missions.

46
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

La JP de l’UE s’est développée de manière considérable au fil des années. Ds les


premières années, elle rendait une 10aine d’arrêts par an. Ajd, elle rend plus de 600
décisions par an, sous formes d’arrêts, d’ordonnances et d’avis. Il y a ainsi une JP de la
CJUE, de même pour le Trib UE qui rend autant de décisions que la CJUE. On peut
faire référence à des JP propres à certaines matières, et on peut aussi faire référence à
la JP en fonction du type de voie de droit. Le mot de JP peut être appliqué de manière
plus ou moins large en fonction du champ auquel il se rapporte. Ce mot peut être
employé pr désigner un seul arrêt. Si tel ou tel arrêt de la CJUE ou du Tribunal est
suivi d’arrêts du même ordre de la même matière, là on pourra parler de la JP de ...
(Par exemple « Cassis de Dijon »).

1§ Les fonctions de la jurisprudence européenne.

Les fonctions de la JP européenne sont très diverses, en ce sens, la Cour et le


Tribunal vont parfois contribuer à fixer l’état du droit, à lui donner du sens, à en
préciser la portée : fonction dite « interprétative » du droit écrit. Parfois, ils ne se
limitent pas à cette fonction, et vont exercer une fonction dite « supplétive ». Il est
possible que la JP aille encore plus loin ds ses finalités et qu’elle corresponde à une
fonction dite « correctrice » lorsque le juge décide de corriger une anomalie qui découle
des traités constitutifs ou de tt autre règle.

➔ Fonction interprétative : fonction la plus classique. Certaines notions par les


textes sont sujettes à explication et donc à interprétation. Sont des JP qui
contribuent à interpréter le droit écrit, insuffisamment explicite. Pour illustrer,
on a l’art 48 du CEE du Traité sur la libre circulation des travailleurs. On
applique l’interdiction de discrimination en fonction de la nationalité. C’est la
CJUE, ds une JP établie progressivement, a défini la qualité de travailleur qui
était visé. Arret CJUE « Levin » 1982, avec des ccl pragmatiques de Lord
Gordon Smith ?? : à partir du moment où la personne exerce un emploi au profit
d’une autre personne, qu’elle exerce une activité professionnelle moyennant une
contre partie, cette personne peut avoir une qualité de travailleur quelque soit
le temps alloué à cette activité. On ne peut pas non plus demander la finalité de
la raison du travail. On doit s’en tenir donc à des critères précis. C’est comme
cela que la Cour a déterminé la qualité de travailleur à la requérante.

➔ Fonction supplétive : le droit écrit présente des lacunes, et il s’agit de voir si la


JP permet de compléter l’énumération qui avait été faite par les auteurs du
texte. Raison d’intérêt générale que les requérants peuvent invoquer sur la libre
circulation des marchandises. Les Etats membres ont été contraints de limiter
des restrictions aux échanges. Il était permis aux États de maintenir ces
restrictions, c’est la raison pr laquelle l’art 36 du TFUE permet de déroger aux
art précédents : les Etats peuvent maintenir des restrictions justifiées sur un
certain nb de fondements. Permet aux États de s’opposer à une importation ou
à une exportation. Cet Art 36 n’est pas original, il est daté car il n’a pas été
modifié depuis 1957 et le Traité de Rome. Il n’est ni plus ni moins de l’art 20 du

47
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

GATT version 1959. Il ne répond plus aux enjeux et besoin des États membres.
Elle a dégagée « les exigences impératives d’intérêt générale » = en matière de
sécurité routière, de réseaux d’info etc.. Permet aux États membres de prendre
des mesures restrictives. On ne peut pas se limiter à interpréter l’art 36 en
matière de liberté de circulation des marchandises, il faut en plus tenir compte
des exigences impératives d’intérêt général dégagées par la Cour.

➔ Fonction correctrice : Par exemple, Traité CEE sur les recours en annulation,
visés à l’époque à l’art 173 du traité CEE, pouvaient être formés à l’encontre des
actes du Conseil et des actes de la Commission europ. Un jour, un parti
politique, les verts, ont agi contre des actes pris par le Parlm europ. La CJUE,
dans un arrêt de 1986 « les verts c/ Parlement européen » ont tranché : elle
considère que compte tenu du fait que la CEE était une communauté de droits,
les actes des institutions, mm non visés par l’art 173, devaient pouvoir faire
l’objet d’un recours en annulation, dès lors qu’ils produisaient des effets de
droit : « la CEE est une communauté de droit en ce sens que les actes pris par
ces institutions doivent avoir fait l’objet d’une contestation de la légalité devant
la Cour de justice ». Ce type de contestation n’était pas prévu pr les actes de
Parlement européen. Les actes du défendeur sont susceptibles de contrôle. Suite
ds un arrêt 1991 « Parl c/ Conseil, affaire dite Tchernobyl ». Le conseil fait
observer au Parlement qu’il n’est pas en capacité de faire un recours en
annulation. La Cour dit que normalement, le recours est irrecevable. Mais elle
va l’admettre quand même car au fond, il y a anomalie ds un texte et que le
Parlement peut voir ses actes attaqués. Il va pouvoir utiliser à son tour le
recours en annulation. Lorsque le CEE a été révisé, on a visé le parlement
comme un requérant institutionnel.

2§ Les caractères de la jurisprudence.

A) L’incorporation de la jurisprudence dans le droit.

= C’est le 1er caractère. Quelle est la place de la JP ds la hiérarchie des normes ?


Il apparaît que la JP s’incorpore aux règles du droit. Elle complète et corrige. Elle a la
même valeur que la règle ainsi interprétée. Il en va de même pour les actes des
institutions.

B) Le caractère évolutif de la jurisprudence.

= C’est le 2eme caractère. C’est une source non écrite nécessairement évolutive,
elle évolue en fonction des circonstances, des recours et des renvois préjudiciels. Il est
possible que le juge fasse lui aussi évoluer sa JP. Il existe des revirements de JP, et il
peut y avoir des nuances apportées à la JP dégagée antérieurement. Ces nuances
peuvent prendre la force de cantonnement de la JP antérieure. Hors de ce champ, la
CJUE reprend une certaine liberté pour fixer une nouvelle ligne de JP. Il faut citer les
exemples de revirements évidents, parfois avoués par la CJUE :

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

➔ Arrett CJUE 1993 « Keck et Mithouard » = dirigeants de grande surface en


Alsace. Ont décidé de vendre plusieurs produits à perte, et ceci en violation de
la loi FR qui interdit la vente à perte ds le commerce de détails. L’avocat a
affirmé que la loi FR était contraire à des dispositions des Traités constitutifs.
Elle a oublié le principe de libre circulation des marchandises. Mais au cours du
procès, on s’est rendu compte que ça touchait à la libre circulation des
marchandises. La Cour a dit que « contrairement à ce qui a été dit
antérieurement, une législation concernant certaines modalités de vente, ne
tombe plus sous le coup de l’art 34 TFUE, dès lors qu’elles ne sont plus
discriminantes ». Donc revirement car avant elle considérait l’inverse.
Revirement avoué, la raison est assez consternante : car de plus en plus
d’opérateurs éco attaquaient sur ce point.

SECTION II : Les principes généraux du droit

Les PGD sont connus dans ts les systèmes modernes sous une forme ou sous une
autre. Connus en droit français : compte tenu de la JP traditionnelle du CE. Ces PGD
du droit constituent une source originale car la CJUE énonce un principe qui est dit «
général » en ce sens qu’il va s’appliquer à un ensemble de situations et non pas aux cas
particuliers.

Ces PGD sont énoncés expressément par la CJUE dans ses arrêts et les effets
conférés sont multiples.

Art 6 du TUE, indiquant que « les droits fondamentaux garantis par la CEDH et
résultant de traditions constitutionnelles des États membres, font partie du droit de
l’Union en tant que principe généraux ». Permet de consacrer l’œuvre jurisprudentielle
de la CJUE.

1§ La construction des principes généraux du droit.

Comme ds ts les systèmes, cette construction a été laissée à l’appréciation des


plus hautes juridictions. La plus haute juridiction ds le système européen, c’est la
Cour de Justice. Avec la création en 1989 du Tribunal pour connaître en 1 er instance,
on lui a aussi permis de consacrer des PGDE. Lorsque le Tribunal s’y hasarde (rare),
c’est tjrs sous le contrôle de la Cour de justice. Il reste que la CJUE, largement
entendue, a consacré de multiples principes selon des méthodes convergentes Denys
SIMON16 a décrit le mécanisme en observant une forme de sacralisation, elle puise ds
différents systèmes pour retenir ce qu’il y a de meilleur pour transformer en PGDE.

16 Professeur de droit public à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Il a été nommé par le Conseil
de l’Europe à la Cour constitutionnelle de Croatie. IL est fondateur du concours de procès simulé
international René Cassin.

49
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Elle a puisé ds les droits nationaux, ds le DIP auss, surtout ds CEDH, et s’est inspirée
du traité constitutif pour reconnaître des PGD. Ce sont des sources d’inspiration,
parfois utilisées de manière combinée. Pr reconnaître un principe, avec une double
source, c’est bcp plus légitime pour qu’il s’impose.

A) Les principes déduits des traités constitutifs de l’Union.

Ils ont la force du droit primaire, force contraignante la plus élevée. Elle ne
nécessite pas un complément sauf quand elles ne sont pas assez précises. Il est apparu
que la CJUE avait à traiter d’un certain nombre d’interdictions qui ne faisaient pas
l’objet d’une interdiction. La question de la discrimination affleurait. Ex : l’origine des
produits, la nationalité des personnes, interdiction de discriminer en fonction des
origines des K, interdiction de discrimination entre consommateurs et producteurs.
Principe général de non discrimination en s’inspirant de dispositions spécifiques.
Notamment ds un arrêt CJUE « Moulin » 1989, elle dégagé un principe de non
discrimination, notamment ds la politique commune agricole, au titre d’un art 40§2
TFUE. Elle a relevé que cette disposition « était l’expression spécifique du principe
général d’égalité qui exige que les situations [...] ne soient pas traitées de manière
différentes ». Elle est partie d’une disposition claire et précise pour en dégager un
principe plus général qui s’appliquera à ttes les situations du droit européen, ds pleins
de domaines différents.

B) Des PGD déduits du droit international général.

Les PGD se déduisent des traités d’organisations internationales et de l’UE qui


se rattache au DIP général. La tentation était grande de s’en inspirer. Toutefois, la
CJUE a tjrs manifesté une prudence à l’égard du DIP et il lui est arrivé de ne pas le
reprendre (donc pas de consécration en tant que PGD).

• Ainsi, certaine État membres ont proposé à la Cour de reprendre le principe de


réciprocité, en droit des obligations notamment. Les États qui ont proposé cela
l’ont fait car ils n’avaient pas appliqué une obligation, et voulaient se baser sur
le fait que le voisin non plus ne l’avait pas fait. Cette excuse fondée sur le
principe de réciprocité n’a pas été retenu par la CJUE. Elle a pris position ds un
arrêt « Commission c/ Lux et Belgique » en 1964, ds lequel elle refuse de
reconnaître cette excuse. Pour autant, tout n’est pas à éviter en DI. La Cour
essaie de montrer que ce droit est original.

• Elle a repris plus tard le principe de territorialité, rattaché aux États. En 1988,
CJUE Affaire dite « Pâte de Bois ». La CJUE reprend le principe de
territorialité basé sur le DIP.

• Elle a aussi repris le principe de bonne foi ds la occlusion des conventions


internationales, et aussi ds leur exécution. Elle pèse sur les États. En ce sens,
arrêt du Trib UE en 1987 « Opel Austria ».

50
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

=>LA CJUE n’est donc pas hostile aux règles du DI, mais fait preuve de prudence. Elle
les adapte au droit de l’Union.

C) Les principes déduits de la CEDH.

La CEDH en 1950, a été signée par ts les États membres de la Communauté


européenne. Elle n’avait pas été ratifiée par la France avant 1974. Il a fallu attendre
cette année pr voir la France la ratifier. A la fin des 60’, la CJUE s’est vue invoquer la
CEDH par des entreprises qui se plaignaient d’avoir été victime d’une violation des
droits fondamentaux. Affaire CJUE « Rutili » de 1975, au sujet d’un ressortissant
italien, et qui avait dû quitter le territoire français pour des raisons énigmatiques. On
disait qu’il avait uriné sur un mémorial.

La CEDH a pu être citée par la CJUE dès 1975. En tant que source d’inspiration,
pr reconnaître un certain nombre de PGD, la Cour dit en 1986, que la CEDH constitue
« une source d’inspiration particulière », à laquelle elle attache une importance.
Lorsqu’elle traite des droits fondamentaux, elle ne peut pas faire abstraction de ce que
la CEDH a consacré. C’est une source d’inspiration « privilégiée ».

D) Les principes déduits des États membres.

La CJUE s’inspire des droits des Etats-membres, dans la mesure où l’UE est
composée des Etats de cette union, donc il est logique d’aller à la source des
concepteurs de celle-ci. De plus, le droit de l’UE s’intègre dans le droit des Etats
membres. UE ne pouvait pas se développer sans tenir compte des différents droits
nationaux et de leur évolution. La Cour a consacré des principes qui avaient une
source ds le droit des États membres.

CJUE 1957, Affaire « Algera », il a été question de consacrer un principe selon


lequel les institutions européennes peuvent retirer un acte qu’elles ont adopté, de droit
dérivé (règlement, décision), lorsqu’elles considèrent que cet acte présente des vices de
la légalité. Mais retirer un acte de l’Union, ça a des conséquences, car l’acte a créé des
droits pour tel sujet de droit. Peut soulever de grandes difficultés. La CJUE se
demandait si elle devait imposer l’annulation des actes illégaux. Système français a
été discuté devant la CJUE, basé sur les arrets CE « Dame Cachet » et « Sieur Eve ».
Ces règles n’ont pas vrmt convaincu les autres États. La CJUE a dégagé le principe de
révocabilité des actes institutionnelles illégaux au terme d’une étude de droit comparé.
Avec 27 États membres ajd, c’est difficile de faire des études comparées systématiques,
et de dégager des systèmes généraux communs.

Principe d’interdiction des abus de droit => veiller à ce que tte pratique ne
contrevienne pas à ce principe général. A été accepté par ts les États .

En même temps, certains principes peuvent être consacrés alors qu’ils


n’existaient pas ds ts les États. C’est par exemple le principe de confiance légitime,
reconnu ds un arret CJUE « Mercur ». L’administré avait mis sa confiance ds le

51
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

maintien d’une situation créée par l’Union européenne. Cette confiance lui paraissait
légitime et il ne pensait pas que la situation allait évoluer brutalement. Des
discussions ont eu lieu devant la Cour sur cette idée. Certains juristes y étaient
complètement opposé, en raison d’un risque de rigidification du droit. Le juriste
allemand a fait comprendre que ce principe existait chez les autres, mais ne signifiait
pas que le droit ne devait jamais évoluer. Au contraire, il était protecteur des
administrés contre des changements brutaux qui n’ont pas été expliqués ou annoncés,
avec des changements de situation du jour au lendemain. La CJUE a décidé de
consacrer ce principe ds le cadre de la politique agricole, en observant que la
modification d’un régime communautaire, sur des allocations versées à des
agriculteurs, qui change du jour au lendemain, ne peut pas valablement s’appliquer
=> porte atteinte à la confiance légitime qu’avaient placé les acteurs économiques ds la
règles de compensation monétaire. Ce principe était très minoritaire ds les Etats
membres.

2§ Le contenu des principes généraux du droit.

Ils ont très divers, impossible de tous les identifier. Certains ont même des sous-
principes et sous-classifications.

2 catégories de principes :

• Ceux qui visent à la régulation de l’action administrative et normative.


• Ceux qui visent spécifiquement la protection des droits fondamentaux.

A) La régulation des actes normatifs.

Perspective d’amélioration de la technique normative => ils sont adoptés en vue


d’améliorer la qualité de l’action européenne. On veut une meilleur gestion.

- Principe de bonne administration :


Il exige de la part de l’admin qu’elle agisse normalement dans ses relations avec les
autres sujets de droit. Ce principe comporte de nombreuses déclarations. On peut
reconnaître la responsabilité de l’UE quand elle a mal agi dans ses rapports avec les
administrés

- Principe de sécurité juridique :


Repose sur l’idée de certitude du droit, qui impose l’adoption d’une règle claire et
prévisible dans son application => principe régulièrement invoqué par les opérateurs
économiques, mais produits rarement les effets escomptés en raison de sa généralité.
Trib UE, affaire « Tetra » 1990 A considéré que des entreprises pouvaient s’appuyer
avec certitude sur une décision d’exemption qui avait été prise par la Commission
européenne, tant que la décision n’avait pas été abrogée expressément.

- Principe de proportionnalité :

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Exige que les obligations imposées aux différents sujets de droit soient appropriées et
nécessaires à la réalisation des objectifs énoncés, et que les moyens n’aillent pas au-
delà du nécessaire en vue de la réalisation de l’objectif défini par la réglementation en
cause. Ce principe s’applique aux obligations et aux sanctions. Cela vaut pr les États
membres comme pr les institutions.
Par exemple : l’Italie a pu imposer à tt ressortissant d’un autre état-membre d’établir
une déclaration d’un arrivant dans les 3 jours de son arrivée sur le territoire =
disproportionné. Affaire CJUE « Waxon » ??

B) Les droits fondamentaux.

A partir de 1969, reconnaissance, ds une affaire « Stauder » , sur la compatibilité


d’une décision de l’UE avec les principes généraux du droit en vigueur. La CJUE a
considéré que les droits fondamentaux des personnes faisaient partie des PGD qu’elle
consacrerait. La CJUE n’a eu de cesse de reconnaître les principes généraux du droit
qui traitaient de la question. Pr ce faire, elle s’est inspirée des traditions
constitutionnelles communes des États membres ds une Affaire « 11-70 » A partir de
1974 Arret « Nold », elle tient compte des instruments internationaux relatifs aux
droits de l’Homme, notamment les conventions internationales. La CEDH sera la
source la plus déterminante.

De très nombreux droits consacrés par la CEDH sont repris :

• droit à la vie
• liberté d’expression
• droit de propriété
• droit de se réunir
• droit d’association
• droit de manifestation

Il y a aussi des droits procéduraux :

• droit au juge
• droit au respect des droits de la défense
• droit au contradictoire

Ajd, la CJUE utilise régulièrement ces droits, mais ne consacre plus de droits
nouveaux car elle les a tous envisagé. Elle n’a plus besoin ajd de consacrer de PGD, car
elle dispose de la Charte fondamentaux de l’Union qui a valeur de droit primaire. Les
PGD sont tjrs utilisés, et viennent en complément de la Charte des droits
fondamentaux.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

3§ Les effets des PDG.

Ils s’imposent aux institutions, organes et organismes de l’Union. Ts les actes


doivent respecter les PGD. Pr cela qu’ils ont été consacrés principalement par la
CJUE. Volonté de contraindre les institutions. Il est apparu que les États membres,
quand ils mettaient en œuvre la réglementation européenne, devaient eux aussi
respecter les PGDE. Les États membres observaient que leurs actes étaient soumis à
leurs propres principes nationaux. Ils devaient respecter des principes supérieurs. Ds
un arrêt « Wachauf » 1989, elle a considéré que un État membre mettant en œuvre un
règlement agricole, devait respecter les principes généraux du droit, et surtout les
droits fondamentaux. Ils ont dû être respecté eux aussi par les États membres.

Se pose la question du caractère obligatoire et de la place ds la hiérarchie des


normes des PGD. Ils ont un caractère obligatoire, leur place a été difficile à identifier.
On a longtemps lu que les PGD avaient une force supra décrétale et infra législative,
en France. Mais malgré ces travaux et la force du droit français, il est d’autres droits
qui doivent être pris en considération si l’on veut faire du dorit européen. Les PGDE
avaient donc une valeur équivalente aux traités constitutifs, selon la CJUE ds un
arret « Kabi » de 2008, et plus tard en 2009 ds un arret « Audio luxe » => vaut pr les
principes qui consacrent des droits fondamentaux + ts les PGD. Ils font partie du droit
primaire, ils l’emportent sur ttes les sources de droit dérivé. Ils l’emportent donc sur le
droit des États membres.

TITRE II : Les caractères des sources du droit de l’UE.

Les sources du droit de l’UE sont des sources relativement classiques pour un
système aussi original, sui generis17. Justement, quand on essaye de caractériser les
sources, il faut le faire avec circonspection. Certains caractères ne sont pas des
spécificités européennes, d’autres le sont effectivement (Ex : sécurité juridique,
hiérarchie des sources etc..) Il existe des caractères résultant d’un système de droit
organisé.

Les caractères suscitant des commentaires sont des caractères qui singularisent
le droit de l’UE, ceux qui se rapportent à un système de droit particulier.

CHAP I – Les caractères résultant d’un système de droit organisé.

Hiérarchie des sources et sécurité juridique : deux éléments qui sont susceptibles
d’être constatés ds le droit de l’UE. Il existe ds ce droit une véritable hiérarchie des

17 Propre à une espèce.

54
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

sources, parce que le droit de l’UE s’inscrit ds un ordre juridique. Se caractérise par
une hiérarchie des sources de ce droit. Elles sont hiérarchisées. Il est des sources qui
sont au sommet de l’ordre juridique, d’autres qui sont au bas de l’ordre juridique. Les
1ere peuvent servir de référence ds le cadre d’un contrôle qui porte sur les secondes. Il
est possible de contester ces dernières, par rapport au droit primaire donc, les normes
d’en haut autrement dit.

Concrètement, un acte d’une institution de l’UE au bas de l’échelle, est


susceptible d’être contrôle par rapport à des sources supérieures, telles que les PGD,
les accords internationaux liant l’UE, la Charte des droits fondamentaux de l’UE, les
traités constitutifs de l’UE etc. Les sources de droit inférieur sont susceptibles de
contrôle donc. La CJUE apprécie cette hiérarchie, soit en recours direct, soit ds le
cadre d’un contrôle dit « indirect » à l’occasion d’une contestation incidente : exception
d’illégalité par exemple. Ou bien encore par le jeux du renvoi préjudiciel en
appréciation de validité. Décision CJUE 2015 « Schrems », : étudiant qui a soulevé
devant la cour irlandaise l’invalidité d’une décision de la commission autorisant le
transfert de ses données vers les États Unis. Or le système américain de protection
des données n’a pas été vérifié comme il se doit. La Commission a seulement fait une
présomption, en considérant que la protection des données aux États-Unis était
suffisante. Pas le cas en réalité.

Le second point classique est celui qui se rapporte à la sécurité juridique. Les
sources du droit de l’UE respectent les exigences de la sécurité juridique, en terme de
motivation des actes. Les actes doivent être motivés. Au delà de cette exigence, la
bonne administration imposée par la Charte des droits fondamentaux vise à l’exigence
de motivation des actes. Ils sont motivés plus ou moins précisément, abondamment,
selon les circonstance, les matières etc.. Pr être opposable, un acte doit avoir été notifié
à son destinataire, ou même adressé à l’État membre qu’il concerne, mais aussi pr
certains actes, il leur faut une publication (Art?? TFUE). Chaque jour, une page du
JOUE se rapporte aux actes pris par les institutions. Les actes de l’UE ne peuvent pas
créer des effets rétroactifs, sauf exception. Ils produisent leurs premiers effets lors de
leur entrée en vigueur. Les effets peuvent être différés. Les effets produits valent
jusqu’à la sotie de vigueur, cad l’abrogation ou leur retrait par l’auteur, qui doit rester
exceptionnel.

CHAP II - Les caractères découlant d’un système de droit


intégré.
Ces caractère ont été révélé très tot, et notamment par les arrêts « Van Gend en
Loss » de 1963 et « costa c/ Enel » de 1964. Ce sont véritablement des arrêts
fondateurs et structurant. La CJUE a affirmé que la communauté constituait « un
nouvel ordre juridique de droit international » . Elle dit qu’il s’agit « d’un ordre

55
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

juridique propre », « intégré au système juridique des Etats membres ». Il fait corps
avec les droits nationaux des différents États membres. Il s’intègre aux droits
nationaux, sans besoin de le reprendre ou le transformer.

Consécration de l’effet direct ds « Van Gend en Loss », il doit pouvoir être invoqué
par les justiciables, en vue de lui faire produire des droits, comme si il s’agissait d’une
disposition nationale, et ceci devant la juridiction nationale elle même.

La seconde consécration concerne celle de la primauté de ce droit sur les droits


nationaux. La Cour indique que l’intégration de ce droit au système juridique des
États membres a pour corollaire « l’impossibilité pour les États de faire prévaloir
contre un ordre juridique accepté par eux, une mesure unilatérale contraire ». Ils ont
mis en place un ordre juridique commun. Ce type de conséquences relève des choix
juridiques du juge de l’époque, qui ont dû réfléchir aux décisions qu’ils prenaient, pr
garantir l’existence des communautés et de l’UE. Le droit que l’on applique ajd a été
forgé par cette jurisprudence fondatrice.

SECTION I : L’effet direct du droit de l’Union européenne.

Il est défini de manière très variable par la doctrine, et n’est pas défini par la
CJUE. Chaque auteur a sa propre définition. On a par exemple l’expression
« applicabilité directe », mais aussi la notion « d’effet interne du droit », mais aussi
celle « d’invocabilité des normes européennes ». Au fond, l’effet direct désigne une
aptitude de la règle invoquée à créer des droits que la juridiction nationale saisie doit
sauvegarder. La def la plus classique apportée à l’effet direct est celle du président R.
LECOURT18 de la CJ, dans l’Europe des juges : « C’est le droit pour toute personne de
demander à son juge de lui appliquer traités, règlements, directives ou décisions
communautaires. C’est aussi l’obligation pour le juge de faire usage de ces textes
quelle que soit la législation du pays dont il relève. ». C’est une aptitude de la règle à
produire des droits au profit du justiciable, devant une juridiction nationale en charge
du règlement d’un litige.

Ce caractère d’effet direct n’est pas propre au DUE, en DIP on s’interroge aussi
sur cette question, notamment concernant les traités. En droit national, les normes ne
sont pas ttes d’effet direct, cad créatrice de droit au profit de celui qui les adopte. La
CJUE va nous fournir une réponse.

18 Homme politique et juriste français du XXe siècle, il fut député MRP, et membres des deux
assemblées nationales constituantes. Il occupa aussi des fonctions à la Cour de justice des
communautés européennes.

56
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

1§ Les fondements et critères communs de l’effet direct.

C’est la CJUE qui est compétente pr reconnaître l’effet direct de telle ou telle
norme du droit de l’Union invoquée devant une juridiction nationale, et le fait donc sur
renvoi préjudiciel de cette juridiction devant elle. Ayant des doutes, la juridiction
nationale va se tourner vers la CJUE. Celle ci a été saisie à de multiples reprises, pr
savoir si telle ou telle règle était ou non d’effet direct. Cette JP trouve des fondements
communs à ttes les normes du droit de l’Union.

A) Les fondements de l’effet direct.

En DIP, la question de l’effet direct se pose pour toute espèce de norme de droit
international, dès lors que les individus veulent revendiquer le bénéfice d’une règle de
droit international devant le juge national. C’est l’intention des parties qui est
important. C’est la Cour permanente de justice internationale (CPJI) qui a pris
position dès 1928 dans l’affaire des « Tribunaux de Dantzig » : la Cour fait référence à
l’intention des parties à l’accord dès qu’elle a été exprimée par ces parties qui ont
conclu un traité international, pour savoir s’il convenait de lui conférer ou non un effet
direct devant les juridictions nationales.

Trouve écho dans la question préjudicielle devant la CJUE, sur l’effet direct des
dispositions du CEE. Effet direct des dispositions d’un traité dans l’arrêt « Van Gend
en Loss » 1963 => arrêt le + important en droit de l’UE : le pb était que l’entreprise
Van Gend en Loos avait importé des produits chimiques aux Pays Bas en provenance
d’All, qui avait fait l’objet d’une taxation supérieure à celle imposée antérieurement ;
donc l’entreprise s’est opposée à l’administration en montrant que la disposition était
contraire à l’art 12 du CEE => disposition de « sanstil » ??, selon laquelle les Etats ne
doivent pas aggraver les situations existantes ou antérieures, donc ne pas augmenter
des droits de douane ou en créant de nouveaux. Mais l’entreprise a eu beau se
prévaloir de cette entreprise, elle n’a pas obtenu gain de cause car cet art n’a pas été
créé pour les entreprises, mais uniquement pr les Etats-membres. Cette question a été
débattue car les gouvs intervenants, qui estimaient qu’il ne devait pas y avoir d’effet
interne, et que la question avait lieu entre les États. Lorsque un État manque à ses
obligations, un autre État membre peut le rappeler à ses obligations en mettant en
ouevre une action en manquement interétatique. Si l’un des 6 commet une violation,
on peut compter sur la vigilance d’un autre.

=> Mais cette position ne convainc pas la CJUE. Ce qui est important, c’est
l’effectivité du droit. La Cour va commencer une réflexion particulière : la CJUE
dit que il y un mécanisme de renvoi préjudiciel, et que donc au départ, il y a une
interrogation devant une juridiction nationale au sujet du droit communautaire.
Ce mécanisme n’aurait pas de sens si les règles du droit de l’UE n’étaient pas
invocables. CJUE conclue que « le droit communautaire, indépendamment de la
législation des Etats-membres de même qu’il créé des charges dans le chef des
particuliers, est destiné aussi à engendrer des droits qui entrent dans leur
patrimoine juridique pour dissiper tout équivoque des droits que la juridiction

57
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

nationale doit sauvegarder ». Ce sont des droits qui entrent ds le patrimoine


juridique. La règle de droit invoquée est d’effet direct, et la consécration de droit
au profit d’une entreprise doit avoir lieu non seulement lorsqu’une attribution de
droit explicite est faite par la règle invoquée, ce qui est rarement le cas, mais
également en raison d’obligations que le traité impose de manière bien définie.
Cad application à d’autres, et notamment aux États membres. Autrement dit, elle
dit que l’effet direct vaut non seulement lorsqu’une attribution de droits explicite
et faite par le traité, mais aussi lorsque des obligations imposées par le traité de
manière bien définies. Ainsi, lorsqu’une obligation pèse sur les Etats-membres,
celle-ci est susceptible de produire des droits que pourront invoquer par les
justiciables devant les juridictions nationales. C’est l’art 12 qui impliquait des
droits au profit des États membres et des entreprises visées.

Cette orientation en vue de conférer de l’effectivité, va être confirmée au sujet des


actes des institutions, avec l’exemple des directives. Affaire « Van Duyn » de 1974,
invoquant les dispositions d’une directive britannique. Juridictions britanniques ont
répondu que les directives n’avaient pas d’effet direct. La CJUE a écarté cette position,
en disant que compte tenu de l’effet utile de la directive, il y a lieu d’admettre qu’elle
puisse être invoquée par les justiciables devant les juridictions nationales quand elles
ne sont pas respectées. C’est le fondement même de ce caractère. Pr revendiquer le
bénéfice d’une règle, il faut vérifier les critères.

B) Les critères généraux de l’effet direct.

Sont au nombre de 3, révélés par la JP « Van Gend en Loss » de 1963 : « Une


règle tirée du traité était à considérer d’effet direct dès lors qu’elle était claire, précise
et inconditionnelle ». Cela va être vérifié au sujet des actes des institutions également.

Ex de clarté et de précision : Art 12 CEE est un exemple de clarté et de précision.


Elle satisfait à cette exigence.

Sur l’inconditionnalité, on entend par là qu’elle ne doit pas être assortie de


réserve ou de délais qui ne serait pas encore échus. Cela signifie que la règle ne doit
pas être sujette à des mesures nationales ou européennes d’adaptation, de mise en
œuvre, laissée à la discrétion des autorités. Si il y a une marge de manœuvre, alors
cette règle n’est pas inconditionnelle, et ne sera donc pas d’effet direct.

2§ Les particularités propres aux différentes sources.

On peut parler d’effet direct du droit de l’Union, en observant qu’il est commandé
par la volonté de la CJUE de conférer une efficacité de ces dispositions, et à leur effet
utile attaché. C’est une utilité pratique, la CJUE reconnaît une efficacité constante de
ces dispositions. En vue de lui faire produire du droit. Distinguer entre différentes
catégories de règles, il s’agit de présenter l’effet direct des dispositions des traités
constitutifs, de la Charte, et des décisions des institutions.

58
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

A) L’effet direct des dispositions des traités constitutifs.

S’agissant de ces dispositions du TFUE ou du TUE, la CJUE a été appelée à se


prononcer sur l’effet direct de telles dispositions, s’est appuyée sur une grille de
méthode pour savoir si la disposition impose des d’obligations claires, précises et
inconditionnelles. Ce sont des éléments qui échappent aux observateurs. L’effet direct,
est une aptitude de la règle à créer des obligations auprès d’un justiciable. De tels
droits seront consacrés si l’obligation est bien précise, inconditionnelle et claire. Cette
JP n’est faite que pr répondre aux questions des juridictions nationales. Ces dernières
ne sont pas tjrs ds la capacité de dire si il y a effet direct, elles interrogent la CJUE à
ce sujet. Ces dispositions sont précises et contraignantes.

Art 107 TFUE : disposition souvent invoquée par les opérateurs économiques, au
motif qu’il déclare incompatible avec le marché intérieur, les aides accordées par les
États à certaines entreprises, ds la mesure où elles affectent les échanges entre les
États membres. Le pb tient au fait que cette disposition comporte un paragraphe, qui
introduit la conditionnalité, ds son 3e§. On a bien une conditionnalité, qui repose sur le
pouvoir d’appréciation de la commission européenne. Elle va considérer que telle aide
doit être déclarée compatible parce qu‘elle favorise telle pô européenne ou tel dvpt, ds
une mesure acceptable à ses yeux. Cette appréciation sera évaluée. Ce pouvoir
discrétionnaire d’appréciation l’art 107 du TFUE d’effet direct. On ne peut pas agir
contre l’État en disant qu’il a enfreint l’art 107. Tt cela est affaire d’appréciation.

En revanche, l’art 108 TFUE ds son §3, indique que « l’État membre intéressé,
ne peut mettre à exécution les mesures projetées avant que cette procédure ait aboutie
à une décision finale ». Arret « Lorenz » de 1973, CJUE a reconnu l’effet direct de cette
disposition du traité. Elle est claire, précise et inconditionnelle.

Quand il est prévu par la disposition elle même un pouvoir de dérogation, l’effet
direct est il possible ? Lorsque le pouvoir d’appréciation est + restreint, la
reconnaissance de l’effet direct se pose davantage, surtout lorsque le traité accorde le
pouvoir de déroger à une disposition : par exemple, l’art 34 du TFUE interdit l’entrave
entre les échanges de marchandises entre les Etats (clair – précis – inconditionnel),
mais l’art 36 permet d’y déroger (pr des raisons d’OP, sécurité pub etc…) => cela suffit-
il à priver l’art 34 de tt effet direct ?
 La CJUE a observé que certes il y avait au profit des Etats des dérogations
possibles, mais que celles-ci étaient fortement encadrées, notamment par
une exigence de nécessité – proportionnalité – non-discrimination ; et que
compte tenu de cet encadrement, le pouvoir des États membres n’était pas
discrétionnaire. L’art 36 n’a pas établi une réserve au profit des États, et ne
prive donc pas d’effet direct l’art 34.
 Ici, il s’agit d’un effet direct horizontal : car les dispositions peuvent être
invoquées par des individus ou une entreprise, contre une autre entreprise, à
condition que la disposition s’y prête. Par exemple : art 101 du TFUE avec
obligations qui pèsent sur les entreprises. => Arrêt CJUE « Esso » 2009

59
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Effet vertical = toutes les dispositions reconnues d’effet direct par la CJUE ont un
effet direct vertical. Elles peuvent être invoquées par un particulier à l’encontre de
l’autorité publique (ascendant).

Effet horizontal = invoquées à l’encontre d’un individu par un individu. La


disposition en cause doit être prise en compte. Il y a des dispositions prévues pr être
invoquées pr des particuliers contre des particuliers. Par exemple, art 101 TFUE donc,
sur l’interdiction des ententes entre entreprises. Peuvent être invoquées par une
entreprise contre une entreprise. JP CJUE « T-mobile » de 2009. Telle disposition peut
être invoquée par une personne à l’encontre d’une autre personne. Encore un exemple,
concernant la règle posée à l’art 45 du TFUE sur la libre circulation des travailleurs,
assurée à l’intérieur de l’UE. Implique l’abolition de tte discrimination sur la
nationalité. Entre un opérateur et un individu, est ce que ça peut être invoqué ? OUI
La CJUE a reconnu l’effet horizontal direct de cette disposition. Autre exemple, relatif
à Art 108 §3 dernière phrase, sur les aides d’État, interdisant aux États membres de
mettre en œuvre leur projet tant que la Commission n’a pas pris sa décision finale.
Peu de juristes avaient pensé à un effet direct horizontal. Il est arrivé qu’une
entreprise invoque une disposition contre une autre disposition. Arrêt CJUE « SFEI c/
Chronopost » 1996, ds une affaire soumise au T de Paris. Activité concurrencée par le
fait que la Poste avait recours à Chronopost. La poste mettait à disposition ses
véhicules de transport au bénéfice de la société Chronoposte, T de commerce de Paris,
déstabilisé, et il y a eu une demande déclinatoire de compétence car on voulait que ça
soit la JA qui juge. Mais la JJ a fait un renvoi préjudiciel à la CJUE. => Enjoindre à
Chronopost de rembourser l’aide de plusieurs milliards à la Poste. La CJUE, après 10
ans de bataille entre les différents protagonistes, va observer que la disposition en
question a un effet direct horizontal. Une E peut l’invoquer contre une autre E donc.

B) L’effet direct des dispositions de la Charte.

La JP de la CJUE a pris position de manière explicite pour reconnaître ou dénier


à telle ou telle dispositions de la Charte un effet direct, cad une possibilité pour les
justiciables de s’en prévaloir devant une juridiction.

Il faut se poser la question de la clarté & précision de la règle, et celle de


l’inconditionnalité de la règle :

- S’agissant de la clarté & précision, certains articles de la charte n’établissent as


les droits et obligations de façon suffisamment claire et précise. Ces art ne
pourront pas faire l’objet d’une revendication devant une juridiction nationale,
cad qu’ils NE SERONT PAS d’effet direct. Pour illustrer : art 38 de la Charte
sur la protection des consommateurs : le justiciable devra se prévaloir d’une
disposition, d’un règlement, ou d’une directive pr défendre ses intérêts de
consommateurs.

60
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

- S’agissant de l’inconditionnalité imposée pr tte espèce de norme d’effet direct,


les dispositions de la charte ne sont pas ttes inconditionnelles : certaines
accordent implicitement ou explicitement un pouvoir aux Etats-membres ou aux
institutions d’y déroger.

=> L’existence de dérogations conduit-elle à empêcher l’effet direct ? La plupart des


dispositions qui consacrent des droits fondamentaux sont susceptibles de donner lieu à
des condamnations. Par exemple, art 17 sur le droit de priver une personne de sa
propriété dans certaines conditions. Si la dérogation est suffisamment encadrée,
l’existence d’une dérogation ne suffit pas à priver le droit fondamental auquel elle
s’applique d’effet direct.

➔ Par exemple, l’art 52 indique que « Toutes limitation de l’exercice des droits et
libertés reconnus par la charte, doit être prévue par la loi. […] Respecter le
contenu essentiel, et dans le respect du principe de proportionnalité » => cet art
établit des conditions comparables à celle de l’art 36 du TFUE, cad qu’il limite
considérablement le pouvoir des Etats-membres dans la mise en œuvre des
dérogations : ils ne disposent pas d’un pouvoir discrétionnaire pr déroger à un
droit fondamental => donc ces droits sont d’effet direct.

En revanche, certaines dispositions font expressément référence au pouvoir soit


des Etats, soit des institutions. Ces dispositions figurent dans les titres II – III – IV de
la charte.

➔ Par exemple, au sujet de la sécurité sociale, « le droit d’accès aux prestations de


sécurité, se fait selon les modalités établies par le droit de l’union et les
législations et pratiques nationales » => cet art 34 n’est pas inconditionnel, en
ce sens qu’il prévoit que ce sont aussi bien les institutions de l’Union que les
Etats qui mettent en œuvre ce droit à la protection au titre de la sécurité
sociale. Donc un justiciable qui se prévaudrait de l’art 34 pr demander le droit à
la sécurité sociale se verrait refuser sa demande au motif que l’art 34 n’est pas
inconditionnelle, et doit donc invoquer le règlement du Parlmement et du
Conseil. Cet art 34 permet d’associer les règles précises contenues dans le droit
dérivé, de les renforcer, leur donner du sens.

Effet direct horizontal : droit fondamental de la charte invoqué par un individu contre
un autre.

La CJUE dans une affaire de 2014 « association de médiation sociale » : la


question était de savoir s’il y avait lieu d’appliquer ou non l’art 27 qui prévoit un droit
à l’information et à la consultation des travailleurs au sien de l’entreprise. Cette
disposition a donné lieu à un renvoie préjudiciel à la CJUE, qui a estimé que cette
disposition ne créait pas un droit au sens strict mais un principe qui devait être mis en
œuvre par les autorités nationales. Autrement dit, c’est un droit conditionnel car ce
sont les institutions de l’Union et les Etats-membres qui vont moduler les activités des

61
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

travailleurs, donc la condition n’est pas inconditionnelle, et n’a par conséquent pas
produit de rapport entre les employés & employeurs (pas d’effet direct horizontal).

En 2018, la CJUE a accepté de reconnaître l’effet horizontal de disposition dans


les rapports entre un employé et un employeur => arrêt « Bauer » 2018 (veuve d’un
salarié qui invoque cette disposition à l’encontre d’une autre personne. Son mari était
décédé, donc pas besoin de congés payés).

Enfin si l’article 21 CDF, qui consacre le principe de non-discrimination, n’est pas


respecté par un employeur, celui-ci peut lui être opposé : arrêt CJUE 2018
« Egenberger » (effet direct de l’art 21, tte discrimination étant condamnable) en 2017.
Employeur qui a refusé une personne de 60 ans.

Donc la charte peut être revendiquée par des justiciables devant le juge national
pour remettre en cause les Etats et mm les entreprises.

C) L’effet direct des actes des institutions.

La question de l’effet direct des actes des institutions.

1- Les règlements.

Les règlements sont des actes qui en vertu de l’art 288 al.2 TFUE, sont
d’applicabilité directe. Dans cette mesure, ils ne nécessitent pas de mesure de
transposition, d’application, et se suffisent à eux-mm. Ce caractère reconnu par l’art
288 al.2 permet de considérer que les règlements sont en principe des actes revêtus de
la qualité d’effet direct.

 CJUE, 1971, arrêt de principe « Politi » : la CJUE s’est référée à l’art 288, pr
dire que le règlement est apte à conférer aux particuliers des droits que les
juridictions nationales ont l’obligation de sauvegarder. La Cour a indiqué
qu’il n’était nulle besoin de mesure de reprise des textes du règlement pr
produire des effets devant les juridictions nationales.
 Cela est réitéré dans une JP constante, arrêt CJUE « Dame Léonésio » en
1972, sur une ressortissante italienne qui avait appris que compte tenu de
l’adoption d’un règlement communautaire, l’abattage d’une vache donnait
lieu à une prime. Elle n’a rien reçu, et a saisi le juge. Demandait le bénéfice
des effets du règlement. Disposition reconnue comme étant d’effet direct.

IL est clairement admis que les règlements sont d’effet direct, JP CJUE
« Ketana » de 2012, avec la condition que ça reste ds la marge d’appréciation laissée à
l’Etat et que le règlement ne soit pas privé d’effet direct. Il peut avoir un effet vertical,
mais aussi horizontal. Notamment pr les règlements qui traitent de la protection des
données. Le juge national devra faire droit à la demande. Le règlement concernant le
transport aérien, et les droits des passagers, fait aussi l’objet de règlements invoqués

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

par des passager victimes d’un vol retardé. Ces dispositions sont d’effet direct et les
passagers peuvent s’en prévaloir.

2- Les directives.

La directive est un acte médiat (non immédiat), en ce sens qu’elle doit être
transposée dans le droit des États membres.
 Comment faire produire des effets directs à un acte qui nécessite une
transposition dans le droit interne ?

Au moment de la signature des traités, les États membres n’avaient pas


envisagés cette situation. => Arrêts CJUE « SACE » et « Franz Grad », 1970 : la Cour
de justice a indiqué que ce n’était pas pcq l’article 288 TFUE ajd n’attribue
l’applicabilité directe qu’aux règlements qu’une telle qualité a été exclue au sujet
d’autres catégories d’actes => exclusion de la méthode d’interprétation a contrario :
l’article 288 ne traite de l’applicabilité directe qu’au sujet des règlements ; si l’on s’en
tient au raisonnement a contrario, il serait aisé de dire que puisque l’un est
d’applicabilité directe expressément, l’autre n’a pas cette qualité. MAIS, cette méthode
d’interprétation littérale n’est pas retenue. => La Cour a favorisé la méthode
d’interprétation téléologique. La CJUE a levé les obstacles de principe à l’effet direct
vertical de la directive.

Arret CJUE 1974 « Van DUYN » En l’espèce, la requérante se prévalait d’une


directive concernant les mesures d’OP qui prescrivaient aux États de motiver les
mesures d’éloignement fondées sur l’OP et encadraient le recours à l’OP pour éloigner
un ressortissant d’un autre État membre. Les autorités britanniques ont refusé
l’entrée de la requérante, compte-tenu de son appartenance à une secte. La directive
précisait que les mesures d’éloignement doivent être fondées sur le comportement
personnel de l’individu. La High Court interroge la Cour de justice : est-ce que la
directive, non transposée, peut produire un effet ? La Cour de justice observe que ce
n’est pas pcq l’article 288 n’a rien prévu au sujet de la directive comparable aux
règlements, qu’elle ne peut pas produire d’effet direct. L’effet utile de la directive
serait amoindri si les justiciables ne pouvaient pas s’en prévaloir, sous certaines
conditions :
- Il y a des directives mal transposées et des directives non transposées par les
États membres, qu’il faut d’abord distinguer.
- Il faut ensuite se demander qui invoque la directive : un État, un individu, une
personne morale…
- Il faut enfin se demander contre qui on invoque la directive.

1. La directive transposée dans les délais : ou bien elle est satisfaisante et donne
effet aux obj assignés, de manière claire et efficace. C’est le cas de figure idéal.
IL suffit pour le justiciable de se prévaloir contre le texte de transposition de la
directive contre l’État qui ne l’aurait pas respecté. Il y aurait lieu de citer la
directive en tant que source de référence du texte de transposition. Le texte de
transposition doit être interprété dans l’esprit du sens recherché.

63
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

2. La mauvaise transposition : Transposition qui ne satisfait pas aux exigences


établies par une directive. De manière incomplète ou inexacte. Le justiciable
comprend que le texte national de transposition n’est pas conforme à la
directive. Peut il se prévaloir de la directive donc ?
 Arrêt CJUE de 1977 « VNO » : La CJCE a constaté qu’il n’y avait pas de
correspondance entre les 2 notions visées au titre de l’exception. Elle a
habilité le juge national à écarter l’application d’un texte national de
transposition dès lors que celui-ci dépasse le cadre précisément défini par la
directive. => liberté dans le choix des moyens mais pour parvenir au résultat
prescrit par la directive. Les États membres ne peuvent pas invoquer leur
liberté pour dénaturer le résultat voulu par les auteurs de la directive. Est ce
que une entreprise peut invoquer la directive à son profit quand le texte de
transition n’est aps conforme à la directive ? La CJUE répond positivment
donc : « IL incombe à la juridiction nationale devant laquelle la directive est
invoquée de constater si la mesure nationale litigieuse se situe en dehors de
la marge des Etats membres et d’en tenir compte pour donner suite à la
réclamation de l’assujetti ». Les autorités néerlandaises sont sorties de la
marge d’appréciation qui leur état laissé.

3. La non transposition dans les délais : Cas dans lequel l’État membre n’a pas
transposé la directive au terme du délai.
 Arrêt CJUE de 1979, « Ratti » : la directive de 1973 prévoyant un délai de
transposition de 2 ans => aurait dû être transposée au terme des 2 ans ; les
faits ont été accomplis par l’entrepreneur après le délai ; par conséquent,
puisque l’État membre n’a pas transposé la directive dans le délai prescrit, il
est permis à un sujet de droit de se prévaloir de la directive contre l’État. Un
État ne peut pas se prévaloir de sa propre faute pour poursuivre un individu
alors qu’il devait transposer un texte qu’il n’a pas transposé dans le délai.
 S’agissant de la directive de 1977, la Cour de justice a observé qu’au moment
des faits, le délai de transposition n’avait pas encore expiré. Par conséquent,
l’entrepreneur ne pouvait pas se prévaloir de la directive contre l’État avant
l’expiration du délai. Cette affaire révèle l’importance du délai. L’État
disposait encore de la liberté d’adopter son texte, jusqu’à l’expiration de la
période de transposition.
 Au cours de ce délai, les États membres peuvent-ils seulement rester passifs
ou prendre des mesures ? Le pb a été résolu dans un arrêt de CJUE 1998,
« Inter Wallonie Environnement » , au sujet d’une directive protectrice de
l’environnement. État prend une mesure ouvertement contraire à l’esprit de
la directive. On peut s’en prévaloir à son encontre, même pendant la période
de transposition, car l’État aurait manqué à son obligation de loyauté. La
Cour de justice a pris position en observant que, si l’État membre dispose
d’une certaine liberté pour prendre les mesures nécessaires au cours d’un
délai de transposition, il ne peut pas en profiter pour prendre des mesures
qui seraient expressément contraires aux objectifs de la directive pcqu’il
ferait preuve de mauvaise foi. Or, une obligation de bonne foi pèse sur les
États membres et sur les institutions de l’UE. La mesure expressément

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

contraire à la directive pourra être écartée. Certaines autorités nationales


adoptent des mesures contraires avant l’adoption de la directive : c’est de la
mauvaise foi car les États ont pleinement connaissance des propositions de
directives.

=> Il y lieu de faire une distinction sur le délai de transposition du texte.

=> Mais on doit aussi se demander qui peut invoquer la directive ? Tt sujet de droit à
l’encontre de l’autorité publique, sauf l’État qui ne peut pas le faire contre un individu.
L’effet vertical ne marche que ds le sens ascendant.

 Consacré dans un Arrêt CJUE de 1987, : La Cour de justice constate


qu’il n’est pas possible pour une autorité publique de se prévaloir d’une
directive non transposée à l’encontre d’un particulier. L’effet direct vertical
descendant est exclu par la Cour de justice.

=> Contre qui peut-on invoquer la directive ?

On peut certainement invoquer une directive contre l’Etat. Ce peut être aussi
contre une collectivité territoriale. Il importe peu que l’État ou que la CT agisse en
tant que pouvoir normatif ou que ces autorités agissent en tant qu’employeur dans un
rapport individuel avec un employé.
 Arrêt CJUE « Marshall » de 1986 : La Cour de justice a observé que
l’invocabilité d’une directive devait pouvoir jouer contre ttes les autorités
publiques, quelles que soient leur statut ou leur responsabilité. Cela permet
à tous les fonctionnaires et agents publics de se prévaloir d’une directive à
l’encontre de l’Etat ou des collectivités.
 Les établissements publics ont été visés à partir de 1990, dans un arrêt
CJUE 1990 « Foster ». La Cour de justice a observé que des EP, compte-tenu
de leurs statut et missions, pouvaient se voir opposer le non-respect d’une
directive par un justiciable.
 Cela a été confirmé dans un arrêt CJUE « Farell II » de 2017 au sujet
d’entreprises qui ne sont pas formellement des EP mais qui sont investies
d’une mission d’intérêt général et qui disposent de prérogatives de puissance
publique. Une nuance est apportée, sans que cela soit un revirement de JP.
La Cour dit en effet que « l’organisme concerné doit être soumis à l’autorité
ou au contrôle de l’État et détenir un pouvoir exorbitant. […] Cette double
exigence ne saurait être admise ». Veut dire qu’il suffit que l’entité présente
l’un de ces caractères pour qu’on puisse invoquer la directive à ce moment là.
La Ccass il y a encore 2 ans, a rendu un arrêt considérant qu’il n’était pas
possible d’invoquer une directive à l’encontre d’un organisme alors qu’il avait
des PPP. Les juridictions nationales n’ont qu’une vision approximative des
exigences de la CJUE.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Effet direct horizontal ? Peut on aller jusqu’à autoriser l’invocabilité d’une


directive par un individu contre un individu ? L’étape supplémentaire est celle de
l’invocabilité d’une directive contre un individu ou une entreprise privée.

➔ Cela a pu être exclu implicitement dans l’affaire CJUE « Marshall » de 1986. Le


pb a été posé dans un arrêt CJUE de 1994, « Faccini Dori » : La Cour de justice
observe qu’une directive ne peut pas créer d’obligations à l’égard des
particuliers. Une directive ne peut créer d’obligations qu’à l’égard des Etats. Par
conséquent, il n’est pas permis à un individu de se prévaloir d’une directive non
transposée ou mal transposée à l’encontre d’un autre particulier pour lui faire
produire des obligations. C’est une JP constante. En dépit de cette absence de
caractère obligatoire de cette directive, le juge européen soulève un
tempérament à l’exclusion de l’effet direct horizontal : l’interprétation conforme.
Le droit national invoqué par les justiciables dans un litige interindividuel doit
être interprété dans toute la mesure du possible en conformité avec la directive.
L’État, par son inaction à transposer la directive, a causé un préjudice. Il ne
faut toutefois pas donner une interprétation contra legem de la loi nationale.

➔ Confirmation dans un arret CJUE de 2014 « Papasavas » : Ressortissant


chypriote agissant contre une société dans une action qui a trait à une forme de
diffamation, et il demande une réparation du préjudice causé qui est une
diffamation à son encontre. Dit que cela est contraire à la directive 2031. Le
juge chypriote ne sait pas si il peut écarter la loi invoquée au motif que le
défendeur considère qu’elle est contraire à la directive. La CJUE maintient sa
JP, en observant que « elle a jugé constamment qu’une directive ne peut pas par
elle même créer une obligation dans le chef d’un particulier, et ne peut donc être
invoquée en tant que telle à son encontre ». Qu’une directive ne soit pas
d’obligation directe contre un particulier, c’est logique, mais qu’on ne puisse pas
l’utiliser dans un litige pour contrôler la conformité d’une loi avec la directive, le
prof n’y souscrit pas.

Dans une situation où on a un litige inter individuel, avec un effet horizontal, si


on trouve l’équivalent de la directive dans une autre source du droit (Ex : traité, PGD,
Charte), alors il faut s’appuyer sur la disposition pertinente trouvée. C’est en ce sens
que la CJUE prend position dans une affaire CJUE 2010 « IR contre JQ » : La Cour,
consciente du pb de l’absence d’effet direct horizontal, dit que plutôt que d’invoquer la
directive 2078 qui interdit la discrimination de différents types, il est possible que le
requérant se prévale ds un litige avec une autre personne privée, de l’interdiction de
tte discrimination fondée sur la religion ou les convictions qui est consacrée en tant
que principe général du droit et aussi consacré à l’art 21 de la Charte des droits
fondamentaux. Elle se base notamment sur l’arrêt CJUE « Egenberger » 2018.

S’agissant du type d’invocabilité des directives, à supposer qu’elle puisse produire


une effet direct, la finalité de cette directive peut prendre plusieurs formes basée ds la
doctrine à partir de 1970. Ils ont montré qu’il y a avait différents types d’invocabilité
d’une directive :

66
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

• Invocabilité d’exclusion => l’invocabilité de la directive contre la puissance


publique produit l’exclusion de la disposition du droit national contraire
• Invocabilité de substitution => application dans le litige la disposition de la
directive dont il se prévalait indépendamment de la décision de savoir si le droit
national prévoyait quelque chose ou non. Concrètement, cela ne joue pas. Il y a
tjrs du droit dans un système étatique : Affaire 6 sept 2018 au RU « C17-77 »
=> le conseil des pensions anglais dit qu’il n’a pas à respecter la directive. Cour
dit que cet organisme ne pouvait se prévaloir de sa qualité de personne privée,
et qu’elle devait être assimilée à l’État car elle est dotée d’une mission de SP. Le
RU a adopté une loi qui indique très clairement que le conseil en question doit
garantir le paiement des indemnités. C’est un effet direct de substitution, car
sans cette effet de la directive, il n’aurait rien eu. Ds certains cas on peut se
prévaloir d’une effet direct de substitution. Cette réponse n’est pas convaincante
selon le prof.
• Invocabilité de réparation

3- Les décisions.

L’art 288 TFUE se limite à dire que la décision est obligatoire dans tous ses
éléments et lorsqu’elle désigne des destinataires, elle n’est obligatoire que pour ceux-
ci.

La question de l’effet direct s’est posée devant la juridiction nationale pour


connaître sa décision en matière d’invocabilité de ce type d’acte. Il faut distinguer à
qui elle a été adressée :

• Adressée à un Etat membre : Ex : décision qui interdit à un État de mettre en


œuvre une aide d’État. Si il ne respecte pas cette décision, tt sujet de droit
intéressé peut se prévaloir de cette décision contre une juridiction nationale.
C’est un effet direct vertical. Ce type d’effet direct a été reconnu dès 1970, dans
un arret CJUE « Franz Grad » 1970 => il en résulte qu’une décision, à partir du
moment où elle est claire, précise, inconditionnelle, peut être invoquée par un
Etat membre pour lui faire produire des effets.

• Adressée à un individu : Ex : interdit de mettre en œuvre tel ou tel projet en


droit de la concurrence. Cette décision peut être invoquée par cet individu, mais
sans grand intérêt si elle lui est défavorable. Si au contraire, elle lui est
favorable et l’autorise à mettre en œuvre un projet, il peut s’en prévaloir contre
une JN, contre une personne qui ne voudrait pas lui donner effet, et notamment
un État. Il est possible qu’un tiers intéressé invoque la décision dans un litige
contre le destinataire de la décision, notamment si elle lui a imposé une
contrainte.

67
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

SECTION II : La primauté du droit de l’Union européenne.

La primauté est l’un des caractère fondamentaux du DUE, en ce qui concerne la


prééminence de ce droit à l’égard des droits nationaux. La primauté du DUE a souvent
été présentée dans la doctrine comme une condition existentielle du DUE. Ce type
d’affirmation, repose sur des apports jurisprudentiels indéniables, et notamment sur
la consécration de ce principe dans CJUE 1964 « Costa c/ Enel ». C’est effectivement
ds cet arrêt que la CJUE a dégagé des principes de primauté du droit communautaire
sur le droit national. Ce principe a une portée considérable. L’exigence de primauté
aurait pu être reprise dans les traités, mais n’a pas été le cas.

Les États membres se sont demandés si il était bon ou non d’inscrire l’exigence de
primauté comme ça aurait été le cas ds le traité constitutionnel pour l’Europe avorté.
Mais si on faisait ça, on aurait un nouvel échec au stade de la ratification du traité. =>
Choc populaire, car on verrait son propre droit national devenir inférieur au droit
européen. Donc les TUE et TFUE ne font plus référence à cette exigence.

Toutefois, un compromis a été retenu, établissement une déclaration annexée aux


traités constitutifs : déclaration n°17 relative à la primauté : « La conférence
intergouvernementale rappelle que les traités et le droit adopté par l’union sur la base
des traités, prime le droit des États membres dans les conditions définies par ladite
jurisprudence ». Les États membres montrent leur attachement à l’exigence de
primauté tel que consacré ds l’arrêt « Costa c/ Enel ». Ce dernier étant d’ailleurs cité
dasn cette déclaration. Il reste que, il y a bien une reconnaissance de l’œuvre JP de la
CJUE.

Le principe de primauté a été dégagé dans cet arret « Costa c/ Enel » 1964 qui est
l’un des plus grands arrêt avec CJUE 1963 « Van Gend en Loos ». CJUE « Costa c/
Enel » 1964 =>

➔ Faits : affaire opposant M. Costa contre E.N.E.L, l’organisme gérant l’électricité


en Italie. Il a considéré que le monopole d’ENEL instauré par une loi était
contraire à l’art 37 du CEE, ajd TUE. Cet article a été invoqué pour que l’on en
tire pleinement les conséquences devant le juge. Costa était un avocat du
barreau de Milan.

➔ Procédure : Le juge de Milan a décidé d’interroger la CJUE. Le gouv italien a


opposé bcp d’obstacles à la solution de la CJUE. Voulait que la demande soit
irrecevable.

➔ Solution : Mais La CJUE balaie ttes ces objections, en précisant bien qu’elle NE
PEUT PAS statuer sur la validité d’une loi au regard du traité. Mais elle dit tt
de même qu’elle peut interpréter le traité. Elle saisit l’occasion de statuer sur la
primauté. Elle observe que les États ont accepté de limiter leurs droits
souverains, créant un corps de droit applicable à eux mêmes et à leurs citoyens.
Compte tenu de cette intégration du droit européen ds les droits nationaux, les

68
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

États ne peuvent pas faire prévaloir « contre un ordre juridique accepté par eux
même, une mesure unilatérale ultérieure. Ils on accepté par voie du traité, de
restreindre leurs droits souverains », et se sont imposés volontairement des
contraintes. Comme ne pas maintenir un monopole à caractère obligatoire.
Compte tenu de cela, ils doivent respecter leurs engagements, et si ça n’était
pas le cas, cela mettrait en péril la réalisation des buts fixés ds le traité. Si un
État adopte un texte ds sa législation elle même, différente des exigences
européennes, l’effectivité du DUE peut être anéanti. D’où le principe de
primauté imposé. La prééminence du droit communautaire est confirmée par un
article du traité, l’art 288 TFUE qui mentionne les différentes catégories d’acte
et qui dit que le règlement est obligatoire dans tous ces éléments. Cela confirme
que les auteurs du traité ont voulu que certains textes, notamment ceux pris
par la voie de règlement, contraignent les États membres. Globalement, c’est un
arrêt saisissant qui affirme la primauté du droit comme un principe.

1§ Les exigences de la CJUE.

A) Les sources visées.

Il suffit de se référer à l’arret CJUE « Costa c/ ENEL » 1964 pour comprendre


que la primauté joue pour ttzs les dispositions des traités constitutif et pour le droit
dérivé. La JP va montrer que ce principe joue aussi à l’égard du droit dérivé, qu’il
s’agisse de règlements, de directives ou de décisions. Il va jouer aussi s’agissant des
PGD et va s’appliquer aux dispositions de la Charte des droits fondamentaux. IL va
s’appliquer aussi aux accords internationaux liant l’UE. Ttes les sources du DUE sont
amenées à primer le droit national, et ceci à l’égard de tte les règles de droit national.
La cour indique que cela s’applique aux textes de DN « quels qu’ils soient ». Même un
texte de nature constitutionnelle.

Dans une affaire CJUE 1970 « Internationale Handelgeselschaft » : des


juridictions allemandes se sont interrogées sur la compatibilité d’un acte de droit
dérivé en matière agricole avec la loi fondamentale consacrant notamment le droit de
propriété. Elles ont interrogé la CJUE avant de se prononcer. La CJUE a observé
qu’une règle, fût-elle de nature constitutionnelle, ne peut pas faire échec à
l’application du droit communautaire, quelle que soit cette règle. Donc même pr les
règles nationales constitutionnelles, le DUE prime. malgré les critiques, ce principe JP
sera confirmé. Par exemple, ds une Affaire CJUE 2010 « Winner Wetten », la Cour de
justice reprend à l’identique l’affirmation dégagées en 1970.

➔ Cette JP a été restreinte dans sa force, à partir de 2019. Il découle d’un


important arrêt de la CJUE 24 jui 2019 « Poplawski ». La primauté du droit de
l’UE peut être conditionnée par la reconnaissance de l’effet direct de la règle de
droit de l’UE qui est invoquée par le justiciable. Concrètement, une règle dotée
d’effet direct peut primer le droit national ds un litige apprécié par la législation
nationale, alors qu’une règle sans effet direct, ne serait pas susceptible de

69
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

primer le droit national ds un litige. = Réduit la primauté donc. En l’espèce,


c’était une affaire de mandat européen, pour arrêter un suspect aux Pays Bas.
Une décision cadre sur les mandats n’étant pas d’effet direct, l’exigence de
primauté ne s’appliquait pas. Cela vaut aussi pr les directives, qui ne peut pas
être invoquées à l’encontre d’un autre individu. Et donc, un individu ne peut pas
demander au juge d’écarter la loi contraire à la directive alors même qu’il se
prévaut de la directive pour incompatibilité de la loi à celle-ci. => Empêche le
jeu de la primauté. Aboutissement du principe de la primauté. Ce n’est qu’un
palliatif.

Régression de la JP de la CJUE, animé par des prises de position, avec un certain


nombre de réactions des États membres.

Arret CJUE 2019 « Powplaski » a créé une zone d’ombre, et n’a d’effet que devant
les autorités nationales et ds certaines circonstances.

B) Les autorités concernées.

La primauté s’impose à toutes les juridictions nationales, dans tous les litiges.
Les juridictions nationales doivent établir une hiérarchie aux fins de la réalisation du
litige et écarter les normes nationales qui paraissent contraires au droit de l’union
européenne. La primauté consiste à imposer une priorité dans l’application de la
norme. La CJUE n’a jamais entendu établir une sorte de pyramide nouvelle. Ce n’est
nullement son intention, ni nullement sa mission. Ce qu’elle a voulu conserver c’est
l’unité de l’UE, et pour ce faire, les autorités ne doivent pas opposer des normes
unilatérales à un droit communément accepté.

➔ Ce principe, selon lequel la primauté s’impose, a été rappelé dans un arrêt


CJUE du 4 décembre 2018 « Ministre de la justice et de l’égalité », concernant
un problème d’égalité en Irlande. Saisine de la Commission des relations
professionnelles, conformément à une directive 2078 de l’UE. Le texte a du être
transposé en droit national. Une victime de discrimination saisie cette autorité
irlandaise, et la commission est dans l’impossibilité d’écarter elle même une
disposition législative qui lui paraîtrait contraire au DUE. Un recours est formé
contre la décision de cette commission, et le juge interroge la CJUE, sur la
question de cette incapacité de cette commission admin d’écarter un texte de loi
contraire au DUE. Cet acte important est réservé au juge de la High Court19, en
vertu de la constitution irlandaise.

➔ Solution : La Cour va dire que ce n’est pas conforme, parce que l’exigence de
primauté pèse sur toutes les juridictions nationales. Cette primauté joue à
l’égard des autorités législatives, exécutives et judiciaires. L’A en tant que telle,
sous n’importe quelle forme, peut porter l’affaire devant la High Court, qui fera
le nécessaire.

19 Cour Suprême irlandaise.

70
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Ce type d’arrêt produit des effets importants. Le législateur a la responsabilité de


ne pas voter des textes en contrairiété avec le droit de l’UE.

Les juridictions nationales se sont vue investie de ce pouvoir d’écarter les normes
contraires au DUE, et de le faire immédiatement. Arret CJUE 1978 « Simmenthal » =
Le pb s’est posé au milieu des 70’s : entreprise en Italie qui importe des animaux,
produits dérivés d’animaux => Des taxes sont pratiqués sur l’importation en Italie de
produits venant d’un autre Etat membre. Le juge italien disait que c’était au juge
constitutionnel de vérifier l’existence d’une conformité ou non avec le droit
communautaire. Surtout que la CJUE s’était prononcée sur le fait de l’interdiction des
taxes équivalentes à des droits de douane. Pb : les autorités italiennes font payer aux
entreprises le coût du contrôle. La CJUE a dit que si les Etats étaient autorisés à faire
le contrôle, c’était une entrave aux échanges sur le fondement de l’art 36 TFUE => pas
question de faire payer des taxes qui se rapporteraient au prix du contrôle. Toute loi
qui parait contraire à la C° doit être déférée à la Cour constitutionnelle italienne car
elle serait nécessairement contraire à la C°. Interrogation la CJUE pour savoir si c’est
conforme au droit communautaire le fait d’attendre la suppression de la loi par son
auteur ou une prise de position de la cour constit italienne. La CJUE va constater que
le juge national au moment où il statue, doit être en mesure de faire tout ce qui est
nécessaire pour apprécier la compatibilité du droit national avec le droit européen et
écarter le cas échéant la règle nationale incompatible avec le droit européen. L’un des
arrêts les plus importants et les plus rigoureux sur cette question de la primauté.

Cette JP est souvent mal ressentie par les juridictions nationales. Qu’en est-il des
autres Etats membres ?

2§ Les réactions des juridictions françaises.

Art 55 de la C assure la supériorité du traité sur la loi sous réserve de conditions


de ratification, de réciprocité, et de régularité. Il n’y aurait pas lieu de faire primer un
traité si il ne s’appliquait pas de manière réciproque. Cette exigence de supériorité a
été appréciée par les juridictions, tant admin que judiciaires, avec des difficultés pour
les juridictions administratives.

En effet, cette dernière a bcp évolué, et il faut partir de sa décision radicale => Le
CE a pris position le 1er en 1968, dans l’affaire « syndicat général des fabricants de
semoule de France » : Il s’agissait de prélèvements organisés en France, prétendument
au règlement de 1962 applicable à un certain nombre de denrées de l’agriculture.
Normalement, le juge aurait dû examiner les mesures administratives au regard du
règlement européen, et considérer qu’ils étaient incompatibles avec le DUE. Mme
Nicole QUESTIAUX20, a indiqué que le JA serait amené à apprécier la compatibilité de

20 Haut fonctionnaire et femme politique française du XXe siècle. Fut ministre de la Solidarité
nationale entre 1981 et 1982 sous la 1ere présidence de François MITTERAND. Elle était
rapporteur public dans la fameuse affaire des « semoules de France », posant le principe selon
lequel la conformité avec ledit traité n’est pas une question susceptible d’être discutée devant le JA.

71
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

la loi au regard d’une norme de droit européen, ce qui lui était impossible de faire. Le
JA ne pouvant PAS écarter une loi contraire à une norme prétendument supérieure,
cela n’entrait pas dans ses fonctions. Cette position était pleinement fondé, et le CE a
suivi ces CCL.

Donc, si ce n’est pas le CE qui fait respecter le principe de primauté du droit


européen sur la loi, c’est le C.constit qui le fera => affaire CC « IVG » en 1975 : le
C.constit a, sur le fondement de l’art 61 de la C°, accepté d’examiner la loi par rapport
à la C° (pcq c’est sa fonction), en revanche, il REFUSE d’examiner la compatibilité de
la loi avec la CEDH, car il considère que ce contrôle de la conventionnalité n’équivaut
pas à un contrôle de constitutionnalité, et que ce n’est pas son rôle. La réciprocité
exigé dans le contrôle de conventionnalité n’est pas du ressort du C.constit. La
prétendue incompatibilité d’une loi avec un texte international ne signifierait pas pr
autant que la loi est contraire à la C°, or sa mission est d’apprécier cette conformité de
la loi avec la constitution. IL ne l’a pas fait s’agissant de la CEDH. Le contrôle de la
constitutionnalité de la loi exigeait le contrôle du DUE avec la Constitution. Sorte
d’habilitation des juges FR d’apprécier la compatibilité de la loi avec les conventions.

La C.cass a donc pris position à son tour, dans un arrêt d’assemblée « café
Jacques Vabre » en 1975 : elle prend position s’agissant de la compatibilité d’une loi
française avec le traité, en se fondant sur l’art 55 de la C°. L a C.cass considère qu’une
loi contraire au traité doit être écartée en raison de cette contrariété.

Pr autant, le JA n’a pas pris immédiatement cette voie. A la suite de cet arrêt,
on voit une divergence entre la C.cass qui accepte de contrôle la comptabilité entre une
loi (mm postérieure) et le traité, et le CE qui refusait cela. Le CE a donc à nouveau
rendu des décisions +++ : il rend l’arrêt « UDT » en 1979. Cette position est devenue
particulièrement intenable.

Par ailleurs, une position du C.constit est adoptée en 1988 : il examine un litige
qui porte non pas sur un contrôle préalable de constit, mais sur le contentieux
électoral. Dans ce contentieux, il doit se comporter comme un juge ordinaire,
compétence fondée sur l’art 59 de la C°. Donc en tant que juge ordinaire, il apprécie la
loi par rapport au droit européen : affaire 1988 « assemblée nationale circonscription
du Val d’Oise » : il accepte pr la première fois d’apprécier la loi avec la CEDH, car il est
juge électoral.

Puis, la révolution a lieu s’agissant du CE en 1989 : affaire « Nicolo » =>


tournant dans la JP. Affaire qui consistait à remettre en cause en recours formé par
Mr Nicolo, pr dire que c’était le CE qui était compétent et non le C.constit. Le
commissaire propose au CE de revoir sa JP, à travers des CCL remarquables. La
théorie de la loi écran n’était plus adaptée aux circonstances : il faut donc vérifier
devant le juge ordinaire la compatibilité de la loi avec un traité, pr des raisons
d’opportunité. Donc le CE accepte d’examiner la loi électorale avec une disposition du
traité portant sur le champ d’application territorial du droit européen. Sur la
compatibilité d’une loi postérieure au traité. Cet arrêt a été commenté dans ttes les

72
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

revues juridiques de France, ce qui n’avait jamais été le cas auparavant. => sorte de
révolution dans la JP administrative.

En 1990, le CE accepte de vérifier cette fois une loi, par rapport à un règlement
européen (cad acte unilatéral d’une institution) : CE 1990 « Boisdet » le CE rejette le
recours car ne voit pas d’incompatibilité entre la loi et le règlement. On s’inquiète =
car il ne voit jamais d’incompatibilité. Mais : En 1992, dans l’arrêt CE « Rothmans » et
CE 1992 « Arizona Tobacco Philip Morris » => qui contestaient un acte ministériel
refusant une augmentation du prix des cigarettes, fondé sur un décret lequel décret
fondé sur une loi française. Tout cet ensemble état contestable au regard d’une
directive européenne, qui indiquait que le prix du tabac était fixé par les entreprises
concernées. Il y avait une incompatibilité entre le dispositif français et une directive de
1977, qui prévoyait que les prix du tabac étaient déterminés librement par les
producteurs et importateurs, avec ensuite des taxes multiples. Philip Morris dit que
cette exigence n’est pas du tt respectée par le L. Le CE commence par examiner la
compatibilité de la loi avec la directive, et en constate une incompatibilité. Les
mesures du ministre ne sont PAS conformes à la directive donc.

Va même aller plus loin en examinant la compatibilité de la loi avec des PGDE.

Pour autant, un verrou demeure, tant devant la JA que devant la JJ : celui de la


Constitution FR. Hypothèse : Si la loi est conforme à la Constitution, et que la
disposition internationale n’est pas compatible avec la Constitution, alors rejailli un
pb de choix. Tant la Ccass que le CE considèrent qu’une convention internationale ne
saurait primer la constitution ds l’ordre interne : Arrêt CE « Sarran » 1998 / Arret
Ccass « Fraisse » de 2000. Au fond, les J FR se prononcent comme la CJ au sujet de
l’UE : une convention de droit international ne saurait faire échec à la C° FR, et CJUE
dit que la C° ne fait pas échec au DUE.

Pb qui s’est posé dans l’arret CE 2007 « Arcelor » : ce qui était remarquable dans
cet arrêt : concernant le droit de l’environnement : dans cette affaire, est attaqué un
acte réglementaire administratif pris sous la forme d’un décret, dont on conteste la
constitutionnalité. Le pb est que ce décret est fondé sur une directive (celle de 2003,
sur un échange de gaz à effet de serre). Le décret étant conforme à la directive, était
contesté au regard de la Constitution FR. C’est intéressant car au fond se pose la
question de savoir si la directe fait écran au contrôle du décret par rapport à la
constitution. Il dit que dans ce types de situations, il y a lieu de se demander si on
trouve ds le DUE des garanties équivalentes à celles de la C°. Si on en trouve en effet,
alors il y a lieux de se demander si la directive est ou non conforme, non pas à la
Constitution mais au DUE, puisque la Charte et les PGD contiennent les mêmes
garanties du droit FR. Pr ce faire, le CE doit interroger la CJUE en appréciation de
validité de la directive, car il n’est pas compétent dessus. SI on ne trouve rien dans le
DUE d’équivalent aux normes constitutionnelles, ds ce cas on examine le décret par
rapport aux règles constitutionnelles directement, et on oubliera que le décret a été
pris sur le fondement d’une directive qui continuera de vivre.

73
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

PARTIE II : LE CONTENTIEUX DU DROIT EUROPEEN

Le contentieux du DUE doit être précisément défini. Le contentieux désigne


l’ensemble des litiges dont le règlement est soumis à une juridiction. Le contentieux
n’est pas un litige ou une procédure. Il y a plusieurs types de contentieux : contentieux
administratif, constitutionnel, commercial, international.
On parlait de contentieux communautaire et on parle aujourd’hui du contentieux du
droit de l’Union européenne.
 De quoi s’agit-il ?

- S’agit-il des litiges relevant de la CJUE ?


Cette conception du contentieux a indéniablement des avantages. Elle permet de
circonscrire précisément ce contentieux. Le critère de la juridiction compétente est
opératoire. Cette conception occulte le contentieux du DUE qui relève des juridictions
nationales. Les juridictions nationales sont des juridictions de droit commun du DUE
et tranchent régulièrement des litiges qui se rapportent à des problèmes du DUE. La
Cour de justice prend souvent position parce que ces juridictions nationales l’ont
sollicitée dans le cadre d’un renvoi préjudiciel.

- S’agit-il des litiges opposant l’Union à d’autres sujets de droit ?


C’est une vision très réductrice des litiges pcq les litiges relevant du DUE ne
consistent pas toujours à opposer l’UE à un autre sujet de droit. Il peut s’agir de litiges
qui opposent une administration nationale à un individu (par exemple, affaire CE
1978 « Cohn-Bendit »).

Y a-t-il contentieux du droit de l’Union à partir du moment où une règle du DUE


est applicable dans un litige soumis à une juridiction ? On élargit ainsi
considérablement le spectre du contentieux du DUE. Tous les auteurs ne retiennent
pas cette conception du contentieux du DUE.

Le contentieux du DUE relèverait ainsi aussi bien de la Cour de justice de


l’Union que des juridictions nationales.

La lecture de l’article 19 du TUE nous conforte dans cette perception : « La Cour


de justice de l’Union assure le respect du droit dans l’interprétation et l’application
des traités. Les États membres établissent les voies de recours nécessaires pour
assurer une protection juridictionnelle effective dans les domaines couverts par le
droit de l’Union Européenne ». Ce paragraphe vise à rendre compte de l’importance du
rôle des juridictions nationales dans la sauvegarde des droits des justiciables qui

74
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

invoquent le DUE. Cet énoncé vise à contraindre les États à mettre en place des voies
de recours qui répondent effectivement à la hauteur des revendications fondées sur le
DUE. Cet article 19 est contenu dans un titre relatif aux institutions de l’UE. Une
juridiction nationale n’a pas sa place dans un tel titre puisqu’elle est une institution
nationale. En consacrant un seul article à la Cour de justice, les auteurs du traité ont
éprouvé la nécessité de faire référence aux recours qui sont formés devant les
juridictions nationales. Cela a été fait pour rendre compte de l’importance de ce
contentieux national et imposer une protection juridictionnelle effective dans le cadre
de ce contentieux.

Le contentieux du DUE relève donc de 2 types de juridictions :


- les juridictions nationales
- la Cour de justice de l’Union.
=> La logique du DUE impose une répartition des compétences entre ces 2 types de
juridictions : il ne peut pas y avoir de chevauchement.

Cela explique qu’il n’y a pas d’exigence d’épuisement des voies de droit nationales
en vue de saisie la CJUE (≠ CEDH : les juridictions nationales et la CEDH sont
également compétences pour constater et sanctionner des violations des droits
fondamentaux).

Les compétences des juridictions nationales et celles de la CJUE sont


radicalement différentes :
- Les juridictions nationales sont compétentes pour contrôler le respect par les
autorités nationales du droit de l’Union. => Les juridictions nationales sont
considérées comme des juges de droit commun du DUE.
- La Cour de justice est principalement compétente pour examiner le respect du
DUE par les institutions de l’Union. La liste des recours relevant de la
compétence de la CJUE a été établie dans le TFUE au sein de la section
consacrée à la Cour de justice : on trouve :
o le recours en constatation de manquement d’État membre aux articles
258 à 260.
o L’article 263 se rapporte au recours en annulation contre les actes des
institutions de l’Union.
o L’article 265 se rapporte au recours en carence dirigé contre les
institutions de l’Union lorsqu’elles n’ont pas accompli leurs obligations.
o Le recours en responsabilité extracontractuelle de l’UE se trouve à
l’article 268 et permet de mettre en cause la responsabilité
extracontractuelle de l’Union dès lors que l’une de ses institutions a causé
un préjudice à un individu ou à une entreprise.
o L’article 272 prévoit la responsabilité contractuelle de l’Union.
o Il y a d’autres recours possibles devant la CJUE (manquement des
membres de la Cour des comptes ou de la Commission par exemple).
 Les traités prévoient une liste de recours qui relèvent de la compétence de la
CJUE. Tout ce qui n’est pas attribué expressément à la Cour de justice
(compétences d’attribution) relève des juridictions nationales.

75
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

TITRE 1 : Contentieux européen relevant des juridictions


nationales.
Les juridictions nationales sont les juridictions de droit commun du droit de
l’Union européenne. Cette expression a été utilisée par le Tribunal de l’Union
européenne dans une décision TUE, 1990, « Tetra Pak » (« les juridictions nationales
sont les juridictions de droit commun du droit communautaire »). Les juridictions
nationales sont à même, en fonction de leur compétence fixée par les droits nationaux
de trancher des litiges dans le cadre duquel une règle du droit de l’UE est invoquée.
Cette mission impose, dans un certain nombre de cas, de coopérer avec la CJUE en
vue d’obtenir des éclaircissements sur le droit de l’UE et parfois d’obtenir une
appréciation de la validité d’une règle de droit de l’UE.

CHAPITRE 1 : Cadre juridictionnel national et exigences


européennes.
Les juridictions nationales qui sont amenées à trancher des litiges dans le cadre
duquel une règle de droit de l’UE est invoquée, demeurent soumises aux règles de leur
État. Elles sont soumises à leur constitution et aux lois pour la procédure, elles ne
peuvent faire abstraction du cadre juridictionnel national dans lequel elles évoluent.

Pour autant, appliquer le droit de l’UE suppose d’en comprendre la logique et la


finalité. Les juridictions nationales doivent tenir compte de certains impératifs de l’UE
attachés aux valeurs de l’UE et notamment celle d’Etat de droit, de respect des droits
fondamentaux.

Équilibre difficile - entre respect du cadre national et respect des exigences


européennes.

SECTION I : Le respect des règles nationales d’organisation et de


procédure.

Les juridictions nationales exercent leurs compétences en fonction des règles


définies par leur Etat - par la Constitution, la loi, des textes administratifs etc. Ainsi,
celles-ci sont définies par le droit national dans lequel elles évoluent. Le droit de l’UE
ne définit pas les compétences des juridictions nationales ou les règles de procédure
nationale car aucune compétence n’a été attribuée à l’UE pour le faire. Il n’aurait pas

76
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

été envisageable que les juridictions nationales se démunissent à ce point et la CJUE


a été amenée à le constater.

A) Les règles de compétence des juridictions.

Logique particulière à chaque État membre - cette logique est généralement le


fruit de l’histoire de chacun des États. Ainsi, ces règles de compétence ne peuvent pas
être remises en cause

CJCE, 1968, « Sal Goil » (renvoi préjudiciel initié par la Cour d’appel de Rome) :

➔ Faits : la juridiction nationale italienne a interrogé la Cour de justice sur


l’interprétation des articles 30 et suivants concernant la libre circulation pour
en connaître le sens et a souhaité savoir si ces articles étaient d’effet direct ou
non, i.e. s’ils pouvaient être invoqués par une société à l’encontre de l’autorité
publique.

➔ Procédure : La Cour d’appel est allée plus loin : elle a demandé si les droits de la
société tirés de ces articles des traités étaient des droits subjectifs ou des
intérêts légitimes. Question centrale en Italie qui commande la répartition des
compétences entre les juridictions de l’ordre judiciaire et administratif. L’avocat
général a mis en garde les juges européens : cette question précise relève de la
seule compétence de l’État.

➔ Solution : La CJUE a entendu cet avertissement et a observé expressément qu’il


appartenait aux États membre de désigner les juridictions compétentes pour
l’examen des litiges dans le cadre desquels une question de droit
communautaire se posait.

B) Les voies de droit et les modalités d’examen des litiges.

Définies dans chaque État membre en fonction du système mis en place. Elles
ont été définies de manière à organiser le procès. La CJUE a été saisie en ce sens par
juridiction allemande.

CJCE, 1976, « Rewe Zentral »

➔ Faits : le juge allemand est saisi d’une question relevant du droit


communautaire : les justiciables contestent un certain nombre d’impositions au
regard du traité s’attachant aux taxes. Le droit communautaire est invocable
devant la juridiction allemande, mais celle-ci est convaincue d’une
incompatibilité du droit national avec le droit communautaire. Elle interroge
donc la CJUE en ce qui concerne ses propres pouvoirs.

➔ Question : La juridiction allemande veut savoir si elle peut enjoindre à l’autorité


nationale d’appliquer les exigences du droit communautaire ou si elle doit se

77
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

limiter à laisser inappliqué le droit national contraire au droit communautaire.


Cela concerne ses propres pouvoirs en ce que le droit communautaire applicable
peut faire échec au droit national.

➔ Solution : la CJUE n’a pas voulu indiquer la voie à suivre. Elle a observé que le
traité définissait des voies de droit applicables devant la CJUE et ses pouvoirs
relativement à chacune des voies de droit. Concrètement, lorsque l’art 263 du
TFUE ouvre un recours en annulation, l’un des articles suivants indique que la
CJUE a le pouvoir de déclarer « nul et non avenu » l’acte qu’elle considère
illégal. Ainsi, en rapport avec une voie de droit particulière, le pouvoir de la
CJUE a été défini. Dans ce cas de figure, le traité n’a pas entendu définir les
voies de recours et les pouvoirs correspondants des juridictions nationales. Il
appartient en conséquence aux États membres de définir les voies de droit
utilisables par les justiciables devant les juridictions nationales et de préciser
les modalités procédurales.

« Autonomie procédurale des États membres » = expression doctrinale de R.


KOVAR21. J. RIDEAU22 fait référence à « l’autonomie institutionnelle ». En effet, les
États membres disposent d’une liberté d’appréciation pour le choix des juridictions
compétentes et de leurs compétences attribuées.

Cela n’est pas sans inconvénient : il est possible pour États membres d’anéantir
des droits revendiqués par des individus. Cette autonomie doit être encadrée.

SECTION II : Obligations européennes de garantie et de protection


juridictionnelle.

Deux aspects : garantir au justiciable qu’il a accès à un juge dans son État et
que ce juge lui assurera une protection efficace.

1§ Le droit à un recours effectif.

Risque que les droits des justiciables issus du droit de l’UE ne soient pas
garantis, faute de pouvoir accéder à un juge national à partir du moment que la Cour
a confirmé en 1968 que les États membres disposaient d’une forme d’autonomie
procédurale. Le traité et les actes de droit dérivé n’ont rien prévu à cet effet, même si
dans certaines matières, certaines directives prévoyaient qu’en cas de lésion d’un droit
reconnu par le droit européen, le justiciable devait pouvoir accéder à un juge.

21 Professeur de droit à la faculté de Strasbourg en 1970, puis à l’Institut d’Etudes Politiques de 1971 à
1973. L’un de ses grands axes de réflexion concernait le pouvoir réglementaire de la Communauté
européenne du charbon et de l’acier.
22 Agrégé de droit public et de science politique, professeur émérite de l’Université de Nice-Sophia
Antipolis et membre de l’Institut universitaire de France.

78
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Directive 64/223 : celui qui est éloigné du territoire doit pouvoir contester la
mesure d’éloignement.

Directive 76/207 sur l’égalité h/f dans les conditions de travail : les victimes de
discrimination doivent pouvoir obtenir une protection.

CJCE, 1986, « Johnston » :

➔ Faits : une femme employée contractuelle dans la police apprend que son
contrat ne sera pas renouvelé. La décision de non-renouvellement tient au fait
qu’elle est une femme. Il a été décidé d’armer les policiers mais de ne pas armer
les femmes car plus vulnérables, les armes qu’elles porteraient pourraient plus
facilement se retourner contre elles.

➔ Procédure : Mme. Johnston saisit le juge et invoque la directive 76/207. Ce n’est


pas une égalité absolue et le texte prévoit qu’il peut y être dérogé pour des
raisons de sécurité, invoquées par le ministre. Le juge saisit la CJUE.

➔ Solution : la Cour se réfère au « droit au juge » : tout justiciable a droit à


soumettre sa cause à un juge pour être entendu. Une protection des victimes est
nécessaire et s’impose dans les systèmes nationaux. C’est plus
fondamentalement le droit à une protection juridictionnelle effective qui doit
être consacré. L’art. 6 de la directive 64/207 est l’expression d’un principe
général de droit que la Cour consacre. Elle s’est inspirée de la CEDH (art. 6 ;
art. 13) et des traditions constitutionnelles communes des États membres.

CJCE, 1987, « Unectef »:

➔ Faits : un entraîneur de foot belge n’a pas pu obtenir pleinement la


reconnaissance de son diplôme en France.

➔ Procédure : il se prévaut d’une discrimination devant le juge mais n’a


pratiquement aucune preuve à apporter. Le juge national n’avait pas non plus le
pouvoir d’enjoindre à Unectef de produire une preuve.

➔ Solution : rappelle le principe consacré dans la JP « Johnston » et dit que le


droit à une protection juridictionnelle effective suppose que l’on puisse former
un recours devant une juridiction nationale en toute connaissance de cause. Il
faut que le justiciable ait pu connaître les motifs d’une décision prise à son
encontre et que le juge national puisse enjoindre à l’une des parties d’apporter
des preuves.

Le droit au recours effectif a été imposé et rappelé dans une jurisprudence


constante. L’article 47 Charte des droits fondamentaux s’attache au droit à une
protection juridictionnelle effective, intitulé « Droit à un recours effectif et à accéder à

79
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

un tribunal impartial ». Cette disposition est inspirée de l’arrêt « Johnston » et de la


CEDH.

L’art. 47 CDF et l’art. 19 TUE qui existent depuis l’entrée en vigueur du traité
de Lisbonne sont intensément revendiquées par les justiciables devant les juridictions
nationales. La jurisprudence de la Cour et ses arrêts pionniers (JP « Johnston » et JP
« Unectef ») sont toujours cités.

CJUE, 9 mai 2019, « P. I. » : fermeture d’un établissement pour des raisons de


prostitution mais le propriétaire n’a pas été en mesure de connaître le motif de cette
décision. La CJUE rappelle que l’effectivité du contrôle juridictionnel exige que
l’intéressé puisse connaître les motifs sur lesquels est fondée la décision prise à son
égard.

Puisque la Cour de justice a affirmé que le système du droit de l’UE présentait


un système d’autonomie, certains justiciables ont réclamé des voies de droit
spécifiques et autonomes pour revendiquer le droit de l’UE. C’est une thèse extrémiste
selon le Professeur.

CJUE, 2020, « Y. S. » : le droit au recours effectif ne requiert pas en tant que tel
l’existence d’un recours autonome pour contester les dispositions nationales par
rapport au droit de l’UE, dès lors qu’il existe en droit national différents recours qui
permettent d’assurer le respect du droit de l’UE.

Il suffit qu’il existe une voie de droit national classique qui permette de
revendiquer les droits de l’UE. Mais s’il apparaît que les voies existantes sont trop
étroites ou sans issues, le requérant peut invoquer le principe d’effectivité du recours
(cf. JP « Johnston »).

Exigences d’indépendance et d’impartialité : rappelées dans CJUE, 2018 : une


juridiction portugaise a interrogé la CJUE à la suite d’une décision prise par le
gouvernement de diminuer le salaire des magistrats. Le juge a considéré que diminuer
les salaires des magistrats, c’est porter atteinte à leur indépendance. La question de
l’indépendance du juge est inhérente à l’État de droit, qui fait partie des valeurs de
l’UE (art. 2 TUE). Il est par conséquent nécessaire de s’attacher à la préservation de
cette indépendance. En l’espèce, une diminution de 10% n’est a priori pas susceptible
de porter atteinte à l’indépendance des juges, surtout que cette diminution a frappé
toute la fonction publique au Portugal.

CJUE, 2019, « Commission c. Pologne » : procédure en constatation de


manquement à l’encontre de la Pologne. Il a été décidé en Pologne d’abaisser l’âge du
départ à la retraite des juges de la Cour suprême tout en accordant un pouvoir
discrétionnaire au PR de prolonger la fonction active de ces juges au-delà de l’âge de la
retraite. La CJUE a accueilli le recours en constatation de manquement formé par la
Commission. L’art. 19 TFUE a été retenu comme fondement alors même qu’il ne fait
pas expressément référence à l’indépendance comme le fait l’art. 47 CDF. Mais son

80
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

champ d’application de l’article du TFUE est plus large que celui de la Charte. Pour
pouvoir invoquer la Charte contre un État, il faut montrer qu’il met en œuvre le droit
de l’UE, or la Cour suprême de Pologne ne met pas en œuvre le droit de l’UE. La
CJUE a observé que l’indépendance était requise et qu’il fallait envisager deux
aspects : externe et interne.

➢ Externe : l’instance concernée doit exercer ses fonctions en toute autonomie,


sans être soumise à AUCUN lien hiérarchique ou de subordination à l’égard de
quiconque et sans recevoir d’ordre ou de pressions extérieures de nature à
influencer les décisions de justice.

➢ Interne : le juge doit être indépendant des parties qu’il doit juger. L’impartialité
vise une égale distance par rapport aux parties au litige et à leurs intérêts
respectifs.

2§ Le droit à une protection juridictionnelle efficace.

Il découle des PGDUE et des articles 47 CDF et 19 TFUE.

CJCE, 1984, « Von Colson » : deux étudiantes allemandes font candidatures


auprès de l’administration allemande pour occuper les postes d’assistantes sociales
dans un établissement pénitentiaire. L’emploi leur a été refusé car elles étaient des
femmes : elles ont appris la cause du refus. Le juge a bien constaté la discrimination
au sens de la directive 76/207. Le juge a accueilli leur demande. L’exigence de
protection des victimes d’une discrimination exige d’aller au-delà du remboursement
des seuls frais de candidatures pour assurer une protection efficace des droits des
justiciables.

Ultérieurement, dans des affaires concernant la mise en cause de la


responsabilité – qui relève des juridictions nationales – de l’État pour violation du
droit de l’Union. Toute juridiction nationale doit être en mesure d’examiner le recours
formé par la victime et accorder un droit à réparation dès lors que
- Une règle de droit de l’UE créant des droits en faveur de la victime (toutes les
règles reconnues d’effet direct)
- Une violation caractérisée de ces règles
- Un lien de causalité direct entre la violation et le dommage

La CJUE dit depuis CJCE, 1991, « Francovich », qu’à partir du moment où ces
trois conditions sont réunies, la victime doit pouvoir obtenir réparation du préjudice
qui lui a été causé.

CJCE, 1996, « Brasserie du pêcheur » : il doit s’agir de la réparation de la totalité


du préjudice causé, y compris du manque à gagner. L’entreprise a été dans
l’impossibilité de vendre ses biens.

81
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

L’autonomie procédurale affirmée dans la jurisprudence initiale a été


considérablement relativisée car il importe que les recours devant les juridictions
nationales assurent une protection juridictionnelle effective des justiciables.

CHAP II : Renvoi préjudiciel et modalité de coopération


juridictionnelle.
Le droit de l’UE et antérieurement le droit communautaire, constituent des
droits complexes compte tenu des pb qui courent et de l’aggravation de l’emprise des
droits selon la sensibilité des questions. Il a donc fallu inventer un mécanisme pr
éclairer les juridictions nationales, sachant qu’elles ont eu des difficultés dans
l’application de ce nouveau droit (DUE), notamment car elles étaient formées de juges
non formés à ce droit.

Le renvoi préjudiciel a été créé par le traité CEA puis CEE comme un instrument
d’assistance des juridictions nationales qui n’existaient pas en DIP, ou un juge ne peut
pas interroger la CIJ.

En droit communautaire puis en droit de l’UE, le système juridictionnel institué


a conduit à imaginer une véritable coopération entre les juridictions nationales et la
CJUE. Ce mécanisme était ingénieux : permettre à un juge national qui éprouve des
difficultés dans l’application d’un droit nouveau, d’interroger une justice
internationale, sur l’interprétation d’un texte de droit européen (voire sur
l’appréciation de ce texte).

Les Etats-membres ont compris à quel point ce mécanisme était d’une portée
considérable et qu’il était au fond, le mécanisme principal de dvpmt de la JP de la
CJUE, laquelle était compétente pr examiner des recours directs mais aussi pr
recevoir des demandes préjudicielles formées par les juridictions internationales. Il y a
très peu de recours direct dans cette JP qui porte sur les rapports entre le droit de
l’UE et les droit nationaux => ce sont les juridictions nationales qui, saisies de pb ++,
se sont tournées vers la CJUE qui les a ensuite éclairées en dvpant bcp de JP
constructive :

- Arrêt CJUE du 23 nov 2021 « affaire IS » : introduite par un tribunal ordinaire


de Hongrie => la Cour de justice rappelle que le renvoi préjudiciel est la clé de
voûte du système juridictionnel de l’UE. L’art 267 du TFUE confère à la Cour de
justice « une compétence pour statuer à titre préjudiciel, à la fois sur
l’interprétation des traités, et sur la validité et l’interprétation des actes pris
par les institutions, organes, ou organismes de l’Union » => cet art confie une
compétence à la CJUE pr statuer sur renvoi préjudiciel formé par des
juridictions nationales des Etats-membres. Ce renvoi est encadré par plusieurs
articles du statut de la CJUE, par le règlement de procédure de la CJUE, et

82
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

toute une JP qui encadre les conditions du renvoi préjudiciel en limitant ou


étendant la compétence de la CJUE pr statuer sur renvoie préjudiciel.

Elle s’est reconnue une compétence pour interpréter l’art 267 => c’est elle qui a
précisé les conditions du renvoi ayant été énoncées par les auteurs du traité. En effet,
cet art est laconique : l’étendue de la compétence de la CJUE n’est pas définie de
manière précise ; cela est dû à des raison historiques : il s’agissait d’introduire un
mécanisme d’aide à la juridiction. C’est l’exemple le + abouti des mécanismes de
coopération juridictionnelle, à tel point qu’il a servi de réf à l’introduction d’un nveau
mécanisme de coopération entre les juridictions nationales et la CEDH.

SECTION I : L’objet du renvoi.

L’objet du renvoi préjudiciel est double :


- Il peut porter sur l’interprétation
- Il peut porter sur l’appréciation de validité

1§ L’interprétation du droit de l’Union européenne.

Le texte de l’art 267 fait référence à l’interprétation des traités, puis dans
l’interprétation des actes des institutions, organes et organismes de l’UE => ces 2
sources ne sont pas les seules en droit de l’UE à être de nature à donner lieu à un
renvoi préjudiciel.

- Les traités :
Les traités sont susceptibles de donner lieu à un renvoi préjudiciel => désigne les
traités constitutifs de l’UE (TUE et TFUE) : TOUTES les dispositions de ces traités
sont à priori susceptibles de donner lieu à un renvoi préjudiciel, y compris les
protocoles annexés aux traités qui ont la mm valeur que les traités constitutifs, en
vertu du TUE. Les traités de révision, d’adhésion sont aussi susceptibles de donner
lieu à un renvoi préjudiciel, dans la mesure où ils sont conclus entre les Etats
membres de l’UE et qui ont des effets sur les traités constitutifs. Mais pas nécessaire
que les dispositions de ces traités aient un caractère obligatoire. Une disposition
purement indicative donne lieu à un renvoi préjudiciel à la CJUE. De mm, une
disposition d’un traité qui ne serait pas d’effet direct (car pas précise ou
inconditionnelles) est susceptible de renvoie préjudiciel.

MAIS, certains articles des traités ne peuvent pas donner lieu à un renvoi préjudiciel :
art 275 TFUE relatif à la politique étrangère de sécurité commune (PESC), car on
estime que le droit et la politique sont de natures si différentes, qu’il faut éviter les
interférences. Exception : art 40 qui traite du chevauchement de certaines actions
relevant de la PESC comme pouvant relever d’autres lignes politiques.

83
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

- Aucune référence n’est faite à l’interprétation de la Charte des droits


fondamentaux :
L’art 267 ne vise pas l’interprétation de la charte, mais cela n’a pas empêché la CJUE
d’interpréter les dispositions de la Charte, dès lors que ces dispositions ont la mm
valeur que les traités constitutifs.
 arrêt CJUE« Frankson » 2013 : au sujet du champ d’application de la
Charte, elle s’est déclarée compétente pour interpréter la charte sur renvoi
préjudiciel.

- Actes et institutions des organes de l’UE :


Il s’agit de tte espèce d’actes (ceux visés à l’art 288, avis, recommandations…) mais
aussi des actes dits innommés ou atypiques qui pourront donner lieu à un renvoi
préjudiciel. Cela n’a aucune incidence sur la compétence de la CJUE sur renvoi
préjudiciel Si le juge national estime important de connaître une règle qui n’est
pourtant pas d’effet, c’est car parce qu’elle va éclairer les sens de dispositions. Parfois,
c’est l’interprétation conforme qui est retenue. DONC, la question de l’effet direct est
indifférente pr le renvoi préjudiciel.

- Les arrêts de la CJUE :


Les arrêts de la CJ sont susceptibles de renvoi préjudiciel dans la mesure ou la CJ est
une institution de l’UE, car ce sont des arrêts qui donnent du sens aux règles de droit
écrit. La JP peut faire une demande de renvoi préjudiciel.

- Les PGD :
Le PGD sont susceptibles de demande d’interprétation car ils visent à une meilleure
administration (sécurité juridique, proportionnalité, reconnaissent des droits
fondamentaux…). La CJUE a tjrs répondu aux questions qui lui étaient posées,
parfois sans devoir se justifier à l’absence de référence des PGD à l’art 267.

- Les accords internationaux liant l’UE à l’un ou plusieurs de ses partenaires :


La lecture de l’art 267 ne permet e penser que ces accros bilatéraux ou multilatéraux
sont susceptibles de renvoi préjudiciel.
Pourtant, la CJUE, dès 1974, s’est reconnue compétente pr interpréter ce type d’accord
=> arrêt CJUE 1974 « Haegeman » : un accord passé entre la CEE et un Etat tiers
était conclu par un acte d’une institution de l’UE et que la conclusion par une
institution de l’UE suffisait à reconnaître la compétence de la CJUE pour interpréter
l’acte de conclusion mais également l’ensemble de l’accord conclu.

84
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

2§ L’appréciation de validité des actes des institutions de l’Union


Européenne.

Validité des actes pris par les institutions organes et organismes de l’institution :
dans un traité / dans un article.

Cela veut dire il n’y a pas d’autres sources que celle-ci ? = il faut examiner les
différentes sources si d’une manière ou d’une autre, si par assimilation cela peut
donner lieu à un RENVOI PRÉJUDICIEL EN VALIDITÉ : cela va consister à
demander à la CJUE d’apprécier la validité d’un acte de L’UE au regard, d’une règle
ou d’un principe de droit européen supérieur, tel que, le traité sur l’UE, le TFUE, la
charte des droits fondamentaux, un principe général du droit, un accord international
liant l’UE, et il pourrait s’agir aussi en tant que source de référence d’un acte d’une
institution, un acte de base. Il faut trouver un rapport de hiérarchie.

Sur sur le traité : car veille sur hiérarchie des normes européennes : on ne peut
pas remettre en cause la validité des normes au sommet de cette hiérarchie et il était
exclu de demander appréciation de validité d’une disposition d’un traité ou de la
charte, un principe général de droit, et de surcroît d’autres raisons expliquent cette
exclusion : un traité signé et ratifié engage les États membres et on ne peut pas
revenir sur les engagements devant la CJUE.

• Rappel dans l’arrêt « Pringle » 2012 : zone d’ombre sur la JP, la JP n’a jamais
été considéré comme étant au sommet de l’édifice, les arrêts de la CJUE non
plus, quoi qu’en pense certains juges selon le prof, il faut distinguer selon que
cette jurisprudence se rapporte aux articles du traité de la charte ou sinon sur
les institutions, mais il y aurait encore ici des découpages savants à faire.

• La CJUE a couper net à ce type de discussion et dans une ordonnance de 1986 «


Wusnch » la cour de justice a refusé, d’apprécier la validité de ces propres
arrêts. En ce fondant sur l’idée forte qui est L’autorité de la chose jugée. Ces
arrêts sont revêtus de cette autorité, quel que soit le cadre dans lequel ils ont
été rendus.

Alors il reste les actes des institutions, organes et organismes, obligatoires ou


non, effet direct ou non à l’exception de ceux qui ont été pris sur le fondement des
dispositions relatives à la PESC. MAIS article 275 al 2 fait un sort particulier sur les
mesures restrictives qui sont prises à l’encontre de certains oligarques ajd russe, ou
avant des mouvements terroristes etc. Compte tenu de l’importance des sanctions et
violation des droits fondamentaux, quand on prive d’un certains nombres de bien,
quand on restreint la liberté de séjour, il doit y avoir normalement une contestation
possible des mesures, donc alinéa 2, ils avaient dit que toutefois les mesures
restrictives pouvaient donner lieu à un contrôle de la légalité, sur recours en

85
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

annulation prévu à l’article 263 al 4 TFUE. C’est-à-dire un recours direct, ce que les
ressortissants d’états tiers entreprennent régulièrement devant le tribunal de L’UE.

• Et un jour voilà qu’une juridiction nationale interroge la CJUE, en appréciation


de validité de mesure restrictive, qui n’avait pas fait l’objet d’un recours direct
auparavant, Affaire « Rosneft » 2017 : le juge national interroge la cour de
justice sur la validité de la décision prise à l’encontre de Rosneft. Le conseil fait
des observations devant la CJUE en disant que les mesures restrictives ne
peuvent pas donner lieu à un renvoi préjudiciel en appréciation de validité ;
prévu exception incompétence de la cour pour les seuls recours direct en
annulation et la CJUE ne va pas retenir l’objection du conseil et considère que
le renvoi préjudiciel d’appréciation en validité contribue à l’appréciation de la
légalité des actes.

Au titre des extensions de compétence : 2018 « Western Sahara Occidental » 2018


CJUE : dans cette affaire la CJUE saisit d’une question d’appréciation de validité,
dans un accord de l’UE lié avec le MAROC, au motif que les deux parties qui avaient
conclus sur l’exploitation de la mer, et sur l’exploitation des denrées venant de
l’agriculture, les deux parties avaient inclus le Sahara occidental dans l’application de
ce traité, et le Front Polisario, a observé que tout cela n’était pas possible, un litige
monté de toute pièce a eu lieu devant une juridiction nationale qui a interrogé la
CJUE, est ce que l’accord liant UE Maroc est valide ? alors va-t-on remettre la validité
d’un accord international qui lie l’union à un état tiers ? susceptible d’engager la
responsabilité internationale de L’UE.

L’avocat général dans cette affaire, s’est attribué l’affaire et qui est malin selon le
prof, fait une conclusion, => pour lui pas de problème, la CJUE s’est déclarée
compétente avec l’affaire « Haegeman » alors on peut en faire autant sur l’appréciation
de validité, il a été partiellement suivi par la CJUE, car dans un motif, la CJUE se
reconnaît compétente pour apprécier la validité de ce type d’accord, mais la question a
été débattu entre les juges. En interprétant cet accord elle a dit on peut interpréter
l’accord comme ne s’appliquant PAS au Sahara occidental pour une série de raison, sur
l’application et le respect du droit international, et notamment les prises de positions
des assemblés générales des nations unies, c’est une technique que on connaît en droit
français ou en droit tout court : l’interprétation neutralisante = j’interprète à ce que
j’apprécie l’accord d’une manière telle pour ne pas à en avoir à en apprécier la validité
plus tard. Brèche ouverte selon le prof, la CJUE se déclare compétente pour apprécier
la validité des accords internationaux, et rien ne nous garantit demain de l’absence de
remise en cause d’accord plus classique, => Ex : accord Turquie, ou Singapour, ou
Canada. Pour lui la position de la CJUE est détestable, le prof n’aime pas cette façon
de faire le droit.

86
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

SECTION II : Des conditions de la saisine.

Conditions fixées par l’art 267 TFUE, et ont donné lieu à des décisions +++ de la
CJUE : un certain nombre de conditions se rapportent à l’organe de saisine ainsi qu’au
litige. Elles varient selon la place de la juridiction dans la hiérarchie juridiction. Fait
une distinction entre la faculté de renvoi pour les juridictions dont les décisions sont
susceptibles de recours, et l’obligation de renvoi pr les juridictions dont les solutions
sont insusceptibles de recours.

1§ Les conditions relatives à l’organe de saisine et au litige.

La CJUE ne peut être amenée à rendre un arrêt préjudiciel lorsqu’elle n’est pas
saisie par les conditions fixées à l’art 267. Il faut donc s’interroger sur ttes ces
conditions.

A) La juridiction d’un État.

= 1ere condition

Le traité ds un art 267 indique que « lorsqu’une question est soulevée devant une
juridiction d’un des États membres ». Cette notion de juridiction d’un État membre a
soulevé un certains nombre d’interrogations. Tt d’abord, il faut savoir que les
juridictions d’un État tiers ne peuvent pas interroger la CJUE. Les juridictions des
États membres sont à entendre au sens large : comprend aussi celles des
départements et des régions d’Outre Mer.

Tte la difficulté a consisté à savoir ce qu’était une juridiction. La qualité de


juridiction ne pose pas de difficultés ds la plupart des cas, car la Cour reçoit des
questions de tel ou tel tribunal, classique et connu, trouvant une place ds la hiérarchie
judiciaire de tel ou tel État membre. On examine la question directement. Mais
lorsque la question est par exemple posée par l’Ordre de la francophonie belge,
compétente en matière d’architecture, il y a lieu de se poser la question. Critères afin
de définir une juridiction, à partir de 1966 :

- L’origine légale de l’organe : doit être institué et mis en place par une loi et non
pas par un contrat entre 2 parties au litige => donc exclue les arbitres du
mécanisme de renvoi préjudiciel. S’oppose à l’origine conventionnelle de
l’organisme.
- La permanence de l’organe : l’organe doit être permanent et ne pas statuer que
ponctuellement. On exclut les juridiction qui siègent au cas par cas.
- Caractère obligatoire : peut désigner la compétence de l’organe, ou la décision
qui sera arrêtée par l’organe. Caractère obligatoire pr les parties au litige.
- Application d’une règle de droit : l’organe doit être amené à appliquer des règles
de droit (il ne statue pas en équité)

87
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

- Le contradictoire : l’organe doit appliquer les principes du contradictoire entre


les parties lorsqu’il souhaite appeler la CJUE => permettre au défendeur
d’avoir connaissance de la demande et d’y répondre, et permettre au demandeur
de répliquer à la défense
- En 1993, arrêt CJUE « Corbiau », ajout du critère de l’indépendance, qui a pris
un relief particulier : l’organe doit être indépendant. En l’espèce, il n’était pas
indépendant. Indépendance aussi sur le plan externe, par rapport aux pouvoirs
institués (pouvoir exécutifs, législatifs). Anomalie tendant au fait que c’est un
fonctionnaire, représentant un pouv admin => donc on a dégagé le critère de
l’indépendance. Donc l’organe à l’origine de la question doit présenter les
garanties de l’indépendance. Bcp de pb allaient découler de cette condition
d’indépendance. C’est le critère de l’indépendance interne, limitée au cadre de
l’affaire. Il y a aussi l’indépendance externe, celle du magistrat par rapport aux
autres pouvoirs notamment.

=> IL suffit que lors d’une question préjudicielle, l’une des parties soulève ce
non respect d’une des conditions, pr que la Cour statue sur cette question.
Affaire 1982 « Nortse » ???, et « Dominique » ??? en 2003, ds lesquelles les
arbitres ont échoué à chaque fois. Il n’y a pas lieu d’attendre un revirement de
JP. Colloque sur le fait qu’il serait bon que la Cour connaisse des questions
préjudicielles des tribunaux arbitraux. Peu après, la Cour a rendu une JP
disant qu’elle ne le ferait pas.

Les cour constitutionnelle sont-elles des juridictions ? Oui selon la JP. Le CC FR


est une juridiction, en ce sens qu’elle remplit les conditions. Elles sont implicitement
une juridiction. Affaire CJUE « Jérémy F » Mais est-il indépendant au regard de sa
composition ? Il y a lieu de se poser la question. Pb non discuté devant la Cour de
Justice. Pas le moindre pb aux yeux de la Cour de Justice. Elle a envie de coopérer
avec ces juridictions constitutionnelles, donc elle ne va pas faire de réticence, et donc
ne va pas observer les conditions qu’elle a dégagé. Ex : contradictoire, indépendance …

Pour les autorités administratives indépendantes : L’Autorité Française de la


Concurrence par exemple. Aucun arrêt de la CJUE car cette autorité n’a jamais
questionné la CJUE. Pourtant, l’Autorité Hellénique de la Concurrence l’a fait ds un
arret de 2005 « SIFFET ??? », mais la CJUE n’a pas répondu à sa question
préjudicielle car elle ne remplissait pas les conditions nécessaires. Affaire CJUE 2022
« City rail » sur une autorité de régulation du transport ferroviaire, présentant
certaines qualités et paraissant réunir les conditions. Mais la CJUE refuse de lui
répondre car il faut distinguer l’aspect organique et ces 6 critères, et l’aspect
fonctionnel : elle ne fonctionne pas comme une juridiction. La Cour conclut que la
demande est irrecevable.

B) Les conditions du litige.

L’art 267 fait référence au fait que la question doit être nécessaire pour rendre un
jugement. Le texte fait référence à la notion « d’affaire pendante devant une

88
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

juridiction nationale ». La question doit émaner d’une demande trouvant sa source


d’une affaire devant une juridiction nationale qu’elle doit trancher. La juridiction doit
être saisie d’un litige, en vue de statuer.

En 1980 et 1982, arrêt CJUE affaire « Foglia c/ Novello » = le juge italien


interroge la CJUE sur l’interprétation à donner à un art du traité qui interdit une taxe
sur les marchandises. L’affaire est soumise à l’avocat général, dit qu’il n’y a pas lieux
de répondre car la juridiction italienne n’était pas saisie d’un véritable litige. La CJUE
refuse de répondre donc. Elle précise que la CJUE ne peut répondre à des sollicitations
qui émanent d’un litige fictif. Le litige était fictif à ses yeux. Assez particulier comme
prise de position.

En 2002, une nouvelle JP a fait ref à nouveau à l’affaire CJUE « Folgia c/


Novello » en disant que la juridiction qui avait saisi la Cour cherchait à trancher un pb
qui n’avait pas attrait au litige en lui même. Elle cite à la fin : « Voir en ce sens Folgia
contre Novello ». Donc il est tjrs applicable.

Arrêt CJUE 1995 « Leclerc contre TF1 et M6 » : Ligne de JP considérablement


affaiblie compte tenu d’un arrêt rendu par le tribunal de commerce Paris qui a donné
lieu à un renvoi préjudiciel, où Leclerc assigne TF1 et M6 au motif du refus de faire de
la publicité. TF1 et M6 indiquent que ce refus est commandé par la loi française ;
Leclerc invoque la libre circulation des marchandises. La CJUE dit qu’elle n’est pas
compétence, car il s’agit d’un litige fictif. Il s’agit de faire tomber la loi française, aux
yeux du gouv français. L’avocat général conclu en disant que l’on met en lumière une
incompatibilité du droit français avec le droit européen, devant une juridiction
française => il n’y a rien de fictif là-dedans. Donc la CJUE suit l’avocat général et
accepte de répondre à la question, en soulignant que ce n’est pas pcq les 2 parties au
litige ont le mm intérêt, qu’il y a litige fictif.

Le litige doit être réel, mais aussi actuel, cad qu’il ne doit pas être éteint au
moment où la cour prononce son arrêt. Après tout, la CJUE a été saisi par une
demande formulée par une juridiction, et tant qu’elle n’est pas retirée par celle ci, la
CJUE devait être compétente pour statuer. Mais si il apparaît qu’il est éteint, elle ne
le regarde pas. C’est l’effet utile qui commande les arrêts de la CJUE. Si éteint, plus
d’utilité à répondre.

2§ Le caractère facultatif ou obligatoire de renvoi.

Découle de la lecture du texte de l’art 267 du TFUE, qui ds ses al 2 et al3 fait une
distinction : les juridictions dont les décisions sont insusceptibles de recours ont
l’obligation d’un renvoi préjudiciel, celles qui sont susceptibles d’un recours n’ont pas
d’obligation.

89
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

- L’alinéa 2 indique que « lorsqu’une question est soulevée devant une juridiction
d’un des États membres, cette juridiction peut, si elle estime que cela est
nécessaire, demander à la Cour de statuer sur cette question ».
- L’alinéa 3 indique que « lorsqu’une telle question est soulevée devant une
juridiction nationale statuant en dernier recours, cette juridiction est tenue de
procéder au renvoi préjudiciel ».

Il y a donc une distinction entre les juridictions dont les décisions sont
susceptibles de recours qui peuvent procéder à un renvoi préjudiciel, et celle dont les
décisions ne sont pas susceptibles de recours qui sont dans l’obligation de procéder à
un renvoi préjudiciel. Cette distinction vise à empêcher que des juridictions statuant
en dernière instance fassent des appréciations qui établiraient des lignes de JP
européennes dans chacune des États membres sans appréciation de la Cour de justice,
ce qui serait contraire à l’exigence d’uniformité qui pèse sur le DUE.

La faculté de renvoi des juridictions qui ne statuent pas en dernier ressort est
logique car si ces juridictions commettent des erreurs, ces erreurs sont susceptibles de
contrôle devant les juridictions supérieures. Il n’est donc pas nécessaire de contraindre
ces juridictions de première instance à procéder à un renvoi.

Ces obligations ont suscité des réticences, notamment par les cours suprêmes qui
n’entendaient pas se voir contraindre d’interroger la Cour. En FR, la résistance a été
vive, surtout pr les JA, ds un arrêt CE « Société Pétrole Shell » 1964 : ds cette affaire,
le CE a interprété un article du traité sur les monopoles à caractère commercial,
prescrivant l’aménagement des monopoles à caractère commercial. C’est un art
complexe qui n’avait jamais fait l’objet d’interprétation. Il n’a pas renvoyé à la CJUE
sur cette affaire. On a aussi CE « Syndicat des semoules de France » 1968 : donne
raison au CE. En 1982, ds un arret CJCE « Cilfit » => Le CE italien interroge la CJUE
sur la question de savoir s’il est tenu au renvoi préjudiciel en certaines circonstances
s’agissant de l’interprétation du DUE. L’avocat général a dit qu’il fallait imposer à
cette juridiction de dernier ressort un renvoi systématique. La Cour de justice a admis
qu’une juridiction nationale pouvait voir clair quand elle statuait en dernière instance
et qu’elle pouvait s’abstenir de faire un renvoi préjudiciel. IL y a certains cas où le
renvoi à la CJUE ne s’impose pas, notamment lorsque la Cour de justice a déjà
interprété le droit de l’UE par le passé, car elle a déjà statué. Elle dit aussi que le
renvoi préjudiciel ne s’impose plus quand telle ou telle interprétation s’impose avec
une évidence telle qu’il n’y a pas de doute raisonnable. Ces juridictions peuvent voir
clair, c’est la théori de l’acte clair. Le juge devrait tenir compte des différences
linguistiques, tel ou tel texte peut avoir un sens différent en fonction de la langue. Le
CE doit tenir compte, en interprétant, des caractéristiques du DUE, pas pareil que le
droit interne.

Dans un arrêt CJUE du 6 octobre 2021, « Consortio », la Cour de justice a


réaffirmé ces exigences dégagées dans l’arrêt « Cilfit ». La Cour dit qu’il y a 3 cas de
figure dans lesquels le juge statuant en dernière instance peut s’abstenir d’un renvoi
préjudiciel :

90
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

- D’abord, lorsque la question est manifestement non pertinente pour le


règlement du litige.
- Ensuite, lorsque l’interprétation a déjà donné lieu à des arrêts de la Cour de
justice.
- Enfin, lorsque l’interprétation s’impose avec une évidence telle qu’elle ne laisse
place à aucun doute raisonnable.

L’innovation consiste pour la Cour de justice à demander au juge statuant en


dernière instance de motiver sa position conduisant à ne pas renvoyer et à être dans
un des 3 cas de figure rappelés par la CJUE.

Une autre obligation de renvoi préjudiciel pèse sur les juridictions nationales,
indépendamment de la question de savoir si leurs décisions sont ou non susceptibles
de recours. Une obligation a été créée de toutes pièces par la Cour de justice à partir
de 1967. Dans un arrêt CJCE « Foto Frost » de 1967, la Cour de justice a statué au
sujet d’une question qui se rapportait à l’appréciation de validité du droit dérivé. Cette
obligation de renvoi qui n’a pas de source textuelle procède d’une idée logique : elle a
estimé que les juridictions nationales n’étaient pas compétentes pour constater
l’invalidité du droit dérivé de l’UE, et que elle seule, CJUE, avait cette compétence.
Dès lors, comme les J n’ont pas cette compétence, quand elles en ont envie, elles sont
tenues d’interroger la CJUE en se sens, en cas de doute ou de conviction sur
l’invalidité d’un acte de droit dérivé. A contrario, quand une J nationale n’a pas de
doute sur la validité du droit dérivé, lorsque les griefs d’invalidité ne la convainquent
pas, et qu’à ses yeux l’acte est valide, la J nationale n’est pas tenue de procéder à un
tel renvoi. Cette situation peut paraître très curieuse, en ce sens que la J nationale
peut procéder à un 1er examen de la validité. Ce celui ci va dépendre l’obligation ou
non de renvoi. Ce dernier ne devrait pas répondre d’une appréciation, ou d’un type
d’appréciation. Le résultat de cette 1ere appréciation détermine l’obligation de renvoi.
On comprend cela, car les textes de droit dérivé sont présumés valides, qui
s’appliqueront au litige. Évite les renvois préjudiciels abusifs par les parties. C’est la
JP « Foto Frost ».

SECTION III : La procédure de renvoi préjudiciel.

L’article 267 TFUE ne définit pas la procédure du renvoi préjudiciel. Le statut de


la Cour de justice de l’union contenu dans un protocole, fixe des règles de nature
procédurale (article 23 de ce statut). Le règlement de procédure de la Cour de justice
établit des règles une fois que la demande est parvenue à la CJUE en vue de son
traitement. Ces textes ont été interprétés largement par la Cour de justice. Il y a 2
phases. Surtout par le règlement de procédure de la Cour de Justice.

91
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

1§ La procédure d’introduction de la demande.

Comment introduit on une demande de renvoi préjudiciel, qu’implante on dans le


textes ?

A) Les modalités de la saisine.

La demande doit émaner d’une juridiction nationale qui doit saisir la CJUE, de
greffe à greffe. C’est la J nationale qui a déterminé les questions à poser et elle seule
assume la demande et les questions incluses dedans. Les avocats des parties qui ont
souvent un intérêt à voir telle ou telle question, n’ont pas la maîtrise de la demande et
de ces questions. Les avocats ne sont pas pr autant étrangers aux demandes
préjudicielles, et il leur a fallut en amont de la demande, suggérer à la JN, de procéder
à un renvoi préjudiciel, et même lui proposer un certain nombre de questions qu’elle
pourrait effectivement reprendre, via des moyens électroniques. C’est un renvoi au
moyen d’une procédure : la procédure equoria ?? une application pour former les
renvois préjudiciels. C’est une procédure sécurisée. Pr autant, une JN peut encore
envoyer sa demande par courrier postal.

B) Le contenu.

Cette demande doit contenir certains éléments :

• Les faits de l’affaire dont il est saisi,


• le cadre juridique national ds lequel il évolue,
• les lois applicables aux litiges,
• le DUE applicable au litige et les raisons qui l’expliquent.
=> ts ces éléments doivent figurer ds la demande de renvoi, rédigée en termes
relativement brefs. Indiqué sur le site de la CJUE.

Si ne JN ne respecte pas ces exigences de pure forme, il est possible que la CJUE
ne lui réponde pas, et qu’elle rende une ordonnance d’irrecevabilité manifeste. C’est ce
que la CJUE a entrepris à partir du milieu des 90’, après avoir reçu des demandes qui
étaient indigentes, car telle ou telle JN faisait état de désinvolture à l’égard de la
CJUE. Affaire CJUE en 1993, la CJUE a rendu un non lieu à statuer, au motif que les
faits et le droit n’avaient pas été bien décrits clairement. A la suite de cela, la CJUE a
souvent rendu des ordonnances d’irrecevabilité manifeste.

2§ La procédure d’examen de la demande.

Une fois la demande parvenue à la CJUE, elle va attribuer la demande à l’un de


ses services de la recherche, qui effectue une brève lecture des pb qui se posent dans
cette demande, pour savoir si la CJUE est compétente ou si la demande est recevable

92
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

ou non. Si il y a un de ses 2 pb, pas besoin de suivre le reste de la procédure, très


longue. Ex : traduction ds les 23 autres langues de l’UE.

La traduction faite, la demande ainsi traduite est signifiée à l’E des gouv et à la
Commission européenne ainsi qu’aux institutions et organes auteurs de l’acte
litigieux. Les auteurs du règlement se verront notifier la demande de renvoi quand ça
porte sur l’un de leurs règlements. Obj est d’obtenir des observations écrites qui sont
soumises à un délai de 2 mois suivant la signification de la demande initiale. Mémoire
qui consiste à proposer une interprétation en rapport avec les termes du litige et du pb
en jeux. Mémoire constructif, ainsi envoyé à la CJUE. Les gouvernements travaillent
ds leur propre langue. Ils sont signifiés à l’E des parties.

L’affaire est ensuite attribuée, par le président de la Cour de justice, à un juge


rapporteur d’une nationalité différente de celle qui est à l’origine du renvoi préjudiciel.
Le juge rapporteur étudie la demande et examine toutes les observations soumises à la
Cour de justice. Il présente un rapport préalable sur l’état de l’affaire. Il doit aussi
proposer une formation adéquate pour trancher le pb.

L’audience n’est pas systématique et doit avoir été demandée par les personnes
intéressées. Les avocats ont intérêts à le faire. Il est possible que la CJUE décide de ne
pas organiser d’audience. Ttes les personnes invoquées ne viennent pas à l’audience. Il
s’agit d’interpréter le DUE. Ou bien de proposer une appréciation sur la validité du
droit de l’Union mis en cause.

Ensuite, le président de Chambre se tourne vers le juge rapporteur en lui


demandant de poser une question. Les autres juges peuvent aussi poser des questions.
Il a cette possibilité d’interroger les différents protagonistes.

Généralement, un délai de 5 à 6 semaines est fié pr la présentation de ses CCL en


audience publique. L’avocat général se limite à lire ses CCL, devant la même
formation. Ainsi, il peut tomber lors d’une audience d’une autre affaire devant la
même formation. Il est arrivé que l’avocat général se trompe de chambre. Assez
paradoxal donc. Il lit ses CCL, et une fois prononcées, l’affaire est mise en délibérée,
cad que le juge rapporteur rédige un projet d’arrêt qu’il soumet à ses collègues de sa
formation. Si un juge est mis en minorité, il doit rédiger un arrêt contraire à celui qu’il
avait proposé.

L’arrêt pourra ensuite être rendu.

SECTION IV : L’étendue de la compétence de la Cour de justice.

Ce fut à la CJUE de définir sa propre compétence en en fixant des limites, très


souvent discutées par les parties au litige devant la JN, mais aussi par les

93
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

gouvernements, et enfin par es autres institutions de l’UE. Elle a été amené à


développer une JP sur ce sujet, avec des limites à sa compétence.

1§ Les limites de principes établis par la Cour.

La Cour ds une JP constante, dit qu’il faut établir une séparation entre sa
compétence et celle des J nationales. IL ne doit pas y avoir d’empiétement de l’une sur
l’autre, et doit être amenée à préciser les limites de sa propre compétence vis à vis des
JN.

Notamment au sujet des règles d’organisation et de procédure nationale, la


question se pose de savoir si la Cour peut examiner les règles d’organisation et de
procédure nationale applicable devant la juridiction nationale à l’origine du renvoi. Un
débat a lieu, et l’une des parties conteste la compétence de la JN qui a interrogé la
CJUE. Concrètement, elle est interrogée par une juridiction, et le gouvernement ou
l’une des parties au principale soulève le fait que la JN n’était pas compétente pour
trancher le litige. Il n’y a pas lieu donc que la CJUE lui réponde. Par exemple :
tribunal de commerce de Paris a interrogé la CJUE sur la question de savoir si La
Poste pouvait aider Chronopost. Ce n’est pas une question anonyme, car cela portait
sur des milliards de francs. Le gouv FR a dit que la CJUE ne pouvait pas répondre car
le tribunal de Paris n’était pas compétent. Ds son arrêt CJUE de 1996 « La Poste et
Chronopost » la Cour de justice dit qu’elle n’est pas compétente pour regarder les
règles qui président à l’organisation judiciaire et la compétence dans les Etats-
membres.

Pareil en 2017 avec le tribunal suprême espagnol. Ce juge situé au sommet de


l’ordre juridictionnel, qui a un doute, peut interroger la Cour. Mais selon elle, ça ne la
regarde pas, c’est l’affaire de la juridiction.

De même, sur l’établissement et l’appréciation des faits = ne relèvent pas de


l’appréciation de la compétence de la CJUE. Ils relèvent de la seule compétence de la
JN, et la CJUE qui statue sur l’interprétation du droit de l’UE sur la validité des
actes, s’en tient pr rendre un arrêt qui correspond au pb qui se pose, aux faits tels
qu’ils ont été décrits pas le juge national.

Ensuite, la compatibilité du droit national avec le DUE, ou la validité du droit


national au regard du DUE, ne relève pas de la compétence de la CJUE. La CJUE a
une compétence qui résulte de l’art 267 TFUE, et n’est donc pas compétente pr
apprécier la validité du droit national, ou sa compatibilité avec le droit de l’union.

Aussi, la CJUE n’est pas compétente pr interpréter le droit national, ds une JP


constante, notamment via CJUE 1993 « Phil Collins » au sujet de ses droits, résultant
d’une question préjudicielle sur la question de savoir si les droits de Phil Collins
étaient des droits d’auteurs ou des droits voisins des droits d’auteur. La CJUE répond

94
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

en précisant qu’elle n’est pas compétente pr qualifier ces droits au regard du droit
national.

Enfin, elle n’est pas compétente pour appliquer l’appréciation qu’elle délivre au
règlement du litige, car il relève de la compétence de la juridiction nationale qui est
saisit initialement de ce litige. = Pas appliqué à l’espèce. Elle ne décide pas quelle
partie a raison.

=> la pratique a révélé un certain nombres d’évolutions et de nuances apportées par la


JP de la CJUE.

2§ Les extensions issues de la pratique de la Cour.

Elle a tjrs été soucieuse à la nécessité d’apporter des réponses utiles aux
juridictions nationales. Elle ne souhaite pas que l’on s’en tienne à un dialogique
purement formel et académique. C’est une coopération entres juges, nécessitant une
forme de compréhension réciproque. La CJUE va ds ses arrêts, tt en respectant les
limites, introduire des éléments pr aider la JN à statuer.

• Sur l’incompétence de la CJUE sur la validité du droit national ou sa


compatibilité avec le DUE. Mais le plus souvent, les JN interrogent la CJUE
aux fins de savoir si le DN applicable est ou non compatible avec le DUE. Sur ce
point, elle fait preuve de souplesse et revérifie les questions. La question qui a
pu être posée, va être requalifiée, et la Cour plutôt que de partir du DN pour le
confronter au DUE, va partir du DUE et va se demander si il est à interpréter
en ce sens. Par exemple : l’art 34 du TFUE prohibe une législation qui ne
permet pas aux commerçants de vendre leur produit à perte. Question
d’interprétation du DUE, et ceci au regard du DN applicable. Mais elle s’en
tient à l’interprétation et ne dira jamais par ex « la loi FR ets incompatible ».

• Il apparaît parfois que la JN interroge la CJUE sur l’interprétation alors que le


pb est celui de l’appréciation de validité. La Cour a procédé à des
transformations de questions, qui sont devenues des questions d’appréciation de
validité du droit dérivé, et inversement.

• Elle procède aussi à un certains nombre de compléments aux question


limitativement posées, surtout quand les textes visés par la JN ne sont psa
pertinents. Ex : sur la vente à perte, le T de Strasbourg avait visé la Libre
circulation des personnes et la libre concurrence. La CJUE a observé que aucun
des textes visés ne concernait la vente à perte.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

SECTION V : Les effets des arrêts préjudiciels.

Ils ne sont pas définis à l’art 267 du TFUE. C’est la JP qui en a défini à la fois
l’autorité, mais aussi les effets dans le temps.

1§ L’autorité des arrêts préjudiciels.

A) A l’égard de la juridiction auteur de la demande.

Arrêt rendu par la CJUE sur renvoi préjudiciel s’impose à la JN qui l’a interrogé
alors même que la juridiction n’était pas tenue de renvoyer. A partir du moment où elle
a décidé de faire un renvoi, elle doit s’en tenir à cette interprétation. Si elle ne le fait
pas, elle s’expose à un recours de droit interne, qui serait introduit contre sa décision.
La Ccass FR a eu à connaître d’affaire sur des CA qui n’avaient pas respecté un arrêt
préjudiciel qu’elle avait demandée.

C’est l’autorité de la chose jugée sur renvoi préjudiciel. IL y a une thèse qui a été
publiée portant sur cette autorité de la chose jugée. Il y a un certains nombre
d’auteurs qui parlaient de « l’autorité de la chose interprétée ».

B) A l’égard des autres juridictions.

= celles pas à l’origine du renvoi.

Sur les arrêts d’interprétation, la CJUE indique qu’ils pourront tjrs être utilisés
par d’autres juridictions, même d’autres États membres que celles à l’origine du
renvoi. Mais cela ne doit pas priver ces juridictions de la faculté de faire un nouveau
renvoi, alors que l’affaire soulève un certains nombre de questions nouvelles. Ex : Une
réponse donnée à une interprétation portant sur la libre prestation des services, vaut
normalement pr ts les services équivalents, mais chaque droit national a sa spécificité.
Donc on peut avoir des doutes sur la reprise de cette interprétation dans le droit
national d’un autre État. Donc légitime de réinterroger la CJUE à ce sujet. Il est tjrs
possible à la CJUE de rendre une ordonnance qui renvoie à sa JP antérieure.

Sur les appréciations de validité, lorsque la CJUE déclare que l’acte est
« invalide », cela constitue « une raison suffisante pour tout autre juge de considérer
cet acte comme non valide pour les besoins de la décision qu’il doit rendre » CJUE
1981 « ICC ». PK un tel pb ? Parce que une déclaration d’invalidité de la CJUE ne
revient pas à l’annulation de l’acte. Elle ne statue pas sur un recours directe en
annulation.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

C) A l’égard des autres autorités européennes et nationales.

Doivent tirer tte conséquence des arrêts de la CJUE, notamment quand il dit
qu’un acte est invalide, notamment en vue d’abroger l’acte en question, voire de
l’annuler. Il faut le faire disparaître de l’ordre juridique européen, sans attende => il
faut le faire immédiatement.

Pr les autorités nationales, elles doivent tirer pleinement les conséquences des
arrêts de la CJUE. Elles ne peuvent les ignorer. La JP fait corps avec le droit écrit
qu’elle a apprécié. Distinction ente droit écrit et droit non écrit n’est pas valable pour
soustraire les juridictions nationales à ce respect. Autorité de la chose jugée donc JP
Doit être prise en compte, sous peine de poursuites.

2§ Les effets des arrêts préjudiciels dans le temps.

Effet ex tunc 23: Il s’applique non seulement pour l’avenir, pr le présent, mais
aussi aux situations antérieures. L’interprétation délivrée vaut depuis que l’arrêt
existe. L’appréciation de validité vaut depuis que l’acte de l’institution est en vigueur.
Les arrêts préjudiciels ont donc des effets rétroactifs, et ils sont susceptibles de
provoquer des bouleversements, et la CJUE en est consciente, c’est la raison pr
laquelle elle accepte de limiter ds le temps les effets de ses actes, pr l’appréciation de
validité et l’interprétation.

• Sur l’interprétation : elle a considéré que il y avait lieu de délivrer une


interprétation qui ne vaudrait que à compter du prononcé de son arrêt,
notamment lorsqu’elle entraîne « pour le passé, des conséquences importantes
au sujet de relations juridiques établies de bonne foi, et lorsqu’il y avait un
doute antérieurement à l’arrêt de la CJUE sur l’interprétation à donner ». Il
faut vérifier un bouleversement des relations juridiques ds le passé et une
controverse au sujet de l’interprétation qui pourrait être donnée. Difficile de les
remplir. Arret CJUE « Defresnne » 1976, la CJUE a limité ds le temps les effets
de son arrêt. Toutefois, elle indique que des limitations valent pour l’avenir et
peuvent aussi bénéficier à ceux qui ont introduit une demande en justice avant
le prononcé de l’arrêt. Logique de coopération où chacun essaye de comprendre
l’autre suivant cette logique

23 Un effet à partir d’une date antérieure.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

TITRE II : Le contentieux relevant de la compétence de la cour


de justice de l’union européenne.
= ensemble des litiges relevant des matières attribuées à la CJUE. Elle est appelée à
réguler des litiges qui s’inscrivent dans sa compétence. ATTENTION Ce contentieux
n’inclut pas le renvoi préjudiciel, qui est une procédure de juge à juge, et donc pas une
procédure contentieuse.

Il est défini par l’art 19 du TFUE et par unes série de dispositions du TFUE
consacrée à la CJUE. Sont inscrites ds une section spécifique, des art 251 à 281 du
TFUE. Ils n’énoncent pas seulement les différentes voies de recours dont la CJUE
peut être amenée à connaître, mais traitent aussi du fonctionnement et de
l’organisation de la CJUE.

La CJUE, qui peut être saisie par des sujets de droit très différents, telles que
les institutions de l’UE, les États membres et les personnes physiques et morales
d’États membres ou d’États tiers, et va donc connaître des recours de nature très diff.
Il ne s’agit pas d’étudier chacun des recours, mais plutôt d’avoir une idée de ce qu’elle
est en mesure de traiter quand elle est saisie.

CHAP I – Organisation judiciaire et procédure contentieuse.


L’étude du fonctionnement d’une juridiction nécessite de connaître à la fois les
règles de fonctionnement et les règles de procédure.

SECTION I : L’organisation judiciaire.

L’organisation judiciaire repose sur une structure présentée ds l’art 19 du TUE.


Cet art ds son §1 indique que la CJUE comprend la Cour de justice, le tribunal et des
tribunaux spécialisés. Sur la composition de la Cour de justice et du tribunal, elle est
évoquée au §2. Elle précise aussi ce que les juges et avocats généraux de la Cour sont,
et la manière dont il sont choisis. On s’interroge nécessairement sur le mode de
fonctionnement de la CJUE => Statut de la CJUE, TUE, TFUE, et ds chacun des
règlements de procédure propres à la Cour.

1§ La composition des juridictions de l’UE.

La CJUE, ds l’art 19§1 est composée de :

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

• La CJ
• Le tribunal
• Les tribunaux spécialisés.

=> lors de l’entrée en vigueur des 3 premiers traités constitutifs, il a été décidé de
mettre en place une Cour de justice commune aux 3 communautés européennes, et de
constituer ainsi la Cour de justice des communautés européennes. Les autres
institutions : il y avait une commission CEE, une commission du CEA etc.… Pas
concevable de multiplier les juridictions. Une seule était appropriée au mode de
règlement des litiges. Au fil des ans, les litiges ont été multipliés, de par la volonté de
contester des actes des institutions, mais aussi de par le constat d’inexécution par les
Etats membres de leurs obligations. Progressivement, le nombre de recours accru
considérablement, augmentant les délais de jugement. => Phénomène de société en
contestation de tte espèce de décision, en justice.

Compte tenu de cela, il a été décidé en 1989 de créer une 2eme juridiction à coté
de la CJCE, soit un tribunal de 1er instance des communautés européennes. Il relevait
de la compétence normale de la CJCE des communautés, et affectés aux arrêts de
première instance, pouvant faire l’objet d’un pouvoir devant la CJCE.

Le tribunal n’avait des compétences que très limitées, en ce sens que l’on avait
voulu faire un essai et lui confier des recours en matière de fonction publique, de droit
de la concurrence, et de charbon et de l’acier. Ce tribunal a effectué un travail de
grande qualité, et la CJ a confirmé la plupart des arrêts rendus par le Tribunal, car
elle n’y voyait pas d’erreur de droit commise. Avec le nombre croissant d’affaires, il a
été décidé d’augmenter les compétences du tribunal, diminuant celles de la CJ. => via
plusieurs décisions successives du Conseil. Aujourd’hui, il résulte de l’art 256 du
TFUE, que le tribunal est compétent pr connaître en 1 er instance des recours visés aux
art suivants + il s’est vu attribuer la plupart des recours directs en premier instance.
Le texte de l’art 256 indique que cela vaut « sous réserve des compétences qui seraient
réservées à la Cour de justice ». Cette lecture du texte n’est pas commode car elle nous
invite à nous reporter à une disposition sur les réserves du statut de la CJ.

Réserve un certains nombres de recours en 1 er et dernier instance à la CJ, art 51


du Statut de la CJUE : recours en annulation ou en carence formés par une institution
contre une autre institution, et aussi des recours formés par des États membres contre
le parlement et le conseil ou contre le conseil. Ce sont des recours de nature quasi
constitutionnelle.

La CJ est composée d’un juge par État membre, et le Tribunal comporte au


moins un juge par État membre. Cela réserve 27 juges minimum à la Cour de justice.
Les avocats généraux à la CJUE : leur nombre n’est pas précisé ici ds le texte de l’art
19. Il y a ajd 11 avocats généraux à la CJUE. Le nombre fait débat au motif qu’il y a
une inégalité entre les États membres, qui peuvent envoyer une personne siéger en
tant qu’avocat général. Les grands États membres en disposent tjrs d’un (France,
Pologne, Italie, Espagne, Allemagne). Pr les autres, il y a une rotation. Pr le Tribunal,

99
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

le texte indique un juge par État membres au moins, mais il a été décidé de doubler le
nombre de juge, avec 54 juges ajd. Ils sont tlmt occupés que le président de la CJ a
décidé d’entreprendre une réforme, en confiant certaines questions préjudicielles au
tribunal de l’UE.

=> La CJUE contrôle sur pourvoi les arrêts du tribunal.

Art 19§2, les juges et avocats généraux sont choisis parmi des personnalités
offrant des garanties d’indépendance et répondant aux critères visés aux art 253 et
254 du TFUE. Sont nommés pour 6 ans d’un commun accord par les États membres et
peuvent être nommés de nouveau. Ce sont les gouvernements des États membres,
proposent un nom de juge et un nom d’avocat général. Une fois choisi par le gouv, et
les personnalités nommées doivent faire l’objet d’un examen par le commité de
Lisbonne à l’art 255.

Un comité va entendre les personnes choisies et leur faire passer un entretien,


sur leur motivations et leur connaissances. Il peut y avoir des contrôles => sur les
connaissances et compétences, et sur l’indépendance de ces personnes à l’égard des
gouvernements.

2§ Le fonctionnement des juridictions de l’UE.

Il est décrit par le statut de la CJUE et par chacun des règlements procédures
des juridictions. Les 2 juridictions siègent à Luxembourg, de manière permanente

Siègent en chambres de 3 juges, mais aussi le cas échéant de 5 juges,


correspondant au traitement d’affaires nécessitant un examen plus attentif. Peuvent
siéger en grande chambre aussi, formation à 15 juges, présidés par le président de
chacune des juridictions. Peuvent aussi y avoir une formation entre ts les juges de la
CJUE => affaires importantes.

Siège de manière permanente sauf pendant les vacances, même si il est encore
possible pendant ces périodes, que le tribunal ou la Cour aient à statuer, surtout
quand il y a urgence.

SECTION II : La procédure contentieuse.

Cette procédure est décrite par le Statut de la Cour de justice de l’UE, qui a
valeur de traité annexé aux traités constitutifs, et aussi par les règlements de
procédure. Ils sont une valeur inférieure car sont de droit dérivé. La procédure
contentieuse est régie pr des règles générales et fait l’objet de règles plus spécifiques.

100
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

1§ Les règles générales de procédure.

Elles sont énoncées de manière très détaillées. La procédure devant ces deux
juridictions est organisée en 2 phases, une phase écrite et une phase orale,
commençant par l’introduction d’un recours, présenté par un requérant qui doit se
faire assister, cad se faire représenter par un avocat lorsqu’il s’agit d’une personne
physique ou morale, ou par un agent quand c’est un État membre ou une institution.
Le recours doit être présenté selon des formes très strictes, selon des règlements de
procédure, dans une langue choisie par le requérant lorsqu’il agit contre une
institution. Les institutions sont censées maîtriser les 24 membres de l’UE. EN
revanche, quand les recours sont dirigés contre des États membres, ce sera ds la
langue de l’État défendeur.

Une fois le recours introduit, il est signifié à la partie défenderesse, qui dispose
d’un délai de 2 mois pour présenter son mémoire en défense. Il est ainsi envoyé à la CJ
ou au Tribunal, et cette juridiction offre généralement la possibilité au requérant de
former une réplique par rapport à la défense. SI il y a réplique, il doit y avoir une
duplique de la part du défendeur pr respecter le principe du contradictoire.

Les diffs mémoires sont consignés par le juge rapporteur, qu’il présente devant la
juridiction compétente, et fait ses propositions s’agissant des suites à réserver à la
procédure (CCL avocat général , suite de l’audience etc.)

Après on entre ds la phase orale de la procédure, à supposer qu’il y ait une


audience, qui veut que chaque partie présente des plaidoiries, ou des répliques si ils
veulent répondre. Puis ensuite CCL devant le juge, et ensuite l’audience est close.
Ensuite viennent les CCL du rapporteur, qui ne sont pas systématique devant la CJ,
et qui sont là uniquement si il y a des questions de droit nouvelles. Pas permis de
rouvrir l’audience ensuite.

=> fin procédure orale, et ensuite proposition de rédaction d’un arrêt par le juge
rapporteur. Affaire mise en délibérée, avec un échange entre les membres de la Cour
pour parvenir à un arrêt, lequel sera prononcé en audience publique.

2§ Les règles propres à certaines procédures particulières.

L’importance des recours qui sont susceptibles d’être formés devant ces 2
juridictions, a provoqué un allongement progressif de la durée d’examen de ces
recours, et il est parfois nécessaire de saisir le juge d’une demande en référé, ou du’n
pourvoi.

A) La procédure en référé.

C’est l’art 278 du TFUE, prévoyant expressément que les recours formés devant
la CJUE, n’ont pas d’effets suspensifs, toutefois la Cour, si elle estime que les

101
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

circonstances l’exigent, peut organiser des mesures provisoires nécessaires selon l’art
279 TFUE.

Pour statuer en référé, il faut une demande du requérant qu’il a introduit un


recours classique, le recours au principal, un recours en carence, un recours en
responsabilité, un recours en constatation d’une carence etc… Il se trouve ds une
situation ds laquelle il ne peut attendre les délais normaux de procès. Il va donc
demander des mesures provisoires => peut être sursis à l’exécution de l’acte attaqué.
Peut être aussi l’injonction prononcée par le juge des référés à l’encontre du défendeur
d’agir ds un sens ou ds un autre. Ce sont des mesures qui doivent rester
exceptionnelles, et qui ne seront que provisoires, qui ne vaudront que jusqu’au
prononcé de l’arrêt ds l’affaire au principal. Parce qu’il y a une nécessité d’agir vite que
le juge des référés devra prendre ses responsabilités.

La procédure qui s’applique est sommaire, dictée par l’urgence à statuer, et par
conséquent la demande en référé sera examinée non pas par une Ch de la Cour, mais
par un seul juge, le juge des référés. S’agissant du Tribunal de l’UE, c’est le président
du tribunal qui est compétent pour statuer en référé. Pr la CJUE, c’est normalement
le président, mais un acte de dérogation a été pris au bénéfice du vice président de la
Cour.

Pas de prononcé, pas de réplique, pas de CCL d’un avocat général → il ne fait que
suivre l’affaire. Le délai n’est que de quelques semaines, pas plus.

Conditions : l’octroi des mesures sollicitées nécessite de prouver que il y a


urgence à réparer un préjudice qui pourrait devenir irréparable si on attendait l’issue
normale du litige. Et il y a une exigence de moyens sérieux pour convaincre le juge des
référés. C’est le cujus bonus juris24. Le juge des référés impose une 3eme condition
parfois, celle de la balance des intérêts : entre les intérêts du demandeur et du
défendeur, la balance doit pencher en faveur du demandeur. Les intérêts du
requérants sont plus importants que ceux de la commission par exemple => ne lui
porterait pas préjudice de suspendre telle ou telle mesure pendant un certain temps.
c’est cela que l’on doit prouver ds la demande, le juge le vérifiera.

=> ces demandes ne connaissent de succès que dans moins de 10 % des cas.

B) La procédure de pourvoi formée contre les arrêts et ordonnances rendus par le


tribunal.

Tte ordonnance du tribunal peut être contrôlée via une voie de droit. Pas possible
de remette en cause ces décisions pour une mauvaise appréciation des faits et des
preuves, car ils relèvent de la seule compétence du tribunal saisi en 1ere instance, sauf
si dénaturation des faits ou des preuves apportées. Le pourvoi doit porter sur des
questions de droit, cela signifie que il faut identifier des erreurs juridiques ds les
arrêts ou ordonnances que l’on attaque : mauvaise interprétation de la JP pertinente,

24 La recherche de la « bonne loi ».

102
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

qualifications juridiques erronées des faits, la faiblesse de motivation des arrêts et


ordonnances du tribunal, violation des règles de procédure si elles sont substantielles
etc... Le non respect d’un droit fondamental procédural est susceptible d’être remis en
cause. Non respect du délai raisonnable.

Une fois saisie sur pourvoi, la CJUE va examiner l’affaire selon la procédure
générale que l’on a décrite, avec quelques aménagements et particularités.

• Elle va faire l’économie d’une audience le plus souvent, quand cela porte sur une
question de droit.
• Il y a plus souvent des CCL de l’avocat général, car c’est une contestation d’un
arrêt d’un tribunal => a t-il ou non bien jugé ?

A supposer que la CJUE rejette le pourvoi, cad que l’arrêt du tribunal produit ts
ces effets et qu’il n’est plus contestable. Si elle accueille le pourvoi, elle annule
entièrement ou partiellement l’arrêt ou l’ordonnance faisant l’objet du pourvoi. 2
possibilités :

• Elle évoque l’affaire : elle statue définitivement sur la demande initialement


présentée devant le tribunal
• Ou alors, elle peut renvoyer le traitement de l’affaire au tribunal de l’UE. Tenu
de statuer conformément aux éléments de droit que la CJUE a corrigé, décidé
dans des affaires complexes qui nécessitent l’examen des faits que l’on préfère
réserver à la vigilance et à l’occupation du tribunal. A pour effet d’augmenter le
temps de traitement de l’affaire.

Les audiences sont publiques, tant devant le tribunal que devant la Cour.

CHAP II – Les voies de droit juridictionnelles.


Ces voies de droit ont été précisées par les articles cités. IL apparaît que 2 types
de recours directs peuvent être formés devant la CJUE, contre les États membres, et
contre les institutions organe ou organisme de l’UE.

SECTION I : Le recours contre les États membres.

Les auteurs des traités ont prévu des recours contre les États membres qui ne
respecteraient pas la discipline instaurée par les institutions et les traités, et le droit
qui en découle. Seraient examinés par une juridiction internationale, La CJUE, et qui
pourrait donner lieu à un constat de violation de droit de l’UE.

103
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Ds la conception initiale du traité, cela ne pouvait être qu’une simple


constatation de manquement aux exigences. Mais il ne pouvait pas s’agir d’une
sanction. Désormais, et depuis le traité de Maastricht de 1992, entré en vigueur en
Novembre 1993, il est possible que la CJUE inflige aux États membre des sanctions de
nature financière, sous forme soit d’une amende, soit d’une astreinte . Ds la pratique,
il apparaît que la CJUE est compétente pour à la fois sanctionner l’État membre par
une amende et par une astreinte, alors que normalement les termes sont alternatifs ds
les textes, car n’ont pas la même finalité. => Art 251 – 281 TFUE.

Compte tenu de l’existence d’un pouvoir de sanction exercé lors d’une seconde
saisine, en cas de non respect du premier arrêt, a produit des effets considérables sur
les États membres, qui ont compris leur intérêt à respecter les arrêts de la CJUE,
faute de quoi ils s’exposent à des sanctions financières qui peuvent être lourdes et
difficiles à expliquer sur le plan interne, à la population ou à l’opposition. Pas
d’équivalent dans le monde. C’est la manifestation de originalité du DUE ds le cadre
des procédures en constatation de manquement.

1§ La notion de manquement d’un État membre.

Art 258 ainsi que l’art 259 TFUE qui s’attachent à envisager une procédure en
constatation de manquement contre un État membre qui aurait manqué à ses
obligations. Aucun de ces deux art ne définie cette notion pourtant. Il est écrit, au visa
de l’art 258 TFUE que : « Si la Commission estime qu'un État membre a manqué à
une des obligations qui lui incombent en vertu des traités, elle émet un avis motivé à
ce sujet, après avoir mis cet État en mesure de présenter ses observations. / Si l'État
en cause ne se conforme pas à cet avis dans le délai déterminé par la Commission,
celle-ci peut saisir la Cour de justice de l'Union européenne. ». Elle prend de multiples
formes.

A) Une notion large.

Une notion de manquement est très large , au regard de la nature et des sources
des obligations.

Les obligations qui pèsent sur les États membres sont de nature diverses :

• Il peut s’agir de la part de l’État de l’adoption ou de la non-adoption d’un texte


de loi ou administratif : l’adoption du texte était prescrite notamment en raison
de l’expiration du délai de transposition d’une directive, sachant que tte
directive doit être transposée en droit national => donc en ne transposant pas la
directive au terme du délai, l’État a manqué à ses obligations, et est susceptible
de faire l’objet d’un recours en constatation de manquement. Elles imposent aux
États membres de communiquer à la Commission les mesures de transposition.
l’État membre s’expose à une procédure e manquement. Arrêt CJUE 2019

104
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

« Commission c/ Belgique. » Sur l’obligation de ne pas adopter un texte : car il


serait contraire à une disposition du DUE. Ex : interdit d’imposer des textes
d’effets équivalent à des droits de douane. En dépit de cette interdiction, des
États membres ont régulièrement adopté des taxes d’effet équivalent. La
Commission en a identifié plusieurs, avec plusieurs 10aine d’affaires.

• Il peut s’agir de l’adoption d’un texte non-conforme aux exigences européennes,


notamment une transposition incorrecte d’une directive. Un texte qui ne
respecte par la règle d’un traité, la Charte des droits fondamentaux, ou un acte
d’une institution, une directive, un règlement etc. En ce sens : JP CJUE
« Commission c/ Pologne », 2019 : la CJUE estime qu’il y a un manquement de
l’Etat polonais

• Il peut s’agir aussi d’une pratique étatique qui contrevient au droit de l’UE, qui
heurte une règle de droit de l’UE indépendamment d’un texte => JP CJCE
« Commission c/ Irlande, dans l’affaire Buy Irish Company » 1982 =>
comportement actif de l’État. Campagne menée par les autorités en faveur des
produits irlandais => procédure contre l’Irlande car une telle campagne a
favorisé l’achat de produits nationaux. Elle décèle des pratiques actives, telles
que celle d’une campagne publicitaire.

• Mais décèle aussi les carences de l’État « Affaire Fraise espagnole, commission
c/ France » en 1997 la CJUE a estimé que la passivité de la France à faire
cesser des comportements qui avaient pr effet d’entraver les échanges, était une
violation du droit de l’Union. Impuissance des forces françaises à éviter la
destruction systématique des fraises espagnoles dans le sud de la France =>
procédure en manquement pour inaction face au fait de portée atteinte à des
produits étrangers.

• Il peut s’agir d’une décision de justice : cela soulève la question du manquement


judiciaire. Les juges des États membres jouissent d’une indépendance à l’égard
du pouvoir lég et exé. La CJUE prenait soin de dire que l’Etat avait manqué à
ses obligations en maintenant un texte tel qu’interprété par les juridictions
nationales. Mais le seuil a été franchi en 2018 : arrêt CJUE du 4 oct 2018
« Commission c/ France », au sujet d’une position erronée adoptée par le CE
s’agissant de la libre circulation des K. Le CE n’a pas tenu compte d’une ligne
de JP de la CJUE en matière de justice et s’est abstenu de faire un renvoi
préjudiciel à la CJUE, au détriment d’un certain nombre d’établissements
financiers. La CJUE a constaté le manquement de l’État français.

B) Les sources de ces obligations.

Peut s’agir ds dispositions des traités qui imposent des obligations aux États
membres, en principe en terme impératifs. Motif : l’État membre ne respecte pas
certaines valeurs de l’Union. La Commission est prête à s’engager ds une procédure en
constatation de manquement qui viserait des art des traité qui en eux mêmes

105
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

n’imposeraient pas d’obligations dans des termes précis particulièrement. Ex :


engagement à respecter l’égalité entre les H et les F. On franchit une étape
supplémentaire, car le manquement avant consistait une non application de
dispositions précises.

Ttes les dispositions du traité devraient pouvoir être des références par rapport
au manquement. Mais, certaines dispositions ne peuvent faire l’objet d’un recours en
manquement, via 2 limites :

- Celles qui découlent de l’étendue de la compétence de la CJ restreinte en vertu


de l’art 275 du TFUE, relatif à la politique étrangère et de sécurité communes
Les actes pris sur le fondement du traité en matière du PESC => donc peut pas
contester un manquement d’un état relatif à la PESC

- La politique économique des Etats, et particulièrement à l’obligation de ne pas


maintenir les déficits publics excessifs => art 126 TFUE §10 : il exclut les
recours en manquement qui sont visés aux art 258 et 259. Donc force des États
lorsqu’ils négocient un traité

Droit dérivé = Tt autre droit de l’UE : du moment qu’il consiste en des actes
obligatoires, peut faire l’objet d’un recours en manquement. Ex : règlements, directives
etc.. Peuvent donner lieu à des procédures en manquement.

Les PGD, formulés de manière pratique, peuvent aussi faire l’objet de procédures
en manquement.

L’État, dès qu’il agit dans le champ de l’UE : Peut faire l’objet donc d’une
procédure en manquement.

La Charte des droits fondamentaux a aussi été considérée comme une source de
nature à donner lieu à une procédure en constatation en manquement, avec la
difficulté de s’assurer que l’État, par son action, mette en œuvre le DUE au sens de
l’art 51 de la Charte.

Enfin, les accords internationaux qui sont conclus par l’UE, avec des Etats tiers :
ils lient les institutions de l’UE et les États membres de l’UE. Si un État membre, par
son action, ne respecte pas un engagement pris par l’UE, il est passible d’une
procédure en constatation de manquement. On l’a vu à partir du début des 90’, dans
JP CJUE « Commission c/ Italie » en 1993. Depuis, la CJUE examine régulièrement
des manquements reprochés aux États pour entrave à la mise en œuvre des traités
avec les États tiers, liant les États. Un État membre ne peut donc pas agir dans le
champs de l’accord avec l’État en question, c’est l’UE qui gère le traité.

106
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

C) Une notion se prêtant peu aux excuses des États membres.

Sur la question que la notion de manquement se prête peu aux excuses avancées
par les États : En effet, les États membres, conscients d’avoir enfreint le DUE et ses
sources, sont parfois enclins à faire des présentations de leur inaction sous la forme
d’excuses, présentées auprès de la Commission européenne qui les a poursuivi,
ultérieurement devant la CJUE. Ces excuses sont tjrs les mmes :

• difficulté sur le plan technique ;


• difficulté sur le plan de aménagement des pouvoirs au sein de l’État ;
• la réciprocité : France poursuivit car elle n’a pas mis un terme à une
organisation de marché pour la production bovine, car le RU ne l’avait pas
encore mis en place. Ce type d’excuse pas valable.

=> c’est l’affaire des États, pas de l’UE. Cette dernière attend juste que la disposition
soit appliquée. Il ne peut donc pas justifier son comportement. Les excuses de nature
purement politique sont indifférentes. Ex : dissolution du parlement.

En somme, sauf la force majeur est admissible, selon l’arret CJUE « Commission
c/ Italie » 1993 => conditions : évènement extérieur, imprévisible et irrésistible.

2§ Les phases successives de la procédure en constatation de


manquement.

Plusieurs phases, car il s’agit de faire des reproches à un État membre, de lui
permettre de s’excuser, et puis de constater ou non ce manquement.

A) La phase administrative préalable

Initiative de la procédure est partagée entre la Commission et les Etats


membres : Art 258 = la commission européenne qui veille à la bonne exécution du droit
de l’UE. La Commission, à la suite d’une plainte ou une étude, va interroger un Etat
membre au sujet du non-respect possible d’une de ses obligations. Elle va ainsi
adresser à l’Etat membre une demande d’explication. Cette phase de la procédure n’est
pas prescrite par l’art 254. Aussi initiative des États membres au titre de l’art 259
TFUE. Il est mesure de le faire, parce qu’il examine la situation ds l’E de l’UE. Il
constate un pb chez un voisin, un concurrent ou un partenaire, lui permettant
d’engager cette procédure.

99 % des procédure sont engagées par la Commission européenne en réalité. Son


initiative est discrétionnaire, et agit régulièrement sur plainte, formée par des
individus, des collectivités, des EP, des entreprises, ou encore par un État tiers. Peut
être aussi par un autre État membre qui n’a pas eu le courage d’engager lui même une
procédure contre l’un de ses voisins.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

=> Elle n’est pas tenue de donner suite à la plainte. La procédure consiste à engager
une discussion avec l’État membre concerné. Si on est ds le cadre de l’art 258 du
TFUE, cad engagement de la procédure par la commission :

 La procédure commence par une lettre de demande d’explication à un Etat membre


qui prétendument s’est mal comporté. 2 possibilités :
o L’état membre s’abstient de répondre
o L’état membre répond :
 S’il répond de manière convaincante la procédure s’arrête.
 S’il n’est pas convaincant alors étape suivante.

=> Ds le cadre de l’art 259, engagé par un État donc, il doit saisir la Commission, et
c’est elle qui se chargera de la procédure administrative.

 Étape suivante visé par l’art 258 TFUE = consiste en une lettre de mise en
demeure adressé à l’Etat membre pour obtenir des observations de sa part sur un
prétendu manquement. Cette lettre est prescrite. L’Etat membre doit répondre
dans un délai raisonnable. Au vu de la réponse formulée par l’état membre :
o S’il répond de manière convaincante la procédure s’arrête là.
o S’il n’est pas convaincant alors étape suivante.
 Cette lettre est une formalité substantielle (donc déterminante) si la
commission veut aller plus loin.

 Si la Commission va plus loin, il lui faut émettre un « avis motivé » : cet avis
qui peut être émis par la Commission est un avis qui produit des effets contraignants
en ce sens que la Commission demande à l’Etat membre qu’elle vise d’exécuter ces
formes, dans un délai raisonnable. Elle demande donc de lui notifier les mesures
prises pour satisfaire à ses obligations. Si il n’a tjrs pas exécuté ses obligations au
terme du délai, il faut en tirer les conséquences.

Ds le cadre de l’art 259, si la Commission recherche la paix entre les États, et


qu’elle n’émet pas cet avis motivé, et si elle ne partage pas l’avis de l’État membre, la
procédure n’est pas bloquée. SI la Commission n’a pas émis d’avis ds un délai de 3
mois, cela ne fait pas obstacle à la saisine de la CJUE. => État membre contre État
membre.

Dans le cadre de l’art 258 et si aucune mesure n’a été prise par l’État, la
Commission a le pouvoir de saisir la CJUE. Mais pas obligée de le faire. On ne peut lui
reprocher une carence, ds la mesure où c’est un pouvoir purement discrétionnaire. Car
pas d’obligation préalable qui pèse sur la Commission de saisir la CJUE.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

B) La procédure contentieuse.

Elle peut être ouverte :

- Soit par la Commission européenne au titre de l’art 258 TFUE à la suite de la


phase administrative. Arrêt CJCE « Commission contre Italie » en 1958, sur les
conditions de l’ouverture de la procédure : Italie dit que la Commission a
attendu 4 ans pour saisir la Cour => et que donc il y a forclusion. CJCE rejette
cela, et dit qu’il n’y a pas de délai pour saisir la Cour. C’est la Commission qui
juge du moment opportun. Ensuite on doit permettre à l’Etat de se défendre.
Possibilité de faire une réplique par la Commission, et duplique par le
défendeur.

-Soit par un Etat membre sur le fondement de l’art 259 TFUE : Si un Etat
membre décide d’agir contre un autre Etat membre et saisit la CJUE (en raison
de la violation du droit de l’UE par un de ses partenaires), cet Etat membre doit
saisir préalablement la Commission et lui demander d’émettre un avis motivé.
Si la commission n’émet pas d’avis motivé dans un délai de 3 mois à compter de
la demande alors l’Etat membre peut tout de même saisir la CJUE.
 Les recours état contre Etat sont exceptionnels alors que recours commission
contre état est une pratique courante.

Pour résumer la procédure :

 4 mémoires :
- Recours (commission / état membre demandeur)
- Défense (défendeur)
- Réplique (commission / état membre demandeur)
- Duplique (défendeur)
 Ensuite on décide des suites à donner à la procédure écrite
 Audience
 Conclusion de l’avocat général

Contradictoire : l’État membre peut se défendre, la Commission peut formuler une réplique
et l’État membre défendeur peut présenter une duplique.

Procédure orale : dans le cadre des manquements dits « non contestés », il n’y a
plus de procédure orale. L’audience et les conclusions de l’avocat générale sont aussi
inutiles. L’affaire sera mise en délibéré dès la fin de la procédure écrite.

109
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Une fois la procédure orale terminée, l’affaire est mise en délibéré et la CJUE est
amenée à statuer. Elle rend un arrêt et parfois de manière exceptionnelle, elle rend
une ordonnance. L’arrêt constate un manquement ou au contraire l’absence de
manquement. De plus, il condamne la partie perdante aux dépens de la partie adverse
(aux frais de procédure). Il n’y a pas à ce stade, de sanctions financières prononcées à
l’encontre de l’État membre dont le manquement est constaté. Mais il y a toutefois une
exception à cette absence de pouv d’infliger des sanctions, ds un art 260§3 TFUE :
« Lorsque la Commission saisie la Cour d’un recours en vertu de l’article 258, qui tend
à reprocher à un État membre de ne pas lui avoir communiqué des mesures de
transposition d’une directive adoptée conformément à une procédure législative, alors
la Commission peut demander à la Cour de justice d’infliger à l’État membre
négligeant une sanction financière sous la forme d’une somme forfaitaire ou
d’astreinte ». => Arrêt CJUE 8 juillet 2019 « Commission contre Belgique ».

Concernant la procédure d’urgence : la procédure juridictionnelle peut aussi


donner lieu parallèlement à ce recours en manquement, à une procédure d’urgence
engagée ds le cadre d’une demande en référé, art 279 TFUE, ds lequel il est possible
que la Commission demande à la CJUE de prendre des mesures provisoires à
l’encontre d’un État membre qui ne respecte pas ses obligations.

 JP CJCE 1977 « Commission c/ Irlande »


 JP CJUE « Commission c/ Pologne » 2017 : coupe de bois dans des zones
protégées pour les espèces d’oiseaux. Le juge des référés dans une 1 ère
ordonnance a ordonné à la Pologne de cesser son comportement contraire aux
obligations du droit européen de l’environnement. Cette décision n’a pas été
suivis d’effet. Donc le juge des référés a enjoint à nouveau à la Pologne de cesser
et l’a condamnée à une amende payer une astreinte par jour de retard. Donc
Pologne s’est exécutée

=> MAIS aujourd'hui à l’encontre de certains États membres cette mesure (de payer
une amende par jour de retard) n’est plus efficace.

3§ Les effets de l’arrêt de manquement.

Les effets sont décrits par l’art 260 TFUE :

- Il y a des obligations à la charge des Etats découlant de l’arrêt demandés :


obligations classiques.

- Il y a des obligations qui tiennent à l’inexécution d’une décision en


manquement.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

A) Les conséquences générales découlant d’un arrêt de manquement.

Explicitées par la CJUE ds une JP constante. Arrêt CJCE 1972 « Commission


contre Italie ». L’arrêt de manquement implique la prohibition d‘appliquer des règles
incompatibles, mais aussi la suppression de ces règles, et l’obligation de prendre des
dispositions nécessaires pour favoriser le plein effet du DUE. IL va sas dire que le
simple dépôt d’un projet de loi ou d’une proposition de loi ne correspond pas à une
exigence prononcée par la CJUE. Il faut être actif et efficace en vue de remédier au
manquement constaté.

B) Le délai d’exécution de l’arrêt de manquement.


Il doit le faire dans un délai qui n’est pas défini par les textes. La CJUE a dit il
n’y a pas lieu de fixer un délai (car chaque Etat aura toujours des circonstances à
invoquer pour dire que les conditions n’étaient pas bonnes pour exécuter le
manquement). On doit donc s’en tenir à la notion du délai raisonnable, vague et
indéfinissable, avec des interprétations multiples. Il convenait de ne pas laisser trop
de libertés aux États membres pour exécuter un arrêt de manquement. La CJUE a été
plus ferme dans ses prises de position. La CJUE a indiqué que l’exécution, ds un arret
« Commission c/ Italie » 1986, devait être entamée immédiatement et devait aboutir
dans les plus brefs délais. Le commencement doit être immédiat. Aucun délai n’est
fixé, tt est affaire d’appréciation.

C) Les autorités appelées à mettre en œuvre les arrêts de la CJUE prononcés sur
manquement.

Ce sont les autorités centrales de l’État : gouvernement et parlement. Etat ,


collectivités territoriales, Etat fédérés etc. En Italie, il s’agira par exemple des régions,
les communautés en Espagne. La CJUE est indifférente à la répartition des pouvoirs
en ce qui concerne l’exécution des arrêts de manquement. Elle attend une exécution
efficace et satisfaisante.

Les juridictions sont elles aussi tenues de juger conformément à l’arrêt de


manquement prononcé ? Surtout quand le droit écrit n’a pas été modifié ? S’est posé en
France, au début des années 80’,CJCE 1980 « Commission c/ France », sur la publicité
sur le territoire FR en faveur des alcools. Les boissons alcooliques faisaient l’objet de
mesures particulières : les whiskys ne pouvaient faire l’objet d’une publicité sur le
territoire FR. Manquement aux règles du traité, 34 et 36 TFUE ajd : interdiction des
mesures d’effet équivalent à des mesures de régulation. Arg FR : produits nocifs pour
la santé. La CJUE a accepté cette justification. Art 36 dans sa seconde phrase, indique
que « toutefois les restrictions justifiées sur le fondement des raisons énumérée ne
doivent ni constituer une restriction déguisée, ni arbitraire ». La Commission met en
difficulté la FR, et observe que c’est une restriction déguisée, car le rhum ne faisait pas

111
L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

l’objet de telles mesures. La FR disait que c’était un alcool que l’on buvait après avoir
mangé. Mais pas accepté par la CJUE. C’est un échec pour la FR, car le gouvernement
était censé appliquer les règles de manière objective. La CJUE rend donc un arrêt de
manquement.

Il faut donc pr les juridictions tirer les conséquences de ces arrets de


manquement. JP CJUE 1982 « Waterkein » = la CJUE a dit au sujet d’une législation
française qui interdisait toute publicité en faveur de l’alcool = cette interdiction avait
été jugé contraire à la libre circulation des marchandises en 1980. Le ministère public
a continué les poursuites contre celui qui faisait de la pub sur le territoire français. Le
juge pénal a interrogé la CJUE pour savoir ce qu’il devait faire de la loi qui n’a pas été
modifiée. La CJUE a dit qu’en tant que juridiction nationale, il faut en tenir
conséquence de la procédure de manquement qui a dit que la loi française était un
manquement au DUE donc ça s’applique même si la loi n’a pas changé. Elles doivent
tirer ttes les conséquences d’une incompatibilité du droit national avec le droit de l’UE.

D) Les conséquences de l’inexécution de l’arrêt de manquement.

Art 260 TFUE avait prévu que si la Commission estimait qu’un État membre
n’avait pas exécuté un arrêt de manquement, alors elle pourrait engager une
procédure à son encontre après l’avoir mis en demeure de présenter ses obs. Ainsi, elle
rendrait un second arrêt consistant à constater que les JN n’ont pas exécuté l’arrêt.
On pensait que cette procédure suffirait. Mais on a vu de plus en plus de procédures
engagées sur le fondement de cet art, notamment contre l’Italie.

Saisine de la CJUE en vue de condamner l’Etat soit à une amende forfaitaire soit
à une astreinte. Cette possibilité de condamnation financière a été introduite dans les
traités par le traité de Maastricht de 1992. Dans les années qui ont suivi, il n’y a pas
eu de procédure au titre de cet article, car les Etats membres ont compris que s’ils
n’exécutaient pas les arrêts en manquement de la CJUE ils devront payer de lourdes
amendes. Les États membres peuvent être sanctionnés financièrement si ils ne
respectent par les arrêts de manquement.
 MAIS cela n’a fonctionné qu’un temps. Car un État n’a pas pu mettre en œuvre
les conséquences de l’arrêt de manquement.

La Commission a donc dit qu’il fallait mettre en œuvre cette procédure => ce
qu’elle a fait pour la première fois JP CJUE « Commission c/ Grèce » 2008, au motif
qu’elle avait laissé une décharge à ciel ouvert contrairement au droit de
l’environnement de l’UE. Amende fixée à 20 000€ par jour de retard. Et le montant a
été payé par la Grèce. La commission a proposé sa méthode, la CJUE a dit que la Cour
n’était pas lié par cela, mais finalement elle a suivi ce mouvement.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Étape importante franchie dans un arrêt CJUE 2005 « Commission c/ France »,


condamnée pour non exécution d’un précédent arrêt de manquement. Mais l’a
condamné à une somme forfaitaire et à une astreinte par jour de retard. La sanction
forfaitaire et l’astreinte n’ony pas a mm finalité :

• Action forfaitaire : l’État a mal agi pendant plusieurs années après le prononcé
d’un arret de manquement. C’est pr le sanctionner.
• Astreinte : finalité de le pousser à agir très vite. Plus il tarde plus elle
augmente.

C’est la Commission qui veille à cela, et va ensuite envoyer la note à l’État


membre qui doit s’en acquitter. C’est tt à fait original ds le droit international, il n’y a
pas d’équivalent. Mais ce système a été décidé par 12 États membres de l’époque. En
cas de contestation, un recours en annulation pourra être formé sur le fondement de
l’art 263 contre la décision de la Commission qui estime que tel État est condamné à
telle somme, compte tenu de l’avancée jusqu’à l’exécution totale et complète. UN
recours en annulation est formé devant le TUE si aucune des deux parties n’est
d’accord. Le TUE était ds une situation difficile, essayant de comprendre ce qu’avait
dit la CJUE. c’est pr cela que mtn cette compétence dépend de la CJUE.

SECTION II : Les recours contre les institutions, organes et organismes


de l’UE.

La CJUE a été vue comme un contre pouvoir, et il s’agissait d’assurer une forme
d’équilibre des pouvoirs, avec des compétences importantes dès l’origine. En recevant
mission de décider dans un nombre de matières importantes, il était fondamental
qu’une CJUE puisse contrôler les actes des institutions, faute de quoi c’est l’arbitraire,
et tt un chacun est soumis à la règle d’une institution sur laquelle on n’a pas prise. Art
19 du TUE indique que la CJUE est compétente pour examiner un certain nombre de
recours, qui sont formés par un État membre, une institution, ou des personnes
physiques ou morales.

L’art 19 n’indique pas les acte susceptibles de recours ou les comportements


susceptibles d’être contestés. Ce sont les art du TFUE qui s’attachent à établir des
voies de recours contre les institutions de l’UE. Elles sont de nature différente,
certaines s’inscrivent ds un contentieux obj de la légalité : recours en annulation,
recours en carence, visant à faire vérifier la légalité d’actes ou d’abstentions au regard
des exigences du traité. Le contentieux subj est celui des droits, consistant à permettre
à tt sujet de droit d’obtenir réparation d’un préjudice lorsque celui ci est imputable à
une institution, organe ou organisme de l’UE. On permet à tt sujet de droit de mettre

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

en cause la responsabilité de l’UE sur un fondement contractuel, lorsqu’un contrat a


été conclu avec l’Union, ou sur un fondement extra contractuel quand on ne peut pas
se fonder sur un tel contrat alors que l’on a tt de mm subi un préjudice. Les recours
institués par le TFUE sont très complets, et sont diversifiés : ils ont été conçus ds un
esprit systémique, ce qui permet de faire référence à la systématique des voies de
droit. Telle voie de droit doit être conçue en rapport avec telle voie de droit, avec des
finalités diff et complémentaires.

Ces voies de droit sont les suivantes :

1§ Les recours en annulation.

Constituent la part la plus importante des recours formés contre les institutions,
organes ou organismes de l’UE. Le recours en annulation prévu par l’art 263 du
TFUE, constitue la principale voie de droit d’accès au contrôle de la légalité des actes
des institutions de l’UE. Autrement dit, du contrôle de la légalité et du droit dérivé,
sachant qu’il y a d’autres voies de droit qui y contribuent, par exemple le recours en
carence pour des substances chimiques qui devaient être interdites, mais la
Commission n’a rien fait car bcp trop d’intérêts en jeux. Recours accueilli par le TUE
qui a constaté la carence de la commission.

Le recours en annulation doit être conçu en fonction d’exigences de recevabilité


et de fond, sachant que ces exigences sont très importantes en vue de pouvoir débattre
du fond du pb. Les institutions de l’UE adoptent des milliers d’actes, qui font l’objet
systématiquement, et compte tenu de plusieurs millions de sujet de droit, alors il y
aura un engorgement de la CJUE qui sera saisie de manière systématique et
abondante de recours en annulation, car tt sujet de droit peut être intéressé sur les
questions de transports, d’environnement, de protection des consommateurs etc ... Il y
a donc des conditions de recevabilité assez strictes.

En vertu de l’art 256 TFUE, le tribunal est compétent en 1 er instance pour


connaître des recours en annulation sauf des recours que le statut de la CJUE réserve
à la CJUE. Quand on prend le texte du statut, on cherche une disposition
correspondant à ce type de pb, cad les recours réservés à la CJUE. Art 51 du statut de
la CJUE, réserve à la CJUE un certain nombre de recours en 1 er instance : ceux formés
par les institutions de l’UE contre une autre institution, les recours du conseil, les
recours formés par des Etats membres à l’encontre des actes des institutions mais plus
particulièrement les actes pris par le parlement européen et le conseil, cad les actes
législatifs. PK avoir réserve à la CJUE ce types de recours ? C’est parce que au fond,
les actes ainsi pris, sont d’envergure et législatifs. Si un État membre conteste ces
actes, c’est purement politique.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Le recours en annulation va soulever des difficultés, surtout ds le cadre de la


recevabilité du recours, et va donner lieu à des discussions quant au fond.

A) Les actes attaquables.

Les définir consiste à justement identifier les éléments qui peuvent donner lieu à
un recours en annulation.

1- Enoncé des actes en fonction de leurs auteurs.

Il apparaît que l’art 253 fait un énoncé des actes en fonction de leurs auteurs.
Fait référence aux actes législatifs, qui sont des actes adoptés par le Parlement et le
conseil, mais aussi ceux pris seuls par ele Conseil, par la Commission, par la Banque
centrale européenne. Le texte indique « autre que les recommandations et les avis ».
Cette 1er série signifie que les actes pris par ces institutions peuvent être attaqués ds
le cadres de recours en annulation, dès lors qu’il n’y a pas de recommandations ou
d’avis. Le texte ne s’en tient pas là, et ajoute qu’il peut s’agir aussi des actes du
parlement européen et du conseil européen, uniquement si ils produisent des effets
juridiques à l’égard des tiers.

Cet énoncé permet de comprendre que les actes qui sont pris par d’autres
institutions, telles que la CJUE, ou la Cour des comptes, ne sont pas susceptibles de
recours en annulation. Il est désormais fait référence aux actes pris art 253 al 1, par
les organes ou organismes de l’Union destinés à produire des effets juridiques à l’égard
des tiers. IL faut que l’organe soit vrmt consacré, et qu’il ait une capacité en tant que
tel. Affaire sur un acte de la délégation de l’UE au Monténégro, et le requérant a dit
que cette délégation était un organe de l’UE au sens de l’art 253. le TUE a statué et a
considéré que la délégation de l’UE auprès du Monténégro n’avait pas une capacité à
être considérée comme un organe de l’UE en ce sens.

Les actes pris par les Etats membres ne sont pas susceptibles de recours en
annulation, et pourtant il y a eu des recours formés par des Etats membres devant la
CJUE. Pas compétente : CJUE « Belkhasem c/ Allemagne », incompétence évidente.

2- La nature des actes.

Pas définis à l’art 253, on a juste exclu les avis et recommandations (car ces actes
ne produisent pas d’effets contraignant).

CJC « IBM Contre Commission » de 1981 => il n’ y a pas de raisons d’exclure ce


type d’acte des recours en annulation, dès lors qu’ils produisent des effets juridiques
contraignants. La JP fait apparaître que des actes aussi variés que une délibération

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

du conseil, un code de conduite, des CCL du conseil, une résolution du Parlement


européen, ont fait l’objet de recours en annulation que la CJUE a déclaré recevables.

Une simple communication de la Commission qui ne fait que rendre comte des
procédures de marché publique, n’est pas sujette à une recours en annulation, car elle
n’ajoute rien, ne produit PAS d’effet juridique.

3- Les actes insusceptibles de recours.

Il faut citer notamment les actes préparatoires, pris par la Commission en vue de
l’adoption d’un acte définitif n’est pas sujet à un recours en annulation. Le
Commission européenne a fait une proposition de directive, qui a fait l’objet d’un
recours en annulation. La proposition n’est pas contestable juridiquement, il faut que
le parlement et le conseil adoptent la directive redoutée. C’est seulement la directive
qui pourra faire l’objet d’une recours en annulation.

Il en est de même pour les actes confirmatifs, des fois frappés de recours, pour
une position antérieure. Pas d’intérêt car on a pas fait de recours contre l’acte en
question => le délai est passé par exemple, il a déjà fait ses effets. L’institution peut
confirmer sa position, % décision prise antérieurement en date. Et des requérants
demandent l’annulation de cet acte confirmatif. Mais cela est voué à l’échec car la
décision prise n’ajoute rien à l’acte préexistant.

Pour tt espèce de recours, il y a l’art 275, indiquant que la CJUE n’est pas
compétente en ce qui concerne les dispositions relatives à la politique étrangère et de
sécurité commune, et surtout en ce qui concerne les actes adoptés sur leur base. Tel ou
tel acte pris par les institutions, notamment par le Conseil, n’est pas susceptible de
donner lieu à un recours en annulation. Les mesures dites « restrictives » font l’objet
d’une dérogation, cad qu’elles sont susceptibles de recours en annulation. L’art 275 est
une exception, interprétée de façon stricte. La CJUE a indiqué que l’interprétation
devait être restrictivement étendue, ce qui a permis à la CJUE d’examiner un recours
formé pr un Etat tiers contre un règlement de conseil adopté ds le cadre de la politique
de sécurité etrangere. Exception vrmt entendu de manière très stricte, comme la Cour
l’a dit.

B) Les requérants admis.

Trois catégories de requérants admis : les requérants privilégiés, les requérants


semi-privilégiés et les personnes physiques et morales.

➢ Les requérants privilégiés : ils n’ont pas d’intérêt particulier à établir pour
demander l’annulation d’un acte : ils n’ont pas à établir que l’acte les affecte. Ce
sont les États membres, le Conseil, la Commission et le Parlement européen. Il

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

a été reproché à un gouvernement d’attaquer un acte pour lequel il était


d’accord préalablement et pour lequel il avait voté. Pour le Conseil, la demande
était irrecevable. Mais la CJ a rejeté l’exception d’irrecevabilité au motif que la
position d’un État membre au sein d’une institution est indifférente (CJCE,
1979, « Italie c. Conseil »).

➢ Les requérants semi-privilégiés : institutions ou organes de l’UE, qui ne sont


pas comparables aux institutions précitées mais qui peuvent avoir un intérêt
particulier à demander l’annulation d’un acte, notamment lorsqu’il touche à
leurs prérogatives et qu’il a été adopté au mépris de celles-ci. Ce sont la Cour
des comptes, la BCE et le comité des régions. Ils doivent établir que leur recours
tend à la sauvegarde de leurs prérogatives.

➢ Les requérants non privilégiés : les personnes physiques ou morales (art. 263 al.
4 TFUE). Ce sont les individus, les entreprises, les associations, les ordres
professionnels, les collectivités territoriales et les États tiers (cf. CJUE, 2021,
« Venezuela c. Conseil ») peuvent former un recours en annulation mais selon
des conditions de recevabilité. Depuis le traité de Lisbonne, ces personnes
peuvent former un recours
o Contre les actes dont elles sont le destinataire
o Contre les actes qui les concernent directement ou individuellement
o Contre les actes réglementaires qui les concernent directement et qui ne
comportent pas de mesure d’exécution

Dans la première hypothèse, il suffit de montrer un intérêt à agir, lequel est


pratiquement établi par le fait que la personne est destinataire de la décision.

Dans les deux autres hypothèses, les actes sont adressés à des tiers mais la
personne doit être directement et individuellement concernée. Ces conditions
sont difficiles à établir mais elles permettent d’éviter que le recours en
annulation ne devienne une action populaire.

▪ décision de refus d’aide d’État adressée à un État membre.


L’entreprise n’est pas destinataire mais elle est individuellement et
directement concerné (CJCE, 1980 «Philip Morris c. Commission »).
▪ décision adressée à un concurrent. Il ne suffit pas d’invoquer qu’on
est concurrent pour demander l’annulation mais établir un rapport
très particulier avec le destinataire (CJUE, 2010, « TF1 c.
Commission »).

Concernant les actes législatifs : CJUE, 2013, « Inuits » : un acte législatif peut
faire l’objet d’un recours en annulation à condition que le requérant soit
individuellement concerné. L’acte législatif se définit en fonction de la procédure qui a
conduit à son adoption.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

Concernant les actes réglementaires : Pr les actes réglementaires de portée


générale qui ne sont pas législatifs => Ils sont adoptés par le Conseil seul, par la
commission seule et visent à régir une question dans une matière donnée. Pour les
actes réglementaires qui ne comportent pas de mesure d’exécution, il suffit d’être
directement concerné. Pour les actes réglementaires avec des mesures d’exécution, il
faut être directement et individuellement concerné.

C) Les délais de recours.

Fixé à deux mois : il court à compter de la notification de l’acte au requérant ou


de sa publication, ou à défaut à compter du jour où celui-ci en a eu connaissance. À ce
délai de deux mois, il faut ajouter 14 jours pour les actes publiés au JOUE. Ce délai de
distance avait été fixé pour tenir compte des aléas postaux.

D) Les conclusions et moyens.

Les conclusions doivent tendre à l’annulation de l’acte ou d’une partie de l’acte :


la juridiction compétente est liée par les conclusions dans l’examen du recours et ne
peut pas statuer ultra petita25.

Les moyens sont énumérés par le TFUE : il y a 4 catégories classiques de


moyens :
- L’incompétence – moyen d’ordre public, le juge peut le relever d’office et il
peut être invoqué par le requérant à tout moment. On entend l’incompétence
de l’UE par rapport aux États membres. Cet aspect est parfois discuté dans
le droit des relations extérieures. CJCE, 1996, « Portugal c. Conseil » : le
Portugal a considéré que l’UE ne pouvait pas, dans un accord conclu avec
l’Inde, introduire des éléments relatifs à la culture. CJCE, 1994, « France c.
Commission » : la France estime que l’UE ne pouvait pas signer un accord,
la signature relevant des pouvoirs du Conseil de l’UE

- La violation des formes substantielles : moyen d’ordre public depuis CJCE,


1991, « Olivera c. Commission ». Ce peut être l’absence de consultation d’une
autorité qui aurait dû l’être (comité des régions), ce peut être aussi l’absence,
ou l’insuffisance de motivation.

- Détournement de pouvoir : l’institution a agi à des fins autres que ceux


auxquels elle était habilitée. C’est invoqué régulièrement mais cela échoue
systématiquement.

- Violation des traités et de toute règle de droit relative à leur application :


une catégorie résiduelle : elle consiste à faire référence à toutes les autres
catégories. Les traités, les protocoles annexés, la Charte, les actes des

25 Au delà de la demande.

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L3 Droit de l’Union Européenne I – Pr PICOD 1er semestre

institutions supérieures, les PGD et les accords internationaux qui lient


l’UE.
E) Les effets des arrêts d’annulation.

À l’égard de l’auteur de l’acte : il doit tirer immédiatement les conséquences de


l’annulation. Si elle se rapporte à un vice d’incompétence ou une violation des formes
substantielles (légalité externe), il peut corriger ce vice en demandant à l’autorité
compétente d’adopter le même acte ou motiver l’acte conformément aux exigences de
la Cour. Si l’annulation a été décidée car l’acte ne respectait pas une règle du traité
(légalité interne), il ne pourra pas être repris et il faudra adopter un tout autre acte.

Effets dans le temps : Effet rétroactif : l’acte est censé ne jamais avoir existé.
Mais compte tenu de ces effets radicaux, la juridiction qui a procédé à l’annulation
peut limiter dans le temps et les effets de son arrêt et considérer que l’annulation ne
vaut que pour l’avenir. Le traité le prévoit expressément (art. 264 al. 2).

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