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DROIT DES MÉDIAS

Audrey Adam

Jonet Valentine
Bloc 2
IHECS
Valentine Jonet 2020-2021
DDM Bloc 2

Introduction

La principale règle qui s’impose à nous est essentielle, c’est le droit à la liberté d’expression. On peut
communiquer de manière publique l’ensemble des informations que l’on souhaite et on ne peut pas
nous imposer de censure sur les réseaux sociaux.

Qui dit droits, dit généralement obligations et responsabilités donc en diffusant du contenu de
manière publique on s’engage à respecter toutes une série de règles et à respecter les limites
imposées par le droit.

La grande difficulté en matière de droit des médias c’est qu’il n’y a pas une loi dans laquelle toutes
les dispositions qu’on doit savoir vont être insérées. A chaque fois ce seront des normes, des lois, des
règlements, des directives… Des lois, normes qui ont différentes valeurs et qui interviennent à
différents niveaux de pouvoirs et qui vont devoir être respectées et qui ne sont pas uniquement dans
un seul code, comme le code civil ou pénal.

L’autre difficulté c’est qu’elle impose au préalable de bien connaitre le cours d’introduction au droit
pour pouvoir situer à chaque fois où se situe la norme, la règle, devant quel tribunal il faut aller,
quelle autorité est compétente pour statuer dans quelle matière en fonction de quelles normes. Si on
ne jongle pas avec l’ensemble des règles de base et du fonctionnement institutionnel et judiciaire en
Belgique, on ne s’en sort pas. (Étudier IAD avant)

Important de connaître les différentes normes de pouvoir car en DDM il y aura différents niveaux qui
vont être impliqués. Il y a des règles qui sont établies au niveau international.

Au niveau international, il y a plusieurs niveaux :

- Liberté d’expression : au niveau international et européen, au niveau du conseil de l’Europe.


(Conseil de l’Europe >< union européenne). Le conseil de l’Europe est un organe qui réunit
différents états membres  UE + Russie (47 au total). Lorsqu’on parle du conseil de l’Europe,
on ne vise pas seulement l’union européenne. Il a mis en place la convention européenne
des droits de l’homme. Au sein de cette convention figure l’article 10 qui consacre le droit à
la liberté d’expression. Le conseil va vérifier que les interprétations des pays sont bien
conformes aux règles.
L’organe juridictionnel qui chapeaute l’ensemble des règles et qui vérifie que les
interprétations données par les différents états soient bien conformes à la convention
européenne des droits de l’homme c’est La Cour européenne des droits de l‘homme qui
siège à Strasbourg.
- A côté de ça, il y aussi l’article 8 : protection de la vie privée. Il est opposé à l’article 10, l’un
va primer sur l’autre. Protection de la vie privée de la personne prise en photo ou liberté
d’expression du journaliste ?

Exemple : un journaliste qui fait un reportage audiovisuel dénonçant un homme politique qui n’est
pas honnête. L’homme politique va adresser une mise en demeure au journaliste et lui demander de
retirer ce reportage. Le journaliste répond non car il pense qu’il est dans ses droits. L’homme
politique va alors saisir le tribunal de première instance. Le journaliste se trouve dans la section
civile devant le tribunal de première instance, on va lui demander de retirer le reportage, de le
condamner à des dommages et intérêts.

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Première instance = jugement

Hypothèse :

- L’issue de ce procès, le journaliste est condamné. La possibilité est d’interjeter appel devant
la cour d’appel de Bruxelles, elle va donc réanalyser le dossier. La cours d’appel rend une
décision qui s’appelle un arrêt et qui condamne à nouveau le journaliste. Le journaliste peut
encore se pourvoir en cassation et va devant la Cour de cassation. Le journaliste introduit un
pourvoi. Celle-ci va uniquement examiner si les règles de droit ont été bien appliquées par le
juge. La cours de cassation ne réanalyse pas le fond de l’affaire, elle ne va pas se porter sur
les faits mais seulement s’attacher au respect des règles de droit. Admettons que la Cour de
cassation estime qu’il y a lieu à casser l’arrêt, alors elle renvoie l’affaire et le journaliste
devant la cour d’appel et l’affaire est réanalysée en tenant compte de ce qu’a dit la Cour de
cassation.

 ATTENTION ! si la Cour de cassation dit qu’il n’y a pas lieu de casser l’arrêt, l’arrêt de la
Cour d’appel est validé. Le journaliste peut alors introduire une requête à la Cour
européenne des droits de l’homme (Strasbourg). Condition : avoir épuisé tous les recours
internes (recours internes = propres à l’état belge). Lorsque le journaliste a rempli cette
condition, il estime donc devant la Cour que l’état belge a violé son droit à la liberté
d’expression. Sa revendication devant la Cour européenne des droits de l’homme = violation
par l’état belge de l’article 10 de la convention européenne des droits de l’homme. La cour
européenne des droits de l’homme va revenir dans la situation où le journaliste était devant
le tribunal de première instance et va examiner les arguments retenus par le juge en
première instance, examiner les arguments retenus par le juge au niveau de la Cour d’appel,
les arguments de la Cour de cassation et l’ensemble du contexte de l’affaire. La Cour
européenne des droits de l’homme prononce comme la Cour d’appel, des arrêts.

A chaque fois également, on voit le conseil de l’Europe qui a adopté une norme qui s’appelle la
convention européenne des droits de l’homme. Il y a des termes qui seront différents en fonction des
niveaux de pouvoir.

Par exemple, l’Union européenne qui, elle, a un champ de manœuvre qui est plus orienté vers des
dispositions économiques, vers la libre circulation au sein de l’UE, la libre circulation des
marchandises, des travailleurs, vers la protection des données (RGPD) -> ce sont toutes des normes
législatives réglées par L’UE. On analysera différentes normes édictées par l’UE et qui ont une
influence en matière de droits des médias. La plus importante est celle du RGPD (règlement général
pour la protection des données personnelles. Quand c’est le conseil de l’Europe = établit une
convention. Quand c’est l’UE : établit un règlement.

Effectivement, l’UE peut prendre des règlements. Quand elle appelle la norme législative qu’elle
prend « règlement », ça a également une incidence car un règlement c’est un acte législatif pris par
l’UE et qui est contraignant pour l’ensemble des états membres de l’UE. Le règlement intègre
directement la législation belge. Ces règlements doivent être mis en œuvre par chaque pays de l’UE
dans leur intégralité et tels quels. -> Lorsque l’UE a adopté le RGPD par exemple, elle a fixé une date
dans ce règlement, date à partir de laquelle le règlement devient exécutoire et doit être exécuté en
Belgique.

En Belgique, le législateur va adopter une loi qui va permettre d’intégrer directement ce règlement
dans le droit belge.

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L’UE ne prend pas que des règlements, elle peut aussi prendre des directives. C’est une disposition
législative qui va donner différentes règles qui vont devoir s’appliquer à l’ensemble des médias
audiovisuels sur l’ensemble du territoire de l’UE.

Pourquoi on appelle ça une directive et non pas un règlement ? Une directive c’est un acte législatif
qui fixe des objectifs que tous les pays de l’UE doivent s’engager à prendre. Il y a le même objectif
pour chaque état membre, ce sont juste les moyens qui changent, la portée est donc différente.

Par exemple, l’objectif de la directive SMA (service des médias audiovisuels) c’est de créer un marché
unique des services de médias audiovisuels dans toute l’UE et en assurer le bon fonctionnement tout
en contribuant, dit la directive, à assurer la promotion de la diversité culturelle et garantir un niveau
adéquat de protection des consommateurs et des enfants. Dans la directive, il y a toute une série de
règles qui vont devoir s’appliquer aux différents organismes de radiodiffusion, de télévision, par
exemple quant à la signalétique par rapport aux programmes qui sont diffusés à destination des
enfants. -> Les mentions « interdit -16 ans », les annonces avant le programme qui indique qu’il
contient des passages violents etc.

Il y a aussi une directive au niveau de l’UE qui va gérer tout ce qui est relatif aux droits d’auteur.

Rappel :

- Conseil de l’Europe : 47 états membres, convention européenne des droits de l’homme.


L’organe judiciaire qui s’en occupe c’est la Cour européenne des droits de l’homme
(Starsbourg). La convention des droits de l’homme : fixe les droits fondamentaux de
l’homme (droit à la vie par exemple). Ceux qui nous intéressent sont les articles 8 et 10 (8 :
droit à la protection de la vie privée et 10 : droit à la liberté d’expression).
- Autre nveau de pouvoir qui peut prendre des normes et édicter des règles en matière de
DDM c’est l’UE avec un objectif différent. L’UE a également adopté une charte des droits
fondamentaux qui protège la liberté de commerce, d’entreprendre, d’expression, le droit
d’auteur… Champ d’édiction de normes >< conseil de l’Europe. Au niveau de l’UE, normes qui
ont des impacts et des noms différents. Ce sont essentiellement les règlements et les
directives.
- Règlement : édicte des règles qui vont s’appliquer directement telles quelles dans le droit
interne de chaque état membre. (RGPD : mêmes règles dans chaque état membre).
- Directive : Fixe uniquement des objectifs que chaque état devrait atteindre en adoptant lui-
même ses propres règles. Niveau nationale d’édiction de règles qui va intervenir et qui
pourrait être différent entre les différents pays.

La protection des données personnelles c’est toutes les règles qui vont réglementer la possibilité
d’utiliser nos coordonnées, noms, prénoms, numéros de téléphone pour par exemple, proposer des
offres ou assurer des services ciblés et empêcher qu’on soit à chaque fois embêté en tant que
citoyen.

Donnée personnelle : tout ce qui permet de nous identifier et de relier des informations à une
personne. Ça peut être une photo comme une adresse IP. Ça sert à la publicité visée et ce sera une
utilisation de nos données personnelles et il y a toute une série de règles qui doivent être respectées
-> c’est ce que gère ce règlement relatif à la protection des données personnelles.

Pourquoi on va l’utiliser dans le cadre du droit des médias ? Un article de ce règlement permet à
chaque citoyen de bénéficier du droit à l’oubli (dans le règlement : droit à l’effacement), c’est ce qui
permet aux personnes qui ont subi une condamnation il y a 15-20 ans et qui se sont réinsérés dans la

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société, qui n’ont plus envie que lorsqu’on tape leur nom et prénom sur internet, on atterrisse à
chaque fois sur des articles de presse relatant cette condamnation -> par le biais de cet article 17 du
RGPD, on va pouvoir demander soit à Google soit directement aux éditeurs de presse, d’effacer toute
trace.

Point clé en droit civil : démontrer sa bonne foi, démontrer qu’on n’est pas animé par de mauvaises
intentions. Un journaliste doit agir comme une personne normalement prudente et diligente (règle
dans le code civil). Si dès le départ, on a des bons déclics et des bonnes références en DDM, on
participe à la démonstration de notre bonne foi et de notre prudence.

 Code civil : Toutes les règles qui régissent les relations entre les personnes et qui forment un
corpus de règles.
 Code pénal : infractions, crimes, délits

Au niveau national (Belgique) : fédéral, fédéré (régions et communautés) avec différents niveaux de


compétences selon les régions, communautés… types de pouvoirs et de compétences très
important !!

 Au niveau fédéral : La norme la plus élevée c’est la Constitution qui prévoit des articles qui vont
protéger la liberté d’expression (>< article 10 de la convention européenne). En Belgique, la presse
est libre et la censure ne pourra jamais être établie.

Dans la Constitution (norme de pouvoir la plus élevée), toutes les règles inférieures vont toujours
devoir respecter la constitution sinon elles sont anticonstitutionnelles. Dans la Constitution :

- Article 19 : Liberté de culte, liberté de manifester ses opinions sauf la répression des délits
commis à l’occasion de l’usage de ces libertés. La répression des délits ça veut dire qu’il faut
que le code pénal prévoie comme étant un délit un acte qui va découler d’un usage de la
liberté d’expression -> exemple : injurier est un délit selon le code pénal = répression des
délits (poursuivre devant un tribunal). C’est un principe fondamental inscrit au cœur même
de la Constitution.
- Article 25 : Liberté de la presse. La presse est libre et la censure ne pourra jamais être établie.
On ne peut pas interdire de publier une chose mais on peut condamner à des amendes,
dommages ou prison pour avoir dit quelque chose mais on ne peut pas interdire de le dire.
La Belgique est un système répressif. Il s’agit d’une censure à priori. Exemple : un chirurgien
esthétique qui rate plusieurs opérations et dont les patients décident de contacter la presse
qui va faire un reportage. Le chirurgien va alors saisir un juge pour empêcher l’émission mais
le juge ne pourra rien faire à cause l’article 25. Il faut éventuellement que le reportage sorte
pour faire valoir ses droits après. La suite de l’article : il ne peut pas être exigé de
cautionnements des écrivains, éditeurs et imprimeurs. La responsabilité en cascade : pour
éviter que les informations ne soient pas publiées, elle va faire porter la responsabilité sur
l’auteur. Si procès, l’imprimeur accuse l’éditeur et l’éditeur accuse l’auteur. C’est la personne
qui est à l’initiative de l’information qui est punie.

Le DDM c’est toutes les règles juridiques qui vont réglementer l’expression publique.

La hiérarchie des normes : le droit international -> la Constitution -> les lois (pouvoir législatif) -> les
arrêtés (pouvoir exécutif) -> règlements (pouvoirs locaux).

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Arrêt Le Ski : En Belgique depuis le célèbre arrêt Le Ski prononcé par la Cour de cassation le 27 mai
1971, le droit international prime le droit interne, même la Constitution ne pourra pas être contraire
au droit international. C’est la raison pour laquelle, l’article 10 de la convention européenne des
droits de l’homme qui gère la liberté d’expression peut être considérée comme une norme
supérieure, suprême dont toutes les autres qui en découlent doivent elles respecter l’article 10 de la
convention.

Au niveau du droit international, la norme qui nous intéresse le plus, l’article 10, de quoi découle
cette convention européenne des droits de l’homme est un organe qui est chapeauté par le Conseil
de l’Europe (différent de l’UE). La Convention protège les droits de plus de 830 millions de personnes
en Europe. L’ensemble des 47 membres pays du Conseil de l’Europe ont adhéré à la Convention
européenne des droits de l’homme (CEDH). Au niveau de la convention européenne des droits de
l’homme, on a également une juridiction qui a été établie et qui s’appelle la Cour européenne des
droits de l’homme (Strasbourg). Lorsque différents états auront prononcé des décisions et pris des
règlements, qui peuvent être considérés comme étant une violation du droit à la liberté d’expression
(violation de l’article 10 de la convention européenne des droits de l’homme), la responsabilité de
ces états va être analysée par la Cour européenne des droits de l’homme pour voir si les états violent
la liberté d’expression d’une personne physique, morale, d’une société en la condamnant au niveau
interne donc devant les juridictions de l’état belge.

Si la Cour européenne estime qu’il y a une violation qui est intervenue, le pays va devoir rendre
justice soit en adaptant sa loi si la Cour européenne a dit qu’il y avait un problème au niveau de la loi
soit en indemnisant la personne pour la violation qui est constatée.

La liberté d’expression entre dans la CEDH (convention européenne des droits de l’homme). Dans
celle-ci il y a également le droit à la vie, la liberté de réunion (manifester, se tenir dans des lieux de
cultes), la liberté, l’égalité, la famille, droit à un procès équitable etc.

L’article 10 : droit à la liberté d’expression et s’applique à tout un chacun. La personne qui vit dans un
espace démocratique peut librement s’exprimer à partir du moment où elle invoque cet intérêt
général dans le cadre du contenu même de ce qui va être diffusé. Ça vise particulièrement les médias
et la presse. La Cour européenne des droits de l’homme va donner un rôle particulier aux médias
mais aussi à des personnes qui tiennent un blog sur des sujets d’intérêt public, des ONG, le rôle de
chien de garde de la démocratie.

Dans le droit de l’Union européenne, il y a tout en haut les traités (qui ont institué l’UE, qui ont dit
comment ça fonctionne). Ils définissent les règles fondamentales sur lesquelles l'UE fonde toute son
action. L’UE va également édicter, pour l’ensemble des états membres constituant l’Union, différents
textes, normes (les directives, les règlements et les décisions).

Les règlements : ce sont des actes législatifs contraignants. Ils doivent être mis en œuvre
directement dans leur intégralité, dans toute l'Union européenne. Quand l’UE édicte un règlement,
la Belgique doit l’appliquer telle quelle et ça intègre automatiquement son champ législatif.

Les règlements visent des matières qui doivent être appliquées de manière uniforme à l’ensemble
des états membres. Le règlement qui concerne essentiellement des questions de DDM c’est le RGPD
(données personnelles = règlement = UE = ça s’applique directement).

Les directives : ce sont des actes législatifs qui fixent des objectifs à tous les pays de l'UE. L’UE fixe les
grandes règles et les objectifs qu’il faut pouvoir atteindre et chaque pays en interne va prendre ses

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propres dispositions pour les atteindre. On aura donc pas une harmonisation complète entre les
différents états membres.

Une des directives de l’UE : directive sur le droit d’auteur.

Dans la hiérarchie des normes, on a vu le droit international, le droit de l’UE, le droit du conseil de
l’Europe avec la CEDH -> ce sont des normes de droit international.

En dessous du droit international, il y a la Constitution belge avec des articles qui concernent là
directement le droit des médias comme l’article 19 : « La liberté des cultes, celle de leur exercice
public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions en toute matière, sont garanties, sauf la
répression des délits commis à l’occasion de l’usage de ces libertés ».

Article 25. « La presse est libre ; la censure ne pourra jamais être établie ; il ne peut être exigé de
cautionnement des écrivains, éditeurs ou imprimeurs. Lorsque l’auteur est connu et domicilié en
Belgique, l’éditeur, l’imprimeur ou le distributeur ne peut être poursuivi ». La Constitution a mis ça
en place pour éviter des mesures de censure économique pour éviter qu’un éditeur ou un imprimeur
ne disent « si moi je publie ça, on va se prendre un procès ». Pour éviter ce genre de comportement
et éviter qu’ils fassent la censure eux-mêmes de ce qui peut être publiés ou pas, on porte la
responsabilité sur l’auteur qui est le seul qui devra assumer. Mesure de protection pour éviter la
censure.

Article 148. « Les audiences des tribunaux sont publiques, à moins que cette publicité ne soit
dangereuse pour l'ordre ou les mœurs ; et, dans ce cas, le tribunal le déclare par un jugement ».

En matière de délits politiques et de presse, le huis clos ne peut être prononcé qu'à l'unanimité. 

Audiences = public sauf si le juge estime que ça ne doit pas l’être -> audience à huit clos dans ce cas-
là.

L’alinéa 1 : « Article 148. Les audiences des tribunaux sont publiques, à moins que cette publicité ne
soit dangereuse pour l'ordre ou les mœurs ; et, dans ce cas, le tribunal le déclare par un jugement. »

L’alinéa 2 : «  En matière de délits politiques et de presse, le huis clos ne peut être prononcé qu'à
l'unanimité.  »

Les délits de presse : fait de manifester publiquement une opinion par écrit (une opinion qui est un
délit). Le délit de presse ne pourra jamais se faire à huit clos. Compétence de la Cour d’assise car il y a
un jury populaire.

Article 149. « Tout jugement est motivé. Il est prononcé en audience publique ». Le juge va devoir,
dans sa décision, donner les raisons pour lesquelles il condamne la personne. Ce jugement doit être
prononcé en audience publique.

Article 150. « Le jury est établi en toutes matières criminelles et pour les délits politiques et de
presse, à l'exception des délits de presse inspirés par le racisme ou la xénophobie  ». Tout ce qui est
délit de presse de manière globale ça va devant la Cour d’assise avec un jury populaire qui va statuer
dessus (c’est très rare). Lorsqu’une action pénale est entamée, il y a une instruction qui se fait. Le
parquet va se saisir de l’affaire et va décider s’il y a lieu de poursuivre ou non. Dans les délits de
presse, le parquet va dire « non j’estime qu’il n’y a pas lieu à poursuivre » et donc l’affaire s’arrête là.
On parle d’impunité pénale.

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A un moment ça n’allait plus comme ça donc le constituant a modifié la Constitution pour dire que le
jury ne sera pas établi pour des délits de presse lorsque ce sont des délits inspirés par le racisme et la
xénophobie -> ce ne sera plus la Cour d’assise qui sera compétente mais le tribunal correctionnel.

Un autre niveau dans la hiérarchie des normes c’est la loi (on est au niveau des actes que vont
prendre les différents pouvoirs législatifs en Belgique ; le fédéral (on appelle ça : loi), les régions
(décrets), les communautés (décrets).

La loi relative au droit de réponse – 23 juin 1961

En 1961, on avait uniquement le droit de réponse dans la presse écrite donc comment faire publier
un droit de réponse dans un journal, dans un périodique. Ensuite, ça a été élargi au secteur de
l’audiovisuel donc comment obtenir un droit de réponse en télévision, en radio. A ce jour, il n’y a
toujours pas eu de modification pour faire intégrer le droit de réponse sur internet.

Quand on parle du droit de réponse -> c’est le niveau fédéral. C’est une loi qui va devoir respecter la
Constitution et l’article 10 de la CEDH.

Loi du 30 décembre 1963 relative à la reconnaissance et à la protection du titre de journaliste


professionnel

C’est la loi qui décerne le titre de journaliste professionnel.

Un ensemble de lois, de dispositions, de normes sont intégrées dans un Code. Dans le Code pénal il y
a toutes les infractions, les délits, les crimes. Dans le Code civil, il y a les règles qui vont régenter les
relations entre les individus : est-ce que la relation se base sur un contrat, sur une responsabilité etc.

Code de droit économique – Livre XI Propriété intellectuelle : droits d’auteur, droit des marques,
droit des brevets.

Quand on parle du droit d’auteur – référence avec ce Code de droit économique qui est une loi – ces
lois sont établies en relation avec des directives de l’UE.

Par exemple, s’il y a une disposition qu’on ne comprend pas bien au niveau du code de droit
économique, on peut aller voir le texte de la directive et celui-ci va dire pourquoi on essaye
d’atteindre cet objectif-là et comment mettre en application une disposition en droit national.

Toujours au niveau de la loi mais au niveau des communautés et des régions :

La Communauté française a tout le secteur culturel et dans ce secteur culturel viennent s’intégrer le
journalisme, les arts etc. En communauté française on statue par décret.

Décret du 14 juillet 1997 qui dresse le statut de la RTBF : quel est son rôle, quelles sont ses missions,
comment elle est composée, ce qu’elle doit faire etc.

Décret coordonné du 26 mars 2009 sur les SMA (services de médias audiovisuels) qui transpose une
directive européenne, la directive SMA : directive SMA = UE. Cette directive va fixer des objectifs qui
ne s’appliquent pas qu’à la RTBF mais à l’ensemble des opérateurs qui utilisent un média audiovisuel
pour faire passer du contenu.

Au niveau local et communal :

Il y a également des dispositions qui peuvent concerner le DDM comme :

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• Mission de maintien de l’ordre des autorités communales : ça touche le DDM car il y a des
actes qui vont être pris, des actes administratifs mais le bourgmestre peut interdire un
spectacle ou une manifestation. Dans ce cas, on se souvient de l’article 10 de la CEDH avec
également la liberté de réunion et donc les dispositions vont devoir respecter la liberté
d’expression. Le bourgmestre qui veut interdire une manifestation doit motiver sa décision
en édictant par exemple les risques qui pourront être portés aux biens publics etc.
• Police des spectacles : interdire à quelqu’un de faire un spectacle par rapport au contenu par
exemple. Sur base de cette décision, si on restreint vos droits, vous pouvez aller devant le
Conseil d’état.
• Les SACs (sanctions administratives comunales) : on ne conteste pas la contravention par
exemple, on la paie et on ne va pas devant le tribunal.

https://www.youtube.com/watch?v=QZKj7zPlmF4 : vidéo vue en cours

Les organes de régulation :

La régulation ou l’autorégulation ce sont des secteurs donnés d’activités (presse, publicitaires,


audiovisuel) qui vont s’organiser entre eux pour établir des normes qui vont leur permettre d’exercer
de manière correcte et éthique leur profession. Ils vont donc établir une série de codes, de chartes
qu’ils vont mettre en place et qui ne sont pas juridiquement contraignants -> ça n’a pas le même
pouvoir qu’une loi, mais qu’ils vont s’engager eux-mêmes à respecter.

Autorégulation = c’est quand c’est le secteur lui-même qui compose un organe, une assemblée.

• Le Jury d’éthique publicitaire – JEP : autorégulation - le fait d’édicter les règles dans cette
profession publicitaire et d’analyser sur base de plaintes adressées par les citoyens si le
publicitaire en question a respecté les cordes éthiques qu’il s’était engagé à respecter.
• Le Conseil supérieur de l’audiovisuel – CSA : régulation – organe composé politiquement,
structure autonome et indépendante qui ne porte pas nécessairement en son sein que des
représentants du secteur audiovisuel. Le CSA doit également mettre dans les règlements qu’il
adopte « faire l’application de cette directive SMA ».
• Le Conseil de déontologie journalistique – CDJ : autorégulation - constitué par des membres
issus des éditeurs de presse, des journalistes, des citoyens de la société civile. Tous ces
membres seront issus de tout ce qui concerne le secteur journalistique et vont composer les
instances qui forment le Conseil de déontologie journalistique.

La régulation (CSA) ou l’autorégulation (CDJ et JEP) sont des organes qui visent à instituer des
principes minimums en matière de déontologie, du respect du droit de la personne, d’exactitude de
l’information délivrée, etc. Il s’agit d’un engagement pris par les professionnels des médias soucieux
de qualité et soucieux de maintenir un dialogue avec le public. Un mécanisme indépendant est mis
en place pour répondre aux inquiétudes et plaintes des usagers des médias.

Le système judiciaire :

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Explication schéma :

Il y a différents niveaux : une ligne = un niveau et il y a différentes matières, différents champs du


droit qui vont être concernés et atterrir devant des juridictions différentes.

D’abord les juridictions civiles. Le civil c’est l’analyse et la vérification du respect de toutes les
dispositions dans le Code civil et par exemple dans le Code du droit économique, il y a des
dispositions civiles qui vont s’appliquer mais il y a également des dispositions pénales. A chaque fois
les articles de lois vont dire que tel comportement n’est pas permis et que la personne qui enfreint
l’interdiction peut atterrir soit devant un tribunal civil soit un tribunal pénal. Par exemple lorsqu’il est
question de dire si tel comportement est interdit, la personne qui enfreint l’interdiction peut être
condamnée à de l’emprisonnement -> pénal et si elle est condamnée à des dommages et intérêts ->
juridictions civiles.

Le grand principe des juridictions civiles est basé sur l’article 1382 du Code civil qui dit que « toute
personne qui commet une faute (pas avoir respecté ne disposition légale), qui engendre un
dommage à autrui, dommage qui est en lien causal avec la faute, est responsable ».

Au niveau des juridictions pénales c’est à chaque fois une loi qui va prévoir une disposition pénale,
qui va ériger un comportement en infraction (contravention, délit, crime).

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Dans le cadre du pouvoir local et communal : juridictions administratives. On ne s’attache pas au


contenu des faits mais à examiner si l’acte administratif pouvait être pris ou pas, si le fonctionnaire
en établissant son acte, n’a pas outrepasser ses fonctions.

Au niveau civil et pénal, on a à chaque fois les justices de paix qui sont compétentes pour des
matières bien précises.

Le tribunal de police, au niveau pénal : ce sont les infractions de roulage qui vont généralement
intervenir devant ce tribunal.

Le premier niveau que l’on atteint lorsqu’on est en DDM c’est le tribunal de première instance
(premier qui statue sur l’affaire). Au niveau civil, c’est le tribunal civil de première instance. Le
tribunal de la famille s’occupe des affaires familiales avec un volet civil et pénal (problèmes de garde,
divorce -> civil mais un rapt parental -> pénal).

Le tribunal correctionnel c’est celui qui statue sur les délits de presse inspirés par le racisme et la
xénophobie.

Au niveau civil, il y a également le tribunal de l’entreprise : compétent lorsque sont devant lui deux
entreprises.

Le tribunal du travail : règle les problèmes en matière de travail.

Première instance : si on n’est pas d’accord, on interjette appel devant la Cour d’appel. Si c’est un
délit de presse général, donc pas motivé par le racisme, on devrait atterrir devant la Cour d’assise.

 Interjeter appel d’un jugement ça se fait devant la Cour d’appel. Pour les juridictions du
travail, ça se fait devant une Cour spécifique qui ne traite que ces problèmes (Cour du
travail).

La Cour d’appel elle prononce des arrêts (Cour du travail et Cour d’assise aussi). Si on n’est toujours
pas content de l’arrêt prononcé par la Cour d’appel, on ne peut plus interjeter appel mais on peut se
pourvoir en cassation car l’acte qui va saisir la Cour de cassation s’appelle un pourvoi.

La Cour de cassation c’est la gardienne de la hiérarchie de l’application des normes et elle va


regarder si le juge au niveau de la Cour d’appel a correctement motivé en droits sa décision. La Cour
de cassation ne connaît que du droit et pas du fond (fond de l’affaire). Si elle estime que le juge n’a
pas bien respecté la règle de droit qui se posait dans le cadre du litige, elle va casser son arrêt.
L’’arrêt n’existe plus et donc on doit retourner devant la Cour d’appel qui va statuer sur l’affaire en
prenant en considération la motivation de l’arrêt de la Cour de cassation. La Cour d’appel va prendre
un arrêt conforme cette fois-ci à ce qu’a jugé la Cour de cassation. Si on n’est toujours pas content
avec le résultat, si la matière concerne le droit à la liberté d’expression, on va pouvoir aller devant la
Cour européenne des droits de l’homme où on dépose une requête. La requête n’est plus dirigée
contre la personne qu’on veut faire condamner mais contre l’état belge car ce qu’on conteste devant
la Cour européenne des droits de l’homme, ce sont les décisions prises par l’état belge. La Cour
européenne des droits de l’homme examinera si cette ingérence est conforme ou pas aux règles en
matière de droits à la liberté d’expression.

Retenir : Cour européenne des droits de l’homme -> Convention européenne des droits de l’homme -
> Conseil de l’Europe

L’autre organe, cette fois-ci au niveau de l’UE (ça prend des règlements, des directives, des
décisions), a également une juridiction et c’est la CJUE (Cour de justice de l’UE).

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Il n’est pas rare de la part des journalistes de confondre CEDH et CJUE.

Si on estime que la décision a été prise en violation d’un règlement, d’une directive, on peut aller
devant la CJUE.

Les questions préjudicielles : possibilité donnée par exemple quand on se retrouve devant le tribunal
civil. Le tribunal de l’entreprise peut poser une question préjudicielle à la CJUE : « comment vous
interpréter une notion en droit européen ? ». La CJUE répond et donc le tribunal aura les bases pour
statuer.

La Cour constitutionnelle : garant de la hiérarchie des normes -> vérifie si la loi est compatible avec la
Constitution et peut vérifier si une loi est compatible avec des normes de droit international.

Important à savoir : pour aller déposer une requête devant la Cour européenne des droits de
l’homme, on est obligé d’avoir fait tout le parcours avant.

Explication schéma : tout le schéma en matière de procédure pénale.

D’abord, une infraction est commise. Ensuite, il y a deux possibilités :

1) L’enquête qui se fait pour déterminer si l’infraction a été commise ou pas, une procédure
s’ouvre par le procureur du Roi (parquet) et si seul lui se saisit, on appelle ça une
information.
2) Si en revanche, est saisi aussi un juge d’instruction, ça devient une instruction.

Qu’est-ce qui détermine si c’est une information ou une instruction ? C’est la partie civile. La partie
civile c’est la victime, victime de l’infraction commise par une personne. Elle peut déposer une
plainte soit au parquet soit déposer une plainte avec constitution de partie civile entre les mains du
juge d’instruction. L’action publique = le fait que le parquet et le juge d’instruction se saisissent d’une
affaire.

La victime peut saisir directement le juge d’instruction alors ça devient une instruction mais il est
possible également que le procureur du Roi, au niveau du parquet, ait besoin d’accomplir des devoirs
qui vont vraiment porter atteinte aux personnes. Par exemple, faire un prélèvement d’ADN (ou

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écoute téléphonique), c’est quelque chose de très intrusif et il faut que ce soit un juge et non pas
seulement le substitut du procureur du Roi ou le procureur du Roi qui le fasse.

Lorsque l’information se termine, donc le procureur du Roi a examiné tous les éléments à charge,
(procureur du Roi on dit qu’il instruit à charge et le juge d’instruction à charge et à décharge) il va se
demander s’il poursuit la personne ou pas.

 Si non : assez d’éléments mais pas lieu d’aller devant le tribunal correctionnel pour ça, ce
sont des petits faits -> on la lui proposer une transaction. Transaction pénale = on reconnaît
qu’on est coupable et on acquitte une somme qui est fixée par cette transaction et il faut
aussi indemniser la partie civile pour le préjudice que la victime a subi. On n’atterrit pas
devant un tribunal.
La médiation : pas assez d’éléments mais il y a une attitude qui a causée du tort à une
personne -> on conseille à ces personnes d’aller chez un médiateur.
Classement sans suite : pas du tout assez d’éléments, le procureur classe l’affaire sans suite.
 Si oui : est-ce qu’il s’agit d’une contravention, d’un délit, d’un crime (crime qui peut être
correctionnalisé ? A chaque fois, si on est suspecté d’être coupable d’une contravention, on
sera qualifié de prévenu devant le tribunal. Pour les délits, si on est accusé d’avoir commis
un crime, on parlera d’accusé.

Dans la partie de l’instruction : le juge d’instruction intervient pour les actes attentatoires aux droits
et aux libertés de chacun (mise sur écoute, ADN). Une fois qu’il a terminé son instruction, on
intervient alors devant la Chambre du Conseil. La Chambre du Conseil si c’est une contravention ou
un délit, la Chambre des mises en accusation si c’est un crime. La Chambre du Conseil statue
d’abord à huit clos. L’instruction elle est secrète (secret de l’instruction), le parquet peut parfois
donner des informations à la presse. La Chambre du Conseil elle va aussi examiner si l’instruction est
bien complète. Si la Chambre du Conseil estime qu’il y a lieu de poursuivre la personne, et qu’elle
prononce une ordonnance de renvoi devant un tribunal, la personne peut de nouveau interjeter
appel de cette décision-là et alors elle va devant la Chambre des mises en accusation. S’il s’agit de
faits passibles d’un crime, elle est directement devant la Chambre des mises en accusation (et a
simplement éventuellement la possibilité d’aller en cassation). Donc la Chambre du Conseil elle
examine s’il y a suffisamment d’éléments pour poursuivre et s’il n’y a pas assez d’éléments alors elle
classe sans suite.

 Si elle ne poursuit pas, il y a une ordonnance de non-lieu (équivalent du classement sans


suite au niveau du parquet).
 Si elle estime qu’il y a suffisamment d’éléments pour poursuivre, elle poursuit. Elle prononce
une ordonnance de renvoi -> renvoyer devant le tribunal compétent.
Prévenu : tribunal de police, tribunal correctionnel
Accusé : tribunal correctionnel pour un crime ou devant la Cour d’assise pour un crime.

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Explication schéma :

Une fois qu’on se retrouve devant le tribunal correctionnel, généralement pour les délits de presse à
caractère raciste ou devant la Cour d’assise pour les délits de presse de manière générale, il y a
d’abord une audience d’introduction où on réunit les parties. Au niveau pénal, il y a le procureur du
Roi qui va requérir la peine, il va faire ses réquisitions dans un réquisitoire pour demander la
condamnation et la peine. L’instruction d’audience c’est le juge qui va examiner l’ensemble des
éléments. La partie civile va ensuite plaider. Puis, le procureur du Roi va expliquer son réquisitoire en
motivant. Vient en dernier lieu, pour le respect des droits de la défense, la plaidoirie du prévenu.
Ensuite, le juge quand il aura tout entendu va dire qu’il prend l’affaire en délibéré, il va se retirer et
va avoir un mois pour prononcer son jugement.

Au niveau de la Cour d’assise c’est la même chose qui intervient, avec non pas la prise en délibéré de
l’affaire par le juge mais par le jury préalablement constitué. La Cour d’assise prononce un arrêt sur la
culpabilité. Après, intervient la motivation. La motivation du jugement qui se fait avec le juge
professionnel et le jury et puis il y a une délibération sur la peine. Il y aura un second arrêt, celui-là
sur la peine.

Tout ce cheminement est public.

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Explication schéma :

 Si la personne n’est pas coupable : on prononce un jugement ou un arrêt d’acquittement.


 Si elle est coupable, on la condamne. (Avant ça il y a la présomption d’innocence)
La suspension du prononcé avec condition (coupable mais pas lieu de prononcer une peine) :
suspension simple -> on a établi sa culpabilité mais on ne prononce pas de peine. Suspension
probatoire : si vous récidivez dans tel délai, une peine sera prononcée.
Si on est condamné : prison, amende, peine de travail, surveillance électronique.

-> Avec sursis ?

Non : condamnation immédiate

Oui : condamnation avec sursis simple ou condamnation avec sursis probatoire

Le droit à la liberté d’expression

Article 10 : droit à la liberté d’expression de la convention européenne des droits de l’homme.
Rappel : Convention EDH = Conseil de l’Europe = organe compétent en matière de juridiction qui est
la Cour européenne des droits de l’homme = on se situe au niveau international avec des effets
directs et supérieur à la Constitution et au droit belge.

Qu’est-ce que le droit à la liberté d’expression ? (Vrai ou faux en cours)

• Il ne permet pas de dire tout ce qu’on veut, il y a des limites, restrictions. Ce droit n’est pas
absolu.
• On peut dire que le premier ministre est un idiot. Oui car on entre dans un champ de
protection très large car ça attrait à la politique. Injure normalement sanctionnée par le code
pénal mais le droit à la liberté d’expression nous donne le droit de prononcer des injures.
• On ne peut pas placer une affiche à la fenêtre disant que l’islam est une menace pour notre
pays et que tous les musulmans doivent le quitter maintenant. C’est un texte inspiré par le

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racisme et donc la limite est franchie. Article 17 : « pas de liberté pour les ennemis de la
liberté ». On ne peut pas user de la liberté d’expression pour restreindre la liberté des autres.

- Jurisprudence : l’ensemble des décisions que va rendre la Cour européenne des droits de l’homme,
tribunaux, Cour de cassation.

- Doctrine : experts, juriste, avocats qui rédigent des articles juridiques pour des revues et qui
forment également un ensemble d’éléments qui vont expliquer le droit, on parle de doctrines.

• A quelle forme d’expression le droit à la liberté d’expression s’applique-t-il ? Les likes sur
facebook, vidéos youtube, tweets, podcasts, messages sur whatsapp, les films, les podcasts.

La Cour européenne des droits de l’homme :

Le droit à la liberté d’expression est garanti par l’article 10 de la CEDH (qui est à Strasbourg). Adoptée
après la déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU de 1948, la CEDH est entrée en
vigueur en 1953 (moment à partir duquel le texte s’applique de manière concrète pour les citoyens).

Phrase de Voltaire : « je ne sis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort
pour que vous puissiez le dire ». Permettre à chacun de donner ses idées même si elles sont en
opposition avec les nôtres -> Garantie et base de notre société démocratique.

Selon la CEDH, la liberté d’expression est le fondement de la démocratie.

Exemple :

• Handyside contre Royaume-Uni -> arrêt que la Cour européenne des droits de l’homme a prononcé

« La liberté d'expression constitue l'un des fondements essentiels de pareille société, l'une des
conditions primordiales de son progrès et de l'épanouissement de chacun » -> élément de l’arrêt et
ce sont des phrases clés qui vont revenir à chaque fois dans la jurisprudence de la Cour européenne
des droits de l’homme. Lorsqu’on arrive devant la Cour européenne des droits de l’homme, on a déjà
épuisé l’ensemble des voies de recours internes.

Epuisement des voies de recours internes = au niveau de l’état dans lequel vous êtes, ici le Royaume-
Uni, ça veut dire que monsieur Handyside a épuisé toutes les juridictions possibles qui pouvaient
statuer sur son cas. Si on fait un parallèle avec la Belgique, il a été en première instance, soit au civil,
soit au correctionnel  il a été en appel puis devant une juridiction suprême = cours de cassation
 encore perdu donc requête devant la Cour européenne des droits de l’homme. Le requérant, celui
qui a déposé la requête, dit que le Royaume-Uni a violé son droit à la liberté d’expression. La Cour va
examiner si le droit à la liberté d’expression du monsieur a été violée ou pas.

Autre arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme : Manole et autres contre Moldavie

Manole et d’autres requérants ont déposé une requête devant la Cour européenne des droits de
l’homme car ils ont estimé que le pays avait violé leur liberté d’expression.

« Pour déterminer si l’article 10 a été respecté en l’espèce, la Cour doit tenir compte des principes
suivants. Elle prend pour point de départ cette vérité fondamentale qu’il n’est pas de démocratie
sans pluralisme. L’une des principales caractéristiques de la démocratie réside dans la possibilité
qu’elle offre de résoudre par le dialogue et sans recours à la violence, les problèmes que rencontre
un pays, et cela même quand ils dérangent. La démocratie se nourrit de la liberté d’expression. Il est
de son essence de permettre la proposition et la discussion de projets politiques divers, même ceux

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qui remettent en cause le mode d’organisation actuel d’un Etat, pourvu qu’ils ne visent pas à porter
atteinte à la démocratie elle-même. »

Ce qui est important c’est d’entamer un discours d’intérêt général. Quand on est dans ce type de
discours, peu importe le contenu qu’on utilise et la forme, il y aura un décret de protection très élevé
-> ça veut dire restreindre le champ des restrictions qui peuvent s’appliquer. Ça veut dire que pour
pouvoir condamner quelqu’un qui s’est exprimé, avec un contenu qui porte sur un sujet d’intérêt
général, il va falloir des bonnes conditions et démontrer que c’est totalement faux.

Tous les types d’expression sont protégés par la liberté d’expression mais certains se voient attribués
un degré de protection plus élevé :

• Le discours politique

• Le discours portant sur un sujet d’intérêt général

• L’expression artistique

• L’information de nature commerciale (publicitaire)

• Le divertissement

Autre arrêt : Lingens contre Autriche. Le libre jeu du débat politique se trouve au cœur même de la
notion de société démocratique qui domine la Convention tout entière.

Qu’est-ce qu’un débat d’intérêt général ?

• Des discussions concernant des faits historiques sensibles, en ce compris les débats autour du
génocide (Perinçek contre Suisse).

• Des critiques contre les actions de la police (Savva Terentyev c. Russie).

• Des critiques contre l’augmentation de salaire d’un directeur (Fressoz et Roire c. France).

• Des discussions sur la privatisation d’une compagnie publique d’assurances (Haldimann c. Suisse)

Autre principe clé dans le droit à la liberté d’expression : permettre de choquer, d’offenser, de
perturber. Si seuls les discours non polémiques sont permis, on réduit l’existence de notre
démocratie.

The little red schoolbook :

On revient à Handyside c. Royaume-Uni  :

Cette phrase revient à chaque arrêt que la Cour prononce : « La liberté d’expression vaut non
seulement pour les "informations" ou "idées" accueillies avec faveur ou considérées comme
inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l'État ou
une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l'esprit
d'ouverture sans lesquels il n'est pas de "société démocratique’’ ».

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• Le petit manuel scolaire rouge est un livre écrit par deux instituteurs danois publié pour la
première fois en 1969.
• Il a fait l’objet de nombreuses controverses dès sa publication. Certains pays vont l’interdire.
Le livre encourage les jeunes à remettre en question les normes sociétales et leur explique
comment y parvenir.
• Sur 200 pages, 20 étaient consacrées au sexe et 30 aux drogues.
• Les craintes les plus fréquemment exprimées contre le livre découlaient du fait qu’il
s’adressait à un public jeune, qu’il érode le tissu moral de la société et qu’il invite à l’anarchie
dans les écoles.
• Le livre a été interdit en France et en Italie. En Grande Bretagne, il a fait l’objet d’une saisie
de 2000 exemplaires et seule une version censurée de certains passages a été autorisée.

Passages du livre qui ont été censurés :

« Peut-être fumes-tu du haschisch ou couches-tu avec ton petit ami ou ta petite amie, sans le dire à
tes parents ni à tes professeurs parce que tu n’oses pas ou simplement parce que tu ne désires pas
en parler. 
Quand tu fais des choses dont tu as vraiment envie et que tu crois bonnes, ne te sens pas honteux ou
coupable pour la seule raison que tes parents ou professeurs pourraient les désapprouver. Beaucoup
d’entre elles auront plus d’importance pour toi dans la vie que les actes qui sont ‘approuvées’ ».

 Reproche : on ne dit à aucun moment que consommer de la drogue c’est illégal.

« La pornographie est un plaisir inoffensif si on ne la prend pas au sérieux et si l’on ne croit pas
qu’elle corresponde à la vraie vie. Quiconque la confond avec la réalité sera gravement déçu.
Il se peut pourtant fort bien que tu en retires de bonnes idées et y découvres des choses qui
semblent intéressantes et que tu n’as pas encore essayées. »

 Reproche : « de bonnes idées » puis rajouter un passage sur la zoophilie ça peut poser un
problème.

La Cour a estimé par 13 voix contre 1 que le Royaume-Uni n’a pas violé le droit à la liberté
d’expression des auteurs du livre. -> Elle valide la condamnation qui est intervenue par le RU contre
les auteurs.

Néanmoins, l’importance d’un arrêt du point de vue de la jurisprudence ne se mesure pas au fait que
la Cour constate ou non une violation, mais aux énoncés qu’il contient, dans la mesure où ils peuvent
guider la pratique successive non seulement des organes du Conseil de l’Europe mais également des
Etats membres.

Liberté d’expression (article 10) :

Paragraphe 1 : consacre les droits que nous avons en matière de liberté d’expression.

1. Toute personne a droit à la liberté d’expression (c-à-d une personne physique et morale donc
aussi société, entreprises, ASBL). Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou
de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités
publiques et sans considération de frontière. Le présent article n’empêche pas les États de soumettre
les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d’autorisations.

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Exemple d’arrêt : Delfi AS (société) contre Estonie -> La Cour note d’emblée que la possibilité pour les
individus de s’exprimer sur Internet constitue un outil sans précédent d’exercice de la liberté
d’expression. C’est une des premières fois que la Cour européenne des droits de l’homme a eu
affaire à quelqu’un qui s’exprimait simplement sur internet, un citoyen lambda, pas un média.

Paragraphe 2 : Comme ce n’est pas un droit absolu, c’est un droit que l’on peut restreindre. Il fixe
les conditions et les restrictions qui sont possibles, autorisées.

2. L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à
certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des
mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale
ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé
ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation
d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire.

Rôle essentiel des médias

Dans « toute personne bénéficie du droit à la liberté d’expression », la jurisprudence de la Cour


européenne des droits de l’homme va mettre en place un régime spécifique pour les médias.

Pedersen et Baadsgaard c. Danemark –GC (arrêt de Grande Chambre : importance supplémentaire)

« De plus, la Cour insiste tout au long de sa jurisprudence sur le rôle fondamental que joue la liberté
de la presse dans le bon fonctionnement d’une société démocratique. Si la presse ne doit pas
franchir certaines limites, concernant notamment la protection de la réputation et des droits d’autrui
et la nécessité d’empêcher la divulgation d’informations confidentielles, il lui incombe néanmoins de
communiquer, dans le respect de ses devoirs et de ses responsabilités, des informations et des idées
sur toutes les questions d’intérêt général, y compris celles qui se rapportent à l’administration de la
justice. A sa fonction qui consiste à diffuser des informations et des idées sur de telles questions
s’ajoute le droit, pour le public, d’en recevoir. S’il en allait autrement, la presse ne pourrait jouer son
rôle indispensable de « chien de garde » (de la démocratie). La liberté journalistique comprend aussi
le recours possible à une certaine dose d’exagération, voire de provocation. »

Rôle similaire des ONG et autres chiens de garde

Le rôle de « chien de garde » est traditionnellement dévolu à la presse par la Cour européenne des
droits de l’homme. Dans la construction de sa jurisprudence, elle a reconnu ce rôle de chien de garde
à d’autre acteurs et plus seulement les médias : ONG ou bloggeurs.

Tous comme les médias, les ONG jouent également un rôle important de chien de garde public grâce
à l’importance du rôle qu’ils remplissent dans l’information au public et les alertes qu’ils lancent sur
des questions d’intérêt public. Les ONG se concentrent sur un projet particulier et ont le rôle de
lanceur d’alertes sur des sujets qui concernent des enjeux démocratiques, des questions d’intérêt
public.

Arrêt : ÖsterreichischeVereinigung zur Erhaltung, Stärkung und Schaffung eines wirtschaftlich


gesunden land- und forstwirtschaftlichenGrundbesitzes c. Autriche

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Furthermore, the Court has held that the gathering of information is an essential preparatory step in
journalism and an inherent, protected part of press freedom. However, the function of creating
forums for public debate is not limited to the press. That function may also be exercised by non-
governmental organisations, the activities of which are an essential element of informed public
debate. The Court has therefore accepted that non-governmental organisations, like the press, may
be characterised as social “watchdogs”. In that connection their activities warrant similar Convention
protection to that afforded to the press.

Elle a décrété pour la première fois que des ONG ou des personnes qui participent à des forums qui
créent des débats publics doivent également être considérés comme des chiens de garde de la
démocratie. Elle va le faire en précisant tout d’abord que le fait de réunir des informations et se
lancer dans un travail préparatoire qui équivaut au journalisme, est protégé par la liberté
d’expression.

La conséquence c’est comme pour la presse c’est une protection plus large du droit à la liberté
d’expression.

Cela vaut pour toutes les informations et idées : la presse peut critiquer la vie privée, avortement, la
vérité historique, le fondateur d’un état, la religion, l’alimentation. En fonction des circonstances et
du contexte, il n’est pas acquis que tout ce qui relève de l’intimité personnelle, privée reste
cloisonnée dans ce champ. Il faut à chaque fois mettre en balance avec le débat d’intérêt général qui
peut justifier de sortir du champ de la vie privée certaines informations et idées.

Le contenu et la forme sont protégés : (contenu protégé à partir du moment où il attrait à un débat
d’intérêt général)

• Chacun est libre de choisir comment et selon quel style il entend faire usage de son expression.

• Les journalistes ne doivent pas se limiter à rédiger des articles, des reportages ou des compte
rendus,

• ils peuvent également publier des articles satiriques, des caricatures, parodies ou des cartes
blanches.

• Le juge n’a pas à se substituer à la presse pour dire quelle technique de compte-rendu aurait dû
être utilisé. Il n’a pas non plus à apprécier le bon goût de la publication.

Arrêt : Oberschlick c. Autriche (n°1) Outre la substance des idées et informations exprimées, l'article
10 protège leur mode de diffusion.

Exemple cas particulier : Le randonneur nu –The naked rambler

Il se battait pour le droit de l’homme d’être nu mais Stephen Gough a perdu. Activiste britannique
connu pour ses marches à travers la Grande Bretagne en tenue d’Adam, il a déjà été condamné plus
d’une douzaine de fois pour “trouble à l’ordre public”. Il a passé plus de 5 années en prison, la
plupart du temps en isolement parce qu’il refusait de porter des vêtements dans sa cellule. Stephen
Gough a plusieurs fois été arrêté et renvoyé devant la justice dès sa sortie de l'enceinte pénitentiaire
pour son refus obstiné de s’habiller.

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Le Naked Rambler avait fait appel à la Cour européenne des droits de l’homme pour se plaindre des
mesures répressives prises contre lui, en invoquant l’article 10. La Cour EDH a reconnu que l’homme
avait passé des périodes assez importantes en prison pour une infraction relativement futile, mais a
finalement décidé de rejeter sa demande, en estimant que le comportement de l’homme allait à
l’encontre « des normes admises dans une société démocratique moderne ». Il a, par la suite, encore
été condamné à deux ans et demi de prison pour être sorti de prison, vêtu uniquement...de
chaussettes et de chaussures.

Autres exemples d’actions qui ont été protégées par la liberté d’expression :

 Jeter de la peinture sur une statue en signe de contestation (Murat Vural c. Turquie)
 Affirmer son orientation sexuelle (Smith et Grady c. RU)
 Perturber une chasse au renard (Hashman et Harrup c. RU)
 Afficher une œuvre d’art (Müller et autres c. Suisse)
 Faire frire un œuf au-dessus du flambeau de la tombe du soldat inconnu en signe de
protestation et de performance artistique (Sinkova c. Ukraine)
 Se promener nu (Gough c. RU)

Le travail préparatoire permettant de récolter des informations avant de les diffuser est également
protégé par le droit à la liberté d’expression.

 Accéder à des lieux ou obtenir des documents : revendiquer le droit à liberté d’expression
contre un policier qui demanderait de quitter une manifestation alors qu’on fait un reportage
(dans certaines limites voir §2 de l’article 10)
 Prendre des photographies ou filmer
 Protéger ses sources

Est protégé également le droit de recevoir de l’information :

 Blocage d’internet ou restrictions d’accès à des médias sociaux (Cengiz et autres c. Turquie –
YouTube)

Article 10 §2 : la possibilité de prononcer une ingérence

Rappel : paragraphe 2 = devoirs et responsabilités qui s’imposent lorsqu’on actionne le paragraphe 1,


lorsqu’on s’exprime librement.

« L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à
certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions (= formes d’ingérences qui doivent
répondre à certaines conditions pour restreindre la liberté d’expression) prévues par la loi (Ex :
journaliste qui écrit des insultes mais ce n’est pas une faute, calomnie, diffamation… ce n’est pas
prévu par la loi donc le journaliste ne peut pas être puni), qui constituent des mesures nécessaires,
dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté
publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la
morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation
d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire. » Liste
de buts qui permettent de restreindre la liberté d’expression. Pour pouvoir prononcer une ingérence
dans le droit à la liberté d’expression d’une personne, il faut viser un but légitime (uniquement les
buts dans la liste plus haut).

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1ère condition pour restreindre la liberté d’expression : ingérence doit être prévue par la loi

2ème condition : ingérence doit poursuivre un but légitime (poster de manière exhaustive dans le §2)

3ème condition : la sanction prévue par la loi doit constituer une mesure nécessaire dans une société
démocratique. Pas seulement pour la victime de la liberté d’expression mais nécessaire pour une
société démocratique. Il faut analyser l’ensemble du contexte : lieu, techniques d’investigations, le
journaliste a-t-il croisé ses sources ? Mauvaise intention ou bonne foi ? A-t-il essayé de contacter la
personne qui se plaint ?

4ème condition (implicite) : la proportionnalité. Il faut que l’ingérence soit proportionnelle au but
poursuivi.

INGÉRENCE

Ne pas oublier que quand on arrive devant la Cour européenne des droits de l’homme, c’est parce
qu’il y a une ingérence, c’est parce que on a épuisé toutes les voies de recours internes, et que, au
niveau final, après la Cour de cassation, il y a une condamnation qui restreint notre droit à la liberté
d’expression. Donc on arrive devant la Cour européenne des droits de l’homme en disant qu’on a
violé notre liberté d’expression. Systématiquement, c’est par le prisme de cette ingérence et c’est en
regardant si cette ingérence est prévue par la loi, poursuit un but légitime, est nécessaire dans la
société démocratique et est proportionnée que la Cour va estimer si oui ou non l’état membre du
Conseil de l’Europe a violé la liberté d’expression de toute personne.

L’ingérence est l’acte ou l’omission commis par un Etat membre qui empêche ou restreint le plein
exercice du droit à la liberté d’expression.

Qu’est-ce qu’une ingérence ? Pas de liste exhaustive :

 Condamnation civile (même condamné à 1€ symbolique), est une ingérence dans le droit à la
liberté d’expression, et/ou pénale (même avec suspension du prononcé)
 Blocage d’accès à un site Internet
 Interdiction de publication, ordre de publication : juge qui ordonne à un journal de publier un
encart juridique = ingérence dans le droit à la liberté d’expression
 Refus d’accorder une licence de diffusion : radio peut diffuser seulement si elle a une licence
 Sanction disciplinaire, blâme, révocation, licenciement : un employé se plaint et dénonce sur
harcèlement sexuel et se retrouve rétrogradé dans la société, viré…
 Ordre de révéler ses sources
 Toutes les formes de censure

Les 4 conditions pour pouvoir prononcer une ingérence dans le droit à la liberté d’expression :

1) Loi
2) But légal
3) Nécessité
4) Proportionnalité

HUDOC : site Cour européenne des droits de l’homme - recherches via le pays, mots clés pour
trouver des articles. « The HUDOC database provides access to the case-law of the Court (Grand
Chamber, Chamber and Committee judgments and decisions, communicated cases ».

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DDM Bloc 2

Un des critères pour pouvoir prononcer une ingérence dans la liberté d’expression c’est l’existence
d’une loi. Il y a un arrêt qui concerne directement la Belgique qui a été prononcé par la Cour
européenne des droits de l’homme sur base d’une requête de la RTBF.

Rappel : l’arrêt c’est la décision prononcée par la Cour européenne des droits de l’homme. La RTBF
est le requérant, qui après avoir épuisé toutes les voies de recours internes, a déposé une requête
devant la Cour européenne des droits de l’homme contre la Belgique.

Arrêt RTBF c. Belgique 29/03/2011 :

 Emission « Au Nom de la Loi »


 Magazine d’investigation journalistique de la RTBF. Il y avait un reportage qui faisait mention
de différentes plaintes contre un neurochirurgien.

Faits (donnent des informations importantes) :

 Médecin fait l’objet de plusieurs plaintes de la part de patients


 Articles de presse sur le sujet
 Emission sur les risques médicaux et les droits des patients
 Le médecin a refusé d’être interviewé mais a répondu aux questions des journalistes en
présence de ses avocats

 Diffusion prévue le 24 octobre 2001

Quand on met quelqu’un en cause, et que cette mise en cause est susceptible de porter atteinte à
son honneur et à sa réputation, il y a une règle déontologique (là on n’est pas au niveau d’une
norme internationale mais au niveau de l’autorégulation -> déontologie journalistique gérée par le
CDJ qui a établi un code de déontologie journalistique. La déontologie, lorsqu’on est un journaliste
prudent, sérieux et diligent, on doit donner la parole à la personne que l’on met en cause. Le
journaliste l’avait fait dans le cadre du reportage mais le médecin a refusé d’être filmé mais il a
accepté de répondre à leurs questions en présence de ses avocats.

Première instance :

Rappel : Cour européenne des droits de l’homme = on a épuisé toutes les voies de recours internes.
Et donc au niveau belge, il y a tout d’abord la Première instance. Le tribunal de Première instance à
Bruxelles a été saisi dans le cadre d’un référé.

Référé TPI Bruxelles – le 3 octobre 2001 – demande : interdire la diffusion de l’émission sous
astreintes 5.000.000 FB

Ordonnance du 24 octobre 2001 - interdiction de diffusion sous astreinte de 2.000.000 FB

Référé : Procédure utilisée lorsqu’il y a une urgence, si elle n’est pas prise il y a un risque de
préjudice grave et difficilement réparable. C’est une mesure provisoire, le temps qu’ils introduisent
une procédure normale, une procédure au fond. Le juge intervient dans l’urgence le temps qu’un
juge puisse statuer, reprendre l’affaire depuis le début et trouver le responsable.  Les 3 conditions
pour introduire un référé : urgence, mesure provisoire, risque de préjudice grave et difficilement
réparable. Le médecin a demandé d’interdire la diffusion de l’émission sous astreinte.

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Valentine Jonet 2020-2021
DDM Bloc 2

Astreinte= si l’émission ne respecte pas la décision du juge elle aurait été obligée de payer 2.000.000
Francs Belges. Mesure prise pour être sûr que la décision soit respectée. Le juge ne peut pas statuer
sur le fond de l’affaire.

Appel

La RTBF n’était pas contente donc elle a interjeté appel de cette décision. Une décision en référé,
comme elle ne juge pas sur le fond, on appelle ça une ordonnance.

 Première instance en référé : ordonnance


 Première instance au fond : jugement

Cour d’appel de Bruxelles - 5 novembre 2001

Après que la RTBF a interjeté appel, elle va devant la Cour d’appel de Bruxelles.

Article 25 C° : « La presse est libre et la censure ne pourra jamais être établie ». On ne peut pas de
manière préventive interdire à une personne de s’exprimer. Interdiction des censures à priori donc
avant que ce soit publié -> Dans ce cas-ci, normalement, le juge aurait dû dire que l’article 25 de la
Constitution lui interdit de prononcer cette mesure d’interdiction de première diffusion même
provisoirement. La Cour d’appel dit que ce n’est pas applicable à la presse audiovisuelle (ça vaut
uniquement pour la presse écrite).

Articles 19 de la Constitution et l’article 10 CEDH autorisent les mesures préventives, agir avant la
1ère diffusion.

Il y a aussi d’autres articles, tant de la Constitution que de la CEDH qui protègent le droit à la vie
privée : Articles 22 C° et 8 CEDH protègent le droit à l’honneur et à la réputation

Et il y a également les Articles 584 et 1039 du Code judiciaire (= dispositions légales qui règlent la
procédure). Ces deux dispositions règlent la possibilité de saisir le juge des référés pour lui demander
d’ordonner des restrictions préventives à la liberté d’expression dans les cas flagrants de violation
des droits d’autrui

Finalement, elle déclare l’appel interjeté par la RTBF, non fondé (RTBF perd) – 22 mars 2002. Si elle
avait suivi l’argument de la RTBF, elle aurait déclaré l’appel fondé et donc aurait pris une nouvelle
décision.

Donc : Première instance -> Cour d’appel -> Cour de cassation

Cassation

 Pourvoi de la RTBF devant la Cour de cassation le 12 mai 2003


 Valide le fait que la combinaison des articles (articles de la Constitution, de la CEDH, du Code
judiciaire vus plus haut) permet au juge des référés de prononcer une mesure d’interdiction
préalable en matière audiovisuelle
 Arrêt du 2 juin 2006 – rejet du pourvoi. Si elle avait accepté le pourvoi, elle aurait cassé la
décision de la Cour d’appel et donc l’affaire aurait été réévaluée avec les éléments de la Cour
de cassation.

La RTBF a donc été condamnée à l’interdiction de diffusion de l’émission en Première instance,


devant la Cour d’appel, et puis devant la Cour de cassation et donc elle peut déposer une requête
devant la Cour européenne des droits de l’homme.

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DDM Bloc 2

Cour européenne des droits de l’homme

Requête du 30 novembre 2006 : la RTBF a le droit de recourir à la Cour européenne des droits de
l’homme car toutes les voies de recours internes ont été épuisées. La RTBF a subi une ingérence dans
la liberté d’expression : la décision des juges d’interdire même temporairement la diffusion de
l’émission. Temporaire car le médecin avait l’obligation d’introduire une action au fond. Il devait
saisir le tribunal de Première instance non pas au référé mais au fond et si le juge du fond en
Première instance dit que l’émission peut être diffusé, cela lève la mesure de référé (interdiction de
diffusion de l’émission).

 Interdiction temporaire d’une émission = ingérence dans l’article 10 CEDH


 1ère condition : l’ingérence est-elle prévue par la loi ?

La Cour, lorsqu’elle examine en droit la requête portée devant elle, va d’abord énoncer des principes
généraux. Les principes généraux pour la Cour c’est dire qu’est-ce que c’est qu’une loi/norme.

Principes généraux :

 La norme doit être énoncée avec assez de précision pour permettre au citoyen de régler sa
conduite. Si une loi est trop générale, et qu’on ne sait pas ce qu’on doit faire, ça ne sera pas
une loi.
 La loi doit être prévisible (en fonction du contenu du texte, du domaine qu’il couvre, du
nombre et de la qualité de ses destinataires). Le degré de prévisibilité varie en fonction du
domaine. Elle ne doit pas donner lieu à des décisions contradictoires.

Après avoir donné ces principes généraux qui lui permettent de définir qu’est-ce qu’une loi, elle va
analyser le droit belge et les dispositions analysées par les cours et tribunaux en Belgique.

Analyse de la situation en droit belge

Pages 11 à 14 de l’arrêt

 Articles 19 et 25 C° - liberté d’opinion et liberté de la presse


 Article 1382 Code. Civ. – sanctionne les abus de cette liberté. Quand le journaliste fait une
faute qui engendre un dommage en lien causal avec la faute. Cet article démontre que la
responsabilité en matière de presse, c’est une responsabilité à posteriori. Tant que la faute
n’a pas été commise, on ne peut pas réclamer le dédommagement. Donc tant que l’émission
n’a pas été diffusée, le dommage n’existe pas. Régime de responsabilité de la presse =
régime de responsabilité à posteriori. Faute -> dommage -> lien causal.
 Articles 18, 19, 584 et 1039 C. jud. – modalités d’action pour assurer le respect des droits en
justice. Ces articles sont utilisés pour régler la manière dont on doit saisir le juge et agir en
justice.
 Le droit belge, selon la Cour européenne, ne prévoit qu’un système répressif : on ne peut
prononcer une ingérence que lorsque la personne s’est préalablement exprimée.
 L’article 1382 C. Civ. : Organise un mécanisme de sanction a posteriori
 Les dispositions prévues par le Code judiciaire sont des dispositions générales qui concernent
la compétence du juge et ne donnent pas de précisions quant au type de restrictions
autorisé.
 Le cadre légal n’est donc pas suffisamment précis par rapport à la délimitation de
l’interdiction. On ne sait pas quelles conséquences il peut y avoir s’ils diffusent l’émission. Le
cadre n’est pas assez précis.

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 A cela s’ajoute une divergence dans la jurisprudence quant à la possibilité d’intervenir


préventivement
 La jurisprudence n’est pas nette, pas constante et donc contradictoire
 Cela ne permet pas de prévoir à un degré raisonnable les conséquences pouvant résulter de
la diffusion de l’émission litigieuse : la RTBF, même avec les conseils de ses avocats, ne sait
pas si elle risque de voir son émission être interdite ou pas.
 Le cadre législatif et le cadre jurisprudentiel ne répondent pas à la condition de prévisibilité
de la loi.
 Violation de l’article 10 de la CEDH. Donc la Cour ne va pas analyser les autres critères qui
sont celui du but légitime, de la nécessité dans une société démocratique et de la
proportionnalité de l’ingérence par rapport au but légitime poursuivi… car une des conditions
n’est déjà pas respectée. Elle peut constater, sur cette seule base, qu’il y a eu violation de
l’article 10 de la CEDH.

La décision est prononcée contre la Belgique et non contre le médecin car c’était le système législatif
belge qui n’était pas assez précis. C’est la Belgique qui a dû rembourser à la RTBF tous les frais
(avocats, frais de procédure). Décision prononcée en 2011 pour une émission qui devait être diffusée
en 2001. 10 ans de procédure. Le reportage n’a jamais été diffusé. Cela a permis de clarifier un point :
en Belgique, il est interdit d’interdire une émission avant sa diffusion. Suite à cet arrêt, puisque ça
porte sur une disposition légale, la Cour européenne, via la Commission, va examiner les mesures
prises par la Belgique et va demander à l’état belge de lui fournir un rapport et voir comment ça a été
répercuté sur la société, est-ce qu’il y a des articles de doctrines (experts, juristes, avocats), s’il y a
une modification législative intervenue etc.

Rappel !! Les 4 critères : que l’ingérence soit prévue par une loi, qu’elle poursuive un but légitime,
qu’elle soit nécessaire dans une société démocratique et proportionnelle au but légitime poursuivi.

But légitime : énoncé de manière exhaustive dans le §2 de l’article 10. Généralement le but légitime
sera la protection des droits d’autrui. Si on prend le cas de ce médecin par rapport à l’émission,
imaginons qu’il n’ait pas introduit d’action en référé, qu’il ait laissé l’émission être diffusée et que le
lendemain il introduise une action au fond devant le juge au niveau du tribunal de Première instance
(TPI) en invoquant le fait que la diffusion de l’émission a porté atteinte à son honneur et à sa
réputation. Le fait de dire « cette émission a porté atteinte à mon honneur et à ma réputation », fait
que le §2 de l’article 10, le but légitime, est atteint. La condamnation qui sera éventuellement
prononcée par le TPI se basera uniquement sur l’article 1382 du Code civil càd que, la RTBF en
diffusant l’émission a commis une faute et donc le médecin considère que la RTBF en diffusant
l’émission, a commis une faute qui a causé un dommage.

Conclusion : Dans cet arrêt, l’important c’est le mécanisme mis en place. Avant cet arrêt, on pouvait
saisir en référé le juge pour demander une mesure de censure. Il faut savoir refaire le parcours de la
RBTF pour arriver devant la Cour EDH, connaître les conditions du référé, les faits à l’initiative de
cette décision (majeure et a un impact), cela mis un point final à toutes les mesures de censure
préventive en Belgique. Connaître article 19 et 25, 1382 du code civil. Quelle était l’ingérence
prononcée par l’état belge et que cette ingérence n’était pas prévue par la loi car elle n’était pas
précise, elle donnait lieu à des divergences dans la jurisprudence. Le fait qu’une ingérence ne soit pas
prévue par la loi, entraîne une violation de la liberté d’expression de la RTBF et que ça a un impact
car ça a mis un terme au contentieux. Maintenant, le juge doit dire qu’il ne peut pas interdire la
diffusion préventive d’une émission. Le citoyen doit pouvoir prévoir quelle position adoptée face à ce
type de loi. Les conséquences de cet arrêt en droit belge.

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Exemple question d’examen : Quelle est l’ingérence qui était en cause dans la requête apportée par
la RTBF devant la Cour EDH ? C’est la décision confirmée par la Cour de cassation d’interdire la
diffusion d’une émission audiovisuelle.

Les ingérences dans le droit à la liberté d’expression :

Pour analyser ce critère de nécessité dans une société démocratique, la Cour EDH se pose et analyse
la chose sous deux angles et donc deux questions :

Est-ce que les L'ingérence est-


raisons sont elle
nécessaires et proportionnée au
suffisantes? but poursuivi?

Pour déterminer si une


ingérence est
nécessaire dans une
société démocratique :
2 questions

1) Est-ce que les raisons énoncées sont nécessaires et suffisantes ?


2) L’ingérence est-elle proportionnée au but poursuivi ?

Le besoin social impérieux :

Va être nécessaire dans une société démocratique, l’ingérence qui va reprendre un besoin social
impérieux. Ça démontre que la nécessité ne doit pas s’analyser au regarde de la personne qui
souhaite qu’il y ait une ingérence qui soit prononcée ou qui souhaite sanctionner ou restreindre la
liberté d’expression. Ce n’est pas uniquement par rapport à la personne elle-même qui en fait la
demande, mais c’est au regard de l’ensemble de la société démocratique et il faut encore que ce
besoin soit impérieux. Ça ne veut pas dire qu’l y a aucune raison pour lesquelles on va restreindre la
liberté d’expression mais ça fait quand même entre tour cela dans un champ particulièrement strict
d’appréciation. Les états, lorsqu’ils statuent sur la possibilité de restreindre la liberté d’expression,
bénéficient d’une certaine marge d’appréciation. Puisque, avant d’arriver à la Cour EDH, ça va passer
par la Cour de Première instance, l’appel, la Cour de cassation et chacun de ces cours et tribunaux va
analyser lui-même les règles en vigueur en matière de liberté d’expression et va déduire de la
jurisprudence de la Cour EDH différentes règles et critères qu’ils peuvent appliquer aux cas qui se
présentent devant eux.

La Cour européenne dit que lorsque qu’on est en matière de liberté d’expression, face à la liberté de
la presse, la marge d’appréciation dont bénéficient ces états va être beaucoup plus restreinte. Avoir
une marge d’appréciation plus restreinte = les états donc les cours et les tribunaux nationaux,
lorsqu’ils statuent, vont devoir analyser et appliquer les critères tels que la Cour EDH les a appliqués
et dégagés. Ça veut dire qu’ils ne vont pas pouvoir vraiment apporter leur propre vision et les
propres règles qui sont inhérentes à leur propre pays mais ils vont devoir beaucoup plus, en matière
de liberté de la presse, suivre le carcan et le canva dégagé par la Cour EDH.

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Valentine Jonet 2020-2021
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Lorsque l’affaire arrive devant la Cour EDH, la Cour va pouvoir totalement invalider les arguments des
cours et tribunaux au niveau national. Cependant, en ce qui concerne les bonnes mœurs, c’est
culturel et lié au pays et donc elle laisse une marge d’appréciation plus large aux états membres.

La Cour ne va pas toujours faire référence de manière explicite l’existence de ce besoin social
impérieux mais elle se réfère au caractère pertinent et suffisant des motifs fournis par les autorités
nationales ainsi qu’à la marge d’appréciation de l’Etat afin de juger, implicitement, sur l’existence
d’un tel besoin.

Enfin, la Cour peut donner plus de poids à d’autres facteurs que l’existence d’un besoin social
impérieux pour justifier une ingérence, et axer son raisonnement sur ces facteurs ainsi que sur le
caractère pertinent et suffisant des motifs fournis par les autorités nationales pour ménager un juste
équilibre entre les intérêts concurrents en présence.

Ainsi, dans l’affaire Pentikäinen c. Finlande [GC], qui retrace le cadre de la protection offerte par
l’article 10 aux journalistes qui couvrent des manifestations sur la voie publique et des obligations de
ceux-ci au titre de cette disposition, la Grande Chambre relève tout d’abord que ce n’est pas l’activité
journalistique du requérant en tant que telle qui a été ́ sanctionnée, mais le refus de celui-ci
d’obtempérer à des ordres légaux et raisonnables lancés par la police. Elle rappelle ensuite que les
journalistes ne sauraient en principe être déliés de leur devoir de respecter la loi pénale au motif que
l’article 10 leur offrirait une protection inattaquable.

La proportionnalité de l’ingérence :

• La nature de censure de l’ingérence : la Cour EDH n’interdit pas la possibilité de prononcer


une censure mais va généralement estimer qu’une mesure de censure sera souvent
disproportionnée par rapport au but légitime poursuivi.

Rappel : but légitime ça peut être la protection des droits d’autrui, le droit à l’honneur et à la
réputation, le droit à la protection de la vie privée.

• Le choix de la mesure la moins attentatoire au droit permettant de parvenir au même but :


la Cour examine s’il y a des mesures qui peuvent atteindre le but poursuivi mais moins
violentes/ attentatoires aux droits à la liberté d’expression. Il faut démontrer que l’atteinte à
la liberté d’expression nécessite une telle mesure.

• Le civil par rapport au pénal : la Cour européenne va privilégier les ingérences prononcées
au niveau civil plutôt qu’au niveau pénal car pénale = plus attentatoire.

• Le seul fait de la condamnation peut être disproportionné : même 1 euro symbolique peut
être disproportionné mais ça dépend à chaque fois du contexte.

Publications sur des aspects intimes de la vue d’un individu ou de sa famille

Toujours dans le critère général de la nécessité dans une société démocratique, il y a différents cas
qui peuvent se présenter et la Cour va dégager, dans sa jurisprudence, différents éléments qui vont
permettre aux cours et tribunaux nationaux de se situer et d’apprécier les circonstances concrètes
des affaires qui sont portées devant elle.

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DDM Bloc 2

Un des sujets où la Cour a dégagé de tels critères ce sont les publications ou les diffusions sur les
aspects intimes de la vie privée/familiale.

Arrêt : CEDH Von Hannover c. Allemagne, n° 2 (Grande Chambre)

La liberté d’expression comprend la publication de photographies. Il s’agit néanmoins d’un domaine


où la protection de la réputation et des droits d’autrui revêt une importance particulière, les
photographies pouvant contenir des informations très personnelles, voire intimes, sur un individu ou
sa famille.

La Cour reconnait le droit de toute personne à son image, soulignant que l’image d’un individu est
l’un des attributs principaux de sa personnalité ́, en raison du fait qu’elle exprime son originalité ́ et lui
permet de se différencier de ses pairs. Le droit de la personne à la protection de son image
présuppose principalement la maitrise par l’individu de son image, ce qui comprend notamment la
possibilité́ d’en refuser la diffusion.

La cour analyse différentes critères pour la publication :

Lorsque la presse publie des détails de la vie privée, la Cour va dégager 5 critères qu’elle va analyser.

1) Est-ce que la publication attrait à un débat d’intérêt général


2) Notoriété de la personne : une personne célèbre a un champ de protection de sa vie privée
plus restreint qu’une personne lambda
3) Objet du reportage : quelle est la visée, prise de position
4) Comportement antérieur de la personne visée : sportif qui expose lui-même sa vie privée sur
les réseaux, publications ou il présente sa famille
5) Contenu, forme et répartition de la publication : photo prise avec téléobjectif, la personne
ne s’est pas exposée sciemment au photographe. C’est une intrusion dans la vie privée.
Magazine très célèbre ? Article tapageux ou sérieux ?

Devoirs et responsabilités du journaliste :

La publication doit contribuée à un débat d’intérêt général, le statut de la personne visée entre en
considération (personne publique, privée) et entre aussi en considération la bonne foi du journaliste
(ses raisons pour avoir écrit l’article) et la Cour va examiner si le journaliste a respecté sa déontologie
journalistique.

Activités de recherche et d’enquête

• Arrêt : CEDH - Haldimann et autres c. Suisse

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4 journalistes qui ont réalisé un reportage audiovisuel qui portait sur la protection du consommateur
et qui voulait vérifier si en matière de contrats d’assurance vie, les conseils qui étaient donnés par
des courtiers en assurance étaient des bons conseils. Pour cela, les journalistes ont organisé des
entretiens avec des courtiers en assurance en prétendant être de potentiels clients.

1) Première infraction déontologique : ne pas annoncer sa qualité de journaliste


2) L’entretien a été enregistré à leur insu
3) Mauvais conseils d’un courtier diffusé : les journalistes ont modifié la voix et pixellisé l’image.
L’environnement ne permettait pas d’identifier le courtier.

Les 4 journalistes ont été condamnés au pénal pour avoir enregistré une conversation de manière
non autorisée. Cour de cassation  puis Cour EDH. L’ingérence : avoir été condamné pour un
enregistrement non autorisé de conversation. Le code pénal suisse pénalise l’enregistrement à l’insu.

Ingérence suivait un but légitime ? Oui, c’est le droit à la protection de la vie privée du courtier en
assurance, son droit à l’honneur et à la réputation.

Nécessité dans la société démocratique et la proportionnalité ? Donc est-ce que c’est un débat


d’intérêt général ? Oui car ça vise la protection des consommateurs. Est-ce que le courtier en
assurance est un personnage public ? Non, personnage privé, pas d’atteinte grave à sa vie privée car
juste coté professionnel. La manière dont les journalistes ont réalisé l’enquête ? Le courtier n’a pas
donné son consentement à être filmé et ne savait même pas que c’étaient des journalistes et qu’il
était enregistré. Mais la Cour, en analysant le caractère nécessaire, note que l’entretien n’était pas
focalisé sur la personne du courtier, mais sur les pratiques commerciales. L’entretien ne s’est pas
déroulé dans les locaux du courtier. Déontologie journalistique ? Caméra cachée et cacher le fait
d’être journaliste donc la Cour va examiner les règles de déontologies journalistiques.

 Méthodes déloyales autorisées sous conditions

La déontologie journalistique distingue deux types de méthodes d’investigation : la méthode loyale


et la méthode déloyale. C’est l’article 17 du Code de déontologie journalistique.

 Article 17 du code de déontologie journalistique

Le Conseil de déontologie journalistique dit que les journalistes doivent recourir à des méthodes
loyales afin de recueillir, de traiter les informations, les photographies. Sont considérées comme des
méthodes déloyales : commettre une infraction pénale, dissimulation de sa qualité de journaliste,
tromperie sur le but du reportage, un enregistrement clandestin, usage d’une fausse identité, la
provocation, le harcèlement. Ces méthodes deviennent loyales si 4 conditions ont été respectées :

1) L’information recherchée doit être d’intérêt général.


2) Impossible de se procurer l’information par d’autres moyens : si les journalistes avaient
déclaré leur identité et l’objet de leur reportage, les conseils du courtier auraient été
totalement différents.
3) Les risques qui sont encourus par les journalistes et les tiers restent proportionnés par
rapport au résultat recherché.
4) Les méthodes sont validées par l’éditeur, le média.

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Si ces 4 conditions sont respectées, la méthode qui est initialement qualifiée de déloyale devient
loyale et peut donc être autorisée. Ça c’est l’article 17.

 Accès aux lieux et à l’information :

Les jugements sont publics et les audiences souvent aussi. Exemple : des journalistes sont évacués du
parlement à cause d’une bagarre et donc ne pouvaient plus suivre ce qui se passait au Parlement. La
Cour EDH dit que les activités de recherche et d’enquête sont protégées par le droit à la liberté
d’expression et donc la Cour a analysé si la police avait le droit de prononcer cette ingérence dans le
droit à la liberté d’expression, càd d’écarter les journalistes du Parlement. Intérêt général  ? Oui.
Sécurité des journalistes ? Aucune menace pour les journalistes car ils étaient à l’étage. Examine
aussi le chilling effect (= effet dissuasif) : l’effet dissuasif que la mesure a entrainé sur la liberté
d’expression. L’ordre de quitter le parlement était disproportionné.

Autre exemple : les journalistes n’ont pas interviewé le parlementaire dans un endroit prévu pour ça.
Ingérence prononcée par rapport au journaliste pour ne pas avoir respecté la zone qui lui était
dévolue : il a été discrédité (plus d’accès aux réactions de parlementaires). Intérêt général  ? Oui.
Proportionnalité ? Décision discrétionnaire, on n’a pas demandé le point de vue du journaliste.

Exemple : journaliste qui filme une manifestation dans un centre fermé. En délogeant les
manifestants, la police a d’abord délogé les journalistes. La police à menotté les journalistes et les a
emmenés au poste. Ces journalistes ont engagé une action au civil qui met en cause la responsabilité
de l’état belge pour ces mesures qui ont été prises. C’est actuellement en cours.

Contenu de l’information :

 Informations fiables et précises, vérifiés : impose un devoir de vérification avant de


transmettre les informations au citoyen.
 Pouvoir s’appuyer sur des documents officiels : élément rendus publics= texte de loi,
parquet. La presse ne doit pas faire de vérifications supplémentaires.
 Information disponible au moment de la publication : le journaliste ne doit pas attendre
l’issu d’un procès pénal pour faire un article.
 Base d’informations suffisante : obtenir une base qui va permettre d’exagérer, provoquer,
heurter. La personne qui s’exprime va pouvoir extrapoler, exagérer mais ne peut pas les
déformer ni faire d’amalgames. La base factuelle du journaliste doit être suffisante.
 Pas de contrôle sur la technique de compte-rendu : interview, article d’opinion, biais
sarcastique, parodie… peu importe, on ne peut pas juger pour ça.
 Pas de condamnation pour les propos de tiers : si la personne interviewée tient des propos
racistes c’est elle qui est responsable de ses propos et pas le journaliste.
 Loyauté : le journaliste doit être loyal dans la manière dont il diffuse ses informations.
 Contexte et ensemble de la publication : la Cour analyse tout le travail journalistique tant au
niveau préparatoire qu’au niveau du contenu de l’information.

La déontologie journalistique que la Cour EDH appelle le « journalisme responsable », il faut que le
journaliste soit responsable en vertu des règles et des codifications qui lui sont imposées dans le
cadre de son métier.

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Valentine Jonet 2020-2021
DDM Bloc 2

Le discours publicitaire/ commercial 

• Le discours commercial et publicitaire est protégé par le droit à la liberté d’expression car la
Cour va dire que :

« La publicité constitue pour le citoyen un moyen de connaître les caractéristiques des services et des
biens qui lui sont offerts. Néanmoins, elle peut parfois faire l’objet de restrictions destinées,
notamment, à empêcher la concurrence déloyale et la publicité mensongère et trompeuse. Dans
certains contextes, même la publication de messages publicitaire objectifs et véridiques pourrait
subir des limitations tendant au respect des droits d’autrui ou fondées sur les particularités d’une
activité commerciale ou d’une profession déterminée »

• Liberté d’expression plus restreinte que celle accordée à la presse ou au discours d’intérêt
général.

• Justifie les possibilités de restriction qui peuvent aller jusqu’à l’interdiction d’un message.

• Balance à effectuer entre la liberté d’expression et les règles relatives à la publicité loyale ou
des dispositions spécifiques à certains secteurs (professions réglementées, secteur de la
santé)

• En conséquence, une grande marge d’appréciation est laissée aux Etats et la Cour n’opère
qu’un contrôle marginal. Contrôle marginal = la Cour va regarder si le raisonnement qui est
tenu par les cours et tribunaux a bien pris en compte les règles relatives à la liberté
d’expression sans refaire le contrôle elle-même, sans appliquer ses propres critères et sans
rejuger toute l’affaire.

Arrêt : Markt Intern Verlag GmbH et Klaus Beermann c. Allemagne – 1989

Revue de défense des intérêts des petites et moyennes entreprises du commerce de détail publie un
communiqué mettant en cause une société de vente par correspondance de produits cosmétiques.

• Publication interdite par les juridictions allemandes

• Pas d’intérêt général : discours n’intéresse qu’un cercle limité de commerçants et ne


concernait pas directement le public dans son ensemble (§26)

• Ingérence légitime car portée démocratique moindre

Arrêt : Casado Coca – 1994 : avocat qui s’est vu interdire sa publicité

• Des restrictions sont possibles dans la publicité faite par un avocat au regard des règles
déontologiques qui s’imposent à ce dernier. Le barau a poursuivi l’avocat car il a fait de la
publicité.

• Une sanction disciplinaire imposée pour non-respect de ces règles peut être justifiée pour
avoir diffusé de la publicité pour ses services professionnels

Arrêt : Jacubowski – 1994 : Le rédacteur d’une agence de presse se fait licencier et crée une
entreprise concurrente.

• Note à 40 prospects (clients de son ancienne agence) pour critiquer les circonstances de son
licenciement et la situation financière de son ancien employeur. Met en avant la qualité
médiocre des services et des équipements.

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DDM Bloc 2

• Débat d’intérêt public absent

• Discours en matière commerciale

• Acte de concurrence déloyale – pas de bonne foi

• Interdiction de la note proportionnée car cette mesure permet d’utiliser d’autres moyens. Il
peut avoir d’autres clients, liberté d’expression pas opprimée

• La Cour va néanmoins toujours analyser si ce qui a priori peut apparaître comme de la


concurrence déloyale ne touche néanmoins pas à un débat d’intérêt général qui doit en
conséquence bénéficier d’un degré de protection plus élevé. Peut toucher des questions
politique, de santé, d’environnement.

Arrêt : Hertel c. Suisse – 1998 : Article virulent sur l’effet négatif des fours à micro-ondes sur la santé

• La Cour a estimé que ce n’était pas un dénigrement publicitaire même s’il y a eu un impact
sur la vente des fours à micro-ondes.

• Débat d’intérêt général car il touche la santé publique

• Choque, heurte, inquiète

Interdiction :
1. Affirmer que les aliments préparés dans les fours à micro-ondes sont
dangereux pour la santé
2. Illustrer son propos par des représentations de la mort

Le débat d’intérêt général visé par la publication fait sortir la publication du discours commercial et
lui confère une large protection de la liberté d’expression. Les Etats perdent leur marge
d’appréciation nationale et un contrôle plus strict est confié à la Cour européenne des droits de
l’homme.

Peu importe que l’opinion soit minoritaire et qu’elle peut sembler dénuée de fondement, dans un
domaine où la certitude est improbable, il serait particulièrement excessif de limiter la liberté
d’expression à l’exposé des seules idées généralement admises.

Des propos qui touchent au domaine commercial peuvent donc bénéficier d’une protection
renforcée s’ils concernent une problématique d’intérêt général.

Les publicités choquantes :

Sekmadienis Ltd c. Lituanie, 30 janvier 2018 (arrêt Jésus en jean)

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Valentine Jonet 2020-2021
DDM Bloc 2

Arrêt « Jésus en jeans » : mettre en avant Jésus pour vendre des jeans. En Lituanie, face à cette
publicité, il y a eu énormément de plaintes qui ont été déposées d’abord au niveau de l’équivalent du
jury d’éthique publicitaire. Juridictions internes ont statué après avoir reçu une centaine de plaintes :
amende de +/- 500,00€. Cette publicité a été jugée contraire à la morale publique et jugée contraire
à l’éthique publicitaire car inapproprié, utiliser un symbole religieux pour faire vendre. Publicités
inappropriées, usage de symboles religieux à des fins futiles et de faire la promotion d’un style de vie
incompatible avec les principes de personnes religieuses

• Liberté d’expression / liberté de religion

• Marge d’appréciation large des Etats en matière de discours publicitaire mais restreinte en
matière de discours susceptible d’offenser des croyances ou des convictions religieuses.

• Obligation d’éviter autant que possible des expressions qui, à l’égard des objets de
vénération, sont gratuitement offensantes pour autrui et profanatrices.

• Analyse de la Cour :

Les publicités n’apparaissent pas être gratuitement offensantes ou profanatrices. Elles n’incitent pas
non plus à la haine fondée sur une croyance religieuse ni ne s’attaquent à une religion de manière
injustifiée ou abusive.

Les tribunaux internes, au niveau de la Lituanie, n’ont pas suffisamment justifié en quoi les publicités
seraient contraires à la morale publique. Les explications étaient « des déclarations vagues » qui ne
précisaient par exemple pas pourquoi un style de vie « incompatible avec les principes des personnes
religieuses » serait nécessairement contraire à la morale publique.

En réponse à l’argument de l’État défendeur selon lequel les publicités en cause ont certainement
été considérées comme offensantes par la majorité de la population lituanienne de confession
chrétienne, la Cour répond :

« même à supposer que la majorité de la population lituanienne considère vraiment que les
publicités en question sont offensantes, la Cour rappelle qu’il serait incompatible avec les valeurs
sous-tendant la Convention qu’un groupe minoritaire ne puisse exercer les droits garantis par la
Convention qu’à condition que cela soit accepté par la majorité. En pareil cas, les droits des groupes
minoritaires, notamment leur droit à la liberté d’expression, deviendraient purement théoriques au
lieu d’être pratiques et effectifs comme le veut la Convention (…) »

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DDM Bloc 2

• Conclusion : la Cour juge que les autorités ont eu pour priorité absolue de ménager la
sensibilité des personnes religieuses, sans tenir compte comme il convient du droit de la
société requérante à la liberté d’expression.

Publicité Benetton interdite car le message véhiculé n’est pas stipulé, ce n’est pas clair. Souvent
provocateur et voulait instiller un débat dans la société.

 Interdite par le maire de Nice.

Rappel « Ingérence » : prononcer une mesure contre la liberté d’expression de quelqu’un, mesure
qui restreint/porte atteinte à la liberté d’expression. Pas de liste exhaustive.

Exemple : si vous faites sortir des journalistes du parlement pour leur sécurité et donc les empêcher
d’assister à la suite du débat parlementaire, vous prononcez une ingérence contre eux -> c’est la
décision de les sortir du Parlement.

Tout ce qui va restreindre, diminuer, porter atteinte, empêcher le droit à la liberté d’expression de
se réaliser pleinement est considéré comme une ingérence.

Responsabilité pénale :
L’article 19 prévoit un système répressif lorsque l’on est face à des opinions qui peuvent être
également considérées comme des délits (tous les faits qui figurent dans le Code pénal  : les
infractions, les délits et les crimes). Lorsque quelqu’un va manifester son opinion, qu’il commet à
l’occasion de cette manifestation de son opinion, un délit, il n’y a pas de censure préventive qui va
être possible. Tout ce qui va être possible c’est après, la répression des délits.

Article 19 de la Constitution

La liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions en
toute matière, sont garanties, sauf la répression des délits commis à l'occasion de l'usage de ces
libertés.

Article 25 de la Constitution

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La presse est libre ; la censure ne pourra jamais être établie.

 Article 150 de la Constitution

Le jury (donc devant la Cour d’assises) est établi en toutes matières criminelles et pour les délits
politiques et de presse, à l'exception des délits de presse inspirés par le racisme ou la xénophobie.

Il y a seulement 3 délits de presse qui ont eu lieu en Belgique.

Le procès d’assises

Jury = Cour d’assises

Madame Paulette est accusée d’avoir assassiné son compagnon. Elle aurait donc commis une
infraction de la catégorie des crimes c’est-à-dire la catégorie d’infractions la plus grave et la plus
sévèrement punie.

Auparavant, les crimes très graves étaient jugés par la Cour d’assises. A partir de mars 2016, suite à
une modification de la loi, ils pourront être correctionnalisés et donc être jugés par le tribunal
correctionnel. Parce que réunir une Cour d’assises, payer 12 jurés qui vont devoir assister à
l’ensemble du procès, est difficile à mettre en œuvre et donc dans un souci d’efficacité et d’économie
on a correctionnalisé toute une série de crimes mais néanmoins le délit de presse reste passible de la
Cour d’assises. Comment on fait passer de la Cour d’assises au tribunal correctionnel et
inversement ? C’est grâce aux circonstances atténuantes ou aggravantes.

Normalement, suite à cette réforme, les affaires confiées à la cour d’assises seront rares. Un procès
en assises est en effet très coûteux.

Les infractions :

 Contravention  tribunal de police


 Délit  tribunal correctionnel
 Crime  cour d’assises

Circonstances aggravantes – Circonstances atténuantes

Qui est présent dans les procès d’assises ?

 Un président (juge professionnel) et deux autres juges


professionnels qui guident l’audience (en bleu)
 Un jury populaire : comprend douze personnes - appelées
jurés - tirées au sort dans la population belge. Celles-ci
peuvent être une commerçante, un médecin, un ouvrier,
une enseignante, en fait n’importe qui remplissant les
conditions fixées par la loi.
 Un membre du parquet – ici appelé procureur général ou avocat général – doit être présent.
 L’accusé est en principe présent, assisté de son avocat. (L’inculpé sur la photo)

Au cours d’un procès d’assises, les audiences sont nombreuses et peuvent durer des semaines.

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Le juge d’instruction et toutes les personnes – policiers, témoins ou experts – qu’il a déjà entendues
sont appelées à redire leur témoignage ou leur expertise. Elles devront aussi répondre aux questions
des juges, des jurés et des avocats des parties. On va revoir toute l’instruction.

À la fin des audiences, le jury décide seul de la culpabilité ou de l’acquittement de l’accusé mais, en
cas de condamnation, les juges professionnels les rejoignent pour rédiger la motivation du verdict et
pour fixer et motiver la peine. La loi a prévu des sanctions minimum et maximum allant ici de cinq
ans d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité (autrement dit la prison toute la vie). Plus tard, les
juges professionnels s’occuperont des aspects civils du procès, donc de l’indemnisation des victimes.

Où se situent les cours d’assises ?

En Belgique, il existe onze Cours d’assises : une par province et deux à Bruxelles, une francophone et
une néerlandophone.

Devant le tribunal correctionnel, quand le jugement est prononcé, on peut aller devant la Cour
d’appel, interjeter appel de la décision et avoir une deuxième chance d’avoir le procès révisé.

Au niveau de la Cour d’assises ce n’est pas possible donc la seule voie possible est d’aller devant la
Cour de cassation et il faut s’adresser à la Cour de cassation par un recours que l’on appelle alors
pourvoi. -> En cas de désaccord : Il n’y a pas d’appel possible en cour d’assises.

La Cour de cassation examine uniquement les questions de droit qui peuvent se poser par rapport au
jugement rendu par la Cour d’assise.

Si la Cour de cassation casse l’arrêt de la Cour d’assises, elle va renvoyer l’affaire devant une autre
Cour d’assises et le procès aura donc lieu une seconde fois.

Le délit de presse :

Lorsqu’on est en matière de délit de presse, c’est également la Cour d’assises qui est compétente
afin de protéger la liberté d’expression et s’assurer que le peuple, qui est représenté dans le jury
populaire, puisse donner son opinion et puisse statuer plutôt qu’un juge (dont on se méfiait à
l’époque – 1830). Double volonté : - la presse s’adresse à l’opinion publique, elle doit donc être
soumise au jugement de l’opinion publique - écarter l’intervention des « pouvoirs de l’Etat » pour
juger, et donc pour contrôler la presse.

Système lourd : en pratique on aboutit à une impunité puisque lorsqu’une plainte est déposée
auprès du procureur du roi par rapport à des propos qui sont tenus sur les réseaux sociaux, celui-ci va
généralement classer sans suite. Alors que si c’était un crime, il confierait l’affaire à un juge
d’instruction s’il a besoin d’avoir des mesures d’instruction plus poussées qui va ensuite devant la
Chambre des mises en accusations qui renvoie devant la Cour d’assises.

Résultat pratique : Impunité pénale (les délits de presse ne sont pénalement plus poursuivis en
Belgique, le parquet renonce à saisir la cour d’assises)

Les garanties : la place distincte

Tout ce système est protecteur de la liberté d’expression, protecteur de ce qui, à l’époque,


concernait essentiellement les journalistes. Aujourd’hui quand on parle de délit de presse, toute

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personne qui s’exprimer sur internet, peut commettre un délit de presse. On a appliqué différentes
garanties particulières à ce délit de presse pour les journalistes.

 Article 8 du décret du 19 juillet 1831 :

Si le prévenu est renvoyé devant la Cour d'assises, il devra y comparaître en personne (pas être
amené par des policiers), et il aura une place différente de celle des accusés pour crimes pour que
l’on n’associe pas le journaliste à un criminel. C’est une première protection et une première
différence qui est donnée pour les journalistes. Le prévenu doit par ailleurs comparaître libre, sans
gardien.

BUT :

Eviter que le jury et le public ne confondent le journaliste avec le criminel de droit commun.

 Article 148 de la Constitution :

Les audiences des tribunaux sont publiques, à moins que cette publicité ne soit dangereuse pour
l'ordre ou les mœurs ; et, dans ce cas, le tribunal le déclare par un jugement.

En matière de délits politiques et de presse, le huis clos ne peut être prononcé qu'à l'unanimité.

 Article 149 de la Constitution :

Tout jugement est motivé. Il est rendu public selon les modalités fixées par la loi. En matière pénale,
son dispositif est prononcé en audience publique.

Les garanties : la publicité des débats (débat public)

La publicité des débats est une garantie essentielle du procès équitable. C’est le moyen de garantir
l’indépendance des juges et l’impartialité des jugements.

Lorsque la liberté d’expression est en cause, la publicité des débats est donc plus strictement
garantie que pour les procédures de droit commun. Le huis clos ne peut être prononcé qu’à l’égard
des débats. Les jugements sont toujours et sans exception prononcés en audience publique.

Les garanties : les courtes prescriptions

Une prescription = délai endéans lequel on doit porter notre affaire devant les juges, devant un
tribunal. Si ce délai s’est écoulé, on ne peut plus saisir le juge, l’action sera prescrite.

Le but d’établir une prescription c’est d’aboutir à une sérénité, si pas d’actions entreprises dans les 5
ans (pour les délits c’est 5ans), on considère que justice est faite.

L’action publique, c’est-à-dire les poursuites pénales entamées à la suite d’une infraction, ne
peuvent durer éternellement : telle est la raison d’être de la notion de prescription.

La prescription est un délai mathématique dans lequel la personne soupçonnée d’avoir commis une
infraction doit être définitivement jugée ; à défaut, elle ne peut plus être ni poursuivie, ni jugée sur
sa culpabilité pénale.

Éteignant ainsi l’action publique, l’écoulement du temps empêche le juge de dire la « vérité
judiciaire » au plan pénal : il ne peut pas, même si la personne était en aveux, la déclarer coupable, ni

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lui infliger une peine. Le juge n’est pas face à un choix mais à une obligation, celle de constater
d’office la prescription. De plus, le prévenu ne peut y renoncer. C’est ce qu’on appelle le caractère
d’« ordre public » de la prescription.

La prescription est classiquement justifiée par l’atténuation du trouble à l’ordre social en raison du
temps écoulé ainsi que par le dépérissement ou la fragilisation des preuves, la perte des souvenirs
chez les témoins et l’accroissement consécutif du risque d’erreur judiciaire et la mise à mal des droits
de la défense.

Les délais habituels de prescription :

 Crimes punis de la réclusion à perpétuité : 20 ans


 Crimes punis de la réclusion de 20 ans : 15 ans
 Crimes non correctionalisables : 10 ans
 Délits et crimes correctionalisables : 5 ans
 Délits contraventionnalisés : 1 an
 Contraventions : 6 mois

Il y a des protections en matière de la presse car on a établi pour certaines infractions type un délai
fixé à 3 mois. Si dans les 3 mois, une action publique n’a pas été engagée, on ne pourra plus
poursuivre le journaliste.

La courte prescription de 3 mois pour le délit de calomnie envers toute personne ayant un caractère
public

 5 ans -> 3 mois

La prescription elle vaut pour des délits spécifiques qui vont généralement visés les corps constitués
ou les personnes qui sont revêtues d’une fonction publique. Par exemple, l’injure à un policier, ce
sera une prescription de 3 mois (article 4 ci-dessous).

Décret du 20 juillet 1831 sur la presse :

Art. 2. Quiconque aura méchamment ou publiquement attaqué la force obligatoire des lois, ou
provoqué directement à y désobéir, sera puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans. (…)
  
Art. 3. Quiconque aura méchamment ou publiquement attaqué soit l'autorité constitutionnelle du
roi, soit l'inviolabilité de sa personne, soit les droits constitutionnels de sa dynastie, soit les droits ou
l'autorité des chambres (...) sera puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans.

Art. 4. La calomnie ou l'injure envers des fonctionnaires publics, ou envers des corps dépositaires ou
agents de l'autorité publique, ou envers tout autre corps constitué, sera poursuivie et punie de la
même manière que la calomnie ou l'injure dirigées contre les particuliers (…).

Art. 12. La poursuite des délits prévus par les art. 2, 3 et 4 du présent décret, sera prescrite par le
laps de trois mois, à partir du jour où le délit a été commis ou de celui du dernier acte judiciaire.

Les garanties : les courtes prescriptions

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Lorsqu’on dit qu’on s’en prend à l’autorité publique, ou à un policier ou à la personne du Roi, ça doit
viser des faits relatifs à leur fonction. Si on s’en prend à leur vie privée, on tombe dans le délai de
droit commun, la prescription est alors de 5 ans.

Arrêt de la Cour de cassation du 27 avril 2011 :

Dérogatoire au droit commun, les articles 4 et 12 du décret sur la presse ne sont pas d’application
lorsque ces délits sont dirigés contre des fonctionnaires en raison de faits relevant de leur vie privée.
La prescription est dans ce cas de 5 ans.

Arrêt de la Cour de cassation du 3 février 2010

C’est au moment où le fait imputé a eu lieu qu’il faut se placer pour déterminer si la calomnie ou
l’injure ont atteint une personne publique et non au moment où la calomnie a été proférée. Peu
importe que le fonctionnaire ait cessé de l’être au moment où la calomnie a été proférée.

Avant – pendant – après

(ne vaut pas en matière de calomnie à caractère raciste)

Autre garantie essentielle par rapport au délit de presse, c’est que le journaliste ne pourra pas être
mis en prison.

Art. 9. Le prévenu d'un délit, commis par la voie de la presse, et n'entraînant que la peine de
l'emprisonnement, ne pourra, s'il est domicilié en Belgique, être emprisonné avant sa condamnation
contradictoire ou par contumace. Le juge, dans ce cas, ne décernera contre lui qu'un mandat de
comparution, qui pourra être converti en mandat d'amener, s'il fait défaut de comparaître.  Pas de
détention provisoire lorsqu’il s’agit d’un délit de presse !

Art. 10. Les délits d'injure ou de calomnie commis par la voie de la presse, ne pourront être
poursuivis que sur la plainte de la partie calomniée ou injuriée. Toutefois, les délits d'injure ou de
calomnie envers le roi, les membres de sa famille, envers les corps ou individus dépositaires ou
agents de l'autorité publique, en leur qualité ou à raison de leurs fonctions, pourront être poursuivis
d'office.

Les garanties : responsabilité en cascade

Article 25 de la Constitution

La presse est libre ; la censure ne pourra jamais être établie ; il ne peut être exigé de cautionnement
des écrivains, éditeurs ou imprimeurs.

Dans cet article 25, vient se mettre en place, ce qu’on appelle la responsabilité en cascade. C’est
aussi une garantie fixée par la Constitution pour la presse. La responsabilité en cascade c’est de
savoir contre qui il faut s’adresser quand il y a un délit de presse par exemple.

Lorsqu’un article est publié dans un journal, il y a forcément le journal qui peut être responsable, e
journaliste lui-même peut l’être, l’imprimeur, le distributeur. Lorsque ces personnes sont connues et
domiciliées en Belgique, l'éditeur, l'imprimeur ou le distributeur ne peuvent pas être poursuivi.
L’auteur est le seul à pouvoir être poursuivi.

Distributeur  Imprimeur  Editeur  Auteur

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Valentine Jonet 2020-2021
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But : éviter la censure préalable qui résulterait de la crainte d’un procès  Protection de presse

Le délit de presse

1° UNE 2° UNE OPINION=


INFRACTION= INJURE
CONTRAVENTION,
DÉLIT OU CRIME

3° UN ÉCRIT 4° UNE PUBLICITÉ


IMPRIMÉ= DONNÉE À
INTERNET MAIS L’OPINION = DOIT
PAS AUDIOVISUEL ETRE PUBLIÉ

Pour qu’il y ait un délit de presse, il faut ces 4 conditions : avoir une infraction, une opinion (injure,
calomnie, diffamation), un écrit imprimé (article dans un journal d’abord puis en 2012 la Cour de
cassation a inclut internet), une publicité donnée à l’opinion.

Cas pratique :

Publication suite à l’annonce de la blessure par balles d’un policier liégeois suite à un banal contrôle.
Le commentaire était « un bon flic est un flic mort ».

Une information judiciaire a été ouverte au parquet de Bruxelles. Suite à divers devoirs d’enquête,
l’internaute « Hannibal Barka » a été identifié puis privé de liberté le mardi 10 septembre. Vu la
gravité des faits et leur caractère inadmissible, il a été cité à comparaître devant le tribunal
correctionnel de Bruxelles.

La ville de Liège s’est constituée partie civile et le tribunal correctionnel a condamné l’internaute
pour injure envers un corps constitué à une amende de 4.000,00€.

https://www.rtl.be/info/video/721690.aspx

2 violations : ne peut pas être emprisonné car c’est un délit de presse (article 9 de la Constitution) et
ne doit pas comparaitre devant le tribunal correctionnel mais devant la Cour d’assises. Une fois
condamné, il peut aller en Cour de cassation pour rejeter cette amende.

Exemple : Un reportage audiovisuel sous-titré ? texte écrit donc oui délit de presse.

Interdiction de la censure

L’arrêt RTBF c. Belgique a mis un terme définitif à la possibilité de censurer un reportage audiovisuel
par le juge des référés.

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Article 19 de la Constitution :

La liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions en
toute matière, sont garanties, sauf la répression des délits commis à l'occasion de l'usage de ces
libertés.

Article 25 de la Constitution :

La presse est libre ; la censure ne pourra jamais être établie ; il ne peut être exigé de cautionnement
des écrivains, éditeurs ou imprimeurs. Lorsque l'auteur est connu et domicilié en Belgique, l'éditeur,
l'imprimeur ou le distributeur ne peut être poursuivi.

Ne peuvent être réprimés que les faits qui se sont produits.

Système préventif/Système répressif

Système préventif = ce qui arrive avant qu’on diffuse l’information

Système répressif = ce qui arrive après + les sanctions

Interdiction de toute forme de contrôle préalable de la liberté d’expression, peu importe l’autorité
publique qui est à l’origine de ce contrôle (pouvoir législatif, exécutif ou judiciaire).

Toute forme de mise sous tutelle préalable est donc interdite :

 Interdiction
 Suspension
 Modification (floutage, remontage, changement de titre, etc.)
 Production de copie ou de rush

Cependant, relève du système répressif les mesures de retrait de vente, les modifications d’ouvrage
déjà mis en vente, l’interdiction de répéter une information déjà publiée, etc.

Interdiction de la censure préventive

Application des principes constitutionnels

Article 7 § 2 du Décret du 14 juillet 1997 portant statut de la RTBF

Les émissions diffusées par l'entreprise qui concourent à l'information ou à l'éducation des
téléspectateurs ou auditeurs, sont faites dans un esprit d'objectivité ́, sans aucune censure préalable
ou ingérence d'une quelconque autorité ́ publique ou privée.

Respect par le pouvoir judiciaire

Articles 10.2 et 10.3 de la circulaire (annexe 2)

Dans le cadre de la réalisation d’émissions, reportages et documentaires télévises, le magistrat


presse soumettra une convention rédigée par le Parquet à la signature du réalisateur du programme.
Cette convention visera nécessairement une série de principes généraux et de garanties
sauvegardant les droits essentiels (présomption d’innocence, secret de l’instruction, secret

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DDM Bloc 2

professionnel, respect de la vie privée via accords de diffusion écrits des particuliers et possibilité ́ de
floutage des personnes qui souhaitent ne pas être reconnues, etc).

La convention contiendra obligatoirement une clause permettant de censurer inconditionnellement


le contenu du reportage (images, son, texte).

4) Ça veut dire : « vous pouvez me suivre mais avant de diffuser votre reportage auprès du
public, il faut organiser une vision interne, et je vais vous dire si ou non, quel passage ou pas,
peut être diffusé ». Ça c’est de la censure, c’est interdit par la Constitution. Cette circulaire
est donc contraire à la Constitution.

La Convention européenne des droits de l’homme

Rappel : L’article 10 n’interdit pas explicitement la censure et elle ne considère pas que des mesures
préventives sont en soi incompatibles avec les principes d’une société démocratique.

Cependant, l’ingérence préventive doit être prévue par la loi (condition de légalité), poursuivre un
but légitime et être nécessaire dans une société démocratique.

« les restrictions préalables présentent de si grands dangers qu’elles appellent de la part de la Cour
l’examen le plus scrupuleux. Il en va spécialement ainsi dans le cas de la presse : l’information est un
bien périssable et en retarder la publication, même pour une brève période, risque fort de la priver
de toute valeur et de tout intérêt. »

Rappel de l’arrêt RTBF c. Belgique, 29 mars 2011

Emission Au nom de la loi programmée le 24 octobre 2001, reportage consacré aux erreurs médicales
et aux relations patient-médecin.  On est au civil et pas au pénal

Un médecin était visé par le reportage. Il avait déjà été cité dans la presse écrite, avait refusé de
participer au reportage mais avait accepté, avec ses avocats, de répondre aux questions du
journaliste.

Juge des référés a interdit la diffusion du reportage – 24 octobre 2001

Ordonnance d’interdiction confirmée en appel – 21 décembre 2001

Rejet du pourvoi par la Cour de cassation – 2 juin 2006

Raisonnement de la Cour de cassation :

L’article 25 de la Constitution ne s’applique pas à la presse audiovisuelle parce que les émissions de
TV ne sont pas des modes d’expression par écrits imprimés.

L’article 19 de la Constitution n’empêche pas le juge des référés d’ordonner provisoirement


l’interdiction d’une émission ou d’ordonner la production aux débats de l’enregistrement.

Référence à :

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DDM Bloc 2

10§2 CEDH, 144 C° (le pouvoir judiciaire est compétent pour prévenir et pour réparer une lésion
illicite d’un droit), différentes dispositions du Code judiciaire qui donnent compétence au juge des
référés pour ordonner des mesures préventives provisoires.

Ces dispositions sont suffisamment précises pour permettre à toute personne, s’entourant au besoin
de conseils éclairés, de prévoir les conséquences juridiques de ses actes.

Arrêt de la Cour :

Il n’y a pas de « loi » en droit belge qui autoriserait une restriction préventive en matière de liberté
d’expression et la distinction opérée par la Cour de cassation entre la presse écrite et la presse
audiovisuelle n’est pas déterminante.

Il n’y a pas non plus de jurisprudence belge nette et constante. Au contraire, la matière du contrôle
judiciaire de la presse en Belgique laisse apparaître des divergences. De la sorte, le citoyen ne peut
prévoir à un degré raisonnable les conséquences résultant de la diffusion d’une émission.

Le cadre législatif combiné au cadre jurisprudentiel tel qu’appliqué ne répond pas à la condition de la
prévisibilité voulue par la Convention et ne lui permet pas de jouir d’un degré suffisant de protection
requis par la prééminence du droit dans une société démocratique. Il y a donc eu violation de l’article
10.

Exemple :

Premier numéro de Médor qui sort et pour annoncer la sortie de leur premier numéro, ils publient
sur leur site internet un article qui annonce une partie de l’article qui allait être publié dans la version
papier du journal. Cet article portait sur Mithra et Mithra, pas content du contenu de l’article, a saisi
de manière unilatérale le juge des référés. Unilatéral ça veut dire qu’il n’a pas demandé à Médor de
venir au procès. Le juge a interdit la sortie du premier numéro en papier de Médor.

Requête unilatérale – 18 novembre 2015

Médor va introduire une requête pour réformer cette décision.

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Article expliquant que Mithra a « oublié » de mentionner une procédure judiciaire en cours
susceptible de lui porter un préjudice financier dans son prospectus d’introduction en Bourse publié
le 18 juin 2015.

Demandes

Dans cette requête unilatérale en référé, on demande l’interdiction provisoire de l’article sur
quelque support que ce soit et de tout article ayant un contenu essentiellement similaire, le temps
que le juge puisse statuer. Mesure d’interdiction provisoire.

Publication d’un message sur le site Internet de Médor indiquant que les informations sont
contestées.

Ordonnance

Interdiction provisoire octroyée

Ordonnance de référé – 1er décembre 2015

Pas d’extrême urgence

Demande visant à interdire tout article au contenu essentiellement similaire = censure préventive.

Quant à l’article publié sur Internet : pas de droit apparent suffisant et pas de risque de préjudice
grave et difficilement réparable qui rendrait une décision immédiate souhaitable.

Ordre de publication sur le site Internet de Médor = forme de censure détournée car elle aurait
comme conséquence d’affaiblir la portée de l’article en affaiblissant son contenu.

Le droit de réponse

Droit de réponse : possibilité de répondre quand une publication nous met en cause. Loi au niveau
fédéral et qui impose des conditions tant au niveau de la procédure qu’un niveau du message.

Exemple : reportage de la RTBF « investigations » du 29 avril 2020 et droit de réponse introduit le


11/05/2020.

C’est un reportage qui a donné lieu à des demandes de droit de réponse. L’émission examinait
l’ensemble de crédits qui étaient proposés par une banque. C’étaient des personnes qui pouvaient
investir dans des fonds d’investissement qui étaient censés être durables, avec une portée
écologique. L’équipe d’investigation de la RTBF a mené une investigation pour voir à quel point les
sociétés qui sont derrière ces fonds d’investissement étaient durables ou non. Au cours de son
investigation, elle s’est rendu compte que dans ces fonds d’investissement, il y avait par exemple des

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cigarettiers, des industriels qui fabriquaient de l’alcool, des armes et donc la question de l’aspect
durable et écologique s’est posée.

2 mai 2020, des extraits du reportage sur Youtube sont mis en ligne.

27 mai 2020, demande de droit de réponse sur une séquence spécifique (vue en cours)

Suite à la diffusion, la RTBF a reçu un courrier de la société qui est mise en cause dans ce reportage et
qui lui demande un droit de réponse. Le premier réflexe à avoir c’est d’aller rechercher la loi pour
voir ce qui est dit, quelles sont les conditions et à quoi il faut faire attention.

Comment trouver une loi ?  https://www.juridat.be (à jour, site officiel) -> Législation belge ->
Nature juridique : code, loi, AR, etc. -> Date (promulgation/publication) -> Mot clé -> Recherche

Loi du 23 juin 1961 relative au droit de réponse

Article 7 :

« Sans préjudice des autres voies de droits dans le cadre d’un droit de réponse » = on peut solliciter
et un doit de réponse et une réparation civile ou demander une condamnation pénale. On peut
également saisir le CJD (Conseil de déontologie journalistique) même si on a sollicité un droit de
réponse et même si on a obtenu la diffusion d’un droit de réponse.

« Toute personne physique ou morale, toute association de faits peut demander un droit de


réponse » : Tout le monde peut demander un droit de réponse, les sociétés etc et une association de
faits c’est l’inverse d’une personne morale. Une personne morale ça peut être une entreprise et on
la nomme comme ça car elle a la personnalité juridique, alors que l’association de faits n’a pas la
personnalité juridique et c’est un groupement (ex : partis politiques).

La grande différence entre le droit de réponse par rapport aux écrits périodiques et le droit de
réponse par rapport à l’audiovisuel c’est que les associations de faits ne peuvent pas demander de
droit de réponse en presse écrite mais elles le peuvent en audiovisuel.

« Il faut être cité nominativement ou implicitement désigné dans une émission » : C’est le fait de ne
pas citer directement une personne ou une société mais donner suffisamment d’éléments pour la
reconnaitre.

« Il faut justifier d’un intérêt personnel » : Il faut avoir été mis en cause dans le reportage, on peut
demander gratuitement l’insertion de cette réponse en vue de rectifier un ou plusieurs éléments de
faits erronés ou répondre à une atteinte à l’honneur. En droit audiovisuel on ne peut obtenir un
droit de réponse qui si c’est pour rectifier une information qui est fausse ou qui porte atteinte à
l’honneur. En presse écrite c’est beaucoup plus large, on peut solliciter un droit de réponse parce
qu’on a envie de donner une autre vision des choses que celle que le journaliste a donné dans son
article sans devoir préalablement montrer qu’il y a besoin de rectifier des informations. En presse
écrite, le droit de réponse permet d’opposer sa subjectivité par rapport à celle de l’auteur de l’article
tandis qu’en audiovisuel c’est un droit de rectification plutôt qu’un droit de réponse. C’est la
différence essentielle entre l’audiovisuel et la presse écrite.

Le droit de réponse : Procédure permettant à une personne mise en cause dans un journal ou dans
une émission de radio/télévision d’exiger l’insertion d’une réponse visant à corriger ou à apporter
une réponse à des propos le concernant.

 Presse écrite : droit de réponse au sens large

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 Audiovisuel : droit de rectification à des propos inexacts ou attentatoires à l’honneur et à la


réputation.
 Internet : pas de droit de réponse légalement organisé

Dans l’article 8, il y a les conditions qu’il faut remplir pour pouvoir publier un droit de réponse en
audiovisuel.

Article 8 : (Fédéral) Sous peine d'irrecevabilité, la demande de réponse doit satisfaire aux conditions
suivantes :

 Être adressée par lettre recommandée, au plus tard le trentième jour qui suit la date de
l'émission, du programme ou de l'édition, à l'organisme producteur de l'émission ou du
programme ou à l'éditeur ;
 Indiquer l'identité complète du requérant ainsi que son domicile, s'il s'agit d'une personne
physique. Pour les personnes morales, il est indiqué sa raison sociale, sa nature juridique,
son siège social et la qualité du signataire de la demande. Pour les associations de fait, il est
indiqué sa dénomination, son siège, ses organes statutaires et la qualité du signataire de la
demande ;
 Contenir toutes précisions utiles permettant d'identifier l'émission, le programme ou
l'édition incriminée, ainsi que les passages mis en cause ;
 Être motivée et signée ;
 Comprendre la réponse demandée dont le texte ne peut excéder un temps de lecture de
trois minutes ou 4 500 signes typographiques.

Emission diffusée le 29 avril 2020 et le droit de réponse a été sollicité le 11 mai 2020 par un courrier
recommandé. Le dernier délai aurait été le 29 mai.

Il y a aussi des raisons pour lesquelles on peut refuser l’insertion d’une réponse.

Art. 9.<Inséré par L 04-03-1977, art. 2> (Fédéral) Peut être refusée, la diffusion ou l'insertion de toute
réponse :

 Qui n'a pas de rapport immédiat avec les propos ou les images incriminés ou qui excède ce
qui est nécessaire pour corriger les faits déclarés inexacts ou dommageables pour
l'honneur ;
 Qui est injurieuse ou contraire aux lois ou aux bonnes mœurs (la jurisprudence va assez loin
dans l’appréciation de ce refus car simplement mettre en cause la qualité et le
professionnalisme du journaliste, peut être considéré comme injurieux) ;
 Qui met un tiers en cause sans nécessité (parce que ce tiers va lui aussi pouvoir demander
un droit de réponse) ;
 Qui est rédigée dans une autre langue que celle de l'émission, du programme ou de l'édition
incriminée.

Dans la presse écrite, article 3, il y a les 4 mêmes conditions mais comme dans la presse écrite, on
n’est pas dans un droit de rectification mais de réponse, c’est adapté dans la première condition :

Presse écrite : Qui n'a pas de rapport immédiat avec le texte incriminé.

Audiovisuel : Qui n'a pas de rapport immédiat avec les propos ou les images incriminés ou qui
excède ce qui est nécessaire pour corriger les faits déclarés inexacts ou dommageables pour
l'honneur.

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 Art. 11.<Inséré par L 04-03-1977, art. 2> (Fédéral) § 1. Lorsque la demande de réponse ainsi que le
texte proposé sont agréés, cette réponse est diffusée à l'occasion de la plus prochaine émission ou
du plus prochain programme de la même série ou du même type, à l'heure la plus proche de celle où
cette émission ou programme a eu lieu. Si la demande de réponse vise une édition périodique, le
texte est inséré dans l'édition suivante. En cas de périodicité trop éloignée, le requérant peut
demander la diffusion de sa réponse dans la plus prochaine émission.  

La différence avec la presse écrite c’est que la réponse est lue par une personne qui est désignée par
l'organisme producteur ou par l'éditeur, sans commentaire ni réplique. En presse écrite, le journaliste
va pouvoir répondre à la réponse.

Différences entre la presse écrite et audiovisuelle :

Presse écrite Audiovisuel


 Droit de réponse  Droit de rectification
La seule condition pour requérir l’insertion Toute personne (PP, PM et associations de fait)
d’une réponse est d’avoir été nominativement nominativement citée ou implicitement
ou implicitement cité dans l’article désignée dans le but de rectifier un ou plusieurs
éléments de faits ou déclarations la concernant
Implicitement = toute personne qui a pu se
ou qui portent atteinte à son honneur et à sa
reconnaître ou être reconnue par son
réputation.
entourage
La réponse ne peut excéder ce qui est
Il peut s’agir d’une personne physique ou d’une nécessaire pour corriger les faits déclarés
personne morale inexacts

La réponse peut comporter maximum 1000 La réponse doit pouvoir être lue en maximum 3
lettres ou le double de l’espace de l’article minutes ou comporter 4500 signes.
litigieux
Une réponse peut être apportée au droit de La lecture à l’antenne de la réponse ne peut
réponse être suivie d’aucun commentaire ni réplique

La réponse doit être sollicitée dans les 3 mois La réponse doit être sollicitée dans les 30 jours
de la publication de l’article (jour de réception de la diffusion de l’émission
de droit de réponse + 2jours)
Si réponse agréée :
Elle doit être insérée en entier, sans Réponse à insérer dans la plus prochaine
intercalation, à la même place et dans les émission de la même série
mêmes caractères que le texte auquel elle se Si réponse agréée partiellement :
rapporte. L’éditeur soumet une contre-proposition dans
les 4 jours ouvrables à partir du lendemain de
Dans le 1er numéro publié après l’expiration la réception de la demande
d’un délai de deux jours francs (hors dimanche Si réponse refusée :
ou jours fériés) qui prend cours à compter du Lettre recommandée qui notifie le refus dans
lendemain du dépôt de la réponse au bureau les 4 jours ouvrables à partir du lendemain de
du périodique. la réception de la demande de droit de
Exemple : 29/04 article publié dans le Soir, réponse. Le refus doit être motivé.

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demande de droit de réponse envoyée le 11/05,


on est dans les bons délais en presse écrite et le
journal doit répondre dans les 2j
Autre exemple : Si c’est le 13 mai et que le 15
mai c’est un dimanche, ça donne le 16.

Sous peine d’irrecevabilité, la demande de


réponse doit satisfaire aux conditions
suivantes :
- être adressée par lettre recommandée à
l’éditeur ;
- Indiquer l’identité complète du requérant,
(voir toutes les mentions requises art. 8) ;
- Contenir toutes précisions permettant
d’identifier l’émission et les passages mis en
cause ;
- être motivée et signée ;
- Comprendre la réponse demandée

La police de la presse :

Il s’agit des délits et des infractions qui concernent la presse mais qui ne renferment pas l’expression
d’une opinion. Ces infractions se distinguent donc du délit de presse.

« Ne constitue pas un délit de presse le délit qui a la presse comme occasion ou pour mode
d’expression, mais qui ne renferme pas la manifestation d’une pensée et que la justice apprécie en
ne touchant pas à la liberté de oenser »

L’infraction sera ici consommée par le simple fait d’avoir accompli un acte matériel interdit
spécifiquement par une loi.

Il s’agit essentiellement :

• De délits ordinaires commis à l’aide de la presse

• De délits consistant en la publication d’annonces ou d’informations interdites par le


législateur

• Des infractions aux lois sur la police de l’imprimerie

• Des dispositions relevant de certaines lois spécifiques

Les délits ordinaires :

 Le fait de s’attribuer indûment un nom ou le port public de faux nom (231 et 496 du Code
pénal). Le fait de s’attribuer indûment un titre de noblesse (230 du Code pénal)
 Prononcer des menaces contre les personnes ou les biens et des fausses informations
relatives à des attentats graves (327 à 331bis du Code pénal)
 Imprimer de la fausse monnaie (loi du 11 juin 1889)
 Abus de confiance (491 à 495bis du Code pénal)

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L’abus de confiance est une infraction par laquelle une personne, à laquelle une chose est
préalablement remise, décide de se l’approprier afin d’obtenir un bénéfice illégal pour elle-même ou
pour autrui.

 Escroquerie et tromperie (496 à 504 du Code pénal)

Quiconque, dans le but de s'approprier une chose appartenant à autrui, se sera fait remettre ou
délivrer des fonds, meubles, obligations, quittances, décharges, soit en faisant usage de faux noms ou
de fausses qualités, soit en employant des manœuvres frauduleuses pour persuader l'existence de
fausses entreprises, d'un pouvoir ou d'un crédit imaginaire, pour faire naître l'espérance ou la crainte
d'un succès, d'un accident ou de tout autre événement chimérique, ou pour abuser autrement de la
confiance ou de la crédulité

Application par rapport à ce port public de faux nom :

Dans le cadre d’une enquête journalistique, un journaliste a créé sur Facebook un faux profil (sous un
faux nom) et a entretenu sur base de ce profil différents contacts avec Georges-Pierre Tonnelier, ex-
cadre du FN, qui s’était publiquement distancié du parti d’extrême- droite. Distanciation publique
que le journal avait relayé.

Des contacts entretenus avec le faux profil, il s’est avéré que G-P Tonnelier n’avait pas abandonné
ses sympathies pour le FN et qu’il était encore actif au sein du parti.

Le site du journal Résistances a donc publié un article dénonçant le mensonge de Tonnelier. Le


journaliste a été poursuivi au pénal pour port public de faux nom et atteinte à la vie privée.

Application : dépêche Belga

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a suivi le réquisitoire du ministère public et a reconnu


coupables, Julien Maquestiau et Manuel Abramovicz de port public de faux nom.

Le juge a ensuite tenu compte de l'absence d'antécédents judiciaires de ces deux journalistes de
l'asbl RésistanceS, observatoire belge de l'extrême droite, et a prononcé à leur encontre la
suspension simple du prononcé de la condamnation pendant cinq ans.

Le tribunal a estimé la prévention de port public de faux nom établie et celle d'infraction à la loi sur la
protection de la vie privée non établie à charge des prévenus.

Julien Maquestiau et Manuel Abramowicz, membres de l'asbl RésistanceS, et journalistes pour la


publication web de cette asbl luttant contre l'extrême droite, avaient créé un faux profil Facebook en
2009. Le but, avaient-ils expliqué, était de démontrer comment l'extrême droite belge recrutait sur
les réseaux sociaux. Les journalistes s'étaient ensuite servis d'échanges entre ce faux profil et un
ancien membre du Front National, Georges-Pierre Tonnelier, pour écrire un article faisant état du fait
que l'intéressé était toujours actif au sein de l'extrême droite, contrairement à ce qu'il avait affirmé.

Le journalisme est-il une cause d’excuse ?

Dans le cadre de la défense de ce journaliste, il a été plaidé les règles relatives à l’article 10 de la
Convention EDH. Ils ont aussi mis en avant les règles qui prévalent en matière de déontologie

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journalistique et qui permettent de faire usage de ces méthodes qualifiées de déloyales. Néanmoins,
le tribunal l’a déclaré coupable.

Méthodes loyales : principes

Les journalistes agissent à visage découvert. Ils annoncent clairement leur qualité de journaliste et ne
se dissimulent pas derrière une fonction ou une identité qui ne sont pas les leurs.

Ils indiquent pour quel média ils travaillent ou indiquent à tout le moins les informations nécessaires
quant à la diffusion et répondent honnêtement aux questions. La relation doit être explicite. Chacune
des parties connaît le rôle, l’objectif et les intérêts de l’autre.

Méthodes loyales : exception

Dans certaines situations, se présenter comme journaliste empêche l’accès à l’information, soit en
raison d’un blocage de la personne concernée par l’enquête journalistique, soit parce que la
présence connue d’un journaliste modifierait le cours ou la réalité des choses.

Il peut parfois être admis de ne pas se présenter comme journaliste et d’agir sous une fausse
identité.

Cela vise différentes pratiques :

• Infiltration (Anne Tristan)

• Immersion (Gunther Walraff)

• Undercover (journaliste gastronomique)

Conditions

1. L’information recherchée doit avoir un intérêt important pour la société

2. Les méthodes habituelles de recherche d’information empêcheraient l’accès à l’information

3. Les risques encourus par le journaliste restent proportionnels au résultat recherché

4. La décision d’agir sans s’identifier comme journaliste est prise sous la responsabilité de la
rédaction en chef, sauf exception imprévisible

5. Les images ou informations transmises ne peuvent être dégradantes ou porter sur l’intimité
de la vie privée

Jugement du tribunal correctionnel

L’enquête journalistique n’est pas une cause d’excuse à la commission d’une infraction pénale :

« Actuellement, tout un chacun peut s’introniser journaliste et bénéficierait ainsi, en quelque sorte,
d’une cause d’excuse lorsqu’il commet une infraction »

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L’usage du faux nom ne se justifiait pas déontologiquement. « L’appartenance au Front National de


G-P Tonnelier pouvait être démontrée sans peine, sans recourir à une infraction pénale »

RésistanceS disposait de plusieurs e-mails et articles qui, quelques semaines seulement avant la pièce
sur Facebook attestaient de la militance maintenue de Tonnelier.

« La création d’un faux profil sur internet (…) ne constituait certainement pas le dernier recours
(pour) se procurer l’information qu’ils recherchaient. Et même s’il n’y avait pas eu d’autre possibilité
de se procurer l’information, cela n’indiquerait pas pour autant qu’un tribunal doive considérer
qu’ipso facto l’infraction pénale s’effacerait. »

Les délits consistant en la publication d’informations interdites par le législateur

Ce qui est interdit :

1. La publication des débats judiciaires en matière de divorce

Article 1270 du Code judiciaire

En matière de divorce ou de séparation, la reproduction des débats par voie de presse est interdite
(amende et emprisonnement)

2. La publication de l’identité d’une personne ayant fait l’objet (= victime) d’un attentat à la
pudeur, de voyeurisme ou d’un viol

Article 378bis du Code pénal

La publication et la diffusion par le livre, la presse, la cinématographie, la radiophonie, la télévision


ou par quelque autre manière, de textes, de dessins, de photographies, d'images quelconques ou de
messages sonores de nature à révéler l'identité de la victime d'une infraction visée au présent
chapitre sont interdites, sauf si

• Cette dernière a donné son accord écrit ou

• Si le procureur du Roi ou le juge d’instruction a donné son accord pour les besoins de
l'information ou de l'instruction.

(Amende et emprisonnement)

3. La publication de l’identité d’un mineur faisant l’objet d’une mesure de protection de la


jeunesse

Article 433bis du Code pénal

La publication et la diffusion au moyen de livres, par voie de presse, par la cinématographie, par la
radiophonie, par la télévision ou par quelque autre manière, du compte rendu des débats devant le
tribunal de la jeunesse, devant le juge d'instruction et devant les chambres de la cour d'appel
compétentes, sont interdites.

Sauf (ce qu’on peut utiliser) : 

• Les motifs et le dispositif de la décision judiciaire prononcée en audience publique, à partir


du moment où l’identité n’est pas révélée (anonymisation). -> Quand le jugement est rendu,

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on peut faire un compte-rendu sur base de la décision qui est donnée mais toujours en ne
donnant pas les noms.

Les motifs = raisons pour lesquelles le juge aboutit à la condamnation ou à l’acquittement.

Dispositif = Sa décision in fine, quelle est la condamnation.

Aucune autre exception n’est possible même en cas d’accord du jeune et/ou de ses parents, tuteurs
légaux.

Les infractions aux lois sur la police de l’imprimerie

Publier ou distribuer sciemment des imprimés SANS le nom et le domicile de l’auteur ou de


l’imprimeur

Article 299 du Code pénal

Art. 299. Toute personne qui aura sciemment contribué à la publication ou distribution d'imprimés
quelconques dans lesquels ne se trouve pas l'indication vraie du nom et du domicile de l'auteur ou de
l'imprimeur, sera punie d'un emprisonnement de huit jours à deux mois et d'une amende de vingt-six
[euros] à deux cents [euros], ou d'une de ces peines seulement.

Toutefois, l'emprisonnement ne pourra être prononcé lorsque l'imprimé, publie sans les indications
requises, fait partie d'une publication dont l'origine est connue par son apparition antérieure.

 Art. 300. Seront exemptés de la peine portée par l'article précédent :

 Ceux qui auront fait connaître l'imprimeur ;


 Les crieurs, afficheurs, vendeurs ou distributeurs qui auront fait connaître la personne de
laquelle ils tiennent l'écrit imprimé.
 Aucune autre exception n’est possible même en cas d’accord du jeune et/ou de ses parents,
tuteurs légaux.

L’auteur ou l’imprimeur doivent être une personne physique

But : faciliter l’identification du responsable du texte

Les infractions relevant de certaines lois spécifiques

1. Les contrefaçons en matière de droit d’auteur plagiat

2. Les actes contraires aux usages honnêtes en matière commerciale

3. Les publicités interdites

4. Absence d’insertion d’un droit de réponse

5. Introduction en Belgique, en vue de la commercialisation ou de la distribution, de publications


étrangères interdites

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Règlement général sur la protection des données personnelles

Le RGPD est un règlement européen : au sens de l’Union européenne. Le règlement va s’appliquer tel
quel dans chaque état membre de l’Union européenne et va avoir des effets directs sur la législation
nationale. Pour mettre en œuvre ce règlement et fixer les différentes conditions qui sont propres à la
Belgique, c’est la loi du 30 juillet 2018 qui a transposé pour qu’une norme prenne des effets en droits
internes. Transposition dans le droit belge via une loi.

https://learn.ihecs.be/pluginfile.php/1406926/mod_resource/content/0/RGPD%20selon
%20lAPD.pdf : document (sur learn) établi par l’autorité de protection des données.

L’autorité de protection des donnés est un organisme qui s’occupe, qui gère et qui met en
application l’ensemble des règlements relatifs aux données personnelles concernant différents
domaines comme le travail, les caméras cachées.

Comment s’articule ce règlement ? Ce règlement est une réaction face à l’ensemble des plateformes
et des géants des réseaux : les GAFA. Ils collectent nos données personnelles et les utilisent sans que
les personnes concernées soient au courant. Ce règlement européen vient mettre de l’ordre.
L’amende peut aller jusqu’à 4% du chiffre d’affaires de la société en question.

Quand faut-il respecter le RGPD et à qui s’applique-t-il ?

Toute entreprise, organisation, association ou personne qui « traite » des « données à caractère
personnel » de manière automatisée ou dans des fichiers doit respecter le RGPD. Étant donné que le
champ d'application du RGPD est large, en pratique, quasiment toutes les entreprises devront
respecter le RGPD. Le traitement doit intervenir de manière automatisée ou dans des fichiers.

5) Spectre d’application assez large

Exemple 1 : une entreprise va, pour son compte ou pour le compte d’un tiers, enregistrer et traiter
sur ordinateur les données des clients (par exemple des listes de clients et des données de
facturation avec des noms de personnes et leurs adresses e-mail, …) et/ou de fournisseurs (par
exemple des listes de fournisseurs avec des noms de personnes) ou la conservation de ces données
sur des fiches papier ordonnées ; et cela doit respecter le RGPD. Ça ne concerne pas le nom des
entreprises (car pas personnel) mais s’il y a le nom de la personne de contact c’est bien une donnée
personnelle.

Exemple 2 : La tenue d’un site Internet sur un propre serveur ou sur des plateformes de tiers (par
exemple une page Facebook) avec mention ou collecte (par exemple via des cookies) de données à
caractère personnel (likes par exemple).

Exemple 3 : Une ASBL qui exerce par exemple les activités suivantes doit respecter le RGPD  : la
collecte des coordonnées de ses membres pour organiser des réunions ; la conservation de données
de fournisseurs pour traiter des livraisons ; la conservation et l’utilisation de données relatives aux
indemnisations de bénévoles pour le paiement de ces indemnisations ; la conservation de donn ées
des visiteurs des locaux de l’ASBL ou des activités organisées par celle-ci.

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Données personnelles : toutes les données d’une personne qui permet de « retrouver » la personne.
Cela concerne le nom, l’adresse, image etc. mais aussi l’adresse IP et les plaques d’immatriculations.
Ce sont des données qui nous rendent identifiables (pas forcément identifiées).

Le règlement impose, pour chaque entreprise qui va traiter des données personnes, d’identifier le
responsable du traitement. Cette personne va devoir mettre en place l’ensemble des obligations qui
sont contenues dans le règlement et qui va pouvoir être tenu responsable d’éventuels violations de
ce règlement. La responsabilité de ce responsable du traitement est grande et s’il y a une infraction,
il peut être poursuivi.

Toutes les données à caractères personnelles doivent être traitées de manières licites (RGPD + lois
nationales), loyales et transparentes. Donc pour tout traitement des données personnelles, on doit
avoir reçu l’autorisation/le consentement de la personne concernée. Il ne peut pas y avoir des cases
pré-cochées, elle doit les cocher elle-même (pour les newsletters par exemple).

Il y a quand même des cas dans lesquels on va considérer que le consentement ne doit pas être
expressément formulé mais découle par exemple, de la conclusion d’un contrat.

Exemple 1 : Quand un acheteur conclu un contrat avec Amazon, le consentement que l’on donne
sera intégré dans les conditions d’utilisation pour qu’elle traite nos données puisque forcément si
elle ne dispose pas de notre adresse postale, elle ne pourra pas envoyer le colis. La conclusion du
contrat de vente inclut le consentement à ce que Amazon traite nos données.

Exemple 2 : Obligation légale qui incombe au responsable du traitement par exemple en matière de
travail : l’employeur est obligé de récolter différentes données.

Lorsque le traitement est nécessaire à la sauvegarde des intérêts vitaux de la personne, l’ambulance
communique les infos de la personne à l’hôpital lorsqu’elle est dans le coma par exemple. Ils ne vont
pas attendre qu’elle se réveille pour lui demander son consentement.

Lorsque c’est nécessaire pour un intérêt légitime du responsable du traitement ou d’un tiers ou les
droits fondamentaux de la personne concernée. Par exemple, en cas d’action en justice.

Une fois le consentement obtenu ou qu’on n’en a pas besoin (exécution d’un contrat, sauvegarde
d’intérêts vitaux), on a récolté les données et on les a traités et donc on ne peut les utiliser que pour
les finalités que l’on a annoncé à la personne. Les données doivent être adéquates, pertinentes et
nécessaire pour l’utilisation. On doit expliquer pourquoi on utilise ces données personnelles, à quoi
elles nous servent et qu’est-ce qu’on va en faire. Ça doit être exprimé de manière claire.

Exemple : pour recevoir des newsletters, le site ne doit pas connaitre notre orientation sexuelle. Ce
n’est pas adéquat, pertinent et nécessaire.

Lorsqu’on traite les données, on doit vérifier que ces données soit actualisées et exactes et rectifiées.

Il y a une limite de temps qui est liée aux données personnelles.

Exemple : pour une newsletter de 2 ans, il est logique qu’après les données soient supprimées. On ne
peut pas non plus les vendre sauf si on a eu le consentement au préalable.

On doit aussi prendre des mesures de sécurité pour garantir la confidentialité de ces données et
éviter des hackers ou d’autres prises de connaissances qui seraient problématiques pour ces

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données. C’est le responsable du traitement qui va devoir démontrer et prendre la responsabilité de


tout ce qui a été dit au-dessus.

Transparence et loyauté

- Déterminer le fondement du traitement

Hors Union Européenne

- Les données personnelles partagées hors de l’union personnelles ont des règles plus strictes

Les personnes concernées

- Les personnes physiques et pas les personnes morales mais si on a le nom d’une personne
dans une adresse mail professionnelle, on a quand même des données personnelles

Il faut que le consentement soit valable

- La personne doit cocher elle-même une case pour donner son accord. Le consentement doit
être donné librement et volontairement.

Distinction entre données à caractère personnel normales ou données à caractère personnel


sensibles. Les deuxièmes peuvent être plus problématiques si elles sont utilisées sans qu’il y ait un
contrôle, une responsabilité accrue apposée à ce type de traitement. Ce sont les données qui
révèlent les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, les convictions religieuses ou
philosophiques, les appartenances syndicales, tout ce qui concerne le domaine de la santé ou de la
médecine, les données relatives à la vie ou l’orientation sexuelles et le casier judiciaires. En termes
de sécurités, ces données seront plus renforcées.

L’utilisation des cookies utilise également des données. Si on utilise WordPress pour créer un site,
google va d’office utiliser des infos même si ce n’est pas nous qui utilisons ces données et que nous
n’en avons parfois même pas accès.

Dispositions spécifiques par rapport aux journalistes

Si un journaliste doit systématiquement demander l’autorisation préalable d’une personne pour la


citer dans ses articles d’infos, ses reportages il y aura un problème. Le problème a été résolu en
insérant dans le RGPD ce qu’on appelle l’exception de journalisme : cela ne concerne pas que les
journalistes mais également les artistes ou les auteurs et les universitaires (pour les recherches). Ils
ne sont don pas concernés par cette interdiction générale de traiter des données particulières,
sensibles.

Lorsque le traitement des données à caractère personnel vise à informer le public et qu’il est fait par
un responsable de traitement, ils ne sont pas obligés d’obtenir l’accord préalable des personnes.

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On voit que ce ne sont pas forcément des journalistes professionnels, ce sont des journalistes qui
sont liés par la déontologie journalistique. Sans distinction en fonction du média utilisé. La définition
d’un journaliste est assez large et ne s’arrête pas juste aux journalistes professionnels. Ça vise toutes
les personnes qui sont liées à la déontologie journalistique donc qui récoltent et diffusent des
informations à la destination d’un public.

Arrêt de la cour de Justice de l’union européenne (CJUE)


Dans le cadre de l’application de ce RGPD et de ce que recouvrait le concept de journaliste/me, la
Cour de Justice a prononcé un arrêt le 14 février 2019, l’arrêt Buivids, la Cour de justice de l’Union
Européenne a jugé que l'affichage d'une vidéo sur YouTube par des journalistes non professionnels
constitue un traitement de données à caractère personnel à des fins journalistiques. Ainsi :
 La notion de « journalisme » ne se restreint pas aux entreprises de média mais recouvre
toute personne exerçant une activité de journalisme.
 La question de savoir si le journalisme en cause génère un profit ne constitue pas un élément
déterminant (s’il est rétribué ou pas).
 Les moyens de communication changent et évoluent : ainsi, le fait que les données soient
traitées et transmises soit par des moyens traditionnels, soit par des moyen plus moderne
n’est pas déterminant.
 Enfin, compte tenu de ces critères, les activités peuvent être qualifiées d’« activités
journalistiques » si elles ont pour finalité la divulgation d’informations, d’opinions ou d’idées
au public
Conséquences ?
Le fait de ne pas devoir se soumettre aux différentes obligations qui sont listées à l’articles 5 du
RGPD.
Ceux-ci ne devront pas faire droit à une opposition au traitement ni au retrait du consentement (et
plus généralement, de devoir apporter la preuve du consentement selon les standards du RGPD, y
compris pour les enfants). Lorsqu’une entreprise récolte des données personnelles, elle doit avoir le
consentement mais la personne a aussi le droit de s’opposer à ce que la société continue de récolter
ses données personnelles et demander que ses données soient corrigées, rectifiées ou complétées.
Ces droits interviennent dans le règlement et permettent aux personnes d’avoir une main mise et un
contrôle sur leurs données. Ça peut donc marcher dans certains cas mais si ça concerne un article,
par exemple, ça ne marchera pas car la fonction et la protection des journalistes est au-dessus. Tout
ça intervient de manière automatique : la liberté d’expression prévoit sur le droit à la protection de
la vie privée de la personne. Il ne faut donc pas toujours la prouver.

Ils ne devront pas non plus limiter le traitement ni assurer la portabilité de données.
Toutes ces exceptions aux droits des personnes concernées sont applicables sans devoir démontrer
que l’exercice des droits mettrait en péril le droit à la liberté d’information etc.

Droit à l’oubli (exception)

L’article 17 du RGPD ne parle pas de droit à l’oubli mais droit à l’effacement. C’est essentiellement
un droit au déréférencement. C’est par exemple : le fait de demander à Google de ne plus référencer
des résultats de recherche qui sont liés à vos noms et prénoms. Dans ce cadre-là, Google ne va pas

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pouvoir dire qu’il exerce une activité journalistique, il va donc devoir faire une balance entre la
liberté d’expression et le droit à la protection de la vie privée.

Concernant le droit à « l’effacement », le RGPD précise qu’il ne peut y être dérogé que si le
traitement des données est nécessaire à la liberté d’expression et d’information. Logique puisque ce
“droit à l’oubli” est issu d’une jurisprudence qui impose de mettre en balance respecte de la vie
privée et du droit à la liberté d’information.

Affaire Riga

https://www.rtbf.be/auvio/detail_un-jour-dans-l-info?id=2713395

Il y a eu une affaire très récente qui a mis en œuvre cette demande de droit à l’oubli non pas vis-à-vis
d’un moteur de recherche comme Google mais directement auprès de le RTBF qui avait diffusé un
contenu qui faisait état de la condamnation judiciaire passée d’une personne, qui revenait sur cette
histoire dans le cadre de son émission « un jour dans l’info ». Comme c’est une des seules décisions
qui concerne directement un éditeur et pas un moteur, on va analyser le dispositif et autre.

Dans le programme radio, on entend « Pierre Riga ». Il a demandé l’effacement de ses données
personnelles donc de son nom et de son prénom. Il a introduit devant le tribunal de première
instance à Bruxelles une action qu’on appelle : comme en référé. Le référé c’est une action qui est
mue par l’urgence. « Comme en référé » ça veut dire qu’on va prendre le même circuit rapide devant
le juge mais le juge contrairement à ce qu’il fait en référé (va prononcer une ordonnance qui ne
touche pas au fond de l’affaire mais qui va décider des mesures provisoires le temps que l’affaire
puisse être diligenté au fond), il prendra une décision plus rapide (circuit court) sur le fond de
l’affaire. La décision a été prononcée le 16 février 2021 alors que la requête avait été déposée le 14
décembre 2000.

Dans une décision de justice, on a les personnes qui sont en cause : le demandeur, le défendeur,
requête du demandeur, l’échange des conclusions et la décision prononcée. Les demandeurs
demandaient de retirer et ne plus diffuser toute la reproduction totale ou partielle « d’un jour
d’abord » de tous les médias sous peine d’astreinte (amende pour retard – 5000e par heure de
retard).

Dans la décision on a aussi les faits pertinents et les rétroactes. Ce sont les différentes procédures,
mises en demeures, les différents faits qui sont intervenus. On explique donc que le 10 décembre,
l’émission a été diffusée sur la première, on nous donne aussi les éléments qui concernent l’affaire  :
la peine et on dit aussi qu’à la suite de l’exécution de sa peine de prison, il a été réhabilité par un
arrêt du 3 mai 2017 de la Cour d’appel de Bruxelles (réhabilitation : le fait d’effacer du casier
judiciaire les condamnations du passé). C’est essentiellement sur cette base que monsieur Riga
considérait que l’émission ne pouvait être diffusée.

Préalablement à l’action, l’avocat de Riga avait mis la RTBF en demeure d’anonymiser les faits et
d’enlever le nom et prénom de monsieur Riga à la diffusion radio, que des échanges avaient eu lieu
entre les deux partis. Il y a eu un rétroacte (décision judiciaire passée qui concerne cette affaire).

L’ensemble de la motivation du tribunal se trouve sous le titre « discussion » (voir learn document
Riga).

Sous le titre « discussion » d’une décision de justice, on retrouve l’ensemble de la motivation du


tribunal, qu’est-ce que le juge a utilisé comme éléments, les dispositions légales et l’application de
ces dispositions qu’il va faire par rapport aux faits de l’affaire.

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On répète aussi les articles concernés, la règle de compétence juridictionnelle et l’article 17 qui est le
pour voir si l’article 17 peut être mis en œuvre ici ou pas. Cet article dit concrètement que la
personne concernée a le droit d’obtenir du responsable de traitement l’effacement dans les
meilleurs délais les données à caractère personnel qui le concerne et le responsable de traitement a
l’obligation d’effacer ces données lorsqu’un de ces motifs s’applique.

Les motifs :

- Lorsque les données à caractère personnel ne sont plus nécessaires au regard des finalités
o Article 5 : il faut énoncer les finalités et s’en tenir à un usage strictement nécessaire
par rapport à cette finalité.
- La personne concernée retire son consentement sur lequel est fondé le traitement : elle
informe le responsable du traitement qu’elle veut que les données soient retirées
- La personne concernée s’oppose au traitement
- Il n’existe pas de motif légitime impérieux pour le traitement
- Les données à caractère personnel ont fait l’objet d’un traitement illicite : dès le départ les
données n’auraient pas pu être traitées.
- Les données à caractère personnel doivent être effacées pour respecter une obligation légale
qui est prévue par le droit de l’union, de l’état membre qui est responsable du traitement et
soumis. Cela peut également donner lieu à un effacement automatique
- Lorsqu’elles ont été collectées dans le cadre de l’offre de service de la société de
l’information.
- Lorsqu’il a rendu public les données à caractère personnel et qu’il est tenu de les effacer, le
responsable du traitement, contenu des technologies disponibles et des couts de mise en
œuvre, prend des mesures raisonnables pour l’effacement des données.

La recevabilité

L’élément essentiel est le fait que les paragraphes 1 et 2, rendraient l’effacement des données de
manière directe en ce qui concerne la RTBF mais ces données ne s’appliquent pas dans la mesure où
le traitement est nécessaire à l’exercice du droit à la liberté d’expression et d’information. Par
rapport à ce qu’on a vu en lien avec l’exception de journalisme, où il n’y a pas de mise en balance à
faire, dans le cadre d’une demande d’effacement (qui se base sur l’article 17 du RGPD), il faut mettre
en œuvre cette balance et peser si le droit à la liberté d’expression et le droit à l’information prévaut
sur le traitement de données personnelles. Ce sont des motivations qui doivent être données face à
une demande d’information, ce que la RTBF avait fait, mais monsieur Riga n’était pas satisfait des
réponses apportées par la RTBF et trouvait que le c’était le droit au respect de sa vie privée qui
devait primer et a saisi le juge comme en référé dans le cadre d’une action en cessation sur base de
l’article de la loi du 30/07/2018 et du RGPD qui lui permettent de saisir le juge dans ce type d’action-
là.

Le juge va examiner si le RGPD s’applique, si les données personnelles ont été traitées, collectées ou
pas. Ici, la question était de savoir si les enfants qui n’ont jamais été cités dans le reportage mais qui
s’appellent également Riga, étaient concernés. Le tribunal a dit que ça constituait des données
personnelles.

Le fondement :

Après la recevabilité qui est plus une question de procédure, il faut analyser le fondement. C’est tout
ce qui touche au fond de l’affaire. L’article 17 : comment je l’applique à l’affaire qui est portée devant

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moi et quelle est la décision que je prends ? On voit que l’action en cessation fondée sur le droit à
l’oubli fondé sur l’article 17 du RGPD, implique l’examen des droits fondamentaux concurrents (le
droit au respect de la vie privée (article 8 de la convention européenne des droits de l’homme) et la
liberté d’expression de la RTBF).

Arguments de Monsieur Riga :

Par rapport au droit à la protection des données personnelles, au droit à la protection de la vie
privée, au fait que monsieur Riga avait été réhabilité (donc droit d’être réinséré)

Arguments de la RTBF :

La RTBF mettait elle en avant le droit à l’information du public sur un évènement qui a marqué
l’histoire en fédération Wallonie-Bruxelles, mais aussi qu’elle avait des obligations liées à ses statuts,
son contrat de gestion. Le gouvernement lui impose plusieurs obligations qu’elle doit remplir et ces
obligations sont formulées dans un contrat de gestion : toutes les missions de service public que la
RTBF doit s’engager à mettre en œuvre. Certaines sont des obligations de moyens, d’autres de
résultats. L’une de ses missions c’est l’obligation de valoriser les archives de la RTBF via la Sonuma
qui récolte les archives de la RTBF : l’émission en question était une mise en application de cette
valorisation des archives.

Elle a mis en avant le fait que si on lui impose d’effacer des données personnelles, cet effacement va
impacter ces archives car à chaque fois qu’on en ressort une, on va devoir l’anonymiser et enlever
l’histoire et ça revient à réécrire l’histoire.

Le tribunal a pris connaissance de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne mais


aussi de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme en matière de la liberté
d’expression mais aussi de protection des archives de presse et il a appliqué les critères qui devaient
se dégager pour pouvoir faire cette mise en balance et faire l’application de cet article 17 aux faits
qui étaient posés devant lui.

Il ne va pas déduire de manière automatique le fait que l’écoulement du temps (10,20,30 ans) feraait
qu’il y ait un droit automatique et absolu à obtenir le déférencement ou l’anonymisation de ces
données personnelles et du coup d’obtenir le droit que, ce qui nous a impacté il y a 20 ans, tombe
dans l’oubli après l’écoulement d’une certaine période. Non, le tribunal dit qu’il faut avoir égard à
l’ensemble de l’affaire. Il faut voir quel était l’impact à l’époque de l’information : est-ce que ça avait
fait l’objet d’une grande couverture médiatique à l’époque des faits de sorte que ces éléments sont
rentrés dans l’histoire et ainsi dans les archives journalistiques, est-ce que cela a un intérêt pour la
population d’être conservé dans les archives et surtout que ce soit ressorti après un certain laps de
temps. Ici dans cette affaire, le fait qu’il y ait eu à l’époque une pétition qui a recueilli un nombre
assez important de signatures, le fait que les personnes aient accepté d’être interviewé et qu’il y a eu
énormément d’articles à l’époque des faits qui étaient toujours référencés, tout ça participait à
l’intérêt général et à l’information et a fait pencher la balance plutôt du côté du droit à l’information.

Le tribunal va aussi tenir en considération le fait que monsieur Riga avait déjà demandé le
référencement des articles auprès de Google qu’il avait obtenu en partie. Son nom sur Google ne

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menait plus à des articles sur lui mais le nom de la victime menait à des articles où son nom
apparaissait toujours. Donc à côté de l’intérêt de monsieur Riga de vivre une vie en se réinsérant
dans la société sans qu’on vienne en permanence mettre en avant des faits du passé, il y avait le
devoir de mémoire vis-à-vis de la victime et de sa famille. L’intérêt de la RTBF vis-à-vis de l’intérêt
général et du droit à l’information d’une affaire qui avait marqué les esprits a aussi pesé dans la
balance. Sa demande a donc été rejetée.

On voit donc qu’il y a un degré de gravité qui est supplémentaire lorsqu’on active une demande de
droit à l’effacement par rapport à une demande de déférencement. On peut parler donc de
déférencement pour enlever des résultats de recherche qui sont accolés à votre nom. C’est moins
grave qu’une demande d’anonymisation ou de suppression car le contenu s’il est supprimé des
résultats de recherche de google, il est toujours sur la base de données à laquelle il appartient.

 Déréférencement ≠ anonymisation

Droit à l’image

Faut-il obtenir le consentement de la personne pour publier sa photo ? Mon droit à l’image est-il
toujours applicable si j’ai donné mon consentement pour l’utilisation d’une photo ? Après avoir
donné mon consentement, me reste-t-il des droits ?

Il faut bien dissocier la protection des données personnelles, relevant du RGPD, du « droit à l’image
», qui est un droit de la personne prévu à l’article XI.174 du Code de droit économique.

Art. XI.174. CDE - Ni l'auteur, ni le propriétaire d'un portrait, ni tout autre possesseur ou détenteur
d'un portrait n'a le droit de le reproduire ou de le communiquer au public sans l'assentiment de la
personne représentée ou celui de ses ayants droit pendant vingt ans à partir de son décès.

Sur base de ces disposition-là du RGPD, on a le sentiment que dès qu’on prend une photo de nous, il
faut au préalable obtenir l’autorisation de la personne. C’est comme pour le droit à l’effacement, il y
a toujours une mise en balance entre le droit à l’information et le droit à la protection de la vie
privée. On voit que ce droit à l’image va nous survivre, les héritiers, les ayants droits vont pouvoir
s’en prévaloir pendant 20 ans après notre décès.

Le principe général est le consentement au préalable : il faut obtenir l’autorisation à l’avance.


Cependant, l’utilisation à des fins journalistiques vient tempérer ce principe de l’autorisation
préalable. Par exemple quand on se situe dans un lieu public et qu’on prend une photo du lieu public
et que quelqu’un est dessus mais que la personne n’était pas l’objet de la photographie, le droit à
l’image ne pourra pas être invoqué. Cette exception est aussi invoquée dans les droits d’auteurs et
pas que dans le RGPD. C’est la même chose pour les images de foule (stade de foot).

En principe, les personnes publiques (par exemple, les personnalités politiques, les vedettes du
monde sportif, artistique, …) ne doivent pas non plus donner leur consentement préalable. En effet,
dans ce cas, le droit à l'information est d'application, moyennant le respect de quelques conditions.
Ainsi, l'image d'une personne publique doit poursuivre une finalité d'information (donc, pas d'usage
commercial) et elle ne peut pas violer le droit au respect de la vie privée. De plus, certaines
personnes ne seront assimilées à des personnes publiques qu'à l'occasion d'un événement bien

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déterminé (par exemple, lors d'une catastrophe ou d'un délit). Leur image doit dès lors avoir un
rapport avec cet événement et après un certain temps, l'intéressé a le droit à l'oubli.

En revanche, dans le discours publicitaire, lorsqu’on utilise l’image d’une certaine personne, il faut
avoir son consentement préalable et établir des conventions ou un contrat écrit où l’on va s’assurer
d’avoir obtenu l’autorisation de la personne, que ce soit à titre gratuit ou onéreux.

Il y également la différence entre le consentement certain et le consentement tacite. Il y a des cas


où on va présumer que la personne a donné son consentement à être filmée et à ce que ces images
soient diffusées. C’est le cas essentiellement des journalistes et des reportages qui sont diffusés et où
on a interviewé une personne par exemple. Quand on est présent avec un caméraman, une perche,
un preneur de son etc et qu’on interroge une personne, c’est difficile par la suite que cette personne
vienne s’opposer sur base de son droit à l’image à la diffusion de son interview. Là il s’agit d’un
consentement tacite. Ce sont souvent des cas qui arrivent liés aux émissions strip-tease ou des
reportages de longue haleine où on finit par changer d’avis. Dans ces cas-là ça ne fonctionne pas car
elle a autorisé et puis elle a changé d’avis. Il faudrait des motifs bien précis pour que les images ne
soient plus diffusées finalement.

Mon droit à l’image est-il toujours applicable si j’ai donné mon consentement pour l’utilisation d’une
photo ?

S’il y a une publicité avec une personne, le consentement que la personne a donné, ne vaut que pour
l’utilisation commerciale qui a été prédéfinie à l’avance et qui sera intégré dans l’accord écrit et
explicite. Si par après la photo est vendue pour faire la promotion de tout à fait autre chose et qui ne
correspondrait pas avec les valeurs de la personne, on ne peut pas déduire du consentement initial
qu’il peut être utilisé pour quelque chose d’autre.

Après avoir donné mon consentement, me reste-il des droits ?

Oui, on verra ça dans le cadre du respect des droits d’auteur car on a un droit à l’information des
utilisations qui sont faites. Ça rentre dans le cadre du RGPD car on a un droit la transparence et un
droit à suivre l’utilisation de nos données personnelles et une photo de nous est une donnée
personnelle car elle permet de nous identifier ou du moins nous rendre identifiable.

Le secret des sources :

Dans le secret des sources il y a deux aspects :

1) Le droit de taire ses sources (qui découle d’une loi)


2) Une obligation de ne pas les révéler (ça découle du conseil de déontologie journalistique)

Une source c’est quelqu’un qui divulgue une information à un journaliste ou à un media et ça s’étend
aux informations elles-mêmes.

Pourquoi c’est important de protéger le secret des sources ? Pour préserver la qualité et la
crédibilité du journaliste. Manière aussi de protéger le rôle de chien de garde qu’à la presse via la
Cour EDH. En devant protéger les sources, on permet à différentes personnes de donner ces
informations aux journalistes.

Le secret des sources n’est pas la même chose que le secret professionnel (exemples : médecins,
avocats, juges, magistrats). Le droit de taire ses sources ce n’est pas un secret professionnel mais ça
peut protéger le secret professionnel.

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Un journaliste ne bénéficie pas du secret professionnel. L’information rendue publique n’est pas
visée par le secret des sources, on ne peut pas reprocher ça au journaliste. C’est plutôt le diffuseur
d’informations plutôt que l’information elle-même et la manière d’obtenir les différentes
informations.

Loi belge : il y a une obligation au sens de la déontologie journalistique qui existe et aussi au niveau
du Conseil de l’Europe. Le droit de taire leur source c’est une des composantes du droit à la liberté
d’expression quand on examine ça au niveau du Conseil de l’Europe. Pierre angulaire de la liberté
d’expression. S’il n’y avait pas de protection des sources, ça pourrait dissuader les sources
journalistiques de se confier et donc les journalistes ne pourront plus informer le public. Il y a une
protection sur l’information (qui est publique), protection au niveau du journaliste, protection sur la
source de l’information. La Cour dit pourquoi je confère cette protection particulière ? Pour
permettre aux journalistes de faire le rôle de chiens de garde et donner des informations fiables.

Il y a une recommandation : prendre des mesures pour protéger ce secret des sources. La Belgique
est particulièrement très protectrice au niveau des sources.

On se situe au niveau du Conseil de l’Europe : arrêt Danemark

Dans cet arrêt : ça concerne une émission de télévision diffusée au Danemark qui faisait une enquête
sur la pédophilie. Les journalistes ont demandé à une association au Danemark, « association
pédophile » qui organisait des évènements privés et parfois publics pour donner des conseils aux
pédophiles pour être en société, de prendre part au débat etc. L’association a refusé et donc les
journalistes ont pris une fausse identité et un monsieur s’y est présenté en demandant de l’aide. Il a
passé plus d’un an dans les activités de cette association et se lie d’amitié avec deux autres membres
de l’association -> ces deux personnes lui confient différentes choses avec des déclarations
compromettantes et des contacts qu’ils avaient en Inde pour rencontrer des enfants. Ils ont aussi
donné des conseils pour parler à des enfants sur internet. Ils ont interrogé cet enfant aussi. Avant de
diffuser l’émission, ils ont averti l’association qu’ils ont infiltré, qu’ils allaient diffuser les images mais
qu’ils allaient garder l’anonymat des « intervenants ». L’association a essayé d’interdire le reportage
mais il a été diffusé. Les personnes ont été arrêtées, mais la justice n’avait pas différentes
informations qui permettaient de compléter les dossiers donc elle a ordonné à la télévision danoise
de donner l’ensemble des rush (c’est le ministère public qui a fait ça donc le juge doit d’abord valider
l’ordonnance). La télévision a été obligée de donner les informations au parquet. En 1 e instance, le
juge a refusé, en appel la Cour d’appel a dit « on ne peut pas les obliger » et la Cour suprême à
valider l’ordonnance donc la télévision a dû donner.

6) Lien via cet arrêt aux méthode loyales ou pas.

La Cour va redire que c’est une pierre angulaire de la presse, qu’il faut protéger les sources. Il est
néanmoins possible de lever ce secret des sources.

Pour reprendre le canva de la Cour EDH, après la Cour suprême au Danemark, la télévision va saisir la
Cour EDH pour dire que la Cour suprême, en validant l’ordonnance qui l’oblige à transmettre les
vidéos, a violé sa liberté d’expression.

7) Rappel : il y 4 éléments pour voir s’il y a une violation de la liberté d’expression (loi, but
légitime, nécessaire, proportionnel).

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Article 10 -> Cour EDH -> violation de la liberté d’expression -> différentes conditions pour voir si une
ingérence est possible dans la liberté d’expression.

Article 10, premier paragraphe : tout le monde a le droit à la liberté d’expression. Paragraphe 2 : tout
le monde a droit à la liberté d’expression mais il y a la possibilité de restreindre cette liberté
d’expression, de fixer des limites -> ça ce sont des ingérences dans la liberté d’expression.

Ici l’ingérence c’est : l’ordre qui a été donné à la télévision par le parquet, validé par la Cour suprême
de donner ses rushs. Le média est obligé, par une décision de justice de communiquer ses rushs au
parquet.

Il y a donc une ingérence dans le droit à la liberté d’expression et qu’est-ce qu’on va analyser ?
D’abord, est-ce qu’il y a une loi qui permet de prononcer cette ingérence dans le droit à la liberté
d’expression ? Est-ce que l’ingérence poursuit un but légitime ? Est-ce que c’est nécessaire de
prononcer cette ingérence dans une société démocratique ? L’ingérence est proportionnelle ?

8) Donc c’est ce que la Cour va faire, elle va examiner s’il y a une loi, s’il y a un but légitime, si
c’est nécessaire et si c’est proportionnel.

Elle rappelle les principes : la protection des sources journalistiques, pierre angulaire de la société
démocratique, de la liberté de la presse. Si on ne protège pas la source journalistique, ce sont les
chiens de garde de la démocratie qui ne seront plus en mesure de faire leur travail mais c’est possible
si ça se justifie par un impératif prépondérant d’intérêt public.

La Cour va faire attention à l’ensemble du contexte de l’affaire et elle va voir que le journaliste a
travaillé sous une fausse identité, il ne s’est pas présenté à « l’association pédophilie » en tant que
journaliste et donc les personnes qui lui ont parlé ne savaient pas qu’elles allaient être des sources. Si
elles avaient su ce que faisait ce journaliste, ils ne se seraient pas confiés. La Cour va dire que ce ne
sont pas vraiment des sources car une source c’est quelqu’un qui, volontairement, a envie de
donner des informations à un journaliste pour qu’elles soient diffusées mais qui veut simplement
protéger son identité. Ici, les personnes ont intérêt et envie de protéger leur identité mais n’ont pas
eu de relation avec le journaliste en tant que source comme on les entend par rapport au secret des
sources.

La plupart des personnes qui ont assisté au reportage n’ont pas assisté de leur plein gré la presse
pour qu’elle puisse accomplir son rôle d’information sur un sujet d’intérêt général, elles n’ont pas
consenti à être filmées et enregistrées et ne voulaient certainement pas fournir des informations sur
leurs pratiques. Elles ne peuvent donc pas être considérées comme des sources journalistiques
d’information au sens traditionnel du terme.

Néanmoins, va dire la Cour, ce n’est pas l’ordre de divulguer ces sources journalistiques
d’information que la société (de télévision) a reçue donc ce n’est pas cette ingérence-là qui pose un
problème mais le fait de remettre à la police une partie de ses propres recherches. La Cour va dire
que l’article 10 s’applique car même si ces personnes ne sont pas des sources, on va contraindre les
journalistes à révéler les rushs. Il y a donc un effet potentiel sur l’exercice de la liberté de la presse et
donc la Cour va examiner l’affaire sous cet angle-là.

La Cour, dans la proportionnalité de l’ingérence, va examiner qu’est-ce qui avait été demandé
précisément au média de fournir. Les séquences coupées au montage (tout ce qui n’a pas été diffusé)
avaient été demandées au média et la Cour va dire que, même s’il ne s’agit pas au premier sens du
terme de secret des sources, le média peut communiquer ces informations-là tout en conservant les
visages floutés et sans donner les identités des personnes et elle va pouvoir du coup protéger ses

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sources, ne pas se parjurer par rapport à la promesse de confidentialité qu’elle avait fait, tout en
aidant les buts légitimes qui étaient poursuivi : la défense de l’ordre, la prévention du crime et la
protection des droits d’autrui.

Le fait de simplement donner les images qui n’ont pas été diffusées, tout en permettant une
protection des différentes personnes, était proportionné à ces buts légitimes poursuivis.

Dans ce cas, il y avait un impératif prépondérant d’intérêt public même si le reportage portait sur une
question d’intérêt général majeur.

De manière générale, le secret des sources permet aux journalistes de s’opposer à différents ordres
ou injonctions, de donner des documents qui vont permettre à l’autorité d’identifier ses sources. Les
sources ça vise les personnes mais également le mode d’obtention des informations mais il faut pour
cela que la personne ait contacté le journaliste dans le but que celui-ci divulgue les informations.
Dans l’arrêt qu’on vient de voir, on ne peut pas à proprement parler de sources journalistiques car
les personnes n’étaient pas conscientes qu’elles donnaient des informations donc n’ont pas le statut
de sources dans le sens du droit au secret des sources.

Dans cet arrêt : Est-ce que l’ordre de révéler les productions donc l’ingérence qui a été ordonnée à la
télévision, violait sa liberté d’expression ? Est-ce que le fait d’ordonner aux journalistes de
communiquer les rushs viole la liberté d’expression de ceux-ci ? Ça ne viole pas sa liberté
d’expression car il y a un impératif prépondérant d’intérêt public et que la mesure était
proportionnée (ils n’ont pas demandé les noms, prénoms etc).

Au niveau belge, on a une loi. La loi du 7 avril 2005 qui protège spécifiquement le secret des sources
(loi au niveau fédéral en Belgique).

9) Cette loi interdit toute autorité, mais également les particuliers, de prendre une quelconque
mesure de nature à contraindre une personne à révéler ses sources journalistiques. Elle
élargit le droit de taire les sources et ne réserve pas ça uniquement aux journalistes. La Cour
constitutionnelle a imposé d’élargir cette loi. Elle dit : « Le droit au secret des sources doit
être garanti non pas pour protéger les intérêts des journalistes en tant qu’un groupe
professionnel mais pour permettre à la presse de jouer son rôle de chien de garde de la
démocratie et d’informer le public sur des questions d’intérêt général ». Elle se réfère à tout
ce qui concerne la liberté d’expression, la liberté de la presse de manière générale et donc
dit que ça ne vise pas uniquement les journalistes mais toute personne qui exerce des
activités journalistiques.

Toutes ces personnes-là, qui exercent des activités journalistiques, mais qui ne sont pas forcément
journalistes professionnels, bénéficient du droit au secret des sources (la personne qui tient un blog
dans lequel des informations sont publiées, va pouvoir se prévaloir du droit au secret des sources). La
Cour constitutionnelle dit que si elle devait priver certaines personnes de ce droit au secret des
sources, (comme celles qui n’exercent pas les activités journalistiques comme travailleur
indépendant ou salarié, celles dont ce n’est pas le métier à temps plein), elle violerait les articles 19
et 25 de la Constitution (droit à la liberté d’opinion et la liberté de la presse de manière générale). Ce
qui est important c’est de définir ce qu’est une activité journalistique -> activité des personnes qui
vont collecter, rédiger, produire ou diffuser des informations par le biais d’un média (de manière
publique donc quel que soit le mode de diffusion) au profit du public.

Cette définition est importante, c’est important de savoir que le droit au secret des sources vise
toutes les personnes.

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Le droit de taire ses sources : le fait qu’on ne peut pas contraindre une personne de révéler ses
sources d’informations. Ça vise aussi les documents, on va pouvoir taire la manière dont on a pu se
procurer un document. On ne sera pas contraint de révéler la manière dont on a reçu l’information.
Si on révèle la manière dont on a obtenu le document confidentiel, on va pouvoir identifier notre
source.

Interdictions :

1) Révéler l’identité des informateurs


2) Dévoiler la nature ou la provenance des informations
3) Divulguer l’identité de l’auteur d’un texte ou d’une production audiovisuelle
4) Révéler le contenu des informations et des documents s’ils sont à même de permettre
l’identification de l’auteur.

La Cour EDH dit qu’on peut lever ce secret des sources lorsqu’on est face à un impératif
prépondérant d’intérêt public. Il y a également des exceptions dans la loi de 2005 qui existent.

Si le fait de révéler sa source d’informations va permettre de prévenir la Commission, d’infraction


constituant une menace grave pour l’intégrité physique d’une ou de plusieurs personnes, en ce
compris des infractions terroristes, le journaliste ne va pas pouvoir invoquer son droit au secret des
sources, il va devoir révéler les informations.

Exception : Le journaliste reçoit des informations sur un groupe terroriste qui prévoit de poser une
bombe le lendemain au Palais de justice, si la police vient lui demander qui sont les personnes qui lui
ont donné les renseignements, il va devoir les donner car il y a encore moyen d’agir et ça va prévenir
la Commission d’une infraction et d’une menace grave pour l’intégrité des personnes.

L’infraction terroriste, c’est une des exceptions et il faut qu’il y ait la possibilité d’une atteinte à
l’intégrité physique. Il faut également que la police ne puisse pas par un autre moyen obtenir les
informations.

Gros récapitulatif :

Par rapport au droit au secret des sources, il y a deux niveaux de protection :

1) Le niveau de protection qui existe au niveau de la Convention EDH, en tant que composante
de la liberté d’expression.

Le but de ce droit a secret des sources : maintenir le rôle de la presse, chien de garde de la
démocratie et de pouvoir révéler et diffuser des informations. Mais exception : lorsqu’on est
confronté à ce que la Cour appelle un impératif prépondérant d’intérêt public.

2) Le niveau belge avec la consécration de la loi du 7 avril 2005 -> ça ne vise pas uniquement les
journalistes mais toute personne qui pratique une activité journalistique. Il faut savoir ce que
l’on vise en disant qu’une personne est une source, ça ne vise pas uniquement l’identité mais
aussi le mode d’obtention et la nature de la provenance des informations. Les exceptions
sont strictement prévues par cette loi, à savoir les infractions terroristes et les menaces
concrètes de porter atteinte a l’intégrité physique des personnes avec encore 2 conditions
de nouveau :

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a. Il faut qu’il n’y ait pas d’autres moyens d’obtenir les informations qu’en levant le secret des
sources.
b. Il faut que l’information que l’on demande ait une importance cruciale pour prévenir le
risque d’attentat sur les personnes.

Bénéficier du droit au secret des sources (prérogative) : le journaliste peut révéler ses sources car
c’est un droit et non une obligation. Le droit au secret des sources na va pas impliquer l’impunité du
journaliste. Le journaliste pourra être poursuivi au pénal ou en civil, on va pouvoir mettre en cause sa
responsabilité si les informations qu’il a données s’avèrent être fausses. Le journaliste doit vérifier la
crédibilité de sa source, travail de vérification, il doit être très prudent car si c’est un bon journaliste,
il va protéger sa source (exemple : il dit « les informations que j’ai données viennent de ma source »,
« qui est votre source ? » « ah non ça je ne peux pas dire »), devoir démontrer son travail
d’investigation sur la crédibilité de sa source.

Les différents types de mesures qui peuvent être prises en violation de ce secret des sources  : des
saisies, des perquisitions, des mises sur écoute, une convocation à la police pour identifier les
sources.

Ça c’est pour la loi, la loi donne un droit.

Déontologiquement, on est obligé de taire nos sources et même de les protéger. C’est l’article 21 du
Code de déontologie journalistique qui dit que « les journalistes gardent secrète l’identité des
informateurs à qui ils ont promis la confidentialité ». Même si la personne n’a pas spécifiquement dit
« je voudrais que vous me garantissiez la confidentialité et que vous ne révéliez pas mon identité », si
le journaliste peut légitimement croire que les informations qui lui sont données le sont sous couvert
de l’anonymat, ou s’il sait pertinemment qu’en révélant les informations il va porter préjudice à la
personne, il doit protéger ses sources.

10) Déontologiquement, le journaliste a l’obligation de protéger ses sources, qu’on lui ait
demandé expressément ou qu’il soit dans une situation où il doit savoir qu’il y a intérêt à
protéger la source d’information.

L’obligation de protéger les sources se reflètent aussi dans les informations qu’on va donner dans
l’article par exemple. Imaginons qu’on ait 5 travailleurs dans les chemins de fer qui dénoncent leurs
conditions de travail et qu’une de ces sources c’est quelqu’un qui, par défaut de précaution, s’est fait
arracher le bras. Si on ne donne pas son identité mais que dans la description on décrit
physiquement la personne, et que la description physique que l’ont fait du travailleur permet de
l’identifier, on ne respecte pas l’obligation déontologique. Protéger la source, ça ne se limite pas à ne
pas juste donner le nom et le prénom de la personne. Si on décrit la manière dont on a reçu un
rapport confidentiel et qu’on sait qu’il n’y a qu’une seule personne qui y a accès, on va identifier la
source.

Une autre obligation déontologique c’est de donner des informations vraies et vérifiées donc les
informations qu’on va divulguer nécessitent de faire une recherche, de regrouper les sources et
d’investiguer sur ce qui nous est donné par la source.

L’élément le plus important c’est d’identifier la motivation de la personne à donner des informations
(par vengeance, en conflit etc).

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Exemple : en mars 1985, un journaliste de l’hebdomadaire Humo, Martin Coenen, avait été privé de
liberté pendant trois jours et était inculpé de recel et de refus de témoigner au JI le nom de la
personne qui lui avait fourni la photocopie d’un PV de gendarmerie relatif à une affaire pénale
classée sans suite. Libéré après avoir révélé l’origine de ses informations, Martin Coenen s’est vu
infliger un blâme par la Commission de déontologie du bureau de l’AGJPB.

Peu importe le sujet couvert et les informations, le droit au secret des sources est un élément
fondamental.

Par rapport à la loi du 7 avril 2005, on a vu que ça ne visait pas uniquement les journalistes. La
déontologie journalistique ne vise pas non plus uniquement les journalistes professionnels.

Le Code de déontologie journalistique définit l’activité plutôt que ce qu’est un journaliste ou n’est
pas un journaliste.

Journaliste au sens du Code de déontologie journalistique : toute personne qui contribue


directement à la collecte, au traitement éditorial, à la production et/ou à la diffusion d’informations,
par l’intermédiaire d’un média, à destination d’un public et dans l’intérêt de celui-ci. Volonté
d’englober, non pas uniquement les journalistes qui font de cette activité leur gagne-pain et leur
temps plein, mais toutes les personnes qui pratiquent ce type d’activités (de manière occasionnelle
ou professionnelle).

Par rapport à ça, il y a eu une affaire qui a été portée devant le Conseil journalistique par Raad voor
de Journalistiek (du côté néerlandophone) où un blogueur tenait un site d’informations et écrivait
des articles et il a fait l’objet d’une plainte. Plainte qui a été déposée devant le Conseil de
déontologie journalistique (CDJ). Le Conseil a instruit cette plainte et a estimé qu’elle était fondée.
Cette personne, Eric Verbeeck, a dit qu’il s’en foutait du conseil de déontologie journalistique, il
n’estimait pas qu’il était un journaliste. Le Conseil de déontologie journalistique va dire que si, il est
journaliste et doit donc respecter les obligations déontologiques, notamment l’obligation de taire ses
sources et de les protéger. Il affirmait que la publication d’un avis constatant une faute
professionnelle de sa part serait une atteinte à son honneur, à sa réputation et à sa liberté
d’expression donc il a été devant le tribunal. Le tribunal de Première instance et puis la Cour d’appel
ont confirmé qu’il fallait prendre compte de l’activité journalistique plutôt que du statut de la
personne.

La Cour a souligné l’importance d’une instance de défense de la déontologie professionnelle des


journalistes dans le monde médiatique. Elle en a reconnu la compétence pour tous les journalistes,
membres ou non d’une association professionnelle, titulaires ou non d’une carte de presse, quel que
soit le support de leur activité journalistique. Par contre ne relèvent pas de l’activité journalistique ;
la publicité, le divertissement, la propagande politique, les films et séries, etc. Ainsi, le CDJ a estimé
ne pas pouvoir donner suite à une plainte déposée contre le site lepeuple.be car ce dernier n’exerce
pas d’activité journalistique. La plainte répondait aux conditions formelles de recevabilité et soulevait
plusieurs questions déontologiques. Cependant, en raison de la nature particulière du site, le CDJ
devait d’abord déterminer s’il s’agissait de journalisme. Dans son avis, le CDJ a jugé que lepeuple.be
n’est pas un média de nature journalistique mais un outil de communication au service d’un parti
politique, et donc un instrument de propagande de l’idéologie de celui-ci. Or, la propagande qui
cherche à persuader et convaincre, et se caractérise notamment par des allégations incorrectes ou
déformées (minimisation, exagération, embellissement, enlaidissement des faits) ne peut en aucun
cas répondre aux principes de la déontologie journalistique. En conséquence, le CDJ a constaté que le
site ne relevait pas de sa compétence et a déclaré la plainte irrecevable.

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Le statut de journaliste :

Loi de 1963 qui reconnait et protège le titre de journaliste professionnel. Cette reconnaissance et
cette protection n’a rien à voir avec la reconnaissance et la protection de tous les métiers qui sont
liés à un ordre (architectes, médecins, avocats) mais c’est simplement donner les conditions dans
lesquelles on permet à un journaliste d’obtenir la carte de presse. La seule portée de la loi est de
permettre aux journalistes de fournir la preuve qu’ils exercent effectivement une activité
journalistique à titre de profession principale et d’obtenir ainsi un « traitement de faveur » pour
pouvoir exercer leur tâche avec plus de facilité et de prestige. Il n’est toutefois aucunement
obligatoire d’avoir le titre de journaliste professionnel pour être journaliste. Les journalistes pourront
avoir plus facilement accès aux manifestations, à être présent sur les lieux et à pouvoir justifier
auprès de la police leur présence etc.

Cette loi de 1963 impose aux journalistes de faire du journalisme leur activité professionnelle
principale depuis deux ans et il faut aussi exercer cette activité pour le compte d’un média
d’information générale. Seuls les journalistes qui travaillent pour des médias d’information générale
ont donc accès au titre. Les journalistes qui travaillent pour des médias spécialisés peuvent, quant à
eux, prétendre à un titre spécifique, celui de « journaliste de la presse périodique ».

La loi de 1963 comporte trois articles qui sont les conditions qui permettent d’obtenir le statut de
journaliste pro :
« Art. 1. Nul ne peut être admis à porter le titre de journaliste professionnel s'il ne remplit pas les conditions
suivantes : 1° être âgé de vingt et un ans au moins; 2° n'être pas déchu, en Belgique, en tout ou en partie, des
droits énumérés aux articles 31 et 123sexies du Code pénal et, sous réserve de ce qui est prévu à l'article 2,
n'avoir pas encouru, à l'étranger, une condamnation qui, si elle avait été prononcée en Belgique, aurait entraîné
la déchéance de tout ou partie de ces droits; 3° à titre de profession principale et moyennant rémunération,
participer à la rédaction de journaux quotidiens ou périodiques, d'émissions d'information radiodiffusées ou
télévisées, d'actualités filmées ou d'agences de presse consacrés à l'information générale; 4° avoir fait, de cette
activité, sa profession habituelle pendant deux ans au moins, et ne pas l'avoir cessé plus de deux ans; 5°
n'exercer aucune espèce de commerce et notamment aucune activité ayant pour objet la publicité, si ce n'est en
qualité de directeur de journal, d'émission d'information, d'actualités filmées ou d'agences de presse. Pour
l'application du présent article : a) Par journaux, émissions d'information radiodiffusées ou télévisées, actualités
filmées ou agences de presse d'information générale, il y lieu d'entendre ceux qui, d'une part, rapportent les
nouvelles concernant l'ensemble des questions d'actualité et qui d'autre part, s'adressent à l'ensemble des
lecteurs, des auditeurs ou des spectateurs; b) Par rédaction, il y a lieu d'entendre les activités exercées en
qualité notamment de directeur, rédacteur, dessinateur, reporter-photographe, reporter-cinéaste ou
correspondant pour la Belgique. Les activités commerciales, techniques, d'administration, de correction, de
téléscription, de publicité et d'atelier sont considérées comme étrangères à la rédaction, sauf lorsqu'elles
rentrent dans les attributions personnelles du directeur du journal, des émissions d'information, des actualités
filmées ou de l'agence de presse.

«  Art. 2. Il est institué une commission d'agréation de première instance et une commission d'appel chargées de
statuer sur l'existence ou la perte éventuelle dans le chef des intéressés des conditions exigées par l'article
premier pour l'octroi du titre de journaliste professionnel. Au cas où l'intéressé aurait été condamné à
l'étranger, ces commissions apprécieront si, dans les circonstances de la cause, la condamnation prononcée à
l'étranger doit être prise en considération. Le Roi règle l'organisation et le fonctionnement de ces commissions
et détermine la procédure à suivre devant elles. Il en nomme les membres effectifs et suppléants sur des listes
doubles présentées par les associations et groupements qu'il désigne. Toutefois, la commission d'appel est
présidée par un magistrat effectif ou honoraire. »

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«  Art. 3. Quiconque s'attribue publiquement sans y être admis le titre de journaliste professionnel sera puni
d'une amende de 200 à 1 000 francs. L'article 85, alinéa 1er, du Code pénal est applicable à cette infraction. »

C’est une commission spécifique qui statue sur le fait de remettre ou non la carte de presse. On ne
tire aucun avantage à être un journaliste professionnel ou pas. C’est l’activité qui est reconnue plutôt
que le statut. En droit, il n’y a pas de statut préférentiel qui soit lié au fait qu’on soit un journaliste
professionnel.

La tendance que l’on voit aujourd’hui dans les manifestations où la police évacue une série de
personnes, c’est que la police impose maintenant aux journalistes d’avoir la carte de presse visible. Si
on nous reproche de ne pas avoir la carte de journaliste professionnel il faut expliquer les raisons
pour lesquelles on n’a pas la carte professionnelle sans que ça puisse justifier un traitement
différencié entre un journaliste qui possède sa carte et nous qui sommes par exemple dans la
période de deux ans.

Exemple de fin : Si on est journaliste et qu’une personne se présente en disant qu’elle a des
problèmes avec son employeur, qu’elle a découvert que dans le produit qu’il commercialise, il
intègre de l’eau de javel, qu’elle trouve ça dégueulasse et qu’il faut qu’il soit dénoncé donc elle fait
appel au journaliste pour qu’il fasse un article. D’abord ça touche à l’intérêt général donc ça mérite
d’être dénoncé. Ensuite, par rapport à la source, on va essayer de contacter la société en ne
divulguant pas la source. On a obtenu la confirmation et donc lorsqu’on rédigé l’article, on ne décrit
pas la source d’information. Après ça, la société va porter plainte à la police non pas contre le
journaliste mais contre x (la source), le parquet se saisit de l’affaire. La police va demander que le
journaliste donne son ordinateur portable, le journaliste ne le donnera pas car il protège sa source et
trouve qu’il est dans les règles. S’ils le prennent de force, le journaliste s’y oppose.

Si le policier fait craquer le journaliste et qu’il révèle ses sources, qu’est-ce qui se passe ? Le
journaliste a commis une faute déontologique.

Si la police dit qu’on ne peut pas faire valoir le droit au secret des sources car n’on est pas journaliste
on dit quoi ? Que tout personne qui pratique une activité journalistique est comprise dans la loi.

Le droit de la propriété intellectuelle :

C’est un droit qui protège tout ce qui relève de l’immatériel (lorsque l’on crée une œuvre littéraire,
un roman, on écrit une histoire et c’est la trame de l’histoire qui est protégée par le droit d’auteur et
ce roman se matérialise en livre mais ce n’est pas le livre, le carton, le papier etc qui fait l’objet du
droit d’auteur, c’est l’histoire, la trame, la manière dont c’est écrit. Pour protéger ceux qui créent de
telles œuvres, il y a un droit qui est accolé à ce type de création.

Il faut distinguer l’objet matériel de la création et de la mise en forme de cette création (ex :
distinguer le cd, le format téléchargeable d’un musique et l’œuvre musicale en elle-même).

Les droits de propriété intellectuelle portent sur les œuvres intellectuelles et non sur les supports.

On se retrouve aussi ici au niveau de la Convention EDH. Les droits d’auteur sont aussi considérés
comme un droit bénéficiant d’une protection au titre des droits de l’homme.

L’UE intervient aussi beaucoup car les droits d’auteur et les droits de propriété intellectuelle sont
inscrits dans la charte des droits fondamentaux de l’UE (article 17 qui prévoit ce droit). En Belgique,

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toutes les dispositions européennes qui auraient été prises, se trouvent dans le Code de droit
économique (dans le livre 11).

Au niveau de la propriété intellectuelle et de tout ce qui concerne les œuvres immatérielles, il y a


deux distinctions :

1) Tout ce qui constitue la propriété industrielle (brevets, droit des marques, droits des
dessins et modèles, noms de domaines (site, mail), les appellations d’origine protégée). Il y
a un caractère industriel qui est l’essence même de l’existence de la protection de ces droits.
Tout ce qui relève du droit de propriété intellectuelle nécessite un dépôt, pour être protégé
il faut entreprendre une démarche et faire un dépôt auprès d’organismes certifiés qui
donnent cette protection.
2) La propriété artistique et littéraire : droits d’auteur, droits voisins, sui generis (droit protège
les bases de données). Pour ces trois types de droits, il n’y a pas de dépôt nécessaire. Dès
que l’œuvre est créée, elle bénéficie automatiquement d’une création sans que l’on doive
montrer qu’on a procédé à un dépôt et qu’on a fait enregistrer notre œuvre. C’est le simple
fait de la création et de la mise à disposition du public qui crée le droit.

Les droits dans la propriété artistique et littéraire :

Les droits voisins : tout ce qui protège les contributions artistiques ou financières investies dans une
œuvre.

Si on prend un film, le chorégraphe il crée une chorégraphie sur une musique, il lui donne de
l’originalité, son empreinte, et il bénéficie du droit d’auteur. Qui va mettre en scène et en œuvre
cette chorégraphie ? Ce sont les danseurs et eux bénéficient aussi d’une protection, celle du droit
voisin. Dans les films, les producteurs et la société de production en bénéficient aussi.

Conformément à la loi, donc ici au Code de droit économique et également à la directive générale sur
le droit d’auteur au niveau de l’UE, les organismes de radiodiffusion et de télédiffusion bénéficient
également de droits voisins. Lorsqu’ils créent une émission, ils vont utiliser différentes œuvres qui
seront déjà protégées éventuellement par le droit d'auteur mais la manière par exemple dans une
émission de radio de faire intervenir l'animateur puis de passer une chanson puis d'inviter quelqu'un
pour avoir son point de vue, tout ça va pouvoir également être protégé par le droit d'auteur et ici
lorsque sont les organismes de radiotélédiffusion qui mettent ça en œuvre, ils ont une protection
également mais moindre que celle du droit d'auteur, celle du droit voisin.

Depuis 2019, la directive de l’UE sur le droit d’auteur par le biais de l’article 17, les éditeurs de presse
bénéficient aussi d’un droit voisin.

L’autre droit, au niveau de la création littéraire et artistique, c’est le droit sui generis qui protège les
bases de données. Dans les conditions qui sont établies par la loi :

1) La base de données doit être une collection, un recueil de différents éléments individuels
qui sont tous indépendants entre eux mais qu’on ordonne de manière méthodique en lui
donnant une organisation propre.
2) Autre condition pour bénéficier de ce droit : la création de cette base de données a nécessité
un investissement substantiel (temps, argent).
3) Et comme dans chacun de ces droits de propriété intellectuelle, il faut un élément
d’originalité !

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Les droits de la propriété industrielle :

Droit des brevets : le but est de protéger les inventions. Une invention selon la loi : une solution
technique à un problème technique. Il faut également une application qui soit utile. Par ex : trouver
une matière caoutchouteuse mais on a pas trouvé qu’avec on peut faire des pneus, on a pas
l’application utile à l’industrie qui permet de déposer le brevet. Il faut que ça ait une application il
faut qu'il y ait une adaptation technique qui va vous permettre de protéger votre invention par le
biais des brevets. Dans la loi, il y a également une exclusion de différentes prestations intellectuelles
qui ne peuvent pas être considérées comme des brevets, par exemple les découvertes scientifiques,
les programmes d’ordinateur et tout ce qui relève de la présentation d’informations. Celui qui trouve
l’application, dépose le brevet.

L’autre droit de propriété industrielle ce sont les dessins et modèles : voiture, secteur de la mode
(sac, habits). Protéger la création artistique. Le logo : pas protégé en tant que dessin et modèle car il
n’y pas d’application technique liée à un objet mais par le droit des marques (Logo BMW protégé en
tant que marque). Quel est le but d'avoir une protection en tant que marque ? C'est la capacité que
va avoir la marque à distinguer pour le consommateur vos produits et vos services.

Les conditions pour enregistrer une marque : marque licite (légale) et disponible.

1) Licite : doit respecter les droits d'autres et donc par exemple si vous créez un sorbet
champagne, « champagne » va poser un problème parce que c'est une appellation d'origine
protégée et le champagne doit désigner la boisson et si en plus dans votre composition de
votre sorbet champagne c'est de la poire et du cava vous ne pourrez pas enregistrer ça en
tant que marque parce que ce ne sera pas licite.
2) Disponible : il faut être le premier à pouvoir utiliser la marque. Disponibilité liée aux types
d’activités que couvre la marque.
3) Faculté de distinction : pouvoir distinguer produits et services. Éviter que ne soit protégées
des éléments du langage communs. Il faut un caractère distinctif.

Nom de domaine :

Le premier arrivé, le premier servi. On choisit l’extension qui aura du sens ou non pour l’activité.
Nom de domaine : il peut y avoir des conflits (eurodns.com pour voir ce qui est disponible ->
exemple : google.flight).

Autre protection qui existe : protection par la dénomination sociale : nom qu’on donne à la société.
Les dénominations sociales, on peut les trouver à la BCE (banque carrefour des entreprises). Pour les
marques, l’OBPI.

On fait quoi quand il y a un conflit, si ma mise en demeure fonctionne pas, il faut aller devant les
tribunaux. On va se retrouver devant le tribunal de l’entreprise – relié aux contrefaçons – il y a deux
types d’action :

1) Action en cessation (faire cesser la pratique).

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2) Action au fond – juge détermine le préjudice que la société a subi du fait de la contrefaçon et
donne un montant pour les dommages et intérêts. Souvent assorti d’une publication
judiciaire.

« Une saisie description » : un expert vient avec huissier et bloque l’ensemble de la marchandise et
l’expert examine le tout, la compta etc. Il va remettre un rapport au juge et sur base de ce rapport,
des arguments du contrefacteur et de bmw, il prend sa décision pour si oui ou non il y a contrefaçon.
A l’issue du litige, le sort de ces marchandises va devoir être réglé. Société doit tout détruire à ses
frais s’il y a contrefaçon.

Autre type d’attitude : le parasitisme. Créer volontairement la confusion pour faire penser à une
autre marque et tirer les profits de l’autre marque et récupérer ses efforts pour vendre votre propre
produit.

Droit d’auteur :

Principale différence avec les droits de propriété industrielle : il ne faut pas de dépôt.

Le but du droit d'auteur c'est bien de permettre à l'auteur de récolter les fruits, la paternité, lui
attribuer sa création, que tout cela lui revienne. Et c'est créé justement en raison du caractère
immatériel des œuvres que les auteurs créent. On est ici dans la propriété artistique et littéraire
mais il faut entendre « artistique et littéraire » de manière très large parce que même les marques
les dessins et modèles peuvent parfois aussi être protégés par le droit d'auteur à partir du moment
où les conditions sont respectées.

Le grand principe en matière de droit d'auteur c'est que pour pouvoir utiliser une œuvre protégée, il
faut avoir systématiquement l'autorisation préalable de l'auteur.

Qu’est-ce qui est une œuvre protégée, protégeable, par le droit d'auteur ? On dit généralement qu’il
faut qu'il y ait une mise en forme de l'œuvre pour que cette œuvre puisse être communiquée au
public. Idée géniale pour un livre mais pas écrite -> pas protégée par le droit d’auteur, l’idée ne
compte pas.

La deuxième condition c'est l'originalité. C'est là que ça devient le flou le plus total, la Cour de
cassation nous a donné une définition de ce qu'est l'originalité ; c'est le fait que l'œuvre doit porter
l'empreinte personnelle de l'auteur. « Il faut pouvoir déceler dans l'œuvre, les choix qui auront été
opérés par l'auteur ».

11) Donc 2 conditions essentielles : la mise en forme pour être communiquée au public et
l’originalité. Retenir la définition de la Cour de cassation.

Exercice d’application : Christo emballe le Pont Neuf à Paris.

Les méthodes et les règles de jeux sont des idées -> pas protégées par le droit d’auteur.

La course d’un cheval : filmer un cheval dans les rues de Paris : pas d’originalité car c’est le cheval qui
donne l’originalité et pas la personne qui filme, n’y a pas mis son empreinte, pas de commentaire,
pas de contenu.

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Dans le droit d’auteur, il y a encore différents droits :

1) Ce qui relève du droit moral (ce qui touche au respect de l'œuvre, au respect de l'auteur, le
but que l'auteur a voulu donner à son œuvre qui doit être respecté).
2) Ce qui relève du droit patrimonial (c'est là où on va pouvoir négocier, obtenir une
rémunération).

Dans le droit moral :

1) Le droit à la paternité : noter quel est l'auteur, ou prendre le choix de ne pas apparaître
comme auteur.
2) Le droit à l’intégrité : c'est le droit d'exiger que il y ait un certain respect de votre œuvre
donc on va pas pouvoir l'utiliser pour tout et pour n'importe quoi. Les cas les plus fréquents
ce sont des changements de contexte radicaux d’une œuvre.
3) Le droit de divulgation : c'est l’auteur qui décide si c'est communiqué au public.

Dans le droit patrimonial (toutes les utilisations qu’un tiers va pouvoir faire de l'œuvre et qu'il va
devoir rémunérer) :

1) Le droit de reproduction : c'est le fait de reproduire l'œuvre, le fait de publier en plein


d'exemplaires un roman. Il faut pour cela avoir les droits de reproduction.
2) Le droit de communication : l’auteur décide sur quel territoire, auprès de qui votre œuvre
va être diffusée.
3) Le droit d’adaptation : c’est quand le roman devient un film. Toutes les manières d’adapter
une œuvre pour en faire autre chose.
4) Le droit de traduction 
5) Le droit de synchronisation : le fait d'utiliser une musique dans un spectacle, dans un film, il
faut demander les droits de l'auteur au préalable pour pouvoir utiliser ses œuvres qu’on
intègre dans une autre œuvre.

La distinction entre droit moral et droit patrimonial est importante parce que l'auteur ne va jamais
pouvoir céder ses droits moraux on dit que les droits moraux sont incessibles. Pour ce qui concerne
les droits patrimoniaux, comme on est dans un aspect beaucoup plus pécuniaire, l'auteur va pouvoir
céder ses droits patrimoniaux à un tiers, par exemple la maison d'édition. L'auteur va souvent céder
ses droits à la maison d'édition et c'est la maison d'édition par exemple qui va se charger de faire
traduire l'œuvre dans les différentes langues ou elle va pouvoir être diffusée. Il y a des contrats de
cession de droit.

La durée du droit d'auteur c’est septante ans à partir de la mort de l'auteur. Ça veut dire une fois
qu'on est septante ans après la mort de l'auteur, l'œuvre entre dans le domaine public et donc tout
le monde peut l'utiliser, la reproduire et la traduire sans avoir à demander aucune autorisation.
Polémique quand Mein Kampf est tombé dans le domaine public.

Les exceptions :

Une exception c'est un champ qu'on va restreindre par rapport au principe général qui est le principe
du droit d'auteur et le principe du droit d'auteur c'est que, pour utiliser une œuvre d'un auteur il faut

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son autorisation préalable, et donc les exceptions ce sont des cas qui sont délimités précisément par
la loi et pour lesquels il ne faudra pas solliciter cette autorisation préalable. On va pouvoir utiliser
l'œuvre de l'auteur dans des conditions bien spécifiques et ces exceptions, comme elles dérogent au
principe général, elles doivent s'interpréter de manière stricte. Avoir un cadre strict d'interprétation
ça veut dire qu’il va falloir examiner concrètement si on est dans le les conditions qui sont fixées par
la loi.

Les conditions : elles émanent de la directive de l’UE sur le droit d’auteur, elles sont intégrées en
droit belge dans le code de droit économique, dans le livre 11 relatif à la propriété intellectuelle. Elles
existaient déjà préalablement par le biais d'une loi fédérale et l'Union européenne est venue
harmoniser l'ensemble des exceptions pour les intégrer dans le droit belge.

L’exception principale c’est l’exception de citation. Et cette citation a des conditions très strictes qui
sont fixées par la loi, elle doit avoir un but bien précis et c'est uniquement un but de critique de
polémique ou de revue (revue de presse).

a. Le droit de citation

Les citations, tirées d'une œuvre licitement publiée, effectuées dans un but de critique, de
polémique, ou de revue, conformément aux usages honnêtes de la profession et dans la mesure
justifiée par le but poursuivi, ne portent pas atteinte au droit d'auteur Les citations visées à l'alinéa
précédent devront faire mention de la source et du nom de l'auteur, à moins que cela ne s'avère
impossible.

L’exception de citation s’applique à tous les types d’œuvres et permet de reprendre des extraits
d’une œuvre existante, voire l’intégralité de certains types d’œuvres, afin d’illustrer un argument par
l’utilisation faite de cette œuvre.

Il faut à chaque fois que l'emprunt que vous allez faire, que la citation que vous allez faire, ait un
caractère accessoire par rapport à votre propre œuvre.

Bien qu’une citation de l’intégralité d’une œuvre soit permise, il faut néanmoins justifier l’utilisation
de l’œuvre dans son entièreté. Si cela semble évident pour les photographies, peintures ou encore
pour les sculptures, cela l’est beaucoup moins en revanche pour les œuvres musicales ou
audiovisuelles. Dans ces derniers cas, pour analyser s’il y a effectivement citation, la jurisprudence va
analyser la cohérence du texte intégrant la citation par rapport au texte sans la citation . Le second
devant conserver cohérence et utilité sans les extraits cités.

Ainsi, l’exception de citation a été admise pour la reproduction intégrale, dans un périodique, d’un
éditorial antérieurement publié dans un autre périodique, mais avec un chapeau introductif
indiquant clairement que cet éditorial avait déjà fait l’objet d’une publication et qu’il était reproduit
pour que les lecteurs puissent compléter leur information sur le débat développé dans le second
périodique.

Il faut également que l'usage soit fait de manière conforme à ce qu'on appelle les usages honnêtes.
Les usages honnêtes c'est ce qui permet à un secteur d'activité déterminé, donc soit la publicité,
l'audiovisuel, la presse écrite, le travail de journaliste, de voir ce qui se fait habituellement, ce qui est
accepté habituellement et de pas se situer en dehors de ça.

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Ont par contre été jugées excédant l’exception de courte citation en radio un extrait de 30 secondes
d’une chanson de trois minutes et en télévision un extrait d’une durée de 17 minutes dans une
émission de 58 minutes. A l’inverse du droit américain, le droit belge ne connaît pas la notion d’usage
loyal (fair use) d’une œuvre protégée, qui ne porterait pas atteinte aux droits d’auteur, comme
exception généralisée à ce droit. Même si, pour certaines exceptions (voir l’exception dite de
panorama), cette notion d’usage loyal n’est pas totalement absente.

La personne qui est normalement prudente et diligente, lorsqu'elle va faire une citation, elle va agir
dans un certain sens et on peut dégager des standards par profession de ce qui se fait en matière de
citation et donc ça permet d'éviter tous les dérivés et tous les usages qui sont disproportionnés.

Il faut également utiliser la citation dans la mesure justifiée par le but poursuivi donc dans le cadre
d’un travail, si on cite 3 pages d'un ouvrage alors qu’il n'y a qu’un paragraphe qui est en lien avec ce
qu’on analyse, on cite de manière démesurée, de manière disproportionnée et donc on sort du cadre
de l'exception de la citation. Et lorsqu’on cite, on a l'obligation à chaque fois de mentionner le nom
de l'auteur et la source.

b. Le compte rendu d’événements d’actualité

Article XI.190, 1° CDE

Lorsque l'œuvre a été licitement divulguée, l'auteur ne peut interdire : la reproduction et la


communication au public, dans un but d'information, de courts fragments d'œuvres ou d'œuvres
d'art plastique ou graphique dans leur intégralité à l'occasion de comptes rendus d'événements de
l'actualité. La reproduction et la communication au public de l'œuvre à l'occasion de comptes rendus
d'événements de l'actualité conformément à l'alinéa précédent, doivent être justifiées par le but
d'information poursuivi, et la source, y compris le nom de l'auteur, doit être mentionnée, à moins
que cela ne s'avère impossible. -> si on est dans cette exception de compte-rendu d'actualité on ne
doit pas demander l'autorisation préalable, on peut utiliser l'œuvre tel quelle.

Cette exception, comme toutes les exceptions, doit s’interpréter strictement et ne vaut que pour
permettre aux médias d’accomplir leur mission d’information sans être stoppés par la nécessité de
solliciter l’autorisation préalable des auteurs avant de publier ou de diffuser leur production
journalistique.

Il faut donc que l’emprunt soit justifié par la nécessité de délivrer une information rapide. Condition
que ne réunira généralement pas le document d’archive ou même le documentaire, par exemple.

À nouveau, comme pour l’exception de citation, l’emprunt d’une œuvre protégée par le droit
d’auteur ne peut se faire qu’à titre accessoire. Il ne peut être l’objet principal du contenu
audiovisuel, sauf si c’est l’œuvre elle-même qui fait l’objet de l’actualité. Il peut s’agir par exemple
d’une sculpture qui aurait été vandalisée et où les nécessités de l’actualité imposent de reproduire
l’œuvre telle qu’elle était avant l’acte de vandalisme et après. Par contre, reproduire l’œuvre en
hommage au créateur et en soutien à ce dernier – même suite aux actes de vandalisme subis – dans
un documentaire ne réunirait pas la condition du compte-rendu d’actualité.

c. La reproduction d’une œuvre accessible au public

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Lorsque l’œuvre a été licitement divulguée, l’auteur ne peut interdire : la reproduction et la


communication au public de l'œuvre exposée dans un lieu accessible au public, lorsque le but de la
reproduction ou de la communication au public n'est pas l'œuvre elle-même.

Cette exception vise les œuvres situées dans l’espace public qui se retrouveraient filmées dans un
plan ou une séquence sans que l’œuvre ne soit le sujet abordé par le contenu audiovisuel. La
reproduction de l’œuvre doit nécessairement être accessoire par rapport au sujet traité.

Cette exception vise tous les types d’œuvres qui seraient intégrés. Exemple du monument aquatique
Wibin.

Retenons que l’œuvre peut être reproduite « à condition qu’il s’agisse d’une reproduction fortuite,
ce qui ne veut pas dire involontaire, mais bien accessoire, passagère, ne portant pas sur l’œuvre elle-
même ».

Exemple : L’affaire Sabam contre Télé-Bruxelles (sculpture de Mme Haar)

Le générique de l’émission Côté Cour de Télé-Bruxelles était composé d’une séquence circulaire de
type « kaléidoscopique » de la cour intérieure de l’immeuble – accessible au public – où Télé-
Bruxelles avait son siège. Or, sur un des murs de cette cour, était apposé une sculpture de Mme
Haar, réalisée pour Télé-Bruxelles. La Sabam estimait qu’il s’agissait d’une reproduction illicite de
l’œuvre, d’autant plus que le générique se terminait par un plan fixe de 3 secondes montrant l’œuvre
dans sa quasi-totalité.

La cour d’appel va analyser en détail le générique. Elle relève les éléments suivants :

- La brièveté du générique (vingt secondes) et la fugacité des images représentant l’œuvre


litigieuse sont telles que, même pour le profane attentif, ces images ne permettent pas de
discerner l’œuvre litigieuse lors d’une première vision ;
- La sculpture litigieuse ne peut donc être considérée comme constituant un élément central
de la séquence ni comme un point de reconnaissance de l’émission ;
- Le réalisateur du générique a reproduit l’œuvre comme un des éléments accessoires de la
cour visant à donner au téléspectateur une vision kaléidoscopique du cadre dans lequel se
situe l’émission qu’il va voir ou qu’il vient de voir.

La cour d’appel conclut que la reproduction et la communication de l’œuvre litigieuse s’inscrivent


dans la réalisation et la diffusion de séquences qui n’ont pas pour objet l’œuvre elle-même. En
conséquence, la diffusion du générique ne nécessitait pas l’autorisation préalable de l’auteur.

d. L’exception de panorama (exception de selfies)

Une autre exception qui a été intégrée par l'union européenne, par la directive, c'est ce qu'on appelle
l'exception de panorama, c'est ce qui vient régulariser tous les problèmes qui existent maintenant
avec le selfie.

Lorsque l’œuvre a été licitement divulguée, l’auteur ne peut interdire : la reproduction et la


communication au public d'œuvres d'art plastique, graphique ou architectural destinées à être
placées de façon permanente dans des lieux publics, pour autant qu'il s'agisse de la reproduction ou
de la communication de l'œuvre telle qu'elle s'y trouve et que cette reproduction ou communication
ne porte pas atteinte à l'exploitation normale de l'œuvre ni ne cause un préjudice injustifié aux
intérêts légitimes de l'auteur.

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Cette exception a été insérée en 2016 dans l’arsenal législatif belge pour permettre la prise de
photos et de vidéos, face à des monuments situés sur la voie publique qui sont des œuvres
protégées par le droit d’auteur, et de publier ensuite ces photos et vidéos de manière publique
(photo devant l’Atomium, il ne faut pas demander l’autorisation à l’auteur).

Les conditions imposées par le texte de l’article XI.190, 2/1° CDE visent, quant à elles, à assurer
l’équilibre entre les ayant droits des œuvres et le principe de la liberté des individus de prendre des
images dans l’espace public.

Il est enseigné que cette exception ne peut profiter qu’aux exploitations non commerciales.
L’exception ne limite pas expressément le bénéfice de la liberté de panorama aux seules personnes
physiques ni aux seuls usages non commerciaux, néanmoins le test des trois étapes imposées par
l’exception nécessite une extrême prudence lorsqu’une utilisation commerciale intègre un tel «
panorama ».

Le test des trois étapes est déterminé par un raisonnement correspondant aux trois conditions de la
disposition. L’exception doit être prévue dans certains cas spéciaux (1re étape) ; il faut que l'œuvre
soit exposée de manière permanente au public donc elle est dans l'espace public et elle est là sans
bouger. On ne peut pas apporter de modifications à l’œuvre ; elle ne peut porter atteinte à
l’exploitation normale de l’œuvre (2e étape) ; elle ne peut causer un préjudice injustifié aux intérêts
légitimes du titulaire des droits (3e étape).

Ces deux dernières exceptions visent à écarter tout ce qui est exploitation commerciale.

Rares seront donc les cas où l’exception sera admise pour des utilisations autres que les selfies
devant des œuvres protégées de l’espace public postés sur les réseaux sociaux. Par ailleurs,
l’exception de panorama a un champ d’application réduit. Elle ne peut être invoquée ni pour les
œuvres musicales, ni pour les œuvres audiovisuelles, ni pour des œuvres situées à l’intérieur des
bâtiments.

Exemples :

L’exception ne pourrait être invoquée pour des images intégrant la statue du Manneken Pis revêtu
de l’un de ses costumes dès lors que les costumes du Manneken Pis – dont certains peuvent
certainement être considérés comme originaux au sens du droit d’auteur – ne sont pas des œuvres
placées de façon permanente dans un lieu public. Elle ne pourrait pas non plus être invoquée pour un
contenu audiovisuel intégrant le spectacle de son et lumière de la Grand Place de Bruxelles à Noël,
dès lors que l’exception ne vaut pas pour les œuvres audiovisuelles.

e. La caricature, la parodie et le pastiche

Définition autonome : même s'il existe d'autres définitions ou d'autres manières d'appliquer
l'exception de parodie dans différents pays c'est la définition donnée par l'union européenne qui doit
prévaloir.

Lorsque l’œuvre a été licitement divulguée, l’auteur ne peut interdire : 10° la caricature, la parodie
ou la pastiche, compte tenu des usages honnêtes.

Le Code de droit économique ne donne aucune définition de ces trois exceptions mais il ressort de la
jurisprudence que les trois notions visent une seule réalité : « sous couvert de trois mots différents,
[…], le législateur belge vise une même réalité, à savoir une reproduction par emprunt formel à une

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œuvre, dans le but d’amuser et sans prêter à confusion avec celle-ci ». Les conditions de ces
exceptions ont des contours flous et diffèrent selon les auteurs de doctrine et selon la jurisprudence
étudiée.

Pour la parodie on peut évoquer une œuvre tout en présentant des différences perceptibles, ça c'est
pour que l'on sache que l’on est dans le registre de la caricature et de la parodie ou du pastiche que
donc il n’y a pas de confusion possible, on ne pense pas que c'est tel auteur qui a de nouveau créé
une nouvelle œuvre. C'est la nécessité de présenter des différences qui sont perceptibles pour le
public.

Généralement, les conditions suivantes sont exigées :

- La parodie doit elle-même être originale ;


- La parodie doit avoir un but de raillerie, un ton humoristique ;
- La parodie ne peut emprunter que les caractéristiques nécessaires de l’œuvre parodiée ;
- La parodie ne peut pas entraîner de confusion avec l’œuvre parodiée ;
- La parodie doit respecter les usages honnêtes.

Exemple : L’affaire Fondation Maurice Carême c. RTBF


Au cours d’une émission radiophonique du jeu des dictionnaires sur la RTBF, un animateur avait tourné en
dérision (raillé) le poète Maurice Carême, associant le poète et son œuvre à des « abus contre les enfants » et
lisant sur un ton niais et humoristique, dans son intégralité, le poème de l’auteur intitulé « Mon cœur ». Venant
aux droits de Maurice Carême, la Fondation Maurice Carême a attaqué la RTBF en justice demandant
réparation de son préjudice, notamment pour l’atteinte aux droits d’auteur. Elle invoquait une atteinte à son
droit moral dès lors « que le sketch litigieux porte atteinte à l’intégrité et à l’esprit de cette œuvre en raison du
contexte dans lequel elle a été reproduite, en associant le poème litigieux à la pornographie, à des abus sur des
enfants et aux affaires de pédophilie dont a eu à connaître la Belgique ».

La cour d’appel de Bruxelles a estimé, dans son arrêt du 29 juillet 2010, que la reprise, même intégrale, du
poème de Maurice Carême ne violait pas les droits d’auteur de ses ayant-droits. Pour la cour, le billet de
l’humoriste constitue une œuvre originale en ce qu’elle comporte son empreinte personnelle. Elle reconnaît
également l’existence d’un regard critique sur l’œuvre parodiée via l’expression de propos absurdes et le ton
utilisé pour déclamer le poème. Ce ton participait, toujours selon la cour, à la réappropriation de l’œuvre dans
le but de la railler sur un ton humoristique. Et compte tenu des éléments de contexte retenus par la cour, il ne
pouvait y avoir de risque de confusion et l’emprunt, même s’il s’agissait du poème entier mais qui par nature
est bref, ne dépassait pas ce qui était nécessaire à l’humoriste pour atteindre son but.

Depuis un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 3 septembre 2014, la notion
de parodie doit s’interpréter selon la définition autonome du droit de l’Union européenne.

Cette définition fait appel au sens courant du mot parodie qui a pour caractéristiques essentielles :

- D’évoquer une œuvre existante, tout en présentant des différences perceptibles par rapport
à celle-ci ;
- De constituer une manifestation d’humour ou une raillerie.

La condition d’originalité en soi de la parodie n’est en conséquence plus requise.

Par ailleurs, après avoir rappelé l’objectif qui sous-tend l’exception de parodie, la CJUE précise que «
l’équilibre entre la liberté d’expression et les intérêts des auteurs doit être établi, compte tenu des
circonstances concrètes de l’affaire ».

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Les conflits entre droit d’auteur et liberté d’expression :

Deux écoles doctrinales s’opposent dans l’application concurrente de la liberté d’expression, d’une
part et de la protection des droits d’auteurs, d’autre part.

Si on prend comme point de départ le droit conventionnel des droits de l’homme, la liberté
d’expression est le principe qui peut être soumis à des « formalités, conditions, restrictions ou
sanctions » pour autant que celles-ci répondent aux conditions fixées au paragraphe 2 de l’article 10.
Dans cette approche, les droits d’auteurs apparaissent comme pouvant le cas échéant constituer une
exception à la liberté d’expression.

A l’inverse, si on prend comme point de départ le droit de l’Union européenne et la directive


2001/29/CE sur l'harmonisation de certains aspects du droit d'auteur et des droits voisins dans la
société de l'information, le respect des droits d’auteur est le principe qui est soumis à une série
d’exceptions limitativement énumérées par la directive, dont certaines sont inspirée par la liberté
d’expression. Celle-ci ne serait dès lors qu’une exception aux droits d’auteur.

a. Au regard de l’article 10 de la Convention européenne

Dans son arrêt Ashby Donald et autres c. France, du 10 janvier 2013, la Cour européenne a
expressément admis qu’une condamnation fondée sur la législation relative au droit d’auteur pour
avoir illégalement reproduit ou communiqué publiquement un contenu protégé par le droit d’auteur
peut être considérée comme une ingérence dans l’exercice du droit à la liberté d’expression et
d’information consacré par l’article 10 de la Convention européenne.

Lorsque la liberté d’expression entre en conflit avec le droit d’auteur, les deux premières conditions
exigées par l’article 10.2 de la Convention européenne seront remplies :

- La loi permettant l’ingérence sera celle relative au droit d’auteur (CDE) le cas échéant
invoqué conjointement avec l’article 1382 du Code civil (qui impose à une partie
d’indemniser un dommage résultant d’une faute extracontractuelle en lien causal avec ledit
dommage).
- Le but légitime visé sera la « protection des droits d’autrui » (but repris au §2 de l’article 10).

Reste par contre posée la question de la nécessité dans une société démocratique de prononcer une
ingérence et la proportionnalité de la mesure d’ingérence avec l’atteinte alléguée aux droits
invoqués. Cette analyse impose à celui qui sollicite le prononcé d’une ingérence de démontrer le
besoin social impérieux que revêt cette mesure. Ce besoin devant être établi au-delà du seul intérêt
personnel du demandeur.

Il ne suffit donc pas d’invoquer un intérêt privé, fondé sur un « but légitime », pour justifier le
caractère nécessaire, au sens de l’article 10 de la Convention, de la mesure sollicitée. Il faut, au-delà
de l’intérêt personnel à obtenir la protection des droits légitimes invoqués (par exemple le respect du
droit d’auteur), que le demandeur prouve en quoi les sanctions sollicitées seraient, par ailleurs,
nécessaires au sens de l’article 10.2 de la Convention, c’est-à-dire en quoi elles répondraient à un
besoin social impérieux dans une société démocratique. Ceci en tenant compte du fait que la presse
bénéficie d’une protection accrue de son expression. Ce n’est donc que de manière très stricte
qu’une exception à la liberté d’expression peut être justifiée.

Exemple : L’affaire du faux Métro

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La société Mass Média Transit (MMT), éditrice du journal gratuit Métro, a attaqué en référé l’éditeur
responsable d’un faux journal Métro, distribué dans les gares et les stations de métro le 7 juin 2016,
par l’association citoyenne Tout autre chose, en vue de dénoncer la politique de mobilité du
gouvernement fédéral.

Le fondement légal invoqué reposait sur de l'article 1382 du Code civil et sur le droit d’auteur. Le but
poursuivi par MMT était légitime. Mais la partie adverse qui opposait à cette demande sa liberté
d’expression sur un sujet d’intérêt général, soulevait que la 124 mesure sollicitée n’était pas
nécessaire. Le juge des référés a rejeté la demande de MMT en admettant que la mesure sollicitée
n’était pas nécessaire dans une société démocratique.

Dans son appréciation de la nécessité de la mesure d’ingérence demandée, la Cour européenne


tiendra systématiquement compte du contexte des faits. Elle va généralement considérer qu’une
production audiovisuelle portant sur une question d’intérêt général va primer sur l’intérêt particulier
de la personne mise en cause à ce que ce sujet ne soit pas traité, diffusé ou encore rediffusé.

Tel ne sera par contre pas le cas lorsque l’expression revendiquée ne porte pas sur une question
d’intérêt général et/ou ne relève pas du droit de l’information.

Exemple : Affaire Ashby Donald et autres c. France

Les trois requérants dans cette affaire sont des photographes de mode, condamnés en France pour
violation du droit d'auteur de maisons de haute couture, après la publication de leurs photos sur le
site internet Viewfinder. Les photos avaient été prises lors de défilés de mode à Paris en 2003 et
publiées sans l'autorisation des maisons de couture. Les trois photographes de mode avaient été
condamnés par la cour d'appel de Paris, notamment à des dommages et intérêts à payer à la
Fédération française de couture et à cinq maisons de couture, pour un montant total de 255.000 €. la
Cour de cassation a rejeté l'argument des requérants fondé sur l'article 10 de la Convention. Elle a
estimé que la cour d’appel avait suffisamment motivé sa décision et que les requérants ne pouvaient
invoquer une exception au droit d'auteur français permettant la reproduction, la représentation ou la
communication publique d’œuvres dans un but exclusif d’information.

Les requérants ont soutenu devant la Cour européenne qu’il s’agissait là d’une violation de leurs
droits protégés par l’article 10 de la Convention européenne. Si la Cour reconnaît que la
condamnation des requérants et le versement de dommages et intérêts constituent une ingérence
dans leur droit à la liberté d'expression, qui comprend également la publication de photographies sur
internet, la Cour estime que les juridictions nationales doivent disposer d’une considérable marge
d’appréciation et que la publication des photos de modèles et de créations présentées lors d’un
défilé de mode à Paris ne relève pas d’une question d’intérêt général pour la société mais qu’elle
correspondait davantage à une « démarche commerciale ». Elle souligne que les États membres sont
en outre tenus d’assurer un équilibre entre les droits et les intérêts contradictoires, tels que le droit à
la liberté d’expression consacré par l’article 10 de la Convention et le droit de propriété, y compris la
propriété intellectuelle, tel que garanti par l’article 1 du premier Protocole additionnel à la
Convention.

La Cour européenne admet les conclusions des juridictions françaises, selon lesquelles les requérants
avaient reproduit et diffusé ces photographies sans l’autorisation des titulaires des droits d’auteurs,
portant ainsi atteinte au droit de la propriété intellectuelle d’autrui. Elle renvoie au raisonnement de
la cour d’appel de Paris et souligne qu’elle ne voit pas de raison de considérer « que le juge interne a
excédé sa marge d’appréciation en faisant par ces motifs prévaloir le droit au respect des biens des
créateurs de mode sur le droit à la liberté d’expression des requérants ». La Cour européenne conclut

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que les dommages et intérêts ne sont pas disproportionnées par rapport au but légitime poursuivi.
Dans ces circonstances et eu égard à la marge d’appréciation particulièrement importante dont
disposent les autorités nationales, la Cour conclut à l'unanimité qu'il n'y a pas eu violation de l'article
10 de la Convention.

b. Au regard du droit de l’Union européenne

Le 29 juillet 2019, la CJUE a prononcé trois arrêts arbitrant les conflits possibles entre droit d’auteur
et liberté d’expression.

Dans la première affaire Funke Medien, l’Allemagne invoquait le droit d’auteur pour s’opposer à la
publication en ligne par un journal, de rapports militaires confidentiels concernant l’activité de
l’armée allemande en Afghanistan. En défense, Funke Medien (propriétaire du journal et du site
web) invoquait les exceptions de citation et d’information à des fins d’actualité, outre sa liberté
d’expression.

La deuxième affaire Pelham, concerne l’intégration mais de manière répétée d’un extrait de deux
secondes d’une musique dans une autre musique (sample). L’ayant droit sur l’œuvre originale
invoquait la violation de son droit d’auteur. L’auteur de la nouvelle œuvre musicale invoquait son
droit de création (attribut de la liberté d’expression).

Dans la troisième affaire Spiegel Online, un homme politique allemand s’opposait à la publication sur
le site web du journal Spiegel, de deux versions d’un article écrit par l’homme politique de longues
années auparavant sur un sujet controversé. Articles avec lesquelles l’homme politique avait pris ses
distances. Il invoquait le respect de son droit d’auteur tandis que le journal invoquait sa liberté
d’expression, l’exception de citation et celle à fin d’information d’actualité.

Bien que portant sur des circonstances de fait apparemment très disparates, ces trois arrêts
répondent notamment à deux questions essentielles :

1) La liberté d’expression peut-elle justifier des exceptions ou des limitations au droit d’auteur
et aux droits voisins non légalement prévues ? 2)
2) Comment tenir compte des droits fondamentaux dans l’appréciation de la portée des
exceptions et limitations aux droits d’auteur ?

A la première question, la CJUE exclut que la liberté d’expression puisse justifier une exception
autonome au droit d’auteur qui n’est pas prévue légalement.

A la seconde question, la CJUE répond en substance qu’il importe d’interpréter les prérogatives
reconnues aux titulaires de droits et les exceptions à ces prérogatives à l’aune de leur finalité,
conformément aux droits fondamentaux protégés par la Charte et en assurant leur pleine effectivité,
autorisant ainsi une interprétation extensive des exceptions.

Ces deux réponses contredisent la jurisprudence de la Cour européenne qui impose de prendre pour
principe la liberté d’expression. En effet, selon la CJUE, le principe est le respect du droit d’auteur et
si le respect du droit d’auteur correspond par ailleurs à une ingérence dans la liberté d’expression du
contrefaisant, ce n’est qu’au regard des exceptions strictement limitées et énumérées que celle-ci
doit s’apprécier.

Ceci se justifierait, selon la CJUE, par le fait que l’exception de citation et l’exception à des fins
d’information et d’actualité « visent spécifiquement » à assurer le jeu de la liberté d’expression en
privilégiant, dans les situations où elles s’appliquent, l’intérêt des utilisateurs (et donc l’intérêt

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général) à celui des titulaires de droits (lequel est suffisamment préservé dès lors que la source doit
être identifiée et le nom mentionné). Il en va de même, précise-t-elle, de l’exception de parodie.

Ces deux positions contraires placent donc l’utilisateur d’œuvres protégés, à des fins de journalisme
notamment, dans une position inconfortable lui imposant de choisir entre la voie tracée par la CJUE
et celle de la CEDH. La prudence recommande forcément de vérifier systématiquement si l’utilisation
qui est faite entre dans une des exceptions strictement énumérées par le Code de droit économique
mais cette prudence implique le renoncement à revendiquer la primauté de la liberté d’expression.

Résumé : Il y a d'un côté la CJUE, cour de justice de l'Union européenne, qui dit « le principe c'est le
droit d'auteur, les exceptions elles englobent le droit à la liberté d'expression » et de l'autre côté, la
Cour européenne des droits de l'homme qui dit « non, le principe c'est la liberté d'expression et le
droit d'auteur peut venir servir d'exception pour restreindre le droit à la liberté d'expression ».

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