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Introduction
I- Définition
Pénal vient de peine, le droit pénal c’est le droit de la peine. C’est le droit de la sanction et
s’oppose au droit civil. Appliquer le droit pénal est punir les personnes qui n’ont pas respecté
les règles essentielles de la société. Chaque société, en effet, a des valeurs. Certaines d’entre
elles sont plus importantes que les autres et leur non respect doit être sanctionné. La plupart
des sociétés s’accordent pour dire que c’est la vie des hommes le plus important. D’ailleurs, le
code pénal dans son premier livre prévoit des sanctions pour les atteintes à la vie humaine. Le
plus souvent ces valeurs correspondent à des valeurs morales ou religieuses mais pas
nécessairement. En droit pénal des affaires, on a des comportements qui sont sanctionnés
alors qu’ils ne sont pas moralement choquants. Le droit pénal sert aussi à imposer des règles
techniques aux acteurs de la vie économique. Par exemple, si on ne fait pas certifier ses
comptes il y a une sanction pénale. Dans certains domaines, on a un fourmillement de
sanctions pénales parce qu’on veut obliger les chefs d’entreprises, en leur faisant peur, à
respecter la réglementation. En général, quand on crée de nouvelles obligations on met
beaucoup de sanctions pour obliger les chefs d’entreprises à les respecter quitte à ce que dans
un deuxième temps on les supprime une fois que les chefs d’entreprises les suivent.
Le droit pénal va évoluer dans le temps. D’abord les valeurs d’une société ne sont pas
toujours les mêmes. Par exemple, au 19ème siècle, on considérait que l’adultère portait atteinte
très gravement à nos valeurs. Le premier code pénal prévoyait des sanctions très lourdes.
Aujourd’hui, c’est banalisé, ce n’est plus aussi grave donc on a enlevé les sanctions du code
pénal c’est qu’on appelle la dépénalisation. Jusqu’en 1975, l’avortement était puni de peine de
prison. Depuis la loi Veil, il y a une dépénalisation partielle de l’avortement. Les valeurs
sociales ont évolués. Il y a le même phénomène pour la réglementation appliquée aux
entreprises. Aujourd’hui, en France, on a pris conscience qu’il existait un nombre trop
important de sanctions applicables aux chefs d’entreprises et que cela freinait l’activité
économique. Les entreprises étrangères sont démotivaient à venir s’installer en France.
Aujourd’hui, un groupe de chercheurs réfléchit à la dépénalisation de la vie des affaires. Le
phénomène est déjà enclenché. Par exemple, depuis les années 1990, il n’existe plus ou
presque plus de sanctions pénales pour les entreprises qui ne respectent pas les règles de
concurrences. On a remplacé les sanctions pénales par des sanctions administratives, on évite
le casier judiciaire tout en étant sanctionné par une administration : l’autorité de la
concurrence.
On dit souvent que le code pénal est le code des valeurs sociales. Dans le droit pénal, on ne
doit pas se contenter de savoir ce qui est sanctionné. Quand on fait du droit pénal, on doit
aussi connaitre la manière dont les règles sont mises en œuvre. Comment on déclenche le
procès verbal ? Selon quelle procédure ? Devant quelle juridiction ? Tout est décrit dans le
code de procédure pénal. Il existe aussi des règles en dehors de ce code. Certaines lois ou
ordonnances n’ont jamais été codifiées. On trouve aussi du droit pénal dans d’autres codes :
code de commerce (sanction du délit de banque route : faire faillite de sa faute), code de
l’environnement. De plus en plus on trouve des règles dans les textes internationaux même si
a priori ça peut paraitre bizarre. Le droit pénal français subit l’influence de l’union
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européenne où on s’intéresse de plus en plus au droit pénal, par exemple elle fait de la
protection de l’environnement sa priorité et elle impose aux Etats membres d’en sanctionner
lourdement les atteintes.
Finalement, le droit pénal est le droit qui prévoit les infractions aux valeurs de notre société
ainsi que les sanctions qui sont encourues pour ces infractions mais c’est le droit qui prévoit
aussi les règles du procès pénal lorsqu’il faut juger un délinquant.
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C’est un principe qui nous vient de la révolution, écrit dans l’article 8 de la déclaration des
droits de l’homme et du citoyen qui dit : « nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi qui a
préalablement prévue la sanction ». Cet article a été impulsé par les philosophes des
Lumières : Montesquieu, Rousseau, Beccaria (Traité des délits et des peines). Ils sont contre
l’arbitraire des juges de l’ancien régime, ils sont pour le fait que les infractions soient définies
à l’avance, pour eux le meilleur endroit pour les définir c’est la loi car c’est le texte qui émane
par le Parlement => Assemblée nationale => représentants élus par le peuple. Les juges n’ont
plus qu’à appliquer les lois. Pour Montesquieu, le juge pénal doit être la bouche de la loi.
C’est une garantie qui est toujours d’actualité et c’est une garantie constitutionnelle car il fait
partie d’un bloc de constitutionalité (bloc de textes qui sert de référence au conseil
constitutionnel quand il fait son contrôle). C’est une garantie qui s’applique au juge et au
législateur. Cette garantie de la déclaration des droits de l’homme s’appelle le principe de
légalité. De ce principe il en résulte plusieurs conséquences.
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Il s’agit d’un phénomène que n’avait pas prévu les révolutionnaires. Après la 2 nde Guerre
Mondiale, le droit international s’est développé et en particulier au sein de l’Europe. Dans
l’union européenne, on peut avoir des directives qui demandent aux Etats membres de
s’harmoniser dans la lutte contre certaines formes de criminalité. Exemple : sur la protection
de l’environnement en matière de pollution maritime notamment ; le blanchissement ; la
corruption. Il y a une influence de la cour constitutionnelle des droits de l’homme. A chaque
fois que la France est condamnée, elle modifie sa législation pour se mettre en conformité
immédiatement. C’est une arme redoutable pour les avocats.
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I- La qualité de la loi
Le principe de la légalité est un principe qui est intégré dans le bloc de constitutionnalité. Cela
signifie que le conseil constitutionnel peut se servir de ce principe, s'y référer pour contrôler la
constitutionnalité des lois. Le principe de légalité s'impose au législateur. Par ailleurs, sous
l'influence européenne, de la convention européenne des droits de l'homme notamment, la
signification du principe de la légalité a quelque peu évolué. Sous l'influence européenne, et
plus précisément sous l'influence anglo-saxonne, on en est venu à une autre signification du
principe de la légalité celle selon laquelle le droit pénal doit être clair et précis. Le conseil
constitutionnel a rendu à cet égard une décision importante les 19 et 20 janvier 1981 dans
laquelle il a dit que les textes d'incrimination devaient être suffisamment clairs et précis pour
que le justiciable puisse savoir à l'avance quelle sanction est encourue par lui. Dans cette
décision le conseil constitutionnel devait examiner une loi qu'il a finalement censurée, il
s'agissait d'une loi qui renforçait les sanctions pour les actes de terrorisme. Si jamais un texte
n'est pas suffisamment clair et précis et n'a pas été censuré par le conseil constitutionnel, le
juge pénal a encore la possibilité d'exercer un contrôle. Mais attention, ce contrôle il ne peut
pas le faire en référence à la Constitution le juge pénal à cause du principe de séparation des
pouvoirs. La seule solution est d'utiliser la convention européenne des droits de l'homme qui
est d'applicabilité directe et qui consacre, elle aussi, dans son article 7 le principe de la
légalité. Cela peut avoir pour seul effet d'écarter la loi.
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Si l'on voulait respecter le principe de la légalité à la lettre, on n'interdirait tout pouvoir d'interprétation
au juge pénal. Cependant, supprimer tout pouvoir d'interprétation au juge n'est pas possible car le juge
pénal ne peut pas refuser de juger au motif que la loi est incompréhensible et qu'il ne peut pas
l'interpréter. Le juge qui refuse de juger est coupable de dénis de justice. C'est pourquoi le code pénal
dans son article 111-4 accorde au juge un pouvoir limité d'interprétation : « l'interprétation doit être
stricte ». Cela signifie que le juge peut interpréter dans trois cas de figure :
La loi absurde, il existait par exemple un texte qui interdisait aux voyageurs de train de
descendre en dehors des gares et pendant que le train était à l'arrêt. Un jour un voyageur qui
descend avant l'arrêt complet du train et qui se fait verbaliser pose la question de
l'interprétation de ce texte. La cour de cassation vient dire que le texte est absurde et qu'il est
évident qu'il est interdit de descendre avant l'arrêt complet et non pas pendant l'arrêt complet.
Le texte désuet : le texte devient inadapté du fait d'une évolution technologique. La question
s'est posée à propos du vol d'électricité. L'électricité étant une énergie et le code pénal ne
prévoyant à l'origine que le vol d'une chose (sous-entendu corporel). Un jour, au début du
20ème siècle, une personne s'est branché sur le compteur de son voisin et est poursuivi pour
vol d'électricité. Les juges ont fait une interprétation large du texte pour l'adapter aux
évolutions technologiques. Attention tout de même, seule l'évolution technologique peut
justifier l'interprétation. En dehors de ce cas bien précis, le juge n'a pas le droit de raisonner
par analogie. On s'est posé la question de savoir si on pouvait utiliser l'incrimination de vol et
sa sanction pour punir les gens qui vont dans des superbes restaurants, qui se font servir et qui
à la fin disent qu'ils n'ont pas d'argent pour payer. Ou des gens qui se servent de l'essence mais
ne peuvent pas payer. Est-ce que c'est un vol ? Normalement, le vol c'est le fait de prendre
quelque chose à quelqu'un. Or, dans ces hypothèses, on n'a pas pris quelque chose à la victime,
c'est la victime qui a remis spontanément la nourriture ou le carburant. La cour de cassation a
dit qu'on ne peut pas appliquer l'incrimination de vol à ces cas particuliers parce que ça ne
répond pas à la définition du vol et le juge n'a pas le droit de juger par analogie. Du fait de
cette position des juges, le législateur a fait voter une loi qui sanctionne le délit de filouterie.
On a toutefois un cas qui n'a pas encore été prévu par le législateur : la cour d'appel de Rennes
dans une décision du 03 mai 2000 a été obligé de relaxé une personne qui avait utilisé le
téléphone de sa chambre d'hôtel sans avoir l'argent pour payer ses communications. Ce n'est
pas du vol ni de la filouterie.
Lorsque le texte est obscur. C'est le texte qui emploi des mots qu'on ne comprend pas ou
utilise un mot vague. Exemple : dans le code pénal à l'article 221-6 est incriminé le délit
d'homicide involontaire puni de 3 ans de prisons, 45 000 euros d'amende. Sauf que ce texte
contient un côté obscure parce qu'il dit « le fait de causer par maladresse, imprudence,
inattention, manquement de sécurité, la mort d'autrui », les juges se sont demandé qui est
autrui, si c'était forcément une personne vivante, à propos du fœtus. La cour de cassation dans
un arrêt de 2001 doit faire l'objet d'une interprétation stricte et qu'il doit donc s'entendre d'une
personne née vivante et viable. Pour faire une interprétation stricte, les juges doivent
rechercher qu'elle était l'intention du législateur soit à partir des travaux parlementaires ou
alors ils doivent essayer de comprendre la signification du mot obscure à partir de la structure
du texte ou de sa position dans un ensemble plus vaste. Par exemple : pour l'article 221-6, les
juges ont considérés que cet article appartient à un chapitre qui s'intitule « des atteintes à la vie
de la personne » qui appartient à un titre qui s'intitule « des atteintes à la vie de la personne
humaine ». Le mot « personne » ne doit pas être confondu avec le mot « être humain ».
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On peut répertorier :
le vol
escroquerie
abus de confiance
Il y a plusieurs sous catégories comme le droit du travail qui intéresse les infractions
commises par les employeurs ou par les salariés, le droit pénal des sociétés qui intéresse les
infractions commises par les associés, les sociétés ou les dirigeants de sociétés. Le droit pénal
économique concerne les infractions qu'on peut commettre dans ses relations avec la
concurrence ou avec les consommateurs. Le vol, l'escroquerie, l'abus de confiance, l'homicide
involontaire, la blessure involontaire et la mise en danger sont les qualifications
fondamentales et se trouvent dans le code pénal. Tout ce qui concerne le droit pénal du travail
se retrouve dans le code du travail, le droit pénal de société dans le code de commerce, etc...
Lorsqu'on fait du droit pénal des affaires on est obligé de s'éparpiller entre plusieurs codes.
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Le vol, l'escroquerie et l'abus de confiance sont très proches dans leur définition. D'ailleurs en
droit romain elles n'étaient pas distingués, le vol englobé les deux autres. La distinction des
trois infractions se fait en fonction du comportement de la victime.
Dans le vol, la victime est passive. L'article 311-1 donne la définition du vol dans laquelle on
comprend que le voleur doit soustraire une chose appartenant à autrui. Or soustraire à dit la
cour de cassation c'est prendre, enlever ou ravir.
Dans l'escroquerie (article 313-1), la victime a un rôle actif. Cette victime remet la chose à
l'escroc parce que l'escroc a provoqué cette remise soit en mentant sur son nom, sur sa qualité
ou alors en utilisant des manœuvres frauduleuses c'est à dire une sorte de mise en scène,
éventuellement avec la complicité d'un tiers, pour que la victime soit piégée.
Enfin, dans l'abus de confiance la victime a fait confiance, a pris l'initiative la première de
remettre une chose à quelqu'un qui a refusé ensuite de la lui rendre. Article 314-1 : cette chose
avait été remise par la victime et accepté par l'auteur de l'abus avec une mission de la rendre,
de la représenter ou d'en faire un usage déterminé.
Les sanctions ne sont pas les mêmes. Pour le vol on peut faire 3 ans de prison et avoir 45 000
euros d'amendes, pour l'escroquerie 5 ans de prisons 375 000 euros d'amende, pour l'abus de
confiance 3 ans de prison et 375 000 euros d'amende. Ces trois qualifications sont dites
alternatives : le juge ne peut pas pour un même fait juger de deux infractions ou trois en
même temps. Le juge doit en choisir une, celle qui correspond le mieux au fait qu'il a devant
lui. Cependant, ce n'est pas toujours très clair dans la jurisprudence. En effet, à propos du vol,
les juges ont développé, inventé, la notion de soustraction juridique. Cela s'oppose à la
soustraction matérielle. La soustraction juridique correspond à l'hypothèse où le voleur n'a pas
pris la chose elle-même mais il a pris sa détention ou sa possession. Cette évolution a permis
au juge de réprimer le vol d'usage. Cependant, en faisant cela, la jurisprudence a entraîner une
confusion entre le vol et l'abus de confiance d'une part et entre le vol et l'escroquerie d'autre
part. Les juridictions pénales sont d'autant plus enclines à retenir le vol que celui ci n'est pas
répréhensible si le salarié avait un motif légitime consistant à vouloir préparer sa défense dans
un futur litige prud'homale. On dit dans ce cas que le salarié bénéficie d'un fait justificatif
d'exercice des droits de la défense.
sanction est une peine d'amende d'un montant de 1 500 euros. On dit que ces infractions sont
des infractions de résultat.
Le délit de mise en danger prévu à l'article 223-1 du code pénal présente la particularité de ne
pas comporter de résultat. Ce qui est sanctionné ce n'est pas le résultat mais le risque de
résultat. Pour qu'il y a ait délit de mise en danger il faut avoir exposé une victime à un risque
de mort, de mutilation ou d'infirmité permanente par la violation délibérée d'une règle de
sécurité. La sanction est de 1 an de prison et 15 000 euros d'amende.
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Il s'agit d'un ensemble d'infractions qui se trouvent incriminées dans le code du travail.
L'essentiel de ces infractions concernent l'hygiène et la sécurité des salariés. Dans le code du
travail, une partie entière impose à l'employeur des règles de prévention dont le non respect et
sanctionné pénalement. Le plus souvent il s'agit de contraventions punissables de peines
d'amendes. Ces contraventions sont constatées par l'inspecteur du travail et elles sont
cumulables entre elles. Parfois ces infractions aux règles d'hygiène et de sécurité sont des
délits. Par exemple il existe le délit d'obstacle à la fonction de l'inspecteur du travail. A côté de
cela on trouve le harcèlement et le travail illégal.
Les inspecteurs de travail ont beaucoup de pouvoir. Ils peuvent se déplacer à n'importe quelle
heure. Leur meilleure arme est le fait de pouvoir constater dans un procès verbal qu'on a fait
obstacle à leur fonction puni d'un an de prison et de 3 500 euros d'amende. Les infractions que
l'inspecteur peut constater sont deux types : les infractions dans le cadre d'une relation
individuelle et les infractions dans le cadre de relations collectives.
C'est celle qui s'établit entre un employeur et un salarié. Pour que cette relation soit valable,
l'employeur a une obligation qui est prévue dans le code du travail et qui est très importante :
il faut faire une déclaration d'embauche. Si il ne fait pas alors il tombe dans le pénal, il
commet une infraction qui est un délit : le délit de travail dissimulé (amende + prison). On
appelle cela aussi le travail non déclaré. Parfois les employeurs, notamment dans le domaine
du BTP ou de la restauration, ont recours à de la main d'œuvre prêtée par quelqu'un d'autre, de
la main d'œuvre extérieure. Ils peuvent faire appel à des sous-traitants qu'on appelle
également une main d'œuvre extérieure. Mais il faut être vigilant car il risque le délit de
recours au travail dissimilé (prison + amende). Si on fait appel à un sous-traitant il faut
vérifier qu'il a lui-même déclaré ses salariés et qu'il est bien immatriculé au registre du
commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers si non on est en délit. Quand on est
employeur on doit aussi délivrer à son salarié des bulletins de paie. Si on ne le fait pas on est
sanctionné au pénal c'est aussi du délit de travail dissimulé. Pendant l'exécution du contrat de
travail, l'employeur à d'autres obligations : veiller à l'hygiène et à la sécurité de son salarié (il
doit y avoir des sanitaires avec un lavabo pour 10 salariés, l'employeur doit prévoir un local
spécial pour que la femme puisse allaiter son enfant, pour les travailleurs précaires ils ne
doivent pas réaliser un travail dangereux et il leur faut une formation renforcée à la sécurité
sinon l'employeur aura une amende de 3 750 euros par salarié, pour les jeunes travailleurs
entre 16 et 18 ans il ne faut pas les mettre sur des travaux dangereux...) l'employeur est
souvent obligé à déléguer ses pouvoirs c'est à dire transférer sa responsabilité sur les épaules
de quelqu'un d'autre. Celui qui a délégué, le déléguant, n'est plus responsable et celui qui a
reçu la délégation, le délégataire, récupère la responsabilité sur ses épaules. On donne
délégation de pouvoir à un cadre uniquement. Une circulaire dit que seul les cadres ou
éventuellement les agents de maitrise peuvent recevoir délégation de pouvoir parce que pour
pouvoir recevoir une délégation de pouvoir il faut remplir trois conditions : le délégataire doit
être compétent, il faut avoir de l'autorité, il faut que le délégataire ait les moyens d'exercer sa
mission (avoir la possibilité de commander du matériel de sécurité). Ces conditions sont
cumulatives. Dans certaines entreprises de taille très importante il existe un système du
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subdélégation : c'est une délégation en cascade c'est à dire qu'on a l'employeur qui donne une
première délégation à un cadre qui à son tour donne une subdélégation à un autre cadre. Mais
attention on ne peut descendre dans la hiérarchie que jusqu'à l'agent de maitrise. L'employeur
doit aussi faire attention à ce que ses salariés ne subissent pas, depuis 2002, de harcèlement
sexuel et/ou moral. En principe, harceler quelqu'un c'est avoir une attitude répétée et mal
intentionnée qui porte atteinte à la dignité de la personne. Mais le code du travail est très
favorable aux victimes, il n'exige pas la répétition des actes. Un seul acte peut suffire à
caractériser le harcèlement. Néanmoins, il faut tout de même que soit démontré une atteinte à
la dignité qui se traduit généralement par une dégradation des conditions de travail. Tout est
une question d'appréciation de faits, les juges doivent apprécier les faits selon les
circonstances et la preuve est libre, récemment, la jurisprudence accepte que le SMS soit
utilisé comme preuve. Le harcèlement est un délit (prison + amende dans le code du travail).
L'employeur n'est pas le seul auteur possible.
Les relations collectives sont les relations qui existent entre l'ensemble des salariés d'une part
et l'employeur d'autre part. Il arrive en effet que les salariés se regroupent contre l'employeur
pour avoir des revendications salariales et en cas de conflit se mettre en grève. Dans le cadre
d'une grève, des infractions peuvent être commise par les salariés mais aussi ou en même
temps par les employeurs. On n'a pas le droit de séquestrer quelqu'un, la séquestration est un
délit.
Infractions par les salariés :
séquestration arbitraire : amende + prison => délit
destruction, dégradation de biens appartenant à autrui : amende + prison => délit
violence volontaire : tout dépend du résultat. Si la personne a subit une ITT inférieure
ou égale à 8 jours c'est contravention, si la personne subit une ITT supérieure à 8 jours
c'est un délit. Les violences peuvent être physique (coût direct ou par l'intermédiaire
d'une chose) ou moral.
Cela reste relativement rare.
Ce qu'on reproche le plus souvent est d'avoir empêché les autres d'aller travailler. C'est
ce qu'on appelle le délit d'entrave au travail : prison + amende. Infraction prévue par le
code du travail.
Faire des menaces à condition qu'elle soit suffisamment grave et qu'elle soit répétée.
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Ce sont les sociétés qui font bien. C'est le code de commerce qui contient les infractions dans
les articles L 241-1 et suivants. Elles peuvent être commises par les associés d'une société.
Certaines infractions sont particulières à chaque catégorie de société.
Infractions propres à la SARL : le fait pour les associer de surévaluer la valeur de leurs
apports en nature : prison + amende. S'agissant des sociétés anonymes : pour le Président, les
administrateurs ou les directeurs généraux à se distribuer des dividendes fictifs : prison
(jusqu'à 5 ans) + amende (jusqu'à 375 000 euros). Il existe aussi des infractions qui sont
communes à la plupart des formes de sociétés comme par exemples le fait de ne pas réunir en
assemblée générale les associés, de ne pas faire certifier les comptes par un commissaire aux
comptes, mais surtout le délit d'abus de bien sociaux : prison (5 ans) + amende (375 000
euros) pour le fait d'avoir utiliser les biens ou le crédit d'une société pour un usage contraire à
l'intérêt de cette société et à des fins personnelles. Il en est de même pour utiliser des salariés
pour faire des travaux chez lui et celui qui en profite est coupable de recel de biens sociaux.
L'usage doit se faire dans l'intérêt personnel du dirigeant mais aussi dans un intérêt contraire à
la société. Une affaire célèbre à la fin des années 1990 qui concernait un détournement de
fonds a été considérée comme un abus de biens sociaux.
Une société en difficulté se trouve en cessation des paiements c'est à dire une société dont le
passif exigible est supérieur à l'actif disponible. Si la société est en liquidation on peut faire
appel à une personne qui liquide les derniers biens de la société. Si la société peut être sauvée,
on fait appel à un repreneur, la société se trouve en plan de cession, sinon on fait confiance à
l'entrepreneur en lui proposant un plan de redressement. Dans le cadre de ces différents plans
(liquidation, cession ou redressement) il est procédé à un examen approfondi des comptes de
la société. Dans le cadre de cet examen approfondi, on s'aperçoit parfois que le dirigeant de la
société a commis une faute à l'origine de sa situation soit parce qu'il a employé des moyens
ruineux pour retarder l'ouverture de la procédure soit qu'il a détourner ou dissimuler de l'actif
disponible soit qu'il a fait des erreurs dans sa comptabilité ou alors il l'a fait de façon
irrégulière ou incomplète, on appelle ça le délit de banqueroute (article L 654-2 du code de
commerce) le dirigeant risque 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende. A ces deux sanctions
peut aussi s'ajouter des peines complémentaires d'interdiction de diriger une entreprise pour
une durée temporaire ou indéterminée.
Lorsqu'un professionnel offre des biens ou des services à la vente ou à la location à des
consommateurs, il est soumis à une réglementation très précise sanctionnée pénalement. La
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On revient dans le code de commerce puisqu'on est dans le cadre de relation commerciale.
Les articles L 410-1 et suivants prévoient des interdictions et des sanctions en cas d'atteinte à
la liberté de la concurrence. Les infractions sont en général constatées par les agents de la
DGCCRF (direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des
fraudes). Ce qui est interdit et réprimé est le fait d'adopter des pratiques qui sont
anticoncurrentielles ou tout au moins restrictives de concurrence. Par exemple, est un délit le
fait de pratiquer des prix abusivement bas pour attirer le consommateur et ainsi éliminer d'un
marché une entreprise concurrente : 4 ans de prison 75 000 euros d'amende. De même, est
sanctionné également le fait de fusionner ou de se concentrer avec d'autres entreprises dans le
but d'exclure des concurrents et de les fragiliser au point qu'ils disparaissent du marché. De
même encore est sanctionné le fait de manquer de transparence sur les prix des produits ou sur
leur réduction ou sur les conditions de la vente dans le seul but de détourner un consommateur
du concurrent. Il faut quand même préciser que dans ce domaine les juridictions pénales
interviennent peu parce qu'il existe une autorité administrative indépendante (AAI) qui est
l'autorité de la concurrence et qui a le pouvoir de prononcer des sanctions administratives au
lieu et place des sanctions pénales.
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Ce sont les conditions décrites dans les textes (dans la loi pour un crime ou pour un délit, dans
un règlement pour les contraventions) pour constituer une infraction. Par exemple, si un juge
veut condamner une personne pour vol, il faut qu'il regarde dans le code pénal quelles sont les
conditions de la condamnation. Dans le code pénal, le juge tombera alors sur l'article 311-1
qui dispose que le vol est la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui. Si le juge a devant
lui une personne qui a ramassé un objet abandonné, est-ce qu'il peut condamner pour vol ? Si
quelqu'un a en sa possession un objet abandonné, il ne peut pas être condamné pour vol. La
cour de cassation a dit que la chose ne peut être qu'un meuble et non un immeuble. Pour
chacune des infractions, le juge doit aller rechercher le texte et regarder les conditions posées
pour condamner la personne. Quand les conditions sont réunies, ils vont constituer
l'infraction. Ces éléments constitutifs sont classés en deux catégories : l'élément matériel et
l'élément intellectuel ou moral.
L'élément matériel d’une infraction est l'ensemble des conditions qui indique au juge
comment le délinquant doit se comporter pour commettre l'infraction mais aussi quel résultat
il doit atteindre pour commettre cette infraction. Par exemple dans le vol, le comportement du
voleur est de soustraire. Le résultat obtenu par le voleur est « la chose d'autrui » c'est à dire
l'appauvrissement d'autrui.
I- Le comportement répréhensible
Tous les textes d'incrimination décrivent ce qu'une personne doit faire ou ne pas faire pour
commettre une infraction. Cette description peut être contenu dans un seul mot, par exemple
le mot soustraction pour le vol mais elle peut aussi être plus précise par exemple pour
l'escroquerie le comportement consiste à employer des moyens qui sont énumérés et décrit
dans l'article 313-1 du code pénal. Au minimum il y a un mot qui explique au juge ce
comportement. Si ce comportement n'était pas décrit, le texte serait contraire au principe de
légalité et serait censuré par le conseil constitutionnel. Le comportement peut être un acte
positif on dit alors qu'il s'agit d'une infraction de commission mais le comportement peut être
aussi une inaction, on dit alors qu'il s'agit d'une infraction d'omission (exemple : la non
assistance à une personne en danger alors que c'était sans risque est puni de 5 ans de prison et
de 75 000 euros d'amende, article 223-6). Les infractions de commission sont les plus
nombreuses. Il est important que les infractions d'omission soient rares parce qu'elles sont très
dangereuses pour nos libertés individuelles. De plus, les infractions d'omission sont toujours
plus difficiles à prouver. C'est toujours plus facile de prouver que quelqu'un à fait quelque
chose plutôt que quelqu'un n'a rien fait. La preuve d'un fait négatif est très difficile à établir. Il
y a un risque d'arbitraire très élevé.
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La plupart des textes d'incrimination précisent le résultat qui doit être obtenu par le
délinquant. Dans le vol par exemple, c'est l'appauvrissement d'autrui. Dans le meurtre, c'est la
mort d'autrui. Dans les violences, c'est l'incapacité de travail d'autrui. C'est parfois ce résultat
qui permet de choisir la qualification. Par exemple si le juge doit juger une personne qui a
porté des coups à une autre, si la victime est morte, résultat de mort => meurtre ; si la victime
a une incapacité de travail de plus de 3 mois => délit de violence volontaire, si inférieur à 3
mois => contravention de violence volontaire. Cependant, cette description du résultat n'est
pas obligatoire. Il existe des infractions pour lesquelles le législateur n'a pas imposé de
résultat. Ces hypothèses sont très rares parce qu'elles sont très dangereuses pour les libertés
individuelles puisque tout repose alors sur le comportement. Ce sont en réalité des hypothèses
où le législateur a voulu se montrer très sévère à l'égard de comportements particulièrement
choquants. Tel est le cas par exemple de l'empoisonnement. De ce fait, le texte qui incrimine
l'empoisonnement l'article 221-5 du code pénal indique qu'il suffit pour commettre le crime
d'avoir administré des substances de nature a entraîner la mort. Quand un texte utilise
l'expression « de nature à » cela veut dire que le résultat précis n'est pas important. Autre
exemple le délit de publicité de nature à induire le consommateur en erreur. Dans 95 % des
cas, le texte précise le résultat qui doit être obtenu.
Que se passe-t-il si le délinquant a eu le comportement décrit dans le texte mais n'a pas eu le
temps d'obtenir le résultat prévu ? Par exemple que se passe-t-il si le voleur est interrompu au
moment où il a seulement réussi à ouvrir le coffre fort ? Autre exemple : l'hypothèse de la
tentative. La tentative est l'hypothèse où le texte a prévu un comportement et un résultat mais
l'auteur du comportement n'a pas réussi à atteindre son but parce qu'il a été interrompu.
L'article 121-5 du code pénal précise que celui qui a tenté de commettre une infraction doit
être puni comme si il avait réussi. Il y a toutefois des conditions à remplir. Là encore il y a
danger. Quand on veut punir quelqu'un pour tentative, on a un problème de preuves. Il faut
pouvoir être sûr que si la personne n'avait pas été interrompue elle serait bien allée jusqu'au
bout. Ici, on est obligé d'avoir des critères objectifs. L'article 121-5 indique que la personne
doit avoir suffisamment avancé dans son comportement pour que le juge soit sûr qu'elle serait
allée jusqu'au bout. Évidemment, il y a toujours une part de subjectivité. Le juge ne va pas
traiter de la même manière un délinquant primaire et un délinquant multirécidiviste. Dans les
années 1970 la cour de cassation a rendu une décision qui a été beaucoup critiquée. C'est
l'affaire des magasins du Louvre, des délinquants récidivistes avaient été arrêté dans leur
voiture tandis qu'ils portaient des cagoules et qu'ils avaient des armes dans leur coffre garé à
proximité de la galerie des antiquaires du Louvre. Est-ce qu'on peut condamner ces personnes
pour tentative de vol ? La cour de cassation a dit oui. L'inverse est vrai aussi, les juges ont
parfois trop de critères.
La tentative est soumise à appréciation du juge elle vient se substituer au résultat mais elle
n'est pas sans danger. La tentative n'est pas possible pour toutes les infractions. Pour les
crimes elle est toujours possible. Pour les contraventions elle n'est jamais possible. Pour les
délits, elle n'est possible que si le texte d'incrimination le précise.
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Partie 2 : Le délinquant
Jusqu'en 1994 seules les personnes physiques pouvaient se voir reprocher des infractions. On
estimait, en effet, que les personnes morales ne pouvaient pas réaliser l'élément matériel d'une
infraction et encore moins l'élément moral. Le droit pénal était en cela en décalage avec le
droit civil qui admet depuis longtemps la fiction des personnes morales. En droit pénal
plusieurs raisons étaient invoquées pour ne pas admettre cette fiction. La principale de ces
raisons était de dire qu'il est difficile de trouver une sanction adaptée. En effet, une personne
morale ne peut pas aller en prison. On avait pensé à la peine d'amende sauf que pour une
personne morale payer 15 000 € d'amende peut paraître dérisoire. Alors on a pensé à des
sanctions spécifiques. Par exemple, on a pensé à des peines d'amende démultipliées par
rapport à celles des personnes physiques. Mais cela peut se répercuter sur tous les salariés. La
personne morale perd de l'argent, au mieux les salariés n'ont pas de prime de fin d'année, au
pire ils sont virés. On avait pensé à d'autres sanctions spécifiques comme par exemples
l'obliger à fermer ou l'interdiction d'exercer une activité professionnelle. Là encore ce type de
sanction se répercute sur l'ensemble des salariés. Ce sont ces arguments qui ont fait que le
droit pénal n'a pas admis que les personnes morales puissent être responsables. Les choses ont
commencé à évoluer dans les années 1980 au moment où on a commencé à mettre
systématiquement en cause les décideurs privés ou publics. Par exemple le maire d'une
commune. Les parlementaires ont fait en sorte qu'on introduise l'article 121-2 selon lequel les
personnes morales privées ou publiques à l'exception de l'état peuvent être pénalement
responsables.
L'article 121-2 énumère les conditions pour pouvoir reprocher une infraction à une personne
morale.
La première condition est que l'infraction doit avoir été commise pour le compte de la
personne morale c'est à dire que la personne morale doit avoir tiré profit, avoir eu un
intérêt de l'infraction.
La deuxième condition est que l'infraction doit avoir été commise par une personne
physique qui est sont représentant ou sont organe. Par exemple dans une ville le maire
est le représentant, le conseil municipal est l'organe. Les juges ont précisé que ça
pouvait être le représentant ou le délégataire de pouvoir.
La troisième condition, qui n'existe plus depuis 2005, est qu'il faut que le texte
d'incrimination prévoie expressément que l'infraction peut être reprochée à une
personne morale. En effet, en 1994, on estimait que toutes les infractions ne pouvaient
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pas être reprochées à des personnes morales. Seuls quelques cas expressément prévus
pouvaient leur être imputé. Mais petit à petit la liste des infractions reprochables s'est
allongée de sorte que l'exception était en train de devenir le principe et donc pour
simplifier les choses la loi Perben du 09 mars 2004 a décidé que toutes les infractions
pouvaient leur être reprochées. Pour éviter les risques d'abus de la part des dirigeants,
l'article 121-2 du code pénal prévoit que la responsabilité des personnes morales
n'exclue pas celle des personnes physiques pour les mêmes faits.
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Il arrive parfois que l'infraction soit commise par une pluralité de personnes. Cette
circonstance est d'ailleurs aggravante pour un certain nombre d'infractions. Par exemple le vol
lorsqu'il est commis seul il est puni de 3 ans de prison et de 45 000 € d'amende, lorsqu'il est
commis par plusieurs personnes ensembles, il devient un vol aggravé par la circonstance de
réunion et il est puni de 5 ans de prison et de 75 000 € d'amende. Si de surcroît les différentes
personnes se sont organisées en bande préalablement au vol (vol en bande organisée) le vol
devient même un crime puni de 15 ans de prison et de 150 000 € d'amende. Cette pluralité de
personnes oblige à considérer qu'il peut y avoir plusieurs niveaux d'implication et donc
plusieurs degrés de responsabilité. Dans un groupe, certaines personnes peuvent avoir un rôle
secondaire d'aide ou d'assistance. D'autres peuvent avoir un rôle d'instigateur, ce sont les
personnes qui provoquent ou qui donnent les instructions pour commettre les infractions. Il
semblerait logique alors que certains soient plus puni que d'autres. Pourtant, le code pénal a
posé la règle selon laquelle les auteurs et les complices encourent les mêmes peines. Peu
importe que l'on soit l'auteur principal ou son assistant ou son donneur d'ordre, dans tous les
cas on risque la même peine, article 121-6 du code pénal : le complice doit être puni comme si
il était lui-même l'auteur. Cela étant, les juges ont une marge d'appréciation. Rien n'interdit au
juge de tenir compte du rôle de chacun dans la réalité des faits et de punir par exemple celui
qui a seulement aidé à 2 ans, celui qui a agit à 3 ans, celui qui a donné les instructions à 5 ans.
Si le juge est répressif, rien ne l'interdit de condamner tout le monde à 5 ans. Pour être
considéré comme complice il faut remplir un certains nombres de conditions. La première
condition est qu'il faut avoir accompli un acte matériel de complicité. Ça ne peut être qu'un
acte positif. On ne peut pas, en effet, être complice par abstention en principe. La
jurisprudence fait une exception pour ceux dont la fonction aurait dû commander de réagir.
Par exemples le policier qui ferme les yeux sur le comportement ripoux de son coéquipier ; le
douanier qui ferme les yeux sur le passage à la douane de contrebande. On dit qu'ils sont
complices par leur fonction. Cet acte positif de complicité peut consister en une aide à la
préparation ou à la consommation de l'infraction ou bien encore en la fourniture d'instructions
pour commettre cette infraction. Ces moyens matériels sont décrits à l'article 121-7 du code
pénal. La deuxième condition pour être complice est qu'il faut s'être associé à l'auteur
principal volontairement. L'article 121-7 dit qu'on ne peut être complice que sciemment. On
ne peut donc pas être complice sans ne pas l’avoir fait exprès et on ne peut non plus être
complice d'une infraction non intentionnelle. Enfin, dernière condition, on peut être complice
d'un crime ou d'un délit mais on ne peut pas être complice d'une contravention.
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Depuis l'article 122-1 jusqu'à l'article 122-8, le code pénal a prévu des hypothèses dans
lesquelles le délinquant qui a commis une infraction n'est pas responsable pénalement ou tout
au moins voit sa responsabilité atténuée.
Ce sont des moyens de défense qui peuvent être utilisé par un délinquant dont l'infraction est
incontestable. Si cette cause d'irresponsabilité est admise par le juge, alors le délinquant est
relaxé ou acquitté.
Ce sont des circonstances qui permettent de considérer que l'infraction commise était
finalement un bien pour notre société. Trois hypothèses sont prévues.
A- L'ordre de la loi
Ce fait justificatif est prévu par l'article 122-4 du code pénal. Ce texte prévoit que si une
personne commet une infraction qui lui a été prescrite ou autorisée par la loi ou le règlement
alors elle n'est pas responsable. Exemples : les médecins, les professionnels soumis à une
obligation de dénonciation (un médecin qui a connaissance de maltraitance à l'égard d'un
enfant a l'obligation de dénoncer ces faits et donc de violer son secret professionnel). Parfois
la loi ne fait qu'autoriser. L'article 73 du code de la procédure pénal dispose qu'on a le droit
d'appréhender en cas de flagrant délit un auteur d'un délit et de le séquestrer jusqu'à ce que la
police arrive. A partir de là on s'est demandé si on pouvait aussi invoquer comme moyen de
défense la permission de la coutume. Par exemple, des enseignants poursuivis pour blessures
involontaires sur des élèves ont invoqué le droit de correction par des châtiments corporels
que la coutume leur permettait. Pendant longtemps, les juges ont fait la distinction entre les
petites tapes ou gifles inoffensifs et les autres coups qui laissent des traces. Ces dernières
années les juges n'admettent plus cette permission de la coutume. Par exemple en 2003 un
enseignant a été condamné pour avoir saisi un élève par le bras et l'avoir tiré brutalement pour
qu'il arrête de sa bagarrer.
B- La légitime défense
Ce fait justificatif est prévu à l'article 122-5 du code pénal. Ici encore la personne n'est pas
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responsable parce qu'on considère que l'infraction qu'elle a commise a été un bien pour la
société. Soit parce qu'elle s'est défendue elle-même, dans sa personne ou dans ses biens, soit
parce qu'elle a défendue autrui. Il y a tout de même des conditions à respecter. Certaines
conditions concernent l'attaque d'autres la défense.
Il faut être attaqué par quelqu'un c'est à dire être victime d'une agression. Cette agression dit la
jurisprudence doit être actuelle ou imminente. En d'autres termes, l'attaque ne doit pas être
passé ou future. Si l'attaque est passée, ce n'est plus de la légitime défense mais de la
vengeance. L'attaque ne doit pas non plus être future sinon ce n'est pas de la légitime défense
mais de l'auto-défense. Par exemple, dans une affaire jugée en 1979 une personne a été
condamnée pour tentative de meurtre la légitime défense n'ayant pas été retenue. En effet,
cette personne qui avait déjà été cambriolé trois fois avait installé des pièges partout dans sa
maison. En même temps il avait demandé une surveillance rapprochée de la police et il avait
fait installer une alarme. Un jour l'alarme se déclenche et la police décide d'aller inspecter
l'intérieur de la maison. Les policiers sont gravement blessé, l'un d'entre eux est même tué. La
personne est donc poursuivie pour homicide. L'attaque était future et donc ce n'est pas de la
légitime défense. Une autre question s'est posée en jurisprudence, celle de l'attaque putative
(attaque imaginaire). Par exemple s'est posé la question de savoir si une attaque avec un
pistolet factice pouvait justifier une infraction en riposte. La jurisprudence a jugé une affaire
où des malfaiteurs s'étaient introduits dans une banque avec des pistolets en plastique noirs,
les employés de banque s'étaient défendus avec des armes réelles. Et se posait la question de
savoir s’ils étaient bien en légitime défense ? La jurisprudence applique ici le critère de
l'apparence c'est à dire que si l'arme factice à l'apparence d'une arme réelle, alors la légitime
défense est admise. Le juge va faire une appréciation in abstracto, il va comparer à un
individu moyennement intelligent.
La défense doit répondre à un critère de proportionnalité. Cela ne veut pas dire qu'il faut une
stricte équivalence entre l'attaque et la défense. Par exemple, une femme menacée de viol peut
se défendre en tuant son agresseur. Là encore les juges doivent faire une appréciation de la
proportionnalité. Ils doivent d'abord se demander si la personne n'avait pas un autre moyen de
se protéger puis ils doivent se demander si la personne n'a pas riposté de façon excessive. Ici
encore les juges font une appréciation in abstracto. Il y a toutefois une limite posée par
l'article 122-5 à propos de la légitime défense des biens. Pour défendre un bien, il n'est pas
possible de commettre un homicide volontaire. La grosse difficulté est celle de la preuve.
Néanmoins, il existe une règle qui facilité la preuve à l'article 122-6. En effet, il établi une
présomption en état de légitime défense dans deux cas :
lorsque de nuit on pénètre par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité
riposte contre un vol avec violence que ce soit de jour ou de nuit.
C- L'état de nécessité
C'est un fait justificatif prévu à l'article 122-7 du code pénal. Dans l'ancien code pénal ce fait
justificatif n'était pas prévu. C'est la jurisprudence qui l'a inventé. En jurisprudence il était
apparu des situations où il semblait injuste de condamner une personne auteur d'une
infraction. La première fois où une affaire avait donné ce sentiment fut l'affaire Ménard de
1898. Madame Ménard était une mère de famille ruinée dont les enfants mourraient de faim.
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Elle avait volé du pain pour nourrir ses enfants et donc était poursuivie pour vol. Il était
apparu qu'on avait jugé injuste cette dame en l'a condamnant pour vol. Le juge avait décidé de
relaxer la voleuse. Le juge avait dit qu'il relaxait la voleuse pour absence d'éléments
intentionnels. Cette invention de l'état de nécessité fut réalisée en 1958 dans l'affaire Lesage.
Monsieur Lesage avait décidé d'emmener sa femme et son enfant en promenade dans son
automobile. Sa femme prend place devant à côté de lui avec l'enfant sur ses genoux. Monsieur
Lesage avait mal fermé la portière côté passager, au premier virage il voit son enfant en train
de tomber sur la chaussée. Il lâche le volant pour rattraper l'enfant et provoque un accident. Il
tape la voiture arrivant en sens inverse. Le conducteur de la voiture est tué. Est-ce qu'on peut
condamner Monsieur Lesage pour homicide volontaire ? Il n'est pas en état de légitime
défense, il n'a pas respecté un ordre de la loi donc en principe on devrait le condamner. Mais
dans cette affaire jugée par la cour de cassation en 1958 qui vient dire que lorsqu'on commet
une infraction pour éviter un danger plus grave, on n'est pas punissable parce qu'on est en état
de nécessité. Néanmoins, certaines conditions doivent être remplies :
la menace doit être suffisamment grave
la réaction doit être proportionnée
on ne doit pas être à l'origine de la situation de danger par sa propre faute
Cette dernière condition manquait à Monsieur Lesage. Il aurait dû, a dit la cour de cassation,
vérifier avant de démarrer que sa portière était bien fermée.
L'article 122-1 précise que la personne qui commet une infraction tout en étant atteinte d'un
trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement n'est pas pénalement
responsable. On considère en effet que celui qui est atteint d'un trouble mental ne peut pas
commettre de faute et qu'il doit donc bénéficier d'une relaxe ou d'un acquittement. Attention
ce trouble mental doit avoir aboli le discernement. Il ne suffit pas d'être à moitié fou, il faut
l'être complètement. Par exemple, certaines personnes ont essayé de faire jugé que la
cleptomanie était une cause d'irresponsabilité pénale. La cour de cassation a décidé que non.
Quand on est cleptomane on n'a pas ses facultés mentales abolies. De plus, le trouble mental
doit exister au moment même de la réalisation de l'infraction. S’il existe avant ou après la
personne reste responsable. Tout ceci est déterminé par une expertise psychiatrique. C'est
l'expert psychiatre qui va dire au juge si la personne poursuivie à oui ou non eu conscience de
ses actes et si le trouble mental existait bien au moment de l'infraction. Si l'expert conclu a un
trouble mental, alors le juge doit relaxer ou acquitter. Dans ce cas, la seule prise en charge
possible de la personne est une prise en charge médicale dans un établissement psychiatrique.
Ces dernières années, cette solution a fait l'objet de critique. On a vu, en effet, de nombreux
délinquants sexuels multirécidivistes obtenir des relaxes ou des acquittements, être placé en
établissement psychiatrique et en sortir quelques mois plus tard sur cinq avis médicaux et puis
recommencer des agressions sexuelles. Une loi a donc été voté, loi du 25 février 2008 pour
créer une nouvelle procédure applicable aux délinquants malades mentaux. Depuis cette loi,
les délinquants atteints de troubles mentaux peuvent faire l'objet d'une déclaration
d'irresponsabilité pénale, déclaration qui se trouve inscrite au casier judiciaire et qui peut donc
être prise en compte dans le cadre d'une récidive. La procédure est prévue aux articles 768 et
suivants du code de procédure pénal. L'avantage est de garder une trace de ce qu'une personne
a été irresponsable.
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B- La contrainte
C'est l'hypothèse où une personne commet une infraction parce qu'elle ne peut pas résister à
une force ou à une contrainte. Elle est prévue par l'article 122-2 du code pénal. Lorsqu'une
personne est soumise à une force il faut comprendre plutôt une force physique. En droit civil
on parle de force majeure. Quand on parle de contrainte, c'est plutôt un événement interne à la
personne. Par exemple est une contrainte interne le fait de faire une crise d'épilepsie au volant.
En jurisprudence, on s'est demandé si la contrainte pouvait également être morale. La
contrainte morale a parfois été admise mais les juges sont alors très exigeants sur la condition
d'irrésistibilité.
C- L'erreur
1- L'erreur de fait
C'est l'hypothèse où une personne réalise une infraction tout en se trompant sur la réalité de la
situation. En d'autres termes, cette personne a une mauvaise perception du réel. Par exemple
elle se croît propriétaire alors qu'elle ne l'est pas. Si je suis de bonne foi je ne suis pas
coupable de vol. Lorsque l'erreur commise l'est de bonne foi, la personne n'est pas
responsable de l'infraction. Encore faut-il que cette erreur ne soit pas grossière. Ici les juges
vont faire une appréciation in abstracto pour se demander si l'homme moyennement
intelligent serait ou non tomber dans le panneau. Cette erreur de fait n'est pas consacré par le
code pénal, aucun texte, article du code pénal n'en parle. C'est donc une cause
d'irresponsabilité de pure création jurisprudentielle.
2- L'erreur de droit
C'est prévu dans le code pénal à l'article 122-3. L'article dit que la personne qui s'est trompée
sur la légalité de son comportement n'est pas pénalement responsable. La personne qui arrive
à démontrer qu'elle ignorait que son comportement était interdit n'est pas punissable. C'est une
exception au principe selon lequel nul n'est sensé ignorer la loi. Bien entendu les conditions
pour admettre cette erreur de droit sont très strictes. Il faut tout d'abord démontrer que cette
erreur était inévitable. Lorsque les parlementaires ont adopté le code pénal, et donc cet article
sur l'erreur de droit, ils ont pensé surtout à l'hypothèse où une personne est induite en erreur
par une administration. Par exemple, vous avez un doute sur le point de savoir si vous avez le
droit de construire quelque chose. Vous écrivez à l'administration qui vous répond mais vous
dit une erreur. De ce fait, on est en infraction à cause d'eux. Ensuite, il faut prouver qu'on a
cru légitimement pouvoir accomplir l'acte en toute impunité. Par exemple si l'administration a
induit en erreur, on l'a cru sans douter. Dans la pratique cette cause d'irresponsabilité n'est
quasiment jamais admise. Depuis le code pénal entré en vigueur en 1994, une seule décision a
admis l'erreur de droit. Le plus souvent, le moyen de défense est rejeté au motif que l'erreur
n'est pas inévitable. Par exemple, dans une affaire jugée en 1997, un ex mari en procédure de
divorce avait demandé à son avocat s’il pouvait entrer dans l'appartement commun pour y
récupérer ses affaires. L'avocat lui avait donné une réponse positive alors que le juge aux
affaires familiales avait attribué la jouissance exclusive de l'appartement à la femme. Il est
poursuivi pour violation de domicile. Il dit qu'il a été induit en erreur par son avocat. La cour
de cassation dit que son erreur n'est pas inévitable, il aurait pu demander directement au juge
aux affaires familiales. Dans d'autres cas d'espèces, l'erreur a été jugée inévitable mais la
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croyance a été jugée illégitime. Une autre affaire concerne le groupe Auchan en 1998. Auchan
souhaitait agrandir la surface d'un de ses magasins. Soit il devait reconstruire un bâtiment, soit
récupérer des box dans la galerie marchande et le groupe avait choisi la dernière hypothèse.
Le groupe se demandait si pour faire cela il fallait obtenir une autorisation d'exploitation
commerciale. Auchan avait donc interrogé la Mairie de la ville. La mairie avait fait une
réponse négative. Le groupe a donc fait son agrandissement de magasin. Il y eu un contrôle de
la DDE qui leur a dit qu'il fallait une autorisation. Auchan est poursuivi et invoque l'erreur de
droit. La cour de cassation répond que non il n'y a pas d'erreur de droit parce que dans un
groupe tel que Auchan il y a nécessairement des juristes qualifiés qui ont pu douter de la
réponse faite par la mairie donc la croyance n'est pas légitime. Les juges sont très réticents a
admettre des exceptions au principe selon lequel nul n'est sensé ignoré la loi.
Ces trois causes sont dites causes subjectives d'irresponsabilités parce qu'elles jouent sur le
mental de la personne. En cela elles s'opposent aux faits justificatifs qui sont plutôt des causes
objectives d'irresponsabilités parce qu'ils sont des circonstances extérieurs à la personne. Cela
dit le code pénal donne le même effet à toutes ces causes dans tous les cas la personne n'est
pas responsable pénalement, elle bénéficie donc d'une relaxe ou d'un acquittement.
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Dans l'article 122-1, il y a deux alinéas. Le premier alinéa vise l'hypothèse du trouble ayant
aboli le discernement. Mais l'alinéa deux de ce même article vise l'hypothèse du trouble ayant
seulement altéré le discernement. Ce deuxième alinéa vise donc les hypothèses de débilités
légères, demi folie qui n'empêchent pas complètement de distinguer le bien du mal mais qui
altèrent simplement la perception du réel. Dans ce cas la personne reste responsable
pénalement, elle est donc déclarée coupable mais elle bénéficie d'une circonstance atténuante.
Selon le texte, la juridiction pénale doit tenir compte du trouble mental lorsqu'elle détermine
la peine et lorsqu'elle en fixe le régime. L'altération des facultés mentales résultera d'une
expertise pour savoir si les facultés mentales sont véritablement altérées et est-ce que cette
altération a bien eu lieu au moment de l'infraction. Par exemple cette circonstance va pouvoir
jouer pour un individu en crise de delirium tre mince.
II- La minorité
C'est en 1945 qu'on a pris conscience de la nécessité d'atténuer la responsabilité des enfants.
Par une ordonnance du 02 février 1945 qui régie le statut de la minorité. Cette ordonnance a
été modifiée en 2002 sous le gouvernement Sarkozy par la loi du 09 septembre 2002, loi
Perben. Avant la loi de 2002 on classé les mineurs en trois catégories : les moins de treize ans
qui ne peuvent être sanctionné par une peine qui ne pouvaient être condamné qu'à une mesure
éducative (l'admonestation, placement en établissement éducatif fermé ou ouvert, remise aux
parents), de 13 à 16 ans ils peuvent être condamné à une peine mais cette peine doit être
obligatoirement divisée par deux, les plus de 16 ans ils peuvent être condamné à une peine
facultativement divisée par deux. La loi Perben a créé une quatrième catégorie qui concerne
les mineurs âgés de 10 à 13 ans. Depuis la loi de 2002, à partir de 10 ans un enfant peut faire
l'objet d'une sanction éducative. Une sanction éducative peut consister à enfermer l'enfant
dans les mêmes conditions qu'un emprisonnement dans un centre éducatif fermé. Quelque soit
l'âge, pour être déclaré coupable et pour faire l'objet d'une mesure, sanction éducative ou
d'une peine, l'enfant doit être capable de discernement c'est à dire qu'il doit être capable de
distinguer le bien du mal. C'est donc le juge qui doit apprécier au cas par cas si l'enfant est
apte ou non à être déclaré coupable. Actuellement, une réforme est envisagée et prévoit de
supprimer cette appréciation au cas par cas du discernement, Varinard propose que l'on fixe un
seuil à 10 ans au delà duquel on présume que l'enfant est capable de discernement.
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I- La dénonciation
Toute personne peut dénoncer une infraction. Parfois même la non dénonciation peut faire
l'objet d'une sanction pénale. Par exemple la non dénonciation de crime est une infraction. De
même certains professionnels sont obligés de dénoncer les infractions dont ils ont
connaissance dans le cadre de l'exercice de leur profession. La dénonciation peut se faire
auprès des services de police par un dépôt de plainte. On peut aussi faire une dénonciation en
écrivant directement au procureur de la république. Les dénonciations peuvent être anonymes.
II- L'enquête
Les enquêtes de police peuvent être décidée spontanément par un officier de police judiciaire
ou alors être commandé par le procureur de la république. Cette enquête porte le nom
d'enquête préliminaire. Dans le cadre de cette enquête on a encore que des soupçons. Au
démarrage de cette enquête on n'a pas encore suffisamment d'éléments, de preuves permettant
de dire si telle ou telle personne est coupable ou non. Dans le cadre de cette enquête
préliminaire les pouvoirs de la police sont donc restreints à moins que ceux-ci n'aient constaté
l'existence d'un flagrant délit. Il faut donc distinguer les pouvoirs des enquêteurs en présence
ou en l'absence d'un flagrant délit.
Le flagrant délit est un délit ou un crime qui s'est réalisé sous les yeux de la police ou dans un
temps très proche de l'arrivée de la police. L'article 53 du code de procédure pénal qualifie de
flagrant le crime ou le délit qui se commet actuellement ou qui vient de se commettre. Il y a
aussi crime ou délit flagrant lorsque dans un temps très voisin de l'action la personne
soupçonnée est poursuivie par la clameur publique ou alors elle est trouvée en possession
d'objets, de traces ou d'indices laissant penser qu'elle a participé au crime ou au délit. Dans
toutes les hypothèses, on est certain de la commission d'une infraction de même qu'il y a de
fortes chances pour que la personne soupçonnée soit la personne coupable de l'infraction.
C'est pourquoi les pouvoirs de la police peuvent ici être renforcés. Tout d'abord, l'officier de
police judiciaire qui constate un flagrant délit peut décider seul d'ouvrir une enquête qu'on
appelle enquête de flagrance. Cette enquête ne doit pas durer plus de huit jours mais elle
permet aux enquêteurs de procéder à des auditions, de faire des prélèvements, de placer des
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suspects en garde à vue, de réaliser des perquisitions ou des fouilles de véhicules le tout sous
la contrainte. Il n'est en effet pas gênant que les policiers aient des pouvoirs de contrainte dans
l'enquête de flagrance puisqu'il y a peu de risques d'erreur policière.
En l'absence de délit flagrant on n'est pas du tout certain qu'une infraction a été commise. Le
but de l'enquête est de le vérifier. Les pouvoirs des policiers ne peuvent donc pas être aussi
importants que dans l'enquête de flagrance. D'abord l'enquête se fait sous le contrôle du
procureur de la république. Les OPJ doivent régulièrement rendre compte de l'avancée de leur
enquête en faisant des rapports. Ils doivent également régulièrement demander des
autorisations au procureur de la république pour réaliser des actes d'enquêtes. Dans chaque
juridiction il est mis en place un service de traitement direct qui consiste pour le procureur de
la république a organiser une permanence téléphonique nuits et jours. Le premier procédé qui
peut être utilisé est le procédé des auditions. Pendant l'enquête, les policiers procèdent à des
auditions voire à des confrontations. Auditions des victimes, des témoins, des suspects. Quand
on est au stade de l'enquête il n'y a pas encore de prestation de serment. Dans la pratique, on a
développé certains procédés pour obtenir la vérité : le système des confrontations et pour faire
pression sur les personnes suspectés : la garde à vue. Même si ce procédé est très réglementé,
il reste une arme redoutable. La personne peut être enfermée pour 24 heures, renouvelable une
fois avec l'accord du procureur. Tout le monde ne peut pas être placé en garde à vue. Selon
l'article 77 seules les personnes à l'encontre desquelles « il existe une ou plusieurs raisons
plausible de soupçonner qu'elles ont commis ou tenter de commettre une infraction ».
L'objectif de cette garde à vue est de placée la personne à disposition des officiers de police
pour les interrogatoires. Néanmoins, la personne placée en garde à vue bénéficie de garantie
et en particulier de temps de repos entre les différents interrogatoires. Le placement en garde à
vue oblige l'officier à tenir un registre dans lequel il faut indiquer précisément les temps
d'interrogatoires, les temps de repos ainsi que toutes les garanties dont a pu bénéficier le
suspect. Par exemple, la personne a le droit de se faire examiner par un médecin. Elle a le
droit de faire prévenir une personne de son choix. Elle a le droit aussi de rencontrer un avocat
et ce dès le début de son placement en garde à vue. Actuellement il y a une polémique sur le
rôle de l'avocat pendant la garde à vue. Les avocats souhaitent que le code de procédure
pénale soit modifié pour qu'ils puissent assister aux interrogatoires et qu'ils puissent accéder
au dossier. Depuis le 1er mars 2010, si on est dans un procès et qu'on se rend compte que la
loi qu'on nous applique est inconstitutionnelle on peut le dire et demander au juge à demander
au conseil constitutionnel une question de constitutionnalité. Le 1er mars, des avocats ont
demandé au tribunal à ce qu'une question soit posée au conseil constitutionnel sur la garde à
vue. Les juridictions pénales ont accepté de transmettre la question. Autre acte d'enquête : les
actes de perquisitions domiciliaire et/ou de fouille de véhicules. Pour ce qui concerne la
perquisition, celle-ci ne peut se faire qu'avec le consentement de la personne concernée, que
dans certains horaires c'est à dire après 6 h et avant 22 h, si la personne est absente de son
domicile, la perquisition ne peut se faire qu'en présence de deux témoins. Quant aux fouilles
de véhicules, celle-ci suppose d'avoir l'autorisation d'un juge, du JLD (juge de la liberté et de
la détention) qui doit vérifier l'opportunité et la légalité de la mesure. Enfin, dans le cadre de
cette enquête, les officiers de police judiciaire peuvent procéder à des enregistrements
audiovisuel ou téléphonique. Mais là encore uniquement sur autorisation du JLD et
uniquement pour certaines infractions graves (crime ou délit commis en bande organisée).
A la fin de cette enquête le dossier est transmis au procureur de la république qui va devoir
prendre sa décision de poursuite ou de non poursuite.
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Droit pénal L2 AES
Ce principe signifie que le procureur est libre de poursuivre ou de ne pas poursuivre l'auteur
d'une infraction constatée. Par exemple, même si tous les éléments constitutifs d'une
infraction sont prouvés, il peut décider de ne pas poursuivre c'est à dire de prononcer un
classement sans suite. Le procureur est sous la subordination du garde des sceaux, il peut
recevoir un courrier lui demandant de ne pas poursuivre dans telle ou telle affaire sensible et
alors là il ne poursuit pas. Jusqu'en 2004, il n'avait même pas à se justifier de son choix.
Depuis une loi du 09 mars 2004 (loi Perben 2), le code de procédure pénal a été modifié. On a
introduit des articles (40-1, 40-2, 40-3) qui viennent nuancer le principe de l'opportunité des
poursuites. D'abord, le procureur de la république doit informer les plaignants et les victimes
de sa décision. De plus en vertu de l'article 40-2, si le procureur prend la décision de classer
sans suite il doit indiquer à la victime quelles sont les raisons, les motifs de sa décision. Et il
doit notamment préciser au plaignant si ce sont des motifs juridiques (exemple : pas assez de
preuves) ou des motifs de pure opportunité. Enfin, le plaignant peut former un recours contre
le classement sans suite auprès du procureur général (supérieur hiérarchique du procureur de
la république et siège auprès de la cour d'appel). Il ne s'agit donc pas d'un recours contentieux
mais d'un simple recours gracieux. Dans la pratique ce recours ne sert pas à grand chose parce
qu’en général ils soutiennent leur procureur de la république.
Cela consiste à archiver le dossier dans un logiciel informatique tenu par chaque TGI. Le
dossier ne disparait donc pas. Pour chaque dénonciation ou pour chaque procès verbal on
enregistre dans le logiciel informatique la nature des faits dénoncés, la date et le lieu de ces
faits, les victimes connues de ces faits et les auteurs suspectés de ces faits.
Le classement sans suite n'est pas définitif tant que le délai de prescription n'est pas écoulé. Il
est possible de ressortir le dossier et de changer d'avis. Le délai de prescription commence à
courir le jour de l'infraction et fait qu'au bout d'un certain nombre d'années on ne peut plus
poursuivre parce qu'on estime qu'il est trop tard. Il est différent selon les trois catégories de
l'infraction. Pour les contraventions, au bout d'un an on ne peut plus la poursuivre. Pour les
délits c'est trois ans. Pour les crimes le délai est de dix ans. La plainte peut interrompre le
délai et peut le faire redémarrer dans certains cas. On considère qu'au delà de ce délai on n'a
plus suffisamment de preuves ou on a oublié ou on a pardonné. Pour certains crimes graves ou
pour certaines victimes il y a des exceptions. Au delà du délai le procureur ne change plus
d'avis.
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Droit pénal L2 AES
Le procureur de la république veut laisser une chance à l'auteur de l'infraction mais avec des
garanties. Il peut proposer une médiation pénale ou une composition pénale
1- La médiation pénale
Elle est prévue à l'article 41-1 du code de procédure pénale. C'est un système qui a été
instauré en 1999 et qui suppose que l'auteur de l'infraction soit en mesure de réparer le
dommage causé à la victime. Dans cette procédure l'auteur de l'infraction est convoqué avec
la victime devant le procureur de la république ou devant un délégué médiateur. Bien souvent
la procédure n'a pas lieu dans les locaux du tribunal mais dans une maison de la justice et du
droit. Dans cette procédure le procureur ou le délégué rappelle la loi à l'auteur des faits et il
lui demande non seulement de régulariser sa situation au regard de la loi mais aussi de
s'engager à réparer le dommage. Par exemple, si la médiation a lieu pour des violences entre
conjoints ou concubins l'auteur doit s'engager à s'abstenir de paraître à proximité de la
résidence de la victime. Cela suppose que la victime soit d'accord avec cette alternative à la
poursuite. C'est fréquemment utilisé dans le cas des violences réciproques. Si l'auteur des faits
respecte ses engagements il gagne un classement sans suite et de ce fait il n'aura pas de casier
judiciaire, si par contre il ne respecte pas ses engagements il se retrouvera convoqué devant le
tribunal.
2- La composition pénale
Elle est prévue à l'article 41-2 du code de procédure pénal. Cette procédure a été créée en
1999. Le recours est limité, on ne peut proposer une composition pénale que pour des délits
punis d'une peine de prison inférieure à 5 ans. Il n'y a pas forcément de victime. L'auteur de
l'infraction est convoqué devant le procureur qui lui propose de verser une amende qu'on
appelle 'l'amende de composition' ou de remplir une ou plusieurs obligations en échange d'un
classement sans suite. Par exemple parmi les obligations qui peuvent être proposées on peut
trouver l'obligation de suivre une cure de désintoxication alcoolique ou toxicomane,
obligation de suivre une formation ou un stage y compris un stage de citoyenneté, remettre
leur passeport et de ne pas quitter le territoire national pendant une certaine durée, de ne pas
fréquenter ou rencontrer certaines personnes ou certains lieux... Si l'auteur des faits est
d'accord le procureur dresse un procès verbal qui est transmis au président du tribunal pour
homologation. Si l'auteur des faits respecte son engagement il gagne un classement sans suite.
Par contre s’il ne respecte pas son engagement en tout ou en partie il est convoqué devant le
tribunal.
C- Les poursuites
Jusqu'en 2004 il y avait deux sortes de poursuites. Depuis 2004 on a rajouté une troisième
branche.
On l'appelle aussi le 'plaidé coupable'. C'est une procédure qui a été inventé par la loi Perben 2
du 09 mars 2004 et qui suppose que l'auteur des faits reconnaisse sa culpabilité. Cette
procédure n'est pas possible pour tous types d'infractions. Seuls les délits punis d'une peine
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inférieure à 5 ans sont concernés. Dans cette procédure l'auteur des faits est d'abord convoqué
devant le procureur. Le procureur lui propose de plaider coupable en échange de quoi il
divisera au moins par 2 sa peine. Pour être sûr que la personne a fait un choix éclairé, l'auteur
des faits est obligatoirement accompagné d'un avocat. Article 495-9 du code de procédure
pénal : « en présence de son avocat si la personne accepte la proposition du procureur alors
celui-ci rédige un procès verbal qui doit être homologué par le président du TGI ». La
procédure ressemble beaucoup à la composition pénale, elle s'en est largement inspiré mais la
grande différence est qu'ici on n'a pas un classement sans suite, on a une poursuite, une
condamnation et donc un casier judiciaire. C'est un mode rapide de jugement qui évite
l'encombrement des tribunaux.
Il résulte de tout cela que le procès pénal peut prendre la forme d'un cycle long ou d'un cycle
court. Le cycle le plus court est celui qui s'arrête au stade du procureur de la république. Le
cycle le plus long est celui qui commence par le procureur de la république qui se termine par
le jugement et qui passe par le juge d'instruction.
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Chapitre 2 : L'instruction
Il n'y a pas de juge d'instruction dans les pays de la 'Common Law' parce que la procédure
pénale est de type accusatoire. Dans la procédure de type accusatoire, le juge est uniquement
présent pour trancher et le procès est conçu comme un duel. Un combat entre l'accusation et la
défense. Dans ces pays, chacune des parties doit faire son enquête et apporter ses preuves et
les présenter au juge. Ce système demande d'avoir les moyens pour avoir un bon avocat. En
France et dans d'autres pays européens (d'influence romano germanique) la procédure est dite
inquisitoire. Cette procédure signifie que le juge ne se contente pas de trancher, il a un rôle
actif de recherche des preuves. Cette procédure est plus favorable aux personnes qui n'ont pas
les moyens de se payer les avocats enquêteurs puisque c'est l'État qui finance cette recherche.
Pour autant, ces dernières années, ce système a fait l'objet de nombreuses critiques. Il y a
plusieurs explications : le sentiment que c'est toujours mieux chez les autres ; l'affaire
d'Outreau où une douzaine de personnes est accusé de viol sur des mineurs de 15 ans. Une
instruction est ouverte et le juge d'instruction en charge de cette affaire est un jeune juge qui
sort de l'école nationale de la magistrature. La plupart des personnes misent en examen
bénéficie d'un acquittement et l'affaire ayant été ultra médiatisé on crie au scandale à l'erreur
judiciaire, à l'incompétence du juge d'instruction. A la suite de l'affaire d'Outreau, les
parlementaires se sont saisi du dossier , on a créé une commission d'enquête où on a
auditionné tous les magistrats intervenus dans le dossier et avocats pour finalement conclure
dans un rapport que l'auteur de tous les maux étaient le juge d'instruction ; le juge
d'instruction est un juge indépendant et inamovible à la différence du procureur de la
république de sorte qu'il lui est possible dans les affaires dont il est saisi in rem de mettre en
cause des personnes politiques. Aujourd'hui, les pistes de réformes envisagées sont d'une part
de supprimer le juge d'instruction pour d'autre part transférer les pouvoirs de celui-ci au
procureur de la république. Or le procureur de la république est soumis au pouvoir
hiérarchique du garde des sceaux. Ce qui pose aujourd'hui un problème aux élus c'est la cour
européenne des droits de l'homme. La cour a rendu un arrêt en 2008, arrêt Medvediev dans
lequel elle a condamné la France en précisant que le procureur de la république en France
n'est pas suffisamment indépendant par rapport au pouvoir exécutif. Cela dit, l'affaire
d'Outreau a tout de même révélé que le juge d'instruction était bien seul pour s'occuper de
dossiers complexes. Une loi du 05 mars 2007 a donc prévue de créer des pôles d'instruction
spécialisés dans lesquels les juges pourront travailler en groupe. Dans les affaires les plus
complexes, en effet, il est prévu que le juge d'instruction soit assisté de deux autres,
instruction collégiale, afin que les juges soient trois pour prendre les décisions les plus graves.
Cette réforme devait normalement entrer en vigueur au 1er janvier 2010. L'entrée a été
repoussée au 1er janvier 2011. Aujourd'hui le juge d'instruction travaille tout seul. Il doit
contrôler toute l'enquête policière pour être sûr que le dossier mérite d'être renvoyé devant une
juridiction de jugement.
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A chaque fois que le juge d'instruction prend une décision, ce n'est pas un jugement. Lorsqu'il
prend une décision, cette décision s'appelle une ordonnance (même chose que pour le JAF).
Le travail du juge d'instruction est de trouver la ou les personnes contre lesquelles il existe
une forte probabilité qu'elles soient les auteurs de l'infraction. Une technique pourrait
consister pour le juge d'instruction à ne pas dévoiler ses cartes et à attendre le dernier moment
pour désigner la personne qui sera jugée. Mais dans un souci de garantie des droits de la
défense, il est prévu à l'article 80-1 du code de procédure pénal que « dès qu'il existe des
indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'une personne ait pu participer comme
auteur ou comme complice à la commission d'une infraction, le juge d'instruction doit
procéder à la mise en examen de cette personne. ». Cette personne change alors de statut, de
victime ou de témoin elle devient mise en examen. Autrefois on disait inculpé, mais cela était
trop péjoratif. Mais ce statut de mis en examen lui donne des droits. Premièrement, le droit
d'avoir un avocat, commis d'office si la personne n'a pas les moyens de s'en payer, le droit
d'avoir accès au dossier par l'intermédiaire de son avocat et droit d'être auditionné par le juge
d'instruction. L'article 80-1 précise que « le juge d'instruction ne peut procéder à la mise en
examen d'une personne qu'après avoir entendu ses observations ou tout au moins l'avoir mise
en mesure de le faire en étant assisté par son avocat ». Le critère de la mise en examen est la
vraisemblance. On n'exige pas encore de preuves certaines, on n'est pas encore sur de la
culpabilité d'une personne mais on a des indices qui rendent vraisemblable la personne
coupable de l'infraction. Depuis une loi du 15 juin 2000, il existe un autre statut pour la
personne soupçonnée mais contre laquelle il n'existe pas encore d'indices graves ou
concordants. Ce statut est celui du témoin assisté, il est prévu à l'article 113-1 du code de
procédure pénal. Lorsqu'une personne est désignée par le procureur dans le réquisitoire aux
fins d'informer sans qu'il existe contre elle encore d'indices graves ou concordants, elle peut
bénéficier du statut de témoin assisté. Ce statut donne des garanties : le droit à un avocat, le
droit de consulter le dossier de procédure par l'intermédiaire de son avocat, l'absence
d'obligations de prêter serment. Lorsqu'on est témoin assisté, on n'est pas un témoin ordinaire,
on peut donc mentir. L'article 113-8 prévoit que dès l'instant où il apparaît des indices graves
ou concordants, le témoin assisté bascule dans le statut de mis en examen.
Ce type d'ordonnance ne concerne que la personne mise en examen. Ni les témoins, ni même
les témoins assistés ne peuvent jamais faire l'objet de ce type d'ordonnance. Lorsqu'une
personne est mise en examen la principale crainte de la justice est que la personne mise en
examen fuit et qu'elle soit disparue au moment d'être jugée. C'est pourquoi on a inventé dès le
Moyen Age le placement en détention provisoire. C'est un enfermement des gens en attente
d'être jugée. Lorsqu'on est placé en détention provisoire on n'a pas encore été jugé, on est
donc encore présumé innocent. Cette détention provisoire pose néanmoins des difficultés.
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Certes en principe les détenus provisoires ne sont pas mélangés aux condamnés, ils sont
détenus dans des quartiers séparés. En pratique, avec le manque de locaux, bien souvent les
détenus provisoires côtoient les condamnés à de courtes peines dans les maisons d'arrêts. La
détention provisoire peut être longue. Une instruction peut durer un an, deux ans voire trois
ans. Pendant tout ce temps le détenu provisoire risque de perdre son travail, sa famille. Si au
final la personne est déclarée innocente elle peut avoir subit un préjudice considérable. En
effet, si la personne est accusée on va déduire le temps passé en détention provisoire de sa
peine définitive. Si elle est relaxée, l'état doit indemniser. Par exemple dans l'affaire
d'Outreau, toutes les personnes acquittées ont été indemnisées du temps passé en détention
provisoire jusqu'à 500 000 €. Les finances de l'état ne sont pas illimitées, il a fallu trouver des
substituts à la détention provisoire mais aussi des garanties à la détention provisoire. Les
substituts sont le maintient en liberté ou le placement sous contrôle judiciaire. Les garanties
sont les conditions très strictes, très restrictives pour aboutir à ce placement.
A- Le maintient en liberté
Dans cette hypothèse la personne mise en examen ne fait l'objet d'aucun contrôle et d'aucune
privation de liberté. Sa seule obligation est de se rendre aux convocations du juge
d'instruction. Pendant ce maintient en liberté, la personne mise en examen doit avoir une
conduite irréprochable. En effet, à tout moment de la procédure le juge peut revenir sur le
maintient en liberté et faire en sorte qu'il soit transformé en contrôle judiciaire ou en
détention. L'article 137 du code de procédure pénal dispose que le maintient en liberté est le
principe. Le juge doit toujours préféré du fait de la présomption d'innocence, le maintient de
la personne en liberté. L'article 137 présente en effet le contrôle judiciaire et la détention
provisoire comme des exceptions qui doivent être justifiées par les nécessités de l'instruction.
Pour le maintient en liberté il n'y a pas besoin d'ordonnance. L'ordonnance est nécessaire que
pour les exceptions.
Le contrôle judiciaire est une mesure exceptionnelle qui ne peut être décidée que lorsque la
personne est accusée d'un délit puni d'emprisonnement ou d'un crime. Ce contrôle est décidé
par le juge d'instruction par voie d'ordonnance. Dans cette ordonnance, le juge précise qu'elles
sont les obligations auxquelles la personne est soumise. Ces obligations le juge les choisi
parmi les 18 propositions de l'article 138 du code de procédure pénal. Par exemples :
obligation de ne pas sortir des limites territoriales, obligation de ne pas sortir de son domicile
ou de sa résidence... Si la personne mise en examen respecte ces obligations, elle ne gagne
rien. Par contre si elle ne respecte pas ces obligations, son contrôle judiciaire risque de se
transformer en détention provisoire.
C- La détention provisoire
La détention provisoire est la mesure la plus grave qui peut affecter la personne mise en
examen. Depuis une loi du 15 juin 2000, ce n'est plus le juge d'instruction qui peut décider du
placement en détention provisoire. Avant le 15 juin 2000 c'était lui et on lui reprochait de se
servir de ce pouvoir pour obtenir des aveux. La loi a créé un nouveau juge : le juge des
libertés et de la détention (JLD). Aujourd'hui la détention provisoire se fait par le JLD. Le
JLD est un magistrat du siège qui doit avoir une certaine ancienneté. En effet, ne peuvent
exercer la fonction de JLD que les présidents ou les vices présidents de tribunaux. A chaque
fois que le juge d'instruction envisage de placer quelqu'un en détention provisoire il doit saisir
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le JLD pour que celui-ci prenne une ordonnance de placement en détention. Les conditions
sont restrictives. Ne peuvent être placé en détention provisoire que les personnes soupçonnées
de crime ou de délit puni d'une peine de prison supérieure ou égale à 3 ans, article 143-1 du
code de procédure pénal. De plus, la détention provisoire ne doit pas excéder une durée
raisonnable. Si la personne est accusée de délit, sa détention provisoire ne peut pas dépasser 4
mois renouvelable une fois. Si la personne est accusée de crime, la détention provisoire ne
peut pas dépasser un an renouvelable une fois. Au delà de ces délais, et même si la personne
n'a pas encore été jugée, la personne doit être remise en liberté immédiatement. De plus, la
personne placée en détention provisoire peut à tout moment demander sa remise en liberté,
éventuellement assorti d'un contrôle judiciaire. Lorsqu'une personne demande sa remise en
liberté, le juge doit lui répondre dans un délai de trois jours ouvrables à défaut, la personne est
libérée immédiatement. Enfin, les motifs de placement en détention provisoire sont très
restrictifs, il faut que le juge motive sa décision par l'une des sept raisons énumérées à l'article
144 du code de procédure pénal : conserver des preuves, empêcher une pression sur les
témoins ou les victimes, empêcher une concertation avec les coauteurs ou les complices,
protéger la personne mise en examen, garantir le maintient de la personne mise en examen à
la disposition de la justice, éviter le renouvellement de l'infraction, mettre fin aux troubles
exceptionnels et persistants à l'ordre public qui a été provoqué par l'infraction. L'article 144
précise que toutefois ce trouble ne peut pas résulter du seul retentissement médiatique de
l'affaire. L'ordonnance doit être motivée par le juge par des éléments précis et circonstanciés,
elle est évidemment susceptible d'un recours en appel devant la chambre de l'instruction.
On se trouve à la fin de l'instruction. Le juge doit prendre une décision en fonction des
charges et des décharges. S’il a plus de charges contre la personne mise en examen, il rend
une ordonnance de renvoi devant la juridiction de jugement. S’il a plus d'éléments à décharge,
il rend une ordonnance de non lieu. Attention, cette ordonnance du juge d'instruction ne peut
être prise qu'après un débat contradictoire. En effet, lorsqu'il estime que son instruction est
terminée le juge d'instruction doit prendre un avis de clôture de son instruction. Cet avis il
doit le communiquer à toutes les parties c'est à dire au procureur de la république, mais aussi à
la personne mise en examen, à la partie civile. Le procureur de la république dispose alors
d'un certain délai, un mois quand la personne est placée est détention ou trois mois quand elle
ne l'ai pas, pour adresser son réquisitoire définitif. Dans ce réquisitoire, le procureur fait une
proposition de renvoi et/ou de non lieu. A partir du moment où le procureur a pris son
réquisitoire, celui-ci est communiqué aux parties, partie civile et personne mise en examen,
qui sont recevables à faire des observations ou à faire des nouvelles demandes d'actes au juge
d'instruction. Ces parties ont dix jours lorsque la personne est détenue ou un mois lorsque la
personne ne l'ai pas pour faire leur demande. Ce n'est qu'à la réception de l'avis de toutes les
parties que le juge d'instruction prend alors sa décision. Si le juge d'instruction prend une
ordonnance de non lieu, alors la personne mise en examen est complètement disculpée, elle ne
pourra plus jamais être jugée pour les mêmes faits en application de la règle non bis in idem
sauf si dans le non lieu le juge indique qu'il prend sa décision faute de preuves et qu'on
découvre plus tard la preuve manquante. Si le juge rend une ordonnance de renvoi, le dossier
est transmis à la juridiction de jugement.
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Chapitre 3 : Le jugement
I- La contravention
II- Le délit
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prononcera publiquement.
Ce sont les peines les plus graves pour lesquelles on risque la réclusion criminelle qui peut
aller jusqu'à perpétuité. Les crimes sont jugés par les cours d'assises. Ce sont des juridictions
mi-professionnelles, mi-populaires. Il y a un président qui est un magistrat professionnel,
deux assesseurs et neuf jurés qui constituent le jury d'assises. Ces neuf jurés sont des citoyens
de nationalité française âgés de plus de 23 ans (article 255) et qui ont été tiré au sort à partir
des listes électorales. Celui qui est désigné comme juré est obligé de siéger. On ne peut pas
refuser sauf raison médicale. Le code de procédure pénale prévoit que les jurés ne peuvent pas
invoquer une raison professionnelle, l'employeur est indemnisé du fait de l'absence de son
salarié. Pour être juré il faut avoir un casier judiciaire vierge.
Lorsqu'on est désigné juré on bénéficie d'une formation accélérée au cours de laquelle on
explique les rudiments de la procédure pénale, on leur fait visiter une maison centrale pour
qu'ils aient conscience de l'enjeu de leur décision. Ce n'est pas une juridiction permanente, la
cour d'assises siège par session. Le procès d'assises est le procès le plus solennel qui existe.
Toute la procédure doit se faire à l'oral. Par exemple il n'est pas question de se contenter d'un
rapport écrit d'expertise, l'expert doit venir à la barre pour expliquer, exposer son point de vue.
Il en est de même pour les témoins. Les témoins doivent venir à la barre, prêter serment de
dire la vérité et répéter à l'oral tout ce qui a déjà été consigné dans la procédure. Cela permet
une certaine interactivité c'est à dire que dès lors qu'un juré se pose une question, il lui est
possible de la lui poser. Le juré peut demander au président de poser une question. Lorsque
l'accusé entre dans la salle d'audience, il doit être démenotté parce qu'il est présumé innocent.
Lorsque le président entre dans la salle d'audience suivi de ses assesseurs et du jury, le public
doit se lever. Une fois le président et la cour d'assises installé, il est demandé à l'accusé de se
lever, on vérifie son identité, l'acte d'accusation est lu par le président, l'audience peut alors
commencer. Successivement on écoute les témoins, les experts, les parties civiles puis les
réquisitions du ministère public. Ce que demande le ministère public constitue alors le seuil
maximum que pourra prononcer la cour d'assises. Enfin, puisque c'est la défense qui doit avoir
la parole en dernier, c'est l'avocat de l'accusé qui prend la parole pour faire sa plaidoirie. Si
jamais le ministère public fait une réplique à l'avocat, alors le président doit redonner la parole
à l'avocat.
Une fois achevée, la cour se retire pour délibérer. La délibération peut durer plusieurs heures.
Le jury doit d'abord se prononcer sur la culpabilité c'est à dire qu'il doit répondre par oui ou
non à la question de savoir si l'accusé est coupable. Ce vote se fait à bulletin secret. Les jurés
doivent aussi se prononcer sur chaques circonstances aggravantes. De plus, pour chaque
question, il y a des règles de majorité. L'article 359 du code de procédure pénale précise que
toute décision défavorable à l'accusé doit être formée à la majorité de huit voix au moins. S’il
n'y a pas huit oui, il y a alors acquittement.
En cas de culpabilité, le jury doit encore se prononcer sur la sanction. Le vote a lieu à bulletin
secret. L'article 362 du code de procédure pénale précise qu'il faut une majorité de huit voies
au moins pour une décision défavorable. On propose d'abord le maximum qui a été demandé
par le ministère public. Si jamais pour ce maximum la majorité des huit voix n'est pas obtenu,
alors le président propose la peine qui est juste inférieure et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on
obtienne la majorité. Lorsque le délibéré est terminé, la cour revient dans la salle d'audience.
A nouveau le public se lève, à nouveau l'accusé se lève pour écouter le verdict.
Article 368 du code de procédure pénale : lorsqu'une personne a été acquittée cette personne
ne peut plus être accusée à raison des mêmes faits même sous une qualification différente.
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Ce sont celles que l'on exerce devant les juridictions de première ou de seconde instance.
A- L'opposition
L'opposition est une voie de recours que l'on peut exercer lorsque l'on a été condamné en
première instance sans avoir pu se défendre c'est à dire sans qu'il y ait de débat contradictoire.
Cela se produit fréquemment en matière de contravention où la juridiction statue par voie
d'ordonnance. Mais cela peut se produire également en matière de crime ou de délit lorsque la
personne a été jugée par défaut. On est jugé par défaut lorsqu'on ne comparait pas à une
audience pénale et lorsqu'on n'envoie même pas à sa place un avocat pour assurer sa défense.
Dans une procédure pénale avec instruction, cela ne se produit pas parce que dans l'instruction
la mécanisme de la détention provisoire permet de garantir la présence de l'accusé ou du
prévenu à l'audience. Par contre, la personne qui n'est pas placée en détention provisoire peut
disparaître ou choisir délibérément de ne pas se présenter à l'audience. Jusqu'à une loi du 15
juin 2000, en matière de crime la personne qui ne comparaissait pas devant la cour d'assises
s'appelait le contumax. Elle était jugée par contumace. Le contumax était saisi de tous ses
biens, il perdait tous ses droits et il était condamné à la peine maximum sans avoir aucune
possibilité de recours. En 2000, la France a été condamnée par la cour européenne des droits
de l'homme pour sa procédure de contumace parce que la cour européenne a estimée anormale
qu'une personne soit jugée sans débat contradictoire et sans voie de recours possible. Depuis
une loi du 15 juin 2000, la procédure de contumace n'existe plus. Aujourd'hui, même en
matière de crime celui qui ne comparait pas est jugé par défaut et il peut exercer l'opposition
comme voie de recours.
L'opposition est une procédure qui permet de recommencer le procès devant la même
juridiction de première instance mais avec débat contradictoire. Si la personne ne comparait
pas une seconde fois on fait jouer la règle : « opposition sur opposition ne vaut ». Son
jugement par défaut devient définitif.
B- L'appel
L'appel se fait devant une juridiction de second degré (cour d'assises d'appel, chambre
correctionnelle de la cour d'appel).
La cour d'assises d'appel a été créée par la loi du 15 juin 2000. Avant cette loi, il n'y avait pas
d'appel possible en matière de crime. La seule voie de recours était le pourvoi en cassation
devant la chambre criminelle. La particularité de cette cour d'assises d'appel est que le nombre
de jurés est de 12, la majorité passe à onze voix.
L'appel en matière de contraventions n'est pas toujours possible. Pour les contraventions des 4
premières classes, c'est à dire les contraventions jugées par les juges de proximité, l'appel n'est
possible que si le juge a prononcé une peine supérieure à 250 € d'amende ou si il a prononcé
un retrait de permis de conduire. Article 546 du code de procédure pénale. En dessous de 250
€ d'amende, la seule voie de recours possible est le pourvoi en cassation.
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Ce sont des voies extraordinaires parce qu'elles ne sont pas exercées devant une juridiction de
second degré mais devant la cour de cassation sous la forme d'un pourvoi.
A- Le pourvoi en cassation
C'est une voie de recours exercée devant la chambre criminelle (quelque soit la matière) de la
cour de cassation pour invoquer une erreur de droit commise par les juridictions inférieures.
Cette erreur de droit peut être invoquée aussi bien par l'accusation (ministère public) que par
la défense c'est à dire le prévenu ou l'accusé. Bien souvent le pourvoi en cassation oblige la
cour de cassation a interpréter un texte du code pénal. Le pourvoi doit être formé dans un
délai de 10 jours à compté du prononcé de la décision de la juridiction d'appel. La décision de
la cour de cassation s'impose à la cour d'appel de renvoie qui va devoir rejuger les faits à la
lumière de l'interprétation donnée par la cour de cassation.
B- Le pourvoi en révision
Cela concerne l'hypothèse dans laquelle une personne a été condamnée par une juridiction
pénale française pour crime, délit ou contravention et, estime que la procédure a violé la
convention européenne des droits de l'homme. Si la personne obtient gain de cause devant la
cour européenne des droits de l'homme, elle sera indemnisée par l'état français, elle recevra la
satisfaction équitable. La cour européenne n'a pas le pouvoir d'annuler la décision française.
Cette procédure de réexamen a été introduite par la loi du 15 juin 2000 permet de demander la
réouverture d'une procédure lorsque la France a été condamnée par la cour européenne des
droits de l'homme. La procédure est prévue aux articles 626-1 et suivants du code de
procédure pénale. Elle peut être demandée par le ministre de la justice, par le condamné ou
par ses ayants droits. La demande doit être formée dans un délai d'un an à compter de la
décision de la cour européenne. Si la cour de cassation estime que la demande est justifiée, il
y a aura alors un nouveau procès et dans l'attente il y aura suspension la condamnation
préalablement prononcée.
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Droit pénal L2 AES
Ce sont les sanctions maximum qui sont prévues dans le code pénal. Par exemple le code
pénal prévoit que le vol est puni de 3 ans de prison et de 45 000 € d'amende. Mais le juge n'est
pas obligé d'aller jusqu'à 3 ans de prison et l'amende, il n'est pas obligé de prononcé les deux.
Très souvent, dans la pratique, il y a un décalage entre la sanction pénale encourue et la
sanction prononcée parce que la juge peut faire jouer des paramètres comme des circonstances
atténuantes ou aggravantes.
Les peines principales sont appelées les peines de références. Ce sont celles qui sont toujours
encourues pour une infraction donnée. En matière de crime, les peines principales sont la
réclusion criminelle à temps ou à perpétuité et/ou l'amende sans limitation de montant. En
matière de délit, les peines principales sont l'emprisonnement jusqu'à 10 ans et/ou l'amende.
En matière de contravention, la peine principale est l'amende d'un maximum de 1 500 €.
Le code pénal prévoit aussi une multitude de peines complémentaires. Pour la quasi totalité
des infractions sont encourues en complément des petites sanctions qui vont porter atteinte
tantôt à la liberté du condamné tantôt au patrimoine du condamné. Par exemple, en matière de
vol sont encourue à titre principal 3 ans de prison et 45 000 € d'amende mais à titre
complémentaire on encoure aussi l'interdiction d'exercer une fonction publique, d'exercer une
activité professionnelle, de détenir une arme... article 311-14 du code pénal. Le juge a le choix
dans les peines encourues.
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Droit pénal L2 AES
Historiquement, les peines ont été conçues avec une fonction d'élimination du condamné.
Néanmoins d'autres peines ont encore une fonction d'élimination. Par exemple la réclusion
criminelle à perpétuité a pour but d'éliminer la personne de la société.
Avec l'évolution des mentalités, on a trouvé une autre fonction à la peine qui est une fonction
d'intimidation. Il y a l'intimidation collective c'est à dire que la collectivité peut être intimidée
en voyant quelqu'un condamné à une peine et une intimidation individuelle c'est à dire qu'on
peut penser que lorsqu'une personne a été condamnée à une peine elle ne recommencera pas à
commettre des infractions parce qu'elle aura retenu les leçons de sa première condamnation.
Par exemple, les courtes peines d'emprisonnement ou les peines d'amendes ont cette fonction
d'intimidation.
Beaucoup plus récemment, on a trouvé à la peine une fonction thérapeutique ou tout au moins
resocialisant. C'est par exemple l'objectif du travail de l'intérêt général, du stage de
citoyenneté, de la cure de désintoxication. En prévoyant ce type de sanction, le législateur
espère que la peine permettra de sauver le délinquant.
Il existe une variété considérable de sanctions. Pour une seule infraction, le juge a parfois le
choix entre une quarantaine de peines possibles.
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Droit pénal L2 AES
L'article 132-24 du code pénal dispose que dans les limites fixées par la loi, le juge choisi les
peines en fonction des circonstances de l'infraction et de la personnalité de son auteur. Ce
texte rappel au juge le grand principe du droit pénal qui est le principe de la légalité mais il lui
donne la possibilité d'adapter la sanction au cas d'espèce.
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Il existe aussi des circonstances aggravantes générales : la récidive. Cela concerne toutes les
infractions lorsqu'on a déjà été condamné une première fois et qu'on recommence la même
catégorie d'infraction on est alors en récidive. La sanction est obligatoirement aggravée.
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