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ORDRE JURIDIQUE DE L’UNION EUROPEENNE – Isabelle BAVOUA SARR

CHAPITRE II – LES COMPÉTENCES DE L’UNION EUROPÉENNE

Définitions importantes
En droit public, la compétence renvoie à « un ensemble de virtualités juridiques dont le droit ne dit pas, et ne "sait" pas
quel usage [correct] en sera fait par le sujet »1. Elle consiste « dans le pouvoir légal de faire des actes juridiques »2. Plus
concrètement, la compétence fixe, de manière préalable, les bornes à l’intérieur desquelles le sujet doit contenir ses
activités3.
Cette définition est reprise en droit de l’Union européenne. La compétence y désigne l’aptitude reconnue aux institutions,
organes ou organismes de l’Union d’accomplir des actes juridiques licites en son nom. Titre juridique, la compétence
habilite l’Union à exercer des pouvoirs qui permettent à ses institutions d’adopter des actes produisant des effets de droit 4.
En ce sens, les pouvoirs correspondent à l’ensemble des actes juridiques pris sur le fondement de celle-ci5.
Pour résumé, la compétence permet à une autorité de détenir plusieurs pouvoirs, ces pouvoirs lui permettant d’adopter des
actes juridiques.

Section I – La détermination des compétences de l’Union européenne

I – Le principe d’attribution des compétences

Définition du principe : ce principe autorise l’Union à n’intervenir que si elle y a été expressément habilitée par les traités.

Article 5, § 1, du TUE :
Le principe d'attribution régit la délimitation des compétences de l’Union. […]

A – Le fondement du principe

Article 5, § 2, du TUE :
En vertu du principe d’attribution, l’Union n’agit que dans les limites des compétences que les États membres lui ont attribuées dans les traités pour atteindre les
objectifs que ces traités établissent. Toute compétence non attribuée à l’Union dans les traités appartient aux États membres.

B – Les conséquences du principe

L'existence obligatoire d’une base juridique : l’obligation pour l’Union de fonder ses actes juridiques sur une disposition
des traités.
Base juridique : disposition du TUE ou du TUE sur lequel se fonde un acte pris par une institution de l’UE.

Unicité de la base juridique depuis les années 1990.

II – La délimitation des compétences


A – La période antérieure au traité de Lisbonne
- Des compétences disparates
- Des compétences fonctionnelles

B – La période postérieure au traité de Lisbonne


- Les dispositions liminaires : Titre I « Catégories et domaines de compétences de l’Union » (Première partie « Les
principes ») du TFUE

Article 3 du TFUE :
1. L’Union dispose d'une compétence exclusive dans les domaines suivants:
a) l’union douanière;

1
G. HÉRAUD, « La validité juridique », Mélanges offerts à J. MAURY, Tome II, Paris, Dalloz, 1960, p. 484..
2
G. JÈZE, « Essai de théorie générale de la compétence pour l’accomplissement des actes juridiques en droit public français »,
RDP, 1923, vol. 40, p. 58.
3
Ainsi que l’explique V. Constantinesco, la compétence permet de « délimiter de façon précise et préalable la liberté d’action
légale de son titulaire » : cf. V. CONSTANTINESCO, Compétences et pouvoirs dans les Communautés européennes, Contribution à
l’étude de la nature juridique des Communautés, précité, p. 74.
4
F. MARTUCCI, Droit de l’Union européenne, 2ème éd., Paris, Dalloz, 2019, p. 193.
5
V. CONSTANTINESCO, Compétences et pouvoirs dans les Communautés européennes, Contribution à l’étude de la nature
juridique des Communautés, Paris, LGDJ, 1973, p. 83.
b) l’établissement des règles de concurrence nécessaires au fonctionnement du marché intérieur;
c) la politique monétaire pour les États membres dont la monnaie est l’euro;
d) la conservation des ressources biologiques de la mer dans le cadre de la politique commune de la pêche;
e) la politique commerciale commune.
2. L’Union dispose également d’une compétence exclusive pour la conclusion d’un accord international lorsque cette conclusion est prévue dans un acte législatif
de l’Union, ou est nécessaire pour lui permettre d’exercer sa compétence interne, ou dans la mesure où elle est susceptible d’affecter des règles communes ou
d'en altérer la portée.

Article 4 du TFUE :
1. L’Union dispose d’une compétence partagée avec les États membres lorsque les traités lui attribuent une compétence qui ne relève pas des domaines visés aux
articles 3 et 6.
2. Les compétences partagées entre l’Union et les États membres s'appliquent aux principaux domaines suivants:
a) le marché intérieur;
b) la politique sociale, pour les aspects définis dans le présent traité;
c) la cohésion économique, sociale et territoriale;
d) l’agriculture et la pêche, à l’exclusion de la conservation des ressources biologiques de la mer;
e) l’environnement;
f) la protection des consommateurs;
g) les transports;
h) les réseaux transeuropéens;
i) l’énergie;
j) l’espace de liberté, de sécurité et de justice;
k) les enjeux communs de sécurité en matière de santé publique, pour les aspects définis dans le présent traité.
3. Dans les domaines de la recherche, du développement technologique et de l’espace, l’Union dispose d’une compétence pour mener des actions, notamment
pour définir et mettre en œuvre des programmes, sans que l’exercice de cette compétence ne puisse avoir pour effet d’empêcher les États membres d’exercer la
leur.
4. Dans les domaines de la coopération au développement et de l’aide humanitaire, l’Union dispose d’une compétence pour mener des actions et une politique
commune, sans que l’exercice de cette compétence ne puisse avoir pour effet d’empêcher les États membres d'exercer la leur.

Article 6 du TFUE :
L’Union dispose d’une compétence pour mener des actions pour appuyer, coordonner ou compléter l’action des États membres. Les domaines de ces actions sont,
dans leur finalité européenne:
a) la protection et l’amélioration de la santé humaine;
b) l’industrie;
c) la culture;
d) le tourisme;
e) l’éducation, la formation professionnelle, la jeunesse et le sport;
f) la protection civile;
g) la coopération administrative.

- Les dispositions matérielles : Troisième Partie du TFUE intitulée « les politiques et actions internes de l’Union ».

Article 2, § 6, du TFUE :
L’étendue et les modalités d’exercice des compétences de l’Union sont déterminées par les dispositions des traités relatives à chaque domaine.

- Les objectifs de l’Union européenne : article 3 du TUE.

II- L’ajustement des compétences

A – L’ajustement jurisprudentiel

Les compétences implicites : compétences qui sont prises dans le prolongement d’autres compétences, ces dernières
bénéficiant d’une base juridique explicite dans les traités.

Ex. de l’arrêt ATER : Cour de justice des Communautés européennes (CJCE – ancienne CJUE) , 31 mars 1971, AETR, aff.
n° 22/70.

B – L’ajustement textuel

La clause de flexibilité : cette disposition permet de reconnaitre aux institutions et organes de l’UE un pouvoir qui n’est
pas expressément prévu par le traité, mais qui se révèle nécessaire pour atteindre un des objectifs des traités.

Article 352 du TFUE :


1. Si une action de l’Union paraît nécessaire, dans le cadre des politiques définies par les traités, pour atteindre l’un des objectifs visés par les traités, sans que
ceux-ci n’aient prévu les pouvoirs d’action requis à cet effet, le Conseil, statuant à l'unanimité sur proposition de la Commission et après approbation du
Parlement européen, adopte les dispositions appropriées. Lorsque les dispositions en question sont adoptées par le Conseil conformément à une procédure
législative spéciale, il statue également à l'unanimité, sur proposition de la Commission et après approbation du Parlement européen.
2. La Commission, dans le cadre de la procédure de contrôle du principe de subsidiarité visée à l'article 5, paragraphe 3, du traité sur l’Union européenne, attire
l’attention des parlements nationaux sur les propositions fondées sur le présent article.
3. Les mesures fondées sur le présent article ne peuvent pas comporter d’harmonisation des dispositions législatives et réglementaires des États membres dans les
cas où les traités excluent une telle harmonisation.
4. Le présent article ne peut servir de fondement pour atteindre un objectif relevant de la politique étrangère et de sécurité commune et tout acte adopté
conformément au présent article respecte les limites fixées par l'article 40, second alinéa, du traité sur l’Union européenne.
Cas pratique n° 1 :

Consciente de l’urgence écologique, et plus particulièrement de la situation dramatique des pivoines à pois rose, l’UE a
adopté, le 3 avril 2021, un règlement (une « loi » européenne) pour sanctionner toute entreprise ou particulier qui verserait
de l’insecticide sur cette catégorie de pivoines. Ces entreprises ou particuliers se verront désormais infliger une amende de
255 euros par m2 de pivoines touchées.

Cet intérêt de l’UE pour les pivoines à pois rose ou, plus généralement, pour les fleurs est totalement nouveau puisque
l’Union n’avait jusque-là adopté aucun acte juridique, aucune règlementation pour protéger les pivoines ou toutes autres
fleurs.

La France, qui n’est pas favorable à ce règlement mais qui n’a pas pu empêcher son adoption décide de le contester en
arguant du fait que le traité ne confère à l’UE aucune compétence pénale pour infliger des sanctions pécuniaires à un État.

En effet, le TFUE ne prévoit aucune compétence pénale pour l’Union européenne.

La France a-t-elle raison de contester ce règlement ?

A – 1. Le principe d’attribution des compétences, consacré à l’article autorise l’UE à n’intervenir que si elle y a été
expressément habilitée par les traités. Le principe d'attribution des compétences va avoir une conséquence : l’obligation
pour l’Union de fonder ses actes juridiques sur une disposition du traité, sur une base juridique.
2. En conséquence, conformément au principe d’attribution des compétences, l’UE doit s’être vu conférer une compétence
pénale pour pouvoir infliger des sanctions pécuniaires à une entreprise ou à un particulier.
3. En conclusion, le TFUE ne lui conférant pas une telle compétence, l’UE ne pouvait pas adopter le règlement du 3 avril
2021 visant à sanctionner financièrement toute entreprise ou particulier qui verserait de l’insecticide sur les pivoines à pois
rose.

B – 1. Le principe d’attribution des compétences, consacré à l’article autorise l’UE à n’intervenir que si elle y a été
expressément habilitée par les traités. Le principe d'attribution des compétences va avoir une conséquence : l’obligation
pour l’Union de fonder ses actes juridiques sur une disposition du traité, sur une base juridique.
Cependant, la Cour de justice a reconnu que l’UE pouvait disposer de compétences implicites c’est-à-dire compétences qui
sont prises dans le prolongement d’autres compétences, ces dernières bénéficiant, quant à elles, d’une base juridique
explicite dans les traités.
Or, le TFUE confère à l’UE, à l’article 4, du TFUE, une compétence pour prendre des actes juridiques dans le domaine de
l’environnement. Par exemple, dans un arrêt du 9 juillet 1987, la CJCE a étendu le domaine de la compétence
sociale (art. 118 du traité CEE), laquelle est prévu par les traités, aux questions relatives aux travailleurs des États tiers
(politique migratoire), alors même que ces questions n’étaient pas évoqués dans les traités : CJCE, 9 juillet 1987,
Allemagne, France, Pays-Bas, Danemark et Royaume-Uni c/ Commission, aff. jtes 281/85, 283/85, 284/85, 285/85 et
287/85 ). Cependant, la CJUE a encadré cette possibilité d’extension d’une compétence. Elle ne l’a admis lorsque l’UE a
préalablement exercé sa compétence , c’est-à-dire losque l’UE a adopté des règles dans un domaine qui serait proche à celui
qui est réglementé.
2. En conséquence, conformément au principe d’attribution des compétences, l’UE doit s’être vu conférer par les traités une
compétence pénale pour pouvoir infliger des sanctions pécuniaires à une entreprise ou à un particulier. Si ce n’est pas le cas,
il est d’inclure dans un domaine de compétence de l'Union un objet situé dans un autre domaine ne faisant pas l'objet d'une
attribution de compétence à l'Union dès lors que cet objet serait étroitement lié à celui-ci. En l’espèce, même si l’UE ne
dispose pas de compétence pénale, elle possède une compétence en matière d’environnement en vertu de l’article 4, § 2, e),
du TFUE. Les amendes infligées aux entreprises visant à protéger les pivoines à pois vert, et donc plus largement
l’environnement, il pourrait être admis que la compétence en matière d’environnement accordée à l’UE couvre également
les mesures visant à assurer sa protection. Cependant, l’UE n’ayant encore jamais exercé sa compétence dans un domaine
proche dans un domaine qui serait proche à celui qui est réglementé, par exemple en prenant auparavant des mesures pour
protéger d’autres catégories de fleurs, la compétence environnementale de l’UE ne peut pas être étendue.
3. En conclusion, l’UE ne pouvait pas adopter le règlement du 3 avril 2021 visant à sanctionner financièrement toute
entreprise ou particulier qui verserait de l’insecticide sur les pivoines à pois rose en se fondant sur sa compétence
environnementale.

C – 1. Le principe d’attribution des compétences, consacré à l’article autorise l’UE à n’intervenir que si elle y a été
expressément habilitée par les traités. Le principe d'attribution des compétences va avoir une conséquence : l’obligation
pour l’Union de fonder ses actes juridiques sur une disposition du traité, sur une base juridique.
Cependant, la Cour de justice a reconnu que l’UE pouvait disposer de compétences implicites c’est-à-dire compétences qui
sont prises dans le prolongement d’autres compétences, ces dernières bénéficiant, quant à elles, d’une base juridique
explicite dans les traités.
Or, le TFUE confère à l’UE, à l’article 4, du TFUE, une compétence pour prendre des actes juridiques dans le domaine de
l’environnement. Par exemple, dans un arrêt du 9 juillet 1987, la CJCE a étendu le domaine de la compétence
sociale (art. 118 du traité CEE), laquelle est prévu par les traités, aux questions relatives aux travailleurs des États tiers
(politique migratoire), alors même que ces questions n’étaient pas évoqués dans les traités : CJCE, 9 juillet 1987,
Allemagne, France, Pays-Bas, Danemark et Royaume-Uni c/ Commission, aff. jtes 281/85, 283/85, 284/85, 285/85 et
287/85 ).
2. En conséquence, conformément au principe d’attribution des compétences, l’UE doit s’être vu conférer par les traités une
compétence pénale pour pouvoir infliger des sanctions pécuniaires à une entreprise ou à un particulier. Si ce n’est pas le cas,
il est d’inclure dans un domaine de compétence de l'Union un objet situé dans un autre domaine ne faisant pas l'objet d'une
attribution de compétence à l'Union dès lors que cet objet serait étroitement lié à celui-ci. En l’espèce, même si l’UE ne
dispose pas de compétence pénale, elle possède une compétence en matière d’environnement en vertu de l’article 4, § 2, e),
du TFUE. Les amendes infligées aux entreprises visant à protéger les pivoines à pois vert, et donc plus largement
l’environnement, il pourrait être admis que la compétence en matière d’environnement accordée à l’UE couvre également
les mesures visant à assurer sa protection.
3. En conclusion, même si le TFUE ne lui confère pas une compétence pénale, l’UE pouvait adopter le règlement du 3 avril
2021 visant à sanctionner financièrement toute entreprise ou particulier qui verserait de l’insecticide sur les pivoines à pois
rose en se fondant sur sa compétence environnementale.

Cas pratique n° 2

Dans l’hypothèse où les traités conféreraient à l’UE une compétence pénale pour infliger des sanctions pécuniaires aux
entreprises et aux particuliers, sur quelle base juridique le règlement du 3 avril 2021devrait-il se fonder ?

A – 1. Le principe d’attribution des compétences, consacré à l’article autorise l’UE à n’intervenir que si elle y a été
expressément habilitée par les traités. Le principe d'attribution des compétences va avoir une conséquence : l’obligation
pour l’Union de fonder ses actes juridiques sur une disposition du traité, sur une base juridique.
Si l’acte pris par l’UE touche plusieurs domaines, celui-ci ne doit se fonder que sur une seule base juridique (principe
d’unicité des bases juridiques) selon la jurisprudence de la Cour de justice à savoir celle exigée par la fin ou la composante
principale ou prépondérante de l’acte. Pour trouver la base juridique principale, il est nécessaire de trouver le but principal
l’acte juridique envisagé en examinant 3 critères : ses objectifs, son contenu et son économie générale.
2. En conséquence, étant donné que le règlement du 3 avril 2021 touche le domaine pénal et le domaine environnemental,
domaines dans lesquels l’UE s’est vu attribuer des compétences par les traités, il est nécessaire de trouver l’objectif
principal de cet acte. Pour cela il faut examiner ses objectifs, son contenu et son économie générale. L’analyse de ces trois
critères révèlent que le règlement du 3 avril 2021 a un objectif principal de nature environnemental. (Lors de l’examen
finale il sera nécessaire de développer votre raisonnement en expliquant comment vous appliquez ces 3 critères au
règlement du 3 avril 2021).
3. En conclusion, conformément au principe d’unicité de base juridique, le règlement du 3 avril 202, doit se fonder sur la
disposition du TFUE relative à la compétence environnementale.

B – 1. Le principe d’attribution des compétences, consacré à l’article autorise l’UE à n’intervenir que si elle y a été
expressément habilitée par les traités. Le principe d'attribution des compétences va avoir une conséquence : l’obligation
pour l’Union de fonder ses actes juridiques sur une disposition du traité, sur une base juridique.
Si l’acte pris par l’UE touche plusieurs domaines, celui-ci ne doit se fonder que sur une seule base juridique (principe
d’unicité des bases juridiques) selon la jurisprudence de la Cour de justice à savoir celle exigée par la fin ou la composante
principale ou prépondérante de l’acte. Pour trouver la base juridique principale, il est nécessaire de trouver le but principal
l’acte juridique envisagé en examinant 3 critères : ses objectifs, son contenu et son économie générale.
2. En conséquence, étant donné que le règlement du 3 avril 2021 touche le domaine pénal et le domaine environnemental,
domaines dans lesquels l’UE s’est vu attribuer des compétences par les traités, il est nécessaire de trouver l’objectif
principal de cet acte. Pour cela il faut examiner ses objectifs, son contenu et son économie générale. L’analyse de ces trois
critères révèlent que le règlement du 3 avril 2021 a un objectif principal de nature pénale. (Lors de l’examen finale il sera
nécessaire de développer votre raisonnement en expliquant comment vous appliquez ces 3 critères au règlement du 3 avril
2021).
3. En conclusion, conformément au principe d’unicité de base juridique, le règlement du 3 avril 202, doit se fonder sur la
disposition du TFUE relative à la compétence pénale.

C – 1. Le principe d’attribution des compétences, consacré à l’article autorise l’UE à n’intervenir que si elle y a été
expressément habilitée par les traités. Le principe d'attribution des compétences va avoir une conséquence : l’obligation
pour l’Union de fonder ses actes juridiques sur une disposition du traité, sur une base juridique.
Si l’acte pris par l’UE touche plusieurs domaines, celui-ci peut se fonder sur plusieurs bases juridiques (principe de la
pluralité des bases juridiques) selon la jurisprudence de la Cour de justice.
2. Le règlement du 3 avril 2021 touche le domaine pénal et le domaine environnemental, domaines dans lesquels l’UE s’est
vu attribuer des compétences par les traités.
3. En conclusion, conformément au principe de pluralité des bases juridique, le règlement du 3 avril 202, doit se fonder sur
les dispositions du TFUE relative aux compétences pénales et environnementales.
Section II – La répartition des compétences

La répartition des compétences organise les rapports que l’Union entretient avec les États membres. Très concrètement, la
répartition des compétences renvoie à la question de savoir, une fois qu’une compétence attribuée à l’Union quels vont être
les effets de cette attribution sur les compétences des États membres.
La répartition des compétences entre l’Union et les États membres repose sur deux critères. Le premier tient au titulaire du
titre juridique de compétence6 : qui détient la compétence ? Le second renvoie à l’intensité du pouvoir normatif exercé par
les institutions de l’Union, c’est-à-dire à l’effet de ce pouvoir sur ceux détenus par les États membres7.
Plus concrètement, pour distinguer les compétences, deux questions se posent successivement : « Qui adopte l’acte
juridiquement contraignant (l’État membre et/ou l’Union) ? Quel rapport s’établit entre l’acte juridique de l’Union et les
dispositions du droit national ? »8.

Article 2 du TFUE :
1. Lorsque les traités attribuent à l’Union une compétence exclusive dans un domaine déterminé, seule l’Union peut légiférer et adopter des actes juridiquement
contraignants, les États membres ne pouvant le faire par eux-mêmes que s’ils sont habilités par l’Union, ou pour mettre en œuvre les actes de l’Union.
2. Lorsque les traités attribuent à l’Union une compétence partagée avec les États membres dans un domaine déterminé, l’Union et les États membres peuvent
légiférer et adopter des actes juridiquement contraignants dans ce domaine. Les États membres exercent leur compétence dans la mesure où l’Union n'a pas
exercé la sienne. Les États membres exercent à nouveau leur compétence dans la mesure où l’Union a décidé de cesser d’exercer la sienne.
3. Les États membres coordonnent leurs politiques économiques et de l’emploi selon les modalités prévues par le présent traité, pour la définition desquelles
l’Union dispose d'une compétence.
4. L’Union dispose d’une compétence, conformément aux dispositions du traité sur l’Union européenne, pour définir et mettre en œuvre une politique étrangère et
de sécurité commune, y compris la définition progressive d'une politique de défense commune.
5. Dans certains domaines et dans les conditions prévues par les traités, l’Union dispose d’une compétence pour mener des actions pour appuyer, coordonner ou
compléter l’action des États membres, sans pour autant remplacer leur compétence dans ces domaines.
Les actes juridiquement contraignants de l’Union adoptés sur la base des dispositions des traités relatives à ces domaines ne peuvent pas comporter
d’harmonisation des dispositions législatives et réglementaires des États membres.
6. L’étendue et les modalités d’exercice des compétences de l’Union sont déterminées par les dispositions des traités relatives à chaque domaine.

I – Les compétences exclusives

Art. 2, § 1, du TFUE et art 3 du TFUE.

II- Les compétences partagées

Art. 2, § 2, du TFUE et art. 4 du TFUE.


- phénomène de préemption : l'exercice effectif des compétences par l’UE exclut progressivement la compétence
nationale : plus l’Union adopte des actes juridiquement contraignants en une matière, plus les pouvoirs législatifs des États
membres se réduisent.
- création de compétences exclusives par exercice.

II- Les compétences d’appui, de coordination ou de complément

Art. 2, § 5, du TFUE et art. 6 du TFUE.

IV- Les compétences atypiques

Art. 2, § 3 et §4 du TFUE et art 5 du TFUE.

Cas pratique n° 3

L’UE souhaite s’immiscer dans les politiques éducatives des États membres, et plus particulièrement à celles relatives à
l’enseignement dans les universités. Elle s’intéresse plus spécifiquement aux licences d’administration économique et
sociale dite AES. Elle veut harmoniser les programmes de ces licences dans toute l’UE en adoptant un programme commun
à tous les États membres de l’UE.

Peut-elle le faire ?
Conseil : rechercher la catégorie de compétence à laquelle appartient la compétence éducative de l’UE.

A – Oui. Lors de l’examen final, il faudra expliquer votre réponse en reprenant la méthodologie du cas pratique étudiée
pendant le cours.
B – Non. Lors de l’examen final, il faudra expliquer votre réponse en reprenant la méthodologie du cas pratique étudiée
pendant le cours.
6
Il peut s’agir de l’Union européenne, des États membres ou des deux.
7
Le pouvoir normatif doit s’entendre comme le pouvoir d’édicter des actes contraignants.
8
F. MARTUCCI, Droit de l’Union européenne, précité, p. 216.
Section III – L’exercice des compétences

Principe de subsidiarité : seulement pour les compétences non-exclusives de l’UE.


Principe de proportionnalité : pour toutes les compétences de l’UE

I – Le principe de subsidiarité

A – Le fondement du principe

Art 5, § 3, du TUE :
En vertu du principe de subsidiarité, dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive, l’Union intervient seulement si, et dans la mesure où, les
objectifs de l’action envisagée ne peuvent pas être atteints de manière suffisante par les États membres, tant au niveau central qu’au niveau régional et local,
mais peuvent l’être mieux, en raison des dimensions ou des effets de l’action envisagée, au niveau de l’Union 9.

B – La définition du principe

Le principe de subsidiarité n’admet une intervention de l’Union que si l’action de l’État membre se révèle insuffisante.

C – La double fonction du principe

D – La double condition du principe

Le « double test d’efficacité » ou le « test de l’efficacité comparative ».

E – La mise en œuvre du principe de subsidiarité

1 – Le rôle de la Commission
- la consultation
- la motivation
- les rapports

2 – Le rôle du Conseil et du Parlement

F – Le contrôle du principe de subsidiarité

1 – Le contrôle politique
- Le Comité des régions
- Les parlements nationaux

2 – Le contrôle juridictionnel

II – Le principe de proportionnalité

A – Le fondement du principe

Art 5, § 4, du TUE :
En vertu du principe de proportionnalité, le contenu et la forme de l’action de l’Union n'excèdent pas ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs des traités.
Les institutions de l’Union appliquent le principe de proportionnalité conformément au protocole sur l’application des principes de subsidiarité et de
proportionnalité10.

B – La définition du principe

1- Le critère de nécessité/d’efficacité : Capacité de la mesure d’atteindre l’objectif affiché. Lien


Critère
de causalité direct entre les mesures qui sont adoptées et l'objectif d'intérêt général qui est poursuivi.
qualitatif

9
Il est nécessaire d’ajouter que les institutions de l’Union mettent en œuvre ce principe conformément au protocole sur
l’application des principes de subsidiarité et de proportionnalité : cf. protocole n° 2 sur l’application des principes de subsidiarité
et de proportionnalité, JO C 115, 9 mai 2008, pp. 206-209, ci-après « protocole sur l’application des principes de subsidiarité et de
proportionnalité ».
10
Ibid.
2- Le critère de proportionnalité : Apprécier l’excessivité de la mesure par rapport au but
recherché. Appréciations très factuelles.
s
atifs 3 - Le critère de substitution/ d’entrave minimale : Vérifier si l’objectif peut être atteint par d'autres moyens
moins restrictifs ou moins pénalisants pour la libre circulation.

C – Le contrôle du principe de subsidiarité

1 – Le contrôle politique
- Les parlements nationaux

2 – Le contrôle juridictionnel

Cas pratique n° 4
Établie en France depuis 1990, la société « MySweetCandy (MSC) » est spécialisée dans la confection de confiseries
artisanales haut de gamme. Elle exploite plusieurs ateliers de confection de friandises, située en Espagne, en Angleterre, au
Japon, au Liban et en Italie. Surfant sur la nouvelle tendance « Healthy Food », dont les magazines les plus populaires
scandent les mérites à l’envi, la société MFC se lance dans la fabrication d’une nouvelle gamme de confiseries :
« MyVitaCandy ». Ces nouveaux bonbons, enrichis en vitamine C, sont produits à partir d’huile de jojoba, de baies d’açaï et
de Goji.

Elle commence ainsi la commercialisation de ces confiseries en France. Malheureusement l’entreprise vient de recevoir une
lettre recommandée de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
(DGCCRF) l’enjoignant à mettre fin à ses ventes de bonbons enrichis en vitamine C au motif qu’elle ne respecterait pas la
législation européenne sur la protection des consommateurs et, plus précisément, le règlement du 10 décembre 2015, sur
l’ajout d’additifs dans les produits alimentaires. Les agents de la DGCCRF précisent en effet que le marquage n’indique pas
la teneur en vitamine C. Conformément à ce même règlement, la DGCCRF inflige à la société MSC une amende forfaitaire
égale à 5% de son chiffre d’affaires français.

La société MSC souhaite contester cette mesure devant le juge. Elle considère que ce règlement ne respecte pas le
principe de proportionnalité. A-t-elle raison ?

A – 1. Même lorsque l’UE dispose d’une compétence dans un domaine, elle ne peut l’exercer que dans le respect du
principe de proportionnalité. Ce principe implique de remplir trois critères : le critère de nécessité, dit aussi d’efficacité,
l’acte juridique pris par l’institution européenne doit être apte atteindre l’objectif qu’il poursuit ; le critère de
proportionnalité : l’acte juridique pris par l’institution européenne ne doit pas être excessif par rapport à l’objectif qu’il
poursuit ; le critère de substitution, de l’entrave minimale : il ne doit pas exister d’autres moyens moins restrictifs des
libertés.
2. Bien que l’UE dispose d’une compétence dans le domaine de la protection des consommateurs (art. 4, § 2, f) du TFUE),
elle ne peut l’exercer que dans le respect du principe de proportionnalité. Or, le règlement du 10 décembre 2015, sur l’ajout
d’additifs dans les produits alimentaires ne respecte pas les 3 critères du principe de proportionnalité. (Lors de l’examen
finale il sera nécessaire de développer votre raisonnement en expliquant comment vous appliquez les 3 critères au
règlement du 10 décembre 2015).
3. En conclusion, la société MSC a raison de contester le règlement du 10 décembre 2015, sur l’ajout d’additifs dans les
produits alimentaires au motif que celui-ci ne respecte pas le principe de proportionnalité.

B – 1. Même lorsque l’UE dispose d’une compétence dans un domaine, elle ne peut l’exercer que dans le respect du
principe de proportionnalité. Ce principe implique de remplir trois critères : le critère de nécessité, dit aussi d’efficacité,
l’acte juridique pris par l’institution européenne doit être apte atteindre l’objectif qu’il poursuit ; le critère de
proportionnalité : l’acte juridique pris par l’institution européenne ne doit pas être excessif par rapport à l’objectif qu’il
poursuit ; le critère de substitution, de l’entrave minimale : il ne doit pas exister d’autres moyens moins restrictifs des
libertés.
2. Bien que l’UE dispose d’une compétence dans le domaine de la protection des consommateurs (art. 4, § 2, f) du TFUE),
elle ne peut l’exercer que dans le respect du principe de proportionnalité. Or, le règlement du 10 décembre 2015, sur l’ajout
d’additifs dans les produits alimentaires respecte les 3 critères du principe de proportionnalité. (Lors de l’examen finale il
sera nécessaire de développer votre raisonnement en expliquant comment vous appliquez les 3 critères au règlement du 10
décembre 2015).
3. En conclusion, la société MSC n’a pas raison de contester le règlement du 10 décembre 2015, sur l’ajout d’additifs dans
les produits alimentaires au motif que celui-ci ne respecte pas le principe de proportionnalité.

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