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Céleste KOENIG 28 Janvier 2022

(Groupe 3)
Séance 3
Les crises démocratiques au sein de l’Union Européenne

La démocratie constitue le fondement politique et moral de l’Union Européenne, comme en


témoigne l’article 2 du Traité sur l’Union Européenne (TUE). Toutefois, depuis les années 1990 une
méfiance s’est développée avec la montée de l’euroscepticisme, qui accuse notamment l’Union
Européenne de se diriger vers un « déficit démocratique ». L’Union Européenne fait en effet face à
deux types de crises démocratiques : la crise de la démocratie formelle, qui désigne l’ensemble des
règles adoptées concernant la prise de décision politique ou les moyens de mettre en place ces
règles, ainsi que la crise de la démocratie matérielle, dont le principal objectif et fondement est la
protection des droits fondamentaux de l’Homme. La crise de la démocratie formelle s’observe
notamment à travers le taux d’abstention des élections européennes qui ne cesse d’augmenter
chaque année, traduisant ainsi un manque de participation des citoyens au processus de prise de
décisions européennes. Cette crise questionne alors la légitimité démocratique des différentes
institutions européennes. Parallèlement, l’Union Européenne traverse également une crise de la
démocratie matérielle, avec des atteintes de plus en plus nombreuses des États membres envers les
valeurs défendues et instaurées par l’article 2 du traité sur l’Union Européenne. Toutefois, il est
important de relever que l’Union Européenne s’efforce de faire face à ces crises par le biais de
procédés, permettant d’assurer la protection des principes démocratiques.
Il conviendra ainsi de démontrer que l’Union Européenne dispose d’un certain nombre
d’instruments permettant de répondre à ces différentes crises, renforçant le caractère
démocratique de la prise de décision à l’échelle européenne.
En effet, l’Union Européenne s’efforce, d’une part, à accroître les liens entre ses citoyens et
ses institutions afin de palier à la crise de la démocratie formelle (I), mais, possède également des
dispositifs visant à protéger ses droits et ses valeurs fondamentales face à la crise de la démocratie
matérielle (II).

I/ L'accroissement des liens entre citoyens et institutions européennes permet de palier à la


crise de la démocratie formelle

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D’une part, l’expansion des pouvoirs du Parlement permet le renforcement de la légitimité
démocratique de l’Union (A), et, d’autre part, les droits accordés avec la citoyenneté européenne
permettent la participation des citoyens aux prises de décisions politiques (B).

A) L’expansion des pouvoirs du Parlement permet le renforcement de la légitimité


démocratique de l’Union

Le parlement est la seule institution européenne élue par l’ensemble des citoyens, ce qui fait
d’elle l’institution européenne la plus légitime démocratiquement. En effet, au sein de l’Union
Européenne, comme le stipule l’article du 10 du TUE, « les citoyens sont directement représentés,
au niveau de l’Union, au Parlement européen ». L’article 14 du TUE détaille la composition et le
fonctionnement du Parlement. Le Parlement est composé de représentants des citoyens des
différents États membres de l’UE, élus au suffrage universel direct, pour cinq ans. Il exerce des
fonctions législatives et budgétaires, conjointement avec le Conseil de l’Union.
De ce fait, les pouvoirs du Parlement européen ont été élargis afin de renforcer la légitimité
démocratique au sein de l’UE. Le Parlement a notamment acquis un pouvoir accru sur la
Commission. Cette dernière est en effet souvent dénoncée pour son manque de légitimité
démocratique étant donné qu’elle n’est pas élue directement par les citoyens, mais qu’elle dispose
tout de même du monopole de l’initiative législative. Selon l’article 234 du Traité sur le
fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE), le Parlement dispose d’une motion de censure sur
la gestion de la Commission, qui, lorsqu’elle est adoptée à la majorité, contraint les membres de la
Commission à démissionner collectivement de leurs fonctions. Le Parlement possède également le
pouvoir d’élire le président de la Commission, comme le stipule l’article 14 du TUE.
Les traités ont donc contribué à améliorer la légitimité démocratique des institutions
européennes, en renforçant les pouvoirs du Parlement en matière de désignation et de contrôle de la
Commission.

B) Les droits accordés avec la citoyenneté européenne permettent la participation des


citoyens aux prises de décisions politiques

Comme l’énonce l’article 20 du TFUE, « est citoyen toute personne ayant la nationalité d’un
État membre ». La citoyenneté européenne s’ajoute à celle de l’État membre. Cette citoyenneté
s’accompagne de droits et de devoirs, tels qu’ils sont prévus dans les traités.
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Ces droits et devoirs permettent aux citoyens d’être acteurs de la prise de décision à
l’échelle de l’UE. Les principaux droits relevant de la citoyenneté européenne sont listés dans
l’article 20 du TFUE. Les citoyens possèdent ainsi le droit de vote et d’éligibilité à la fois aux
élections du Parlement Européen, mais également aux élections municipales au sein de l'État
membre dans lequel ils résident. Les citoyens possèdent d’autre part le droit d’adresser des pétitions
au Parlement européen, de recourir au médiateur européen, mais peuvent aussi s’adresser aux
institutions et aux organes consultatifs de l’Union, dans une des langues des traités, et recevront une
réponse dans cette même langue. De plus, ils peuvent bénéficier de la protection des autorités
diplomatiques et consulaires de tout État membre, et peuvent circuler et séjourner librement sur le
territoire des États membres. Les citoyens peuvent donc, dans une certaine mesure, participer à la
vie démocratique européenne.

Ainsi, l’Union Européenne tente de lutter contre la crise de la démocratie formelle en


accroissant les liens entre les citoyens et les institutions, notamment en augmentant les pouvoirs du
Parlement et en accordant des droits aux citoyens, permettant alors leur implication dans les prises
de décisions politiques. Mais l’Union ne doit pas uniquement lutter contre la crise de la démocratie
formelle. En effet, elle s’efforce également de lutter contre la crise de la démocratie matérielle, qui
met en danger la garantie des droits et des valeurs fondamentales.

II/ L’Union européenne possède des dispositifs visant à protéger ses droits et ses valeurs
fondamentales face à la crise de la démocratie matérielle

L’Union européenne s’assure du respect des droits fondamentaux par le biais de mécanismes
de sanction (A) mais assure également la protection de l’État de droit (B).

A) L’Union Européenne contrôle le respect des droits fondamentaux par le biais de


mécanismes de sanction

L’Union Européenne est fondée sur des droits et des valeurs fondamentales. L’article 2 du
TUE détaille ces valeurs, sur lesquelles l’UE est fondée : la dignité humaine, de liberté, de
démocratie, l’égalité, le respect des droits de l’Homme, le pluralisme, la non-discrimination, la
tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes.

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Des mécanismes de sanction ont alors été conçus afin de sanctionner un État membre qui
violerait les droits fondamentaux. En cas de violations graves et persistantes, l’article 7 du TUE
prévoit de sanctionner l’Etat membre à l’origine de ces exactions. Ce dernier risque notamment
d’être suspendu des droits accordés par les traités, par exemple le droit de vote. Ces sanctions sont
appliquées uniquement si la majorité qualifiée du Conseil de l’Union Européenne y est favorable.
Un autre mécanisme pour lutter contre la violation de ces droits a été introduit dans le traité de
Nice. Il s’agit d’un mécanisme préventif. En effet, sur proposition d’un État membre, du Parlement
ou de la Commission, le Conseil, après analyse de la situation, peut constater qu’il existe un risque
de violation grave par un État membre. Le Conseil va alors adresser à cet État des
recommandations, à titre préventif.

B) L’Union Européenne s’assure de la protection de l’État de droit

L’Union Européenne, en réponse à ses précédentes crises, s’assure également de la


protection de l’État de droit, principe qui fait partie de ses valeurs fondamentales. En 2014, la
Commission a notamment annoncé l’instauration d’un « nouveau cadre de l’UE pour renforcer
l’État de droit ». Ce cadre met en place un protocole en cas de détection de menaces portant
attraient aux principes et valeurs de l’État de droit. Dans ce cadre, la Commission initie un
processus d’analyse de la situation. Si un retour à l’État de droit n’est pas observé, l’État membre
concerné risque alors de subir l’application des mesures de sanction prévues dans l’article 7 du
TUE. Toutefois, la mise en application de cet article connait une faiblesse. En effet, pour que
l’article s’applique en cas de violation graves des valeurs, le Conseil doit pour cela statuer à
l’unanimité. Toutefois, certains États se soutiennent mutuellement pour empêcher la mise en action
de l’article 7, comme ce fut le cas de la Hongrie et de la Pologne.
La protection de l’État de droit est également assurée par le renvoi préjudiciel. Le renvoi
préjudiciel, selon l’article 267 du TFUE, permet à une juridiction d’un État membre de saisir la
Cour de justice Européenne afin de l’interroger sur l’interprétation ou sur la validité du droit de
l’Union dans le cadre d’un litige. Le renvoi préjudiciel constitue donc une des voies de protection
des valeurs de l’Union.
L’Union Européenne dispose donc de plusieurs mécanismes permettant d’assurer la
protection des valeurs fondamentales. Mais elle doit aussi lutter face aux faiblesses de ces
mécanismes, qui peuvent, dans certaines situations de crise, apparaitre insuffisants.

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