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CPGE ATS Économie - Gestion - Lycée Ozenne Mme LAURENT – Droit de l’Union européenne - UT1 Capitole - 2023/2024

Droit de l'Union Européenne


INTRODUCTION :

I. §1. L’intérêt d’étudier les institutions et le fonctionnement de l’UE


A. Le droit de l’UE influence le droit interne (national)
▪ Aujourd’hui, il n’existe aucune réglementation qui n’entretient aucun lien (direct ou indirect) avec le droit
communautaire. En effet, s’il existe des domaines qui sont exclusifs au droit de l’UE, sur d’autres domaines qui
ne concernent pas directement le droit de l’UE, un cadre normatif imposé par le droit communautaire subsiste.
▪ Cas 1 : Les compétences exclusives de l’UE :
o Dans cette première hypothèse, on peut prendre l’exemple de la vente de vêtements ou de médicaments au sein
de l’Union européenne qui sont toutes les deux soumises à de nombreuses règles instaurées par la législation
européenne sur la fabrication et sur le processus de fabrication qui viennent donc encadrer la production,
distribution et consommation de biens et services au sein de ses Etats membres (il en est d’ailleurs de même
pour la réglementation sur Internet) .
o Concernant ces domaines avec la compétence exclusive de l’UE qui sont énumérés à l’article 3 du traité sur le
fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), le droit européen s’applique donc automatiquement aux
pays membres. De même, concernant les politiques monétaires, l'Union européenne possède une compétence
propre, ce qui empêche les Etats membres d’édicter leurs propres régulations.
▪ Cas 2 : l’article 4 TFUE érige les domaines de compétences partagées, ce qui signifie que l’UE peut agir au même
niveau ou sur les mêmes questions que celles que les Etats traitent à l’échelle nationale.
o Ce partage de compétence s’effectue selon un principe de subsidiarité qui laisse en principe l’initiative de
légiférer aux institutions nationales, locales ou régionales sauf dans les cas où les politiques mises en
place seraient insuffisantes ou inefficaces. En effet, l’UE ne peut intervenir que dans le cas où elle
considère que les Etats sont défaillants ou que la politique déterminée à l’échelle nationale sera
inefficace au niveau de l’Union européenne.
- Ex : c’est notamment le cas pour le droit de l’environnement où une politique globale au niveau
communautaire pourra avoir un impact significatif. On peut prendre l’exemple de la directive dite Oiseaux
qui rentre dans le cadre de ce domaine de compétence partagée et qui renvoie à une liste d’oiseaux
protégés et donc interdits à la chasse édictée par l’UE. Dans le cadre de l’application de l’article 4 du TUE,
les Etats ne peuvent plus alors modifier la liste établie.
- Il existe également un champ de compétence d’appui que l’on évoquera pas dans le cadre de ce cours
de droit de l’UE.
▪ Cas 3 : selon l’article 3 et 4 du TFUE, il existe certains domaines de compétence propres aux Etats membres au
sein desquels ils sont les seuls à pouvoir légiférer.
o Compétences propres aux EM : ils sont les seuls à avoir la compétence pour légiférer. De même, concernant les
fonctions régaliennes, celles-ci demeurent la compétence réservée des Etats membres comme sur les questions
de sécurité nationale.
o Effectivement, l’UE ne représente pas une fédération d’Etats car outre l’échec du projet de traité
constitutionnel européen ; le traité de Lisbonne ne constituant pas un acte constitutionnel ; chaque
Etat-membre conserve entièrement sa souveraineté et les fonctions propres qui s’y rattachent.
o TOUTEFOIS, si au niveau national certaines compétences sont exclusives à chaque Etat, ils demeurent qu’ils
doivent agir et légiférer dans un certain cadre imposé par l’UE à travers des règles annexes.
- Exemple : si les Etats sont les seuls à pouvoir déterminer la structuration et la mise en place des
mesures de sécurité nationale, la Cour de justice a pu limiter l’action de la France dans le cadre de la
prévention des attentats par la surveillance automatisée en ligne. En effet, une loi mise en place pour
permettre aux services de l’État de récolter un certain nombre de données pour la protection de la sécurité
interne a été remise en cause par un arrêt de 2020 de la CJUE qui a déclaré que les Etats ne pouvaient
mettre en place de tels réglementations en place car ils allaient à l’encontre du règlement général des

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données personnelles instaurés par le droit communautaire. On fait ici référence à un texte réglementaire
européen qui encadre le traitement des données de manière égalitaire sur tout le territoire de l'Union
européenne.
▪ On peut en conclure que même dans le cadre des compétences exclusives des Etats membres, le droit de l’UE
peut s’immiscer et impacter leur droit interne ce qui démontre clairement l’intérêt d’étudier le droit
communautaire pour tenter appréhender le droit interne.

B. La citoyenneté européenne, des droits méconnus et un fonctionnement complexe mal compris


▪ Un autre intérêt à étudier les institutions et le fonctionnement de l’UE est le nôtre en tant que citoyen d’un pays membre
de l’UE, puisque de ce fait, nous disposons de la citoyenneté européenne.
▪ La citoyenneté européenne confère des droits tels que :
o La libre circulation au sein des pays de l’UE, qui implique plus largement que toute personne disposant de la
citoyenneté européenne peut librement s’installer ou travailler dans un autre pays membre.
o Les droits liés à l’Internet puisque l’UE a créé un arsenal conséquent de régulations qui limitent mais protègent
aussi le citoyen européen dans sa consommation de services proposés sur Internet.
o L’UE étant structurée sur la base d’un modèle démocratique, chaque citoyen européen dispose d’un
droit de vote au Parlement européen. Toutefois, les élections européennes sont marquées par un très haut
taux d’absentéisme (près de 50%) bien que cette tendance tend à s’inverser (10% de participation
supplémentaire lors des dernières élections). Une des principales raisons avancées pour expliquer ce taux
d’absentéisme est la complexité des institutions européennes et de leur fonctionnement, ce qui peut être
remis en cause par le fait que nos institutions nationales ne soient pas plus faciles à appréhender. En réalité,
l’UE souffre notamment de son manque de publicité en France d’autant plus qu’elle est souvent instrumentalisée
par les politiques français pour servir leurs propres intérêts. On peut aussi considérer que le fait que la
présidence de l’UE soit tournante (tous les 6 mois dans un souci d’inclusion et de représentation de
chaque État membre) contribue également au manque de clarté entourant l’UE en tant qu’entité
supranationale.
▪ En outre, il demeure important de connaître les limites d’intervention dont dispose l’UE pour comprendre l’actualité
européenne et internationale (exemple : sur le sujet de la guerre en Ukraine).
II. §2. L’émergence de l'idée européenne”
▪ Historique : Les origines de l’UE
o On peut faire remonter l’existence d’une “ union européenne “ à l’empire romain mais plus fréquemment, on
se réfère à Charlemagne qui se qualifie de chef de l’Europe, 12-13ème siècle.
o Par la suite, on parle de l’Union de l'Europe pour évoquer une certaine unification sous la papauté
(Gouvernement ecclésiastique où l'autorité suprême est le pape (catholicisme romain) bien que ce soit
contestable.
o Pour autant, dire que l’UE a débuté en 1951 est faux puisque l’idée de créer une communauté européenne
remonte au XVe siècle. Ces premières idées d’Europe naissent avec la mise en place d’un principe d’unification
: c’est le projet de confédération européenne, réalisé par le roi Georges Podiebrad (roi de Bohême). Si ce
projet ne voit pas le jour, l’idée d’unifier les Etats européens dans le but de garantir la paix et le
développement va se maintenir et revoir le jour en 1713 où l’abbé Saint-Pierre va publier “Le projet pour la
paix perpétuelle en Europe”, qui va chercher à créer une confédération de 18 Etats chrétiens et l’idée que
sans cela, les Etats seront en guerre.
o Toutefois, c’est surtout à partir du 18e siècle que l’on va assister à un réel engouement autour du projet
de l’Union Européenne. En effet, de nombreux auteurs, politiciens et écrivains vont en discuter, dont
notamment Victor Hugo qui fera une déclaration durant le Congrès de Paris de 1849 en faveur des “Etats-
Unis d’Europe” qu’il envisage comme une communauté fraternitaire entre pays européens. Cependant,
ce projet politique n’est pas concret et il faut attendre la période d’entre-deux-guerres pour que la réalisation du
projet d’union européenne se fasse pressante.
▪ La période clé de l’entre-deux-guerres :
- Cette période reprend ce projet d’union européenne du fait de l’inquiétude d’une Deuxième Guerre
mondiale et du besoin de paix pour permettre la stabilité et le développement des pays européens.
- Un grand nombre de penseurs vont alors se réinvestir dans l’idée d’une Union Européenne. Un de ces
auteurs, Richard Coudenhove-Kalergi, va préconiser l’union des Etats avec un projet de “pan-
Europea” en 1923. L’objectif principal de ce projet était d’éviter un nouveau 14-18 et il contenait toutes les

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étapes nécessaires à la création d’une telle confédération d’Etats selon Coudenhove-Kalergi. On peut noter
que ce projet bénéficiera d’un soutien important du Gouvernement français par le biais d’Aristide Briand
(Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de 1926 à 1932). MAIS d’autres nations s’y opposeront dont
notamment la Grande-Bretagne du fait de son alliance avec les Etats-Unis (ces derniers étant peu enclins à
voir apparaître une telle entité supranationale qui pourrait directement venir les concurrencer).
- En 1929 un discours très pan européen est donné où est incitée une union fédérale entre les Etats
européens. Mais la Grand Bretagne va fermement s’opposer au projet car ils avaient des liens avec les
Etats-Unis. Ce projet a donc échoué et on a assisté à une montée du nationalisme dans les nations
du continent Européen.
▪ Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’idée de fédération européenne va reprendre de l’ampleur notamment au
sein des diverses résistances au sein des pays occupés. En effet, nombreux résistants vont se positionner en faveur de
cette union européenne ; on peut citer le Manifeste de Ventotene d’Altiero Spinelli et d’Ernesto Rossi, résistants italiens
antifascistes qui militent pour une Europe fédérale.
▪ A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le projet idéologique évoqué dans la période d’entre-deux-guerres
apparaît comme une nécessité absolue pour instaurer la stabilité européenne (angoisse d’une 3ème guerre
mondiale). L’idée d’union européenne ressurgit comme une absolue nécessité au vu de la fragilité de l’Europe.
- Ainsi, un projet de l’Europe (projet de La Haye) va être organisé en mai 1948 lors duquel le
président d’honneur, Winston Churchill, va prononcer un discours célèbre où il prône une Europe
unie, mais où les États restent souverains.
- En même temps, se déroule une rencontre des mouvements fédéralistes européens qui s’oppose
à la vision confédérale de l’Europe: les fédéralistes militent pour un projet d’Etat-fédéral, proche du
fonctionnement des Etats-Unis.
- On peut résumer les grandes conceptions qui s’opposent sur ce que doit être l’Europe :
● Les États unis d’Europe, pris sur l’idée de V-Hugo, souhaite se rapprocher d’un système
fédéral (donc similaire à celui des Etats-Unis) où les États doivent abandonner leur
souveraineté au profit d’un État fédéral. Cette idée est défendue par Denis De Rougemont.
● La vision unioniste défendue par Churchill qui propose de maintenir au plus fort la
souveraineté de l’État. L’union d’États serait une coordination politique des États. Ce congrès
de 1948 va aboutir à une déclaration pour la création d’une Europe dite unie qui appelle à la
création d’une Assemblée européenne, d’une Cour suprême et d’une Charte commune des
droits fondamentaux. Toutefois, la principale institution qui va être retenue de ce congrès sera
le Conseil de l’Europe qui voit le jour en 1949.

III. §3. Questionner la nature de l’Union européenne


▪ L’opposition principale fréquemment reprise au sein de la doctrine est celle qui oppose organisation internationale (ou
confédération d’Etats) à fédération d’Etats.
A. L’UE, une organisation internationale?
▪ Cette première hypothèse est validée (il veut vous dire qu’en soi l’UE dispose de certaines caractéristiques d’une
organisation internationale) par le fait que l’UE dispose d’une personnalité juridique et qu’elle doit sa création à des
traités internationaux.
▪ Nous pouvons alors nous demander pourquoi l’UE n’est pas une organisation internationale (l’UE a également des
caractéristiques qui la différencie d’une OI ) :
o L'UE dispose d’une certaine indépendance dans le sens où toutes ces décisions ne sont pas soumises à
l’accord de chaque Etats-membres mais à une simple majorité des voix ce qui sous-entend que certains
États peuvent donc se voir imposer des décisions ce qui serait impossible au sein d’une organisation
internationale.
o De même, certaines prérogatives ne sont plus du ressort des Etats membres ce qui supposent qu’ils ont
délégué une partie de leur souveraineté à l’UE.
o En outre, on peut évoquer le fait que l’UE dispose d’une indépendance financière ce qui n’est pas le cas pour
les organisations internationales.

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B. L’UE, un Etat fédéral ?


▪ Ensuite, le fédéralisme peut se définir comme une union plus poussée que l’organisation internationale puisqu’il
constitue un système étatique composé de plusieurs Etats et d’une Constitution englobant tous ces Etats
fédérés. Dans ce cadre, chaque État fédéré accepte d’abandonner sa souveraineté à un État fédéral par un acte
d’association constitutionnel. De ce fait, concernant les relations internationales le principe est en général que seul
l’Etat fédéral est un sujet de droit international et peut nouer des relations internationales avec d’autres Etats. Ce qui n’est
pas le cas pour l’UE
▪ Si l’UE ne s’apparente donc pas réellement à tel ou tel régime étatique, on peut donc la définir comme une entité
supranationale hybride qui ne trouve pas d’équivalent au niveau de son organisation et de son fonctionnement.
o Les sujets de l’UE sont principalement les États membres qui doivent respecter les obligations de l’UE
mais depuis le traité de Maastricht, les citoyens sont directement les destinataires au même niveau que
les États.
o Chaque État a la souveraineté externe où ils peuvent contracter avec d’autres pays sans passer par l’UE à la
différence des États-Unis (pas de souveraineté externe).
▪ CCL : L’Union Européenne est une union d’États membres.

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TITRE 1 : LA CONSTRUCTION COMMUNAUTAIRE

Chapitre 1 – Des Communautés européennes à l’Union Européenne

Section 1 – 1950 à 1958 : La naissance des communautés européennes entre 1950 et 1958

I. §1. La 1ère Communauté : la création de la Communauté Européenne du Charbon et de


l’Acier (CECA)
▪ La Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) a été établie à Paris, avec ses débuts marqués par
la déclaration de Robert Schuman, qui a été l’initiateur de sa création. Cette déclaration a joué un rôle crucial
dans la fondation de la CECA, car elle a initié le processus.
▪ À l'origine, le Conseil de l'Europe avait une portée limitée, se concentrant principalement sur les droits et libertés.

A. L’émergence du projet politique : la déclaration de Schuman du 9 mai 1950


▪ Le 9 mai 1950, la célébration de la Fête de l'Europe a été marquée par une déclaration purement politique,
dépourvue de valeur juridique, mais qui a néanmoins marqué la création de la CECA . À cette époque, Robert
Schuman occupait le poste de ministre français des Affaires étrangères, de 1948 à 1953. L'objectif principal de cette
déclaration était d'établir un partenariat, initialement axé sur l'Allemagne, bien qu'elle soit ouverte à la participation
d'autres pays.

1. Le contexte historique de la déclaration :


▪ La déclaration historique a eu lieu le 9 mai 1950 lors d'une conférence de presse qui s'est tenue au Quai d'Orsay, connue
sous le nom de "Discours de l'horloge". À l'époque, le projet de la CECA avait été soigneusement préservé pour le
maintenir secret. Robert Schuman n'était que le porteur de cette déclaration, car le véritable penseur de cette idée était
Jean Monnet. Ce dernier avait pour mission d'organiser l’État Français d'après-guerre. En 1950, “le problème Allemand”
était au cœur de tous les conflits, et malgré les ravages de la guerre, l'Allemagne demeurait encore un pays extrêmement
industrialisé, ce qui la prédisposait à une croissance économique significative. L'objectif de Jean Monnet était d'éviter
une troisième guerre mondiale due à des conflits territoriaux potentiels. La solution qu'il a proposée était de mettre en
commun la production de charbon et d'acier, une idée fondatrice de la CECA.
▪ 2 points sont alors mis en avant dans cette déclaration :
o L'objectif était de rétablir l'équité entre l'Allemagne et les autres nations, compte tenu du contexte chaotique
de l'après-guerre, où l'Allemagne était fragmentée en quatre zones d'occupation. Jean Monnet avait une
compréhension profonde du fait que cette fragmentation territoriale risquait de provoquer des conflits entre
ces différentes zones. Son objectif premier était de traiter les Allemands de manière équitable, en
reconnaissant leur égalité avec les autres nations.
- ‘La paix ne peut être fondée que sur l’égalité, …” citation Monnet
- La solution proposée pour parvenir à cette égalité était de partager la production de charbon et d'acier.
- “Faire du nerf de la guerre, le charbon et l’acier, le cœur de la paix.”
o Du point de vue économique et financier, cela présentait un intérêt évident pour la France, car le charbon se
trouvait principalement dans la zone allemande, tandis que la France disposait des installations nécessaires à la
production d'acier. Cependant, la production d'acier était indissociable de l'approvisionnement en charbon,
ce qui rendait la collaboration cruciale pour les deux pays.
- À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la tendance générale observée dans de nombreux pays était
celle du protectionnisme économique. La principale préoccupation était la possibilité que l'Allemagne se
réindustrialise rapidement et que les prix du charbon augmentent de manière significative.
▪ Le résultat recherché était double : assurer la paix en évitant les tensions liées à la compétition économique
débridée et garantir la stabilité économique au niveau international.
▪ C'est à ce moment que Jean Monnet a eu l'idée novatrice de créer à la fois une zone de libre-échange et une
communauté politique pour répondre à ces préoccupations.

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▪ Pourtant, on peut remarquer l'absence notable du Royaume-Uni dans le projet de la CECA, car ce pays n'a pas été inclus
dans le projet.
2. Les enjeux de la déclaration Schuman
▪ La mise en œuvre du projet initial de la 1e communauté implique l'établissement d'une structure aboutie, chapeautée
par une autorité supranationale commune et indépendante. Cette organisation aura la responsabilité de gérer de
manière indépendante les secteurs du charbon et de l'acier, avec pour mission principale d'éliminer toute forme
de concurrence.
▪ Les enjeux sont de nature double :
o À court terme : l'objectif est d'éviter la guerre, ou du moins, de la rendre improbable. En établissant des
liens économiques étroits, on complexifie la perspective d'un conflit armé.
o À long terme : l'objectif est de susciter un désir communautaire, afin d’aller vers une construction
communautaire plus profonde, à partir de cette première communauté..
▪ La méthode développée par Monnet et Schuman, connue sous le nom de "méthode Monnet-Schuman" ou "méthode
des petits pas", a été conçue pour faciliter l'intégration européenne. Il est intéressant de noter que cette approche
appelée aussi méthode fonctionnaliste reste encore pertinente de nos jours.
▪ Méthode des petits pas : essayer d'écarter toutes mises en place d’ensemble, on ne veut pas créer une communauté
générale politique mais plutôt mettre de côté toute construction politique générale. Mettre de côté le général, et ainsi faire
du spécifique économique.
La méthode des petits pas implique de s'abstenir de mettre en place une structure globale, évitant ainsi la création d'une
communauté générale politique. Au lieu de cela, elle vise à délibérément laisser de côté toute élaboration politique d'envergure
générale, privilégiant plutôt une approche économique spécifique.
Elle présente 2 avantages:
- pour travailler ensemble il faut créer des institutions communes,
- le fait de travailler ensemble dans un secteur, va progressivement amener à travailler ensemble dans d'autres
domaines et ainsi de suite. L’idée étant au bout du processus d’aboutir au fédéralisme.
▪ Déclaration de Schuman : “L'europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble, elle se fera
par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait”.
▪ La méthode fonctionnelle est une méthode qui fait reposer la construction européenne sur une intégration économique
progressive (sectorielle puis générale) pour donner naissance à une union politique (l’europe fédérale est le but ultime).
▪ Lorsque les acteurs économiques collaborent, ils développent des liens de solidarité de facto, principalement d'ordre
économique. Ainsi, l'intégration à grande échelle se transforme en intégration sectorielle. Cette approche méthodique,
connue sous le nom de méthode fonctionnaliste, sera appliquée à l'ensemble des projets de construction
européenne.

B. La concrétisation du Plan Schuman par la création de la CECA : le traité de Paris de 1951


▪ Le traité instituant la CECA a été signé par 6 pays : la France, l'Allemagne, l'Italie, le Luxembourg, la Belgique et
les Pays-Bas. Le projet avait été soigneusement élaboré en amont, mais les négociations n'ont pas été dénuées de
difficultés.
▪ L'une des principales sources de débats concernait le degré d'indépendance de l'autorité supranationale en
particulier : cette autorité s’appelle la Haute Autorité.
o La France était favorable à l'idée d'une autorité supranationale mais souhaitait qu'elle conserve un certain degré
de dépendance vis-à-vis des États membres. En revanche, le Benelux soutenait l'idée d'une autorité
indépendante mais préférait qu'elle soit soumise au contrôle des États (Les pays du Benelux demandent la
totale indépendance de cette Haute autorité avec la création d’une autre institution qui viendrait la
contrebalancer. Raison? : ils craignent de se faire dominer par le couple franco-allemand et de subir l’ingérence
de la Haute autorité.)
o Finalement, le traité a été officiellement signé le 18 avril 1951, mais il n'est devenu effectif qu'un an plus tard, le
23 juillet 1952. Pourquoi ce délai ? Cela s'explique par le processus de ratification. Rappel par votre professeur
du processus de ratification des traités internationaux : La signature d'un traité représente une déclaration
d'intention politique (signature politique), mais pour qu'il soit pleinement applicable, il doit être ratifié par
les parlements nationaux des pays signataires. Par exemple, cela peut se matérialiser par des engagements
tels que "La France s'engage à respecter..." Si un traité n'est pas ratifié par un nombre suffisant d'États, il peut
être abandonné, même s'il a été signé par tous les pays concernés.
- → Pour tous les traités il y a une date de signature et une date d’entrée en vigueur.

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- De manière paradoxale, le traité de Paris n'a rencontré de difficultés de ratification que dans un seul
pays, à savoir la France, où il a dû passer par un processus impliquant l'Assemblée nationale, etc. Cette
situation s'explique par l'opposition du parti communiste, qui considérait que le traité ne favorisait pas
l'Union soviétique (URSS), ainsi que par l'opposition du parti gaulliste, qui défendait ardemment la
souveraineté nationale.
▪ Les implications juridiques de la CECA sont les suivantes :
o Suppression des droits de douane au sein des États membres.
o Promotion de la libre concurrence : Financement de l'autorité en vue d'harmoniser les politiques, ce qui
signifie qu'aucun monopole ni cartel (c'est-à-dire des ententes entre entreprises visant à fixer les prix de manière
anticoncurrentielle) ne sont autorisés.
▪ 4 institutions sont créées par la CECA :
o la haute autorité: institution indépendante à caractère supranationale qui doit défendre l’intérêt de la
communauté (CECA). Elle dispose d’un pouvoir qui lui permet d’adopter des règles contraignantes pour les
états exécutoires. Les règles doivent être exécutées sans ratification, applicables immédiatement. Le
premier président de la haute autorité est Jean Monnet. Cette institution ne représente pas les Etats à
égalité = originalité.
o Le conseil spécial des ministres : organe intergouvernemental qui représente les Etats (un ministre
représente chaque État membre). Représente chaque État qui permet de faire un contrepoids étatique à la haute
autorité. Organe intergouvernemental (composé de représentants des États membres) et qui deviendra par la
suite le conseil de l’UE
o l’assemblée commune : les membres de cette assemblée commune sont désignés par les parlementaires
nationaux mais il est prévu dans les traités leur élection au suffrage universel direct (différence avec le conseil
de l’Europe). Elle n’a pas de pouvoir de décision mais plus de contrôle démocratique. Elle représente les
peuples des Etats membres..Son rôle a été de contrôler politiquement la haute autorité. Elle pouvait venir
renverser la haute autorité. Constituée de délégués de tous les parlements. Aujourd’hui, elle est appelée
Parlement Européen.
o la cour de justice: elle a pour rôle de faire respecter le droit (traité), et interpréter ce droit. Si il y a un litige
entre les États, la cour est capable de gérer ces conflits.
→ La CECA devait exister pour une période de 50 ans, c’est pour cette raison qu’elle disparaît le 23 juillet 2002.

II. §2. “Les premiers échecs”: la CED (Communauté Européenne de Défense) et la CPE
(Communauté Politique Européenne de 1954).
▪ La CED ou Communauté européenne de Défense a été le premier échec de la construction communautaire car elle a été
créée par le biais d’un traité signé par les 6 EM le 27/05/1952 mais ce traité n’a pas été ratifié en France (et en Italie qui a
suspendu sa ratification en attendant le vote français).
▪ La CED était chargée de la gestion de l'armée européenne et de l'établissement d'une diplomatie commune pour
les États membres de l'union. Cependant, cette initiative a finalement échoué, principalement parce que la méthode des
petits pas, qui avait été efficace dans le cadre de questions économiques, n'a pas été respectée ici dans ce projet en
allant trop vite dans le domaine politique. La CED abordait des domaines sensibles et politiques plutôt que purement
économiques, ce qui a contribué à son échec.
▪ Pourquoi ce changement significatif a-t-il eu lieu (le non -respect de la méthode des petits pas) ? Cela s'est produit dans
un contexte délicat, marqué par le début de la Guerre Froide (Guerre de Corée). Les États-Unis avaient l'idée de réarmer
l'Allemagne, mais en les intégrant dans une organisation qu'ils dominaient, l'OTAN. Cependant, la France s'opposait
fermement à cette proposition. Afin de préserver la CECA et de trouver un compromis, le plan Pleven a été mis en
place. Ce plan représentait un accord acceptant le réarmement de l'Allemagne, mais au sein d'une organisation
européenne et qui ne serait pas sous le contrôle direct des États-Unis.
▪ Le traité a été signé le 27 mai 1952, cependant, il n'a pas été ratifié, en grande partie en raison de l'opposition de la
France.
▪ Comme la CED n’a pas été ratifiée et n’est donc pas entrée en vigueur. L’armement de l’Allemagne a été géré via l’UEO :
l’Union de l’Europe Occidentale. L'UEO est une organisation de droit international où les États membres se réunissent
pour discuter de leur stratégie politique internationale.
▪ La CPE. En fait, l'échec de la CED s’explique par le contexte politique français (tensions internes et externes, politiques et
militaires liées à la guerre en Indochine). Il y a un véritable débat au sein des parlementaires français autour de ce Traité
avec les pro et les anti-CED. Les négociations qui avaient lieu concernant la Communauté politique européenne vont
aggraver ces oppositions car CED & CPE allaient de pair : la politique et une diplomatie commune pour porter une

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communauté européenne sur le plan militaire. Vous pouvez ainsi bien comprendre pourquoi on dit que la CED & la CPE
n’ont pas respecté la méthode fonctionnelle des petits pas.

III. §3. La relance : la Communauté économique européenne (CEE) et l’Euratom (1955-1958)


▪ L’échec de la ratification d’une communauté européenne de défense (en raison du refus des parlementaires français) va
mettre fin à la Communauté politique européenne et à toute perspective d’Europe fédérale à ce moment-là. Jean Monnet
va alors démissionner de la présidence de la Haute Autorité.

A. Le temps des relances : De la conférence de Messine au comité SPAAK


▪ La conférence de Messine correspond à la réunion interministérielle des six États membres de la Communauté
européenne du charbon et de l'acier (CECA) qui s'est tenue à Messine en juin 1955, sur l'invitation de Gaetano Martino,
afin de relancer la construction européenne mise à mal par l'échec de la CED.
▪ Jean Monet va avoir envie de lancer un nouveau projet : les États-Unis d’Europe où il va appeler les États à se réunir
▪ C’est lors de cette conférence que certains pays vont parler d’un nouveau projet d’intégration, ce sont les pays du
Bénélux qui évoquent ce projet avec deux secteurs clés : l’énergie et les transports. Il va alors être fondé un comité
inter-gouvernemental dirigé par M. Paul Henri SPAAK.
▪ Le rapport SPAAK va finir sur deux propositions :
o D’un côté celui de partir sur un marché généralisé : L’objectif final était d’arriver à un marché commun, on
continue la méthode des petits pas (charbon et acier) pour ensuite finir sur un marché plus large.
o de l’autre de créer un accord sur l’énergie atomique : reconnu comme l'énergie du futur (ils pensaient que cela
allait être la troisième révolution industrielle)
▪ Le R.U va intégrer la commission Spaak mais en partir : si elle intègre le comité, elle va en partir car elle refuse tous
les accords proposés. Cela ne va pas les intéresser car elle était déjà en entente avec le Canada pour l’Uranium.
o Le Royaume-Uni va donc créer de son côté une organisation : l’OECE → Organisation internationale créée en
1948 par les États européens bénéficiant de l'aide américaine au titre du plan Marshall pour organiser
une coopération durable dans leurs relations économiques et exécuter un programme commun de
relèvement. Rassemblant 18 pays d'Europe occidentale au lendemain des ravages de la Seconde Guerre
mondiale, cette organisation naissante, précurseure de l'OCDE, a jeté les bases d'une coopération durable, d'un
développement partagé et d'une ouverture commerciale qui perdurent encore à ce jour et dont les objectifs, 75
ans plus tard, gardent toute leur pertinence.
▪ Conférence de Venise de mai 1956 qui est une conférence intergouvernementale et qui a pour but de créer une
négociation entre les États et les traités. Elle va amener la rédaction de deux traités : les traités de Rome.

B. Les deux traités de Rome de 1957 : la création de 2 communautés nouvelles


▪ 25 mars 1957 : signature des deux traités de Rome qui entrent en vigueur le 1er janvier 1958. Ils créent les
communautés européennes suivantes qui coexistent : la CEEA (Communauté européenne de l’énergie atomique)
et la ‘CEE (communauté économique européenne)
▪ La CEEA (Communauté Européenne de l'Énergie Atomique), avec l’Euratom : Le but de l'Euratom était de mettre en
commun l’énergie nucléaire CIVILE donc ne concerne pas l’utilisation militaire. On enlève alors les droits de douane entre
ces pays.
▪ La CEE : Communauté économique européenne
o L’Union douanière est généralisée sur les États membres de la phase transitoire afin d’harmoniser les droits
de douane et devait être effective en 1958.
o On considère que sur un plus long terme on doit arriver à un marché commun : libre circulation des biens,
des personnes (espace Schengen), des capitaux et des services.
- Notamment sur les marchandises : suppression des barrières qualitatives et quantitatives (un pays ne
peut pas fixer des quotas à la production au autres pays de l’union), on ne va pas interdire la
commercialisation dans un État membre d’un objet qui a été produit légalement dans un État membre.
- Cour de Justice des Communautés Européennes (CJCE) de 1979 → Principe Arrêt Cassis de
Dijon: ce principe établit que les produits qui sont légalement sur le marché d’un Etat membre de
l’UE peuvent aussi être mis sur le marché des autres Etats membres, puisque les prescriptions

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techniques relatives aux produits des Etats membres sont considérées comme équivalentes (si
aucun intérêt prépondérant ne commande la restriction de ce principe). Ce principe fait partie du droit dérivé
de l’UE.
Pour supprimer les obstacles à la libre circulation, le moyen le plus efficace est l'harmonisation des législations nationales
(adopter une règle commune à l’ensemble des États membres). Il existe un autre moyen qui laisse plus de marge aux états : la
reconnaissance mutuelle des législations nationales. Elle va être posée dans un arrêt de la Cour de Justice en 1979, arrêt
de Cassis de Dijon. Chaque état est libre de réglementer des domaines comme il le souhaite mais il doit reconnaître les
législations des autres pays.
● Quand deux législations sont différentes pour un même produit, on considère que ça sera la
même législation.
● Ex : alcool produit par Dijon qui a été refusé par l'allemagne car pas considéré comme une
liqueur car pas assez d’alcool, l’etat n’a pas le droit d’interdire une restriction qualitative
o 3ème élément de la CEE : la création de politiques communes: la PCC (politique commerciale commune),
la PAC (politique agricole commune) et la PCT (politique commune des transports) : on crée des
règlements qui sont les mêmes dans tous les États membres. Exemple : La politique commune européenne la
plus connue est la PAC (Politique Agricole Commune). La politique la plus compliquée à mettre en place a été la
politique sur les transports car aucun des 6 pays membres n’étaient d’accord.
▪ Côté institutionnel, ces 3 communautés européennes (CEE, CECA, Euratom) vont être structurées avec :
o Un conseil des ministres pour la CEE et l’Euratom.
o La commission européenne sera la même pour la CEE et l’Euratom.
o L’assemblée et la Cour de justice (CJCE cour de justice des communautés européennes) vont être
communes aux trois institutions.

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Section 2 : L’évolution : le passage vers l’Union européenne (1960 - 1993)


I. §1. La transformation des institutions communautaires (1960-1980)

A. La fusion des exécutifs


▪ La fusion des exécutifs (en fait chaque institution de chaque Communauté CEE-CEEA avec CECA vont être fusionnées
pour n’avoir qu’une seule Commission…) va être faite par le traité de Bruxelles du 8 avril 1965. Première fusion, où
toutes les institutions vont être fusionnées en un seul conseil des ministres, puis la CECA va fusionner avec la
commission et c’est la commission qui va gagner donc plus de commissions.
o Donc depuis 1965, les trois institutions ont le même comité, la même assemblée, et le même cour de justice.
▪ Cours de l’année dernière qui est plus clair pour vous aider à comprendre !
▪ Dès 1957 un effort d’unification est fait puisqu’est également signée la convention de Rome en même temps que le
traité de Rome, qui prévoit un seul parlement pour les trois communautés et qu’une seule cour de justice pour les
trois communautés. C’est la cour de justice des communautés européennes (CJCE). Cet effort d’unification va se
poursuivre par la signature du traité de Bruxelles du 8 avril 1965 appelé le traité de fusion des exécutifs. Il a pour
but essentiellement de créer une seule commission européenne pour les trois communautés.

B. Le compromis du Luxembourg
▪ Compromis du Luxembourg : réalisation en janvier 1966.
o Le Compromis du Luxembourg répond à une crise politique réelle qui se nomme la “crise de la chaise
vide” qui se déroule entre juillet 1965 et janvier 1966.
o Raisons de cette crise : opposition du Général de Gaulle à une disposition du Traité de Rome prévoyant le
passage du vote à la majorité qualifiée au Conseil, et à une divergence de vue sur la PAC. La France a été
absente au conseil des ministres en refusant de siéger entre 1965 et 1966. En cause, le général de Gaulle qui a
une conception de ce que devait être l’Europe : elle devait se construire en préservant l’intégrité et la
souveraineté des Etats en fonctionnant et en se construisant autour d’une logique intergouvernementale. Donc
cette démarche implique que les décisions prises au conseil devaient être prises à l’unanimité. Le Traité de
Rome 1957 prévoyait qu’au conseil des ministres, le vote passe d’un vote à l’unanimité à un vote à la
majorité qualifiée. Cette transition devait avoir lieu au 1er janvier 1966. Le général de Gaulle refuse cette
décision ce qui engendre la crise de la chaise vide. Le second élément impactant ce refus concerne le
financement de la PAC (politique agricole commune). Pendant 6 mois, la France, ses ministres, ne vont plus
siéger au conseil et bloque ainsi la prise de toute décision.
o 30 janvier 1966 compromis du Luxembourg : La France va accepter le vote à la majorité qualifiée au
conseil des ministres MAIS avec une limite importante (nouvelle doctrine/règle) : le vote au Conseil pourra
être à la MQ SAUF si, durant le conseil, on considère qu’un intérêt essentiel de son pays est en jeu, l’Etat
peut imposer que sur cette décision plutôt que d’avoir une majorité qualifiée, tous les membres se
mettent d’accord sur un consensus. In fine, cela permet aux Etats d’avoir un droit de veto implicite.
o Aujourd’hui : la doctrine est toujours d’actualité mais n’a quasiment plus lieu car il est désormais d’usage le vote
à la majorité absolue.
▪ Crise de la chaise vide = Refus de siéger pour éviter un vote

C. L’autonomie financière de la CEE et de l'Euratom dès 1970


▪ Le traité de Rome était alimenté par la contribution de chaque État-membre. Ce traité prévoyait donc de changer
ce système en alimentant les Communautés par des ressources propres = sources de revenus affectées de plein
droit aux budgets des communautés. Créer des ressources propres implique un gain d’indépendance des
Communautés par rapport aux Etats. Ces ressources propres: la CEE ne les avait pas, la CECA les avait (décision du
21 avril de 1970). Un an plus tard, les 2 autres institutions les obtiennent (CEE et EURATOM).
▪ En ressources propres, il y a :
o les droits de douanes autour des frontières européennes: lorsque un bien est importé/exporté en UE il y a
des droits de douane. Les droits de douanes vont poser problème car, quand l’UE s’élargit ces droits diminuent (
auparavant il y avait beaucoup de commerce avec les autres pays européens, mais une fois que ces derniers
ont intégré l’Union Européenne, les droits de douanes se font plus rares).
o D’autres types de revenu : Prélèvements agricoles (= volet externe de la PAC),

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o + TVA européenne à partir de 1970, la TVA a été la première taxe à être largement harmonisée au niveau de
l’UE . Avant, tous les pays n’avaient pas la TVA, ou pas le même taux.Dès 1970 on savait que ces deux
ressources ne suffiraient pas pour financer les dépenses alors que le budget Européen doit
tre équilibr . Donc en 1970 on crée la troisième ressource propre c’est la ressource propre
fondée sur la TVA = une partie du produit de la TVA r coltée par les Etats-membres vient
alimenter le budget europ en. Cette d cision pr voyait que ce système se mette en place
petit à petit et que dès 1976, cela constitue une finance propre de l’UE.
▪ Tout ceci va être insuffisant car la PAC va coûter de plus en plus cher. Il y a donc de nombreuses taxes qui vont être
créées: Il y a notamment le prélèvement par un pourcentage du revenu national brut des États membres (montant
fixé par l’UE), 70% des ressources de l’UE proviennent des ces prélèvements. Effectivement, face aux dépenses
européennes trop élevées, il a fallu créer au fil des années de nouvelles ressources propres : la TVA européenne en 1970
présentée précédemment puis ensuite en 1988 une 4ème ressource propre : un % prélevé sur le Revenu National Brut
(RNB) des EM (% fixé par l’UE chaque année dans le cadre de la politique budgétaire en fonction des besoins de la
Communauté.
▪ Plus récemment, de nombreuses autres taxes ont été créés: nous pouvons aussi citer des taxes sur l’environnement
et sur les ultras riches comme :
o la contribution sur les plastiques non recyclés (4%/ Chaque état paye 80 c pour chaque kilo de plastique non
recyclé créé),
o mais aussi une taxe sur le carbone (avec le marché européen du carbone (2005), les entreprises qui ont un
faible quota peuvent le revendre et inversement). En 2023, on va instaurer le mécanisme d'ajustement
carbone aux frontières: une taxe à l’importation au sein de l’UE, si le produit est considéré comme dépassant
un seuil de carbone, il faut payer une taxe supplémentaire (fin 2023 mise en place).
o Enfin, il y a aussi un impôt mondial (européen) sur les multinationales (accord avec l’OCDE), qui correspond
à 15% des revenus de ces multinationales par an ( Peut être: 15% des revenus européens des multinationales).

D. L’évolution du statut de l’assemblée


▪ L’Assemblée a été renommée Parlement Européen (1962). Cette institution s’appelait au début “assemblée commune”
(CECA), puis “assemblée”. En 1958, elle se baptise elle-même “Assemblée parlementaire européenne”. Le nom de
“Parlement européen” est adopté officiellement en 1962, et il sera consacré dans un Traité par l’Acte unique européen de
1986). Cette dénomination de Parlement européen a été consacrée par l’acte unique européen en 1986.
▪ Autre changement : La perspective d’une élection au suffrage universel existe dans les traités depuis 1951 mais n’était
pas actée. Les Etats membres vont mettre un certain temps à accepter cette possibilité. Les élections européennes
apparaissent pour organiser le vote au suffrage universel direct tous les 5 ans. La procédure d’élection est laissée
principalement aux Etats membres ce qui implique de nombreux problèmes. Les Etats membres accepteront et
décideront de l’ lection au suffrage universel direct des parlementaires européens dans le cadre
d’un acte adopté le 20 septembre 1976. Les premières élections de députés européens au suffrage
universel direct se sont tenues en juin 1979 dans les 9 Etats membres (6 EM fondateurs + RU, Irlande et Danemark
qui ont rejoint les Communautés en 1973). Le Président du premier Parlement européen .directement élu est une femme :
Simone Veil, la première femme à la tête d’une institution européenne.

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II. §2. L’acte unique européen de 1986 : un renouveau de l’intégration européenne


▪ Le 17 et 28 février 1986, les 12 Etats membres (9 EM précédents + Grèce 1981 + Espagne et Portugal 1986)
signent l’acte unique européen, qui va entrer en vigueur en juillet 1987. On parle d’Acte UNIQUE car il regroupe 2
initiatives européennes : prendre un nouveau traité lié à la coopération politique et réviser le traité de Rome.
▪ L’AUE va aboutir à la création de 3 modifications substantielles :
o de nombreuses améliorations institutionnelles :
- Renforcer le pouvoir du parlement européen et de la commission (pouvoir d’exécution des règles
de l’union)
- créer une juridiction : le tribunal TPICE (24 octobre 1988) qui devait être saisi par les particuliers.
- Faire entrer dans les traités le conseil européen. Attention il n’en fait pas une institution, il consacre le
Conseil européen comme un organe de la CEE. Il va devenir un organe qui va “exister” car jusqu’à présent,
le conseil européen était juste une “pratique” née de l’initiative de VGE. Le conseil européen (créé en 1974)
n’avait pas de statut et va être clarifié dans l’acte unique. Le conseil européen regroupait les chefs
d'États de tous les États membres (réunion) pour parler des politiques de l’UE.
o Codifier la coopération politique : Coopération diplomatique, rassemblement des ministres des affaires
étrangères. Depuis le rapport Davignon de 1970, les EM étaient d’accord pour mettre en œuvre une
coopération politique européenne (ancêtre de la PESC) avec pour but d’harmoniser la politique des affaires
étrangères (diplomatique). Pas une réelle politique étrangère : pas d’acte mais essaye de les harmoniser. Ajd,
4 réunions par an.
o “Achever” le marché intérieur : Depuis la CEE il y a l’objectif de mettre en place un marché commun
( article 8A traité sur la CEE, traité de Rome). On va définir le marché intérieur : un espace sans frontières
intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des
capitaux est assurée selon la disposition du traité. En 1985, il y a la création d’un livre blanc, qui annonce
300 mesures, qui doivent achever le marché intérieur (jusqu’en 1992). Exemples de mesures: l'élimination
des frontières physiques, élimination des frontières techniques (harmoniser les normes techniques,
reconnaissance mutuelle des diplômes).

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III. §3. Le traité de Maastricht de 1992 : La naissance de l’Union européenne


Le traité de Maastricht s'appelait aussi Traité sur l’Union européenne. Il a été signé le 7 février 1992 et ratifié entré en
vigueur en Novembre 1993.
Ratification en France par référendum (Mitterrand), 51% de Oui. L’idée de l’Union Européenne d’aujourd’hui vient de ce traité, mais
il y a d’autres projets semblables qui sont tombés dans l’oubli, comme le traité de Timberman (années 70) et un projet d’institution
de l’Union Européenne dans les années 80.

A. Le renforcement des compétences des communautés : l’union économique, monétaire et


politique
▪ 2 éléments vont mener à une intégration plus profonde, qui constituent les symboles de ce traité :
o c’est la citoyenneté européenne ( libre circulation, droit de vote..).
o Comme symbole, il y a la décision de créer une monnaie commune : passage à l’Euro en 1999. En revanche, il
y avait déjà une sorte de monnaie qui était présente en UE avant le traité de Maastricht, avec une monnaie
nommée l’Ecu, afin de donner un taux de change commun pour l’Union Européenne. (Au moment de choisir le
nom de la monnaie commune pour le traité, la France voulait le nom Écu).

B. L’architecture spécifique de l’Union européenne : les piliers


▪ Au niveau institutionnel, le traité de Maastricht va créer une UE qui repose sur 3 piliers :
o 1- Le pilier communautaire : regroupe les 3 communautés (CECA, CEE et Euratom). Si on créé l’UE, les
communautés ne disparaissent pas car seules les communautés ont la personnalité juridique (pas l’UE)
o 2- Pilier de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) : Assure la coordination au niveau de la
diplomatie,
o 3- La coopération dans le domaine de la justice et des affaires intérieures (JAI) : Création d’EUROPOL
(répondre à la crainte d’une hausse de crime due au libre échange)
▪ Les procédures vont changer dans ces piliers. Les actes (directives, décision, etc…) ont une procédure et depuis la
création des piliers, ces actes vont varier selon le type (Méthode intergouvernemental pour les 2 derniers piliers car piliers
plus sensibles)
o Méthode communautaire : 4 grands traits
- La Commission européenne va avoir le monopole de l’initiative dans l’UE (seule elle peut
proposer des directives),
- le Conseil statue à la majorité qualifiée,
- le Parlement européen participe au processus de décision (codécision),
- la Cour de justice assure le respect de l’application des traités
o Méthode intergouvernementale : 4 grands traits
- la Commission n’a plus le monopole de l’initiative mais partage ce droit avec les États membres,
- le Conseil statue à l’unanimité,
- le Parlement a seulement un rôle consultatif,
- le pouvoir de la Cour de justice est très limité (et non limité dans le PESC) ⇒ donne plus
de place aux Etats
▪ 2 éléments y sont accolés : l’espace Schengen (seulement un traité international), l’UEO (Union de l’Europe Occidentale)
qui est un traité de défense.

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Section 3 : Le réaménagement : adapter les cadres de l’Union européenne (1997 - à nos


jours)
▪ Réaménager le cadre institutionnel en gardant l’UE. Le Traité de Maastricht va être le départ de l’approfondissement de
l’UE avec la création de nombreux traités.

I. §1. S’adapter aux élargissements : le Traité d’Amsterdam et le Traité de Nice (1997 -


2001)
▪ Ces traités viennent répondre à un besoin d’adaptation à l’élargissement de l’UE avec l’entrée de nouveaux EM.
Doublement du nombre de pays en 10 ans 15 → 28. Attention, il peut vous induire en erreur car avec TA & TN,
on est encore à 15 EM mais on ANTICIPE les futurs élargissements qui nous feront passer à 25 puis jusqu’à 28 EM.
o Problème : gouvernance à 15 est déjà complexe, à 28 elle l’est encore plus.
o Cet élargissement est lié à la chute de l’URSS et les guerres des pays de l’est.
▪ But du Traité d’Amsterdam : le Traité de Maastricht inclut une clause de rdv. Il prévoit une conférence
intergouvernementale pour l’année 1996. En effet, le traité de Maastricht n’a pas permis d’aboutir aux modifications
institutionnelles nécessaires pour gouverner à 25 au sein de l’UE. C’est pour cette raison que la nécessité d’un nouveau
rdv en 1996 s’est imposée.
▪ Le traité d’Amsterdam prévoit aussi une clause de rdv car il sera aussi un échec par rapport à ses objectifs (on parle des
RELIQUATS d’Amsterdam): la même conférence est donc prévue qui amènera le Traité de Nice.

A. Le traité d’Amsterdam (1997)


▪ Signature : 2 octobre 1997
▪ Entrée en vigueur : 01 mai 1999
▪ Objectif : réaménager la structure de l’union pour permettre l’entrée des nouveaux EM. => Il ne va pas être atteint
▪ Apports :
o Ce Traité ne va avoir que pour accord apport principal d’aménager la structure des 3 piliers.
- Le principal réaménagement est de transférer les compétences du 3ème pilier vers
le 1er pilier → communautarisation des compétences du 3ème pilier donc prise de décision
communautaire.
- Il reste dans le 3ème pilier la coopération pénale : la CPJ en matière pénale
- Un autre point est l’élargissement de certaines compétences communautaires comme la santé.
▪ Le Traité d’Amsterdam échoue par rapport à ses objectifs. Pour atteindre ces objectifs nous allons alors effectuer le Traité
de Nice.

B. Le traité de Nice (2001)


▪ Signature : 26 février 2001
▪ Entrée en vigueur : 1er février 2003
▪ Apport : dispositions institutionnelles. Il va changer les éléments suivants :
o Processus de pondération des voix voies lorsque le conseil des ministres vote à la majorité qualifiée.
Peur que les Etats majeurs soient écrasés par les petits États. Procédure de décision équitable. Condition :
majorité qualifiée + nb d'États représente minimum 62% de la population totale de l’UE.
o Changer la commission européenne pour accueillir les 27 EM
o Changer le nombre de députés au parlement européen pour que les Etats qui entrent soient au même niveau
que ceux déjà présents
▪ Traité qui reste relativement restreint. Peu de changement.

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II. §2. Renouveler l’Union européenne : la fin de la Communauté européenne par le Traité
de Lisbonne (2009)
A. A. L’échec du traité établissant une Constitution pour l’Europe TECE
▪ Le Traité de Lisbonne est une révision du Traité établissant une constitution pour l’Europe.
▪ Au vu des faibles avancées du TN et du TA, une nouvelle conférence intergouvernementale est mise en place afin
de réviser ces traités. Elle prévoit une CONVENTION pour l’AVENIR de l’EUROPE qui sera présidée par Valéry
Giscard D’Estaing.
▪ La convention correspond à la présence des parlementaires nationaux, représentants des gouvernements, représentants
de la commission et du parlement européen, représentants des Etats candidats à l’adhésion de l’UE.
▪ Le Traité devait avoir autant d’ampleur que les Traités de Rome et sera signé dans la même salle à Rome. Une
forte symbolique.

Réponses à des questions


Erdogan fait un discours devant le PE sur l’adhésion de la Turquie dans l’UE, il dit que c’est la faute de l'UE qui attaque
l'économie turque. Ils n’ont pas respecté les droits de l’homme. Négociations avec la Turquie terminées depuis 5 ans
Marine LEPEN :” l’UE nous impose les migrants dans les villages français”--> c’est faux l’UE n’oblige rien

▪ Actualité énoncée concernant les USA : Shutdown : chaque année vote sur le budget annuel et ils votent jusqu’à ce
que tout le monde soit d’accord. (Tant que le Congrès ne s’est pas mis d’accord sur le budget, on ne peut plus payer
les fonctionnaires de l’Etat)
▪ Guerre en Ukraine risque de Shut Down
Réponse à une question posée “Est ce que la France est la seule à avoir bloqué la ratification” ? : (Traité
de Maastricht : le Danemark a aussi bloqué la ratification → référendum a échoué, ils n’ont pas accepté la
monnaie de l’euro comme le Royaume-Uni et l’UE a dû accepter pour qu’ils ratifient le traité )

▪ Le traité instituant une constitution pour l’europe TECE est un traité qu’on pensait être le nouveau traité de
Rome, on pensait que ça allait être le nouveau bouleversement pour l’UE pour 2 raisons:
o On considère que le TECE devait être novateur dans sa portée car il ne révisait pas seulement les traités
précédents mais il les supprime pour en créer un nouveau. On abroge les traités qui ont existé pour en
établir un nouveau. Portée intéressante. C’est un traité garni.
o La constitution qui allait être créée allait primer sur toutes les règles juridiques nationales. En effet, dans les
symboles mis en avant, le traité va changer au niveau de son vocabulaire pour montrer que l’on utilise
désormais des termes liés à l’Etat : loi, législateur, hymne…(Symboles mis en avant > Constitution).Nous
passons d’une union d’Etats à une forme d’État => symbole très fort
- Rq: Le TECE se distingue des autres traités car les précédents traités d'Amsterdam, Nice … n’étaient
que des traités de révision, c’était simplement la révision de traités déjà existants!
- Dans la forme, le TECE est un traité → il doit être ratifié… MAIS dans le fond on dit
que l’union allait avoir une constitution (sommet de la norme étatique) → avancée vers
l’Etat fédéral d’un coup. Le traité reprend le vocabulaire pour les Etats mais pour l’UE : Constitution,etc
▪ Le traité n’a pas été signé appliqué ensuite car il n’est pas entré en vigueur puisque deux États ont refusé de le ratifier :
car les États ont eu peur de passer à l'État fédéral (France et Pays Bas ne ratifient pas le traité en référendum). En
France, le 29 mai 2005, on demande au français “Approuvez-vous le projet de loi qui forme la constitution de l'Europe ?”
La réponse est non à 51%.
o On n’est pas sûr que le “non” signifie un refus de l’Union Européenne, on prend ça comme un vote de défiance
face aux autorités politiques. Le débat était sur la politique intérieure. Rejet du référendum qui va amener un
blocage. Cela va faire tomber ce TECE qui paradoxalement avait été ratifié par 18 EM.
o Si 25 EM disaient oui c’était bon → c’est le seuil. Sauf qu’à ce moment-là, la Croatie n’était
pas encore entrée dans l’UE.
▪ On a abandonné le TECE pour arriver à un traité qui fasse consensus : le traité de Lisbonne.

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B. L’introduction du Traité de Lisbonne

▪ Version 2.0 de la Constitution pour l’Europe. Traité Lisbonne a été signé le 13/12/2007 et entré en vigueur le
01/12/2009
▪ Le Traité de Lisbonne ne va pas avoir de caractère révolutionnaire, il va seulement réviser le traité de Maastricht et de
Rome.
▪ 2007 → 50 ans du traité de Rome, on tente de repartir sur un traité qui va mettre tout le monde
d’accord . On supprime toute idée de constitution, de loi, toute idée de ministère, de président, tout
ce qui rapproche l’UE d’un État fédéral et qui fait peur à la France.
▪ SINON sur le fond globalement c’est les mêmes dispositions que le TECE sauf qu’il ne vient pas abroger les
traités précédents : c’est seulement une grosse révision.
▪ La ratification difficile du TL : celui-ci va être signé puis ratifié.
o Le TL ne va pas entrer en vigueur aussi facilement qu’on pourrait le penser car la ratification a été
difficile là encore. En effet, l'Irlande va faire un référendum qui va être négatif. Cela va créer des
inquiétudes, on a peur de retomber sur un nouveau blocage. De plus, la Pologne et la République Tcheque
disent que si l’Irlande ne ratifie pas ils ne ratifieront pas non plus, on a donc un blocage institutionnel.
Alors, on renégocie certaines parties du traités avec l'Irlande et à la deuxième tentative la ratification en
Irlande passe. La Pologne et la République Tcheque suivent.
o Remarque sur la ratification en France : la ratification a été parlementaire cette fois-ci (à la différence du
TECE). On est passé par le Congrès, pas le référendum car peur que cela soit refusé. C’est l’Assemblée
réunion au Congrès (= assemblée + sénat réunis dans un Congrès) qui l’a fait passer. Idée que ce traité est
passé par la procédure la plus simple et pas la plus légitime. Le traité est un peu amoindri par rapport au TECE
▪ Quelques changements majeurs apportés par le Traité de Lisbonne:
o Il met fin à la structure des piliers qui n’existent plus formellement
- Attention : la PESC et la Coopération policière et judiciaire en matière pénale ne disparaissent pas pour
autant car on leur applique des procédures législatives spécifiques : Encore aujourd’hui, quand on prend
des actes législatifs dans le domaine de la PESC, il y a encore des procédures spécifiques qui fonctionnent
pour certains actes de la PESC et de la Coopération policière et judiciaire en matière pénale.
o Fin de la structure en piliers : La CE disparait, c’est la fin des communautés, c’est l’UE qui remplace les
communautés
- →A partir de 2009 : la CJCE (Cour de justice des Communautés européennes) devient la CJUE
(Cour de Justice de l’UE)
- Les communautés n’ont plus la personnalité juridique, c’est l’UE qui l’a.
● L’euratom existe encore mais plus en tant que communauté → plus de
personnalité juridique
● La CECA disparaît en 2002 et la CEE en 2009
o L’Union Européenne a la personnalité juridique et elle fonctionne sur la base de deux traités (comme
avant mais qui vont changer de noms )
- Traité sur l’UE (TUE) fondé par le Traité de Maastricht = il ne va pas changer de nom
- Traité des communautés européennes (TCE) qui va devenir TFUE : Traité sur le fonctionnement de
l'UE. De plus, on rajoute un grand nombre d'articles au TFUE.
o Concernant la charte des droits fondamentaux de l’UE (CDFUE) :
- ATTENTION : Cette Charte de droits fondamentaux est différente de celle de la Convention européenne
des droits de l’Homme. L’UE a adhéré à la convention européenne des droits de l’homme qui n’est pas une
source de droit de l’Union européenne mais elle s’engage à la respecter.
- Elle existe depuis 2000 et ne concerne que les EM de l’UE (contrairement à la ConvEDH), mais
c'était une charte purement non contraignante.
- Avec le Traité de Lisbonne, l'article 6 paragraphe 1 du TUE prévoit que la charte a la même
valeur que les traités. Elle devient contraignante et donc sanctionnable. C’est une condition d’adhésion
(on doit la respecter pour intégrer l’UE). Elle a la même valeur que le droit primaire donc le droit
secondaire doit la respecter.

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● RQ : Explication rapide des 2 types de droit : Droit primaire VS droit secondaire


o Droit primaire : fondement des traités , droit conventionnel → traités
fondamentaux TFUE, TUE, CDFUE
o Droit secondaire : toutes les directives, règlements, décisions prises par l’UE. Il doit
respecter le droit primaire.
o Évolutions institutionnelles : renforce le pouvoir législatif, pouvoir budgétaire au Parlement Européen,
vote à la majorité au niveau du Conseil

III. Conclusion du chapitre 1 :


▪ Paradoxalement la méthode fonctionnaliste/ des petits pas/ de Schuman a bien porté ses fruits, elle a été suivie à
peu près jusqu'à aujourd’hui. Grâce à cette méthode (intégration économique sectorielle (CECA/
CEEA) → intégration économique générale (CEE) → intégration Politique). L’intégration sectorielle a
permis l’intégration générale qui a rendu plus acceptable une intégration politique.
▪ Aujourd’hui on voit les limites de la méthode fonctionnaliste car nous sommes à un point de bascule où il est
difficile de voir une intégration plus importante et certains Etats veulent même revenir à une méthode plus
souverainiste. C’est notamment le cas des Etats du groupe de Visegrád
o Groupe de Visegrád = Groupe de 4 pays (on appelle aussi le V4) d’europe de l’Est (la Pologne, Hongrie
République Tchecque et la Slovaquie) qui sont anciennements alliés avec des relations diplomatiques fortes, qui
ont monté un groupe en prônant une certaine position (souverainiste) au Conseil européen au conseil de
l’europe, position forte vers la souveraineté.

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Chapitre 2 – L’Union européenne : une union d’Etats membres

▪ SI l’UE est une entité supranationale qui fonctionne si les Etats acceptent de donner leur souveraineté, l’UE repose quand
même sur un équilibre précaire entre une organisation supranationale indépendante qui repose sur une forme de volontarisme
des Etats.
▪ C’est une union au-dessus des EM, elle peut donc leur imposer des obligations du simple fait qu’ils aient adhéré à
l’UE et d’être des EM. Elle garantit leur souveraineté et les protège mais applique des obligations.

▪ Section 1 : Une Union composée d’Etats membres

I. §1. La mécanique d’adhésion des EM


▪ L'adhésion est un long protocole (exemple : Turquie qui essaye depuis 40 ans).
A. L’UE : une suite d’élargissements successifs
▪ 6 EM en 1951 et 27 en 2023. Ces élargissements de l’UE vont être un gros défi.
▪ Les élargissement ont l’avantage de créer une UE économique forte :
o UE poids majeur car 1er partenaire économique mondial (20% des échanges mondiaux).
o Mais politiquement, plus on élargit et plus on est fragile (c’est ce qu’il se passe actuellement).
L’élargissement a intégré des pays avec une histoire, des valeurs, des situations économiques différentes →
difficultés pour arriver à des consensus (ajd pays de l’Est qui bloquent certains développements sur les droits du
travail). Le Brexit est un échec symbolique majeur pour l’UE.
1. Europe des 9

▪ Europe des 6 → Europe des 9 en 1973 = Rajout du RU, Irlande et Danemark


▪ On devait passer à 10 EM car la Norvège dès 1973, mais le peuple norvégien a refusé.
o La Norvège avait posé sa candidature qui avait été acceptée par les communautés européennes mais les
norvégiens ont fait passer un référendum et le peuple a refusé cette intégration pour des raisons
économiques : les communautés fondées sur la pêche (principal secteur économique du pays) ont refusé car
les quotas en UE ne sont pas assez avantageux. Encore aujourd’hui (tous les pays du nord refusent pour les
mêmes raisons).

Réponses à des questions :


▪ Pourquoi la suisse n’est pas dans l’UE ? Elle a refusé alors que les négociations avaient commencé.
▪ Pourquoi ? la suisse aurait perdu sa neutralité dans l’UE (principe de neutralité qui est cher à la Suisse).
▪ Le principe de démocratie en Suisse ne permet pas ce principe + structure politique
▪ La Suisse ne serait pas intéressée et verrait même cette intégration comme un désavantage.
▪ Le Brexit n’a pas eu une immense majorité, l’économie britannique en a souffert, mais le choix du protectionnisme pour
protéger les plus faibles. C’est une erreur politique (pas vraiment voulu) : utilisé comme moyen de pression, c’est
finalement arrivé. = S' ils redemandent une adhésion l’UE va être très exigeante

▪ En 1973 le R-U entre dans la CE après des difficultés.


o A l’origine, le RU a toujours refusé d’être dans les communautés : refus d‘être dans la CECA car elle n’avait pas
été intégrée au processus de négociation (égo), car le charbon et l’acier était un domaine sensible au RU donc
pas prêt à s’ouvrir, et car le RU ne voulait pas vexer ses partenaires économiques. Quand la CEE va bien
fonctionner le RU va vouloir y rentrer.
o RU était à la table des négociations pour les Traités de Rome. Années 60 : le R-U va vouloir rentrer dans les
communautés pour 2 raisons :
- l’empire colonial britannique (ses liens avec le Commonwealth ) se trouve isolé par rapport à ses
partenaires éco comme les USA, qui eux étaient pour la communauté européenne dès 1976.
- Le R-U ne voulait pas d’isolement diplomatique.

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o Elle ne va rentrer qu’en 1973 car il va y avoir des problèmes concernant leur intégration : Charles de Gaulle va
poser problème, il va refuser cette entrée, il va poser son droit de véto en 1963, et c'est le seul qui va poser
son véto alors que les 5 autres EM étaient favorables. Les raisons de l’opposition de CDG :
- Il voyait un risque : le RU voulaient une position très favorable dans l’économie et une Communauté
économique essentiellement (type commonwealth), et CDG trouvait que ce n'était pas l’objectif des
communautés.
- Il voyait dans le RU une forme de cheval de Troie des USA, ils avaient des intérêts proches avec le
R-U, De Gaulle considérait que l’entrée du R-U était un moyen de faire pression (due à sa relation avec
USA) sur les communautés européennes (va motiver le véto)
- Le R-U va candidater à nouveau re-candidater en 1967 et encore Veto de De Gaulle, les discussions
vont continuer. ll va falloir attendre que de Gaulle quitte la présidence en 1969 pour que la candidature du
RU puisse être vraiment examinée et qu’elle soit acceptée
- De Gaulle est venu avec une liste de dérogation assez longue, les communautés vont accepter la
plupart des dérogations. Il réduira sa liste et acceptera plus de dérogations, il a revu sa position à la baisse.
▪ A partir du 1er élargissement il va y avoir l’acquis communautaire comme CONDITION pour ADHERER aux
communautés ou à l’UE => principe de base de l’UE, un Etat qui veut adhérer à l'UE ne doit pas remettre en
cause ce qui a déjà été créé par les communautés et l’UE (règlement, directives, décisions, traités …) => si l’état entre
dans une communauté il accepte de se plier à tout ce qui était déjà mis en place. C’est pour ça que l'intégration peut être
très longue, il y a des milliers de législations (législations substantielles).
o Quand un Etat est candidat, l’UE va lui donner de l’argent, le subventionner pour qu’il puisse mettre en
place cet acquis communautaire = 5 à 10 ans de procédure.

2. Le deuxième élargissement vers le sud 1981 - 1986 : l’Europe des 12

▪ En 1973 —> 9 EM - 1986 = Europe des 12 avec l’adhésion de l’Espagne + Portugal + Grèce
▪ Ces 3 états sortent d’un régime autoritaire, c’est pour cela qu’ils ne rentrent que tardivement dans l’UE:
o Espagne → Franco;
o Portugal → Salazar
o Grèce après un coup d’état → régime des colonels
o La Grèce rentre en 1981, suivie plus tard de l’Espagne et du Portugal en 1986.
▪ 1975 = candidature Grecque mais dès 1961 elle avait des traités de coopération : déjà prévue pour son intégration
o 1967 = coup d’état en Grèce; l’accord d’adhésion et tous les autres accords sont suspendus
o La candidature de la Grèce va être mal accueillie, avec des négociations difficiles et des réserves assez fortes =
presque les mêmes pour l’Espagne et le Portugal. Les réserves s’expliquent par le fait que ces 3 pays
avaient un retard économique + structures agricoles qui étaient différentes. Le niveau du développement
économique était en dessous de celui des communautés actuelles.
- 2 appuis trouvés = l'Allemagne qui avait une relation économique assez étroite avec la Grèce, et la
France qui va automatiquement donner son appui pour une adhésion d’un Etat autoritaire dans l’idée de
favoriser une nouvelle démocratie (toujours le cas aujourd’hui) (l’adhésion serait une nouvelle force de
démocratie) = c’est pour cela que la France est favorable à l’adhésion de l’Ukraine (veut lui offrir un régime
démocratique stable) = point d’honneur de la Fr
o Pour la Grèce = Période transitoire de 5 ans pour adapter ses règles aux acquis communautaires
▪ L'Espagne et le Portugal entrent plus tard après les régimes autoritaires = 1977 candidature des 2 pays
o Révolution des Oeillets 1974 pour le Portugal
o En Espagne, après le régime autoritaire (Franco) on a remis en place un régime monarchique. La
candidature va être discutée et il y à une grosse réticence de la part de la Fr et de l’Italie → raisons :
- La crainte de la France est de voir son marché agricole inondé de produits espagnols : craintes
que l’Espagne ayant un développement économique plus faible et des conditions de travail moins strictes
puisse impacter le marché agricole français. La production agricole va exploser → période de
surproduction qui conduit à de fortes modifications. La France voulait une certaine période pour limiter

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l’entrée des produits espagnols : période de transition plus longue avant que les produits
espagnols puissent circuler sur le marché européen.
- Agriculture qui va provoquer des catastrophes sociales
o L’intégration va arriver pour ces 2 pays en 1986 + un régime transitoire

3. L'élargissement septentrional : l’europe des 15 en 1995

▪ Jusqu’en 90 on fonctionne par nombre de 3 pour les élargissements => 3 Etats membres qui entrent dans l’UE .
▪ En 1986 : Europe des 12, puis en 1995 Europe des 15 avec l’adhésion de l'Autriche, Suède et la Finlande→ pays
du nord.
▪ Vont poser leur candidature :
o Autriche en 1989,
o la Suède en 1991,
o la Finlande en 1992,
o + Une nouvelle candidature de la Norvège, statut de candidat : entre en négociations => entre en
adhésion puis est acceptée. Problème = au référendum, le peuple de la Norvège refuse ENCORE.
▪ Ces 3 pays vont vouloir adhérer dès 1990 et les négociations ne vont pas entraîner de négociations problématiques,
au contraire elles seront plus simples notamment car ce sont des pays très riches, même plus riches que certains
pays de l’UE et qui étaient membres de l’AELE (= association européenne de Libre échange). Position de richesse et
d’accord internationaux avec l’UE donc il y à des liens étroits avec les communautés donc moins complexe de les faire
rentrer → moins de soucis.
▪ L’acquis communautaire ne posait pas de problèmes car ces 3 pays étaient déjà au même niveau économique que
les communautés : les négociations vont être rapides. La principale chose qui va poser problème, c‘est que ces EM
(Suède et Finlande), avaient une politique environnementale plus stricte que l’UE, et ils n'étaient pas d’accord
pour l’abandonner. L’UE va accepter qu’ils entrent en gardant leurs politiques plus strictes que la sienne.
▪ Souvent cela pose moins de problème quand le pays a une politique plus stricte. En effet, si le pays possède une
politique moins stricte, il devra la rendre plus stricte, et ce n’est qu’en ayant une législation nationale plus stricte que l’UE
accepte sa candidature.

4. L'élargissement massif : l’Europe des 28 2004/2007/2013

▪ 1995 = Europe des 15 → 2013 Europe des 28 EM


▪ Tous les autres États : la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie, la Lettonie, la
Lituanie, l’Estonie, Malte et Chypre en 2004.
▪ Ils ont été rejoints en 2007 par la Roumanie et la Bulgarie.
▪ Puis en 2013 par la Croatie.
▪ A partir de 1990 les candidatures se multiplient, les pays de l’est vont massivement candidater avec la chute de
l’urss : 12 Etats qui vont candidater en même temps. Ce n’était pas tous des États soviétiques, il y avait aussi des
États proches.
▪ Cet élargissement massif ou cette massification de l’élargissement pose 2 problèmes :
o Problème institutionnel car l’UE n’a pas été conçue pour accueillir autant d’EM et on commence à voir
les limites qu'il va y avoir pour la prise de décisions en passant de 15 à 28. C’est pour cela que le traité
d’Amsterdam et de Nice vont être fait, pour rendre l'élargissement institutionnel de l’UE possible pour
autant d’EM.
o Ces pays vont être très hétérogènes, notamment dans leur PIB qui est bien plus bas que les EM. Leur
modernisation économique sera aussi en dessous de EM. On savait que leurs intégrations allaient être
complexes, notamment pour l’acquis communautaire
▪ Leur entrée dans l’UE va être plus tardive et longue : 1990 à 2004>2007, pourquoi ? car on va créer 2 choses :

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o Phase de pré-adhésion → avant la candidature ou après, l’UE va financer, subventionner les Etats, et leur
accorder un certain délai pour mettre en place progressivement l'acquisition communautaire pour éviter
qu’ils aient à appliquer 2000/3000 textes d’un coup / brutalement.
o Création des Critères de Copenhague 1993: en vue de l'adhésion de ces nouveaux EM. L’objectif principal est
de poser des critères à l'adhésion, s'ils ne les remplissent pas ils n'intègrent pas l’UE. Les critères sont
économiques et politiques pour protéger l’UE, et ainsi s’assurer qu'ils respectent bien un certain niveau
éco et politique, afin d’être certains que les EM supportent cet acquis communautaire, qui est très coûteux et
qui ne peut pas toujours fonctionner en fonction des niveaux économique et politique.
▪ Cela va prendre beaucoup de temps, en 3 phases :
o 10 États rentrent d’un coup en 2004 ( Pologne, République tchèque, Hongrie, Slovaquie, Slovénie, Lettonie,
Lituanie, l’Estonie, Malte et Chypre)
o 2 États en 2007 (Bulgarie et Roumanie) entrent plus tardivement car les réformes structurelles importantes à
mettre en place au niveau national.
o En 2013, c’est la Croatie, dernier Etat qui a intégré l'UE et qui n’a pas encore mis en place l'intégralité de
l’acquis communautaire. Elle est EM mais elle continue de mettre en place certains acquis
communautaires.
▪ Ce sont tous les EM avant le retrait du RU.

5. Les élargissements potentiels

▪ Encore aujourd'hui beaucoup d'états veulent rentrer dans l’UE (8 sont candidats officiellement) => Si vous voulez
davantage de renseignements sur chaque candidat et une carte synthétique : Les pays candidats à l'adhésion
européenne - Touteleurope.eu
▪ Ce sont les Etats qui ont le statut de candidat accepté par le conseil européen :

a. L’Albanie
▪ Albanie : A fait sa première demande en 2009 et ce n’est qu’en 2022 qu' elle acquiert le statut de candidat. C’est
assez long notamment car il a fallu attendre longtemps pour que l'Albanie fasse les réformes imposées par l'UE (5 ans) et
commencer les négociations (cela a pris 8 ans). Lutte contre la corruption → point problématique central de
l'adhésion. En 13 ans, l’Albanie n’est toujours pas entrée dans l’UE.

b. La Macédoine du Nord

▪ Macédoine du Nord : négociations ouvertes en 2022. Demande d’adhésion en 2004, candidat en 2005 et depuis
toujours pas d'ouverture des négociations.
o A effectué sa demande en 2004, candidate en 2005 pour devenir membre de l’UE et commencera les
négociations uniquement en 2022.
o En 1992 et en 2019, la Macédoine du Nord a eu du mal à ouvrir les négociations, parce que deux états étaient
contre ces négociations : la Grèce et la Bulgarie.
- La Grèce met en avant un problème de nom de pays car la Macédoine possède le même nom
qu’une région grecque.
- La République de Macédoine a accepté en 1992 l’emploi du nom “Ancienne République Yougoslave de
Macédoine” (ARYM) dans ses relations bilatérales avec l’Union européenne. Le 17 juin 2018, le Premier
ministre macédonien Zoran Zaev est parvenu à conclure l’Accord de Prespa avec son homologue grec
Aléxis Tsípras. Les deux hommes se sont entendus sur le nouveau nom du pays : République de
Macédoine du Nord. Celui-ci est officiellement entré en vigueur le 12 février 2019, renommant
l’Ancienne République yougoslave de Macédoine en République de Macédoine du Nord. Cette
modification a ouvert la voie à une adhésion du pays à l’Otan le 27 mars 2019, ainsi qu’à l’UE. Le 25
mars 2020, les Vingt-Sept se sont déclarés favorables à l’ouverture des négociations d’adhésion.
- Cet accord de Prespa va lever pas mal de veto car suite à cela la Grèce va accepter l’adhésion de la
Macédoine du Nord à l’UE.

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-
- A partir de 2020, la Bulgarie va bloquer l’adhésion de la Macédoine du Nord parce que celle-ci
possède une minorité bulgare qu’elle ne reconnaît pas. Des négociations ont lieu entre les deux pays et
trouvent un accord en 2022, la Macédoine du Nord va réviser sa constitution afin de reconnaître
cette minorité. Suite à cela, la Bulgarie lèvera en 2023 son véto.
c. Le Monténégro
▪ Monténégro : A posé également beaucoup de problèmes, indépendance 2006, demande d'adhésion en 2008, statut
de candidat en 2010 et négociations commencent en 2012 → maintenant 11 ans que les négociations ont
commencé . Quand on négocie l'entrée on appelle ça des chapitres, correspondant à des domaines. Adhésion
prévue pour 2025.
▪ Le Monténégro déclare son indépendance en 2006 et est reconnu comme un pays devant adhérer à l’UE en 2025. Suite
aux élections en avril 2023, Jakov Milatović a été élu et il est pro-européen. Il a d’ailleurs déclaré lors de son
discours d’investiture que son objectif était que son pays rentre dans l’UE d’ici 5 ans.
▪ Le Monténégro est un cas particulier car il a adopté l’euro sans faire partie de l’UE. Dans la Zone Euro, tous les
pays ont adopté l’euro mais dans l’UE ce n’est pas le cas.
d. La Serbie

▪ Serbie : Demande en 2009, statut en 2012 et négociations en 2014. Adhésion prévue également pour 2025 mais
son entrée va être retardée, c’est mal parti, plusieurs problèmes (Guerre avec le Kosovo) => le parlement européen a
rendu un rapport comme quoi l’Etat de Serbie continue de se dégrader.

e. La Turquie
▪ Turquie :
o Adhésion très complexe, paradoxale car elle a les relations les plus lointaines avec les communautés =>
Union douanière avec la Turquie et l’UE sur certains produits. Elle avait demandé en 1987 son adhésion dans
les communautés, ce n’est qu'en 1999 que la Turquie aura le statut de candidat.
o A l'époque ce qui posait problème :
- Protection des minorités : droits fondamentaux → des Etats avaient de grandes réticences se
basant sur de nombreuses condamnations sur les droits de l’homme
- Situation géographique compliquée : c’est un État du Moyen Orient et donc on se demande si
c’est un pays d’Europe ou non, car c’est une condition pour entrer dans l’UE. Au vu de sa situation
géographique, cela pose donc question.
o Les négociations ont commencé depuis 2005 et la possibilité d'adhésion est repoussée depuis longtemps, à la
base on prévoyait l'adhésion pour 2014 ou 15.
o Le Régime autoritaire de la Turquie pose problème => 2016 coup d’Etat, le gouvernement Turc va mettre en
place un régime autoritaire avec des arrestations arbitraires et un recul des protection des dt fondamentaux.
Intervention militaire Turque en Syrie, vise à venir protéger l’Etat Islamique → motif pour l’UE d’une rupture des
négociations (gelées jusqu’en 2021)
o A partir de 2021 tentative de relancer les négociations avec la Turquie qui va causer problème = le “sofa
gate” (Ajout Wikipedia : Le « sofa gate » est un incident de protocole diplomatique survenu lors de la visite
de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du président du Conseil européen
Charles Michel en Turquie le 6 avril 2021. Alors que Michel et von der Leyen s'apprêtaient à rencontrer le chef de
l'État turc Recep Tayyip Erdoğan, seules deux chaises avaient été préparées pour les trois dirigeants dans
la salle du palais présidentiel où la rencontre avait lieu, Michel s'est alors assis sur la seconde chaise à
côté de celle occupée par le président Erdoğan, tandis que von der Leyen, n'ayant plus de chaise à sa
disposition, s'est vu contrainte de s'asseoir sur un canapé dans la même pièce. )
▪ Depuis 2016 et le coup d'Etat raté, les négociations sont gelées et la Turquie considère que si elle lève son veto
contre l'adhésion de la Suède à l’OTAN, la Turquie pourrait intégrer l'UE. Or, le fait que la Turquie ait levé le veto
contre la Suède n'a aucun rapport avec son adhésion et les autres États ont vu cela comme du chantage venant
des Turcs.
▪ L'UE met en avant le fait que la Turquie ne correspond pas aux critères attendus pour entrer dans l’UE et le Parlement
européen a annoncé que les négociations sont arrêtées et ne seront pas relancées dans un futur proche. Le

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Parlement met également en avant des questions de politiques internes. Les institutions, quant à elles, mettent en avant
un cadre parallèle, c'est-à-dire des traités bilatéraux et pas d'adhésion.

f. La Bosnie-Herzégovine
▪ Bosnie Herzégovine : A effectué sa demande d’adhésion en 2016 et obtient le statut de candidat en 2022. La Bosnie
Herzégovine n’a pas encore ouvert les négociations et cela va demander encore un peu de temps avant son
lancement.

L’ouverture des négociations et leur organisation :


▪ L’UE évalue le niveau économique, politique avec ses critères pour ensuite ouvrir les négociations, un Etat
peut poser son veto
▪ L’UE va évaluer le niveau économique et politique pour voir si l’Etat souhaitant intégrer l’UE est capable de
supporter le poids de cette union et voir le niveau de respect des points ou autres.

▪ Deux Etats ont récemment obtenu leur demande d'adhésion :


g. L’Ukraine & la Moldavie (cas particulier de la Géorgie)
▪ L’Ukraine fait sa demande d'adhésion le 28 février 2022 => 4 jours après le début de la guerre, suivie par la
Moldavie et la Géorgie le 3 mars 2022.
▪ Le 23 juin 2022, le Conseil a accepté le statut de candidat de l’Ukraine et de la Moldavie cependant la Géorgie doit
faire quelques efforts supplémentaires.
▪ Le fait de leur avoir donné le statut de candidat durant une période de guerre est une preuve politique de la solidarité
de l’UE envers l’Ukraine. Même si ces candidatures sont extrêmement rapides, cela ne veut pas dire que ces
deux pays entreront rapidement dans l’UE. Certains considèrent que dans 10 ou 15 ans, l’Ukraine ne sera pas encore
membre de l’UE. Beaucoup de choses sont à mettre en place pour que ces deux pays puissent rejoindre l’UE et ce
n’est pas sûr que l’Ukraine remplisse les conditions d’adhésion notamment au vu du fait que l’on demande aux
États qu’ils aient une économie viable et des institutions stables, ce qui, en temps de guerre, paraît très
compliqué voire impossible.
▪ Cette entrée de l’Ukraine dans la parcours de l’UE est plus symbolique et ne représente pas une réelle étape dans
l’adhésion. La France est pour l’acceptation des candidatures de pays en transition politique allant vers plus de
démocratie et d’Etat de droit. Elle a très largement appuyé cette entrée de l’Ukraine afin qu'ils aient le statut de
candidat.

Réponses à des questions sur l’Ukraine et l’impact de son économie


▪ L’UE soutient l’Ukraine car l’effondrement de l'économie ukrainienne entraînerait l’effondrement des économies de ses
pays voisins.
▪ L’UE a réaffirmé son soutien à l’Ukraine alors que les Etats-Unis ont annoncé qu’ils s’en écartent dû à des raisons
financières. Le Shutdown a été évité notamment grâce à l’écartement du financement de l’Ukraine.

h. La demande du Kosovo
▪ Kosovo : La demande du Kosovo date de décembre 2022. Mais cette demande paraît assez compliquée car certains
États membres de l’UE ne reconnaissent pas le Kosovo comme un pays donc cela est problématique.
▪ Pb des relations entre la Serbie & le Kosovo + Cinq autres EM ne reconnaissent toujours pas l'indépendance du Kosovo :
l’Espagne, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et ChypreLes cas spécifiques de l’Islande et de la Suisse
▪ Cas particuliers : L’Islande et la Suisse ont posé leurs candidatures et ont commencé les négociations mais en
sont parties car ils ont volontairement refusé d’intégrer l’UE et de sortir de ces négociations.
▪ Cependant, cela reste différent de la Norvège qui, elle, est allée au bout des négociations avec la mise en place
d’un référendum qui a été refusé par la population.
▪ La Suisse et l’Islande sont parties des négociations avant d’arriver à un accord car l’UE ne leur plaisait plus.
▪ En 2009, l’Islande obtient le statut de candidat sans gros efforts. En 2010 débutent les négociations pour adhérer à l’UE.
Si l’Islande s’est portée candidate c’est parce qu’elle a subi une crise financière et cela a motivé sa candidature.
Sauf que quelques années plus tard, elle s’est remise de cette faillite financière sur le plan économique.

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o Lors des négociations pour adhérer à l’UE, tout va mieux pour l’Islande au niveau économique et le pays va
refuser certains points notamment sur des chapitres liés à la pêche. Cela va poser une grosse tension et
entraîner la “Guerre du maquereau” où l’Islande va refuser tous les quotas de pêche imposés par la
commission européenne et va continuer à produire et à pêcher autant qu’elle le souhaite.
o L’Islande va par la suite retirer sa candidature et cela va engendrer une manifestation de 7000 personnes qui
a été considérée comme une manifestation massive. En 2021 ont lieu de nouvelles élections en Islande et la
relance de la candidature à l’UE a été demandée mais l’Islande refuse car elle privilégie d’autres accords avec
l'UE.
Lien entre la “Guerre du Maquereau” et l’arrêt du plateau continental qui oppose la France et l'Argentine.
- L'Argentine allait pêcher dans le territoire français et la cour pénale internationale s’est posé la question suivante : Est-ce
que les écrevisses courent ou nagent ?
Jugé à la CPI, l'arrêt porte sur le fait que les écrevisses courent ou nagent.
→ Si elles courent c’est considéré comme continental donc les écrevisses appartiennent à la France, si elles nagent c’est une
ressource halieutique comme le poisson.

Réponses à des questions sur la Pologne et une de ses régions qui n’utilise pas l’euro ?
▪ La Pologne n’est pas membre de la Zone Euro
Quand on rentre dans l’UE, on a l'obligation de passer à la zone euro.
Ce passage à la monnaie unique entraîne des critères de convergence posés par la BCE pose des critères de convergence :
- Il ne faut pas avoir de dettes publiques supérieures à un certain montant ( La Pologne ne répond pas à ce critère)
La Pologne n’a pas adhéré à un de ces critères imposés par la BCE pour refuser, de manière implicite, le fait d’adhérer à la
zone euro.
Pour ne pas être obligés d’adhérer à l’euro, des Etats n'adhèrent pas au Mécanisme des taux de Changes Européens.

Il existe 4 cas particuliers où les EM n’ont pas adhéré à la zone euro :


- Les options de retrait ou “opting-out” : Ajout Wikipedia : Les options de retrait dans l'Union européenne sont des
exceptions au droit de l'UE, normalement applicables dans les 27 EM de l'Union. Elles sont négociées par les ÉM ne
désirant pas participer à certaines politiques communes. C’est le cas pour le RU et le Danemark qui sont membres
de l’UE sans adhérer à la zone euro.
- Certains EM de l’UE n’ont pas encore adhéré à l’euro car ils ne remplissent pas les critères de convergence. C’est
le cas pour la Suède, c’est un moyen politique qui a été trouvé par quelques États pour ne pas rentrer dans cette zone
euro.
- Lorsque l’Etat n’est ni un EM de l’UE ni un membre de la zone euro, mais possède quand même l’euro. C’est le
cas du Monténégro. L’UE ne reconnaît pas le fait qu’un Etat fasse partie de la zone euro, ils n’ont donc pas de
monnaie nationale, paiement avec des euros étrangers. Cela représente plutôt une volonté nationale de baisser
l’inflation.
- Des Etats peuvent passer un accord bilatéral avec l’UE sans être membre de la zone euro et de l’UE. Ce cas
concerne plutôt des petites principautés pouvant frapper les monnaies. C’est le cas de Monaco par exemple.
Des pays comme la Roumanie et la Bulgarie essaient encore d’adhérer à la zone euro.

B. Les conditions d’adhésion de l’Union Européenne : coté juridique


▪ Les conditions d'adhésion à l’UE entraînent plusieurs conditions procédurales et de fond.

1. Les conditions procédurales


▪ Antérieurement au Traité de Maastricht, il existait différentes procédures non harmonisées pour rentrer dans les
communautés.
o Depuis 1965, les communautés avaient les mêmes institutions pour fonctionner, chaque adhésion se faisait
pour chacune des communautés et chacune avait des critères différents.
- La CECA prévoyait un processus purement communautaire c’est-à-dire que les institutions négociaient
avec les Etats candidats. Or la CEE ou Euratom faisaient rentrer les Etats membres dans les négociations.
- Exemple : Procédure avec la Commission Européenne, le Conseil et les Etats membres, procédure dite
comme “éclatée” qui disparaît avec Maastricht.

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o Cette dualité fait disparaître la procédure de la CECA, aujourd'hui c’est la procédure de la CEE ou
Euratom qui est en place.
▪ La procédure est fixée dans l'article 49 du TUE, elle fixe la procédure d'adhésion en 4 étapes :
o 1. Le dépôt de la candidature au Conseil des ministres : Cela va informer le Parlement Européen et tous
les Parlements nationaux. L’état tiers va poser un dossier de candidature, ce n’est jamais une adhésion
surprise. Avant le dépôt de la candidature, il prend des accords d’association à l’UE pour installer avant le dépôt
d’une zone de libre échange, où l’acquisition communautaire est mise en place.
o 2. Avis de la Commission sur la candidature : Elle doit obligatoirement donner un avis (avis consultatif)
sachant que le Parlement et les Parlements nationaux peuvent également donner leur avis mais ce n'est pas
une obligation (Il arrive que les parlements donnent un communiqué de presse afin de donner leur avis).
o 3. Acquisition du statut de l’Etat Tiers, phase de “pré-adhésion” : L’UE va fournir une aide financière afin
que l’État Tiers puisse commencer les réformes économiques et institutionnelles essentielles à sa
bonne adhésion. Cela peut durer plusieurs années (entre 5 et 10 ans).
- Lorsque les EM sont favorables à la phase de négociation : C’est le début d’une longue phase car
s’ouvre uniquement lorsque l’État est assez stable pour correspondre aux exigences et que la
réglementation de l’UE est mise en place concrètement. Chaque État membre va veiller à ce que le
candidat satisfasse les exigences de l’UE.
- On dit que c’est une phase communautaire car les institutions de l’UE, (le Conseil, le Parlement
et la Commission) vont réaliser les négociations et vont prendre la décision d’accorder ou non le
statut de l’adhésion. Cela peut paraître paradoxal mais ça ne l’est pas, car elle doit être acceptée via le
Conseil qui prend à la décision d’adhésion à l'unanimité et lui accorde le fait d'adhérer. Cela
implique que chaque État puisse poser son veto et donc ne pas accorder le statut et cette décision. Elle
n'est jamais faite par une seule consultation de la Commission et donne son avis qui a l'obligation d’avoir
l'approbation à la majorité absolue du parlement européen.
- En + synthétique : Les négociations débutent et durant un certain temps a lieu une phase de
négociation où sont vus tous les chapitres qui doivent être mis en place par le nouvel État Membre
jusqu’au moment où le Conseil prend sa décision et consulte la Commission et effectue une
décision à l’unanimité et l’ approbation du Parlement Européen.
o 4. L'accord d'adhésion est pris, l’accord est un traité international qui doit être accepté entre tous les EM
et l'État candidat. Il doit donc être ratifié par TOUS les EM ET par l'Etat candidat. (Exemple : la Norvège qui par
deux fois a refusé par référendum les accords).
- Remarque : En France, souhait en 2005 que la ratification d’une nouvelle adhésion se fasse
uniquement par référendum. En 2008, a lieu une nouvelle révision constitutionnelle modifiant quasiment la
moitié des articles en France. Changement de cette exigence par l’article 89, alinéa 3 de la Constitution
française qui considère que pour ce genre de traité, on doit le faire passer par une notion en terme
identique par les trois cinquième du Parlement et du Sénat. On se suffit d’une notion identique, le Sénat et
le Parlement doivent le voter au trois cinquième et cela n’a jamais posé problème.
o Formellement ces accords/traités d’adhésions sont des traités internationaux et vont comprendre deux
parties :
- Le Traité d’adhésion qui est assez court qui indique uniquement que le pays intègre l’UE
- S’ajoute au Traité d’adhésion : l’Acte d’adhésion qui contient l’intégralité du respect des
exigences de l’acquis communautaire
● Ainsi, l’Acte d’adhésion est bien plus conséquent car celui-ci va également intégrer toutes les
adaptations et les modifications des Traités antérieurs afin de s’adapter à ce nouveau
membre.
● (Exemple: Nombre de sièges au parlement …) L’Acte d’adhésion note également la période
transitoire, si elle existe, pour que le pays s’adapte aux exigences de l’UE. En effet, pour
entrer dans l’UE il faut mettre en place certains critères et la période transitoire va permettre à
l’Etat de devenir un Etat-membre avant d’avoir tous les acquis communautaires. Mais cela va
créer une UE à plusieurs vitesses, ce qui peut être problématique.
2. Les conditions de fond
▪ Un Etat doit respecter plusieurs conditions pour pouvoir devenir candidat à l’UE et il doit respecter d’autres
conditions pour pouvoir adhérer à l’UE.

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a. Les conditions pour être candidat


▪ Les conditions pour être candidat sont posées par l’article 49 TUE en 1992 : tout Etat européen peut demander à
devenir membre de l’UE.
▪ 1. Condition statutaire : être un État
o Pour être un Etat, il faut être reconnu par les autres EM et cela pose parfois encore problème notamment
pour la Yougoslavie quand elle a éclaté.
- Suite à cet éclat, la Croatie est devenue indépendante, mais elle n’a pas été reconnue par tous les EM.
- Aujourd’hui encore c’est le problème pour le Kosovo qui n’est pas reconnu par certains EM de l’UE
et est plutôt considéré comme territoire semi-indépendant ou révolutionnaire. Il est quand même reconnu
par les ¾ des EM (à l’exception de l’Espagne, la Slovaquie et la Grèce).
o Ce n’est pas la seule limite : au niveau supra étatique, les OI ne peuvent pas adhérer à l’UE (Exemple :
Organisation Mondiale du Commerce). au niveau infra étatique, une région ou un État fédéré ne peut pas
adhérer à l’UE de son propre chef (Exemple, du Texas ou de la Californie). C’est également le cas de
l’Ecosse lors du Brexit car c’est une région du RU. Cependant cela ne veut pas dire que la région ne peut
pas avoir d’accords avec l’UE, elle ne peut juste pas devenir un EM. Cette condition statutaire implique
également le fait qu’une personne privée ne peut pas devenir un EM (Exemple : les GAFA).
▪ 2. La condition géographique : Un pays en dehors du continent européen est dans l’impossibilité d’intégrer l’UE.
Mais la délimitation est plutôt floue.
o Cela a posé des questions comme avec le Maroc qui a demandé à adhérer à l’UE, en mettant en avant le fait
que le bassin méditerranen était présent en Europe durant l’antiquité, il y eu un refus évident en mettant en
avant les frontières géographiques fixes : la méditerranée.
o “L’Europe de la compétition (sportive par exemple…) n’est pas l’Europe de l’UE et c’est une décision unilatérale
des organisations d’avoir lors de compétitions sportives et culturelles strictement européennes, des pays hors de
l’UE.
o Les enclaves posent aussi problème notamment avec la Turquie.
▪ Sans le respect de ces conditions statuaire et géographique, les Etats font face à un rejet de leur candidature.

Réponses à des questions :


▪ Il n’existe pas de définition de l'Europe par l’UE mais il y en a une issue du Conseil de l’Europe : Représente les
Etats dont le territoire national est situé en totalité ou en partie sur le territoire européen et sa culture est
étroitement lié à la culture européenne.
▪ Ajout du fait que la Russie soit européenne même si elle possède principalement son territoire en Asie cependant elle
est exclue de l’UE.

b. Les critères d’adhésion (Les conditions pour pouvoir adhérer à l’UE)


▪ L’évolution historique des critères d'adhésion :
o A l’origine des Communautés Européennes, il n’y avait pas de critères d'adhésion fixes.
o Un des premiers critères est le fait qu’un Etat ne puisse pas remettre en cause les Traités ou les règles
mises en place par l’UE. On parle du critère de l’“acquis communautaire”. Un État candidat doit donc
accepter l’intégralité des actes pris par les institutions européennes, mais cela ne posait pas de problème dans
les années 1970, car il y avait peu de textes. Actuellement l’acquis communautaire représente énormément
d’actes et de normes.
o Ensuite jusque dans les années 1990, il y avait uniquement le critère des acquis communautaires et cela va
changer pour faire face à l'élargissement massif de l’UE et de son passage des 12-15 EM à 28 EM. Le
conseil européen va créer les critères de Copenhague en 1993 qui doivent être respectés par tous les
Etats candidats.
▪ Ces critères de Copenhague de 1993 vont rédiger (officialiser) trois critères fixes qui étaient déjà mis en place
(vérifiés et appliqués avant) avant :
o Critère politique : impose que l'État candidat doit disposer d’institutions politiques stables garantissant la
démocratie, l’état de droit et les droits de l’Homme et des minorités. On calcule ce critère au moment de
l’adhésion. Les principales réformes demandées aux États candidats sont la modification du système judiciaire,
des réformes liées à la corruption et des réformes liées à la séparation des pouvoirs.

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o Critère économique : demande aux Etats candidats de disposer d’une économie de marché viable. Ce qui a
pu poser problème car on demande aux Etats de fonctionner sur un modèle capitaliste. On demande cela pour
que les Etats membres puissent supporter le marché intérieur (= ne pas connaître une forte inflation au moment
de l’entrée ). Donc s’il n’y a pas d'adaptation, l’inflation sera énorme dans le pays.
o Critère de l'acquis communautaire : Il va exiger des Etats candidats d’avoir ou de pouvoir mettre en place une
administration et une juridiction suffisante.
▪ En 1997, ont eu lieu les critères avec le traité d’Amsterdam. Ces critères d’Amsterdam ont ensuite été intégrés dans le
Traité de Lisbonne : des Etats Vont être obligés de respecter des principes fondamentaux pour intégrer l’UE.
o Article 2 du TUE : fixe des principes communs substantiels : la dignité humaine, la liberté, la démocratie,
l’Etat de droit, le respect des minorités, le pluralisme, la non-discrimination, la justice, l’égalité, la solidarité et
l’égalité homme-femme. On exige simplement des EM qu’ils reconnaissent ces principes.
o Article 49 du TUE : on demande aux États candidats de s'engager à respecter l’article 2 du TUE, mais on
leur demande de les promouvoir (cette exigence reste souple). Cela sert à mettre en place un socle de
valeurs qui correspond à une identité européenne théorique et de nombreux Etats ne le respectent pas et
considèrent borderline ou inutile ces principes.

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II. §2. La mécanique de retrait des EM de l’UE


▪ A l’origine ce n’est pas la seule manière de quitter les communautés : la fin d’une communauté pouvait se faire de
manière naturelle : attendre la fin de la CECA au bout des 50 ans. Ça ne fonctionne que pour la CECA car les deux
autres traités CEE et EURATOM n’avaient pas de dates de fin. On dit que la CECA a pris fin en 2002 mais on a intégré
dans l’UE toutes les conséquences financières et ses apports. Protocole de mise en place pour faire rentrer cette CECA.
▪ Le cas du retrait est devenu une vraie question.

A. A. Le droit de retrait
▪ On ne peut pas exclure un EM de l’UE : aucun mécanisme d’exclusion d’un EM.
o Pose problème aujourd’hui : la Pologne : elle dit ouvertement ne pas respecter les conditions (et valeurs) de
l’UE mais tant qu’elle ne part pas d'elle-même on ne peut rien faire. Et même si il y avait la procédure
d’exclusion, elle ne serait pas exclue car cela serait la porte de sortie de l’UE car l’UE repose sur des EM et s'
ils ne jouent plus le jeu, elle s’effondre.
▪ Il y a quand même des procédures de sanctions : Il existe des mécanismes de sanction article 7 du TUE qui permet
de sanctionner un EM : Même si cela existe, c’est improbable aujourd’hui cela n’a jamais été complètement mis
en place et représente plus une menace plutôt qu’une procédure applicable.
o Création au Traité d’Amsterdam : on peut suspendre partiellement et temporairement les droits de l’EM
liés à l’UE, et notamment le retrait du droit de vote au conseil des ministres
- Cela exclut politiquement de l’UE.
- Cette décision est prise par une procédure fixée dans le traité de Lisbonne avec une procédure à
triple détente. Càd 3 étapes qui ont une force croissante.
● La première = une constatation, une procédure d’alerte où un EM risque de violer les
règles de l'UE => c’est la procédure sympathique => ce constat est fait par l’UE, le
processus est amiable avec des recommandations pour éviter ces violations.
● 2e étape : décision du conseil européen (à l’unanimité sauf l’EM concerné) qui constate
également l'existence d’une violation grave et persistante par un EM des valeurs de
l'article 2 du TUE. C’est une décision prise après un avis conforme du Parlement européen.
Ne concerne que les principes de l'article 2 du TUE et considère une violation des principes de
l’UE.
● 3e étape décision du conseil des ministres à la majorité qualifiée de suspendre les
droits de l’EM qui viole les règles
- Dans les faits cette procédure bloque à la 2e étape : on rappelle que les étapes sont cumulatives.
L’étape 2 de la constatation doit être faite à l'unanimité à l’exception de l'état concerné. Cela constitue une
barrière infranchissable, en 2017 contre la Pologne et 2018 contre la Hongrie, le parlement a approuvé
largement l’article 7. Même les polonais ont voté pour des actions contre la Hongrie. La règle de l’unanimité
est bloquée par la Pologne concernant la Hongrie et la Hongrie concernant la Pologne. Il y a toujours un
état qui protège un autre. Jusqu'au traité de Lisbonne c’était la seule voie pour quitter l’UE.
▪ Antérieurement il n’existait pas de possibilité de se retirer sauf cession totale de l’intégration européenne ou retrait
partiel d’un territoire.
o Arguments donnés pour expliquer l’impossibilité / le refus de pouvoir quitter les communautés : mécanismes de
règlements des conflits => le degré d’intégration est tellement fort que quitter les communautés serait
factuellement impossible : en effet il serait impossible de revenir à l'état d’avant communauté pour l’EM.
o Sauf dans le cadre d’un cas très particulier : retrait très partiel d’un territoire d’un État des communautés.
Exemple de l’autonomie donnée à un territoire d’un EM. 1973, le Danemark a donné son autonomie au
Groenland comme un territoire particulier. Groenland ne fait donc pas partie de l’UE. Doctrine Prodi prévue en
2004, dès qu'une région de l’UE devient indépendante (par un acte, cette région devient
automatiquement un État tiers). Question posée dans le cas de la Catalogne, ou de l'Écosse. Si elles voulaient
devenir membres, elles devaient refaire la demande d’adhésion.
▪ Avec Lisbonne, on a intégré la possibilité de droit de retrait dans l’article 50 TUE (suivant l’article 49 pour
l’adhésion). Cet article précise les règles édictées si un Etat veut sortir de l’UE.
o 1. Il doit notifier son intention au conseil européen = simple notification, sans concertation préalable :
règlement CJE du 10/12/2018, JP Wightman, posée lors du Brexit : c’est une décision individuelle).

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o 2. Ensuite, les négociations de sortie aboutissent à un accord de retrait: Etats qui deviennent tiers, droits
qui demeurent applicables ou non etc Diminution du nombre de ministres au conseil
o => procédure de retrait assez simpliste dans ses exigences mais dans la pratique c’est plus difficile.

B. B. Le cas d'espèce : le Brexit


▪ 23/06/2016: référendum pour la sortie du RU de l’UE => référendum majoritaire à la sortie de l’UE
▪ 1 an pour notifier la demande de retrait de l’UE => les négociations démarrent en 2017
▪ 2019: accord trouvé, sortie se fait le 31 janvier 2020 officiellement => À cette date, un an de transition, jusqu’au
31 décembre.
1. Le rapport du RU à l’UE: un état membre particulier
▪ Le RU a conditionné son adhésion à des exemptions en 1973. Au final le RU n’adhère jamais totalement à l’UE,
sauf pour ses intérêts éco, mais pas concernant son orientation politique.
o Par exemple, il accepte le marché commun mais n’adhère pas en matière d’immigration.
o Cas de Margaret Thatcher, crise sur le financement de la PAC où elle demande l’acceptation de
certaines mesures ou avertit du retrait du RU. Campagne “I Want my money back” sur ce thème car le RU
n’est pas spécialement un pays agricole. En effet, chaque pays devait allouer une somme pour financer la PAC.
Cet argent est ensuite réparti selon les besoins des agriculteurs de l’UE. L’argent ne revient pas forcément au
même montant pour les agriculteurs de chaque pays. Sa demande se positionne contre le principe de
solidarité, elle demande un mécanisme d’exception. En 1980 : mécanisme spécial de correction appelé
“le chèque britannique”. Cela correspond à l’idée que les britanniques peuvent financer la PAC à hauteur
de ce que recevront leurs agriculteurs : diminution de leur contribution. D’autres États le demandent, mais ce
n’est pas possible.
o Exception concernant l’Euro : “clause d’opting out”. Obtenue lors du traité de Maastricht : dérogation
illimitée concernant la zone euro. C’est la condition du RU et du Danemark pour la révision du traité de
Maastricht => création d’une Europe à géographie très variable (pays de la zone euro, et les autres).
o Cette méthode du chantage du RU fonctionne bien. Elle se retourne cependant contre le RU en 2016
avec le référendum car si le parti conservateur était élu, il demanderait des droits dérogatoires à l’UE. Il
est arrivé en majorité aux élections, et David Cameron a trouvé un accord en février 2016 par référendum : il
accepte que le RU reste dans l'UE mais en lui permettant de refuser toute intégration politique future.
David Cameron démissionne à la suite de ce référendum. Johnson était partisan d’une sortie stricte du RU.
2. La complexité du processus de retrait
▪ Dissensions nationales : la notification au Conseil européen du résultat du référendum est tardive, elle n’a pas eu
lieu après le référendum de 2016. Un problème juridique se pose, on n'était pas certain au niveau national
britannique que le référendum soit la voie possible pour que l'État, au niveau de son droit interne, puisse sortir
de l’UE.
o Les régions ne répondent pas de la même façon : 2 régions s’opposent. L’Irlande du nord considère que c’est
suffisant, mais l’Angleterre et le Pays de Galles indiquent qu'un accord du parlement est nécessaire. Cette
question monte jusqu’à la Cour suprême du RU. La Cour va rendre une décision très importante “décision
Miller” du 24 janvier 2017 —> le référendum n’est pas suffisant et l’accord du parlement est requis pour
la notification à l’UE (cette décision est contraire à la situation en France où le référendum est l’indication
d’une volonté directe). Au RU, la souveraineté du parlement est un principe constitutionnel. Chambre des
communes (Ecosse…) opposée au retrait. Il se passe 1 an entre le référendum et la notification.
▪ Dissension sur l’accord de retrait pendant les négociations : accords soumis au parlement britannique, et
certains, notamment les premiers, sont rejetés (cela va amener Theresa May à démissionner). Boris Johnson, lui,
voulait une sortie sans négociation. Sur les 3 projets d’accords, un seul passe au parlement. En 2019 ont lieu les
élections européennes, les Britanniques vont donc voter pour leurs parlementaires alors que des négociations
étaient en cours pour quitter l’UE.
▪ Le RU est maintenant un État tiers, en pleine phase de transition dans laquelle il y a des négociations sur les
traités commerciaux et de coopération avec l'UE. Cela crée des tensions sur l’Irlande du nord. En effet, le
protocole signé pendant les négociations mentionne que le RU accepte que certaines règles s'appliquent encore à
l'Irlande du nord. S'applique cependant de manière très partielle et donc sanctions en 2021 : procédures d'infractions. Le
RU ne s'effondre pas économiquement comme prévu, mais une agence de statistiques économiques a sorti un rapport
selon lequel le Brexit n’aurait rien changé sur sa situation économique : le rapport l’explique notamment par le fait que
l'inflation n’est pas plus forte au RU que dans les autres EM.

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Section 2 : Le statut de l'Etat membre de l’Union européenne : les obligations des EM


▪ Être EM ce n’est pas comme dans un traité international, cela implique des obligations, des droits, et des règles à
respecter.
I. §1. Les obligations pesant sur les EM
▪ Arrêt de la CJCE du 5 février 1963 VAN GEND EN LOOS : il existe des obligations qui découlent des traités, mais il
existe en plus une forme d’ordre communautaire objectif. La Cour considère que le fait d'adhérer à l’UE impose une
logique d’appartenance qui fait que l'on a certaines obligations, même si elles ne sont pas inscrites dans les
traités, et cela par le simple fait d’être dans l’UE. C’est le cas par exemple pour l’obligation de loyauté ou l’obligation
de coopération, qui sont à la charge des EM du fait d'adhérer à l’UE.

A. L'obligation du respect des valeurs communes de l’UE


▪ L’obligation du respect des valeurs communes de l’UE a été fixée à l’article 2 du TUE qui va poser certaines
valeurs communes et imposer leurs respects (justice, solidarité, égalité HF…) Ces valeurs sont considérées
comme essentielles et fondamentales.
▪ Avis 2/13 de la CJUE de Décembre 2014 : “L’Union repose sur la prémisse fondamentale selon laquelle chaque Etat
membre partage avec tous les autres États membres et reconnaît que ceux-ci partagent avec lui, une série de valeurs
communes sur laquelle l’Union est fondée”. Extrait : “Une telle construction juridique repose sur la prémisse fondamentale
selon laquelle chaque État membre partage avec tous les autres États membres, et reconnaît que ceux-ci partagent avec
lui, une série de valeurs communes sur lesquelles l’Union est fondée, comme il est précisé à l’article 2 TUE. Cette
prémisse implique et justifie l’existence de la confiance mutuelle entre les États membres dans la reconnaissance de ces
valeurs et, donc, dans le respect du droit de l’Union qui les met en œuvre.”
o Avis qui a mis un stop pendant un certain temps entre l’UE et la convention européenne des droits de
l’homme car cette dernière a jugé que l’accord était incompatible (nouvel accord depuis peu en discussion).
o Principe de confiance mutuelle de l’union européenne: les EM se font confiance entre eux sur les
standards qu’ils appliquent. Exemple du mandat d’arrêt européen (mis en place en 2004 qui permet de
transférer la justice dans les pays membres, et d'émettre des mandats d’arrêts européen). Il s’est posé un cas
dans lequel l’Espagne a condamné un individu et la Hongrie( pas sûr, le prof va vérifier) a demandé un mandat
européen pour transférer le détenu. L’Espagne va refuser car le pays demandeur ne respectait pas les valeurs
humaines de détention. La CJUE va rendre un arrêt pour rappeler que l’Espagne ne peut pas refuser, car ce
pays a l’obligation de respecter les valeurs communes.
o Exemple du prisonnier des attentats du Bataclan que la Belgique refuse de transférer en France à cause de nos
conditions de détention indignes. La France est condamnée très régulièrement pour les conditions de détention
à Fresnes notamment (2e pays européen le plus condamné à ce sujet). L’adhésion a des répercussions fortes,
et est source de débat.
▪ Des mécanismes sont mis en place pour faire respecter cet article 2 TUE sur les valeurs de l’UE.
o Notamment l’article 49 du TUE qui conditionne l’admission des nouveaux Etats membres au respect de
ces valeurs.
o + Il y a également la procédure de la suspension temporaire des droits (article 7, jamais appliquée du fait de
sa complexité) article principalement dissuasif, peu efficace.
- Exemple lors du Covid, la CJUE a mis en avant dans un rapport de justice que le respect des droits de
l’homme s’est dégradé
o Les sanctions financières vont venir pallier le manque d'efficacité de l’article 7. Des pressions
financières sont mises en place sur les EM qui ne respectent pas les obligations.
- Ce mécanisme de sanction a été adapté par un règlement (acte de droit dérivé) le 16/12/2020. Ces
sanctions sont possibles par ce règlement à la majorité sans unanimité, car certains EM refusent. Le fait
que certains Etats Membres violent les articles était une menace financière aux intérêts de l’UE notamment
puisque ça venait affaiblir les unités de contrôle de l’UE, qui perdait son autorité. L’UE accuse les EM de
participer à la fraude européenne et à la corruption en violant les articles.
- La Hongrie et la Pologne ont été sanctionnées et ont saisi la CJUE disant que ce règlement était
illégal.
● Objectif de cette saisie de la CJUE? Pour demander l’annulation du
règlement en considérant qu’il ne respecte pas les règles de l’UE + l'objectif
officieux est plutôt de le retarder car lors d’une saisie, impossible pour les

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institutions européennes de les modifier ou de les appliquer. →Tant que le


recours n’a pas été réglé, aucune autre mesure ne peut être prise

Début de cours 19/10 : actualité sur la Pologne


▪ Législation en Pologne cohabitation? Membre de la coalition est un ancien membre de la commission européenne.
▪ La Pologne souhaite améliorer les relations avec l’UE pour stopper les sanctions.

- Le mécanisme de sanction financière est cela : la commission demande une sanction et le conseil
prend la décision à la majorité qualifiée. On savait que la Pologne et la Hongrie ne paieraient pas
leurs sanctions donc la décision prise est d’appliquer un refus de paiement et donc de suspendre
les subventions.
o Dernier moyen de faire respecter les règles: Le recours en manquement : Mesure prise devant la CJUE
(art 258 du TUE) Procédure assez rapide.
- Demandeur: EM ou la commission mais dans les faits c’est toujours la commission.
- Procédure en manquement →On va devant la cour de justice pour faire reconnaître
qu’un EM a manqué à ses obligations. Recours de constatation. En plus ça, possibilité de mettre en
place des astreintes financièrement (ce ne sont pas des dommages à intérêt mais plutôt une somme
d’argent qui doit être versée pour chaque jour de retard). Cela sera appliqué si l’EM ne s’est pas conformé
à la décision de la CJUE dans le délai imposé). Les astreintes peuvent être très lourdes (500 000€) et
de même elles sont ponctionnées sur les subventions pour être sûr que la sanction sera payée.
- Violation de la Pologne qui a résisté puis elle a cédé et a accepté les réformes demandées pour
respecter les valeurs de l’UE fixées à l’article 2

B. Le devoir de coopération loyale des EM


▪ → Coopérer loyalement? : Accepter de coopérer et éviter de ne pas coopérer.
▪ Cette obligation de coopération loyale est fixée dans le TUE article 4 paragraphe 3 : “En vertu du principe de
coopération loyale, l’UE et les EM se respectent et s’assistent mutuellement dans l'accomplissement des missions
découlant des traités”.
▪ Question de la solidarité : remise en question notamment avec la crise migratoire.
▪ 1. Obligation positive : les EM vont prendre toutes les mesures générales ou particulières pour assurer
l’exécution des obligations résultant des traités ou des actes dérivés de l’UE.
o Les EM doivent garantir toutes les mesures prises par l’UE.
- Principe que l’UE fonctionne sur une administration indirecte. (l’UE ne peut pas prendre de loi au
niveau national, l’UE n’a pas d’administration au niveau national, ce sont les EM qui administrent l’UE au
niveau national). Donc pas d’administration spécialisée on la délègue à l’échelle nationale. Raison : coût de
payer de nombreux fonctionnaires européens.
Exemple : Ressource propre de l’UE : part de la TVA des EM qui revient à l’UE. Cette collecte est réalisée
par l'administration fiscale de chaque nation, qui attribuera ensuite une partie à l’UE. Exemple : la police
européenne est elle aussi déléguée au niveau national.
- Le plus souvent, l'administration doit appliquer le droit de l’UE mais les agents (mairie,...) ne l’appliquent
pas car personne ne la connaît. (en préfecture, règlement sur l’environnement très peu connu, ou bien
compliqué d’appliquer car les règles sont trop techniques).
- Mécanisme qui est assez efficace tout de même de manière générale mais impose le fait que l’UE est
extrêmement dépendante de l'application de ces EM. Cohérent car l’UE souhaite la coopération de ces EM.
o La coopération implique deux éléments :
- 1. Créer des mécanismes de sanction au niveau national pour s’assurer que les règles sont bien
appliquées auprès des entreprises et des particuliers. Sanctions précises et applicables. Au-delà de
ces exigences, les EM sont libres.
- 2. Il faut qu’il y ait une voie de recours. Le juge national est le premier juge de l’UE. C’est aux juges
nationaux de garantir un voie de recours efficace. Plusieurs incidences soit 4 implications :
● Il faut que le juge interprète le droit national conformément au droit de l’UE. La norme
nationale ne doit pas être incompatible avec celle de l’UE. (Ex : en France du droit des

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données et la surveillance de masse : le CE a décidé d’appliquer la norme nationale même si


non conforme à celui de l’UE. Exception )
● Dans un litige national, le juge doit interpréter toutes règles incompatibles avec les règlements
de l’UE. Donc quand le juge national juge un litige, et que les règles sont incompatibles
entre le doit national et le droit euro le juge doit appliquer le droit européen
● En cas de violation des règles européennes, le juge national doit accorder réparation du
préjudice pour appliquer le droit de l’UE.
● Les juges nationaux doivent sauvegarder les droits conférés aux particuliers par les
droits de l’UE. Ce qui implique de les appliquer aux particuliers même si ce droit n’est pas
inscrit dans le droit national (directives non transposées).
▪ 2. Obligation négative : s’abstenir d’agir, les EM facilitent l’accomplissement par l’Europe de ses missions et
s’abstiennent de toutes mesures susceptibles de mettre en péril la réalisation des missions de l’UE.
o Négative car les EM ne peuvent pas prendre des mesures qui peuvent gêner frontalement celles de l’UE.
o Exemple : les relations extérieures, l’UE ne prive pas les EM de leur souveraineté externe mais le droit de
l’union refuse qu’un EM conclue un traité qui est incompatible avec le droit de l’UE. Exemple hypothétique
: France crée un marché commun avec l’Australie ce qui sera incompatible avec le marché intérieur européen.
▪ Le devoir de coopération loyale s’impose aussi avec les EM entre eux et la CJCE en a tiré un principe en 1988
avec l’arrêt Matteucci qui va noter que ce devoir impose un devoir de solidarité entre les EM: principalement de
solidarité financière. Et si un EM ne peut pas respecter ses solidarités financières, un autre EM devra l’aider
financièrement.

II. §2. Le droit au respect de l’identité nationale d’un Etat

▪ Ce droit se matérialise bien dans la devise de l’UE qui est “Unis dans la diversité”. Obligation des EM et de l’UE
de respecter la diversité de EM (leurs spécificités)
▪ Difficile car garantir l’homogénéité partielle mais aussi de concevoir les diversités de chaque EM.
▪ Clause de l’identité nationale qui protège la diversité
A. La cause du respect de l’identité nationale
▪ Cette clause est assez récente.
▪ Elle apparaît avec le traité de Maastricht, donc au moment où on passe à une intégration politique.
o Pourquoi lors du Traité de Maastricht ? Elle apparaît à ce moment car cette intégration va très largement
toucher la souveraineté des EM (augmentation des compétences de l’UE) ce qui inquiétait les EM. Donc
clause symbolique pour montrer que certaines caractéristiques étatiques sont protégées. Cette clause
d’identité nationale instaurée par traité de maastricht, apparaît pour pallier une anxiété des allemands et
pour protéger une identité propre à ses Etats membres.
o Comment ? Cette clause est inscrite dans le texte du traité de l’union, rappelé par la plupart des textes
primaires, comme la charte des droits fondamentaux devenue contraignante de 2009 :”l'union contribue à la
préservation et au développement de ses valeurs communes dans le respect de la diversité des cultures
et des traditions des peuples de l'europe , ainsi que de l’identité nationale des Etats membres et de
l’organisation de leur pouvoir public au niveau régional national ou local” (attention il l'a bien dit
plusieurs fois)
o C’est d’abord une clause de limitation des compétences de l’UE (c’est très important) => Article 4
paragraphes 2 du TUE : “l’Union respecte l'égalité des États membres devant les traités ainsi que leur
identité nationale inhérente à leur structure politique fondamentale et constitutionnelle y compris en ce
qui concerne l’autonomie locale et régionale. Elle respecte les fonctions essentielles de l’Etat,
notamment celles qui ont pour objet d'assurer son intégrité territoriale, de maintenir l’ordre public et de
sauvegarder la sécurité nationale. En particulier, la sécurité nationale reste de la seule responsabilité de
chaque Etat membre”(Dit plusieurs fois) La sécurité nationale ne fait pas partie des compétences de l’UE,
elle est exclusive aux Etats membres (compétence exclusive).
▪ Ce principe sera ensuite consacré avec le Traité de Lisbonne.

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B. Les composantes de l’identité nationale


▪ Concrètement, ce droit au respect de l’identité nationale signifie que l’UE n’a pas la main sur :
o La forme du gouvernement (présidentiel ou parlementaire…)
o Autonomie locale et régionale (organisation territoriale qu’elle soit fédérale, centralisée…)

1. La forme du gouvernement :
▪ Cela implique que l’identité nationale renvoie à ce qui fait la structure d’un État telle qu'elle est définie dans la constitution
de l’EM.
▪ L’UE doit respecter l’organisation territoriale de chaque EM. Ce n’est pas à l'UE de décider si un État doit être
décentralisé, démocrate ou militaire. Cela est rappelé par un arrêt de CJCE du 4 mars 2004 “République fédérale
d’Allemagne contre commission des communautés” : La commission n’a rien à dire sur la manière dont l’EM répartit
les compétences au niveau constitutionnel. L’Allemagne est un Etat souverain sur ses découpages territoriaux (si
l'Allemagne veut découper la Bavière en 2 elle peut le faire). Donc l’UE ne peut pas venir trancher un litige qui
opposait l'Etat fédéré à l'Etat fédéral (l’Allemagne répartit les compétences comme elle le souhaite). Si y a conflit, l’UE
ne tranche pas, elle n’est pas concernée.

2. L’autonomie locale et régionale


▪ On respecte la répartition institutionnelle des pouvoirs des EM au sein de l’UE. L’UE n'a pas à s'impliquer dans la
répartition des organes qui vont gérer les pouvoirs. (ex : pas d’obligation d'avoir une seule chambre législative,
un roi ou un président etc)
▪ Lorsqu'on oblige les EM à appliquer le droit de l’UE cette obligation n'est qu'une obligation de résultats, pas de
moyen.
o Obligation de Moyen = tenter, mais sans obligation de résultat; Obligation de Résultat = obligé d’appliquer et de
réussir
o Si l’UE prend une directive et qu'il faut l’appliquer en droit national, elle n'exige aucun acte particulier
hormis le fait que le texte soit appliqué (transposition).
▪ Cette identité nationale qui a été consacrée par le traité de Lisbonne en 2009 existait antérieurement dans une
décision de la CJCE du 15 décembre 1971 : “International Fruits Company”“ lorsque les dispositions du traité ou du r
reconnaissent ou leur imposent des obligations ( à revoir ?)Chaque Etat est libre de repartir comme il le juge
opportun les compétences tant que les objectifs de l’UE sont remplis.
▪ L’identité nationale de l’identité structurelle vise à limiter les interférences de l’UE dans les politiques nationales :
o La jurisprudence va aller plus loin et ouvrir un autre volet, purement prétorien (jurisprudentiel), le Volet
substantiel ouvert très tôt : CJUE du 5 mars 2009 “ UTECA” : il va venir énoncer que l’UE respecte par la
clause l’identité nationale, on inclut le volet de la diversité culturelle, religieuse et linguistique.
o CJUE 12 mai 2011 “RUNEVIC VARDIN” : les EM sont libres de protéger les langues nationales et leurs
langues régionales fait partie de l’identité nationale des EM (compétence exclusive des EM et pas de l’UE),
il peut reconnaître le nombre de langues qu’il souhaite dans son État (ex: la Belgique plusieurs langues), il peut
aussi ne reconnaître aucune langue officielle (même si on le ferait pas). Avec l’administration on doit utiliser la
langue nationale et pas régionale (ex : problème avec le corse qui voulait obtenir un état civil propre)
o Eléments de la morale inclus dans l’identité nationale : cas où la Cour a accepté que les EM interdisent les
jeux de hasard et les paris sportifs car certains EM (portugal) considèrent que cela allait en opposition
avec le système moral de leur pays. Les règles vont donc varier entre les EM.
o Autre élément : Il faut respecter les fonctions essentielles de l’EM comme la sécurité nationale. L'UE ne
peut pas agir dans la sécurité nationale et le maintien de l'ordre public, cela reste de la compétence d’un
EM (ex : gestion des manifestations et de l’ordre public, attentats etc)

C. La portée de la clause du respect de l’identité nationale


▪ L' identité nationale va permettre de limiter l'action de L’UE dans certains domaines, cependant, on ne peut pas
refuser de transposer le droit de L’UE. Un EM ne peut justifier une remise en cause du droit de l'UE par la clause de
l’identité nationale. => Cette clause ne peut pas servir de moyen pour refuser l’intégration => il faut trouver un équilibre
en coopération loyale et respecter l’identité nationale tout de même, ce ne sont que des limitations et aucunement
des moyens de refus.

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▪ La CJUE a eu du mal à savoir la portée de cette clause : arrêt de la CJUE du 13 juin 2019, “CATIA CORREIA
MOREIRA” : important car il est venu limiter l’identité nationale en reconnaissant que dans les compétences
transférées à l’UE étaient supérieures, on ne peut pas soulever cette identité nationale pour refuser les
obligations de l’UE.
o Également, la CJUE n’a jamais eu a ce jour, aucune reconnaissance qu'un organe de l'UE ait violé une identité
nationale d’un EM (la cjce n’a jamais reconnu une telle situation) Cela serait mettre l’organisation en porte-à-
faux.
o Cas : on est venus considérer qu’un Etat pouvait limiter une liberté, la libre prestations de services entre EM; car
un EM a refusé cette liberté en jugeant que ce service porterait atteinte à la dignité humaine et la CJCE est allée
dans ce sens. (Un escape game au R-U où le jeu simulait la mort d’un des participants ce qui a provoqué le
refus de l’ALL )

Question : L’Allemagne a considéré que la dignité humaine faisait partie de son identité nationale et la CJCE a donné son
accord, limitation partielle, que pour le jeu.

▪ Cette identité nationale ne doit pas être confondue avec un autre élément. Les EM ont parlé d’identité
constitutionnelle. Particulier car c’est un autre concept pas fondé sur la même chose.
o C’est plutôt un levier créé par l'Allemagne puis utilisé par les EM pour s'opposer frontalement au droit de
l'UE. Arrêts Solange (I 1974 et II 1986) : l'Allemagne a mis en avant son identité constitutionnelle pour refuser
d’appliquer le droit de l'union.
- Google : “Les arrêts Solange I et II sont deux arrêts de la Cour constitutionnelle fédérale allemande
(CCFE) qui ont eu un impact important sur la relation entre le droit de l'Union européenne (UE) et le droit
allemand. Ils ont permis de concilier la primauté du droit de l'UE et la protection des droits fondamentaux en
Allemagne.” Les arrêts Solange ont également été suivis par d'autres juridictions constitutionnelles
nationales, notamment la Cour constitutionnelle italienne et la Cour suprême portugaise.”
- En 1974, l’UE n’a pas de charte des droits fondamentaux donc 0 protection (la charte n’existe pas) c’est
juste une communauté économique à l'époque et non politique comme maintenant, donc certaines
obligations de l’UE de l’époque auraient violé certaines clauses ( auraient empêché le respect de certains
droits considérés comme fondamentaux en allemagne qui refusait alors de donner la primauté au droit de
l’UE)
- Conflit entre directives européennes et charte des droits fondamentaux constitution allemande
(art 79) droits indérogeables et plus fondamental que la constitution elle-même. L’allemagne ne peut
pas réviser sa constitution pour déroger ses droits fondamentaux

Question : Quelle est la différence entre la DDHC et les arrêts Solange ?


Les arrêts Solange ne sont pas comme la DDHC car c'est une déclaration bien qu’elle soit dans le bloc de constitutionnalité
En Allemagne, c’est inclus dans leur texte constitutionnel.

Caractéristique DDHC Arrêts Solange


Nature Texte législatif Décisions judiciaires
Adopté par Assemblée nationale constituante française Cour constitutionnelle fédérale allemande
Date d'adoption 1789 1974, 1986
Portée Ensemble de la population française Actes du droit communautaire
Révisabilité Par le Parlement français Par la Cour constitutionnelle fédérale allemande

- Article 89 de la constitution française : permet de changer la constitution. L’article se rapproche donc


de la clause allemande dans une certaine mesure car on ne peut pas réviser la forme républicaine de l’Etat.
- Dans l’arrêt Solange, le tribunal constitutionnel allemand a été saisi (la Cour constitutionnelle
fédérale allemande ; en allemand : Bundesverfassungsgericht) de l’application d’une directive qui
s'imposait en Allemagne. La question : le tribunal constitutionnel allemand pouvait-il la contrôler et donc
se réserver le droit de considérer la directive compatible?
- Si le tribunal refuse, il met en avant la potentielle remise en cause de la clause d'éternité allemande
face à une application du droit de l’ue tout aussi constitutionnel dans le droit allemand.
- compromis : le tribunal constitutionnel ne contrôle pas le droit de L’UE sauf pour la remise en
cause de son identité constitutionnelle => elle se réserve donc le droit d’appliquer droit de l’UE

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o CAS PARTICULIER DE LA FRANCE : La France est venue en 2021 créer un principe inhérent à son
identité constitutionnelle (1ère fois) Arrêt du tribunal constitutionnel, l’arrêt “Société air france” : on a rappelé
que la france se réservait d’appliquer le droit de l’UE comme l’Allemagne
- On peut transmettre à des personnes privées des prérogatives de police générale (police aéroportuaire
privée en lien avec les formalités aéroportuaires possible pour AIR FRANCE).
- L’un des derniers arrêts en France pour s’opposer à l’UE, ARRÊT FRENCH DATA NETWORK (Conseil
d’Etat 2021) mais la CJUE en 2022 revient sur l’encadrement de la surveillance numérique et va poser un
arrêt qui maintient une jurisprudence difficilement conciliable avec l’arrêt du Conseil d’Etat de 2021…
- Quadrature du net (est une association de défense et de promotion des droits et libertés sur Internet)
qui a attaqué l'État pour faire obtenir l’interdiction de collecter et conserver les données personnelles par la
DGSI. La DGSI peut encore permettre aux opérateurs de transmettre les données personnelles de leurs
clients. => Recours auprès de la CJUE qui est allée dans le sens de la quadrature du net (RGPD) => le
conseil d’état a invoqué son identité constitutionnelle pour le maintenir, caractérisant l’urgence de la
situation par la recherche d’infractions, mais la CJUE résiste pour le moment.

—------------------------—--------------------------------FIN POUR LE QCM—----------------------—----------------------—-------------

Section 3 : Le principe de différenciation dans l’UE ( protection de l’identité de ces EM)


▪ Principe de différenciation : on considère que chaque EM est soumis au principe général (règles identiques) il
n’existe pas dans les traités un EM à statut spécifique en théorie même si en pratique c’est arrivé. En effet, il
existe en pratique des EM régis par des règles différentes de la règle générale. Ce sont des EM qui ont bénéficié de
l'intégration différenciée. Cette intégration différenciée (méthode de différenciation) a été utilisée dès les
premiers élargissements (utilisé à partir de 1984). Dans des cas exceptionnels sous des conditions assez strictes.
▪ A partir de 1984, il est largement appliqué car les élargissements vont devenir de plus en plus grands en taille mais aussi
de plus en plus politique.
▪ La différenciation va amener certains États à demander des relations particulières avec l’UE :
o Versant négatif : cas où des EM vont demander à être exemptés de certains droits de l’UE
o Différenciation positive : les EM demandent à aller plus loin que l’UE

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Chapitre 3 – Le système institutionnel de l’Union européenne





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