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Introduction sur les conflits normatifs

Le conflit normatif ou de normes résulte de la coexistence d’au moins deux règles,


possiblement contradictoires, applicables à une même situation juridique.
En droit international privé, le conflit peut porter sur la juridiction compétente (norme
de compétence) et la loi applicable (norme de fond).
Autres critères de résolution du conflit : hiérarchie des normes ; critère temporel ;
critère tiré de l’adage « le spécial déroge au général ».

Sources du cours : Legifrance ; EUR-lex.euroap ; Règlements UE (Moodle).


Titre 1 : Le critère hiérarchique
Chapitre 1 : La hiérarchie des normes nationales
Section 1 : Le contrôle de constitutionnalité des lois
Distinction des contrôles a priori et a posteriori (QPC : disposition applicable au
litige ; non déclarée conforme sauf changement de circonstances ; question sérieuse).
La QPC peut porter sur une jurisprudence si elle (i) émane de la Cour de cassation ou
du Conseil d’Etat et (ii) porte sur une disposition légale précise (ex. Cons. const. 2
mars 2018 sur la motivation des peines criminelles).

Section 2 : Le contrôle de légalité des actes administratifs


La légalité s’entend de la conformité de l’acte administratif à la loi, au droit
international et à la Constitution.

Section 3 : Le contrôle de légalité des contrat (c. civ. art. 1103)


La légalité s’entend sur la conformité du contrat au règlement, à la loi, au droit
international et à la Constitution (Civ. 1re, 13 déc. 2005, n° 04-13772).
Titre 1 : Le critère hiérarchique
Chapitre 2 : La hiérarchie en droit international
Section 1 : La supériorité du droit international
§.1 Le contrôle de conventionnalité des lois

I – Le principe
Constitution art. 55 : « Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont,
dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois sous réserve, pour chaque
accord ou traité, de son application par l'autre partie ».
Refus du Conseil constitutionnel de vérifier la conformité des lois au droit international
(Cons. const. 15 janv. 1975, IVG ; rappelé par Cons. const. 17 mai 2013).
Contrôle par la Cour de cassation (Ch. mixte 24 mai 1975, Jacques Vabre – Libre
circulation des marchandises) et le Conseil d’Etat (CE 20 oct. 1989, Nicolo) qui
conduit à exclure l’application d’une loi contraire au droit international, même si la loi
a été voté après l’entrée en vigueur de la norme internationale.
Titre 1 : Le critère hiérarchique
II – Les conditions d’application du traité
2 conditions : - Ratification (Civ. 2e, 7 avr. 2016, Caisse d’épargne de Lorraine, n° 15-
12960 ; Com. 21 juin 2016, Sté Caterpillar, n° 14-25359).
Si le traité contredit la Constitution, sa ratification ne peut intervenir qu’après
modification de celle-ci (C. art. 54).
- Réciprocité : c’est au juge d’apprécier si la convention est respectée par les autres
Etats l’ayant ratifié.

III – Le contrôle de proportionnalité


Si une loi méconnait le droit international, le juge ne doit pas l’appliquer. La
disposition n’est pas abrogée mais inapplicable en toute situation.
Depuis 2013, le contrôle de proportionnalité permet de ne pas une loi lorsque son
application à un cas particulier méconnait le droit international (essentiellement la
Conv. EDH). La disposition légale est conforme au droit international sauf lorsque son
applicable entraîne, au cas par cas, une atteinte disproportionnée à un droit fondamental
(Civ. 1re, 4 déc. 2013, n° 12-26066 ; CE 31 mai 2016, Mme C).
Titre 1 : Le critère hiérarchique
§.2 L’absence de contrôle de conventionnalité de la Constitution

Le juge doit faire application d’une disposition constitutionnelle sans pouvoir vérifier
si elle est conforme au droit international :
CE 3 juill. 1996, Koné : peu importe qu’une convention international ne prévoit pas
d’exception à l’extradition, dès lors qu’un PFRLR interdit l’extradition dans un but
politique (v. aussi CE 9 déc. 2016, M. A).
CE 30 oct. 1998, Sarran : Conv. EDH et Pacte international sur les droits civils et
politique ne sont pas applicables pour contester la condition de 10 ans de domiciliation
pour bénéficier du droit de vote résultant d’une loi organique (id. Ass. plén. 2 juin
2000, Fraisse).
Titre 1 : Le critère hiérarchique
Section 2 : La spécificité du droit de l’Union Européenne

Ni le Conseil constitution, ni les juridictions ordinaires ne peuvent vérifier la


constitutionnalité d’une loi qui se limite à transposer une directive européenne car l’art.
88-1 de la Constitution prévoit la République participe à l’UE (Cons. const. 10 juin
2004 ; CE 8 févr. 2007, Arcelor ; Cons. const. 13 mars 2014).

Le Conseil constitutionnel peut, à l’instar de la Cour de cassation et du Conseil d’Etat,


poser une question préjudicielle à la CJUE notamment pour savoir si une disposition
légale transpose une directive, pour qu’à défaut, elle soit soumise à son contrôle (Cons.
const. 4 avr. 2013, Jeremy F).
Titre 2 : Le critère temporel
Les dispositions transitoires fixent l’application d’une norme dans le temps : date d’entrée en vigueur
(à défaut lendemain de la publication au JO) ; application immédiate ou rétroactivité, etc.

Chapitre 1 : Le principe de l’application immédiate


« La loi ne dispose que pour l’avenir ».
 Situation future (ex. contrat ou fait juridique qui a lieu après l’entrée en vigueur).
 Situation extracontractuelle en cours sont soumises pour leur effet futur à la loi nouvelle (a
contrario, les contrats restent soumis à la loi ancienne.
Civ. 1re, 15 janv. 2014, n° 12-28378 : droit de demander l’autorisation judiciaire de vente du bien
indivis à la majorité des 2/3 des indivisaires (art. 815-5-1) s’applique aux indivisions en cours.
Civ. 3e, 23 mars 2017, n° 16-11081 : la règle légale qui limite les cas de démolition d’une
construction illégale s’applique aux constructions qui n’ont pas fait l’objet d’une décision judiciaire
de démolition.
Civ. 1re, 14 mars 2000, n° 97-17782 : l’extension du secret professionnel aux correspondances entre
avocats s’appliquent aux correspondances échangées avant la loi, ce qui fait obstacle à leur
recevabilité en justice.

Lois de procédure : Application immédiate mais maintien des actes antérieurs (conclusions non
récapitulatives déposées avant l’exigence des conclusions récapitulatives : Civ. 2 e, 30 avr. 2003, n°
00-14333 – CPC art. 954 et 768 ; juridiction saisie reste compétente même modification de sa
compétence avant sa décision : Civ. 2e, 18 déc. 2014, n° 13-24449).
Titre 2 : Le critère temporel
Chapitre 2 : Le principe de non-rétroactivité
« La loi n’a point d’effet rétroactif ».

 Situation extracontractuelle passée : principe des droits acquis (validité d’un


mariage, acquisition de la nationalité, établissement d’une filiation, acquisition d’un
nom de domaine : Com. 9 juin 2009, n° 76 ; nullité d’un acte juridique ; fait générateur
de responsabilité ; demande d’indemnisation au FGTI : Civ. 2e, 26 mars 2015, n° 13-
25046).

 Situation contractuelle : survie de la loi au jour de la conclusion du contrat.


Exceptions : Loi d’application immédiate aux contrats en cours (ex. les actions
interrogatoires dans l’Ord. du 10 févr. 2016 ; droit de résiliation à tout moment de
l’assurance emprunteur : Cons. const. 12 janv. 2018, QPC).
Loi interprétative, loi d’ordre public impérieux ou fixant les effets légaux du contrat
(délai de règlement dans la facture ; les dispositions protectrices du locataire).
QCM
La société japonaise Hirototo a fourni diverses prestations de conseils à des entreprises françaises.
L’administration fiscale souhaite procéder à un redressement pour défaut de paiement de l’impôt sur
les sociétés au titre de ces prestations fournies en France. En effet, une loi de 2005 prévoit que toute
prestation fournies en France par une entreprise étrangère donne lieu à imposition. Or, l’article 7
d’une convention fiscale franco-japonaise de 1995 stipule que « les bénéfices d'une entreprise d'un
Etat contractant ne sont imposables que dans cet Etat, à moins que l'entreprise n'exerce son activité
dans l'autre Etat contractant par l'intermédiaire d'un établissement stable qui y est situé ». La société
japonaise doit s’acquitter l’impôt.
( ) Vrai
( ) Faux

La convention de Bâle sur la computation des délais signée mais non ratifiée par la France prévoit
que les samedi, dimanche et jour férié prorogent le délai de prescription. La banque Champa a fait
signifier un commandement de payer valant saisie immobilière, le lundi 9 octobre 2023, à M. X,
emprunteur immobilier. Celui-ci soutient que le délai biennal de prescription a expiré le samedi 7
octobre 2023. Le délai doit être prorogé au premier jour ouvrable suivant son terme, de sorte que M.
X doit payer
( ) Vrai
( ) Faux
Cas pratiques
1/ Sandra est cadre salariée dans une entreprise. Son contrat de travail stipule une clause de non-concurrence qui lui interdit
en cas de rupture du contrat de travailler pour une entreprise concurrente ou de créer une entreprise concurrente. La clause
prévoit une contrepartie financière de 40 000 euros, laquelle est réduite à 15 000€ en cas de démission. Selon la
jurisprudence, la partie de la clause qui prévoit un montant réduit en cas de démission est nulle. Sandra souhaite savoir si
plutôt que d’obtenir 40 000€, elle peut contester cette jurisprudence fondée sur l’article 1103 du code civil, afin que faire
annuler toute la clause et créer son entreprise, en invoquant la liberté constitutionnelle d’entreprendre.

2/ Une société civile immobilière, propriétaire d’un centre commercial, loue des locaux à une société commerciale. Le bail
prévoit que le locataire doit adhérer à l’association des commerçants du centre commercial. Cette association a assigné la
société locataire en paiement des cotisations, celle-ci peut-elle contester la clause du contrat lui imposant l’adhésion sur le
fondement de la liberté constitutionnelle d’association aux fins de ne pas payer ?

3/ En 2020, Ralph n’ayant pas respecté la priorité à droite, a heurté la voiture de Sandra. Les deux conducteurs ont subi un
dommage corporel de 5000 euros. L’assureur de Sandra refuse d’indemniser Ralph en raison de sa faute. Pendant le procès,
une loi nouvelle prévoit que la faute du conducteur ne lui est plus opposable. Ralph va-t-il être indemnisé intégralement, la
faute du conducteur ne faisant désormais plus obstacle à l’indemnisation d’un accident de la circulation ?

4/ Sony distribue des TV à la société Top Screen laquelle n’a toutefois pas réglé le prix au titre du dernier contrat
d’application. La facture de 2023 n’a pas été réglée. Or, une loi entrée en vigueur le lendemain de la date d’échéance de la
facture dispose que le taux d’intérêt des pénalités de retard est 5x le taux d’intérêt légal. Finalement Top Screen règle 20 000
euros 2 mois plus tard et Sony lui réclame 1000 euros d’intérêts selon la loi nouvelle. Top Screen considère que la loi
nouvelle est inapplicable car elle est entrée en vigueur après la conclusion du contrat.
Partie 1 : Droit internationale privé - Introduction
Distinction règle matérielle et règle de conflit.
Distinction règle de conflit de juridictions et règle de conflit de lois.

Par principe, c’est à la juridiction saisie de vérifier si elle est compétente, mais en matière
internationale, la décision d’incompétence ne lie pas les autres juridictions.
CPC art. 81 : « Lorsque le juge estime que l'affaire relève de la compétence d'une juridiction
répressive, administrative, arbitrale ou étrangère, il renvoie seulement les parties à mieux se
pourvoir.
Dans tous les autres cas, le juge qui se déclare incompétent désigne la juridiction qu'il estime
compétente. Cette désignation s'impose aux parties et au juge de renvoi ».

En droit international, la juridiction qui se déclare compétente doit vérifier le droit applicable
au litige  La loi applicable n’est pas forcément celle de la juridiction compétente.

La loi applicable peut être étatique ou relever d’une convention. Ex. CVIM, 11 avr. 1980, art.
1er et 6 (loi d’autonomie – Civ. 1re, 25 oct. 2005, Sté Herbex Produtos, n° 99-12879). Sur
l’application de la CVIM à l’action récursoire du vendeur intermédiaire : Com. 3 févr. 2021,
Sté CMC, n° 19-13260 ; Civ. 1re, 17 mai 2023, Sté AIG Europe, n° 22-16290 ; et son exclusion
pour l’action du sous-acquéreur contre le vendeur initial : Com. 16 jan. 2019, n° 17-21477, Sté
Edil Fibro).
Titre 1 : La compétence internationale
Chapitre 1 : Les règles de compétence de l’UE
Section 1 : Les règles de compétence de droit commun
Règlement Bruxelles I bis n° 1215/2012 concernant la compétence judiciaire, la
reconnaissance et l’exécution des décisions en matière civile et commerciale.

§.1 Le domaine d’application

 Matière civile et commerciale. Exclusion : état et capacité des personnes, effets


patrimoniaux des mariages et pacs, sécurité sociale, successions, procédure collective, etc.
La qualification de la matière juridique relève de l’office du juge saisi : Civ. 1 re, 8 juin
2004, n° 02-13632 ; Com. 5 mai 2004, n° 01-02041 ; CJCE 10 sept. 2009, German
Graphics, C-292/08 ; Com. 24 mai 2005, n° 03-14099 ; CJUE 18 sept. 2019, C-47/18.

 La juridiction d’un Etat membre de l’UE incompétente sur le fondement du Règlement


doit vérifier si une autre juridiction de l’UE est compétente (Civ. 1 re, 3 oct. 2006, n° 04-
19466). A défaut, elle peut se déclarer compétente sur le fondement de son droit national
(notamment par application des privilèges de juridictions : c. civ. art. 14 et 15).
Règlement Bruxelles I bis
§.2 La détermination de la compétence internationale

I – Les règles de compétence non exclusives

A – Le principe de la compétence de la juridiction de l’Etat du domicile du défendeur


Art. 4.1 du Règlement n° 1215/2012 : « les personnes domiciliées sur le territoire d’un Etat
membre sont attraites, quelle que soit leur nationalité, devant les juridictions de cet Etat
membre ».
Art. 62 : « 1. Pour déterminer si une partie a un domicile sur le territoire de l’État membre dont
les juridictions sont saisies, le juge applique sa loi interne.
2. Lorsqu’une partie n’a pas de domicile dans l’État membre dont les juridictions sont saisies, le
juge, pour déterminer si elle a un domicile dans un autre État membre, applique la loi de cet État
membre ».
Ex. en droit FR, le domicile d’une personne physique ne s’entend pas de la simple résidence
habituelle, mais du lieu où sont localisés les intérêts familiaux, professionnels et patrimoniaux.
Pour la PM : siège social (mais option pour les actes conclus par une succursale : art. 7.5).

Art. 6.1 : « Si le défendeur n’est pas domicilié sur le territoire d’un État membre, la
compétence est, dans chaque État membre, réglée par la loi de cet État membre ». Ex. Civ.
1re, 3 juill. 1996, n° 94-12428, Fondation Salomon-Guggenheim).
QCM
La société portugaise Herbex a vendu à la société tunisienne New Chemical 80 000 litres de désherbants que celle-ci
a revendu à la société française Cogémar le 6 juin 2021. Des vices cachés sont apparus rendant le produit impropre à
son usage. La société Cogémar a agi en garantie des vices cachés les sociétés Herbe et New Chemical. Les parties se
sont opposées sur la date de découverte du vice caché aux fins de savoir si l’action avait bien été engagée dans le
délai de 2 ans prévue par l’article 1648 du code civil. Après avoir été condamnés, les vendeurs ont soutenu en appel
que le juge aurait dû appliquer la CVIM en vertu de laquelle le délai de 2 ans court à compter de la remise effective
des marchandises. Les parties ayant volontairement placé la solution de leur différend sous le régime du droit interne
français de la vente, elles ont renoncé à l’application de la CVIM.
( ) Vrai ( ) Faux

La société italienne Ceramiche Marca Corona a vendu des carrelages à la société Bois & matériaux, livrés le 11 avril
2021, qui les a revendus, le 18 mai 2021, aux époux Otto. Soutenant que le carrelage présentait des micro rayures,
ceux-ci ont assigné en indemnisation de leur préjudice leur vendeur, qui a appelé en garantie son fournisseur. La
société Bois & matériaux a été condamnée puis s’est retournée contre son fournisseur le 3 juin 2023. La CVIM étant
inapplicable à l’action des consommateurs contre le vendeur final (société Bois & matériaux), celle-ci ne peut se voir
opposer par le fournisseur, dans le cadre de son action récursoire, le délai biennal de l’article 39 de la CVIM.
( ) Vrai ( ) Faux

Mme Peg a fait donation à la fondation Solo dont le siège est à New-York d’un palais à Venise. Or, les descendants
de Peg, de nationalité française, ont assigné la fondation devant la juridiction française pour violation de la réserve
héréditaire. La fondation soutient que la juridiction française n’est pas compétente et que le Règlement Bruxelles I
bis n’est pas applicable car la fondation n’a pas de domicile dans l’UE. Il résulte de ces arguments que la juridiction
est effectivement incompétente.
( ) Vrai ( ) Faux
Cas pratiques
1/ Deux sociétés dont les sièges sociaux sont respectivement en France et en Hongrie, ont conclu plusieurs contrats.
La société française est placée en redressement judiciaire. La société hongroise souhaite engager une procédure
contre la société française pour obtenir le paiement d’une créance au titre de l’un de ces contrats. L’administrateur
judiciaire de la société française souhaite agir contre la société hongroise pour obtenir le paiement d’une créance au
titre d’un autre contrat. Le règlement UE est-il applicable ?

2/ Marco de nationalité russe a conclu un contrat en Algérie avec Mohamed de nationalité algérienne. Marco veut
agir contre Mohamed qui est domicilié en France. Le juge français est-il compétent ?
Règlement Bruxelles I bis
B – Les compétences spéciales
 Choix du demandeur à condition que la juridiction saisie soit celle d’un Etat
membre (EM) de l’UE et que le défendeur soit domicilié dans un EM (art. 7).

1/ Les règles compétences spéciales autonomes

a) En matière contractuelle

En matière contractuelle, une personne domiciliée dans un EM peut être attraite


devant la juridiction de cet EM (art. 4) ou devant la juridiction de l’EM du lieu
d’exécution de l’obligation qui sert de base à la demande (art. 7.1).
Pour la vente de marchandises, il s’agit du lieu de l’EM où, en vertu du contrat, les
marchandises ont été ou auraient dû être livrées (EM de la livraison).
Pour la fourniture de services, il s’agit du lieu de l’EM où, en vertu du contrat, les
services ont été ou auraient dû être fournis (EM de la fourniture).
Si le défendeur n’est pas domicilié dans l’UE, l’option (domicile/lieu d’exécution)
n’est pas applicable, d’où l’application du droit FR (CPC art. 46) : Civ. 1re, 13 avr.
2023, Sté Tnuva Alternative, n° 22-15689.
Règlement Bruxelles I bis
(i) La notion de matière contractuelle : contrat entre demandeur et défendeur.

Action du sous-acquéreur contre le vendeur initial (CJCE, 17 juin 1992, Jakob


Handte, C 26/91).
Action du crédit-preneur contre le vendeur du crédit-bailleur (Civ. 1 re, 17 janv.
2006, n° 02-12745).
Action du distributeur pour rupture abusive et concurrence déloyale contre son
ancien fournisseur (Civ. 1re, 15 mai 2001, Optelec, n° 99-17132 ; CJUE, 13 mars
2014, Marc Brogsitter c/ Fabricant de montres normandes, C 548/12).
Action en responsabilité pour rupture brutale d’une relation commerciale s’il
existait un contrat entre les parties (CJUE 14 juill. 2016, Granarolo SpA, C-
196/15 ; Com. 20 sept. 2017, n° 16-14812, Sté Proutheau).
Règlement Bruxelles I bis
(ii) La détermination du lieu d’exécution

Soit stipulation du contrat, soit détermination par le juge selon la loi applicable au
contrat.
Pour savoir si le lieu d’exécution est situé dans l’EM de sa juridiction, le juge doit
donc d’abord identifier la loi applicable, déterminer selon elle le lieu d’exécution et
ensuite se prononcer sur sa compétence fondée sur le lieu d’exécution.
Ex. Loi applicable – CVIM = lieu de livraison est celui de la remise au premier
transporteur (art. 31 ; Civ. 1re, 16 juill. 1998, n° 96-11984, Sté Verreries de St-
Gobain).
Règlement Bruxelles I bis
(iii) Lieu de livraison des marchandises

Com. 8 févr. 2023, n° 21-13356 : Prévalence du lieu de livraison fixé au contrat sur
le lieu de livraison effective (retenu que si pas de lieu de livraison contractuel).
« En cas de vente à distance, le lieu où les marchandises ont été ou auraient dû
être livrées en vertu du contrat doit être déterminé sur la base des dispositions de
ce contrat; la juridiction nationale saisie doit prendre en compte tous les termes et
toutes les clauses pertinents de ce contrat qui sont de nature à désigner de manière
claire ce lieu, y compris les termes et les clauses généralement reconnus et
consacrés par les usages du commerce international, tels que les Incoterms,
élaborés par la Chambre de commerce internationale (CCI), que s'il est impossible
de déterminer le lieu de livraison sur cette base sans se référer au droit matériel
applicable au contrat, ce lieu est alors celui de la remise matérielle des
marchandises par laquelle l'acheteur a acquis ou aurait dû acquérir le pouvoir
de disposer effectivement de ces marchandises à la destination finale de
l'opération de vente. (CJUE, arrêt du 9 juin 2011, Electrosteel Europe, C-87/10). »
Règlement Bruxelles I bis
(iv) Lieu de fourniture des services

EM de l’activité du mandataire (Civ. 1 re, 11 juill. 2006, Texier c/ Wema Probst


Machinem GmbH, n° 05-18021).
Com. 13 sept. 2017, n° 15-26019, La viuda : « la Cour de justice de l'Union
européenne a dit pour droit dans l'arrêt Wood Floor du 11 mars 2010 (C-19/09),
qu'en cas de fourniture de services dans plusieurs Etats membres, le tribunal
compétent pour connaître de toutes les demandes fondées sur le contrat est celui
dans le ressort duquel se trouve le lieu de la fourniture principale des services de
l'agent commercial, tel qu'il résulte des stipulations du contrat ainsi que, à défaut
de telles stipulations, de l'exécution effective de ce contrat et, en cas d'impossibilité
de le déterminer sur cette base, celui où l'agent est domicilié ».
Doute sur compétence unique de la juridiction du domicile du défendeur pour le
paiement des indemnités légales distinctes de l’exécution du contrat (Civ. 1 re, 28
sept. 2011, Sté Flor, n° 10-19111).
Distinction lieu de fourniture et lieu de création (Civ. 1 re, 14 nov. 2007, n° 06-
21372 ; Civ. 1re, 27 mars 2007, n° 06-14402).
QCM
La société coréenne Samsung a conclu un contrat-cadre de fourniture de TV avec la société française Screen. Le contrat
prévoit que la société étrangère fournira à la société Screen des conseils notamment sur les promotions, des informations
sur le marché français du téléviseur et les clients français souhaitant se procurer du matériel directement auprès de
Samsung et sur les méthodes de vente, de sorte que la rupture du contrat par le fournisseur s’apparente à la rupture d’un
contrat de prestation de services. La CVIM n’est pas applicable mais la juridiction compétente pour l’action de Screen
contre Samsung est néanmoins déterminée par le Règlement Bruxelles I bis.
( ) Vrai ( ) Faux

La société française Disco+ loue auprès de la société néerlandaise HiDance des matériels pour son commerce. Ces
matériels ont été acquis par la société HiDance auprès d’un fabricant allemand, la société Simince. Suite à un défaut de
paiement des loyers, les contrats de crédit-bail portant sur les matériels ont été résiliés. La société Disco+ a assigné la
société Simince devant le tribunal de commerce de Lille en garantie des vices cachés. Simince soutient que seul le tribunal
allemand est compétent car l’action n’est pas contractuelle, alors même que le crédit-bail stipule que le crédit-preneur aura
mandat pour exercer toutes actions appartenant au crédit-bailleur contre le vendeur des matériels.
( ) Vrai ( ) Faux

La société italienne Ferro est en relation depuis 2013 avec la société française Chocomeg qui est son distributeur. Les
factures établies dans le cadre de cette relation prévoient la mention FCA, ce que confirment les CGV. Suite à la rupture
brutale de la relation commerciale, la société Chocomeg a assigné la société Ferro devant le tribunal de commerce de
Paris, lieu de la survenance du dommage consécutif à la faute prévue par l’article L. 442-1, II du code de commerce. La
juridiction FR est compétente.
( ) Vrai ( ) Faux
Cas pratiques
1/ Une société allemande a vendu des turbines à une société française devant être livrées à Toulouse. En effet,
le bon de commande comprend l’incoterm : DDP Toulouse. Quel est le juge compétent en cas de défaut des
turbines ?

2/ La société TMC a acheté à la société française Handt France deux machines à polir les métaux
précédemment vendues par la société allemande Handt. La société TMC veut agir en responsabilité
contractuelle pour défaut des produits vendus contre la société allemande car la société Handt France est
insolvable. Quel est le juge compétent ?

3/ Une société française qui assure la distribution exclusive en France d’armes et de munitions d’une société
allemande lui reproche un non-respect de l’exclusivité. Quels sont le ou les juges compétents ?

4/ Clémence est agent commercial en France de la société portugaise Riopele. Suite à la rupture de son contrat,
elle souhaite obtenir une indemnité de clientèle et une indemnité de rupture de préavis. Quels sont le ou les
juges compétents ?

5/ Ariane dispose d’une certaine notoriété comme architecte française. Elle a été engagée par une société
lituanienne pour réaliser la maquette d’un nouvel opéra. L’essentiel de son travail a été réalisé en France et a été
présenté en Lituanie. Suite à un défaut de paiement du maitre d’ouvrage, peut-elle saisir la juridiction
française ?
Règlement Bruxelles I bis
b) En matière extracontractuelle
 Choix du demandeur : le défendeur domicilié dans un EM peut être poursuivi
devant la juridiction de son domicile (art. 4) ou la juridiction de l’EM où le fait
dommageable s’est produit ou risque de se produire (art. 7.2).
N.B. : si action en réparation d’un dommage fondée sur une infraction pénale,
choix avec la juridiction saisie de l’action publique, dans la mesure où, selon sa loi,
cette juridiction peut connaître de l’action civile (art. 7.3).

(i) La notion de matière extracontractuelle : Réparation d’un dommage.

Exclusion pour l’action paulienne (CJCE 26 mars 1992, Reichert II, C-261/90, qui
revient à retenir la compétence exclusive du domicile du défendeur).
Rupture abusive de pourparlers (CJCE 17 sept. 2002, Fonderie Officine
Meccaniche Tacconi SpA, C-334/00 ; comp. c. civ. art. 1112).
Rupture brutale d’une relation commerciale établie (Comp. Com. 18 janv. 2011,
n° 10-11885 et CJUE 14 juill. 2016, Granorolo SpA, C-196/15 ; Com. 20 sept.
2017, n° 16-14812, Sté Proutheau).
Règlement Bruxelles I bis
(ii) Le lieu du fait dommageable

Recouvre lieu de réalisation du dommage et lieu du fait générateur (CJUE 29 juill. 2019,
Tibor-Trans, C-451/18).
Distinction lieu de réalisation du dommage et lieu où la perte patrimoniale est subie (CJCE,
10 juin 2004, C-168/02, Rudolph Kronhofer ; CJCE 19 sept. 1995, Marinari, C-364/93 ;
Com. 16 mars 1999, n° 95-12136 ; CJCE, 27 oct. 1998, Réunion européenne).
Cas des victimes par ricochet (CJCE, 11 janv. 1990, Dumez France SA, C-220/88).
Lieu de livraison du produit défectueux (CJUE, 16 juillet 2009, C-189/08, Zuid Chemie
BV ; Civ. 1re, 29 janv. 2020, n° 18-20299 ; CJUE, 9 juill. 2020, C-343/19, Volkswagen).
Entente anticoncurrentielle (CJUE, 15 juill. 2021, C-30/20, Volvo).
Abus de la liberté d’expression et atteinte aux droits de la personnalité = centre des intérêts
de la victime ou réparation du préjudice causé dans chaque pays (CJUE, 25 octobre 2011,
C-509/09 et C-161/10, eData Advertising et Olivier Martinez ; CJUE 17 octobre 2017 ;
Civ. 1re, 13 mai 2020 et 15 juin 2022, n° 18-24850).
Action en contrefaçon (Civ. 1re, 16 juill. 1997, n° 95-17163 ; Civ. 1re, 9 déc. 2003,
Castelblanch, n° 01-03225 ; Com. 10 juill. 2007, n° 05-18571).
Violation de l’interdiction de vente hors réseau (CJUE, 21 déc. 2016, C-618/15 ; Com. 5
juill. 2017, Sté Concurrence, n° 14-16737).
QCM
Mme Reichstadt, qui réside en Allemagne, est propriétaire d’un immeuble situé en France dont elle a donné la
nue-propriété à son fils, Mario, lui-même domicilié en Allemagne. La Banque allemande Schleu Bank veut
contester cette donation pour fraude. Elle peut ou doit agir devant :
( ) le tribunal du lieu de la situation de l’immeuble
( ) le tribunal du domicile du ou des défendeurs
( ) le tribunal du lieu de production du fait dommage, i.e. lieu de la conclusion de l’acte frauduleux

La société Taco, domiciliée en Italie, a engagé des négociations avec la société allemande HWS en vue de la
conclusion d’un contrat de vente de panneaux solaires. A plusieurs la société Taco s’est opposée aux
propositions de prix de la société HWS qui a finalement rompu les pourparlers après avoir décidé de conclure
avec un autre partenaire. La société Taco peut l’assigner devant un tribunal italien au motif que le lieu du
dommage est en Italie car la responsabilité est extracontractuelle.
( ) Vrai ( ) Faux

M. Kron, domicilié en Autriche, a transféré à la suite de nombreux appels téléphoniques, 20 000 euros sur le
compte de la société allemande Protecta en vue d’investissements financiers. Les sommes ont été investies sur
des options d’achat hautement spéculatives sur le marché NYSE, ce qui a fait perdre à M. Kron 14 000 euros.
M. Kron soutient avoir été trompé. Le tribunal autrichien est compétent comme lieu où le dommage est
survenu car c’est là que la victime a le centre de ses intérêts patrimoniaux.
( ) Vrai ( ) Faux
QCM
La société française de transport de marchandises Vitchéoite a acquis en France plusieurs
véhicules utilitaires pour un montant de 290 000 euros auprès de la société allemande Merco. Or,
une entente anticoncurrentielle a été prouvée concernant ce type de véhicule par laquelle les
constructeurs allemand et suédois se sont entendus sur les prix. La société française prétend avoir
subi un préjudice de 50 000 euros. Elle peut saisir la juridiction française alors même que
l’entente a eu lieu en dehors du territoire français.
( ) Vrai ( ) Faux

La société française Concurrence qui exerce l’activité de vente au détail de produits


électroniques à Paris et sur son site, a conclu avec la société Samsung un contrat de distribution
sélective portant sur certains produits haut de gamme. Suite à la rupture du contrat, la société FR
a assigné Samsung ainsi que Amazon Lux pour violation de la clause interdisant toute offre en
place de marché (notamment différents sites Amazon dans l’UE). La juridiction FR est
incompétente pour les sites étrangers dès lors que ceux-ci ne vise pas au public français.
( ) Vrai ( ) Faux
Cas pratiques
1/ La société allemande TUV a certifié des boitiers de connexion fabriqués par la
société allemande Kostal et destinés à être installés sur des panneaux photovoltaïques
fabriqués par la société néerlandaises Scheuten. Ces panneaux ont été vendus par la
société française Solaire qui les a assignés en réparation des désordres constatés chez
ses clients en raison notamment d’un risque d’échauffement non décelé par la société
TUV. La juridiction française est-elle compétente ?

2/ Une société estonienne est propriétaire d’un site internet de conseils en diététique et
médecine douce. 80 % de ses clients sont Français. En 2020, un médecin polonais a
tenu sur un forum accessible en France des propos dénigrant les conseils et prestations
du site. La société estonienne peut-elle saisir le juge français et/ou le juge estonien pour
la réparation de ses préjudices ?
Règlement Bruxelles I bis
2/ Les règles de compétence dérivée
 Extension de la compétence de la juridiction d’un EM à une demande connexe.
À condition que le défendeur à la demande connexe soit domicilié dans un EM.

a) Compétence dérivée fondée sur la pluralité de défendeurs (art. 8.1)

Les demandes doivent être « liées entre elles par un rapport si étroit qu’il y a intérêt les
instruire et à les juger en même temps afin d’éviter des solutions qui pourraient être
inconciliables si les causes étaient jugées séparément ».
Critère fondé sur le risque de contrariété ; les prétentions et moyens peuvent être distincts.
Responsabilité in solidum à raison des désordres d’une construction (Civ. 1 re, 8 janv. 2002,
n° 00-12993, Sté Kalenborn) ; Compétence pour connaître de l’intégralité du préjudice
résultant des actes de concurrence déloyale commis par tous les codéfendeurs au motif que
l’un d’eux était domicilié en France (Com. 20 sept. 2016, n° 14-25131, Sté Pucci).
Absence de connexité des actions contre le fournisseur d’une turbine et contre son
installateur (Civ. 1re, 6 mars 2007, n° 04-18696, CERPS).
Connexité actions contre le débiteur principal et la caution (CJCE, 13 juill. 2006, C-103/05,
Reisch Montage).
Règlement Bruxelles I bis
b) Compétence dérivée fondée sur l’appel en garantie ou en intervention

Compétence de la juridiction saisie de la demande originaire pour connaître de la demande


en garantie ou d’une demande en intervention concernant un défendeur domicilié dans un
EM (art. 8.2).
Applicable même si la demande originaire est fondée sur une clause de prorogation de
compétence ou clause attributive de juridiction (Civ. 1 re, 6 janv. 2004, n° 01-12171, Sté
Emilceramica, pour l’appel en garantie du fabricant par le vendeur ; Civ. 1re, 17 mars
2021, n° 20-10606, action du distributeur contre le fournisseur devant la juridiction
désignée par une clause attributive de juridiction, étendue au fabricant).

c) Compétence dérivée fondée sur une demande reconventionnelle

La demande reconventionnelle doit être fondée sur le même contrat ou le même fait
sur lequel est fondée la demande originaire (art. 8.3).

N.B. : « Constitue une demande reconventionnelle la demande par laquelle le


défendeur originaire prétend obtenir un avantage autre que le simple rejet de la
prétention de son adversaire » (CPC art. 64).
QCM
En 2021, la société française Inco et la société irlandaise Banshee ont conclu un contrat de joint-venture en
vue de la construction de machines industrielles. L’une de ces machines construites en Irlande a été acquise
par la société française Xeuta. En raison de défauts, la société Xeuta a assigné la société Inco qui a été placée
en liquidation. Elle peut aussi assigner la société Banshee devant la juridiction française même si celle-ci a
son siège à Dublin et que le bien acquis a été livré en Irlande.
( ) Vrai ( ) Faux

En 2022, la société française Inco et la société japonaise Toyo ont conclu un contrat de joint-venture en vue
de la construction de machines industrielles. L’une de ces machines construites au Japon a été acquise par la
société française Xeuta. En raison de défauts, la société Xeuta a assigné la société Inco qui a été placée en
liquidation. Elle peut aussi assigner la société Toyo en invoquant la compétence dérivée prévue par le
Règlement Bruxelles I bis en cas de pluralité de défendeurs.
( ) Vrai ( ) Faux

La société française Matelas Express distribue les produits fournis par la société Adova. Suite à des défauts
des produits, la société Matelas Express a assigné la société Adova devant le tribunal de commerce de Paris
sur le fondement d’une clause attributive de juridiction. La société Adova a appelé en garantie la société
allemande BASF dont les produits ont été utilisés pour les biens vendus. La juridiction française n’est pas
compétente car la société BASF n’a jamais signé la CAJ.
( ) Vrai ( ) Faux
Cas pratiques
1/ La société française Vicat a conclu avec un entrepreneur allemand un contrat de construction
« clé en mains » pour la construction d’une usine en Italie. Plusieurs sous-traitants sont
intervenus dans la construction dont l’un est une société française. Suite à de nombreux
désordres évalués à trois millions d’euros, la société Vicat souhaite poursuivre l’ensemble des
intervenants devant une même juridiction. Quelle juridiction est compétente ?

2/ La société Pucci a employé Edouard en qualité de directeur artistique « Prêt à porter ». Après
l’expiration de son contrat, Edouard a réalisé une collection pour la société suédoise H&M.
Estimant que cette collection copiait ses produits, la société Pucci veut assigner H&M, sa filiale
française et Edouard pour concurrence déloyale et parasitisme. La juridiction française est-elle
compétente et, le cas échéant, peut-elle connaître de la réparation de l’entier préjudice même
pour les actes de concurrence déloyale ayant eu lieu en Suède ?

3/ Une société française détient une créance contractuelle contre une autre société française
immatriculée au RCS de Paris, et une créance contractuelle contre une filiale de cette société à
Stockholm. Peut-elle assigner les deux sociétés devant le tribunal de commerce de Paris ?
Règlement Bruxelles I bis
3/ Les règles de compétence dérogatoire

a) En matière d’assurance (art. 10 à 16)

(i) L’action contre l’assureur


L’assureur domicilié sur le territoire d’un Etat membre peut être attrait :
- devant la juridiction de l’EM où il a son domicile,
- devant la juridiction de l’EM où le demandeur s’il est preneur d’assurance (Civ. 1 re, 22 févr. 2000, n° 98-12235), assuré ou
bénéficiaire a son domicile,
- en cas de coassurance, devant la juridiction saisie de l’action formée contre l’apériteur de la coassurance (art. 11.1),
- en matière d’assurance RC ou portant sur un immeuble, devant la juridiction du lieu du fait dommageable (art. 12),
- en matière d’assurance RC, devant la juridiction saisie de l’action de la victime contre l’assuré si la loi de cette juridiction le
permet (art. 13.1).

Ces compétences s’appliquent à l’action directe de la victime (art. 13.2 ; CJCE, 13 déc. 2007, FBTO, C-463/06). En
revanche, elles ne profitent pas au cessionnaire de la créance d’indemnité (CJUE 20 mai 2021, C-913/19 ; CJUE 17 sept.
2009, Vorarlberger ; CJUE 31 janv. 2018, Hofsoe), de sorte que l’assureur est alors attrait devant la juridiction de son
domicile.

Art. 13.3 : « Si la loi relative à cette action directe prévoit la mise en cause du preneur d’assurance ou de l’assuré, la même
juridiction sera aussi compétente à leur égard ». A défaut, la juridiction du domicile de la victime est compétente pour
l’action directe sans être compétente pour l’action contre l’assuré (CJUE 9 déc. 2021, Seguros Catalana, C-708/20).
Règlement Bruxelles I bis
(ii) L’action de l’assureur
Que devant la juridiction de l’EM du domicile du preneur, de l’assuré ou du bénéficiaire (art. 14.1), ce qui exclut la compétence
spéciale en matière contractuelle.
Par exception, l’assureur peut introduire une demande reconventionnelle devant la juridiction saisie de la demande originaire (art.
14.2).

(iii) La prorogation de compétence en matière d’assurance (art. 15)


La prorogation est valable dans 5 cas si elle est prévue :
- Par une convention postérieure à la naissance du différend ;
- Par une convention qui permet au preneur, à l’assuré ou au bénéficiaire de saisir d’autres juridictions ;
- Par une convention passée entre le preneur et l’assureur ayant, au moment de la conclusion du contrat d’assurance, leur domicile
ou résidence habituelle dans un même EM et qui attribue compétence à la juridiction de cet EM, sauf si la loi de cet EM interdit
une telle clause ;
- Par une convention conclue par un preneur n’ayant pas son domicile dans un EM, sauf s’il s’agit d’une assurance obligatoire ou
qui porte sur un immeuble situé dans un EM ;
- Par une convention concernant un contrat d’assurance portant sur les risques visés à l’article 16.

Les risques visés à l’art. 16 sont notamment les grands risques (Dir. UE 2009, c. ass. art. L. 116-6 et R. 111-1) : Assurance sur
corps et assurance facultés (bateaux et avions) ; Souscripteur répond à 2 critères sur 3 (bilan comptable 6,6 millions d’euros,
chiffre d’affaires 13,6 millions d’euros, au moins 250 salariés).

Inopposabilité de la CAJ : assuré bénéficiaire (CJCE 12 mai 2005, C-112/03 ; CJUE 27 févr. 2020, Balta, C-803/18) ; victime
exerçant l’action directe (CJUE 13 juill. 2017, Navigators Management, C-368/16).
QCM
La banque CCF a consenti de M. Pop un prêt garanti par une assurance vie souscrite auprès de
la Compagnie Gigi dont le siège est en Belgique. En 2022, M. Pop est décédé. N’ayant pas
reçu l’indemnité d’assurance, ses héritiers, domiciliés en France, peuvent assigner la Cie Gigi
devant le tribunal de Nice car ils ont la qualité de preneur d’assurance.
( ) Vrai ( ) Faux

M. Odent, domicilié en France, a été impliqué, aux Pays-Bas, dans un accident de voiture avec
un assuré de la Compagnie FBTO, dont le siège est aux Pays-Bas. Il peut exercer l’action
directe devant une juridiction française.
( ) Vrai ( ) Faux

M. Elric, domicilié au Danemark a eu un accident en raison de la rupture d’une rampe alors


qu’il était en vacances en Espagne dans une villa appartenant à Mme Riu, domiciliée en Irlande
et assurée auprès de la société espagnole Seguros Calalana. La victime a assigné l’assureur
devant la juridction danoise. Elle peut logiquement assigner Mme Riu (responsable) devant
cette même juridiction.
( ) Vrai ( ) Faux
QCM
Mme Nile, domiciliée en France, a conclu un contrat d’assurance avec la société
néerlandaise, Verzekering, couvrant l’intégralité de ses biens et qui stipule qu’en cas de
litige, l’assuré peut saisir la juridiction du lieu de situation des biens assurés. Mme Nile vit
la plupart du temps dans sa résidence italienne sur le lac de Côme. A la suite d’une tempête,
l’un de ses vases romains d’une valeur de 50 000 euros s’est renversé et brisé. L’assureur
refusant la garantie, elle peut saisir la juridiction italienne.
( ) Vrai ( ) Faux

La société suédoise Abba a fait procéder à un transport de betteraves sucrières vers une
usine située au Danemark au profit de la société Assens. Pour l’un des transports en bateau,
Abba a affrété un navire et souscrit une assurance auprès de la société Navigator domiciliée
aux Pays-Bas. La police stipule que le tribunal de Rotterdam a une compétence exclusive.
La société Assens peut agir directement contre l’assureur mais uniquement devant la
juridiction néerlandaise.
( ) Vrai ( ) Faux
Cas pratiques
1/ Un assureur belge n’a pas réglé l’intégralité de l’indemnité d’assurance suite à une tempête
en France ayant endommagé l’immeuble français appartenant à un belge qui a conclu le contrat
d’assurance en Belgique. Quelles sont la ou les juridictions compétentes ?

2/ Par acte du 13 mars 2019, une banque belge a consenti à Bob, domicilié en France, un prêt,
garanti par une assurance-emprunteur souscrite auprès d’une société néerlandaise. Bob est
décédé en 2021. Ses héritiers souhaitent agir contre la banque et l’assureur devant le TJ de
Nice, tribunal de leur domicile pour qu'il soit dit que la créance de 200 000 euros invoquée par
la banque au titre du solde du prêt n'était pas justifiée et que la société d’assurances n'était pas
fondée à opposer un refus de garantie. Qu’en pensez-vous ?

3/ Rhita, de nationalité française, a été victime d’un accident de la circulation en Pologne. Elle
a cédé la créance de réparation de son véhicule à son garagiste situé en France. Le garagiste a
lui-même cédé la créance à un assureur français. Suite à un refus de remboursement, l’assureur
FR a assigné en Pologne l’assureur du responsable dont le siège social est situé au Danemark.
La compétence de la juridiction polonaise est-elle fondée sur l’article 13 du Règlement
Bruxelles I bis ?
Cas pratiques
4/ Dan, domicilié à Bruges, est propriétaire d’un immeuble à Tourcoing assuré auprès d’une
compagnie d’assurance néerlandaise. L’assureur lui reproche d’avoir commis des inexactitudes
dans sa déclaration de risques et veut l’assigner en nullité du contrat. Quelle est la juridiction
compétente ?

5/ La société commerciale Delta, dont le siège social est à Lille, réalise un chiffre d’affaires de 2
millions d’euros et emploie 14 salariés. Elle a conclu un contrat d’assurance comprenant
notamment une garantie « Perte d’exploitation du fonds de commerce » avec un assureur belge. Le
contrat stipule que tout litige lié à l’exécution du contrat relève de la compétence de la juridiction
belge. Quid juris ? Quid si la société Delta a son siège à Moscou ?

6/ Une compagnie d’assurance et une société lettone intervenant dans le domaine de la sécurité ont
conclu un contrat d’assurance de responsabilité civile couvrant notamment la responsabilité d’une
filiale à 100% de la société immatriculée en Lituanie pour son activité dans ce pays. La société
lettone réalise un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros et emploie 300 salariés. Le contrat
prévoit la compétence du juge letton. Suite à un sinistre, la filiale a indemnisé son client et souhaite
saisir le juge lituanien d’une action contre l’assureur. L’assureur lui oppose la clause attributive de
juridiction. Quid juris ?
Règlement Bruxelles I bis
b) En matière de contrats conclus par un consommateur
 Domaine de la dérogation (art. 17)
Contrat conclu par un consommateur, i.e. qui agit à des fins étrangères à son activité professionnelle
(usage mixte : CJCE, 20 janv. 2005, Johann Gruber, C-464/01 ; Civ. 1re, 18 juill. 2000, n° 98-
18743 ; indifférence des compétences personnelles du consommateur : Civ. 1 re, 26 juin 2019, n° 18-
15102 ; Civ. 1re, 28 janv. 2009, n° 07-21857).
Contrat conclus avec une personne exerçant une activité commerciale ou professionnelle et qui
dirige ses activités vers l’EM du consommateur (CJUE 7 déc. 2010, Pammer vs Reederei Karl
Schulter GmbH, C-585/08 (pour un contrat de voyage : art. 17.3), et Hotel Apenhof GesmbH vs
Heller, C-144/09).

 Règles de compétence :
Action du consommateur contre le cocontractant professionnel (art. 18.1) : Soit juridiction de l’EM
du domicile du professionnel, soit juridiction de l’EM du domicile du consommateur (que le
domicile du professionnel soit hors UE ou même dans le même EM que le consommateur : CJUE,
14 nov. 2013, Maletic vs Lastminute.com et TUI, C-478/12).
Action du professionnel contre le consommateur (art. 18.2) : Que devant la juridiction de l’EM du
domicile du consommateur (sauf droit d’introduire une demande reconventionnelle).
Règlement Bruxelles I bis
 La prorogation de compétence (art. 19) valable qui dans 3 cas :
- Convention postérieure au litige ;
- convention qui permet au consommateur de saisir d’autres juridictions que celles de son
domicile ou du domicile du défendeur ;
- convention conclue lors de la conclusion du contrat et qui désigne l’EM dans lequel à
cette date les deux parties ont leur domicile, sauf si la loi applicable interdit cette
convention.
N.B. en droit interne, la CAC serait toujours nulle (CPC art. 48). Et sur le choix offert au
consommateur entre compétence CPC et compétence de son domicile au moment de la
conclusion du contrat ou de la survenance du fait dommageable (c. cons. art. R. 631-3).
Règlement Bruxelles I bis
QCM. M. Palmer, domicilié en Autriche, a conclu un contrat de voyage par bateau à
destination de l’Egypte avec la société Schleu établie en Allemagne et par l’intermédiaire de la
société allemande Sein. M. Palmer a refusé d’embarquer au motif que la description sur le site
de la société Sein ne correspondait pas à la prestation et la société Schleu lui a remboursé 3000
euros sur les 8000 euros payés. S’agissant d’un contrat de voyage (prix pour transport,
logement et prestation) et non d’un contrat de transport, le consommateur peut saisir le tribunal
de son domicile.
( ) Vrai ( ) Faux

Cas pratique. 1/ Les époux Gounot, domiciliés à Versailles, ont obtenu de la banque belge
GDB, un prêt selon un contrat régi par le droit belge et prévoyant que les parties déclarent se
soumettre à la juridiction des tribunaux de Bruxelles. Ce prêt devait servir à 45% à rembourser
un prêt immobilier et pour le reste à financer l’activité professionnelle de M. Gounot. Les
époux ayant cessé de s'acquitter des échéances de remboursement, la banque a prononcé la
déchéance du terme. Les époux souhaitent assigner la banque devant le tribunal judiciaire de
Versailles en annulation des contrats de prêt et en paiement de dommages-intérêts. Cette
juridiction est-elle compétente ?
Règlement Bruxelles I bis
2/ Mme Lochi, domiciliée à Blagnac, a souscrit, par l’intermédiaire d’une société d’investissement, des
titres émis par la société luxembourgeoise Elite Exclusive, gérée par un actionnaire commandité, la société
luxembourgeoise Elite Partners. Selon le prospectus distribué par la société émettrice, la souscription des
titres est réservée aux investisseurs soit institutionnels soit professionnels soit expérimentés. Mme Lochi a
signé un document dans lequel elle a reconnu être un investisseur expérimenté et auquel elle a annexé une
attestation de cette qualité émanant d'une société d'investissement. La société Elite Partners ayant fait
connaître aux investisseurs, son impossibilité de procéder au rachat des titres émis, Mme Lochi souhaite
assigner ces deux sociétés, devant le tribunal judiciaire de Toulouse, en nullité du contrat, restitution des
sommes versées et paiement de dommages-intérêts. Son avocat vous demande si Mme Lochi peut être
considérée comme un consommateur ou s’il faut saisir les juridictions du Luxembourg.

3/ Armando a acheté une voiture en Italie à la société italienne Ferrari alors qu’il vivait à Milan. Deux ans
plus tard, il a déménagé à Lille pour son travail. En raison de nombreux dysfonctionnements qui n’ont pas
été pris en charge, il souhaite poursuivre le vendeur devant le tribunal judiciaire de Lille. Or, le contrat
stipule que la juridiction compétente est le tribunal de Milan. Quid juris ?

4/ Lors d’un voyage en Italie, JP, un copain d’Armando, a acheté une Ferrari. De retour en France, il
s’aperçoit que celle-ci a des défauts. Doit-il retourner en Italie pour assigner le vendeur professionnel ou
peut-il saisir le tribunal judiciaire de Lille ?
Règlement Bruxelles I bis
c) En matière de contrats individuels de travail
Si l’employeur n’est pas domicilié dans un EM, mais y a une succursale, il est considéré,
pour les contestations relatives à leur exploitation, comme ayant son domicile dans cet EM
(art. 20.2).
 Action du salarié contre l’employeur (art. 21) devant la juridiction de l’EM où :
- l’employeur a son domicile ;
- le travailleur accomplit ou accomplissait habituellement son travail ;
- si le travailleur n’accomplit pas son travail dans un même pays, est situé l’établissement
qui l’a embauché.

 Action de l’employeur (art. 22) devant la juridiction de l’EM sur le territoire duquel le
travailleur a son domicile (sauf demande reconventionnelle).

Prorogation de compétence (art. 23) : Convention postérieure à la naissance du différend ou


Convention qui permet au salarié de saisir d’autres juridictions.
Cas pratiques
1/ La SA Codéviandes, dont le siège social est situé à Arras, a embauché Ralph pour aller
travailler aux Pays-Bas. Le salarié, domicilié à Dainville, souhaite poursuivre son
employeur pour le paiement de diverses sommes à titre de rappel de salaires devant le
conseil de prud’hommes. Son employeur lui oppose la compétence de la juridiction de
Maastricht aux Pays-Bas en tant que lieu d’exécution du contrat de travail. Qu’en pensez-
vous ?

2/ Rafik, domicilié à Roubaix, a été engagé par une société belge d’informatique pour
réaliser diverses prestations. Il se rend un jour par semaine à Anvers et travaille le reste du
temps à distance. Rafik souhaite demander la requalification de son contrat en contrat de
travail. Peut-il saisir le conseil de prud’hommes de Roubaix ?
Règlement Bruxelles I bis
II – Les compétences exclusives

A – Les droits réels immobiliers et baux d’immeubles

Compétence exclusive des juridictions de l’EM où l’immeuble situé (art. 24.1).

Le droit réel immobilier recouvre tout litige relatif au droit de propriété ou à ses
démembrement.
Action d’un copropriétaire en exécution du règlement de copropriété interdisant la location
touristique (CJUE 11 nov. 2020, Ellmes Property Services Limited, C-433/19). En revanche, ne
sont pas réelles, l’action en résolution d’une vente immobilière ou d’une personne sous
curatelle pour obtenir l’autorisation de vendre un immeuble situé dans un autre Etat membre
(CJUE, 3 oct. 2013, Schneider, C-386/12).
Constitue une action relative à un bail d’immeuble, l’action contre un locataire pour
dégradation exercée, non par le propriétaire, mais par l’organisateur professionnel de voyages
par l’intermédiaire duquel le logement avait été loué et qui agit par subrogation (CJCE, 27
janv. 2000, Dansommer A/S, C-8/98).
Règlement Bruxelles I bis
B – Les autres compétences exclusives

 Validité, nullité et dissolution des sociétés, validité des décisions sociales : Juridiction de
l’EM du siège social (art. 24.2)
 Exécution des décisions de justice : Juridiction de l’EM du lieu d’exécution (art. 25.5).
Cela recouvre tous litiges relatifs à l’exécution forcée, et non l’action en restitution après
annulation d’une saisie qui relève de l’enrichissement indu (CJUE 9 déc. 2021, C-
242/20, Zagreb vs BP Europa).
QCM
Abderrahmane, domicilié en France, est propriétaire d’un appartement situé dans une
copropriété en Italie. Il a appris que l’un des copropriétaires de nationalité suisse louait son
appartement à des touristes. Or, le règlement de copropriété interdit explicitement les
locations touristiques. Il ressort du droit italien que le règlement de copropriété n’est pas un
simple contrat mais est opposable à tous (erga omnes). L’action d’Abderrahmane visant à
interdire à un copropriétaire de modifier l’affectation de son bien porte sur un droit réel
immobilier, de sorte que la juridiction italienne a une compétence exclusive.
( ) Vrai
( ) Faux

Bob, de nationalité jamaïcaine, a loué sur Airbnb, société de droit irlandais, un appartement
à Amsterdam pour deux semaines. Le propriétaire de l’appartement a constaté des
dégradations importantes qui ont été remboursées par la société qui a exercé une action
subrogatoire conte Bob devant la juridiction néerlandaise. Cette juridiction est incompétente
car le défendeur est domicilié en Jamaïque.
( ) Vrai
( ) Faux
Cas pratiques
1/ M. Casa et Mme Papel, domiciliés à Rome, ont été concubins jusqu’en 2019. Au cours de
l’année de 2012, ils ont acquis une maison à Villach (Autriche), Mme Papel étant inscrite
comme propriétaire dans le Livre Foncier. En 2017, Mme Papel a reconnu une dette de 300 000
euros à l’égard de M. Casa et une hypothèque a été inscrite sur la maison en garantie de cette
créance. Suite à un défaut de paiement de travaux de rénovation de la maison réalisés en 2016,
Mme Papel a été condamnée en 2018 à payer à l’entrepreneur, M. Bauer, la somme de 50 000
euros. M. Casa a procédé à la vente forcée de la maison adjugée à un prix de de 290 000 euros.
Cette somme ayant été attribuée à M. Casa, M. Bauer, veut engager une action paulienne en
inopposabilité de l’hypothèque contre le couple. La juridiction autrichienne est-elle
compétente ?

2/ Une société allemande loue des locaux commerciaux à Paris qui appartiennent à un
propriétaire japonais. Ce dernier n’a pas renouvelé le bail commercial. La société allemande
souhaite agir en paiement d’une indemnité d’éviction. Quelle est la juridiction compétente ?

3/ Par acte notarié, la banque Maxito a consenti un prêt à la société Corer de droit espagnol. En
raison d’un défaut de paiement, le notaire a certifié un titre exécutoire européen. La banque a
sollicité un huissier de justice espagnol pour procéder à une saisie. Quel juge la société Corer
peut-elle saisir pour contester la mesure ?
Règlement Bruxelles I bis
III – Les règles générales de la prorogation de compétence

A – La clause attribution de juridiction (CAJ)

1/ Les conditions de validité

a) Les conditions de fond


La CAJ est entachée de nullité quant au fond selon le droit de l’EM dont la juridiction est
désignée par la clause (art. 25.1).
En droit FR : CPC art. 48. Cependant, la désignation de la juridiction FR dans un contrat
international est valable même si les parties n’ont pas la qualité de commerçant (Civ. 1 re, 9
janv. 2007, n° 05-17741 ; Civ. 1re, 23 janv. 2008, n° 06-21898).
La CAJ est nulle si le litige est soumis à une compétence exclusive.
Pas de condition de lien entre la juridiction désignée et le litige (CJCE, 16 mars 1999,
Trasporti Castelletti, C-159/97).
Règlement Bruxelles I bis
b) Les conditions de forme

Soit écrit, soit une forme conforme aux habitudes des parties ou aux usages du commerce
international (art. 25.1).
Exigence du renvoi explicite aux CGV stipulant la clause (CJCE, 14 déc. 1976, Estasis
Salotti ; CJCE, 16 mars 1999, Trasporti Castelletti, C-159/97 ; CJUE 24 nov. 2022, C-
358/21, Tilman SA vs Unilever).
CAJ dans les CGV auxquelles renvoient les factures ou dans la facture dès lors que
paiement (Civ. 1re, 20 nov. 2019, Werner Sauer, n° 18-21854 ; Civ. 1re, 17 févr. 2010, n° 08-
12749, Hewa Bora Airways).
Règlement Bruxelles I bis
2/ Les effets de la prorogation de compétence
 A l’égard des parties.
La CAJ ne concerne que le contentieux contractuel, de sorte qu’elle est inapplicable à
l’action en concurrence déloyale d’un concessionnaire contre le concédant (Com. 21 mars
2000, n° 98-12688, Sté Maquet). En revanche, elle s’applique à tout litige découlant de la
rupture du contrat (Com. 20 mars 2012, n° 11-11570, Sté Frankonia).
Pour un ensemble contractuel (Civ. 1re, 23 mars 2011, n° 09-72312, African Wood).

 A l’égard des tiers.


Inopposabilité au sous-acquéreur sauf s’il y a consenti (CJUE, 7 fév. 2013, Refcomp SpA, C-
543/10 ; Com. 23 mars 1999, Sté Rémi, n° 97-11884), ni à l’expéditeur lorsque le contrat de
transport a été conclu par un commissionnaire (Com. 30 juin 2021, CFTO, n° 19-23665).
La pluralité de défendeurs n’a pas pour effet d'étendre à des parties qui ne l’ont pas souscrite
la clause attributive de juridiction (Civ. 1re, 5 janv. 1999, n° 96-19895).

 Exclusivité (art. 25.1) & Autonomie de la CAJ (art. 25.5).


Règlement Bruxelles I bis
B – La prorogation tacite de compétence
La juridiction de l’EM devant laquelle le défendeur comparait est compétente (art. 26.1).
Sauf si la compétence est exclusive, ou sauf si le défendeur comparait pour contester la
compétence de la juridiction saisie.

Le silence du défendeur ne vaut pas comparution (CJUE, 11 avr. 2019, Ryanair, C-464/18).

Condition supplémentaire en cas de compétence dérogatoire protectrice (assurance,


consommation, travail) : la partie faible doit avoir été informée par le juge de son droit de
contester la compétence de la juridiction et du risque de prorogation tacite (art. 26.2).

Le juge saisi se déclare d’office incompétent dans deux cas :


- sa saisine contredit une compétence exclusive (art. 27), et
- s’il n’est pas compétent et que le défendeur ne comparait pas (art. 28.1 ; Soc. 26 avr. 2006,
The Café Shop, n° 04-47238).
QCM
En 2010, les sociétés Till et Uni ont conclu un contrat en vertu duquel la première s’engageait à emballer
et à conditionner, pour le compte de la seconde, des boîtes de sachets de thé. Le contrat renvoyait aux
CGA de la société Uni consultables et téléchargeables sur un site internet aux termes desquelles la
juridiction compétente est la juridiction finlandaise. Suite à un refus de paiement de la société Uni, la
société Till, domicilié en Belgique, a saisi la juridiction belge du lieu d’exécution de la fourniture des
services au motif qu’elle n’a jamais accepté la clause. En supposant qu’il s’agit bien d’un contrat de
prestation de services, la juridiction belge est compétente.
( ) Vrai
( ) Faux

La société FR Compagnie du thon (CT) a confié à la société Roux (commissionnaire) l’organisation du


transport maritime de six conteneurs de thon congelés au départ de Dakar jusqu’en Turquie (DPU
Istanbul). Les marchandises, acquises par la société turque Kerevitas, ont été confiées à la société FR de
transport CMA CGM. Suite à l’avarie d’un conteneur, la société CT a consenti un avoir à l’acquéreur puis
s’est retournée contre le transporteur devant le TC de Quimper. Cette juridiction est incompétente car le
contrat de transport conclu avec le commissionnaire stipule que la juridiction compétente est la Haute
Cour de justice de Londres.
( ) Vrai
( ) Faux
Cas pratiques
1/ Maître Chawky, avocat à Bruxelles, a conclu un contrat de prestation informatique avec une société
éditrice de logiciels dont le siège est en Suède. Le contrat porte sur la création d’un logiciel pour son
activité professionnelle. La société suédoise exerce l’essentiel de son activité en France, si bien que le
contrat stipule la compétence du tribunal de commerce de Paris en cas de litige. Selon Chawky, cette
clause attributive de juridiction est réputée non écrite sur le fondement de l’article 48 CPC. Qu’en pensez-
vous ?

2/ La société de droit allemand Siemens a conclu un contrat de vente avec la société de droit français
Darty. Le contrat de vente peut-il stipuler que tout litige relèvera des tribunaux néerlandais ?

3/ La société de droit français CIP s’est approvisionnée entre 2008 et 2019 auprès de la société de droit
allemand Werner pour commercialiser en France les produits d’une filiale belge de cette dernière, la
société Chemoplast. Les conditions générales de vente de la société Werner prévoient une clause de
prorogation de compétence de for au profit du tribunal de Cologne. Durant la relation commerciale, les
factures émises par la société Werner et acceptées par la société CIP contenaient une référence claire aux
CGV mises à disposition de l’acquéreur. Suite à une rupture brutale des relations commerciales, la société
CIP a assigné la société Werner devant le tribunal de commerce de Lille. La défenderesse a soulevé une
exception d’incompétence au profit du tribunal de Cologne sur le fondement de la prorogation de
compétence. Qu’en pensez-vous ?
Cas pratiques
4/ Une société italienne a vendu des machines à café livrées en Belgique à une société belge qui
n’a pas réglé l’intégralité du prix. La société italienne a assigné la société belge devant un
tribunal italien. La société belge soutient devant ce tribunal que certaines machines sont
défectueuses. Peut-elle dans un second temps contester la compétence de la juridiction italienne ?

5/ Albert a été embauché par la société The Cana Shop, dont le siège est à Amsterdam. Après y
avoir travaillé trois ans, il est retourné vivre en France. Il a assigné son ancien employeur devant
le Conseil de prud’hommes de Quimper. Après avoir constaté que la société n’avait pas comparu,
ni personne pour elle, le CPH s’est déclaré compétent. Qu’en pensez-vous ?
Règlement Bruxelles I bis
IV – Litispendance et connexité
A - La litispendance
Lorsque des demandes ayant le même objet et la même cause sont formées entre les mêmes parties devant des
juridictions d’États membres différents, la juridiction saisie en second lieu sursoit d’office à statuer jusqu’à ce
que la compétence de la juridiction première saisie soit établie (…). Lorsque la compétence de la juridiction
première saisie est établie, la juridiction saisie en second lieu se dessaisit en faveur de celle-ci. (art. 29)
Exception de litispendance même si la 1 re juridiction saisie ne s’est pas prononcée sur sa compétence, celle-ci
n’ayant pas été contestée (CJUE, 27 févr. 2014, Cartier Parfums c. Ziegler, C-1/13).
La saisie résulte soit d’un acte introductif d’instance déposé auprès de la juridiction à condition qu’il soit ensuite
notifié ou signifié au défendeur ; soit d’un acte notifié ou signifié au défendeur à condition qu’il soit ensuite
déposé auprès de la juridiction (art. 32).
La règle Prior Temporis est inapplicable en cas de compétence exclusive en particulier lorsque la juridiction
désignée par une CAJ se déclare compétente (art. 31).
Absence de litispendance entre, d’une part, l’action du chargeur/expéditeur et de son assurer contre l’armateur et
le fréteur et leurs assureurs, et d’autre part, l’action de l’assureur corps contre le chargeur pour sauvetage de la
cargaison (CJCE, 19 mai 1998, Cie Drouot, C-351/96 ; Com. 22 juin 1999, Cie Drouot, n° 94-16830).
Absence de litispendance entre l’action en contrefaçon et l’action en résiliation d’un contrat entre les mêmes
parties (Civ. 1re, 17 janv. 2006, n° 04-16845).
Règlement Bruxelles I bis
B - La connexité
« Sont connexes les demandes liées entre elles par un rapport si étroit qu’il y a intérêt à les
instruire et à les juger en même temps afin d’éviter des solutions qui pourraient être
inconciliables si les causes étaient jugées séparément » (art. 30.3).
Faculté de surseoir à statuer et, si la juridiction première saisie se déclare compétente, de se
dessaisir.

C - La saisine de la juridiction d’un Etat tiers (hors UE)


En cas de litispendance ou connexité, la juridiction d’un EM peut surseoir si (i) la décision de la
juridiction de l’Etat tiers est susceptible d’être reconnue dans l’UE, (ii) la sursis est nécessaire à
une bonne administration de la justice. Il est mis fin à l’instance que si la décision de la
juridiction de l’Etat tiers est rendue dans un délai raisonnable (art. 33).
Règlement Bruxelles I bis
V – Les mesures provisoires et conservatoires
« Les mesures provisoires ou conservatoires prévues par la loi d’un État membre peuvent être
demandées aux juridictions de cet État, même si les juridictions d’un autre État membre sont
compétentes pour connaître du fond » (art. 35).
Ces mesures visent à maintenir une situation de fait ou de droit afin de sauvegarder les droits dont
la reconnaissance est par ailleurs demandée au juge du fond : mesures provisoires (référé :
cessation du trouble – CPC art. 873 ; mesure d’instruction – art. 145) ; mesures conservatoires
(saisie conservatoire – L. 521-1 CPCE, sûretés judicaires – L. 531-1 CPCE, séquestre judiciaire –
c. civ. art. 1961).
L’action paulienne n’est pas une mesure conservatoire (CJCE, 26 mars 1992, Reichert, C-261/90).
Le paiement à titre de provision n’est pas une mesure provisoire, à moins que la mesure ne porte
que sur des avoirs déterminés du défendeur se situant dans la sphère de compétence territoriale du
juge saisi et que la restitution soit garantie si le demandeur perd au fond (CJCE, 17 nov. 1998, Van
Uden, C-391/95 ; Civ. 1re, 13 avr. 1999, n° 97-17626, Sté Bachy).
La juridiction compétente au fond en vertu du Règlement Bruxelles I bis peut aussi prononcer une
saisie conservatoire européenne (art. 6, Règlement n°655/2014 du 15 mai 2014 portant création de
la procédure d’ordonnance européenne de saisie conservatoire des comptes bancaires - OESC).
Cas pratiques
1/ Une société italienne, domiciliée à Venise, a vendu des voitures de sport à une société française dont le
siège est à Marseille. Les véhicules ont été livrés à Marseille. La société française agit en garantie des vices
cachés devant le tribunal de commerce de Marseille. Quelques mois plus tard, la société italienne agit en
paiement de l’intégralité du prix devant le tribunal de Venise saisi sur le fondement d’une clause attributive de
juridiction au profit des juridictions italiennes. Quel est le juge compétent ?

2/ La société CMI (chargeur), immatriculée au RCS de Paris, a chargé, la société néerlandaise Rico, amateur
domicilié à Rotterdam, d’acheminer une cargaison de ferrochrome de Rotterdam vers la France. Le bateau a
coulé dans les eaux intérieures hollandaises. La compagnie Drouot, assureur sur corps du bateau a financé le
sauvetage du navire et donc de la cargaison. En 2022, le chargeur et son assureur ont assigné, devant le
tribunal de Rotterdam, l’armateur aux fins de démontrer la faute de ce dernier et l’absence d’obligation à leur
charge de contribuer aux avaries communes. Un mois plus tard, Drouot a assigné le chargeur et son assureur,
la société Axa, en contribution du règlement des avaries communes devant le tribunal de commerce de Paris.
Quel est le juge compétent ?
Cas pratiques
3/ La société Cartier a confié à la société Ziegler, dont le siège social est à Roubaix, le transport par route de
produits cosmétiques entre la France et l’Autriche. La société Ziegler a sous-traité le transport à la société
Mongo qui a elle-même sous-traité à la société Inko Trade, ces deux sociétés ayant leur siège social à Berlin.
Après s’être reposé sur une aire de stationnement d’autoroute, le chauffeur de la société Inko Trade a constaté
le vol d’une partie des marchandises. La compagnie Axa a indemnisé la société Cartier à hauteur de 150 000
euros. Ces deux sociétés ont saisi le tribunal de commerce de Roubaix-Tourcoing d’une action en
responsabilité contre tous les transporteurs. Or, la société Ziegler avait déjà engagé une action en
responsabilité contre les autres transporteurs devant le tribunal de Vienne. Cette juridiction est incompétente
et ne s’est d’ailleurs jamais reconnue compétente. Cependant, aucune des parties n’a contesté sa compétence.
L’exception d’incompétence peut-elle être invoquée par Ziegler devant le tribunal de commerce ?

4/ La société FR Bee a conclu avec la société italienne Toes un contrat de partenariat portant sur la conception
d’un panneau solaire. Suite à un différent, la société Bee a réclamé le paiement de factures. Elle souhaite
assigner la société Toes devant le TC de Paris aux fins d’obtenir une provision sur sa créance. La juridiction
française est-elle compétente alors que la société Toes ne dispose pas de biens situés en France ?
Section 2 : Les règles spéciales de compétence
§.1 Le règlement n° 2019/1111 du 25 juin 2019 relatif à la matière matrimoniale, à la
responsabilité parentale et à l’enlèvement international d’enfants (Bruxelles II ter)

I – Le champ d’application
 Divorce, séparation de corps et annulation du mariage.
Le Règlement n’est applicable qu’aux divorces prononcés soit par une juridiction étatique, soit
par une autorité publique. A défaut, le divorce ne bénéficie pas de la reconnaissance de plein
droit résultant du Règlement (ex. déclaration unilatérale de séparation : CJUE, 20 déc. 2017, C-
372/16, Sahyouni c/Mamisch). Le divorce prononcée par un officier de l’état civil après que
celui-ci ait contrôlé les conditions du divorce est une décision (CJUE, 15 nov. 2022,
Senatsverwaltung, C-646/20).
Les actes authentiques et les accords relatifs à la séparation de corps et au divorce qui ont un
effet juridique contraignant dans l’État membre d’origine sont reconnus dans les autres États
membres sans qu’il soit nécessaire de recourir à aucune procédure (art. 65). Encore faut-il que
la juridiction de l’EM dans lequel l’accord a été enregistré soit compétente.
 Attribution, exercice, délégation et retrait de la responsabilité parentale.
 Déplacement et non-retour illicite d’enfant.
Règlement Bruxelles II ter
II – La détermination de la juridiction compétente
A – La compétence en matière de divorce, séparation de corps et nullité du mariage
Art. 3 : Sont compétentes les juridictions de l’Etat membre :
a) sur le territoire duquel se trouve
(i) la résidence habituelle des époux,
(ii) la dernière résidence habituelle des époux dans la mesure où l’un d’eux y réside encore,
(iii) la résidence habituelle du défendeur,
(iv) en cas de demande conjointe, la résidence habituelle de l’un des époux,
(v) la résidence habituelle du demandeur s’il y a résidé depuis au moins une année
immédiatement avant l’introduction de la demande, ou
(vi) la résidence habituelle du demandeur s’il y a résidé depuis au moins 6 mois immédiatement
avant l’introduction de la demande et s’il est ressortissant de l’Etat membre saisi.
b) de la nationalité des deux époux.
Ces critères sont alternatifs (CJCE, 16 juill. 2009, Epx Hadadi, C-168/08 ; Civ. 1re, 17 févr.
2010, n° 07-11648 ; Civ. 1re, 24 nov. 2008, n° 07-20248).
La compétence est universelle en ce qu’elle s’applique aux ressortissants d’Etats non membres
de l’UE (Civ. 1re, 24 juin 2020, n° 19-11714 ; Civ. 1re, 28 nov. 2007, n° 06-16443).
Avant d’appliquer le DIP français, le juge vérifie sa compétence et si les juridictions d’un autre
EM sont compétentes (art. 6.1).
Aucune prorogation de compétence n’est pas admise.
QCM
Jane et Jean, de nationalité allemande, se sont mariés en Suède. Ils vivent désormais en
Italie. Lors d’un voyage en France, ils ont décidé d’aller voir chacun un avocat aux fins de
conclure une convention de divorce. Le notaire doit refuser de déposer la convention au rang
de ses minutes car la juridiction française n’est pas compétente pour le divorce.
( ) Vrai
( ) Faux

Mick et Bob, respectivement de nationalité américaine et mexicaine, se sont mariés en


Californie. Suite à leur séparation, Bob s’est installé à Paris et souhaite demander le divorce.
Le règlement Bruxelles II ter n’est pas applicable car les époux ne sont pas français.
( ) Vrai
( ) Faux
Cas pratiques
1/ Oleg de nationalité moldave s’est marié avec Tiana de nationalité roumaine à Bucarest en
2015. Suite à leur séparation, Tiana est partie en France avec sa fille où elle vit à Lille
depuis 2021. Peut-elle assigner Oleg devant le JAF de Lille pour divorcer ?

2/ M. et Mme Tang, de nationalité française, se sont mariés à Paris. Suite à leur séparation
de fait, M. Tang est parti vivre en Chine. Mme Tang est partie vivre à Berlin. Le tribunal de
Berlin est-il compétent pour connaître de la demande en divorce de Mme Tang ? M. Tang
peut-il en même temps saisir le JAF du TJ de Paris ?
Règlement Bruxelles II ter
B – La compétence internationale en matière de responsabilité parentale
 Compétence générale : Résidence habituelle de l’enfant au moment où la juridiction est
saisie (art. 7.1 ; CJUE, 17 oct. 2018, C-393/18, et 22 déc. 2010, Mercredi, C-497/10).
 Compétences dérogatoires : Maintien de la compétence de la juridiction de l’EM dans
lequel l’enfant avait sa résidence habituelle (i) pendant 3 mois après le déménagement,
(ii) en cas de déplacement illicite (sauf si acceptation du non-retour ou si absence de
contestation pendant un an).
 Convention sur le choix de la compétence (prorogation) si désignation de la juridiction
de l’EM avec lequel l’enfant a un lien étroit (+ résidence habituelle d’un des titulaires de
la responsabilité parentale, ou ancienne résidence habituelle de l’enfant, ou nationalité de
l’enfant), et si conforme à l’intérêt supérieur de l’enfant (art. 10).
 Mesures provisoires et conservatoires : Juridiction de l’EM où l’enfant est présent ou
dans lequel des biens de l’enfant sont situés (art. 15).
 Question incidente sur la responsabilité parentale : compétence de la juridiction saisi de
la question principale (art. 16).

N.B. : mêmes règles que Bruxelles I en matière de litispendance (art. 20).


Règlement Bruxelles II ter
C – La compétence en cas d’enlèvement international d’enfants
 Application de la Convention de la Haye du 25 oct. 1980 sur les aspects civils de
l’enlèvement international d’enfants.
Le déplacement et non-retour illicite résulte de la violation du droit de garde attribué par le
droit de l’Etat dans lequel l’enfant a sa résidence habituelle lorsque ce droit était exercé de
façon effective.
La demande de retour est adressée à une autorité centrale (Bureau du droit de l’UE, du DIP
et de l’entraide civile).
Le juge ordonne le retour sans se prononcer sur le droit de garde (sauf certaines exceptions :
risque grave de danger physique ou psychique en cas de retour – art. 13b ; absence
d’exercice effectif du droit de garde et acquiescement au déplacement).
Cas pratiques
1/ Mariés en Arabie Saoudite, les époux Ben Zayed de nationalité saoudienne vivent en France depuis
2016. M. Ben Zayed a la double nationalité française et saoudienne. En 2020, ils sont retournés en Arabie
Saoudite où Mme Ben Zayed a donné naissance à Aïcha. Fin 2020, l’époux est retourné en France.
Néanmoins, la mère ayant rejoint la France a saisi le JAF pour que soit ordonné le retour de l’enfant né à
l’étranger. Le JAF est-il compétent ?

2/ Après deux ans de vie commune en France, les époux Bon sont partis vivre au Canada. Suite à leur
divorce, l’époux a reçu un droit de visite et l’autorisation de partir avec son fils en France pendant l’été
2022. Il n’est jamais revenu. Quelle juridiction ou autorité la mère peut-elle saisir pour que soit ordonné le
retour de l’enfant au Canada ?
La solution est-elle la même si, au lieu de partir au Canada, les époux sont partis en Suède.

3/ La famille Dad est partie en voyage en Italie. Alors que la famille déjeunait au restaurant, Jonas, le
cadet, s’est amusé avec un briquet et a déclenché un incendie. Le restaurateur victime a assigné les parents
devant le juge italien. Selon les parents, seules les juridictions de l’Etat membre dans lequel réside
habituellement l’enfant (France) sont compétentes. Qu’en pensez-vous ?
Finalement, M. Dad soutient devant la juridiction italienne qu’il n’est pas titulaire de l’autorité parentale et
donc qu’il n’est pas responsable des dommages causés par son fils. Le juge italien peut-il apprécier si M.
Dad est ou non titulaire de l’autorité parentale ?
§.2 Le règlement Insolvabilité
Règlement relatif aux procédures d’insolvabilité du 20 mai 2015, n° 2015/848.

I – La compétence internationale en matière de procédure collective


A – La procédure principale
Les juridictions de l’EM sur le territoire duquel est situé le centre des intérêts du débiteur sont
compétentes pour ouvrir la procédure d’insolvabilité principale (art. 3.1).
Présomption du centre des intérêts des personnes morales à leur siège social (sauf preuve contraire ;
CJCE, 2 mai 2006, Eurofood, C-341/04).
La contestation de la compétence de la juridiction ayant ouvert la procédure principale n’est possible que
devant cette juridiction (art. 5). De même, les effets de la procédure principale ne peuvent pas être
contestés dans un autre EM (art. 20)  la procédure produit ses effets sur tous les biens du débiteur et sur
tous les créanciers, même s’ils sont situés dans un autre EM (ex. CJUE, 21 janv. 2010, MG Probud, C-
444/07).

B – La procédure secondaire
Les juridictions d’un EM, autre que celui du centre des intérêts du débiteur, et dans lequel le débiteur
possède un établissement, peuvent ouvrir une procédure secondaire (art. 3.2). Les effets de cette procédure
sont limités aux biens du débiteur se trouvant sur le territoire de l’EM de la juridiction ayant ouvert la
procédure secondaire.
Afin d'éviter l'ouverture d'une procédure d'insolvabilité secondaire, le praticien de l'insolvabilité de la
procédure d'insolvabilité principale peut prendre un engagement unilatéral (notamment appliquer la loi
nationale pour la répartition des biens situés dans l’EM dans lequel la procédure secondaire aurait pu être
ouverte – art. 36).
Le règlement Insolvabilité
II – L’extension de la compétence aux actions liées directement à la procédure

Les juridictions de l’EM sur le territoire duquel une procédure d’insolvabilité a été ouverte
sont compétentes pour connaître de toute action qui découle directement de la procédure
d’insolvabilité et y est étroitement liée (art. 6).
N’est pas liée à la procédure, l’action en paiement exercée par un organe de la procédure
contre un débiteur de l’entreprise soumise à la procédure (CJUE, 4 sept. 2014, Nickel &
Goeldner Spedition GmbH, C-157/13) ; l’action en concurrence déloyale exercée par un
distributeur français contre le cessionnaire d’une branche de l’entreprise en procédure
(CJUE, 9 nov. 2017, C-641/16, Tûnkers France).
Sont liées à la procédure, l’action révocatoire (action paulienne) par un organe de la
procédure pour accroitre l’actif de l’entreprise en procédure collective ; l’action du créancier
contre le débiteur placé en procédure collective ; l’action en nullité de la cession de parts
sociales détenues par l’entreprise en procédure collective (CJUE, 2 juill. 2009, C-111/08,
SCT Industri).
QCM
La société Absoute, dont le siège est en Suède dispose d’une succursale importante en France. La
juridiction suédoise a ouvert une procédure principale de redressement judiciaire
(Företagsrekonstruktion). La société française Alta qui dispose d’une créance de 600 000 euros
contre la société Absoute, constatée par un titre exécutoire, souhaite saisir les sommes déposées
sur un compte bancaire dont elle est titulaire, ainsi que des créances de la société Absoute sur des
débiteurs français. Le commissaire de justice peut procéder aux saisies même si selon la loi
suédoise la procédure de redressement judiciaire interrompt toute voie d’exécution.
( ) Vrai
( ) Faux

La société Absoute, dont le siège est en Suède dispose d’une succursale importante en France. La
juridiction suédoise a ouvert une procédure principale de redressement judiciaire
(Företagsrekonstruktion). La société française Alta qui dispose d’une créance de 600 000 euros
contre la société Absoute, a assigné celle-ci devant le tribunal de commerce de Brest, sur le
fondement de l’article L. 631-5 du code de commerce, en vue de l’ouverture d’une procédure de
redressement judiciaire. Si cette procédure est ouverte, les biens de la société Absoute situés en
France seront soumis aux règles de la procédure collective françaises.
( ) Vrai
( ) Faux
Cas pratiques
1/ La société de droit français Aventis exerce l’essentiel de son activité en France. Toutefois, depuis
quelques années, elle a développé son activité en libre prestation de services en Hongrie où elle réalise
désormais 15% de son chiffre d’affaires et où elle dispose d’actifs évalués à 200 000 euros. En raison de
difficultés financières, cette société a été placée, par le tribunal de commerce de Lyon, en procédure de
sauvegarde. La juridiction hongroise peut-elle ouvrir une procédure secondaire à la demande d’un créancier
hongrois ?
La solution est-elle la même si la société Aventis dispose d’un établissement en Hongrie mais qu’aucune
procédure collective principale n’a été ouverte en France ?

2/ Une société belge réalise 70% de son chiffre d’affaires en France via des ventes internet. Cette société est
en cessation de paiement. La juridiction française peut-elle ouvrir une procédure collective principale ?

3/ Une société néerlandaise réalise une partie son chiffre d’affaires en France où elle exploite des cafés par
l’intermédiaire d’une filiale dont le siège social est à Lille. Le tribunal de commerce de Lille peut-il ouvrir
une procédure collective à l’encontre de la filiale, alors que les choix économiques et de gestion de celle-ci
émanent de la société mère ?

4/ Dans la même affaire, la cessation de paiement a conduit le juge néerlandais à ouvrir une procédure
collective pour la société mère et pour la filiale française dont le centre des intérêts principaux serait, selon
le juge, aux Pays-Bas. Le juge français peut-il néanmoins ouvrir une procédure collective secondaire en
France pour la filiale ?
§.3 Le règlement Successions
Règlement UE n° 650/2012 du 4 juill. 2012.

I – La compétence lorsque le défunt a sa résidence habituelle dans un EM lors du décès


A – La compétence générale
Sont compétentes pour statuer sur l’ensemble d'une succession les juridictions de l’État
membre dans lequel le défunt avait sa résidence habituelle au moment de son décès (art. 4 ;
Civ. 1re, 29 mai 2019, n° 18-13383).

B – L’accord d’élection du for et prorogation tacite fondée sur la comparution


Si le défunt a désigné la loi d’un EM applicable à sa succession, conformément à l’art. 22 du
Règlement Successions, les parties au différend peuvent choisir la juridiction de cet EM (art.
5).
N.B. la juridiction saisie peut décliner sa compétence à la demande d’une partie au profit de
la juridiction de l’EM dont la loi est applicable à la succession en vertu de l’art. 22 (art. 6).
Si une partie qui a comparu n’a pas contesté la compétence de la juridiction saisie de l’EM
dont la loi est applicable, il y a prorogation tacite de compétence (art. 9).
Le règlement Successions
II – La compétence lorsque le défunt n’a pas sa résidence dans un EM
 Les juridictions de l’EM dans lequel sont situés des biens successoraux sont compétentes
pour statuer sur l’ensemble de la succession dans la mesure où :
a) le défunt possédait la nationalité de cet EM au moment du décès, ou, à défaut,
b) le défunt avait sa résidence habituelle antérieure dans cet EM et qu’au moment de la
saisine il ne s’est pas écoulé plus de 5 ans depuis le changement de cette résidence habituelle
(art. 10).
La juridiction saisie sur le fondement de la compétence générale doit relever d’office sa
compétence au titre de la règle de compétence subsidiaire de l’art. 10 (CJUE 7 avr. 2022, C-
645/20 ; Civ. 1re, 21 sept. 2022, n° 19-15438).

 Si aucune de ces deux conditions n’est remplie, les juridictions de l'État membre dans
lequel sont situés des biens successoraux ne sont compétentes que pour statuer sur ces biens.
QCM
Albert est propriétaire de deux immeubles en France et détient des comptes d’épargne et d’actions auprès de
banques françaises. Depuis ses 80 ans, il réside le plus souvent au Portugal. Suite à son décès, la veille de ses 90
ans, un litige est apparu entre ses héritiers de nationalité française. La juridiction française est compétente.
( ) Vrai
( ) Faux

Le 12 avril 2013, Maggie, de nationalité américaine, a déménagé en France pour sa retraite et suivre son mari.
Toutefois, elle est retournée vivre aux Etats-Unis en 2022 après leur séparation de fait. Elle est décédée à la suite
d’un accident de la circulation en 2023. Ses enfants et son mari sont en litige concernant la succession. La
juridiction française est compétente même pour statuer sur l’immeuble new-yorkais dont Maggie était
propriétaire.
( ) Vrai
( ) Faux

En 2019, Yves, de nationalité française, est décédé en France, dans son appartenant marseillais dont il est seul
propriétaire, en laissant pour lui succéder son épouse Anne et ses trois enfants issus d’une première union. Les
enfants ont assigné Anne devant la juridiction française. Yves ayant sa résidence habituelle en Grande-Bretagne,
la juridiction française n’est compétente que pour les biens situés en France.
( ) Vrai
( ) Faux
Cas pratiques
1/ Les époux Véga, de nationalité française, habitent à Lille. Depuis leurs retraites, ils
passent l’essentiel de leur temps à Ostende où ils ont une résidence secondaire. Suite à un
accident sur une route, M. Véga est décédé en France. En raison d’un conflit entre son
épouse et les enfants issus d’un premier lit, ces derniers souhaitent exercer une action en
retranchement. Quel est la juridiction compétente ?

2/ Harry, de nationalité danoise, vit en Belgique. Il a prévu dans son testament rédigé en
France que sa succession serait soumise à la loi danoise. Suite à un litige successoral, la
juridiction belge a été saisie : est-elle compétente ? L’un des héritiers, domicilié en Finlande,
peut-il exciper de la compétence de la juridiction danoise ?

3/ Johnny de nationalité française a quitté en 2017 sa ville natale de Toulouse pour s’établir
à Moscou. En 2022, il est décédé à Moscou. Les biens qu’il possédait en France peuvent être
évalués à 900 000 euros. Or, il disposait en Russie de divers biens évalués à 500 000 euros
qui ont été intégralement légués à son concubine russe. Ses deux enfants issus d’une
précédente union souhaitent saisir le tribunal judiciaire de Toulouse.
La solution est-elle la même si Johnny n’était pas français mais avait la nationalité
australienne ?
§.4 Le règlement Effets patrimoniaux des unions civiles
Règlement (UE) 2016/1103 du Conseil du 24 juin 2016 mettant en œuvre une coopération renforcée
dans le domaine de la compétence, de la loi applicable, de la reconnaissance et de l'exécution des
décisions en matière de régimes matrimoniaux.
Règlement (UE) 2016/1104 du Conseil du 24 juin 2016 mettant en œuvre une coopération renforcée
dans le domaine de la compétence, de la loi applicable, de la reconnaissance et de l'exécution des
décisions en matière d'effets patrimoniaux des partenariats enregistrés.

I – Les compétences dérivées


 En cas de décès d’un époux ou d’un partenaire de pacs : la juridiction compétente pour statuer sur
la succession est compétente pour statuer sur les effets patrimoniaux du mariage ou du pacs (art. 4).
 En cas de divorce ou d’annulation du mariage ou du pacs : la juridiction compétente selon le
règlement Bruxelles II ter est compétente pour toutes questions incidentes relatives aux effets
patrimoniaux (art. 5).

II - La compétence subsidiaire (en l’absence de compétence dérivée)


 En l’absence d’élection du for : Compétence de la juridiction de l’EM (i) de la résidence habituelle
du couple, ou à défaut (ii) de la dernière résidence habituelle si un membre du couple y réside
encore, ou à défaut (iii) résidence habituelle du défendeur, ou à défaut (iv) de la nationalité
commune des époux ou partenaires (art. 6).
 Choix d’une compétence exclusive de la juridiction de l’EM dont la loi est applicable ou de celui
dans lequel le mariage a été célébré ou le pacs enregistré (art. 7).
 Prorogation tacite à condition que la juridiction saisie soit celle de l’EM dont la loi est applicable.
QCM
Stéphane et Fannie, de nationalité française, se sont mariés en France. En 2018, Stéphane a
quitté Fannie pour partir vivre au Canada, alors que Fannie est restée en France. Suite à une
intoxication alimentaire, Stéphane est décédé. Fannie souhaite agir en justice pour
démontrer qu’un immeuble acquis par Stéphane en 2019 est un bien commun. La juridiction
française est compétente car la dernière résidence commune où vit encore Fannie est la
France.
( ) Vrai
( ) Faux

Finalement, Fannie a saisi la juridiction française. Les héritiers de Stéphane n’ont pas
invoqué l’incompétence de la juridiction mais soutiennent qu’au regard de la loi française
applicable au régime matrimonial des ex-époux, Fannie a consenti à la déclaration a
posteriori de remploi permettant de qualifier l’immeuble de bien propre, ce qu’elle conteste.
La discussion est vaine car la juridiction FR est incompétente.
( ) Vrai
( ) Faux
Cas pratiques
1/ Paul et Virginie sont en concubinage depuis 2014. Ils vivent à Béziers où Virginie est propriétaire
d’une villa. En raison d’une période de chômage entre 2016 et 2018, Paul a réalisé d’importants travaux
dans la villa (pose de parquets ; peintures ; réfection de la clôture…). Suite à leur mésentente, le couple
s’est séparé en 2020. Virginie a mis en vente la villa pour 200 000 euros et est partie rejoindre son
nouvel amour en Suède. Paul vit toujours à Béziers. Un ami avocat lui explique que ses travaux ont
permis à Virginie de réaliser une plus-value d’au moins 40 000 euros et qu’il peut lui réclamer une
indemnité. Quelle juridiction est compétente ?

2/ Andrea et Sylvie sont mariés depuis 20 ans et vivent à Berlin. Toutefois, leur amour bat de l’aile. En
2019, Andrea est parti vivre à Lacanau. Ils ne se parlent presque plus. Durant l’été 2022, Sylvie apprend
qu’Andrea s’est noyé dans une baïne. L’un des enfants du couple, Bob, soutient qu’il peut
immédiatement recevoir une part de la succession, ce que refuse Sylvie. Bob a saisi le tribunal judiciaire
de Bordeaux. Sylvie se demande si cette question ne dépend du régime matrimonial, de sorte que le
tribunal de Berlin serait compétent.

3/ Après leur mariage à Las Vegas, Bertrand et Sandrine, de nationalité française, ont vécu 15 ans à Lille.
Suite à leur divorce, Bertrand est parti vivre à Cuba et Sandrine en Finlande. Lors de la liquidation de la
communauté, un litige est né quant à la qualification de bien propre ou commun d’une résidence
secondaire acquise en Espagne. Le notaire pense qu’il s’agit d’un bien commun, ce qui n’arrange pas
Bertrand qui veut poursuivre Sandrine. Quel est la juridiction compétente ? Finalement, Bertrand et
Sandrine peuvent-ils se mettre d’accord sur la compétence du tribunal judiciaire de Lille ?
Chapitre 2 : La compétence internationale de source interne
Le juge français incompétent sur le fondement du droit de l’UE doit vérifier si une autre juridiction
de l’UE est compétente ; à défaut, il applique, à titre subsidiaire, le droit international privé de
source nationale.
2 principes  Extension des compétences territoriales à l’ordre international ;
 Compétence nonobstant la nationalité étrangère des parties et/ou la création de la situation
juridique à l’étranger.

Section 1 : Les règles ordinaires de compétence internationale


§.1 Le principe de l’extension
 Domicile du défendeur (art. 42 CPC). La compétence s’étend aux codéfendeurs situés à
l’étranger (Civ. 1re, 24 févr. 1998, n° 95-19442, Sté Butec). Ex. filiation.
 Compétences optionnelles : En matière contractuelle – juridiction du lieu de la livraison
effective de la chose ou de l’exécution de la prestation (ce qui ne vise ni le paiement d’un prix
ni l’engagement de caution, de sorte que seule la juridiction du domicile du défendeur est
compétente dans ces cas). Ex. Civ. 1 re, 13 avr. 2023, Sté Tnuva Alternative, n° 22-15689.
En matière délictuelle – lieu du fait dommageable ou de la réalisation du dommage (critère du
public français comme cible de l’offre de contrefaçon par internet : Com. 13 juil. 2010, n° 06-
20230, et 9 mars 2010, n° 08-16752).
Attention ces compétences s’appliquent si le défendeur n’est pas domicilié dans un EM car les
compétences spéciales prévues par le Règlement Bruxelles I bis exigent que le défendeur soit
domicilié dans un EM même s’il attrait devant la juridiction d’un autre EM (art. 7).
Chapitre 2 : La compétence internationale de source interne
 Les compétences dérogatoires
Compétence exclusive pour les immeubles et baux d’immeubles situés en France.
Compétence JAF (art. 1070 CPC) : Résidence de la famille sinon Résidence du parent chez lequel
résident habituellement les enfants sinon domicile du demandeur (la JAF n’a pas de compétence exclusive
: Civ. 1re, 6 févr. 1985, Simitch).
Compétence JCP en matière de surendettement : Domicile du débiteur ou si à l’étranger lieu de la
commission de surendettement saisie (c. cons. art. R. 713-1). N.b. : procédure est inapplicable si le
débiteur est étranger ou pour les dettes contractées avec un étranger par un Français domicilié à l’étranger
(c. cons. art. L. 711-2).

§.2 Les adaptations du principe de l’extension


Succession : dernier domicile du défunt et situation des immeubles. Cette compétence n’a plus d’intérêt
avec le Règlement Successions (notamment compétence de la juridiction de la situation des biens du
défunt : art. 10.2).
Voies d’exécution : Domicile du débiteur ou lieu d’exécution (CPCE art. R. 121-2). Mais, dans l’ordre
international, ne subsiste que la compétence fondée sur le lieu d’exécution (en France). Et les privilèges
de juridiction sont inapplicables en matière de voies d’exécution (Civ. 1re, 14 avr. 2010, n° 09-11909,
Banque internationale pour le commerce en Côte d’Ivoire). Idem pour les mesures conservatoires (Civ. 2e,
29 févr. 1984, Sté Varonas, n° 82-15865) et les mesures d’expertise (Civ. 1re, 7 avr. 1998, Sté Bachy, n°
96-11820 et 4 juill. 2007, Sté Vandel, n° 04-15367).
Le lieu de la saisie ne peut fonder la compétence internationale pour connaître du fond d'un litige qui ne
présentait aucun rattachement avec la France (Civ. 1re, 17 janv. 1995, n° 92-10165, Sté Méridien ; Civ. 1re,
11 févr. 1997, Strojexport, n° 94-21500).
La compétence internationale de source interne
§.3 Litispendance
Exception de litispendance à deux conditions :
- Décision étrangère susceptible d’être reconnue en France (Civ. 1 re, 26 nov. 1974, Miniera
di Fragne, n° 73-13820). Notamment si méconnait de l’ordre public international ou
dessaisissement de la juridiction étrangère (Civ. 1re, 6 déc. 2005, Sté Nestlé, n° 02-19208).
- Matière ne relevant pas d’une compétence exclusive de la juridiction française (immobilier
; assurance : Civ. 1re, 31 janv. 1995, Sté Couach, n° 92-20224).

L’exception de litispendance ne peut être fondée sur une décision étrangère ayant prononcé
une injonction de ne pas saisir une juridiction étrangère, sauf si l’interdiction résulte d’une
CAJ (Civ. 1re, 14 oct. 2009, n° 08-16369, Sté In Zone Brands International).

Connexité : faculté du juge (Civ. 1re, 20 oct. 1987, Cressot, n° 85-18877).


QCM
La société française Inko a conclu un contrat de vente avec la société Delta, dont le siège
social est à Istanbul, portant sur des marchandises fabriquées en Tunisie. Les marchandises
ont été réceptionnées par l’acquéreur au port d’Izmir. La société Delta a refusé de payer
l’intégralité du prix en prétextant de la défectuosité des marchandises. La juridiction turque
est compétente sur le fondement du Règlement Bruxelles I bis.
( ) Vrai
( ) Faux

La société libanaise Butec s'est engagée, par contrat, à fournir à la société irakienne State
Establishment for Pipelines (SEP) des équipements industriels. Des acomptes successifs sur
le prix ont été versés par la société SEP, en échange d'une garantie de restitution à première
demande émise à son profit par la Rafidain Bank de Bagdad, elle-même contre-garantie par
la société Union des banques arabes et françaises (UBAF), au profit de laquelle la société
Butec a constitué un gage-espèces du montant des acomptes versés. La société Butec a saisi
la juridiction FR en vue de faire constater l’extinction du gage. La compétence à l’égard
l’UBAF dont le siège est en France entraîne la compétence FR à l’égard des codéfendeurs
étrangers (Rafidain et SEP).
( ) Vrai
( ) Faux
QCM
La société de droit israélien Magic Limited a accordé la société française Eurofood la distribution
exclusive de plusieurs produits sous sa marque dans l’UE pour 5 ans, le contrat stipulant de nombreuses
obligations à la charge de la société FR (non-concurrence, organisation de promotions, partage
d’informations commerciales). La société Eurofood invoque des inexécutions contractuelles et une
rupture abusive du contrat. La juridiction française est incompétente car la livraison des marchandises
était fixée en Israël.
( ) Vrai
( ) Faux

La société française Mastah a fait pratiquer une saisie-attribution sur le compte bancaire de la société
ivoirienne Giga, auprès de la Banque ivoirienne d’affaires (BIA), en exécution d’une créance résultant
d’une condamnation française. Reprochant à la banque (tiers saisi) de ne pas l’avoir informé des autres
comptes détenus par la société Giga, la société Mastah veut engager la responsabilité du tiers saisi. Les
juridictions françaises sont compétentes pour statuer sur une action en responsabilité civile exercée par
un Français à l'encontre d'un tiers saisi étranger.
( ) Vrai
( ) Faux

La société française Eurofood a assigné Abdel devant le tribunal de commerce d’Alger en paiement
d’une créance. Mais la juridiction a pris acte d’une requête de la société en désistement. La société a
alors saisi la juridiction française. Abdel peut invoquer l’exception de litispendance.
( ) Vrai
( ) Faux
Cas pratiques
1/ Franck et Sara ont vécu en concubinage entre 2016 et 2021. Franck est parti vivre en
Grèce fin 2021 au moment où Sara a donné naissance à son fils, Frankie. Franck a toujours
refusé de reconnaître que l’enfant est de lui. Devant quelle juridiction Sara peut-elle exercer
l’action en recherche de paternité ?

2/ La société Vandel, dont le siège est en France, se fournissait auprès d’une société
ukrainienne ZF. Suite à la rupture de la relation commerciale, la société Vandel souhaite
poursuivre le fournisseur mais son avocat lui indique que la compétence relève d’une
juridiction étrangère. En revanche, il lui propose de procéder à une saisie conservatoire sur
un compte bancaire de la société ZF en France. La société Vandel peut-elle saisir le juge de
l’exécution alors que le fond du litige relève de la compétence d’une juridiction étrangère ?
La compétence internationale de source interne
Section 2 : Les privilèges de juridiction
§.1 Domaine d’application
Ratione personae : Compétence de la juridiction FR si demandeur (c. civ. art. 14) ou
défendeur (art. 15) de nationalité française.
Si le cessionnaire ou subrogé étranger de la créance d’un Français ne peut invoquer le
privilège, un créancier français qui exerce l’action oblique contre un étranger bénéficie du
privilège (Civ. 1re, 31 janv. 1995, Sté Couach, n° 92-20224).

Ratione materiae : Les privilèges de juridiction s’appliquent à toute matière sauf immobilier
et voies d’exécution.

Extension du privilège au demandeur étranger domicilié en France : en principe Règlement


Bruxelles I bis inapplicable si défendeur domicilié à l’étranger, toute personne domiciliée
dans un EM peut, comme les ressortissants de cet EM, invoquer le DIP de cet EM (art. 6.2).
Donc le demandeur étranger domicilié en France peut poursuivre un défendeur étranger en
invoquant l’art. 14 (Civ. 1re, 29 juin 2022, Sté BGFI Bank RDC, n° 21-10106).
La compétence internationale de source interne
§.2 Les caractéristiques des privilèges de juridiction
 Caractère facultatif : le demandeur FR peut saisir librement une juridiction étrangère
(Civ. 1re, 16 déc. 2009, n° 08-20305).
Le Français peut renoncer expressément ou tacitement au privilège (Civ. 1 re, 31 janv. 2006,
n° 04-20689 ; Civ. 1re, 22 mai 2007, n° 04-14716 ; Civ. 1re, 1er juill. 2009, Sté Valavia, n° 08-
15955 – insuffisance d’une déclaration d’intention d’exercer une action à l’étranger).

Les privilèges ne sont pas d’ordre public, de sorte que le juge ne peut les relever d’office
(Civ. 1re, 26 mai 1999, n° 97-15433).

La compétence fondée sur l’article 14 ne peut être écartée au motif que le litige se rattache
de manière caractérisée à l’Etat de la juridiction saisie et que ce choix n’est pas frauduleux
(divorce demandée en France à raison de la seule nationalité du demandeur : Civ. 1 re, 30
sept. 2009, n° 08-19793).

 Caractère non exclusif : Exception d’incompétence du juge FR si la juridiction


étrangère a été préalablement saisie + lien étroit entre le litige et l’Etat de la juridiction
saisie + absence de fraude (Civ. 1re, 23 mai 2006, Prieur, n° 04-12777 ; Civ. 1re, 22 mai
2007, Sté Fercométal, n° 04-14716 ; Civ. 1re, 30 sept. 2009, n° 08-18769 et n° 08-17587).
La compétence internationale de source interne
Section 3 : La compétence internationale fondée sur la volonté des parties

§.1 La clause attributive de compétence

3 conditions : (i) Contrat international ;


(ii) CAC ne portant pas sur une compétence exclusive (ex. Soc. 21 janv. 2004, Sté United
Airlines, n° 01-44215) ;
(iii) Clause valable au fond (consentement) et quant à la forme (écrit).

CAC emporte une compétence exclusive. Mais ne fait pas obstacle à l’extension de la
compétence de la juridiction du domicile d’un défendeur pour connaître des actions contre
les codéfendeurs en cas d’indivisibilité des demandes (Civ. 1re, 23 oct. 1990, La guerre du
feu, n° 88-18600).

§.2 L’arbitrage (CPC art. 1504 et s.)


QCM
La société française Inko a conclu un contrat de vente avec la société Delta, dont le siège social est à Munich, portant sur des
marchandises fabriquées en Tunisie. Les marchandises ont été réceptionnées par l’acquéreur au port de Trieste. La société Delta
a refusé de payer l’intégralité du prix en prétextant de la défectuosité des marchandises. La juridiction française n’étant
compétente ni sur le fondement du Règlement Bruxelles I bis, ni sur le fondement d’une clause attributive de juridiction, la
société française peut invoquer le privilège de juridiction.
( ) Vrai
( ) Faux

La société française Inko a conclu un contrat de vente avec la société Delta, dont le siège social est à Istanbul, portant sur des
marchandises fabriquées en Tunisie. Les marchandises ont été réceptionnées par l’acquéreur au port d’Izmir. La société Delta a
refusé de payer l’intégralité du prix en prétextant de la défectuosité des marchandises. La juridiction française n’étant
compétente ni sur le fondement du Règlement Bruxelles I bis, ni sur le fondement d’une clause attributive de juridiction, la
société française peut invoquer le privilège de juridiction.
( ) Vrai
( ) Faux

Jim de nationalité congolaise, employé en RDC par la société congolaise BGFI Bank a fui son pays et obtenu le statut de
réfugié en France en raison de menaces provenant de ses supérieurs. Il souhaite saisir la juridiction française d’une action en
responsabilité contre son ancien employeur. Bien que Jim soit domicilié en France, la juridiction FR est incompétente car le fait
générateur de responsabilité a eu lieu à l’étranger et que le Règlement Bruxelles I bis retient la compétence du domicile du
défendeur ou du lieu de la survenance du dommage.
( ) Vrai
( ) Faux
QCM
La société Valair a acheté un avion construit par la société américaine Boeing dont elle a confié la
maintenance à la société française CCESC qui a établi un devis en 2022 en vue d’une inspection
réglementaire. Une société d’expertise américaine l’a informé que le constructeur de l’avion n’avait pas
installé un train avant correspondant au modèle agréé. Une expertise a été ordonnée en référé à
l’occasion de laquelle la société Valair a indiqué qu’elle comptait engager une action au Etats-Unis
contre la cie Boeing. Elle a toutefois saisi la juridiction française sans avoir saisi un tribunal américain.
La juridiction française est incompétente en raison de la renonciation au privilège de juridiction.
( ) Vrai
( ) Faux

La société de droit saoudien Saudi Corporation a confié à la société française Ten Inter la construction
d’un nouveau siège social à Riyad. Le contrat de construction immobilière rédigé en langue arabe
comportait une clause attributive de juridiction au profit de la juridiction saoudienne. Celle-ci a été
saisie par la société Ten Inter à la suite d’un litige mais s’est déclarée incompétente au motif que le
litige était civil et non commercial. La société FR a alors saisi le TC de Paris. Selon la société Saudi
Corporation, la juridiction est incompétente car le litige n’a pas de rattachement significatif avec la
France.
( ) Vrai
( ) Faux
Cas pratiques
1/ Alfred, ressortissant américain domicilié aux Etats-Unis, a commandé à la société Cach, ayant son siège dans l’Etat de
Floride, un bateau de plaisance à construire dans les chantiers de la société française Guy Cach Plascoa dont le siège social est
en Vendée. Une retenue de garantie avait été constituée entre les mains de M. Alpha. La société Guy Cach Plascoa, exerçant les
droits de sa débitrice, la société Cach Inc. alors en liquidation, souhaite assigner Alfred, M. Alpha et le liquidateur de la société
Cach Inc. devant le tribunal judiciaire de la Roche-sur-Yon. Selon Alfred, la juridiction est incompétente au motif que les
parties au contrat étaient de nationalité américaine et que tant le lieu de conclusion du contrat que celui de la livraison étaient
aux Etats-Unis.

2/ Odile, de nationalité française, et Walter, de nationalité américaine, résidaient aux Etats-Unis. Ils ont eu deux enfants, Emma,
née le 12 janvier 2015 dans le Michigan, et Arthur, né le 10 février 2018 à Lyon. Odile a quitté les Etats-Unis avec sa fille le 12
novembre 2021 pour s’établir au Canada. Elle a assigné Walter en divorce le 10 décembre 2021 devant le JAF de Lyon. Walter
a déposé une requête en divorce auprès du tribunal du comté d’Oakland le 26 décembre 2021. Selon l’avocat de Walter, la
juridiction française n’est pas compétente sur le fondement de l’article 3 du Règlement Bruxelles II ter, et l’article 14 du code
civil ne consacre qu’une compétence facultative impropre à exclure la compétence du juge étranger. Qu’en pensez-vous ?

3/ La société française Fercométal a livré à la société algérienne COPROS, 4900 tonnes de ronds à béton, chargés à Odessa
(Ukraine) sur le navire M/V Rentov à destination d’Alger. La première partie de la livraison a été payée, mais la seconde partie
d'une valeur de 612 751 USD, arrivée au port d'Alger le 2 février 2019 a été déchargée, dédouanée et enlevée sans que le prix
en ait été payé. Estimant que la Banque de développement local (BDL), banque domiciliataire algérienne de l'opération
d’importation, avait commis une faute, la société Fercométal l’a assignée le 15 mai 2020 devant le tribunal de commerce de
Paris en responsabilité et indemnisation de son préjudice. Selon la société BDL, aucun critère permet de retenir la compétence
de la juridiction française dès lors que l’ensemble de l’opération a eu lieu à l’étranger et que la responsabilité de la banque en sa
qualité d’intermédiaire serait fondée sur le droit algérien en matière de commerce extérieur. Qu’en pensez-vous ?
TITRE 2 : Les conflits de lois – Introduction
Catégories des règles de conflit de lois :
- Unilatérale : désigne uniquement la loi du for ;
- Multilatérale : désigne la loi applicable selon un critère de rattachement.

Types de critères de rattachement :


- Critère de rattachement unique (ex. lieu de rédaction de l’acte – c. civ. art. 47) ;
- Critère de rattachement alternatif (ex. art. 27 Règlement UE Successions ; c. civ. art. 202-
1, al. 2) ;
- Critère de rattachement subsidiaire (ex. art. 3 du protocole de La Haye sur la loi applicable
aux obligations alimentaires auquel renvoie le Règlement UE Obligations alimentaires
2008 ; c. civ. art. 311-14) ;
- Critère de rattachement distributif ou cumulatif (ex. c. civ. art. 202-1, al. 1 er) ;
- Critère de rattachement flexible – notamment critère du lien les plus étroits (Bruxelles I bis
art. 4.3 et 4.4).

Exclusion de la règle de conflit :


- En amont : Loi de police toujours appliquée par la juridiction saisie (ex. c. civ. art. 202-1) ;
- En aval : Ordre public international exclu la loi étrangère contraire aux valeurs
fondamentales de la juridiction saisie.
Sous-Titre 1 : Les règles de conflits de lois – Le statut personnel
Section 1 : Le principe
« Les lois concernant l’état et la capacité des personnes régissent les Français, même
résidant en pays étranger » (c. civ. art. 3, al. 3).
Règle unilatérale a été multilatéralisée = Loi de la nationalité (naissance, décès, état civil,
filiation, domicile, capacité, situation matrimoniale).

Section 2 : Les exceptions et tempéraments


§.1 Le mariage
I – La formation du mariage
Convention de NY, 10 déc. 1962 : consentement libre ; âge minimum ; inscription sur un
registre officiel.

A – Les conditions de forme du mariage


 Locus regit actum. « Le mariage est valablement célébré s'il l'a été conformément aux
formalités prévues par la loi de l'Etat sur le territoire duquel la célébration a eu lieu » (c. civ.
art. 202-2). « Le mariage contracté en pays étranger entre Français, ou entre un Français et
un étranger, est valable s'il a été célébré dans les formes usitées dans le pays de célébration
et pourvu que le ou les Français n'aient point contrevenu aux dispositions contenues au
chapitre Ier du présent titre » (art. 171-1).
Sous-Titre 1 : Les règles de conflits de lois – Le statut personnel
 Mariage du Français à l’étranger. Certificat de capacité à mariage délivré après
vérification art. 63 (art. 171-2), notamment audition des futurs époux et, en cas d’indices
sérieux de nullité (majorité, consentement, présence, bigamie, inceste, violence), saisine du
procureur pour opposition.
Seule la présence d’un Français est exigée (art. 146-1), de sorte qu’un étranger peut se
marier par procuration (Civ. 1re, 18 mars 2020, n° 19-11573).

 Transcription de l’acte de mariage étranger. Exigée pour l’opposabilité aux tiers (non
pour les obligations entre époux et à l’égard des enfants). En l’absence de certificat de
capacité à mariage, elle est subordonnée à la procédure art. 63 (audition).
Sous-Titre 1 : Les règles de conflits de lois – Le statut personnel
B – Les conditions de fond du mariage
 Critère distributif : Loi nationale de chaque époux (art. 202-1, al. 1 er).
Problème – les conditions concernent la relation entre époux, de sorte qu’il suffirait qu’une seule loi prohibe
la mariage pour que celui-ci soit nul : prohibition de la bigamie ; doute sur l’erreur sur les qualités
essentielles.
Mariage valable si les lois autorisent la bigamie (Civ. 1 re, 24 sept. 2002, n° 00-15789 ; Civ. 1 re, 28 janv. 1958,
Chemouni), ce qui emporte régime matrimonial, créance entre époux, succession, présomption de paternité,
prestations sociales.
Par exception : interdiction de titre de séjour ; regroupement familial limité à un époux ; obstacle à
l’acquisition de la nationalité, pension de réversion qu’au premier conjoint.

 Loi de police : Consentement au sens de l’art. 146 c. civ. (intention matrimoniale) et absence de violence
(art. 202-1, al. 1er qui contredit Civ. 1re, 1er juin 2011).

 Dérogation (art. 202-1, al. 2 ; Civ. 1 re, 28 janv. 2015, n° 13-50059).

II – Les effets non patrimoniaux du mariage

Nationalité commune sinon domicile commune sinon loi française comme loi du for (Civ. 1 re, 17 avr. 1953,
Rivière).
Les règles de conflits de lois – Le statut personnel
§.2 Le divorce
I – La règle internationale
Règlement UE Rome 3, n° 1259/2010 sur la loi applicable au divorce.
Loi du divorce réglemente les causes de divorce et ses conséquences (nom, logement, mesures
provisoires) à l’exception des effets patrimoniaux (contribution aux charges, régime matrimonial,
prestation compensatoire).
Les critères du Règlement Rome 3 sont d’application universelle, i.e. peuvent conduire à désigner la loi
d’un Etat qui ne fait pas partie de l’UE.

A – Le choix de la loi du divorce


Les époux peuvent à tout moment désigner la loi applicable au divorce parmi (art. 5) :
- la loi de la résidence habituelle des époux au moment de la conclusion de la convention, ou
- la loi de la dernière résidence habituelle des époux pour autant que l’un d’eux y réside encore au
moment de la conclusion de la convention, ou
- la loi de l’État de la nationalité de l’un d’eux au moment de la convention, ou
- la loi du for.
Validité matérielle du choix (acte isolé ou stipulation du contrat de mariage) : loi désignée (art. 6).
Validité formelle : écrite, datée et signée (art. 7) + loi de la résidence habituelle.
Le choix d’une loi d’un Etat déterminée est valable si elle correspond à celle de la juridiction saisie (loi
du for) au jour de la demande en divorce (Civ. 1 re, 26 janv. 2022, n° 20-21542).
Les règles de conflits de lois – Le statut personnel
B – L’absence de choix de la loi du divorce
À défaut de choix, le divorce est soumis à la loi de l’État (art. 8) :
a) de la résidence habituelle des époux au moment de la saisine de la juridiction ; ou, à
défaut,
b) de la dernière résidence habituelle des époux, pour autant que cette résidence n’ait pas
pris fin plus d’un an avant la saisine de la juridiction et que l’un des époux réside encore
dans cet État au moment de la saisine de la juridiction ; ou, à défaut,
c) de la nationalité des deux époux au moment de la saisine de la juridiction ; ou, à défaut,
d) dont la juridiction est saisie.

La loi du for (de la juridiction saisie) est applicable si la loi désignée par le Règlement
n’autorise pas le divorce ou n’accorde pas une égalité entre époux (art. 10), ce n’est pas le
cas de la loi italienne qui subordonne le divorce à une séparation de corps (CJUE, 16 juill.
2020, C-249/19).

Exclusion du renvoi (art. 11).

N.B. : le droit interne (c. civ. art. 309) sans intérêt en raison du caractère universel du
Règlement Rome 3 (art. 4) et de l’application subsidiaire de la loi de la juridiction du for.
Les règles de conflits de lois – Le statut personnel
§.3 Les partenariats et le concubinage

« Les conditions de formation et les effets d'un partenariat enregistré ainsi que les causes et
les effets de sa dissolution sont soumis aux dispositions matérielles de l'État de l'autorité qui
a procédé à son enregistrement » (c. civ. art. 515-7-1).
N.B. pour les effets patrimoniaux, il faut appliquer le Règlement 2006 Effets patrimoniaux
du pacs.

Aucune règle propre pour le concubinage : application distributive/absence de loi unique.


Ex. dommage lié la rupture fautive (Règlement Rome 2 relatif à la loi applicable aux
obligations non contractuelles) ; litige sur l’indivision (Règlement Rome 1 relatif à la loi
applicable aux obligations contractuelles) ; immeuble (Loi de la situation de l’immeuble),
etc.
Les règles de conflits de lois – Le statut personnel
§.4 La filiation
I – La filiation par le sang

La filiation est régie par la loi personnelle de la mère au jour de la naissance de l'enfant ; si la mère
n'est pas connue, par la loi personnelle de l’enfant (c. civ. art. 311-14).
 Modes d’établissement de la filiation (sauf reconnaissance), conditions des actions en recherche
et contestation de filiation (titulaire de l’action, prescription, expertise).

Obligation du juge FR de rechercher la nationalité de la mère au jour de la naissance avant de se


fonder sur la loi nationale de l’enfant (Civ. 1re, 27 mai 2010, n° 09-14881).
L’expertise biologique n’est pas de droit si la loi nationale de la mère ne le prévoit pas (Civ. 1 re, 24
mai 2018, n° 16-21163).
L’art. 311-11 n’exclut pas que le juge FR procède au renvoi par application de la règle de conflit de
la loi désignée (Civ. 1re, 4 mars 2020, n° 18-26661).

Reconnaissance valable si conforme soit à la loi nationale de l’auteur soit à la loi nationale de
l’enfant (art. 311-17) = rattachement alternatif. La contestation de la reconnaissance doit être
possible selon les lois nationales de l’auteur et de l’enfant = rattachement cumulatif (Civ. 1 re, 6 juill.
1999, n° 97-19453 ; Civ. 1re, 15 mai 2019, n° 18-12602).

Contrôle de l’OPI : Civ. 1re, 26 oct. 2011, n° 09-71639 ; Civ. 1re, 27 sept. 2017, n° 16-19654 ; Civ.
1re, 16 déc. 2020, n° 19-20948.
Les règles de conflits de lois – Le statut personnel
II – La filiation adoptive
Adoption internationale – Résidence habituelle de l’enfant à l’étranger avec placement en France en vue
de l’adoption par des Français ;
- Résidence habituelle de l’enfant en France et adoption par des étrangers (rare).

 Adoption en France. Obligation d’adopter par l’intermédiaire d’un organisme habilité + agrément
administratif pour adopter un enfant étranger (art. 353).
Loi applicable aux conditions de l’adoption : Loi nationale de l’adoption, sinon de la nationalité
commune du couple, sinon de leur résidence habituelle, sinon loi du for (art. 370-3).
Ex. la loi étrangère interdit l’adoption par un couple non marié ou homosexuel.

En toute hypothèse - prohibition de l’adoption si la loi nationale des deux membres du couple l’interdit ;
- prohibition si la loi nationale du mineur étranger l’interdit, sauf s’il est né et réside en France (Civ. 1 re,
19 oct. 1999, n° 97-20345 ; Civ. 1re, 10 oct. 2006, n° 06-15264 ; Civ. 1re, 25 févr. 2009, n° 08-11033).
Loi de police (art. 360-3, in fine) = Consentement du représentant légal (libre, sans contrepartie, éclairé
sur les effets).

 Adoption à l’étranger. Transcription de l’acte d’adoption en France. Le procureur et le cas échéant le


TJ vérifie le respect des conditions de la loi applicable et de l’OPI dans le cadre d’une procédure en
exequatur.

 Effet de l’adoption internationale (c. civ. art. 370-4).


Chapitre 2 : Le statut réel
Compétence exclusive : juridiction du lieu de situation de l’immeuble.
Règlement Rome I, art. 4 : le contrat ayant pour objet un droit réel immobilier ou un bail
d’immeuble est régi par la loi du pays dans lequel est situé l’immeuble.
Ex. hypothèque (c. civ. art. 2413).

Pour les meubles : si le litige porte sur un contrat = Compétence générale en matière
contractuelle : Règlement Rome I ; en ce sens, l’action en restitution des biens grevés d’une
clause de réserve de propriété n’est pas une action dérivant directement de la procédure
collective de l’acheteur, elle échappe au Règlement Insolvabilité même si le bien est situé dans
l’EM de l’ouverture de la procédure, implicitement la loi de la procédure ne lui est pas
applicable (CJCE, 10 sept. 2009, German Graphics, C-292/08).

Pour les meubles : si le litige porte sur l’opposabilité du droit réel mobilier, il ne porte pas sur
le contrat (Rome I) mais sur un droit réel (DIP de source interne = lieu de situation du bien).
La loi française « est seule applicable aux droits réels dont sont l'objet des biens mobiliers
situés en France », ainsi loi FR applicable à l’opposabilité en France du gage conclu à
l’étranger (Civ. 1re, 3 mai 1973, Sté Financiering Bank NV, n° 70-13383 ; Civ. 1re, 8 juill. 1969,
n° 268) = inscription au RSM ; loi FR posant la présomption de propriété mobilière du
possesseur si le bien est en France (Civ. 1re, 3 févr. 2010, Arman, n° 08-19293 et 22 mars 2012,
n° 10-28590).
Chapitre 3 : Les contrats
CVIM (1980) – vente de marchandises entre des parties ayant leur établissement dans un
Etat différent si ces Etats sont parties ou si l’un de ces Etats est désigné par la règle de
conflit.
CVIM applicable aux ventes conclues en exécution d’un contrat-cadre (Com. 20 févr. 2007,
Sté Mimusa, n° 04-17752).
Autres contrats internationaux dont les règles matérielles sont prévues par une convention :
Transport international de marchandises par mer (Vienne, 2009) ; Transport aérien
(Montréal, 1999).

Le Règlement n° 593/2008 du 17 juin 2008 sur la loi applicable aux obligations


contractuelles (Rome I) est applicable en présence
(i) d’une situation comportant un conflit de lois,
(ii) relative aux obligations contractuelles, et
(iii) en matière civile et commerciale.
Matières inclues : droit des contrats (formation, exécution), régime de l’obligation, preuve.
Matières exclues : mode de preuve (loi du for) ; capacité ; droit des sociétés ; négociations
précontractuelles ; régimes matrimoniaux, etc.
Exécution forcée : loi de l’Etat du lieu d’exécution (art. 12.2).
Exclusion du renvoi (art. 20).
Caractère universel (art. 2).
Les contrats – Règlement Rome I
§.1 Le principe d’autonomie (art. 3)

Le choix de la loi applicable peut résulter d’un écrit ou des circonstances. La loi choisie peut
concerner tout ou partie du contrat.
Les parties peuvent modifier la loi choisie sans que cela n’affecte la validité formelle du
contrat et les droits des tiers.

Lois de police/d’ordre public = Etat dans lequel tous les éléments de la situation
contractuelle sont localisés. Si plusieurs Etats, alors règles d’ordre public de l’UE.

Le consentement au choix de la loi applicable relève des règles du consentement au contrat.

La loi choisie est applicable à la qualification du contrat (agent commercial : Civ. 1 re, 11
janv. 2023, SWN, n° 21-18683 ; n.b. : territorialité du statut protecteur de l’agent établi au
sein de l’UE : CJCE, 9 nov. 2000, Ingmar ; contra au sein de l’UE Com. 28 nov. 2000, n°
98-11.335 et 5 janv. 2016, Sté ArcelorMittal, n° 14-10628 – exclusion statut FR pour l’agent
FR dont le contrat est soumis à la loi allemande).
Les contrats – Règlement Rome I
§.2 La loi applicable à défaut de choix (art. 4)

À défaut de choix, la loi applicable au contrat est :


- Pour la vente, la loi du pays dans lequel le vendeur a sa résidence habituelle ;
- Pour la prestation de services, la loi du pays de la résidence habituelle du prestataire ;
- Pour le contrat portant sur un droit réel immobilier ou un bail d'immeuble, la loi du pays
dans lequel est situé l'immeuble ;
Cependant, le bail d'immeuble conclu en vue de l'usage personnel temporaire pour une
période maximale de six mois consécutifs est régi par la loi du pays dans lequel le
propriétaire a sa résidence habituelle, à condition que le locataire soit une personne physique
et qu'il ait sa résidence habituelle dans ce même pays (de la résidence habituelle du
propriétaire) ;
- Pour le contrat de franchise, la loi du pays dans lequel le franchisé a sa résidence habituelle
;
- Pour le contrat de distribution, la loi du pays dans lequel le distributeur a sa résidence
habituelle.
Pour les autres contrats, la loi du pays dans lequel la partie qui doit fournir la prestation
caractéristique a sa résidence habituelle.
Les contrats – Règlement Rome I
§.3 Les contrats soumis à des règles protectrices

I – Le contrat de transport (art. 5)

A – Transport de marchandises
Principe d’autonomie = choix de la loi applicable.
A défaut de choix  loi du pays dans lequel le transporteur a sa résidence habituelle, pourvu que le
lieu de chargement ou le lieu de livraison ou la résidence habituelle de l'expéditeur se situe aussi dans
ce pays ;
 Si ces critères ne sont pas réunies, loi du pays où se situe la livraison convenu par les parties.

B - Transport de passagers
La loi choisie doit être la loi du pays dans lequel a) le passager a sa résidence habituelle, ou
b) le transporteur a sa résidence habituelle, ou
c) le transporteur a son lieu d'administration centrale, ou
d) le lieu de départ est situé, ou
e) le lieu de destination est situé.
A défaut de choix  loi du pays dans lequel le passager a sa résidence habituelle, pourvu que le lieu
de départ ou le lieu d’arrivée se situe dans ce pays ;
 Si ces critères ne sont pas réunies : loi du pays dans lequel le transporteur a sa résidence habituelle.
Les contrats – Règlement Rome I
II – Les contrats de consommation (art. 6)

Le contrat conclu entre une personne physique pour un usage étranger à son activité
professionnelle et un professionnel est régi par la loi du pays où le consommateur a sa
résidence habituelle à condition que le professionnel :
- exerce son activité dans le pays dans lequel le consommateur a sa résidence habituelle, ou
- par tout moyen, dirige son activité vers ce pays ou vers plusieurs pays dont celui-ci (Civ.
1re, 12 juill. 2005, n° 02-16915),
- et que le contrat rentre dans le cadre de cette activité.

Cependant, les parties peuvent choisir une autre loi, mais son application ne peut jamais
évincer les dispositions impératives de la loi de la résidence habituelle du consommateur.

La clause de choix de la loi applicable peut être abusive : absence de rédaction claire et
compréhensible notamment sur le maintien des dispositions impératives de la loi de la
résidence habituelle du consommateur (CJUE 28 juill. 2016, C-191/15, VFK c. Amazon EU
Sarl ; CJUE 3 oct. 2019, C-272/18, Verein fur Konsumenteninformation).
Les contrats – Règlement Rome I
III – Les contrats d’assurance (art. 7)

Contrats d’assurance couvrant les grands risques (c. ass. art. L. 111-6 et R. 111-1)  Loi choisie par les parties ;
à défaut de choix, le contrat d’assurance est régi par la loi du pays où l’assureur a sa résidence habituelle, sauf
liens manifestement plus étroits avec un autre pays.
Idem art. L. 181-1, 5° c. ass. – Exception lorsque tous les éléments du contrat sont localisés au moment de ce
choix sur le territoire de la République française = les dispositions impératives visées par l’art. L. 111-2
s’appliquent = ce texte qualifie explicitement ces dispositions de lois de police.

Autres contrats d’assurance  les parties peuvent uniquement choisir : a) la loi de tout État membre où le risque
est situé au moment de la conclusion du contrat ; b) la loi du pays dans lequel le preneur d'assurance a sa
résidence habituelle ou son siège (…) ;
à défaut de choix, le contrat est régi par la loi de l’EM où le risque est situé au moment de la conclusion du
contrat. Si les risques se situent dans différents pays, le juge fait comme s’il y avait plusieurs contrats.
L’art. L. 181-1, 1° c. ass. dispose que la loi FR est applicable exclusivement si le souscripteur et le risque sont en
France. Si le souscripteur est domicilié à l’étranger (ou inversement si le risque est à l’étranger), il est possible de
choisir entre la loi de situation du risque et la loi de la résidence habituelle du souscripteur (2°).

Rappel loi de police (L. 181-3) et extension aux lois de police de l’EM qui impose une obligation d’assurance et
que le risque est situé dans cet EM.

Application exclusive de la loi FR si le contrat vise à se conformer à l’obligation d’assurance imposée par le droit
FR (art. L. 182-1).
Les contrats – Règlement Rome I
III – Les contrats de travail (art. 8)

Choix des parties mais ne peut priver le salarié des dispositions protectrices prévues par la
loi qui aurait été applicable en l’absence de choix.

En l’absence de choix, le contrat de travail est régi par la loi du pays dans lequel ou, à
défaut, à partir duquel le travailleur, en exécution du contrat, accomplit habituellement son
travail. Si cette loi ne peut pas être déterminée, le contrat relève de la loi du pays dans lequel
est situé l’établissement qui a embauché le travailleur.

// Dispositions de la loi FR applicables aux salariés détachés (c. trav. art. L. 1262-4).
Les contrats – Règlement Rome I
§.4 Les règles spéciales en droit des contrats

I – La validité du contrat ou d’une clause quant au fond (art. 10)

 Validité soumise à la loi applicable si le contrat ou la clause avait été valable.


 Incapacité d’une partie fondée sur sa loi nationale ne peut être invoquée si les parties se
trouvent dans le même pays dont la loi retient leur capacité (art. 13).

II – La validité du contrat quant à la forme (art. 11)

Si les parties ou leurs représentants sont dans le même pays, le contrat est valable quant à la
forme s’il est conforme : (i) à la loi du contrat, ou
(ii) à la loi du lieu de la conclusion.

Si les parties ou représentants sont dans des Etats différents : loi du contrat, ou loi de l’Etat
dans lequel se trouve l’une des parties lors de la conclusion, ou loi de la résidence habituelle
d’une partie lors de la conclusion.

Exceptions = lois de police notamment contrat de consommation (loi de la résidence habituelle


du consommateur), bail ou droit réel immobilier (loi de la situation de l’immeuble), etc.
Les contrats – Règlement Rome I
III – La cession de créance et la subrogation conventionnelle

Définition : cession de créance (c. civ. art. 1321) et subrogation (art. 1346-1).

Relation cédant/cessionnaire et subrogeant/subrogé  « Loi qui s’applique au contrat qui


les lie » (art. 14). En d’autres termes, soit la cession/subrogation est isolée (Règlement
applicable à la cession : résidence habituelle de la partie qui fournit la prestation
caractéristique = cédant) ou elle est l’accessoire d’un contrat plus général (assurance,
affacturage, prêt ?).
Cette loi régit : obligation de céder ou de subroger ; rémunération ; date du transfert ;
garanties quant à l’existence de la créance et la solvabilité du débiteur cédé.

Relation cédé/cessionnaire et débiteur/subrogé  Loi de la créance transmise.


Cette loi régit la détermination de la dette, l’opposabilité au débiteur, l’opposabilité des
exceptions (ex. prescription ; Com. 21 juin 2016, n° 14-25359). Loi de police = nullité de la
clause qui interdit la cession de créance à des tiers (c. com. art. L. 442-3).
Les contrats – Règlement Rome I
III – La compensation légale (art. 17)

Conditions (créances réciproques, certaines, liquides et exigibles) et Effets (effet de plein droit, exceptions –
délai de grâce, demande, prescription) relèvent de la loi applicable à l’obligation contre laquelle la
compensation est invoquée.

IV – Exécution forcée, mesures provisoires & conservatoires

Règlement Bruxelles I bis, art. 41 : Les voies d’exécution sont régies par la loi de l’EM du lieu d’exécution.
Cependant, le Règlement prévoit
(i) la libre circulation des titres exécutoires, de sorte qu’un titre exécutoire peut être exécuté dans tout EM sans
exequatur – conditions : Copie exécutoire + certificat art. 53 (mais nonobstant le titre exécutoire, la voie
d’exécution se heurte à l’absence de créance liquide et exigible (Civ. 2e, 2 déc. 2021, n° 20-14092).
(ii) une procédure d’injonction de payer européenne.
Exception : Ordonnance de saisie conservatoire européenne des comptes bancaires (Règlement OSCE, n°
655/2014).

Bruxelles I bis, art. 35 : Les mesures provisoires et conservatoires sont régies par la loi de l’EM de l’exécution de
la mesure provisoire (CJCE, 17 nov. 1998, Van Uden, C-391/95 ; Civ. 1re, 13 avr. 1999, n° 97-17626, Sté Bachy ;
Civ. 1re, 4 juill. 2007, Sté Vandel, n° 04-15367 ; CJUE 6 oct. 2021, Toto SpA, aff. C-581/20).
Les contrats – Règlement Rome I
§.5 Les lois de police et l’exception d’ordre public international

I – Les lois de police (art. 9)

La loi de l’EM qui satisfait à la protection minimale prescrite par la directive sur les agents
commerciaux choisie par les parties à un contrat d’agence commerciale, peut être écartée par la
juridiction saisie, établie dans un autre EM, en faveur de la lex fori pour un motif tiré du caractère
impératif, dans l’ordre juridique de ce dernier EM, des règles régissant la situation des agents
commerciaux (CJUE, 17 oct. 2013, United Antwerp Maritime Agencies (Unamar), C-184/12).

Les exclusions contenues dans la police d’assurance doivent être formelles et limitées (c. ass. art. L.
113-1 ; Civ. 2e, 8 oct. 2009, Sté Allianz Belgium, n° 08-13149 et 15 juin 2023, Sté AIG, n° 21-20538 ;
ex. non international : Civ. 2e, 17 juin 2021, n° 19-24467, CNP Assurances).
Les clauses des polices d’assurance édictant des nullités, des déchéances ou des exclusions ne sont
valables que si elles sont mentionnées en caractères très apparents (c. ass. art. L. 112-4, dernier al. ;
Civ. 1re, 29 janv. 2020, Sté Generali, n° 18-26146).

Les dispositions de l’art. L. 442-1, dont le respect est jugé crucial pour la préservation d'une certaine
égalité des armes et loyauté entre partenaires économiques et qui s'avèrent donc indispensables pour
l'organisation économique et sociale de la France, constituent des lois de police (Com. 8 juill. 2020,
Sté Expedia, n° 17-31536 – clause de la dernière chambre disponible = obligation de les proposer à
l’intermédiaire au meilleur prix).
Les contrats – Règlement Rome I
II – L’exception d’ordre public international

La prohibition des clauses potestatives ne relève pas de l’OPI (Civ. 1 re, 7 déc. 2022, n° 21-
17492).
Chapitre 4 : La responsabilité civile
Section 1 : Le règlement Rome II du 11 juill. 2007 sur la loi applicable aux obligations non
contractuelles

Applicabilité du Règlement  Une situation de conflit de lois  Une obligation non contractuelle 
En matière civile et commerciale.
Règlement a un caractère universel : la loi désignée peut être celle d’un Etat non membre de l’UE (art.
3).
Règlement est général en ce qu’une convention spéciale peut y déroger (art. 28). Ainsi, la convention de
La Haye du 4 mai 1971 sur la loi applicable aux accidents de la circulation routière, ratifiée par la
France, s’applique même en référé et exclut que le juge se fonde sur Rome II : Civ. 1re, 18 nov. 2020, Sté
MAAF, n° 19-17924).
Sont exclus : relations familiales, régimes matrimoniaux, droits de la personnalité.

§.1 La détermination de la loi applicable en responsabilité civile

I – La règle générale (art. 4)

 Loi du pays où le dommage est survient, quel que soit le pays où le fait générateur se produit et quels
que soient le ou les pays dans lesquels des conséquences indirectes de ce fait surviennent (art. 4.1).
 Exception : si le défendeur et la victime ont leur résidence habituelle dans le même pays au moment
de la survenance du dommage, la loi de ce pays est applicable (art. 4.2).
 Exception aux deux règles de conflit : Loi du pays ayant des liens manifestement plus étroits avec le
fait dommageable compte de toutes les circonstances.
Chapitre 4 : La responsabilité civile
II – La responsabilité du fait des produits (art. 5)

Rattachement alternatif – en cas de dommage causé par un produit, la loi applicable est :
a) la loi du pays dans lequel la personne lésée avait sa résidence habituelle au jour du
dommage, si le produit a été commercialisé dans ce pays ; ou à défaut
b) la loi du pays dans lequel le produit a été acheté, si le produit a été commercialisé dans ce
pays ; ou à défaut
c) la loi du pays dans lequel le dommage est survenu, si le produit a été commercialisé dans
ce pays.

Exception : loi de la résidence habituelle du défendeur s’il ne pouvait raisonnablement


prévoir la commercialisation du produit dans le pays dont la loi est désignée par la règle de
conflit.
Exception : loi des liens les plus étroits (art. 5.2).
Chapitre 4 : La responsabilité civile
III – La concurrence déloyale et les actes restreignant la libre concurrence

Concurrence déloyale  Loi du pays sur le territoire duquel les relations de concurrence ou
les intérêts collectifs des consommateurs sont affectés ou susceptibles de l’être (art. 6.1).
 Exception si l’acte de concurrence déloyale n’affecte que les intérêts d’un concurrent
déterminé, i.e. n’affecte pas le marché = retour à la loi du lieu de réalisation du dommage
(art. 6.2).

Acte restrictif de concurrence  Loi du pays dans lequel le marché est affecté ou
susceptible de l’être (art. 6.3 a)).
 Si affectation du marché dans plusieurs pays, le demandeur qui agit devant la juridiction
du domicile du défendeur peut choisir la loi du for, pourvu que le marché de cet EM compte
parmi ceux qui sont affectés (idem si plusieurs défendeurs).

Ces règles de conflit sont d’ordre public, l’accord prévu à l’article 14 Règlement Rome II ne
peut y déroger.
Chapitre 4 : La responsabilité civile
IV – Les autres règles de confit

Atteinte à l’environnement (art. 7) ; Propriété intellectuelle (art. 8) ; Enrichissement sans


cause (art. 10) ; Gestion d’affaires (art. 11).

Culpa in contrahendo (art. 14)  Loi qui s’applique au contrat ou qui aurait été applicable
si le contrat avait été conclu.
Chapitre 4 : La responsabilité civile
§.2 Le choix de la loi applicable (art. 14)

Les parties peuvent choisir la loi applicable à l’obligation non contractuelle :


a) par un accord postérieur à la survenance du fait générateur du dommage ; ou
b) lorsqu’elles exercent toutes une activité commerciale, par un accord librement négocié
avant la survenance du fait générateur du dommage.

Le choix est exprès ou résulte de façon certaine des circonstances et ne porte pas préjudice
aux tiers.
Le choix ne peut déroger à l’application des règles impératives de la loi de l’Etat où tous les
éléments de la situation étaient localisés (art. 14.2).
Chapitre 4 : La responsabilité civile
§.3 Les règles communes

La loi applicable régit : conditions de la RC, régime de RC (exonération, partage de


responsabilité), préjudices réparables, transmissibilité du droit à réparation y compris par
succession, prescription, action récursoire d’un responsable (art. 20), preuve (art. 22), etc.

Exception de lois de police (art. 16) et de l’OPI (art. 26).

Action directe de la victime contre l’assureur RC si la loi applicable à l’obligation non


contractuelle (de l’assuré) ou la loi applicable au contrat d’assurance le prévoit (art. 18) –
critère alternatif.
Une fois l’action directe admise, elle reste soumise à la loi applicable au contrat d’assurance
(Civ. 1re, 18 déc. 2019, Sté MAAF, n° 18-14827).

Subrogation (art. 19) : lorsqu’un tiers a payé le créancier d’une obligation non contractuelle,
la loi de l’obligation du tiers détermine si et dans quelle mesure le tiers peut exercer les droits
du créancier contre le débiteur. Mais l’obligation du tiers reste régi par la loi applicable à la
relation créancier/débiteur (ex. prescription : CJUE 17 mai 2023, FGTI vs Victoria Seguros SA,
C-264/22).

Exclusion du renvoi (art. 24).


Chapitre 4 : La responsabilité civile
Section 2 : Les accidents de la circulation – Convention de La Hay 1971

 Loi du pays du fait générateur (art. 3).


 Exceptions (art. 4) :
- Si un seul VTM : Loi du pays de l’immatriculation à condition que la victime soit le
conducteur ou gardien, ou qu’elle ait sa résidence habituelle dans le pays de l’immatriculation,
ou si la victime passagère a sa résidence dans un autre pays que celui de l’accident.
- Si plusieurs VTM : Loi du pays de l’immatriculation si tous les VTM impliqués sont
immatriculés dans le même Etat à condition que la victime soit conducteur ou gardien, ou
qu’elle ait sa résidence habituelle dans le pays de l’immatriculation, ou si la victime passagère
a sa résidence dans un autre pays que celui de l’accident.
- S’il y a un responsable non conducteur de l’accident de la circulation, la loi de
l’immatriculation ne s’applique que si celui-ci a résidence habituelle dans le pays de
l’immatriculation.
 La loi applicable est déterminée séparément pour chaque victime.

 Existence de l’action directe contre l’assureur (critère subsidiaire) : Loi de l’immatriculation


sinon Loi du lieu de l’accident sinon Loi du contrat d’assurance. En revanche, les conditions de
la RC relèvent de la Convention de La Haye, peu importe que le contrat d’assurance d’un VTM
immatriculé à l’étranger prévoit l’indemnisation du tiers lésé par référence au seul droit
français (Civ. 1re, 15 juin 2022, Sté Axa Iard, n° 21-13306).
Chapitre 5 : Le droit patrimonial de la famille
Section 1 : Les effets patrimoniaux des mariages et partenariats

Règlement n° 2016/1103 mettant en œuvre une coopération renforcée dans le domaine de la


compétence, de la loi applicable, de la reconnaissance et de l’exécution des décisions en
matière de régimes matrimoniaux.
Applicable aux mariages célébrés après le 29 janvier 2019.
Idem pour Règlement n° 2016/1104, Effets patrimoniaux des partenariats enregistrés.

 Caractère universel (art. 20) et exclusion du renvoi (art. 32).


 Loi applicable à tous les biens relevant du régime, y compris les immeubles, et les biens
devant être qualifié de propre, commun ou indivis (art. 21).

 Loi applicable opposable aux tiers qui pouvaient la connaître (art. 28). Il est réputé la
connaître si cette loi est applicable au contrat qu’il a conclu avec les époux ou
partenaires, ou s’il s’agit de la loi de la situation de l’immeuble, ou si les époux ou
partenaires ont leur résidence habituelle dans le même Etat que le tiers, si les obligations
de publicité de la loi applicable au régime prévues par la loi du contrat, de l’immeuble
ou de la résidence habituelle des parties (et non de la loi applicable) ont été respectées.
À défaut d’opposabilité, les effets patrimoniaux relèvent de la loi applicable au contrat ou à
la situation de l’immeuble.
Chapitre 5 : Le droit patrimonial de la famille
§.1 La loi applicable au régime matrimonial

I – Le choix des époux

Choix des époux pour désigner ou modifier la loi applicable au RM à condition que ce soit la loi de l’Etat :
- dans lequel au moins l’un des époux ou futurs époux a sa résidence habituelle au moment de la
conclusion du convention, ou
- dont l’un des époux ou futurs époux a la nationalité au moment de la conclusion de la convention (art.
22).
Sauf stipulation contraire, le changement de la loi applicable n’a d’effet que pour l’avenir. En cas de
changement rétroactif, celui-ci n’a pas d’effet à l’égard des tiers.

La convention est écrite, datée et signée. Elle doit respecter les conditions de forme prévues par la loi de l’EM
où les époux ont leur résidence habituelle (art. 23.2).
Or, le droit français ne tient pas compte de la résidence habituelle :
- Si l’acte de mariage est conservé en France, un époux doit demander la mention en marge de l’acte portant
désignation de la loi applicable ;
- Si l’acte de mariage est conservé à l’étranger, l’acte de désignation de la loi applicable établi en France en
la forme notarié ou si l’un des époux est français, l’acte est inscrit au répertoire civil (CPC art. 1303-1).
Ces dispositions concernent l’opposabilité en France du changement et non la validité formelle de l’acte qui,
en France, prend la forme d’un acte notarié.
A contrario, en l’absence d’acte de mariage en France, si aucun époux est français et si l’acte de désignation
n’est pas effectué en France, il n’y a aucune démarche à effectuer (sous réserve de l’opposabilité : art. 28) en
France.
Chapitre 5 : Le droit patrimonial de la famille
II – La validité formelle du contrat de mariage (art. 25)

Loi de l’EM de la résidence habituelle des époux et loi applicable au régime matrimonial
(rattachement cumulatif). Ex. contrat notarié en France désignant une loi étrangère qui
impose une formalité supplémentaire.

III – La loi applicable au RM en l’absence de choix (art. 26)

Est applicable la loi de l’Etat :


a) de la première résidence habituelle commune des époux après la célébration du mariage ;
ou, à défaut,
b) de la nationalité commune des époux au moment de la célébration du mariage ; ou, à
défaut,
c) avec lequel les époux ont ensemble les liens les plus étroits au moment de la célébration
du mariage, compte tenu de toutes les circonstances.
Chapitre 5 : Le droit patrimonial de la famille
§.2 La loi applicable aux effets patrimoniaux du partenariat enregistré

Choix parmi 
a) la loi de l'État dans lequel au moins l’un des deux partenaires ou futurs partenaires a sa
résidence habituelle au moment où la convention est conclue ;
b) la loi d'un État dont l'un des partenaires ou futurs partenaires a la nationalité au moment
où la convention est conclue ; ou
c) la loi de l'État selon le droit duquel le partenariat enregistré a été créé.

L’acte de désignation peut résulter d’un acte sous signature privé avec déclaration à l’OEC
(ou notaire si l’acte initial est notarié).

À défaut de convention sur le choix de la loi applicable, la loi applicable aux effets
patrimoniaux du partenariat enregistré est la loi de l'État selon la loi duquel le partenariat
enregistré a été créé (art. 26).
Chapitre 5 : Le droit patrimonial de la famille
Section 2 : Les successions

Règlement n° 650/2012 du 4 juillet 2012 relatif à la compétence, la loi applicable, la reconnaissance et


l’exécution des décisions, et l’acceptation et l’exécution des actes authentiques en matière de successions et
à la création d’un certificat successoral européen (applicable aux successions ouvertes après 2015).

§.1 La succession ab instestat

 Loi de l’Etat dans lequel le défunt avait sa résidence habituelle.


 Exception : loi de l’Etat ayant les liens les plus étroits avec le défunt.
 Exception : Choix par le défunt de la loi de sa nationalité au moment de son choix ou lors de son décès
(art. 22). N.b. ce choix permet aux héritiers de choisir en cas de litige la juridiction de l’Etat dont la loi
est applicable.

§.2 Le testament

Validité quant au fond = loi applicable à la succession sauf choix par le testateur de la loi de sa nationalité
(art. 24).
Validité quant à la forme (critère alternatif) = loi de l’Etat où l’acte est établi ou loi de la nationalité du
testateur ou loi de la résidence habituelle du testateur (ou d’un bénéficiaire) ou loi de la situation de
l’immeuble (art. 27).
Validité formelle de la déclaration (acceptation, renonciation) = loi de la succession ou loi de la résidence
habituelle du déclarant.
Chapitre 5 : Le droit patrimonial de la famille
§.3 Les autres dispositions

Admission partielle du renvoi : si la loi applicable est celle d’un Etat tiers, les règles de DIP
de cet Etat sont applicables dès lors qu’elles renvoient à la loi d’un EM ou à la loi d’un autre
Etat tiers qui appliquerait sa propre loi (art. 34).

Exception d’OPI (art. 35). Conformité de la loi étrangère qui ignore la réserve héréditaire
sous réserve qu’elle ne conduit pas à une situation de précarité économique de l’héritier
(Civ. 1re, 27 sept. 2017, Maurice Jarre, n° 16-17198).
Cependant, c. civ. art. 913, al. 3 : « Lorsque le défunt ou au moins l'un de ses enfants est, au
moment du décès, ressortissant d'un Etat membre de l'Union européenne ou y réside
habituellement et lorsque la loi étrangère applicable à la succession ne permet aucun
mécanisme réservataire protecteur des enfants, chaque enfant ou ses héritiers ou ses ayants
cause peuvent effectuer un prélèvement compensatoire sur les biens existants situés en
France au jour du décès, de façon à être rétablis dans les droits réservataires que leur
octroie la loi française, dans la limite de ceux-ci ».

Certificat successoral européen. Permet à l’héritier de faire valoir ses droits dans tous les
EM (banque, assureur, administration).
Chapitre 6 : Les procédures collectives
 La loi applicable à la procédure d’insolvabilité est celle de l’EM sur le territoire duquel la procédure est
ouverte (art. 7).
Détermine les débiteurs concernés, les biens, les pouvoirs, l’opposabilité d’une compensation, contrats en cours,
procédures en cours, admission des créances, ordre des paiements, période suspecte, etc.

 Exception : la procédure n’affecte pas les droits réels des tiers et créanciers dont les biens sont situés sur le
territoire d’un autre EM (art. 9 – exclusion de la loi de la procédure mais sans désignation de la loi applicable).
Cela recouvre le droit exclusif de recouvrer une créance, le droit de revendiquer, le droit de vente forcée.

 Exception : la procédure n’affecte pas le droit à compensation lorsque celle-ci est permise par la loi applicable à la
créance du débiteur insolvable (art. 8).

 Exception : la procédure n’affecte pas le droit de réserve de propriété lorsque le bien est situé sur le territoire d’un
autre EM (art. 10.1). Là encore le Règlement n’indique pas la loi applicable. Le règlement ajoute une règle
matérielle : l’ouverture de la procédure contre le vendeur ne peut justifier la résolution de la vente après la
livraison (art. 10.2).

 Exception : les effets de la procédure sur un contrat portant sur un bien immobilier sont régis exclusivement par la
loi de l’EM de la situation de l’immeuble (art. 11).

 Exception : les effets de la procédure sur les contrats de travail sont régis exclusivement par la loi de l’EM
applicable au contrat de travail (art. 12).

 Exception : les effets de la procédure sur une instance en cours sont régis exclusivement par la loi de l’EM dans
lequel l’instance est en cours (art. 18).
Sous-titre 2 : La mise en œuvre de la règle de conflit
Chapitre 1 : Les conflits de qualification

Exemple topique de l’affaire du testament hollandais  la loi néerlandaise exigeait que le


testament soit notarié – règle de capacité – loi personnelle (condition de fond) ; mais si le
testament est rédigé en France, il peut être olographe – condition de forme – la loi du lieu de
rédaction de l’acte.
 Principe de la qualification lege fori, i.e. selon la loi du for (Civ. 22 juin 1995,
Caraslanis – c’est à la juridiction saisie de qualification, selon son droit, si une condition
du mariage est de forme ou de fond ; Civ. 1re, 15 juill. 1999, n° 99-10269).
Sous-titre 2 : La mise en œuvre de la règle de conflit
Chapitre 2 : La loi étrangère appliquée par le juge français

Obligation du juge FR d’appliquer d’office de la loi étrangère dans les matières où les parties
n’ont pas la libre disposition de leurs droits ; sinon le juge a la simple faculté d’appliquer la loi
étrangère (Civ. 1re, 26 mai 1999, Sté MMA Iard, n° 96-16361).
Obligation d’appliquer d’office la loi étrangère en présence d’une règle de conflit d’ordre
public issue du droit de l’UE : produits défectueux (Ch. mixte 7 juill. 2017, Sté Monsanto, n°
15-25651), concurrence déloyale et acte restrictif de concurrence (Civ. 1 re, 26 mai 2021, Sté
Mienta France, n° 19-15102).

Droits indisponibles : Statut personnel (cassation de l’arrêt qui se fonde sur le droit français
pour prononcer le divorce sans rechercher si une autre loi était applicable : Civ. 1 re, 23 nov.
2011, n° 10-25206 ; mais jugeant sur le litige portant sur la seule prestation compensatoire
relève de droits disponibles : Civ. 1re, 11 mars 2009, n° 08-13431 ; conditions du mariage : Civ.
1re, 1er juin 2011, n° 09-71992) et droits réels immobiliers.

Droits disponibles : Recouvre toutes les hypothèses où les parties peuvent s’accorder sur la loi
applicable (Civ. 1re, 6 mai 1997, n° 95-15309, Hannover International ; mais accord
inopposable à l’assureur qui invoquait la loi guatémaltèque applicable à l’accident de la
circulation : Civ. 1re, 22 févr. 2005, MAIF, n° 02-17587). La loi étrangère ne peut pas être
invoquée en cassation (Civ. 1re, 20 oct. 2010, n° 08-17033).
Sous-titre 2 : La mise en œuvre de la règle de conflit
Chapitre 3 : Les exceptions à l’application de la loi étrangère

Section 1 : Les lois de police

 Application impérative de la loi de la juridiction saisie :

Constitue une loi de police du for au sens (du Règlement Rome I), l'article 10 de la loi française du 3 janvier 1967, qui
prescrit, pour la forme des actes relatifs à la propriété des navires francisés, la rédaction d'un écrit comportant les
mentions propres à l'identification des parties et du navire (Com. 14 janv. 2004, Sté DFC, n° 00-17978).
La prescription de trois mois en matière de diffamation est une loi de police excluant la loi portugaise désignée par la
règle de conflit (Civ. 1re, 19 oct. 2004, n° 02-15680).

La loi de police ne peut contredire une liberté européenne : droit de créer une succursale (CJCE, 30 sept. 2003, Inspire Art
Ltd, C-167/01).

Le consommateur ne peut être privé de la protection que lui assure la loi de l’EM avec lequel le contrat entretient un lien
étroit au sens de l’art. L. 231-1 c. cons. (conclusion dans l’EM de la résidence habituelle du consommateur ; le
professionnel dirige son activité vers l’EM du consommateur ; offre ou publicité dans l’EM du consommateur) :
- Clauses abusives (art. L. 232-1) ;
- Vente et garanties (si est applicable la loi d’un Etat tiers : art. L. 232-2) ;
- Contrat à distance ou hors établissement.

La directive UE imposant une indemnité après cessation du contrat d’agence commerciale est une loi de police dès lors
que l’agent exerce dans un EM, même si le contrat désigne la loi d’un Etat tiers (CJCE 9 nov. 2000, Ingmar, C-381/98 ;
mais jugeant au contraire que la loi FR prévoyant une indemnité n’est pas une loi de police dans l’ordre international :
Com. 28 nov. 2000, n° 98-11335, Sté Allium).
Sous-titre 2 : La mise en œuvre de la règle de conflit
Section 2 : L’ordre public international

 Refus d’appliquer la loi étrangère avec application éventuelle de la loi du for.

Ex. inégalité entre enfant légitime et naturel (cep. si l’enfant n’est pas français et ne réside
pas en France : Civ. 1re, 10 mai 2006, n° 05-10299) ;
- interdiction de la légitimation des enfants adultérins ;
- inscription d’un enfant comme né de deux parents de même sexe (Civ. 1 re, 7 juin 2012, n°
11-30262) ;
- loi excluant une allocation suffisante à l’épouse après divorce (Civ. 1 re, 28 nov. 2006, n°
04-11520) ;
- répudiation (Civ. 1re, 18 mai 2011, n° 10-19750 ; déjà Civ. 1re, 17 févr. 2004, n° 01-11549 ;
Civ. 1re, 10 mai 2006, n° 04-19444 ; Civ. 1re, 4 nov. 2009, n° 08-20574), sauf si le jugement
fournit des garanties financières à l’épouse (Civ. 1re, 3 juill. 2001, n° 00-11968) ;
- jugement accordant tous les pouvoirs sur l’enfant à la mère et interdisant au père de
fréquenter une autre femme en présence de celui-ci (Civ. 1re, 4 nov. 2010, n° 09-15302) ;
proportionnalité des dommages-intérêts punitifs et d’une astreinte (Civ. 1 re, 1er déc. 2010, n°
09-13303 ; Civ. 1re, 28 janv. 2009, n° 07-11729 ; id. Civ. 1re, 7 nov. 2012, n° 11-23871 ; Civ.
1re, 12 janv. 2022, Banque Zénith, n° 20-16189).
TITRE 3 : Les effets des jugements étrangers en France
CHAPITRE 1 : L’EXEQUATUR

Section 1 : Le domaine de l’exequatur

Conditions  Décisions de justice étrangères et exécutoires dans le pays d’origine.


Ex. suspension judiciaire contre un débiteur en faillite sur le fondement du Bankruptucy Act
(Civ. 1re, 17 oct. 2000, Sté Barney, n° 98-19913).
Le caractère exécutoire s’apprécie au regard de la loi de l’Etat dans lequel la décision a été
rendue (Civ. 1re, 3 oct. 2006, n° 04-10447, Sté Creighton) ; il suffit que la décision étrangère
soit exécutoire par provision (Civ. 1re, 28 mars 2006, n° 03-17045).
L’action en exequatur n’est pas soumise à la prescription mais les règles de prescription de
l’Etat d’origine et de l’Etat requis peuvent affecter le caractère exécutoire (Civ. 1 re, 11 janv.
2023, n° 21-21168 ; Civ. 2e, 19 nov. 2009, n° 08-20501).

Effets  La décision d’exequatur constitue un titre exécutoire.


En l’absence d’exequatur, la décision étrangère est un fait juridique (preuve d’un transfert de
propriété et de l’extinction du privilège : Com. 4 oct. 2005, Sté Cruise Invest One, n° 02-
18201 ; dissolution du mariage à l’étranger : Civ. 1re, 23 mars 2011, n° 10-14961).
TITRE 3 : Les effets des jugements étrangers en France
Section 2 : Le contrôle de la régularité lors de l’exequatur

§.1 Les cas de contrôle

Le contrôle du TJ peut intervenir dans le cadre :


- d’une demande en exequatur ;
- d’une demande en inopposabilité d’une décision étrangère (i.e. contre sa reconnaissance
comme fait juridique). Ex. Crim. 11 juin 1996, n° 95-82778.
- d’une demande incidente : contestation de la compétence du juge FR (Civ. 1 re, 10 mai
2007, n° 06-11323 et n° 06-12476 ; Civ. 1re, 19 sept. 2007, n° 06-19577).
- d’un moyen de défense à une exception de litispendance (Civ. 1 re, 15 juin 1994, n° 92-
22111).
TITRE 3 : Les effets des jugements étrangers en France
§.2 L’objet du contrôle

1re condition : Compétence de la juridiction étrangère qui suppose l’absence de la compétence exclusive d’une
juridiction d’un EM, un lien caractérisé entre le litige et l’Etat de la juridiction et l’absence de fraude (Civ. 1 re, 6
févr. 1985, Simitch, n° 83-11241).
Ex. absence de compétence exclusive du JAF (Civ. 1 re, 17 févr. 2004, n° 02-17479) ; les privilèges de juridiction
sont facultatifs (v. supra).
Ex. de lien caractérisé : résidence d’une personne placée en faillite et dettes contractées en GB (Com. 18 janv.
2000, n° 97-11906).

2e condition : Respect de l’OPI. S’agissant d’un jugement, l’OPI recouvre le fond et la forme.
OPI substantiel = répudiation alors que les époux sont domiciliés en France (Civ. 1 re, 4 juill. 2018, n° 17-16102;
cep. lorsque la décision étrangère est invoquée par l’époux à l’égard duquel sont prévues les règles les moins
favorables : Civ. 1re, 17 mars 2021, n° 20-14506) ; conformité à l’OPI du jugement étranger refusant de donner
effet à un régime de séparation de biens (Civ. 1 re, 2 déc. 2020, n° 18-20691) ; principe d’OPI selon lequel, en cas
de procédure collective (en France), tout créancier doit déclarer sa créance (Civ. 1 re, 29 sept. 2004, n° 02-16754,
Sté Fortis Banque).
OPI procédural = notification du jugement au seul avocat n’est pas contraire à l’OPI (Civ. 1 re, 14 oct. 2009, n° 08-
14849) ou signification de l’assignation et non du jugement (Civ. 1 re, 16 sept. 2020, n° 19-11621) ; méconnaît
l’OPI la décision étrangère de rejet fondée sur l’absence de caution dont le montant était disproportionné (Civ. 1 re,
16 mars 1999, n° 97-17598), le jugement sans motivation (Civ. 1 re, 22 oct. 2008, n° 06-15577 ; même en cas
d’interprétation postérieure : Civ. 1re, 7 nov. 2012, n° 11-23871) ; décision étrangère obtenues par fraude et
mensonges (Crim. 21 juin 2023, n° 23-80031).

3e condition : Absence de fraude.


TITRE 3 : Les effets des jugements étrangers en France
Chapitre 2 : Le droit de l’UE

Section 1 : La reconnaissance et l’exécution des décisions

Les décisions rendues dans un EM sont reconnues dans les autres EM (Règlement Bruxelles I bis, art.
36 ; Règlement Bruxelles II ter, art. 30 ; Règlement Insolvabilité, art. 19, etc.) : chose jugée ; existence
d’une créance ou d’un transfert de propriété ; ouverture d’une procédure principale (les effets de celle-
ci ne peuvent être contestés dans les autres EM : art. 20).
Pour se prévaloir de la reconnaissance : copie de la décision + certificat art. 53 (art .36 pour Bruxelles
II ter).
La juridiction ou l’autorité devant laquelle est invoquée la reconnaissance peut surseoir à statuer si la
décision est contestée dans l’EM d’origine ou si demande de refus de reconnaissance (art. 38).
La reconnaissance n’impose pas de rejeter une nouvelle demande sur le fondement de l’exigence de
concentration des moyens (CJUE 8 juin 2023, BNP Paribas SA, C-567/21).

Les décisions exécutoires dans un EM sont exécutoires dans les autres EM (Bruxelles I, art. 39 ;
Bruxelles II, art. 34). Pour exécution : copie authentique + certificat art. 53 (atteste de la compétence,
du caractère exécutoire et éventuellement de la signification si décision rendu par défaut).
Certificat notifié ou signifié à la personne contre laquelle l’exécution est demandée (art. 43).

Sont exécutoires dans tous les EM de l’UE, les actes authentiques exécutoires (art. 58) et les
transactions judiciaires exécutoires (art. 59).
TITRE 3 : Les effets des jugements étrangers en France
Section 2 : Les exceptions à la reconnaissance et à l’exécution

A la demande de toute partie intéressée (contrôle a posteriori), la reconnaissance ou


l’exécution peut être refusée (art. 45 et 46) :
- Contrariété manifeste à l’OPI de l’EM requis (CJUE, 2 avr. 2009, Daimler Chrysler, C-
394/07 ; CJUE, 25 mai 2016, Rudolfs Meroni, C-559/14 ; ;
- Défaut de notification ou signification de l’acte introductif d’instance en cas de jugement
par défaut (a contrario, aucune autre formalité n’est requise) ;
- Décision inconciliable avec une décision de l’EM requis ;
- Non-respect d’une compétence de protection (assurance, consommation, travail).

La procédure de refus de reconnaissance ou d’exécution relève de la loi de l’EM requis.


La décision de refus de reconnaissance ou d’exécution n’a pas pour effet de modifier la
décision de la juridiction d’origine qui reste exécutoire dans les autres EM.

Compétence exclusive du TJ (COJ art. R. 212-8).


TITRE 3 : Les effets des jugements étrangers en France
Section 3 : L’injonction de payer européenne (IPE)

Cette procédure s’impose pour les litiges internationaux et se substitue à l’IP de droit
interne.
Procédure sur requête correspondant à un formulaire-type : juridiction compétente selon
Bruxelles I bis.
Signification de la décision d’IPE et de la requête au débiteur avec en annexe une formulaire
d’opposition. Délai d’opposition de 30 jours.
A l’expiration du délai d’opposition + 10 jours, la décision d’IPE est exécutoire dans tous
les EM de l’UE (CPC art. 1424-14).

Section 4 : La procédure européenne de règlement des petits litiges

Litige dont la valeur n’excède pas 5000 euros : formulaire à la juridiction compétente dont
la juridiction adresse une copie au défendeur dans un délai de 14 jours.
La défendeur a 30 jours pour compléter une formulaire en défense.
La représentative par avocat est facultative.
Copie de la décision + certificat établi par la juridiction d’origine = exécutoire dans toute
l’UE. Pas de condition de formule exécutoire, pas d’opposition possible. Seule exception :
refus d’exécution fondé sur les mêmes motifs que ceux prévues par Bruxelles I bis.
TITRE 3 : Les effets des jugements étrangers en France
Section 5 : La saisie conservatoire européenne

Ordonnance sur requête/formulaire (Règlement OESC, 2014). Compétence Bruxelles I bis.


Conditions : urgence + risque réel de non recouvrement.
Obligation d’engager une procédure au fond dans un délai de 30 jours à compter de
l’introduction de la procédure et 14 jours à compter de la délivrance de l’OESC.
L’ordonnance est exécutoire dans toute l’UE.

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