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UE 111

Fondamentaux du droit
2022-2023
Webconférence n° 12

Marielle MARTIN

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Plan de la
Webconférence n° 12

◎ Partie 1 : La mise en œuvre de la


responsabilité civile extracontractuelle
o 1) Conditions de mise en œuvre de la responsabilité
civile extracontractuelle
o 2) Le fait personnel
o 3) Le fait des choses
o 4) Le fait d’autrui
◎ Partie 2 : Le cheminement procédural en
matière de responsabilité civile
extracontractuelle
o 1) Les causes d’exonération de la responsabilité civile
extracontractuelle
o 2) L’action en responsabilité civile extracontractuelle

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Partie 1

◎ 1) Conditions de mise en œuvre de la responsabilité civile


extracontractuelle : quelles sont les 3 conditions requises ?
Quels sont les faits générateurs de cette responsabilité ?
◎ 1-1- Cours
◎ 1-2- Exercice
◎ 2) Le fait personnel : en quoi consiste ce fait générateur de
responsabilité civile extracontractuelle ?
◎ 2-1- Cours
◎ 2-2- Exercice
◎ 3) Le fait des choses : en quoi consiste ce fait générateur de
responsabilité civile extracontractuelle ?
◎ 3-1- Cours
◎ 3-2- Exercice
◎ 4) Le fait d’autrui : en quoi consiste ce fait générateur de
responsabilité civile extracontractuelle ?
◎ 4-1- Cours
◎ 4-2- Exercice

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1- Conditions de mise en œuvre
de la responsabilité civile
extracontractuelle

◎ 1-1- Le cours :
◎ 1-1-1- Les 3 conditions de mise
en œuvre de la responsabilité civile
extracontractuelle
◎ 1-1-2- Les faits générateurs de la
responsabilité civile extracontractuelle
◎ 1-2- Exercice

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1-1-1- Les 3 conditions de mise
en œuvre de la responsabilité
civile extracontractuelle
◎ 1) Un dommage (préjudice) : corporel et/ou
matériel et/ou moral et/ou écologique…
◎ 2) Un lien de causalité : entre le fait
dommageable (fait générateur de responsabilité
civile) et le dommage.
◎ 3) Un fait dommageable (fait générateur de
responsabilité civile) : tout fait dommageable,
au plan civil, et en dehors de l’inexécution
d’un contrat entre cocontractants. La distinction
entre responsabilité extracontractuelle et
responsabilité contractuelle (qui ne peuvent
d’ailleurs se cumuler) s’opère donc en fonction de la
nature du fait dommageable.
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1-1-2- Les faits générateurs de
responsabilité civile extracontractuelle

◎ 1) Le fait personnel : on est responsable de


son propre fait.

◎ 2) Le fait des choses : on est responsable du


fait d’une chose.

◎ 3) Le fait d’autrui : on est responsable du fait


de quelqu’un d’autre.

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1-2- Exercice : questions sur
la mise en œuvre de la
responsabilité civile extracontractuelle

◎ A) Le fait générateur de responsabilité civile


extracontractuelle est-il nécessairement intentionnel ?

◎ B) La responsabilité civile extracontractuelle peut-elle


prendre sa source dans la formation d’un contrat ?

◎ C) Les 3 conditions générales de mise en œuvre de la


responsabilité civile extracontractuelle sont-elles les mêmes
que les 3 conditions générales de mise en œuvre de la
responsabilité contractuelle ?

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1-2- Corrigé de l’exercice :
questions sur la mise en œuvre de la
responsabilité civile extracontractuelle
◎ A) Le fait générateur de responsabilité civile extracontractuelle est-il
nécessairement intentionnel ? NON. La responsabilité civile
extracontractuelle, intitulée « responsabilité civile délictuelle ou quasi-
délictuelle » dans le Code civil avant la réforme par l’ordonnance
n° 2016-131 du 10 février 2016, peut reposer sur un fait générateur
intentionnel (anc. « délit civil ») ou sur un fait générateur non
intentionnel (anc. « quasi-délit civil »).
◎ B) La responsabilité civile extracontractuelle peut-elle prendre sa source
dans la formation d’un contrat ? OUI. Le fait générateur de cette
responsabilité est tout fait dommageable en dehors de l’inexécution d’un
contrat entre cocontractants.
◎ C) Les 3 conditions générales de mise en œuvre de la responsabilité
civile extracontractuelle sont-elles les mêmes que les 3 conditions
générales de mise en œuvre de la responsabilité contractuelle ? OUI, car
il faut dans les 2 cas : un dommage, un fait dommageable et un
lien de causalité entre le fait et le dommage. Seule diffère la
nature du fait dommageable (obligation contractuelle inexécutée en
matière de responsabilité contractuelle / tout autre fait dommageable en
matière de responsabilité extracontractuelle).

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2- Le fait personnel

◎ 2-1- Le cours :
◎ 2-1-1- Définition du fait
personnel
◎ 2-1-2- Les sortes de faits
personnels
◎ 2-2- Exercice

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2-1-1 – Définition du
fait personnel

◎ Le fait personnel est une faute personnelle


(commission ou abstention) qui, en dehors
de l’inexécution d’un contrat entre
cocontractants, cause un préjudice à
autrui.

◎ Cette faute n’est pas présumée et doit


être prouvée par la victime.

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2-1-2- Les sortes de
faits personnels
◎ 1) Faute personnelle commise en connaissance de
cause (« délit civil »)
◎ Art. 1240 C. civ. (anc. art. 1382 C. civ.) : « Tout fait
quelconque de l’homme, qui cause à autrui un
dommage, oblige celui par la faute duquel il est
arrivé, à le réparer ».

◎ 2) Faute personnelle d’imprudence ou de


négligence (« quasi-délit civil »)
◎ Art. 1241 C. civ. (anc. art. 1383 C. civ.) : « Chacun
est responsable du dommage qu’il a causé non
seulement par son fait, mais encore par sa
négligence ou par son imprudence ».
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2-2- Exercice : ces faits personnels
sont-ils des « délits civils » ou des
« quasi-délits civils » ?

◎ A) La chute accidentelle d’une personne qui en


blesse une autre.

◎ B) Le dol lors de la formation d’un contrat.

◎ C) L’abus du droit de propriété.

◎ D) Des troubles anormaux du voisinage.

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2-2- Corrigé de l’exercice : ces faits
personnels sont-ils des « délits civils »
ou des « quasi-délits civils » ?
◎ A) La chute accidentelle d’une personne qui en blesse
une autre. « Quasi-délit civil ». Le fait personnel (ici la
chute), qui cause le préjudice, n’est pas intentionnel.
◎ B) Le dol lors de la formation d’un contrat. « Délit
civil ». Le fait personnel (ici le dol), qui cause le
préjudice, est intentionnel (manœuvres frauduleuses).
◎ C) L’abus du droit de propriété. « Délit civil ». Le fait
personnel (ici l’abus du droit de propriété ), qui cause
le préjudice, est intentionnel (il y a intention de
nuire).
◎ D) Des troubles anormaux du voisinage. En principe
« Quasi-délit civil ». Le fait personnel (ici le trouble
anormal de voisinage), qui cause le préjudice, n’est
pas nécessairement intentionnel (en principe, il n’y a
pas intention de nuire).
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3- Le fait des choses

◎ 3-1- Le cours :
◎ 3-1-1- Contexte de la responsabilité
du fait des choses
◎ 3-1-2- Principaux régimes de
responsabilité du fait des choses
◎ 3-1-3- Focus sur la responsabilité du
fait des produits défectueux
◎ 3-2- Exercice

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3-1-1- Contexte de la
responsabilité du fait des choses

◎ Au plan civil extracontractuel, un dommage


est causé par l’intervention (le fait) d’une
chose.

◎ Selon le type de chose, le législateur pose


des présomptions de responsabilité.

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3-1-2- Principaux régimes de
responsabilité du fait des choses
◎ 1) Le régime général : art. 1242 al. 1er C. civ.
(anc. art. 1384 al. 1er C. civ.). Est présumé
responsable : le gardien (celui qui, à titre
indépendant, a l’usage, la direction et le contrôle)
de la chose (toute chose non visée par un régime
spécial de responsabilité) au moment de la
survenance du dommage.

◎ 2) Les régimes spéciaux : du fait des animaux ;


du fait des VTM (véhicules terrestres à moteur) ; du
fait des bâtiments en ruine…. ; du fait des produits
défectueux (seul régime spécial expressément au
programme de l’UE 111).
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3-1-3- Focus sur la responsabilité
du fait des produits défectueux
◎ - Nature juridique : un régime vraiment particulier de responsabilité civile
extracontractuelle du fait des choses.
◎ - Sources : art. 1245 à 1245-17 C. civ. (anc. art. 1386-1 s. C. civ.). Transposition d’une
directive européenne du 25 juillet 1985.
◎ - Est présumé responsable : le producteur (fabricant du produit fini ou d’une partie
composante ; distributeur qui se présente comme producteur ; importateur) ou, À
DEFAUT, le fournisseur professionnel (vendeur,…) du produit (bien meuble ; y
compris produits de l’élevage, électricité…) défectueux (dont une anomalie porte atteinte
à la sécurité) qui est à l’origine du dommage (responsabilité de plein droit, donc
automatique ; peu important la connaissance ou non du défaut du produit par le
producteur). NB : franchise de 500 € pour les seuls dommages aux biens.
◎ - La victime ne peut engager la responsabilité du fournisseur que si le producteur
lui est inconnu. D’ailleurs, le fournisseur qui indemnise la victime peut se retourner
pendant 1 an à dater de sa citation en justice contre le producteur. Le fournisseur peut
aussi s’exonérer de sa responsabilité en désignant son propre fournisseur ou le producteur
dans les 3 mois de la demande que lui adresse la victime.
◎ - Double prescription de l’action en justice (dans les 10 ans de la mise en circulation
du produit ET dans les 3 ans à dater de la connaissance par la victime du dommage, du
défaut et de l’identité du producteur).
◎ - Par exception au principe du non-cumul des responsabilités, possibilité pour la
victime de se retourner contre le producteur soit sur le fondement des produits
défectueux, qu’elle soit ou non liée avec lui par un contrat, soit sur le fondement
d’un autre régime de responsabilité qui pourrait recevoir application (mais alors,
nécessité de prouver une faute distincte du défaut de sécurité du produit à l’origine du
dommage).
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3-2- Exercice : situation pratique
sur la responsabilité du fait des choses

◎ Monsieur LATOC regrette d’avoir prêté, par esprit de


solidarité professionnelle, l’un de ses deux robots de
cuisine à un restaurateur voisin, Monsieur
MALABILE, lequel en avait besoin pour les plats qu’il
propose à la vente à emporter et qui était en panne
de son robot de même modèle. En effet, Monsieur
MALABILE s’étant coupé en utilisant le robot prêté
par Monsieur LATOC, entend engager la
responsabilité de ce dernier en arguant de l’article
1242 alinéa 1er du Code civil. Quelles sont les
chances de succès de l’action de Monsieur
MALABILE ?
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3-2- Corrigé de l’exercice :
situation pratique
sur la responsabilité du fait des choses
◎ Un restaurateur voisin, Monsieur MALABILE, étant en panne de son
robot de cuisine, Monsieur LATOC lui a prêté l’un des siens, de même
modèle. Or, Monsieur MALABILE, qui s’est coupé en utilisant le robot
prêté par Monsieur LATOC, compte assigner ce dernier en
responsabilité sur la base de l’article 1242 alinéa 1er du Code civil.
◎ À quelles conditions le régime général de responsabilité civile du fait
des choses trouve-t-il à s’appliquer ?
◎ L’article 1242 alinéa 1er du Code civil dispose notamment que l’ « on est
responsable… du dommage… causé par le fait… des choses que l’on a
sous sa garde ».
◎ Aux termes de cet article, une présomption de responsabilité civile
extracontractuelle pèse sur celui qui est le gardien de la chose au
moment où celle-ci cause un dommage.
◎ La notion de chose recouvre ici toute chose qui n’est pas un animal, un
bâtiment en ruine, un véhicule terrestre à moteur ou, dans une certaine
mesure, un produit défectueux ; c’est-à-dire toute chose qui n’est pas
visée par un régime spécial de responsabilité du fait des choses.
◎ …/…
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3-2- Corrigé de l’exercice :
situation pratique
sur la responsabilité du fait des choses (suite)
◎ Quant au gardien de la chose, il est celui qui exerce dessus les pouvoirs
d’usage (utilisation), de direction (maîtrise) et de contrôle
(surveillance), à titre indépendant (sans recevoir d’instructions ou
d’ordres). À noter que pour les choses dangereuses, la jurisprudence
tend à subordonner le transfert de la garde (par exemple, d’un
propriétaire à un emprunteur) à une information suffisante donnée à
l’utilisateur de la chose.
◎ En l’espèce, Monsieur MALABILE a certes subi un dommage (il s’est
coupé) en raison (lien de causalité) d’une chose (fait générateur). Le
contrat de prêt entre Messieurs LATOC et MALABILE n’est pas en cause
et cette chose (robot de cuisine) relève des choses visées par l’article
1242 alinéa 1er du Code civil. Cependant, c’est Monsieur MALABILE qui
avait la garde du robot au moment où il s’est coupé et non Monsieur
LATOC, d’autant que la manipulation du robot en question était
familière à Monsieur MALABILE (robot de même modèle que le sien qui
était en panne). N’étant pas gardien du robot au moment de la
survenance du préjudice, Monsieur LATOC ne peut donc pas être tenu,
selon l’article 1242 alinéa 1er du Code civil, pour responsable du fait de
son robot par Monsieur MALABILE.
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4- Le fait d’autrui

◎ 4-1- Le cours :
◎ 4-1-1- Contexte de la responsabilité
du fait d’autrui
◎ 4-1-2- Principaux régimes de
responsabilité du fait d’autrui
◎ 4-2- Exercice

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4-1-1- Contexte de la
responsabilité du fait d’autrui

◎ Au plan civil extracontractuel, une personne


cause un dommage à autrui ; mais on tient
pour responsable une autre personne que
celle qui est l’auteur du fait dommageable.

◎ Le législateur présume qui sont les


différentes personnes responsables.

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4-1-2- Principaux régimes de
responsabilité du fait d’autrui
◎ 1) Le régime général : art. 1242 al. 1er C. civ. (anc. art. 1384
al. 1er C. civ.). La jurisprudence considère que l’on est
responsable du dommage causé par le fait de toutes les
personnes dont on doit répondre (ex : responsabilité d’une
association du fait d’une personne handicapée dont elle doit
s’occuper ; responsabilité d’un club sportif du fait de ses
membres,…).
◎ 2) Les régimes spéciaux (outre la responsabilité des parents du
fait de leurs enfants mineurs et la responsabilité des instituteurs
du fait de leurs élèves) : a) responsabilité des « maîtres et
commettants » du fait de leurs « domestiques et
préposés » : art. 1242 al. 5 C. civ. (anc. art. 1384 al. 5 C. civ.) :
un préposé (salarié,… qui est en lien de préposition, subordination
vis-à-vis de son commettant, personne physique ou personne
morale : employeur,…) doit commettre une faute dommageable
(faute intentionnelle ou non) dans l’exercice de ses fonctions ;
b) responsabilité des « artisans » du fait de leurs
« apprentis » : art. 1242 al. 6 C. civ. (anc. art. 1384 al. 6 C.
civ.).
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4-2- Exercice : situation pratique
sur la responsabilité du fait d’autrui

◎ Monsieur ILSADOR exploite son fonds de commerce de bar-


tabac. Face à une augmentation ponctuelle de la clientèle
du bar, Madame ILSADOR venue aider exceptionnellement
son mari en effectuant le service en terrasse sur les
directives de ce dernier, a échappé des jus d’oranges qui
ont endommagé la robe de Madame PEPIN qui se
promenait. Ayant appris que Monsieur ILSADOR est le
patron du bar, Madame PEPIN entend engager sa
responsabilité civile extracontractuelle de commettant.
Monsieur ILSADOR objecte que, n’étant pas l’employeur de
son épouse qui lui apportait bénévolement son aide, sa
responsabilité de commettant ne saurait être mise en jeu.
Bien plus, Monsieur ILSADOR est persuadé que seule la
responsabilité de sa femme doit être recherchée par
Madame PEPIN ! Est-ce exact ?

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4-2- Corrigé de l’exercice :
situation pratique sur
la responsabilité du fait d’autrui
◎ Venue exceptionnellement aider son mari dans son bar afin d’effectuer, sur les directives
de ce dernier, le service en terrasse, Madame ILSADOR a échappé des jus d’oranges qui
ont endommagé la robe de Madame PEPIN qui se promenait. Cette dernière entend
assigner Monsieur ILSADOR pour engager sa responsabilité civile extracontractuelle de
commettant. Or, celui-ci est persuadé que, n’étant pas l’employeur de son épouse qui lui
apportait bénévolement son aide, sa responsabilité de commettant ne saurait être
retenue et même que seule la responsabilité de sa femme doit être recherchée par
Madame PEPIN.

◎ À quelles conditions la responsabilité civile extracontractuelle des commettants peut-elle


être engagée ?

◎ Expressément visée à l’article 1242 alinéa 5 du Code civil, la responsabilité des


commettants du fait de leurs préposés est l’une des sortes de responsabilité civile
extracontractuelle (un dommage doit être causé par un fait dommageable autre que
l’inexécution d’une obligation contractuelle entre cocontractants) du fait d’autrui.

◎ Le fait dommageable doit être une faute (même non intentionnelle) commise par un
préposé (personne sous la subordination d’un commettant qui a le pouvoir de lui donner
des ordres et instructions sur la manière de remplir ses fonctions : salarié vis-à-vis de
son employeur ; conjoint d’un commerçant l’assistant dans l’exploitation d’un fonds de
commerce ; voisin donnant bénévolement son aide pour un travail,…) dans l’exercice de
ses fonctions (le commettant n’est pas responsable des actes de son préposé n’ayant
aucun rapport avec ses fonctions). 25
…/…
4-2- Corrigé de l’exercice :
situation pratique sur
la responsabilité du fait d’autrui (suite)

◎ En l’espèce, Madame PEPIN subit un préjudice (robe endommagée) en raison (lien de


causalité) de jus d’oranges (fait générateur) échappés par Madame ILSADOR. Les
conditions de la responsabilité civile sont donc réunies. Cette responsabilité ne saurait
être contractuelle en l’absence de contrat entre les protagonistes. Elle est donc
extracontractuelle. Madame ILSADOR peut bel et bien être, au moment des faits,
considérée comme préposée de son mari (elle effectuait le service dans le bar sur les
directives de ce dernier ; peu importe que son aide ait été bénévole). Enfin, c’est dans
l’exercice de ces fonctions que Madame ILSADOR a échappé les jus d’oranges. Madame
PEPIN peut donc rechercher la responsabilité de commettant de Monsieur ILSADOR ce
qui serait pour elle d’un point de vue procédural (présomption légale irréfragable de
responsabilité du commettant) plus facile que d’engager la responsabilité
extracontractuelle du fait personnel de Madame ILSADOR.

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Partie 2

◎ 1) Les causes d’exonération de la responsabilité


civile extracontractuelle : peut-on s’exonérer
totalement ou partiellement de sa responsabilité
civile extracontractuelle et, si oui, comment ?
o 1-1- Cours
o 1-2- Exercice
◎ 2) L’action en responsabilité civile
extracontractuelle : quels en sont les conditions et
les effets ?
o 2-1- Cours
o 2-2- Exercice

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1- Les causes d’exonération de
la responsabilité civile
extracontractuelle

◎ 1-1- Le cours :
◎ 1-1-1- Inventaire des causes
d’exonération de la responsabilité civile
extracontractuelle
◎ 1-1-2- Application différenciée des
causes d’exonération à chaque régime de
responsabilité civile extracontractuelle
◎ 1-2- Exercice

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1-1-1- Inventaire des
causes d’exonération de la responsabilité
civile extracontractuelle

◎ 1) La force majeure : évènement imprévisible,


insurmontable et extérieur à la personne du débiteur.
Ce peut être : le fait de la nature (ouragan,…), le fait
d’un tiers (ni la personne tenue pour responsable, ni la
victime du dommage) ou le fait de la victime du
dommage elle-même.
◎ 2) L’absence de faute : fait de prouver que l’on a pris
toutes les précautions nécessaires. Ne peut jouer que pour
combattre certaines présomptions simples (et non
irréfragables).
◎ 3) Le rôle passif de la chose : une chose est impliquée
dans le dommage et cette chose a été placée dans des
conditions normales d’utilisation.

◎ NB : non-recevabilité des causes conventionnelles


d’exonération

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1-1-2- Application différenciée des
causes d’exonération à chaque régime de
responsabilité civile extracontractuelle
Fait Fait des choses Produits Fait
personnel (régime défectueux d’autrui
général)

Force X X X X
majeure
Fait d’un X X Le fait d’un X
tiers tiers n’est pas
exonératoire
Fait de la X X X X
victime
Absence de X
faute (seulement
pour les
artisans)
Rôle passif X
de la chose
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1-2- Exercice : commentaire de
document sur les causes d’exonération de
responsabilité civile extracontractuelle
◎ Commenter ces extraits d’une décision de justice rendue, le 3 avril 2006, par la
cour d’appel de Paris (affaire Grillet c/ SNCF) :

◎ « Considérant que le 12 août 1997, Mme Grillet se trouvait Gare Montparnasse sur un
escalator qui descendait lorsqu’elle a été heurtée et renversée par une valise lâchée par
une personne qui était derrière elle et qui est restée non identifiée ; que la victime a chuté
et s’est blessée ; (…)
◎ Considérant que Mme Grillet, pour l’essentiel, soutient que la SNCF est tenue de
l’indemniser (…) par application de l’article 1384 alinéa 1er [du Code civil], en raison de sa
responsabilité du fait de l’escalator dont elle a la garde ;
◎ Considérant que l’escalator en mouvement, dont la SNCF avait la garde, a été au moins
pour partie l’instrument du dommage subi par Mme Grillet ; que le fait d’un tiers qui a
lâché une valise sur l’escalator ne constitue pas pour la SNCF un événement à la fois
imprévisible et irrésistible pouvant l’exonérer de sa responsabilité à l’égard de la victime ;
que la SNCF doit donc être déclarée tenue d’indemniser l’entier préjudice de Mme Grillet
(…) ».
◎ 1) Quel est le régime de responsabilité en cause ? (art. 1384 al. 1er C. civ. devenu art.
1242 al. 1er de ce Code)
◎ 2) Qui engage, en l’espèce, sa responsabilité ?
◎ 3) Quelle cause exonératoire invoquait la personne présumée responsable ?
◎ 4) Que décide la cour d’appel de Paris ?

31
1-2- Corrigé de l’exercice :
commentaire de document sur les
causes d’exonération
de responsabilité civile extracontractuelle
◎ 1) Quel est le régime de responsabilité en cause ? Le régime général de la
responsabilité civile extracontractuelle du fait des choses (« responsabilité du
fait de l’escalator (…) garde »), alors basé sur l’article 1384 al. 1er du Code
civil, devenu l’article 1242 al. 1er de ce Code.

◎ 2) Qui engage, en l’espèce, sa responsabilité ? La SNCF tenue pour


responsable du fait de l’escalator (chose en général) en Gare Montparnasse.

◎ 3) Quelle cause exonératoire invoquait la personne présumée responsable ?


Le fait d’un tiers présentant les caractères de la force majeure.

◎ 4) Que décide la cour d’appel de Paris ? La cour d’appel de Paris considère que
le fait du tiers visé ne revêtait pas les caractères de la force majeure. Selon
elle, la SNCF ne peut donc s’exonérer, même partiellement, de sa
responsabilité : « le fait d’un tiers qui a lâché une valise sur l’escalator ne
constitue pas pour la SNCF un événement à la fois imprévisible et irrésistible
pouvant l’exonérer de sa responsabilité à l’égard de la victime ».
32
2- L’action en responsabilité
civile extracontractuelle

◎ 2-1- Le cours :
◎ 2-1-1- Exercice de l’action en
responsabilité civile extracontractuelle
◎ 2-1-2- Effets de l’action en
responsabilité civile extracontractuelle
◎ 2-2- Exercice

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2-1-1- Exercice de l’action en
responsabilité civile extracontractuelle

◎ 1) Compétence : application des règles procédurales de droit


commun [revoir cours 1/4 : tribunaux judiciaires… ; possibilité de
constitution de partie civile au pénal si le fait générateur est aussi
une infraction ;…]. Cependant, quelques particularités : compétence
exclusive des tribunaux judiciaires pour les dommages causés par un
véhicule,…
◎ 2) Personnes pouvant agir : la victime directe, mais aussi ses
ayants cause,… . Recours ouvert aux victimes par ricochet. En vertu
du principe du non-cumul des responsabilités contractuelle et
extracontractuelle, un contractant ne peut agir en responsabilité civile
extracontractuelle contre son cocontractant à qui il reproche la
mauvaise exécution du contrat qui les lie (sauf, à certaines
conditions, en cas de produits défectueux).
◎ 3) Prescription : en principe décennale « à compter de la date de la
consolidation du dommage ». Sauf cas particuliers : vingt ans en cas
de préjudice causé par tortures, violences contre un mineur,… (art.
2226 C. civ.) ; double prescription en matière de produits défectueux
puisque l’action doit être exercée dans les 10 ans à dater de la mise
en circulation du produit ET dans les 3 ans de la connaissance par la
victime du dommage, du défaut et de l’identité du producteur.

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2-1-2- Effets de l’action en
responsabilité civile extracontractuelle

◎ Lorsque cette action en justice aboutit :

◎ 1) Montant de la réparation : en principe égal au montant


du préjudice subi.

◎ 2) Mode de réparation :
◎ - en cas de détérioration ou destruction d’une chose :
dommages et intérêts égaux aux frais de remise en état,
augmentés d’une indemnité correspondant au trouble de
jouissance et plafonnés à la valeur de remplacement d’une
chose équivalente.
◎ - en cas d’atteinte à l’intégrité physique : capital (ou rente
révisable si aggravation du préjudice).

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2-2- Exercice : questions sur
l’action en responsabilité civile
extracontractuelle

◎ A) La victime renversée par un cycliste est-elle


obligée d’agir contre celui-ci sur le fondement de
la responsabilité du fait des choses ?

◎ B) Quel est le délai au bout duquel l’action en


responsabilité civile extracontractuelle est en
principe prescrite ?

◎ C) Quelle est la principale sanction en matière de


responsabilité civile extracontractuelle : une
amende ou des dommages et intérêts ?

36
2-2- Corrigé de l’exercice :
questions sur l’action en
responsabilité civile extracontractuelle

◎ A) La victime renversée par un cycliste est-elle obligée d’agir


contre celui-ci sur le fondement de la responsabilité du fait des
choses ? NON. Lorsque plusieurs régimes de responsabilité
civile extracontractuelle sont applicables à son cas, la victime a
le choix d’exercer son action en justice sur le fondement de
l’un d’eux. Ici : action contre le cycliste, gardien de son vélo
(fait de la chose, art. 1242 al. 1er C. civ.) OU action contre le
cycliste pour son fait personnel (art. 1240 ou 1241 C. civ.).
◎ B) Quel est le délai au bout duquel l’action en responsabilité
civile extracontractuelle est en principe prescrite ? 10 ans à
compter de la date de consolidation du dommage initial ou
aggravé (mais il existe des cas particuliers : 20 ans si
torture,…).
◎ C) Quelle est la principale sanction en matière de
responsabilité civile extracontractuelle : une amende ou des
dommages et intérêts ? Des dommages et intérêts. L’amende
est une peine pénale.
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