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Droit civil

LEÇON 1 : INTRODUCTION À LA NORME DE PERSONNALITÉ JURIDIQUE

I - Qu’est-ce que l’étude du droit ?

Pouvoir du droit :
Anticiper le conflit avant qu’il arrive et ne pas commettre de transgression de la loi (par peur de
sanctions) → On applique la norme de droit avant même qu’elle nous soit imposée.
Il n’existe pas que des normes juridiques (normes de politesse, normes sociales, normes
religieuses…) → La particularité des normes juridiques est l’application de façon obligatoire par
l’État.
Dans notre système démocratique le droit est fait en passant par la loi qui est elle même faite par
le Parlement (personnes élues). Il existe des conflits de valeurs notamment au moment des
élections. Il est donc possible de dire que le droit est établi dans une ambiance de conflit (comme
à l’Assemblée Nationale où il y a des débats, des votes…).
⟹ Le droit parce qu’il est le produit d’un système politique produit des normes qui sont le
résultat d’un Etat de conflit. Le droit est toujours un choix politique qui exprime des valeurs avec
des objectifs sociaux, c’est donc l’inverse du neutre car il nécessite une prise de position.

L’étude du droit :
• Connaître le droit positif : toutes les règles en vigueur à un moment donné dans un État
donné. Le droit ne se résume pas qu’au texte mais à la manière dont il est interprété car la
jurisprudence qui évolue avec le temps.
• Se demander ce qui a conduit à cet État de droit ?
• Travailler sur les travaux parlementaires.
• Comprendre comment le droit s’est construit.
• Réfléchir à ce qu’apprennent les autres sciences humaines sur la question.

Faire du droit n’est pas exercice de description et si on se contente juste de dire ce qui est et
pourquoi c’est comme ça, la question de l’appréciation se pose à nous, c’est-à dire porter un
regard sur une norme (exercice de juriste mais tout le monde a une opinion sur le droit).
➟ Que peut on dire d’une norme qui n’est jamais appliquée ? Qui n’atteint pas les objectifs
fixés ? Le juriste pour répondre ne doit pas chercher à répondre seul, mais avec l’économie, la
sociologie, les autres sciences humaines. Il s’agit d’une question politique.

👁 Cf. Michelle Alexander, La couleur de la justice → politique anti-drogue permet de viser la

population noire et pas de limiter la consommation de la drogue. Règles différenciées à la


consommation du cannabis selon la couleur de la population.

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Qu’est ce qui me semble être une personne heureuse et une société heureuse et comment on y
arrive juridiquement ?

Le droit n’est pas un seul équilibre mais un état dans lequel les forces en présence (tensions
d’intérêt qui peuvent exister dans une société, intérêts politiques, économiques, religieux qui
s’affrontent) arrivent à une situation qui globalement correspond à ces forces en présence (Etat qui
valorise la religion, le commerce…) en un lieu et un moment donné. → Droit différent selon le pays
et qui varie avec le temps.
L’importance est la pluralité des regards sur le sujet pour conduire à une « objectivité forte »
(Sandra Harding). C’est absurde de regarder un objet et de penser qu’on peut le décrire de
manière objective, mais suis-je suffisamment clair pour dire qui je suis quand je décris l’objet ? On
peut seulement tendre vers la neutralité. Il faut une multiplication des points de vue sur un
objet pour être conduit à une véritable connaissance de l’objet.

II - Quels contours pour le droit des personnes ?

A ) Notion de personnalité juridique et conséquences de son attribution

Summa divisio = division fondamentale


Le droit divise les entités en 2 catégories : Les personnes et les choses
On dit parfois que la catégorie de choses est une catégorie résiduelle → tout ce qui n’est pas une
personne est une chose. Il y a une hiérarchisation car les personnes sont des entités qui ont une
personnalité juridique et sont un sujet de droit. Quand une entité à la personnalité juridique elle
peut avoir des* droits subjectifs et les exercer, faire des actions juridiques (passer des contrats,
agir en justice, etc.). Ce sont également les seules à détenir un patrimoine.
A contrario, seules les choses peuvent être appropriées, entrer dans le patrimoine de quelqu'un,
faire l’objet d’un patrimoine.
Cependant, il n’existe pas de texte qui fixe les propriétés et critères de l’attribution de la
personnalité juridique. On peut essayer de décrire le système juridique mais beaucoup de
questions restent sans réponses et il y a beaucoup d’interprétations possibles qui mènent à
des débats qui implique des enjeux importants et des prises de position.

*LES droits : droits individuels, subjectifs (droits d’un sujet, d’une personne).

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B) Dualité de la notion de personnes juridiques

Les personnes juridiques ne sont pas forcément des personnes au sens communs. Il y a 2
catégories de personnes : personnes physiques (qui ont un corps) et personnes morales.
⟹ Personnes juridiques = physiques + morales
Opération de qualification : prendre un objet de fait et le mettre dans la bonne case selon des
critères.

1. Personnes morales : l’enjeu des usages

PERSONNES MORALES : Groupements qui ont un intérêt commun et surtout vocation à agir
indépendamment des personnes physiques qui les composent. Le droit leur accorde une
personnalité juridique et fait comme si ce groupe était une personne indépendamment de toutes
les personnes qui composent le groupe.
➟ Associations, syndicats, État, société commerciale, établissement public, mairie,
région…

Enjeu car :
- patrimoine
- droits subjectifs
- possibilité d’agir en justice indépendamment des personnes physiques qui composent
ces personnes morales
➟ Une association (l’entité) attaque en justice indépendamment des membres engagés
dans l’association.

Cela est une façon d’éviter de mettre en jeu son propre patrimoine, notamment dans des affaires
commerciales car on ne peut pas fractionner son propre patrimoine.
➟ Si j’ai des dettes on vient chercher le paiement sur le patrimoine.
Il y a donc une possibilité de prendre sur le patrimoine de la personne morale et non de la
personne physique. Donc si un syndicat doit payer une photocopieuse, c’est la personne morale
qui paye et non les personnes physiques. ⟹ INTÉRÊT : Agir collectivement + protéger les
personnes membres du collectif en distinguant le patrimoine individuel du collectif
(question économique et de responsabilité individuelle).

2. Personnes physiques : l’enjeu des limites

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Idée d’une universalité de la personnalité juridique → tous les humains doivent avoir une
personnalité juridique, c’est-à-dire être reconnu par un État, pouvoir agir sur la scène du droit
serait un droit fondamental (tiré du 1er art. DDHC).
Problème : pas de définition de ce qu’est une personne juridique ⟹ interrogations

Tous les humains doivent être reconnus comme titulaire du Droit, aucun humain ne peut être une
chose et donc approprié par une autre personne, ce qui est en opposition avec la période de
l’esclavage.

ESCLAVAGE
Les esclaves n’étaient pas considérés comme des personnes mais il n’y avait pas de doute sur le
fait qu'ils soient des humains (et non des animaux ou objets au sens matériel). Les propriétaires
d’esclaves avaient obligation de les faire baptiser (catholicisme imposé). Cependant il s’agissait
d’humains sans personnalités juridiques et pouvaient donc faire l’objet de transactions
juridiques (vendus, hérités…). Juridiquement ils étaient des choses. Ici, le Droit faisait des
différences de nature entre les personnes car seules les personnes considérées comme noires
pouvaient être esclaves. On aurait alors tendance à considérer qu’il s’agissait d’une question de
nature. Or il s’agissait d’une question juridique, la notion de personne noire étant définie
juridiquement. Devenait esclave une personne née d’une mère esclave et d’un père libre (mais pas
≠) → ce n’est pas une question de couleur de peau (on peut être très clair et considéré comme
noir juridiquement, cf. « passing » aux USA ) mais de catégorisation juridique. Une personne
considérée comme métisse libre n’avaient pas les mêmes droits qu’une personne blanche. Le
statut dépendait aussi d’une position géographique : pas d’esclaves en métropole mais que dans
les colonies. L’affranchissement permettait de passer du statut d’esclave à personne juridique
libre.
⟹ L’esclavage n’est pas une considération biologique mais un système de hiérarchisation
des personnes sur le critère de la race, un critère juridiquement construit.
Il s’agit d’un outil politique. La personnalité juridique est donc une question d’attribution, on peut
l’acquérir et la perdre.

👁 : Référence ouvrage sur l’esclavage sur l’ENT

Aujourd’hui en Droit français tous les humains ont une personnalité juridique, mais alors qu’est-ce
qu’un être humain ? On parle de catégorie biologique pour caractériser une personne humaine,
mais est-ce un critère pertinent ?
➟ Superman est un extraterrestre car il ne vient pas de la terre, or quand on parle avec
Clark Kent on semble s’adresser à un humain. Dans la vraie vie, dirait on que Superman n’est
génétiquement pas un humain et qu’il ne mérite donc pas de personnalité juridique ?

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En réalité ce qui nous pousse à dire que tous les humains ont une personnalité juridique, ce n’est
pas une considération de l’ADN, mais d’une personne qui paraît semblable à nous même. ⟹ La
biologie n’est donc pas un critère pertinent d’attribution de la personnalité juridique.
C’est le croisement d’une considération biologique et d’une considération de reconnaissance
d’autrui (personne qui nous ressemble, qui communique, etc.) qui permet de caractériser un être
humain.

Spécisme : système social qui distingue humain/animaux et qui hiérarchise en donnant la


personnalité juridique aux humains seulement (le mouvement anti-spécisme revendique que
certains animaux mériteraient une personnalité juridique). En droit français actuel les animaux sont
des choses, bien qu’elles aient un statut juridique à la différence des objets. Il s’agit d’être vivant
dotés d’une sensibilité et protégés d’une certaine manière. S’ils avaient la personnalité juridique on
ne pourrait pas les vendre, les acheter, les tuer…

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LEÇON 1 : PERSONNES PHYSIQUES AVANT LA PERSONNALITÉ

I - Le principe : la naissance vivant et viable

A) Les contours incertains du principe

Il n’existe pas de texte qui définisse la personnalité juridique. L’attribution de la personnalité


juridique est donc déduite de certains textes du C.civil qui concerne la transmission de la propriété.
Le premier texte est l’art. 725 du C.civil.

« Pour succéder il faut exister à l’instant de l’ouverture de la succession ou, ayant déjà été conçu,
naitre viable. »

Interprétation : la personnalité juridique commence à la naissance vivante et viable. Mais il n’existe


pas de définition de la notion de « naître », d’être «viable » ou d’être « vivant ».

• Critère de vie : à partir d’une respiration


• Critère de naissance : quand le corps entier est sorti
• Critères (médicaux) de viabilité : à partir de 22 semaines de grossesses + tous les organes
nécessaires à la vie, ou 500 grammes.

B) Les conséquences du principe

Un enfant qui naît et qui est viable accède à la personnalité juridique même s’il meurt peu de
temps après.

• Question de l’application du droit pénal avant la naissance et la viabilité → cf. Arrêt de la


Cass., du 29 juin 2001, n°99-85.973

Homicide involontaire : provoquer la mort d’autrui = autre personne juridique. Or, ici, l’enfant pas
encore né et viable n’est pas « autrui » et donc pas une victime d’homicide involontaire. C’est une
position que la Cour européenne des droits de l’Homme a considéré comme possible et conforme
aux droits fondamentaux dès lors qu’il existe d’autres voies de droit pour la réparation du préjudice
de la femme.

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II - Les assouplissements du principe

A) Assouplissement utilitariste : maxime « infant conceptus » .

L’enfant conçu est considéré comme né à chaque fois qu’il y va de son intérêt.

• Question de l’héritage
Principe qui part du droit des successions → cf. Art. 906 du C.civil. Il y a une rétroactivité de la
personnalité juridique dès lors de la conception. Si le géniteur meurt avant la naissance,
théoriquement l’enfant ne peut hériter car il n’a pas encore de personnalité juridique. L’idée est
donc de dire que si jamais l’enfant est né vivant et viable il peut hériter. On fait comme si sa
personnalité juridique avait toujours existé (même lors de la mort de son géniteur) →
assouplissement. Les héritages se modifient.

À partir de 1985, ce principe s’applique à tout le droit. Par exemple, lors d’un accouchement,
l’enfant né vivant puis meurt dans un accident → sa personnalité juridique a rétroagit à la date de
la conception. Au moment de l’accident l’enfant était une personne vivant et viable ⟹ homicide
involontaire. Avant, on considérait que ce principe fonctionnait que s’il y avait un intérêt pour
l’enfant. Depuis l’arrêt de la Cass. du 28 janvier 2009, c’est le cas même quand c’est en
défaveur de l’enfant. La notion évolue.

02/10

B) Assouplissements compassionels : l’acte d’enfant sans vie

Interprétation d’une norme :


- Interprétation littérale : personnalité juridique est supposée réagir à la conception
- Interprétation téléologique : en fonction de son objectif

L’état civil est une des caractéristique des personnes juridiques physiques. Si un enfant
nait pas vivant ou viable, il n’y aura pas d’acte de naissance mais un certificat
d’accouchement. Lorsque la grossesse est très avancée, socialement, il y a déjà un
enfant.

1993 : création de l’acte d’enfant sans vie (Art. 79-1 du C.civil) = acte d’état civil dressé
lorsqu’un enfant naît mort (≠ enfant nait vivant et viable puis meurt).

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Cet acte s’est enrichi avec le temps. Avant ne pouvait être mentionné que un prénom, le
sexe et des parents. Depuis 2021 peut également être mentionné un nom de famille. Cet
acte n’est pas obligatoire, il peut être demandé par les « parents ». C’est une possibilité
qui permet la mention de cet acte sur le livret de famille et donc une existence symbolique
de l’enfant mort né. Il a donc une portée essentiellement compassionnelle. Pour autant il a
des conséquences juridiques, financières et patrimoniales → accès a des congés
(maternité et paternité) et le couple bénéficiera d’une demi part fiscale ainsi que de la
possibilité de faire des funérailles au corps.

Il y a eu un débat sur les personnes pouvant bénéficier de l’acte d’enfant sans vie. Dans
un premier temps, par voie de circulaire en 1993 il avait été établi que c’était possible dès
lors que le foetus avait atteint la viabilité au sens médical (22 semaines ou 500 grammes).

Une question symbolique mais aussi financière se pose alors. Cette position a été
contestée par des personnes ayant eue des fausses couches ne respectants pas le
nombre de semaines ou le poids demandé. La Cass. a constaté que la règle qui posait
des limites n’avait pas été posée par la loi mais par voie de circulaire (qui est juste censée
expliquer comment une loi s’applique et pas rajouter des conditions d’application → pas la
compétence appropriée).

En 2008, la Cass. affirme que les critères du circulaire n’ont pas a être appliquées car
illégitimes. Par conséquent il n’y a pas de critère de date pour l’attribution de l’acte de
l’enfant sans vie ⟹ problèmes fiscaux. Dès 2008, par voie d’arrêté, une série d’actes
comportants des limites va paraitre. 2 critères se superposent :
- ❌ : fausses couches précoces, IVG

- ✅ : accouchements spontanés, IMG

2 questions se posent autour de ce système :


- L’acte comporte des caractéristiques de l’état civil (prénom, sexe…) alors que
théoriquement il n’y a pas de personnalité juridique ⟹ volonté de ne pas inscrire de
nom car trop juridique.
- l’argument au soutient de l’existence de l’acte est compassionnel et social, on peut
poser la question de ces limites posées par le droit et notamment la différence entre
l’IVG et l’IMG. L’IMG est une question de motif médicaux, elle peut être assez précoce.
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Cette différence n’est pas tant une question de développement du foetus mais de
volonté de la femme (pour l’IVG). Si on reconnait qu’après une certaine durée, il y a un
impact sentimental et donc que pour l’IMG ⟹ l’IVG ne représenterait pas une perte de
grossesse ? ⟹ injustice. Si vraiment la motivation est compassionnelle, pourquoi ces
critères ? Il faudrait adapter les critères aux conditions de congés (déconnecter les 2).

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LEÇON 2 : PERSONNES PHYSIQUES APRÈS LA PERSONNALITÉ

I - Le principe : la mort comme disparition de la personnalité

A) Les contours incertains de la mort physique

La personnalité juridique disparait avec la mort de la personne physique. Mais le droit ne comporte
pas de définition précise de la mort. Dans la majorité des cas, il n’y a pas de débat (éléments
repérables physiquement), la mort est déclarée par déclaration médicale avec un acte de décès
(jour et lieu du décès). 2 questions essentielles : l’amour et l’argent.

La seule définition de la mort est celle inscrite dans le cadre du prélèvement d’organes.

Lorsque le prélèvement est envisagé seront suivies des règles pour établir que la personne est
juridiquement décédée. Ces critères impliquent l’établissement d’un enregistrement de l’activité
cérébrale ou une étude de la circulation du sang dans l’activité cérébrale (cela n’est pas effectué
pour délivrer un certificat de décès). Ces critères là établissent la mort cérébrale ⟹ pouvant faire
sujet de prélèvement des personnes dont l’activité cérébrale est définitivement arrêtée. Des
personnes en mort cérébrale sont maintenues ventilées pour sauvegarder les organes mais
l’activité cérébrale est définitivement arrêtée (≠coma). On peut se réveiller d’un coma mais pas
d’une mort cérébrale.
➟ Cette idée n’est pas acquise partout comme au Japon pour qui c’est la respiration qui
atteste de la mort.
Conflit autour de la perception de la mort : Un médecin n’a aucun doute sur le fait qu’une
personne en mort cérébrale respire uniquement grâce aux machines, c’est l’activité cérébrale et
non la respiration qui entre en jeu. Au contraire, socialement, c’est l'arrêt de la respiration qui sous
entend la mort de la personne.

👁 Réparer les vivants, Maylis de KARENGAL

La mort cérébrale est donc le critère juridique de la mort.

B) Les conséquences du principe

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Une fois la mort constatée, la personnalité juridique s’arrête. C’est un principe qui n’a pas
toujours été une évidence. Jusqu’en 1854 existait la mort civile (≠mort physique) = mécanisme
juridique qui s’appliquait a 2 catégories de personnes :
- personnes qui rentraient dans les ordres
- les condamnés à mort ou à perpétuité
⟹ faisait disparaître une partie de la personnalité juridique, comme si la personne était morte ⟹
mariage dissous, successions ouvertes. Ces personnes ne perdaient pas leur état civil ou leur
capacité a établir des contrats.

Les conséquences de ce principe sont le // des conséquences de l’apparition de la personnalité


juridique (dissolution mariage et liens contractuels, successions ouvertes…).
La question de l’application du droit pénale après la mort s’est également posée. Peut on pratiqué
un meurtre sur un cadavre ?

👉 Une personne en tabasse une autre, la laisse, elle meurt. Une autre personne revient et donne

des grands coups de bar de fer sur la personne déjà morte.

Y’a t-il tentative d’homicide ?


Argument de défense : il n’y a pas de tentative de prendre la vie d’autrui car il n’y a plus « autrui ».
Mais la personne est condamnée car il y a possibilité en droit français dès lors qu’il y a un
commencement d’exécution et que la raison d’interruption de l’acte malveillant est indépendante
de notre volonté. (Police qui débarque pendant un cambriolage). ⟹ la personne voulait la tuée à
coups de bar de fer mais elle était déjà morte.

II - Les assouplissements du principe

A) Assouplissements utilitaristes : absence et disparition

Il arrive que le corps ne puisse pas être examiné car détruit ou disparu. Il y a donc un problème si
la mort ne peut être constatée que par le corps. Pour ces cas il existe des techniques juridiques
permettant de déclarer la personne décédée même si on en est pas sur.

1. L’absence

📕 Art. 122 et s. C.civil

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Personne qui a cesser de paraitre au domicile et dont personne n’a de nouvelles. Le juge du
contentieux de la protection va être saisi soit par le Procureur ou par n’importe quelle personne
intéressée (par amour ou argent). Cette personne va prouvée par tout moyen l’absence ⟹
(procédure ouverte par 200 personnes par an) présomption d’absence → faire comme si la
personne était toujours vivante (gérer ses biens, taxes.).
Lorsque la présomption a durer 10 ans ou que la personne est absente depuis 20 ans (sans
que personne n’est ouvert la présomption) la personne est « présumée absente » —> on essaye
de la déclarée absente :
- annonce dans le journal
- Attendre 1 an que la personne consulte le journal
- Jugement de déclaration d’absence (si pas de réaction)
- Inscription sur le registre des actes de décès

2. Disparition

📕 Art. 88 et s. C.civil

Il s’agit d’une disparition dans des circonstances où des conditions laissent croire fortement
que la vie de la personne était en danger (crash aérien, accident…). Toute personne intéressée
peut saisir le tribunal judiciaire d’une demande de déclaration de disparition. Quand le tribunal a
les éléments suffisants supposants la mort, il rend un jugement de déclaration de disparition qui
va fixer le jour probable de la mort.

3. Les conséquences

Comme si la personne est morte → fin de la personnalité juridique. Si la personne réapparait,


elle reprend possession de ses biens dans l’état dans lesquels elle les retrouve mais le mariage et
le pacs restent dissous.

B) Assouplissements compassionnels : mariage et adoption posthume

Parfois, la mort n’empêche pas le mariage ou l’adoption.

1. Le mariage posthume

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Rupture du barrage de Malpasset ⟹ mort de 400 personnes dont des hommes qui devaient
prochainement se marier, laissant seules plusieurs femmes. L’une d’entre elle était enceinte, ce qui
posait un problème à l’époque (enfant hors mariage). À l’époque existe une différence de statut
juridique pour les enfants nés hors mariage.

Loi de 1959 → art. 171 C.civil : mariage posthume

Aujourd’hui ce système est moins utilisé que dans le passé notamment car la question des enfants
nés hors mariage est moins problématique. S’il y a un projet de mariage très aboutit mais qu’un
des deux époux décède, il est possible de prononcer le mariage avec autorisation du président
de la République. Le mariage va rétroagir à la date de la veille du décès.

Conséquences :
- port du nom
- filiation entre le parent décédé et l’enfant
- patrimoniales
- financières : le conjoint restant sera considéré comme étant marié dans certains régimes
sociaux comme la pension de réversion → il percevra la moitié de sa pension de retraite

Cette loi à un intérêt plus théorique : elle est relative aux lois faits divers (prises par les autorités
publiques en réaction à un fait divers).

2. L’adoption posthume

L’adopté ou l’adoptant décède entre le moment ou l’adoption est prononcée et le moment ou il


est confié à la famille.

1996 : possibilité de prononcer l’adoption d’un enfant recueilli mais pas encore adopté que ce soit
de par la mort de l’adopté ou de l’adoptant.
Il n’y a pas de difficulté de présomption de consentement car le consentement est établi au
moment du choix du placement (déjà effectué avant la mort).

On va modifier l’état civil d’une personne qui a juridiquement disparue, il n’y a pas d’autres effet,
il s’agit d’une question de symbolique. En effet, on estime qu’il peut être important de se marquer
d’un lien de parenté qui n’a pu être concrétiser en raison de la mort.

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LEÇON 4 : PROTECTION DES CORPS HORS DE LA PERSONNALITÉ


JURIDIQUE

I - Protection des embryons

A) Statut de l’embryon in vitro : la protection de l’espèce

On compte environ 200 000 embryons conservés en France.

Plus de possibilité de l’usage des embryons si :


- le couple ne le souhaite plus
- les personnes ne remplissent plus les critères pour bénéficier de l’assistance à la
procréation (séparation…)

Qu’est-ce qu’on en fait ? Il existe 3 options :


- destruction (si silence du couple sur la volonté de garder l’embryon ou désaccord)
- don d’organe à une autre AMP
- donner les embryons à la recherche (c’est d’ailleurs la seule source, il est interdit en droit
français de créer des embryons à des fins de recherche)

En France la recherche sur les embryons n’est pas libre. À la fin du processus de recherche, il y
aura destruction de l’embryon car il est interdit de réimplanter des embryons qui ont servit à la
recherche. Il n’y a pas de recherche sur un embryon au delà de 14 jours.

En 1994, apparait la première loi bioéthique : la recherche sur les embryons humains est
complètement interdite. Aujourd’hui il y a eu un assouplissement, toute recherche doit être
préalablement autorisée par l’Agence de la bio-médecine (ABM). Le critère d’autorisation est
très large :
- « intérêt médical suffisant » ou volonté de « participer à la connaissance de la biologie
humaine »,
- démontrer l’intérêt de recourir à des cellules embryonnaires et pas d’autres cellules
(l’usage est possible en dernier ressort)

La cellule souche (constituée d’un matériaux de spermatozoïde et d’un d’ovocyte) permet de


créer toutes les autres types de cellules, elles sont « totipotentes ». De plus la cellule souche à la

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capacité de se reproduire à l’infini de façon identique → possibilité


de créer des lignées de cellules souches (qui ont parfois des
lignées d’années mais viennent au départ d’un embryon). Cette
expérimentation sur des cellules souches reposait au départ sur
les mêmes critères. Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de
souplesse, il suffit de les déclarer pour servir à la recherche.

Ce type de règlementation est le fruit d’un arbitrage politique


entre des enjeux multiples, éthiques et économiques de par le
soft power français à l’international → concurrence entre les
États. Le problème qui s’est posé est que les pays avec des
critères moins stricts que ceux de la France avançaient plus vite
dans la recherche autour des embryons.

Le droit français conserve des limites spécifiques :


- interdiction de joindre au patrimoine d’embryon humain un patrimoine génétique d’une
autre espèce
- interdiction de clonage

B) Statut de l’embryon in utero : la concurrence des intérêts

L’enjeu historique de l’IVG est celui de protection de la vie → éviter la mort de cette embryon. En
réalité il n’a pas été protégé pour lui même mais pour de multiples enjeux :
- natalité (de faire des enfants pour la guerre, le travail, etc),
- religieux
- santé publique (avortement clandestins qui provoquent parfois la mort de la mère)
- liberté reproductive pour les femmes (c’est une charge pour les femmes)

Le régime de l’avortement à évoluer avec le temps.

1810 : l’avortement était puni de la prison à vie pour les femmes et de travaux forcés pour les
personnes médicales qui exécutaient l’avortement.
1942 : avec le régime de Vichy le recours à l’avortement est criminalisé avec une sanction de
peine de mort en tant que « atteinte à l’autorité de l’État » (on se soustrait à la procréation et
donc on prive l’État d’une possible force de guerre), ce n’est pas la protection de la vie qui est
punie à ce moment là.
1945 : il s’agit toujours d’une infraction pénale mais on ouvre la porte si il y a un possible danger
pour la vie de la femme.

1975 : « loi Veil », l’avortement est autorisé.


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Cette loi n’est pas uniquement le résultat du travail de Simone Veil mais aussi le fruit des
manifestations féministes des années 60-70 et des combats judiciaires menés comme le
procès de Bobigny en 1972 (victime d’un viol qui décide d’avorter).
Il s’agit d’un combat social comme en témoigne le Manifeste des « 343 salopes » : 343 femmes
(célèbres ou non) qui déclarent avoir recouru à l’avortement. Simone Veil se centre sur une
question de santé publique en se concentrant sur le danger des femmes à vouloir avorter seules.
Phrase contestée par les féministes de l’époque :

« L’avortement est un drame et restera toujours un drame »


Simone Veil

📕 Art. 1 de la loi Veil (art. 16 du C.civil) : « la loi assure le respect de l’être humain et garantit le

respect de tout être humain dès le commencement de la vie ».

En 1975, c’est une question de santé et non de liberté, une réponse à un délai de détresse.

Aujourd’hui, 2 systèmes cohabitent : IMG et IVG

1. Régime de l’IVG

Il est possible d’interrompre sa grossesse sur simple demande jusqu’à 16 semaines de grossesse.
Par ailleurs, dans les textes, l’avortement n’est plus considéré comme une réponse à un état de
détresse mais à une demande d’une femme qui ne souhaite plus poursuivre la grossesse.
Cependant cet acte reste marqué par des limites qui doivent l’encadrer quant au délai et au fait
d’avoir 2 consultations. Le mineures peuvent aujourd’hui avortées sans l’accord parental
(accompagnées d’une personne majeure) et cela est remboursé pour toutes les femmes depuis
2016. On ne peut jamais imposer à un personnel soignant de participer à un avortement. Malgré
tout, l’avortement pratiqué en dehors des règles publiques reste une infraction pénale. Une
infraction non pas pour les femmes (comme jusqu’en 1993) mais pour les personnes qui y
participent.

2. Régime de l’IMG

Son intérêt est le fait de pouvoir être pratiqué au delà des 16 semaines. Il est autorisé dans 2 cas :

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- péril grave pour la santé (≠vie) de la femme


- forte probabilité que le foetus soit atteint d’une pathologie grave et incurable

Il n’y a pas de liste de critères en droit français mais cela est fait sous l’avis d’un collège
pluridisciplinaire dont 2 médecins qui vont examiner la situation et autoriser ou non l’IMG, en
fonction du vécu de la personne. C’est une appréciation au cas par cas. On constate environ 7
000 autorisations par an (dont plus de 1000 personnes qui décident de conserver tout de même
la grossesse) pour une centaine de refus. Cette autorisation est volontaire mais au delà des 16
semaines la simple volonté de la personne ne suffit pas, il faut des raisons médicales valables.
➟ Trisomie 21 : environ 77% d’IMG

Le délai est la principale cause du départ entre ces 2 régimes.

Québec : pays qui ne connait pas de limite à l’avortement, on peut avorter sans aucune condition
jusqu’à la fin de la grossesse.

J.J Thomson, Pour une défense de l’avortement

Parabole du violoniste : un matin, on se réveille et on est allongé sur un lit d’hôpital. Notre
système sanguin est relié à la personne allongée aussi à coté de nous. On nous explique que
cette personne est le plus grand violoniste du monde, il va mourir et va priver le monde de son art.
Heureusement on est la seul personne au monde compatible avec, si on reste connecté à lui
pendant 9 mois, il vivra et on aura rendu service au monde.

Moralement : Peut on considérer qu’il est bien de rester sur ce lit pour sauver le violoniste ? Oui
Juridiquement : Peut on nous y contraindre ? Effectivement, en droit français si on dépasse le
délai de 14 semaines, on peut s’auto avorter mais on ne peut pas obtenir d’un tiers un avortement.
Si on dépasse le délai légal, on est contrainte de vivre une grossesse et un accouchement.
Paradoxe : Si on choisit d’avoir un enfant, et que un jour il nous suffit de faire une greffe pour le
sauver, on le fera. Mais on ne peut pas nous y contraindre juridiquement car il existe le principe
d’inviolabilité du corps humain. On ne peut nous contraindre à atteindre notre corps pour sauver un
enfant choisit mais on peut nous contraindre a engager notre corps dans une grossesse au
prétexte de sauver la vie de ce futur enfant (si le délai d’avortement est passé).

⟹ Réflexion : Pourquoi ce délai légal d’avortement, pourquoi est il placé là ? (Encore plus
quand il y a des dénis de grossesse)

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Droit civil

II - Protection des cadavres

Conflits de valeurs multiples autour du corps des morts partout dans le monde, on parle
d’ « invariant culturel ». Les choix sont toujours fait culturellement, religieusement chargé et
sensibles. Les cadavres sont aussi des ressources thérapeutiques (greffe). Ils peuvent être le
support d’intérêt collectif dans le sens où ils peuvent être une souillure, le support de pathologie,
des outils nécessaires à la justice (autopsie).

📕 Art. 16-1-1 C.civil : « Le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort. / Les restes

des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation,
doivent être traités avec respect, dignité et décence »

📕 Art. 225-17 C. pénal : un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende pour toute atteinte à

l’intégrité des cadavres ou des sépultures (double si les deux)

Ces textes permettent au juge d’être un support bien que les principes posés paraissent évidents.
Ce n’est pas qu’une histoire de corps mais de symbole et d’image.

A) L’utilisation thérapeutique et scienti que des corps morts

• Prélèvement d’organes et de tissus


Principe de consentement présumé : si on ne s’est pas exprimé contre, on est présumé a être
pour. Quand bien même les proches seraient opposés, si la personne n’a pas exprimé elle même
son refus, il est possible de prélevé.
Il est possible de s’inscrire sur le registre national des refus dès l’âge de 13 ans et d’exprimer
des préférences (« oui, mais pas le coeur »). Le droit français n’a pas franchi le pas que la seule
manière d’exprimer son refus soit par le registre, il a choisi un sytème dans lequel il est possible de
dire non par tous moyen et même par oral. La parole est donc reportée par les proches, le danger
étant que ceux-ci expriment leur propre refus.
➟ 90’s : Une famille avait donner son accord pour leur fils mort très jeune. Ils avaient permis
le prélèvement de tout les organes sauf les yeux → erreur médicale : les cornés ont été
prélevé et les parents informé ⟹ réparation financière pour le dommage moral mais pas de
sanction pénale. C’est un traumatisme dans le milieu médical.
Des systèmes de consentement explicite existent également comme en Espagne (où il y a
d’ailleurs plus de prélèvement) ou dans certains États des États-Unis.
Les organes prélevés sur les cadavres sont redistribués par algorithme à des personnes
anonymes.

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Droit civil

• Enseignement et recherche
Principe de consentement explicite. Avant, chaque laboratoire d’anatomie avait son propre
fonctionnement, il n’y avait pas de réglementation.
Fac de Descartes : morgue mal entretenue → nouvelle réglementation.
Aujourd’hui ce n’est que très exceptionnellement qu’on peut fractionné le corps. Il peut être
reconstitué et rendu aux proches pour des funérailles.

• Autopsies
- scientifiques : on va chercher les causes de la mort d’une personne
- médico-légales : infraction à l’origine de la mort → on ne peut s’y opposer

B) La destination funéraire des corps

• Inhumation (enterrement)
En principe dans un cimetière. Il est parfois exceptionnellement possible d’être enterré dans un
terrain privé comportant un très grands nombres de critères.
Cimetière :
- terrains communs (gratuit mais que la commune peut reprendre dans un délai de 5 ans)
- concessions (payant, pour 50 ans maximum, tant qu’elle est payée elle est conservée et
peut être renouvelée à la fin des 50 ans)
Quelque soit le cas, le droit français exige l’usage du cercueil.

• Crémation
Autorisée à la fin du 19ème siècle par une loi avec une position anti-religieuse (l’église catholique
interdisait la crémation). Le corps est placé en cercueil, incinéré, les cendres sont placé dans
une tombe, dans des columbariums, dispersées (pas sur la voie publique). Jusqu’en 2008 il était
possible de les garder à domicile. Il n’est plus permis de les partager.

Lien avec l’acte d’enfant sans vie → corps des enfants morts-nés
Si les conditions d’acte d’enfant sans vie ne sont pas atteintes (grossesse pas assez
avancée), l’embryon mort sera traité comme un déchet hospitalier et incinéré dans les
incinérateurs de l’hôpital ou dans un incinérateur à part, il n’y aura pas de funérailles.
Si les conditions sont atteintes (même si on a pas demander l’acte), les parents peuvent
réclamer le corps pour procédé à des funérailles, sinon le corps est éliminé par l’hôpital.
➟ Décision du Conseil d’Etat du 9 octobre 2023 : Les parents ont 10 jours pour réclamer
le corps. L’hôpital a l’obligation de garder l’embryon 10 jours et d’en informer les parents.

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Droit civil

• Refus de cryogénisation : Conseil d’Etat, 6 janvier 2006


• Refus de l’exposition (affaire Our Body) : Our body est une exposition (fin des années 2000)
de plastination → remplacer toutes les graisses et liquides du corps par des plastiques ⟹
transforme le corps en une matière modelable. L’exposition ne présentait pas de corps français.
On pensait qu’il venait de Chine mais il y avait un léger doute ⟹ exposition interdite ⟹ Art.
16-1-1 C.civil
• Restitution de corps

Le fait que le droit français ne connaisse que l’inhumation et la crémation entends que certaines
pratiques funéraires dans le monde ne trouve pas leur place en France.
➟ par animaux.
➟ islam/Mayotte : inhumation sans cercueil
➟ pratiques plus écologiques : sans cercueil → matières organiques qui favorisent la
décomposition du corps (humusation)

Cette interdiction parait une évidence pour les corps qui meurent aujourd’hui mais est contredite
par le fait que les musées français disposent encore de corps pour usage muséal quand ces corps
sont issus de pratiques d’anciennes colonies.
➟ Loi du 6 mars 2002 : restitution du corps d’une femme amenée en France pour être
exposée comme une curiosité coloniale (« énorme postérieur ») à l’Afrique du Sud

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Droit civil

LEÇON 5 : PRINCIPES GÉNÉRAUX DE PROTECTION DU CORPS HUMAIN

Première loi « de bioéthique », 29 juillet 1994 : Articles 16 à 16-9 C. Civil → principes relatifs
au corps humain. Cette loi a une importance symbolique.
Intégrité corporelle = passage de la barrière corporelle

I - Principe d’inviolabilité du corps

📕 Article 16-1 C.civil + Article 16-3 C.civil (qui apporte des précisions).

Ces droits posent deux questions. D’abord, la règle très générale laisse entendre que le principe
est absolu. Or ce texte trop général n’apporte pas de réponses à un certain nombre de questions
et suppose un grand nombre d’interprétations.

Le corps ne peut être atteint que ci les trois conditions suivantes sont cumulativement réunies :
- nécessité thérapeutique
- consentement de la personne
- la personne a été informée
⟹ Si ces éléments ne sont pas cumulativement remplis, l’atteinte au corps est illégale et constitue
donc une infraction pénale. Principe de droit pénal : le consentement de la victime est indifférent
à l’infraction. Le consentement d’une personne ne supprime pas l’infraction pénale.
➟ Si on est d’accord pour être tué, cela n’est pas autorisé et reste un homicide (sauf
relations sexuelles)
Il faut à la fois une finalité thérapeutique ET le consentement de la personne.

A) Conception large de la notion de nécessité thérapeutique

1. La notion de nécessité médicale pour la personne

Il faut que la balance bénéfice/risque soit favorable à l’atteinte au corps. Toute atteinte au corps
comporte un risque. Il faut que le bénéfice soit supérieur au risque encouru.
Les risques sont assez faciles a établir (infections, âge…), mais les bénéfices sont plus durs à
trouver. Beaucoup de situations ne servent pas à guérir.
➟ pilule contraceptive : bénéfice est ici de prévenir
➟ avortement : risque médical mais le bénéfice est de choisir le fait de ne pas avoir envie.
➟ chirurgie esthétique : bien être psychique mais prise de risque corporel.

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Droit civil

➟ transition de genre : risque médical mais bien être psychique aussi.

On accepte l’atteinte pour une nécessité médicale. L’objectif n’est pas forcément médical mais
une forme de liberté corporelle qui doit être fait par la nécessité médicale pour que la personne
agisse en sécurité sur son corps. L’acte est bénéfique et ne peut être réalisé que par la médecine.

2. Intérêt thérapeutique d’autrui

Le bénéfice pour autrui d’une atteinte au corps d’une personne est parfois direct. Il vise à
améliorer son état de santé.
➟ don de sang, organes, moelle osseuse…

Parfois cette atteinte est plus minime avec une simple stimulation du corps.
➟ don de lait pour la santé des prématurés

Dans certaines circonstances on atteint le corps non pas pour guérir mais pour le bien être
psychique et social de la personne. On voit ici une conception large.

Il arrive qu’on accepte que les personnes atteignent leur corps pour le bénéfice d’autrui dont le
bénéfice reste hypothétique.
➟ expérimentations biomédicales pour espérer developper une nouvelle thérapeutique

B) Des atteintes possibles en dehors de l’activité médicale

1. Des pratiques admises

Piercing, tatouages, teintures, épilation… ⟹ bien être psychique qui ne nécessite pas
d’intervention médicale (≠ chirurgie esthétique). Il existe quand même un encadrement autour de
ces pratiques. Est aussi tolérée la pratique de la circoncision sur des mineurs ou des bébés (qui
ne peuvent pas consentir) pour des raisons religieuses ou culturelles.

Même si le texte du Code civil semble réserver l’atteinte au corps à des raisons médicales, cela
est en réalité plus large. Cette atteinte est effectuée dans notre intérêt.

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Droit civil

2. Des atteintes possibles dans l’intérêt collectif

Il existe un certains nombres de situation où l’atteinte à l’intégrité corporelle est établie dans un
intérêt collectif.
➟ Prélèvements ADN (droit français : décision de justice dans le cade familial ou dans des
investigations judiciaires pénales)

Les tests (COVID, ADN, alcoolémie…) nécessitent toujours le consentement de la personne. Dans
un certains nombres de situations, on peut faire pression sur notre consentement pour l’intérêt
collectif.
➟ vaccin COVID

Très peu de situations portent atteinte au principe d’inviolabilité du corps (sans le consentement de
la personne). Dans certains cas les personnes ne sont pas à même de consentir (soins
psychiatriques exclus).
En réalité il existe 2 situations :
- Art. 707-56 CPP : personne condamnée pour un délit ou un crime passible de plus de 10
ans de prison → on peut imposer le prélèvement ADN
- Loi faits divers 2011 : prisonniers qui prétendent avoir le VIH et crache du sang, tousse
sur les gardiens de prisons → on peut imposer le test. Le texte créé mentionne la
« maladie virale grave », cela ne fonctionnerait pas pour les tuberculoses dont certaines
sont incurables.

La CEDH considère qu’une atteinte au corps humain qui n’est pas prévue par la loi, proportionnée
à son objectif ou sans consentement peut être considérée comme un acte inhumain et
dégradant. En France si cela n’est pas fait dans les deux cas évoqués précédemment, cela serait
illégal.

II - Le principe d’extrapatrimonialité du corps humain

A) Premier temps: interrogation sur un principe d’indisponibilité du corps humain

La question de savoir à quelle condition il est possible de consentir s’est posée à partir d’une
décision du 31 mai 1991 de la Cass. sur une affaire de gestation pour autrui. À l’époque, elle
n’était pas interdite (contrairement à aujourd’hui). C’est la première fois que le principe d’ordre
public d’indisponibilité du corps humain est évoqué. Un débat a lieu car la notion
d’indisponibilité peut avoir plusieurs sens d’après la décision de la Cour :
- il n’est pas possible de faire de transaction monétaire sur un objet ❌
- un objet ne peut pas être pris dans une transaction du tout (monétaire ou non) ✅
Cf. Epi
23
Droit civil

En 1991 on peut pourtant déjà donner ses organes, d’où le débat autour de l’indisponibilité. Dans
les deux cas, on consent à une atteinte gratuitement.
En 1994 avec la loi de bioéthique, la question se pose de mentionner une indisponibilité du corps
humain. On va finalement parler d’extrapatrimonialité. On choisit de ne pas reprendre le premier
principe avec l’idée qu’on ne peut pas être rémunéré pour accepter un prélèvement sur son
corps. Aujourd’hui encore, ce principe persiste.

Pourquoi refuse t-on cette rémunération ?


Certains pays rémunèrent certains dons (Allemagne, Espagne…). L’idée est que si l’on rémunère
ce principe, on accepte de payer ceux qui n’ont pas d’autres façons de vivre. Le fait de vendre
une partie de son corps est inscrite dans une forme d’inconscient collectif notamment par Victor
Hugo dans Les misérables en 1862 ⟹ ce sont toujours les mêmes qui vendent ce qu’ils ont à
vendre. Ce que décrit Victor Hugo est pour lui une façon de dénoncer que ceux qui n’ont rien
d’autre que leur corps, vendent leur corps.

B) Situation actuelle : principe d’expatrimonialité

Exceptions au principe :

📕 Article 1211-49 C. santé publique : phanères → autorisation de la vente de cheveux, ongles,

dents.

Limites au principe :
Si on va donner notre sang, on peut recevoir à manger. La limite entre l’aspect médical et la
compensation/rémunération est difficile. Pour certaines personnes un repas chaud est intéressant,
il s’agit d’une sorte de rémunération.

Il n’est parfois pas interdit d’engager son corps dans une activité rémunérée parfois nécessaire
à leur survie.
➟ prostitution, acteur pornographique
Pour un certain nombre de sports, les personnes sont rémunérées en sachant que la pratique va
atteindre à leur intégrité corporelle.

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Droit civil

LEÇON 6 : LA NATIONALITÉ

NATIONALITÉ : Rattachement d’une personne à un État. → Détermination des conditions par


chaque État. Cela donne un certain nombre de droits et de devoirs propres aux États.

ÉMIGRATION : Personne ayant quitté son pays de nationalité vers un autre pays
IMMIGRATION : Personne étant venue dans un pays dont elle n’a pas la nationalité

APATRIDE : personne n’appartient à aucun État (Cas rares résultant d’une mauvaise combinaison
ou d’une politique visant au retrait d’une nationalité)

Il y a des conséquences au fait de ne pas avoir la nationalité parmi lesquelles : impossibilité de


rentrer dans le territoire français, le droit de vote, la protection diplomatique...
On peut ne pas avoir bougé de son pays de naissance, mais ne pas avoir la nationalité du pays.
Immigration et immigration sont des notions qui permettent de décrire une situation socio-
démographique, mais pas une notion juridique.
Le droit ne connait que des personnes sans nationalité française, ou des personnes de
nationalité française.

Lorsque l’on parle de migrants on parle de personnes étrangères vivants en France, bien que
l’expression ne soit pas très claire.

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Droit civil

I - TITULARITÉ DE LA NATIONALITÉ FRANÇAISE

A) Par la liation

FILIATION : nationalité française si l’un des parents est de nationalité française → Art. 18 C.civil

La liation s’acquiert dès la naissance, lorsque un des deux parents est Français peut importe le
lieu de naissance de l’enfant. Cela peut se faire par lien de sang ou par lien adoptif. Il peut
arriver que ce lien, en particulier avec le père, puisse venir après la naissance. Dans ce cas, la
nationalité française est transmise si elle est établie pendant la minorité de l’enfant. Si le père
français reconnait l’enfant, il obtient la nationalité. I il le reconnait une fois majeur, la liation n’aura
pas lieue.

Si la naturalisation d’un parent a lieu après la naissance, la nationalité se transmet aux enfants
mineurs avec ce parent (o ciellement avec un droit de garde de l’enfant). → e et collectif de la
naturalisation.

B) Par la naissance en France

À strictement parlé, la France ne reconnait pas le droit du sol. En réalité, peu de pays ont un réel
droit du sol.
➟ États-Unis où l’on est américain à partir du moment où l’on né sur le territoire américain.

En France, seules deux catégories d’enfants obtiennent ce « droit du sol » :


- Enfants sans a liation : par exemple, les enfants nés sous X, car ils n’ont pas de parents ils
sont rattachés à l’État.
- Enfants apatrides : sont apatrides soit car leurs parents sont apatrides, soit car leur naissance
en France entraine un retrait de leur nationalité.

Le double-droit du sol : On né en France d’un parent au moins né en France. Il n’arrive


quasiment plus qu’on n’obtienne la nationalité après la naissance de nos enfants.
➟ Cette loi visait principalement aux personnes naissant en France de parents nés en Algérie
avant 1962, car l’Algérie état reconnu comme un département. Leurs enfants, nés en France, de
par leur naissance, sont françaises par la loi du double-droit du sol.

En réalité, ce droit du sol est acquis, conditionnel et rarement inné :

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Droit civil

- Automatiquement à la majorité : Si la résidence habituelle est en France pendant une


période continue ou discontinue d'au moins cinq ans, depuis l'âge de 11 ans (art. 21-7 C.
civ.)
- Sur demande : à l’âge de 16 ans si résidence en France ET s'il a eu sa résidence
habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d'au moins cinq ans,
depuis l'âge de 11 ans
- Sur demande des parents : à l’âge de 13 ans si il a en France sa résidence et s'il a eu sa
résidence habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d'au moins cinq
ans, depuis l'âge de 8 ans.

C) Par la relation à des personnes françaises

Ce droit n’est pas du tout automatique. La plupart du temps, c’est par le mariage ( pacs).

Mariage :
Après 4 ans de mariage et de vie commune (5 ans si plus de 3 ans de résidence à l’étranger) +
maitrise de la langue. Et possibilité d’opposition du Gouvernement si « défaut d’assimilation »
(dont polygamie).

Les parents étrangers d’enfants français :


Personnes de plus de 65 ans résidant en France depuis au moins vingt-cinq ans et parents d'un
ressortissant français
➟ Pourquoi? Car Chibani/Chibania = vieux travailleurs migrants qui n’ont pas pu acquérir la
nationalité française par assimilation.

Frères et soeurs de Français :


À leur majorité, si résident en France depuis l’âge de 6 ans et ont été scolarisés en France (dans
le public ou le privé sous contrat), les personnes n’étant pas nés en France mais qui sont venues
très jeunes → Il peut y avoir un fractionnement de l’unité familiale, ces conditions visent donc à
uni er.

D) Par la naturalisation

NATURALISATION : Décision de l’État, sur demande de la personne majeure et sous conditions.

C’est généralement ce qu’on entend par l’acquisition de la nationalité française. Cela emploie de
nombreuses conditions :

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Droit civil

- Présence en France (par principe 5 ans; réductions possibles en raison des études, de la
participation à l’armée etc.)
- Maîtrise du français
- « Assimilation » (liens personnels, absence de condamnations graves, certaine autonomie
nancière, etc…).

C’est le service préfectoral dédié qui se charge de connaitre ou non l’intégration.

II - perte de la nationalité française

A) Volontaire : la répudiation

RÉPUDIATION : Possibilité de renoncer à la nationalité française → art. 23 à 23-5 C.civil

En France, on peut avoir autant de nationalités que l’on veut. Pour autant, on peut accepter de
renoncer à la nationalité française. À partir du moment où l’on acquiert une autre nationalité, on
peut abandonner la nationalité française (pratique pour ceux qui acceptent qu’une nationalité) ou
si :
- Jusqu’à 19 ans pour les personnes nées à l’étranger qui ont acquis la nationalité mineures par
e et collectif ou par un seul lien de liation.
- Jusqu’à 19 ans pour les personnes nées en France qui ont acquis la nationalité mineures par
double droit du sol si un seul parent est né en France.

B) Involontaire

1. Le « comportement comme une personne étrangère »

Généralement pour ceux ayant participé à une armée étrangère, ou ceux ayant des a liations
avec un parti aux idéologies contraires à la France.

Art. 23-7 et 23-8 C. civ. : Perte de la nationalité si, ayant une autre nationalité, la personne se
comporte « comme » une ressortissante de cet Etat ou, même si uniquement Française, refuse de
cesser de concourir au service public ou à une armée étrangère.

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Droit civil

2. La désuétude

La personne devient Française par lien d’a liation, mais ne se comporte pas comme tel. Si les
parents ont vécu comme cela plus de 50 ans, l’enfant perd la nationalité.

Art. 23-6 C. civ. : Perte de la nationalité par liation si pas de « possession d’état » de Français et
parents vivant à l’étranger depuis plus de 50 ans.

3. La déchéance

Elle est applicable uniquement pour ceux ayant acquis la nationalité française qu’on distingue
ceux qui sont Français dès la naissance. Il s’agit de la perte de la nationalité qui est limité à 4 cas
(art. 25 C. Civ) :
- Condamnation pour un acte quali é de crime ou délit constituant une atteinte aux intérêts
fondamentaux de la Nation ou pour un crime ou un délit constituant un acte de terrorisme
(après attentats de 1995 dans les métros)
- Condamnation pour un acte quali é de crime ou délit prévu et réprimé par le chapitre II du
titre III du livre IV du code pénal (= délits commis en tant qu’agent du service public)
- Condamnation pour s'être soustrait aux obligations résultant pour la personne du code du
service national qui n’existe plus.
- Livré au pro t d'un Etat étranger à des actes incompatibles avec la qualité de Français et
préjudiciables aux intérêts de la France.

Cela ne peut intervenir que lors des 10 ans de l’acquisition de la nationalité française (sauf 15
pour terrorisme), dans les 10 ans de la commission des faits. Toutefois, il est interdit de créer des
apatrides par échéance.

👁 « La déchéance de nationalité » : https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2018-3-page-41.htm

III - L’envers de la nationalité : situation des personnes étrangères

A) Acquisition d’un droit au séjour

Si l’on a la nationalité française, on ne peut nous interdire de rentrer sur le sol français. Toutefois,
les personnes étrangères, n’ayant pas la nationalité, doivent demander l’autorisation → VISA.

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Droit civil

❌ On ne peut y séjourner. ✅ Pour les personnes majeures, il faut demander un titre de séjour

pour y rester plus longtemps.

L’acquisition de ce titre de séjour se fait :


- Dès l’entrée en France (études, travail, regroupement familial c’est-à-dire personnes
étrangères amenant des personnes de leur famille à l’étranger...)
- Par la régularisation (sous conditions) → Si cette régularisation n’est pas faite, on peut être
sujet à la rétention ou à l’expulsion.

🇪🇺 La particularité des ressortissants de l’Union européenne personnes étrangères mais liberté

de circulation et accession simple au titre de séjour. Au regard du droit français, ils sont étrangers,
mais ils ont un statut particulier car il peuvent demeurer ou séjourner en France sans autorisation
préalable de l’État. Ils obtiennent le droit de vote des élections locales (conseil municipales).

B) Statut de réfugié

ASILE : protection par un autre État que son État de nationalité en raison de craintes pour sa vie
ou sa sécurité dans son pays d’origine.

Les réfugiés estiment que leur État de nationalité ne les protège pas et demandent donc aux
autres États. Cela peut être :
- En raison de persécutions personnelles (engagement politique...)
- En raison de son appartenance à un groupe persécuté (religion, ethnie, orientation sexuelle
etc...).

Les demandeurs sont des personnes étrangères qui considèrent qu’elle devraient avoir l’asile en
France. Ils présentent leur demande à l’OFPRA (O ce de protection des réfugiés et apatrides). Si
l’o ce juge la demande crédible, ils acquière le statut de réfugié (in me partie).

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Droit civil

LEÇON 7 : L’ÉTAT DES PERSONNES : ÂGE, PRÉNOM ET NOM

Les l ments de l’ tat civil


1. La date et le lieu de naissance
2. Le nom et le pr nom
3. Le sexe
4. Le domicile
5. La situation familiale ⟹ droit familial La nationalit ⟹ cours sp ci que

I - La date et le lieu de naissance : enjeu de l’âge

Au moment de la naissance d’un enfant, va être établi un acte de naissance sur la base d’une
déclaration de naissance devant les o ciers de l’état civil (personnels administratifs
spécialement dédiés à la tenue de l’état civil) qui repose sur certi cat d’accouchement. La
déclaration doit être faite dans les 5 jours.
→ Art. 55 et 57 du Code civil : « date et le lieu de la naissance »

La date et le lieu de naissance sont des éléments qu’on pourrait quali er de subjectifs. Ces 2
éléments sont cependant à discuter dans certains cas.

Enfants trouvés :
Le code civil prévoit des dispositions :
- Lieu dans lequel l’enfant à été trouvé
- Date déterminée de façon probable
En parallèle de l’acte sera dressé un procès verbal qui précise toutes les circonstances de l’état
dans lequel on a retrouvé l’enfant. Si l’enfant est retrouvé il sera rattaché à son acte de naissance
de base.

La naissance en mer ou dans les airs :


Ce ne sont pas les o ciers de l’état civil sui dresse l’acte de naissance mais le commandant de
bord. Il y aura une incertitude sur le lieu de naissance sur les enfants nés dans des zones
maritimes internationales (ou dans les avions). La solution retenue est souvent celle qui
considère que l’enfant est né dans le pays dans lequel est immatriculé le bateau ou l’avion. La
question de la nationalité pourrait se poser notamment l’hypothèse des personnes qui traversent
les mers dans un parcours migratoires et accouchent pendant.

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Droit civil

Le contentieux est possible quand une personne est née dans un pays où la tenue des états civils
n’est pas la même qu’en France. Les actes civils établis par une autorité étrangère sont
reconnus dès lors qu’ils ont été établi conformément au droit du pays. Cette reconnaissance
constitue le rôle des services préfectoraux dédiés à connaitre les formes des pays étrangers et
de dire si les actes sont valables. Parfois on peut douter de leur abilité en pensant que ce sont
des faux ou bien des « vrais faux » → acte établi par corruption.

La question du jour et du lieu de la naissance permet de déterminer l’âge d’une personne et


notamment la majorité. Il s’agit d’un enjeu à deux égards :
- droit pénal → di érence de traitements (juridictions, peines)
- jeunes étrangers → mineurs non accompagnés (MNA) ou mineurs isolés étrangers (MIE) =
jeunes de nationalité étrangère seuls en France, sans représentant légal.

Le droit français prévoit que les étrangers mineurs ne peuvent pas faire l’objet d’une mise en
rétention ou d’une expulsion sans représentant légal. Tout mineur isolé est un mineur en
danger → il doit être con é à l’ASE.
Si la personne est majeure elle tombe sous le statut des personnes étrangères de droit commun
qui doivent demander l’autorisation de la France pour entrer et rester sur le territoire français. Il
devient en situation irrégulière et peut faire l’objet d’une mise en rétention ou d’une expulsion
du territoire.

Comment déterminer l’âge du personne si ce n’est via un acte d’état civil ?


Le droit français met en place un dispositif d’évaluation de l’âge en 2 temps :
- Évaluation pluridisciplinaire qui tente d’établir la crédibilité du statut. On va évaluer si
son récit est cohérent et son comportement en observant aussi son apparence.
- Le jeune peut contester son absence de prise en charge et l’ASE peut contester la prise
en charge.

Si la situation arrive devant la justice, il y aura une expertise des documents présentés. En justice
il est possible d’établir des expertises médicales d’évaluation de l’âge : détermination de
« l’âge osseux ».

Les tests osseux sont contestés :


- Échelles d’expertise ont été faites à partir de personnes des années 90 sur des personnes
européennes, se pose alors la question de leur abilité pour des jeunes qui proviennent
essentiellement d’Afrique.
- Radiographie est une atteinte corporelle qui est censée être consentie. Mais les mineurs ne
sont pas censés consentir à un examen médical ⟹ paradoxe.

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Droit civil

→ Art. 388 C. Civil : test osseux à la demande du juge, avec l’accord de la personne et les
conclusions ne peuvent plus donner un âge spéci que mais une marge d’erreur autour d’un âge.
En cas de doute, on considère la personne comme mineure. Les examens sur le développement
pubertaires ont été interdits.

II - Le nom et les prénoms : enjeu d’identification

A) Établissement des noms et prénoms

1. Le nom de famille

Le nom de famille est lié à la liation. L’idée est l’attribution d’un nom de famille immuable dès la
naissance, c’est le seul qu’on peut utiliser en principe sauf dans les cas suivants.

Nom d’usage :
Le nom reste identique mais il est accepté d’en utiliser un autre dans le quotidien qui peut
apparaitre sur la carte d’identité → il n’y a pas de modi cation de l’acte de naissance. Le cas le
plus courant est celui du mariage. Le nom d’usage en cas de mariage peut être utilisée dans les
2 sens, exclusivement (on adopte que le nom de son époux) ou non (on ajoute le nom de l’époux
au sien). ⟹ Le mariage ne change pas notre nom qui est immuable, c’est seulement une
possibilité d’user du nom de l’autre.

Pseudonyme :
Autorisé d’user de pseudonyme essentiellement pour des activités professionnelles notamment
artistiques et aussi pour des raisons de con dentialité ou de sécurité.
➟ Un contrat établi au nom de Johnny Halliday est valable.

Pendant longtemps l’attribution du nom de famille était coutumière avec l’attribution du nom du
père, le nom de la mère transmis que en cas d’absence de liation paternelle.

1985 : possibilité d’user du nom du parent qui n’a pas transmis son nom (en tant que nom
d’usage).

Loi du 4 mars 2002 → égalité hommes/femmes :

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Droit civil

→ articles 311-21 et 311-23 C. Civil : À la naissance d’un enfant il y a souvent qu’un seul parent
(souvent la mère) → la mère transmet son nom. Si il y a une reconnaissance tardive du père, il n’y
a pas de modi cation du nom. 2 possibilités pour que l’enfant adopte le nom du père :
- Les parents se mettent d’accord pour modi er le nom de l’enfant
- L’enfant use du nom du parent qui ne lui a pas transmis son nom (1985)

• Si l’enfant à un seul parent, il transmet son nom.


• Si l’enfant à 2 parents, il y a 4 possibilités :
- le nom des 2 accolés dans l’ordre souhaité pour les parents (le choix fait pour le premier
enfant vaut pour l’ensemble de la fratrie pour l’unité)
- Le nom de l’un OU de l’autre
• En cas de silence : nom du père
• En cas de con it : le premier nom de chacun dans l’ordre alphabétique

Dans un couple lesbien (pouvant être parent de l’enfant dès la naissance contrairement aux
couples homosexuels), les deux noms sont transmis par ordre alphabétique.

Quand la personne qui porte 2 noms rencontre une autre portant aussi 2 noms, on ne peut
transmettre qu’un seul de ses 2 noms.
➟ En Espagne et au Portugal les noms peuvent s’additionner indé niment.

2. Les prénoms

La séparation entre nom et prénom est un choix culturel. La transmission n’est pas une évidence
partout. Il existe un système de transmission du prénom par le nom du parent : si le père
s’appelle A B, l’enfant peut s’appeler B A ou C A.
➟ C’est la tradition en Russie et de certains pays d’Afrique.

À Mayotte, territoire français, il n’y avait pas d’harmonisation du nom jusqu’en 2000, ce qui à
posé problème au vu du droit français. L’obligation d’un prénom et d’un nom xe a été posé par
une commission en 2000.
➣ Cf. EPI

Il n’y pas de limites de nombre de prénoms pouvant être attribué à un enfant. Il peut utilisé
n’importe lequel de ses prénoms, peu importe l’ordre.

• Jusqu’en 1993 : choix contraint théorique


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Droit civil

Loi du 11 germinal an XI : limitation des prénoms attribués aux prénoms présents dans les
calendriers ou à ceux de personnages historiques connus.

• Aujourd’hui (depuis abolition en 1993) : choix libre des parents.


Possibilité d’opposition des o ciers d’état civil au regard de l’enfant et con it judiciaire
possible :
- Graphie : alphabet français (interdiction chi res, @, ñ…)
- Contraire à l’intérêt de l’enfant : décision de justice à propose de prénom après qu’un
o cier d’état civil est saisi le Procureur (Titeuf, Nutella…)

Pour les enfants qui n’ont pas de parents :


- La femme qui accouche sous X peut donner un prénom à l’enfant, il lui sera attribué
- L’o cier d’état civil va choisir 3 prénoms dont le dernier deviendra le nom de famille (cela
explique en partie les noms de famille qui sont des prénoms)

B) Modi cation des noms et prénoms

La situation familiale, élément de l’état civil, peut évoluer. En revanche, parmi la liste des éléments
cela n’a pas toujours été une évidence. Auparavant on considérait que l’état civil était immuable
et indisponible.

1. Modification du prénom

La modi cation nécessitait avant une décision de justice jusqu’à 2016 : art. 60 C.civil.
La modi cation du prénom était réalisée pour des questions religieuses, de ridicule, etc.
Aujourd’hui ça peut être le cas pour des changées de sexe.

La modi cation de l’état civil laisse une trace, il sera mentionné que le prénom a connu une
modi cation. Pour les personnes mineures, la modi cation se fait sur la demande des parents
mais le mineur doit y consentir au delà de 13 ans.

2. Modification du nom

Art. 61 et s. C. Civil

La demande se fait devant le Ministère de la justice avec un intérêt légitime :


- Nom d’un seul parent
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Droit civil

- Nom ridicule, déshonorant


- Nom relevé, si un prénom de la famille va disparaître

La modi cation va s’étendre aux enfants automatiquement jusqu’à 13 ans puis avec l’accord.

Il existe la modi cation du nom et du prénom au moment de la naturalisation. Les personnes ont
le droit de modi er leur nom et prénom pour les « françiser » :
- Par rapprochement de son (Diallo → Diaut)
- Par traduction

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Droit civil

LEÇON 8 : ETAT CIVIL : MENTION DU SEXE

I - Determination initiale de la mention du sexe et catégorisation des


corps

A) Obligation de la mention du sexe l’ tat civil

Art 55 du Code civil :


« Les d clarations de naissance sont faites dans les cinq jours
de l'accouchement, l'o cier de l' tat civil du lieu. »
Art. 57 du Code civil :
« L'acte de naissance noncera le jour, l'heure et le lieu de la
naissance, le sexe de l'enfant, les pr noms qui lui seront donn s, le nom de famille... »

Le texte ne dit pas que le sexe est obligatoirement féminin et masculin mais cette bi-
catégorisation ressort d’une autre série de textes dont la valeur hiérarchique est moindre mais
à une très grandes forces en pratiques. Cette mention se retrouve ensuite sur les documents
d’identité mais aussi la carte vitale où il l’est indirectement indiqué par le numéro de sécurité
sociale.

Malgré l’a rmation d’une égalité hommes-femmes en droit français qui est un principe à valeur
constitutionnel, la question de la mention peut avoir une in uence sur un ensemble d’éléments
juridiques appliqués aux personnes.
➟ Parité en politique, catégories masculines et féminines en sport, séparation dans les lieux
d’enfermement…

⟹ Le droit impose la mention d’un sexe mais ne dit pas s’il doit être masculin ou féminin à
strictement parlé dans la loi. Cela provient d’autres textes qui ont une in uence sur cette bi-
catégorisation.

En pratique on regarde les organes sexuels externes des nouveaux-nés pour déterminer le sexe
qui sera reporté sur l’acte de naissance.

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Droit civil

B) Quelle situation pour les personnes intersexes ?

Les personnes intersexes sont des personnes dont les caractéristiques sexuelles primaires,
secondaires, ou génétiques ne correspondent pas au standard de ce qui est considérer comme
caractéristiques masculines ou féminines. On dit que ces personnes présentent des variations
du développement sexuel. Elles peuvent être dues à un très grand nombre de facteurs qui
peuvent conduisent à un nombre important de variation dans l’apparence physiques et des
organes génitaux. Certaines sont visibles dès la naissance et d’autres se manifestent plus tard,
notamment au moment de la puberté. Il est di cile de donner des statistiques ables sur le
nombres de personnes intersexes. Suivant ce que l’on classe comme personnes intersexes et les
possibilités de détection on va de 1/4000 naissances à 1,5% des personnes.

Dans certains cas minoritaires, ces variations peuvent causer un risque pour la vie de la personne.
Certaines personnes peuvent aussi présenté de la stérilité.

Socialement, considère t-on ces variations comme une pathologie ? Une grande partie sont
aujourd’hui soumis à des traitements médicamenteux et des opérations chirurgicales a n de se
conformer aux standards de sexe. Ces opérations sont très largement contestés. Elles ne peuvent
exister que par des consultations pluridisciplinaires et doivent au maximum être déférées pour
être pratiquée quand l’enfant pourra exprimer sa volonté. Divers organismes internationaux
tentent de les interdire sur les mineurs qui ne sont pas en âge de consentir.

S’agit il de soigner quand on touche à un corps qui n’est pas en danger mais pour lequel il s’agit
de le conformer à une norme sociale qui pourrait conduire à des sou rances morales, psychiques
? (// chirurgie esthétique sur les mineurs)

🇿🇦 Caster Semenya

Ancienne championne du monde du 800m est désormais interdit de


concourir dans la catégorie femme si elle refuse de prendre des
médicaments pouvant faire baisser son taux de testostérone.

Initialement, la mention du sexe à l’état civil devait se faire dans les 3 jours. Ce délai très court a
été contesté car insu samment long pour permettre aux parents de ré échir à l’assignation
sexuelle de certains enfants.

Sur la possibilité de ne pas mentionner le sexe à l’état civil :

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Droit civil

Circulaire du 28 octobre 2011


« Lorsque le sexe d’un nouveau-n est incertain, il convient d’ viter de porter l’indication « de
sexe ind termin » dans son acte de naissance. Il y a lieu de conseiller aux parents de se
renseigner aupr s de leur m decin pour savoir quel est le sexe qui appara t le plus probable
compte tenu, le cas ch ant, des r sultats pr visibles d’un traitement m dical. Ce sexe sera
indiqu dans l’acte, l'indication sera, le cas ch ant, recti e judiciairement par la suite en
cas d’erreur.
Si, dans certains cas exceptionnels, le m decin estime ne pouvoir imm diatement donner aucune
indication sur le sexe probable d’un nouveau-n , mais si ce sexe peut tre d termin
d nitivement, dans un d lai d’un ou deux ans, la suite de traitements appropri s, il
pourrait tre admis, avec l’accord du procureur de la R publique, qu’aucune mention sur le
sexe de l’enfant ne soit initialement inscrite dans l’acte de naissance. Dans une telle
hypoth se, il convient de prendre toutes mesures utiles pour que, par la suite, l’acte de naissance
puisse tre e ectivement compl t par d cision judiciaire. »

⟹ A aucun moment on imaginait qu’il ne puisse pas y avoir de traitement médical pour l’enfant.
Tout reposait sur la capacité des médecins à déterminer le sexe. Le circulaire refuse « sexe
indéterminé »

Loi de bioéthique 2021


Aujourd’hui, l’idée est que l’on ne ât pas gurer de sexe sur l’état civil et qu’au bout de 3 mois
seulement il soit mentionné. Malgré tout, l’idée de mention obligatoire du sexe persiste, ce qui
pose une di culté.

La mention « sexe neutre » a été revendiquée en déclarant que le texte ne précisait pas la
mention « féminin » ou « masculin » et qu’il n’y avait aucune raison de l faire car le corps ne
correspondait a aucune des catégories.
→ 4 mai 2017 : la Cour de Cassation déclare qu’il est refuser d’inscrire la quali cation « sexe
neutre ».
De plus en plus de pays acceptent la mention d’un sexe neutre ou indéterminé.

II - Modification de la mention du sexe et modification du corps

A) « Correction » de l’état civil pour les personnes intersexes

Art 99 C. civ. : Procédure simpli ée de correction de l’acte de naissance pour les personnes
avec des variations sexuelles.
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Droit civil

Cela correspond aux personnes dont le sexe a été mentionné au bout des 3 mois mais qu’on a
nalement assigné à l’autre genre. Cette modi cation laisse des traces sur l’acte d’état civil.
Toute modi cation après les 3 mois dont un acte intégrale de naissance doit être présenté
dispose toujours de la trace de la modi cation.

Circulaire n° CIV/05/23, 8 sept. 2023 : La demande peut tre form e par requ te devant le
pr sident du tribunal judiciaire du lieu du domicile de l’int ress ou du lieu ou l’acte a t dress ,
ou adress e sans forme au procureur de la R publique qui saisit la juridiction comp tente. Et
invisibilisation des modi cations sur les copies int grales.

B) Le changement de la mention du sexe l’ tat civil pour les personnes trans’ : la


n de l’obligation d’op ration chirurgicale.

TRANS’ : « trans’ » = transexuel·les, transidentitaire, transgenre...


= personnes qui ont le sentiment de ne pas appartenir au genre auquel elles ont t assign es
la naissance ou de vivre ce genre de fa on uide.

Les personnes intersexes présentent des variations corporelles alors que les personnes trans’
n’ont pas de variations sexuelles. À la naissance leurs caractéristiques correspondent aux
standards masculins ou féminins. Le sentiment peut se manifester de diverses façons.
Certaines personnes souhaitent que ce sentiment donne lieu à des modi cations corporelles,
d’autres non, certains ne se rattachent à aucun des genres et d’autres se considèrent uides
entre les 2 genres.

CISGENRE : Le sentiment identitaire correspond au sexe assigné à la naissance.

⚠ Ne pas confondre trans’ et travestis (= prendre l’apparence d’un autre sexe mais pas

pour un sentiment identitaire).

Le problème est l’existante de très fortes di cultés quotidiennes qui peuvent survenir entre la
discordance entre la mention du sexe sur l’état civil, le sentiment d’identi cation et
l’identi cation par les tiers.

D’abord, la Cour de cassation a refusé la possibilit de modi er la mention du sexe l’ tat civil
du fait d’indisponibilité de l’Etat (une personne ne peut pas choisir de modi er son état civil). La

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Droit civil

France va être condamné par la CEDH à la n des années 80 car dans le système français on doit
souvent montrer l’état civil dans les documents d’identité, etc.

• Premier temps : Cour de cassation, 11 d c. 1992, sous l’impulsion de la CEDH, admission du


changement de sexe l’ tat civil à trois conditions :
- diagnostic de transsexualisme
- comportement social
- apparence physique : modi cation chirurgicale du sexe (implique une stérilisation)

⟹ Cette décision a été considérée comme excessive car elle obligeait la personne à avoir subi
une opération chirurgicale quand bien même l’apparence correspondrait au sexe revendiqué.

• Deuxi me temps, assouplissement de la position : Cour de cassation, 13 f vrier 2013 +


circulaire 14 mai 2010 qui n’oblige pas à avoir subi une opération chirurgicale :
- Transsexualisme
- « modi cation irr versible de l’apparence »

⟹ Malgré cela les juridictions ne vont pas accepté les traitements hormonaux comme caractère
irréversible

• Nouvelle proc dure de changement de sexe l’ tat civil


Loi du 15 novembre 2016 : la modi cation n’est plus li e la modi cation irr versible de
l’apparence. Il est possible de paraitre devant un juge pour demander la modi cation de l’état
civil. Il n’est plus possible de refuser une modi cation de m’état civil parce que la personne n’a
pas subi d’intervention chirurgicale. Le problème est que la demande a augmenté et qu’il n’y a
pas vraiment de dé nition de se que considèrent les juges comme « se comporter comme une
femme /homme ».

Aujourd’hui, on conserve 2 sexes à l’état civil, mais ces catégories contiennent des personnes
pour lesquelles les capacités reproductives sont complètement indi érentes.

La question est donc de savoir pourquoi la mention du sexe à l’état civil ? En quoi est-ce un
élément pertinent dans la mesure où cela ne signi e rien pour un grand nombre
d’individus ?

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Droit civil

LEÇON 9 : LES DROITS SUBJECTIFS DES PERSONNES

Le mot « droit » a plusieurs sens :


- système qui organise un Etat ⟹ droit objectif (positif)
- LES « droits » → prérogatives individuelles, personnelles ⟹ droits subjectifs

DROITS SUBJECTIFS : 1. Auber et Savaux : Pouvoirs d’imposer, d’exiger ou d’interdire


attribués par la loi à une personne. 2. Rochefeld Prérogative a laquelle est attachée une action en
justice permettant de la faire sanctionner
- Pouvoir ou prérogative précise
- Accordée au sujet de droit
- Susceptible d’être défendue devant les juridictions

L’idée de droits subjectifs n’a pas toujours été évidente. Il existe pleins de catégories de droits
subjectifs.

I - Les droits patrimoniaux des personnes

DROIT PATRIMONIAUX : Droit qui sont appréciables en argent, qui ont une valeur pécuniaire et
qui peuvent être transmis, céder, basculé d’un patrimoine à un autre.

A) La notion de patrimoine

PATRIMOINE : Le patrimoine est un contenant → dès qu’une personne né vivant et viable elle
possède son patrimoine. Le contenant existe même s’il est vide. Vont être placés des droits
patrimoniaux dans ce patrimoine : actif (valeur positive) et passif (valeur négative).

L’idée est que le passif puisse être comblé par l’actif → l’actif est le gage général des
créanciers. Toutes les personnes a qui ont doit de l’argent peuvent prendre sur le passif.
Il est impossible d’avoir un patrimoine vide.

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Droit civil

Le contenu du patrimoine évolue en continu, le montant et la composition varie même pendant


une journée (le simple fat de manger).
⟹ Universalité de droit : on ne peut pas d’étager des droits les uns des autres (actif et passif).

« Toute personne a un patrimoine, seules les personnes ont un patrimoine et chaque


personne n’a qu’un patrimoine. »
Charles AUBRY et Charle RAU

Le patrimoine n’inclut pas notre corps mais d’après Charles AUBRY et Charles RAU, il nécessite
une seule personne.

Toutes les dettes d’une société s’impute sur les dettes de la société en tant que personne morale,
d’où l’intérêt de personnes morales. Elles protègent les personnes physique mais également les
personnes morales en elles même.
➟ Une association étudiante a besoin d’une imprimante, s’il n’y a pas de personne morale,
l’imprimante est dans l’actif de X qui l’a acheté. Les créanciers peuvent la saisir du fait des
dettes de X.

B) Le contenu du patrimoine

1. Droits r els

DROITS RÉELS : Droits qui portent sur des choses → prérogative d’une personne sur une chose.
➟ Propriété (Art. 544 Code Civil)

3 composantes de la propriété :
- Usus = usage → user de la chose, faire ce que l’on veut
- Fructus = fruits → en tirer les fruits (les vrais fruits ou fruits nanciers : loyers,
dividendes...)
- Abusus = disposition → en disposer mat riellement (en d truisant) ou juridiquement

Il est possible de « démembrer » cette propriété :


- Usufruit = jouir d’un bien qui appartient à quelqu’un d’autre
➟ Au moment d’une succession : le conjoint a l’usufruit sur la maison et les enfants
on l’abusus → le conjoint peut vivre dans la maison mais n’a pas le droit de la vendre

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Droit civil

car elle reste dans le patrimoine des enfants en tant que nu propriétaire. Au moment de
la mort de l’usufruitier ces droits reviennent au nu propriétaire.

- Usus = servitudes (situations dans lesquelles on attache a un bine le fait de pouvoir user
d’un autre bien)
➟ Situation d’enclavement : Une route avec des parcelles tout au long et une
parcelle en deuxième ligne qui n’y a pas d’accès. Etre propriétaire d’un terrain qui n’a
pas d’accès à la route (chambres de bonnes ou dernier étage car seul endroit
d’accéder au toit donc la copropriété a aptitude de passage pour aller faire des travaux
sur le toit.
- Abusus (pas l’usus ni le fructus) = nu propriétaire

Le droit de propriété est un droit fondamental. La propriété ne se perd pas par le non-usage
mais a des limites avec un encadrement jurisprudentiel → abus de droit, réquisition…
➟ Arrêt Clément Baillard 1915

Il s’agit du seul droit quali é de naturel ET sacré dans la DDHC de 1789. À l’époque on
considère que c’est le droit presque le plus important. Ce choix vise à a rmer que chacun peut
être propriétaire de son propre bien et que cette propriété ne peut pas être menacée par l’Etat. Au
contraire, dans l’AR, le seigneur était le propriétaire de la terre et acceptait que les paysans y
travaillent.

2. Droits intellectuels

DROITS INTELLECTUELS : Droit de propriété sur des choses immatérielles ⟹ cr e un monopole


d’exploitation.
➟ Brevet, oeuvre

On peut di cilement appliqué l’idée de usus, fructus, abusus à des biens immatériels.
➟ Quand on achète un livre, les mots et les paroles écrites appartiennent à l’auteur et pas à
nous. On achète l’objet livre et une « licence » sur le fait d’être en droit de lire le livre écrit par
quelqu’un d’autre.

Historiquement, seuls les biens matériels avaient de la valeur. Aujourd’hui, ce qui vaut encore plus
d’argent sont les oeuvres immatérielles (comme une licence « Marvel »).

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3) Droits personnels

⚠ Droits personnels ≠ droit de la personnalité

DROITS PERSONNELS (≠ droits réels) : Droit à l’encontre d’une autre personne, le pouvoir
d’une personne (créancier) d’exiger d’une autre personne (d biteur) l’accomplissement d’une
prestation quelconque.

On ne peut pas exercer de contrainte physique mais un envoyé de l’Etat (ex : huissier) peut venir
saisir un bien équivalent en dommages et intérêts.

II - Les droits extrapatrimoniaux

DROITS EXTRAPATRIMONIAUX : Ne peuvent pas passer d’un patrimoine a un autre car ils n’ont
pas de valeur pécuniaires → droits attachés à une personne avec une valeur sociale mais qui ne
rentre pas dans le patrimoine.
➟ droit à une identité, présomption d’innocence, droit à la voix

Ils sont en principe :


- Incessibles
- Intransmissibles
- Imprescriptibles
- Insaisissables

Le droit au respect de la vie privé est un droit matriciel → il en découle des « sous-droits ».
➟ Modi er son sexe sur l’état civil

L’idée est de créer une sorte de sphère d’intimité autour de la personne qui va agir de 2 façons, :
lui permettre de déterminer librement ses actions et son identité et aussi de se protéger de
toute intrusion extérieure. Cette sphère est une sphère des informations mais aussi des
images, le droit à l’image étant un droit fondamental du droit au respect de la vie privée.
Ce droit n’est pas limité au domicile mais est lié à l’individu partout où il va, y compris dans
l’espace public ou au travail (interdiction de poser des caméras dans l’entreprise sans avoir
prévenu les salariés).

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Droit civil

Prendre une photo sans le consentement de la personne constitue une infraction pénale et une
sanction civile. Les juges ont la possibilité de mettre en oeuvre toute action nécessaire a faire
cesser toute atteinte à la vie privée.
➟ Si des photos di usées portent atteinte à la vie privée → possibilité de retrait des
publications

Historiquement, l’atteinte à la vie privée est la protection des ouvertures de courrier ou des
écoutes téléphoniques par exemple. C’est d’ailleurs pour ça que les perquisitions sont encadrées.
La protection était verticale, contre l’Etat. Aujourd’hui, ce droit s’est horizontalisé, il s’agit aussi
d’un rapport entre les individus.

Les droits de la personnalité ont des limites : les autres droits fondamentaux. Le grand
exemple est celui du droit à la vie privée contre le droit à l’information.
➟ Il n’est pas interdit de di user des photos de manifestations pour le grand public.
➟ Révélé l’homosexualité d’un homme politique n’est pas une information nécessaire au
public MAIS si cette personnalité s’exprime contre l’attribution de droits aux personnes
homosexuelles, la révélation sera autorisée.
Plus on est célèbre, moins les informations seront considérées comme privées.

Bien que le droit soit incessible, on assiste à une patrimonalisation du droit de la personnalité →
contrats qui accordent une certaine valeur à ces droits (faire payer l’usage de sa voix, de son
nom, de son corps, etc).

Les droits de la personnalité sont des droits de la PERSONNALITÉ mais ne sont pas des droits de
la personnalité des personnes physiques. Les droits de la personnalité des personnes morales
sont pris en compte comme par exemple le droit à la réputation.
➟ La France (personne morale) à un droit au nom → « France » donc elle peut réquisitionner
le nom de domaines « france.fr » au nom de son droit au nom.

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