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INTRODUCTION :

On pourrait penser que la personne est la notion principale or elle ne représente qu’un livre dans le code civil. Les trois
autres livres ont été pensés pour le service de l’individu et la personne. L’ordre juridique français est subjectiviste (donne la
priorité au sujet) avec cette opposition entre le premier livre et les autres livres consacrés aux biens.On retrouve cette principale
opposition du droit civil entre les personnes et les biens. C’est une distinction fondamentale du droit privé, une Summa divisio (la
division la plus élevé). Elle est utilisée pour décrire la distinction principale d’une classification (par exemple, la Summa divisio
du droit privé et du droit public).La Summa divisio entre la personne et la chose est l’opposition entre une catégorie principale (la
personne) et une catégorie résiduelle (la chose). Tout ce qui n’est pas admis dans la catégorie des personnes se retrouve dans
la catégorie des choses. Tout ce qui n’est pas une personne est une chose.Seule une personne peut intégrer cette catégorie
principale, celle de la personne. C’est également l’opposition entre sujet de droit (la personne) et les objets de droit (chose). Il y
a un rapport hiérarchique entre les deux catégories. Le sujet de droit est au-dessus des objets de droit (les sujets de droit
exercent leur pouvoir sur les objets de droit, par exemple la personne va pouvoir être propriétaire = le droit de propriété). Être
un sujet de droit signifie avoir des droits à l’encontre d’une autre personne (par exemple, un locataire exige le droit du prêt d’un
logement = droit de créance).Le droit des personnes envisage les réglementations qui s’appliquent aux sujets de droit et plus
précisément on va se pencher au sujet de droit en lui-même (et pas vraiment ses rapports avec les personnes ou choses).

PARTIE 1 : LES PERSONNES JURIDIQUES, SUJETS DE DROIT


CHAPITRE PRÉLIMINAIRE : LA PERSONNALITÉ JURIDIQUE

La notion de personnalité juridique à peu de choses à voir avec la définition courante. De façon courante, on pense
qu’une personne est un individu. En droit, une personne n’est pas toujours un individu. D’après l’étymologie de la personne c’est
ce par l’intermédiaire de quoi le son se manifeste (se dit persona en latin), désignant ainsi, les masques portés par les acteurs
antiques. En droit, la personnalité juridique est un masque qui permet à une entité d’agir sur la scène juridique. La personnalité
juridique n’est pas définie légalement mais elle possède une définition doctrinale dégagée par les auteurs. La personne est
titulaire de la personnalité juridique. Ainsi, la personnalité juridique désigne l’aptitude à être titulaire de droits, à exercer du droit
et à être assujetti à des obligations. C’est l’aptitude à être titulaire de droits subjectifs.Donc, seule la personne peut acquérir un
droit (être propriétaire, exercer une activité en justice…). Et inversement, seule la personne peut être tenue à une obligation
(réparer un dommage par exemple).Parmi les personnes, il existe des personnes reconnues et des personnes débattues.

SECTION 1 : LES PERSONNES RECONNUES


Parmi les personnes reconnues, on a les personnes physiques : ce sont les êtres humains ou individus de chair et de
sang. Toutefois, tous les êtres humains n’ont pas toujours été qualifiés de personnes en droit (par exemple : dans le contexte de
l’esclavage).La personnalité juridique est une notion fonctionnelle et abstraite. Elle a été avant tout conçue pour être un support
des droits et des obligations. Elle va permettre de déterminer, d’identifier les entités et les individus que l’on juge aptes à
endosser des actes et des obligations (à ceux qui en paraissent dignes). C’est un outil/une technique juridique qui permet
d’attribuer des droits et des obligations. C’est pour cette raison que la personne se distingue de l’individu/personne (au sens
biologique). Car elle est reconnue à certains groupements (entités abstraites), ce sont les personnes morales (aptes à la
personnalité juridique). On peut citer l’université, une société, une association, un syndicat. Ainsi, les personnes juridiques sont
les personnes physiques et les personnes morales. Le droit a façonné les personnes morales en s’inspirant des personnes
physiques (en reprenant les éléments du régime juridique et en les adaptant car ils ne peuvent pas être calqués à 100%) :
-Les points communs aux personnes morales et physiques : nom, prénom, dénomination morale
-Éléments différents : la personnalité morale ne peut avoir un sexe, un corps humain.

SECTION 2 : LES PERSONNES DÉBATTUES


La personnalité juridique est une notion fonctionnelle et abstraite. On peut donc l’envisager pour d’autres choses que la
personne morale ou les personnes physiques. Certains groupements selon le droit sont aptes à endosser le droit pour ensuite
qu’il y ait une possibilité que d’autres groupements soient aptes à endosser des droits (c’est à dire leur donner la personnalité
morale).Ce débat à lieu entre la doctrine, il porte sur la frontière matérielle de la notion de personne matérielle et personne
juridique. La volonté est d’étendre les frontières de la personne pour y intégrer de nouveaux enjeux : des nouvelles entités.

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§1 L’animal
En droit positif, il est une chose. Mais, il n’est pas une chose ordinaire (il n’est pas un bien comme un autre) :
- La législation l’a reconnu par la loi du 16 février 2015, créant des nouveaux articles dans le code civil comme l’article
515-14 qui rapporte que les animaux sont des êtres douées de sensibilité.
- Avant 2015, l’Union Européenne qualifie déjà les animaux d’être sensibles.
Toutefois, cela ne change pas grand-chose car ce sont des dispositions non-normatives, ces dispositions sont
seulement des affirmations symboliques qui veulent faire passer un message politique et n’a presque aucune portée juridique.
À la suite de l’article 515-14 : « sous réserve que les lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime de bien ». Or
cela n’empêche pas toute protection. Celle-ci intervient en droit pénal, il punit les sévices graves et actes de cruauté sur les
animaux domestiques apprivoisés ou ténus en captivité et prévoit même que l’animal soit confié à une fondation ou association
de protection des animaux.En ce qu’il concerne les animaux sauvages, ils peuvent bénéficier du titre d’espèce protégée
bénéficiant ainsi de plus de protection. Cette notion est organisée par le droit international. Puisque les animaux n’ont pas de
personnalité juridique en droit positif, on considère que les dispositions de protection vont créer des obligations à l’Homme. Par
exemple : le dommage subi par l’animal n’est pas réparé en tant que tel. C’est son maître qui obtient réparation. Placer l’animal
sous régime de bien, permet de placer l’animal au cœur de certaines actions commerciales. Par exemple : un propriétaire veut
vendre acheter un animal, il peut mais il ne peut pas le rendre comme on rend une télévision défectueuse. Certains auteurs et
philosophes militent pour faire reconnaître à l’animal une personnalité juridique. Il existe principalement deux courants
favorables à la personnification de l’animal :

1)La personnification anthropomorphique :


La personnification anthropomorphique consiste à s’inspirer de l’être humain pour admettre une personnalité à l’animal.
Cette idée est défendue par les philosophes utilitaristes. Mais, elle est unanimement critiquée par les juristes (même par ceux
qui seraient favorables à une personnification). Et ceci pour plusieurs raisons :
-La personnification anthropomorphique va trop loin. On confère à l’animal des droits mais aussi des obligations qui ne lui
conviennent pas (par exemple, le droit à la vie privée, la liberté d’expression…).
-Elle est jugée comme dangereuse, car on devrait appliquer tout ce qu’on applique à l’homme aux animaux (on ne pourrait
plus faire des expériences sur les animaux, ils ne pourraient plus se manger entre eux, on pourrait plus réaliser la stérilisation).
Ou alors, on met en place certaines exceptions. Mais alors on laisse place à un risque que cela se fasse aussi pour les humains
(possible dérives vers l’eugénisme).

2)La personnification technique de l’animal :


Les défenseurs de la personnification technique de l’animal s’appuient sur le caractère abstrait de la personnification
juridique. Un juriste et auteur défend cette idée, c’est Jean-Pierre Marguenaud qui se base sur les écrits d’un autre auteur, René
Demogue, il dit « La qualité de sujet de droit appartient aux intérêts que les hommes vivant en société reconnaissent
suffisamment importants pour les protéger par le procédé technique de personnification juridique ».Il faut se servir de la
personnalité afin de mettre en place une technique juridique adaptée, à un moment donné, à la protection jugée nécessaire de
l’intérêt de certains animaux. Ils essaient de cantonner la personnalité animale pour éviter le danger qui existe dans la
personnalité anthropomorphique. Il suffit de démontrer que l’animal réponde aux conditions qui ont été posées pour la
reconnaissance de la personnalité juridique (personnalité morale). Il en existe deux :
- Un intérêt licite et distinct
- La possibilité d’une expression de cet intérêt
Or, ce que disent les défenseurs de la personnalité technique est que l’animal rempli ces conditions. Il aurait un intérêt
propre. Celui d’être protégé des sévices et il existerait des organes susceptibles de défendre sur la scène juridique l’intérêt
distinct de l’animal. Ce sont : le propriétaire de l’animal mais également toutes les associations de protection animale qui
peuvent agir en justice pour faire respecter leurs dispositions protectrices des animaux. Dans ce cadre la personnification de
l’animal parait envisageable et ayant la finalité de protection et de défense. L’animal aurait des droits subjectifs essentiellement
qui auraient un lien avec leur intégrité corporelle.Cette proposition est assez minoritaire, la majorité de la doctrine y est opposée
à cette personnification technique. C’est un sujet qui attire la controverse doctrinale (oppositions assez vives qui émanent de
certains auteurs). Les critiques portés sont les suivantes :
- La personnalité technique animale va faire perdre son sens à la personnalité juridique (morale). On ne peut pas
reconnaître que des droits et aucune obligation, cela ferait perdre la signification à la personnalité juridique morale.

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-La personnification de l’animale serait inutile : la personnalité juridique (morale) répond à un besoin particulier, c’est
l’action (actes juridiques, contrats, actions en justice, être propriétaire, patrimoine, protéger le créancier…) au sein de la société.
Pour ce qui est des animaux, il n’est pas certain que le besoin de protection des animaux (étant légitime) trouve une réponse
efficace à travers la personnification animale. Elle permet seulement l’affirmation symbolique de l’animale. Par exemple : un
animal cause un dommage, aujourd’hui le propriétaire est responsable pour les dommages causés par les animaux. Si l’on
considère la personnification animale, cela sous-entend que l’on demande des dommages-intérêts à l’animal (qui seraient
financés par le propriétaire). Il n’y a pas de modification. Si l’animal (doté de personnification) est victime d’une infraction, il fera
son action de justice par l’intermédiaire de la fondation ou association animale. Ce qui revient à ce qui est fait actuellement.

§2 : La question de la personnalité juridique des robots

En droit positif, les robots ne sont pas dotés de personnalité juridique. Cette question est très récente avec le
développement des intelligences artificielles (dotés d’une certaine intelligence). Ce n’est pas seulement une personnification
symbolique surtout concernant les robots humanoïdes. Ce qui justifie la personnification symbolique est l’aspect humain. A côté
de cette personnification symbolique, cette volonté répond à un besoin juridique (il serait celui de la responsabilité des
dommages causées par des robots autonomes). La personnalité morale qu’on pourrait reconnaître ici devrait être limité à une
personnalité technique pour répondre à un besoin de droits et surtout d’obligations (réparer les dommages faits par les robots
autonomes, cf. I, robot).Cette proposition est assez largement critiquée par la doctrine pour la même raison que celle proposé
pour la personnification de l’animal. Ici, on souligne l’inutilité de la personnification du robot, car la personnalité morale attribué
au robot ne serait pas foncièrement plus efficace que les solutions du droit positif. Le droit français dans le domaine de la
responsabilité peut être adapté aux dommages causés par des intelligences artificielles. Il est plus simple de poursuivre le
constructeur.Un effet pervers de cette personnalité serait de déresponsabiliser le fabricant. Cette responsabilité pèse aujourd’hui
sur les fabricants, ainsi ils sont plus rigoureux. De plus, on peut tout à fait encadrer les robots autonomes sans les qualifier de
personnalité juridique.

§3- La nature/ l’environnement

La personnification de la nature comme pour celle de l’animal et du robot, apparaîtrait pour certains comme un moyen
pour améliorer la protection de la nature et les réparations des atteintes portées à la nature. Par exemple, en droit comparé
existent plusieurs exemples de personnification juridique de la nature :
-En 2008 en Équateur, la Constitution a reconnu la qualité de sujet de droit à la nature. Elle est donc dotée d’un certain
nombre de droits.
- En 2010, la Bolivie a accordé cette qualité à la nature aussi.
- En 2017, la Nouvelle-Zélande, a donné cette qualité à un fleuve considéré comme sacré par les maoris.
-En Colombie, 2018, la cour suprême accorde à l’Amazonie la qualité de sujet de droit.

En France, quelle est l’utilité de la personnification de la nature pour la protéger ? Ou est-ce que les mécanismes de
droit positif suffisent ? On a des mécanismes en droit positif (peut-être pas assez efficaces) pour la protection de
l’environnement qui pourraient être développées. On peut avoir recours au préjudice écologique, on le retrouve aux articles
1246 (« Toute personne responsable d’un préjudice écologique est tenue de la réparer ») et suivants du code civil et qui
autorisent les associations de l’environnement à agir en justice pour défendre la nature, pour faire cesser les atteintes à
l’environnement et être indemnisées. La personnification de la nature aurait plus une portée plus symbolique qu’autre chose.
Les fonds économiques qui servent à gérer l’entretien du fleuve maori sont gérés par les organismes publiques. En France,
sans passer par la personnification, on a des organismes publics qui entretiennent la nature : parcs naturels, réserves
naturelles.

Conclusion :
Il n’est pas étonnant d’avoir des demandes de proposition de personnification car le droit français et international a
tellement mis en avant la personne juridique, à tel point qu’on a l’impression que pour promouvoir un intérêt il faut passer
nécessairement passer par son élection au rang de personnes. La personnification doit être limité aux entités pour lesquelles
elle serait utile. Le droit regorge de solutions similaires à celles des personnalités morales, si ces solutions suffisent ce n’est pas
nécessaire de passer par le stade de la personnification.
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CHAPITRE 1 : LA PERSONNALITÉ JURIDIQUE DES PERSONNALITÉS MORALES

La personne morale correspond essentiellement à un groupement car l’activité humaine est principalement économique
et est exercée par des groupements. On observe les premières traces de la personne morale dans le droit romain. Certaines
communautés ont accès à certains droits tel que la faculté d’agir en justice. On retrouve aussi des traces de la personnes
morales sous l’ancien régime, sous le nom de corporation, c’est l’équivalent des ordres professionnels (l’ordre des médecins,
des chaudronniers…) . Une corporation pour chaque corps de métier.Tout bascule lors de la Révolution, car on cherche à
éliminer les cours intermédiaires. On supprime les corporations et leurs biens, on interdit les groupements professionnels et
ouvriers. Cette interdiction est la loi « le chapelier » 17 juin 1791. En 1804, avec le code civil, ces principes sont maintenus. Le
code civil est un esprit individualiste et au départ il n’y a aucune disposition pour les personnes morales. Les groupements n’ont
pas la personnalité morale. La reconnaissance la de PM se fait à la fin du 19e siècle, notamment avec la reconnaissance des
syndicats. On va progressivement éliminer les obstacles à la PM, en affirmant la liberté de droit au syndicat…Les PM sont donc
assez récentes (début du 20ème siècle).

SECTION 1 : LA NOTION DE PERSONNE MORALE

Il faut déterminer les critères qui permettent de personnifier un groupement (n’est plus réservé seulement aux humains).
La personnalité juridique d’un individu s’appuie sur sa réalité biologique or cela est plus difficile pour un groupement car il ne
peut prétendre à la PM juste parce qu’il existe, le groupement doit non seulement exister mais faire apparaitre une certaine
stabilité. Il faut qu’il puisse être identifié/ délimité et un minimum organisé. Le droit doit considérer le groupement comme licite
pour être considéré comme une personnalité juridique.

§1 : Nature juridique de la personnalité morale

Selon comment on perçoit la nature juridique de la personne, les modes de création de la PM vont être distincts.

A) L’opposition entre réalité et fiction


1) Présentation des théories doctrinales

La théorie de la fiction : Cette théorie est notamment défendue par Ihering et Savigny. La PM ne peut exister que par la
loi, l’idée de base est l’opposition entre les personnes physiques et les personnes morales. C’est une opposition naturelle car
les personnes physiques ont un corps (entité charnelle) et les PM sont des êtres purement intellectuels. Pour les partisans de
cette théorie, ce sont des entités fictives. Si un groupement peut se voir reconnaître la personnalité juridique ce n’est que par le
biais d’une fiction. Le terme fiction possède une définition juridique, elle désigne un artifice, un mensonge de la loi consistant à
prétendre, à supposer un fait qu’on sait contraire à la réalité afin de produire du droit. La fiction parce qu’elle est un mensonge,
elle relève exclusivement du législateur. Si on l’applique aux PM, considérer que la PM est une fiction, signifie, prétendre que les
PM sont de véritables personnes (individus) alors même qu’on sait que c‘est faux mais dans le but de produire des effets du
droit et notamment de faire bénéficier ces groupements de certains attributs juridiques. Cette théorie se traduit par une
conception assez anthropomorphique. Dans le sens où seul l’individu possède une véritable personnalité juridique. Elle a deux
conséquences principales :
- La fiction comme c’est un mensonge elle ne relève que du législateur, un juge ne peut pas créer un artifice. Ce qui
signifierait que le législateur aurait le monopole de la création des personnes morales. Un PM qui n’est pas reconnue par la loi
ne peut l’être par un juge. Seule la loi peut user de la fiction pour conférer la PM. Dans cette théorie la PM est une faveur que le
législateur accorde de manière arbitraire à certains groupements.
- Puisque la fiction est un mensonge légal, elle doit faire l’objet d’une interprétation stricte, on ne peut pas étendre ses
effets par l’interprétation. Du point de vue des effets de la PM, ils seront nécessairement limités à ce que le législateur a prévu.
On ne pourra pas étendre les effets de la PM (par la jurisprudence). Cette théorie à fait l’objet d’un certain nombre de critiques :

2) Critique politique :
La théorie de la fiction laisse à l’État (législateur) le contrôle de l’attribution de la personne morale. C’est à dire qu’il peut
l’accorder de façon arbitraire mais aussi la retirer si le groupement ne paraît pas digne. Cela représente un risque, car l’état peut
l’attribuer selon ses opinions.
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3)Critique juridique :
L’inutilité de la théorie de la fiction, car pour certains, on pourrait faire appel à d’autres mécanismes juridiques pour
expliquer et encadrer les activités des groupements. On n’aurait pas besoin de cette théorie fictive de PM.La fiction n’est utilisée
que si elle est extrêmement nécessaire et qu’on ne peut pas faire autrement. Cette critique est portée par un auteur Marcel
Planiol, connu pour s’être opposé à cette théorie car on a un autre instrument : la propriété collective. La critique de Planiol n’a
jamais eu de répercussions en droit positif. La propriété collective n’a jamais été appliquée mais beaucoup l’ont fantasmé par la
doctrine.

La théorie de la réalité : Certains groupements ont une réalité (tangible, palpable) que le droit objectif vient constater en
lui reconnaissant la personnalité morale. On parle aussi de réalité technique, un sous-courant de la théorie de la réalité.
Défendue par Léon Michoud, juriste du 20e siècle. Une fois qu’on a admis que les groupements ont une réalité grâce à deux
critères :
- Un intérêt distinct des intérêts individuels.
- Une organisation capable de dégager une volonté collective qui puisse représenter et défendre cet intérêt.
Tout groupement qui présente ces deux critères devrait pouvoir se faire reconnaitre la PM, cette théorie apporte plusieurs
conséquences :
- Parce que les groupements sont une réalité, il n’est pas nécessaire que le législateur leur consacre leur personnalité
juridique. La PM n’a pas à être octroyé par un législateur mais peut être reconnue par un juge (et même devrait être
reconnue par le juge).
- Une fois qu’on constate la PM du groupement, on doit octroyer à cette personne morale toutes les prérogatives, les
droit et obligations qui lui sont nécessaires pour défendre son intérêt.

Le législateur n’a jamais pris parti entre les deux théories même s’il a facilité la création de PM, mais sans prendre parti
pour la théorie de la réalité. Dans un premier temps, la jurisprudence a plus penché vers la théorie de la réalité. La Cour de
cassation a reconnu la PM de certaines entités qui n’avaient pas été personnifiés par certains législateurs. Elle a reconnu la PM
des sociétés civiles en 1891 et 1887. Dans un arrêt du 28 Janvier 1954 (2ème chambre civile) : comité d’établissement de
Saint-Chamond. Le problème était que la loi avait personnifié les comités d’entreprises mais n’avaient rien dit concernant les
comités d’établissement. La Cour de cassation affirme que la personnalité civile n’est pas une création de la loi, elle appartient
en principe à tout groupement pourvu d’expression collective pour la défense d’intérêts licites dignes par suite d’être
juridiquement connus et protégés. La PM est bien une réalité que les juges vont constater lorsque les critères sont remplis. En
1954, la jurisprudence consacre la théorie de la réalité, c’est la théorie qui s’applique toujours en droit positif. D’un part, elle a
reconnu la personnalité juridique de certains groupements qui remplissaient les conditions de la théorie des réalités :
- En 1956, elle personnifie la masse des créanciers.
- En 1990, elle personnifie le comité de groupements.
- En 1991, le comité d’hygiène et de sécurité des conditions de travail.
- La copropriété pour l’exploitation des navires est personnifiée le 15 avril 2018 par la chambre commerciale.

D’autre part, elle écarte la personnalité morale, lorsque les groupements ne respectent pas les caractéristiques de la
théorie réalité par exemple elle a refusé la personnification des section syndicales en 1969. La théorie de la réalité permet
certains avantages :
- On a le développement des PM.
- On extrait les PM du pouvoir arbitraire de l’état, ce qui permet de faire des PM morale un contrepoids à l’autorité du
l’état.
Cette consécration de la théorie de la réalité doit néanmoins être relativisée. Même si la PM n’est une fiction au sens
juridique du terme, le fait de reconnaitre à un groupement la personnalité et les attributs de la personnification aura toujours
quelque chose de fictif parce qu’on s’appuie toujours sur la volonté de penser d’une personne et en cette matière-là les
groupements n’auront jamais les caractéristiques des individus. De plus, aujourd’hui le législateur a largement repris la main sur
la personnification des groupements en ce sens que quand il va créer une structure ou un groupement, l’État va indiquer s’il est
doté d’une PM ou non. Il anticipe cette question. Dans ce cas, la jurisprudence ne peut pas aller contre ce que le législateur a
indiqué. Le législateur ne permet plus à la jurisprudence d’indiquer si un groupement est une PM ou non.

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B ) Le dépassement de l’opposition
De nos jours, avant même de déterminer la nature juridique de la PM, on peut s’interroger et se demander si la PM ne
serait pas en crise ou voir même en déclin au point qu’on aurait plus besoin de se demander si elle se rattache à telle ou telle
théorie. Il existe plusieurs indices de cette crise. La PM a cessé de s’appliquer uniquement à des groupements de personnes,
elle s’applique désormais aussi à des ensembles de biens (groupements de biens) comme les sociétés unipersonnelles en 1985
ou les fondations en 1987. L’idée est qu’on est seul mais qu’on veut créer une activité économique, ainsi le législateur crée les
groupements de biens. La PM permet d’isoler certains biens et surtout certaines dettes pour que les dettes qui naissent d’une
certaine activité ne puissent porter que sur les biens de l’activité et non sur celle de l’individu. C’est une entité autonome dont
les dettes ne portent que sur les biens de celle-ci. Par exemple : empreint pour fiancer le matériel, on s’endette et c’est
l’entreprise qui est détentrice des biens fournis qui est endetté. Seul le matériel de l’entreprise est saisi pour payer la dette.
Cette mesure vient dénaturer la PM et contredire la théorie de la réalité. L’extension de la PM a des sociétés unipersonnelles
(n’est pas une collectivité) vient contredire la théorie de la réalité et la dénaturer.La reconnaissance de la personnalité morale
quelle que soit le fait du législateur ou de la jurisprudence manque parfois de logique. Certains groupements sont organisés et
représentent un intérêt distinct et ne sont pas dotés de la PM. Les groupes de société qui ne sont pas personnifiés sont par
exemple les indivisions qui sont les groupements organisés mais à qui on refuse la PM. Mais ils sont certains attributs juridiques
(juridicité diffuse, on a certains aspects de la théorie mais on n’a pas ses effets). Il n’existe pas de frontière nette entre les
groupements qui remplissent les conditions et les groupements qui ont une certaine organisation mais qui bénéficient de la
juridicité diffuse. La PM est délaissée par le législateur au profit d’autres mécanismes qui lui sont concurrents. Lorsque le
législateur crée une nouvelle structure, il a tendance à préférer un mécanisme concurrent et notamment celui du patrimoine
d’affectation. La théorie du patrimoine d’affectation est concurrente à la PM. Pour la comprendre faut s’intéresser à la théorie du
patrimoine qui correspond à la conception traditionnelle du patrimoine telle qu’elle a été théorisée par deux juriste Charles Aubry
et Rau. L’idée principale est que le patrimoine est l’émanation de la personne et en constitue le reflet économique (ensemble
des biens et des dettes). Ce lien entre personnes-patrimoine emporte trois conséquences :
- Toute personne à un patrimoine.
- La personne a un seul patrimoine.
- Seul une personne a un patrimoine.

Cette théorie a eu un succès important en France et elle a guidée les solutions en droit français durant de nombreuses
années (malgré les critiques). Notamment, on en déduit que pour isoler des biens au sein d’un patrimoine, il fallait
nécessairement créer une personne. C’est pour cela qu’en 1985, on crée la société unipersonnelle. On a un besoin d’une
personne seule qui puisse isoler ses biens. Cela se traduit par une PM qui permet d’isoler les biens de la société. Par exemple
en Allemagne, il est privilégié la théorie du patrimoine d’affectation. Elle permet à une personne de scinder son patrimoine en
deux et de composer deux masses distinctes : une pour ses activités professionnelles et l’autre pour ses activités personnelles.
C’est parce qu’elle a eu beaucoup de succès qu’en Allemagne, il y a beaucoup moins de personnes morales. Plus le patrimoine
d’affectation va être mis en avant par la doctrine, plus il va influencer le législateur et plus on va avoir moins recours à la
personne morale. La doctrine ces dernières années a beaucoup écrit sur le patrimoine d’affectation et le législateur l’a repris.
Par exemple : un patrimoine d’affectation crée par le législateur est la fiducie qui a été créé le 21 février 2007. Elle permet
d’isoler certains biens sans avoir recours à la PM.Par exemple : l’entreprise individuelle à responsabilité limité affecte son
activité à un patrimoine séparé sans créer de PM (supprimé le 14 février 2022). Cette loi a créé un nouveau statut qui s’appuie
encore sur le patrimoine d’affectation. Il existe une tendance de l’affectation du patrimoine sur la PM.

En conclusion :
Que ce soit le patrimoine d’affectation ou les groupements qui ne sont pas dotés de la personnalité morale et qui
présentent un intérêt distinct. Ils viennent concurrencer la PM et interroger l’utilité de la personne morale. On pense encore en
droit que la PM est l’aboutissement du groupement, on pense qu’un groupement qui n’est pas personnifié n’est pas abouti.
Cette ancienne controverse qui a été réglé a été dépassé mais c’est la question de l’utilité de PM qui se pose.

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§2 La diversité de la personne morale
A) les entités qui sont personnifiés

Il en existe en droit public et en droit privé :Les personnes morales de droit public ont une mission d’intérêt général et
sont titulaires de prérogatives de puissance publique : l’état, les collectivités territoriales, TOM, établissements publics
d’assistance (hôpitaux), culturels et éducatifs (lycées, universités), les chambres de commerce, les chambres d’agriculture et
métiers.
Les PM publiques ont un régime juridique adapté car leur activité relève de la puissance publique :
- Les biens d’une personne publique ne peuvent pas être saisis.
- La personne publique ne peut pas faire faillite.
- Elle ne peut pas être liquidée.
En droit privé, les personnes morales se distinguent entre le groupement de biens et le groupement de personnes :

1) Les groupements de personnes :

La personne morale à but lucratif : La société est le principal groupement de personnes poursuivant un but lucratif. Elle
est l’archétype de la PM, ce sont les personnes le plus répandues. Elle est définie par définit par l’article 1832 du Code civil
(« La société est instituée par deux ou trois personnes qui conviennent par un contrat d’affecter à une entreprise commune des
biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice où de profiter de l’économie qui pourra en résulter »).Il existe trois
critères :
- Des apports de la société par des associés.
- Un partage des bénéfices ou des pertes résultant de l’activité sociale.
- L’affectio societatis (intention des associés de collaborer à l’activité commune, le plus souvent de manière égalitaire).
La société se caractérise par le fait que les associés sont titulaires de droits sociaux (action ou parts sociales) qui vont
déterminer les droits financiers de l’associé. Elles vont permettre de fixer les droits politiques de l’associé (la possibilité de
prendre des décisions au sein de la société). Il existe un grand nombre de formes sociales : les sociétés civiles (article 1845 et
suivants), les sociétés commerciales, les sociétés anonymes, les sociétés par actions simplifiées… la société ne se trouve pas
qu’en matière économique puisqu’il existe des les sociétés familiales.

La personne morale à but non lucratif : Il s’agit typiquement de l’association qui relève de la loi de 1er juillet 1901. Ce
qui la distingue de la société, c’est qu’elle n’a pas à partager les bénéfices entre les membres de la société (les sociétaires =
membres d’une association), ce qu’il ne veut pas dire qu’elle ne peut pas ou doit pas chercher des bénéfices. Elle se caractérise
par la liberté d’association (garantie par le CEDH en son article 11). On peut librement en créer une, en intégrer une ou la liberté
de pas intégrer une association. L’État ne peut pas obliger à intégrer une association. Le syndicat : PM de droit privé qui
regroupe des personnes de même profession ou de profession similaire en vue de défendre leur intérêt professionnel. (L’article
2131 - 1 du code de travail « Les syndicats professionnels ont exclusivement pour objet l'étude et la défense des droits ainsi
que des intérêts matériels et moraux, tant collectifs qu'individuels, des personnes mentionnées dans leurs statuts »). L’action du
syndic ne profite pas qu’aux adhérents mais aussi à ceux que le statut de syndic désigne (par exemple droits négociés par le
syndic des médecins bénéficient à toute la profession). Ils défendent les intérêts moraux et matériels (défendre l’honneur de la
profession, temps de travail, salaire…). La création des syndicats repose sur le principe de liberté de syndic (comme les
associations).Groupement d’intérêt économique : (code de commerce article 251-1 : « Deux ou plusieurs personnes physiques
ou morales peuvent constituer entre elles un groupement d'intérêt économique pour une durée déterminée. Le but du
groupement est de faciliter ou de développer l'activité économique de ses membres, d'améliorer ou d'accroître les résultats de
cette activité »). Le GIE, a pour but de faciliter et le développer l’activité économique de ses membres, d’améliorer ou d’accroitre
ses activités. En revanche le but n’est pas de créer des bénéfices pour lui-même. Par exemple : une centrale d’achat, plusieurs
pharmacies s’associent pour acheter du matériel pharmaceutique moins cher.

2) Les groupements de biens

A l’origine la notion de PM a été conçue pour des groupes de personnes, il fallait montrer un intérêt collectif. Elle a été
étendue a des groupements de biens. En 1985, le législateur a admis de créer des sociétés unipersonnelles. L’article 1832

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alinéa 1 et 2 donne la définition des sociétés unipersonnelles (« Elle peut être instituée, dans les cas prévus par la loi, par l’acte
de volonté d’une seule personne »), le législateur autorise les sociétés unipersonnelles seulement dans le cadre social.
Toutes les formes sociales ne peuvent être crées par une seule personne. Seules certaines formes sociales le peuvent :
- Article L.212-1 : Autorise la URL, on parle aussi EARL, SASU. Elles permettent d’avoir un seul associé, les
groupements de biens apportés par un seul associé.
- La fondation : l’acte par lequel une ou plusieurs personnes physiques ou morales décident l’affectation irrévocable de
biens, droits ou ressources à la réalisation d’une œuvre d’intérêt général et à but non-lucratif. Elle est régie par la loi du
23 juillet 1987, la loi sur le mécénat. Elle est créée grâce à une libéralité : lègue ou donation. La fondation reçoit ce don
pour l’utiliser au profit de l’intérêt général. Tous le biens, ressources vont être utilisés au développement de son œuvre
d’intérêt général (enseignement, recherche…).
- Les fonds de dotation : la loi du 4 aout 2008, loi de modernisation de l’économie. L’article 140 de cette loi on y trouve
les fonds de dotation : PM de droit privé à but non lucratif qui ensemble grandement à la fondation car l’objectif est de
recevoir et gérer des biens de toute nature pour la réalisation d’une œuvre ou mission d’intérêt général. Sa particularité
est que la dotation initiale, le fondateur ne peut pas en disposer, il doit le faire fructifier et utiliser les revenus de ce
capital pour développer la mission de cet intérêt général.

Enfin, certains groupements sont intermédiaires, entre le droit privé et le droit public appelés personnes morales de droit
mixte (possède un caractère hybride). Elle concerne certains établissements publics mais soumises au droit privé parce que ces
personnes exercent une activité industrielle ou commerciale (les sociétés de transport urbain ou ferroviaires). L’activité qu’elles
mettent en œuvre suppose une soumission au droit privé.A l’inverse on trouve des PM de droit privé mais qui en raison de leur
activité pour bénéficier de prérogatives de droit public, par exemple les ordres professionnels (ordre des avocat, ordre des
médecins…) ou encore les fédérations et associations sportives (FFF). Ce sont des PM qui jouent un rôle au près du droit
public.

B) Entités semi-personnifiés

Ce terme (quasi-personne) n’est pas très approprié car elles décrivent des entités qui ne sont pas personnifiés (n’ont
pas la PJ) mais qui tout de même exercent une activité juridique plus ou moins organisée :
- Des groupements de faits : Ils sont très peu organisés parfois crées pour un temps très limité (groupement de
pression, de défense d’un intérêt du genre climatique). Ils vont s’appuyer sur la PJ, le patrimoine de leurs membres et peuvent
avoir parfois quelques prérogatives réservées aux personnes juridiques (ouverture d’un compte en banque).
- Les groupes de sociétés : Ensemble de sociétés au sein duquel l’une des sociétés va exercer une domination. On
parle de la société mère qui va définir une orientation politique, social, économique du groupe et qui va assurer la coordination
de la société de groupe. La société mère ayant une participation plus ou moins dans le capital des autres sociétés (filiales). La
société est une filiale car la société mère détient une partie de son patrimoine. Les groupe de sociétés n’a pas en lui-même la
personnalité morale, et toutes les sociétés conservent en théorie une autonomie juridique. Toutefois, certains effets font penser
à la PJ, l’existence en faits de ce groupe de sociétés va avoir des conséquences juridiques. En droit du travail, les obligations en
indemnités vont être appréciés au terme du groupe et non pas à l’échelle de la filiale. En matière environnementale, les
préjudices provoqués vont être indemnisés par la société mère.
- L’indivision : Groupement de personnes qui est constitué d’une pluralité de cotitulaires d’un droit réel (sur une chose
souvent une propriété) sur un bien ou un ensemble de biens. Deux personnes en concubinage décident d’acheter un
appartement, elles vont être en indivision. Lorsqu’une personne décède, il se crée une indivision successorale sur un ensemble
de biens. Historiquement, elle a suscité la défiance du législateur, dans le Code civil un seul article est consacré à l’indivision
proposant de mettre fin à celle-ci (Art. 815). Pour le législateur la cotitularité n’est pas une situation bénéfique donc il faut mettre
fin rapidement à celle-ci mais en faits les indivisions perdurent (notamment dans l’indivision successorale). Il a fallu organiser
l’indivision (Art. 815 et suivants). Deux réformes principales ont été apportés. Par exemple : les effets qui s’apparentent à ceux
de la PJ, certains actes peuvent être faits à la majorité des deux tiers faisant penser à la société.
- La famille : Elle n’est pas personnifiée car on aurait du mal sur les contours qu’elle aurait ou on a du mal à identifier un
organe permettant d’exprimer la volonté de la famille (il a longtemps été le père de famille). Pourtant des éléments de régimes
s’identifient aux effets de la PJ, notamment lorsqu’on vient protéger le patrimoine de la famille, on protège certains biens de la
famille comme le logement de la famille qui fait l’objet d’une protection particulière (art 215), les biens de famille sont des biens
particuliers : les objets de famille. Ils font l’objet de règles juridiques spécifiques concernant la vente en-dehors de la famille.
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SECTION 2 : LE RÉGIME DE LA PERSONNE MORALE ET SES EFFETS

Les effets de la PM ont du mal à se détacher de ceux de la personne physique (elles naissent, vivent, meurent) et il en
de même pour les personnalités morales.

§1 : L’existence de la personne morale

On s’intéressera aux personnes morales de droit privé. Étudier la naissance de la personne morale et sa disparition.

A) La création

Historiquement après la Révolution, l’acquisition de la PM était soumise à une autorisation des pouvoirs publics.
Aujourd’hui, le droit objectif laisse une grande place à la volonté du ou des créateurs de la PM, et cette volonté joue un rôle
important dans sa naissance. La PM né avant tout par la manifestation de la volonté des fondateurs, c’est ce qu’on appelle
l’acte juridique. Dans le cadre d’une PM qui constitue un groupement de personnes, c’est la manifestation de la volonté des
fondateurs (le groupement) qui va faire naître la PM, on parle de contrat ou de convention (la société, l’association, le syndicat).
( Art 1832 sur la société, la loi 1 juillet 2001). Lorsque la PM correspond à un groupement de biens, c’est l’expression d’une
seule personne qui va être à l’origine de la naissance de cette PM. Dans ce cas on parle d’acte juridique unilatéral.Qu’elle
émane d’un contrat ou d’un acte juridique unilatéral, la volonté de la personne va s’exprimer dans les statuts de la PM. Ce terme
désigne à la fois toutes les dispositions constitutives de la PM qui est en train d’être crée, mais aussi le document qui reprend
les éléments caractéristiques de la PM. Les fondateurs vont devoir rédiger un document appelé le statut. Très souvent, les
éléments caractéristiques sont des mentions obligatoires (art. 1835). Cette manifestation de volonté est nécessaire pour créer la
PM mais elle n’est pas une condition suffisante. Il faut en plus réaliser certaines formalités, le droit objectif impose cela aux
fondateurs pour que la PM acquiert la PJ :

- Pour la société, c’est ce qu’on appelle l’immatriculation au registre des commerces et des sociétés. Et ce n’est qu’à
compter de l’immatriculation (article 1842 alinéa 1 : « Jusqu'à l'immatriculation, les rapports entre les associés sont
régis par le contrat de société et par les principes généraux du droit applicable aux contrats et obligations. ») que la PM
est officiellement créée.

- Pour les syndicats, le dépôt de statut des syndicats en mairie, il permet de doter le syndicat de la PM (L-2131-3 du
travail : « Les fondateurs de tout syndicat professionnel déposent les statuts et les noms de ceux qui, à un titre
quelconque, sont chargés de l'administration ou de la direction. »).

- Pour les associations, (la loi du 1 juillet 1901, Art.5 « l’association doit être rendu publique »), il faut faire une déclaration
en préfecture et produire le récépissé de la déclaration et l’insérer au journal officiel. Leur PJ est assez limitée, elles
n’ont pas accès à tous les effets de la PJ. Pour en profiter, elle doit être déclaré et reconnue d’utilité publique, elle est
réalisée par décret en Conseil d’état que les sociétaires peuvent effectuer.

Une association déclaré peut recevoir des chèques manuels en revanche, la personne ne peut pas léguer son
patrimoine a une association déclarée, seule l’association reconnue à intérêt public peut recevoir ce type de donations.

- Pour la fondation, elle ne jouit de la capacité juridique qu’à compter de la date d’entrée en vigueur du décret en conseil
d’état accordant la reconnaissance d’utilité publique.

On exige des formalités aux fondateurs car ces mesures ont pour objectif d’informer les tiers (ne font pas partie du
groupement) de l’existence nouvelle d’une personne morale. Ce sont des formalités de publicité, l’objectif étant de rendre
publique l’existence d’une nouvelle personne morale. Car les tiers vont être amenés à interagir au près des PM. Par exemple,
certaines de ces groupements comme les sociétés doivent des impôts à l’état.L’article 10 de la loi 1901 ou loi de 1982 manifeste
l’intervention de l’État, c’est une permission qu’accorde l’état à ces groupements.

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Ces exigences de formalité ont des conséquences d’un point de vue théorique sur la théorie de la fiction ou de la réalité. En
effet, conditionner la création de la PM à la réalisation de certaines formalités conduit à nuancer la théorie de la réalité. Ces
formalités altèrent l’adhésion à la théorie de la réalité. La réalité du groupement (exprimer par la volonté) ne suffit pas pour doter
ce groupement de la PM, il faut en plus réaliser des formalités. Autrement dit, il est difficile de concilier la théorie de la réalité
avec le constat qu’il ne suffit pas à un groupement de s’organiser et se doter d’un organe pour être personnifié. Si on appliquait
la théorie de la réalité, l’organisation d’un groupement pour un intérêt avec à la tête un organe suffirait à la création de la
PM.Concrètement, qu’il y ait une période entre la réalisation des statuts et le moment de l’immatriculation amène des questions,
et notamment le régime applicable à ce groupement durant cette période. Par principe, (article 1842 du code civil alinéa 2), le
contrat est simplement contractuel, on applique les règles de droit des contrats mais (article 1843), la société une fois
immatriculé peut reprendre son statut (mécanisme de la reprise des actes). Elle fait rétroagir la PJ avant l’immatriculation. Les
contrats conclus son au nom de l’associé qui l’a contracté mais une fois immatriculé, le contrat peut être mis au nom de la
société. Toutefois, certaines conditions doivent être remplies.

B) La disparition

Il existe un certain nombre de causes de disparition de la PM, on parle plutôt de dissolution de la PM. Ces causes sont
énumérées par l’article 1844-7, huit causes ont prévues :
- L’arrivée du terme de la PM : expiration de la PM pour le temps qu’elle a été constitué. Souvent en droit privé, les PM
ont une durée (souvent inférieures à 99 ans). Au bout de l’expiration du temps, la PM est dissolue. Elle peut être anticipée par
les membres de la PM (n’est pas inéluctable), car ils peuvent s’y opposer en la prorogeant (prorogation), ce qui suppose de voir
l’extinction naturelle de la PM pour la proroger avant que la dissolution n’intervienne.
- La réalisation (ou extinction) de l’objet pour lequel la PM a été créé : par exemple la construction d’un meuble avec
des associés.
- La décision des membres de la PM de dissoudre leur personne morale : par exemple (loi sur le développement du
mécénat art 19-11), la fondation peut être dissoute à l’amiable par l’accord de tous les fondateurs.
- Dissolution judiciaire : vient par exemple sanctionner un vice lors de la création de la PM (art 7 loi du premier juillet
2001) ou dans la cadre de la société lorsqu’il y a une mésentente entre associés. Elle est demandée par l’un des associés
(paralyse l’activité des PM).
- Mais aussi, il existe la décision de justice vient constater les difficultés judiciaires, c’est la liquidation judiciaire (article
1847) appelé auparavant la faillite. La société en nombre collectif, s’éteint pour une cause spécifique, le décès de l’un des
associés.

Concrètement comment une PM disparait. A première vue, le groupement de la PM n’est pas privé immédiatement de la
PJ lorsque survient la dissolution. La PM du groupement survit pendant une durée qui est celui de la liquidation de la PM. Une
fois dissout le groupement qui avait le PM, le groupement doit être liquidé et pour cela elle conserve certains effets de la PJ
pour la liquidation et durant celle-ci. Elle n’effectue que les actes nécessaires à sa liquidation. Par exemple, une association
dissoute entre en liquidation peut recevoir les dernières liquidations mais non des dons (effectue les derniers actes de gestion).
La liquidation du groupement c’est clarifier la situation financière du groupement : évaluer son actif et son passif et pour cela on
doit effectuer certains actes, par exemple payer les dettes, les fournisseurs, le bail ou recouvrer certaines créances. Enfin, on
fait un bilan des actifs-passifs, on doit repartir les biens restants une fois les dettes payées et les passifs payés. Dans une
société, les biens restants (actif social) doivent être répartis entre les associés selon le nombre de part sociales (actions) que
chacun des associés possède.Dans le cas de l’association, les biens restants sont dévolus conformément au statut. Souvent les
biens restants sont dévolus à un groupement qui poursuit une cause analogue. La règle principale étant que les sociétaires ont
interdiction de se partager les biens restants car c’est un bien non lucratif. Ce régime s’applique aussi aux syndicats et aux
fondations.Une fois cette liquidation achevée, la personnalité morale disparait (à la publication de la clôture de la liquidation).

§2 : Le fonctionnement de la personne morale

Une fois doté de la PJ, le groupement va pouvoir être titulaire de droits et d’obligations. Il va pouvoir agir sur la scène
juridique. Cette aptitude se traduit par l‘autonomie de la personne morale sur la scène juridique.

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A) L’autonomie de la PM

Elle peut être constatée à travers de plusieurs éléments :

1) La capacité juridique

La capacité juridique est la PJ mise en action. La capacité juridique est l’aptitude à avoir des droits, à les exercer et à
supporter effectivement des obligations. Il y a cette idée de « concret ». On distingue la capacité de jouissance de la capacité
d’exercice, ils peuvent être affectés à de degrés, on peut avoir une capacité modulable qu’elle soit une capacité de jouissance
ou d’exercice :
La capacité de jouissance : être titulaire du droit effectivement
La capacité d’exerce : mettre en œuvre le droit

Le principe étant que l’attribution de la PJ, est que le groupement puisse avoir une plaine capacitée d’exercice, un
pouvoir de jouissance puis dans un second temps celles- ci sont modulés selon le groupement. La capacité de jouissance
permet à la PM d’être un acteur juridique sur le scène juridique (actes juridiques comme passer des contrats c’est à dire
capacité de contracter, la capacité d’agir en justice pour l’assigner ou pour être assigné et capacité de la PM à avoir des droits
extra-patrimoniaux).La capacité de contracter des PM pour les besoins de leurs activités :Elle est limitée par le principe de
spécialité. Le principe de spécialité signifie que la PM ne peut agir que dans le but pour lequel elle a été créé. Elle ne peut pas
accomplir des actes juridiques qui ne correspondent pas à son objet, activité tel qu’ils sont définis dans les statuts. Il est
sanctionné par un acte qui serait contraire à la PM, la PM ne sera pas engagée (art 1849 du Code civil ).Dans les statuts on
prévoit des objets très larges pour ne pas restreindre l’activité future de la société. Ce principe est dérogé pour certaines
sociétés notamment les sociétés commerciales (art. 123-18 Code du commerce), le législateur déroge au principe de spécialité
pour les SARL. On trouve des limitations spéciales de la capacité de contracter. Elles concernent les associations déclarées,
leur PJ est plus légère (Art 6. De la loi de 1901 liste les actes de l’association déclarée). Pour les associations d’intérêt commun
l’art 11 précise leur domaine d’action).La capacité d’agir (ester en justice) en justice : Les PM ont toutes la capacité d’agir en
justice. Elles peuvent toujours agir pour la défense de leur intérêts personnels (la société en conflit avec ses fournisseurs peut
dénoncer la non-conformité). Les syndicats et les associations vont pourvoir agir en justice au nom de leur adhérents (peuvent
représenter les intérêts personnels de leurs adhérents). Par exemple, les syndicats ont la possibilité d’agir sous certaines
conditions. Les associations et les syndicats peuvent agir en représentation les intérêts individuels de ses non-adhérents. C’est
l’hypothèse de l’action de groupe introduite en 2014, permet d’agir pour des actions minimes (équivalent des clash-action). Les
syndicats et les associations peuvent-elles agir en défense de l’intérêt collectif qu’ils représentent ? C’est l’hypothèse d’une
action d’une association de l’environnement ou la cause animale. Pendant longtemps, ces groupements ont eu l’interdiction
d’agir pour l’intérêt collectif. Mais, cela a été inversé puisque les syndicats ont la possibilité légale d’agir en justice en défense
de la profession qu’ils représentent (L-2132-3 du Code du travail). La jurisprudence s’est chargé d’étendre cette possibilité par
l’interprétation de la loi. Longtemps, on a eu une autorisation au cas par cas. Là encore la jurisprudence a inversé le principe
(arrêt de la première chambre civile en 18 septembre 2008 n° 06-22.038 permet aux associations d’ester en justice pour l’intérêt
collectif). Désormais c’est la liberté des associations et syndicats pour défendre l’intérêt collectif mais seulement dans le
domaine qu’ils représentent. La capacité d’être titulaire de droits extra-patrimoniaux : Il s’agit d’un droit qui ne peut pas faire
l’objet d’une évaluation en argent, par exemple le droit au respect à la vie privé. Les PM ont des droits extra-patrimoniaux dans
une certaine mesure car elles ont un droit à la réputation. Elles peuvent obtenir une indemnisation en cas d’atteinte à leur
réputation. C’est l’équivalent au droit à l’honneur des personnes physiques. Les PM ont également un droit à la protection du
nom, du domicile et des correspondances. Elles n’ont pas un droit au respect de la vie privée affirmé mais ont un droit à la
réputation par la première chambre civile 15- 14.072, 17 mars 2016 (« les personnes morales disposent, notamment, d'un droit
à la protection de leur nom, de leur domicile, de leurs correspondances et de leur réputation »). Seules les personnes physiques
peuvent se prévaloir du droit à la vie privée (art. 9 du Code civil). La CEDH dans l’arrêt 2/04/2015 reconnait de son côté un droit
au respect de la vie privée au profit de la personne morale ce qui lui permet d’appliquer l’article 8 de la CEDH. Les PM peuvent
souffrir d’un préjudice moral (11-10.278 arrêt du 15/05/2012 de la chambre commerciale : « CASSE ET ANNULE, mais
seulement en ce qu'il a rejeté les demandes des sociétés La Pizzeria et Jafa au titre du préjudice moral ») comme dans le cas
du non-respect de la clause de non-concurrence qui peut amener à un préjudice moral (une souffrance, douleur ressentie par la
victime).

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2) Le patrimoine

La personnalité juridique qu’on reconnait à la PM va lui permettre d’être titulaire d’un patrimoine. C’est l’ensemble de
biens et d’obligations d’un même personne envisagée comme formant une universalité de droits, c’est à dire un tout dans lequel
l’actif va répondre du passif. Il a une définition plus précise que dans la vie courante. Elle n’est pas simplement sa fortune. C’est
l’ensemble de son actif et passif à venir. A l’intérieur du patrimoine, on trouve aussi les dettes de la personne (le passif), l’idée
étant que le recouvrement de ces dettes se réalise sur l’actif. Par exemple : un étudiant locataire dans son patrimoine on trouve
l’ensemble de ses biens. mais dans ses biens, il y a aussi son passif à venir (les salaires qui ne sont pas encore perçus, les
dettes qui peuvent être faites par saisi de salaire). Les PM ont une autonomie patrimoniale, elle permet de séparer leur
patrimoine du patrimoine de leur membres (le patrimoine de la société est différent de celui de ses associés dit patrimoine
personnel). Cette séparation à des conséquences :

- Du point de vue de l’actif (bien) : Le fait d’avoir un patrimoine séparé de son propriétaire lui permet de les administrer,
gérer en toute autonomie sans que les membres viennent interférer. Si la société a eu une activité florissante, elle va distribuer
les dividendes mais elles n’ont pas accès aux biens de la PM. Dans les groupements sans PM, on s’appuie sur le patrimoine
des membres pour faire fonctionner l’activité par exemple on peut citer la société en participation. C’est une société que les
associées ont choisi de ne pas personnifier (article 1871 et suivant de la société en participation).

- Du point de vue passif (dettes) : La séparation patrimoniale permet de préserver l’actif de la PM des créanciers
personnels d’un membre du groupement (les personnes à l’encontre desquelles les membres ont une dette). Par exemple :
dans une société, un des membres à un problème de jeu et possède des dettes. La banque ne se sert que chez le membre.
Inversement la séparation patrimoniale devrait interdire aux créanciers de la personne morale tout action sur l’actif du
patrimoine personnel de ses membres. Par exemple : la société accumule les dettes et le fournisseur réclame le paiement de la
dette. En principe, la saisine des biens personnels des membres n’est pas possible et c’est notamment le cas dans l’association
(pour toutes les PM à but non lucratif). Pour les sociétés, les membres se sont enrichis grâce aux dividendes donc on peut
autoriser les créanciers à saisir les biens personnels. Dans les sociétés de personnes, les associés sont personnellement
responsables des dettes sociales et vont devoir les payer sur leurs biens propres. C’est le cas dans les sociétés civiles (Article
1857). Dans le cadre des sociétés civiles familiales, la banque peut se retourner envers les concubins pour payer la dette à
condition d’avoir saisi vainement la PM.Pour les autres sociétés, on retrouve le principe des sociétés à but non lucratif : les
associés ne sont pas tenus de la dette de la société. Les créanciers de la société ne vont pas pouvoir agir contre les membres
de la société. Par exemple : la SARL, société à responsabilité limitée ou la société anonyme, société par actions simplifiés.

3) La responsabilité de la PM

C’est un facteur d’autonomie pour la PM car elles encourent une responsabilité personnelle, c’est à dire distincte de la
responsabilité qui peut affecter les membres. La société peut être responsable sans que les membres le soient et inversement.
Cette responsabilité on l ‘observe en matière civile et pénale :
- La responsabilité civile Les PM peuvent être responsables dans les mêmes conditions physiques, elles peuvent même
commettre des fautes. On a considéré que les fautes commises par les organes de PM constituent des fautes de la PM
directement. Cette PM va devoir indemniser la victime pour les préjudices qu’elle aura subi. On a deux conditions pour que de
l’organe soit considéré comme faute de la PM: Il faut que l’acte émane d’un organe légalement chargé de prendre des décisions
pour la PM. Le simple salarié ne sera pas considéré comme un organe, en revanche, le dirigeant l’est tout comme les
personnes ayant reçu une délégation de pouvoir. L’acte doit avoir été accompli au nom et pour le compte de la PM. Par
exemple: Un ordre professionnel sera responsable des fautes commises par l’organe de cet ordre (l’ordre des médecins).Les
PM vont être également responsables en cas de défaut objectif dans l’organisation ou le fonctionnement de la PM. Par
exemple : arrêt de la Cour de cassation deuxième chambre civile 12/05/2005, 03-17.994. La PM est également responsable de
ses salariés (accidents de la circulation, choses sous sa garde), elle est responsable dans les mêmes conditions que la PM
mais aussi dans le cas du défaut. Peut-on en parallèle engager la responsabilité de l’organe à l’origine du fait générateur ?
Dispose-il d’une immunité ?

- La responsabilité pénale :Ces solutions elles apparaissent dans l’article 121-2 du code pénal :« Les PM à l’exclusion
de l’état sont responsables pénales, des infractions commises pour leur compte par leur organes ou représentants » :
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L’infraction doit avoir été commise par l’organe ou le représentant de la PM. Il permet d’exclure le salarié à moins qu’il ait reçu
une délégation du pouvoir. L’infraction doit être commise pour le compte de la PM, c’est à dire dans l’intérêt/au nom de la PM à
l’occasion des activités qui touchent son organisation ou fonctionnement. Cela suppose l’adaptation de la responsabilité des
personnes morale qui sont dépourvues de matérialité. C’est notamment le cas des peines. Par exemple : un PM ne peut pas
avoir de peine d’emprisonnement. L’article 131-7 du code pénal détermine les sanctions en cas d’infraction. Ce sont souvent
des peines d’amendes ou matérielles (article 131-39 : dissolution, interdiction d’exercer certaines activités sociales ou
professionnelles, surveillance judicaire…et l’article 131-37du Code Pénal : amende).En jurisprudence, l’arrêt de la chambre
criminelle rendu le 14/03/2018 16-82.117. Dans les années 90, lors de la première guerre du golfe (en Irak). Un embargo est
décidé qui limite la vente par l’Irak du pétrole et définit le prix du pétrole de façon inférieure. Ici, des sociétés pétrolières
françaises (Total) ont contourné cet embargo pour acheter du pétrole pour acheter en évitant les conditions fixées par
l’embargo. La société finance le gouvernement irakien et donc elle est accusée de corruption d’agents publics.La nouveauté sur
cette question résulte d’un arrêt de la chambre criminelles du 25 novembre 2020, 18-86.955. Il est question d’une fusion
absorption (hypothèse où l’on a une pluralité d’entreprise qu’on souhaite regrouper au sein d’une seule société, une des
sociétés va absorber le ou les autres). En temps normal, en droit pénal, on a la personnalité qui explique que seule la personne
qui a commis l’infraction va répondre de l’infraction (art 121-1 du code Pénal). Pour la PM, il était usage d’en faire de même,
ainsi les sociétés absorbées ne devaient pas répondre de l’infraction mais cela change grâce à l’arrêt sous certaines conditions.
En cas de fusion absorption, la société absorbante peut-être condamnée pénalement à une peine d’amende ou de confiscation
pour des faits constitutifs d’une infraction commise par la société absorbée avant la fusion absorption. Au paragraphe 35 (et 36),
la Cour de cassation aboutit à cette conclusion.

B) L’identification de la personne morale

Il s’agit de dégager des éléments pour identifier les PM, pour cela on procède comme avec les personnes physiques. Il
s’agit du nom, la nationalité, domicile qui vont permettre de l’identifier.

1) Le nom

Ce sont les appellations choisies par les membres de la PM lors de sa création pour la désigner :
-Pour les associations, on l’appelle le titre (art 5 de la loi de 1901)
-Pour les sociétés commerciales, mais aussi pour les syndicats et fondations on va parler de dénomination sociale
(article L.210-2 du code du commerce, doit figurer dans le statut).

Le nom est choisi librement par les fondateurs de cette PM, ils doivent simplement éviter de prendre un nom qui pourrait
entrainer une confusion avec une personne physique ou groupements ou PM. De la même façon il n’est pas possible d’utiliser la
forme d’un groupement qui n’est pas celui de la forme de la PM. Il est possible en revanche d’utiliser le nom patronymique de
l’un des fondateurs de la société (exemple Louis Vuitton). Une fois qu’il figure dans la dénomination sociale, il se détache du
fondateur pour devenir un signe distinctif de la personne morale. Il n’est donc plus possible pour le fondateur de demander à la
PM de cesser d’utiliser son nom patronymique. Parfois, la loi vient encadrer le nom de la personne morale. C’est notamment le
cas pour les sociétés commerciales. Le législateur impose aux fondateurs de faire figurer, la forme sociale de la société (article
L.212-2 ou L. 222-3 du Code du commerce). Quand une société se présente à un tiers et qu’elle donne son régime juridique va
pouvoir savoir si les membres sont tenus de payer les dettes de cette société. Le nom de la PM peut être modifié au cours de
l’existence de la PM. Il figure en principe sur le statut de la PM de sorte que pour modifier le nom de la PM, il faut modifier les
statuts et requiert donc une certaine unanimité des membres et la PM doit faire l’objet d’une mesure de publicité. Le nom est un
élément qui permet d’identifier la personne morale. A ce titre, la PM va pouvoir le défendre, elles ont un droit à la protection du
nom contre un usage déloyal qui serait fait par un tiers de ce nom. Il est aussi un élément patrimonial, un élément d’actif. Elle va
pouvoir céder son nom à titre onéreux ou gratuit à la différence des personnes physiques.

2) Le domicile
Il correspond au siège social et plus précisément du siège social réel qui constitue son domicile. Il s’agit du principal
établissement de la PM de droit privée. C’est le lieu où le groupement à sa direction juridique, administrative et technique peu
importe que le statut de la personne morale désigne un autre lieu (siège social fictif). La question du domicile de la personne
morale pose une difficulté en matière de procédure civile en lien avec une question du tribunal territorialement compétant. Dans
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le Code de procédure civile dans article 42 pour assigner une PM, il faut déterminer la juridiction pouvant régler le litige. Le fait
que la PM ait un seul domicile imposait aux particuliers en litige avec une société de s’adresser au tribunal de la société qui
souvent était éloigné des demandeurs (XIXème siècle). Pour régler cette difficulté, la jurisprudence a écarté la règle de l’unicité
du domicile de la PM pour permettre aux particuliers de saisir la juridiction du lieu où la société à un établissement important
disposant d’une certaine autonomie (grands arrêts de la jurisprudence civile tome 1, n°25, arrêt du 19 juin 1876, chambre des
requêtes, compagnie des chemins de fer). Article 43 de procédure civile : « s’il s’agit d’une PM, du lieu où celle-ci est établie ».
Donc lieu réel et non-lieu fictif

3) La nationalité
Elle découle de l’identification du siège social réel. Concrètement, la PM a pour nationalité celle du lieu de son siège
social réel. Elle a un certain nombre de conséquences : Le droit applicable à cette PM et notamment le droit fiscal, le droit du
travail.

C) L’administration de le pardonne morale

Il s’agit d’étudier la capacité d’exercice, c’est à dire le pouvoir exercer les droits et les obligations dont on est titulaire. La
PM est titulaire de droits et d’obligations à travers d’organes dotés de certains pouvoirs.

Les organes de la personne morale


Ce sont des personnes physiques. La PM ne peut agir sur la scène juridique que par l’intermédiaire d’une personne physique.
Ces personnes physiques qui agissent au nom et pour le compte de la PM ce sont ses organes.
L’organe de la personne morale ce n’est pas un représentant extérieur. On considère que l’organe fait lui-même partie de la PM,
il est une émanation/ incarnation de la PM, sa volonté est celle de la PM. Cette vision des choses est discutée en Doctrine
puisque cette vision est totalement fictive. Les organes de la personne morale :
- Les groupements de biens personnifiés : la gestion est plus simple puisqu’il n’y a pas de pluralité des membres/
adhérents.
- Il n’y a pas d’assemblée générale.
- Organe de délibération, dans la fondation c’est le conseil
- Organe de direction : président de la fondation
- Il est possible de faire nommer en justice un administrateur provisoire en cas de crise majeure, il vient remplacer
l’organe de direction ou de délibération. Notamment en cas d’inaptitude de l’organe de direction. S’il y a un conflit entre
les membres aussi.
- Groupement de personnes dotés de la PM :
Assemblée générale : réunit l’ensemble des membres de la PM, fixe les orientations majeures de l’activité de la
personne morale, prend les décisions les plus importantes, le contrôle de l’activité, pouvoir de nommer ou révoquer les autres
organes notamment les autres dirigeants et de modifier des statuts.
Organe de délibération : il est plus restreint. Souvent, c’est un organe de contrôle des dirigeants. Il veille à ce
que l’orientation de l’activité est bien respectée par les dirigeant. Il peut être le bureau, le conseil d’administration dans la société
anonyme.
Organe de direction/ exécutif : a en charge le fonctionnement quotidien de la PM et son activité. Il va assurer
l’incarnation de la PM à l’égard des tiers. Dans la société, c’est le gérant de la société, le directeur ou le président de la société
selon les groupements.

2) Les pouvoirs de ces organes

La PM a deux champs de fonctionnement :


- Un fonctionnement interne (organisation de la PM, de ses organes…)
- Un fonctionnement externe (les rapports de la PM avec les tiers)

Les organes vont avoir des pouvoir dans les deux champs de fonctionnement parfois ils ne concernent que l’un de ces
champs.Ces pouvoirs sont déterminés par le statut de la PM et par la loi. Le pouvoir d’engager la PM au près des tiers. C’est à
dire que le patrimoine de la PM répond à des engagements de l’organe engagé. Ce pouvoir appartient à l’organe de direction
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pour les actes de gestion courantes. Pour les actes qui dépassent l’administration courante, assemblée générale est
compétente pour engager la PM.

Conclusion :
PM est à relativiser. A l’issue de toute cette étude, on peut déduire qu’il n’existe plus de notion unitaire de la personne
morale. Par exemple, les conditions varient d’une personne à l’autre. Parfois, il faut que l’état reconnaisse son autorité. Lorsque
la PM est dissoute, la PM subsiste pour les besoins de la liquidation, la PM est affaiblie.Toutes les PM ne sont pas soumises au
même régime juridique, le fait d’un groupement d’acquérir la PM ne signifie pas qu’il aura tous les effets de la PM. Les
prérogatives vont être finalisées par le principe de spécialité. Il existe deux niveaux de l’association : elle doit être déclaré et
d’utilité publique. Les syndicats ont longtemps eu un champ d’action plus large que l’association. Il existe aussi des variations
entre les PM privés et publiques (état ne peut pas être responsable pénalement). Il y a donc une relativité de la PM.La PM est
aujourd’hui une technique qui va permettre de poursuivre un intérêt et de rendre opposable cette activité. La PM permet à
l’entité opposable aux tiers le masque de la personnalité morale. A ce constat viennent s’ajouter les nuances entre la théorie de
réalité et la théorie de la fiction. Elle est des plus en plus concurrencé par le patrimoine d’affectation. La PM est une notion qui
est relative, qui ne serait même plus efficace. Il faudrait remplacer la notion de PM par l’étude qui serait composée de règles
propres à chaque catégorie de groupement.L’attribution de certaines prérogatives juridiques ne dépend pas seulement de la
reconnaissance de la PM. Mais dépend surtout de la catégorie de groupement auquel la personne morale se rattache et le droit
spécial la concernant. Et inversement, l’absence de personnification n’empêche pas de disposer de certains attributs, de
certains droits, capacités à agir (indivision, la famille).

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CHAPITRE 2 : LA PERSONNALITÉ JURIDIQUE DES PERSONNES PHYSIQUE

Les individus n’ont pas toujours été associés avec la PJ. Dans l’antiquité, la persona (masque de théâtre) est
uniquement une imputation à laquelle on va fixer des droits et devoirs. Au sein de la famille, le seul qui à la PJ est le pater
familias (père de famille). Les esclaves femmes et enfants n’ont en pas. La PJ du père irradiait sur tous les membres de la
famille, ils pouvaient faire certaines choses car ils étaient sous son autorité.À la révolution française la DDHC dit à l’article 1
« tous les hommes naissent et demeurent égaux en droits ». Mais cette déclaration n’avait aucune valeur juridique
contraignante et en parallèle il existait le Code Noir (considère les esclaves hommes des biens sur domaines dans lequel ils
travaillent). En 1848, il y a l’abolition du l’esclavage mais pour autant il n’y a pas de parfaite coïncidence entre la personne
juridique et la personne humaine. Car il subsiste la mort civile qui est une condamnation pénale qui consistait à faire perdre
l’individu sa personnalité juridique. La conséquence de la mort civile est l’ouverture de la succession. Elle perdure jusqu’à la
mise en place d’une loi le 31 mai 1854.De nos jours il existe la DUDH de 1948, art. 6 « chacun a droit à la reconnaissance en
tout lieu de sa personnalité juridique ». Ce texte est relativement symbolique mais globalement chaque individu dispose de la
PJ. En ce qu’il concerne les humains, il y a de nos jours une coïncidence parfaite entre individu et PJ. Pour autant la PJ reste
une abstraction, autrement dit toutes les PJ ne sont pas des individus (PM…).La suppression de la mort civile a contribué à
obtenir une sorte d’incarnation de la PJ.

SECTION 1 : L’ACQUISITION DE LA PERSONNALITÉ JURIDIQUE

La PJ est un don de la loi qui est subordonnée à la naissance en principe mais il existe un tempérament à ce principe
qui est l’adage « infans conceptus »

§ 1 : Le principe : La naissance

La naissance est une condition à l’acquisition de la PJ mais pas suffisante. Il faut naître vivant et viable.

A) Conditions : Naître vivant et viable

Ces deux conditions sont cumulatives, on les retrouve de manière indirecte dans différents articles du Code civil (article
318, article 725, article 906 Alinéa 3). En réalité, est implicitement inclus de naître vivant et viable.

1) Naitre vivant
La PJ ne va pouvoir bénéficier qu’à celui qui a une vie indépendante propre (même que lors que quelques instants). De
sorte que l’enfant mort-né ou mort lors de l’accouchement ne peut recevoir la PJ car il n’a jamais eu de vie propre. Il n’a jamais
existé indépendamment du corps de sa mère. En latin on dit « pars vicerum matris » (toujours restée une partie des viscères de
sa mère). Juridiquement l'enfant mort-né n’est pas une PJ mais le droit l’a pris en considération, effet, il existe une forme de
reconnaissance de son existence (article 79-1 alinéa 2, organise l’acte de l’enflant sans vie). Par le biais s’un acte d’enfant sans
vie, l’enfant va pouvoir être déclaré à l’État civil mais que dans les actes de décès, les parents vont pouvoir choisir le prénom et
le nom de famille (individualisation complète de l’enfant mort). A la quinzième semaine d’aménorrhée l’enfant va pouvoir être
déclaré.

2)Naitre viable
L’individu doit naitre pourvu des organes nécessaires à la vie et ayant atteint un stade de développement suffisant. Il
s’agit de la viabilité et l’aptitude à la vie en-dehors de l’organisme maternel.La viabilité est présumée (sauf preuve contraire on
considère l’enfant viable), celui qui veut contester l’attribution de la PJ qui va devoir prouver que l’enfant n’était pas viable.
Plusieurs critères ont été dégagés donnés en 1977 :
- L’enfant qui est né après 22 semaines d’aménorrhée
-L’enfant qui a atteint un poids de 500 grammes.
C’est seulement un ordre d’idée car l’évolution de la médecine a permis la naissance d’enfants en dessus de ce seuil.
La viabilité est une condition pour obtenir la PJ. La naissance est un fait juridique (situation/un événement auquel la loi attache
des conséquences juridiques). Et non un acte juridique (est une manifestation de volonté en vue de produire un effet de droit
(exemple : le contrat)).Il faut que la naissance soit déclarée dans les 5 jours (cela peut être étendu à 8 jours) qui suivent
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l’accouchent au près d’un agent civil du lieux de la naissance car elle intéresse le droit (article 55 et 56 du Code civil fixent les
modalités de déclaration de la naissance). La naissance peut être déclarée par le père, les docteurs ou toute personne qui a été
témoin de l’accouchement sur base d’un certificat de naissance fait par les médecins.

B) Conséquences sur le fœtus, l’embryon et l’enfant mort-né

- Le fœtus (au-delà de 8 semaines de grossesse)


- L’embryon (8 premières semaines de grossesse)
- L’enfant mort-né ne sont pas des PJ.
- Article 16 du Code civil : La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit
le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie.

L’embryon et le fœtus ont le statut de chose (tout ce qui n’est pas personne est chose, parmi les choses il y a les biens
soit des choses appropriables, et des choses non-appropriables). Ce statut de chose ressort dans l’article 16 du Cde civil et
autres articles et textes de loi, jamais l’embryon n’est qualifié de personne. Un arrêt de la Cour de cassation en 15 juin 2022
explique que les gamètes ne sont pas des biens.Mais ce ne sont pas des choses ordinaires, cela permet de comprendre l’article
Veil de 1975 ainsi que les dispositions de l’article 16 du Code civil. L’embryon et le fœtus ont droit au respect car ce sont des
êtres humains.Il existe donc deux catégories d’êtres humains, ceux qui sont viables, vivants et personnes et ceux qui sont des
embryons, fœtus dont le respect doit être garanti.L’exigence de respect a été confirmé par la CCNE en 1984. Dans le premier
avis, il explique que ce respect s’explique à l’égard de leur statut de personne en devenir. Ne pas les qualifier de personnes
permet d’autoriser l’IVG et la recherche sur les embryons. L’assemblé plénière a donné un arrêt le 29 juin 2001, qui confirme le
statut de chose des fœtus car le coupable ne pouvait être responsable d’un meurtre sur une chose (comparer avec l’arrêt du 2
décembre 2003).La doctrine explique ces décisions par le fait de ne pas vouloir remettre en cause de l’IVG. On aurait pu
envisager une incrimination dans le cadre criminel d’une interruption de grossesse en-dehors du cadre légal.

§ 2 Le tempérament : l’adage « infans conceptus »

Un enfant simplement conçu est réputé né toutes les fois qu’il y va de son intérêt (article 906 alinéa 1 « pour recevoir
entre vifs, il suffit d’être conçu au moment de la donation », article 725 « Pour succéder, il faut exister à l’instant de l’ouverture
de la succession ou ayant déjà été conçu, naître viable »).Cet adage est largement considéré en doctrine comme une fiction
juridique (la volonté du législateur qu’une situation soit tenue pour vraie même si en pratique ce ne l’est pas). On fait comme si
l’enfant est né même s’il était encore un fœtus. L’adage « infans conceptus » permet de connaitre par anticipation l’aptitude à
être sujet de droit et ce depuis la conception.

A) Conditions de mise en œuvre de l’adage

Pour que l’adage puisse s’appliquer, il faut que trois conditions soient réunies :
- L’enfant doit être né vivant
- L’enfant doit être né viable
- L’enfant doit tirer un bénéfice de l’application de l’adage

Autrement dit, l’enfant à naitre ne peut recevoir la PJ par anticipation que pour acquérir des droits et non pour subir des
obligations ou les effets défavorables d’une législation. Par exemple, une femme enceinte dont le mari décède. Au moment du
décès la loi prévoit qu’il y ait une répartition entre le mère et l’enfant (2/3 pour la mère et 1/3 pour l’enfant). Au moment où
l’enfant né, une nouvelle loi organise la répartition à (50/50). On va pouvoir remonter la PJ rétroactivement pour que l’enfant
hérite mais pas pour qu’il soit désavantagé et ce jusqu’à la conception (qu’il faut prouver). On a pu établir une loi dite
présomption relative à la durée de la grossesse, qui permet de faire jouer l’adage à n’importe quel moment de la grossesse
(article 311 du code civil : « La loi présume que l’enfant a été né conçu dans la période qui s’étend du trois centièmes au cent
quatre-vingtième jour, inclusivement, avant la date de la naissance »). L’idée est de pouvoir mobiliser l’adage entre la veille de
sa naissance et le jour de sa conception (d’après l’article qu’on puisse remonter est 300j avant la naissance, et au plus tard
180j). C’est une présomption simple (on peut rapporter la preuve contraire). Dans le cas d’un grand prématuré, une échographie
suffit pour l’utilisation de l’adage
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B) Conséquences : acquisition rétroactive de la personnalité

Il permet de traiter l’enfant comme né y compris avant sa naissance. On fait comme si pendant la période de gestation,
l’enfant avait déjà été né avec l’objectif de lui faire valoir des droits qui lui seraient normalement refusés parce que précisément
il n’était que conçu ou ses droits seraient apparus. Cela implique que l’enfant réputé individu pourrait peut-être, être considéré
comme une personne. Deux raisonnements de la doctrine vont expliquer les effets de cet adage :Tout embryon est personne
dès la conception et la naissance ne vient que confirmer cette personnalité, on anticipe la PJ mais elle est sous condition
résolutoire (évènement qui s’il ne survient pas fait disparaitre ce qui étais prévu). S’il n’y a pas de naissance la PJ ne prospère
pas.L’embryon n’est pas une personne mais une chose dès sa conception et l’application de cet adage est une fiction. C’est à
titre exceptionnel qu’on va lui reconnaitre la PJ à compter de sa conception. La naissance devient une condition suspensive (un
événement qui ne se réalise qu’à condition qu’un autre se produise). Le PJ est une pure fiction dans la cadre de la conception.
La recherche sur l’embryon permet de donner plus de force à cet argument mais aussi l’IVG.

SECTION 2 : LA PERTE DE LA PERSONNALITÉ JURIDIQUE

En principe, seule la mort physique met fin à la personnalité juridique. C’est donc le décès qui va mettre un terme à la
PJ. Elle entraîne la transmission des droits et obligations du de cujus (le mort) à ses héritiers. Déterminer quand la personne est
décédée est une question de droit importante car elle permet de déterminer l’ouverture de la sécession de la personne. Et
soulève la difficulté lorsque la personne héritière meurt peu de temps après. Mais aussi, il est important de déterminer la cause
du décès, essentielle en matière pénal car elle va pouvoir déterminer la qualification de l’acte à l’origine du décès.

§ 1 : Le principe : le décès
A) La constatation de la mort

1) Différentes morts
Le législateur n’a pas donné de définition juridique générale de la mort et il ne donne pas d’indications que dans le
cadre de dons d’organes. Il n’y a pas de définition car il s’en remet au médecin pour constater la mort à l’aide d’un certificat
d’inhumation. Le constat de la mort peut se reposer par l’arrêt de la respiration et le cœur. Le constat se fait aussi par le constat
de l’arrêt des fonctions cérébrales.On trouve dans le Code de la santé publique des précisions sur la manière dont le médecin
doit constater la mort. Elles sont justifiées par la perspective d’un don d’organes. L’article R1232-1 du Code de la santé publique
(il existe une section pour constater la mort avant le prélèvement). L’arrêt respiratoire et du cœur doit être constaté en même
temps en plus d’autres conditions. Pour permettre le prélèvement mais que ceux de certains organes (cœur, poumons, foie, rein
et pancréas dans le cas d’une mort froide).Il existe la mort chaude dite la mort cérébrale (abolition de toute fonction cérébrale
mais avec le maintien d’une activité cardiaque et respiratoire), les prélèvements n’étaient possibles que dans cette situation.
Mais l’enjeu ici est de déterminer la mort (deux électroencéphalogrammes espacés dans le temps notamment).

2) Le cadavre
La mort va transformer l’être en chose. Donc le cadavre est une chose, ce statut a été rappelé en 2007 par un arrêt de
la CEDH qui avait été saisie sur l’article 7 par rapport à des cadavres qui avaient maltraités.
Cela étant, le cadavre est une chose particulière, car il est le reflet de la personne qu’il était. Il doit donc être respecté (article
16-1-1 Code civil : « le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort ») même les cendres de la personne y sont
concernées.Pendant un temps, les restes faisaient l’objet d’une succession donc certaines personnes se partageaient les
cendres du défunt.On peut disposer de notre corps après notre mort, le choix de l’inhumation, du don ou non d’organes. Si le
décédé est un mineur il faut consentement de l’autorité parentale. Il n’est pas possible de vendre un cadavre ou même de
l’utiliser a fins commerciales y compris au moment du vivant du défunt (depuis l’exposition Our Bodies, pour permettre de voir
les muscles sollicités lors de mouvements physiques qui a été interdite par l’arrêt du 16 septembre 2010, la Cour de cassation
fait référence à sa finalité commerciale et le but lucratif).

B) L’interdiction de donner la mort

En France, la mort n’est pas un droit. Qu’en est-il du suicide ? C’est une liberté dont la tentative n’entraine aucune
poursuite tant que ce suicide reste personnel (ne fait intervenir personne d’autre que la personne qui se donne la mort). Chacun
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est libre de se donner la mort mais nul ne peut demander à une personne de l’aider. La provocation au suicide est sanctionnée
pénalement par non-assistance à personne en danger.La CEDH en 2002, n’a pas accepté le suicide assisté par son mari. En
France c’est parfaitement interdit car d’autres mesures ont été développées (article l-1110) comme l’arrêt des soins y compris
l’hydratation et l’alimentation avec une prise en charge sédative qui peut anticiper le décès. Cette décision d’arrêt des soins
revient au patient (sa demande sera examinée par une équipe médicale ou bien même l’équipe médicale peut en décider en
cas d’inconscience).Affaire Lambert 2008, le 28 septembre 2008, V Lambert est victime d’un accident. L’équipe médicale décide
l’arrêt des soins qui a été autorisée par le CEDH. La Cour de cassation a statuée qu’il n’y avait pas de voie de faits.Le décès est
un fait juridique, il doit être établi avec exactitude (article 78 du Code civil : « ») par la rédaction d’un acte de décès le plus
précis possible par un officier d’état civil. Cette déclaration est nécessaire pour avoir le permis d’inhumer et donc la possibilité
de fermer le cercueil. Il faut un certificat de décès dans lequel la mort ne pose pas question. Dans le cas contraire il y aura une
enquête. L’officier de la commune ou le décès a été constaté rédige le certificat de décès

§ 2 : Les aménagements : l’absence et la disparition

A)L’absence

L’absence est prévue à l’article 112 du Code civil, elle vise le cas où une personne a cessé de paraître au lieu de son
domicile ou sa résidence sans qu’on ait eu des nouvelles. Ce mécanisme de l’absence comprend en principe deux temps :

1) La présomption d’absence
Quand une personne est absente, toute partie (conjoint, enfant, parent, colocataire…) intéressée y compris le ministère
public peut saisir le juge des tutelles pour qu’il établisse un jugement de présomption d’absence. Le juge vérifie l’absence et si
les conditions sont réunies il constate l’absence. La présomption d’absence est une présomption de vie (ainsi il faut organiser
les choses pour que son patrimoine puisse être géré, article 113), le juge va désigner quelqu’un pour le représenter pour qu’il
puisse gérer son patrimoine (administrateur).Le tempérament est en faveur du conjoint, il attrait aux droits à la retraite. Face à
l’absence du conjoint, il peut se retrouver en difficulté financière. Il est donc possible de toucher une partie de la retraite de celui
qui est disparu pour favoriser sa situation financière.La personne absente est toujours considérée en vie. La présomption est
possible mais n’est pas obligatoire. Elle présente un intérêt majeur qui est celui de constater le décès plus rapidement.Après 10
ans de présomption d’absence, il est possible de faire une la déclaration d’absence. Sans la déclaration de la présomption
d’absence il faut attendre 20 ans pour faire la déclaration d’absence.

2)La déclaration d’absence


Elle est présente dans les articles 122 et suivants du Code civil. On retourne devant le juge des tutelles et le tribunal
judiciaire va examiner si les conditions sont remplies, si les circonstances de l’absence et explications à défaut d’absence
nouvelle, il a la possibilité de demander une enquête. La déclaration d’absence à les mêmes effets que le constat d’un décès (la
succession est ouverte, le mariage prend fin). Les textes envisagent le retour de l’absent. Si l’absent réapparait, le jugement est
annulé mais elle n’est pas automatique, il doit être demandé par toute personne automatique (y compris le ministère public). Les
héritiers doivent restituer ses biens dans l’état ou ils se trouvaient. Les héritiers vont pouvoir conserver les venues des biens
comme les loyers dont les intérêts ont été générés. Si les héritiers savent que l’absent été vivant, ils doivent tout rendre. Le
mariage reste dissout.

B) La disparition

Elle est prévue à l’article 88, elle concerne une hypothèse suspecte mais dont les circonstances de la disparition étaient
de nature à mettre sa vie en danger (utile en cas de catastrophe naturelle, opérations militaires…).Cette procédure est plus
simple et rapide et qui permet de fixer la date de la mort au moment des événements. Elle repose sur la présomption de décès,
si le tribunal considère que la présomption de décès n’est pas assez établie, il peut prendre plus de décisions et le jugement
vaut acte de décès. Donc c’est la fin de la PJ et le mariage s’il est mort.Si le disparu réapparait les mêmes dispositions de la
déclaration d’absence sont appliquées.

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SECTION 3 : L’IDENTIFICATION DE LA PERSONNE PHYSIQUE

L’attribution de la PP repose sur la naissance et le décès de celui-ci. La naissance est l’identification d’un acteur
juridique, une personne juridique. Son existence est attestée et justifiée par un acte de décès et l’absence à l’aide d’un acte
juridique. L’existence des personnes juridiques permet la vie juridique. Mais il faut identifier ces personnes juridiques des unes
des autres. Si la PJ est un point d’imputation de droits et d’obligations, il faut pouvoir déterminer dans ce cas qui en est le
titulaire. C’est la question de l’identité juridique. L’identité peut être définie comme ce qui fait qu’une personne est elle-même et
non une autre et par extension ce qui permet de la reconnaître et de la distinguer des autres (d’après le vocabulaire juridique du
Cornu). Dans cette définition on voit apparaître deux aspects différents de l’identité :
- Il y a une identité objective, celle qui permet de reconnaître la personne et de la distinguer des autres. On peut
regrouper toutes sortes de données (biométriques, le nom, la date de naissance…)
-Puis il y a une dimension subjective, ce qui fait qu’une personne est elle-même et non une autre, elle désignerait le
côté expérience de l’identité objective soit la conscience de la personne elle-même, de ces caractéristiques (sentiment d’unité
personnelle).

Cette double dimension correspond à une certaine évolution de l’identité en droit. L’identité constitue essentiellement les
éléments de l’état civil. Ces caractéristiques constituent l’état des personnes, qui existe depuis longtemps. À l’origine, l’état des
personnes n’avait d’objectif que d’identifier la personnes (dimension objective), il permet aux autorités d’identifier les individus.
Ces éléments doivent donc être stables dans le temps. En ayant en tête cet objectif, on peut comprendre le principe
d’indisponibilité de l’état des personnes. Un arrêt de la Cour de cassation en 1975 pose ce principe à l’aide de l’article 323
(« Les actions relatives à la filiation ne peuvent faire l’objet de renonciation ») pour refuser le changement de sexe à l’état civil.
Ce principe dit que nul ne peut par sa seule volonté, renoncer à son état et les éléments qui le composent. Toute convention qui
entendrait céder un élément de son état serait frappée de nullité et inversement une convention qui entendrait accéder à un
élément nouveau serait elle aussi frappée de nullité. Ce principe est réutilisé en 1991 dans un célèbre arrêt de cassation à
propos de la gestation pour autrui (la femme qui porte l’enfant refuse la filiation pour que la bénéficiaire l’obtienne) ainsi, la mère
qui reçoit l’enfant entend recevoir un nouvel élément dans son état, c’est à dire la filiation avec l’enfant né d’une autre femme.
Elle vient modifier la filiation de l’enfant car celle qui accouche de l’enfant n’est pas mère mais celle qui veut l’enfant. Donc ce
contrat privé vient porter atteinte au principe indisponibilité de l’état des personnes. En se fondant sur ce principe en 2011, la
Cour de cassation refuse la transcription à l’état civil français des actes de naissance issus de GPA. Le 4 octobre 2019,
l’assemblée plénière à fait un revirement complet sur ce point.La gestation pour autrui est interdite à l’article 16-7 du code civil
(« Toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d’autrui est nulle ») et la loi de bioéthique est
venue renforcer cet interdit. La transcription n’est possible que si elle correspond à ce que dit le droit français. En 1975, ce
principe est affirmé au moment où il est menacé (question du divorce, nationalité, changements de noms, de domicile,
changement de sexe). Ce principe est proclamé haut et fort au moment où les caractéristiques de l’état civil deviennent plus
faibles. L’identité objective se retrouve aussi enrichie par l’identité subjective. Cette évolution se fait sous l’impulsion de la CEDH
et grâce à l’article 8 de la Convention EDH sur le droit au respect de la vie privée et familiale. La CEDH met en avant
l’autonomie personne qui recouvre une certaine prise sur les éléments objectifs. Pour autant la CEDH, rappel les enjeux de
police, elle cherche donc un équilibre.Le principe indisponibilité de l’état des personnes doit se comprendre comme un principe
de mutabilité contrôlée (on peut légalement changer de nom, de sexe, de nationalité, rapport de filiation…) mais il faut pour cela
respecter certaines conditions que le juge va contrôler le plus souvent.

§1. L’identification territoriale

L’enjeu est de rattacher une personne à son territoire, et cela passe par la nationalité et le domicile.

A) La nationalité
Elle permet de rattacher une personne à un État et en même temps elle rattache la personne aux règles de droit qui
s’appliquent dans cet État. Elle va permettre de créer un ensemble de droits et obligations ce qui peut constituer une protection
importante. Les étrangers sur le territoire national ne jouissent pas des mêmes droits que les nationaux (droits civiques). La
France faisant partie de UE, les ressortissants européens, dans une optique de libres circulations des biens et personnes (traité
de Rome) ont plus de droits que les étrangers. Chaque état détermine les règles d’attribution de sa nationalité. Il existe deux
modèles d’attribution au moment de la naissance :
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- Le jus sanguini (droit du sang) : on acquiert la nationalité car les parents la détiennent (obtention de la nationalité à
raison de la filiation)
- Le jus soli (droit du sol) : naissance sur le territoire.

Parfois, les conditions d’attribution doivent parfois être cumulés. En France il y a une articulation entre le droit du sol et
du sang. L’article 18 du Code civil, la nationalité est reçue à raison de la filiation (droit du sang). Ou encore l’article 19 et 19-1,
l’enfant né sur le territoire français obtient la nationalité. Il est aussi possible d’acquérir une nationalité sur le tard :
- La nationalité par le mariage d’au minimum quatre ans d’union et sur demande (Article 21-1 à 21-6)
- Il est possible de solliciter une naturalisation (article 21-16)
-L’acquisition de la nationalité par adoption.

B) Le domicile

Le droit a besoin de savoir ou les PJ se trouvent. Il en a besoin pour pouvoir utilement leur imputer des droits et des
devoirs. Dans le CC ou le CPC, on trouve plusieurs articles ou le domicile détermine le lieu du mariage, le tribunal. La vie
sociale, familiale conduit à des déplacements, à des changements de domicile. Pour déterminer le domicile de façon (pas trop
contraignante). Le code civil à l’alinéa 1 article 102 (« Le domicile de tout Français, quant à l’exercice de ses droits civils, est au
lieu où il a son principal établissement »). Cela permet de distinguer le domicile de la résidence. La résidence est l’endroit où la
personne demeure effectivement de la manière habituelle. Dans la majorité des cas la résidence et le domicile sont le même
lieu. Concrètement le lieu de vie où se trouve la famille peut être le domicile, mais le temps de l’activité professionnelle, la
résidence habituelle peut être sur une autre ville.Le droit considère qu’il appartient à la personne de fixer elle-même son
domicile à l’endroit qu’elle souhaite en fonction de ses intérêts et elle peut en changer.Le changement de domicile s’opérera par
le fait d’une habitation réelle dans un autre lieu joint à l’intention d’y fixer son principal établissement (article 103 et 104 du CC).
Ce choix se manifeste par le choix des personnes qui s’établi par des démarches administratives (déclaration expresse à la
municipalité quittée et à celle d’arrivée). Mais, s’il n’y a pas de démarches positives et claires, un contentieux de domicile
apparaît, c’est le juge qui détermine le domicile et donc le lieu de justice. Le mineur non-émancipé n’est pas en mesure de
choisir son domicile, son domicile est celui de ses parents. Si les parents ont un domicile distinct, il est domicilié là où il réside
avec l’un de ses parents (article 108-2 CC). Dans le cadre des gardes internés, les mineurs peuvent avoir une double
domiciliation dans le cadre administratif. La majeur sous tutelle est domicilié chez son tuteur.Le sans domicile fixe s’il souhaite
exercer ses droits civils, tenir une carte d’identité, avoir accès aux aides sociales, doit pouvoir indiquer un domicile. On
demande donc à ces personnes d’élire domicile soit au près d’un centre communal et intercommunal d’action social ou d’un
centre agrée.

§2. L’identification familiale et personnelle

L’identification de la personne passe d’abord par son nom. Il est un élément de police et un élément d’identité. La cour
européenne des droits de l’homme dans un arrêt du 17 juin 2003 Mustapha contre France dans le §3. Elle explique que la
question du nom justifie une immixtion de l’État mais cette faculté ne peut pas faire disparaître les enjeux de vie privée qui sont
attachés au nom. Car ce nom le rattache à sa famille, à ses interactions sociales…

A) Le nom
Le nom au sens large est à la fois le nom de famille et le prénom. Au moyen âge, la référence pour identifier la
personne était son prénom. Il était plus mobilisé pour identifier la PP. Mais de nos jours, il est devenu le marqueur principal. Le
nom de famille est celui qui est présent à l’état civil et il ne doit pas confondu avec le nom d’usage que l’on est autorisés à
utiliser à une période de notre vie mais qu’on ne peut pas transmettre et sur lequel on a moins de droits. Il vient s’ajouter au
nom de famille. Le mariage permet à titre d’usage d’utiliser le nom de l’un ou de l’autre mais on n’est pas garantis à l’issue du
mariage de pouvoir conserver le nom. On peut ajouter le nom d’usage a son nom de famille, la composition deviendra le nom
d’usage. A titre d’usage on peut utiliser le nom de famille du parent qui ne nous l’avait pas transmis, cela existe depuis 1985 et
cela a été renforcé en 2022. Ainsi sur les formulaires administratifs, on doit mettre le nom de famille.

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1) L’attribution du nom de famille

Traditionnellement on parlait patronyme ou de nom patronymique au lieu de parler de nom de famille. Car en principe
les enfants légitimes, prenaient le nom de leur père à savoir le nom du mari. Cela a été le cas jusqu’à la loi du 4 mars 2002 où
l’un des enjeux était d’améliorer l’égalité entre les époux et les enfants. Elle a donc modifié la transmission du nom de famille
pour qu’elle devienne plus égalitaire. Le fait de transmettre le nom de famille du père permet d’établir un lien clair entre le père
et le fils.De nos jours il y a quatre hypothèses qui doivent être distinguées :

- La filiation de l’enfant à état établie simultanément à l’égard de ses deux parents :Les parents ont le choix, ils peuvent
transmettre le nom de l’un ou le nom de l’autre ou les noms accolés dans l’ordre de leur choix mais il n’y a pas de tiret entre les
noms, dans la limite d’un nom de famille par parent. En 2014, 80% des enfants recevaient le nom de leur père. Si les parents
n’arrivent pas à se mettre d’accord, l’enfant prendra les deux noms dans l’ordre alphabétique. Mais dans cette configuration la
déclaration se fait conjointement par les deux parents. S’il n’y a pas cette déclaration conjointe, l’enfant prendre le nom de son
père. Il faut savoir que ce choix, ils ne l’ont que pour le premier enfant.

- La filiation de l’enfant n’est établie qu’à l’égard d’un seul de ses parents :A la naissance, la filiation n’est établie que par
la mère et par la suite le deuxième parent qui reconnais la filiation avec l’enfant. Ainsi, lors de la déclaration de filiation l’enfant
porte le nom de son parent unique

- La filiation de l’enfant a été établie successivement à l’égard de chacun de ses parents :A la naissance, la filiation n’est
établie que par la mère et par la suite le deuxième parent reconnais la filiation avec l’enfant. Ainsi, lors de la déclaration de
filiation l’enfant porte le nom de son parent unique mais lorsque la filiation est établie, les parents peuvent modifier le nom de
l’enfant par une déclaration conjointe devant l’officier d’état civil et ils vont avoir à nouveau un choix. Il peut substituer le nom du
parent avec celui où l’on a établi la filiation secondement. Soit les noms peuvent être accolés.

- L’enfant a été adopté : Adoption simple : on vient ajouter un lien de filiation à la filiation d’origine. Adoption plénière :
on vient faire disparaître la filiation d’origine pour la filiation adoptive. Dans une AS, le nom de l’adoptant est ajouté au nom de
l’adopté. Si l’enfant à plus de 13 ans, il doit y consentir.Dans un AP, l’enfant cesse d’appartenir à sa famille d’origine donc il
prend le nom de l’adoptant.

Lorsqu’il n’y a pas de transmission possible du nom de famille par exemple dans le cas où l’enfant n’a aucune filiation
juridiquement établie à l’égard des parents, l’officier d’état civil choisit trois noms, et le dernier choisi devient le nom de famille

2) Attribution du prénom

Le choix du prénom appartient aux parents et y compris à la mère qui accouche sous X. Il existe un article permettent la
rectification du nom lorsque celui-ci est mal orthographié. Cette possibilité de donner un prénom à un enfant n’est pas limitée à
un seul prénom. Les enfants qui n’ont pas de filiation, l’officier d’état civil choisit trois noms, et le dernier choisi devient le nom de
famille, les deux autres deviennent des prénoms. Lorsqu’on a une nette référence entre les prénoms donnés, on peut les utiliser
librement (Article 57 alinéa 1). Les parents sont en principe libres mais l’officier de l’état civil peut initier un contrôle du choix de
prénoms s’il estime que le prénom peut être préjudiciable à l’enfant (article 57 alinéa 4).L’officier inscrit le nom sur l’état civil,
mais alerte le procureur, ce dernier s’il pense que c’est alarmant, il fait appel au juge des affaires familiales. Les nouveaux
prénoms sont choisis par les parents ou à défaut par le juge. La question ici est l’intérêt de l’enfant donc l’apparence ou
contenance péjorative ou humiliante ou la référence à un personnage historique sont à éviter.

3) Changement de nom de famille et/ou de prénom

Du POV du droit, le prénom est une institution de police (permet l’identification de la personne et donc de rechercher la
personne) et la marque d’une appartenance familiale. La loi du 6 fructidor an 2 « aucun citoyen ne pourra porter de nominé de
prénom autre que ceux exprimés dans son acte de naissance : ceux qui les aurait quittés sont tenus de les reprendre ». C’est le
principe d’immutabilité du nom qui a aussi pour conséquence son imprescriptibilité.

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La loi civile permet de changer de nom s’il justifie d’un intérêt légitime :
- La naturalisation du nom, franciser le nom
- Le nom a un caractère ridicule
- La procédure de relèvement du nom : une personne est morte pour la France et sans descendance, une personne va
pouvoir faire la demande pour que son nom ne tombe pas en désuétude.
-Il a été admis le changement de nom pour un enfant qui n’avait que des mauvais souvenirs avec son père au profit du
nom de sa mère.

Aujourd’hui, il pourrait utiliser la procédure simplifiée par la loi du 2 mars 2022, et qui est applicable depuis juillet 2022,
elle se trouve à l’article 61-3-1. Il s’agit d’une simple demande devant l’officier d’état civil compétant : celui du lieu de naissance
ou celui du domicile. Elle est ouverte à toute personne majeure et elle ne peut être utilisé qu’une seule fois. Il n’y a pas de
justification particulière à fournir. Il est seulement imposé un délai de réflexion de minimum un mois avant de confirmer la
demande.Elle doit être adressée au garde des Sceaux et doit expliquer les motifs de la demande, indiquer également le nom
qu’on souhaite porter, elle doit aussi faire l’objet d’une publication au journal officiel avec son adresse, les enfants et le nom
sollicité (le cas échéant l’adresse des enfants). Après toute cette procédure, le ministre peut se prononcer sur la demande. Il
peut soit accepter soit refuser et ce dernier doit être motivé. S’il accepte, le nom est porté en marge de l’état civil de l’intéressé
et si besoin en marge de l’état civil de son époux et ses enfants. La décision peut être contestée devant le Conseil d’État. La
changeant de nom peut avoir des incidences sur les enfants. Il peut être appliqué aux enfants sauf s’ils ont plus de 13 ans, car il
faut leur accord.La demande de changement est mobilisable par les parents pour les enfants mineurs, les parents doivent faire
la déclaration conjointement et si l’enfant a plus de 13 ans il doit consentir au changement. Il est possible d’ajouter un nom de
famille de l’autre parent, le substituer ou les rassembler dans l’ordre souhaité.Le changement de prénom est prévu à l’article 60
du Code civil et réformé le 18 Novembre 2016, loi de modernisation de la justice du 21ème siècle : « Toute personne peut
demander à l'officier de l'état civil à changer de prénom. ». Son objectif était une meilleure organisation de la justice en
recentrant les juridictions sur leur mission principale.Avant 2016, la procédure de changement de prénom se faisait devant le
juge des affaires familiales. La loi de 2016, permet de demander le changement de prénom à l’officier d’état civil (soit celui du
lieu de résidence soit là ou l’intéressé est né).Ce changement de prénom peut être demandé par toute personne mais en ce
qu’il concerne les personnes incapables (enfants, adultes sous tutelle), la demande doit être effectuée par le représentant légal,
l’enfant de plus de 13 ans doit donner son consentement. Le changement de prénom est subordonné à la présence d’un intérêt
légitime, la jurisprudence donne des indications :
- Lorsque le prénom que l’on demande ait été utilisée longtemps = usage prolongé d’un prénom.
- Lorsque le changement de prénom est accompagné par un changement de sexe à l’état civil.
- Pour des motifs religieux ou culturels.
- La francisation du prénom, elle est prévue par la loi de 25/10/1972. Cette loi permet à toute personne de nationalité
française de franciser son prénom ou nom lorsque le prénom initial gène l’intégration au sein de la communauté française. Elle
consiste à substituer le prénom par un prénom de consonance française ou d’ajouter ce dernier.

Si ce prénom est accepté il est inscrit en marge de l’état civil de la personne mais en principe en marge des états civils
de ses enfants et son époux (article 61-4 du CC). Il existe une exception, le changement de prénom corrélatif à un changement
de sexe. Pour que le prénom soit reporté dans l’état civil des enfants et du conjoint, il faut qu’ils y consentent (article 61-7 CC)
car cela relève du principe de vie privée. Le changement de prénom peut intervenir dans le cadre d’une procédure d’adoption
(plénière ou simple) : Adoption plénière : article 367 / Adoption simple : article 361. Si le mineur à plus de 13 ans, il doit consentir
au changement de prénom.En dehors du cadre de l’adoption, l’officier doit apprécier l’intérêt légitime. S’il n’y a pas d’intérêt
légitime selon l’officier, celui-ci saisi le procureur de la République qui peut s’opposer au changement de prénom. Dans ce cas
de demandeur peut saisir le juge des affaires familiales.

B) Le sexe

Sauf exception, on né masculin ou féminin. Le nom ou le domicile sont choisis, le sexe lui a une dimension inscrite dans
le corps qui justifiait son inscription dans l’état civil (soumis à l’immutabilité de l’état civil).Il existe la naissance d’enfants
doublement sexuées. On choisirait le sexe quitte à le modifier par la suite avant la loi bioéthique.Cette situation juridique a
évolué pour prendre en compte le changement de sexe dans le cadre du transsexualisme. Elle a été rattachée à une réflexion
sur les droits de l’homme (vie privée, droit à l’autodétermination) et l’étude des genres comme construction sociale. Le genre
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désigne l’identité sexuée psycho-sexuelle, là ou le sexe correspond à l’identité physique. La transsexualisme désigne sentiment
profond et inébranlable qu’à une personne d’appartenir au sexe opposé à son sexe physique (définition historique) .Aujourd’hui,
cette définition évolue entre le transsexualisme, le transgenre, la transsexualité, dystopie de genre. La différence faite entre
transsexualisme et transgenre, ce dernier désigne la personne ne s’identifie pas totalement au rôle culturellement assigné à son
sexe sans se sentir appartenir au sexe opposé.Ces questions-là sont à distinguer avec les personnes intersexuées, personne
dont le corps physique à la naissance ou à la puberté ne correspondent pas aux définitions médicales d’homme ou femme.
Généralement, ils présentent une combinaison de traits sexuelles primaires ou secondaires. Leurs traits sont très atypiques. Ils
représentent 1 à 2% des naissances.Le transsexualisme est le principal problème juridique. L’OMS classe le transsexualisme
comme une maladie. En France, jusqu’à un décret du 08/02/2010, il était considéré comme une maladie psychologique. Ce sont
les médecins qui ont constaté le transsexualisme et l’on classé tel qu’une pathologie. Ces classifications se sont retrouvées
dans les décisions de justice où il était question de « syndrome transsexuel ». Il a contribué à la connotation négative. Mais
aujourd’hui, dans les décisions de justice on parle de transidentité. Le droit a donc été interprété et confronté à des parties des
années 1970. Des personnes avaient subi des opérations chirurgicales pour une réassignation de sexe et voulaient une
correspondance avec leur état civil.Un cadre juridique s’est organisé. D’ailleurs la transphobie est officiellement reconnue en
2012, et sanctionnée au titre de discrimination par l’article 225-1 du CP.Dans ce cadre les dates des faits sont
ESSENTIELLES !!La jurisprudence française a évolué en trois temps :

- l’étape du refus :Un arrêt de la 1ère chambre civil de 16 décembre 1975 qui refuse le changement de sexe à l’état civil
par les transsexuels. La Cour de cassation se fonde sur le principe d’indisponibilité de l’état des personnes : « après avoir relevé
que A s’était délibérément soumis à un traitement hormonal, puis hors de France à une intervention chirurgicale qui a entraîné la
modification artificielle des attributs de son sexe. La cour d’appel a décidé à bon droit que le principe de l’indisponibilité de l’état
des personnes au respect duquel l’ordre public est intéressé. Ce principe interdit de prendre en considération les
transformations corporelles. ». 15 ans plus tard la Cour de cassation continue d’avoir le même raisonnement dans son arrêt du
21/05/1990.Le 25 mars 1992, dans l’arrêt Botella VS France, la France est condamnée par le Cour EDH pour atteinte au droit
du respect de la vie privée. Pour donner suite à cette condamnation, on a un revirement de jurisprudence par l’assemblée
plénière de la Cour de cassation en date du 11 décembre 1992. Dans l’arrêt rendu, la Cour de cassation pose un attendu de
principe déduit de l’article 8 de le CEDH. Elle autorise le changement de sexe à l’état civil pour les personnes transsexuelles.
Mais elle l’autorise sous certaines conditions : Présenter le syndrome de transsexualisme / Le comportement social et
l’apparence de l’autre sexe/ Traitement médico-chirurgical dans un but thérapeutique Ce changement de texte est effectif à
compter du changement pour l’avenir (pas de rétroactivité). Il n’est déclaratif pas d’un état nouveau (qui préexiste) mais
constatatif. Ce changement est donc sans incidence sur l’état civil de ses descendants.Dans un arrêt du 11 décembre 1992, la
réalité du syndrome transsexuel ne peut être établie que par une expertise judiciaire. Cela entraine des interprétations
différentes : Certains juges du fond considéraient que ce traitement ne pouvait être constaté que s’il y avait ablation des organes
sexuels d’origine et remplacement des organes génitaux opposées (réassignation sexuelle).D’autres juges du fond,
considéraient que ce traitement était établi des lors qu’il y avait une hormonothérapie.En 2009, le commissaire Hammarberg
établit un rapport ou il suggère d’assouplir les conditions de changement de sexe et qui préconise des procédures rapides et
transparentes de changement de sexe. En France, une circulaire est adoptée le 14 mai 2011, elle précise que les magistrats
peuvent donner un avis favorable au changement de sexe dès lors qu’il y a des traitements hormonaux associés ou non à une
chirurgie et qu’elles aient provoqué des changements irréversibles.Cette circulaire est reprise par la Cour de cassation dans
deux arrêts : 7 juin 2012 et 13 février 2013 :En 2012, la Cour demande que le demandeur établisse la réalité du syndrome
transsexuel dont il est atteint ainsi que la preuve irréversible de son apparence (plus de chirurgie). Si elle préserve l’irréversible,
c’est juste pour préserver la sécurité juridique et le principe d’indisponibilité de l’état des personnes, et d’autre part la protection
de la vie privée et du corps humain (changement de sexe et les intervention sexuelle). Il n’y a plus que deux conditions
cumulatives : la réalité su syndrome transsexuel qui ne doit pas nécessairement être apporté par une expertise judiciaire et le
caractère irréversible de l’apparence. Une partie de la doctrine est critique car si on se contente simplement des traitements
hormonaux, ces derniers ne suffisent pas.L’arrêt de 2013 confirme la doctrine : le suivi d’un traitement ne suffit pas pour la
demande de changement de sexe. Elle exigeait donc une intervention sexuelle mais aussi implicitement la stérilité de la
personne.Condamnation le 6 avril 2017 par la Cour EDH de la France, la décision garçon et Nico VS France. Le législateur était
déjà intervenu par une loi du 18 novembre 2016, suivie d’un décret pour sa mise en œuvre le 28 mars 2017. Il est relatif au
changement du prénom et sexe à l’état civil (article 61-5 du Code civil). Dans cet article, les conditions ne renvoient à aucune
prise en charge médicale. La demande est présentée devant le tribunal judiciaire et produit tous les éléments de preuve
nécessaires à l’appui de sa demande (sans que l’absence de l’intervention chirurgicale ou les traitements hormonaux ne
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puissent motiver le refus du tribunal = article 61-6). Ce texte est extrêmement genré.La question du mariage est donc soulevée,
l’arrêt Goodwin VS UK, le Royaume-Uni est condamné par l’arrêt du 11 juillet 2002 de la Cour EDH. Il n’existe aucune raison
justifiant que les transsexuels soient privés de se marier, le sexe juridique doit être pris en considération. C’est le sexe juridique
qui doit être pris en compte.Depuis 2016, des questions sont apparus. Avant cette date, le changement de sexe était obtenu en
raison des traitements les rendant stériles mais après cette date les personnes transsexuelles peuvent avoir des enfants (les
cas d’homme transsexuel qui était une femme).Sur la filiation, on invoque le principe chronologique (le premier déclaré comme
parent est le parent, un deuxième parent ne peut pas invoquer la parentalité). En principe, on a une branche paternelle et une
branche maternelle.Comme l’homme transsexuel accouche, il peut être inscrit comme mère ou l’un des parents établit la filiation
et le second s’inscrit comme adoptant de l’enfant.La 1ère chambre civil le 16 septembre 2020 rend un arrêt ou elle dit qu’il
n’existe que l’inscription père et mère et non la mention « parent biologique ». La Cour de cassation estime que sa décision
permet un équilibre entre vie privée et vie familiale. Une personne homme devenu femme transsexuel qui procrée après un
changement de sexe peut faire reconnaitre un lien biologique avec l’enfant mais uniquement en ayant recours au mode de
filiation étant réservée au père (l’idée étant que c’est la mère qui accouche, dans ce cas donc la mère = celle qui accouche). La
Cour de cassation renvoi devant une cour d’appel. Les juges du fond ont une résistance. En février 2022, la cour d’appel écarte
le principe de chronologie et prononce l’affiliation maternelle à l’égard de l’enfant en prononçant ainsi que l’enfant possède deux
mères.Depuis 2016, les personnes transsexuelles peuvent conserver leurs capacités reproductrices. Dans le cas d’une
personne célibataire transsexuelle anciennement femme en couple avec un homme. La loi bioéthique de 2021, dans son article
L21.24-2 ne permet pas aux hommes transsexuels (anciennement femme) d’avoir des enfants grâce à la PMA. Une association
a saisi le Conseil constitutionnel pour faire valoir l’atteinte au principe d’égalité à l’accès des dispositions car elles instituent une
différence de traitement en raison du sexe. Le 8 juillet 2022, le conseil constitutionnel rend sa décision où il explique qu’il est
loisible au législateur dans l’exercice de sa compétence de considérer que la différence de situation entre les hommes et les
femmes au regard de l’état civil pouvait justifier une différence de traitement quant à l’accès à la PMA. Une personne
transsexuelle ne peut pas avoir accès à la PMA.Dans un couple d’un homme et d’une femme (anciennement homme), ils ne
peuvent pas avoir accès à la GPA, aucune technique médicale ne peut être proposée à ce couple car la loi ne prévoit pas
l’intervention des tierces personnes.Pour les personnes intersexes, il existe la demande de ne pas avoir une mention de sexe
dans son état civil. C’est d’abord une personne qui fait cette demande à l’âge de 65 ans, elle a saisi le juge de 1ère instance à
Tours, car elle avait été inscrite comme homme mais elle voulait la mention neutre qui a été accordée sur le fondement de
l’article 8 de la CEDH dans une décision 14 octobre 2015. Le parquet interjette appel et se voit refuser cette demande. Elle
formule un pourvoi en cassation qui est rejeté le 4 mai 2017, là encore il n’appartient pas au juge de créer une nouvelle
catégorie et il n’existe pas d’autres mention autres que celles d’homme ou femme.La loi de bioéthique de 2021 dans son article
L.2131-6, fait valoir une période avant une intervention chirurgicale et plus encore elle prévoit qu’il n’y ait aucune intervention
médicale. Dans l’article 99, il est mention de rectification de sexe et de noms et prénom des personnes intersexes. Dans la lutte
égalité homme femme, il y a eu la mise en place de dispositifs favorisant l’égalité des sexes ainsi supprimer cette mention de
sexe compliquerait l’exécution de ces dispositifs mais aussi l’égalité des sexes.

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PARTIE 2 : LA PROTECTION DES PERSONNES PHYSIQUES

Le droit est fait par les personnes et pour les personnes. Il parait donc logique que le droit contienne des dispositions
permettant la protection de la personne. C’est ce que l’on retrouve lorsque l’on examine différents corpus de règles. Ces règles
ont pour l’objet la protection de l’intégrité physique et morale de toute personne. Certaines personnes retiennent tout
particulièrement l’attention du droit. On prend donc en compte cette vulnérabilité en mettant en place des systèmes de
protection spécifiques.

CHAPITRE 1 : LA PROTECTION DE L’INTÉGRITÉ DES PERSONNES PHYSIQUES

L’intégrité est l’état d’une chose qui est entière, qui a toutes ses parties. La protection de l’intégrité de la personne est
une protection de la personne conçue en elle-même, dans sa complétude, dans le caractère indissociable des éléments qui la
composent. Cette protection de l’intégrité concerne la personnalité sous son double aspect physique et moral (en particulier, la
question de la vie privée). Pour assurer la protection de l’intégrité de la personne ont été reconnus « des droits de la
personnalité », ces droits ont « pour fondement la protection de la personne, dans ce qui constitue son individualité et qui la
rend irréductible à tout autre personne ». A cette catégorie doctrinale de droit de la personnalité, les auteurs ont attaché un
régime, ces droits de personnalité sont subjectifs, innés et extra-patrimoniaux. Ces droits sont imprescriptibles, inaliénables et
intransmissibles. Les droits de la personnalité sont innés car reconnus à chacun dès la naissance. Ces droits subjectifs sont
protégés en eux-mêmes. Dès qu’ils sont violés, ils donnent lieu à réparation automatiquement. Ce sont des droits extra-
patrimoniaux, car ces droits sont placés en dehors du patrimoine. Ils sont incessibles et ne peuvent pas être vendus. Soit, parce
que ces droits sont extra-patrimoniaux, la personne ne peut pas s’en départir, ne peuvent pas être transmis aux héritiers, ni
perdus par un non-usage prolongé ou acquis par un usage prolongé. Pour autant, la catégorie : droit de la personnalité ne se
trouve pas au Code Civil. L’intérêt que porte le droit à l’épanouissement des personnes corporelles se marque par des
dispositions singulières qu’on reconnait facilement. Elles sont formulées par un « chacun a droit… ». L’ensemble des droits
subjectifs ainsi reconnus tentent d’assurer la protection de l’intégrité morale de la personne. En 1804, dans le Code civil il n’y a
aucune trace du corps, ce qui est normal. Le droit civil de l’époque voyait la conception du corps d’une vision volontariste (la
volonté de la personne). La personne n’apparaissait que par son corps. Ainsi, le code civil ne s’intéressait pas au corps et cela
ne posait pas de difficulté.

SECTION 1 : LA PROTECTION DE L’INTÉGRITÉ MORALE

Droit à la vie privée, droit à l’honneur, présomption d’innocence. Il existe plusieurs droits subjectifs reconnus à la
personne pour assurer la protection de son intégrité morale. Aucun texte n’établit un droit direct pour chacun à l’honneur.
Cependant, plusieurs dispositions protègent l’honneur de la personne et révèlent l’intention du législateur à protéger ce droit en
tant que droit subjectif protégé constitutionnellement dans le DDHC de 1789. Ce souci ne se retrouve pas que dans les
dispositions nationales mais aussi au niveau européen. La Cour EDH parle de droit à la réputation. Elle rattache ce droit à
l’article 8 de la CEDH relatif à la protection de la vie privée et familiale. Elle fait ainsi de la protection à l’honneur un élément du
droit au respect à la vie privée et familiale. En droit interne, la protection de l’honneur est rendue possible grâce à différents
recours juridiques. L’atteinte à l’honneur peut constituer le délit de diffamation. C’est ce que reconnait la Chambre criminelle de
la Cour de cassation dans un arrêt du 15 Novembre 1990. Une diffamation s’agit de toute allégation, imputation d’un fait qui
porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps au quel le fait est imputé.La preuve de l’exactitude
des faits allégués va exonérer son auteur de toute responsabilité. Ce délit de diffamation et l’exonération sont prévus dans la loi
du 29 juillet de 1881 - relative à la liberté de la presse - aux articles 29 et 35. Ce délit peut être mobilisé pour sanctionner une
atteinte qui aurait été portée à l’honneur d’une personne physique ou morale.En outre, il existe l’injure. Elle est une forme
d’atteinte à l’honneur. L’injure s’agit de toute expression outrageante, terme de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation
d’aucun fait (article 29 de la loi 1881). La question de l’honneur est aussi au cœur de la présomption d’innocence. La
présomption d’innocence est une règle qui protège l’honneur de la personne contre des accusations qui pourraient être portées
contre elle. La présomption d’innocence est définie comme l’interdiction de présenter une personne comme coupable tant que
sa culpabilité n’a pas été présentée comme légalement établie (prévue à l’article 9-1 du Code civil « Chacun a droit à la
présomption d’innocence »). La diffamation et l’injure constituent des délits donc l’atteinte à la présomption d’innocence est
sanctionnée pénalement. Outre les sanctions pénales, la responsabilité civile de l’auteur d’une atteinte de l’honneur peut être
engagée et la victime peut prétendre à des dommages-intérêts ou encore à la publication du jugement de condamnation. En ce
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qu’il concerne à l’atteinte à la présomption d’innocence, le juge peut même en référé prescrire toute mesure visée à faire cesser
l’atteinte au frais de l’auteur.

A) La reconnaissance et l’extension du droit à la vie privée


1) Reconnaissance

La protection de la vie privée est affirmée dès l’année 1948 dans la DUDH en son article 12. Ensuite, le pacte des
Nations unies de 1966 qui porte sur les droits civils et politiques en fait écho. Enfin, elle est présente dans la CEDH de 1950.
L’article 8 alinéa 1 prévoit que toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale. C’est sur ce fondement que repose
une grande partie du contentieux. Selon la Cour EDH, la vie privée de l’article 8 est une notion large non susceptible d’une
définition exhaustive. Elle recouvre l’intégrité physique et morale d’un individuel englobe parfois des éléments relevant de son
identité sociale (arrêt du 23 septembre 2010 : Obst VS Allemagne).C’est sur le fondement de l’article 8 que la Cour EDH a
reconnu le droit de tout individu à l’autonomie personnelle. Cette expression apparait dans l’arrêt Pretty VS RU du 29 avril 2002
pour la première fois. Mais, il y a des affirmations implicites qui apparaissent dans les arrêts de la CEDH dès 1976. En
particulier dans son arrêt Commission et X VS Islande du 18 mai 1976. Cette notion est retrouvée depuis longtemps dans les
décisions et que la Cour ne prend pas la peine de définir. Selon les auteurs de doctrine tel que Diane Roman, cette notion
constitue un principe qui est placé au service de l’épanouissement de la personne. Murielle Fabre-Magnan dit de ce principe
qu’il est fondateur du droit de décider pour soi-même, du droit de faire ses propres choix. Sur le plan national, en l’absence de
texte de loi spécifique pendant longtemps. La jurisprudence protège quant à elle le principe de vie privée grâce à l’interprétation
de l’article 1382 qui est devenu l’article 1240 du Code civil (« Tout fait quelconque de l’homme, qui cause un dommage, oblige
celui par la faute duquel il est arrivé à la réparer »). Il énonce le principe de responsabilité civile extracontractuelle jusqu’en
1970. C’est en effet à la suite de la loi 17 juillet 1970 qu’une protection particulière de la vie privée a été mise en œuvre par la
législation et consacrée à l’article 9 du Cde civil « chacun a droit au respect de sa vie privée ». C’est à la fin des années ‘60 que
naissent les médias que nous connaissons aujourd’hui (paparazzi, presse people, développement de l’audiovisuel…). Le
phénomène d’atteinte à la vie privée apparait et s’accentue en matière de contentieux. C’est ce qui pousse le législateur a crée
cette loi.Avoir recours à la responsabilité civile extracontractuelle oblige la victime à porter la charge de la preuve. Or l’avantage
de l’article 9 est sa simplicité. Il suffit que la victime démontre que sa vie privée a été atteinte par une immixtion dans sa sphère
privée ou qu’elle a été atteinte par une révélation non consentie. En démontrant simplement cette atteinte, cela suffit. La victime
va pouvoir recevoir réparation de son préjudice moral ou patrimonial. Ce préjudice est présupposé exister, une atteinte à la vie
privée cause forcément un préjudice. Ce préjudice sera souverainement apprécié par les juges du fond (ils vont se baser sur
différents critères). Par ailleurs, si depuis un arrêt du 23 octobre 1990, la Cour de cassation considère que toute personne quel
que soit son rang, sa fortune, ses fonctions présente ou avenir à droit au respect de sa vie privée. Donc, alors même qu’elle
considère que toute personne va pouvoir défendre son respect à la vie privée. Elle rappelle que ce droit d’agir pour le respect à
la vie privée s’éteint lors du décès de la personne concernée. Les droits de la personnalité n’entrent pas dans le patrimoine et
sont intransmissibles. Seule la personne titulaire peut agir. En revanche si elle a agi de son vivant, elle a utilisé son droit d’agir.
Si elle décède en cours d’instance, ses héritiers pourront poursuivre l’action. Mais, il n’y a que la personne qui peut avoir
l’initiative de l’action.Cette protection sans être absolue, elle a quelque chose de mécanique. Les tiers en raison au droit au
respect de la vie privée sont tenus envers la personne par un droit de non-immixtion. Pour rendre la protection de ce droit
effectif, l’article 9 en son alinéa 2 prévoit que « Les juges peuvent, sans préjudice de la réparation du dommage subi, prescrire
toutes mesures, telles que séquestre, saisie et autres, propres à empêcher ou faire cesser une atteinte à l'intimité de la vie
privée : ces mesures peuvent, s'il y a urgence, être ordonnées en référé ». D’abord, il y a cette idée d’il faut prévenir que guérir.
Il faut faire cesser l’atteinte éventuellement en intervenant avant la publication (Séquestre). Mais aussi, il faut avoir accès au
juge en urgence (référé).Le recours à ces mesures se fait sans préjudice de la réparation du dommage subit. La sanction passe
donc par différents moyens. Le juge met en place les mesures de faire cesser l’atteinte. On va permettre aussi au juge de jauger
l’atteinte et de frapper l’auteur d’un versement de dommages-intérêts à la victime. Il faut garder à l’esprit que l’atteinte à la vie
privée est aussi passible de sanctions pénales. Elles sont prévues dans les articles 226-1 et suivants du Code Pénal : « Est puni
d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende le fait, au moyen d'un procédé quelconque, volontairement de porter
atteinte à l'intimité de la vie privée d’autrui » :
- « En captant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de leur auteur, des paroles prononcées à titre privé
ou confidentiel.
- En fixant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de celle-ci, l'image d'une personne se trouvant dans un
lieu privé.
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- En captant, enregistrant ou transmettant, par quelque moyen que ce soit, la localisation en temps réel ou en différé
d'une personne sans le consentement de celle-ci. »

Mais une fois que les informations ont été rendues publiques en particulier que les informations ont été légitiment
rendues publiques avec le consentement de la personne, leur rediffusion ou réutilisation ne va pas nécessiter de nouveau
l’accord de la personne concerné. Car l’information est devenue publique, connue. Toutefois, il ne faut pas que cette information
contienne des ajouts auxquels la personne n’aurait pas consenti.Enfin, la protection de la vie privée passe par la protection des
données personnelles et privées. C’est tout l’enjeu de la loi informatique et libertés de 1978, mais aussi l’enjeu du règlement
européen UE2016.679 du parlement européen et du Conseil, qui date du 27 avril 2016 et qui relatif à la protection des
personnes physiques à l’égard du traitement des donnés à caractères personnelles. Dit le RGPD, il prévoit une protection
particulière des personnes quant aux données ayant un impact sur la vie privée.

2) L’extension

Régulièrement se pose en jurisprudence quels éléments relèvent de la vie privée. Quels éléments font l’objet de la
protection de l’article 9 du Code civil. Les décisions rendues à cet égard sont nombreuses. Les frontières entre vie privée et vie
publique ne sont pas toujours facile à tracer (télétravail). La sphère de la vie privée se définit par des assertions négatives qui
permettent de voir l’ampleur la vie privée :
- La notoriété d’une personne ne la prive pas de sa vie privée (arrêt de la 1ère chambre civile du 27 février 2007).
- La protection de la vie privée ne se cantonne pas nécessairement aux lieux privés mais elle peut se déployer aussi
dans les lieux publics (arrêt de la première chambre civile du 1er juillet 2010).
-L’atteinte à la vie privée est constituée par des faits qui ne sont pas forcément déshonorants ou diffamatoires.

De manière positive, la vie privée intègre des données qui tiennent à la vie personnelle de l’individu. Elle va donc inclure
cette vie privée, la vie affective, sentimentale, familiale (sexualité, santé, convictions personnelles notamment religieuses, le
domicile, le numéro de sécurité sociale, les références bancaires…).Le patrimoine constitue une zone grise, il ressort de la
jurisprudence que la notion de vie privée telle qu’elle est protégé par l’article 9 du CC englobe les données relatives au salaire
d’un individu. Toutefois, la jurisprudence a eu l’occasion de souligner que la publication d’ordre purement patrimonial échappe à
la protection légale dès lors qu’elle ne comporte aucune allusion relative à la vie et personnalité de l’intéressé.L’article 9 du CC
est une protection légale. Le législateur est intervenu dans certains domaines pour imposer une transparence pour le patrimoine
de personnes publiques pour favoriser la confiance notamment dans les institutions démocratiques. Le patrimoine n’est pas
forcément intégralement et sans réserve protégé par l’article 9 et la notion de vie privée. Les juges tendent à considérer que les
informations sur l’étendue du patrimoine d’une personne, à la teneur d’un héritage qu’elle a reçu (sa composition), les dettes,
relèvent de la vie privée. La vie privée a un champ extrêmement large. De cette sphère est né une branche dont l’importance
sociale n’a cessé de croitre. Il s’agit au droit à l’image des personnes (célèbres ou non). Le droit à l’image en tant que tel
n’existe pas dans le Code civil. Le droit à l’image est une extension, ramification du droit à la vie privée. Le droit à l’image prend
encrage dans l’article 9. La Cour de cassation reconnait désormais qu’il s’agit de deux sources de droit réparation. Dès lors qu’il
y a deux préjudices dues à la vie privée et à l’atteinte à l’image, des indemnités différentes peuvent être versées à la victime. Le
droit à l’image protège l’apparence de la personne qu’elle veut donner d’elle aux tiers en partie construite par le sujet. Pour être
reconnu et sanctionnée, elle suppose que deux conditions soient remplies :
- La personne doit être identifiable
- La personne ne doit pas avoir consenti à la caution de son image et à sa divulgation. Sous consentement, le
droit à l’image est express ou il peut être tacite (prendre la pose).

La tolérance que l’on a sur l’image captée et utilisée dans un certain contexte. Cette tolérance qui a pu être exprimée ne
peut pas être prise comme acception générale. On accepte une utilisation de notre image, pour toute autre utilisation il faut
solliciter l’accord à nouveau. La jurisprudence effectue une distinction selon le lieu de l’atteinte :
- Dans les lieux privés, l’image d’une personne ne peut être prise sans son consentement que ce soit une personne
privée ou publique. Il ne peut pas être porté atteinte à ce principe sauf en cas de nécessité d’ordre publique. La rediffusion ou sa
réutilisation lorsque la personne n’y a pas consenti, va à nouveau être une atteinte.

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- Dans un lieu public, il est possible de prendre une image même sans son consentement, celui-ci étant présumé
consenti. Si la personne apparait isolée dans l’image, alors il y a atteinte au droit à l’image car l’attention est concentrée sur
cette personne.

Mes sanctions peuvent être civiles ou pénales :


- Dans le cadre des sanctions civiles : attribution des dommages-intérêts et le juge prend des mesures pour faire cesser
l’atteinte (comme en matière d’atteinte à la vie privée)
- Dans le cadre des sanctions pénales : de même pour les actions pénales. Elles figurent aux articles 226-1 du Code
pénal et suivants et particulièrement à l’article 226-1 alinéa 2. Ce sont des sanctions allant des amendes aux peines de prison.

- Une question avait émergé tentant de savoir s’il existait un droit à l’image des biens. La controverse était née entre la
première chambre civile et la deuxième chambre civile de la Cour de cassation dans les années 2000 et avaient rappelé
l’assemblée plénière de la Cour de cassation. Cette dernière a rendu un arrêt le 7 mai 2004 où elle affirme « le propriétaire
qu’une chose ne dispose pas d’un droit exclusif de l’image de celle-ci, il peut toutefois, s’opposer à l’utilisation de cette image
par un tiers lorsqu’elle lui pose un trouble anormal ». L’arrêt est rendu à propos de la photo prise d’un immeuble dans une zone
idyllique et qui avait été utilisé par une agence de voyages.En tant que tel il n’existe pas un droit de l’image des biens rattaché
au droit de propriété. Pour faire valoir une forme de droit à l’image, il faut avoir recours au droit commun de la responsabilité et
prouver un trouble anormal de la captation de l’image.

B) Les limites du droit à la vie privée

Le droit au respect de la vie privée connait un développement spectaculaire dans le contentieux. Il est la sise d’évolution
juridique majeure comme nous avons pu le voir dans le cadre de changement de sexe dans l’état. Ce droit est invoqué par les
individus pour obtenir du législateur qu’il organise le droit de manière à répondre à leurs aspirations, besoins pour leur
développement personnel. L’invocation du droit au respect de la vie privée et l’autonomie personnelle interviennent alors pour
critiquer l’immixtion de l’État voir pour faire évoluer le droit. Mais concernant l’intégrité morale et les rapports interindividuels. Le
droit du respect à la vie privée entre en conflit avec d’autres intérêts légitimes. C’est dans ce champ que les limites se sont
multipliées progressivement. La multiplication de ces limites laisse penser à certains auteurs à un déclin du droit à la vie privée
mais qui lui-même trouve une limite dans la protection à la dignité de la personne humaine. Ce déclin résulte d’une part
d’atteintes déconsidérés (faits anodins/notoires). D’autre part, entre l’articulation du droit au respect à la vie privée et le droit à
l’information protégé par la liberté d’expression.

1) Les faits anodins ou notoires

Depuis 2002, les faits anodins ne sont plus couverts par le droit au respect de la vie privée. La solution constante résulte
d’un arrêt de la première chambre civile du 3 avril 2002. Dans cette affaire la Cour retenait le caractère anodin de la divulgation
de la rencontre entre une princesse monégasque et son ex-époux et du lieu de sa résidence. La Cour considère donc que la
révélation de ces différents éléments parce qu’ils présentaient un caractère anodin ne constituaient pas une atteinte à la vie
privée. C’est finalement l’application de l’adage des affaires insignifiantes « le préteur n’a cure » où « De minimis non curat
praetor ». Mais qu’est-ce qu’un fait anodin ? Il est soumis à une grande subjectivité d’appréciation et la jurisprudence est assez
variable. Des commentaires relatifs à la rencontre d’une journaliste célèbre avec son futur époux et à leurs sentiments respectifs
ont été retenus comme anodins ou encore les détails concernant de l’accouchement d’une princesse. Au contraire, n’ont pas été
reconnus comme anodins, des articles qui faisaient état des loisirs d’une princesse mineure qui ne remplissait pas de fonction
officielle, ainsi ils portaient atteinte au droit du respect à la vie privée. La relation de faits notoires ne porte pas atteinte au
respect du de la vie privée, ce sont des faits publics et qui donc ne nécessitent plus le consentement de la personne pour être
rediffusés.

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1) L’articulation avec la liberté d’expression

Dans la jurisprudence de la Cour de cassation deux circonstances participent :

- L’évènement d’actualité
- Le débat d’intérêt général

Ce besoin trouve une limite dans le respect de la dignité de la personne humaine. Cette mise en balance a été enrichie par le
Cour EDH. En effet, la Cour EDH a déterminé des critères pour identifier l’intérêt à faire prévaloir. Les critères définis sont :
- La contribution à un débat d’intérêt général
- La notoriété de la personne visée
- L’objet du reportage
- Le comportement antérieur de la personne concerné
- Le contenu
- La forme et les répercussions de la publication
- Les circonstances de la prise des photographies (le cas échéant)

Dans le cadre d’une requête introduite sous l’angle de l’article 10, la Cour EDH va introduire le mode d’obtention des
informations ainsi que la gravité de la sanction imposée aux éditeurs et journalistes. Ces critères, on les trouve dans l’arrêt du
10 novembre 2015 de la Cour EDH « Couderc et Hachette associées contre France ». Ces critères sont notamment repris dans
un arrêt de la première chambre civile de la Cour de cassation du 11 mars 2020. Plus précis, peuvent néanmoins être recoupés
avec ceux qui avaient été dégagés par la Cour de cassation :
- Contribution à un débat général
- La notoriété de la personne va permettre de déterminer si on a un évènement d’actualité où un débat d’intérêt général.
- L’objet du reportage également.
Tous ces éléments relèvent de l’intérêt du public à être informés. La référence au contenu, forme, répercussion, circonstances
de prise de photographie permettent d’intégrer les limites liées à la question de la personne humaine.
Enfin, le concernant le comportement de la personne, cela peut renvoyer à la question des faits notoires.

a) Les conditions

Deux hypothèses sont considérées par la Cour de cassation où il y a intérêt à informer le public par-dessous le DVP :
- L’évènement d’actualité :
Il justifie de porter atteinte à l’intégrité morale en divulguant des éléments relatifs à la VP où en publiant des images d’une
personne impliquant sa participation dans un évènement de la vie publique sans solliciter le consentement de cette personne.
L’évènement d’actualité peut être :
- Affaire judicaire
- Fait divers
- Manifestation publique

A cet égard la vie privée de personnes publiques est susceptible de devenir un événement d’actualité. Pour être admise à
titre d’actualité la publication va devoir concerner la personne elle-même exerçant une activité officielle ou en vue. Mais, pour le
journaliste, il doit conserver de l’objectivité, ainsi, toute conjecture sur les sentiments, l’affection ou autre pourra être considérée
comme une extrapolation étrangère à l’infirmation et portant dès lors atteinte à la VP de la personne. Un lien direct entre les
informations ou les photographies publiées litigieuses et l’évènement doit être établi. Cela doit illustrer l’évènement d’actualité
relaté. Le débat d’intérêt général :Il a été reconnu par la Cour de cassation sous l’influence de la Cour EDH. La Cour de
cassation a admis que la contribution de l’infirmation au débat d’intérêt général pouvait justifier des atteintes à la VP et à
l’image. Par exemple, à propos des actes, accidents de la circulation…Comme pour l’exception tirée de l’évènement d’actualité.
il doit y avoir un lien direct entre la publication et le débat d’intérêt général. In fine les droits au respect de l’intégrité morale vont
assez facilement céder devant la liberté d’information. Néanmoins, il existe un rempart important, c’est le respect de la dignité
humaine. La dignité est une notion qui gagne en importance après la 2WW. Elle est traditionnellement rattachée à la philosophie
de Emmanuel Kant. Elle véhicule l’idée que toute personne présente une valeur intrinsèque. Les hommes ne doivent jamais être
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considérés comme des moyens mais comme des fins en soi. Cette dignité impose le respect aux tiers mais aussi à la personne
elle-même. John Stuart Milh valorise la liberté conférée à l’individu au nom de sa dignité. Ces deux courants philosophiques
sont mobilisés par des juristes pour défendre ces idées et ses conséquences juridiques. Il faut garder à l’esprit qu’elle a souvent
été présentée comme absolue, supérieure, à laquelle on ne peut pas porter atteinte. Cette vision permet à l’État de poser des
interdits légitimés par cette notion. De nos jours, on retrouve de plus en plus la notion de dignité pour justifier une interdiction
(actes de torture et barbarie) mais aussi pour en autoriser d’autres (l’euthanasie). Le recours excessif à cette notion lui fait
perdre de sa valeur.

b) Les limites

La dignité constitue un rempart devant lequel la liberté d’expression et de communication des journalistes doit
nécessairement céder. Par exemple, l’arrêt du Conseil d’État du 9 janvier 2014, dont il était question d’interdiction d’un spectacle
dont les propos étaient antisémites. Décision confirmée par la cour EDH. Ainsi, la dignité s’oppose à la reproduction d’une
image dégradante du corps. La publication d’une personne impliquée dans un évènement d’actualité peut être interdite
lorsqu’elle porte atteinte à la dignité de la personne humaine. Par exemple, à propos d’images représentant le corps et le visage
d’une personne assassinée sur la chaussée. De même est contraire à la dignité humaine, la publication sans autorisation
d’images de la victime d’un crime dans des circonstances suggérant de la torture dénotant une recherche de la part des
journalistes du sensationnel plus que de l’information. En revanche, en l’absence de toute recherche du sensationnel et de toute
indécence, la publication d’images d’une victime d’attentat ne porte pas atteinte à la dignité de la personne humaine.
L’indécence constitue le critère à l’aune duquel s’apprécie l’atteinte à la dignité humaine. Mais l’indécence porte en elle une
appréciation nécessairement subjective. Ainsi, il est parfois compliqué d’être convaincu par l’application qui est faite de ce
critère.

§1. La protection de l’intégrité physique

Le droit civil dans la conception qui a présidé à la naissance du Code civil en 1804 reposait sur une conception
essentiellement volontariste de la personne. La personne était avant tout une volonté, elle était donc désincarnée. La
conception volontariste de la personne se traduisait par un désintérêt du corps de la personne. La protection de la personne
volonté suffisait largement à garantir la protection de la personne corps.Néanmoins, cette vision change après la 2WW, et avec
l’apparition et le développement de la biomédecine. Le législateur est donc intervenu notamment en 1994 en France pour
consacrer une série de droits défensifs relatifs au corps humain. Le titre 1 du livre 1er du Code civil relatif aux personnes
comprend donc un chapitre 2 relatif au respect du corps humain. Le législateur prenait parti dans un querelle vive et ancienne
relative à la nature du corps en choisissant de ne pas en faire explicitement une chose. On remarquera ici une différence avec
l’animal qui a été reconnu par le droit comme étant un être doté de sensibilité mais par l’article 515-14 du Code civil. Or cet
article, se trouve dans le livre 2 du Code Civil relatif au biens et aux différentes modifications de la propriété. Les animaux
bénéficient donc une protection particulière notamment contre les actes de cruauté pénalement sanctionnées mais ils sont
explicitement envisagés dans le champ des choses.Le corps, lui (n’est pas simplement une chose/personne) est traité par le
législateur comme faisant partie de la personne (puisqu’il se trouve dans le livre relatif aux personnes). Cela marque le
caractère indissociable de la personne physique et de son corps. Le Conseil constitutionnel a été amené à analyser la
constitutionnalité de la loi de 1994 relative au respect du corps humain. Dans le cadre de cette décision du 27 juillet 1994, il
énonce pour la 1ere fois que « la sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme d’asservissement et de
dégradation est un principe à valeur constitutionnelle ». L’article 16 du Code civil énonce : « la loi assure la primauté de la
personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garanti le respect de tout être humain dès le commencement de sa
vie ».La protection est affirmée haut et fort mais en réalité cette protection s’accompagne d’un ensemble de règles autorisant
l’accès au corps (Code de la Santé publique). En 1994, on parlait des lois de bioéthique car il y’en avait 2 :
- Vient modifier le code civil pour faire entrer des règles générales de protection (article 16-1)
- Autoriser en l’encadrant l’accès au corps plus précisément à ses éléments et ses produits.

En introduisant le corps comme objet de protection par le Droit civil, le législateur a pris acte de ce que le corps était
une ressource tout en canalisant l’usage par l’individu lui-même, le tiers intéressé et par collectivité. Au lieu de tout interdire où
l’inverse. Le législateur a choisi la voie périlleuse de la libéralisation de certaines pratiques rendues possibles au nom de

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principes cardinaux, l’anonymat, le consentement et la non-patrimonialité. Deux grands principes marquent la protection du
corps :
- L’inviolabilité du corps humain
- La non-patrimonialité du corps humain

A) L’inviolabilité du corps humain

Il s’agit d’une idée où le corps est sacré et protégée. Cela signifie qu’il est interdit d’y porter une quelconque atteinte.
L’inviolabilité vient protéger l’intégrité physique en interdisant toute atteinte matérielle (tout acte médical, coups…). Cette
protection peut faire le lien entre inviolabilité et le droit à la vie (reconnu à l’article 2 de la CEDH). Ce lien relatif permet de
comprendre les exceptions apportées par l’article 16-3 du code civil : « Il ne peut être porté atteinte à l'intégrité du corps humain
qu'en cas de nécessité médicale pour la personne ou à titre exceptionnel dans l'intérêt thérapeutique d'autrui.Le consentement
de l'intéressé doit être recueilli préalablement hors le cas où son état rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle
il n'est pas à même de consentir. ». Les actes médicaux bénéficient d’une exception. Le 1er alinéa donne les fins de l’atteinte et
le 2nd alinéa prévoit le consentement de la personne à l’atteinte.

1) La finalité de l’atteinte au corps humain

Les suivants de l’article 16 apportent un nombre de finalités importants prévus par la loi. Mais il ne faut pas oublier que
le droit protège une sphère d’intimité, la vie privée qui protège contre l’État. Cet espace reconnu permet à la personne de porter
atteinte à son propre corps. Les atteintes qu’elle décide de porter elle-même à son corps ne sont soumises à aucune sanction
(Exemple : le suicide). Toutefois, ces actes d’atteinte révèlent un autre principe c’est le droit à la vie. Lorsqu’on manifeste la
volonté contraire comme dans le cas d’un suicide, cela interroge les médecins quant aux conditions mentales.Sur le fondement
du droit au respect de vie privée, le CEDH introduit la notion d’autonomie personnelle. Elle a beaucoup d’ampleur et vise à
reconnaitre à chaque individu un espace pour la possibilité de son épanouissement. Daniel Buckman a pu en faire un sujet de
travail en doctrine. La personnalité juridique est devenue un enjeu où chacun revendique sa spécificité.Cette revendication se
fait à travers la libre disposition de son corps. Cela permet de comprendre pourquoi certaines atteintes qui portent atteinte au
corps sont licites (tatouages, piercing, sports de combat). Néanmoins, ces activités sont encadrées pour assurer la sécurité. Ces
activités viennent s’inscrire dans la vie privée, l’autonomie personnelle qu’introduit le CEDH. Cette cour introduit aussi que la vie
privée peut inclure la possibilité de s’adonner à des activités perçues d’une nature physiquement ou moralement dommageables
ou dangereuses pour sa personne (Arrêt de 2002, §61). Ces activités sont à l’initiative de la personne et ne sont pas
concevables sans son consentement.L’article 16-3 alinéa 1 présente deux finalités légitimant une atteinte à l’intégrité du corps.
« Il ne peut être porté atteinte à l'intégrité du corps humain qu'en cas de nécessité médicale pour la personne ou à titre
exceptionnel dans l'intérêt thérapeutique d’autrui ».

a) Une finalité médicale pour la personne

L’optique est de prendre en charge la santé de la personne elle-même. L’acte médical par essence porte atteinte au
corps. Dans le 1er alinéa de l’article 16-3, on observe deux termes qui peuvent sembler assez proches (nécessité médicale et
intérêt thérapeutique). A l’origine dans le code civil, il était seulement mention du terme « thérapeutique » qui recouvrait toutes
les temporalités. On comprenait en elle l’idée d’un acte qui visait à rétablir la santé (curatif). Le changement de vocable qui ne
concerne que la personne elle-même inclut des actes de prévention ayant pour objet d’éviter la dégradation de la santé et non
rétablir la santé. L’inclusion de ce terme inclut des actes qui n’ont pas pour objet de guérir. L’acte thérapeutique recouvre tous
les actes de prévention, de suivi, tous les actes qui vont participer à la santé de la personne (améliorer, rétablir, préserver la
santé). Dans cette perspective thérapeutique, il faut avoir en tête la définition de la santé selon l’OMS, la santé est un état de
complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladies et d’infirmité. Cela
permet d’inclure la PMA. L’acte médical ne sera pas toujours nécessaire mais il pourra être utile (comme les actes de
prévention). Si l’acte n’est pas justifié par la santé de la personne, le médecin pourra donc engager sa responsabilité y compris
sa responsabilité pénale. L’acte médical peut être utile au regard de la santé de la personne, l’existante d’actes alternatifs moins
risqués et abrasifs, la conformité de l’acte aux dernières donnés acquises de la science. L’appréciation de la finalité médicale
d’une personne peut varier d’une considération à l’autre, scientifique ou sociale. La Cour de cassation avait longtemps nié
l’intérêt thérapeutique d’une résignation de sexe. On peut parler de la chirurgie esthétique qui a longtemps été considéré
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comme un acte illicite par la Cour de cassation. Elle a pris en compte le réconfort psychologique qu’elle pouvait apporter à une
situation jugée insupportable par le patient pour la légaliser.Certaines évolutions ont été imposés par la loi tel que les
stérilisations à visée contraceptive du 4 juillet 2001 (en Vogue au Canada).

b) La finalité médicale pour autrui

Le législateur parle de l’intérêt thérapeutique pour autrui. L’exception est plus restreinte, il s’agit d’une sous-catégorie de
l’acte médical. L’intérêt est de rétablir la santé d’une personne, il s’agit d’actes curatifs. Les actes visés sont les actes réalisés
sur une personne mais dans l’intérêt exclusif d’une autre (dons d’éléments et produits du corps humain = dons de sang, moelle,
gamètes). Pour les mineurs, en principe il ne peut pas donner son sang mais il est accepté qu’un prélèvement puisse être
effectué en cas d’urgence thérapeutique et avec l’accord des deux parents. Il n’existe pas de dérogation possible pour le
majeur. Le don de gamète est simple à effectuer pour les hommes mais plus compliqué pour les femmes. Le don de moelle est
très douloureux et grandement réglementé. Le droit français permet de dons entre vifs. Il est prévu en principe de la part du
père ou de la mère du receveur (article L1231-1 du code civil : « Le prélèvement d'organes sur une personne vivante, qui en fait
le don, ne peut être opéré que dans l'intérêt thérapeutique direct d'un receveur. Le donneur doit avoir la qualité de père ou mère
du receveur »).A l’alinéa 2, il existe des exceptions. On admet le conjoint, frères et sœurs, grands-parents, oncles, beaux-
parents…en dernier lieu, le donneur peut être toute personne apportant la preuve d’une vie commune de 2 ans ou bien la
preuve d’un lien affectif stable d’au moins 2 ans. Le législateur prévoit aussi la possibilité d’un don croisé. Les receveurs
viennent avec un donneur et puis on effectue une répartition des donneurs entre eux. Il y a la possibilité d’avoir 6 couples
maximum. Aucun prélèvement d’organes ne peut avoir lieu sur un mineur ou personne majeure vivante faisant l’objet d’une
mesure de protection juridique (Art. L.1231-2).Le consentement doit être recueilli et fait l’objet d’un formalisme très lourd.

2) Le consentement à l’atteinte

La condition cumulative est généralement le consentement. Cette condition est nécessaire mais insuffisante selon les cas.

a) Une condition nécessaire

Hormis en droit pénal, le consentement doit être toujours recueilli en principe. La seule exception envisagée est
l’hypothèse où la personne n’est pas en état de manifester son consentement alors que son état rend obligatoire l’intervention
thérapeutique. Il s’agit de personnes inconscientes ou qui ne peuvent pas apporter leur consentement. Leur consentement est
présumé en raison de la nécessité des soins pour la préservation de leur santé.Le consentement doit être libre et éclairé. En
matière médicale, cela signifie que la personne ne peut être sanctionnée du fait de son refus. Son refus doit être respecté par le
médecin. Nul ne peut être contraint à subir un acte médical hormis dans les cas prévus dans la loi (L.1204 du code de la santé
publique et un arrêt de la CEDH).La question de refus des soins avait fait grand bruit au sujet des témoins de Jéhovah car ils
refusaient d’être transfusées. Le Conseil d’État a déclaré qu’il n’y avait pas de faute de la part de son médecin en raison de la
doctrine de la secte affectant ses capacités mentales. Pour être valable le consentement doit être éclairé soit la personne doit
être informée. Dans le code de la santé publique il y a une obligation d’information à la charge du médecin et un droit à
l’information reconnue au patient.L’obligation d’information à la charge du médecin trouve son fondement dans la dignité
humaine, c’est ce qu’affirme la 1ère chambre de la Cour de cassation, le 9 octobre 2001. Cette information porte sur tous les
risques graves même s’ils se réalisent dans des cas exceptionnels. En matière médicale, il s’agit aussi du principe de
codécision. Le médecin est tenu par son obligation déontologique de ne pas nuire, il peut donc ne pas répondre à toutes les
demandes de son patient.

b) Une condition insuffisante

Le consentement de la personne n’est pas nécessairement un fait justificatif. En matière pénale il ne sera pas forcément
une cause d’irresponsabilité. Il le sera si le consentement est une condition nécessaire (le viol). En général, il y a la loi et le
consentement. Il entre en jeu l’article 8 de la CEDH. En France, il y a la question d’euthanasie ou le suicide assisté. Le 13
septembre 2022, le comité consultatif nationale d’éthique a rendu une décision relative aux questions de fin de vie. Il évoque
l’idée qu’il puisse exister une voie pour une application d’aide active à mourir. De fait le président de la République, le même
jour, annonce la constitution d’une convention citoyenne qui devra rendre sa décision en mars 2023. En France, l’euthanasie
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reste interdite. Il existe des dispositifs de fin de vie organisés par les lois Clés. Il peut y avoir la possibilité de l’arrêt des soins
(alimentation, hydratation) et de permettre la sédation profonde.Le suicide assisté est autorisé en Belgique. Le 4 octobre 2022,
la CEDH s’est prononcée sur un cas de suicide assisté dans l’arrêt Mortier VS Belgique. L’argumentation provient de l’article 2
de la CEDH où il est mis en lumière des irrégularités du système belge qui ne serait pas conforme à cet article. Elle condamne
la Belgique car la commission mise en place ne garantit pas le respect de l’article 8 de la CEDH. Il existe une possibilité d’un
conflit d’intérêts. Cela étant, il ne découle pas de l’article 2 un droit de mort. Dans l’arrêt Pretty VS RU en 2002, vient affirmer
cette idée. Un des enjeux est de savoir comment on garantit le consentement. Il existe l’affaire du cannibale de Rothenburg de
1999. Il s’agit d’un homme qui publie des annonces ou il déclare qu’il veut se faire manger. Il reçoit une réponse positive qui finit
par aboutir. Le coupable est déclaré pénalement responsable par les psychiatres. Son avocat plaide un homicide consenti dont
il existe des traces. Il est déclaré par les juges d’homicide involontaire. Le parquet introduit un recours en 2005 car il considère
que ce n’est pas assez sérieux. L’homme est condamné à perpétuité. Donc le consentement n’est pas forcément suffisant. Le
17 février 2005 la CEDH rend un arrêt KA vs AD en Belgique. Les sadiques sont le médecin et le magistrat, la femme était donc
la masochiste. Les faits ont lieu dans un club sadomasochiste qui dénonce l’acte aux autorités. Ils se présentent devant la
CEDH car la femme était consentante, dans son arrêt, la Cour prévoit que le droit pénal en principe n’intervient pas dans le
domaine sexuel qui relève du libre arbitre des individus. Elle rappelle que la préservation de la vie inclue l’intervention de l’État.
De plus, le droit de disposer de son corps fait partie de l’autonomie personnelle. Elle conclut qu’il y avait consentement jusqu’à
ce que la victime ordonne son arrêt.Cette décision est critiquée car les actes reprochés relevaient de l’article 3 (actes de torture
et de barbarie) et ne peuvent être justifiés par le consentement. De plus, on ne s’interroge pas sur le libre consentement de la
victime.

B) La non-patrimonialité du corps humain

Le législateur en 1994 intervient concernant l’indisponibilité du corps, ce sont les 1ères lois de bioéthique. Dans le projet
de loi relatif au corps Humain, le principe est d’inscrire l’indisponibilité du corps humain. Il repose sur l’article 1128 du Code civil
aujourd’hui abrogé (« Toute personne peut contracter, si elle n'en est pas déclarée incapable par la loi »). Il n’y a que les choses
dans le commerce (juridique) qui peuvent être objet de convention. Ainsi le corps humain ne peut faire l’objet d’une convention.
Si elle avait été reconnue dans le Code civil elle aurait interdit à la personne d’effectuer des actes juridiques de disposition de
son corps tels que les actes ou se transmettaient des droits ayant pour objet son corps, qu’il s’agisse d’une cession, abandon,
onéreux. Une indisponibilité du corps humain n’est pas pratique dans le cadre des lois Bioéthique (don d’organes, sang…).Ainsi,
c’est la non-patrimonialité du corps humain qui est préférée. On peut céder ces droits mais pas à titre onéreux. Le corps humain
n’entre pas dans la patrimonialité. Cette question est aussi soulevée concernant la GPA.

SECTION 2 : LA PROTECTION DE LA PERSONNE VULNÉRABLE

Pour agir il ne suffit pas d’exister et d’avoir la personnalité juridique, il faut pouvoir agir soit avoir la capacité juridique. Le
droit français connait deux types d’incapacités : l’incapacité de jouissance (inaptitude à être titulaire de certains droits par
exemple la mort civile. Elles sont aujourd’hui rares et spéciales, la personne ne peut être privée que d’un droit tel que
l’interdiction de recevoir des dons et libéralités du médecin par le patient en fin de vie) et l’incapacité d’exercice (inaptitude d’une
personne à exercer des droits dont elles sont pourtant titulaires, elle peut être générale, la personne est écartée de la scène
juridique en passant par un représentant. Elle peut être aussi spéciale, la personne ne peut pas réaliser certains actes
déterminés et pour cela elle doit être assistée ou représentés. Plus l’acte est grave et plus la protection est importante). Dans le
cadre de l’incapacité d’exercice, les actes de disposition sont les actes les plus graves qui engagent de manière durable et
substantielle le patrimoine pour le présent ou pour l’avenir par une modification importante du patrimoine. Par exemple, la vente,
les baux commerciaux.Les actes d’administration sont relatifs à la gestion courante du patrimoine. Ce sont des actes
d’exploitation ou de mise en valeur du patrimoine et qui ne présentent pas de risques anormaux. Par exemple, un bail de moins
de 9 ans.Les actes conservatoires, il s’agit d’actes ayant pour objet de sauvegarder le patrimoine ou de la soustraire d’un péril
ou d’une dépréciation inévitable sans prérogatives du propriétaire.En droit français il y a deux personnes juridiquement
incapables : les mineurs et les majeurs protégés.

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§1 : Les régimes de protection du mineur

Le mineur est inscrit dans une famille et est soumis à l’autorité de ses parents en principe. Cette idée était
prédominante historiquement. Cette idée régresse aujourd’hui à la suite du développement des droits de l’enfant. Le mineur est
faible et doit être protégée. Mais le mineur n’a pas vocation rester mineur à vie. Il doit donc être éduqué pour intégrer la société.
En droit romain la majorité était fixée à 25 ans, il existait à quatre catégories au sein de la minorité :
- L’infans : l’enfant est totalement incapable d’agir
- L’infans Proximus : capacités limitées pour certains actes juridiques.
- Pubertas Proximus : reconnaissance des actes favorables et début de la responsabilité juridique.
-Curat : curatelle.

Au moment de la Révolution en 1792, la majorité est fixée à 21 ans et selon les trois sept de Pythagore. Elle reste
inchangée durant la période napoléonienne. Puis elle régresse à 18 ans en 1973.La capacité du mineur a donc évolué. En
pratique, on va retrouver une gradation mais le droit positif ne procède pas à des distinctions tranchées entre capacités et
incapacité du mineur. Finalement, il admet que la majorité s’acquiert peu à peu par des étapes.

A) Une incapacité apparemment totale jusqu’à la majorité

Au sein des mineurs, certains mineurs relèvent d’une catégorie à part. Il s’agit des mineurs émancipés, il est rendu
autonome de ses parents. Ce mineur est capable d’actes juridiques contrairement au mineur lambda. L’émancipation du
mineur :
1) Elle peut être judiciaire : elle est prévue dans le Code civil à l’article aux article 412-2 et 413-3 du Code civil. On y
éligible à partir de l’âge de 16 ans.
2) La demande doit être présentée au juge des tutelles.
3) La demande doit être soumise conjointement par le père et la mère ou éventuellement par l’un d’eux. S’il n’a pas de
parents, la demande est présentée par le Conseil de famille
4) La demande doit être soutenu par de justes motifs : faciliter une succession, le mineur a acquis une véritable
indépendance, des difficultés familiales peuvent s’ajouter à ces raisons.
5) Le mineur est émancipé de plein droit par le mariage. Quand il y a mariage, le mineur est automatiquement émancipé.
Mais le mariage du mineur doit être autorisé par les parents.

En principe, le mineur émancipé acquiert une indépendance juridique mais il existe des restrictions à cette capacité juridique:
- Sur le plan personnel : Le mineur pour le mariage reste soumis aux règles applicables aux mineurs. Si le mineur
émancipé souhaite se faire adopter, les règles des mineurs s’appliquent toujours.
- Sur le plan professionnel : Il faut une autorisation pour pouvoir développer un commerce pour le mineur. Pour avoir le
statut de commerçant, il faut demander une autorisation au juge des tutelles lors de l’émancipation (article 413-8),
sinon, il faut demander l’autorisation devant le juge judiciaire après avoir obtenu l’émancipation.Le mineur est dans une
incapacité totale à première vue.

1) Tempérament en droit civil :

Le mineur peut conclure des contrats de vente (acheter du pain) car c’est usuellement admis. Depuis toujours, la
pratique (jurisprudence) admet que le mineur puisse passer seul des actes usuels. Cette règle est confirmée par une loi du 14
décembre 1964 se trouvant dans l’article 389-3 (abrogé). Elle a créé une dispense pour le mineur dans les cas où la loi ou
l’usage autorise les mineurs a agir pour eux-mêmes. Même après abrogation, il est resté inchangé. Cela explique les publicités
qui ont pour objet des mineurs. Les enfants sont devenus des acteurs économiques eux aussi. Le recours aux actes usuels
(non définis par la loi) a pour intérêt le renvoi a des contrats de faible importance liés aux besoins quotidiens de l’enfant. Comme
ils sont modestes, il n’y pas de risque pour l’enfant et le contractant en face, il n’y a pas lieu de savoir si la personne est mineure
ou non, ce qui rend plus simple ces actes de la vie courante. En dehors de ces actes, l’incapacité est totale pour les mineurs
sans discernement (0 à 4 ans). Néanmoins, cette absence de discernement n’empêche pas la responsabilité civile. Une
personne de 3 ans sera tenu d’indemniser un dommage qu’il a causé. Au-delà de 15 ans, le discernement est considéré comme

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parfaitement établi et la responsabilité est jaugée selon la gravité des actes. Les tempéraments vont être apportés par la loi
quand on sort des actes de vie quotidienne. On peut distinguer les hypothèses ou la loi:
- Autorise le mineur à agir seul : Un mineur peut seul reconnaitre seul son enfant. Les jeunes hommes peuvent
reconnaitre leur enfant, Entamer une action pour demander la nationalité française à partir de 16 ans. A partir de 16 ans, ils
peuvent établir un testament sur la moitié de la quotité disponible (part pouvant être transmise librement sans obligation).L’IVG
est reconnue au mineur par le législateur, il lui impose seulement l’accompagnement du majeur (mais ne donne pas son
avis).En matière médicale quel que soit son âge on doit rechercher le consentement du mineur.
- Autorise le mineur à agir conjointement avec un représentant ou une assistance : Le mariage, l’adoption, changement
de son nom de famille ou prénom à partir de 13 ans, un mineur de 16 ans peut ouvrir un compte bancaire à son nom. La
minorité s’arrête à 18 ans mais il existe des jeunes adultes qui continuent à bénéficier d’une protection qui vient de leur
minorité.Il s’agit de la protection de la loi fiscale et la protection de la loi sociale.

2) Tempérament en droit pénal :

S’il n’y pas de discernement, il n’y a pas de responsabilité pénale. Ainsi, dès que les discernent apparait la
responsabilité de lui ci est prévue à l’article 122-8 du Code pénal. Cette responsabilité est graduée en fonction de l’âge au
moment des faits. Les juges adaptent donc les sanctions en fonction des circonstances et de la personnalité du mineur :
- Pour les mineurs de 10 à 18 ans : sanctions éducatives (stage de formation civique, confiscation).
- Pour les mineurs de -10 ans : mesures éducatives (placement, mise sous protection judicaire).
- Pour les mineurs de 13 à 18 ans : le juge peut prononcer une peine : amende, peine de prison avec sursis, travaux
d’intérêts général, il peut adjoindre une mesure ou sanction éducative. Pour qu’il y ait un emprisonnement, le tribunal doit
motiver sa peine. Les mineurs sont aussi susceptibles d’être gardés à vue :
- En principe le mineur de 13 ans ne peut être mis en GAV, mais au-delà c’est possible.
- Entre 10 et 13 ans, si le mineur est soupçonné d’avoir commis d’une infraction passible de 5 ans de prison, il est
passible d’une retenue de 12h renouvelable une fois par le juge.
- Entre 13 et 15, la GAV n’est prononcée que pour 24h, mais si l’infraction commise est passible d’une peine de plus que
5 ans, la GAV peut être renouvelé une fois par le juge (contrôle par le magistrat, procureur, juge d’instruction)
- Entre 16 et 17 ans : 48h de GAV mais 72h si infraction d’une infraction commise en bande organisés avec un ou
plusieurs majeures.

B) Les régimes de protection du mineur

Les parents assurent la protection du mineur (personne et patrimoine). Cette protection est organisée juridiquement via
l’autorité parentale. Elle permet aux parents d’assurer la protection du mineur dans sa personne (article 371 à 381-1 du CC). En
ce qu’il concerne la gestion du patrimoine depuis la réforme de 2015 :
- La suppression de la distinction administration légale pure et simple : dont deux parents sont les titulaires de l’autorité
parentale.
- L’administration légale sous contrôle judiciaire, étais mise en place en place quand il n’y a qu’un parent exerçant
l’autorité. Le parent devait avoir l’autorité du juge. Il s’agissait de la gestion du patrimoine avant la réforme. De nos jours, il
existe le mode de gestion en présence d’un titulaire de l’autorité légale (administratif légale) / la gestion en l’absence de
l’autorité parentale (régime de curatelle). Voir article 382 et 388-1-1.

1) Le système de l’administration légale

C’est un mode d’administration des biens du mineurs qui est rattachée à l’autorité parentale. L’administration légale
suppose qu’au moins l’un des parents soit apte à exercer l’autorité parentale. Cette dernière permet d’assurer la protection de la
personne de l’enfant.

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a) L’autorité parentale

Elle est définie dans l’article 371 du Code Civil « l’enfant, à tout âge doit honneur et respect à ses père et mère ». Il
s’agit d’un ensemble de droits et devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. En principe, elle appartient aux deux parents
jusqu’à la majorité ou l’émancipation. Son objectif est défini dans l’article 371-1, il s‘agit de protéger l’enfant dans sa sécurité,
santé et moralité pour assurer son éducation et permettre son développement dû à sa personne.Mais l’exercice de l’autorité
parentale peut ne pas être exercée par les deux parents que si deux conditions sont remplies. Pour pouvoir l’exercer :
- Les parents doivent être en vie.
- La filiation avec l’enfant doit être établie dans un délai d’un an suivant la naissance l’enfant (alinéa 2 article 372 du
Code Civil ). A défaut, il faudra une décision du juge des affaires familiales ou effectuer une demande auprès du greffe du
tribunal judiciaire

En ce qu’il concerne la sécurité : Elle passe d’abord par la question du domicile. Elle a deux facettes :
- L’enfant ne peut sans l’autorisation de ses parents quitter le domicile familial (article 371-3). Si l’enfant pars sans
autorisation, les parents peuvent faire appel à la puissance publique pour le ramener. L’article 286 du Code pénal, punit
la soustraction d’un enfant de l’autorité parentale d’un tiers de cinq ans.
- Les parents sous peine de commettre un délit de délaissement, doivent garder leurs enfants dans le domicile familial. Ils
ont l’obligation jusqu’à l’âge de 15 ans, le délaissement de l’enfant est puni de 100 000 euros et de 7 ans
d’emprisonnement (Art. 227-1 du CP).

Concernant la santé, c’est un droit et un devoir des parents :


- Les parents ont le droit et le devoir de protéger la santé de leur enfant. Cela suppose qu’ils doivent le faire soigner en
cas de maladie et consentir aux actes médicaux nécessaires au mineur.
- Si le mineur est apte d’exprimer son consentement, celui doit être recherché avant d’effectuer des actes médicaux.
(Alinéa 7 L. 1011-4 du code de la santé publique). Elle pourra même être suffisante à elle seule, dans ces cas l’enfant doit être
accompagné (L.1111-5 du code de Santé publique).
- Concernant les vaccins, le refus de vaccination obligatoire était passible de sanctions pénales (prison et une amende)
jusqu’en 2017. Aujourd’hui, il s’agit de savoir si l’article 227-17 du CP pourrait permettre de punir pénalement la non-vaccination
de ses enfants.
- Cela participe à la protection de l’enfants dans son intégrité corporelle.

Concernant la moralité de l’enfant :


- Les parents ont le droit et le devoir de le surveiller le mieux notamment en contrôlant ses relations et fréquentations, la
correspondance écrite et électronique, la tenue vestimentaire.
- Mais des limites existent, le législateur a consacré le droit des enfants à :
D’entretenir des relations avec les grand parents (371-4).
D’entretenir des relations avec ses frères et sœurs.
D’entretenir des relations avec des tiers (beaux-parents notamment)

Pour ce qui de l’éducation de l’enfant : Il s’agit de l’éducation scolaire, Civique, Politique, Religieuse :
- Les décisions relatives à l’éducation doivent être exercés par les deux parents possédant l’autorité parentale. La cour
EDH dans son arrêt Konrad VS Allemagne rappelle le respect de l’obligation scolaire et que les convictions relieuses
ne pouvaient pas justifier la déscolarisation.
- Les choix religieux doivent être faits à deux. Si l’un des parents s’oppose à la confession de l’autre, il ne le peux que
jusqu’à sa majorité (de l’enfant).
- Le droit de correction : dans le code napoléonien les enfants pouvaient être emprisonnés. Au 20e siècle, la
jurisprudence considère que les parents disposent d’un droit de correction qui doit être utilisé de manière responsable.
De nos jours, la tendance est de protéger l’enfant y compris par ses propres parents. La loi du 10 juillet 2019 introduit
dans l’alinéa 3 de l’article 371-1 l’interdiction des violences physiques et psychologiques.
L’autorité parentale peut être retiré à l’un de parents en cas (article 378 du CC et 378-1) :
- Condamnation d’un crime ou délit contre l’enfant
- Condamnation d’un crime ou délit contre l’autre parent
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- Le parent n’est plus en mesure de prendre en charge l’autorité parentale

b) Régime de l’administration légale

L’administrateur légal représente le mineur dans tous les actes civils. Le législateur fait une différence entre :
- Les actes d’administration : la loi fait confiance aux parents (381-1 du CC). Chacun d’eux peut passer ces actes seuls
sans l’autorisation de l’autre.
- Les actes de disposition : L’administrateur légal ne pourra pas vendre sans autorisation préalable du juge des tutelles
un immeuble (387-1). Certains actes sont interdits même avec l’autorisation du juge des tutelles (article 387-2 du CC).Tel
qu’aliéner les actes du mineur.

2) Le mécanisme de la tutelle
A pour objet la protection du mineur dans sa personne et son patrimoine. Elle s’ouvre dans différentes hypothèses mais
en particulier lorsque l’enfant n’a pas de parents titulaires de l’autorité parentale. La tutelle repose sur trois organes :
- Le tuteur : le tuteur prend soin du mineur (article 408). Pour le patrimoine, le tuteur peut passer librement les actes
conservatoires et administratifs. Il doit obtenir l’autorisation du juge ou du conseil pour effectuer un acte de disposition.
-Le juge des tutelles.
- Le conseil de famille : organe constitué de 4 membres (parents, alliés des pères et mères soit conjoints, beaux
parents, amis proches des parents …). Le conseil de famille donne les orientations générales pour l’éducation de l’enfant et le
tuteur prend soin de l’enfant.

§2. Les régimes de protection du majeur

Une tension perceptible existe entre :


- Protéger le majeur de lui-même et des autres
- Favoriser l’autonomie de celui-ci.
L’incapacité doit rester l’exception et le principe est l’égalité civile. Les mesures de protection judiciaires ne peuvent être
ordonnés qu’en cas de nécessité constaté par un médecin, de subsidiarité, proportionnalité (article 428 du CC). L’importance de
la protection doit dépendre de l’étendu de l’incapacité de la personne. Elles concernent les mesures de curatelle et tutelle.

A) La protection légale inorganisée

Trois situations vont être étudiés :


- Un majeur sans protection : Le droit commun dit dans son article 414-1 CC que pour faire un acte valable, il faut être
sain d’esprit à défaut une action en nullité est ouverte et qui doit être effectué dans un délai de 5 ans après ouverture de
l’acte. Il est suspendu en cas d’impossibilité d’agir. Cette action en nullité appartient d’abord à l’intéressé (412-2 CC).

- La mise sous sécurité judiciaire minimale : La sauvegarde de justice : c’est une mesure crée en 1968 et peut être
prononcé pour une durée d’un an et renouvelable pour deux fois. C’est une capacité d’exercice conditionnelle et
provisoire. Le majeur est capable diminué. On se méfie de ce que ce majeur va pouvoir faire. Sa capacité juridique est
conditionnée au fait que son activité juridique ne lui nuise pas. Il peut passer tous les actes qu’il veut mais après coup
l’acte peut être contrôlé et si l’acte lui est défavorable on peut l’annuler ou effectuer une décision pour le modifier (article
435 CC) tout cela se fait à posteriori. Quand le juge désigne un mandataire spécial, le juge considère que pour certains
actes, la personne ne peut pas agir seule. Pour ces actes le mandataire représente le majeur. Si non respect de cette
condition, l’acte est nul. Les articles 433 et 434 du CC permettent de savoir comment solliciter la sauvegarde de justice
(peut être effectué par les proches, soi-même ou par le médecin traitant).

- Le mandant de protection future : Il est prévu aux articles 477 à 493 du CC. Le législateur permet à la personne
d’organiser et prévoir les modalités de sa protection pour peut-être éviter la curatelle ou tutelle. Le mandant entre à
l’initiative de l’intéressé s’il en a besoin à l’aide d’un certificat médical. Le mandant de protection fait l’objet d’un
enregistrement auprès du greffe du tribunal judiciaire. Le mandant peut entrer en effet dès lors qu’il y a un certificat

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médical. Le mandataire va pourvoir préserver ses intérêts comme son patrimoine. Il s’agit d’un mandat de protection
extrajudiciaire tel que l’habilitation familiale

B) La protection légale organisée

Ce sont les mesures judiciaires de protection et sont prévues aux articles 428 et suivants. Il s’agit de la curatelle, tutelle
et habilitation familiale.La personne elle-même peut solliciter cette protection mais aussi le conjoint, partenaire, concubin, un
parent ou allié ou toute personne qui entretient avec la personne des liens étroits et stables (article 430 du Code civil). Il faut un
certificat médical circonstancié (décrit la dégradation (altération) des facultés de la personne et l'évolution prévisible. Il précise
les conséquences de cette altération sur la nécessité d'être assisté ou représenté et indique si la personne est en état pour
expliquer sa situation) d’un médecin choisi au sein de la liste mise à disposition par le procureur. Ce certificat doit permettre de
savoir au juge quel degré de sécurité appliquer. Le majeur doit être auditionné par le juge mais le médecin peut contrindiquer
cette mesure. L’article 443 du CC permet de savoir comment mettre fin à la curatelle :
- Le terme de la curatelle (fin de la durée de celle-ci)
- Le juge effectue une mainlevée
- La mort de l’intéressé
Il y a une mesure de publicité permettant aux tiers de s’informer. Ce n’est seulement après 2 mois de curatelle que la mesure
est opposable. Il existe une période suspecte d’une durée de deux ans avant la mise en protection.

1) La curatelle
a) La curatelle simple

Il s’agit d’une incapacité d’exercice spéciale. Une personne fragile n’a pas besoin d’être entièrement écartée du
commerce juridique (le curatélaire) . La loi place à ces cotés une personne qui vient veiller sur la personne. La personne est
assistée et conseillé en principe. L’acte est effectué par la personne sous curatelle avec l’intervention du curateur qui peut
donner une autorisation spéciale à l’avance (seulement pour l’acte en question). Il s’agit des actes qui peuvent être dangereux
pour la personne (actes de disposition par exemple). Elle peut être ordonnée pour une durée de 5 ans maximum et qui peut être
renouvelable (440 et 441 du CC). Le juge a aussi la possibilité d’aménager la curatelle, elle peut être renforcée ou simple.On
retrouve la subsidiarité des mesures de protection, la curatelle ne peut être prononcée que s’il est établi que la sauvegarde de
justice ne peut assurer une protection suffisante. Si la personne accomplit un acte pour lequel elle aurait dû être assistée, l’acte
peut être annulé, mais seulement s’il a causé un préjudice (article 465). La curatelle peut être allégée (simple) ou au contraire
renforcée (nécessité d’une assistance, pour un acte qui normalement n’en requiert pas)

b) La curatelle renforcée

Elle est définie à l’article 472 du Code civil : « Le juge peut également, à tout moment, ordonner une curatelle renforcée.
Dans ce cas, le curateur perçoit seul les revenus de la personne en curatelle sur un compte ouvert au nom de cette dernière. Il
assure lui-même le règlement des dépenses auprès des tiers et dépose l’excédent sur un compte laissé à la disposition de
l’intéressé u le verse entre ses mains.Sans préjudice de l’article 459-2, le juge peut autoriser le curateur à conclure seul un bail
d’habitation ou une convention d’hébergement assurant le logement de le personne protégée.
La curatelle renforcée est soumise aux dispositions de l’article 510 à 515 et 503 »

2) La tutelle

L’Incapacité d’exercice générale est constatée. La mise sous tutelle ne peut pas excéder une durée de 5 ans mais peut
être renouvelé pour cinq voir plus. Si le délai de renouvellement va au de la de 5 ans, le juge doit motiver sa décision qui doit
être conforme à l’avis médical. Le pouvoir du tuteur et comme le pouvoir du parent sur le mineur. Le tuteur est libre d’effectuer
des actes d’administration et conservatoires, il a besoin d’une autorisation pour les actes de dispositions du conseil de famille, à
défaut celle du juge des tutelles. De plus, la mesure doit être publique.Pour les actes personnels, le majeur ne peut jamais être
représenté ou assisté, il s’agit d’une déclaration de naissance d’enfant, le nom de l’enfant, le consentement de son adoption ou
de celle de son enfant (article 458 CC). Depuis la dernière réforme, la personne va pouvoir prendre un certain nombre de
décisions seule tel que le mariage. Voir article 459. Contrairement à la curatelle, si la personne accomplit un acte, seule alors
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qu’elle aurait dû être représentée, l’acte peut être annulé et ce même s’il ne porte aucun préjudice à la personne protégée
(article 465).

3) L’habilitation familiale

Se définit à l’article 494-1. Elle a été créée par ordonnance en 2015 et ratifiée en 2016. Il avait été constaté que la prise
en charge des majeurs était effectuée que par le tuteur et curateur professionnels. Cette habilitation permet aux familles de se
faire la charge des majeurs dont ils sont proches. On trouve les conditions de nécessité subsidiarité et de proportionnalité. Les
personnes pouvant demander cette curatelle se trouvent à l’article 494-1 (père, mère, frère, sœur, conjoint, concubin...) Les
personnes chargées de l’habilitation ne peuvent être que des proches (parents, frères et sœurs, conjoint…).
Elle peut être mise en place pour une durée de 10 ans et son renouvellement devra être motivée avec un certificat circonstancié
et un avis médical de longue mesure. L’habilitation s’arrête suite :
- Main levée de la justice
- Décès de la personne
- La personne passe à un régime de protection de curatelle ou tutelle

L’habilitation empêche l’exercice des actes qui sont remplis par la personne habilité. L’habilitation familiale peut être totale ou
affecter seulement certains actes. Les actes remplis en violation à l’habilitation sont nuls et la mesure fait preuve d’une publicité
en marge de l’état civil.

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qu’elle aurait dû être représentée, l’acte peut être annulé et ce même s’il ne porte aucun préjudice à la personne protégée
(article 465).

3) L’habilitation familiale

Se définit à l’article 494-1. Elle a été créée par ordonnance en 2015 et ratifiée en 2016. Il avait été constaté que la prise
en charge des majeurs était effectuée que par le tuteur et curateur professionnels. Cette habilitation permet aux familles de se
faire la charge des majeurs dont ils sont proches. On trouve les conditions de nécessité subsidiarité et de proportionnalité. Les
personnes pouvant demander cette curatelle se trouvent à l’article 494-1 (père, mère, frère, sœur, conjoint, concubin...) Les
personnes chargées de l’habilitation ne peuvent être que des proches (parents, frères et sœurs, conjoint…).
Elle peut être mise en place pour une durée de 10 ans et son renouvellement devra être motivée avec un certificat circonstancié
et un avis médical de longue mesure. L’habilitation s’arrête suite :
- Main levée de la justice
- Décès de la personne
- La personne passe à un régime de protection de curatelle ou tutelle

L’habilitation empêche l’exercice des actes qui sont remplis par la personne habilité. L’habilitation familiale peut être totale ou
affecter seulement certains actes. Les actes remplis en violation à l’habilitation sont nuls et la mesure fait preuve d’une publicité
en marge de l’état civil.

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