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COURS DE DROIT DES PERSONNES

INTRODUCTION

I-Généralités :

Le droit civil désigne l’ensemble des règles qui organisent les rapports des particuliers entre
eux et qui définit le statut et les droits fondamentaux des personnes. On peut encore définir le
droit civil comme l’ensemble des règles applicables aux rapports des particuliers entre eux à
l’exclusion des règles organisant des statuts particuliers. Le droit des personnes, objet du
présent cours est une branche du droit civil. Il a pour objet l’étude des sujets de droit envisagés
individuellement.
Au sens juridique, la personne est le sujet de droits, c’est-à-dire l’être apte à participer à la vie
juridique parce que titulaire de droits et assujetti à des obligations. La summa divisio des
personnes juridiques distingue les personnes physiques et les personnes morales.
Les personnes physiques sont les êtres humains. Deux problèmes essentiels se posent à leur
sujet: quand débute la personnalité juridique et quand finit-elle ? Elle débute en principe avec
la vie et prend fin avec la mort. Cependant, ce principe est assorti d’exceptions aussi bien quant
au commencement de la personnalité qu’à la fin de celle-ci.
Par ailleurs, de l’acquisition de la personnalité juridique découlent des droits et obligations pour
les êtres humains. Il importe de connaître la nature et le contenu de ces droits et obligations
ainsi que la capacité de ces derniers à exercer les droits dont ils sont titulaires.
Le droit impose également que ces personnes puissent être individualisées les unes des autres
d’où l’intérêt de connaître les éléments juridiques d’individualisation des êtres humains que
sont le nom, le domicile, l’état civil. Enfin, la protection juridique des personnes physiques
conduit à s’intéresser au droit des incapacités des mineurs et des majeurs.
Quant aux personnes morales, ce sont des groupements de personnes physiques ou de biens
titulaires de la personnalité juridique pour la défense d’intérêts collectifs. Dans une démarche
similaire à celle des personnes physiques, l’étude du droit des personnes aborde le début et la
fin de l’acquisition de la personnalité morale ainsi que la nature et la consistance des droits dont
jouissent les personnes morales.
Quelles sont les sources du droit des personnes en droit ivoirien ?

II-Les sources du droit des personnes


Le droit des personnes est régi par la loi, les coutumes, la jurisprudence et la doctrine.
Au titre des lois figurent le code civil napoléonien de 1804 qui constitue encore une source du
droit civil ivoirien et les lois votées par l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire relativement
au droit des personnes. Ce sont notamment les :
- Loi n°84-1243 du 8 novembre 1984, relative à la déclaration obligatoire des naissances
et à l’enregistrement des naissances non déclarées dans les délais légaux, prorogée par la loi
n°86-1357 du 15 décembre 1986 et la loi n°2013-35 du 25 janvier 2013 portant modification
de l’art.2 de l’ordonnance n°2011-258 du 28 sept.2011.
-Loi n°64-379 du 7 octobre 1964, relative aux successions ; (voir loi nouvelle de 2019 sur les
successions).
- Loi n°64-380 du 7 octobre 1964, relative aux donations entre vifs et aux testaments ;

-Loi n°64-373 du 7 octobre 1964, relative au nom modifiée par la loi n°83-799 du 2 août 1983
(voir la loi nouvelle de 2020 sur le nom);
- Loi n°64-374 du 7 octobre 1964, relative à l’état civil modifiée par les lois 83-799 du 2
août 1983 et 99-691 du 14/12/1999 ;
- Loi n°64-377 du 7 octobre 1964, relative à la paternité et à la filiation modifiée par la
loi n°83-799 du 2 août 1983 ;
- Loi n°64-381 du 7 octobre 1964, relative aux dispositions diverses applicables aux
matières régies par les lois sur le nom, l’état civil, le mariage, le divorce et la séparation de
corps, la paternité et la filiation, l’adoption, les successions, les donations entre vifs et les
testaments, et portant modification des articles 11 et 21 de la loi n°61-415 du 14 décembre 1961
sur le code de la nationalité ;
- Loi n°70-483 du 3 août 1970 sur la minorité ;
En plus de ces lois, au sens formel, il convient de citer les règlements dont le décret n°64-454
du 20 novembre 1964 fixant les modalités d’application de la loi relative à l’état civil.
Quant à la jurisprudence, elle peut être définie comme l’ensemble des décisions des juridictions
relativement à des questions de droit. Elle se forme avec la répétition d’une décision dans une
espèce donnée de sorte qu’une seule décision ne suffit pas à la constituer. Le législateur ne
pouvant prévoir ni toutes les situations ni toutes les difficultés pouvant naître de l’application
des textes qu’il édicte, le rôle du juge demeure important dans le règlement des conflits.
Enfin la doctrine désigne les opinions émises sur le droit par des spécialistes (Enseignants,
Magistrats, membres des professions judiciaires, auteurs de thèse de doctorat, etc). Il s’agit de
la littérature juridique ou l’ensemble des travaux des juristes.
Ces développements préliminaires nous conduisent à examiner le droit des personnes en deux
parties :
Première partie : Les personnes physiques
Deuxième partie : Les personnes morales

III-Bibliographie indicative :
1- ASSI- ESSO (H), Précis de droit civil ivoirien, les personnes tome 1, 3ème édition, IUBA
2008.
2-ALLA KOFFI (E), Droit civil, droit des personnes, droit de la famille, édition ABC, 2021.
3-Le code civil de 1804
3-Les lois ivoiriennes relatives au droit des personnes.
4-BUFFELAN-LANORE(Y), LARRIBEAU-TERNEREY (V), Droit civil, 16 ème éd., Sirey 2009.
5-TERRE (F), FENOUILLET (D), Droit civil, Les personnes, la famille, les incapacités, 7 ème
éd. Dalloz 2007.
6-VEIL (A), Droit civil, les personnes-la famille-les incapacités, précis Dalloz, 3ème édition,
1998.

PARTIE I : LES PERSONNES PHYSIQUES

Les personnes physiques sont constituées exclusivement par les êtres humains aptes à acquérir
des droits et à assumer des obligations. Seuls les êtres humains sont des sujets de droit à
l’exclusion des animaux. Ils sont ainsi qualifiés par opposition aux choses, dites objets de droit.
Tout être humain est doté de la personnalité. Toutefois, la question se pose de savoir quand
commence cette personnalité et quand cesse-t-elle ? (Titre1)
Une fois la personnalité juridique acquise, l’être humain doit être individualisé au sein de la
société d’où la question de l’individualisation des êtres humains. (Titre 2)

Si la reconnaissance de la personnalité juridique rend, en principe, l’être humain capable,


d’exercer par lui-même les droits à lui octroyés par cette personnalité, il est des personnes
physiques incapables pour diverses raisons. Les droits reconnus aux personnes connaissent
ainsi des restrictions liées à leur capacité (Titre 3).
Titre 1 - L’EXISTENCE JURIDIQUE DES PERSONNES PHYSIQUES.

La personnalité juridique est définie comme l’aptitude à être titulaires de droits et tenus
d’obligations. En d’autres termes, elle est l’aptitude à participer à la vie juridique. Son étude
impose de déterminer les conditions d’attribution de cette personnalité et d’identifier les
incertitudes pouvant affecter cette personnalité. Cela revient à traiter du commencement
(chapitre 1) et de la fin de la personnalité juridique (chapitre 2).

Chapitre 1 : LE COMMENCEMENT DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE.

Tout être humain est sujet de droit et donc a la personnalité juridique. Mais encore faut-il
connaître quand commence cette personnalité. En la matière, il existe un principe (section 1)
et une exception (section 2).

Section 1: Le principe de l’acquisition de la personnalité juridique.

Selon le principe, tout être humain acquiert la personnalité juridique à la naissance. Mais la
naissance à elle seule n’est pas suffisante. L’enfant doit naître, mais il doit naître vivant et
viable.

§1 : La naissance
La naissance est la venue au monde d’un être humain, que ce soit par la voie naturelle de
l’expulsion du fœtus du ventre de sa mère ou par césarienne.
Par l’accouchement, l’enfant acquiert une autonomie par rapport à sa mère. L’indépendance
physique va donc coïncider avec l’accès à la vie juridique.
Ce principe n’est pas expressément prévu par le droit ivoirien. Cependant, la loi exige que la
naissance soit constatée officiellement par l’établissement d’un acte de l’état civil. Ainsi, aux
termes de l’article 41 nouveau de la loi relative à l’état civil, ‘’ les naissances doivent être
déclarées dans les trois mois de l’accouchement’’ (ce délai était de 15 jours avant la réforme du
14/12/1999).
La naissance est insuffisante à elle seule pour l’acquisition de la personnalité car deux autres
conditions cumulatives sont nécessaires .Ce sont la vie et la viabilité.
§2- La vie

Il ne suffit pas que l’enfant soit né. Il faut qu’il naisse vivant. L’enfant né vivant est celui qui
respire après l’accouchement. Par conséquent la respiration est le critère de la vie.
L’enfant qui ne respire pas après l’accouchement est un mort-né. Ce dernier n’acquiert donc
pas la personnalité. Il peut cependant être déclaré à l’état civil selon l’art.48 de la loi relative à
l’état civil. Cette déclaration est faite non sur le registre des naissances mais sur celui des décès.
L’al.2 de l’art.48 ajoute que la déclaration mentionne seulement qu’il a été déclaré un enfant
sans vie, sans qu’il en résulte aucun préjugé sur la question de savoir si l’enfant a eu vie ou non.
L’enfant né vivant doit en plus être viable.

§3. La viabilité.

La viabilité peut être définie comme l’aptitude à la vie qui se manifeste par une maturité
suffisante du fœtus et sa bonne conformation. La maturité suffisante et la bonne conformation
sont deux critères cumulatifs. L’enfant qui naît dans ces conditions a la personnalité.

En revanche, l’enfant qui naît avec des malformations congénitales ou des anomalies
conduisant inévitablement à la mort ne peut avoir la personnalité (exemple : anomalie du
système nerveux central, anomalie grave du cloisonnement du cœur, l’enfant excessivement
prématuré). Par contre, l’enfant qui présente des difformités physiques ou des tares
intellectuelles doit être considéré comme né viable puisque de telles malformations ne rendent
pas inévitable sa mort.

De nos jours, il importe de tenir compte du progrès de la médecine dans l’appréciation de la


viabilité. A titre d’exemple, l’hydrocéphalie qui rendait autrefois l’enfant non viable, n’entraîne
plus inéluctablement la mort. Des opérations chirurgicales permettent de sauver ces personnes.
Malgré l’évolution de la médecine, une préoccupation demeure en ce sens que si l’enfant né
vivant et viable acquiert la personnalité juridique, qu’en est-il de l’enfant né vivant mais qui
n’est pas viable? En fait, le problème se pose lorsqu’il existe un intervalle plus ou moins long
qui sépare l’enfant non viable de la mort. C’est le cas de l’enfant né avec une grave anomalie
et qui ne meurt que quelques mois ou même quelques années après. Cet enfant a-t-il acquis ou
non la personnalité juridique?
A cette interrogation, l’on devrait répondre par l’affirmative si l’on veut faire coïncider son
existence biologique avec son existence juridique. La solution contraire reviendrait à nier son
existence biologique et à lui retirer rétroactivement la personnalité juridique qu’il avait eue dès
sa conception.
Les conditions d’application du principe énoncé sont cumulatives. Il en résulte qu’au cas où
l’une des conditions n’est pas remplie, l’enfant n’acquiert pas la personnalité juridique. Ainsi,
l’enfant mort-né n’acquiert pas la personnalité juridique. Il en est de même de l’enfant né vivant
mais qui n’est pas viable.
(NB : la loi de 2019 sur la succession jette quelques doutes sur le maintien de la viabilité comme
condition d’acquisition de la personnalité juridique. Son article 7 ne reprend pas la viabilité de
sorte qu’on peut se demander si elle n’est plus une condition d’acquisition de la PJ)
A côté de cette acquisition de principe de la personnalité juridique, il y a une acquisition
exceptionnelle de cette personnalité qui consiste à faire remonter l’acquisition à la conception.

Section 2- L’exception : la personnalité à la conception.

La naissance n’est pas toujours la condition nécessaire de la personnalité. En effet, celle-ci


préexiste à la naissance en ce que l’enfant simplement conçu, quoique non encore né, est déjà
apte à être sujet de droit, notamment à être héritier, pourvu qu’il naisse vivant et viable. C’est
la traduction de l’adage ‘’infans conceptus’’qui permet de considérer l’enfant simplement
conçu comme né chaque fois qu’il y va de son intérêt. L’application de cette règle suppose que
l’enfant soit déjà conçu (§1) et que les conditions de l’exception soient réunies (§2).

§1 : La date de conception

La conception est l’union des cellules mâle et femelle. Face à l’impossibilité de la science de
déterminer avec exactitude la date de la conception, la loi recourt à une présomption: la
présomption relative à la durée de la grossesse.

A- La période légale de conception

Du fait du report du commencement de la personnalité juridique à la date de la conception, le


législateur a établi une présomption, en matière de filiation, notamment dans l’attribution de la
paternité légitime, en décidant aux termes de l’article 1er de la loi relative à la paternité et à la
filiation que la conception d’un enfant est présumée avoir eu lieu dans le temps qui a couru
depuis le 300e jusqu’au 180e jour avant sa naissance. Ainsi le jour de la fécondation va être
établi en ayant recours à cette règle. Ce délai de 120 jours qui sépare le 300e au 180e jour avant
la naissance est appelé période légale de conception. La conception est présumée avoir eu lieu
à un moment quelconque de cette période de 120 jours. L’enfant choisira, selon son intérêt,
une date comme étant celle de sa conception.
Avec cette règle, les plus courtes gestations d’un enfant né vivant, sont présumées de 180 jours
et les plus longues de 300 jours.

B- Le caractère de la présomption

La présomption relative à la période légale de conception est-elle simple ou irréfragable ? En


d’autres termes, la présomption peut-elle être détruite par la preuve contraire d’une grossesse
de moins de 180 jours ou de plus de 300 jours ?
Le législateur ivoirien n’a pas prévu ce caractère. C’est par rapport à la filiation que l’on a
recherché la période de conception. Dès lors, il appartient à la jurisprudence d’apprécier la force
de la présomption. Néanmoins, on peut se demander s’il n’y a pas lieu de se prononcer dans le
sens d’une présomption simple qui permettrait à l’enfant de prouver notamment que la
conception a dépassé le délai maximal de 300 jours ou le délai minimum de 180 jours.
Quid des conditions d’application de l’exception ?

§1- Les conditions d’application de l’adage “infans conceptus“.


Deux conditions cumulatives doivent être réunies pour que l’enfant puisse bénéficier de
l’acquisition exceptionnelle de la personnalité juridique : l’enfant doit justifier d’un intérêt et il
doit naître vivant et viable

A. L’intérêt

L’intérêt peut être défini comme l’avantage que procurerait, au demandeur, la reconnaissance
par le juge, de la légitimité de sa prétention. Dans la question qui nous occupe, l’intérêt est
l’avantage que procurerait à l’enfant, le bénéfice de l’acquisition exceptionnelle de la
personnalité juridique. Il est perçu à travers les textes consacrant implicitement l’adage « infans
conceptus » en droit ivoirien. En effet, l’article 5 de la loi n°64-379 du 7 octobre 1964 sur les
successions exclut de la succession l’enfant qui n’est pas encore conçu en ces termes : “Pour
succéder, il faut exister à l’instant de l’ouverture de la succession.
Sont donc incapables de succéder :
1° celui qui n’est pas encore conçu ((repris dans l’article 7-1 la loi n° 2019-573 du 26 juin
2019 relative aux successions).
2° l’enfant qui n’est pas né viable.

Quant à l’article 9 de la loi n°64-380 du 7 octobre 1964 relative aux donations entre vifs et aux
testaments, il prévoit que pour être capable de recevoir entre vifs ou par testaments, il suffit
d’être conçu, respectivement, au moment de la donation ou à l’époque du décès du testateur.
En consacrant la capacité de l’enfant simplement conçu à succéder ou à recevoir une donation
ou legs, l’article 9 attribue la personnalité juridique à l’enfant simplement conçu.
Il résulte des textes consacrant l’adage divers intérêts qui peuvent être invoqués par l’enfant.
Ce sont le fait pour lui de venir à la succession de son père décédé avant sa naissance ou encore
de recevoir une donation.
En dehors du droit de succession et des donations, la généralisation de cette solution permettra
notamment de reconnaître un enfant simplement conçu, le droit de compter parmi les
bénéficiaires d’une assurance-vie.
Outre l’existence d’un intérêt, l’enfant devra naître vivant et viable.

B. L’enfant doit naître vivant et viable.

La personnalité de l’enfant conçu ne joue qu’en sa faveur; elle ne peut être invoquée contre lui.
De plus, la personnalité juridique n’est confirmée que si l’enfant naît vivant et viable. Dans le
cas contraire, elle est censée n’avoir jamais existée. Dans ce sens, l’art.9 al 3 de la loi sur les
donations entre vifs et testaments, précise que la donation et le testament n’auront leur effet
qu’autant que l’enfant sera né viable. Le droit reconnu au fœtus sera privé d’effet conformément
aux dispositions de l’art.9 suscité.
En tout état de cause, la personnalité juridique peut prendre fin.
Chapitre 2 – LA FIN DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE.

Au sujet de la fin de la personnalité juridique, deux hypothèses doivent être envisagées : la


première concerne les cas de certitude sur la fin de la personnalité juridique. C’est le cas du
décès (section 1)
La deuxième regroupe les situations dans lesquelles il existe une incertitude sur la vie ou la
mort de l’individu. Ces situations sont celles de l’absence et de la disparition (section 2).

Section 1- Le décès ou la mort


La personnalité juridique dure autant que la vie humaine et disparaît en principe au décès de la
personne (§1). Cependant, ce principe connait des atténuations en ce qu’il y a prolongation de
la personnalité après la mort dans des cas particuliers (§2).

§1.Le principe de la cessation de la personnalité juridique avec le décès

La personnalité prend fin avec la mort. Il s’agit de la mort biologique différente de la mort civile
qui autrefois faisait perdre la personnalité juridique aux condamnés à une peine perpétuelle.
Faute de définition légale, le diagnostic de la mort est laissé à l’appréciation des médecins. Ces
derniers fixent, sous leur responsabilité morale, les critères leur permettant de constater la mort
et d’en déterminer le moment. En s’en inspirant, on peut définir la mort comme l’arrêt complet
et irréversible des fonctions vitales de l’homme constaté par la présence d’un corps.
La constatation de la mort est faite à partir de la déclaration de décès faite par les parents du
défunt. Dès cet instant, la personne décédée ne peut plus être titulaire de droit, ni être tenue
d’obligations.
Mais la règle connaît des tempéraments, en ce sens qu’il y a prolongation de la personnalité
après la mort dans des cas précis.

§.2 Les atténuations


Il est des hypothèses, où fictivement, la personnalité juridique d’un défunt va se prolonger c’est-
à-dire produire des effets même après sa mort. On peut citer quelques cas.
• Le testament : Il est par définition un acte par lequel une personne dispose de ses biens
après sa mort. Il résulte de cette définition que la volonté manifestée par le défunt ne produira
ses effets qu’après sa mort. Dans cet acte à cause de mort, tout se passe comme s’il y avait
survie de la personnalité.
• La transmission des droits d’une personne décédée à ses héritiers : Dans ce cas,
ces derniers sont censés continuer sa personne. Les ayants droit du défunt recueillent l’actif du
patrimoine de celui-ci et répondent de ses dettes.
• Le respect de la mémoire des défunts : la continuation de la personnalité se manifeste
dans la législation pénale lorsque celle-ci sanctionne les atteintes à la mémoire du défunt. Des
actions en diffamation et injures assurent également le respect de la mémoire du défunt.

• La décoration à titre posthume.

En l’absence de cadavre, l’on se trouve dans les hypothèses de doute sur la fin de la personnalité
juridique.

Section 2- L’incertitude sur l’existence de la personne physique

Il existe des cas où l’on ne sait pas si une personne est vivante ou morte car il y a longtemps
qu’elle a donné de ses nouvelles: c’est l’hypothèse de l’absence. Dans d’autres cas, on a la
certitude qu’une personne est morte, bien que son cadavre n’ait pu être retrouvé. C’est
l’hypothèse de la disparition.

§1- L’absence

L’absence a été longtemps régie en droit ivoirien par les articles 112 et 140 du code civil
français. Ces dispositions précisent la définition de l’absence, son régime juridique et sa fin.
Toutefois, la loi sur l’état civil de novembre 2018 a consacré l’article 70 à la réglementation de
l’absence sans pour autant que cette disposition n’abroge toutes les dispositions du Code civil
jusqu’à lors applicables. L’on en déduit que désormais le régime juridique de l’absence combine
ces deux textes. Nous présenterons l’absence telle que régi par le Code civil (A) et les
innovations introduites par l’article 70 de la loi novembre 2018 sur l’état civil (B).

A-le régime de l’absence selon le Code civil

Selon article 115 du Code civil, une personne est absente lorsqu’elle a cessé de paraître au lieu
de son domicile ou de sa résidence sans que l’on ait eu des nouvelles. Cette définition est
incomplète. Il y manque un élément important: l’incertitude quant à la vie ou la mort de
l’individu qui permet de distinguer l’absence de la non-présence ou de l’éloignement.
L’absence ne doit pas être confondu avec la non-présence qui est l’état d’une personne dont on
sait avec précision où elle est et qu’elle est vivante. La non-présence qui correspond à
l’utilisation courante du mot ‘’absence’’ est l’éloignement d’un lieu suite à une sortie ou à un
voyage. (TPI d’Abidjan n°106 du 8 février 1986, inédit). En l’espèce, une action en déclaration
d’absence avait été présentée au tribunal par deux dames. En effet, à la suite du décès de leur
époux commun, les opérations de succession se sont heurtées à des difficultés : les enfants du
de cujus poursuivent leurs études en France et aux USA. Certains d’entre eux sont devenus
majeurs de sorte que l’administration légale de leurs biens échappait à leur mère respective. La
signature de ces enfants majeurs étant requise sur les actes authentiques pour la succession. Les
procurations légalisées qu’ont reçues les mères ont été jugées insuffisantes par le notaire. Face
à ces difficultés, les mères respectives des enfants ont préféré saisir le tribunal afin que celui-ci
déclare les enfants absents.
Le tribunal, après avoir précisé que l’absence ne saurait se confondre avec la non-présence ou
l’éloignement, a décidé que les enfants se trouvant tout simplement dans une situation
d’éloignement ne sauraient être déclarés absents. Le tribunal ayant décidé que les conditions
légales requises par une action en déclaration d’absence n’étant pas réunies.
Il résulte de tout ce qui précède que l’absent est un individu qui a cessé de paraître au lieu
de son domicile ou de sa résidence sans que l’on ait eu de ses nouvelles et que l’on ignore
s’il est encore en vie ou déjà mort, alors qu’aucun évènement particulier ne fait présumer
le décès.
L’appréciation de l’absence relève du pouvoir souverain des juges du fond. La loi ne prévoit
aucun délai. Le formalisme de la procédure de l’absent repose sur l’idée que l’absent n’est pas
mort tant qu’on n’en a pas la certitude. L’on comprend pourquoi le législateur de 1804 ne
dissout pas le mariage de l’absent et n’ouvre pas sa succession. L’absence n’est pas un cas de
dissolution du mariage.

1- La situation pendant l’absence.

L’absence met en péril de nombreux intérêts :


- ceux du conjoint de l’absent,
- ceux des enfants et des tiers.

Il y convient d’examiner les conséquences de l’absence aussi bien au niveau des personnes que
des biens.

a) Les effets de l’absence par rapport aux personnes

L’absent ne devant pas être considéré comme mort, la situation produit des effets tant sur le
mariage que sur les enfants.
• En ce qui concerne le mariage, il y a lieu de préciser qu’il subsiste malgré la durée de
l’absence. En conséquence, le conjoint ne peut contracter un autre mariage sous peine de
bigamie. C’est ce qui explique qu’en cas de retour de l’absent, il peut demander la nullité du
second mariage de son conjoint (art.139). Ce qui n’est pas le cas en France ou au Sénégal où le
mariage prend fin avec la déclaration d’absence.

• Quant aux enfants, ceux qui sont nés avant l’absence demeurent des enfants légitimes
dans le cadre du mariage ou naturels si l’absent n’était pas marié.
La question se pose du sort des enfants nés pendant l’absence. Ici une distinction est faite par
la loi sur la filiation selon que l’enfant naît moins de 300 jours ou plus de 300 jours après
l’absence.
Aux termes de l’article 3-1 de la loi sur la filiation, l’enfant est couvert par la présomption de
paternité lorsqu’il naît moins de 300 jours depuis l’absence. Dans le cas contraire, si l’enfant
naît plus de 300 jours, l’absent n’est pas le père.

2) Les effets de l’absence par rapport aux biens

Relativement aux biens de l’absent, le législateur a prévu trois périodes:

- La première période est celle de la présomption d’absence.

Elle est régie par les articles 112 à 115 et 121 du Code civil. Le problème qui se pose dans cette
période est celui de pourvoir à l’administration de tout ou partie des biens de l’absent présumé.
Il ne s’agit nullement de constater officiellement l’absence. La loi envisage deux hypothèses.

Dans la première, l’absent a pris soin de désigner un mandataire avant son départ. Ce dernier
devra alors gérer les biens du présumé absent pendant un délai de 10 ans. La présomption
d’absence commencera alors le jour des dernières nouvelles et durera 10 ans.

Dans la seconde hypothèse, l’absent n’a pas désigné de mandataire. Toute personne intéressée
(conjoint, enfants, créancier etc) pourra saisir le Tribunal de Première Instance pour la
désignation d’un mandataire. La présomption d’absence durera 4 ans.

L’administrateur doit gérer les biens en bon père de famille. C’est contre cet administrateur que
les créanciers de l’absent pourront exercer leur droit (art.134).
L’épouse commune en biens du présumé absent peut être habilitée par le Tribunal à gérer les
biens communs ordinaires. Les biens propres du mari absent seront gérés par le mandataire
désigné. Le Ministère public protège les intérêts du présumé absent car il s’agit de sauvegarder
les intérêts de l’absent (art.114).

La période de présomption d’absence prend fin avec :


- le retour de l’intéressé : le juge met fin à sa demande, à la présomption d’absence et il
reprend ses biens ;
- la preuve de son décès ;
- à l’issue d’une période de 4 ou 10 ans par un jugement déclaratif d’absence.

- La deuxième période correspond à la déclaration de l’absence ou période de l’envoi en


possession provisoire (art.115 à 128 du Code civil).

Au cours de cette période se fera la première constatation officielle de l’absence avec ses
conséquences juridiques.

La période de la déclaration d’absence s’ouvre à l’expiration de la première c’est-à-dire 10 ans


ou 4 ans après la date des dernières nouvelles selon que l’absent a désigné ou non un mandataire.
Cette deuxième période dure 30 ans.

Le tribunal va donc déclarer l’absence après avoir ordonné une enquête. C’est seulement un an
après le jugement ayant ordonné l’enquête que l’absence pourra être prononcée par le tribunal.
C’est dire que dans le cas de 4 ans, l’absence dure 5 et dans l’autre cas, environ 11 ans (art.119).

Le jugement déclaratif d’absence a pour effet d’envoyer les héritiers présomptifs (enfants, père,
mère, frères et sœurs, conjoint) en possessions provisoires de biens appartenant à l’absent et ce
du jour de son départ ou de ses dernières nouvelles. Les biens seront provisoirement repartis
entre les héritiers présomptifs conformément aux exigences de l’article 120 du Code civil.

L’époux commun en biens pourra empêcher l’envoi provisoire et l’exercice des droits
subordonnés s’il opte pour la continuation de la communauté (art.124). Mais la communauté
étant dissoute par l’absence (art.95 nv de la loi sur le mariage : la communauté se dissout par la
mort de l’un des époux, par l’absence, par le divorce, par la séparation de corps et par le
changement du régime de la communauté de biens en régime de la séparation de biens.), l’on
peut s’interroger sur la pertinence de l’article 124 du Code civil.
Selon article 127 du Code civil, si l’absent réapparaît avant 15 ans révolus depuis le jour de
“son départ“, ceux qui ont joui de ses biens ne seront tenus de lui rendre que le 1/5 des revenus.
S’il réapparaît après 15 ans, c’est le 1/10 des revenus qui sera rendu. La totalité des revenus
leur appartiendra après 30 ans d’absence.

- La troisième période correspond à l’envoi en possession définitive.

Dans cette période, le décès est presque consommé, voire certain. Les mesures provisoires
arrêtées pendant la deuxième période seront définitives mais non irrévocables.

L’envoi en possession définitive commence soit 30 ans après l’envoi en possession provisoire
soit 100 ans après la naissance, soit 30 ans depuis l’époque à laquelle l’époux commun aura
pris l’administration des biens de l’absent (art.128 et 129 du Code civil).
L’envoi en possession définitive doit être judiciairement prononcé par le tribunal sur demande
des intéressés. Le jugement va consolider le droit des héritiers présomptifs de sorte qu’ils
pourront désormais aliéner et disposer des biens (vendre ou céder).
Que se passe-t-il à la fin de l’absence ?

2- La fin de l’absence

Deux hypothèses doivent être envisagées selon que l’absence prend fin par le décès ou par son
retour.

• Si le décès de l’absent est prouvé, la procédure de l’absence prend automatiquement fin


quelle que soit la période (présomption d’absence, envoi provisoire ou envoi en possession
définitive). Tous les transferts de droits effectués doivent être reportés à la date du décès. Ainsi,
le décès prouvé entraîne la dissolution du mariage si l’absent était marié. La succession de
l’absent s’ouvre à la date du décès au profit des héritiers et si ces héritiers sont différents des
envoyés en possession, ces derniers seront tenus de restituer les biens reçus sous réserves des
fruits (art.130 du Code civil).

• Si l’absent revient, ce retour produira des effets sur son patrimoine et dans les relations
avec les personnes.
- Relativement aux personnes, il faut retenir que l’absent dont le conjoint a contracté un
nouveau mariage peut demander au Tribunal de prononcer la nullité de ce mariage pour
bigamie. Ce qui signifie que le mariage de l’absent subsiste. Il n’a jamais été dissout. L’action
est prévue par l’art.139 du c.civ qui énonce que l’époux absent dont le conjoint a contracté une
nouvelle union sera recevable à attaquer ce mariage par lui-même ou par son fondé de pouvoir,
muni de la preuve de son existence.
- Relativement aux biens, le retour de l’absent produit des effets qu’il faut examiner par
rapport aux différentes périodes étudiées.
Si l’absent revient pendant la période de présomption d’absence, il peut mettre fin à
l’administration de ses biens par le mandataire à qui il avait donné procuration. S’il s’agit d’un
mandataire désigné par le tribunal, l’absent peut demander au tribunal de mettre fin à sa gestion.
Les actes accomplis par le mandataire sont opposables à l’absent de retour (art.131 du Code
civil)

Si l’absent revient pendant la période d’absence déclarée, selon l’article 131, les effets du
jugement cesseront sans préjudice des mesures conservatoires prescrites par la loi (voir art.127
du Code civil).
Si le retour de l’absent se situe pendant la période de l’envoi en possession définitive, la loi fait
une distinction entre les biens et les revenus. Dans cette période, l’absent recouvre ses biens
dans l’état où ceux-ci se trouvent. Si les biens ont été aliénés, les envoyés en possession devront
lui restituer le prix de vente ou les biens provenant de l’emploi qui aura été fait du prix de vente.
Quant aux revenus, leur sort est tout autre car après 30 ans d’absence, les envoyés en possession
conservent la totalité des revenus (art.127 du Code civil).
A cette règlementation, la loi de novembre 2018 apporte quelques amendements.

B-Les innovations introduites par l’article 70 de la loi novembre 2018 sur l’état civil

Aux termes de l’article 70 de la loi, peut être judiciairement déclaré décédé tout ivoirien qui a
cessé de paraître au lieu de son domicile ou de sa résidence sans que l’on ait eu de ses nouvelles
depuis dix années.
Il en résulte que si dix ans après, la personne ayant cessé de paraître à son domicile ou à sa
résidence n’est toujours pas réapparue, elle peut être déclarée décédée, par voie de justice, à
la requête du Procureur de la République ou de toute partie intéressée 1. Cette demande aux fins
de jugement déclaratif peut déboucher sur un jugement qui déclare l’absent décédé. Le
jugement déclaratif de décès tient lieu d’acte de décès de l’absent. Le décès est supposé

1
Article 70 al.1er de la loi relative à l’état civil.
« survenu au jour du prononcé de la décision »2. Cet aboutissement emporte conséquence sur
le mariage de l’absent. Il est « dissout à compter du jour où le jugement déclarant l’absence est
devenu l’absence est devenu définitif »3.
L’article 70 éclaire également sur les conséquences d’un éventuel retour de l’absent après le
jugement qui l’a déclaré décédé. L’alinéa 8 du texte prévoit que « si celui dont le décès est
judiciairement déclaré réapparait postérieurement au jugement déclaratif, le procureur de la
République ou tout intéressé peut poursuivre, dans les formes prévues aux articles 79 et
suivants, l’annulation du jugement » et « mention de l’annulation du jugement déclaratif est
faite en marge de sa transcription »4.
Avec l’article 70, le législateur prend le soin de mettre fin à un débat qui existait avant la
réforme sur les conséquences de l’annulation du jugement déclaratif. Ainsi, il est à retenir que
« le mariage de l’absent qui a pris fin avec le jugement déclaratif demeure dissous5, et s’il a
été procédé à une liquidation des droits des époux, devenue définitive, les biens dévolus en
partage à chacun d’aux leur reste propres »6.
Retenons que ces conséquences ne pourront jouer que si l’action en justice a bien été intentée,
dix ans après et sur le fondement de l’article 70. Avant les 10 années et/ou à défaut d’une telle
action, l’absence restera régie par le Code civil.
Avec l’article 70, le régime juridique de l’absence se rapproche de celui de la disparition.
Cependant la notion reste distincte de l’absence.

§2- La disparition

Contrairement à l’absence, la disparition est règlementée par les articles 64 à 69 de la loi


ivoirienne n°2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil. Elle se distingue de l’absence
par ses éléments caractéristiques et par son régime juridique proche de celui d’une personne
décédée. Mais à la différence du décès, la disparition peut prendre fin par le retour du disparu.

A- Définition

2
Article 70 al.6 de la loi relative à l’état civil.
3
Article 70 al. 7 de la loi relative à l’état civil.
4
Article 70 al.10 de la loi relative à l’état civil.
5
En dépit de l’annulation du jugement déclaratif.
6
Article 70 al. 9 de la loi relative à l’état civil.
L’article 64 de la loi relative à l’état civil envisage les hypothèses dans lesquelles, il y a
disparition.
La première hypothèse est celle d’une personne disparue dans les circonstances de nature à
mettre sa vie en danger lorsque le corps n’a pu être retrouvé (article 64, al 1), (c’est la situation
d’une personne, ne sachant nager, qui tombe à l’eau et dont le corps n’a pu être retrouvé. Une
mine explose et les corps des mineurs ne sont pas retrouvés etc…).
La deuxième hypothèse est celle dans laquelle le décès est certain mais que le corps de la
personne n’a pu être retrouvé (article 64, al. 3). C’est le cas de l’explosion d’un avion en plein
vol.

Comme en matière d’absence, la disparition se caractérise aussi par une incertitude quant à la
vie ou quant à la mort de la personne dont on n’a pas de nouvelle et que le corps n’est pas
retrouvé.
En matière de disparition, il y a une quasi-certitude ou la certitude du décès alors que dans le
cas d’absence, la certitude de la vie est beaucoup plus grande puisqu’il n’y a pas de circonstance
de nature à mettre la vie en danger.

De ce qui précède, on peut définir la disparition comme l’état de l’individu dont on a la certitude
qu’il est mort mais sans que le cadavre ait pu être retrouvé. C’est également la mort probable
d’un individu qui était dans une situation mettant sa vie en danger ou en péril lorsqu’on l’a vu
la dernière fois.
Lorsqu’une personne disparaît, la loi prévoit une procédure de déclaration de décès devant le
Tribunal. La procédure est ouverte pour tout ivoirien disparu en Côte d’ivoire ou hors de la
Côte d’Ivoire, que pour tout étranger ou apatride disparu en Côte d’Ivoire, ou à bord d’un
bâtiment ou aéronef ivoirien ou même à l’étranger s’il avait son domicile ou sa résidence
habituelle en Côte d’Ivoire (article 64).

La saisine du Tribunal se fait sur requête du Procureur de la République ou des parties


intéressées (parents, héritiers, conjoint, créancier etc…) dans le délai d’un an après les
circonstances.
Le Tribunal compétent est fonction du lieu de survenance de l’évènement à l’origine de la
disparition (article 65).
Une requête collective peut être présentée au Tribunal du lieu de la disparition ou du port
d’attache de l’aéronef ou du Tribunal d’Abidjan si plusieurs personnes ont disparu au cours de
l’évènement qui a occasionné la disparition (article 66).

En dépit de la constatation judiciaire du décès, il ne faut jamais oublier que le disparu est
simplement présumé décédé. Il se peut qu’il ne le soit pas réellement.
B- La fin de la disparition.

Cette fin peut résulter soit du décès réel du disparu, soit du retour du disparu.

Si le décès réel du disparu vient à être connu et prouvé, le jugement déclaratif de décès doit
alors être rectifié afin de comporter la date exacte du décès.

Cette possibilité est également prévue au dernier alinéa de l’article 68 de la loi sur l’état civil
qui précise que les jugements déclaratifs de décès tiennent lieu d’actes de décès et sont
opposables aux tiers qui peuvent en obtenir la rectification conformément à l’art.79. En cas de
décès du disparu, tous les transferts de droits du fait du jugement déclaratif sont reportés à la
date du décès.

Dans l’hypothèse du retour du disparu, l’article 69 sur l’état civil prévoit que le Procureur de la
République ou toute personne intéressée peut faire annuler le jugement déclaratif de décès.
Mention de cette annulation est faite en marge de la transcription du jugement. L’annulation
aura pour effet de rétablir la personnalité juridique du disparu laquelle avait pris fin avec le
jugement déclaratif de décès.

Par l’effet de l’annulation, l’intéressé recouvrera ses biens dans l’état où ils seront ainsi que les
prix des biens aliénés et ceux acquis en emploi des capitaux ou des revenus échus à son profit.

S’agissant du régime matrimonial, l’annulation du jugement déclaratif de décès ne remet pas


en cause la dissolution du mariage de l’ex-disparu. La loi de 2018 lève tout doute sur les
interprétations diverses auquel avait donné lieu le silence de la loi de 1964 sur l’état civil .Le
mariage du disparu ne reprend pas son cours du fait de l’annulation du jugement déclaratif de
décès. « le mariage qui a pris fin avec le jugement déclaratif demeure dissous (…) »7.
Avec son retour, le disparu peut, de nouveau, assumer des obligations et être titulaires de
nouveaux droits, droits encore appelés les attributs de la personnalité juridique.

Activité :

Cas pratique (résoudre le cas au regard du droit positif)

7
Article 69 al. 2. de la loi ivoirienne n°2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil.
Madame X et Madame Y sont tristes. En effet, Monsieur X a quitté la maison 01 octobre 2008
pour se rendre à KINAP à l’effet d’y conclure un contrat d’importation de robots
réceptionnistes. Il voulait remplacer les secrétaires des administrations publiques du
GODWAN. Selon lui ces bonnes dames n’étaient plus accueillantes. Malheureusement, le
pilote, de l’avion dans lequel il avait pris place, transmit à la tour de contrôle un signal de
détresse attestant que ledit avion venait d’être détourné par des terroristes. 48h plus tard, la
police intercepta une vidéo destinée à un site de promotion du terrorisme dans laquelle
apparaissait très clairement Monsieur X parmi les otages regroupés au centre de l’avion. Dans
cette vidéo le chef des terroristes soulignait que le sacrifice de tous occupants de l’appareil allait
honorer la mémoire de leur martyr. Et depuis l’on n’a plus des nouvelles de Monsieur X.
Quant à Monsieur Y, il s’est rendu le 14 octobre 2008 à KINAP à la recherche de son ami X.
Après une fouille prononcée de la police de l’aéroport, l’on n’a plus de ses nouvelles.
Le 12 novembre 2014 dame X vient vous voir. Elle désire se remarier et prendre part l’héritage
de son époux.
Conseillez-la utilement.
Madame Y, à son tour, vient vous voir 5 ans plus tard. Elle veut se remarier, et prendre part à
l’héritage de son époux.
Conseillez-la utilement.
Le 10 octobre 2020, Messieurs X et Y réapparaissent. Ils désirent annuler les seconds mariages
de leurs épouses et récupérer leurs biens.

Le peuvent-ils légalement ?

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