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INTRODUCTION GENERALE
La procédure pénale est une partie intégrante du
procès pénale. En réalité, c’est elle qui consacre la mise en
œuvre concrète du droit pénale. En effet, la constatation
des infractions, la recherche des auteurs de celles-ci, la
traduction de ceux-ci devant les juridictions répressives
ainsi que l’exécution des décisions de ces dernières sont
encadrées dans des règles strictes ; c’est l’ensemble de ces
règles qui forme la procédure pénale.
La procédure pénale est donc l’ensemble des règles
juridiques qui régissent la constatation des infractions, la
recherche des coupables, leur poursuite devant les
juridictions compétentes, l’organisation du procès pénal,
et les voies de recours susceptibles d’être exercées.
Elle se fonde sur certains principes qui sont :
- Le principe de la présomption d’innocence,
- Le principe du caractère professionnel du juge,
- Le principe de l’unité de la justice pénale et de la
justice civile,
- Le principe du double degré des juridictions,
- Le principe de la séparation des fonctions de
poursuite, d’instruction et de jugement,
- Le principe de la collégialité.
L’ensemble de ces règles et principes consacré par la loi
n°61-33 du 14 août 1961 portant institution du code de
procédure pénale, modifiée par la loi n°2003-026 du 13
juin 2003, la loi n°2004-21 du 16 mai 2004 et la loi
n°2007-04 du 22 février 2007, concilie deux objectifs : la
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protection des personnes mises en cause à tort ou à raison


et la protection de la société en réprimant les délinquants.
Toute infraction à la loi pénale, qu’elle soit un
crime, un délit ou une contravention, donne naissance,
contre son auteur à une action appelée l’action publique.
Cette action qui a pour but la répression de l’atteinte portée
à l’ordre social et pour objet l’application d’une peine ou
d’une mesure de sûreté au délinquant, appartient à la
société. Elle tend donc à satisfaire l’intérêt public.

« L’action publique est mise en mouvement et


exercée par les magistrats ou par les fonctionnaires
auxquels elle est confiée par la loi.
Elle peut également être mise en mouvement par
la victime dans les conditions déterminées par le présent
code ». (Art 1er du CPPN).

Ces magistrats, nommés par le pouvoir exécutif,


sont amovibles et révocables par le Garde des Sceaux.
L’infraction pénale donne naissance également à une
action civile qui, elle appartient à la victime de cette
infraction. Son but est pour la victime ou partie lésée
d’obtenir des dommages et intérêts. Ces deux actions
peuvent coexister dans la seule instance pénale.
Quelles sont les différences et les liens qui existent entre
ces deux actions ?

1. Différences entre l’action publique(AP) et


l’action civile(AC)
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Bien que résultant d’une même infraction pénale, ces


actions se distinguent :

- par les buts : répression de l’atteinte portée à


l’ordre social (Action Publique) et réparation
pécuniaire d’un dommage causé par une infraction
pénale (Action Civile) ;
- par le caractère : d’ordre public (Action publique)
et d’intérêt privé (Action civile) ;
- par les parties en présences : le demandeur à
l’action publique est le Ministère public, alors qu’à
l’action civile ce sont la victime ou les héritiers ;
les défendeurs à l’action publique sont les
coupables, alors qu’à l’action civile se sont les
coupables, les héritiers ou les personnes civilement
responsables.

L’action publique appartient donc à la société et c’est


le Ministère Public (MP) qui l’exerce au nom de celle-ci.

2. Liens entre l’Action Publique et l’Action Civile

L’Action Publique et l’Action Civile découlant


toutes deux du même fait (infraction pénale), il en résulte
une interdépendance entre ces actions.
Deux cas peuvent se présenter : le cas où ces
actions sont portées toutes deux devant la juridiction
pénale et celui où l’Action Publique est portée devant la
juridiction pénale et l’Action Civile devant la juridiction
civile.

1er cas :
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L’interdépendance de l’Action Publique et de


l’Action Civile se manifeste surtout dans les cas où
l’Action Civile est portée, comme le permet l’art. 3 al. 1
du CPPN, devant la juridiction pénale « l’Action Civile
peut être exercée en même temps que l’Action Publique
et devant la même juridiction ». Dans ce cas, l’exercice
de l’Action Civile déclenche automatiquement, et même
contre le gré du Ministère Publique, l’Action Publique, si
celle-ci ne l’avait pas encore été.
Devant le juge répressif, l’Action Civile se
présentera comme l’accessoire de l’Action Publique. Il
faut cependant noter qu’au Niger, avec la loi 2003-26 du
13 juin 2003, l’Action Civile est soumise à la
prescription trentenaire ; c’est ce qui ressort des
dispositions de l’art. 10 du CPPN « l’Action Civile est
indépendante de l’Action Publique et se prescrit selon les
règles du Code Civil ».

2e cas :

Mais, « l’Action Civile peut être aussi exercée


séparément de l’Action Publique », comme le précise
l’Art. 4 al. 1 du CPPN. Même dans ce cas,
l’interdépendance de ces deux actions demeure. Ainsi,
deux hypothèses doivent être distinguées :

a) d’abord le cas où la juridiction répressive statue


sur l’Action Publique avant que la juridiction
civile ait statué sur l’Action Civile :
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La chose jugée au pénal a autorité au civil ;


d’où il résulte, par exemple, que si la juridiction répressive
a déclaré qu’il y avait faute, la juridiction civile ne peut
plus ignorer l’existence de cette faute.

b) Ensuite, l’hypothèse où l’Action Civile est portée


devant la juridiction civile, alors que la
juridiction répressive, déjà saisie, n’a pas encore
statué définitivement sur l’AP :

Art. 4 al. 2 « Toutefois, il est sursis au jugement de cette


action exercée devant la juridiction civile tant qu’il n’a
pas été prononcé définitivement sur l’action publique
lorsque celle-ci a été mise en mouvement ».
C’est la règle exprimée dans la formule : « le criminel
tient le civil en l’état ».

CHAPITRE 1 : L’ACTION PUBLIQUE


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On appelle Action Publique l’action intentée


devant les tribunaux répressifs par le Ministère Public au
nom de la société, dans le but de réprimer le trouble social,
par l’application d’une peine ou d’une mesure de sûreté à
l’auteur de l’infraction.

L’Action Publique appartient à la société et à elle


seule. Celle-ci a seule le droit de l’exercer ou d’y renoncer.

SECTION I : L’EXERCICE DE L’ACTION


PUBLIQUE

Il convient d’abord de régler une question de


terminologie. Sous les termes généraux « exercice de
l’Action Publique », il faut distinguer trois situations :

- la mise en mouvement de l’Action Publique, c’est-


à-dire l’acte initial qui saisit le juge ;
- l’exercice de l’action une fois introduite, c’est-à-
dire la direction à lui donner ;
- la disposition de l’AP ou faculté d’y renoncer.

PARAGRAPHE 1 : Les sujets de l’action publique

Relativement à ceux-ci, deux questions méritent


d’être posées :
- contre qui peut être exercée l’Action Publique
(sujet passif) ?
- qui peut exercer l’Action Publique (sujet actif) ?
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A°/ Le sujet passif (ou défendeur) de l’Action


Publique

L’Action Publique, ayant pour objet l’application


d’une peine, ne peut être dirigée que contre l’auteur ou le
complice présumé de l’infraction. Seul l’auteur du trouble
social joue le rôle de sujet passif dans l’exercice de
l’Action Publique.

En effet, le principe de la responsabilité pénale


individuelle et celui de la personnalité des peines
s’opposent à ce que l’action publique soit intentée contre
les personnes qui ne sont que civilement responsables du
délinquant : il s’agit des père et mère de mineur de 18 ans
et des commettants. Cette règle s’applique également aux
héritiers qui ne peuvent pas être pénalement poursuivis en
lieu et place de leurs ascendants en cas de décès de ceux-
ci.

B°/ Le sujet actif (ou demandeur) de l’Action


Publique

Art. 1er al. 1 « L’action publique pour


l’application des peines est mise en mouvement et
exercée par les magistrats ou par les fonctionnaires
auxquels elle est confiée par la loi » et 24 al. 1 « Les
inspecteurs et agents assermentés des Eaux et Forêts
conduisent devant un Officier de Police Judiciaire tout
individu qu’ils surprennent en flagrant délit ».

Aux termes de ces deux articles, l’exercice de


l’Action Publique (stricto sensu) appartient au corps des
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magistrats appelé Ministère Public (MP) et aux


fonctionnaires de certaines administrations (Douanes,
Eaux et Forêts, etc.).

Il faut préciser que la mise en mouvement (acte


initial de la poursuite), qui ne constitue pas à elle seule
l’exercice de l’Action Publique, appartient également, en
dehors du Ministère Publique, à la victime de l’infraction.

1) Le Ministère Public

Le Ministère Public est une institution d’origine


française. Avant le XIVe Siècle, les avocats et procureurs
du roi étaient simplement les représentants des intérêts
privés du monarque devant les juridictions. Ils sont
devenus, avec l’évolution, les représentants de l’intérêt
social.

De cette origine lointaine, les membres du


Ministère Public conservent leur appellation de
« magistrats du parquet ou magistrats debout ». En effet,
les gens du roi, au lieu de siéger sur une estrade comme
les conseillers au parlement, se tenaient debout, comme les
avocats, sur le parquet de la salle d’audience. De nos jours,
les magistrats du parquet ont quitté le parquet pour monter
sur l’estrade à côté du juge. Toutefois, ils se lèvent à
l’audience pour présenter leurs réquisitions.

Le Ministère Public est le défendeur du corps


social tout entier. Il est toujours partie principale au
procès pénal.
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Art 31 du CPPN « Le Ministère Public est représenté


auprès de chaque juridiction répressive.
Il assiste aux débats des juridictions de
jugements ; toutes les décisions sont prononcées en sa
présence. ».

a) Les caractères du Ministère Public

Le Ministère Public auprès d’une juridiction est


caractérisé par la subordination hiérarchique, son
indépendance, son indivisibilité, son irrécusabilité et enfin
son irresponsabilité.

 La subordination hiérarchique

A la différence des juges et des magistrats du siège


qui, dans l’exercice de leurs fonctions, ne relèvent que de
leur conscience, et ne doivent obéissance à personne, mais
à la loi ; les magistrats du parquet sont subordonnés
hiérarchiquement. Les magistrats du Ministère Public
forment donc un corps hiérarchisé sous la haute autorité
du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux (art. 35 du
CPPN « Le Ministre de la justice peut dénoncer au
Procureur Général les infractions à la loi pénale dont il
a connaissance, lui enjoindre d’engager ou de faire
engager des poursuites ou de saisir la juridiction
compétente de telles réquisitions écrites que le Ministre
juge opportunes ». Le Procureur Général près la Cour
d’appel a autorité sur les membres des parquets dans le
ressort de la Cour d’appel (art. 36 du CPPN « Le
Procureur Général a autorité sur tous les officiers du
Ministère Public du ressort de la Cour d’appel.
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A l’égard de ces magistrats, il a les mêmes


prérogatives que celles reconnues au ministre de la
justice à l’article précédent. »).

Dans les parquets des Tribunaux, les magistrats qui


les composent sont soumis à l’autorité du chef du parquet :
le Procureur de la République. Ainsi, les magistrats du
Ministère Public reçoivent des ordres de leurs supérieurs
hiérarchiques auxquels ils doivent obéir. L’article 32 du
CPPN précise vis-à-vis de ce magistrat, qu’« Il est tenu
de prendre des réquisitions écrites conformes aux
instructions qui lui sont données dans les conditions
prévues aux articles 35, 36 et 431. Il développe librement
les observations orales qu’il croit convenables au bien de
la justice. ».

Toutefois, si les subordonnés doivent dans leurs


conclusions écrites se conformer aux ordres reçus, ils
peuvent, à l’audience, exposer leur sentiment personnel et
formuler des réquisitions orales contraires à leurs
conclusions écrites. C’est ce qu’il faut comprendre de
l’adage « la plume est serve2, mais la parole est libre ».
…Il développe librement les observations orales qu’il
croit convenables au bien de la justice ». (Art. 32 ci-
dessus).

1
Art 35 et 36 voir page 7. Art. 43 « Le Procureur de la République
représente en personne ou par ses substituts le Ministère Public près
le Tribunal de simple police de son ressort. Il peut lui déférer les
contraventions dont il est informé ».
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Coopération, soutien
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 L’indépendance

Les magistrats du Ministère Public sont


indépendants vis-à-vis des magistrats de siège. Dépendant
du pouvoir exécutif, ils n’ont pas d’ordre à recevoir du
pouvoir judiciaire. Ils sont également indépendants de la
partie lésée.

 L’indivisibilité

Les magistrats d’un même parquet sont


juridiquement considérés comme ne faisant qu’une seule
et même personne. Il s’ensuit que celui qui agit ou parle
est considéré comme agissant ou parlant au nom du
parquet tout entier. Ainsi, plusieurs magistrats peuvent se
succéder au cours de la même affaire au banc du Ministère
Public. Par contre, les magistrats du siège ne peuvent pas
se faire remplacer par d’autres magistrats au cours des
débats : ils doivent y assister personnellement du début à
la fin.

 L’irrécusabilité

Le Ministère Public étant toujours partie principale


au procès pénal, il ne peut être récusé par les individus
qu’il poursuit. C’est une règle fondamentale qu’un
plaideur ne peut pas récuser son adversaire.
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Art. 628 al. 2 du CPPN « Les magistrats du Ministère


Public ne peuvent être récusés ».

 L’irresponsabilité

L’irresponsabilité du Ministère Public signifie que


lorsqu’il a intenté une action à tort et qu’il succombe, ou
lorsqu’il commet quelque faute, il ne peut être condamné
aux frais, ni à des dommages-intérêts. Le Ministère Public
ne peut jamais être condamné aux dépens.

2) L’exercice de l’Action Publique par les


administrations

Le principe de cette action est reconnu par l’article


1er alinéa 1er du CPPN. Ainsi, certaines administrations
publiques ont le droit d’exercer l’Action Publique sous
certaines conditions et relativement à certaines infractions
seulement.
Parfois cette action est utilisée à l’exclusion du
Ministère Public. Tel est le cas pour l’application de seules
peines pécuniaires (amendes, confiscation). Souvent,
l’Action Publique est exercée par certaines
administrations concurremment avec le MP. Il en est ainsi
lorsque l’infraction est punie de peine d’emprisonnement
suivie de peine pécuniaire. L’administration a également
le droit de citer le prévenu directement devant la
juridiction répressive mettant ainsi en mouvement
l’Action Publique. A la différence du Ministère Public qui
ne dispose pas de l’Action Publique, les Administrations
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peuvent arrêter l’Action Publique par une transaction


conformément aux dispositions de l’art. 6 al. 3 du CPPN.

3) La mise en mouvement

De ce que l’Action Civile ne peut être portée


devant les tribunaux répressifs qu’en même temps que
l’Action Publique, il résulte cette conséquence consacrée
par la loi et par la jurisprudence que lorsque la victime use
de son droit de porter son action civile devant les
juridictions répressives, son initiative met
automatiquement en mouvement l’Action Publique sans
l’aide du Ministère Public et parfois même contre son gré.
(Pour plus de détails voir page 33).

PARAGRAPHE 2 : Les modes d’exercice de l’Action


Publique

Ces modes ont trait aux différents moyens dont


dispose le MP pour déclencher l’AP : la citation directe, le
réquisitoire introductif, le cas de délit et crime flagrants et
la comparution sur reconnaissance préalable de
culpabilité(CRPC) ou le plaidé coupable.

A°/ La citation directe


La citation directe est un exploit d’huissier signifié
au délinquant ; elle est délivrée à la requête du Ministère
Public, de la partie civile et de certaines administrations.
Art 546 du CPPN « Les citations et significations, sauf
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disposition contraire des lois et règlements, sont faites


par exploit d’huissier de justice.
Les notifications sont faites par voie
administrative… ».
Art. 547 du CPPN « La citation est délivrée à la
requête du ministère public, de la partie civile et de toute
administration qui y est légalement habilitée. L’huissier
doit déférer sans délai à leur réquisition.
La citation énonce le fait poursuivi et vise le texte
de loi qui le réprime.
Elle indique le tribunal saisi, le lieu, l’heure et la
date de l’audience et précise la qualité de prévenu, de
civilement responsable, ou de témoin de la personne
citée.
Si elle est délivrée à la requête de la partie civile,
elle mentionne les nom, prénoms, profession et domicile
réel ou élu de celle-ci.
La citation délivrée à un témoin doit en outre
mentionner que la non-comparution, le refus de
témoigner et le faux témoignage sont punis par la loi».

Ce mode d’exercice de l’Action Publique ne peut


être utilisé que pour les délits et contraventions, mais non
pour les crimes pour lesquels l’instruction préparatoire est
obligatoire. C’est en tout cas ce qu’énonce l’art 72 du
CPPN « L’instruction préparatoire est obligatoire en
matière de crime. Sauf dispositions spéciales, elle est
facultative en matière de délit. Elle ne peut avoir lieu en
matière de contravention ».

B°/ Le réquisitoire introductif


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Le réquisitoire introductif, encore appelé


réquisitoire à fin d’informer ou de soit informé, est un acte
écrit adressé par le Procureur de la République au juge
d’instruction auprès duquel il représente le Ministère
Public, afin d’ouvrir une information.

Le réquisitoire introductif doit indiquer les faits et


la qualification des faits sur lesquels doit porter
l’information, le nom de l’auteur de ces faits s’il est
connu ; sinon, il est requis contre x. Il est facultatif en
matière de délit et obligatoire en cas de crime.

C°/ Le cas de délit ou crime flagrant

Art. 48 du CPPN « Est qualifié crime ou délit


flagrant, le crime ou le délit qui se commet actuellement
ou qui vient de se commettre. Il y a aussi crime ou délit
flagrant lorsque, dans un temps très voisin de l’action, la
personne soupçonnée est poursuivie par la clameur
publique ou est trouvée en possession d’objets, ou
présente des traces ou indices, laissant penser qu’elle a
participé au crime ou au délit.
Est assimilé au crime ou délit flagrant tout crime
ou délit qui, même non commis dans les circonstances
prévues à l’alinéa précédent, a été commis dans une
maison dont le chef requiert le procureur de la
République ou un officier de police judiciaire de le
constater.
Peut être également soumis à la procédure du
flagrant délit, tout délit, même ancien, reconnu par son
ou ses auteurs devant le procureur de la République ou
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pour lequel des charges précises et concordantes ont été


recueillies ».

La procédure en cas de délit et crime flagrants est


réglée par les articles 64, 65, 374, 375 et suivants du
CPPN. On distingue le cas des délits flagrants de celui des
crimes flagrants.

1- La procédure de crime flagrant

En cas de crime flagrant, le Procureur de la


République interroge le mis en cause sur son identité et les
faits qui lui sont reprochés.
Selon l’art. 64 al. 1 « En cas de crime flagrant et si le
juge d’instruction n’est pas encore saisi, le Procureur de
la République peut décerner mandat d’amener contre
toute personne soupçonnée d’avoir participé à
l’infraction.
Le Procureur de la République interroge sur-le-
champ la personne ainsi conduite devant lui. Si elle se
présente spontanément, accompagnée d’un défenseur,
elle ne peut être interrogée qu’en présence de ce
dernier ».

Ensuite, le Procureur de la République transmet le


dossier au Procureur Général. Celui-ci peut saisir
directement la chambre d’accusation dans les formes
prévues par la loi.

La présente procédure est inapplicable aux


infractions dont la poursuite est prévue par une loi spéciale
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ou si les personnes soupçonnées d’avoir participé au délit


sont mineures de dix-huit ans.

2- La procédure de flagrant délit

Art. 65 al. 1 « En cas de délit flagrant, lorsque le fait est


puni d’une peine d’emprisonnement, et si le juge
d’instruction n’est pas saisi, le Procureur de la
République peut mettre l’inculpé sous mandat de dépôt,
après l’avoir interrogé sur son identité et sur les faits qui
lui sont reprochés ».

Art 374 « L’individu, arrêté en flagrant délit et déféré


devant le Procureur de la République conformément à
l’article 65 du présent code, est, s’il a été placé sous
mandat de dépôt, traduit sur-le-champ à l’audience du
tribunal ».

Art 375 « Si ce jour là, il n’est point tenu d’audience, le


prévenu est déféré à l’audience du lendemain, le tribunal
étant, au besoin, spécialement réuni.
Si cette réunion est impossible, le Procureur
République doit immédiatement requérir l’ouverture
d’une information.
En tout état de la procédure, le tribunal saisi
suivant la procédure de flagrant délit pourra décider, soit
par Ordonnance du Président avant tout débat, soit par
un jugement avant dire droit, de tenir l’audience en lieu
quelconque de son ressort. ».

Art 377 « La personne déférée en vertu de l’article 374


est avertie par le Président qu’elle a le droit de réclamer
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un délai pour préparer sa défense ; mention de l’avis


donné par Le Président et de la réponse du prévenu est
faite dans le jugement.
Si le prévenu use de la faculté indiquée à l’alinéa
précédent, le tribunal lui accorde un délai de trois jours
au moins.
Les dispositions énoncées aux deux alinéas
précédents ne sont pas applicables dans le cas prévu à
l’article 375, al. 3 ».

Art 65 al. 3 « Les dispositions prévues au présent article


sont inapplicables aux infractions dont la poursuite est
prévue par une loi spéciale ou si les personnes
soupçonnées d’avoir participé au délit sont mineures de
dix-huit ans ».

Le Ministère Public qui veut exercer l’Action


Publique peut se heurter à certains obstacles qui
l’empêchent définitivement d’engager ladite action ; il en
est ainsi en cas de l’extinction de l’Action Publique.

SECTION II : L’EXTINCTION DE L’ACTION


PUBLIQUE

Bien qu’elle intéresse l’ordre public, l’action


pénale est susceptible de disparaître pour diverses raisons.
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Aux termes de l’Art. 6 al. 1 du CPPN « L’Action


Publique pour l’application de la peine s’éteint par la
mort du prévenu, la prescription, l’amnistie,
l’abrogation de la loi pénale et la chose jugée.
Al. 3 : Elle peut, en outre, s’éteindre par
transaction lorsque la loi en dispose expressément ; il en
est de même, en cas de retrait de plainte, lorsque celle-ci
est une condition nécessaire de la poursuite ».

PARAGRAPHE 1 : Les modes généraux d’extinction


de l’AP

Dans cette catégorie, il faut retenir la mort de


l’auteur de l’infraction, l’amnistie, l’abrogation de la loi
pénale, la chose jugée et la prescription (art. 6 al.1).

A°/ La mort de l’auteur de l’infraction

En raison du principe de la personnalité des peines


et de la responsabilité pénale individuelle, le décès du
coupable éteint l’AP. Il en résulte que, si l’AP n’avait pas
été mise en mouvement avant la mort du délinquant, elle
ne peut plus être déclenchée. Le décès de l’auteur de
l’infraction met donc obstacle à toute poursuite. Il arrive
très souvent que l’AP soit engagée avant le décès du
coupable. Dans ce cas, l’AP doit être arrêtée. Enfin, l’AP
s’éteint même lorsqu’un jugement a été rendu
antérieurement au décès et qu’il n’a pas acquis l’autorité
de la chose jugée.
Cependant, le décès de l’auteur principal n’éteint
pas l’AP vis-à-vis des coauteurs et complices. De même,
l’AC engagée contre le prévenu avant sa mort subsiste et
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est opposable à ses ayant droits (héritiers). Crim. 28 fév. 1974,


D.1974, p.29

B°/ L’amnistie

L’amnistie est une institution par laquelle le


législateur fait disparaître rétroactivement le caractère
délictueux d’une infraction. L’amnistie intervient le plus
souvent après une condamnation définitive. Dans ce cas,
elle efface cette condamnation. Lorsqu’elle précède la
condamnation, tout au moins la condamnation définitive,
elle est alors une cause d’extinction de l’AP.

L’amnistie, qui ne peut être prononcée que par le


législateur, éteint immédiatement l’AP pour les faits visés
par la loi d’amnistie, la poursuite étant possible pour les
autres chefs d’accusation non visés par celle-ci.

Pour l’essentiel à retenir, l’amnistie est un acte du


pouvoir législatif qui efface toutes les conséquences
pénales des faits délictueux sur lesquels il porte, pour tous
ceux qui ont participé à l’infraction (auteurs, coauteurs ou
complices). En revanche, l’AC persiste et reste soumise à
la prescription trentenaire (conf. art. 10).

Aussi, l’amnistie reste sans effet sur les mesures


disciplinaires, les mesures de sûreté (fermeture,
confiscation), les mesures d’éducation et de redressement
à l’égard de certains mineurs, etc.

C°/ L’abrogation de la loi pénale


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L’AP ne peut plus être exercée lorsque la loi pénale


qui prévoyait une incrimination est abrogée. Une loi peut
être ainsi abrogée soit expressément par une autre loi, soit
tacitement par une disposition nouvelle incompatible avec
une disposition ancienne.

Contrairement à l’amnistie, qui a un caractère


partiel et temporaire, l’abrogation a un caractère définitif.
En effet, le fait incriminé par la loi pénale abrogée n’est
plus une infraction car l’élément légal a disparu ; il n’est
plus incriminé pour l’avenir. Ce fait n’est également plus
incriminé pour le passé en raison du principe de l’effet
immédiat des lois pénales plus douces.

D°/ La chose jugée au pénale

Il y a chose jugée au pénal, lorsque les faits


reprochés à la personne poursuivie ont donné lieu à une
poursuite terminée par une décision définitive sur le fond,
c’est-à-dire contre laquelle il n’y a plus de voie de recours.
La chose jugée est donc un mode d’extinction de l’AP.

Pour retenir l’essentiel, une décision de justice


devient irrévocable et prend l’autorité de la chose jugée
quand les parties ont épuisé les voies de recours, ou bien
ont laissé passer les délais impartis.
Ainsi donc quand un jugement est devenu
irrévocable, on ne peut plus reprendre la poursuite pour le
même fait contre le même individu (c’est la règle non bis
in idem : on ne peut pas poursuivre deux fois pour le
même fait).
22

E°/ La prescription de l’action publique

L’AP demeurée inexercée pendant un certain


temps, s’éteint par l’effet de la prescription. L’auteur de
l’infraction ne peut plus alors être poursuivi.

Elle peut d’abord être justifiée par le fait que le


trouble social causé par l’infraction s’est apaisé avec le
temps, et que ce trouble serait ravivé par des poursuites
tardives. Ensuite, il serait très difficile, voire impossible,
de réunir des preuves lorsque des poursuites sont intentées
longtemps après les faits. Enfin, l’insécurité dans laquelle
a vécu l’auteur de l’infraction pendant la durée de la
prescription constitue déjà une forme de châtiment.

1. Les conditions de la prescription

Il s’agit des délais de la prescription, de son


interruption et de sa suspension.

a) Les différents délais de la prescription

Le délai de prescription de l’AP est prévu par les


articles 7, 8 et 9 du CPPN.
Art. 7 « En matière de crime, l’AP se prescrit par
dix années révolues à compter du jour où le crime a été
commis si, dans cet intervalle, il n’a été fait aucun acte
d’instruction ou de poursuite.
S’il en a été effectué dans cet intervalle, elle ne se
prescrit qu’après dix années révolues à compter du
dernier acte. Il en est ainsi même à l’égard des personnes
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qui ne seraient pas impliquées dans cet acte d’instruction


ou de poursuite »
Art. 8 « En matière de délit, la prescription est de
trois années révolues ; elle s’accomplit selon les
distinctions spécifiées à l’article précédent »
Art. 9 « En matière de contravention, la
prescription de l’action publique est d’une année
révolue ; elle s’accomplit selon les distinctions spécifiées
à l’article 7 ».

Il est important de savoir qu’il existe des délais


exceptionnels dans certaines matières particulières.
Quant au point de départ du délai de prescription,
il faut distinguer entre les diverses sortes d’infractions :

- pour les infractions instantanées, la prescription


court à compter du jour même de l’infraction.
- Pour les infractions continues, la prescription ne
court que du jour où l’activité délictueuse a pris
fin.
- Pour les infractions d’habitude, la prescription
court à compter du dernier acte constitutif de
l’habitude.

b) L’interruption de la prescription

Tout comme la prescription en matière civile, la


prescription de l’AP peut être interrompue, d’après les
articles 7, 8 et 9 op cités, par tout acte d’instruction ou de
poursuite. L’interruption anéantit totalement le délai
24

partiellement accompli et qu’il en recommencer


entièrement un autre.

c) La suspension de la prescription

Celle-ci, à la différence de l’interruption, ne fait


qu’arrêter temporairement le cours de la prescription.
Donc celle-ci reprendra au point où elle s’est arrêtée dès la
disparation de la cause de la suspension. La première
cause de suspension est prévue par l’art. 6 al. 2 du CPPN
en ces termes : « Toutefois, si des poursuites ayant
entraîné condamnation ont révélé la fausseté du
jugement ou de l’arrêt qui a déclaré l’AP éteinte, l’AP
pourra être reprise ; la prescription doit alors être
considérée comme suspendue depuis le jour où le
jugement ou l’arrêt était devenu définitif jusqu’à celui de
la condamnation du coupable pour faux ou usage du
faux ».
Quant à la jurisprudence, elle applique la
suspension chaque fois que l’exo de l’AP rencontre un
obstacle de droit ou de fait.
Par obstacle de droit, il faut entendre l’examen
d’une question préjudicielle au jugement de l’AP,
l’inviolabilité parlementaire, le pourvoi en cassation ou en
révision, la nécessité d’une plainte préalable de la partie
lésée, l’autorisation préalable.
Les obstacles de fait sont : l’invasion du territoire
national par une armée ennemie, les catastrophes
naturelles telle l’inondation, le séisme, etc.

2. Les effets de la prescription


25

La prescription a pour effet d’éteindre l’AP. Cet effet


fondé sur des raisons d’intérêt social, a un caractère
d’ordre public. Il en résulte donc que :

- le délinquant qui a obtenu le bénéfice de la


prescription ne peut y renoncer.
- Le moyen tiré de la prescription doit être invoqué
d’office par le juge si, le prévenu ne s’en prévaut
pas.
- Ce moyen peut être invoqué à toute hauteur de la
procédure, en appel et même pour la première fois
devant la cour de cassation.

Paragraphe 2 : Les modes spéciaux d’extinction de


l’AP

Il s’agit de la transaction et du retrait de la plainte.

A°/ La transaction

En principe, la transaction n’est pas possible pour


la simple raison que l’AP est d’ordre public. Le MP, qui
n’a de l’AP que l’exercice et non la disposition, ne peut
pas transiger avec le délinquant.

Toutefois, la loi permet exceptionnellement à


certaines administrations de transiger avec le délinquant.
C’est l’exemple de l’ADM des douanes et de l’ADM des
eaux et forêts (en matière de prix). Dans ce cas, la
transaction qui, d’ordinaire, n’est qu’une cause
d’extinction de l’AC, entraine l’extinction de l’AP, si elle
intervient avant le jugement. Après le jugement, la
26

transaction ne peut avoir d’effet que sur les peines


pécuniaires.

B°/ Le retrait de la plainte

Le retrait de la plainte n’est une cause d’extinction


de l’AP que dans les cas où elle est une condition
nécessaire de la poursuite. Il en est ainsi en matière
d’adultère et de diffamation. Dans les autres cas, le retrait
de la plainte n’entraîne que l’extinction de l’AC.

Il faut surtout retenir que l’AP ne peut, en aucun


cas, être l’objet de la part du MP, ni de renonciation, ni de
transaction, l’intérêt de la société s’y opposant. L’AP, en
principe, appartient à la société qui peut seule en disposer.

CAPITRE II : L’ACTION CIVILE

On appelle AC, l’action intentée par la partie lésée


en vue d’obtenir la réparation pécuniaire d’un dommage
causé par une infraction pénale.
27

Cette action qui a pour objet essentiel les


dommages-intérêts, peut avoir également pour objet les
restitutions et les frais de justices.

SECTION I : LES CONDITIONS D’EXERCICE DE


L’AC

PARAGRAPHE I : Le demandeur à l’AC

Aux termes de l’article 2 du CPPN, « l’action


civile en réparation du dommage causé par un crime, un
délit ou une contravention, appartient à tous ceux qui
ont personnellement souffert du dommage directement
causé par l’infraction.
La renonciation à l’action civile ne peut arrêter,
ni suspendre l’exercice de l’action publique, sous réserve
des cas visés à l’alinéa 3 de l’article 6 ».

Il faut préciser que l’AC étant une action en


réparation d’un dommage, elle fait partie du patrimoine de
la personne lésée et peut donc être transmise à ses héritiers
en cas de décès, ou cédée à un tiers par le moyen d’une
cession.
Toutefois, il ne suffit pas d’être seulement victime
de l’infraction ; il faut encore que la victime ait la capacité
et un intérêt à agir.
A°/ La capacité à agir

Il faut d’abord souligner que le droit d’agir en


justice appartient aux personnes physiques qui ont de plein
droit la personnalité juridique, ainsi qu’aux personnes
morales dotées de la personnalité juridique.
28

La capacité d’exercer l’AC obéit aux règles


ordinaires de capacité du droit commun. Ainsi, pour
exercer l’AC, la victime doit avoir la capacité d’agir en
justice conformément au droit civil. Si la victime est un
mineur non émancipé, l’action sera intentée par son père
ou par son tuteur (art. 389 al.3 et 4503 du C. CIV). Si elle
est un mineur émancipée, elle agira avec l’assistance de
son curateur.

B°/ L’intérêt à agir

L’action de la victime ne sera recevable que si elle


a un intérêt à agir. L’intérêt à agir, soumis au droit
commun, appartient à ceux qui ont personnellement et
directement subi un préjudice du fait de l’infraction. Ce
préjudice doit être actuel, personnel et direct, tout comme
l’intérêt qu’il sous-tend.

Le préjudice actuel est celui dont l’existence est


certaine, indubitable, par opposition au préjudice éventuel,
dont on ne peut avoir l’assurance qu’il se réalisera. Le
préjudice personnel est celui qui est causé
personnellement à celui qui réclame réparation, c’est-à-
dire celui qui a éprouvé du fait de l’infraction une atteinte
à son intégrité physique, à son patrimoine, à son honneur
ou à son affection. Il est donc distinct du préjudice social.
Le préjudice direct est celui qui est la conséquence
immédiate de l’infraction.

3
« Le tuteur prendra soin de la personne du mineur, et le
représentera dans tous les actes civils »
29

La notion de préjudice personnel et direct est


délicate à préciser pour les personnes morales. Il faut
seulement retenir que de nos jours, certaines associations
et groupements professionnels peuvent exercer l’AC.

Ainsi, les syndicats professionnels peuvent exercer


l’AC toutes les fois qu’ils justifient d’un intérêt collectif
de la profession qu’ils représentent. Outre les syndicats, il
ya les ordres professionnels (ordre des médecins, ordre des
avocats) qui peuvent exercer l’AC pour la défense de
l’intérêt collectif des professions qu’ils représentent.

Pour les associations, il faut dire que celles qui sont


investies d’une mission particulière par la loi peuvent
exercer l’AC dans le cadre de la mission qui leur est
dévolue.

PARAGRAPHE II : Le défendeur à l’AC

Contre qui l’AC peut-elle être exercée ?

Tandis que l’AP ne peut être intentée que contre


l’auteur de l’infraction et ses coauteurs et complices),
l’AC peut être exercée non seulement contre l’auteur de
l’infraction et son complice, mais aussi contre ses
représentants. Par représentants, il faut entendre les
héritiers de l’auteur de l’infraction et les tiers civilement
responsables.

A°/ Les héritiers


30

En cas de décès du prévenu, bien que l’AP soit


éteinte, l’AC qui lui survit peut être exercée contre les
héritiers. En effet, il faut rappeler que la dette de
dommages-intérêts n’a pas, comme la peine, un caractère
personnel. Elle grève le patrimoine et est transmissible
contre les héritiers.

Toutefois, l’action contre les héritiers ne peut être


intentée que par la voie civile, c’est-à-dire devant un
tribunal civil.

Une précision mérite cependant d’être faite :


lorsqu’un jugement a été rendu au fond par le tribunal
répressif du vivant du prévenu, appel de ce jugement peut
être fait contre les héritiers devant la juridiction répressive
où il ne sera débattu que des intérêts civils.

B°/ Les tiers civilement responsables

Les personnes civilement responsables sont celles


auxquelles on impute une imprudence ou une négligence
ayant consisté à ne pas exercer sur l’auteur de l’infraction
la surveillance nécessaire pour l’empêcher de la
commettre.

La liste des civilement responsables est contenue


aux articles 1384 du C.CIV (père, mère, maîtres et
commettants…), 68 et 69 du code pénal.

L’AC contre les civilement responsables peut être


exercée soit par la voie civile, soit accessoirement à l’AP
devant la juridiction répressive.
31

SECTION II : L’EXERCICE DE L’ACTION CIVILE

La partie lésée ou partie civile ou partie offensée


ou la victime a le droit de porter l’AC, à son choix, soit
devant la juridiction répressive, soit devant la juridiction
civile.

PARAGRAPHE I : L’option ouverte à la partie lésée

Il résulte des articles 3 et 4 du CPPN (voir les


pages 2 et 3 ci-dessus) que la partie lésée peut, à son choix,
porter son action en réparation du dommage qu’elle a subi
du fait de l’infraction, soit devant la juridiction répressive,
soit devant la juridiction civile.

Il s’agit là d’un droit d’option, règle fondamentale


en matière d’exercice de l’AC, qui est reconnu à la victime
de l’infraction. Ce droit d’option connaît néanmoins
certaines limites.

A°/ Les limites du droit d’option

La juridiction civile est incompétente pour


connaître de l’AC résultant des délits prévus et punis par
des dispositions spéciales.

B°/ L’irrévocabilité de l’option


32

Il importe de savoir que, une fois que la victime de


l’infraction a exercé son option et dans l’hypothèse où elle
a choisi d’abord la voie civile, elle ne peut plus
l’abandonner pour s’adresser à la juridiction pénale. C’est
ce qu’exprime la maxime « Electa una via, non datur
recursus ad alteram » et l’art. 5 al. 1 du CPPN « La
partie qui a exercé son action devant la juridiction civile
compétente ne peut la porter devant la juridiction
répressive ».

Toutefois, cette règle connaît des tempéraments,


exprimés par le même art. 5 à l’al. 2 comme suit : « Il
n’en est autrement que si celle-ci a été saisie par le
ministère public avant qu’un jugement sur le fond ait été
rendu par la juridiction civile ». Il en résulte que
l’irrévocabilité de l’option ne s’applique pas lorsque :

- la juridiction civile saisie par la victime est


incompétente : la victime peut alors porter son
action civile devant la juridiction répressive ;
- le MP a exercé l’AP, avant que la juridiction civile
ait rendu un jugement sur le fond.
L’AC pourra aussi être exercée devant la juridiction
répressive accessoirement à l’AP.
PARAGRAPHE II : L’exercice de l’AC devant la
juridiction répressive

La partie lésée, qui exerce son action civile devant


le tribunal répressif, aura l’avantage d’obtenir justice avec
une plus grande rapidité que devant le tribunal civil. Cette
voie a également l’avantage d’être moins coûteuse (actes
de procédure peu nombreux et peu coûteux), et permet de
33

réunir facilement les éléments de preuve grâce au pouvoir


du juge d’instruction et du ministère public.

Toutefois, en exerçant l’AC devant le tribunal


répressif, la victime de l’infraction s’expose aux
représailles du délinquant bénéficiaire d’un non lieu ou
d’un acquittement.

Devant le juge d’instruction : Article 86 du CPPN :


« Quand, après une information ouverte sur constitution
de partie civile, une décision de non-lieu a été rendue,
l’inculpé et toutes personnes visées dans la plainte, et
sans préjudice d’une poursuite pour dénonciation
calomnieuse, peuvent, s’ils n’usent de la voie civile,
demander des dommages-intérêts au plaignant dans les
formes indiquées ci-après.
L’action en dommages-intérêts doit être
introduite dans les trois (3) mois du jour où
l’Ordonnance de non-lieu est devenue définitive. Elle est
portée par voie de citation devant le tribunal
correctionnel où l’affaire a été instruite. Ce tribunal est
immédiatement saisi du dossier de l’information
terminée par une ordonnance de non-lieu, en vue de sa
communication aux parties. Les débats ont lieu en
chambre de conseil ; les parties ou leurs conseils et sauf
devant les sections de tribunaux et les délégations
judiciaires, le ministère public, sont entendus. Le
jugement est rendu en audience publique... »
34

Devant une juridiction de jugement : article 458 du


CPPN «Dans le cas prévu à l’article 4564, lorsque la
partie civile a elle-même mis en mouvement l’action
publique, le tribunal statue par le même jugement sur la
demande en dommages-intérêts formée par la personne
acquittée contre la partie civile ». )

Pour exercer son AC devant la juridiction


répressive, la partie lésée peut procéder soit par voie
d’intervention, soit par voie d’action.

A°/ L’intervention de la victime

Celle-ci n’est possible que lorsque l’AP a déjà été


mise en mouvement par le MP.

La victime peut d’abord intervenir devant la


juridiction d’instruction en se constituant partie civile.
Cette constitution de partie civile est possible aussi bien
devant le juge d’instruction que devant la chambre
d’accusation.

Ceci résulte de l’Art. 82 du CPPN, selon lequel


« La constitution de partie civile peut avoir lieu à tout
moment au cours de l’instruction. Elle n’est pas notifiée
aux autres parties.
Elle peut être contestée soit par le ministère
public, soit par l’inculpé, soit par une autre partie civile.

4
« Si le tribunal estime que le fait poursuivi ne constitue aucune
infraction à la loi pénale, ou que le fait n’est pas établi, ou qu’il n’est
pas imputable au prévenu, il renvoie celui-ci des fins de la
poursuite ».
35

En cas de contestation ou s’il déclare d’office


irrecevable la constitution de partie civile, le juge
d’instruction statue par ordonnance motivée après
communication du dossier au ministère public. Cette
communication est facultative pour le juge de section et
le juge délégué, faisant fonctions de juge d’instruction ».

La constitution de partie civile est ensuit possible


devant la juridiction du jugement. Mais, il n’est pas
possible de se constituer partie civile pour la première fois
en appel, parce qu’elle priverait le prévenu, en ce qui
concerne les intérêts civils, du bénéfice du double degré
de juridiction. Aux termes de l’art. 406 du CPPN « La
déclaration de constitution de partie civile se fait soit
avant l’audience au greffe, soit pendant l’audience par
déclaration consignée par le greffier ou par dépôt de
conclusions » et 408 du CPPN « A l’audience, la
déclaration de partie civile doit, à peine d’irrecevabilité,
être faite avant les réquisitions du ministère public sur le
fond ».

B°/ L’action de la victime

Il arrive souvent que, pour plusieurs raisons, l’AP


n’ait pas été intentée par le MP. Cela n’empêche nullement
la victime de l’infraction de porter son action civile devant
la juridiction répressive.
La partie lésée peut, pour saisir la juridiction
répressive, porter plainte avec constitution de partie civile
36

entre les mains du juge d’instruction compétent (art. 80 du


CPPN « Toute personne qui se prétend lésée par un délit
ou un crime, peut en portant plainte, se constituer partie
civile devant le juge d’instruction compétent »). Ce mode
de saisine de la juridiction répressive est utilisé surtout
lorsque l’auteur de l’infraction est inconnu ou lorsque
l’instruction préparatoire est obligatoire.

Art. 83 du CPPN « La partie civile qui met en


mouvement l’action publique doit, si elle n’a pas obtenu
l’assistance judiciaire et sous peine de non recevabilité
de sa plainte, consigner au greffe la somme présumée
nécessaire pour les frais de la procédure. Cette somme
est fixée par Ordonnance du juge d’instruction ».

La plainte avec constitution de partie civile peut


être faite contre personne dénommée ou contre X.

La victime peut aussi saisir la juridiction répressive


par voie de citation directe. Elle cite donc directement
l’auteur de l’infraction à comparaître devant la juridiction
de jugement, en l’occurrence le tribunal correctionnel, par
un exploit d’huissier. La citation directe n’est possible que
lorsque l’auteur de l’infraction est connue et que
l’instruction préparatoire n’est pas obligatoire. Elle n’est
donc pas possible en cas de crime.
L’AC étant l’accessoire de l’AP, la plainte avec
constitution de partie civile et la citation directe ont pour
effet de déclencher l’AC.

PARAGRAPHE III : L’exercice de l’AC devant la


juridiction civile
37

Lorsque la victime opte pour la voie civile, le


procès se déroule dans les formes prévues par la procédure
civile. Il s’agit alors d’un procès purement civil. Surtout
qu’avec la loi 2003-26 du 13 juin 2003, la règle
jurisprudentielle de l’unité de prescription des deux
actions en son art. 10 al. 1er « L’action civile est
indépendante de l’action publique et se prescrit selon les
règles du code civil.
(L’alinéa 2 de cet article est plus péremptoire) Lorsqu’il
a été statué sur l’action publique, les mesures
d’instruction ordonnées par le juge pénal sur l’action
civile obéissent aux règles de la procédure civile ».

L’AC portée devant la juridiction civile est dominé


par deux règles : l’autorité sur le civil de la chose jugée
au pénal et le criminel tient le civil en l’état.

A°/ L’autorité sur le civil de la chose jugée au


pénal

Il arrive souvent que le tribunal civil soit saisi de


l’AC après que la juridiction répressive ait statué sur l’AP.
Si la juridiction répressive a prononcé une condamnation
pénale, et reconnu que l’infraction avait causé des
dommages, sa décision lie le juge civil. Ce dernier est tenu
de condamner l’auteur de l’infraction au paiement de
dommages-intérêts. Il faut signaler que si l’inculpé a été
38

relaxé, absout ou acquitté, le bénéfice des dommages-


intérêts peut être accordé ou refusé selon les cas.
Par contre, la décision du juge civil, lorsqu’elle est
prononcée la première, ne peut avoir aucune influence sur
le criminel.

B°/ Le criminel tient le civil en l’état

Cette règle est consacrée en droit positif nigérien


par l’Art. 4 al. 2 du CPPN (voir page 3). Ainsi, le juge
civil doit surseoir à statuer jusqu’à ce que le tribunal
répressif ait rendu sa décision. C’est ce qu’exprime la
maxime « le criminel tient le civil en l’état ».

Pour qu’il y ait sursis à statuer, l’AP doit avoir été


mise en mouvement devant la juridiction compétente
avant l’engagement du procès civil ou au cours de ce
procès. Il faut également que l’AP et l’AC soient relatives
au même fait. Le sursis à statuer n’est pas subordonné à
l’identité de parties entre les deux instances.

SECTION III : L’EXTINCTION DE L’AC

Toutes les causes d’extinction des obligations en


droit civil peuvent s’appliquer à l’AC, ainsi que l’admet
implicitement l’art. 10 du CPPN en disposant que :
« L’AC est indépendante de l’AP et se prescrit selon les
règles du Code Civil ».

PARAGRAPHE 1 : L’acquiescement
39

Il résulte de ce que la victime qui a exercé l’AC


laisse écouler le délai d’une voie de recours sans l’exercer.
Cet acquiescement entraîne l’extinction de l’AC. Si la
partie civile a laissé le délai d’appel passer sans agir,
l’appel qui pourrait être formé par le MP ne fera pas
revivre l’AC, qui demeurera éteinte.

PARAGRAPHE 2 : La renonciation à l’action

Par renonciation, la victime déclare expressément


qu’elle ne réclamera pas réparation du dommage qu’elle a
subi du fait de l’infraction. Aux termes de l’art. 2 al. 2
« La renonciation à l’action civile ne peut arrêter ni
suspendre l’exercice de l’action publique, sous réserve
des cas visés à l’alinéa 3 de l’article 6 ». La renonciation
proprement dite, qui intervient avant la mise en
mouvement de l’action, doit être distinguée du
désistement qui intervient après le déclenchement de l’AP.

TITRE 2 : LA POLICE JUDICIAIRE ET


LES JURIDICTIONS D’INSTRUCTION

La police judiciaire est un service assuré par les OPJ et


APJ ayant pour rôle de rechercher les infractions, d’en
rassembler les preuves et d’en livrer les auteurs aux
tribunaux répressifs. Elle collabore étroitement avec le
juge d’instruction dans le cadre de l’instruction
préparatoire.
40

CHAPITRE I : LA POLICE JUDICIAIRE

La PJ doit d’abord être distinguée de la PA. Alors


que la PA est placée sous l’autorité exécutive, et a pour
mission d’empêcher les infractions (maintien de l’ordre
public), la PJ est placée sous l’autorité judiciaire et
n’intervient qu’après l’infraction. La première a une
fonction préventive, la seconde à une fonction répressive.

SECTION I : LA COMPOSITION DE LA PJ

Celle-ci est déterminée par l’art. 15 du CPPN :


« La police judiciaire comprend :
1) les officiers de police judiciaire ;
2) les agents de police judiciaire ;
3) les fonctionnaire et agent auxquels sont attribuées par
la loi, certaines fonction de police judiciaire ».

PARAGRAPHE 1 : Les Officiers de Police Judiciaire

Les OPJ appartiennent à cinq (5) corps distincts :


les autorités locales, les magistrats, la PN, la Gendarmerie
Nationale et la Garde Nationale. Les Maires et les
magistrats relèvent administrativement du MJ/GS, la PN
relève du Ministère de l’Intérieur, alors que la GN et la
Gendarmerie Nationale relèvent du Ministère de la
Défense Nationale.
Avant d’étudier les différentes catégories d’OPJ, il
faut préciser que la loi 2003-26 du 13 juin 2003 a posé un
certain nombre de conditions pour que certaines catégories
d’OPJ puissent exercer effectivement les attributions
41

attachées à leur qualité d’OPJ. C’est ainsi que l’art. 37 du


CPPN al. 1 dispose que « les officiers de police judiciaire
visés à l’article 16, autres que les magistrats, les
gouverneurs des régions, les préfets, les sous-préfets et
leurs adjoints, les maires et leurs adjoints, ne peuvent
exercer effectivement les attributions attachées à leur
qualité d’officier de police judiciaire que s’ils sont
affectés à un emploi comportant cet exercice et en vertu
d’une décision du procureur général près la cour d’appel
les y habilitant personnellement »

A°/ Les OPJ appartenant à la Gendarmerie

Aux termes de l’art. 16 du CPPN, il existe trois


catégories d’OPJ appartenant à la GN.
La première catégorie comprend les officiers et
gradés. Dans la seconde, on compte les maréchaux des
logis et gendarmes chefs de brigade, de poste ou de
peloton. Enfin, la troisième les MDL et gendarmes
comptant au moins trois ans de service dans la
gendarmerie, désignés par Arrêté du MJ/GS sur
proposition du MDN.

B°/ Les OPJ appartenant à la Police Nationale


A la PN, il existe quatre catégories d’OPJ.

D’abord le Directeur de la Sûreté et son adjoint ;


ensuite les Commissaires et Inspecteurs principaux de la
Police, les officiers de la paix et officiers de police ; puis
les Inspecteurs de Police nommés Commissaires de police
et les chefs de brigade mobile de la sûreté ; enfin, les IP
42

ayant au moins trois ans de service dans la police et


désignés par Arrêté du MJ/GS sur proposition du MI.

C°/ Les OPJ appartenant à la Garde Nationale

Là, il s’agit des Officiers de la Garde Nationale (ex


GR).

D°/ Les OPJ appartenant au corps des


magistrats

Il s’agit des PR et leurs substituts ; les juges


d’instruction et les juges d’instance.

E°/ Les OPJ relevant des autorités


administratives
Ce sont les gouverneurs, les préfets, les sous-préfets, ainsi
que les Maires et leurs adjoints.

PARAGRAPHE 2 : Les agents de la Police judiciaire

Ils peuvent être de la PN ou de la Garde Nationale.


Art. 20 du CPPN : « Sont Agents de police judiciaire les
fonctionnaires des services actifs de police, les
gendarmes et les gradés du corps de la garde
républicaine (GN) qui n’ont pas la qualité d’officier de
police judiciaire, à l’exception de ceux exerçant des
fonctions de direction ou de contrôle ».
43

SECTION II : ROLE ET POUVOIR DE LA PJ

PARAGRAPHE 1 : Mission générale de la PJ

Elle est définie à l’art. 14 du CPPN : « Elle est


chargée, suivant les distinctions établies au présent titre,
de constater les infractions à la loi pénale, d’en
rassembler les preuves tant qu’une information n’est pas
ouverte.
Lorsqu’une information est ouverte, elle exécute
les délégations des juridictions d’instruction et défère à
leurs réquisitions ». Cette mission comporte donc deux
phases : l’enquête préliminaire et l’instruction
préparatoire.

A°/ L’enquête préliminaire

La mission de la PJ au cours de l’enquête


préliminaire est définie par l’art. 14 al. 1 du CPPN « …de
constater les infractions à la loi pénale, d’en rassembler
les preuves et d’en rechercher les auteurs tant qu’une
information n’est pas ouverte ».

Aux termes de l’art 69 du CPPN : «Les OPJ, soit


sur les instructions du PR, soit d’office, procèdent à des
enquêtes préliminaires.
Ces opérations relèvent de la surveillance du
Procureur Général ».
44

Les instructions du PR sont données lorsque celui-


ci a connaissance d’une infraction à la loi, ou suite à une
plainte déposée en ses mains. Par contre, les OPJ et les
agents supérieurs de PJ procèdent d’office à l’enquête
préliminaire lorsqu’ils reçoivent des plaintes et des
dénonciations.

B°/ L’instruction préparatoire

La mission de la PJ pendant l’instruction


préparatoire est définie à l’art.14 al. 2 « Lorsqu’une
information est ouverte, elle exerce les délégations des
juridictions d’instruction et défère à leurs réquisitions ».

Ainsi, dès que l’information est ouverte, le juge


d’instruction peut demander à la PJ de procéder à certaines
constatations ou à certaines recherches. Il le fera au moyen
d’actes appelés « commissions rogatoires »
« Le juge d’instruction peut requérir par
commission rogatoire tout autre juge d’instruction ou
tout officier de police judiciaire du ressort de son
tribunal de procéder aux actes d’information qu’il estime
nécessaires dans les lieux soumis à la juridiction de
chacun d’eux » , art. 144 al. 1 du CPPN.

PARAGRAPHE 2 : Les pouvoirs et obligations de la


PJ

Selon les dispositions de L’art. 18, « Les officiers


de police judiciaire peuvent opérer dans toutes l’étendue
du ressort du Tribunal Régional (TI) auquel ils sont
rattachés.
45

Ils peuvent, sur commission rogatoire


expresse, ainsi qu’au cas de crime ou délit flagrant,
opérer sur tout le territoire de la République du Niger ».
Ils sont secondés dans leurs fonctions pas les APJ.
Les pouvoirs et obligations des OPJ dépendent du cadre
dans lequel ils agissent.

A°/ L’enquête préliminaire

Les pouvoirs et obligations des OPJ, pendant


l’enquête préliminaire, sont prévus aux articles 69 (voir
page 41) et 70 du CPPN « Les perquisitions, visites
domiciliaires et saisies de pièces à conviction ne peuvent
être effectuées sans l’assentiment exprès de la personne
chez laquelle l’opération a lieu.
Cet assentiment doit faire l’objet d’une
déclaration écrite de la main de l’intéressé ou, si celui-ci
ne sait écrire, il en est fait mention au procès-verbal ainsi
que de son assentiment.
Les formes prévues par les articles 51 et 54 sont
applicables »
Art. 54 du CPPN « Sauf réclamation faite de
l’intérieur de la maison ou exception prévue par la loi,
les perquisitions et les visites domiciliaires ne peuvent
être commencées avant cinq heures et après vingt et une
heures ».
Ainsi, selon l’art. 57 al. 1 du CPPN « L’officier
de police judiciaire peut appeler et entendre toutes
personnes susceptibles de fournir des renseignements
sur les faits ».
46

Les OPJ peuvent aussi procéder aux constatations


matérielles. Les auditions et constatations matérielles ont
lieu sans que l’officier fasse usage de coercition.
Ainsi, la personne qui l’objet d’une audition n’est
pas tenue de répondre aux questions posées. En effet, la
caractéristique fondamentale de l’enquête préliminaire est
que les pouvoirs de PJ exercés dans ce cadre n’ont pas de
force coercitive. Toutefois, les OPJ peuvent procéder aux
gardes à vue dans les conditions et formes prévues par
l’art. 70 du CPPN ci-dessus évoqué (p 42).

B°/ L’enquête flagrance

L’art. 48 du CPPN nous précise ce qu’un crime ou


délit flagrant (voir page 12).
En cas de flagrance, l’OPJ peut également
procéder aux auditions, constatations, perquisitions et
saisies. Mais, contrairement à l’enquête préliminaire, il
dispose ici de pouvoirs plus étendus et peut user de
coercition. En ce cas de perquisition, il n’a pas besoin de
l’assentiment de la personne chez qui elle a lieu.
Art. 49 al. 1 « En cas de crime flagrant, l’officier
de police judiciaire qui en est avisé informe
immédiatement le procureur de la République, se
transporte sans délai sur le lieu du crime et procède à
toutes constatations utiles ».

Cependant, il a l’obligation de respecter


strictement les formes prescrites par le CPPN.
47

C°/ L’instruction préparatoire

Lorsque l’instruction préparatoire est ouverte,


l’OPJ n’intervient que pour exécuter les commissions
rogatoires. art.14 al. 2 « Lorsqu’une information est
ouverte, elle exerce les délégations des juridictions
d’instruction et défère à leurs réquisitions ».

L’art. 144 al. 1 (voir p. 41) précise que la PJ


intervient au niveau de l’instruction préparatoire par le
moyen de la commission rogatoire du juge d’instruction.
Art 144 al. 3 « Elle (commission rogatoire) ne peut
prescrire que des actes d’instruction se rattachant
directement à la répression de l’infraction visée aux
poursuites ». Il peut s’agir de constatations matérielles, de
l’audition des témoins, de perquisitions et saisies.

Art. 145 al. 2 « Toutefois, les Officiers de Police


Judiciaire ne peuvent procéder aux interrogations et
confrontations des inculpés »

A l’occasion d’une commission rogatoire, l’OPJ a


l’obligation de procéder uniquement aux actes objet de la
commission rogatoire.
Il importe enfin de rappeler que le PR dirige
l’activité des OPJ et APJ dans le ressort de son tribunal
(art. 36 du CPPN). La PJ est placée sous la surveillance
du PG et contrôlée par la chambre d’accusation. Les
modalités du contrôle de la chambre d’accusation sont
définies aux articles 183 et suivants du CPPN.
48

SECTION III : LES POUVOIRS DE POLICE


JUDICIAIRE CONFERES A CERTAINES
AUTORITES JUDICIAIRES ET
ADMINISTRATIVES

En dehors des OPJ et APJ, le CPPN confère des


pouvoirs de PJ à certaines autorités judiciaires.

PARAGRAPHE 1 : Les pouvoirs de PJ des autorités


judiciaires

A°/ Les pouvoirs de PJ du PR

Le PR qui dirige l’activité de la PJ de son ressort a


également des pouvoirs de PJ. Il détient ce pouvoir des
articles suivants : art. 39 al.1 « Le procureur de la
République reçoit les plaintes et les dénonciations et
apprécie la suite à leur donner. En cas de classement
sans suite, il avise le plaignant » ; art. 40 du CPPN « Le
procureur de la République procède ou fait procéder à
tous les actes nécessaires à la recherche et à la poursuite
des infractions à la loi pénale.
A cette fin, il dirige l’activité des officiers et
agents de la police judiciaire dans le ressort de son
tribunal.
En cas d’infractions flagrantes, il exerce les pouvoirs qui
lui sont attribués par l’art. 62 » ; art. 62 « L’arrivée du
Procureur de la République sur les lieux dessaisit
l’officier de police judiciaire.
Le Procureur de la République accomplit alors
tous actes de Police Judiciaire prévus au présent
49

chapitre. Il peut aussi prescrire à tous officiers de police


judiciaire de poursuivre les opérations ».

B°/ Les pouvoirs de PJ du juge d’instruction

Le juge d’instruction tient du CPPN, le pouvoir


d’exercer certaines fonctions de PJ. Ainsi, d’après l’art. 87
de ce code, « Le juge d’instruction peut se déplacer sur
les lieux pour y effectuer toutes constatations utiles ou
procéder à des perquisitions. Il en donne avis au
procureur de la République qui a la faculté de
l’accompagner. Le juge de section et le juge délégué
(d’instance), faisant fonction de juge d’instruction, sont
dispensés de cet avis. Le juge d’instruction est toujours
assisté d’un greffier. Il dresse un procès-verbal de ses
opérations ». Il Recherche les preuves de l’infraction. IL
peut, à cette fin, déléguer ses pouvoirs à tous OPJ par voie
de commission rogatoire (cf. art. 14 al. 2 et 144 al. 1 - page
41 ci-dessus -).
Tout comme le PR, « Le juge d’instruction a, dans
l’exercice de ses fonctions, le droit de requérir
directement la force publique », art. 46 al.4.

En cas de crime ou délit flagrant, l’art. 66 du


CPPN énonce que « Lorsque le juge d’instruction est
présent sur les lieux, le Procureur de la République ainsi
que les officiers de police judiciaire sont de plein droit
dessaisis à son profit.
Le juge d’instruction accomplit alors tous actes
de police judiciaire prévus au présent chapitre ».
50

CHAPITRE 2: LES JURIDICTONS


D’INSTRUCTION

En matière répressive, toutes les affaires ne sont


pas portées directement devant la juridiction de jugement.
Les juridictions d’instruction préparent la voie aux
juridictions de jugement. En effet, avant d’être jugées au
fond, les affaires les plus graves ou les plus compliquées
passent d’abord par la phase de l’instruction préparatoire.
Elles sont donc soumises aux juridictions d’instruction qui
sont : le juge d’instruction au premier degré et la chambre
d’accusation en second ressort.

SECTION I : Le juge d’instruction

PARAGRAPHE 1 : Nomination et compétence


territoriale du juge d’instruction

A°/ La nomination du juge d’instruction

Le juge d’instruction est un magistrat de siège et,


selon la constitution nigérienne de la septième
République à son article 116 al. 1 « Les magistrats du
siège sont nommés par le Président de la République sur
proposition du ministre de la justice, garde des sceaux,
après avis conforme du Conseil Supérieur de la
Magistrature ». Il est à préciser qu’entant que magistrat
de siège, il peut remplir toutes les fonctions que le
président du tribunal juge utiles de lui confier.
51

B°/ Compétence territoriale du juge


d’instruction

La compétence territoriale du juge d’instruction est


déterminée par l’art. 47 du CPPN « Sont compétents le
juge d’instruction du lieu de l’infraction, celui de la
résidence de l’une des personnes soupçonnées d’avoir
participé à l’infraction, celui du lieu d’arrestation d’une
de ces personnes, même lorsque cette arrestation a été
opérée pour une autre cause ».

PARAGRAPHE 2 : Attributions du juge d’instruction

Le JI a des attributions multiples. Tout d’abord en


sa qualité de magistrat instructeur et ensuite comme
juridiction d’instruction.

A°/ Le juge d’instruction, agent d’information

Lorsqu’il est saisi (par un réquisitoire introductif


du procureur), « Le juge d’instruction procède,
conformément à la loi, à tous les actes d’information
qu’il juge utiles à la manifestation de la vérité ». Art. 74
al. 1 du CPPN. Ce faisant, il agit en tant qu’agent
d’information. En d’autres termes, il est chargé de réunir
et d’examiner les preuves, de constituer le dossier du
procès pénal. Il procède donc à l’interrogatoire de
l’inculpé, à l’audition des témoins, aux confrontations, aux
perquisitions et saisies, etc.
52

B°/ Le juge d’instruction, juridiction


d’instruction

Après accomplissement des actes d’information, le


JI fait véritablement une œuvre juridictionnelle. En effet,
c’est à lui qu’il appartient de décider, après examen du
dossier, si l’inculpé doit être renvoyé devant la juridiction
de jugement. Mais, s’il s’agit d’un crime le renvoi devant
la cour d’assises ne peut être ordonné que par un arrêt de
mise en accusation rendu par la chambre d’accusation.

SECTION II : LA CHAMBRE D’ACCUSATION

PARAGRAPHE 1 : La composition et les attributions


de la chambre d’accusation

A°/ La composition de la chambre d’accusation

Il résulte de l’art. 183 al. 1 du CPPN que « La


cour d’appel comprend une chambre d’accusation. Cette
chambre est composée d’un président et de deux
conseillers. Le président et les conseillers composant la
chambre d’accusation sont désignés par ordonnance du
président de la cour d’appel ». Les membres de la
chambre d’accusation sont désignés pour l’année
judiciaire. Le président doit être un membre de la cour
d’appel près la chambre d’accusation. Selon l’art. 184 du
même code, « Les fonctions du ministère public auprès
de la chambre d’accusation sont exercées par le
Procureur Général ou par ses substituts, celles du greffe,
par un greffier de la cour d’appel ».
53

B°/ Les attributions de la chambre d’accusation

Elle a des attributions très variées. En premier lieu,


elle est la juridiction d’instruction du second degré et joue
à ce titre une double fonction. Elle a tout d’abord pour
attribution, en matière de crime où l’instruction est
nécessairement à deux degrés, de procéder à un nouvel
examen de l’affaire après l’information du juge
d’instruction (les articles 184 à 222 du CPPN), de
prononcer, le cas échéant, la mise en accusation de
l’inculpé et le renvoi de celui-ci (par un arrêt de mise en
accusation) devant la cour d’assises. La chambre
d’accusation a ensuite comme attribution, en tant que
juridiction du second degré, de statuer sur les appels
interjetés contre les ordonnances juridictionnelles rendues
par le juge d’instruction (art. 177 « Le procureur de la
République a le droit d’interjeter appel devant la
chambre d’accusation de toute ordonnance du juge
d’instruction » et suivants du CPPN).

En second lieu, la chambre d’accusation est une


juridiction disciplinaire vis-à-vis des fonctionnaires civils
et militaires qui ont la qualité d’officiers et agents
supérieurs de PJ. A ce titre, « La chambre d’accusation
exerce un contrôle sur l’activité des fonctionnaires civils
et militaires, officiers de police judiciaire, pris en cette
qualité, à l’exclusion des magistrats désignés à l’article
16, des maires et de leurs adjoints ». Art. 216 du CPPN.

PARAGRAPHE 2 : Les pouvoirs propres du président


de la chambre d’accusation
54

Certains pouvoirs ont été conférés au Président de


la chambre d’accusation. Mais, en dehors de celui-ci,
certaines personnes peuvent éventuellement exercer ces
pouvoirs.

A°/ Les personnes qui peuvent exercer ces


pouvoirs

Les pouvoirs propres du président de la chambre


d’accusation sont prévus aux articles 212 à 215 du CPPN.
Ces pouvoirs sont en principe exercés (personnellement)
par le président. « Le président de la chambre
d’accusation exerce les pouvoirs propres définis aux
articles suivants ». Art. 212 du CPPN.

B°/ Les différents pouvoirs du président de la


chambre d’accusation

Le président de la chambre d’accusation apparaît


comme le gardien et protecteur des libertés individuelles.
C’est ainsi que l’art. 213 al. 1 dispose que « Le président
de la chambre d’accusation s’assure du bon
fonctionnement des cabinets d’instruction du ressort de
la cour d’appel. Il vérifie notamment les conditions
d’applications des alinéas 3 et 4 de l’article 74 et s’emploi
à ce que les procédures ne subissent aucun retard
injustifié».

« A cette fin, il est établi, chaque trimestre, dans


chaque cabinet d’instruction, un état de toutes les
affaires en cours portant mention, pour chacune des
55

affaires, de la date du dernier acte d’instruction


exécuté ». Art. 213 al. 2

« Les états prévus dans le présent article sont


adressés au président de la chambre d’accusation et au
procureur général dans les dix premiers jours du
trimestre suivant sous peine de sanction disciplinaire à
l’encontre du juge d’instruction ».Art. 213 al. 4 du
CPPN.

Aux termes de l’art. 214 du CPPN « Le président,


chaque fois qu’il l’estime nécessaire, visite les
établissements pénitentiaires du ressort de la cour
d’appel et y vérifie la situation des inculpés en état de
détention préventive ».
Selon l’art. 215 du CPPN « Il peut saisir la
chambre d’accusation, afin qu’il soit par elle statué sur
le maintien en détention d’un inculpé en état de
détention préventive ».
56

TITRE 3: L’INSTRUCTION
PREPARATOIRE

Pendant la phase de l’instruction


préparatoire, les juridictions d’instruction
ont pour mission de rechercher s’il existe
des charges ou des preuves suffisantes
contre le délinquant et pouvant justifier son
renvoi devant la juridiction de jugement.
57

Il sera successivement étudié, au


présent TITRE, la théorie générale de la
preuve en matière pénale, l’instruction par
le juge d’instruction et enfin, l’instruction
par la chambre d’accusation.

CHAPITRE 1 : LA PREUVE DANS LE PROCES


PENAL

La preuve revêt dans le procès pénal une


importance capitale, du fait qu’elle peut entraîner, soit la
condamnation à une peine, soit l’acquittement ou la de
l’accusé ou la relaxe du prévenu. Elle est soumise à des
règles particulières exorbitantes du droit commun.

SECTION I : LA CHARGE DE LA PREUVE

Le juge, en matière pénale, ne peut fonder la


condamnation qu’il prononce que sur des preuves
sérieuses. La question est donc de savoir sur qui va peser
la charge de réunir les éléments de preuves. La réponse à
cette question relève du rôle joué par chaque partie au
procès et par le juge.

PARAGRAPHE 1 : Le rôle des parties au procès


58

En matière pénale, le principe fondamental est la


présomption d’innocence de la personne poursuivie.
Ainsi, tout homme doit être présumé innocent des
infractions mises à sa charge tant qu’un jugement régulier
et une décision définitive ne sont pas intervenus. L’une des
conséquences de ce principe est que la charge de la preuve
pèse sur la partie poursuivante.

A°/ La preuve à la charge de la partie


poursuivante

De même qu’en matière civile où la charge de la


preuve incombe au demandeur, en matière pénale, cette
charge incombe à l’accusateur, c’est-à-dire au ministère
public et à la partie civile. C’est à eux qu’il appartient
d’établir le fait matériel constitutif de l’infraction et la
responsabilité personnelle du délinquant. Le MP est donc
tenu de rapporter la preuve de la responsabilité du
poursuivi. Cette preuve doit porter sur l’existence de tous
les éléments de l’infraction (éléments légal, matériel et
moral) ainsi que des circonstances aggravantes
éventuelles.

B°/ Les éléments dont la preuve incombe à la


poursuivie

Malgré le principe de la présomption d’innocence,


la personne poursuivie peut avoir à prouver certains faits.
Ainsi, dans les cas où la loi a dispensé la partie
59

poursuivante de rapporter la preuve, c’est à la personne


poursuivie de combattre la présomption de culpabilité
posée à son encontre. C’est le cas pour certaines
infractions comme la contrefaçon, pour laquelle la
jurisprudence présume la mauvaise foi du poursuivi
(criminel, 28 fév. 1956, B.C N°200 ; crim, 4 mai 1961 BC
N° 236).

De même, si l’inculpé veut se défendre en


invoquant un fait justificatif, en opposant une excuse
absolutoire, ou en se prévalant d’une excuse atténuante,
c’est à lui qu’il appartient d’en faire la preuve.

PARAGRAPHE 2 : Le rôle joué par le juge

En matière pénale, la preuve n’est pas laissée à la


discrétion des parties comme en matière civile, où le juge
se contente d’apprécier les preuves fournies par les parties.
Dans le procès pénal, le juge répressif joue un rôle actif
dans la recherche de la preuve. Il est tenu de découvrir la
vérité matérielle. Le juge a donc le devoir de chercher non
seulement ce qui est défavorable au délinquant poursuivi,
mais aussi tout ce qui lui est favorable. Si les preuves
fournies par les parties sont insuffisantes, le juge doit les
compléter aussi bien dans l’intérêt de l’accusateur que
dans celui de la défense.

Ainsi, au cours de l’instruction, le juge


d’instruction et la chambre d’accusation peuvent procéder
ou faire procéder à tous actes d’investigations utiles (cf.
articles 74 al. 1, 144 et 193 al. 1 du CPPN). Pendant la
60

phase de jugement, la juridiction de jugement peut


ordonner une expertise, un transport sur les lieux ou même
un supplément d’information. Le président de la cour
d’assises, en matière criminelle, peut prendre plusieurs
mesures. « Le président est investi d’un pouvoir
discrétionnaire en vertu duquel il peut, en son honneur
et conscience, prendre toutes mesures qu’il croit utiles
pour découvrir la vérité ». Art. 297 al. 1.

SECTION II : L’ADMINISTRATION DE LA
PREUVE

Contrairement au droit commun, en matière


pénale, les parties peuvent faire appel à n’importe quel
moyen de preuve en raison du principe de la liberté de
preuve.

PARAGRAPHE 1 : Le principe de la liberté de la


preuve

Ce principe expressément énoncé à l’art. 414 al. 1


du CPPN n’est pas absolu. Il existe des limites à la liberté
de la preuve.

A°/ L’énonciation du principe

L’art. 414 op cité prévoit que « Hors le cas où la


loi en dispose autrement, les infractions peuvent être
établies par tout mode de preuve et le juge décide d’après
son intime conviction ».
61

Il en résulte que toutes les preuves sont


normalement recevables, alors qu’en droit civil, c’est la loi
qui détermine les modes de preuve. Ce principe ainsi
énoncé est applicable tant pendant la phase de l’instruction
préparatoire que pendant la phase de jugement.

Le principe de la liberté de la preuve s’explique par


le fait que, dans le procès pénal, il s’agit d’établir des faits
matériels ou psychologiques, et non des actes juridiques,
comme dans un procès civil. Il se justifie aussi par la
difficulté de la preuve en matière pénale. Contre des
délinquants qui ont agi dans le secret et ont pris toutes les
précautions pour ne pas être découverts et faire disparaître
les traces, il importe que, dans l’intérêt de la manifestation
de la vérité, l’accusation et le juge puisse recourir à tous
les modes de preuve, aussi bien à ceux du droit civil
comme l’écrit, le témoignage et l’aveu, qu’aux
constatations matérielles, aux conclusions des experts, aux
indices et aux présomptions.

B°/ Les limites à la liberté de la preuve

Quoique la manifestation de la vérité soit l’objectif


capital du procès répressif, cette vérité ne peut être
recherchée par n’importe quel moyen. Ainsi, la torture est
prohibée, et c’est la raison pour laquelle le code de
procédure pénale prévoit la possibilité d’examens
médicaux après les gardes à vue par la police. Art. 71 al. 5
« La personne déférée doit être accompagnée d’un
certificat médical attestant qu’elle n’a pas subi de
sévices ».
62

Il est important de savoir que seuls les modes de


preuves du droit civil sont utilisés lorsqu’il s’agit de faire
devant le juge répressif la preuve d’un contrat, d’un
paiement ou de la propriété d’un objet mobilier (crim. 16
janv. 1937, Gaz. Pal. 1937. 1 562).

PARAGRAPHE 2 : Les différents modes de preuve

Il s’agit des constations matérielles, du


témoignage, de l’aveu et des indices de présomption.
A°/ les constatations matérielles

Elles sont faites pendant l’enquête préliminaire ou


sur commission rogatoire par la police judiciaire, pendant
l’instruction par le juge d’instruction et lors du jugement
par la juridiction de jugement. « Toute juridiction
d’instruction ou de jugement, dans le cas où se pose une
question d’ordre technique, peut, soit à la demande du
ministère public, soit d’office ou à la demande des
parties, ordonner une expertise ». Art. 149 al. 1 du
CPPN.

Pour procéder aux constatations matérielles, la


police ou la juridiction compétente peuvent être amenées
à faire des descentes sur les lieux et des perquisitions ou
visites domiciliaires peuvent aboutir aux saisies, dans les
conditions et formes prescrites par le code de procédure
pénale (cf. art. 49 et suiv).

Il faut signaler que l’article 54 du CPPN prévoit


expressément que « Sauf réclamation faite de l’intérieur
de la maison ou exceptions prévues par la loi, les
63

perquisitions et les visites domiciliaires ne peuvent être


commencées avant cinq heures et après vingt et une
heures ».

B°/ Les témoignages

Le témoin est une personne qui rapporte ce qu’elle


a vu ou entendu. Le témoignage apparaît comme le moyen
de preuve le plus usité. Il peut toutefois se révéler
dangereux parce qu’il peut s’avérer erroné ou mensonger.
Tout comme les constatations matérielles, il peut être fait
recours aux témoignages pendant toutes les phases du
procès pénal dans le respect des conditions et formes
prévues par le CPPN (art. 57, 96 et suivants, 297 et
suivants).

C°/ L’aveu

C’est une déclaration par laquelle une personne


reconnaît en tout ou partie avoir commis un fait
répréhensible. Il est généralement obtenu à la suite de
l’interrogatoire du délinquant.

L’interrogatoire n’est pas seulement un moyen


d’obtenir l’aveu, il est aussi pour la personne poursuivie
une moyen de se défendre. Il doit donc être procédé à
l’interrogatoire du poursuivi dans le respect des droits de
la défense.

Tendant à la recherche de la vérité, l’interrogatoire


doit être fait dans des conditions et par des procédés
loyaux de nature à garantir la sincérité des déclarations de
64

la personne objet des poursuites. L’interrogatoire peut


avoir lieu dans le cas d’infractions flagrantes (art. 57 al 1
et 2 du CPPN « L’officier de police judiciaire peut
appeler et entendre toutes personnes susceptibles de
fournir des renseignements sur les faits.
Les personnes convoquées par lui sont tenues de
comparaître et de déposer. Si elles ne satisfont pas à cette
obligation, avis en est donné au procureur de la
République qui peut les contraindre par la force
publique ».), au cours de l’instruction (art. 108 « Lors de
la première comparution, le juge d’instruction constate
l’identité de l’inculpé, lui fait connaître expressément
chacun des faits qui lui sont imputés et l’avertit qu’il est
prêt à recevoir immédiatement ses déclarations. Mention
de cet avertissement est fait au procès verbal » et
suivants) et à la barre (art. 429 du CPPN « Avant de
procéder à l’audition des témoins, le président interroge
le prévenu et reçoit ses déclarations. Le ministère public,
ainsi que la partie civile et la défense, celle-ci par
l’intermédiaire du président, peuvent lui poser des
questions »).

Toutefois, le juge apprécie librement la force


probante de l’aveu au cas de rétractation, la sincérité de
celle-ci est également laissée à la libre appréciation du
tribunal (art 415 du CPPN « L’aveu, comme tout élément
de preuve, est laissé à la libre appréciation des juges »).

D°/ Les indices et présomptions

Les indices sont des faits matériels dont l’existence est


établie et qui, sans valeur démonstrative par eux-mêmes,
65

rapprochés les uns des autres peuvent permettre de


présumer l’existence de certains faits non établis. On
attache quelque valeur aux indices à cause de leur
objectivité. Ces indices peuvent donner lieu à des
présomptions obtenues par raisonnement, déductions,
comparaisons, etc.

De trop nombreuses erreurs judiciaires ont montré


la nécessité pour le juge d’être très strict quant à
l’appréciation des indices. Ils ne sont donc pris en compte
que s’ils sont graves et concordants.

SECTION III : LA VALEUR PROBANTE DES


PREUVES

Tous les moyens de preuve ci-dessus décrits ont


une force probante égale. Les moyens de preuves ne sont
plus catalogués, hiérarchisés, comme c’était le cas
autrefois. Actuellement, le code de procédure pénale
nigérien prévoit la règle de l’intime conviction qui connaît
toutefois des exceptions.

PARAGRAPHE 1 : La règle de l’intime conviction

A°/ L’ancien système dit « des preuves légales »

Dans l’ancien système, le juge n’avait pas la liberté


de former sa conviction comme il lui plaisait. C’étaient les
lois et coutumes qui fixaient a priori la valeur des preuves.

Il y avait des preuves devant lesquelles les juges


devaient s’incliner obligatoirement et prononcer la
66

condamnation ordinaire. Il y avait aussi des demi-preuves


qui n’autorisaient qu’une condamnation moins sévère. Les
preuves imparfaites quant à elles ne permettaient ni de
condamner, ni d’absoudre et laissaient subsister un doute
à raison duquel le juge rendait une sentence de plus ample
informé qui suspendait le procès, avec la possibilité de la
reprendre plus tard, si de nouveaux éléments de preuves
venaient s’ajouter aux premiers.

B°/ L’énoncé de la règle de l’intime conviction

La règle de l’intime conviction a été consacrée


dans notre droit par l’article 414 al. 1 du CPPN qui
dispose que « Hors le cas où la loi en dispose autrement,
les infractions peuvent être établies par tout mode de
preuve et le juge décide d’après son intime conviction ».

La règle de l’intime conviction a une portée


générale en ce sens qu’elle s’applique à toutes les phases
du procès pénal et à tous les magistrats ainsi qu’aux jurés.
Le juge peut fonder sa conviction sur n’importe lequel des
moyens de preuve portés devant lui. Mais, « Le juge ne
peut fonder sa décision que sur des preuves qui lui sont
apportées au cours des débats et contradictoirement
discutées devant lui » (cf. art. 414 al. 2 du CPPN).

PARAGRAPHE 2 : Les exceptions à la règle de


l’intime conviction
67

Malgré sa généralité d’application, la règle de


l’intime conviction connaît pourtant des exceptions. C’est
ainsi que la loi attache quelquefois aux procès-verbaux
dressés par les OPJ une force probante très importante.
C’est pourquoi, en raison donc d’une disposition spéciale
de la loi, les procès-verbaux peuvent faire foi jusqu’à
preuve contraire et même jusqu’à inscription de faux (art.
420 « Les matières donnant lieu à des procès-verbaux
faisant foi jusqu’à inscription de faux sont réglées par
des lois spéciales. A défaut de disposition expresse, la
procédure de l’inscription de faux est réglée comme il est
dit au titre premier du livre IV »).

C’est le lieu de rappeler que le juge répressif a


l’obligation d’observer les règles du droit civil lorsqu’il
statue sur une question de droit civil, telle que l’existence
d’un contrat, ou la preuve d’un paiement.
68

CHAPITRE 2 : INSTRUCTION PAR LE JUGE


D’INSTRUCTION

Si certaines affaires simples et peu importantes


peuvent être portées à l’audience à la suite d’une enquête
sommaire, on ne peut laisser le soin à la PJ d’instruire les
affaires délicates qui ne peuvent venir utilement devant la
juridiction de jugement qu’après que la lumière ait été faite
sur les circonstances de l’infraction et sur la personnalité
du délinquant. Cette tâche revient au juge d’instruction qui
procède par voie d’information.
SECTION I : LA SAISINE ET LE
DESSAISISSEMENT DU JUGE D’INSTRUCTION

PARAGRAPHE 1: La saisine du juge


d’instruction

En raison du principe de la séparation de la


poursuite et de l’instruction (même en cas de crime ou
infraction flagrante), le juge d’instruction ne peut jamais
se saisir lui-même.

A°/ Les modes de saisine du juge d’instruction

Notre code de procédure pénale, à l’instar du code


français, a limité les procédés de saisine du juge
d’instruction. D’après l’art. 46 dudit code, ceux-ci sont au
nombre de deux « Le juge d’instruction ne peut informer
qu’après avoir été saisi par un réquisitoire du procureur
69

de la République ou par une plainte avec constitution de


partie civile, dans les conditions prévues aux articles 73
et 81 ».

Le premier mode de saisine du JI est prévu à l’art.


73 du CPPN aux termes duquel « Le juge d’instruction
ne peut informer qu’en vertu d’un réquisitoire du
procureur de la république, même s’il a procédé en cas
de crime ou de délit flagrant ». Ce réquisitoire du
procureur de la République est dit réquisitoire introductif
d’instance ou réquisitoire afin d’informer. Par cet acte, le
procureur de la République porte un fait délictueux à la
connaissance du juge d’instruction et lui demande d’ouvrir
une information à ce sujet.
Le RI n’est soumis à aucune forme. Il doit
seulement être écrit, daté et signé par le procureur ou son
substitut. Quant au fond, il doit indiquer les faits
poursuivis ou tout au moins des précisions suffisantes sur
ces faits. Il peut être pris contre personne dénommée ou
non dénommée.

Le second mode de saisine du JI est prévu à l’art.


80 du CPPN qui dispose notamment que « toute
personne qui se prétend lésée par un crime ou un délit
peut, en portant plainte, se constituer partie civile devant
le juge d’instruction compétent ». Comme le réquisitoire,
cette plainte doit être écrite et datée, elle doit exposer les
faits de façon détaillée et qualifier ceux-ci.

Pour que la plainte avec constitution de partie


civile soit valablement reçue, « la partie civile qui met en
mouvement l’action publique doit, si elle n’a pas obtenu
70

l’assistance judiciaire et sous peine de non recevabilité


de sa plainte, consigner au greffe la somme présumée
nécessaire pour les frais de la procédure. Cette somme
est fixée par Ordonnance du juge d’instruction ». Art. 83
du CPPN.

La partie civile, lorsqu’elle ne demeure pas dans la


localité où siège le tribunal, est tenue d’y élire domicile.
Art. 84 du CPPN dispose « toute partie civile qui ne
demeure pas au siège du tribunal où se fait l’instruction
est tenue d’y élire domicile par acte au greffe de cette
juridiction.

A défaut d’élection de domicile, la partie civile ne


peut opposer le défaut de signification des actes qui
auraient dû lui être signifiés aux termes de la loi ». Il
importe de préciser que l’article 81 al. 1 du CPPN dispose
que « Le juge d’instruction d’un tribunal régional
(grande instance) ordonne communication de la plainte
au procureur de la République pour que ce magistrat
prenne ses réquisitions ». La plainte peut, à l’instar du
réquisitoire, être dirigée contre une personne dénommée.
Dans la pratique, elle est adressée au doyen des juges.

B°/ Les effets et l’étendue de la saisine du juge


d’instruction

L’effet essentiel de la saisine du juge d’instruction


est de mettre l’action publique en mouvement. Cet acte
constitue un acte de poursuite et en tant que tel, interrompt
la prescription. Le JI régulièrement saisi est tenu d’ouvrir
une information.
71

S’agissant de l’étendue de sa saisine, lorsque le


juge d’instruction est saisi par un réquisitoire à fin
d’informer, il est saisi de l’AP. Lorsqu’il est saisi par une
constitution de partie civile ou, lorsqu’après saisine par le
MP, la partie civile se constitue par acte subséquent, le
juge d’instruction est saisi à la fois de l’AP et de l’AC.

En outre, la saisine du JI a un caractère réel : on dit


qu’il est saisi « in rem », c’est-à-dire à l’égard des faits qui
lui ont été dénoncés.

Cette règle entraîne les conséquences suivantes :

a) lorsque l’acte de saisine est dirigé contre inconnu,


le juge d’instruction a le droit de rechercher et
d’inculper toutes les personnes qui lui paraissent
être les auteurs ou les complices du fait délictueux
qui lui est soumis (art. 73 op cité).
b) Si une personne est nommément désignée dans
l’acte de saisine, le JI peut rechercher et inculper
comme auteur ou complice d’autres personnes que
celle qui lui a été désignée comme étant l’auteur
des faits.
c) Le juge peut, suivant les résultats de son
information, modifier entièrement la qualification
donnée au fait dans l’acte de saisine : le juge est
saisi du fait et non de la qualification.
d) Art. 73 al. 5 « Lorsque des faits, non visés au
réquisitoire, sont portés à la connaissance du
juge d’instruction d’un tribunal régional (grande
instance avec la loi 2003-26 du 13 juin 2003),
72

celui-ci doit immédiatement communiquer au


procureur de la République les plaintes ou les PV
qui les constatent ».

PARAGRAPHE 2 : Le dessaisissement du juge


d’instruction

Normalement, le juge d’instruction se trouve


dessaisi par l’Ordonnance de clôture qu’il rend au terme
de ses investigations. Mais, il peut également être dessaisi
avant la fin de son information et quelquefois même avant
d’avoir commencé. Ce dessaisissement peut être
volontaire ou imposé.

A°/ Le dessaisissement volontaire

Il s’agit tout d’abord du dessaisissement pour


incompétence. Ce cas est prévu à l’art. 85 al. 1 du CPPN
« Dans le cas où le magistrat instructeur n’est pas
compétent aux termes de l’art. 47, il rend, après
réquisitions du ministère public, une ordonnance
renvoyant la partie civile, à se pourvoir devant telle
juridiction qu’il appartiendra ». Cette disposition prévue
dans les cas de plainte avec constitution de partie civile
s’étend également au cas de saisine du juge par réquisitoire
introductif.

B°/ Le dessaisissement imposé

Le premier cas de dessaisissement imposé au juge


est prévu aux articles 77 et 78 du CPPN. Aux termes du
73

premier « le dessaisissement du juge d’instruction au


profit d’un autre juge d’instruction peut être demandé au
président du tribunal dans l’intérêt d’une bonne
administration de la justice, par requête du procureur de
la République, agissant soit spontanément, soit à la
demande de l’inculpé ou de la partie civile.
Le président du tribunal doit statuer dans les huit
jours par ordonnance qui ne sera pas susceptible de voie
de recours.
Toutefois, en cas d’urgence et pour des actes isolés,
tout juge d’instruction peut suppléer un autre juge
d’instruction du même tribunal, à charge pour lui d’en
rendre compte au président du tribunal ».
Art. 78 « Dans le ressort de la cour d’appel, le
procureur général peut charger, par voie de réquisition,
tout juge d’instruction d’informer sur tout crime ou délit
qui lui aura été dénoncé, même lorsqu’il aura été
commis hors du ressort de la compétence de ce
magistrat ; il peut également requérir tout juge
d’instruction de continuer une information commencée
par un autre magistrat qu’il fait dessaisir à cet effet.
Cette décision est prise par le président de la cour
d’appel ».

Le juge d’instruction peut se voir retirer son


dossier par la chambre d’accusation qui annule tout ou
partie de la procédure. Elle peut alors confier l’affaire à
l’un de ses conseillers ou à un autre juge d’instruction (cf.
art. 199 al. 3 «Après annulation, elle peut soit évoquer et
procéder dans les conditions prévues aux articles 193,
194 et 197, soit renvoyer le dossier de la procédure au
même juge d’instruction ou à tel autre, afin de
74

poursuivre l’information » et 200 al. 2 du CPPN «


Lorsque, en toute autre matière, la chambre
d’accusation infirme une ordonnance du juge
d’instruction, elle peu soit évoquer et procéder dans les
conditions prévues aux articles 193, 194, 197 et 198, soit
renvoyer le dossier au même juge d’instruction ou à tel
autre, afin de poursuivre l’information ».

SECTION II : LES POUVOIRS D’INSTRUCTION


DU JUGE D’INSTRUCTION

La mission du juge d’instruction est précisée à


l’article 74 al 1 du CPPN qui dispose notamment
que « le juge d’instruction procède, conformément à la
loi, à tous les actes d’information qu’il juge utiles à la
manifestation de la vérité ». Il convient donc de rappeler
qu’il instruit à charge et à décharge. Dans le cadre de sa
mission, le juge d’instruction est doté de puissants
pouvoirs d’instruction qu’il exerce personnellement ou
qu’il peut déléguer à un autre juge ou aux officiers de
police judiciaire.

PARAGRAPHE 1 : Les pouvoirs d’instruction


personnellement par le juge d’instruction

Le JI a le pouvoir de procéder à diverses mesures


dont certaines comportent des restrictions très sensibles à
la liberté des individus.
75

A°/ Les constatations matérielles

Le JI peut procéder personnellement à des


constatations matérielles qui compléteront celles
effectuées par la PJ. Ainsi, selon l’art. 87, il « peut se
transporter sur les lieux pour y effectuer toutes
constatations utiles ou procéder à des perquisitions ».

Toutefois, il a l’obligation d’en donner avis au PR qui


a la faculté de l’accompagner (cf. art. 87 à la p. 46).

B°/ L’audition de certaines personnes

Dans sa mission, le juge peut être amené à entendre


plusieurs types de personnes. Les formalités à observer ne
sont pas les mêmes selon qu’il s’agit d’entendre des
témoins, la personne inculpée, ou la partie civile.

1. L’audition des témoins

Art. 96 du CPPN « Le juge d’instruction fait citer devant


lui, par un huissier ou un agent de la force publique,
toutes les personnes dont la déposition lui paraît utile.
Une copie de cette citation leur est délivrée.
Les témoins peuvent aussi être convoqués par
lettre simple, par lettre recommandée ou par voie
administrative ; ils peuvent en outre comparaître
volontairement ».

Cependant, « le juge d’instruction chargé d’une


information, ainsi que les magistrats et officiers de police
76

judiciaire, agissant sur commission rogatoire, ne


peuvent, à peine de nullité, entendre comme témoins des
personnes contre lesquelles il existe des indices graves et
concordantes de culpabilité, lorsque cette audition aurait
pour effet d’éluder les garanties de la défense ». Art. 100
du CPPN. En outre, selon l’art. 99 dudit code, « toute
personne nommément visée par une plainte assortie
d’une constitution de partie civile peut refuser d’être
entendue comme témoin. Le juge d’instruction l’en
avertit, après lui avoir donné connaissance de la plainte.
Mention en est faite au procès-verbal. En cas de
refus, il ne peut l’entendre que comme inculpée ».

2. L’interrogatoire de l’inculpé

L’interrogatoire de l’inculpé est un acte


indispensable de la procédure d’instruction. Cet
interrogatoire fait l’objet d’une réglementation très stricte
(cf. les art. 108 à 115 du CPPN). Quant aux
interrogatoires ultérieurs, ils ne peuvent avoir lieu
qu’après que le conseil de l’inculpé ait été convoqué. « La
procédure doit être mise à la disposition du conseil de
l’inculpé 24 heures plus tard avant chaque
interrogatoire. Elle doit également être mise à la
disposition du conseil de la partie civile 24 heures au plus
tard avant les auditions de cette dernière » art. 112 al. 3.
Pendant l’interrogatoire, « le procureur de la République
et les conseils de l’inculpé et de la partie civile ne peuvent
prendre la parole que pour poser des questions après y
avoir été autorisés par le juge d’instruction.
Si cette autorisation leur est refusée, le texte des
questions sera reproduit ou joint au procès-verbal ».
77

3. L’audition de la partie civile

Le JI entendra la partie civile s’il y en a une. La


partie civile peut, elle aussi, être assisté d’un avocat et ne
peut donc être entendue ou confrontée avec d’autres
personnes qu’après convocation préalable de son avocat
qui aura, lui aussi, accès au dossier de la procédure dans
les mêmes conditions que la défense. L’art. 112 al. 1
dispose que « l’inculpé et la partie civile ne peuvent être
entendus ou confrontés, à moins qu’ils n’y renoncent
expressément, qu’en présence de leurs conseils ou eux
dûment appelés ».

C°/ Les perquisitions et saisies

Le JI va également procéder à des mesures


d’investigations susceptibles de faciliter la manifestation
de la vérité. Il s’agit des perquisitions pouvant entraîner
des saisies.

1. Les perquisitions

« Les perquisitions sont effectuées dans tous les


lieux où peuvent se trouver des objets dont la découverte
serait utile à la manifestation de la vérité », art. 89 du
CPPN. Le juge d’instruction doit observer les formalités
exigées par l’art. 87 op cité, à savoir qu’il « peut se
transporter sur les lieux… ». Des précautions
particulières sont prises pour que l’authenticité des pièces
trouvées au cours des perquisitions ne puisse être mise en
doute, l’intéressé ou des témoins devant être présents à la
78

perquisition et signer le PV (cf. les art. 52, 54, 89, 90, 91


du CPPN).

Il importe de souligner les termes de l’art. 54 selon


lequel « sauf réclamation faite de l’intérieur de la
maison ou exceptions prévues par la loi, les perquisitions
et les visites domiciliaires ne peuvent être commencées
avant cinq heures et après vingt et une heures ».

2. Les saisies

Le JI a le pouvoir de procéder à la saisie des objets


ou documents qui lui paraissent utiles à la manifestation
de la vérité. « Tous objets et documents saisies sont
immédiatement inventoriés et placés sous scellés. Ces
scellés ne peuvent être ouverts et les documents
dépouillés qu’en présence de l’inculpé assisté de son
conseil, ou eux dûment appelés. Le tiers chez lequel la
saisie a été faite est également invité à assister à cette
opération », art. 92 al. 2 du CPPN.

Art. 94 al. 1 «L’inculpé, la partie civile ou toute autre


personne qui prétend avoir droit sur un objet placé sous
la main de la justice peut en réclamer la restitution au
juge d’instruction ».

D°/ Les mandats du juge d’instruction


79

Art. 116 al 1 du CPPN « Le juge d’instruction peut,


selon le cas, décerner mandat de comparution,
d’amener, de dépôt ou d’arrêt ».

Afin de lui permettre de remplir sa mission, la loi a


donné au JI le pouvoir de décerner des mandats, c’est-à-
dire de formuler par écrit des ordres concernant la
personne poursuivie et de nature à porter plus ou moins
gravement atteinte à sa liberté. Les différents mandats
seront examinés par ordre de gravité ascendante.

1. Le mandat de comparution

C’est un ordre doué d’un faible caractère coercitif.


C’est une sorte de convocation solennelle que le juge
adresse à la personne qui en fait l’objet. « Le mandat de
comparution a pour objet de mettre l’inculpé en demeure
de se présenter devant le juge à la date et à l’heure
indiquées par ce mandat », art. 116 al. 2 du CPPN. La
personne à qui le mandat de comparution est notifié
comparaît librement. « Le juge d’instruction interroge
immédiatement l’inculpé qui fait l’objet d’un mandat de
comparution ». Art 119 al. 1 du CPPN.

2. Le mandat d’amener

Il est beaucoup plus énergique que le mandat de


comparution, puisqu’il permet d’arrêter l’individu. « Le
mandat d’amener est l’ordre donné par le juge à la force
publique de conduire immédiatement l’inculpé devant
lui », art. 116 al. 3 du CPPN.
80

« Le mandat d’amener ou d’arrêt est notifié et


exécuté par un officier ou agent de police judiciaire, ou
par un agent de la force publique, lequel en fait
l’exhibition et lui délivre copie », art. 117 al. 4 du
CPPN ».
Ainsi, en cas de mandat d’amener, la police va
chercher la personne visée et, comme le nom du mandat
l’indique, l’amène devant le JI. Obligé donc de se rendre
devant le JI sous la conduite de la police, le poursuivi peut
y être contraint par la force, et le porteur du mandat peut
requérir à cette fin la force publique du lieu le plus voisin.
Art 124 al. 1 et 2 « l’inculpé qui refuse d’obéir au mandat
d’amener ou qui, après avoir déclaré qu’il est prêt à
obéir, tente de s’évader, doit être contraint par la force.
Le porteur du mandat d’amener emploie dans ce
cas la force publique du lieu le plus voisin. Celle-ci est
tenue de déférer à la réquisition contenue dans ce
mandat ». L’individu objet du mandat d’amener doit être
immédiatement interrogé, « toutefois, si l’interrogatoire
ne peut être immédiat, l’inculpé est conduit dans
l’établissement pénitentiaire du siège du tribunal où il ne
peut être détenu plus de vingt-quatre heures », art. 119
al. 2 du CPPN.

3. Le mandat de dépôt

Aux termes de l’article 116 al. 4 du CPPN « le


mandat de dépôt est l’ordre donné par le juge au
régisseur de l’établissement pénitentiaire de recevoir et
de détenir l’inculpé. Ce mandat permet également de
rechercher ou de transférer l’inculpé lorsqu’il lui a été
précédemment notifié ». Ce mandat suppose que
81

l’individu sui fait l’objet du mandat de dépôt est déjà à la


disposition du juge d’instruction. L’art. 117 in fine du
CPPN dispose que « le mandat de dépôt est notifié à
l’inculpé par le juge d’instruction ou un officier de police
judiciaire délégué à cet effet ; mention de cette
notification doit être faite au procès-verbal de
l’interrogatoire ».

4. Le mandat d’arrêt

« Le manda d’arrêt est l’ordre donné ç la force


publique de rechercher l’inculpé et de le conduire à
l’établissement pénitentiaire indiqué sur le mandat où il
sera reçu et détenu », art 116 in fine du CPPN.

Ce mandat cumule les avantages du mandat


d’amener et du mandat de dépôt. Il permet, comme le
mandat de dépôt, de le détenir de façon prolongée. Le
mandat d’arrêt très énergique ne peut être délivré que sous
certaines conditions prévues à l’art. 125 al. 1 du CPPN
qui dispose que « si l’inculpé est en fuite ou risque de
s’enfuir, ou si son lieu de résidence est inconnu, ou
encore s’il réside hors du territoire de la République, le
juge d’instruction, après réquisition du procureur de la
République, peut décerner contre lui un mandat d’arrêt,
si le fait comporte une peine d’emprisonnement
correctionnelle ou plus grave ».

Il faut préciser que le mandat d’arrêt, en raison de


sa gravité, ne peut être décerné qu’après avis du procureur
de la République. « L’inculpé saisi en vertu d’un mandat
d’arrêt est conduit sans délai dans l’établissement
82

pénitentiaire indiqué sur le mandat, sous réserve des


dispositions de l’article 127, alinéa 1.
Le régisseur délivre à l’agent chargé de
l’exécution une reconnaissance de la remise de
l’inculpé ».

Il importe de retenir que le mandat d’arrêt et le


mandat de dépôt peuvent entraîner la détention préventive
de l’inculpé.

PARAGRAPHE 2 : Les pouvoirs d’instruction exercés


par les auxiliaires du juge d’instruction

Le JI ne peut pas toujours accomplir seul tous les


actes nécessaires pour mener à bien son information.
Tantôt ; il se heurte à des obstacles matériels (perquisitions
à effectuer à deux endroits simultanément pour être
efficaces), tantôt à des obstacles techniques (certaines
constatations ne peuvent être utilement faites que par des
spécialistes). Ainsi, dans sa mission, le juge est souvent
amené à utiliser le système des commissions rogatoires et
à s’adresser à des experts.

A°/ Les commissions rogatoires

1. Les personnes pouvant recevoir les


commissions rogatoires
83

Il se dégage des dispositions de l’art. 144 du


CPPN op cité que peuvent recevoir les commissions
rogatoires, les autres juges d’instruction et les officiers de
PJ. Ces personnes procèdent aux actes d’information que
le JI estime nécessaires, dans les lieux soumis à la
juridiction de chacun d’eux.

2. Les actes pouvant faire l’objet d’une


commission rogatoire

Aux termes de l’art. 144 in fine du CPPN, la


commission rogatoire « ne peut prescrire que des actes
d’instruction se rattachant directement à la répression de
l’infraction visée aux poursuites ». Toutefois, le JI ne
peut délivrer des commissions rogatoires générales qui
équivaudraient à une abdication de ses pouvoirs ou qui
autoriseraient à rechercher n’importe quelle infraction
(crim. 21 mars 1957, D. 1957, 482). Le juge ne peut non
plus jamais déléguer le soin de décerner des mandats.

En outre, l’art. 145 al. 2 précise que « toutefois,


les officiers de police judiciaire ne peuvent procéder aux
interrogatoires et confrontations des inculpés »

Selon l’art. 144 al. 2 du CPPN, « la commission


rogatoire indique la nature de l’infraction, objet
des poursuites. Elle est datée et signée par le
magistrat qui la délivre et revêtue de son sceau ».

B°/ L’expertise
84

Des raisons techniques obligent parfois le juge à


faire faire certaines constatations par certaines personnes,
en leur posant des questions précises et en demandant à
être éclairé sur certains points que le technicien pourra
l’aider à élucider.

1. Le choix des experts

D’entrée, il faut noter que le juge ordonne


généralement l’expertise d’office ou à la demande du
ministère public. Mais, selon l’al. 2 de l’art. 149 du
CPPN, « lorsque le juge d’instruction estime ne pas
devoir faire droit à une demande d’expertise, il doit
rendre une ordonnance motivée »

« Les experts sont choisis sur une liste dressée par


chaque tribunal au début de l’année judiciaire.
Dans tous les cas, les juridictions peuvent, par
décision motivée, choisir un expert ne figurant sur
aucune liste ». Art. 150 du CPPN. Et, d’après l’art 152
dudit code, « …les experts prêtent, devant le tribunal qui
les a inscrits, serment d’accomplir leur mission, de faire
leur rapport et de donner leur avis en leur honneur et
conscience… ».

2. Le déroulement de l’expertise

Aux termes de l’art. 151 al. 1 du CPPN, « la


mission des experts, qui ne peut avoir pour objet que
85

l’examen de questions d’ordre technique, est précisée


dans la décision qui ordonne l’expertise ».

Ensuite, selon l’art. 153 al. 3 du CPPN « les


experts doivent remplir leur mission en liaison avec le
juge d’instruction ou le magistrat délégué ; ils doivent le
tenir au courant du développement de leurs opérations et
le mettre à même de prendre à tout moment toutes
mesures utiles ».

Enfin, l’article 156 du CPPN dispose que « les


experts peuvent recevoir, à titre de renseignements et
pour l’accomplissement strict de leur mission, les
déclarations de personnes autres que l’inculpé. S’ils
estiment qu’il y a lieu d’interroger l’inculpé, et sauf
délégation motivée délivrée à titre exceptionnel par le
magistrat, il est procédé à cet interrogatoire, en leur
présence, par le juge d’instruction ou le magistrat
désigné par la juridiction en observant dans tous les cas
les formes et conditions prévues par les articles 112 et
113.
Toutefois, les médecins experts chargés d’examiner
l’inculpé peuvent lui poser les questions nécessaires à
l’accomplissement de leur mission hors la présence du
juge et des conseils ».

SECTION III : Les pouvoirs de juridiction du juge


d’instruction

Le JI possède des pouvoirs de juridiction qui lui


permettent de prendre des décisions par ordonnance.
86

PARAGRAPHE 1 : Le domaine des pouvoirs de


juridiction du juridiction

Le JI est amené à exercer, au cours de


l’information, ses pouvoirs de juridiction en différentes
occasions : à l’ouverture de l’information, au cours de
l’information et à la fin de l’information.

A°/ Lors de l’ouverture de l’information

Saisi d’un réquisitoire, le juge peut rendre une


ordonnance de refus d’informer, s’il apparaît d’ores et
déjà, des termes mêmes du réquisitoire, que le fait ne
tombe pas sous le coup de la loi pénale ou que l’action
publique est déjà éteinte. S’il s’agit d’une plainte avec
constitution de partie civile, il pourrait constater
l’irrecevabilité de cette constitution.

Par contre, si le juge d’instruction admet le bien


fondé de la constitution de partie civile, il fixe par une
ordonnance de soit informé le montant de la consignation
à effectuer.

Enfin, il peut rendre une ordonnance


d’incompétence, s’il constate que l’affaire n’est pas de son
ressort. (voir l’art. 85 op citée).
B°/ Au cours de l’information

Au cours de l’information, le JI est amené à rendre de


nombreuses ordonnances :
87

- Ordonnance de refus d’exécuter un acte


d’instruction sollicité par le procureur de la
République ou les parties ;
- Ordonnance de soit-communiqué ordonnant la
transmission du dossier au procureur de la
République ;
- Ordonnance nommant des experts ou leur
accordant un délai supplémentaire ;
- Ordonnance de mise en détention préventive ;
- Ordonnance statuant sur les demandes de mise en
liberté provisoire ;
- Ordonnance accordant ou refusant la restitution
des objets et documents saisis.

C°/ A la clôture de l’information

A la fin de l’information, le JI est appelé à investir


ses compétences dans la suite à donner aux poursuites.
Après avoir communiqué le dossier au procureur de la
République afin de recevoir de celui-ci un réquisitoire
définitif, le juge procède à la clôture de son information
par une ordonnance de règlement (ou de clôture).

Cette ordonnance doit être motivée, et elle est prise


après l’accomplissement par le juge de certaines
formalités. Selon l’art. 166 du CPPN « aussitôt que
l’information lui paraît terminée, le juge d’instruction
communique le dossier au procureur de la République.
Les avocats de l’inculpé et de la partie civile en sont
avisés immédiatement par lettre avec accusé de
réception.
88

Le procureur de la République doit lui agresser


ses réquisitions dans un délai de trois jours si l’inculpé
est détenu et de quinze jours dans les autres cas. Il est
tenu à l’expiration de ces délais de restituer le dossier au
juge d’instruction.
Le juge d’instruction qui ne reçoit pas de
réquisitions dans le délai prescrit rend l’ordonnance de
règlement ».

Cette ordonnance peut décider soit la cessation des


poursuites (ordonnance de non-lieu), soit leur
continuation devant la juridiction de jugement
(ordonnance de renvoi ou ordonnance de transmission
des pièces au procureur général). Les règles régissant les
ordonnances de règlement sont contenues aux articles 166
à 176 du CPPN.

PARAGRAPHE 2 : Contrôle de l’exercice des


pouvoirs de juridiction du juge d’instruction

Le contrôle des actes de juridiction du JI se fait au


moyen d’une voie de recours dirigée contre l’ordonnance
rendue.

A°/ L’appel des ordonnances du juge


d’instruction

Il faut d’abord signaler que seules les ordonnances


juridictionnelles du juge peuvent faire l’objet d’appel,
89

contrairement aux ordonnances administratives. Est


juridictionnelle, l’ordonnance par laquelle le juge choisit
entre diverses solutions que lui propose la loi ou les
parties, ces dernières agissant expressément ou
implicitement.

Le droit d’appel appartient au MP, à l’inculpé et


également à la partie civile. « Le procureur de la
République a le droit d’interjeter appel devant la
chambre d’accusation de toute ordonnance du juge
d’instruction.
Cet appel, formé par déclaration au greffe du
tribunal de première instance, doit être interjeté dans les
trois (3) jours francs à compter du jour de la notification
de l’ordonnance si cette dernière a été rendue par le juge
d’instruction du tribunal régional (grande instance). Si
elle a été rendue par un juge de section ou délégué
(d’instance), ès qualités de juge d’instruction, le délai
sera le même mais il aura pour point de départ le jour de
la réception de l’ordonnance au parquet du procureur de
la République sans pouvoir excéder deux (2) mois à
compter de la signature de l’ordonnance », art. 177 al. 1
et 2 du CPPN. Le MP a le droit d’appel le plus étendu.

Selon l’al. 4 du même article, « Le droit d’appel


appartient également dans tous les cas au procureur
général. Cet appel, formé par déclaration au greffe de la
cour d’appel, doit être interjeté dans les trois (3) jours
francs à compter du jour de la réception de l’ordonnance
au parquet du procureur général, sans que ce délai
puisse toutefois excéder deux (2) mois à compter de la
date de la signature de l’ordonnance. La déclaration
90

d’appel est inscrite au greffe de la cour d’appel et une


expédition en est transmise sans délai au greffe du
tribunal régional, de la section (grande instance) ou de
la délégation judiciaire (instance), suivant que
l’ordonnance a été rendue par un juge d’instruction, un
juge de section ou un juge délégué ».

Le droit d’appel de l’inculpé est moins étendu que


celui du MP. Les ordonnances dont il peut faire appel sont
prévues à l’art. 178 du CPPN al. 1 qui dispose que « le
droit d’appel appartient à l’inculpé contre les
ordonnances prévues par les articles 82 et 134 ». Citons,
à titre d’exemple, l’ordonnance de mise en détention
préventive, l’ordonnance admettant, malgré sa
contestation, la recevabilité de la constitution de partie
civile.
Le cas dans lesquels la partie civile peut faire appel
sont également prévus à l’article 178 précité. Cet article
précise également que « la partie civile peut interjeter
appel des ordonnances de non informer, de non-lieu et
des ordonnances faisant grief à ses intérêts civils.
Toutefois, son appel ne peut, en aucun cas, porter sur
une ordonnance ou sur la disposition d'une ordonnance
relative à la détention de l’inculpé ».

Selon l’article 178 al. 4, « L’appel de l’inculpé et


de la partie civile doit être formé par déclaration au
greffe du tribunal, dans les cinq (5) jours francs de la
notification qui leur est faite conformément à l’art. 174
ci-dessus. Copie de l’acte d’appel doit être aussitôt remise
à l’appelant. Si l’inculpé est détenu, sa déclaration
d’appel est transmise par l’intermédiaire du régisseur de
91

la prison dans les conditions prévues à l’article 493.


Récépissé de la déclaration d’appel doit être transmis à
l’appelant détenu après la transcription de la déclaration
d’appel sur le registre ».

B°/ Les effets de l’appel

L’appel interjeté contre l’ordonnance du juge


d’instruction n’a pas pour effet de suspendre le cours de
l’instruction. En effet, « lorsqu’il est interjeté appel d’une
ordonnance autre qu’une ordonnance de règlement, le
juge d’instruction peut poursuivre son information sauf
décision contraire de la chambre d’accusation », art. 179
du CPPN. Toutefois, l’appel suspend en principe
l’exécution de la décision attaquée. Le délai d’appel lui-
même est suspensif. Ainsi, l’ordonnance accordant la mise
en liberté provisoire ne pourra être exécutée qu’à
l’expiration du délai d’appel du procureur de la
République (on n’attend pas l’expiration du délai d’appel
du procureur général), sauf si le procureur de la
République consent à la liberté immédiate ; c’est en tout
cas ce qui ressort des dispositions de l’article 178 al. 6 qui
dispose que « en cas d’appel du ministère public,
l’inculpé détenu est maintenu en prison jusqu’à ce qu’il
ait été statué sur l’appel et, dans tous les cas, jusqu’à
l’expiration du délai d’appel de quarante huit heures du
procureur de la République, à moins que celui-ci ne
consente à la mise en liberté immédiate ».

Cependant, les décisions de mise en détention


préventive ou prolongeant celle-ci, s’exécutent nonobstant
appel.
92

L’appel a également pour effet, de saisir la


chambre d’accusation : c’est l’effet dévolutif. En matière
de détention préventive, la chambre d’accusation ne peut
que confirmer ou infirmer la décision du juge d’instruction
(art. 200 al. 1 du CPPN). « Lorsque, en toute matière, la
chambre d’accusation infirme une ordonnance du juge
d’instruction, elle peut soit évoquer et procéder dans les
conditions prévues aux articles 193, 194, 197 et 198, soit
renvoyer le dossier au juge d’instruction ou à tel autre
afin de poursuivre l’information », art. 200 al. 2 du
CPPN.

CHAPITRE 3 : L’INSTRUCTION PAR LA


CHAMBRE D’ACCUSATION

Au cours de l’instruction préparatoire, la CA


intervient en exerçant d’importants pouvoirs,
principalement par le contrôle des actes d’instruction et de
juridiction du juge.
93

SECTION I : LE CONTROLE DES ACTES


D’INSTRUCTION DU JUGE

PARAGRAPHE 1 : Le contrôle de l’opportunité des


actes d’instruction

Il convient d’abord de rappeler le pouvoir que le


CPPN confère personnellement au président de la CA.
Celui-ci doit en effet s’assurer du bon fonctionnement des
cabinets d’instruction du ressort de la cour, et s’employer
à ce que les procédures ne subissent aucun retard injustifié
(cf. art. 213 al. 1 du CPPN à la page 52 ci-dessus).

Ensuite, chaque fois qu’elle est saisie d’une affaire,


la CA peut contrôler, à cette occasion, la façon dont
l’instruction est conduite. Ainsi, « la chambre
d’accusation peut, dans tous les cas, à la demande du
procureur général, d’une des parties ou même d’office,
ordonner tout acte d’information complémentaire
qu’elle juge utile et notamment décerner tous
mandats », art. 193 al. 1 du CPPN.

D’après l’article 194 al. 1, «elle peut, d’office ou


sur réquisitions du procureur général, ordonner qu’il
soit informé à l’égard des inculpés ou prévenus renvoyés
devant elle sur tous les chefs de crimes, de délits, de
contraventions, principaux ou connexes, résultant du
dossier de la procédure, qui n’auraient pas été visés par
l’ordonnance du juge d’instruction ou qui auraient été
distraits par une ordonnance du juge d’instruction ou
qui auraient été distraits par une ordonnance
comportant non-lieu partiel, disjonction ou renvoi
94

devant la juridiction correctionnelle ou de simple


police ». En outre, « la chambre d’accusation peut
également, quant aux infractions résultant de du dossier
de la procédure, ordonner que soient inculpées, dans les
conditions prévues à l’article 198, des personnes qui
n’ont pas été renvoyées devant elle, à moins qu’elles
n’aient fait l’objet d’une ordonnance de non-lieu
devenue définitive.
Cette décision ne pourra faire l’objet d’un
pourvoi en cassation », art. 197 du CPPN. Enfin, « elle
peut également, dans tous les cas, le ministère public
entendu, prononcer d’office la mise en liberté de
l’inculpé », art. 193 al. 2 du CPPN.

PARAGRAPHE 2 : Le contrôle de la régularité des


actes d’instruction

Qu’ils aient été accomplis par le JI lui-même ou par


ses auxiliaires, peuvent être atteints de nullités lorsqu’ils
sont irréguliers du fait que certaines dispositions légales
n’ont pas été observées.

A°/ Les causes de nullité des actes d’instruction


et la mise en œuvre de cette nullité

Il existe deux séries de nullités : les nullités


textuelles et les nullités substantielles.

Les nullités textuelles résultent des violations des


règles que la loi a imposées « à peine de nullité ». IL en
est ainsi des règles relatives aux perquisitions et visites
domiciliaires et saisies (cf. les articles 69, 70, 71 du CPPN
95

ci-dessus cités), ainsi que les articles 108 et 112 dont l’art.
161 al. 1 précise que les dispositions « doivent être
observées à peine de nullité ». Elles peuvent être
demandées par les parties, par le PR ou par le JI lui-même.

Les nullités substantielles ou virtuelles (les articles


168 et suivants du CPPN). A propos de ces nullités, l’art
163 al. 1 du CPPN les assimile « notamment au cas de
violation des droits de la défense ». La cour de cassation
française considère elle aussi, comme nullité substantielle,
toutes les formes nécessaires au respect du droit de la
défense : le réquisitoire introductif non signé, la
commission rogatoire non datée ou générale,
l’interrogatoire de première comparution, l’inculpé
entendu sous serment, etc. Elles ne peuvent être
demandées par les parties que « lorsque ces nullités ne
sont édictées que dans leur seul intérêt… » (cf. art 163
al. 3 du CPPN). Donc elles ont un caractère d’ordre public
même à l’égard des parties. Notons aussi que toutes les
deux séries de nullités ont un caractère d’ordre public à
l’égard du PR et du JI.
En principe, la nullité des actes d’instruction peut
être demandée par la JI ou par le procureur de la
République. En effet, aux termes de l’article 162 du
CPPN dispose que « s’il apparaît au juge d’instruction
qu’un acte de l’information est frappé de nullité, il saisit
la chambre d’accusation en vue de l’annulation de cet
acte, après avoir pris l’avis du procureur de la
République et en avoir avisé l’inculpé et la partie civile.
Si c’est le procureur de la République qui estime
qu’une nullité a été commise, il requiert du juge
d’instruction communication de la procédure en vue de
96

sa transmission à la chambre d’accusation et présente


requête aux fins d’annulation à cette chambre.
Dans l’un ou l’autre cas, la chambre
d’accusation procède comme il est dit à l’article 199 ».

Quant à l’inculpé et la partie civile, l’article 161 al.


2 précise seulement que « la partie envers laquelle les
dispositions de ces articles ont été méconnues peut
renoncer à s’en prévaloir et régulariser ainsi la
procédure. Cette renonciation doit être expresse. Elle ne
peut être donnée qu’en présence du conseil, s’il y en a
un, ou ce dernier dûment appelé ». Il s’agit des art. 108
et 112 relative aux interrogatoires et confrontations, car le
premier alinéa de l’art. 162 stipule que « les dispositions
prescrites aux articles 108 et 112 doivent être observées
à peine de nullité tant de l’acte lui-même de la procédure
ultérieure ».

La nullité des actes d’instruction peut également


être relevée d’office par la chambre d’accusation. C’est ce
qui ressort de l’article 199 al.2 du CPPN en ces termes :
«si elle découvre une cause de nullité, elle prononce la
nullité de l’acte qui en est entaché et, s’il y échait, celle
de tout ou partie de la procédure ultérieure ».

Il importe de savoir que la nullité des actes de


l’instruction préparatoire peut être évoquée devant la
juridiction correctionnelle. Néanmoins, l’article 165 al. 2
précise que « toutefois, les juridictions correctionnelles
ou de simple police ne peuvent prononcer l’annulation
des procédures d’instruction lorsque celles-ci ont été
renvoyées devant elles par la chambre d’accusation ».
97

B°/ Les effets de la nullité

D’après l’article 164, « Les actes annulés sont


retirés du dossier d’information et classés au greffe de la
cour d’appel. Il est interdit d’y puiser aucun
renseignement contre les parties au débat à peine de
sanction disciplinaire pour les magistrats et de
poursuites devant leur chambre de discipline pour les
défenseurs ». Donc, les actes annulés doivent être retirés
du dossier, et personne n’a le droit de s’y référer. Mais, il
est possible de que la nullité ne se borne pas à l’acte en
question ; elle peut s’étendre à une partie de la procédure
ou même à l’intégrité de celle-ci. L’étendue de la nullité
est déterminée par la chambre d’accusation (cf. l’art. 199
al. 2 précité).

SECTION II : LE CONTROLE DES ACTES DE


JURIDICTION DU JUGE D’INSTRUCTION

De manière général, la loi a prévu un contrôle des


actes de juridiction effectué au moyen d’une voie de
recours, l’appel, dirigé contre l’ordonnance rendue et
saisissant la CA. En outre, quand le JI a retenu au terme de
son information une qualification criminelle, la loi a
organisé des modalités particulières de contrôle de sa
décision.

L’appel dirigé contre les ordonnances du juge


ayant été précédemment étudié, il importe de donner, dans
98

la présente section, une vue de la procédure devant la CA


et du contrôle des ordonnances de clôture visant une
qualification criminelle.

PARAGRAPHE 1 : La procédure devant la chambre


d’accusation

En cas d’appel, la CA est saisie par le PG, sur la


transmission du dossier que le PR a faite à ce magistrat.
Cela ressort des dispositions de l’al. 5 de l’art 178 du
CPPN en ces termes « le dossier de l’information est
transmis avec l’avis motivé du procureur de la
République au procureur général qui procède ainsi qu’il
est dit aux articles 186 et suivants ».

L’art. 186 dit que « le procureur général met


l’affaire en état dans les cinq (5) jours francs de la
réception des pièces en matière de détention provisoire et
dans les trente (30) jours en toute autre matière. Il la
soumet avec son réquisitoire à la chambre
d’accusation ». Il faut dire qu’au Bénin, l’affaire doit être
mise en état dans les 48 heures en matière de détention
préventive et 30 jours en d’autres matières (art 172 du
CPPB).

L’alinéa 2 de l’article 186 précité ajoute que


« celle-ci (la chambre d’accusation) doit, en matière de
détention provisoire, se prononcer dans les plus brefs
délais et au plus tard dans les trente (jours) de l’appel,
faute de quoi l’inculpé est mis d’office en liberté
provisoire, sauf si des vérifications concernant sa
demande ont été ordonnées ou si des circonstances
99

imprévisibles et insurmontables mettent obstacle au


jugement de l’affaire dans le délai prévu au présent
article ».

Devant la CA, la procédure reste secrète. En effet,


aux termes de l’art. 191 du CPPN « les débats se
dérouleront et l’arrêt est rendu en chambre du conseil ».
Le même article précise en son alinéa 2 qu’« après le
rapport d’un des membres de la chambre, le procureur
général présente des observations sommaires ».

Il convient de signaler que « la chambre


d’accusation peut ordonner la comparution personnelle
des parties ainsi que l’apport des pièces à conviction »,
art. 191 al. 3 du CPPN.

L’article 192 prévoit que « lorsque les débats sont


terminés, la chambre d’accusation délibère sans qu’en
aucun cas le procureur général, les parties, leurs
conseils et le greffier puissent être présents ». La
décision de la CA est rendue par arrêt.

PARAGRAPHE 2 : Le contrôle des ordonnances de


clôture visant une qualification criminelle

Aux termes de l’article 172 al. 1 du CPPN, « si le


juge d’instruction estime que les faits constituent une
infraction qualifiée crime par la loi, il ordonne que le
dossier de la procédure et un état des pièces servant à
conviction soient transmis sans délai par le procureur de
la République au procureur général près la cour d’appel,
100

pour être procédé ainsi qu’il est dit au chapitre de la


chambre d’accusation ». Le procureur général saisit donc
la chambre d’accusation qui pourra prononcer la mise en
accusation ou le non-lieu.

A°/ L’arrêt de non-lieu et l’arrêt de mise en


accusation

Saisie par la PG, la CA prend connaissance de la


procédure, vérifie si l’information a rapporté contre
l’inculpé des charges suffisantes, ordonne, si cela se révèle
nécessaire, tous suppléments d’information utiles pour
compléter la procédure. Après débats, « si la chambre
d’accusation estime que les faits ne constituent ni crime,
ni délit, ni contravention ou si l’auteur est resté inconnu
ou s’il n’existe pas de charges suffisantes contre
l’inculpé, elle déclare qu’il n’y a lieu à suivre », elle rend
ainsi un arrêt de non-lieu. Article 205 al . 1 du CPPN.

Par contre, selon l’article 207 du CPPN, « si les


faits retenus à la charge des inculpés constituent une
infraction qualifiée crime par la loi, la chambre
d’accusation prononce la mise en accusation devant la
cour d’assises.
Elle peut saisir également cette juridiction des
infractions connexes ».

« L’arrêt de mise en accusation contient, à peine


de nullité, l’exposé et la qualification légale des faits,
objet de l’accusation », art.208 al. 1 du CPPN.
101

Il faut noter que selon l’article 206, « si la


chambre d’accusation estime que les faits constituent un
délit ou une contravention, elle prononce le renvoi de
l’affaire dans le premier cas devant le tribunal
correctionnel, dans le second cas devant le tribunal de
simple police. En cas de renvoi devant la tribunal
correctionnel, si l’emprisonnement est encouru, et sous
réserve des dispositions de l’article 132, le prévenu arrêté
demeure en état de détention.
En cas de renvoi devant le tribunal de simple
police, le prévenu est mis en liberté ».

B°/ Les effets des arrêts de non-lieu et de mise


en accusation

Lorsque par un arrêt de non-lieu, la CA juge qu’il


n’y a lieu à suivre, « les inculpés préventivement détenus
sont mis en liberté », art. 205 al. 2 du CPPN.

Les effets les plus importants sont ceux de l’arrêt


de mise en accusation.

L’arrêt de mise en accusation, une fois définitif,


purge les vices de l’instruction préparatoire (art. 162 –voir
p.81 si-dessus- et 587 « En matière criminelle, l’arrêt de
renvoi de la chambre d’accusation, devenu définitif, fixe
la compétence de la cour d’assises et couvre, s’il en
existe, les vices et la procédure antérieure »). Ainsi donc
l’arrêt de mise en accusation a également pour effet de
fixer la compétence de la cour s’assises. Il n’est possible
de contester ni la compétence territoriale (cas de la France
102

où il y a plusieurs cours d’assises), ni la compétence


d’attribution de la cour d’assises.

Tous ces effets ne sont attachés qu’à l’arrêt de mise


en accusation définitif. Or, cet arrêt peut être attaqué par
la voie du pourvoi en cassation pour violation de la loi.
D’après l’article 584 du CPPN, « Les arrêts de la
chambre d’accusation ainsi que les arrêts et jugements
rendus en dernier ressort par les juridictions de
jugement, lorsqu’ils sont revêtus des formes prescrites
par la loi, ne peuvent être cassés que pour violation de la
loi ».

TITRE 4 : LA PHASE DE
JUGEMENT ET LES VOIES DE
RECOURS
103

La phase du jugement suit


normalement celle de l’instruction
préparatoire. Cependant, il est possible
qu’elle soit au contraire abordée
directement, sans qu’il y ait eu de phase
d’instruction.

CHAPITRE 1 : LES JURIDICTION DE JUGEMENT

A la différence des juridictions d’instruction dont


le rôle est de rassembler et d’apprécier les preuves et de
décider de la suite à donner à la poursuite, les juridictions
de jugement ont pour mission de prononcer la sentence
définitive.

SECTION I: L’ORGANISATION DES


JURIDICTIONS DE JUGEMENT

Au plan de leur organisation, ces juridictions sont


caractérisées par la distinction des juridictions de droit
commun et les juridictions d’exception.

PARAGRAPHE 1 : Les juridictions de droit commun


104

Il s’agit notamment, en droit positif nigérien, du


tribunal de simple police, du tribunal correctionnel, la cour
d’appel, la cour d’assises et la cour de cassation.

A°/ Le tribunal de simple police et le tribunal


correctionnel

Ces deux (2) juridictions ont la même


composition :

- Un président,
- Un représentant du MP,
- Un greffier.

Il s’agit donc des juridictions à juge unique. Le


tribunal de simple police connaît exclusivement de
contravention. Le tribunal correctionnel connaît quant à
lui des infractions qualifiées de délits. Il peut cependant
connaître des contraventions et des délits qui forment un
ensemble indivisible (cf. l’art. 380 du CPPN). Leur
ressort correspond à celui du tribunal d’instance ou de
grande instance.

B°/ La cour d’assises

Il s’agit d’une juridiction très originale que se


distingue surtout par sa composition. Elle ne peut être
saisie que par un arrêt de mise en accusation de la chambre
d’accusation de la cour d’appel. Elle a la plénitude de
juridiction, c’est-à-dire qu’elle a compétence pour juger
toutes les infractions connexes au crime principal. L’art.
223 du CPPN dispose « la cour d’assises a plénitude de
105

juridiction pour juger les individus renvoyés devant elle


par l’arrêt de mise en accusation.
Elle ne peut connaître d’aucune autre
accusation »
Ainsi, la règle selon laquelle « le juge de l’action
est le juge de l’exception » s’applique également devant
la cour d’assises. Elle tient des sessions semestrielles. « La
tenue des assises a lieu tous les six mois », art. 226 du
CPPN. Toutefois, « le président de la cour d’appel peut,
après avis du procureur général, ordonner qu’il soit
tenu, au cours d’un même semestre, une ou plusieurs
sessions supplémentaires », art. 227 du CPPN. Elle siège
dans chaque tribunal de grande instance. « La cour
d’assises comprend : la cour proprement dite (magistrats
professionnels) et le jury (magistrats occasionnels) ».

1°) La cour proprement dite

« La cour proprement dite comprend : le


président et deux conseillers », art. 234 du CPPN.

« La cour d’assises est présidée par le président


ou par un conseiller de la cour d’appel », art. 235 dudit
code.

Selon l’art. 238 al. 1, « Les conseillers sont au


nombre de deux ».
Le second alinéa Précise que « Toutefois, il peut
leur être adjoint un ou plusieurs conseillers
supplémentaires, si la durée ou l’importance de la
session rendent cette mesure nécessaire ». Quant à
l’alinéa 3, il précise que « les conseillers supplémentaires
106

siègent aux audiences. Ils ne prennent part aux


délibérations qu’en cas d’empêchement d’un conseiller
titulaire, constaté par ordonnance motivée du président
de la cour d’assises ». « Les conseillers sont choisis soit
parmi les conseillers de la cour d’appel, soit parmi les
autres magistrats du siège », art. 239 du CPPN.

2°) Le jury

« Peuvent seuls remplir les fonctions de juré, les


citoyens citoyen de l’un ou l’autre sexe, âgés de vingt-
cinq ans, sachant lire et écrire en français, jouissant des
droits politiques, civils et de famille, et ne se trouvent
dans aucun des cas d’incapacité ou d’incompabilité
énumérée par les deux articles suivants (il s’agit des art.
246 et 247 du CPPN précisant les personnes incapables
d’être jurés) ». « Il est établi annuellement dans le ressort
de chaque cour d’assises une liste du jury criminel », art
249 du CPPN.

C°/ La cour d’appel

La chambre d’appel de la cour d’appel est


compétente pour connaître des appels interjetés contre les
jugements rendus par les tribunaux correctionnels et de
simple police.

D°) La cour de cassation

La cour de cassation a pour rôle de veiller à


l’application des lois, aussi bien des lois de fond que des
lois de forme. La cour de cassation est saisie du pourvoi
107

en cassation ou du pourvoi en révision exercé contre les


décisions rendues en dernier ressort.

PARAGRAPHE 2 : Les juridictions répressives


d’exception ou spécialisées

Il s’agit de la haute cour de justice, des juridictions


pour mineurs et le tribunal militaire.

A°/ La haute cour de justice

Elle est compétente pour juger le président de la


République en raison des actes de haute trahison et les
membres du gouvernement dans l’exercice de leur
fonction. L’article 139 de la constitution de la septième
République stipule que « la Haute Cour de Justice est une
institution non permanente composée de :
- Quatre (4) magistrats du siège dont deux (2) désignés
par la cour de Cassation, un (1) par le conseil d’Etat et
un (1) par la cour des comptes ;
-trois (3) députés que l’Assemblée nationale élit en son
sein après chaque renouvellement général.
La cour élit en son sein un Président parmi les
magistrats membres de celle-ci.
La commission d’instruction est composée de
trois (3) magistrats désignés par le président de la cour
de cassation.
Les fonctions du ministère public près la Haute
Cour de Justice sont exercées par le Procureur Général
près la cour de cassation et un substitut général près
ladite cour.
108

Les membres de la Haute Cour de Justice sont


inamovibles pour la durée de la législature.
Ils sont désignés avant la fin de la première
session ordinaire de la première législature ».

Article 140 « La Haute Cour de Justice est compétente


pour juger le Président de la République à raison des
faits qualifiés de haute trahison, d’infractions commises
dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses
fonctions, ainsi que pour juger ses complices en cas de
complot contre la sûreté de l’Etat.
Il y a haute trahison lorsque le Président de la
République viole son serment, refuse d’obtempérer à un
arrêt de la Cour constitutionnelle, est reconnu auteur,
coauteur ou complice de violations graves et
caractérisées des droits de l’Homme, de cession
frauduleuse d’une partie du territoire national, de
compromission des intérêts nationaux en matière de
gestion des ressources naturelles et minières et
d’introduction de déchets toxiques sur le territoire
national.
Lorsque le Président de la République est
reconnu coupable du crime de haute trahison, il est
déchu de ses fonctions.
La déchéance est constatée par la Cour
constitutionnelle au terme de la procédure devant la
Haute Cour de Justice conformément aux dispositions de
la présente constitution.
La Haute Cour de Justice est compétente pour
juger les membres du gouvernement à raison de faits
qualifiés crimes ou délits commis dans l’exercice ou à
l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.
109

Les juridictions de droit commun restent


compétentes pour les crimes commis par le Président de
la République en dehors de l’exercice de ses fonctions ».

B°/ Les juridictions pour mineurs

Elles sont compétentes pour connaître des


infractions commises par les mineurs. La loi instituant les
juridictions pour mineurs insiste particulièrement sur le
caractère exceptionnel de la détention. Elle privilégie la
réinsertion du mineur et sa rééducation dans un centre
spécialisé ou dans le cadre familial.

C°/ Le tribunal militaire

Il est compétent pour connaître des infractions


commises par les militaires.

SECTION II : LA COMPETENCE DES


JURIDICTIONS DE JUGEMENT

Lorsqu’une infraction a été commise, il faut


déterminer quelle est, parmi toutes les juridictions de
jugement, celle qui sera spécialement appelée à juger
l’auteur. La compétence est donc « l’aptitude d’une
juridiction déterminée à connaître d’un procès donné ».

PARAGRAPHE 1 : La compétence matérielle

La compétence matérielle des juridictions de


jugement est réglée par l’article 362 du CPPN. Ainsi, « le
tribunal correctionnel connaît des délits ». Toutefois, les
110

délits commis par les mineurs de 18 ans échappent à la


compétence du tribunal correctionnel et relèvent de celle
du tribunal pour mineurs statuant en matière
correctionnelle.

En droit français, les contraventions, même


commises par les mineurs, relèvent de la compétence du
tribunal de simple police.

B°/ La cour d’appel

La chambre des appels correctionnels de la cour


d’appel est compétente pour statuer sur les appels
interjetés contre les jugements rendus en première instance
par les tribunaux correctionnels. Elle est également
compétente pour juger les infractions commises à son
audience (cf. les art. 482 et suivants). L’article 482 du
CPPN dispose que « les jugements rendus en matière
correctionnelle peuvent être attaqués par la voie de
l’appel »

C°/ La cour d’assises

Aux termes de l’article 223 al. 1 du CPPN, « la


cour d’assises a la plénitude de juridiction pour juger les
individus renvoyés devant elle par l’arrêt de mise en
accusation ». Cela veut dire que la cour d’assises est
compétente, non seulement pour juger les crimes, mais
même pour les délits et les contraventions dont elle a pu
être saisie à la suite d’une erreur de qualification commise
par la chambre d’accusation.
111

D°/ La Cour de cassation

La CC statuant en matière pénale est compétente


pour statuer sur les pourvois formés contre les décisions
rendues en dernier ressort. Selon l’art. 563 du CPPN, « les
arrêts de la chambre d’accusation et les arrêts et
jugements rendus en dernier ressort en matière
criminelle, correctionnelle et de simple police peuvent
être annulés en cas de violation de la loi sur pourvoi en
cassation formé par le ministère public ou par la partie à
laquelle il est fait grief, suivant les distinctions qui vont
être établies.
Le recours est porté devant la chambre judiciaire
de la cour suprême ».

PARAGRAPHE 2 : La compétence territoriale

La compétence territoriale des juridictions de


jugement ne présente un intérêt qu’en ce qui concerne le
tribunal correctionnel. En effet, au stade actuel de notre
organisation judiciaire, il existe deux cours d’appel
(Niamey et Zinder) et une cour d’assises siégeant dans
toutes les régions, une fois par semestre (souvent plusieurs
fois par semestre suite à la demande du procureur général).
Quant aux tribunaux correctionnels, l’art. 363 précise que
« est compétent le tribunal correctionnel du lieu de
l’infraction, celui de la résidence du prévenu ou celui du
lieu de l’arrestation de ce dernier, même lorsque cette
arrestation a été opérée pour une autre cause. Le
tribunal du lieu de la détention d’un condamné n’est
112

compétent que dans les conditions prévues au titre V du


livre IV, relatif aux renvois d’un tribunal à un autre.
La compétence du tribunal correctionnel s’étend
aux délits et contraventions qui forment avec l’infraction
déférée au tribunal un ensemble indivisible au sens de
l’article 196 ; elle peut aussi s’étendre aux délits et
contraventions connexes, au sens de l’article 195 ».

CHAPITRE 2 : LA PROCEDURE DEVANT LES


JURIDICTIONS DE JUGEMENT

Pour procéder au jugement du procès pénal, il faut


que la juridiction de jugement ait été régulièrement saisie.
Elle rend alors sa décision après des débats publics à
l’audience.

SECTION I : LA SAISINE DE LA JURIDICTION DE


JUGEMENT

Les différents modes de saisine des juridictions de


jugement sont prévus à l’article 369 du CPPN « le
tribunal correctionnel est saisi des infractions de sa
compétence, soit par le renvoi qui lui en est fait par la
juridiction d’instruction, soit, par la comparution
volontaire des parties, dans les conditions prévues par
l’article 370, soit par la citation délivrée directement au
prévenu et aux personnes civilement responsables de
l’infraction, soit enfin par application de la procédure de
flagrant délit prévue par les articles 374 à 379 ». Seuls
les modes de saisine les plus utilisés seront étudiés. « La
cour d’assises a plénitude de juridiction pour juger les
individus renvoyés devant elle par l’arrêt de mise en
113

accusation », article 223 al. 1 du CPPN. « Le tribunal


de simple police est saisi des infractions de sa
compétence soit par le renvoi qui lui en est fait par la
juridiction d’instruction, soit par la citation volontaire
des parties, soit par la citation délivrée directement au
prévenu et à la personne civilement responsable de
l’infraction » (voir aussi les articles 169, 170 et 171 du
CPPN).
PARAGRAPHE1 : La saisine par ordonnance de
renvoi ou arrêt de renvoi

Toutes les fois que la poursuite aura comporté une


information préparatoire, la juridiction de jugement
compétente sera saisie par une décision de renvoi prises
par les juridictions d’instruction notamment, l’ordonnance
de renvoi du juge d’instruction ou l’arrêt de renvoi de la
chambre d’accusation.

A°/ Saisine par ordonnance de renvoi

« Si le juge estime que les faits constituent une


contravention, il prononce le renvoi de l’affaire devant
le tribunal de simple police et le prévenu est mis en
liberté » (art. 169 du CPPN) ; « si le juge estime que les
faits constituent un délit, il prononce le renvoi de
l’affaire devant le tribunal correctionnel » (art. 170 al.
1du CPPN). Ainsi, selon l’article 171 du CPPN, « dans
le cas de renvoi, soit devant le tribunal de simple police,
soit devant le tribunal correctionnel, le juge d’instruction
transmet le dossier avec son ordonnance au procureur
114

de la République. Celui-ci est tenu de l’envoyer sans


retard au greffe du tribunal qui doit statuer.
Si la juridiction correctionnelle est saisie, le
procureur de la République doit faire donner assignation
au prévenu pour l’une des plus prochaines audiences, en
observant les délais de citation prévus au présent code ».

B°/ Saisine par arrêt de renvoi

Après son instruction, « si les faits retenues à la


charge des inculpés constituent une infraction qualifiée
crime par la loi, la chambre d’accusation prononce la
mise en accusation devant la cour d’assises.
Elle peut saisir également cette juridiction des
infractions connexes » (art. 207 du CPPN).

En outre, « hors le cas prévu à l’article 188, les


dispositifs des arrêts sont, dans les trois jours, par lettre
recommandée ou par voie administrative, portés à la
connaissance des conseils des inculpés et des parties
civiles.
Dans les mêmes formes et délais, les dispositifs
des arrêts de non-lieu sont portés à la connaissance des
inculpés, les dispositifs des arrêts de renvoi devant le
tribunal correctionnel ou de simple police sont portés à
la connaissance des inculpés et des parties civiles.
Les arrêts contre lesquels les inculpés ou les
parties civiles peuvent former un pourvoi en cassation
leur sont signifiés à la requête du procureur général dans
les trois jours » (art. 210 du CPPN).
115

PARAGRAPHE 2 : La saisine par citation directes

La citation directe est un exploit d’huissier.


L’alinéa 1 de l’article 547 du CPPN stipule que « la
citation est délivrée à la requête du ministère public, de
la partie civile et de toute administration qui y est
légalement habilitée. L’huissier doit déférer sans délai à
leur réquisition ».

Elle doit être délivrée suffisamment à l’avance


pour que le prévenu puisse organiser sa défense. Les délais
sont fixés par l’article 548 du CPPN qui dispose que « le
délai entre le jour où la citation est délivrée et le jour fixé
pour la comparution devant le tribunal correctionnel ou
de simple police est d’au moins huit jours si la partie citée
réside dans la ville où siège le tribunal, trente jours si elle
réside dans une circonscription limitrophe, quarante
cinq jours si elle réside en tout autre lieu du territoire de
la République du Niger.
Si la partie citée demeure hors du territoire visé à
l’alinéa précédent, ce délai est porté :
1) A soixante jours si elle
demeure en Afrique ou en
France ;
2) A quatre vingt dix jours si
elle demeure en tout autre
pays du monde ».

Elle doit être rédigée dans le respect des conditions


de forme prévues aux alinéas 2, 3, 4 et 5 de l’art. 547
précité : le fait poursuivi, les nom et prénom de la partie
civile, etc.
116

PARAGRAPHE 3 : La saisine par comparution en


flagrant délit

« En cas de délit flagrant, lorsque le fait est puni


d’une peine d’emprisonnement, et si le juge d’instruction
n’est pas saisi, le procureur de la République peut mettre
l’inculpé sous mandat de dépôt, après l’avoir interrogé
sur son identité et sur les faits qui lui sont reprochés »,
art. 65 al1 du CPPN. Le procureur de la République saisit
alors le tribunal correctionnel dans les conditions définies
à l’article 374 et suivants du CPPN.

SECTION II : L’audience et les débats

L’audience des juridictions de jugement présente


certains caractères fondamentaux qui l’opposent aux
autres phases du procès. Ces caractères se retrouvent
devant toutes les juridictions et la conduite des débats a
lieu selon un schéma presque uniforme.

PARAGRAPHE 1 : Les caractères fondamentaux de la


procédure à l’audience

La procédure devant la juridiction de jugement est


une procédure de type accusatoire. Elle est publique, orale
et contradictoire.

A°/ La publicité des débats


117

C’est un principe fondamental. Elle représente une


des plus solides garanties des droits de défense. Elle est
consacrée, dans notre droit, par les articles 293 et 386
(« les audiences sont publiques ») du CPPN.

Devant les juridictions de jugement, les débats ont


lieu oralement, et le greffier note sommairement le
déroulement régulier de l’audience.

B°/ Le caractère contradictoire des débats

Les débats sont contradictoires, c’est-à-dire que les


parties discutent sur un pied d’égalité, sous le contrôle du
président de la juridiction à qui sont confiées la direction
des débats et la police de l’audience. Toutes les parties (le
ministère public, la partie civile et la défense) ont les
mêmes droits, et notamment celui de poser des questions
aux témoins.

Toutefois, ce droit s’exerce sous le contrôle du


président de la juridiction. Cela découle de l’article 295
du CPPN qui dispose que « le président a la police de
l’audience et la direction des débats.
Il rejette tout ce qui tendrait à compromettre leur
dignité ou à les prolonger sans donner lieu d’espérer plus
de certitude dans les résultats ». Le premier alinéa de cet
article est identiquement repris par l’article 387,
concernant le tribunal correctionnel.
118

PARAGRAPHE 2 : Le déroulement des débats

Il comprend deux phases à savoir, l’instruction


définitive et le réquisitoire et enfin les plaidoiries.

A°/ L’instruction définitive

Qu’il y ait eu ou non une instruction préparatoire,


les débats à l’audience comportent une instruction, c’est-
à-dire un examen et une confrontation des preuves : le
prévenu ou l’accusé sera interrogé (cf. les art. 310 et
suivants et 449 du CPPN), au besoin avec l’aide d’un
interprète. Les témoins ou experts sont entendus, les
pièces à conviction sont examinées, etc.

B°/ Le réquisitoire et les plaidoiries

L’instruction définitive à l’audience est suivie du


réquisitoire du ministère public et des plaidoiries des
conseils. La parole est donnée en premier au conseil de la
partie civile qui présente la demande de celle-ci, puis, le
ministère public prononce son réquisitoire (et dépose au
besoin des conclusions écrites conformes aux instructions
qu’il a reçues). Enfin, les défenseurs (du prévenu et
éventuellement du civilement responsable) exposent leurs
plaidoiries. L’accusé ou le prévenu doit toujours avoir la
parole en dernier. C’est en tout cas ce qui ressort des
dispositions de l’article 446 du CPPN en ces termes
« l’instruction à l’audience terminée, la partie civile est
entendue en sa demande, le ministère public prend ses
119

réquisitions, la partie civilement responsable s’il y a lieu


et le prévenu présentent leur défense.
La partie civile et le ministère public peuvent
répliquer. Le prévenu ou son conseil auront toujours la
parole les derniers ».

Alors que devant la cour d’assises, l’assistance


d’un conseil est obligatoire, elle est facultative devant le
tribunal correctionnel.
Après les plaidoiries, la juridiction peut rendre son
jugement. Ce jugement donne lieu à une délibération.
L’article 448 du CPPN dispose que « le jugement est
rendu soit à l’audience même à laquelle ont eu lieu les
débats, soit à une date ultérieure.
Dans ce dernier cas, le président informe les parties
présentes du jour où le jugement sera prononcé ».
120

CHAPITRE 3 : LES VOIES DE RECOURS

Les décisions rendues par les juridictions de


jugement peuvent attaquées par les voies légales prévues
au CPPN. On distingue à ce sujet entre les voies de recours
ordinaires (l’opposition e l’appel), et les voies de recours
extraordinaires (le pourvoi en cassation et le pourvoi en
révision).

SECTION I : LES VOIES DE RECOURS


ORDINAIRES

Les voies de recours ordinaires ont pour but de


faire procéder à un nouvel examen de l’affaire. Elles
peuvent être exercées par toutes les parties et en toutes
circonstances. Constituent des voies de recours ordinaires,
l’opposition, la purge de contumace et l’appel.

PARAGRAPHE 1 : L’opposition et la purge de


contumace

Un principe d’équité élémentaire exige que nul ne


soit condamné sans avoir pu faire valoir ses arguments.
C’est pour cette raison que le code de procédure pénale a
organisé, contre les décisions des tribunaux correctionnels
et cours d’appels rendues par défaut, la procédure
d’opposition, tandis qu’à l’égard des décisions des cours
d’assises, le code a organisé la procédure de purge de la
contumace.
121

A°/ L’opposition

Avant de parler de l’opposition, il est nécessaire de


définir le jugement par défaut. Ainsi, l’article 473 du
CPPN dispose que « sauf les cas prévus par les articles
3965, 3986, 4017, 4028, 4039 et 41110, toute personne
régulièrement citée qui ne comparaît pas au jour et à
l’heure fixés par la citation est jugée par défaut, ainsi
qu’il est dit à l’article 399 ». Il en ressort ainsi que juger
par défaut, c’est juger un prévenu, une personne
civilement responsable ou une partie civile à son absence.

Cette voie de recours est dite de rétractation dans


la mesure où elle a pour effet de saisir de nouveau la même
juridiction pour lui demander de rétracter sa précédente
décision.

L’opposition n’est recevable que contre les


décisions par défaut. Seuls peuvent faire opposition le
prévenu, la personne civilement responsable du fait du
prévenu et la partie civile. L’art. 475 du CPPN dispose
que « le jugement par défaut est non avenu dans toutes

5
« …A moins qu’il ne fournisse une excuse reconnue valable… »
6
« …peut…par lettre…demander à être jugé à son absence. »
7
« …quand le débat ne doit porter que sur les intérêts civils… »
8
« la pers. Civ. Respo. Peut tjrs se faire représenter par un avocat.. »
9
« si le prév. ne peut, en raison de son état de santé, comparaître
dvnt le tribunal et s’il existe des raisons graves de ne point différer le
jugement de l’affaire… »
10
« la partie civile peut tjrs se faire représenter par un avocat… »
122

ses dispositions, si le prévenu forme opposition à son


exécution.
Il peut toutefois limiter cette opposition aux
dispositions civiles du jugement ».
L’art. 479 quant à lui, dispose que « la personne
civilement responsable et la partie civile peuvent former
opposition à tout jugement par défaut à leur encontre,
dans les délais fixés à l’article 477 ci-dessous cité,
lesquels courent à compter de la signification du
jugement, quel qu’en soit le mode ».
L’article 476 dispose que « L’opposition est
notifiée par tous moyens utiles au ministère public, à
charge pour lui d’en aviser la partie civile.
Dans le cas où l’opposition est limitée aux
dispositions civiles du jugement, le prévenu doit adresser
la notification directement à la partie civile ».
Donc, il en ressort que, lorsque c’est le prévenu qui
a fait cette notification, le MP en avise la partie civile.

Les délais pour former l’opposition sont définis par


les articles 477 et 478 du CPPN. C’est ainsi que l’article
477 stipule que « si la signification du jugement a été
faite à la personne du prévenu, l’opposition doit être
formée dans les délais ci-après qui courent à compter de
cette signification : dix jours si le prévenu réside sur le
territoire de la République, un mois dans les autres cas ».

« Si la signification du jugement n’a pas été faite à la


personne du prévenu, l’opposition doit être formée dans
les délais ci-après, qui courent à compter de la
signification du jugement faite à domicile, à mairie ou à
123

parquet : dix jours si le prévenu réside au Niger, un mois


dans les autres cas.
Toutefois, s’il ne résulte pas d’un acte
quelconque que le prévenu a eu connaissance du
jugement, l’opposition reste recevable jusqu’à
l’expiration des délais de prescription de la peine, ce, tant
en ce qui concerne les intérêts civils que la
condamnation pénale.
Dans les cas visés à l’alinéa précédent, le délai
d’opposition court à compter du jour où le prévenu a eu
cette connaissance », article 478 du CPPN.

Aux termes de l’article 475 du CPPN précité,


l’opposition anéantit la décision qui en est frappée et elle
ne peut donc plus être exécutée : c’est l’effet suspensif de
l’opposition.

B°/ La purge de la contumace

Selon l’art. 258 du CPPN, « si le condamné se


constitue prisonnier ou s’il est arrêté avant que la peine
soit éteinte par prescription, l’arrêt et les procédures
faites depuis la citation à comparaitre sont anéantis de
plein droit et il est procédé à son égard dans la forme
ordinaire.
Toutefois, les dispositions ci-dessus ne sont pas
applicables lorsque l’arrêt a prononcé condamnation à
l’encontre d’un accusé renvoyé uniquement pour délit
ou contravention connexe à un crime. Cet arrêt est en
outre susceptible d’opposition dans les formes et délais
édictés en matière correctionnelle ».
124

Il en résulte donc que si le contumax (l’accusé jugé


hors de sa présence) se présente aux autorités de justice,
ou s’il a été arrêté alors que sa peine n’est pas prescrite,
l’arrêt de condamnation est anéanti. Il est alors procédé à
nouveau, dans les formes ordinaires, au jugement de
l’affaire devant la cour d’assises. Il s’agit là de la purge de
la contumace.

Il est utile de faire remarquer que, au contraire de


la procédure contradictoire dans laquelle le condamné
dispose des voies de recours, en cas de défaut, le contumax
ne peut bénéficier d’aucune voie de recours.

Il ne peut se pourvoir en cassation contre l’arrêt de


défaut rendu à son encontre par la cour d’assises. Cette
voie de recours (pourvoi en cassation) n’est ouverte qu’au
procureur général et à la partie civile tel qu’il ressort des
dispositions de l’article 361 du CPPN qui stipule que « le
recours en cassation contre les arrêts de défaut rendus
par la cour d’assises n’est ouvert qu’au procureur
général et la partie civile en ce qui la regarde ».

Ainsi, le contumax n’a en définitive, d’autres


moyens de faire tomber la décision de condamnation par
défaut que de se présenter à la justice et de purger sa peine.
Pour que la purge devienne alors effective, le contumax
devra faire opposition devant la juridiction d’assises qui
avait eu à statuer précédemment sur le défaut.

Vue de cette manière, la purge apparaît comme une


voie de recours exceptionnellement permise au contumax
125

compte tenu du caractère répressif et dissuasif de la


procédure par défaut.

PARAGRAPHE 2 : L’appel

C’est une voie de recours dite de réformation qui


consiste à soumettre un litige déjà jugé à un nouvel
examen par une juridiction supérieure. Le deuxième
examen permet de réduire au minimum le risque d’erreur
judiciaire.

A°/ Les conditions de recevabilité de l’appel

L’appel est expressément prévu à l’article 482 du


CPPN qui dispose que « les jugements rendus en matière
correctionnelle peuvent être attaqués par la voie de
l’appel ». Il s’ensuit que le jugement rendu par le tribunal
correctionnel, qu’il soit de condamnation ou de relaxe,
qu’il soit contradictoire ou par défaut, peut être attaqué par
la voie de l’appel. Signalons que l’appel est exclu en
matière criminel.

D’après les dispositions de l’article 485 du CPPN,


« La faculté d’appeler appartient :
1) au prévenu ;
2) à la personne civilement responsable ;
3) à la partie civile, quant à ses intérêts civils
seulement ;
4) au procureur de la République ;
5) aux administrations publiques dans les cas
où celles-ci exercent l’action publique ;
6) au procureur général près la cour d’appel ».
126

« La déclaration d’appel doit être faite au greffier


de la juridiction qui a rendu la décision attaquée.
Elle doit être signée par le greffier et par
l’appelant lui-même, ou par son avocat défenseur ou par
un fondé de pouvoir spécial ; dans ce dernier cas, le
pouvoir est annexé à l’acte dressé par le greffier. Si
l’appelant ne peut signer, il en sera fait mention par le
greffier», article 492, al. 1 et 2 du CPPN. Toutefois, selon
l’article 495 dudit code, « le procureur général forme son
appel dans un délai de trois mois à compter du jour du
prononcé du jugement, au greffe de la cour d’appel qui
en transmet expédition immédiatement au greffe de la
juridiction qui a statué.
Notification doit être faite dans les mêmes
conditions aux autres parties ». Selon l’article 486 du
même code, « …l’appel est interjeté dans le délai de dix
jours… », sauf pour le PG qui est de trois mois, selon
l’article 495 op cité.

B°/ Les effets de l’appel

En matière pénale, comme en matière civile,


l’appel régulièrement interjeté produit deux effets
essentiels : un effet suspensif et un effet dévolutif.

En vertu de l’effet suspensif, la décision frappé


d’appel ne peut recevoir exécution, pas plus d’ailleurs
qu’elle ne le peut durant le délai d’exercice de l’appel,
c’est ce qui est dit à l’article 496 du CPPN disposant que
« pendant les délais d’appel et durant l’instance d’appel,
il est sursis à l’exécution du jugement… ». Toutefois, ce
127

principe connaît quelques exceptions précisées par le


même article qui continue en disant « …sous réserve des
dispositions des articles 451, alinéas 2 et 3, 457, 483 et
651 ». Ainsi, « est, nonobstant appel, mis en liberté,
immédiatement après le jugement, le prévenu détenu qui
a été acquitté ou absous, ou condamné soit à
l’emprisonnement avec sursis, soit à l’amende.
Il en est de même du prévenu détenu condamné à
une peine d’emprisonnement aussitôt que la durée de la
détention aura atteint celle de la peine prononcée sous
réserve de l’application de l’article 490 (cet article 490
est abrogée par la loi 2003-26 du 13 juin 2003) ».

L’appel produit en outre un effet dévolutif, c’est-à-


dire qu’il saisit la juridiction supérieure du procès déjà
jugé : c’est la chambre des appels correctionnels de la cour
d’appel qui est alors saisie (article 484 « l’appel est porté
devant la cour d’appel ».).

La cour d’appel n’est saisie que dans la limite fixée


par l’acte d’appel et par la qualité de l’appelant.

SECTION II : LES VOIES DE RECOURS


EXTRAORDINAIRES

Les voies de recours extraordinaires ne sont


admises que dans les cas prévus par la loi et lorsque les
voies de recours ordinaires ont été épuisées. Les voies de
recours extraordinaires sont : le pourvoi en cassation et le
pourvoi en révision.

PARAGRAPHE 1 : Le pourvoi en cassation


128

A°/ Le pourvoi formé dans l’intérêt des parties

Le pourvoi formé dans l’intérêt des parties est


consacrée par l’article 563 alinéa 2 du CPPN. Il résulte
ainsi des dispositions de cet article que « les arrêts de la
chambre d’accusation et les arrêts et jugements rendus
en dernier ressort en matière criminelle, correctionnelle
et de simple police peuvent être annulés en cas de
violation de la loi sur pourvoi en cassation formé par le
ministère public ou par la partie à laquelle il est fait grief,
suivant les discussions qui vont être établies ».

Le délai pour se pourvoir en cassation est de cinq.


Ainsi, selon l’alinéa 1er de l’article 564 du CPPN, « le
ministère public et toutes les autres parties ont cinq jours
francs, après celui où la décision attaquée a été
prononcée, pour se pourvoir en cassation ». Il sied de
préciser ici que le pourvoi en cassation, contrairement à
l’appel, a un caractère non suspensif. L’article 565 du
CPPN dispose d’ailleurs que « le pourvoi en cassation
n’est pas suspensif. Pendant les délais du recours en
cassation et s’il y a eu recours, jusqu’au prononcé de
l’arrêt de la cour suprême, il n’est pas sursis à
l’exécution de l’arrêt de la cour d’appel.
Est, nonobstant pourvoi, mis en liberté,
immédiatement après l’arrêt, le prévenu détenu qui a été
acquitté ou absous, ou condamné soit à
l’emprisonnement assorti du sursis, soit à l’amende.
Il en est de même du prévenu détenu condamné à
une peine d’emprisonnement, aussitôt que la durée de la
détention aura atteint celle de la peine prononcée».
129

Il faut signaler également que pour pouvoir


introduire un pourvoi en cassation, il faut non seulement
avoir été partie au procès ayant abouti à la décision
attaquée, mais encore que cette décision fasse grief, c’est-
à-dire lèse un intérêt personnel de la partie qui agit.

Précisons pour terminer que selon l’alinéa 1 de


l’article 572 du CPPN, « la déclaration de pourvoi doit
être faite au greffier de la juridiction qui a rendu la
décision attaquée ou au greffier de la juridiction de la
résidence du demandeur en cassation ». Quant à l’alinéa
3, il ajoute qu’« elle est inscrite sur un registre public
destiné à cet effet et toute personne a le droit de s’en faire
délivrer une copie ». La déclaration est aussi signée par le
greffier et par le demandeur en cassation lui-même ou par
un avocat défenseur ou par un fondé de pouvoir spécial.

B°/ Le pourvoi dans l’intérêt de la loi

Il se peut qu’une décision entachée d’erreur soit


devenue définitive parce qu’aucun pourvoi n’a été
introduit contre elle en temps utile. Dans ce cas, l’article
594 du CPPN permet d’introduire un pourvoi spécial dans
l’intérêt de la loi. « Lorsque, sur l’initiative du ministre
de la justice, le procureur général près la cour suprême
dénonce à la cour suprême des actes judiciaires, arrêts
ou jugement contraires à la loi, ces actes, arrêts ou
jugements peuvent être annulés ». C’est le lieu de
rappeler aussi que le procureur général peut d’office
introduire le pourvoi en cassation dans l’intérêt de la loi.
Il est ainsi stipulé par l’article 595 du CPPN en ces termes
130

« lorsqu’il a été rendu par la cour d’appel ou d’assises


ou par un tribunal correctionnel ou de simple police, un
arrêt ou un jugement en dernier ressort, sujet à
cassation, et contre lequel néanmoins aucune des parties
ne s’est pourvue dans le délai déterminé, le procureur
général près la cour suprême peut d’office et nonobstant
l’expiration du délai se pourvoir, mais dans le seul
intérêt de la loi, contre ledit jugement ou arrêt. La cour
se prononce sur la recevabilité et le bien-fondé de ce
pourvoi. Si le pourvoi est accueilli, la cassation est
prononcée, sans que les parties puissent s’en prévaloir et
s’opposer à l’exécution de la décision annulée ».

PARAGRAPHE 2 : Le pourvoi en révision

Il peut arriver qu’une décision passée en force de


chose jugée, alors que toutes les voies de recours sont
épuisées, soit entachée d’une erreur de fait. Si l’erreur a
entraîné l’acquittement d’un coupable, la révision ne sera
pas possible. Par contre, si l’erreur a entraîné la
condamnation d’un innocent, la révision sera alors
possible.

A°/ Les conditions de la révision

Aux termes de l’article 596 du CPPN, « la


révision peut être demandée, quelle que soit la juridiction
qui a statué, au bénéfice de toute personne reconnue
auteur d’un crime ou d’un délit :
131

1) Lorsque, après une condamnation pour


homicide, des pièces sont représentées propres à
faire naître de suffisants indices sur l’existence
de la prétendue victime de l’homicide.
2) Lorsque, après une condamnation pour crime ou
délit, un nouvel arrêt ou jugement a condamné
pour le même fait un autre accusé ou prévenu et
que, les deux condamnations ne pouvant se
concilier, leur contradiction est la preuve de
l’innocence de l’un ou de l’autre condamné.
3) Lorsqu’un des témoins entendus a été,
postérieurement à la condamnation, poursuivi et
condamné pour faux témoignage contre l’accusé
ou le prévenu ; le témoin ainsi condamné ne peut
pas être entendu dans les nouveaux débats.
4) Lorsque, après une condamnation, un fait vient à
se produire ou à se révéler, ou lorsque des pièces
inconnues lors des débats sont représentées, de
nature à établir l’innocence du condamné ».

L’article 597 du CPPN précise que « le droit de


demander la révision appartient dans les trois
premiers cas :

1) Au ministre de la justice ;
2) Au condamné ou, en cas d’incapacité, à son
représentant légal ;
3) Après la mort ou l’absence déclarée du
condamné, à son conjoint, à ses enfants, à ses
parents, à ses légataires universels ou à titre
132

universel, à ceux qui en ont reçu de la mission


expresse.
La cour suprême est saisie par son procureur
général en vertu de l’ordre exprès que le ministre
de la justice a donné soit d’office, soit sur
réclamation des parties.
Dans le quatrième cas, le droit de demander
la révision appartient au ministre de la justice
seul, qui statue après avoir fait procéder à toutes
recherches et vérifications utiles et pris avis de la
cour d’appel en assemblée générale. Si la
demande de révision lui paraît devoir être admise,
le ministre transmet le dossier de la procédure au
procureur général qui saisit la cour suprême ».

B°/ Les effets de la révision

Lorsque la demande en révision est admise, et « si


l’arrêt ou le jugement de condamnation n’a pas été
exécuté, l’exécution en est suspendue de plein droit à
partir de la demande formée par le ministre de la justice
à la cour suprême.
Avant la transmission à la chambre judiciaire
(cour de cassation) de la cour suprême, si le condamné
est en état de détention, l’exécution peut être suspendue
sur l’ordre du ministre de la justice. A partir de la
transmission de la demande, la suspension peut être
prononcée par arrêt de la cour suprême » (article 598 du
CPPN). C-est surtout l’article 600 du CPPN qui a détaillé
les effets liés à la révision. Il dispose ainsi que :
« La décision d’où résulte l’innocence d’un
condamné peut, sur la demande de celui-ci, lui allouer
133

des dommages-intérêts à raison du préjudice que lui a


causé la condamnation.
Si la victime de l’erreur judiciaire est décédée, le
droit de demander des dommages-intérêts appartient,
dans les mêmes conditions, à son conjoint, à ses
ascendants et descendants.
Il n’appartient aux parents d’un degré plus
éloigné qu’autant qu’ils justifient d’un préjudice
matériel résultant pour eux de la condamnation.
La demande est recevable en tout état de la
procédure en révision.
Les dommages-intérêts alloués sont à la charge
de l’Etat, sauf son recours contre la partie civile, le
dénonciateur ou le faux témoin par la faute desquels la
condamnation a été prononcée. Ils sont payés comme
frais de justice criminelle.
Les frais de l’instance en révision sont avancés
par le trésor à partir de la transmission de la demande de
la cour suprême.
Si l’arrêt ou le jugement définitif de révision
prononce une condamnation, il met à la charge du
condamné ou, s’il y a lieu, des demandeurs en révision,
les frais dont l’Etat peut demander le remboursement.
Le demandeur en révision qui succombe dans son
instance est condamné à tous les frais.
L’arrêt ou le jugement de révision d’où il résulte
l’innocence d’un condamné sera affiché dans la ville où
a été prononcée la condamnation, dans celle où siège la
juridiction de révision, dans la commune ou le chef lieu
de circonscription administrative du lieu où le crime ou
le délit aura été commis, dans celle du domicile de la
victime de l’erreur judiciaire, si elle est décédée.
134

Il sera inséré au journal officiel et sa publication


dans deux journaux, au choix du demandeur, sera en
outre ordonnée, s’il le requiert.
Les frais de publicité ci-dessus seront à la charge
du trésor ».
135

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