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La responsabilité pénale
dans l’entreprise
Adrien MASSET
Avocat au barreau de Verviers
Professeur à l’Université de Liège
INTRODUCTION 9
150. Arrêté royal no 22 du 24 octobre 1934 adouci par la loi du 2 juin 1998 32
160. Les interdictions d’administrer, de gérer et de surveiller une société
commerciale 32
190. Plan 35
200. Applications 35
220. Introduction 47
C. L’escroquerie 57
340. Le cadre légal 57
350. Eléments constitutifs de l’escroquerie 57
360. Cas d’application 59
370. La tentative d’escroquerie – Les peines 61
380. Infractions voisines 61
§ 1. INTRODUCTION 67
400. Plan 68
I. Le délit d’initié 95
750. Le cadre légal 95
751. Qu’est-ce qu’un initié? 96
752. Qu’est-ce qu’une information privilégiée? 96
753. Quels sont les instruments financiers visés? 97
754. Quels sont les comportements prohibés? 97
755. Quelles sont les sanctions? 98
756. Intervention de la CBFA 98
760 à 860. Réservés 98
BIBLIOGRAPHIE 107
Introduction 1
1. La version initiale de ‘La responsabilité pénale de l’entreprise’, a été rédigée par Mr.
P. Troisfontaines. La présente version est, pour l’essentiel, mise à jour au 1er avril 2006.
2. Th. Afschrift et V.A. De Brauwere, Manuel de droit pénal financier, Editions Kluwer, 2001, 599 p.;
J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, 1230 p.
des affaires. Certains auteurs ne manquent pas de s’interroger sur le manque d’effec-
tivité de ce droit pénal des affaires.
La dépénalisation du droit des affaires doit aussi retenir l’attention: il s’agit de
préférer à la sanction pénale d’autres modalités de contrainte dites mieux adaptées à la
vie des affaires: sanctions civiles, sanctions commerciales, sanctions administratives 1.
1. Sur la dépénalisation du droit des affaires, voy. spécialement A. De Nauw, Les métamorphoses
administratives du droit pénal de l’entreprise, Gand, Mys & Breesch, 1994, 190 p.; Comp. la loi du
13 mai 1999 relative aux sanctions administratives dans les communes, insérant un article 119bis dans
la nouvelle loi communale et un article 601ter dans le Code judiciaire; sur cette loi, voy., A. Masset,
‘Les santions administratives dans les communes: en route vers le droit communal armé’, J.T., 2001,
pp. 833-838 et Adm. Publ., 2002, pp. 12-23 (version complétée), ainsi que ‘De vraies santions
administratives ou des sanctions pénales camouflées?, Réflexions en droit interne belge’, Rev. Fac.
Dr. Liège, 2005, pp. 441-466.
2. Sur la procédure pénale de droit commun, voy. M. Franchimont, A. Jacobs et A. Masset, Manuel de
procédure pénale, Larcier, Coll. Fac. Droit Liège, 2006; H.D. Bosly et D. Vandermeersch,
Procédure pénale, La Charte, 2005; R.P.D.B., t. IX Compl., v8 Procédure pénale, 2005.
3. Sur ces particularités, voy. notamment H.D. Bosly, ‘Mise en œuvre des poursuites et pouvoirs
d’investigation dans l’entreprise’, Le risque pénal dans la gestion des entreprises, Actes du
41e Séminaire de la Commission Droit et Vie des Affaires de l’Université de Liège, E. Story-Scientia,
1992, pp. 179-195. J. Spreutels, ‘La poursuite des infractions en droit pénal des affaires’ et
D. Matray, ‘Punir le dirigeant ou protéger l’entreprise’, Le droit des affaires en évolution – L’en-
treprise face au droit pénal, Bruylant, 1995, pp. 239 à 259 et pp. 261 à 310.
1. Sur le sujet, voy. J.-P. Spreutels, ‘Les infractions internationales – Développements récents du droit
pénal international des affaires’, Le risque pénal dans la gestion des entreprises, Actes du
41e Séminaire de la Commission Droit et Vie des Affaires de l’Université de Liège, E. Story-Scientia,
1992, pp. 109-147; J.A.E. Vervaele, La fraude communautaire et le droit pénal européen des affaires,
P.U.F., 1994, 436 p.; D. Robert, La justice ou le chaos, Editions Stock, 1996, 349 p., portant ‘l’appel
de Genève’; A. Bernardi, ‘Vers une européanisation du droit pénal des affaires? – Limites et
perspectives d’un ius commune criminale’, Rev. dr. pén., 1997, pp. 405 à 457. Centre d’études pour
l’application du droit communautaire en matière pénale et financière, Le corpus Iuris au regard du droit
belge, les premiers pas vers un nécessaire espace judiciaire européen, Fac. Dr. U. Lg., éd. Bruylant et
Maklu, 2000, 206 p.; M. Delmas-Marty, Corpus iuris portant dispositions pénales pour la protection
des intérêts financiers de l’Union Européenne, éd. Economica, Paris, 1997, 179 p. C. Van De
Wijngaert, Droit pénal et Communautés européennes, Rev. dr. pén., 1982, pp. 837 à 862; sur l’arrêt
du 27 octobre 1991, voy. G. Stessens, R.W., 1993-1994, pp. 137 à 153; J. Vervaele, ‘Compétences en
matière de sanctions administratives de et dans l’Union Européenne - Vers un système de sanctions
administratives européennes?’, Rev. dr. pén., 1994, pp. 933 à 975. G. De Kerckhove et
A. Weyenbergh, Vers un espace judiciaire pénal européen, éd. U.L.B., 2000, 372 p. M. Jaeger,
‘Les rapports entre le droit communautaire et le droit pénal: l’institution d’une communauté de droit’,
Rev. dr. pén., 2004, p. 1099-1044; L. Moreillon et A. Willi-Jayet, Coopération judiciaire pénale
dans l’Union européenne, Bruylant, 2005, 746 p.
1. Art. 4 et 44bis des lois relatives au registre du commerce, coordonnées le 20 juill. 1964: ‘Est puni d’une
amende de 26 à 10.000 euros, celui qui exerce une activité commerciale pour laquelle elle n’a pas
informé le greffe du tribunal de commerce conformément à l’article 22bis ou pour laquelle les
renseignements fournis sont inexacts’. Adde les art. 62 et 63 de la loi du 16 janv. 2003 portant création
d’une Banque-carrefour des Entreprises, modernisation du registre du commerce, création de guichets-
entreprises agréés et portant diverses dispositions.
2. Art. 16, § 1er de la loi-programme du 10 févr. 1998 pour la promotion de l’entreprise indépendante.
ponsabilité pénale des sociétés, a bouleversé cette question en adoptant la loi du 4 mai
1999 instaurant la responsabilité pénale des personnes morales; cette loi a été publiée
au Moniteur belge le 22 juin 1999 et est en vigueur depuis le 2 juillet 1999.
Pour montrer l’ampleur du changement ainsi légalement réalisé et parce que
plusieurs dossiers judiciaires concernent encore des faits antérieurs à la nouvelle
loi, il n’est pas inutile, dans un premier temps, d’exposer l’essentiel du régime de la
responsabilité pénale dans l’entreprise sociétaire avant cette loi du 4 mai 1999.
091 Le régime de la responsabilité pénale dans l’entreprise sociétaire avant cette loi
du 4 mai 1999 – Aperçu historique
La responsabilité pénale des personnes morales, entreprises sociétaires pour ce qui
nous concerne, a connu diverses évolutions en droit pénal belge et a suscité l’intérêt
d’une doctrine abondante 1.
En un premier temps, la jurisprudence belge avait adopté le principe ‘societas
delinquere non potest’: seule une personne physique, à l’exclusion d’une société, peut
commettre une infraction; en conséquence, ce sont les personnes physiques par
l’intermédiaire desquelles la société a agi, qui sont, dans la réalité des choses, les
auteurs des infractions commises et qui en sont pénalement responsables.
En un deuxième temps, la jurisprudence belge avait adopté le principe ‘societas
delinquere potest, sed puniri non potest’: la société peut commettre une infrac-
tion, mais ne peut pas encourir de peine 2, celle-ci venant frapper les personnes
physiques par l’intermédiaire desquelles elle a agi; cette solution était celle qui
prédominait en droit belge en matière d’imputabilité judiciaire jusqu’à l’adoption
de la loi du 4 mai 1999.
L’imputabilité judiciaire, c’est-à-dire réalisée par le juge au départ des éléments
concrets de la cause parmi lesquels interviennent les statuts, situation de droit, et ce
qui a été vécu concrètement dans la société, situation de fait, désignait donc la
personne physique, organe de droit ou de fait ou préposé, qui avait commis l’acte
prohibé par la loi ou s’était abstenu de faire ce que la loi imposait; la responsabilité
pénale de cette personne physique poursuivie comme organe, de droit ou de fait, d’une
1. Pour les études les plus récentes sur cette question avant la réforme, voy. F. Van Remoortere, ‘La
question de la responsabilité pénale des personnes morales en droit de l’environnement’, Rev. dr.
pén., 1991, pp. 311-337; A. De Nauw, ‘La délinquance des personnes morales et l’attribution de
l’infraction à une personne physique par le juge’, note sous Cass., 23 mai 1990, R.C.J.B., 1992, pp. 552-
572; F. Tulkens et M. Van de Kerchove, Introduction au droit pénal, E. Story-Scientia, 3e éd., 1997,
p. 320-328, F. Deruyck, ‘Pour quand la responsabilité pénale des personnes morales en droit belge?’,
J.T., 1997, pp. 697 et s.; M. Faure et D. Rouf, ‘Naar een wettelijke formulering van de strafrechte-
lijkheid van de rechtspersoon’, R.W., 1995-1996, pp. 417 et s.; O. Ralet, ‘Responsabilités des
dirigeants de sociétés’, Bull. ass., 1996, p. 733 et s.; F. Deruyck, De rechtspersoon in het strafrecht,
Mys & Breesch, 1996; D. Matray, ‘Punir le dirigeant ou protéger l’entreprise’, Le droit des affaires en
évolution – L’entreprise face au droit pénal, Bruylant, 1995, pp. 261 à 310; J.-P. Bours, ‘La
responsabilité pénale des entreprises’, L’entreprise en difficulté, Actes C.D.V.A., 17 avril 1997,
Actualités du droit, 1997, pp. 461 à 480; O. Ralet, Responsabilités des dirigeants de sociétés, Larcier,
1996, pp. 267 à 279; pour une étude de droit comparé récente, voir G. Stessens, Corporate criminal
liability : a comparative perspective, Internat. & Comp. Law Quaterly, 1994, vol. 43, pp. 493 à 520;
W. Cassiers, ‘La responsabilité pénale des personnes morales: une solution en trompe-l’œil?, Rev. dr.
pén., pp. 823-859. A.B.J.E., Les sociétés bientôt punissables - Quel impact sur la vie des entreprises?,
éd. Bruylant, 1999.
2. P. ex., Corr. Bruxelles, 14 janv. 1986, J.T., 1986, p. 396 et Rev. dr. pén., 1986, p. 629; Cass., 19 mars
1991, Pas., 1991, I, p. 664; L. François, ‘Implications du delinquere sed non puniri potest’, Mélanges
offerts à R. Legros, U.L.B., 1985, pp. 189-204; adde, A. De Nauw, ‘Le vouloir propre de la personne
morale et l’action civile résultant d’une infraction’, note sous Cass., 19 oct. 1992, R.C.J.B., 1995,
pp. 229 à 258; Corr. Bruxelles, 20 mars 1998, J.L.M.B., 1998, p. 870 (aff. Renault Vilvorde); Cass.,
23 déc. 1998, Rev. dr. pén., 1999, p. 393 (aff. Agusta-Dassault).
personne morale à laquelle était imputée un fait punissable, devait être démontrée de
manière concrète: de la sorte, il a pu être jugé que lorsque le dossier ne révélait pas les
comportements individuels qui seraient délictueux, on ne pouvait pas se référer à une
responsabilité collective qui résulterait de la participation à des délibérations litigieu-
ses du conseil d’administration si les décisions n’y avaient pas été unanimes et si les
procès-verbaux n’individualisaient pas en quel sens les prévenus avaient voté 1.
Le législateur avait parfois résolu la difficulté de la détermination concrète de la
personne physique pénalement responsable au sein des entreprises: la loi désignait
elle-même cette personne physique.
L’imputabilité légale de l’infraction pouvait être illustrée par les exemples suivants:
– en vertu de l’article 11 de l’arrêté royal du 23 octobre 1978 relatif à la tenue des
documents sociaux, sont punis d’un emprisonnement et/ou d’une amende précisés
l’employeur, ses préposés ou mandataires qui n’établissent pas les documents adéquats;
– en vertu de l’article 81, 1o, de la loi du 4 août 1996 relative au bien-être des
travailleurs lors de l’exécution de leur travail, sont punis d’un emprisonnement
et/ou d’une amende précisés, l’employeur, ses mandataires ou préposés qui ne
respectent pas les dispositions légales;
– en vertu de l’article 16 de la loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabilité et aux
comptes annuels des entreprises, sont punis d’une amende de 50 à 10.000 euros. les
commerçants, personnes physiques et les administrateurs, gérants, directeurs ou fondés
de pouvoirs de personnes morales qui contreviennent à certaines obligations légales 2;
– en vertu de l’ancien article 205 des lois sur les sociétés commerciales, coordonnées
le 30 novembre 1935, sont punis d’une amende de 50 à 10.000 euros. les gérants ou
les administrateurs qui auront distribué des dividendes fictifs 3.
092 Les problèmes de droit pénal général posés par l’ancienne théorie de la respon-
sabilité pénale des personnes morales
Dans la mesure où ces différentes législations rendaient applicables aux infractions
qu’elles sanctionnaient les articles du Code pénal consacrés aux principes généraux du
droit pénal (application du livre 1er C.P.), les personnes physiques poursuivies pour les
infractions commises par la personne morale, étaient évidemment en droit de faire valoir
les causes de non-imputabilité, de non-culpabilité et les causes de justification classiques:
contrainte, erreur ou ignorance invincible, force majeure, état de nécessité, ... 4.
Ainsi, le chef d’entreprise devait être autorisé à avancer des causes de justification
et à contester l’imputabilité s’il avait fait appel à un professionnel de la comptabilité et
si aucune faute personnelle, suivant le critère de l’homme normalement raisonnable et
prudent, ne pouvait lui être reprochée, à lui, dirigeant 5.
1. Bruxelles, 24 avril 1985, Pas., 1985, II, p. 109 et Rev. prat. soc., 1986, p. 153; Cass., 9 oct. 1984, Pas.,
1985, I, p. 194.
2. L’article 16 de la loi du 17 juillet 1975 a été partiellement remplacé pour ce qui concerne les sociétés
par les articles 126 et 171 C. soc. suite à la codification de cette matière par la loi du 7 mai 1999 - voy.
infra, no 510 et s.
3. L’article 205 L.C.S.C. a été remplacé, sans altération de sa teneur, par les articles 348 C. soc. pour les
SPRL, 388 pour les SC, et 649 pour les SA, suite à la codification de cette matière par la loi du 7 mai
1999.
4. Voy. les exemples d’application de ces causes de justification et d’excuse dans le cadre des infractions à
la législation relative au respect des conventions collectives de travail, D. Delooz-Lamers, ‘Conven-
tions collectives de travail’, Qualifications et jurisprudence pénales, Lois spéciales, La Charte, 1993,
pp. 4-6. Adde, N. Denies et N. Basecqz, ‘Droit de l’environnement et droit économique et social:
réflexion sur l’élément moral dans les lois et règlements particuliers’, Rev. dr. pén., 1994, pp. 473 à 508.
5. P. Troisfontaines, ‘La responsabilité des dirigeants d’entreprise: aspects du droit comptable’, Ann.
Dr., 1983, p. 57; Cass., 13 févr. 1967, Pas., 1967, I, p. 722; R. Elst, ‘Chronique de jurisprudence –
Documents sociaux – Responsabilité pénale des secrétariats agréés’, Rev. b. séc. soc., 1975, p. 242.
Ces principes n’occultaient pas l’idée que la personne qui, selon les statuts, était la
gérante de la société demeurait pénalement punissable lorsqu’elle s’abstenait d’exer-
cer à l’égard de son mandataire son pouvoir de surveillance 1.
Par application des mêmes principes généraux, d’autres personnes que celles dési-
gnées comme auteurs par la loi, pouvaient être poursuivies en qualité de coauteurs ou
complices, dès lors que, sciemment et volontairement, elles avaient apporté une aide
indispensable ou utile à la réalisation de l’infraction; ainsi, était poursuivi comme
complice de banqueroute simple, le banquier qui, en connaissance de cause, avait
octroyé au failli une distribution abusive de crédit à un taux excessif 2; de même, était
complice d’une infraction celui qui donnait, non pas un simple conseil, mais une
instruction utile à la perpétration de cette infraction 3, ce qui donnait toute la mesure
des dangers de l’activité des professionnels du conseil tels les notaires, les avocats, ou
les experts-comptables et fiscaux.
Dans un domaine proche, la jurisprudence n’autorisait la délégation partielle de
pouvoirs, élisive de responsabilité pénale dans le chef de l’auteur légal de l’infraction,
que si le subordonné auquel étaient confiées la direction et la surveillance des services
dans lesquels l’acte délictueux avait été commis, était pourvu de la compétence et de
l’autorité nécessaires pour veiller effectivement à l’observation de la loi 4.
093 Les remèdes légaux apportés avant 1999 et maintenus après 1999, pour réduire
l’incidence de la non-responsabilité pénale des personnes morales: responsabilité
civile des amendes, amendes administratives et transactions administratives
Face à l’impossibilité d’atteindre directement les sociétés pour les infractions commi-
ses par leurs représentants, organes de droit ou de fait ou préposés, le législateur, bien
avant la loi du 4 mai 1999, avait déjà à de nombreuses reprises consacré un régime qui
atteignait, de facto, ces sociétés.
Ainsi, la loi pénale avait parfois prévu outre les sanctions pénales d’emprisonne-
ment et d’amende contre la personne physique par laquelle la société avait agi, des
sanctions complémentaires affectant directement la société.
Il en était notamment ainsi avec:
– la responsabilité civile des amendes: les lois particulières déclarent très souvent les
sociétés civilement responsables des amendes prononcées contre les personnes
physiques condamnées; ainsi l’article 109 de la loi du 14 juillet 1991 sur les
pratiques du commerce et sur l’information et la protection du consommateur dé-
clare les sociétés et associations ayant la personnalité civile civilement responsa-
bles des condamnations aux dommages-intérêts, amendes, frais, confiscations,
restitutions et sanctions pécuniaires quelconques prononcées pour infraction aux
dispositions de la loi contre leurs organes ou préposés;
– l’affichage du jugement de condamnation à l’extérieur ou à l’intérieur des éta-
blissements du contrevenant, ou la publication de ce jugement aux frais du
contrevenant par la voie des journaux, est rendue possible, par exemple, par
l’article 459 du Code des impôts sur les revenus;
– la confiscation des bénéfices illicites réalisés à la faveur de l’infraction; cette
sanction est rendue facultative, par exemple, par l’article 108 de la loi précitée du
14 juillet 1991;
– la fermeture de l’établissement peut parfois être prononcée par le tribunal; cette
fermeture ne peut pas excéder un an dans le cas prévu par l’article 9, § 5, de
l’arrêté-loi du 22 janvier 1945 sur la réglementation économique et les prix;
– l’injonction de faire avec ou sans astreinte; celle-ci se rencontre notamment dans
l’article 41 de la loi du 10 juin 2006 sur la protection de la concurrence écono-
mique, qui permet au Conseil de la concurrence d’infliger une astreinte à l’en-
treprise qui ne respecterait pas l’ordre de rétablissement de la concurrence
effective.
– le mécanisme des amendes administratives et le paiement de transactions adminis-
tratives: ce double mécanisme, même s’il est un peu en marge de l’aspect pénal des
infractions au sein des entreprises, doit néanmoins être perçu également comme un
moyen de faire supporter par la société elle-même le poids de la sanction en cas de
transgression des normes; la plus importante disposition légale concernant les
amendes administratives réside dans la loi du 30 juin 1971 relative aux amendes
administratives applicables en cas d’infraction à certaines lois sociales et qui
peuvent être infligées par le ministre de l’emploi et du travail en cas de certaines
violations de droit pénal social; cette législation a servi de texte de référence pour
de nombreuses législations ultérieures; le mécanisme ainsi mis au point a cepen-
dant subi la censure de la Cour d’arbitrage qui a conclu à la violation du principe
constitutionnel d’égalité dans la mesure où le tribunal du travail ne pouvait pas
réduire l’amende au-dessous du minimum légal, alors que, pour une même
infraction à une loi permettant l’application de l’article 85 du Code pénal, le
tribunal correctionnel pouvait infliger une amende inférieure au minimum légal
s’il existait des circonstances atténuantes 1; fort de cette leçon, le législateur belge a
modifié la loi 2; la Cour d’arbitrage a encore été à la base de diverses modifications
légales dans ce domaine du droit social 3; mentionnons encore, pour illustrer le
mécanisme des amendes administratives, la loi du 10 juin 2006 sur la protection de
la concurrence économique 4, ainsi que la loi du 11 janvier 1993 relative à la
1. C.A. 14 juill. 1997, Rev. dr. pén., 1997, p. 1238; F. Lagasse, ‘Amendes administratives, droit pénal
général et Cour d’arbitrage – Considérations sur les arrêts rendus le 14 juillet 1997 par la Cour
d’arbitrage’, J.T.T., 1997, p. 353 et s. C.A., 30 juin 1999, arrêt n8 76/1999, M.B., 24 nov. 1999, J.T.,
1999, 768, note O. Michiels, et J.T.T. 1999, 449, note F. Lagasse, ‘Amendes administratives,
circonstances atténuantes et Cour d’arbitrage’.
2. Art. 76 L. du 13 févr. 1998, insérant art. 1ter dans L. du 30 juin 1971. Cette disposition n’a pas été
censurée par C.A., 30 juin 1999, M.B., 24 nov. 1999.
3. F. Lagasse, Manuel de droit pénal social, Larcier, 2003, pp. 123-150. C.A., 16 juin 2004, arrêt n8 105/
2004, M.B., 5 oct. 2004, J.T.T., 2004, p. 497, note F. Lagasse et V. Marchand. Art. 145 de la loi-
programme du 27 déc. 2004 et art. 22 de la loi du 27 déc. 2004 portant des dispositions diverses, M.B.,
31 déc. 2004.
4. M. Waelbroeck et J. Bouckaert, ‘La loi sur la protection de la concurrence économique’, J.T., 1992,
pp. 281-297; P. De Vroede, De wet tot bescherming van de economische mededeling, Gand, Mys &
Breesch, 1997, 410 p. P. de Wolf, ‘Les sanctions aux infractions commises en droit de la concurrence
économique’, Ing.-Cons., 2003, pp. 60-82. M. Beeuwsaert, ‘Programme d’amendes dans le cadre de la
loi sur la protection de la concurrence économique’, R.D.C., 2004, pp. 936-938.
100 La loi du 4 mai 1999 instaurant la responsabilité pénale des personnes morales:
les raisons et les étapes du changement
La Belgique était encore un des rares pays européens 4 à ne pas connaı̂tre le principe de
la responsabilité pénale des personnes morales; un concert très important de voix,
spécialement internationales, s’était élevé de manière de plus en plus pressante en
faveur de l’adoption de ce régime également en droit belge: nombreux étaient les
avertissements émanant de divers organismes internationaux, dont le Conseil de
l’Europe, et nombreuses étaient les recommandations émanant de commissions
d’enquêtes parlementaires belges qui insistaient sur la nocivité croissante et spécifique
de la délinquance des personnes morales et sur les écueils d’une intervention pénale
classique en ce domaine 5.
C’est à dessein et en réponse à des objections doctrinales que le législateur belge a
opté pour un régime de responsabilité pénale des personnes morales et non pour un
régime de mesures de sûreté : les rédacteurs de la loi ont conçu la personne morale
comme une réalité sociale qui peut commettre une faute pénale propre et doit donc
aussi pouvoir être tenue responsable sur le plan pénal, en telle sorte qu’il n’est pas
recouru au modèle-fiction, selon lequel la personne morale est purement considérée
comme une collectivité de personnes physiques individuelles.
1. Pour un commentaire de la loi nouvelle, voy., parmi les auteurs francophones: A. Masset, ‘La loi du
4 mai 1999 instaurant la responsabilité pénale des personnes morales: une extension du filet pénal
modalisée’, J.T., 1999, pp. 653-660; F. Deruyck, ‘La loi du 4 mai 1999 sur la responsabilité pénale des
personnes morales’, R.D.C., 1999, p. 653 et s.; J. Messinne, ‘Propos provisoires sur un texte curieux: la
loi du 4 mai 1999 instituant la responsabilité des personnes morales’, Rev. dr. pén., 2000, pp. 637-659;
F. Kéfer, ‘La responsabilité pénale de la personne morale: une réponse de plus à la délinquance
d’entreprise’, in C.U.P., vol. 37, févr. 2000, Le point sur le droit pénal, pp. 7-40; Ch. Vanderlinden,
‘La loi instaurant la responsabilité pénale des personnes morales et le droit pénal social’, Rev. dr. pén.,
2000, pp. 660-688. M. Burton, ‘Le point sur la responsabilité pénale des personnes morales’, in
Actualités de droit pénal et de procédure pénale (I), Liège, Commission Université-Palais, CUP, déc.
2003, vol. 67, pp. 217-264. M. Nihoul (s.l.d.), La responsabilité pénale des personnes morales en
Belgique – une évaluation de la loi du 4 mai 1999 après cinq années d’application, La Charte, 2004,
429 p.; J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 51-
87.
2. Pour un commentaire de la loi nouvelle, voy., parmi les auteurs néerlandophones: Ph. Traest, ‘De wet
van 4 mei 1999, tot invoering van de strafrechtelijke verantwoordelijkheid van rechtspersonen’, T.R.V.,
1999, pp. 451-489; H. Van Bavel, ‘De wet van 4 mei 1999, tot invoering van de strafrechtelijke
verantwoordelijkheid van rechtspersonen’, A.J.T., 1999-2000, pp. 209-226; A. De Nauw et
F. Deruyck, ‘De strafrechtelijke verantwoordelijkheid van rechtspersonen,’ R.W., 1999-2000,
pp. 897-914. S. Van Dyck, ‘De (privaatrechtelijke) rechtspersoon als strafbare dader van een misdrijf’,
T. Straf., 2001, p. 227 et s. P. Waeterinckx, ‘De strafrechtelijke verantwoordelijkheid van de
rectoscope, een karaı̈te analyse van enkele capita selecta uit de eerste rechtspraak’, in Strafrecht van
nu en straks, Die Keure, 2003, pp. 181-269. M. Faure et P. Waeterinckx, ‘De strafrechtelijke
verantwoordelijkheid van de rechtspersoon: een blik op de rechtspraak en enkele knelpunten uit de
praktijk’, T. Straf., 2004, p. 318 et s.
1. Sur cette question, voy. Commission Droit et Vie des Affaires, Univ. Liège, Actes du colloque des
20-21 mars 1985, Les A.S.B.L.: évaluation critique d’un succès, Gand, Story-Scientia, 1985, 556 p.
2. Ces institutions sont prévues par l’article 41 de la Constitution.
3. Il a été jugé par la Cour d’arbitrage, dans un arrêt n8 128/2002 du 10 juill. 2002, M.B., 13 nov. 2002,
que la différence de traitement entre personnes morales selon qu’elles disposent d’un organe démo-
cratiquement élu ou non repose sur un critère objectif et que, partant, cette disposition ne violait pas les
art. 10 et 11 de la Constitution.
4. Les bourgmestres et échevins communaux sont donc exclus du champ d’application de la loi du 4 mai
1999; pour un cas d’application, voy. notamment, Cass., 3 mars 1999, Rev. dr. pén., 1999, p. 1197; ce
régime discriminatoire a cependant été adouci pour les mandataires communaux par l’effet d’une loi du
4 mai 1999 également (M.B., 28 juill. 1999) relative à la responsabilité civile et pénale des bourgmes-
tres, échevins et membres de la députation permanente; sur cette loi, voy. A. Masset, ‘La loi du 4 mai
1999 relative à la responsabilité civile et pénale des bourgmestres, échevins et membres de la
députation permanente’, in C.U.P., vol. 37, févr. 2000, Le point sur le droit pénal, pp. 249-267. Adde
la loi du 10 février 2003 relative à la responsabilité des et pour les membres du personnel au service des
personnes publiques, M.B., 27 févr. 2003, et les commentaires de cette loi par: L. Kerzmann, ‘La loi
du 10 févier 2003 relative à la responsabilité des agents des services publics’, R.G.A.R., 2004, p. 13877;
par S. Covenaeker, ‘De nieuwe wet van 10 februari 2003 betreffende de aansprakelijkheid van en voor
personeelsleden in dienst van openbare rechtspersonen’, R.G.D.C., 2003, p. 476 et s.; et par J. De
Staercke, C.D.P.K., 2003, p. 183-195. Adde, C.A., 12 janv. 2005, J.L.M.B., 2005, p. 595, obs.
concluant à une absence de violation des art. 10 et 11 de la Constitution à propos de cette exclusion;
comp. M. Nihoul, ‘L’immunité pénale des collectivités publiques est-elle «constitutionnellement
correcte»’ ?, Rev. dr. pén., 2003, pp. 799-839.
5. Il s’agit des C.P.A.S. visés à l’article 17bis de la loi organique du 8 juillet 1976, à savoir les C.P.A.S.
des communes de la périphérie bruxelloise, de Comines et de Fourons.
1. Rapport fait au nom de la Commission de la justice du Sénat par Madame Jeanmoye, Doc. parl., Sén.,
no 1217/6, p. 3; notons que l’article 13, alinéa 2 de la loi nouvelle permet le maintien de l’exercice de
l’action publique dans ces hypothèses si cette transformation de la société a eu pour but d’échapper à la
répression – Doc. parl., Ch. repr., no 2093/5, pp. 38-39.
2. Ph. Hamer, ‘Incidence d’opérations particulières sur la responsabilité pénale des personnes morales:
constitution et dissolution de la société, scission, cession de parts, de branche d’activité ou d’univer-
salité’, in La responsabilité des personnes morales: punir plus ou punir mieux les entreprises?, Journée
d’étude organisée par Skyroom Events, Bruxelles, 28 sept. 1999, 11 p., spéc. pp. 4-6.
3. Corr. Gand, 28 janv. 2003, J.D.S.C. 2004, p. 334, note P. Lambrecht et V. Bosly, T.M.R. 2003, p.
314.
4. M. Nihoul (s.l.d.), La responsabilité pénale des personnes morales en Belgique – une évaluation de la
loi du 4 mai 1999 après cinq années d’application, La Charte, 2004, pp. 17-164. Cette étude se
complète d’une analyse statistique du Service de la politique criminelle portant sur les jugements en
application de la loi, pp. 275-306.
1. L’exposé des motifs, pp. 5-6, en réponse à une critique émise par le Conseil d’Etat, indique que
l’adoption du projet de loi imposera, à terme, l’examen de l’opportunité de la suppression des
législations qui ont eu recours aux mécanismes de l’imputation légale ou conventionnelle, afin d’éviter
des contradictions entre les principes posés par le projet et ceux repris dans ces législations; il est
précisé que cet examen devra aussi concerner le mécanisme de la responsabilité civile des personnes
morales pour le paiement des amendes prononcées à charge des organes de la personne morale, et le
mécanisme des sanctions administratives; ces questions ont également été débattues au Parlement, voy.
Sénat, Doc. parl., no 1217/6, p. 19 et 29-30, et rencontrées, pour la première par l’adoption de
l’art. 50bis nouveau du Code pénal, pour la seconde par le principe non bis in idem d’après les dires
du ministre de la Justice (Chambre, Doc. parl., no 2093/5, p. 3). Cette imputabilité légale paraı̂t avoir
été abrogée implicitement, voy. M. Nihoul (s.l.d.), La responsabilité pénale des personnes morales en
Belgique – une évaluation de la loi du 4 mai 1999 après cinq années d’application, La Charte, 2004, pp.
76-85.
2. Sénat, Doc. parl., no 1217/6, p. 9: ‘Comment prouve-t-on le dol spécial sans aboutir matériellement
chez une personne physique? Le ministre affirme que, dans la plupart des cas, les personnes physiques
seront identifiées. On peut cependant imaginer, au sein d’une organisation, un recours systématique à
des faux, sans pouvoir identifier la personne qui a matériellement écrit le document. Par les circon-
stances de fait (multiplication des faux dans le temps et le nombre), le juge peut être convaincu qu’il
s’agit d’une pratique de la personne morale même. Il n’est pas nécessaire de constater que telle
personne identifiée a matériellement établi le document en question’.
3. Sur l’exposé de cette controverse et sa formulation in abstracto v. in concreto, voy. Ph. Traest, T.R.V.,
o.c., pp. 466-469.
4. Cass., 4 mars 2003, J.L.M.B., 2004, p. 24, concl. av. gén. M. De Swaef, dans une hypothèse
d’infraction réglementaire de dégâts causés au revêtement routier par surcharge d’un moyen de
transport (violation de l’art. 56 du décret flamand du 19 déc. 1998 contenant diverses mesures
d’accompagnement du budget 1999). Il est à noter que cet article, interprété en ce sens qu’il établit
une présomption irréfragable d’endommagement du revêtement routier, viole les art. 10 et 11 de la
Constitution, combinés avec l’art. 6.2 CEDH et avec l’art. 14.2 PIDCP, mais qu’il ne viole pas ces
articles s’il est interprété en ce sens qu’il n’établit pas une présomption irréfragable, selon C.A., n8 81/
2003, 11 juin 2003, M.B., 7 nov. 2003.
qu’elles ont agi l’une et l’autre sciemment et volontairement, le cumul est alors
possible; par contre, si les faits démontrent qu’elles n’ont pas agi l’une et l’autre
sciemment et volontairement, seule la personne qui a commis la faute la plus grave est
condamnée.
Si l’infraction traduit un comportement intentionnel ou volontaire (par exemple,
une infraction de corruption), tant la personne morale que la personne physique
peuvent 1 être condamnées conjointement, par application des règles du cumul des
responsabilités (le cumul est donc possible). Par contre, si l’infraction traduit un
comportement non intentionnel ou involontaire (par exemple, une infraction d’homi-
cide involontaire commise sur un chantier où un ouvrier d’usine a trouvé la mort à la
suite de l’utilisation d’un matériel défectueux parce que non entretenu), seule sera
condamnée la personne, morale ou 2 physique, qui a commis la faute la plus grave 3
dans un travail d’appréciation des fautes respectives 4 qui est abandonné à la sagesse
des juges 5, en telle sorte que le cumul est exclu dans ce cas.
En résumé, si le dossier révèle des comportements intentionnels, le cumul des
responsabilités de la personne physique et de la personne morale est possible, alors
qu’il est interdit si le dossier révèle des comportements non-intentionnels 6.
Le non-cumul des amendes dans le chef du civilement responsable
Dans le cadre d’un autre cumul, à savoir le cumul des responsabilités pénale et civile
pour autrui, c’est de manière apparemment opportune 7 que l’article 50bis nouveau du
Code pénal porte que ‘nul ne peut être tenu civilement responsable du paiement d’une
1. Il a été jugé par la Cour d’arbitrage, dans l’arrêt précité du 10 juill. 2002, que le pouvoir d’appréciation
ainsi attribué au juge n’est pas plus large que celui dont il dispose de manière générale en matière
pénale, en telle sorte qu’il n’y a pas atteinte discriminatoire au principe de légalité des incriminations.
2. C.A., 5 mai 2004, J.L.M.B., 2004, p. 1748, obs. L. Bihain.
3. La cause d’excuse absolutoire ainsi instituée par la loi nouvelle a été jugée ne s’appliquer qu’aux
infractions commises après l’entrée en vigueur de la loi, par Cass., 3 oct. 2000, J.L.M.B., 2001, p. 408,
obs. L. Bihain, et Rev. dr. pén., 2001, p. 865, conclusions ministère public M. De Swaef, et A.J.T.,
2000-2001, p. 493, note H. Van Bavel, alors que certaines juridictions de fond avaient décidé en sens
contraire à la lumière de l’article 2, alinéa 2 du Code pénal (Anvers, 22 juin 2000, A.J.T., 2000-2001, p.
327; comp. note B. Spriet sub Cass., 14 janv. 2000, T. Strafr., 2000, p. 222): la Cour de cassation a
invoqué l’objectif poursuivi par la nouvelle disposition légale pour fonder sa solution. M. Nihoul,
‘Contre l’abrogation implicite en matière de responsabilité pénale des personnes morales au nom de la
sécurité juridique’, C.D.P.K., 2004, pp. 1-62. La Cour a confirmé cette jurisprudence par Cass., 26 févr.
2002, Rev. dr. pén., 2003, p. 1065, A.J.T., 2001-2002, liv. 38, 1005, note H. Van Bavel, et R.W., 2002-
2003, liv. 4, 134, concl. M. De Swaef, en justifiant également cette solution par rapport aux art. 7 de la
Convention européenne des droits de l’homme et 15, § 1er, du Pacte international relatif aux droits
civils et politiques (voy. le rapport de la Cour de cassation, 2002, pp. 94-95). Dans le même sens, Cass.,
11 déc. 2002, J.T., 2003, p. 547. Adde, C.A., 9 avril et 2 juill. 2003, arrêts nos 42/2003 et 99/2003, M.B.,
28 juill. 2003 et 17 nov. 2003, qui tranchent que l’art. 5, al. 2, C.P. ne viole pas les art. 10 et 11 de la
Constitution en tant qu’il ne s’applique pas aux faits commis avant son entrée en vigueur.
4. L’art. 5, al. 2, C.P., ne trouve à s’appliquer que si la personne morale et la personne physique
poursuivies le sont pour le même fait infractionnel; Cass., 10 mars 2004, n8 P.03.1233.F, sur le site
internet de la Cour.
5. Par l’arrêt précité du 10 juill. 2002, la Cour d’arbitrage a estimé que le large pouvoir d’appréciation
ainsi attribué au juge n’était pas discriminatoire et que la disposition ne violait pas l’exigence de
prévisibilité à laquelle doit satisfaire toute disposition pénale.
6. Voy. pour un exemple particulier Corr. Bruxelles, 8 déc. 2004, Chron. D.S. 2005, 460, note P.
Brasseur: ‘En cas d’homicide involontaire, toute faute, même légère, constitue un défaut de pré-
voyance ou de précaution au sens de l’article 418 du Code pénal. C’est le cas, par exemple, du
harcèlement qui dépasse la simple tracasserie et qui ne peut être considéré comme une réaction
normale à un éventuel dysfonctionnement de la victime.
Lorsqu’un délit non intentionnel est la conséquence directe de fautes intentionnelles commises par des
personnes physiques dont une personne morale est responsable et que ces fautes sont en rapport avec
l’exécution des tâches par ces personnes physiques, la personne morale ne peut invoquer le décumul de
la responsabilité pénale prévu à l’article 5 alinéa 2 du Code pénal.’
7. Sénat, Doc. parl. no 1217/6, p. 30: ‘Le ministre rappelle qu’il s’agit d’éviter le cumul de la responsa-
bilité civile pour une peine, avec la peine elle-même.’
amende à laquelle une autre personne est condamnée, s’il est condamné pour les
mêmes faits’.
Cette disposition a cependant perdu de vue d’une part que les dispositions du livre
Ier du C.P. sont, par l’effet de l’article 100 C.P. ou par une disposition spéciale,
applicables à toutes les législations particulières, sauf exceptions, et d’autre part que
bon nombre de législations particulières, par exemple le Code d’impôts sur les
revenus, déclarent, par une disposition spéciale, les personnes morales civilement
responsables du paiement des amendes prononcées contre les personnes physiques de
l’entreprise 1: cette omission du législateur a pour effet de priver d’utilité cet
article 50bis C.P. et ne met donc pas l’entreprise, elle-même condamnée à une
amende, à l’abri de sa responsabilité civile pour le paiement de l’amende prononcée
contre son dirigeant ou son préposé lui-même condamné à une amende 2.
La situation de la victime en l’absence de cumul
Il a été jugé à plusieurs reprises que la personne, physique ou morale, qui bénéficie de
la cause d’excuse inscrite dans l’article 5 du Code pénal, reste cependant tenue des
conséquences civiles envers la victime 3.
120 Le régime des sanctions pénales applicables aux personnes morales déclarées
coupables
De manière résumée, il peut être précisé que les sanctions pénales pouvant venir
frapper une personne morale reconnue coupable, sont les suivantes, telles qu’elles
apparaissent dans le nouvel article 7bis du Code pénal 4:
1. L’amende
La peine de privation de liberté étant évidemment inconcevable pour sanctionner une
personne morale, l’amende devient la peine principale applicable à toutes les infrac-
tions commises par les personnes morales.
L’idée de base, traduite dans le nouvel article 41bis du Code pénal, est de retenir un
système de conversion des peines privatives de liberté applicables aux personnes
physiques, en peines d’amende à appliquer aux personnes morales.
Le droit pénal belge reste construit sur une classification tripartite des infractions
(crimes-délits-contraventions) par référence à la gravité de la peine (de privation de
liberté essentiellement, d’amende accessoirement) attachée à toute incrimination.
Dès lors, lorsque l’incrimination porte, pour les personnes physiques, une peine
correctionnelle ou criminelle privative de liberté et/ou une amende correctionnelle ou
criminelle, l’amende applicable à la personne morale sera une amende minimale de
500 euros multipliés par le nombre de mois 5 correspondant au minimum de la peine
privative de liberté (avec un strict minimum ne pouvant être inférieur au minimum de
l’amende prévue par la loi pour sanctionner une personne physique du chef de cette
infraction), et dont le maximum s’élève à 2.000 euros multiplié par le nombre de mois
correspondant au maximum de la peine privative de liberté (ce maximum ne peut être
inférieur au double du maximum de l’amende prévue par la loi pour sanctionner une
personne physique du chef de cette infraction); en ce qui concerne la peine criminelle
de réclusion à perpétuité, elle est convertie, pour les personnes morales, en une
amende de 240.000 à 720.000 euros, ce qui, compte tenu de la loi du 5 mars 1952
(modifiée par L. du 7 févr. 2003: coefficient multiplicateur de 5,5) relative aux
décimes additionnels sur les amendes pénales 1, porte cette amende en réalité à un
total compris entre 1.320.000 et 3.960.000 euros.
L’exemple d’une infraction de corruption active de fonctionnaires peut servir à
illustrer ce mécanisme de conversion: la personne physique coupable de cette
infraction encourt, selon les articles 252 et 247 du Code pénal, un emprisonnement
correctionnel de trois mois à trois ans et une amende de 100 à 3.000 euros; la personne
morale encourra donc une peine principale d’amende correctionnelle dont le mini-
mum sera de 500 6 3 = 1.500 euros (qui, de fait, n’est pas inférieur à 100 euros), et
dont le maximum sera de 2000 6 36 = 72.000 euros (qui, de fait, n’est pas inférieur à
6.000 euros); la personne morale encourt donc une amende de 1.500 à 72.000 euros
portés, par le jeu des décimes additionnels, à une fourchette comprise entre 8.250 et
396.000 euros.
Lorsque la peine prévue par la loi est seulement une amende correctionnelle ou
criminelle, aucune conversion n’est nécessaire puisque la loi précise que l’amende
pouvant frapper la personne morale est la même que l’amende pouvant frapper une
personne physique pour le même fait.
Lorsque la peine prévue par la loi est une peine principale de privation de liberté et/
ou d’amende de police, l’amende pouvant venir frapper la personne morale est une
amende de 25 à 250 euros (à savoir, avec l’effet multiplicateur, de 137,50 et
1.375 euros).
L’article 41bis, § 2 nouveau du Code pénal signifie que les principes généraux du
droit pénal compris dans les articles 1 à 100bis du Code pénal trouvent à s’appliquer
pour cette peine principale d’amende; cette considération implique notamment la
possibilité de réduction de la peine d’amende par l’effet de la reconnaissance des
circonstances atténuantes. Il a été précisé que la conversion en question devait être
effectuée avant d’appliquer les majorations ou diminutions liées aux circonstances
atténuantes, tentative, récidive, concours, participation... 2.
Par l’effet de l’article 21 de la loi du 4 mai 1999 emportant insertion d’un article
18bis dans la loi du 29 juin 1964 concernant la suspension, le sursis et la probation, le
même mécanisme de conversion de la peine privative de liberté pour les personnes
physiques en peine d’amende pour les personnes morales, est intégré pour permettre à
ces dernières de bénéficier également de ces mesures de faveur; il peut être pensé,
comme exemple de mesure de sursis probatoire, à l’obligation de réaliser dans un délai
déterminé des investissements dans des aménagements de sécurité au sein de l’en-
treprise condamnée pour homicide involontaire ou de présenter une nouvelle organi-
sation interne de nature à mettre fin à un climat délétère précédent. Observons que le
recours à ces mesures probatoires pourrait permettre de satisfaire les auteurs de
doctrine qui appelaient de leurs vœux un régime, non de sanctions pénales, mais bien
de mesures de sûreté.
1. Le jeu des décimes additionnels a été confirmé par le ministre de la Justice – Doc. parl., Sén., no 1217/
6, p. 27. Par l’effet de l’entrée en vigueur de l’euro, les amendes exprimées en francs sont converties en
euros et le coefficient multiplicateur des décimes additionnels est à présent porté à 5,5.
2. Voy. les amendements no 16 et 17, Doc. parl., Sén., no 1217/6, pp. 27-28. Ce système de conversion
avant application des principes généraux est impraticable, en telle sorte que le seul système satisfaisant
doit être le système inverse: appliquer par exemple d’abord les circonstances atténuantes puis convertir
la privation de liberté obtenue en amende; en ce sens, voy. J. Messinne, Rev. dr. pén., o.c., p. 648 et
Ph. Traest, T.G.R., o.c., p. 473.
L’article 21ter du titre préliminaire du code de procédure pénale, introduit par la loi
du 30 juin 2000 (M.B., 2 déc. 2000), vaut également pour les personnes morales: en
cas de dépassement, par les poursuites pénales, du délai raisonnable, le juge peut
prononcer la condamnation par une simple déclaration de culpabilité ou prononcer une
peine inférieure à la peine minimale prévue par la loi.
2. La confiscation spéciale
Cette peine accessoire importante s’inscrit dans la réforme du droit belge qui avait
déjà complété la matière de la confiscation pour, par application des articles 42 à 43ter
du Code pénal, étendre cette mesure à la confiscation des avantages patrimoniaux tirés
directement de l’infraction, la confiscation des biens et valeurs qui ont été substitués à
ces avantages et la confiscation des revenus de ces avantages investis 1.
Le nouvel article 7bis du Code pénal interdit cependant la confiscation des choses
formant l’objet de l’infraction et des choses qui ont servi ou qui ont été destinées à
commettre l’infraction quand ces choses s’identifient à des biens appartenant à la
personne morale de droit public condamnée et déclarés civilement insaisissables 2.
3. La dissolution
La dissolution de la personne morale condamnée peut être décidée par le juge lorsque
la personne morale a été intentionnellement créée afin d’exercer les activités punissa-
bles pour lesquelles elle est condamnée ou lorsque son objet a été intentionnellement
détourné afin d’exercer de telles activités.
On peut imaginer que cette sanction ne devrait être prononcée dans cette dernière
hypothèse que si le détournement d’objet de la personne morale est répété et
systématique, plutôt que résultant d’un fait isolé ou d’une série isolée de faits 3.
Cette dissolution ne peut cependant pas être prononcée à l’égard des personnes
morales de droit public condamnées, mais pourrait frapper des personnes morales de
droit privé, souvent des A.S.B.L., qui exercent une mission de service public comme
par exemple des asbl agréées dans le domaine de l’accueil des enfants.
L’article 35 C.P. précise que, lorsqu’il décide la dissolution, le juge renvoie 4 la
cause devant la juridiction compétente pour connaı̂tre de la liquidation de la personne
morale: l’exemple-type peut concerner les sociétés écrans ou les sociétés ‘coquilles
vides’ dans le cadre de carrousels TVA; l’intérêt de poursuites pénales peut alors peut-
être résider dans la peine de confiscation.
1. Sur cette modification de la législation en matière de confiscation réalisée par l’introduction en droit
belge de l’incrimination de blanchiment (ou recel élargi), voy. J. Messinne, ‘La loi du 17 juillet 1990
modifiant les articles 42, 43 et 505 du Code pénal et insérant un article 43bis dans ce même Code’, J.T.,
1991, pp. 484-493; J. Pardon, ‘Le blanchiment d’argent et la lutte contre la criminalité axée sur le
profit’, Rev. dr. pén., 1992, pp. 741-757; A. Masset, L’infraction de blanchiment, Formation
permanente C.U.P., Liège, vol. VII, 1996, pp. 291-313.
2. Cette notion renvoie en réalité à l’article 1412bis du Code judiciaire. C. Nyssens, ‘Le principe de
l’immunité d’exécution des pouvoirs publics assoupli par le législateur’, R.R.D., 1994, pp. 299-311;
A. Stranart et P. Goffaux, ‘L’immunité d’exécution des personnes publiques et l’article 1412bis du
Code judiciaire’, J.T., 1995, pp. 437-447; adde Bruxelles 19 nov. 1997, R.W., 1997-1998, 1290:
‘Lorsque l’administration n’a pas fait la déclaration visée à l’art. 1412bis C. jud., une saisie peut être
pratiquée sur les biens qui ne sont manifestement pas utiles pour la continuité du service public. Ainsi
donc une saisie peut être pratiquée sur le prix dû suite à la vente d’un aérodrome désaffecté parce que
l’administration ne déclare pas que le produit de cette vente doit recevoir une destination urgente
déterminée’.
3. Les discussions parlementaires semblent limiter l’hypothèse à la personne morale qui, dès l’origine, a
développé ces activités illicites – Doc. parl., Sén., no 1217/6, p. 6: ‘Seules les personnes morales qui se
sont placées dans l’illégalité dès leur création pourront donc être dissoutes en vertu de cette disposi-
tion’; contra, Doc. parl., Ch., no 2093/5, pp. 32-33.
4. Sur la période d’hiatus entre ces deux événements, voy. Ch. Vanderlinden, Rev. dr. pén., o.c.,
pp. 673-674.
1. Il se déduit du rejet de l’amendement no 3 du député Lozie que ces précisions législatives à venir ne
sont pas de nature à différer l’entrée en vigueur de l’ensemble de la loi du 4 mai 1999 – Doc. parl., Ch.,
no 2093/5, pp. 34-35.
2. L’amendement no 6 présenté en ce sens a été rejeté – Doc. parl., Sén., no 1217/2, pp. 1-2 et no 1217/6,
p. 26.
3. Doc. parl., Sén., no 1217/6, pp. 25-26: ‘Le ministre explique que l’on part de l’idée que la publication
peut être une peine principale, qui revêt un caractère autonome et qui ne peut être prononcée que dans
les cas prévus par la loi. La vision qui préside à la proposition lui paraı̂t correcte et correspondre à la
réalité sociale. Il s’agit d’une sanction spécifique’.
1. M. Nihoul (s.l.d.), La responsabilité pénale des personnes morales en Belgique – une évaluation de la
loi du 4 mai 1999 après cinq années d’application, La Charte, 2004, pp. 335-363.
2. L’affirmation présentée en Commission de la justice de la Chambre par le représentant du ministre
selon laquelle le tribunal compétent peut désigner un mandataire ad hoc avant l’audience si cela s’avère
nécessaire, relève plus de la méthode Coué que de la démonstration juridique – Doc. parl., Ch. repr.,
no 2093/5, pp. 37-38. A suivre ce raisonnement, ce serait donc à la cour d’assises de désigner un
administrateur ad hoc dans une affaire de faux en écritures toujours à l’instruction et, donc, non encore
correctionnalisée. La pratique de certains juges d’instruction de désigner eux-mêmes cet adminis-
trateur, pour réaliste et commode qu’elle soit, n’en demeure pas moins totalement contraire au texte
clair de la loi, en l’espèce l’article 2bis du titre préliminaire du code de procédure pénale; en faveur de
cette solution pratique, voy. Ph. Traest, T.G.R., o.c., p. 483.
3. Doc. parl., Ch. repr., no 2093/5, pp. 36-40.
1. Les mesures provisoires supposent en effet qu’une instruction soit ouverte, alors que la mini-instruction
ne peut pas s’appliquer lorsque l’instruction des faits est ouverte.
2. Sur cette mesure conservatoire, voir D. Vandermeersch, ‘La loi du 20 mai 1997 sur la coopération
internationale en ce qui concerne l’exécution de saisies et de confiscations – L’introduction en droit
belge de la saisie immobilière pénale’, Rev. dr. pén., 1997, pp. 691-704; C. Meunier, ‘Du neuf dans les
pouvoirs de saisie pénale par le juge d’instruction et dans les possibilités de confiscation pénale’, note
sous Corr. Arlon, 6 sept. 1996, J.L.M.B., 1997, pp. 1447-1461; C. Meunier, ‘Le recours contre la saisie
conservatoire pénale à l’aube de l’entrée en vigueur du référé pénal’, note sous Liège (mis. acc.), 28 mai
1998, J.L.M.B., 1998, pp. 1174-1177, cette dernière décision, approuvée par l’annotateur, précisant que
‘la saisie immobilière conservatoire n’est pas légale en ce qu’elle concerne des biens acquis antérieu-
rement à la période infractionnelle’.
3. Article introduit par L. du 12 mars 1998 relative à l’amélioration de la procédure pénale au stade de
l’information et de l’instruction; sur cette réforme, voir M. Franchimont e.a., ‘La loi belge du
12 mars 1998 relative à l’amélioration de la procédure pénale au stade de l’information et de
l’instruction’, Dossiers de la Rev. dr. pén., no 3, Bruxelles, La Charte, 1998, 135 p.; X, La loi du
12 mars 1998 réformant la procédure pénale, éd. Collection scientif. Fac. Dr. Liège, C.U.P., 1998,
411 p. L’article 28sexies C.I.C. n’a pas à être mentionné puisque cet article organise le référé pénal dans
le cadre de l’information et que nous avons observé que les mesures provisoires nouvelles n’étaient pas
de la compétence du procureur du Roi.
La Cour de cassation 1 a convenu que la loi nouvelle introduisait une cause nouvelle
d’exemption de peine qui s’identifie à une loi pénale plus douce, en principe dès lors
rétroactive, sous l’angle de l’article 2, alinéa 2 C.P. Cependant, la Cour de cassation a
écarté cette rétroactivité: la rétroactivité de la loi nouvelle plus douce est tenue en
échec quand le but de la loi nouvelle est indiscutable, or, en l’espèce, la loi nouvelle
n’a pas voulu étendre cette nouvelle cause d’exemption de peine à des faits commis
avant l’entrée en vigueur de la loi nouvelle.
1. Cass., 3 oct. 2000, Rev. dr. pén., 2001, p. 865, concl. av. gén. de Swaef. Cass., 26 févr. 2002, Pas.,
2002, n8 209, et jurisprudence constante.
150 Arrêté royal no 22 du 24 octobre 1934 adouci par la loi du 2 juin 1998
L’arrêté royal no 22 du 24 octobre 1934 «portant interdiction à certains condamnés et
aux faillis d’exercer certaines fonctions, professions ou activités et conférant aux
tribunaux de commerce la faculté de prononcer de telles interdictions», est d’une
importance souvent méconnue en pratique.
Cet arrêté royal a pour objectif d’assainir la vie des affaires en en écartant les
personnes condamnées pour certaines infractions ou ayant été déclarées en faillite.
L’arrêté royal prévoyait deux types d’interdictions professionnelles: les interdic-
tions de plein droit et les interdictions facultatives.
Sous l’influence de deux arrêts prononcés les 27 mai et 15 juillet 1998 par la Cour
d’arbitrage 2 qui concluaient à la violation du principe d’égalité, l’arrêté royal no 22 a
subi une modification radicale quant à son régime.
En effet, il faut à présent tenir compte de la loi du 2 juin 1998 3 modifiant l’arrêté
royal no 22 du 24 octobre 1934; l’intitulé de cet arrêté royal est d’ailleurs modifié
puisqu’il est à présent «relatif à l’interdiction judiciaire faite à certains condamnés et
faillis d’exercer certaines fonctions, professions ou activités».
La modification essentielle réside dans la disparition des interdictions profession-
nelles automatiques, toutes ces interdictions étant dorénavant facultatives et, dès lors,
ne pouvant résulter que d’une mention spéciale dans le jugement de condamnation;
par ailleurs, ces interdictions deviennent temporaires puisqu’elles ne peuvent être
prononcées que pour un terme de 3 à 10 années; cependant, elles peuvent maintenant
être prononcées dans un nombre plus important d’hypothèses puisqu’a disparue
l’exigence tenant au seuil de la peine prononcée (ce seuil était de 3 mois).
Cette interdiction est à considérer comme constituant une peine 4.
1. J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 149-173.
2. Arrêts nos 57/98 et 87/98, M.B., 3 sept. 1998 et 21 août 1998, Rev. dr. pén., 1998, p. 923, note
H.D. Bosly.
3. M.B., 22 août 1998. G.A. Dal, ‘Les interdictions professionnelles’, J.T., 2001, pp. 769-775.
4. Cass., 2 juin 1999, J.L.M.B., 1999, pp. 1368 et 1380, note M. Neve et L. Bihain. Cass., 17 mai 2005,
Rev. dr. pén., 2006, p. 111 et T. Strafr., 2006, p. 13, concl. M.P.; Cass., 20 sept. 2005, T. Strafr., 2006, p.
16, note.
1. L’article 3bis, § 2, de l’arrêté royal n8 22 du 24 oct. 1934 relatif à l’interdiction judiciaire faite à certains
condamnés et aux faillis d’exercer certaines fonctions, professions ou activités, inséré par la loi du
4 août 1978 de réorientation économique, ne viole pas l’article 23 de la Constitution. C.A., n8 160/2004,
M.B., 3 déc. 2004.
2. C.A., 21 juin 2000, M.B., 22 août 2000.
185 L’effet dans le temps des interdictions ayant sorti leurs effets avant la loi du 2 juin
1998
L’article 6 de la loi du 2 juin 1998 porte que l’interdiction prononcée à l’encontre
d’une personne, en vertu des articles 1, 1bis et 2 de l’arrêté royal de 1934, avant
l’entrée en vigueur de la présente loi (c’est-à-dire avant le 1 septembre 1998),
continue de produire ses effets après cette entrée en vigueur jusqu’à ce que soit expiré
un délai de 10 ans à compter du jour de la condamnation qui a donné lieu à
l’interdiction 2.
Le régime transitoire issu de la modification législative de 1998 a posé problème
pour les condamnations prononcées après l’entrée en vigueur de la loi, du chef de
violation des interdictions de plein droit intervenues avant l’entrée en vigueur de la
loi 3.
Sur un plan pratique encore plus important, il est à noter que, après un double
revirement de jurisprudence, la Cour de cassation estime que l’interdiction profes-
sionnelle désormais facultative ne peut pas venir frapper des faits antérieurs à l’entrée
en vigueur de la loi de 1998 4.
1. C.A., n8 160/2004, 20 oct. 2004, M.B., 3 déc. 2004.Pour des illustrations de ces notions, voy. J.
Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, o.c., pp. 163-165.
2. C.A., 21 juin 2000, M.B., 22 août 2000: le caractère illimité dans le temps est tenu en échec par la
possibilité de réhabilitation en telle sorte que l’interdiction professionnelle n’est plus anti-constitu-
tionnelle.
3. Cass., 18 mai 1999, Pas., p. 290; Cass., 2 oct. 2002, Rev. dr. pén., 2003, p. 409. Gand, 23 sept. 1998,
A.J.T., 1998-1999, p. 924.
4. Cass., 20 sept. 2005, T. Strafr., 2006, p. 16, note, s’écartant de Cass., 14 mai 2002, Rev. dr. pén., 2003,
p. 903, pour revenir ainsi à l’enseignement de Cass., 2 juin 1999, J.L.M.B., 1999, p. 1380.
190 Plan
Le domaine des infractions susceptibles d’être commises par une entreprise est très
vaste. L’on peut, schématiquement, distinguer les infractions prévues par le Code
pénal, celles instaurées par les lois particulières parmi lesquelles les dispositions
pénales du droit des sociétés commerciales revêtent une importance telle qu’elles
justifient une section distincte.
200 Applications
Le Code pénal contient peu de dispositions spécifiques à l’entreprise. La plupart
d’entre elles, élaborées en 1867, sont devenues totalement anachroniques et leur
application, dans la pratique, est extrêmement rare. Citons, à titre d’exemple, les
articles 292 à 298 (crimes et délits des fournisseurs) ainsi que les articles 311 à 314
(infractions relatives à l’industrie, au commerce et aux enchères publiques). Compte
tenu de l’évolution économique et sociale ainsi que de la prolifération des lois
particulières, ces textes relèvent désormais, pour la plupart, de l’archéologie pénale 1.
D’autres, néanmoins, méritent encore l’attention. Ainsi:
1. L’article 191 qui réprime l’usurpation du nom industriel et la mise en circulation
d’objets marqués de noms supposés ou altérés 2. La fraude doit avoir pour but de
tromper sur la provenance du produit, c’est-à-dire sur la personnalité du fabricant.
Ainsi le fait pour un industriel de commercialiser les détergents qu’il fabrique en
utilisant un emballage indiquant la marque «X», appartenant à une firme concur-
rente. Signalons ici que les marques de fabrique et de commerce sont protégées non
par l’article 191 du Code pénal mais par la loi du 1er avril 1879 dont l’article 8 punit
notamment la contrefaçon de marque et l’usage frauduleux d’une marque contre-
faite 3. De même, il faut se référer aux articles 80 et 81 de la loi du 30 juin 1994
1. Pour un commentaire de ces dispositions, voy. A. Marchal et J.-P. Jaspar, Droit criminel, t. II, 1976,
pp. 121 à 140 et 343 à 397.
2. L’usurpation du nom ‘Moët et Chandon’ tombe sous le coup de l’art. 191 (Cass., 5 juin 1876, Pas.,
1876, I, p. 302). Il a de même été jugé que le fabricant belge qui avait imprimé sur des paquets de
cigarettes, les mots ‘Administration des Contributions indirectes’ a usurpé le nom sous lequel est
connue la régie française fabriquant des tabacs (Cass., 28 déc. 1876, Pas., 1877, I, p. 54).
3. Voy. Gand, 9 mars 1973, R.W., 1973-1974, 601 et la note de A. Vandeplas. E. Cornu, ‘La
contrefaçon: état des lieux à la lumière de la jurisprudence belge récente (1997-2000)’, Ing.-Cons.
2000, pp. 3-26. B. Michaux, ‘Recours à la procédure pénale’, in X., Combattre les atteintes à la
propriété intellectuelle, Bruylant, 2004, pp. 137-161.
pour les contrefaçons portant atteinte aux droits d’auteurs et aux droits voisins,
modifiée par la loi du 22 mai 2005 1.
2. Les articles 246 à 253 qui répriment la corruption de fonctionnaires prennent une
importance nouvelle au fur et à mesure de l’intéressement de l’État au secteur
économique 2; le Code pénal distingue le délit de corruption passive par lequel un
fonctionnaire se laisse corrompre, du délit de corruption active par lequel un
particulier corrompt un fonctionnaire; notre Code pénal a profondément été
remanié dans cette matière par l’effet de la loi du 10 février 1999 relative à la
répression de la corruption: non seulement les éléments constitutifs de l’infraction
de corruption sont modifiés, par une réécriture des articles 246 à 253 du Code pénal
(la simple sollicitation ou la simple proposition suffit désormais à constituer
l’infraction de corruption, et l’existence d’un pacte préalable, c’est-à-dire d’une
entente concertée entre corrupteur et corrompu, n’est plus exigée), mais encore la
corruption de fonctionnaires internationaux ou d’un Etat étranger est incriminée,
tout comme est enfin assurée la répression du trafic d’influence (art. 247, § 4) et de
la corruption privée (art. 504bis et 504ter)3; cette dernière infraction est radicale-
ment nouvelle en droit pénal belge puisqu’elle y incrimine la corruption dans le
secteur privé des entreprises; la corruption privée protège en réalité l’entreprise,
puisque les hypothèses incriminées sont celles où un employé, un préposé, un
administrateur, un gérant ou un mandataire d’une personne physique ou morale
accepte d’adopter, à l’insu et sans autorisation de son employeur, de son mandant,
de son conseil d’administration ou de son assemblée générale, un comportement
déterminé moyennant promesse d’une rémunération ou d’un avantage quelconque;
la corruption privée sera passive si l’avantage est sollicité par l’administrateur, le
gérant, le préposé ou le mandataire, et sera active si c’est une de ces personnes qui
est sollicitée par un tiers dont la qualité est indifférente; le paiement de commis-
sions occultes à un représentant d’une entreprise ne sera donc répréhensible que si
ce paiement intervient à l’insu et sans l’autorisation des responsables sociétaires de
la personne qui reçoit ces commissions, et la réception de ces commissions ne sera
répréhensible dans le chef de ce représentant de l’entreprise que si cette perception
se fait à l’insu et sans l’autorisation des responsables sociétaires de ce représentant;
on peut donc percevoir que l’exemple cité à profusion dans les travaux prépara-
1. F. De Visscher et B. Michaux, Précis du droit d’auteur et des droits voisins, Bruxelles, Bruylant,
2000, nos 668-688. X., ‘La nouvelle loi sur le droit d’auteur’, A.M., 2005, pp. 475-573. F. De Visscher
et B. Michaux, ‘Le droit d’auteur et les droits voisins désormais dans l’environnement numérique: la
loi du 22 mai 2005 ne laisse-t-elle pas un chantier ouvert ?’, J.T., 2006, pp. 133-144. L. Van Bunnen,
‘Droit d’auteur et droits voisins, dessins et modèles. Examen de jurisprudence (2001 à
2005)’, R.C.J.B., 2005, pp. 131-199. A. Berenboom, Le nouveau droit d’auteur et les droits voisins,
Larcier, 2005, 512 p. Adde, en matière de protection des programmes informatiques, la loi du 30 juin
1994.
2. A. Van den Bulck, ‘Infractions commises par les fonctionnaires publics’, Qualifications et juris-
prudence pénales, La Charte, 1994, pp. 17-31; A. De Nauw, Initiation au droit pénal spécial, E. Story-
Scientia, 1987, pp. 83-93; P. Delahaye, ‘Le trafic d’influence’, Rev. dr. pén., 1946-1947, pp. 377-405;
Cass., 5 avril 1996, Rev. dr. pén., 1996, pp. 634 et s.; Bruxelles, 17 juin 1994, Rev. dr. pén., 1996,
p. 1014, note M.A. Beernaert; Corr. Liège, 5 janv. 1995, J.L.M.B., 1996, p. 607.
3. Sur ces nouvelles dispositions, voy. S. Evrard, ‘La loi du 10 février 1999 relative à la répression de la
corruption’, J.T., 1999, p. 337 et s.; D. Flore ‘L’incrimination de la corruption’, in Les dossiers de la
Rev. dr. pén., no 4, 1999, 179 p.; L. Bihain, ‘Le point sur quelques sujets d’actualité en droit pénal des
affaires’, C.U.P., vol. 37, févr. 2000, in Le point sur le droit pénal, pp. 47-62. J. Windey, ‘Corruption
privée’, R.D.C., 2000, p. 464 et s.; A. De Nauw, Omkoping van openbare ambtenaren en private
omkoping, et W. Goossens, ‘Privaatrechtelijke aspecten van private omkoping - de strafbaarstelling
van omkoping van buitenlandse ambtenaren’, in ‘Ondernemingsstrafrecht’, Die Keure, 1999, pp. 41-56
et 57-112; Ph. Quertainmont’, ‘La corruption dans les affaires publiques. Eléments d’analyse et
perspectives de répression à la lumière de la nouvelle loi du 10 févr. 1999’, in Mélanges P. Van
Ommeslaghe, Bruylant, 2000, pp. 1023-1050.
1. Cette pratique est cependant susceptible d’être condamnée par une autre disposition pénale, à savoir
l’article 10 de la loi du 25 mars 1964 sur les médicaments.
2. Voy. A. Marchal et J.-P. Jaspar, o.c., pp. 301 à 343.
3. Cass., 26 juin 1975, J.T., 1975, p. 638.
4. B. Feron et J. Meunier ‘La ‘‘double casquette’’ de l’administrateur de société anonyme’ J.T., 2000,
p. 696. P. Lambert, Le secret professionnel, Bruylant, 2005, nos 449 et 450, qui écrit que l’adminis-
trateur de société n’est pas tenu au secret professionnel, sauf dans le cadre de l’article 30 de la loi du
20 septembre 1948 portant organisation de l’économie, et dans le cadre du délit d’initié.
5. J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 410-417.
6. Liège, 18 oct. 1961, J.L., 1962-1963, p. 2.
7. Cette loi sera abrogée lorsque entrera en vigueur la loi du 11 juin 2004 réprimant la fraude relative au
kilométrage des véhicules, elle-même complétée par les arrêtés royaux des 21 févr. 2005 et 4 mai 2006.
8. Cass., 17 oct. 1949, Pas., 1950, I, p. 82.
9. Bruxelles, 1er mars 1939, Pas., 1939, II, p. 101. Bruxelles, 19 janv. 1998, J.L.M.B., 1999, p. 240
(tableaux avec fausses signatures).
sans provision doit être lu en combinaison avec l’article 61 de la loi du 1er mars
1961 qui sanctionne l’émission de tous les autres chèques sans provision 1.
9. Les articles 504quater, 550bis et 55ter, introduits par la loi du 28 novembre 2000
relative à la criminalité informatique, qui répriment la fraude informatique et les
infractions contre la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des systèmes
informatiques et des données informatiques, au-delà de l’article 210bis qui incri-
mine le faux en informatique 2.
fond, alors que la saisie pénale, mesure provisoire visant à garder certains biens sous la
main de la justice, a une nature essentiellement provisoire, peut porter sur des biens
autres que ceux susceptibles de confiscation et peut être décidée tantôt par un juge
d’instruction, tantôt en dehors de l’intervention d’un juge, par exemple à l’initiative du
procureur du Roi ou d’un agent ou officier de police judiciaire 1 2.
La confiscation ne peut être prononcée que comme suite à un crime, ou à un délit
intentionnel 3, réalisé ou tenté, mais ne peut pas, sauf disposition légale spéciale, être
prononcée en cas de contravention.
La confiscation spéciale peut porter sur diverses choses:
1) les choses qui forment l’objet de l’infraction, quand la propriété de ces choses
appartient au condamné; l’article 42, 18 du Code pénal désigne ainsi ‘le corps du
délit’, l’objet à l’égard duquel l’infraction est matériellement commise; sont ainsi
visés le mobilier incendié, l’arme à feu de défense portée sans permis, les
stupéfiants vendus, la carte d’identité falsifiée, la vidéocassette contraire aux
bonnes mœurs, ... mais non la chose volée 4; cette confiscation spéciale est
obligatoire pour les crimes et les délits, selon l’article 43 du Code pénal;
2) les choses qui ont servi ou qui ont été destinées à commettre l’infraction, quand la
propriété de ces choses appartient au condamné (art. 42, 18 C.P.); cette confisca-
tion spéciale est obligatoire pour les crimes et les délits, selon l’article 43 du
Code pénal; cette confiscation spéciale concerne, par exemple, la fausse clé ou le
1. Sur la matière de la saisie en matière pénale, régie par les articles 35, 35bis, 89, 28sexies et
61quater C.I.C., voy. notamment C. Meunier, ‘Du neuf dans les pouvoirs de saisie pénale par le juge
d’instruction et dans les possibilités de confiscation pénale’, J.L.M.B., 1997, pp. 1456 et s.; C. Meu-
nier, ‘La saisie pénale par équivalent: chronique d’une mort annoncée’, J.L.M.B., 1999, p. 1218;
D. Vandermeersch, ‘La loi du 20 mai 1997 sur la coopération internationale en ce qui concerne
l’exécution de saisies et de confiscations – l’introduction en droit belge de la saisie immobilière
pénale’, Rev. dr. pén., 1997, pp. 691 et s. M.A. Beernaert, ‘La loi du 19 décembre 2002 portant
extension des possibilités de saisie et de confiscation en matière pénale’, Rev. dr. pén., 2003, pp. 567-
568. C. Caliman, ‘La loi du 19 décembre 2002 portant extension des possibilités de saisie et de
confiscation en matière pénale, Custodes, 2003, pp. 69-104. A. Masset, ‘Les saisies et les confiscations
en matière pénale facilitées, in Actualités de droit pénal et de procédure pénale (I), Liège, Commission
Université-Palais, CUP, déc. 2003, vol. 67, p. 141 et s. D. Vandermeersch, ‘La saisie en matière
pénale’, in Saisie et confiscation des profits du crime, Maklu, 2004, pp. 21-92. A. Masset, ‘Le droit de
la faillite confronté aux saisies et confiscations en matière pénale’, in Droit de la faillite: actualités
2005, Actes du colloque du 6 oct. 2005, Jeune Barreau Liège, 2005, pp. 114-141.
2. Adde la loi du 26 mars 2003 (M.B., 2 mai 2003) portant création d’un Organe Central pour la Saisie et
la Confiscation et portant des dispositions sur la gestion à valeur des biens saisis et sur l’exécution de
certaines sanctions patrimoniales.
3. Cass., 18 déc. 1984, Pas., 1985, I, p. 489; Cass., 20 sept. 1988, Pas., 1989, I, p. 69 et R.W., 1988-1989,
1128, obs. A. Vandeplas, ‘Verbeurdverklaring en onopzettelijke misdrijven’: cette jurisprudence se
fonde sur le libellé de l’article 42 du Code pénal dont les termes ‘servi, destinées, commettre’
impliquent nécessairement l’idée d’une volonté criminelle effective. Adde A. Masset, ‘La peine de
confiscation limitée aux infractions volontaires: le fruit du dogmatisme ?’, in Liber amicorum Jean du
Jardin, Kluwer, 2001, pp. 49-59.
4. Cass., 9 nov. 1999, Pas., 1999, I, p. 596 selon lequel l’art. 42, 18 C.P. entend par ‘choses formant l’objet
de l’infraction’, l’objet à l’égard duquel l’infraction est matériellement commise, et non l’objet que
l’auteur a frauduleusement soustrait, acquis, détourné ou recelé du fait de l’infraction.; il ne vise dès
lors pas le véhicule détourné par un failli au préjudice des créanciers de la masse faillie. En matière
d’organisation frauduleuse d’insolvabilité (art. 490bis C.P.), il a été jugé que l’objet de cette infraction
est l’état d’insolvabilité résultant des actes ou des abstentions frauduleux et non pas les biens et les
objets détruits, soustraits ou dissimulés. P.E. Trousse, Les Novelles de droit pénal, T. I, vol. 1, nos 862,
865, 874, 1562 et 1568, précise au contraire que les choses volées, bien que formant l’objet de
l’infraction, ne peuvent pas être confisquées car, au moment de l’infraction, elles n’appartiennent
pas au condamné. En toute hypothèse, le tribunal, même d’office, en ordonne la restitution à la victime,
sur la base de l’article 44 du Code pénal. Voy. E. Dirix, ‘De verbeurdverklaring met toewijzing aan de
benadeelde’, in Liber amicorum A. Vandeplas, Gand, Mys et Breesch, 1994, p. 185 et s.
tournevis ayant servi pour le vol d’une voiture, concerne la cagoule dont l’auteur
d’un hold-up s’est servi pour camoufler son visage;
3) les choses produites par l’infraction (art. 42, 28 C.P.): cette confiscation peut
intervenir même si la chose ainsi confisquée n’appartient pas au condamné; cette
confiscation spéciale est obligatoire pour les crimes et les délits, selon l’article 43
du Code pénal; elle interviendra, par exemple, pour les recettes provenant de
l’exploitation illicite d’un jeu de hasard;
5) les avantages patrimoniaux, les biens et valeurs qui leur ont été substitués et les
revenus de ces avantages investis qui sont trouvés dans le patrimoine d’une
personne ou en sa possession, ou leur équivalent, et qui proviennent ou sont
supposés provenir d’infractions qui sont identiques à celle qui a entraı̂né la
condamnation et du chef desquelles il n’est même pas requis que l’intéressé ait
été reconnu coupable; cette extension de confiscation spéciale facultative n’est
permise que lorsque la condamnation a été prononcée du chef d’infractions
énumérées par l’article 43quater, § 1er C.P., à savoir des infractions d’une
véritable gravité ou des infractions commises dans le cadre d’organisations
criminelles 3; cette extension n’est possible que pour les avantages patrimoniaux
provenant d’infractions identiques supposées commises dans une période pré-
cédant de 5 années l’inculpation; l’intéressé concerné par cette demande de
confiscation peut rapporter la preuve que les avantages patrimoniaux qu’il a
acquis durant cette période de 5 années ont une origine licite; cette innovation
introduit une répartition de la charge de la preuve entre le prévenu et le ministère
1. La confiscation liée à l’infraction de blanchiment pose difficulté; voy. Cass., 14 janv. 2004, Rev. dr.
pén., 2004, p. 508, et J.T., 2004, p. 499, note D. Vandermeersch, et les concl. av. gén. Loop sur le site
internet de la Cour de cassation, et T. Strafr., 2004, p. 167, note G. Stessens. O. Klees, ‘Quelques
réflexions à propos du régime de la confiscation applicable à l’infraction de blanchiment’, in Saisie et
confiscation des profits du crime, Maklu, 2004, pp. 223-262. C. Rome, ‘Commentaire de l’arrêt du
14 janvier 2004’, site internet de l’Office central des saisies et des confiscations, www.confiscaid.be.
Cet arrêt rejette le pourvoi dirigé contre Bruxelles, 30 juin 2003, Rev. dr. pén., 2004, p. 517. Cass.,
11 janv. 2005, T. Strafr., 2005, p. 297, note E. Francis.
2. Cass., 22 oct. 2003, Rev. dr. pén., 2004, p. 277, concl. av. gén. Spreutels, J.T., 2004, p. 354, concl.
M.P. et obs. E. Boigelot, J.L.M.B., 2004, p. 336, obs. F. Roggen, et R.D.C., 2004, p. 199, note O.
Creplet. M. Rozie, ‘Fiscale fraude in relatie tot verbeurdverklaring’, in Saisie et confiscation des
profits du crime, Maklu, 2004, pp. 215-222.
3. Cette énumération issue de la loi du 19 déc. 2002 portant extension des possibilités de saisie et de
confiscation en matière pénale, M.B., 14 févr. 2003, a déjà été modifiée par l’art. 2 de la loi du 5 août
2003 relative aux violations graves du droit international humanitaire.
public, de même qu’elle permet la confiscation de biens qui ne sont pas en lien
direct avec l’infraction sanctionnée 1.
La confiscation peut porter sur des choses se trouvant à l’étranger 2.
Les règles de la confiscation ainsi énoncées sont parfois assouplies dans le cadre de
législations particulières 3.
La confiscation est une peine accessoire qui s’applique également aux personnes
morales condamnées 4.
La peine de confiscation ne fait pas double emploi avec les prétentions de la victime
de l’infraction qui s’est constituée partie civile. L’article 43bis, alinéa 3, du Code
pénal prévoit la restitution à la partie civile des choses confisquées qui lui appartien-
nent 5; si la victime ne s’est pas constituée partie civile ou si un tiers prétend à quelque
droit envers les biens confisqués, la loi a organisé un système procédural pour
permettre à ces personnes de faire valoir leurs droits 6.
1. Art. 43quater C.P. introduit par la loi du 19 déc. 2002 portant extension des possibilités de saisie et de
confiscation en matière pénale, M.B., 14 févr. 2003; M.A. Beernaert, ‘La loi du 19 décembre 2002
portant extension des possibilités de saisie et de confiscation en matière pénale’, Rev. dr. pén., 2003,
pp. 567-568. C. Caliman, ‘La loi du 19 décembre 2002 portant extension des possibilités de saisie et de
confiscation en matière pénale’, Custodes, 2003, pp. 69-104. F. Deruyck, ‘De wet van 19 december
2002 tot uibreiding van de mogelijkheden tot inbeslagneming en verbeurdverklaring in strafzaken’, in
Strafrecht van nu en straks, Die Keure, 2003, p. 89-110. G. Stessens et Ph. Traest, ‘Meer moge-
lijkheden tot inbeslagneming en verbeurdverklaring in strafzaken’, R.W., 2004, p. 1041 et s.
2. Art. 43ter C.P. Cette confiscation est facilitée par l’intervention de l’Organe central pour la saisie et la
confiscation, créé par les lois des 19 et 26 mars 2003 (M.B., 2 mai 2003).
3. Voir par exemple l’art. 4, § 6 de la loi du 24 févr. 1921, modifiée par la loi du 9 juill. 1975 et la loi du
3 mai 2003, concernant le trafic des substances vénéneuses, soporifiques, stupéfiantes, psychotropes,
désinfectantes ou antiseptiques et des substances pouvant servir à la fabrication illicite de substances
stupéfiantes et psychotropes, qui autorise la confiscation des véhicules, instruments ou choses qui ont
servi ou ont été destinées à commettre les infractions à cette loi ou qui en ont fait l’objet, même s’ils ne
sont pas la propriété du condamné. Voir également l’art. 253 du Code pénal en matière de corruption,
appliqué dans le cadre de l’affaire Agusta-Dassault, in Cass., 23 déc. 1998, Rev. dr. pén., 1999, pp. 393
et s., spécialement pp. 456-457 (cet article a été abrogé par la loi du 10 févr. 1999 relative à la
répression de la corruption). Voir aussi l’art. 77bis, § 5, de la loi modifiée du 15 déc. 1980 permettant la
confiscation des biens immeubles donnés abusivement en location à des personnes en situation illégale,
même s’ils appartiennent en copropriété à des tiers, selon Corr. Gand, 5 janv. 2004, N.J.W., 2004, p.
204.
4. Sous la réserve de l’art. 7bis du Code pénal qui interdit la confiscation des choses formant l’objet de
l’infraction et des choses qui ont servi ou qui ont été destinées à commettre l’infraction, quand ces
choses s’identifient à des biens appartenant à la personne morale de droit public condamnée et déclarés
civilement insaisissables; cette dernière notion renvoie à l’art. 1412bis du Code judiciaire; sur ce sujet,
voy. A. Stranart et P. Goffiaux, ‘L’immunité d’exécution des personnes publiques et l’arti-
cle 1412bis du Code judiciaire’, J.T., 1995, pp. 437-447.
5. Ces biens restitués appartiennent à la partie civile et échappent au concours des créanciers (non
hypothécaires) du condamné: Civ. Bruxelles, j. sais., 29 nov. 2004, J.L.M.B., 2005, p. 835.
6. Ces droits peuvent être avancés par le mécanisme de l’intervention (Cass., 17 juill. 1995, Pas., 1995, p.
733), ou par le recours à la procédure mise sur pied par l’arrêté royal du 9 août 1991 réglant le délai (90
jours) et les modalités du recours des tiers prétendant un droit sur une chose confisquée; pour un cas
d’application, voy. Civ. Turnhout, 28 mars 2002, R.G.D.C., 2003, p. 126, ainsi que Anvers, ch. mises
acc., 31 mars 2000, T . Strafr., 2002, p. 263, note P. Arnou; un indivisaire nous paraı̂t pouvoir être
considéré comme un tiers (comp. Cass., 10 févr. 1999, R. Cass., 1999, p. 342, note G. Stessens) Adde,
le nouvel art. 5ter du titre préliminaire du Code de procédure pénale, introduit par la loi du 19 déc.
2002, M.B., 14 févr. 2003, qui impose que soit averti de la date d’audience tout tiers intéressé (voy.
M.A. Beernaert, ‘La loi du 19 décembre 2002 portant extension des possibilités de saisie et de
confiscation en matière pénale’, Rev. dr. pén., 2003, pp. 567-568, ainsi que C. Caliman, ‘La loi du
19 décembre 2002 portant extension des possibilités de saisie et de confiscation en matière pénale’,
Custodes, 2003, pp. 69-104).
1. Pour un cas d’application, voy. Corr. Anvers, 14 avril 1994, R.W., 1994-1995, p. 508, note G. Stessens,
‘Over het witwassen van druggelden’ et T.R.V., 1994, p. 285, note F. Hellemans; Corr. Anvers, 23
févr. 1993, T.R.V., 1994, p. 195, note; Corr. Anvers, 14 avril 1996, R.W., 1996, p. 659. Sur l’élément
moral de l’infraction, voir spécifiquement J. Verhaegen, ‘Dol et faute lourde en droit pénal’, in Liber
amicorum M. Châtel, Anvers, Kluwer Editions Juridiques Belgique, 1991, pp. 457 et 458; Corr.
Malines, 24 sept. 1999, Rev. banque, 1999, p. 450.
2. A. Masset, ‘L’infraction de blanchiment’, in Droit pénal, Liège, Formation permanente CUP, 1996,
VII, p. 305, ainsi que in Séminaire I.F.E., Blanchiment, Bruxelles, 17-19 sept. 2003; Th. Afschrift et
V.A. De Brauwere, Manuel de droit pénal financier, Kluwer, 2001, pp. 309-340; J.P. Spreutels et P.
de Mûelenaere, La cellule de traitement des informations financières et la prévention du blanchiment
de capitaux en Belgique, Bruylant, 2003, 326 p.; P. Monville, ‘Blanchiment’, in Postal Memorialis,
Kluwer, 2003, 20 p.; J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant,
2005, pp. 452-478; V. De Langhe, R. Van Hecke, et G. Vetcour, ‘Witwassen’, in Aspecten van
Europees formeel strafrecht, Anvers, Maklu, 2002, pp. 227-300; G. Stessens, Money laundering – A
New International Law Enforcement Model, Cambridge Univ. Press, 2000, 460 p.
42, 38 du Code pénal, soit les avantages patrimoniaux tirés directement de l’infraction,
les biens et valeurs qui leur ont été substitués et les revenus de ces avantages investis.
Enfin la loi du 11 janvier 1993, modifiée en 2004, relative à la prévention de
l’utilisation du système financier aux fins de blanchiment de capitaux, donne du
blanchiment une définition différente, ce qui ne va pas sans créer de nouvelles
difficultés.
1. P. Monville, o.c., p. 4.
– En ce qui concerne les actes prévus à l’article 505, 38 du Code pénal, les choses se
présentent de manière un peu différente:
1. Voir pour une énumération des caractéristiques ‘intuitu personae’: Th. Afschrift et V.A. De
Brauwere, Manuel de droit pénal financier, 2001, p. 320 (soit par exemple son expérience, sa
profession, l’existence d’antécédents judiciaires).
2. Voir pour une liste des circonstances rendant la transaction suspecte, Th. Afschrift et V.A. De
Brauwere, o.c., p. 321 (la personnalité du cocontractant, le caractère secret de l’opération, l’absence
de facture,...).
3. M. Morris, ‘Impôts, argent noir et blanchiment’, R.G.F., 1998, p. 417.
1. A. Masset, o.c., p. 307. Gand, 25 mai 2004, T. Strafr., 2005, p. 474, note J. Rozie.
2. Cass., 21 juin 2000, Pas., 2000, I, p. 387.
3. Doc. parl., Sénat, Exposé des motifs, 1994-1995, n8 1323/1, p. 9.
4. Article 505, alinéa 3.
5. Doc. parl., Sénat, Exposé des motifs, 1994-1995, n8 1323/1, p. 10.
6. Cass., 22 oct. 2003, J.T., 2004, p. 354, Rev. dr. pén., 2004, p. 277, chacune avec les concl. av. gén.
Spreutels, J.L.M.B., 2004, p. 336, obs. F. Roggen, Rev. dr. commercial, 2004, p. 199, note O.
Creplet, et T. Straf., 2004, p. 167, obs. G. Stessens. Corr. Hasselt, 7 janv. 2004, F.J.F., 2005, p. 649.
Corr. Bruxelles, 26 févr. 2004, F.J.F., 2005, p. 115; T.F.R. 2004, p. 873.
1. Cass., 8 mai 2002, Pas., p. 1117; Rev. dr. pén., 2002, p. 965; J.T., 2003, p. 25.
2. A. De Nauw, ‘De strafrechterlijke aspecten van de wet van 11 januari 1993 tot voorkoming van het
gebruik van het financieel stelstel voor het witwassen van geld’, in Om deze redenen, Liber Amicorum
Armand Vandeplas, 194, p. 133 et s. J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des
affaires, Bruylant, 2005, pp. 478-496.
3. Sont concernés la Banque nationale de Belgique, les établissements de crédit, les entreprises d’assu-
rances, les sociétés de bourse, conseillers en placement et gestionnaires de fortune, mais également les
entreprises physiques ou morales qui émettent des cartes de crédit, les agents immobiliers, les
entreprises de gardiennage, les entreprises de location-financement,... et, depuis l’arrêté royal du 1er
mai 2006, également les sociétés de gestion d’organismes de placement collectif.
4. J.L. Van Boxtael, ‘Blanchiment de capitaux dans les actes notariés: quelques réflexions sur la
limitation des paiements en espèces’, Rev. not. belge, 2004, p. 315 et s.
5. A. Kilesse et J.C. Delepiere (s.l.d.), La lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme,
Série Audit accountancy tax, La Charte, 2005, 263 p.
6. M. Morris, ‘Impôts, argent noir et blanchiment’, R.G.F., 1998, p. 423; R. Devloo, ‘De meldingsplicht
bij fraude na de wet van 10 augustus 1998’, R.W. 1998-1999, p. 1199.
220 Introduction
A côté de ces textes épars, le Code pénal contient des dispositions d’ordre général
qui peuvent aussi s’appliquer aux entreprises. C’est ainsi que des exploitants de
salles de cinéma ont été poursuivis – et en fin de compte acquittés – pour outrage aux
mœurs (art. 383) suite à la projection d’un film estimé licencieux, ‘Le miracle de
l’amour’ 4. De même, les articles 418 à 420 du Code qui répriment l’homicide et les
lésions corporelles involontaires sont souvent invoqués: en cas d’accidents du travail,
ou de catastrophes survenant dans une entreprise industrielle ou commerciale 5.
Mais les dispositions les plus marquantes et les plus régulièrement mises en œuvre
sont celles relatives:
1. aux faux en écritures;
2. à l’abus de confiance;
3. à l’escroquerie.
Ces trois infractions constituent en quelque sorte le trépied de tout le droit pénal des
1. Sur cette matière, voir M. Rigaux et P.E. Trousse, Les crimes et délits du Code pénal, Les Novelles,
t. III, 1957. J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp.
201-255. Pour un relevé de la jurisprudence, voir A. Masset, ‘Faux en écritures et usages de faux’,
Qualifications et jurisprudence pénales, Bruxelles, La Charte, 2004 (mis à jour), 36 p.
2. Cass., 23 oct. 1961, Pas., 1962, I, p. 207; L. Matray, ‘Simulation de droit privé et faux criminel’, Rev.
dr. pén., 1968-1969, pp. 581 à 624; P.E. Trousse, ‘La simulation en droit privé et le faux criminel’,
Rev. dr. pén., 1968-1969, pp. 625 à 651; F. Roggen, ‘La responsabilité à base documentaire en droit
pénal’, Rev. dr. U.L.B, 1992, pp. 175 à 192; Cass., 16 juin 1999, Rev. dr. pén., 2000, p. 81, et
conclusions ministère public.
des conditions qui y sont constatées. C’est le cas notamment des factures fictives 1 et
des sociétés fictives 2.
b. L’intention frauduleuse ou le dessein de nuire (art. 193)
L’intention frauduleuse se définit comme étant le but de se procurer à soi-même ou à
autrui un avantage illicite quelconque 3: dissimuler ses revenus réels, toucher indû-
ment une indemnité d’assurance 4, couvrir un transport illicite d’alcool, recevoir des
honoraires non légitimement mérités...
Le dessein de nuire consiste en la volonté de porter atteinte à la considération
d’autrui: par exemple, fabriquer un écrit faux dans le but de faire condamner un tiers.
Le coauteur ou le complice ne doit avoir été mû que par un dol général, sans
exigence du dol spécial requis pour l’auteur 5.
c. La possibilité d’un préjudice
Si l’altération de la vérité ne peut engendrer aucun préjudice matériel ou moral pour
qui que ce soit, elle ne constitue alors pas un faux punissable. Le but du législateur est
la protection de la confiance obligée dans les écrits. La lésion de cette confiance
constitue un préjudice: ainsi, quand un faux est commis dans un acte authentique, le
préjudice résulte automatiquement de l’atteinte portée à la foi publique. Il suffit que le
préjudice soit possible, il ne faut pas qu’il ait été réellement causé: c’est la raison pour
laquelle la loi réprime le faux indépendamment de son usage 6.
Le préjudice peut être matériel ou moral. Ainsi, constitue un faux et un usage de
faux le fait pour un gérant de société, convoqué devant le service des enquêtes
commerciales, de soumettre au juge enquêteur une situation comptable contenant
des mentions inexactes. La possibilité de préjudice résulte de la conviction du juge
induit en erreur par la sincérité apparente de l’acte.
d. La réalisation du faux dans l’un des écrits et selon l’un des moyens prévus par
la loi
Les termes de la loi sont très généraux: l’écriture peut être imprimée, manuscrite,
dactylographiée, photocopiée, ou informatique 7. ‘Le minimum exigé est que l’écri-
ture soit l’expression d’une idée, la reproduction de paroles, de mots, de chiffres’ 8.
1. Cass., 21 déc. 1959, Pas., 1960, I, p. 477; Cass., 26 sept. 1966, Pas., 1967, I, p. 89; Cass., 16 nov. 1964,
Pas., 1965, I, p. 269; Cass., 28 nov. 1978, Pas., 1979, I, p. 357; Cass., 5 avril 1996, Rev. dr. pén., 1996,
p. 634; Cass., 5 févr. 1997, Larc. Cass., 1997, pp. 197, 200 et 203.
2. Cass., 6 févr. 1979, Pas., 1979, I, p. 641; Corr. Bruxelles, 19 déc. 1980, Rev. prat. soc., 1981, p. 53;
Liège, 12 mai 1989, Pas., 1990, II, p. 17.
3. Cass., 22 févr. 1977, Pas., 1977, I, p. 659; Cass., 15 juin 1982, Pas., 1982, I, p. 1194; Cass., 13 sept.
1994, Pas., 1994, I, p. 718. Il a été jugé que le faux en écritures était punissable même s’il était commis
uniquement dans le but de procurer à son auteur la preuve de faits contestés: Cass., 9 févr. 1982, Pas.,
1982, I, p. 721; Cass., 26 janv. 1996, Larc. Cass., 1996, no 272. M. Rigaux et P.E. Trousse, o.c.,
no 240, assimilent à l’intention frauduleuse la recherche d’un avantage que l’on n’aurait pas pu obtenir
ou que l’on aurait obtenu plus malaisément.
4. Cass. (2e ch.), 21 juin 2005, RG P.05.0073.N, sur le site http://www.cass.be.
5. Cass. (2e ch.), 10 mai 2005, RG P.05.0122.N, sur le site http://www.cass.be.
6. Cass. (2e ch.), 20 sept. 2005, RG P.05.0268.N, sur le site http://www.cass.be.
7. Liège, 26 févr. 1992, J.L.M.B., 1992, p. 1346. Pour un faux en écritures par falsification des indications
portées sur un disque tachygraphe, voir Pol. Hasselt, 7 déc. 1988, J.J.P., 1989, p. 347; Bruxelles ch.
mises acc., 7 févr. 2000, Rev. dr. pén., 2000, p. 865 (falsification de codes barres). La loi du
28 novembre 2000 relative à la criminalité informatique, M.B., 3 février 2001; C. Meunier, ‘La loi
relative à la criminalité informatique’, in C.U.P., Formation permanente, Le droit des nouvelles
technologies, févr. 2001, pp. 35-160; cette loi insère un article 210bis, dans le Code pénal pour
réprimer le faux et l’usage de faux en informatique; voy. O. Leroux, ‘Le faux informatique’, J.T.,
2004, p. 509 et s.
8. A. Marchal et J.-P. Jaspar, o.c., t. I, no 387. F. Willio, ‘Het begrip ‘beschermd geschrift’ in
artikelen 193 e. v. Sw.’, R.W., 1995-1996, p. 793 et s. Bruxelles, ch. mises acc., 7 févr. 2000, Rev. dr.
pén., 2000, p. 865 (falsification de codes barrés).
Tel n’est pas le cas des écritures musicales 1, des empreintes digitales 2. La falsifica-
tion de plans, par exemple, pour obtenir un permis de bâtir, donne ouverture à une
jurisprudence controversée.
La protection s’étend à l’ensemble des écritures:
– authentiques et publiques: les actes judiciaires (jugements, procès-verbaux dressés
par des officiers de police judiciaire), les actes administratifs (registre du
commerce, déclaration en douane, registres du conservateur des hypothèques),
les actes des officiers publics (notaires, huissiers);
– de commerce et de banques: polices d’assurance et déclarations de sinistres,
bordereaux, requêtes en concordat judiciaire, livres de commerce, actes de socié-
tés, titres de transport, chèques, traites, indication du titulaire d’un compte
bancaire 3 etc.;
– privées, lorsque celles-ci sont de nature à produire des effets juridiques, ou peuvent
faire preuve dans une certaine mesure, les tiers étant tenus envers ces documents
par une certaine confiance obligée; ainsi, des mentions fausses portées sur un
document de licenciement C4 4; ainsi, une fausse facture peut constituer un faux en
écritures lorsqu’elle est produite frauduleusement envers les tiers, mais non point
lorsqu’elle est adressée au client qui peut en vérifier l’exactitude 5.
1. Bruxelles, 12 juill. 1945, J.T., 1945, p. 515. Dans la matière artistique, les faux peuvent tomber sous le
coup des articles 80 et 81 de la loi du 30 juin 1994 pour les contrefaçons portant atteinte aux droits
d’auteur et aux droits voisins.
2. Cass. fr., 15 mai 1934, D., 1934, I, 113.
3. Corr. Liège, 17 sept. 2003, J.L.M.B., 2003, p. 1542, et Liège, 15 oct. 2004, Journ. Proc., 2004, n8 483,
p. 24.
4. Corr. Verviers, 12 sept. 1991, Orientations, 1991, no 10, pp. 224 et s., note A. Masset ‘Préavis antidaté
et autres faux en écritures dans des documents sociaux’.
5. Cass., 5 oct. 1982, Pas., 1983, I, p. 167; Liège, 22 mars 1988, J.L.M.B, 1989, p. 518; Cass., 25 oct.
1988, J.L.M.B., 1989, p. 1001; Cass., 20 avril 1988, Pas., 1988, I, p. 982; Corr. Bruxelles, 19 mars
1992, Rev. dr. pén., 1992, p. 807, note H.D. Bosly; Cass., 15 juin 1994, Bull., 1994, no 309; Bruxelles,
14 déc. 1994, J.L.M.B., 1995, p. 210. Cass., 5 avril 2004, Rev. dr. pén., 2004, p. 1076 et J.T., 2004, p.
29. Cass. (2e ch.), 13 sept. 2005, RG P.05.0372.N, sur le site http://www.cass.be.
6. L’article 30, 17o L.C.S.C. a été remplacé, sans altération de sa teneur, par l’article 453, al. 1er 11o C. soc.
suite à la codification de cette matière par la loi du 7 mai 1999.
. une personne constitue fictivement une société dans le seul but de faire obstacle
à l’exécution de décisions judiciaires en matière de pensions alimentaires et
d’organiser de la sorte son insolvabilité (art. 490bis C.P.) ou dans le but de
contourner une interdiction professionnelle qui la frappe.
Ainsi est entaché de faux l’acte constitutif d’une SA dont il est établi que les
comparants agissaient par pure complaisance et que leurs souscriptions – faites avec
des fonds qui ne leur appartenaient pas – étaient fictives 1.
Constitue de même un faux en écritures l’acte d’augmentation de capital d’une SA,
contenant l’affirmation sciemment fausse que certains comparants sont actionnaires et
qu’ils souscrivent aux nouvelles actions 2.
La cour d’appel d’Anvers 3 a estimé qu’était fictif l’apport d’un fonds de commerce
dont le passif excède l’actif: commet dès lors un faux en écritures, celui qui dans l’acte
constitutif présente un tel apport comme effectif.
La cour d’appel de Bruxelles 4 a estimé que peut constituer un faux intellectuel le
fait de sous-évaluer les apports en nature: en l’espèce le faux avait été établi dans le
but d’éviter un supplément de droits d’enregistrement qu’aurait entraı̂né l’évaluation
exacte de l’avoir social.
260 La peine
Le faussaire et l’auteur de l’usage de faux sont en principe punis de la réclusion (c’est-
à-dire d’un emprisonnement de 5 à 10 ans) et d’une amende de 26 à 2.000 euros. Dans
la pratique, ces crimes sont toujours ‘correctionnalisés’ et sanctionnés par un em-
prisonnement d’un mois à cinq ans et par une amende de 26 à 2.000 euros.
280 Prescription
Une jurisprudence constante considère ‘qu’à l’égard de l’auteur, le faux et l’usage de
faux constituent une seule et même infraction, l’usage en pareil cas n’étant que la
continuation du faux; qu’il s’ensuit que la prescription ne commence à courir pour
l’ensemble de l’infraction qu’à partir du dernier acte d’usage; qu’il y a usage du faux,
même sans fait nouveau de l’auteur du faux et sans intervention itérative de sa part,
tant que le but qu’il visait n’est pas entièrement atteint et tant que l’acte initial qui lui
est reproché continue de produire à son profit, sans qu’il s’y oppose, l’effet utile qu’il
en attendait’ 1.
1. L’abus de confiance
1. Cass., 5 oct. 1982, Pas., 1983, I, p. 167; Corr. Bruxelles, 3 mai 1989, J.T., 1991, p. 33; Liège, 24 mars
1995, J.L.M.B., 1995, p. 835. Cass., 15 nov. 2001, Pas., 2001, n8 384. Sur cette matière, voy. A.
Masset, o.c., pp. 28-32. Adde C.A. n8 199/2005, 21 déc. 2005 (question préjudicielle) http://www.ar-
bitrage.be (9 janv. 2006); Adde C.A., n8 199/2005, 21 déc. 2005, M.B., 13 févr. 2006, qui avalise cette
jurisprudence. Pour une critique de cette jurisprudence, voy. A. Masset, ‘Réflexions à propos de la
prescription de l’action publique, spécialement dans le domaine des infractions de faux en écriture’,
Rev. fac. dr. Liège, 2006, p. 231 et s.
2. Sur cette matière, voy. R. Charles, R.P.D.B., Compl. III, vo Abus de confiance, 1969; J. Spreutels,
F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 322-345. R. Dezeure,
‘Abus de confiance’, Qualifications et jurisprudence pénales, Bruxelles, La Charte, 1992, pp. 1 à 29.
3. Cass., 16 avril 1934, Pas., 1934, I, p. 244; Cass., 18 mars 1940, Pas., 1940, I, p. 94.
4. Cass., 3 oct. 1966, Pas., 1967, I, p. 136; Cass., 5 janv. 1988, Pas., 1988, I, p. 534.
5. Cass., 21 oct. 1980, Pas., 1981, I, p. 220. Cass., 6 sept. 1995, Rev. dr. pén., 1996, p. 334.
6. Cass., 28 janv. 1999, Bull. ass., 2000, p. 267.
moment où il quitte le service d’une entreprise, un livre de comptes qui lui avait été
confié et dont l’intention est de tirer profit des annotations contenues dans ce livre 1.
Le délit d’abus de confiance requiert une remise translative de la possession
précaire de l’objet à l’auteur par son propriétaire ou par un tiers agissant pour son
compte. Si la rétention frauduleuse ou l’usage abusif, secret et préjudiciable d’un actif
social peuvent constituer, le cas échéant, un abus de biens sociaux, ils ne peuvent, en
revanche, constituer un délit d’abus de confiance lorsque l’auteur, n’ayant pas été mis
en possession des biens, n’a pu se les approprier 2.
L’usage abusif des biens appartenant à une société est cependant à présent réprimé
par le droit belge (voir nos 333 à 337 de ce livre).
c. Au préjudice d’autrui
Le préjudice existe dès qu’il est réalisé ou possible. La restitution tardive ne fait pas
disparaı̂tre le délit. Ainsi, a été condamné pour détournement celui qui avait disposé
frauduleusement de certains titres pour cautionner l’engagement d’un tiers, encore que
ces titres aient été restitués dans la suite. Le préjudice existait par suite de l’affectation
de ces titres au cautionnement du tiers 3.
d. Objets de l’abus de confiance
L’énumération des biens susceptibles d’être détournés ou dissipés est interprétée de
façon large par la jurisprudence qui considère qu’il s’agit de toute chose mobilière
pouvant faire l’objet d’un échange ou d’un commerce: fiches de renseignements
commerciaux, effets de commerce, chèques, actions ou obligations de sociétés, courant
électrique...
L’infraction peut porter sur des choses fongibles (c.-à-d. interchangeables): dans ce
cas, le délit n’existe qu’à partir du moment où l’auteur s’est mis dans la situation de ne
pouvoir soit rendre ce qui lui avait été remis, soit en faire l’emploi auquel il était tenu 4
(p. ex.: l’agent d’assurances ayant utilisé à des fins personnelles le montant de primes
encaissées pour compte de la compagnie).
e. Les objets doivent avoir été remis à l’auteur de l’infraction à la condition de les
rendre ou d’en faire un usage ou un emploi déterminé
La remise doit être volontaire, spontanée et être ‘translative de la possession précaire
de la chose’, c’est-à-dire que la remise est faite avec l’obligation pour le possesseur de
restituer l’objet ou d’en faire un usage déterminé; sont ainsi translatifs de la possession
précaire les contrats de dépôt, de mandat, de louage, de gage, de prêt à usage. Puisque
l’abus de confiance est une infraction contre la propriété, il ne peut pas y avoir
détournement lorsque le prévenu est devenu propriétaire par la remise 5: à défaut de
preuve de toute stipulation contraire entre parties, c’est en propriété que sont transmis
les acomptes versés à celui qui s’est engagé à effectuer un travail en exécution d’un
contrat d’entreprise 6.
320 La peine
L’article 491 du Code pénal punit l’auteur de l’abus de confiance d’un emprisonne-
ment d’un mois à cinq ans et d’une amende de 26 à 500 euros.
1. Sur cette incrimination, voir les commentaires de E. Roger France, ‘La répression des abus de biens
sociaux: le nouvel article 492bis du Code pénal’, J.T., 1996, p. 533 et s.; A. De Nauw, ‘Misbruik van
de goederen of van het credit van de rechtspersoon’, R.W., 1997-1998, p. 521 et s.; O. Caprasse, ‘La
responsabilité civile et pénale des dirigeants d’entreprise en difficulté’, La faillite et le concordat en
droit positif belge après la réforme de 1997, C.D.V.A., Université de Liège, 1998, pp. 328-348;
I. Verougstraete, Manuel de la faillite et du concordat, Kluwer, 1998, pp. 572-582; F. Roggen,
‘L’incrimination nouvelle d’abus de biens sociaux en droit belge’, Rev. dr. U.L.B., 1997, pp. 121-142.
J. Bihain ‘Le point sur quelques sujets d’actualités en droit pénal des affaires, in C.U.P., Formation
permanent, Le point sur le droit pénal, vol. 37, févr. 2000, pp. 83-102. J. Spreutels, F. Roggen, E.
Roger-France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 346-376.
2. Ex.: la sûreté donnée par une société pour cautionner la dette de l’ami personnel d’un dirigeant, ou
l’octroi d’un prêt sans intérêt ou l’omission volontaire de réclamer des factures échues d’un montant
important; Cass., 17 mars, 1999, J.T., 1999, p. 447, note F. Roggen; Cass., 19 mai 1999, J.T., 1999.
p. 645. Cass., 9 févr. 2005, J.L.M.B., 2005, p. 524, J.T., 2005, p. 236, Rev. dr. pén., 2005, p. 550 et
DAOR, 2005, p. 169.
C. L’ESCROQUERIE
1. Sur cette matière, voy. P. Sasserath, R.P.D.B., Compl. IV, vo Escroquerie, 1972. J. Spreutels, F.
Roggen, E. Roger-France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 376-406. Pour un relevé de
la jurisprudence, voir P.L. Bodson et D. Bernard, ‘L’escroquerie’, Qualifications et jurisprudence
pénales, Bruxelles, La Charte, 1994, pp. 1 à 18.
2. Cass., 25 janv. 1984, Pas., 1984, I, p. 565.
3. A. De Nauw, Initiation au droit pénal spécial, E. Story-Scientia, 1987, pp. 356 et 357.
4. Voy. no 370 de ce livre.
ayant pour but et comme résultat de tromper autrui. Elles doivent avoir été employées
en vue d’atteindre un des buts déterminés par le texte légal. Il est admis que la
manœuvre frauduleuse peut être constituée par un ensemble de faits dont chacun n’est
qu’un élément de la manœuvre et ne doit pas réunir tous les caractères de celle-ci 1. Un
simple mensonge ne suffit pas: les manœuvres doivent revêtir une forme positive et
extérieure qui les rende visibles et tangibles 2: ainsi les allégations mensongères faites
par un emprunteur sur sa solvabilité ne constituent pas des manœuvres; mais si elles
sont accompagnées de documents qui leur confèrent un certain crédit (p. ex., une
fausse situation comptable), elles deviennent punissables 3. L’usage de faux en
écritures constitue l’une des formes les plus fréquentes de manœuvres frauduleuses.
1. Cass., 20 janv. 1969, Pas., 1969, I, p. 459; Cass., 7 févr. 1990, Pas., 1990, I, p. 664.
2. Bruxelles, 27 févr. 1997, J.L.M.B., 1997, p. 1442: ‘La seule inaction ne peut être une manœuvre
frauduleuse car il faut un fait positif de la part de l’escroc; cette manœuvre ne pourrait être constituée
par des réticences, par la dissimulation de la vérité à la victime ou par le fait d’omettre de lui révéler des
faits qui l’auraient amenée, si elle les avait connus, à ne pas consentir’; Cass., 22 sept. 1999, J.T., 2000,
p. 51.
3. Cass., 4 mars 1997, Larc. Cass., 1997, p. 196; Liège, 11 avril 1984, J.L., 1984, p. 266: la dissimulation à
l’égard d’organismes de crédit de l’existence d’emprunts antérieurs et la substitution de personnes, les
emprunteurs nommément désignés n’étant pas les réels emprunteurs et n’étant que des prête-noms,
démontrent l’existence de l’intention frauduleuse et des manœuvres constitutives de l’escroquerie.
4. P. Sasserath, o.c., no 119.
5. Cass., 4 nov. 1974, J.T., 1975, p. 27 et obs. et Rev. dr. pén., 1974-1975, p. 747, note H.D. Bosly. Corr.
Liège, 22 mars 1982, J.L., 1982, p. 319; Corr. Bruxelles, 29 avril 1971, J.T., 1973, p. 237, note
J. Messinne. Par contre, user abusivement d’une carte de crédit au-delà des limites contractuelles
n’est pas constitutif d’infraction s’il n’est pas établi que le prévenu a usé de manœuvres frauduleuses
pour se faire délivrer la carte ou l’utiliser après sa révocation: Liège, 13 nov. 1985, J.L., 1986, pp. 230,
et étude d’A. Masset, ‘Utilisation frauduleuse et abusive des cartes de paiement et de crédit’, J.T.,
1987, pp. 137 à 142.
6. Bruxelles, 11 juin 1975, J.T., 1975, p. 508. Cass., 13 mai 2003, T. Strafr., 2004, p. 282.
7. Cass., 15 mars 1988, Pas., 1988, I, p. 849. Comp. art. 509 et 509ter C.P.
8. Cass. fr., 5 janv. 1938, D., 1938, 133; Bruxelles, 10 avril 1975, Pas., 1976, II, p. 15.
1. Cass., 13 juin 1966, Pas., 1966, I, p. 1309, cité in R.P.D.B., no 119 (52); Liège, 25 juin 1997, Chron.
D.S., 1998, p. 135 (escroquerie envers des candidats à l’emploi).
2. Bruxelles, 5 févr. 1964, Pas., 1964, II, p. 214. Corr. Arlon, 29 juin 1959, J.L., 1959-1960, p. 3. Pour un
exemple d’escroquerie par publicité dépassant les limites tolérées dans l’exagération publicitaire, voir
Corr. Nivelles, 2 déc. 1972, J.T., 1973, p. 113.
3. Cass., 12 nov. 1917, Pas., 1918, I, p. 127; Bruxelles, 30 juin 1971, Pas., 1972, II, p. 98; Anvers,
24 déc. 1992, R.W., 1992-1993, p. 1200, note.
4. Anvers, 11 mai 1984, R.W., 1984-1985, col. 2558. Cette pratique est également incriminée par
l’art. 105 loi 14 juill. 1991 sur les pratiques du commerce et sur l’information et la protection du
consommateur.
5. Voy. les précisions et références citées par A. De Nauw, o.c., p. 367, note 363; Liège, 7 nov. 1996,
J.L.M.B., 1997, p. 528. Cette pratique est également incriminée par l’article 105 de la loi du 14 juillet
1991 sur les pratiques du commerce et sur l’information et la protection du consommateur. Il en est de
même pour les jeux pyramide: Anvers, 27 juin 2000, Limb. Rechtsl., 2000, p. 408.
6. Outre, l’art. 498 du Code pénal réprimant la tromperie, il peut encore être fait référence à la loi du
11 juin 2004 réprimant la fraude relative au kilométrage des véhicules. A. Vandeplas, ‘Over het
bedrog met de kilometerstand van voertuigen’, in Liber Amicorum Jean du Jardin, Kluwer, 2001, p.
289.
7. Cass., 4 nov. 1986, Pas., 1986, I, p. 1248.
8. R. Sasserath, o.c., nos 109 à 119 (59).
1. Cass., 6 nov. 2002, J.L.M.B., 2003, p. 819 et J.T., 2003, p. 579, et note J. Kirkpatrick, pp. 573-579.
2. L’article 202 L.C.S.C. a été remplacé, sans altération de sa teneur, par les articles 348 C. soc. pour les
SPRL, 388 pour les SC, et 649 pour les SA, suite à la codification de cette matière par la loi du 7 mai
1999 - voy. infra, no 890.
3. Cette loi sera abrogée lorsque entrera en vigueur la loi du 11 juin 2004 réprimant la fraude relative au
kilométrage des véhicules, elle-même complétée par les arrêtés royaux des 21 févr. 2005 et 4 mai 2006.
1. Pour des commentaires relatifs à l’ancienne législation, toujours d’actualité lorsqu’il y a identité des
éléments constitutifs voir A. Van den Bulck, ‘Banqueroute’, Qualifications et jurisprudence pénales,
La Charte, 1994, pp. 1 à 19; J.P. Spreutels et J. Messinne, ‘Considérations sur la banqueroute’,
L’entreprise en difficulté, Bruxelles, Éd. Jeune Barreau, 1981, pp. 331 à 365; J.L. Duplat, ‘Aspects
nouveaux du droit de la banqueroute’, L’évolution récente du droit commercial et économique, Éd.
Jeune Barreau, Bruxelles, 1978, p. 377 et s.; A. De Nauw, Initiation au droit pénal spécial, E. Story-
Scientia, 1987, pp. 331 à 339; O. Ralet, Responsabilités des dirigeants de sociétés, Larcier, 1996,
pp. 314 à 320.
Sur la nouvelle législation, voir pour les commentaires, O. Caprasse, o.c., pp. 320 à 327; O. Cusas et
J.-P. Renard, o.c., pp. 191 à 195; Y. Dumon, ‘La faillite et le concordat judiciaire – la réforme de
1997’, J.T., 1997, pp. 807 à 809; I. Verougstraete, Manuel de la faillite et du concordat, Kluwer,
2003. Adde le no spécial de la Rev. dr. pén. consacré au thème Le nouveau droit pénal belge de la
faillite, in Rev. dr. pén., 1998, pp. 379-483. L. Bihain, ‘Le point sur quelques sujets d’actualités en
droit pénal des affaires’, in C.U.P., Formation permanente, Le point sur le droit pénal, vol. 37, févr.
2000, pp. 63-82. Ph. Traest, ‘Misdrijven die verband houden met de staat van het faillissement’, in
Ondernemingsstrafrecht, Die Keure, 1999, pp. 5-39. Th. Afschrift et V.A. De Brauwere, Manuel de
droit pénal financier, Kluwer, 2001, pp. 405-458. J.F. Goffin, Responsabilités des dirigeants de
sociétés, Larcier, 2004, pp. 425-432. J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des
affaires, Bruylant, 2005, pp. 1111-1174. Sur une question d’application de la loi dans le temps, voy.
Mons, 23 févr. 1999, Rev. dr. pén., 1999, p. 1058 et 24 févr. 1999, Rev. dr. pén., 1999, p. 1213.
2. Cass., 18 déc. 1978, J.T., 1979, p. 407; Cass., 1er oct. 1973, Pas., 1974, I, p. 94.
créancier privilégié est licite, de même que celui fait pour la conservation d’un élément
actif (des frais de remise en état par exemple) tandis que le paiement d’une livraison
future peut être critiquable 1; la faveur à un créancier est fréquemment la reprise par le
fournisseur avec l’accord du débiteur, de marchandises vendues, mais impayées, et ne
constituera l’infraction qu’à la condition de rencontrer l’exigence du dol spécial;
l’exposé des motifs précise que le comportement incriminé n’est à prendre en consi-
dération qu’à partir de la date de cessation des paiements 2.
d. Article 489bis, 4o: avoir, dans l’intention de retarder la déclaration de faillite,
omis de faire l’aveu de la faillite dans le délai prescrit par l’article 9 de la loi sur les
faillites, ou avoir sciemment omis de fournir, à l’occasion de l’aveu de la faillite, les
renseignements exigés par l’article 10 de la même loi, ou avoir sciemment fourni des
renseignements inexacts à l’occasion de l’aveu de la faillite ou ultérieurement aux
demandes adressées par le juge-commissaire ou par le curateur: le nouvel article est le
correspondant de l’ancien article 574, 4o, du Code de commerce, sous la réserve que le
défaut d’aveu de faillite n’est incriminé à présent que si le prévenu poursuivait une
intention de retarder la déclaration de faillite; ce dol tout à fait spécial est évidemment
essentiel 3 et rend la nouvelle disposition plus favorable au prévenu 4; par ailleurs, le
délai résultant de la nouvelle loi sur les faillites pour faire l’aveu de la faillite est à
présent d’un mois, et non plus de trois jours comme précédemment; l’introduction de
ce dol spécial devrait avoir pour effet de réduire les poursuites de ce chef, l’ancienne
disposition étant la plus fréquemment appliquée dans le droit pénal de la faillite; le
délai d’un mois court à dater de la cessation des paiements dont le moment est arrêté
de manière indépendante par le juge pénal.
fin par le failli, les ventes au noir, des prélèvements anormaux, même au titre de
rémunération, dans les fonds de l’entreprise 1, l’impossibilité de justifier la discor-
dance entre l’actif actuel et l’actif du dernier inventaire 2; le détournement ou la
dissimulation doivent être commis au préjudice de la masse des créanciers et non de
certains d’entre eux seulement 3.
b. Article 489ter, 2o: avoir soustrait, en tout ou en partie, des livres ou documents
comptables: il s’agit du correspondant de l’ancien article 577, 1o, in initio du Code de
commerce; le droit comptable vise à permettre aux tiers la connaissance de la situation
de leur débiteur, la faute étant de les mettre frauduleusement dans l’impossibilité de
disposer d’une information sincère.
S’agissant à présent de délits et non plus de crimes, il était nécessaire qu’une
précision particulière incrimine la tentative de ces délits, ce qui est prévu dans ce
même article 489ter.
Certaines hypothèses anciennes de banqueroute frauduleuse ont disparu du nouveau
Code pénal, notamment l’altération frauduleuse des livres et documents comptables et
la reconnaissance frauduleuse de dettes fictives, ces hypothèses restant évidemment
visées par les dispositions des articles 193 et suivants du Code pénal relatives à la
répression des faux en écriture 4, en telle sorte que certaines redondances d’incrimi-
nations ont été supprimées.
387 Infractions visées par les articles 489quinquies et sexies du Code pénal: infrac-
tions commises par des tiers
L’article 489quinquies est le correspondant de l’ancien article 575 du Code de
commerce en ce qu’il incrimine les infractions commises par des tiers et non par le
failli; le dol spécial est requis et précisé; les faits incriminés supposent l’existence d’un
jugement ou d’un arrêt déclaratif de faillite préalable
L’article 489quinquies concerne d’abord les tiers qui, dans l’intérêt du commerçant
ou d’une société commerciale déclarés faillis, ont soustrait, dissimulé ou recelé tout ou
partie de l’actif; il incrimine ensuite celui qui a présenté dans la faillite et affirmé, soit
en son nom soit par interposition de personnes, des créances supposées ou exagérées.
L’intention frauduleuse est exigée.
L’article 489sexies nouveau du Code pénal incrimine le curateur qui s’est rendu
coupable de malversation dans sa gestion, comme le faisait l’ancien article 575, 4o, du
Code de commerce 5.
Les tiers peuvent donc être les auteurs d’une infraction principale aux articles
489quinquies et sexies, mais peuvent également être inquiétés au titre de la participa-
tion, en qualité de co-auteur ou de complice, à des infractions principales commises
par les commerçants en état de faillite ou par les dirigeants des sociétés commerciales
en état de faillite. Les principes généraux de la participation s’appliquent évidemment
aux articles 489 à 490 nouveaux du Code pénal; rappelons que le co-auteur ou le
complice est susceptible d’être poursuivi alors qu’il n’a pas agi lui-même dans une
1. Corr. Bruxelles, 31 oct. 1980, J.T., 1981, p. 274; Bruxelles, 14 déc. 1994, J.L.M.B., 1995, p. 210; cette
incrimination entrera parfois en concours avec le nouvel article 492bis du Code pénal réprimant l’abus
de biens sociaux; voy. no 330 de ce livre.
2. Cass., 13 mars 1973, Pas., 1973, I, p. 661 et critiques par J.-P. Spreutels; J. Messinne, ‘Considé-
rations sur la banqueroute’, L’entreprise en difficulté, Bruxelles, Ed. Jeune Barreau, 1981, p. 357.
3. Cass., 20 nov. 1973, Pas., 1974, I, p. 309; Cass., 19 nov. 1997, Rev. dr. pén., 1998, p. 574.
4. Gand, 4 janv. 1999, TWVR, 1999, p. 113.
5. Cass., 9 déc. 1987, Rev. dr. pén., 1988, p. 445 et conclusions min. publ. et obs. J. Sace;
L. Huybrechts, ‘Ontrouw in het beheer (en andere misdrijven) van de faillissementscurator’,
Panopticon, 1993, pp. 208 à 222.
intention frauduleuse, le dol requis dans le chef du participant étant le dol général, à
savoir l’action commise sciemment et volontairement, même si l’intention fraudu-
leuse est requise dans le chef de l’auteur 1.
§ 1. Introduction
accru. La plupart de ces textes relèvent du droit économique, social et financier au sens
large et intéressent dès lors l’entreprise. Comme le souligne H. Bosly 1 ‘le recours au
droit pénal afin de garantir l’application des lois économiques et sociales est devenu l’une
des constantes de la politique législative contemporaine. Pareil phénomène provoque
évidemment une ‘inflation’ du droit pénal. Cette situation est regrettable dans la mesure
où le droit pénal doit demeurer un droit exceptionnel. Dans la pratique, l’observation
mérite toutefois d’être nuancée, car cette ‘inflation’ se présente davantage comme un
risque que comme une réalité, car elle est fonction de la mesure plus ou moins grande
dans laquelle ce droit pénal des lois particulières est effectivement appliqué’.
Il est évidemment hors de question d’envisager dans le cadre de cet ouvrage toutes
ces dispositions. Nous nous limiterons à commenter succinctement celles qui sont le
plus souvent mises en œuvre devant les tribunaux correctionnels et à citer ensuite les
plus caractéristiques.
440 Introduction
La loi du 10 février 1981 a opéré la refonte complète des dispositions répressives de
l’ensemble des codes fiscaux 2 3, à la seule exception de la matière des douanes et
accises 4 qui a conservé son autonomie. La fraude fiscale – dont l’ampleur exacte et le
combat qu’elle nécessite restent chez nous des sujets très controversés 5 – concerne
bien entendu tous les citoyens, mais elle est de nature à toucher plus particulièrement
l’entreprise où les possibilités – et les tentations – d’échapper à l’impôt sont plus
grandes et se manifestent sur une échelle plus vaste. Le législateur a fait preuve de
réalisme en assurant une impunité fiscale et pénale aux contribuables qui se sont
inscrits dans le cadre de la D.L.U. (déclaration libératoire unique) 1.
1. Loi du 31 déc. 2003 instaurant une déclaration libération unique; J.P. Bours et X. Thiebaut, ‘La loi du
31 décembre 2003 instaurant une déclaration libératoire unique’, J.T., 2004, pp. 630-643; D. Van
Heuven et S. Logie, ‘De fiscale amnestiewet. En wat als het misloopt ? Een standpunt’, NjW, 2004,
pp. 470-484; D. Garabedian (s.l.d.), La D.L.U., Rapports de la journée de recyclage organisée par
l’ULB le 4 oct. 2004, Bruylant, 2004, 256 p. M. Eloy, ‘Une D.L.U. bis’, R.G.F. 2005, liv. 11, pp. 1-2.
La loi-programme du 27 déc. 2005, en ses art. 121 et suiv., a encore permis le mécanisme sous le nom
de déclaration-régularisation; M. Maus, ‘Tweede zit voor de fiscale amnestie-bis? De voor- en nadelen
van de nieuwe regeling rond de fiscale regularisatie’, A.F.T., 2006, liv. 4, pp. 3-27.
2. Adde l’arrêt no 32/99 du 17 mars 1999 de la Cour d’arbitrage, M.B., 19 juin 1999, à propos de la légalité
des amendes infligées en matière de droits de succession et J.L.M.B., 1999, p. 537.
3. Pour des exemples pratiques, voy. J.M. Nicolas, ‘Les sanctions administratives et pénales en matière
d’impôts sur les revenus’, J.D.F., 1988, pp. 256 à 307.
4. J.-P. Spreutels et J. Messinne, ‘Questions spéciales de droit pénal, infractions fiscales’, L’entreprise en
difficulté, Éd. Jeune Barreau de Bruxelles, 1981, p. 385. Cette solution conditionne l’application des
garanties inscrites dans l’art. 6 Convention européenne des droits de l’homme. Voy. aussi Cour eur. D.H.,
24 févr. 1994, aff. Bendenoun c./ France, J.D.F., 1994, pp. 41 à 61, obs., ainsi que Cour eur. D.H., 22 févr.
1996, aff. Putz/Autriche, Rev. dr. pén., 1997, p. 924, note S. Van Drooghenbroeck; R. Verstraeten,
‘Actualia van fiscaal strafrecht’, in Ondernemingsstrafrecht, Die Keure, 1999, pp. 229-260. Cass., 5 févr.
1999, J.L.M.B., 1999, p. 537, note A. Demoulin, et Bull., 1999, 148; R.W., 1998-1999, p. 1352, note;
J.D.F., 1999, p. 201, note M.B.; R. Cass., 2000, p. 213, note I. Van De Woestijne; Cass., 25 mai 1999,
Bull., 1999, p. 739; J.D.F., 1999, p. 321, note M.B. C.A., n8 22/99, M.B., 30 avril 1999; J.L.M.B., 1999, p.
532; J.T., 1999, p. 445. C.A., n8 32/99, 17 mars 1999, M.B., 19 juin 1999; F.J.F., 1999, p. 299, note; J.T.,
1999, p. 766; R.W., 2000-2001, p. 104. C.A., n8 48/2001, 18 avril 2001, M.B., 19 juin 2001; Act. dr., 2001,
p. 950, note B. Maquet; F.J.F., 2002, p. 334, note; R.W., 2001-2002, p. 1060. J. Put, ‘Bis, sed non idem:
een denkoefening over de toepassing van het non bis in idem-beginsel op de cumulatie van administratieve
en strafsancties’, R.W., 2001-2002, pp. 937-949. Adde V. Sépulchre, ‘Le contrôle juridictionnel des
amendes fiscales’, R.G.C.F., 2003, liv. 2, pp. 5-25; Anvers (8e ch.), 8 juin 2000, Chron. D.S., 2002, p. 193.
Adde A. Alen, ‘Naar een betere rechtsbescherming inzake administratieve geldboeten na de koerswij-
ziging van het Hof van cassatie in zijn arresten van 5 februari 1999’, R.W., 1999-2000, pp. 630-638; S.
Nudelholc et J. Kirkpatrick, ‘Le contrôle judiciaire des amendes fiscales et le principe de propor-
tionnalité’, R.C.J.B., 2002, p. 573. La Cour européenne des droits de l’homme a, par arrêt du 4 mars 2004,
condamné la Belgique, dans une affaire Silvester’s Horeca Service, parce que la Cour de cassation
concevait de manière trop étroite le recours de pleine juridiction: Cour eur. D.H., 4 mars 2004, n8 47650/
99, publié sur le site internet de la Cour, http://www.echr.coe.int.
1. Th. Afschrift et A. Rayet, ‘La loi du 22 juillet 1993 et l’évitement licite de l’impôt’, J.T., 1993,
pp. 833 à 840; Th. Afschrift, L’évitement licite de l’impôt et la réalité juridique, Larcier, 1994, 373 p.
2. L’amende n’est pas, ainsi que le décide l’art. 457, § 2, C.I.R., augmentée par les décimes additionnels.
3. Cass., 14 févr. 2001, J.T., 2001, p. 539 et Rev. dr. pén., 2001, p. 875.
4. Cass., 24 avril 2001, F.J.F., 2001, p. 677; Pas., 2001, p. 675; T. Strafr., 2002, p. 261. Corr. Hasselt, 28
nov. 2001, Limb. Rechtsl., 2002, p. 136, note S. Van Dyck.
5. Intention frauduleuse ou dessein de nuire: il s’agit du dol spécial, dit le rapport à la Chambre (Doc.
parl., Chambre, sess. 1980-1981, no 737-3, p. 7) qui a été suggéré par la commission d’étude de la
répression pénale de la fraude fiscale en vue de faciliter la répression pénale de ces infractions.
L’intention frauduleuse et le dessein de nuire sont des notions suffisamment larges pour englober
n’importe quelle intention délictueuse poursuivie par le contrevenant. Elles sont au surplus suffisam-
ment connues par la doctrine et la jurisprudence pour éviter toute controverse au sujet de leur
application. Voir égal. sur ce sujet, Doc. parl., Sénat, sess. 1980-1981, no 566-2, annexe I. Cependant,
les lois en matière de douanes et accises punissent, en règle, la simple violation des règlements,
abstraction faite de l’intention du contrevenant, sans préjudice de la force majeure ou de l’erreur
invincible (Cass., 11 févr. 1997, Larc. Cass., 1997, p. 152; comp. Bruxelles, 26 mars 1997, J.D.F.,
1997, p. 172).
6. Sur les sociétés de ‘taxis’ (fausses factures) et les carrousels T.V.A., voy. J. Spreutels, F. Roggen, E.
Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 864-868.
donneurs de crédit), le juge pénal retiendra l’application des textes pénaux qui portent
la peine la plus forte 1.
b. Faux en écritures et faux certificats. Article 450 du C.I.R.
L’article 450, alinéa 1er punit ‘d’un emprisonnement d’un mois à cinq ans et d’une
amende de 250 à 12.500 euros ou de l’une de ces peines seulement, celui qui, en vue
de commettre une des infractions visées à l’article 449, aura commis un faux en
écritures publiques, de commerce ou privées, ou qui aura fait usage d’un tel faux’.
C’est le faux en vue d’éluder l’impôt dont le texte très large, englobe tous les faux en
écritures, y compris les faux dans les comptes annuels des sociétés.
L’article 450, alinéa 2, du C.I.R. punit d’un emprisonnement de huit jours à deux ans
et d’une amende de 250 à 12.500 euros ‘celui qui, sciemment établira un faux certificat
pouvant compromettre les intérêts du trésor ou fera usage de pareil certificat’.
c. Faux témoignage. Article 451 du C.I.R.
L’article 451 du C.I.R. punit, conformément aux dispositions des articles 220 à 224 du
Code pénal, ‘celui qui fera un faux témoignage, l’interprète ou l’expert qui fera une
fausse déclaration, celui qui subornera un ou plusieurs témoins, experts ou interprètes
dans l’un des cas d’enquête autorisés par les articles 322, 325 et 374 du C.I.R.’.
d. Entrave au contrôle. Article 452 du C.I.R.
Cette disposition sanctionne le défaut de comparaı̂tre ou le refus de témoigner dans les
enquêtes dont il vient d’être question.
e. Violation du secret professionnel. Article 453 du C.I.R.
Cette disposition sanctionne la violation du secret professionnel par les personnes
mentionnées à l’article 337 du même Code, à savoir tous ceux qui interviennent à
quelque titre que ce soit dans l’application de la loi fiscale ou ont accès aux bureaux du
fisc ainsi que les agents des services administratifs de l’État, y compris les greffes et
les parquets auxquels l’administration fiscale communique des renseignements.
Les sanctions pénales accessoires
a. Interdiction particulière. Article 454 du C.I.R.
L’article 421 du C.I.R. permet de contraindre certains contribuables dont la valeur des
biens en Belgique est insuffisante pour couvrir le montant de leurs obligations fiscales
d’une année, à fournir une garantie réelle ou une caution personnelle. Si cette sûreté
1. Cass., 18 juin 2003, F.J.F., 2003, p. 762; T.F.R., 2003, liv. 252, p. 1078, note A. Buggenhout et J.
Speecke. Adde F. Roggen, ‘Faux fiscal – faux pénal – usage – prescription’, in Droit pénal des
affaires, Bruxelles, Ed. Jeune Barreau, 1991, pp. 49 à 82; G. Steffens, ‘Examen de quelques problèmes
actuels de droit pénal fiscal’, Rev. dr. pén., 1988, pp. 306 à 307, estime que dès que l’intention
caractérisant le faux ne se limite pas à la fraude fiscale, il faut envisager de retenir également
l’infraction correspondante du Code pénal; voir en ce sens, Corr. Bruxelles, 4 mars 1992, J.L.M.B.,
1993, p. 30. Adde J. Kirkpatrick et O. Neyrinck, ‘La répression pénale de la fraude fiscale depuis les
réformes de 1986 et de 1992’, Rev. dr. ULB, vol. 15, 1997-1, p. 147; B. Spriet, ‘Samenloop tussen
gemeenrechtelijke misdrijven en misdrijven uit het bijzonder ondernemingsstrafrecht (bv. sociaal,
fiscaal of economisch strafrecht) of lex specialis/lex generalis-regel’, in Ondernermingsstrafrecht, Die
Keure, 1999, pp. 203-224.
n’est pas constituée dans le délai imparti et si des poursuites pénales sont intentées
pour violation de l’article 421, le juge peut interdire à ce contribuable d’exercer son
activité professionnelle jusqu’à ce qu’il se soit mis en règle 1. Le juge peut également
ordonner la fermeture de l’établissement exploité en Belgique par ce contribuable.
b. Interdiction de l’exercice de certaines professions 2
L’article 455, § 1er, du C.I.R. prévoit que le juge peut, en le condamnant du chef de
l’une des infractions visées aux articles 449 à 453, prononcer en outre une interdiction
d’exercer sa profession pour une durée de trois mois à cinq ans à l’égard:
– du conseiller fiscal;
– de l’agent d’affaires;
– de l’expert en matière fiscale ou comptable;
– du titulaire de toute autre profession qui a pour objet de tenir ou d’aider à tenir les
écritures comptables, que ce soit pour compte propre ou comme dirigeant, comme
membre ou comme employé de société, association, groupement ou entreprise
quelconque;
– ou plus généralement de celui dont la profession consiste à conseiller ou à aider un
ou plusieurs contribuables dans l’exécution des obligations définies par la loi
fiscale.
Il s’agit d’une peine accessoire car elle ne peut être prononcée qu’en cas de
condamnation du chef d’une infraction principale. Elle est également facultative:
‘le jugement pourra’...
c. Fermeture d’établissement
Le même article 455 du C.I.R. prévoit que le juge peut, en outre, à l’égard des
titulaires des mêmes professions, ‘en motivant sa décision sur ce fait, ordonner la
fermeture, pour une durée de trois mois à cinq ans, des établissements de la société,
association, groupement ou entreprise dont le condamné est dirigeant ou employé’.
d. Violation des mesures d’interdiction ou de fermeture
L’article 456 du C.I.R. punit d’un emprisonnement de huit jours à deux ans et d’une
amende de 250 à 12.500 euros ou de l’une de ces peines seulement celui qui,
directement ou indirectement, enfreint l’interdiction ou la fermeture prononcée en
vertu des articles 454 et 455 du C.I.R.
1. Voy. p. ex., Cass., 16 sept. 1987, Rev. dr. pén., 1988, p. 74.
2. Voy. J.P. Spreutels, ‘Les conseils fiscaux et la répression pénale de la fraude fiscale’, J.D.F., 1981,
pp. 321 et s.; P. Troisfontaines, ‘La responsabilité pénale des conseils fiscaux’, Acta Falconis,
Faculteit Rechtsgeleerdheid, K.U.Leuven, 1983/5, pp. 147-166; R. Verstraeten, ‘Actualia van fiscaal
strafrecht’, in Ondernemingsstrafrecht, Die Keure, 1999, pp. 229-260. Th. Afschrift, ‘La responsa-
bilité personnelle des conseillers professionnels des contribuables’, J.D.F., 2002, pp. 5-31. L’interdic-
tion professionnelle prévue par l’art. 455, § 1er, 18 C.I.R. 1992 est prononcée à l’encontre de la
personne physique exerçant la profession de conseiller fiscal, que ce soit pour son propre compte ou en
tant que dirigeant ou employé d’une quelconque société, association, groupement ou entreprise: Cass.,
24 avril 2001, F.J.F., 2001, p. 601 et Pas., 2001, p. 673.
dans la loi qui impose le paiement des droits; cette action civile, quoiqu’étant
incidente à l’action publique, est indépendante de celle-ci 1.
Une autre disposition, dans le prolongement de la précédente, est également d’une
importance considérable; l’article 458 C.I.R. (ou 73sexies C.T.V.A.) prévoit en effet la
‘solidarité fiscale’, pour le paiement des impôts éludés, entre tous les auteurs ou
complices d’infraction aux articles 449 à 452 2.
Cette mesure de solidarité s’applique d’office sans que le juge pénal doive la
prononcer 3.
490 La charte du contribuable
La loi du 4 août 1986 – modifiée par celle du 28 décembre 1992 – instaure de
nouvelles règles relatives à la ‘sécurité juridique du contribuable’ 4:
1. L’infraction fiscale est traitée de la même manière qu’un délit de droit commun.
Ainsi, le juge peut-il ne prononcer qu’une peine d’emprisonnement ou d’amende
ou ces deux peines simultanément. De même, la suspension du prononcé de la
condamnation et l’application du sursis – y compris pour les amendes – sont depuis
lors possibles.
2. Les fonctionnaires des administrations fiscales, répondant depuis la loi du 23 mars
1999 à un régime harmonisé entre les administrations fiscales, ne peuvent dénoncer
au procureur du Roi les infractions à la loi fiscale sans autorisation du directeur
régional dont ils dépendent 5. L’article 29, alinéa 2, du Code d’instruction crimi-
nelle a pour objectif ‘d’éviter les disparités dans les poursuites résultant de
dénonciations par des agents du fisc sans respecter des critères uniformes pour
tous les contribuables’ 6.
3. Lorsque le parquet veut engager des poursuites pour des délits fiscaux dont il a
connaissance autrement que par une plainte ou une dénonciation de l’administra-
tion, il peut (et non doit) demander l’avis du directeur régional compétent. Le
1. Cass., 13 janv. 1999, Larc. cass., 1999, no 2, 34. Comp. Cass., 8 sept. 1999, J.L.M.B., 2000, p. 312, note
F. Roggen: ‘Les dispositions du code des impôts sur les revenus qui prolongent les délais d’imposition
en cas de fraude et en cas d’action judiciaire dirigée contre le redevable ou contre un tiers excluent que
l’Etat puisse, après l’expiration de ces délais d’ordre public, obtenir par voie d’une action civile
exercée devant la juridiction répressive, la condamnation de la personne qui remplit les conditions
légales de débition de l’impôt, au paiement de celui-ci, même à titre de réparation du dommage qui
résulterait de l’absence d’enrôlement dans le délai légal’. Cass., 4 févr. 2003, sur le site de la Cour:
cette règle ne viole pas le principe ‘non bis in idem’.
2. Cass., 11 oct. 1996, Pas., 1996, I, 975: ‘Le fonctionnaire chargé du recouvrement de la taxe, des
intérêts, des amendes fiscales et des accessoires, peut décerner une contrainte non seulement contre le
redevable mais également contre les personnes solidairement tenues au paiement de l’impôt éludé,
ensuite de leur condamnation en tant qu’auteur d’une infraction fiscale, même si le juge pénal n’a pas
expressément prononcé la solidarité.’
3. Cass., 15 oct. 2002, F.J.F., 2003, p. 237, et T. Strafr., 2004, p. 122, note J. Rozie. Corr. Gand, 27 oct.
2000, T.F.R., 2001, 442, note S. Huyghe.
4. Sur cette matière, voy. P. Troisfontaines, ‘La loi du 4 août 1986 et la répression pénale de la fraude
fiscale’, Ann. Dr. Lg., 1986, no 7, p. 552 et s.; P. Goeminne, ‘Réflexions relatives à la sécurité juridique
du contribuable’, Rev. dr. pén., 1988, p. 843 et s.; F. De Mot, Fiscaal strafprocesrecht, Kluwer, 1988,
252 p.; P. Lambeau, Éléments de procédure pénale en matière fiscale au regard des dispositions
introduites par la loi du 4 août 1986; R. Forestini, Fiscalité approfondie des sociétés, De Boeck,
1989, pp. 221 à 262; G. Steffens, ‘Cinq ans d’application de la charte du contribuable’, Act. dr., 1993/
2, p. 485 et s.
5. Cette autorisation n’est soumise à aucune forme ou règle spéciale de preuve, selon Cass., 18 avril 1994,
Bull., 1994, no 186; Cass., 28 janv. 1997, Larc. Cass., 1997, p. 104. Cette autorisation ne concerne pas
la dénonciation d’infractions de droit commun, mais si les recherches débouchent sur des infractions
fiscales: Cass. (2e ch.) 22 juin 2004, RG P.04.0397.N, sur le site http://www.cass.be.
6. Doc. parl., Sénat, 1985-1986, no 310-2, 2o, p. 5; Adde le rapport d’activités 2000 de la Cour de
cassation, pp. 142-146, consacré au thème de l’interdiction de coopération en matière fiscale. O. Van
Oudenhove, ‘Possibilités actuelles de collaboration entre les autorités judiciaires et les services de
police d’une part, et les fonctionnaires des administrations fiscales d’autre part, lors du traitement des
affaires pénales’, J.D.F., 1998, p. 193 et s.
procureur du Roi joint, à sa demande d’avis, les éléments de fait dont il dispose. Le
directeur régional doit, dans les quatre mois de sa réception, répondre à cette
demande. La demande d’avis ne suspend pas l’action publique (art. 461 C.I.R.) 1.
L’article 460, § 1er, prévoyant que l’action publique est exercée par le parquet,
est maintenu: cela signifie qu’il apprécie seul l’opportunité d’entamer ou non des
poursuites quel que soit l’avis, s’il est sollicité, rendu par le directeur.
4. Le juge auquel est soumis le dossier pénal du contribuable était tenu de surseoir à
statuer:
– si la dette d’impôt est contestée devant une autre autorité judiciaire ou adminis-
trative;
– et s’il estime que la solution de cette contestation paraı̂t de nature à exercer une
influence sur l’action publique (art. 462 C.I.R.) 2.
Au cours de cette période d’attente, la prescription de l’action publique est
suspendue.
Cette surséance a été supprimée par la loi du 15 mars 19993.
5. Les fonctionnaires de l’administration fiscale ne peuvent plus jouer de rôle actif
(comme participer aux perquisitions, aux descentes sur les lieux ou aux inter-
rogatoires du juge d’instruction). Ces actes leur sont devenus interdits. Dans la
procédure pénale relative à un contribuable, ils ne peuvent ‘sous peine de nullité de
l’acte de procédure... être entendus que comme témoins’ (art. 463, al. 1er, C.I.R.).
Ont par contre la qualité d’officier de police judiciaire auxiliaire du procureur du
Roi les fonctionnaires détachés auprès du parquet en vertu de l’article 71 de la loi
du 28 décembre 1992. Cet article prévoit la mise à la disposition du procureur du
Roi ou de l’auditeur du travail de fonctionnaires aux fins d’assister ces magistrats
dans l’exercice de leurs missions 4.
6. Des postes de substituts spécialisés en matière fiscale ont été créés (art. 151, al. 4,
C. jud.). Ces magistrats ont la particularité de pouvoir exercer leurs fonctions
spécialisées dans tous les tribunaux dépendant du ressort de la cour d’appel où ils
ont été nommés.
1. Cass., 23 févr. 1999, Bull., 1999, 271; Cass., 28 janv. 1997, Pas., 1997, I, 120.
2. Corr. Bruxelles, 29 juin 1988, J.T., 1989, p. 47; Anvers (ch. m. acc.), 29 mai 1990, F.J.F., 1990, p. 339;
Bruxelles, 12 oct. 1990, J.T., 1990, p. 478; Bruxelles, 13 févr. 1992, Rev. dr. pén., 1993, p. 104;
Bruxelles, 25 juin 1993, J.D.F., 1993, p. 249, obs; C. Dauby, ‘Qu’en est-il des questions préjudicielles
en procédure pénale fiscale? En particulier dans le cadre de l’article 462 C.I.R., 1992’ Act. dr. 1998,
p. 93 et s.
3. Anvers, 23 juin 1999, Act. dr., 1999, p. 723, note L. Orban.
4. Adde l’arrêté royal du 22 déc. 2000, M.B., 29 déc. 2000, pour ces modalités d’assistance.
5. Sur cette matière, voy. F. Tulkens, C. Van den Wyngaert et I. Verougstraete, La protection
juridique des intérêts financiers des Communautés européennes, Anvers, Maklu, 1992, 289 p.; C. Van
den Wyngaert, ‘E.E.G.-fraude en strafrecht: waarom komen er zo weinig fraudegevallen voor de
strafrechter?’, Liber amicorum J. D’Haenens, 1993, pp. 333 à 354; L. Huybrechts, Th. Marchan-
dise et F. Tulkens, La lutte contre la fraude communautaire dans la pratique, Bruylant, 1993, 244 p.;
J.A.E. Vervaele, La fraude communautaire et le droit pénal des affaires, Paris, P.U.F., 1994, 436 p.;
P. De Koster, ‘La lutte contre les fraudes aux intérêts financiers des Communautés européennes’, Rev.
dr. U.L.B., 1997, pp. 7-85. J. Messinne et F. Bultot, Les instruments juridiques belges de lutte contre
la fraude aux intérêts financiers des Communautés européennes, éd. Bruylant-Maklu, 1998.
6. Art. 70 à 74bis C.T.V.A. L. Moreillon et A. Willi-Jayet, Coopération judiciaire pénale dans
l’Union européenne, Bruxelles, Bruylant, 2005, 745 p.
allouées sous la forme de primes ou d’incitations 1, moyens tendant à éluder les taxes à
l’importation et à obtenir un remboursement indu à l’exportation 2; ce dernier type de
fraude a principalement trait à des manipulations au sujet de la qualité, de la quantité
et de la composition de la marchandise, à la désignation du pays de destination ou
d’origine ou à des simulations d’exportation une fois qu’ont été obtenus les montants
compensateurs en faisant appel à un réseau de connivence 3. La répression de ces
pratiques frauduleuses s’appuie également sur les dispositions pénales sanctionnant le
faux et l’usage de faux en écritures, l’escroquerie, ...
1. A.R. 31 mai 1933 modifié par loi 7 juin 1994, relatif à la perception illégale de subventions, indemnités
et allocations qui sont, en tout ou en partie, à charge de l’État, d’une autre personne morale de droit
public, de la Communauté européenne ou d’une autre organisation internationale ou qui est, en tout ou
en partie, composée de deniers publics.
2. Art. 220 à 285 loi générale 18 juill. 1977 sur les douanes et accises, constituant le droit pénal douanier.
3. A. De Nauw, Les métamorphoses administratives du droit pénal de l’entreprise, Gand, Mys &
Breesch, 1994, pp. 155 à 163.
4. Sur cette matière, voy. P. Troisfontaines, Les dispositions pénales de la loi du 17 juillet 1975 relative
à la comptabilité et aux comptes annuels des entreprises, recyclage C.U.P., La Charte, 1985, pp. 76 à
111; F. Deruyck, ‘De strafbepalingen in de wet van 17 juli 1975 m.b.t. de boekhouding en de
jaarrekening van ondernemingen’, Liber amicorum P. De Vroede, Kluwer Rechtswetenschappen
België, 1994, pp. 607 à 630. D. Matray, ‘Punir le dirigeant ou protéger l’entreprise’, Le droit des
affaires en évolution, Bruylant, 1995, pp. 261 à 310. J.F. Goffin, Responsabilités des dirigeants de
sociétés, Larcier, 2004, pp. 384-390.
5. M. De Wolf, ‘Le droit comptable des sociétés’, in Centre J. Renauld, (U.C.L.),’ Le nouveau code des
sociétés, actes d’une journée d’études du 24 nov. 1999, Bruylant, 1999, pp. 311-329; G. Keutgen et
Ph. Lambrecht, ‘La dimension des sociétés – Emprunts au droit comptable et au droit financier’, ibid.,
p. 211 et s.; M.A. Delvaux et M. Coipel, ‘Le code des sociétés’, J.T., 2000, pp. 546 à 548, no 5 à 8, qui
insistent notamment sur la conséquence de cette codification du droit comptable quant à un élargisse-
ment des hypothèses de responsabilité civile des administrateurs, gérants et commissaires. M.A.
Delvaux, ‘Sanctions des violations du droit comptable durant la vie de la société en dehors de toute
hypothèse de faillite’, J.D.S.C., 2000, p. 316. Voy. également infra, no 880 et s. concernant le nouveau
droit pénal des sociétés. Adde la loi du 23 janvier 2001 modifiant le Code des sociétés, M.B., 6 févr.
2001 et l’arrêté royal du 30 janv. 2001 portant exécution du Code des sociétés, M.B., 6 févr. 2001.
diale que revêtent la comptabilité et les comptes annuels dans l’image que la société
donne d’elle-même à ses fournisseurs, à ses banquiers, à ses clients, à son personnel, à
ses actionnaires et aussi à l’administration fiscale ou au service des enquêtes
commerciales des tribunaux de commerce’ 1.
L’étendue et les conditions de mise en œuvre de la responsabilité des dirigeants
d’entreprise varient selon qu’il s’agit de dirigeants de petites entreprises ou de
dirigeants de moyennes et grandes entreprises. Il importe donc de définir, au préalable,
ces notions.
530 Les moyennes et grandes entreprises en route vers les petites sociétés et les autres
sociétés
L’article 12 de la loi du 17 juillet 1975 relative à la comptabilité et aux comptes
annuels des entreprises a été abrogé par la loi du 7 mai 1999 contenant le Code des
sociétés. Il n’est cependant pas sans intérêt, dans un premier temps, de rappeler la
définition de cette distinction.
Les moyennes entreprises: ce sont les entreprises qui, quelle que soit leur forme
juridique, ne dépassent pas plus d’une des limites suivantes (art. 12, § 2):
– nombre de travailleurs occupés, en moyenne annuelle, 50;
– chiffre d’affaires annuel, hors T.V.A., 200 millions de F.;
– total du bilan, 100 millions de F.;
sauf si le nombre des travailleurs occupés en moyenne annuelle dépasse 100, auquel
cas elles sont considérées comme grandes entreprises quel que soit leur chiffre
d’affaires ou le total du bilan.
Les entreprises moyennes sont soumises aux mêmes obligations comptables que les
grandes entreprises à la seule différence que leurs comptes annuels peuvent être
établis, présentés et publiés selon un schéma abrégé.
Les grandes entreprises: ce sont celles qui dépassent les limites fixées par l’article
12, § 2, énumérées ci-dessus.
L’abrogation de cet article 12 de la loi du 17 juillet 1975 a entraı̂né l’adoption d’un
article 15 dans le Code des sociétés qui donne naissance à une nouvelle entité, ‘la
petite société’, par opposition aux grandes entreprises ou plutôt aux autres sociétés;
est une petite société celle qui, dotée de la personnalité juridique, tout en n’employant
pas plus de 100 travailleurs, ne dépasse pas, pour le dernier exercice clôturé, plus
d’une des trois limites suivantes: 50 travailleurs occupés en moyenne annuelle;
1. J.-M. Debacker et O. Ralet, Responsabilités des dirigeants de sociétés, Duculot, 1984, p. 174,
no 131.
200 millions hors T.V.A. de chiffre d’affaire annuel; 100 millions de total du bilan; si
une société n’est pas une petite société, ni une petite entreprise, elle est une autre
société ou société soumise au régime comptable ‘normal’. Ces petites sociétés
peuvent, en conformité avec l’article 93 C. soc., établir leurs comptes annuels selon
un schéma abrégé fixé par le Roi.
540 Le régime des moyennes et grandes entreprises en route vers les petites sociétés et
les autres sociétés
L’article 16, alinéa 1er, de la loi du 17 juillet 1975 modifiée par la loi du 7 mai 1999,
punit les commerçants, personnes physiques, et les administrateurs, gérants, directeurs
ou fondés de pouvoirs de personnes morales qui ne relèvent pas du régime des petites
entreprises de l’article 5 de cette loi du 17 juillet 1975, et qui contreviennent aux règles
et obligations comptables suivantes:
a. l’obligation de tenir une comptabilité appropriée à la nature et à l’étendue des
activités de l’entreprise (art. 2);
b. l’obligation de tenir une comptabilité complète (art. 3, al. 1er);
c. l’obligation de tenir une comptabilité appropriée pour les associations momenta-
nées ou en participation (art. 3, al. 3);
d. les règles imposées pour la tenue de la comptabilité (art. 4) (comptabilité en partie
double, livres obligatoires, méthodes d’enregistrement comptable, établissement
d’un plan comptable approprié qui réponde aux exigences du plan comptable
minimum normalisé);
e. les règles concernant les pièces justificatives de toute écriture comptable (art. 6);
f. l’obligation d’établir une fois l’an au moins un inventaire complet des avoirs et
droits de toute nature de l’entreprise, de ses dettes, obligations et engagements de
toute nature relatif à son activité et des moyens propres qui y sont affectés, en
respectant les règles d’évaluation inscrites aux articles 15 à 36 de l’arrêté royal du
8 octobre 1976 (art. 7 devenu art. 9);
g. les règles concernant la forme et le contenu des comptes annuels (bilan, compte de
résultats et annexe) (art. 7 et A.R. 8 oct. 1976);
h. les règles relatives à la tenue et à la conservation des livres (art. 8 et 9 devenus art.
7 et 8);
i. les règles relatives au dépôt et à la publication des comptes annuels (art. 10 devenu
art. 97 C. soc.) 1;
j. les dispositions de l’arrêté royal du 6 mars 1990 relatif aux comptes consolidés pris
en exécution de l’article 11 de la loi autorisant le Roi à imposer aux entreprises
qu’Il détermine, l’établissement, le contrôle et la publicité de «comptes consoli-
dés». Cet article 11 a cédé sa place à l’obligation de consolidation des comptes
inscrite dans les art. 116, 117, 122, 123, 145 et 149 C. soc.
L’article 126, § 1er, alinéa 1er, 1o, 2o et alinéa 2 C. soc. sanctionne de la même peine
que celle prévue par l’article 16 de la loi du 17 juillet 1975, les dirigeants de sociétés
1. Pour l’essentiel, ces règles relèvent du droit des sociétés qui prévoit pour les SA (art. 80 L.C.S.C.
devenu 98 C. soc.), les SCA (art. 107 L.C.S.C. devenu 657 C. soc.), les SPRL (art. 137 L.C.S.C. devenu
98 C. soc.) et les SC (art. 158 L.C.S.C. devenu 98 C. soc.), l’obligation de déposer les comptes annuels à
la Banque nationale de Belgique dans les trente jours de leur approbation par l’assemblée générale. La
violation de ces dispositions est sanctionnée pénalement par les art. 201, 4o et 204, 2o, L.C.S.C.
rénumérotés dans le nouveau Code des sociétés (voy. infra, no 900). Voy. à ce propos, Corr. Gand,
15 avril 1994, T.R.V., 1994, p. 342, note Wyckaert, ‘Het wanbedrijf van niet-neerlegging der
jaarrekening’.
qui contreviennent aux dispositions du Code des sociétés relatives aux comptes
annuels et à leurs arrêtés d’exécution.
1. Selon l’article 14 A.R. no 1 du 29 décembre 1992 relatif aux mesures tendant à assurer le paiement de la
taxe sur la valeur ajoutée, tout assujetti à la T.V.A. doit tenir une comptabilité suffisamment détaillée
pour permettre l’application de la taxe et le contrôle de la perception exacte de celle-ci; la violation de
ces obligations comptables, imposées dans une optique certes fiscale, est sanctionnée pénalement par
l’article 73 C.T.V.A. qui porte une peine d’emprisonnement de 8 jours à 2 ans et/ou une amende de 250
à 12.500 euros. pour celui qui a méconnu la loi dans une intention frauduleuse ou à dessein de nuire.
2. Corr. Bruxelles, 26 juin 1980, cité par J.-P. Spreutels et J. Messinne, ‘Questions spéciales de droit
pénal’, L’entreprise en difficulté, Éd. Jeune Barreau de Bruxelles, 1981, p. 346; Bruxelles, 28 juin 1993,
J.T., 1993, p. 782. Bruxelles, 23 déc. 1987, Rev. prat. soc., 1988, p. 53; Corr. Bruxelles, 5 nov. 1987,
Rev. prat. soc., 1987, p. 70; Corr. Bruxelles, 29 févr. 1996, Rev. dr. pén., 1996, p. 1148. Bruxelles,
28 juin 1993, J.T., 1993, p. 782: ‘S’il est vrai que l’obligation légale de la tenue de la comptabilité pèse
sur le dirigeant de l’entreprise qui ne peut s’en libérer en endossant cette obligation au comptable qu’il
s’est choisi à cette fin, il n’en demeure pas moins que l’infraction à l’article 17 de la loi du 17 juillet
1975 sur la comptabilité des entreprises doit avoir été commise sciemment, ce qui suppose la
connaissance effective de l’irrégularité des comptes ou l’ignorance inexcusable de cette irrégularité’.
1. J.-P. Bours, ‘Droit pénal comptable – Le poids d’un adverbe’, L’Echo, 10 mars 1992, p. 8.
2. Comp. Corr. Neufchâteau, 26 janv. 1995 et Liège, 25 janv. 1996, Rev. prat. soc., 1997, pp. 177 et s. et
note A. Benoit-Moury et N. Thirion, ‘La responsabilité pénale du reviseur d’entreprises: épée de
Damoclès ou tigre de papier?’: ‘Se rend coupable de faux, le commissaire qui certifie les comptes
annuels d’une société, alors qu’il a connaissance de l’existence d’une comptabilité parallèle au sein de
celle-ci’; L. Dupont et S. Van Dyck, ‘Quelques perspectives quant à la responsabilité pénale du
réviseur d’entreprises’, in X., La responsabilité civile, pénale et disciplinaire du réviseur d’entreprises,
Actes d’une journée d’étude organisée le 13 mars 2002 par l’IRE, la Faculté de Droit et la Faculté
d’Economie de l’Université de Louvain, campus de Courtrai, Série ‘Droit et Entreprise’, n8 6, Bruges,
La Charte, 2003, pp. 29-93. Adde, l’arrêté royal du 23 décembre 1997 portant approbation du Code de
déontologie de l’Institut professionnel des comptables (M.B., 29 janv. 1998).
3. Sur cette matière, voy. les publications de R. Andersen, notamment: La réglementation des prix en
Belgique, Larcier, 1977; ‘Les sanctions en matière de réglementation du prix’, Droit des consomma-
teurs, Fac. Univ., Saint-Louis, 1982, p. 291; ‘La réglementation publique des prix – État actuel de la
question’, R.D.C., 1989, p. 299; Cass., 25 nov. 1997, Pas., 1997, I, p. 1270. J. Spreutels, F. Roggen,
E. Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 981-1001.
1. Sur cette matière, voy. Les pratiques du commerce et la protection et l’information du consommateur
depuis la loi du 14 juillet 1991, Éd. Jeune Barreau de Bruxelles, 1991. J. Spreutels, F. Roggen, E.
Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 1001-1023.
infraction aux dispositions de la loi (art. 95). L’action en cessation n’est donc plus
limitée aux hypothèses qui étaient auparavant énumérées à l’article 55.
Son domaine de prédilection est de mettre fin aux actes contraires aux usages
honnêtes en matière commerciale qui portent ou peuvent porter atteinte aux intérêts
professionnels d’un ou de plusieurs autres vendeurs (art. 93) ou – principale innovation
de la loi du 14 juillet 1991 – aux intérêts d’un ou de plusieurs consommateurs (art. 94) 1.
L’article 97 de la loi élargit l’action en cessation à une quinzaine d’infractions à d’autres
législations dont le non-respect était déjà de nature à être considéré, sous l’empire de
l’ancien article 54bis, comme contraire aux usages honnêtes en matière commerciale.
Citons notamment:
– l’exercice d’une activité commerciale ou artisanale sans être immatriculé préala-
blement au registre du commerce ou de l’artisanat;
– le non-respect des dispositions légales et réglementaires relatives à la tenue des
documents sociaux et à l’application de la taxe sur la valeur ajoutée;
– l’occupation de travailleurs sans être inscrit à l’Office national de sécurité sociale,
sans avoir introduit les déclarations requises ou sans payer les cotisations, les
augmentations de cotisation ou intérêts moratoires;
– l’occupation de travailleurs et l’utilisation de travailleurs en infraction à la ré-
glementation du travail temporaire, du travail intérimaire et de la mise de travail-
leurs à la disposition d’utilisateurs;
– le non-respect des conventions collectives de travail rendues obligatoires;
– l’obstacle à la surveillance exercée en vertu des lois relatives au registre du
commerce, au registre de l’artisanat et à la tenue des documents sociaux;
– le non-respect des dispositions légales et réglementaires en matière de publicité2.
– le non-respect de la réglementation en matière d’occupation de main-d’œuvre de
nationalité étrangère;
– le non-respect de la réglementation en matière de label écologique;
– l’exercice d’une activité professionnelle indépendante sans les autorisations requi-
ses;
– le non-respect de la réglementation sur la fermeture obligatoire du soir.
1. L’arrêté royal du 5 déc. 2000, M.B., 3 janv. 2001 rend applicables aux instruments financiers et aux
titres et valeurs certaines dispositions de la loi du 14 juillet 1991.
2. La matière de la publicité a été partiellement revue suite à l’entrée en vigueur de la loi du 25 mai 1999:
cette loi autorise partiellement la publicité comparative (voy. l’art. 23bis nouveau de la loi du 14 juill.
1991).
3. F. Deruyck, ‘Naar een verdere depenalisatie in de Handelspraktijkenwet?’, note sous Corr. Gand,
11 avril 1990, D.C.C.R., 1990-1991, pp. 546 à 554; A. De Nauw, Les métamorphoses administratives
du droit pénal de l’entreprise, Mys & Breesch, 1994, pp. 91 à 92. Voy. A.R. 27 avril 1993 relatif au
règlement transactionnel des infractions à la loi 14 juill. 1991.
4. Voy. J.-L. Fagnart, ‘Le projet de loi sur les pratiques du commerce et sur l’information et la
protection du consommateur’, R.D.C., 1991, no 65, p. 294.
1. Corr. Liège 24 oct. 2002, J.D.S.C., 2005, p. 273, Annuaire Pratiques du commerce et Concurrence,
2002, p. 734: Toute infraction requiert, outre un élément matériel, un élément moral, même lorsque
celui-ci n’est pas expressément énoncé dans l’incrimination. La culpabilité du chef d’une infraction
requiert la connaissance de ce qu’elle est commise. En l’espèce, tant selon les constatations des
verbalisateurs que selon la déclaration de la vendeuse du magasin, les faits reprochés sont accidentels.
L’élément moral constitutif de l’infraction n’est pas établi. La prévention n’est pas établie.
2. Pour un cas d’application, voy. Bruxelles, 7 oct. 1982, J.T., 1984, p. 7; Liège, 7 nov. 1996, J.L.M.B.,
1997, p. 528.
3. Corr. Bruges, 23 juin 1998, D.C.C.R., 2000, p. 261, note G. Ballon. Corr. Louvain, 4 oct. 1999, An-
nuaire Pratiques du commerce et Concurrence, 1999, p. 459.
4. Cass., 10 nov. 1982, Rev. dr. pén., 1983, p. 386 cassant Liège, 5 avril 1982, J.L., 1982, p. 303; Corr.
Namur, 28 oct. 1981, R.R.D., 1982, p. 57; Civ. Malines, 28 mai 1982, Ing.-Cons., 1982, p. 239;
Bruxelles, 31 mai 1990, Rev. dr. pén., 1991, p. 277, note. P. Arnou, ‘De «kwade trouw» uit artikel 61
W.H.P.’, Ann. prat. comm., 1989, pp. 241 à 251. Gand, 18 déc. 2000, Annuaire Pratiques du commerce
et Concurrence, 2000, p. 608.
énonce en effet que lorsque les faits soumis à la juridiction répressive font l’objet
d’une action en cessation, il ne peut être statué sur l’action pénale qu’après qu’une
décision définitive ait été rendue relativement à l’action en cessation 1.
1. E. Orban de Xivry, ‘Le droit des eaux en Régions wallonne et bruxelloise’, Droit de l’environnement
et de l’urbanisme, C.U.P., vol. XVII, 1997, p. 201 et s.; Corr. Liège, 28 oct. 1993, J.L.M.B., 1996,
p. 1297, note A. Lebrun. Mons, 3 oct. 2001, J.T., 2002, p. 45, note. Adde, le décret du 15 avril 1999 du
Conseil régional wallon relatif au cycle de l’eau et instituant une Société publique de gestion de l’eau
dont l’article 45 appelle à la codification de la matière sour la forme d’un Code wallon de l’eau; ce
décret est abrogé à une date indéterminée, par l’effet du décret du 27 mai 2004.
sectorielles en exécution desquelles l’arrêté royal du 3 août 1976 fixe les conditions
générales de déversement des eaux usées.
Le décret wallon organise un régime d’autorisation pour le déversement de ces
eaux. Il sanctionne notamment:
– d’un emprisonnement de 8 jours à 6 mois et/ou d’une amende de 26 à 500.000 eu-
ros, celui qui déverse des eaux usées dans une eau de surface ordinaire, dans les
égouts publics ou dans les voies artificielles d’écoulement sans respecter la
réglementation particulière (art. 49, 1o); l’article 49, alinéa 2, du décret précise
que ‘les déversements infractionnels sont punissables encore qu’ils n’aient été
commis que par négligence ou abstention fautive d’agir’.
– d’un emprisonnement de 8 jours à 1 mois et/ou d’une amende de 26 à 10.000 euros
ou de l’une de ces peines seulement, celui qui nettoie un véhicule à moteur, une
machine ou d’autres engins similaires dans une eau de surface ordinaire ou à moins
de 10 mètres de celle-ci et alors que le produit nettoyant est susceptible de s’y
écouler, sans disposer du permis d’environnement requis (art. 50, 7o);
– d’un emprisonnement de 6 mois à 3 ans et/ou d’une amende de 100 à 10.000 euros,
celui qui détruit ou détériore volontairement des installations d’épuration ou de
mesure de pollution ou en empêche le fonctionnement correct, de quelque façon
que ce soit (art. 51, 1o);
La Région de Bruxelles-Capitale est concernée par un arrêté du Gouvernement
régional du 20 septembre 2001 relatif à la protection des eaux de surface contre la
pollution causée par certaines substances dangereuses, ainsi que par un même arrêté
du 19 novembre 1998 relatif à la protection des eaux contre la pollution par les nitrates
à partir de sources agricoles.
2. Les eaux potabilisables
Le décret du Conseil régional wallon du 30 avril 1990 sur la protection et l’exploita-
tion des eaux souterraines et des eaux potabilisables abroge notamment la loi du
26 mars 1971 sur la protection des eaux souterraines et la loi du 9 juillet 1976 relative
à la réglementation des prises d’eau souterraine.
Son article 22 punit d’un emprisonnement de 8 jours à 3 ans et/ou d’une amende de
100 à 500.000 euros, celui qui méconnaı̂t les dispositions qui assurent la protection des
eaux souterraines et potabilisables de surface contre la pollution.
3. La qualité de l’eau distribuée
L’arrêté de l’Exécutif régional wallon du 20 juillet 1989 imposait aux fournisseurs
d’eau alimentaire un certain nombre d’interdictions (p. ex. fournir de l’eau de
distribution contenant une substance nocive pour la santé) et d’obligations (p. ex.
effectuer des contrôles de qualité suivant une fréquence déterminée). L’arrêté du
Gouvernement wallon du 3 mars 2005 relatif au Livre II du Code de l’environnement,
contenant le Code de l’eau, a abrogé ce texte pour en assurer la coordination avec
d’autres.
Les infractions sont punies conformément aux articles 14 et 15 de la loi du
24 janvier 1977 relative à la protection de la santé des consommateurs d’une peine
de 8 jours à 6 mois et/ou d’une amende de 50 à 1.000 euros.
Le dispositif fait de sanctions administratives et pénales est complété par le décret
du Conseil régional wallon du 12 décembre 2002 relatif à la qualité de l’eau destinée à
une consommation humaine.
1. J. Sambon, ‘La réglementation de la gestion des déchets en Régions wallonne et bruxelloise’, Droit de
l’environnement et de l’urbanisme, C.U.P., vol. XVII, 1997, p. 92 et s., spéc. pp. 196-197. Cass., 2 févr.
1999, Bull., 1999, 133. F. Roggen, ‘[Questions communes au décret de la Région wallonne du 27 juin
1996 et à l’accord de coopération du 30 mai 1996] La surveillance et les sanctions administratives et
pénales’, in X., De nouvelles règles en matière de déchets, Bruxelles, La Charte, 1997, pp. 191-224.
2. L’article 2 de l’arrêté du Gouvernement wallon du 20 déc. 2001 relatif à l’introduction de l’euro en
matière de déchets n’a pas modifié la référence au franc belge pour la détermination des amendes
pénales des articles 51 et suivants du décret du 27 juin 1996.
3. Pour la Région flamande, voy. C. Billiet, ‘De minimis non curat praetor. Kleine milieucriminaliteit in
het handhavingsbeleid’, T.M.R., 2003, pp. 186-188, note sous Corr. Audenarde, 10 oct. 2002.
4. Voy. les arrêtés des 27 févr. 2003 (3 textes) et 18 mars 2004.
5. Voy. les arrêtés des 18 juill. et 21 nov. 2002.
1. Par arrêt n8 41/2002 du 20 févr. 2002, la Cour d’arbitrage a tranché que, en ce que les dispositions légales
confiaient à des juridictions administratives la connaissance des litiges relatifs aux conditions d’accès à
ces professions, les articles 2 et 4 à 13 de la loi du 15 déc. 1970 sur l’exercice des activités professionnelles
dans les petites et moyennes entreprises du commerce et de l’artisanat ne violent pas les articles 10 et 11 de
la Constitution, combinés avec l’article 23 ou l’article 144 de celle-ci, avec l’article 6 du Pacte
international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ou avec l’article 1er du Premier Protocole
additionnel à la Convention européenne des droits de l’homme: les requérants (M.B., 22 mai 2002).
2. S. Depre, Les autorisations administratives relatives à l’exercice de certaines professions, Bruylant,
1999, 172 p. S. Depre, ‘L’exercice d’une activité professionnelle au regard de la Convention
européenne des droits de l’homme et de la liberté du commerce et de l’industrie’, Rev. trim. D.H.
2002, pp. 369-383.
3. F. Boon, ‘La loi du 13 août 2004 relative à l’autorisation d’implantations commerciales’, Amén. 2005,
pp. 255-264.
4. C. Biquet-Mathieu, ‘La loi du 20 décembre 2002 relative au recouvrement amiable des dettes du
consommateur’, J.T. 2003, pp. 669-681; L. Guinotte, ‘Le recouvrement amiable des dettes du
consommateur après la loi du 20 décembre 2002’, Act. dr. 2003, pp. 734-777.
5. C. Guyot, Le droit du tourisme. Régime actuel et développements en droits belge et européen, Série
‘Droit et Justice’, n8 25, Nemesis, Bruxelles – Bruylant, Bruxelles, 1999, 171 p.
6. Cette loi est abrogée par la loi du 4 juill. 2005 qui n’est cependant pas encore en vigueur.
1. Voy. aussi pour la profession de comptable, Mons, 3 mars 1999, J.L.M.B., 1999, p. 609. Par arrêt n8 5/
2001 du 25 janv. 2001 (M.B., 16 févr. 2001), la Cour d’arbitrage a annulé dans l’article 58 de la loi du
22 avril 1999, la référence à l’article 10 de la loi du 1er mars 1976 en tant que cette disposition permet
de réprimer l’infraction en cause par une peine plus lourde qu’une amende de 1.000 francs. G.
Lenaerts, ‘L’exercice illégal des professions économiques est sanctionné plus sévèrement’, Pacioli,
2006, pp. 1-3; J. Van Drooghenbroeck, ‘Protection pénale des titres professionnels d’expert-
comptable et de conseil fiscal et du monopole légal d’expert-comptable externe (1re partie)’, Accoun-
tancy et Tax, 2004, pp. 12-23.
2. L. Collon, Le statut juridique de l’agent immobilier, Bruxelles, Larcier, 2004, 428 p.
3. J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 1023-1041.
4. P. Vanthemsche et P. Cassart, ‘Une approche nationale de la sécurité de la chaı̂ne alimentaire:
l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaı̂ne alimentaire (AFSCA) en Belgique’, in X., La sécurité
alimentaire et la réglementation des OGM. Perspectives nationale, européenne et internationale,
Bruxelles, Larcier, 2005, pp. 137-151.
5. J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 1053-1061.
– la loi qui a adopté 757 arrêtés d’exécution du 9 février 1994 relative à la sécurité
des consommateurs (art. 19 à 26), concernant l’ensemble des produits et des
services «à risque» 1;
– la loi du 16 février 1994 régissant le contrat d’organisation de voyages et le contrat
d’intermédiaire de voyages;
– la loi du 11 avril 1999 relative aux contrats portant sur l’acquisition d’un droit
d’utilisation d’immeubles à temps partagé 2.
1. J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005, pp. 1042-1052.
2. B. Vanbrabant, Time-sharing, Bruxelles, Larcier, 2006, 132 p.
3. R. Geurts, ‘La loi du 12 juin 1991 sur le crédit à la consommation, contrôle, constatation et répression
des actes interdits’, D.C.C.R., 1991-1992, pp. 810-835; E. Balate, P. Dejemeppe et F. De Patoul, Le
droit du crédit à la consommation, De Boeck, 1995, 519 p. X., Actualités du droit du crédit à la
consommation, Série ‘Travaux et Recherches’, n8 47, Publications des Facultés universitaires Saint-
Louis, Bruxelles, 2004, 183 p. J. Spreutels, F. Roggen, E. Roger France, Droit pénal des affaires,
Bruylant, 2005, p. 1061-1079.
l’agrément obligatoire pour les personnes physiques et morales exerçant une activité
de prêteur (art. 106) que l’inscription requise pour l’exercice des activités visées à
l’article 77 de la loi (art. 107).
d. L’action en cessation
L’article 109 permet au président du tribunal de commerce de constater l’existence et
d’ordonner la cessation d’une longue liste d’actes, mêmes pénalement réprimés,
conformément aux règles prévues par la législation sur les pratiques du commerce
en matière d’action en cessation.
I. LE DÉLIT D’INITIÉ
1. Voy. cependant Gand, 3 nov. 2005, T.R.V., 2005, p. 400, note: même l’information relative à des faits
ou événements incertains peut être considérée comme privilégiée et faire l’objet d’une obligation de
publication.
1. Dans le cadre de l’ancienne loi, voy. Ph. Lambrecht, ‘Les autorités chargées de la détection et de la
poursuite des délits financiers’, in Les délits financiers, Cahiers A.E.D.B.F., o.c.
2. Sur cette matière, voy. H.D. Bosly, Les sanctions en droit pénal social belge, E. Story-Scientia, 1979;
R. Legros, ‘Le droit pénal dans l’entreprise’, J.T.T., 1977, p. 169; D. Delooz-Lamers, ‘Droit pénal
social’, Qualifications et jurisprudence pénales, vol. 2, La Charte, 1994, vo Chômage – conventions
collectives de travail – documents sociaux – obstacle à la surveillance – fonds de sécurité d’existence –
rémunération. J. Hubin, ‘Essai de politique criminelle en matière de droit pénal social’, Rev. dr. pén., 1995,
pp. 771 à 839; W. Van Eeckhoutte, ‘Last but not least: de strafbepalingen in de sociale wetgeving’, Le
droit des affaires en évolution – L’évolution face au droit pénal, Bruylant, 1995, pp. 177 à 225; M. Dumont
et autres, Le droit pénal social, C.U.P., Larcier, 1997, pp. 1 à 468; F. Kefer, Droit pénal du travail, La
Charte, 1997, 552 p. F. Lagasse, Manuel de droit pénal social, Bruxelles, Larcier, 2003, 181 p.; S. Derre et
O. Michiels, ‘De quelques aspects de droit pénal social et de procédure pénale susceptibles d’être
rencontrés par le juge social ou le juge répressif’, Rev. b. séc. soc., 2005, pp. 287-304. O. Vanachter,
‘Arbeidsrecht en strafrecht’, in X., Strafrecht als roeping. Liber amicorum Lieven Dupont, Universitaire
Pers Leuven, Louvain, 2005, pp. 115-123. Adde Corr. Bruxelles, 20 mars 1998, J.L.M.B. 1998, p. 870
(affaire Renault-Vilvorde) et Cass., 8 sept. 1999, J.L.M.B., 2000, p. 312 (aff. Bongiorno).
Sur la notion de faute en droit pénal social, voir Bruxelles, 7 sept. 1994, Rev. dr. pén., 1995, p. 91 et
Bruxelles, 4 janv. 1995, Rev. dr. pén., 1995, p. 753. Adde l’important arrêt que constitue Cass., 3 oct. 1994,
J.T., 1995, p. 26: ‘La transgression matérielle d’une disposition légale ou réglementaire constitue en soi
une faute qui entraı̂ne la responsabilité pénale et civile de l’auteur, à condition que cette transgression soit
commise librement et consciemment’, ainsi qu’une application par Bruxelles, 4 déc. 1996, Rev. dr. pén.,
1997, p. 677.
3. Il y a lieu de tenir compte de la rédaction de l’article 155, alinéa 2, du Code judiciaire qui précise qu’il
appartient au Procureur général de désigner le magistrat du parquet du procureur du Roi ou de
l’auditorat du travail qui exerce l’action publique en cas de concours entre infractions relevant du
droit pénal commun et du droit pénal social. Cass., 8 oct. 1996, J.T., 1997, p. 496, obs. O. Michiels;
Cass., 26 mai 1999, J.L.M.B., 2000, p. 413.
4. C. trav. Bruxelles, 5 janv. 2006, J.T.T., 2006, p. 169.
1. Cass., 16 nov. 1994, Rev. dr. pén., 1995, p. 648: ces dispositions pénales s’appliquent même si elles
concernent la protection de travailleurs exerçant au moins partiellement leurs activités à l’étranger.
2. Cass., 8 janv. 1997, Rev. dr. pén., 1997, p. 492; Corr. Liège, 14 mai 1999, J.L.M.B., 2000, p. 436; Cass.,
10 déc. 2002, J.T. 2004, p. 655, note F. Kuty.
3. Corr. Liège, 10 mai 2002, Rev. dr. pén. 2003, p. 548, note G. Raneri.
4. Bruxelles, 4 janv. 1995, Rev. dr. pén., 1995, p. 753; Cass., 17 avril 1996, J.T.T., 1996, p. 331; Bruxelles,
4 déc. 1996, Rev. dr. pén., 1997, p. 677. C. trav. Anvers, 8 juin 2001, J.T.T., 2002, p. 96, note.
5. C. trav. Mons, 3 févr. 1995, J.L.M.B., 1995, p. 1141; Corr. Bruxelles, 20 mars 1998, J.L.M.B., 1998,
p. 870 (aff. Renault Vilvorde).
6. P. ex., Bruxelles, 7 nov. 1994, Rev. dr. pén., 1995, p. 738 et Corr., Charleroi, 15 mai 1996, Rev. dr. pén.,
1997, p. 521; A. Nayer e.a., L’inspection du travail et la protection juridique du citoyen, La Charte,
1996, 272 p.; Corr. Tournai, 16 févr. 1999, (2 espèces), J.L.M.B., 2000, pp. 424 et 426. Th. Werquin,
‘Droit pénal social: le droit de ne pas contribuer à sa propre incrimination, le droit au silence et l’obstacle
à la surveillance’, J.T.T., 2000, p. 81 et s. H. Mormont, ‘L’incrimination d’obstacle à la surveillance au
regard des droits de se taire et de ne pas contribuer à sa propre incrimination: état de la question’, Chron.
D.S. 2003, pp. 105-112 et 213-228. F. Kefer, ‘Questions à propos du délit d’obstacle à la surveillance en
droit belge’, Rev. trim. D.H., 2003, pp. 1305-1333, ainsi que ‘Le droit au silence permet-il de faire
obstacle à la mission de contrôle et de surveillance de l’administration ?’, Amén., 2005, pp. 111-121.
7. Sur les amendes administratives en droit pénal social, voir A. De Nauw, Les métamorphoses
administratives du droit pénal de l’entreprise, Mys & Breesch, 1994, pp. 111 à 121, et les nombreuses
références citées; Trib. trav. Tournai, 21 janv. 1997, J.L.M.B., 1997, p. 233 (exclusion du sursis). Cette
exclusion n’est pas jugée contraire aux articles 10 et 11 de la Constitution, selon C. A., 14 juill. 1997,
J.L.M.B., 1997, p. 1068; ce même arrêt de la C.A. précise cependant qu’il y a violation des articles 10 et
11 de la Constitution en ce que la loi du 30 juin 1971 ne permet pas aux personnes qui exercent devant
le tribunal du travail le recours prévu par l’article 8 de cette loi de bénéficier d’une réduction de
l’amende au-dessous des minima légaux alors que, pour une même infraction, elles peuvent bénéficier
devant le tribunal correctionnel de l’application de l’article 85 du Code pénal; cet arrêt est à la base de
la modification de la loi. C. Deneve, ‘De administratieve geldboeten en de rechten van de verdediging’,
Rev. dr. soc., 1997, p. 285 et s.; C. trav. Mons, 3 juin 1997, J.L.M.B., 1998, p. 66, note D. Dumont.
A. Simon, ‘Examen de la conformité de la loi du 30 juin 1971 à la Constitution, en regard des principes
directeurs du droit pénal. Commentaire des arrêts rendus par la cour d’arbitrage le 14 juillet 1997’,
Chron. D.S., 1998, pp. 105-111. Ph. De Koster, ‘Pouvoir de l’administration et pouvoir judiciaire:
l’accroissement du pouvoir de sanction de l’administration en droit social et le rôle résiduaire dévolu a
posteriori au pouvoir judiciaire’, J.T.T., 1999, pp. 65-76. Cass., 6 mai 2002, J.T.T., 2002, p. 458, concl.
M.P., note. J. Demarche, ‘Amendes administratives et droits de la défense’, J.L.M.B., 2004, pp. 618-
619, ainsi que ‘L’écoulement du temps dans la répression administrative: entre droits de défense,
équitable procédure et bonne administration’, J.L.M.B., 2004, pp. 1770-1773; H. Bosly, ‘L’amende
administrative et le dépassement du délai raisonnable’, Rev. dr. pén., 2005, pp. 188-197, note sous
C.A., n8 148/2004, 15 sept. 2004.
L’élément moral des infractions du droit pénal des sociétés répond à quelques
difficultés qui égarent parfois la doctrine non spécifiquement pénale 1.
Il y a lieu de retenir que:
– soit la disposition pénale requiert un dol spécial, ce qui ne peut être le cas que si la
disposition pénale précise expressément l’élément moral qui est requis pour son
application: ainsi, l’article 650 C. soc. requiert-il que le prévenu ait agi ‘fraudu-
leusement’: il s’agit d’un dol spécial qui désigne l’intention dans le chef du prévenu
de se procurer, pour lui-même ou pour autrui, un bénéfice illicite;
– soit la disposition pénale requiert un dol général, ce qui est le cas si la disposition
pénale exige expressément que l’auteur de l’infraction ait agi ‘sciemment’: ainsi,
l’article 349, 38 C. soc. requiert-il que le prévenu ait agi ‘sciemment’: il s’agit d’un
dol général qui requiert que le prévenu ait agi en connaissance de cause;
– soit la disposition pénale requiert une faute, ce qui est le cas si la disposition pénale
exige expressément que l’auteur de l’infraction ait agi ‘par négligence’: ainsi,
l’article 196, 38 C. soc. sanctionne-t-il le liquidateur négligent;
– soit la disposition pénale ne requiert ni dol spécial ni dol général ni négligence, ce
qui est le cas de la toute grande majorité des infractions du droit pénal des sociétés;
ces infractions ne mentionnent en effet expressément aucun élément moral: ainsi,
l’article 647, 48 C. soc. sanctionne-t-il les administrateurs qui n’ont pas respecté
une obligation prévue dans d’autres dispositions du Code des sociétés: il s’agit
alors d’infractions réglementaires; les délits réglementaires ou délits contraven-
tionnels sont des délits qui, pour ainsi dire, existent par le seul fait qu’ils ont été
commis: l’élément matériel paraı̂t suffire et révéler en lui-même l’infraction, la
commission de l’acte matériel est censée contenir en elle-même l’élément moral,
de sorte que la preuve de l’acte matériel conduit à une présomption de culpabilité 2;
il demeure que la personne poursuivie a la possibilité d’invoquer des causes de
justification; dans le domaine du droit pénal des sociétés, il n’y a donc pas
d’infractions purement matérielles, car le prévenu conserve la faculté d’invoquer
des causes de justification 3, mais la charge probatoire du ministère public est
assurément facilitée dans cette matière comme dans bon nombre de matières de
droit pénal purement technique.
1. Ainsi, c’est par erreur que Th. Afschrift et V.A. De Brauwere, o.c., pp. 345-347, écrivent que la
plupart des infractions du droit pénal des sociétés (n8 530 in initio) requiert un dol général qu’ils
confondent d’ailleurs avec la négligence (p. 346 in fine) et que les infractions du droit pénal des sociétés
qui requièrent que l’auteur ait agi ‘sciemment’ traduisent l’expression d’un dol spécial (n8 530, al. 2).
Ainsi, l’expression ‘simple négligence’ utilisée par J.F. Goffin, o.c., p. 405, est erronée.
2. Trib. trav. Audenarde, 31 août 2001, J.T.T., 2002, p. 507, note. Liège, 24 sept. 2002, R.R.D., 2002, p.
392. Cass., 8 oct. 2002, http://www.cass.be.
3. Cass., 15 déc. 1999, Pas., 1999, II, p. 1692. J.F. Goffin, o.c., p. 408.
1. Pour un cas d’application, voy. Bruxelles, 29 janv. 1969, Rev. prat. soc., 1970. p. 100.
2. Pour une énumération exhaustive et leur examen, voy. Th. Afschrift et V.A. De Brauwere, o.c., p.
351 et s. En jurisprudence, voy. notamment Corr. Audenarde, 7 févr. 2002, R.W., 2002-2003, 1311,
note et R.D.C., 2002, p. 738, note E. Desmet, à propos de la désignation précise du siège social dans
l’acte de société, J.D.S.C., 2005, p. 33, note S. Gilcart et S. Kettmann; R.W., 2002-2003, p. 1311,
note; Rev. prat. soc., 2004, p. 284, note S. Kettmann.
3. Corr. Gand, 15 avril 1994, T.R.V., 1994, p. 342, note M. Wyckaert, ‘Het wanbedrijf van niet-
neerlegging der jaarrekening’.
4. C. Lewalle, ‘Loi-programme du 8 avril 2003 modifiant, entre autres, le Code des sociétés’, Dr. banc.
fin., 2003/4, p. 249.
tel qu’organisé par le nouvel art. 129bis C. soc. 1, lesquelles seront infligées à la
société et non plus personnellement aux administrateurs, gérants et liquidateurs;
pour les comptes annuels et consolidés clôturés après le 1er octobre 2005, le régime
des amendes administratives a été écarté par les articles 17 à 19 de la loi-
programme du 27 décembre 2005 qui modifient notamment l’article 101 C. soc.
en imposant une contribution aux frais de surveillance de 120 à 1.200 euros pour
les dépôts tardifs;
– l’article 170, 38 C. soc. sanctionne pénalement la violation de toute règle relative au
contrôle des commissaires, et non plus seulement l’entrave au pouvoir d’investiga-
tion des commissaires (ex-art. 204. 68 L.C.S.C.); l’élément matériel de l’infraction
laisse entendre que le dol général est requis à titre d’élément moral;
– l’article 652, 28 C. soc. qui sanctionne ceux qui transmettent sciemment à la
Commission bancaire et financière des renseignements inexacts ou incomplets
(ex-art. 204.88 L.C.S.C.), le texte exigeant donc un dol général.
1. L’amende administrative est de 200 euros (60 euros pour les petites sociétés) par mois de retard avec un
maximum de 1.200 euros (360 euros pour les petites sociétés).
2. J.F. Goffin, o.c., pp. 410-411.
1. Sur cette infraction, voir J.-P. Spreutels et J. Messinne, ‘Questions spéciales de droit pénal’, in
L’entreprise en difficulté, Bruxelles, Ed. Jeune Barreau, 1981, p. 365 et s. S. De Meulenaer, ‘Is
jaarrekeningfraude strafbaar?’, et ‘Wie ligt in het vizier van de strafrechter?’, in X., Uit balans! Een
interdisciplinaire analyse van recente boekhoudschandalen, Anvers, Intersentia, 2004, pp. 92-109 et
109-115.
2. A l’exclusion de l’inventaire et du livre-journal, protégés par l’art. 196 C.P., et d’une situation
comptable ne constituant qu’un document interne (Bruxelles, 14 déc. 1994, J.L.M.B., 1995, p. 210,
note O. Klees, et Rev. dr. pén., 1995, p. 745).
3. Corr. Tournai, 25 févr. 1965, Rev. prat. soc., 1965 p. 70; Bruxelles, 14 déc. 1994, J.L.M B., 1995, p.
210.
1. J.M. Piret, ‘Faux bilans’, Rev. dr. pén., 1961-1962, p. 275; Corr. Neufchâteau, 26 janv. 1995 et Liège,
25 janv. 1996, Rev. prat. soc., 1997, p. 177, note A. Benoit-Moury et N. Thirion: ‘se rend coupable
de faux, le commissaire qui certifie les comptes annuels d’une société, alors qu’il a connaissance de
l’existence d’une comptabilité parallèle au sein de celle-ci’. L. Dupont et S. Van Dyck, ‘Quelques
perspectives quant à la responsabilité pénale du réviseur d’entreprises’, in X., La responsabilité civile,
pénale et disciplinaire du réviseur d’entreprises, Actes d’une journée d’étude organisée le 13 mars
2002, Série ‘Droit et Entreprise’, n8 6, Bruges, La Charte, 2003, pp. 29-93.
Bibliographie
Outre les références déjà citées, nous recommandons la consultation des ouvrages
suivants:
‘Le risque pénal dans la gestion des entreprises’, Actes du 41e Séminaire de la Commission
Droit et Vie des Affaires de l’Université de Liège, E. Story-Scientia, 1992.
Afschrift, Th. et De Brauwere, V.A., Manuel de droit pénal financier, Kluwer, 2001, 599 p.
Delmas-Marty, M., Droit pénal des affaires, Paris, P.U.F., 1990.
De Nauw, A., Les métamorphoses administratives du droit pénal de l’entreprise, Gand, Mys
& Breesch, 1994.
Detienne, J., Droit pénal des affaires, Bruxelles, De Boeck, 1989.
Goffin, J.F., Responsabilités des dirigeants de sociétés, Larcier, 2004, 456 p.
Jeandidier, W., Droit pénal des affaires, Paris, Dalloz, 1991.
Spreutels, J.P., Droit pénal des affaires, Presses universitaires de Bruxelles, 1990.
Spreutels, J. et Roger France, E., ‘Droit pénal des affaires – Chronique de jurisprudence,
1996-1999, 2000-2001, 2002-2004’, R.D.C, 2001, pp. 80-106, 2003, pp. 189-216, et 2006,
pp. 511-562.
Spreutels, J., Roggen, F., Roger France, E., Droit pénal des affaires, Bruylant, 2005,
1230 p.
Van Steenwinckel, J. et Waeterinckx, P. (s.l.d.), Strafrecht in de onderneming. Praktische
gids voor bestuurders en zaakvoerders, Intersentia, 2e éd., 2004, 584 p.
Veron, M., Droit pénal des affaires, Paris, Masson, 1992.