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Organisation judiciaire

Filière : Droit langue française.


Semestre 4

Pr: ARBAOUI Mounir


Enseignant chercheur en droit privé
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales
D'El Jadida.

Année universitaire:2022/2023
Pr. ARBAOUI Mounir.

Sommaire

Partie 1: L'évolution historique et les principes fondamentaux de l'organisation judiciaire


au Maroc.

Chapitre 1: L'évolution historique de l'organisation judicaire.

Chapitre 2: Les principes fondamentaux de l'organisation judiciaire.

Partie 2: Les juridictions de droit commun.

Chapitre 1: Le tribunal de première instance. Chapitre 2: La Cour d'appel.

Chapitre 3: La Cour de cassation.

Partie 3: Les juridictions spécialisées.

Chapitre 1: Les juridictions de commerce.

Chapitre 2: Les juridictions administratives.

Partie 4: La cour militaire.

Chapitre 1: La composition et l'organisation du tribunal militaire.

Chapitre 2: Les attributions du tribunal militaire.

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Pr. ARBAOUI Mounir.

Introduction

L’organisation judiciaire désigne un ensemble de règles juridiques qui fixent la


composition, l’attribution et la place qu’occupent les juridictions dans la hiérarchie judiciaire.

En effet, l’ordre judiciaire marocain comprend à la base des juridictions dites de premier
degré ; notamment les tribunaux de première instance et les juridictions de second degré à savoir
les cours d’appel et au sommet de cette organisation on trouve la cour de cassation.

Si le plus souvent, les personnes exercent leurs droits sans difficultés; les propriétaires
jouissent de leurs biens sans être perturbés par des tiers, les contrats s’exécutent spontanément,
les débiteurs paient en temps utile, les locataires paient le loyer en temps convenu, il n’en
demeure pas moins que les rapports sociaux entrainent inévitablement des conflits et des
contestations entre les membres de la société pour diverses raisons : conflit sur les limites d’une
propriété, l’exécution d’un contrat dont les parties se renvoient la responsabilité, contestation
lors d'un contrat de travail; le non remboursement d'une dette, trouble de voisinage, etc.

Parfois, ces différends peuvent être réglés de façon amiable dans la mesure où il est
préconisé de trouver un terrain de conciliation et d'entente soit par l'initiative des parties ou par
le biais d'un intermédiaire tout en restant loin des tribunaux. En cas d'absence d’accord, les
parties pourraient recourir à la justice dans le cadre d'une procédure contentieuse de leurs droits.

Dans toute société civilisée, nul ne peut se faire justice soi-même, sinon l’anarchie
règnera d'où la nécessité de l'institutionnalisation de la fonction judiciaire en tant que structure
destinée à la consécration de l'équité dans le pays. C’est pourquoi l’Etat a la responsabilité de
mettre en place et organiser le service public de la justice, composé de plusieurs organes au sein
desquels s’activent plusieurs personnes et dont l’ensemble constitue le système judiciaire.

La justice a plusieurs sens selon le contexte. Au sens large, la justice est une vertu, un
sentiment d’équité. Ainsi entendue, elle est une notion empreinte de subjectivité selon l’éthique
personnelle de chacun.

Au sens technique, la justice est la fonction qui consiste à juger, à dire le droit à
l’occasion d’une contestation. C’est ainsi que l’on dit que le juge « rend la justice ». Prise dans
ce sens, la justice est une prérogative souveraine qui appartient à l’Etat.

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Pr. ARBAOUI Mounir.

Enfin, la justice stricto sensu désigne l’ensemble des institutions qui concourent à
l’exercice de la fonction de juger : les juridictions, les juges, les auxiliaires et les administrations
de la justice (ministère de la justice, administration pénitentiaire). Dans ce sens, la justice est un
service public.

S' agissant du seul mode juridictionnel1 mis en vigueur au Maroc pour le règlement des
litiges, il convient d'aborder, dans un premier temps, l' évolution historique et les principes
fondamentaux régissant l'organisation judiciaire marocaine et ce avant de projeter la lumière
sur les juridictions de droit commun dans une deuxième partie. Notre cours ne sera complet sans
traiter les particularités des juridictions spécialisées dans une troisième partie. Enfin, nous
développerons la composition et les attributions de la cour militaire à la lumière de la loi 108-13.

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Cependant, le principe de la justice comme monopole de l’Etat n’est pas absolu, il admet une dérogation qui prend
de plus en plus d’ampleur, à savoir l'arbitrage qui est un mode alternatif « non juridictionnel » de règlement des
différends. C’est « un mode de juridiction à base conventionnelle par lequel les parties choisissent une ou plusieurs
personnes privées, au moyen d’un acte appelé compromis (ou clause compromissoire) pour leur demander de juger,
au besoin en équité, le différend qui les oppose »14. L’arbitrage est régi au Maroc par la loi n° 08.05 relative à
l’arbitrage et à la médiation conventionnelle.

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Pr. ARBAOUI Mounir.

Partie 1: L'évolution historique et les principes fondamentaux de l'organisation


judiciaire au Maroc.

Le système juridique en vigueur au Maroc trouve son origine fondamentale dans


l’évolution historique combinant aussi bien de la tradition que de l’organisation inspirée du
modèle français mis en place au début du protectorat.

Partant de ce constat, il nous parait indispensable de donner un bref aperçu du


développement historique du système judiciaire marocain, vu que le système actuel est
l’aboutissement d’un ensemble d’expériences dictées par les changements intervenus dans
l’environnement politique, économique et social (chapitre 1).

Il sera judicieux, de projeter la lumière, dans cette partie, sur les principes fondamentaux
qui régissent l'organisation judiciaire au Maroc et qui présentent le pilier de la justice équitable
(chapitre 2).

Chapitre 1: L'évolution historique de l'organisation judicaire.

L’évolution du système judiciaire marocain a connu trois grandes étapes à savoir: une
première phase antérieure au protectorat (Section 1), une phase de protectorat (Section 2) et les
réformes intervenues durant l’indépendance (Section 3).

Section 1: La période avant le protectorat.

Avant le protectorat, la justice marocaine était composée de la justice du chraâ, exercée


par le cadi, et la justice laïque, rendue par les pachas dans les villes et les caïds dans les tribus, au
nom du Sultan.

Paragraphe 1: La justice du Chraâ.

Inspirée de la Chariaâ basée sur la loi religieuse (le Fiqh, Ossol Fiqh, le Coran, la Sunna,
le Qiass et l’Ijmaâ). En pratique on a constaté que la justice était rendue par le juge musulman
« le Cadi »; juge de droit commun, son pouvoir se limitait aux litiges civils, immobiliers et aux
affaires du statut personnel.

Les parties se présentaient devant lui, soit seules, soit assistées d’un oukil (mandataire).
Elles pouvaient produire des « fétouas », des consultations rédigées par un mufti ou un
interprète de la loi. L’affaire est instruite à l’audience et la sentence est ensuite rédigée et

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enregistrée. Cependant, le juge ne s’occupe pas de l’exécution, les voies d’exécution sur les
biens n’étant pas connues en droit musulman coutumier.

Paragraphe 2: Les juridictions laïques.

On peut distinguer à cet égard les juridictions du makhzen et celles coutumières


amazighes.

A) Les juridictions makhzen:

A l’origine, les pachas et caïds n’assuraient que les fonctions administratives. Cependant,
ceux-ci se sont faits plus tard attribuer des fonctions judiciaires, exclusivement en matière
pénale, empiétant ainsi progressivement sur les domaines de compétence du cadi. L'intervention
de ce dernier s’est limitée au final aux questions d’état des personnes, aux successions et aux
affaires immobilières régies exclusivement à l’époque par le droit musulman.

B) La justice coutumière amazighe.

Les tribus amazighes avaient conservé leur organisation indépendante en matière de


règlement des conflits. Leurs litiges étaient résolus par voie arbitrale sur la base du droit
coutumier amazigh en dehors de l’autorité du makhzen.

Paragraphe 3: Les tribunaux rabbiniques.

Les affaires concernant les marocains de confession juive sont traitées par des tribunaux
rabbiniques. Ils jugeaient les litiges entre les membres de la communauté israélite (juive). Même
si la compétence de ces tribunaux confessionnels devait être limitée, en principe, aux affaires
relevant du statut personnel et des successions, elle s’étendait, dans la pratique, à tout type de
litige.

Paragraphe 4: Les privilèges de juridiction.

Les Européens, qui en toute logique ne pouvaient être soumis à la justice du chraâ,
n’étant pas musulmans, ne se soumettaient quasiment pas, non plus, aux juridictions makhzen.
Ils bénéficiaient d’un privilège de juridiction régi par un régime de capitulation qui fonctionnait
comme suit :

- Lorsque le litige opposait deux personnes de même nationalité, l’affaire est du


ressort du consul du pays en question ;

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- Lorsque le litige opposait deux personnes de nationalités différentes, chaque consul


applique à son citoyen la législation de son pays. Dans la pratique, on composait
souvent une juridiction comprenant les consuls des différentes parties et on
appliquait au litige une législation convenue entre lesdits consuls ;
- Lorsque le litige opposait un marocain musulman à un étranger, la juridiction
compétente est celle de la partie défenderesse, tout en privilégiant les étrangers :

Section 2: Pendant le protectorat.

Le régime du protectorat, imposé au Maroc, découlait de trois conventions


internationales :

 Le traité de Fès du 30 mars 1912 qui avait placé la majeure partie du pays sous le
protectorat français ;

 La convention de Madrid du 27 novembre 1912 qui avait confié la zone nord à


l’Espagne ;

 Et la convention de Paris du 18 décembre 1923 qui avait organisé le statut international,


reconnu à la ville de Tanger.

A ces trois zones correspondaient trois types d’organisations judiciaires différentes. Et


dans chaque zone, les tribunaux makhzen coexistaient avec les juridictions française, espagnole
ou internationale.

Paragraphe 1: L’organisation judiciaire sous le protectorat français :

L’organisation judiciaire de l’époque a connu trois sortes de tribunaux :

A) Les tribunaux anciens:

Ils comprenaient les tribunaux du chraâ (les tribunaux du Cadi), les tribunaux
rabbiniques, les tribunaux des caïds et des pachas. Ces différents tribunaux, compétents en
matières civile, pénale et commerciale quand il s’agit des litiges opposant des marocains. Sauf
que le protectorat français a intégré le principe de double juridiction et le concept de la
hiérarchie des juridictions et la notion de l’appel. Il a introduit même la notion de contrôle de la
justice et celui de la jurisprudence.

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Pr. ARBAOUI Mounir.

Ainsi, le Haut tribunal chérifien était la cour d’appel des décisions rendues par les caïds
en premier ressort. Le Haut tribunal chraâ était la cour d’appel des décisions rendues par les
Cadis quant au Haut tribunal rabbinique, il était la cour d’appel des décisions rendues par les
tribunaux rabbiniques.

B) Les tribunaux coutumiers:


Ils sont créés en 1930 dans la campagne berbère dite (tamazgha). Ces juridictions 2 qui
appliquaient la coutume locale à la place de la loi musulmane (charia) avaient été contestées par
le mouvement national marocain de l’époque qui reprochait au colonisateur de vouloir semer la
division parmi les marocains. Les justiciables de la justice coutumière avait le droit de faire
recours devant les tribunaux d’appel coutumiers.
C) Les tribunaux modernes:
Le protectorat français a créé les "Tribunaux modernes", qui comprenaient les tribunaux
de paix, les tribunaux de première instance et une cour d’appel de Rabat. Toutefois, les pourvois
en cassation étaient portés à Paris.
Ces tribunaux étaient saisis par tous les plaideurs, quelle que soit leur nationalité,
lorsqu’il s’agit d’appliquer le droit moderne (droit des affaires, droit de la propriété intellectuelle
et industrielle, etc.). Ils appliquaient ainsi les textes du protectorat, dont une partie est publiée en
1913, notamment le DOC, les codes de procédure civile et pénale, le dahir formant code de
commerce, etc.

Paragraphe 2: L’organisation judiciaire dans la zone sous occupation espagnole.

La zone nord, sous domination espagnole, connaissait 3 sortes de juridictions :


A) Les tribunaux hispano- khalifiens:
Les espagnols avaient mis en place dans la zone nord des tribunaux dits « khalifiens »
qui comprenaient, à l’instar de la zone du sud, les tribunaux de paix, les TPI et une cour d’appel
installée à Tétouan. Ces juridictions organisées sur le modèle espagnol appliquaient des lois
inspirées du droit espagnol (procédures civile et pénale, code des obligations et contrats, code de
commerce, etc.). Ces textes datent pour la plupart de 1914.

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Ces juridictions étaient contestées par le mouvement national qui reprochait au protectorat de vouloir soustraire
une frange de la population à la loi musulmane et semer ainsi la division parmi les marocains (le fameux dahir
berbère).

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B) Le tribunal du Makhzen:
Il existait aussi une juridiction du Makhzen pour juger les marocains. Le Mendoub (en
partie française c’était le Pacha) avait la fonction du Pacha. Il était compétent en matière
administrative, judiciaire, militaire et financière.
C) Les tribunaux du Chraâ (Cadis).
Inspirée de la Chariaâ basée sur la loi religieuse. En pratique, on a constaté que la justice était
rendue par le juge musulman «le Cadi »; juge de droit commun.

Paragraphe 3: L’organisation judiciaire dans la zone internationale de Tanger.

Cette zone était soumise au régime international fixé par la convention de Tanger du 18
décembre 1923 qui avait été signée entre la France, l’Espagne et le Royaume-Uni.
Dans cette zone, la justice était rendue par une juridiction internationale dénommée «
tribunal mixte » de Tanger chargée d’administrer la justice aux ressortissants des puissances
étrangères. Ce tribunal appliquait des codes spéciaux : code sur la condition civile des étrangers
dans la zone, code de commerce, code pénal, code de procédure criminelle, code de procédure
civile…
En 1953 le tribunal mixte était remplacé par une juridiction internationale qui comprenait
une cour d’appel, un tribunal criminel et un tribunal de paix. Cette juridiction se composait de 12
magistrats de différentes nationalités. Les magistrats étaient nommés par Dahir sur présentation
des gouvernements.

Section 3: De l’indépendance à nos jours:

Cette phase a connu une nette évolution dans l’organisation judiciaire grâce notamment
aux réformes judiciaires qui se sont succédées. On y retient notamment, la réforme judiciaire du
26 janvier 1965, la réforme du 3 juillet 1967, la réforme des 15 et 16 juillet 1974 et celles du
1991 à nos jours.

Paragraphe 1: De l’indépendance jusqu’à la loi de 1965.

Les tribunaux makhzen sont érigés en tribunaux de droit commun composés des
tribunaux régionaux et des tribunaux du sadad. Ces tribunaux sont hérités du protectorat.

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Pr. ARBAOUI Mounir.

L’ordre administratif (représenté par l’autorité exercée par les Caïds et Pachas) est séparé
de l’ordre judiciaire. De même, les tribunaux coutumiers sont supprimés. Enfin, le haut tribunal
chérifien est remplacé en 1957 par la Cour suprême 3. Les tribunaux de type français (tribunaux
modernes) ont été gardés mais ils tranchaient désormais les affaires des marocains 4.
Il convient de souligner qu’on a continué à bénéficier des services des tribunaux
rabbiniques et de chraâ et qui tranchaient les affaires du statut personnel (mariage, affiliation,
divorce, pension alimentaire…) des marocains juifs et musulmans.
Malgré l’importance de cet effort de réaménagement du système judiciaire, la dualité de
celui-ci (coexistence des juridictions de droit commun avec celles dites modernes) n’a pu être
évitée. Il a fallu ainsi attendre l’avènement de la réforme de 1965 pour se lancer dans l’œuvre
d’unification et d’arabisation de la justice.

Paragraphe 2: La réforme judiciaire du 26 janvier 1965.

Cette période fut caractérisée par l’entrée en vigueur de la loi de l’unification, de la


marocanisation et de l’arabisation du système judicaire.
Ainsi, cette réforme avait été votée par le parlement marocain à l’unanimité. Elle avait
pour but d’unifier les juridictions du Royaume dans un seul ordre judiciaire comprenant les
tribunaux de sadad (de paix), les tribunaux régionaux et les cours d’appel sous l’autorité de la
Cour suprême5. C’est dans ce sens que l’article premier de la loi d’unification votée le 26
janvier 1965 dispose que : « sont unifiées en vertu de la présente loi sur l’ensemble du
territoire du Royaume, toutes les juridictions marocaines, à l’exception du tribunal militaire et
de la Haute Cour de Justice mentionnée au titre VII de la Constitution ».
Par l’effet de cette loi, les tribunaux modernes, les tribunaux rabbiniques et les tribunaux
du chrâa (loi coranique) étaient supprimés. D’autre part, l’article 4 de la même loi dispose
que: « Nul ne peut exercer les fonctions de magistrat auprès des juridictions marocaines, s’il

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Pour éviter de faire le pourvoi en cassation en France et en Espagne le maroc a créé le haut tribunal chérifien en
1956 qui a été remplacé par la cour suprême en 1957.
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Les tribunaux modernes prononçaient les jugements au nom de l’Etat français, mais après l’indépendance et
durant la première décennie, ils rendaient les jugements en français mais au nom du roi.
5
Les affaires rabbiniques sont en premier ressort de la compétence des tribunaux du sadad et en second ressort
des tribunaux régionaux. Ainsi les tribunaux modernes, les tribunaux du chrâa et les tribunaux rabbiniques ont
été définitivement intégrés dans les tribunaux de droit commun (sadad et régionaux).
Les tribunaux du sadad ont remplacé les tribunaux de paix (l’équivalent des juridictions de proximité dans la
configuration actuelle). Ils connaissaient des statuts personnels (musulmans et israélites en plus des affaires
civiles. Les tribunaux régionaux, qui ont absorbé les anciens tribunaux de première instance, constituent les
véritables tribunaux de droit commun.

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n’est pas de nationalité marocaine ». L’article 5 ajoute « seule la langue arabe est admise
devant les tribunaux marocains, tant pour les débats et les plaidoiries que pour la rédaction
des jugements ».

Paragraphe 3: La réforme judiciaire du 3 juillet 1967.

L’organisation judiciaire découlant de la loi de 1965 fut complétée par un décret royal
du 3 juillet 1967 portant loi sur l’organisation des juridictions du pays. Elle avait une portée
limitée puisqu’elle était consacrée uniquement à la réorganisation de la justice sociale, par la
suppression des tribunaux du travail créés par le dahir du 30 décembre 1957.

Paragraphe 4: La réforme de juillet 1974 et les réformes postérieures.

Le système judiciaire a subi en 1974 une réforme d’envergure avec la publication de


nouveaux textes relatifs à l’organisation judiciaire, à la procédure civile, ainsi que des
dispositions transitoires en matière de procédure pénale.
Les principaux apports de cette réforme majeure et néanmoins inattendue, sont :
- La substitution des juridictions communales et d’arrondissement aux tribunaux du
sadad;
- Le retour de l’ancienne appellation « tribunaux de première instance » qui remplace
désormais la dénomination « tribunaux régionaux » et leur nombre a été augmenté passant de 16
à 54 ;
- La généralisation du principe du juge unique au niveau des tribunaux de première
instance.

Paragraphe 5: Les réformes judiciaires dés 1991 à nos jours.

Il a fallu attendre 1993 pour assister à une autre réforme de taille, à savoir la création des
tribunaux administratifs institués par la loi n° 41.90. La chambre administrative de la Cour
suprême statuait en appel des jugements de ces tribunaux, jusqu’à la création des Cours d’appel
administratives en 2008, régies par la loi n° 80.03. Dans le même mouvement, des juridictions de
commerce ont été instituées en 1998 par la loi n° 53.95.
Au Maroc, l’organisation judiciaire fixée par la loi du 15 juillet 1974, était révisée
successivement :

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En 1991 : création des tribunaux administratifs par la loi n° 41-90 promulguée par le
dahir n° 1-91-225 du 10 septembre 1993.
En 1997 : établissement des tribunaux de commerce par la loi n°53-95 promulguée par
le dahir n° 1-97-65 du 12 février 1997.
En 2003 : l’entrée en vigueur de la loi n° 70-03 promulguée par le dahir n° 1-04-22 du 3
février 2004 portant code de la famille s’est accompagnée par l’instauration d’une justice de la
famille au sein des tribunaux de première instance.
En 2004 : suppression de la Cour spéciale de justice par le Dahir n° 1-04-129 du 15
septembre 2004. Les attributions de cette juridiction d’exception ont été transférées aux sections
financières instituées au sein de quatre cours d’appel.
En 2006 : Instauration des Cours d’appel administratives par le Dahir n° 1-06-07 du 14
février 2006 portant promulgation de la loi n° 80-03.
En 2011 : La constitution change de la dénomination du conseil suprême par la cour de
cassation. Elle a créé la Cour constitutionnelle et elle a instauré la juridiction de proximité par
la loi n° 42-10.
En 2012: La loi n° 42.10 est venue changer la donne en remplaçant les juridictions
communales et d’arrondissements par les juridictions de proximité.
Celles-ci ont la particularité d’être confiée à des juges de carrière au lieu des juges non
professionnels qui siégeaient dans les juridictions communales et d’arrondissement. Par la même
réforme, des chambres d’appel sont créées au sein des TPI pour statuer en appel sur les
jugements des TPI dont le montant ne dépasse pas 20.000 dirhams.

Chapitre 2: Les principes fondamentaux de l'organisation judiciaire.

Les préoccupations de bonne justice ont, depuis l’indépendance du Maroc, dominé


l’évolution de notre droit judiciaire privé qui, sous sa forme actuelle, est imposé par plusieurs
principes.

Section 1: Le principe de l’indépendance de la justice.

Montesquieu a développé, dans « L' Esprit des lois », sa grande théorie de la séparation
entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire : « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il
faut que … le pouvoir arrête le pouvoir ». Il a affirmé qu’au lieu d’être concentrées en une seule
main, les prérogatives de la puissance publique doivent être réparties entre des corps distincts et
égaux. Chacun doit détenir, seul et souverainement, une parcelle de l’autorité : le pouvoir

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Pr. ARBAOUI Mounir.

législatif crée le droit, l’exécutif administre, le judiciaire rend la justice. L’autorité judicaire,
dans l’exercice de ses fonctions ne doit pas empiéter sur les domaines du législatif et de
l’exécutif. Elle est, à son tour, indépendante du pouvoir politique.

Au Maroc, il convient de souligner que la constitution actuelle, comme celles qui l’ont
précédée, a posé dans ses articles 1, 107 et 109 que :

Art 1 : « Le régime constitutionnel du Royaume est fondé sur la séparation, l’équilibre et la


collaboration des pouvoirs, ….. »

Art 107 : « Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif.

Le Roi est le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire ».

Art 109: « Est proscrite toute intervention dans les affaires soumises à la justice. Dans sa
fonction judiciaire. Le juge ne saurait recevoir d’injonction ou instruction, ni être soumis à une
quelque pression…. ».

En effet, le principe de la séparation des pouvoirs se déduit de la précision que fait la


constitution, dans son 6ème titre, des principaux organes de l’Etat tout en déterminant les rapports
entre les pouvoirs, notamment entre l’exécutif et le législatif.

Paragraphe 1: Le rapport entre le pouvoir judiciaire et législatif.

Dire que le pouvoir judicaire est indépendant du pouvoir législatif, cela signifie que :

 Interdiction pour le parlement d’interpréter les lois : tout d’abord, le pouvoir législatif
ne doit pas exercer la fonction judiciaire. Ainsi, le parlement ne peut donc pas faire
office de tribunal et donner sa propre interprétation d’une loi à l’occasion d’un litige
déterminé. Il pourrait par contre, en cas d’obscurité ou de difficulté d’interprétation,
voter un texte amendant la disposition législative en cause, ce qui serait effectivement
de son ressort.

 Obligation pour le juge d’appliquer la loi : Si le parlement ne peut pas juger,


inversement, le juge ne peut pas légiférer, ni refuser d’appliquer la loi. Il ne peut
légiférer, de sorte que chaque décision, chaque solution donnée à un problème
d’interprétation de la loi n’est valable que pour le cas qu’elle concerne.

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Pr. ARBAOUI Mounir.

 Interdiction pour le juge de se prononcer sur la constitutionnalité des lois : Il est


interdit, selon les dispositions de l’article 25 du code de procédure civile marocain,
aux juridictions de se prononcer sur la constitutionalité d’une loi ou d’un décret. Il
n’est donc pas permis aux tribunaux de refuser d’appliquer une loi sous prétexte qu’elle
serait anticonstitutionnelle. C’est la Cour Constitutionnelle, saisie par des moyens qui
lui sont propres, qui en connait. De même, les tribunaux ne peuvent pas apprécier la
légalité d’un décret qui entre dans le domaine du pouvoir exécutif.

Paragraphe 2: Le rapport entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif.

A la différence des précédents, il existe des liens de dépendance réciproque entre le


pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif. Ces liens tiennent d’une part, à la nature du personnel
de la justice, d’autre part, au fait que l’exécution des décisions judiciaires peut dépendre de
l’administration, et enfin, à la possibilité pour les tribunaux de prononcer des condamnations à
l’encontre de celle-ci.

 Le personnel de la justice et le pouvoir exécutif:

L’indépendance du pouvoir judiciaire découle, notamment, de l’inamovibilité des


magistrats de siège. Ces magistrats sont nommés par le Roi sur proposition du Conseil Supérieur
du Pouvoir Judiciaire, cet organe veille à l’application des garanties accordées aux magistrats,
notamment quant à leur indépendance, leur nomination, leur avancement, leur mise à la retraite
et leur discipline.

La réalité institutionnelle ne permettait pas de garantir ce principe, en raison notamment


des prérogatives assez large que conserve l’exécutif en matière de gestion de la carrière des
magistrats.

Faut-il rappeler à ce titre que le Président délégué du Conseil supérieur de la magistrature


n’était autre que le Ministre de la justice.

Cette situation a changé avec l’installation en avril 2017 du Conseil supérieur du pouvoir
judiciaire dont le poste de Président délégué est confié par la nouvelle Constitution au Premier
Président de la Cour de cassation. L’absence du représentant de l’exécutif parmi les membres
dudit Conseil est un facteur à même de rendre plus effective cette indépendance des juges.

Dans la même perspective, l’indépendance du pouvoir judiciaire a été mise à mal durant
de nombreuses années par l’ingérence du pouvoir exécutif dans les affaires judicaires. En effet,

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Pr. ARBAOUI Mounir.

les magistrats du parquet étaient toujours sous l’autorité du Ministre de la Justice et, par
conséquent, subordonnés au pouvoir exécutif.

Toutefois, cette faille a été palliée par l’article 110 de la loi 100-13 relative au conseil
supérieur du pouvoir judiciaire qui a donné au procureur général du roi près la Cour de cassation
la qualité du Chef du ministère public à la place du ministre de la justice.

 L’exécution du pouvoir judiciaire :

L’exécution d’une décision judiciaire nécessite parfois l’intervention du pouvoir public.

Par le pouvoir dont il est investi, le juge ordonne que sa décision, si besoin sera exécutée
avec le concours de la force publique. L’autorité administrative doit obéir à cet ordre.

Si l’autorité administrative est ainsi requise d’exécuter la décision de juge et doit en


principe le faire, cette règle peut cependant céder dans les hypothèses exceptionnelles où
l’inexécution serait de nature à troubler l’ordre public. L’appréciation de ces circonstances est
laissée à l’autorité administrative, si bien que, dans certains cas, l’inexécution d’un jugement
peut rester suspendue. C’est l’un des aspects de la subordination du pouvoir judiciaire à
l’administration. Mais la raison d’être de cette limite est la notion d’intérêt général. La victime
de l’inexécution pourra prétendre à la réparation du préjudice qui en résulte pour elle.

Section 2: Le principe de la gratuité de la justice.

L’article 121 de la constitution de 2011 dispose que « Dans les cas où la loi le prévoit, la
justice est gratuite pour ceux qui ne disposent pas de ressources suffisantes pour ester en
justice »

Les magistrats ne sont pas rémunérés par les justiciables mais par l’Etat en leur qualité
de fonctionnaires.

Cela ne signifie pas que le justiciable n’aura rien à débourser dans le cadre d’un procès,
qui peut entraîner des frais plus ou moins importants, selon l’affaire à juger, sa nature et sa
complexité.

Ces frais correspondent aux frais de procédure et aux honoraires des professions libérales
de la justice : avocat, huissier de justice, expert judiciaire…

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Pr. ARBAOUI Mounir.

En principe, chaque personne, prenant part à un procès, supporte ses propres frais de
justice.

Cependant, la loi prévoit que le gagnant du procès peut obtenir le remboursement par
son adversaire de certains frais qu’il a dû engager (comme les frais de procédure et les frais
d’avocat).

Un système d’assistance judiciaire est mis en œuvre pour éviter que les personnes sans
ressources ne soient empêchées de faire valoir leurs prétentions devant la justice.

L’assistance judiciaire est applicable à tout litige, aux constitutions de parties civiles
devant les juridictions d'instruction et de jugement et, en dehors de tout litige, aux actes de
juridiction gracieuse et aux actes conservatoires.

L’assistance judiciaire peut être accordée de plein droit dans quelques affaires. C’est le
cas des litiges devant la justice de proximité.

L’expérience a montré que l’assistance judiciaire ne permet pas d’accéder à une défense
judiciaire de qualité. Ce service, non rémunéré par l’Etat, est assuré gratuitement par les barreaux
qui, souvent le confient aux avocats en début de carrière. Il a fallu attendre l’année 2016 pour
que les associations du barreau et le gouvernement arrivent à un terrain d’entente sur une
solution qui permet à l’Etat de rémunérer les avocats qui assurent la défense.

Section 3: Le principe du double degré de juridiction

La règle du double degré de juridiction n’est pas une simple règle de procédure. Elle
mérite de figurer parmi les règles générales de l’organisation judiciaire.

En principe, un justiciable a droit à deux degrés de juridictions 6. D’après cette règle, les
plaideurs ont la possibilité de soumettre leurs procès pour un second examen, à une juridiction
de second degré. Elle garantit, donc, les droits de la défense d’une partie grâce à un nouvel
examen du litige par une juridiction hiérarchiquement supérieure. De ce fait, l’appel vise
essentiellement la réformation ou l’annulation du jugement entrepris. Cette garantie est devenue
d’autant plus utile et profitable aux plaideurs.

6
Lorsqu’une juridiction du premier degré rend son jugement, une des parties au procès, le demandeur ou le
défendeur, peut se sentir lésée et elle a la possibilité de refaire juger l’affaire par une juridiction supérieure : la cour
d’appel. La cour d’appel saisie va rejuger l’affaire intégralement (fait et droit) , et rendre un arrêt qui peut être un :
jugement confirmatif ou infirmatif

16
Pr. ARBAOUI Mounir.

La cour d’appel est censée comprendre des magistrats plus expérimentés et qualifiés et
que la juridiction du second degré tire profit du travail effectué par les juges du premier ressort
pour se concentrer sur le nœud du problème 7.

Toutefois, il convient de soulever quelques exceptions, c’est le cas par exemple de


certaines affaires qui sont jugées en premier et dernier ressort (sans appel) : l’appel n’est pas
possible contre les jugements rendus par la justice de proximité dans les affaires dont la valeur
ne dépasse pas 5000 dhs. La partie lésée peut intenter un recours en annulation du jugement
devant le président du tribunal de première instance dans un délai de 8 jours à compter de la date
de la notification du jugement.

Et dans la perspective de la consécration du principe de double juridiction, l’article 457


de la loi 22-01 relative au code de procédure pénale a prévu la possibilité du recours à l’appel à
l’encontre des arrêts rendus par les chambres criminelles auprès de la cour d’appel. Et la
chambre criminelle d’appel qui connaitra de l’affaire comprend un président et quatre conseillers
n’ayant pas fait partie du collège qui a rendu le premier jugement. Avant la mise en place de
cette loi, l’accusé ne disposait que d’un seul degré de juridiction tout en sachant que ces
chambres prononçaient des peines allant jusqu’à la perpétuité et la peine de mort.

De même, la loi de 1956 relative à la justice militaire enfreignait ce principe, en ce sens


que la partie insatisfaite du jugement n’avait pas le droit de faire appel. Les jugements étaient
rendus en premier et en dernier ressort.

Heureusement, la nouvelle loi 108-13 relative à la justice militaire a remédié à cette


faille. Ainsi, selon l’article 14 de loi précitée, le tribunal militaire se compose de:

- Chambre correctionnelle militaire de première instance;

- Chambre criminelle de première instance;

- Chambre correctionnelle militaire d’appel;

- Chambre criminelle militaire d’appel;

7
Le pourvoi en cassation devant la cour de cassation n’est pas considéré comme un troisième degré de juridiction.
En fait, les juridictions du premier et du deuxième degré jugent le fait et le droit. Le rôle de la cour de cassation n'est
pas de rejuger une troisième fois les faits mais plutôt de juger les décisions des juges du fond.
La cour de cassation ne juge donc que le droit: elle juge la manière dont les juges du fond ont appliqué le droit.

17
Pr. ARBAOUI Mounir.

Section 4: Le principe de la continuité du service public de la justice.

Les juridictions constituent un service public. On parle d’ailleurs d’administration


judiciaire et, à ce titre, celle-ci doit fonctionner sans interruption. Le service public de justice
doit fonctionner en permanence.

A cet égard, l’article 7 du décret n° 2-74-498 du 16 juillet 1974 pris en application du


Dahir relatif à l'organisation judiciaire énonce que : « L'année judiciaire commence le 1er
janvier et s'achève au 31 décembre, les juridictions siégeant sans interruption, les congés des
personnels tant magistrats que greffiers devant être organisés de telle sorte que les audiences
ne subissent ni interruption, ni retard ».

Enfin, il est également possible, en cas d’extrême urgence, de solliciter du président du


tribunal de première instance, en sa qualité de juge des référés, à toute heure et même à son
domicile, même les dimanches et jours fériés.

Section 5: Le principe du caractère contradictoire et public de la procédure.

Le caractère contradictoire exige que le justiciable doit avoir été mis en mesure de se
défendre et d’être entendu par le juge. Il suppose le respect d’un délai irréductible pour permettre
aux parties de comparaître. Les personnes jugées par défaut dispose d’une voie de recours, en
l’occurrence l’opposition.

Ce principe est renforcé par le principe de la publicité des audiences. Les débats d'un
procès et les décisions doivent être publics .Cela signifie que les débats ont lieu publiquement et
que la décision de justice est rendue en présence du public. En principe, les portes des salles
d'audience doivent rester ouvertes et accessibles à tous.

Ainsi, dans les affaires criminelles, les débats d'un procès et les décisions doivent être
publics pour que l’audience soit équitable. Dans ce cadre, l’article 11 de la déclaration
universelle des droits de l’homme telle qu’elle a été adoptée par l’assemblée générale des nations
unies, dispose que « Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente
jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les
garanties nécessaires à sa défense lui ont été assurées ». De même, le CPP, dans son article 300,
dispose que les mesures de l’enquête et les débats doivent être publics sauf dans les cas prévus
par les articles 301 et 302.

18
Pr. ARBAOUI Mounir.

L'accès du public aux audiences donne une transparence à la justice et permet de


consacrer le principe de l’impartialité.

Toutefois, la loi prévoit des exceptions à ce principe où le public ne peut pas accéder aux
audiences.

Le président du tribunal ou de la cour peut ordonner le huis clos pour protéger les
personnes (mineurs, divorce), ou pour éviter des troubles à l'ordre public, ou préserver des
secrets d'Etat ( les articles 301 et 302 du CPP).

L'audience se tient alors à huis clos dans la salle d'audience, portes fermées, ou en
chambre du conseil. La décision de justice est toujours rendue en audience publique.

Section 6: Le principe de la formation collégiale et juge unique.

Le principe du juge unique était le principe qui régnait avant le protectorat. Mais, pendant
la période protectorale et à l’occasion de la création des tribunaux modernes ( les TPI et les
tribunaux régionaux), la formation collégiale a vu le jour, et elle est restée jusqu’à la réforme de
1974 qui y a mis terme. Mais en 1993 elle est apparue encore une fois dans l’ensemble des
juridictions appelées à juger en premier ressort. Toutefois, en 2003, il y a eu retour au principe
du juge unique comme une règle générale devant les tribunaux de première instance (la loi 15-03
modifiant l’article 4 de la loi de l’organisation judiciaire).

Dans le système actuel, le juge de proximité, comme le juge de tribunal de première


instance, sont des juges qui siègent seuls, assistés d’un greffier, et, pour certaines affaires, en
présence d’un représentant du ministère public.

En effet, la loi n° 34-10 modifiant et complétant le dahir portant loi n° 1-74-338 du 15


juillet 1974 fixant l’organisation judiciaire du Royaume énonce dans son article 4 que : « sous
réserve des dispositions prévues par l’article 5 et les compétences dévolues au président du
tribunal en vertu de textes particuliers, les tribunaux de première instance, y compris ceux qui
sont classés, siègent à juge unique avec l’assistance d’un greffier… ».

Toutefois, il convient de souligner que les chambres d’appel dans les tribunaux de
première instance tranche les affaires en étant composée de trois magistrat y compris le
président.

19
Pr. ARBAOUI Mounir.

Paragraphe 1: Avantages de la collégialité.

Les avantages de ce système sont multiples :

 Garantie d’une justice éclairée : La délibération qui précède le jugement a pour effet de
provoquer la discussion sur la valeur de tous les moyens invoqués et des solutions
possibles, de mieux approfondir les difficultés et d’éclairer les esprits.

 Garantie d’une justice impartiale : Il est difficile de supposer que tous les juges se
mettent d’accord pour favoriser injustement un plaideur, au détriment de l’autre et
l’impartialité des juges est garantie par le contrôle des autres juges.

 Garantie d’une justice indépendante : La collégialité donne aux juges plus de liberté dans
leurs décisions, ils sont moins exposés aux influences.

L’article 16 de la loi 38-15 relative à l’organisation judiciaire prévoit que


les jugements sont rendus à l’unanimité ou à la majorité du collège judiciaire traitant l’affaire,
après instruction et délibération en secret. Ce même article souligne que l’avis divergent
d’un magistrat doit, à son initiative, être rédigé dans un procès-verbal secret signé par le collège
judiciaire et placé dans une enveloppe scellée à conserver auprès du président de la juridiction
concernée, après avoir été inscrits sur un registre spécial créé à cet effet, et ne peut être consulté
par des tiers que sur décision du CSPJ. Ce procès-verbal secret, et toujours d’après l’article 16,
doit être conservé pendant dix ans à compter de la date de son établissement et la divulgation de
son contenu est considérée comme une faute grave.

Paragraphe 2: Avantages de l’unicité des juges.

Le maintien du système du juge unique peut être justifié par les motifs suivants :

 Statut seul, le juge aura une conscience plus nette et plus large : Etant nécessairement
connu de l’opinion publique et des plaideurs, comme l’auteur de la décision et sachant
qu’il ne peut, dans l’élaboration de cette décision, compter que sur lui-même, il veillera
nécessairement à ce qu'elle soit irréprochable, juridiquement solide et impartiale. Il ne
pourra pas s’abriter derrière l’anonymat qui, atténuant le sens de la responsabilité et de
l’effort, risque d’être plus nuisible que profitable à l’administration d’une bonne justice.

20
Pr. ARBAOUI Mounir.

 La recherche d’une justice rapide : La raison principale qui a poussé le législateur à


appliquer le système du juge unique est la recherche d'une meilleure efficacité et célérité
de la justice d’une part, et d'accélérer le traitement des affaires d’autre part.

Partie 2: Les juridictions de droit commun.

L’article 127 de la constitution de 2011 dispose que : « Les juridictions ordinaires ou


spécialisées sont créées par la loi. Il ne peut être créé de juridiction d’exception ».

Les juridictions ordinaires ou de droit commun peuvent être définies comme des
organismes qui ont une compétence générale.

Le système juridictionnel marocain repose sur le principe de l’unité de juridiction, dans la


mesure où il est chapeauté par la Cour de cassation. Il comprend des juridictions de droit
commun et d’autres spécialisées. Ainsi, il y a des juridictions de premier degré que l’on appelle
les TPI (chapitre 1) et les juridictions de second degré qu’on appelle les Cours d’appel
(chapitre 2). Ces tribunaux sont des juridictions de fait contrairement à la cour de cassation qui
est une juridiction de fond (chapitre 3).

Chapitre 1: Le tribunal de première instance.

Les tribunaux de première instance qui, de façon générale, ont pris la relève des tribunaux
régionaux et des tribunaux de Sadad, constituent des tribunaux de droit commun ayant plénitude
de juridictions. Selon l’article 5 de la loi n° 34-10 modifiant et complétant le dahir portant loi n°
1-74-338 du 15 juillet 1974 fixant l'organisation judiciaire du Royaume, ils peuvent connaitre
de toutes les matières « Sauf lorsque la loi attribue formellement compétence à une autre
juridiction ».

Il faut signaler que les TPI se répartissent géographiquement sur tout le territoire du pays
et le nombre de ces juridictions est passé de 73 à 83 dans la mesure où plusieurs centres
judiciaires se sont transformés en TPI comme le cas du centre de Tinghir, Bouznika, Sidi Ifni, Al
Madiak...etc.

L’article 43 de la loi 38-15 prévoit que les tribunaux de première instance comprennent:

 Les tribunaux de première instance de droit commun.

 Les tribunaux de première instance de droit commun comprenant des sections


spécialisées dans la justice commerciale et dans la justice administrative.

21
Pr. ARBAOUI Mounir.

 Les tribunaux de première instance classés.

Il s’agit d’étudier la composition, l’organisation, le fonctionnement, la


compétence et l’institution du président du tribunal de première instance.

Section 1: Composition :

Les tribunaux de première instance comprennent :

- Un président, un vice président ou plus et des juges ;

- Un ministère public composé d'un procureur du Roi, du premier substitut ou plus et ses
substituts ;

- Président du secrétariat de greffe, le président du secrétariat du parquet, les chefs des services
et le personnel du greffe et du secrétariat du parquet.

En effet, l’énumération donnée l’article 42 de la loi 38-15 fixant l'organisation judiciaire


du Royaume révèle que le personnel d’un tribunal de première instance comprend quatre
grandes catégories qu’ on retrouve dans toutes les juridictions.

Malgré cette composition, le tribunal de première instance siège dans la plupart du temps
à juge unique, avec l’assistance d’un greffier. Si en matière pénale, la présence du représentant
du ministère public est obligatoire à l’audience, cette présence est facultative en toute autre
matière, sauf dans certains cas limitativement prévus par le législateur.

Section 2: Organisation.

Ces tribunaux peuvent être divisés suivant la nature des affaires qu'ils connaissent en «
sections des affaires de la famille », « chambre de la justice de proximité » et en chambres :
civile, commerciale, immobilière, sociale et pénale. Chacune des chambres peut comprendre un
ou plusieurs magistrats. Toutefois, toute chambre peut valablement instruire et juger, quelle
qu’en soit la nature des affaires soumises au tribunal8.

8
Le nombre des chambres et les juges les composant est fixé par l’assemblée générale qui se réunit dans les
premiers 15 jrs de Décembre en présence de tous les magistrats soit de siège ou du ministère public, en plus du
président du secrétariat greffe. Ainsi, lors de l’assemblée générale il peut être décidé dans quelques tribunaux la
suppression d’une chambre vu le nombre limité des affaires traitées par elle pendant l’année judiciaire précédente et
ce dans un souci de bonne gouvernance et une équitable répartition des dossiers entre les magistrats.

22
Pr. ARBAOUI Mounir.

Les tribunaux de première instance peuvent être classés, selon la nature des affaires qu'ils
connaissent, en tribunaux civils de première instance, tribunaux sociaux de première instance et
en tribunaux pénaux de première instance ( Article 48 de la loi 38-15).

Cette expérience est mise en place à Casablanca pour une meilleure gestion du service de
la justice dans l’attente de sa généralisation dans toutes grandes villes comme Rabat, Fès,
Marrakech… etc.

- Les tribunaux civils de première instance sont divisés en " chambre de justice de
proximité " et en chambres : civile, commerciale et immobilière.

- Les tribunaux sociaux de première instance sont divisés « en section des affaires de la
famille », en chambres : accidents de travail et maladies professionnelles, conflits du
travail.

- Les tribunaux pénaux de première instance sont divisés en « chambre de la justice de


proximité » et en chambres : correctionnelles, accidents de la circulation, affaires des
mineurs.

Section 3 : Compétence et fonctionnement.

En terme de compétence, les TPI peuvent connaître de toutes les matières sauf lorsque la
loi attribue formellement compétence à une autre juridiction. C’est une compétence générale qui
s’étend à toutes les affaires civiles, immobilières, pénales et sociales. Toutes les questions
relatives au statut personnel, familial et successoral relèvent également de la compétence du
tribunal de première instance.

- La section spécialisée dans la justice de la famille est compétente pour connaitre des affaires de
statut personnel et la succession, et les affaires de l’état civil et la nationalité..

- La section spécialisée dans la justice commerciale est compétente pour connaitre des
affaires commerciales attribuées aux tribunaux de commerce de première instance en vertu de la
loi.

- La section spécialisée dans la justice administrative est compétente pour connaitre des
affaires administratives attribuées aux tribunaux administratifs de première instance en vertu de
la loi.

23
Pr. ARBAOUI Mounir.

Sous réserve des compétences dévolues au président du tribunal en vertu de textes


particuliers, les tribunaux de première instance siègent à juge unique avec l'assistance d'un
greffier, à l'exception des actions en droits réels immobiliers et mixtes et des affaires de la
famille et des successions, hormis la pension alimentaire, sur lesquelles il est statué en présence
de trois juges, y compris le président avec l'assistance d'un greffier.

Le tribunal de première instance est saisi, soit par requête écrite et signée du demandeur
ou de son mandataire, soit par la déclaration du demandeur comparant en personne dont un
procès-verbal est dressé par l'un des agents assermentés du greffe. Cette déclaration est signée
par le demandeur ou mention est faite qu'il ne peut pas signer.

Cependant, la procédure est orale dans les affaires ci-après:

-Affaires que les tribunaux de première instance connaissent en premier et dernier ressort;

-Affaires de pension alimentaire, de divorce sous contrôle judiciaire et de divorce judiciaire ;

-Affaires sociales;

-Affaires de paiement et de révision de loyers;

-Affaires d'état civil.

L’article 19 du Code de procédure civile dispose que "les tribunaux de première instance
connaissent:

- en premier ressort, à charge d’appel devant les chambres des appels des tribunaux de
première instance, des demandes jusqu’à la valeur de vingt mille dirhams (20.000 dirhams);

- en premier ressort, à charge d’appel devant les cours d’appel, des demandes d’une
valeur supérieure à vingt mille dirhams (20.000 dirhams);

- en premier ressort et à charge d’appel devant les cours d’appel, il est statué
conformément aux dispositions de l’article 129".

9
L'article 12 dispose que: " Si la valeur du litige est indéterminée, la décision est rendue en premier ressort".

24
Pr. ARBAOUI Mounir.

Section 4: Le président du tribunal.

Le président du tribunal de première instance est le chef de cette juridiction. A ce titre, il


est investi d’une part d’attributions administratives et, d’autre part, d’attributions judiciaires
particulières.

Ses attributions administratives consistent à veiller au fonctionnement du tribunal et à


répartir les affaires entre les différents juges. Il exerce également une surveillance sur les
magistrats du siège de son tribunal, sur les services du greffe, et un certain contrôle, sur les
magistrats du parquet.

En matière judiciaire, il exerce des fonctions importantes et spécifiques qu’il peut


déléguer à un autre juge du siège. Il est tout d’abord le juge des référés, ce qui signifie qu’il peut,
dans tous les cas d’urgence, ordonner des mesures imposées par la situation sans préjuger le fond
du droit.

C’est également en sa qualité de président qu’il est compétent pour rendre des
ordonnances sur requêtes autorisant des constats, sommations ou autres mesures d'urgence
que des ordonnances d’injonction de payer selon la procédure particulière prévue pour le
paiement des dettes reconnues.

Selon l’article 9 de la loi 42-10 portant organisation des juridictions de proximité, le


président statue sur la demande d’annulation du jugement rendu devant la justice de proximité
dans un délai de 15jrs suivant la date de son dépôt.

En outre, l’article 26 de la loi 67-12 organisant les rapports contractuels entre les
bailleurs et les preneurs des locaux à usage d’habitation ou à usage professionnel dispose que
« le bailleur peut saisir le président du TPI en vue de valider la mise en demeure et ordonner le
règlement, en cas de défaut de paiement total ou partiel, des montants exigibles fixés par la mise
en demeure ».

Section 5 : Les juridictions de proximité.

Créées par la loi n° 42-10du 17 août 2011, les juridictions de proximité remplacent celles
d’arrondissement et communales instituées par l’organisation judiciaire de 1974. C’est une
nouvelle structure judiciaire qui voit le jour au Maroc. Les tribunaux de proximité renforcent le
réseau des juridictions nationales pour statuer sur les litiges de la vie quotidienne des citoyens.

25
Pr. ARBAOUI Mounir.

Les juridictions de proximité sont instituées dans le ressort des tribunaux de première
instance et leur compétence territoriale se répartit comme suit :

-Les sections des juridictions de proximité instituées au sein des TPI et dont la
compétence territoriale englobe les collectivités locales situées dans le ressort de ces tribunaux ;

- Les sections des juridictions de proximité créées au sein des centres du juge résident (ou
siégeant) et dont la compétence territoriale englobe les collectivités locales situées dans le ressort
du centre du juge résident.

Ces juridictions ont pour objectifs de traiter des litiges et délits mineurs selon une
procédure simplifiée, mais aussi d’améliorer le rendement, les prestations et l’efficacité de
l’appareil judiciaire. A cet égard, la procédure devant ces juridictions est orale, gratuite et
exempte de toutes taxes judiciaires.

Il s’agit d’étudier l’organisation, la compétence et enfin la procédure devant les juges de


proximité.

Paragraphe 1: Organisation.

Selon les dispositions du premier article de la loi portant organisation des juridictions de
proximité qui sont instituées dans le ressort des tribunaux de première instance, les sections des
juridictions de proximité se composent d'un ou plusieurs juges et d'agents de greffe ou de
secrétariat. Elles siègent par un juge unique assisté d'un greffier, hors la présence du ministère
public.

Les audiences des sections des juridictions de proximité sont publiques. Leurs jugements
sont rendus au nom de Sa Majesté le Roi. Ils sont consignés sur un registre spécial et revêtus de
la formule exécutoire.

Pour davantage de proximité, des audiences foraines peuvent être tenues dans l'une des
collectivités situées dans le ressort territorial de la section des juridictions de proximité en vue de
connaître des affaires relevant de leur compétence.

L'assemblée générale désigne des magistrats qui exercent dans les tribunaux de première
instance et dans les centres du juge résident, chargés de statuer sur les affaires relevant de la
compétence des juridictions de proximité.

26
Pr. ARBAOUI Mounir.

En cas d’absence du juge de proximité ou d'un empêchement juridique lui interdisant de


statuer sur la demande, le président du tribunal de première instance ou son dévolutaire charge
un magistrat de suppléer audit juge.

Paragraphe 2: Compétence.

Selon l’article 14, le juge de proximité est compétent pour connaître des contraventions
commises par des personnes majeures sauf à avoir une qualification plus sévère lorsqu'elles sont
commises dans la circonscription sur laquelle le juge exerce sa juridiction ou lorsque l'auteur y
est domicilié.

Par ailleurs, le juge de proximité connaît de toutes les actions personnelles et mobilières
si elles n'excèdent la valeur de cinq mille dirhams. Il n'est, toutefois, pas compétent pour les
litiges relatifs au statut personnel, à l'immobilier, aux affaires sociales et aux expulsions.

Paragraphe 3: Procédure.

Le juge de proximité connaît de toutes les actions personnelles et mobilières dont la


valeur n'excède pas cinq mille dirhams, à l’exception des litiges relatifs au statut personnel, à
l'immobilier, aux affaires sociales et aux expulsions.

Les audiences des sections des juridictions de proximité sont publiques. Leurs jugements
sont rendus au nom de Sa Majesté le Roi. Ils sont consignés sur un registre spécial et revêtus de
la formule exécutoire.

En vertu de l’article 6 de la loi 42-10 portant organisation des juridictions de proximité, la


procédure devant ces juridictions est orale, gratuite et exempte de toutes taxes judiciaires.

L’article 11 dispose que le juge de proximité est saisi par une requête écrite ou par une
déclaration orale reçue par le greffier qu'il consigne dans un procès-verbal qui prévoit l'objet de
la demande et les motifs invoqués, conformément à un modèle établi à cet effet qu'il signe avec
le demandeur.

Si le défendeur est présent, le juge lui expose le contenu de la demande. S'il est absent, la
requête du demandeur ou une copie du procès-verbal lui est notifiée immédiatement sur ordre du
juge. Cette notification comporte convocation à l'audience qui ne devrait pas être éloignée de
plus de huit jours.

27
Pr. ARBAOUI Mounir.

Avant de juger le fond de l’affaire le juge de proximité procède, obligatoirement, avant


l'examen de l'action, à une tentative de conciliation. Si elle a lieu, il est procédé à l'établissement
d'un procès-verbal par lequel le juge constate cette conciliation.

Si la tentative de conciliation échoue, il statue, sur le fond, dans un délai de 30 jours.


Toutefois, la partie lésée peut intenter un recours en annulation du jugement devant le président
du tribunal de première instance dans un délai de 8 jours à compter de la notification du
jugement. Et ce dans les cas suivants:

-si le juge de proximité n'a pas respecté sa compétence rationae personae ;

-s'il n'a pas effectué la tentative de conciliation prévue à l'article 12 de la loi 42.10;

-s'il a été statué sur chose non demandée ou adjugé plus qu'il n'a été demandé ou s'il a été
omis de statuer sur un chef de demande;

-s'il a statué alors que l'une des parties l'avait récusé à bon droit;

-s'il a statué sans s'être assuré au préalable de l'identité des parties;

-s'il a condamné le défendeur sans avoir la preuve qu'il avait été touché de la notification
ou de la convocation;

-si, dans une même décision, il y a des dispositions contraires;

-si, dans le cours de l'instruction de l'affaire, il y a eu dol.

En matière de contraventions, le juge de proximité est compétent pour connaître des


contraventions, prévues dans la loi n° 42.10; commises par des personnes majeures, sauf à avoir
une qualification plus sévère lorsqu'elles sont commises dans la circonscription sur laquelle le
juge exerce sa juridiction ou lorsque l'auteur y est domicilié.

L'action publique est mise en mouvement par le ministère public qui transmet au juge de
proximité les procès-verbaux dressés par la police judiciaire ou par les agents chargés à cet effet.

Chapitre 2: La Cour d'appel.

L’institution des Cours d’appel a pour fondement le droit reconnu au justiciable


d’obtenir un deuxième examen de son affaire s’il estime que le premier n’a pas été
satisfaisant. Ce droit est considéré comme une garantie essentielle de bonne justice dans la
quasi totalité des systèmes judiciaires.

28
Pr. ARBAOUI Mounir.

Ce deuxième examen sera effectué par une juridiction hiérarchiquement supérieure,


dans laquelle les décisions sont rendues, non plus par un juge unique, mais par un collège
constitué de trois juges au minimum.

Ces tribunaux constituent des juridictions de droit commun de deuxième degré car
elles jugent les décisions émanant du tribunal de première instance susceptibles d’appel et des
ordonnances rendues par les présidents de ces tribunaux.

De surcroît, elles sont compétentes pour juger en premier ressort les affaires
criminelles.

Il s’agit d’étudier l’organisation, la compétence et le fonctionnement des Cours


d’appel.

Section 1: Organisation.

Les Cours d'appel comprennent, sous l'autorité du premier président et suivant leur
importance, un certain nombre de chambres spécialisées dont une chambre d'appel de statut
personnel et successoral et une chambre criminelle. Toutefois, toute chambre peut
valablement instruire et juger quelle qu'en soit la nature, les affaires soumises à ces cours.

Elles comprennent également un ministère public composé du procureur général du Roi


et de substituts généraux, un ou plusieurs magistrats chargés de l'instruction, un ou plusieurs
magistrats des mineurs, un greffe et un secrétariat du parquet général.

Les Cours d'appel, dont les ressorts sont fixés et délimités par le décret de 4 novembre
2011 selon le tableau ci-dessous, comprennent des sections des crimes financiers créées par la loi
36-10 pour juger les crimes prévus par les articles (241..256) du code pénal marocain. Ces
sections comprennent des chambres d'instruction, des chambres pénales, des chambres pénales
d'appel, un parquet général, un secrétariat greffe et un secrétariat du parquet général.

Les Cours d’ Appel Leurs ressorts

Rabat Rabat- Kenitra-Tanger-Tétouan

Casablanca Casablanca- El-Jadida- Settat- Khouribga- Béni

29
Pr. ARBAOUI Mounir.

mellal.

Fès Fès- Meknès- Er-Rachidia- Taza- El houssima-


Nador- Oujda.

Marrakech Marrakech- Safi- Ouarzazate- Agadir-


Laâyoune.

En toute matière, l’audience est tenue et les arrêts rendus par un collège de trois
Conseillers assistés d’un greffier, sauf si la loi en dispose autrement. La présence du
représentant du ministère public à l’audience pénale est prévue à peine de nullité. Son assistance
en toute autre matière est facultative, sauf dans les cas déterminés par le code de la procédure
civile notamment lorsqu’il est partie principale et dans les autres hypothèses prévues par un
texte particulier.

La chambre criminelle siège, en raison de la gravité des affaires qui lui sont confiées,
avec cinq Conseillers, un président de chambre et quatre conseillers.

Et selon l’article 68 de la loi n° 38-15 relative à l’organisation judiciaire, des sections


spécialisées en matière commerciale et administrative seront créées au sein des Cours d’appel
pour connaitre des appels interjetés contre les jugements rendus par les sections spécialisées
dans les mêmes matières au sein des TPI.

Section 2: Compétence.

Les Cours d’appel examinent une seconde fois les affaires déjà jugées en premier
ressort par les tribunaux de première instance. Elles connaissent donc des appels des
jugements rendus par ces tribunaux ainsi que des appels des ordonnances rendues par leurs
présidents.

Les chambres criminelles des Cours d’appel constituent des formations particulières,
compétentes pour juger des crimes en premier et dernier ressort.

30
Pr. ARBAOUI Mounir.

Section 3 : Fonctionnement.

A l’instar des tribunaux de première instance, les Cours d’appel se réunissent en


audiences ordinaires. Les chambres comportent chacune au moins trois magistrats assistés d’un
greffier. Chaque chambre est présidée par un président de chambre ou, à défaut, par le conseiller
le plus ancien.

Vu le nombre limité des cours d’appel, ces dernières, selon l’article 7 de la loi relative à
l’organisation judiciaire, peuvent tenir leurs audiences au siège des tribunaux de leurs ressort.
C’est le cas de la cour d’appel de Meknès qui tient des audiences au siège du TPI de Midlt et
khénifra.

Chapitre 3: La Cour de cassation.

La Cour de cassation constitue la juridiction la plus élevée dans la hiérarchie judiciaire,


elle se place au sommet de toutes les juridictions et coiffe toutes les juridictions de droit commun
ou juridictions spécialisées. Cette nouvelle appellation a été introduite par la loi 58-11 et qui a
remplacé « la cour suprême ».

Il convient de souligner que cette institution a été créée le lendemain de l’indépendance


en 1957. Elle siège à Rabat et assure l’unité de l’interprétation de la loi et veille sur la bonne
application du droit.

Il s’agit d’étudier la composition, l’organisation, le fonctionnement et le rôle de la Cour


de cassation.

Section 1: Composition.

La Cour de cassation est présidée par un premier président. Le ministère public y est
représenté par le procureur général du Roi assisté des avocats généraux. Elle comprend, en outre,
des présidents de chambre et des conseillers, et comporte un greffe et un secrétariat du parquet
général.

Section 2: Organisation.

Son organisation et sa compétence sont déterminées par la loi du 15 juillet 1974 fixant
l’organisation judiciaire du Royaume, le Code de procédure civile, certaines dispositions du
Code de procédure pénale.

31
Pr. ARBAOUI Mounir.

Selon l’article 86 de la loi 38-15, la Cour de Cassation comprend sept chambres : une
chambre civile (dite première chambre), une chambre de statut personnel et successoral, une
chambre commerciale, une chambre administrative, une chambre sociale, une chambre pénale et
une chambre immobilière. Chaque chambre est présidée par un président de chambre et peut être
divisée en sections. Toute chambre peut valablement instruire et juger, quelle qu’en soit la
nature, les affaires soumises à la Cour.

Section 3: Fonctionnement.

La Cour de cassation est une juridiction collégiale. En règle générale, les audiences sont
tenues et les arrêts sont rendus par cinq magistrats assistés d’un greffier. Dans certains cas, cette
collégialité peut être renforcée davantage.

L’article 371 du code de procédure civile autorise le renvoi du jugement de toute affaire
à une formation de jugement constituée par deux chambres réunies. Cette même formation peut
d’ailleurs décider le renvoi de l’affaire à la Cour de cassation jugeant toutes chambres réunies.

Observant également que la présence du ministère public, compte tenu de l’importance


des matières dévolues à la Cour de cassation, est obligatoire dans les audiences.

Section 4 : Rôle de la cour de cassation.

La Cour de cassation est chargée de contrôler la régularité de toutes les sentences rendues
au Maroc, aussi bien par les juridictions de droit commun que par les juridictions spécialisées.
Elle n’est pas habilitée pour autant à reprendre l’examen de tout le procès : elle ne constitue pas
un troisième degré de juridiction. Son rôle se limite, en principe, à l’examen des questions de
droit : vérifier si les tribunaux et les cours d’appel ont bien appliqué la règle de droit. Les
questions de fait relèvent de l’appréciation souveraine des juridictions inférieures.

C’est dans ce cadre que l’article 359 du Code de procédure civile a déterminé, d’une
façon précise, les cas où il serait possible de soumettre un pourvoi à la Cour de cassation :
violation de la loi interne, violation d’une règle de procédure ayant causé un préjudice à une
partie, incompétence, excès de pouvoirs, défaut de base légale ou défaut de motifs.

En limitant son rôle à l’examen des seules questions de droit, le législateur a voulu faire
de la Cour de cassation un organe chargé de veiller sur une stricte application de la loi et
d’assurer l’unité d’interprétation jurisprudentielle.

32
Pr. ARBAOUI Mounir.

Partie 3: Les juridictions spécialisées.

A la différence des juridictions de droit commun, les juridictions spécialisées ne sont


compétentes que pour statuer sur les procès dont la connaissance leur a été attribuée par un texte
de loi spécial.

En effet, les changements économique, social et juridique qu' a connus le Maroc durant
les années 90 du siècle précédent avaient un rôle crucial dans la naissance d'une justice
spécialisée qui connait des affaires de nature spéciale. Ces juridictions spécialisées visaient à
créer un climat opportun au développement économique de notre pays, capable de drainer des
investissements internes et externes.

Dans cette perspective, le législateur a créé les tribunaux administratifs en 1993 et les
cours d'appel administratives en 2006 ( chapitre 2). De même, il a créé en 1997 les tribunaux de
commerce, les cours d'appel de commerce et la chambre commerciale au sein de la cour
suprême10 ( chapitre 1).

Chapitre 1: Les juridictions de commerce.

Les juridictions commerciales sont régies par le Dahir n° 1-97-65 du 4 Chaoual 1417
(12 Février 1997) portant promulgation de la loi n° 53-95 du 6 janvier 1997 instituant des
juridictions de commerce, ce dahir a été révisé à plusieurs reprises. Ces juridictions sont
composées des tribunaux de commerce et des Cours d’appel de commerce.

Le décret promulgué le 28 octobre 1997 a fixé le nombre, le siège, et le ressort des


tribunaux de commerce et des cours d’appel de commerce comme suit: les tribunaux de
commerce sont au nombre de 8, répartis sur les villes suivantes: Rabat, Casablanca, Fès, Meknès,
Tanger, Marrakech, Agadir et Oujda et les cours d'appel de commerce sont au nombre de 3
réparties sur les villes de Casablanca, Fès et Marrakech.

Section 1: Les tribunaux de commerce:

Il s’agit d’étudier l’organisation, la compétence et la procédure devant les tribunaux de


commerce.

Paragraphe 1: Organisation.

10
La cour de cassation actuellement.

33
Pr. ARBAOUI Mounir.

Chaque tribunal de commerce comprend :

- Un président, un vice président ou plus et des juges ;

- Un ministère public composé d'un procureur du Roi, du premier substitut ou plus et ses
substituts ;

- Président du secrétariat de greffe, le président du secrétariat du parquet, les chefs des services
et le personnel du greffe et du secrétariat du parquet.

Les audiences des tribunaux de commerce sont tenues et les jugements rendus par trois
magistrats, dont un président, assistés d’un greffier.

Le tribunal de commerce peut être divisé en chambres suivant la nature des affaires dont
il est saisi. Toutefois, chaque chambre peut instruire les affaires soumises au tribunal et y statuer.

Le président du tribunal de commerce désigne, sur proposition de l’assemblée générale,


un magistrat chargé du suivi des procédures d’exécution, un juge pour la tenue du registre de
commerce et un juge commissaire chargé des affaires du traitement des difficultés des
entreprises ( article 59 de loi 38-15).

Selon l’article 60 de la loi 38-15, les jugements du tribunal de commerce sont rendus, de
manière collégiale, par trois magistrats, dont un président, assistés d’un greffier.

Paragraphe 2: Compétence des juridictions commerciales.

A) Compétence territoriale.

La compétence territoriale appartient au tribunal du domicile réel ou élu du défendeur.

Lorsque ce dernier n'a pas de domicile au Maroc, mais y dispose d'une résidence, la
compétence appartient au tribunal de cette résidence.

Lorsque le défendeur n'a ni domicile, ni résidence au Maroc, il pourra être traduit devant
le tribunal du domicile ou de la résidence du demandeur ou de l'un d'eux s'ils sont plusieurs.

S'il y a plusieurs défendeurs, le demandeur peut saisir, à son choix, le tribunal du


domicile ou de la résidence de l'un d'eux.

Dans des cas exceptionnels, les actions sont portées :

- En matière de sociétés, devant le tribunal de commerce du lieu du siège social de la société ou


de sa succursale;

34
Pr. ARBAOUI Mounir.

- En matière de difficultés de l'entreprise, devant le tribunal de commerce du lieu du principal


établissement du commerçant ou du siège social de la société;

-En matière de mesures conservatoires, devant le tribunal de commerce dans le ressort territorial
duquel se trouve l'objet desdites mesures.

B) Compétence d’attribution.

La compétence d’attribution est légale. Mais les parties peuvent convenir par écrit d’une
clause autre que légale.

1) Compétence légale.

Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître des demandes dont le
principal excède la valeur de vingt mille dirhams (20.000 DH).

Les juridictions de commerce ont compétence pour juger de l’ensemble des litiges
commerciaux.

Ces litiges portent aussi bien sur les actes accomplis par les commerçants à l’occasion de
leur commerce et de l’ensemble des litiges commerciaux qui comportent un objet civil.

Les juridictions de commerce ont compétence pour juger de l’ensemble des litiges
commerciaux.

A cet égard, l’article 5 de la loi n°53-95 instituant des juridictions de commerce dispose
que les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître :

- Des actions relatives aux contrats commerciaux ;


- Des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités commerciales ;
- Des actions relatives aux effets de commerce ;
- Des différends entre associés d’une société commerciale ;
- Des différends relatifs aux fonds de commerce.

Il reste que les tribunaux de commerce ne sont pas compétents pour connaître des actions
relatives aux accidents de circulation, même si ces litiges se rapportent aux activités
commerciales et intéressent les commerçants.
2) Compétence conventionnelle.
À l’exception de cet empêchement d’ordre légal, le commerçant et le non commerçant
peuvent toujours par voie de compromis attribuer compétence au tribunal de commerce pour
connaître litiges pouvant les opposer à l’occasion de l’exercice de l’une des activités du
commerçant.

35
Pr. ARBAOUI Mounir.

Dans ce cas, le tribunal de commerce tranche le litige à la fois dans son relais
commercial et dans son relais civil. Dans tous les cas, les justiciables peuvent toujours convenir
de soumettre ces différends qui sont normalement du ressort des tribunaux de commerce à la
procédure d’arbitrage.

C) Compétence du président du tribunal de commerce.

Les présidents des tribunaux de commerce ont une compétence commune et une
compétence spéciale:

1) Compétence commune.

Le président du tribunal de commerce exerce, outre les attributions qui lui sont dévolues
en matière commerciale, celles dévolues au président du tribunal de première instance par le
code de procédure civile.

Ainsi, le président du tribunal de commerce peut, dans les limites de la compétence du


tribunal, ordonner en référé toutes les mesures qui ne font l'objet d'aucune contestation sérieuse.

Le président du tribunal de commerce peut, dans les mêmes limites et même en cas de
contestation sérieuse, ordonner toutes les mesures conservatoires ou la remise en état, soit pour
prévenir un dommage imminent, soit pour faire cesser un trouble manifestement illicite.

2) Compétence spéciale.

Entre également dans la compétence des présidents des tribunaux de commerce la


surveillance des formalités du registre du commerce. A cet effet, ils peuvent chaque année
désigner un juge responsable du registre de commerce.

Le président du TC exerce d’autres attributions qui lui sont dévolues en vertu d’autres
textes de loi comme la loi 49-16 relative aux baux des locaux à usage commercial, industriel ou
artisanal. En effet, il statue en référé pour statuer sur l’action en éviction et pour fixer, à la
diligence du locataire, une indemnité provisionnelle complète due en cas de déchéance du droit
de renouvellement.

De même, lorsque le locataire veut exercer une autre activité connexe à l’activité initiale,
il est tenu d’adresser une demande au bailleur afin de lui autoriser l’exercice de cette activité. En
cas de refus de ce dernier, le locataire peut s’adresser au président du TC statuant en référé afin
de lui donner l’autorisation de l’exercice de cette activité.

36
Pr. ARBAOUI Mounir.

La loi 73-17 sur les entreprises en difficulté dispose d’un certain nombre d’attributions
exclusives dévolues au président de TC au terme d’ouverture de procédure de sauvegarde et de
redressement.

D) L' exception d’incompétence.

Le tribunal de commerce doit statuer sur l'exception d'incompétence en raison de la


matière dont il est saisi par jugement séparé dans un délai de huit (8) jours.

Le jugement relatif à la compétence peut faire l'objet d'un appel dans un délai de dix jours
à compter de la date de sa notification.

Le greffe est tenu de transmettre le dossier à la cour d'appel de commerce le jour suivant
celui du dépôt de la requête d'appel.

La cour statue dans un délai de dix (10) jours courant à compter de la date où le dossier
parvient au greffe.

Lorsque la cour d'appel de commerce statue sur la compétence, elle transmet d'office le
dossier au tribunal compétent.

Le greffe est tenu de transmettre le dossier au tribunal compétent dans un délai de dix
(10) jours à compter de la date où l'arrêt a été prononcé.

L'arrêt de la cour n'est susceptible d'aucun recours, ordinaire ou extraordinaire.

Paragraphe 3: Procédure.

Le tribunal de commerce est saisi par requête écrite et signée par un avocat inscrit au
tableau de l'un des barreaux du Maroc. Les requêtes sont enregistrées sur un registre destiné à cet
effet. Le greffier délivre au demandeur un récépissé portant le nom du demandeur, la date du
dépôt de la requête, son numéro au registre et le nombre et la nature des pièces jointes et insère
une copie du dit récépissé dans le dossier.
Dès l'enregistrement de la requête, le président du tribunal désigne un juge rapporteur
auquel il transmet le dossier dans un délai de vingt-quatre heures. Ce dernier convoque les
parties à l'audience la plus proche dont il aura fixé la date.
Lorsque l'affaire n'est pas en état d'être jugée, le tribunal de commerce peut la reporter à
une audience la plus proche ou la renvoyer au juge rapporteur qui est tenu de porter l'affaire de
nouveau en audience dans un délai n'excédant par trois mois.

37
Pr. ARBAOUI Mounir.

Le tribunal de commerce fixe la date du prononcé de jugement lors de la mise en délibéré


de l'affaire.

Section 2: Les cours d'appel de commerce:

Il s’agit d’étudier l’organisation et la procédure devant les cours de commerce.

Paragraphe 1: Organisation.

Les Cours d’appel de commerce comprennent :

• Un Premier président, un vice président ou plus et des conseillers.

• Procureur général du Roi, premier substitut ou plus et des substituts.

• Président du secrétariat de greffe, le président du secrétariat du parquet, les chefs des


services et le personnel du greffe et du secrétariat du parquet.

Les audiences des tribunaux de commerce et des Cours d’appel de commerce sont tenues
et leurs jugements rendus par trois magistrats, dont un président, assistés d’un greffier.

Paragraphe 2: Procédure.

L'appel des jugements du tribunal de commerce a lieu dans un délai de quinze jours
courant à compter de la date de notification du jugement, conformément aux dispositions
prévues par le code de la procédure civile.
La requête d'appel est déposée au greffe du tribunal de commerce qui la transmet
accompagnée des pièces jointes au greffe de la Cour d'appel de commerce compétente dans un
délai maximum de quinze jours à compter de la date de dépôt de la requête d'appel.

Sont applicables devant la Cour d'appel de commerce les mêmes dispositions que pour
les tribunaux de commerce, à savoir, le dépôt d'une requête par un avocat, mise en état de
l'affaire et le prononcé du jugement.

L'assemblée générale des juridictions de commerce se réunit dans la première quinzaine


de décembre pour arrêter le nombre des chambres, leur composition, les jours et heures des
audiences et la répartition des affaires entre ces diverses chambres.

Les audiences des Cours d’appel de commerce sont tenues et les arrêts rendus par trois
Conseillers, dont un Président, assistés d’un greffier. L'assemblée générale des tribunaux de

38
Pr. ARBAOUI Mounir.

commerce et des cours d'appel de commerce se compose de l'ensemble des magistrats et des
conseillers appartenant à ces juridictions, qu'il s'agisse des magistrats du siège ou ceux du
parquet. Le secrétaire greffier en chef assiste à l'assemblée générale.

Chapitre 2: Les Juridictions administratives.

A la suite des instructions données par feu sa majesté le roi HASSAN II à l’occasion
de la création du conseil consultatif du droit de l’homme le 8 mai 1990, une loi instituant les
tribunaux administratifs a été adoptée par la chambre des représentants lors de sa session
d’avril 1991 . La loi n° 41 – 90 du 10 septembre 1993, promulguée par le Dahir 1-91-225 n' est
entrée en vigueur qu' au 1er mars 1994. Et il fallait attendre 13 ans pour mettre en place les
cours d’appel administratives par le dahir du 14 février 2006 portant promulgation de la loi
numéro 80-03. Avant la création de celles-ci, c’était la chambre administrative de la Cour
Suprême qui assure cette fonction et qui prononçait les arrêts non susceptibles de pourvoi de
cassation.

Nous allons étudier dans ce chapitre, les tribunaux administratifs et les Cours d’appel
administratives.

Section 1: Les tribunaux administratifs.

Les tribunaux administratifs sont crées par la loi n° 41– 90 du 10 septembre 1993,
promulguée par le Dahir 1-91-225 qui est entrée en vigueur 1erMars 1994.

Il s’agit d’étudier l’organisation, la compétence et la procédure devant les tribunaux


administratifs.

Paragraphe 1: Organisation.

Il convient tout d'abord de signaler que les tribunaux administratifs sont au nombre de 7
et qui sont répartis sur les villes suivantes: Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech, Meknès, Agadir
et Oujda.

Les tribunaux administratifs comprennent:

- Un président, un vice président ou plus et des magistrats.

- Un ou plusieurs commissaires royaux de la loi et du droit;

- Président du secrétariat de greffe et les chefs des services et le personnel du greffe.

39
Pr. ARBAOUI Mounir.

Le président désigne, parmi les magistrats pour une période de 2 ans et sur proposition
de l’assemblée générale, un ou plusieurs commissaires royaux de la loi et du droit;

L’assemblée générale définit les règles internes de fonctionnement de ces tribunaux. Elle
se réunit annuellement dans la 1ère quinzaine du mois de Décembre pour arrêter le nombre des
chambres, leurs compositions ainsi que la répartition des affaires.
Il est judicieux de souligner que les tribunaux administratifs ne connaissent pas cette
dualité de l'organisation comme le cas des tribunaux de droit commun dans la mesure où il n'y a
pas une séparation entre le secrétariat du ministère public et le greffe de la magistrature assise.
En effet, l'absence du ministère public dans ces tribunaux administratifs est compensée par
l'existence d' un ou plusieurs commissaires royaux de la loi et du droit.

L'article 63 de la loi 38-15 relative à l’organisation judiciaire a prévu la nécessité de la


nomination d'un juge qui sera chargé de l' exécution des décisions prononcées à l'encontre de
l'administration.

Paragraphe 2: Compétence.

A) Compétence d'attribution.

Les tribunaux administratifs sont compétents, et ce conformément aux dispositions de


l'article 8 de la loi n° 41 – 90, de connaitre les litiges relatifs aux affaires suivantes:

• Les litiges relatifs aux contrats administratifs.

• Les actions de réparation causées par les actes ou les activités des personnes publiques à
l’exclusion toutefois de ceux causés sur la voie publique par un véhicule quelconque appartenant
à une personne publique.

• Les litiges qui sont nés à l’occasion de l’application de la législation et de la réglementation


des pensions et du capital-décès des agents de l’Etat, des collectivités locales, des établissements
publics et du personnel de l’administration de la chambre des représentants et la chambre des
conseillers.

• Les litiges qui découlent de la législation et de la réglementation en matière électorale et


fiscale.

• Les litiges relatifs à l’expropriation pour cause d’utilité publique.

40
Pr. ARBAOUI Mounir.

• Les actions contentieuses relatives aux recouvrements des créances du trésor public.

• Les litiges relatifs à la situation individuelle des fonctionnaires et agents de l’Etat, des
collectivités locales et des établissements publics.

B) Compétence territoriale.

Les règles de compétence territoriale prévues par les articles du code de procédure civile
sont applicables devant les tribunaux administratifs. Pourtant, les recours en annulation pour
excès de pouvoir sont portés devant le tribunal administratif du domicile du demandeur ou
devant celui dans le ressort territorial duquel la décision est prise.

Par dérogation aux règles de la compétence territoriale, le tribunal administratif de Rabat


statue sur deux sortes de litiges, quel que soit le domicile du défendeur. Est porté devant lui :

- Le contentieux relatif à la situation individuelle des plus hauts responsables


administratifs, ceux qui sont nommés par dahir ou par décret ;
- Le contentieux qui a pris naissance à l’étranger ou en haute mer et plus généralement en
tout lieu qui n’est pas inclus dans le ressort d’un tribunal administratif.

C) Compétence du président du tribunal administratif.

Le président du tribunal administratif dispose des attributions similaires à celles données


aux présidents des tribunaux de droit commun dans le cadre des articles 148 et 149 du code de
procédure civile.

En effet, Le président du tribunal administratif ou la personne déléguée par lui est


compétent en tant que juge des référés pour connaitre des demandes provisoires et conservatoires
et prononcer des ordonnances11.

De même, le président du tribunal administratif peut accorder l'assistance judiciaire


conformément à la procédure en vigueur en la matière 12. Si le président n' a pas accordé
l'assistance judiciaire, sa décision est susceptible d'appel devant la cour d'appel administrative
dans un délai de 15 jours à compter de la date de la notification de la décision du rejet.

11
Voir l'article 19 de la loi 41-90 instituant des tribunaux administratifs.
12
Voir l'article 3 de la loi 41-90 instituant des tribunaux administratifs.

41
Pr. ARBAOUI Mounir.

D) L' exception d’incompétence.

Les règles de compétence à raison de la matière sont d'ordre public. L'incompétence à


raison de la matière peut être soulevée par les parties à tout stade de la procédure. Elle est relevée
d'office par la juridiction saisie 13.

Lorsque l'exception d'incompétence à raison de la matière est soulevée devant une


juridiction ordinaire ou administrative, celle-ci ne peut la joindre au fond et doit statuer sur sa
compétence par une décision séparée 14 dont les parties peuvent interjeter appel.

L'appel de la décision relative à la compétence à raison de la matière est porté, quelque


que soit la juridiction qui l'a rendue, devant la Cour de cassation qui doit statuer dans le délai de
30 jours à compter de la réception du dossier par son greffe 15.

Paragraphe 3: Procédure.

Le tribunal est saisi par une requête introductive d’instance écrite, signée et déposée par
un avocat. Le greffier délivre un récépissé de dépôt de la requête.
Après le dépôt de la requête et son enregistrement, le président du tribunal transmet
immédiatement le dossier au juge rapporteur qu'il désigne et au commissaire royal de loi et de
droit.
Les audiences sont tenues publiquement, elles sont entendues par 3 magistrats assistés par
un greffier. L’audience est présidée par le président du tribunal administratif ou par un magistrat
désigné à cette instance.
La présence du commissaire royal de la loi et de droit est obligatoire et ce dernier ne
défend pas l’administration, il peut seulement présenter ses observations et conclusions écrites
ou orales.
Il convient de signaler que le projet de loi 38-15 relative à l'organisation judiciaire a
prévu dans son article 55 que la section spécialisée de la justice administrative au sein des
tribunaux de première instance est compétente pour connaitre des affaires administratives qui
sont de la compétence du tribunal administratif.

La procédure qui s'appliquera devant la section administrative sera celle qui s'applique
devant le tribunal administratif.

13
Voir l'article 12 de la loi 41-90 instituant des tribunaux administratifs.
14
Contrairement aux dispositions de l'article 17 du code de procédure civile.
15
Voir l'article 13 de la loi 41-90 instituant des tribunaux administratifs.

42
Pr. ARBAOUI Mounir.

Section 2: Les cours d'appel administratives.

Les cours d’appel administratives ont été instituées par la loi 80-03 promulguée par le
dahir n°1-06-07 du 14 février 2006. Elle consacre le double degré de juridiction à la justice
administrative. Elles sont au nombre de 2 ( Rabat et Marrakech).

Il s’agit d’étudier l’organisation, la compétence et la procédure devant les Cours


d’appel administratives.

Paragraphe 1: Organisation.

La Cour d'appel administrative comprend :

- Un premier président, un vice président ou plus et des conseillers.

- Un ou plusieurs commissaires royaux de la loi et du droit;

- Président du secrétariat de greffe et les chefs des services et le personnel du greffe.

La Cour d'appel administrative peut être divisée en chambres suivant la nature des
affaires dont elle est saisie.

Le premier président de la Cour d'appel administrative désigne sur proposition de


l'assemblée générale, pour une période de deux ans renouvelable parmi les conseillers, un ou
plusieurs commissaires royaux de la loi et du droit.

Paragraphe 2: Compétence.

Les Cours d'appel administratives sont compétentes pour connaître, en appel, des
jugements rendus par les tribunaux administratifs et des ordonnances de leurs présidents, sauf
dispositions contraires prévues par la loi.

Le premier président de la Cour d'appel administrative ou le vice-président exerce les


compétences de juge des référés lorsque la cour est saisie du litige.

Les jugements rendus par les tribunaux administratifs sont susceptibles d'appel dans un
délai de trente jours à compter de la date de notification du jugement conformément aux
dispositions prévues aux articles 134 à 141 du code de procédure civile.

43
Pr. ARBAOUI Mounir.

Paragraphe 3: Procédure.

L'appel est présenté au greffe du tribunal administratif qui a rendu le jugement en appel
par une requête écrite signée par un avocat, sauf lorsque l'appel est interjeté par l'Etat et les
administrations publiques auquel cas le recours à l'avocat est facultatif. L'appel est dispensé du
paiement de la taxe judicaire.

La requête d'appel accompagnée des pièces est transmise au greffe de la cour d'appel
administrative compétente dans un délai maximum de 15 jours à compter de la date de son dépôt
au greffe du tribunal administratif.

L'appel contre les décisions ordonnant le sursis à l'exécution d'une décision


administrative n'a pas un effet suspensif. Toutefois, la cour d'appel doit statuer sur la demande
d'appel relative au sursis à exécution d'une décision administrative dans un délai de 60 jours à
compter de la date de réception du dossier par le greffe de la cour d'appel.

Partie 4: La cour militaire.

Le législateur a procédé à la suppression des juridictions d'exception comme la Haute


cour de justice tout en préservant la cour militaire qui a connu des modifications dans son
organisation et ses attributions en vertu de la loi 108-13 pour qu'elle puisse être conforme aux
dispositions de la constitution de 2011.

Il a été institué en vertu de la loi précitée un tribunal militaire spécialisé, pour connaitre
en première instance et en appel des affaires qui lui sont soumises. Les décisions du tribunal
militaire sont susceptibles de recours devant la cour de cassation.

Les dispositions du code pénal et la loi relative à la procédure pénale en vigueur sont
applicables devant le tribunal militaire en tout ce qui n'est pas prévu par une disposition de la
présente loi ou par tout autre texte législatif. Ce qui montre que le législateur a veillé à
l'unification des règles juridiques applicables aussi bien devant les juridictions de droit commun
que devant la cour militaire contrairement à l'ancienne loi de 1956 relative à la justice militaire.

Il convient de signaler que la loi de 1956 enfreignait le principe de double juridiction en


ce sens que la partie insatisfaite n’avait pas le droit de faire appel. Les jugements étaient rendus
en premier et en dernier ressort. De même, cette dite loi ne donnait pas le droit de demander des
dommages et intérêts.

44
Pr. ARBAOUI Mounir.

Heureusement, la nouvelle loi 108-03 relative à la justice militaire a remédié à cette faille
tout en permettant à toute personne ayant subi directement un dommage causé par une infraction
dont la compétence revient au tribunal militaire de se porter partie civile devant ledit tribunal16.

Nous allons aborder la composition et l' organisation du tribunal militaire dans un


premier temps (chapitre 1) et ce avant d'étudier ses attributions dans un second temps (chapitre
2).

Chapitre 1: La composition et l'organisation du tribunal militaire.

Il existe un seul tribunal militaire au Maroc et qui tient ses audiences à Rabat. Il peut, sur
décision du procureur général du Roi près le tribunal militaire, les tenir en tout autre lieu.

Le tribunal militaire se compose de:

- Les formations de jugement et qui comprennent les magistrats militaires et les conseillers
des cours d’appel civiles.

- Le ministère public représenté par le procureur général du Roi.

- Le juge d’instruction militaire.

- Le secrétariat greffe.

Section 1: Les formations de jugement.

Le tribunal militaire comprend:

1° La chambre correctionnelle militaire de première instance qui statue en première instance sur
les délits et les contraventions soumis au tribunal militaire;

2° La chambre criminelle militaire de première instance qui statue en première instance sur les
crimes soumis au tribunal militaire;

3° La chambre correctionnelle militaire d'appel compétente pour connaître des appels contre les
décisions de la chambre correctionnelle militaire de première instance;

4° La chambre criminelle militaire d'appel compétente pour connaître des appels contre les
décisions de la chambre criminelle militaire de première instance;

16
Dans l'ancienne loi, il n' y avait pas cette possibilité d'indemnisation.

45
Pr. ARBAOUI Mounir.

5° La chambre correctionnelle militaire qui statue sur les recours contre les ordonnances et les
décisions du juge d'instruction militaire, les demandes de mise en liberté provisoire, les mesures
de mise sous contrôle judiciaire dont elle est saisie et la nullité des actes d'instruction.

Et conformément aux dispositions de l'article 14 de la loi 108-13 relative à la justice


militaire les formations de jugement se composent comme suit:

1° En ce qui concerne la chambre correctionnelle militaire de première instance: d'un conseiller


de la cour d'appel en qualité de président et de deux membres, tous deux ou l'un deux magistrat
militaire17 ou assesseur militaire, en présence du procureur du Roi et l'assistance d'un greffier 18;

2° En ce qui concerne la chambre criminelle militaire de première instance: d'un conseiller à la


cour d'appel en qualité de président et de deux membres, l'un conseiller à la cour d'appel et
l'autre magistrat militaire ou assesseur militaire, en présence du procureur général du Roi près le
tribunal militaire et l'assistance d'un greffier;

3° En ce qui concerne la chambre correctionnelle militaire d'appel: d'un conseiller président de


chambre à la cour d'appel en qualité de président et de deux membres, l'un conseiller à la cour
d'appel et l'autre magistrat militaire ou assesseur militaire, en présence du procureur général du
Roi près le tribunal militaire et l'assistance d'un greffier;

4° En ce qui concerne la chambre criminelle militaire d'appel: d'un conseiller président de


chambre à la cour d'appel en qualité de président et de quatre membres, deux conseillers à la
cour d'appel et les deux autres l'un eux, ou tous les deux, magistrat militaire ou assesseur
militaire, en présence du procureur général du Roi près le tribunal militaire et l'assistance d'un
greffier;

5° En ce qui concerne la chambre correctionnelle militaire: d'un conseiller président de chambre


à la cour d'appel en qualité de président et de deux membres, l'un conseiller à la cour d'appel et
l'autre soit magistrat militaire ou assesseur militaire, en présence du procureur général du Roi
près le tribunal militaire et l'assistance d'un greffier.

Et conformément à l'article 25 de la loi 108-13 les présidents des formations de jugement


au tribunal militaire et leurs membres conseillers à la cour d'appel sont nommés au début de
chaque année judiciaire par décision du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire.

17
Les magistrats militaires affectés à la justice militaire constituent un corps autonome. Ils sont soumis à un statut
particulier.
18
Les officiers greffiers et sous-officiers commis-greffiers sont soumis à un statut particulier.

46
Pr. ARBAOUI Mounir.

Section 2: Le ministère public.

Le ministère public est représenté, devant la chambre criminelle militaire de première


instance, la chambre correctionnelle militaire d'appel, la chambre criminelle militaire d'appel et
la chambre correctionnelle militaire, par le procureur général du Roi prés le tribunal militaire en
personne, en sa qualité du chef du ministère public, ou par l'un de ses substituts.

En cas d'empêchement, le procureur général du Roi est remplacé par son substitut.

Le procureur général du Roi près le tribunal militaire exerce les attributions qui lui sont
dévolues en vertu de la présente loi.

Le procureur général du Roi près le tribunal militaire et ses substituts ainsi que les juges
d'instruction sont nommés par Sa Majesté le Roi, Chef Suprême et Chef d'Etat-major général des
Forces armées royales, parmi les magistrats militaires.

Section 3: Le juge d’instruction.

Le juge d’instruction militaire procède à l’instruction préparatoire. Ses fonctions sont


remplies par des magistrats militaires ayant au moins le grade de commandant.

Exceptionnellement, quand l’accusé est un colonel-major ou un général, à défaut de


magistrats ayant au moins le grade et l’ancienneté de l’accusé, les fonctions du ministère public
et du juge d’instruction militaire sont remplies par deux officiers ayant au moins le grade de
l’accusé. Ceux-ci sont désignés par Sa Majesté le Roi, Chef Suprême et Chef d’Etat-major
général des Forces armées royales et sont assistés d’un membre du ministère public ou de l’un
des juges d’instruction militaires.

Section 4: Le secrétariat du greffe.

Les fonctions du greffe au tribunal militaire sont assurées, sous la supervision du chef du
greffe et du secrétariat du ministère public, par des officiers et des sous-officiers en qualité de
greffiers et de commis-greffiers.

Les officiers et les sous-officiers sont mis à la disposition du greffe et du secrétariat du


ministère public pour l’exécution des formalités qui leurs sont dévolues.

47
Pr. ARBAOUI Mounir.

Chapitre 2: Les attributions du tribunal militaire.

Conformément aux dispositions de l'article 3 le tribunal militaire est compétent pour


connaître des infractions suivantes:

1° Les infractions militaires, prévues par le livre six de la présente loi, commises par des
militaires et personnes assimilées aux militaires par des textes particuliers, lorsqu'ils sont en
activité de service;

2° Les infractions commises par les prisonniers de guerre, quelle que soit leur qualité;

3° Les infractions commises en temps de guerre contre les institutions de l'Etat ou commises
contre la sécurité des personnes ou des biens si elles sont perpétrées au profit de l'ennemi ou si
elles affectent les Forces armées et les infractions de préparation visant, par les armes, à changer
le régime ou à occuper une partie du territoire national ainsi que les infractions commises contre
les systèmes d'information et de communication, les applications électroniques et les sites
cybernétiques relevant de la défense nationale;

4° Lorsque la loi le prévoit expressément.

Sont également considérés comme étant en activité de service au sens du paragraphe


premier ci-dessus:

 Les jeunes militaires de tous grades appartenant aux Forces armées royales;
 Les engagés;
 Les rengagés;
 Les réformés temporaires pour maladie ou incapacité physique;
 Les militaires de tous grades en congé illimité ou en état de mise en disponibilité ou
faisant partie des réserves rappelés à l'activité au sein des Forces armées royales, depuis
la date de leur réunion en détachement pour rejoindre l'armée, ou de leur arrivée à
destination s'ils rejoignent isolément, jusqu' à la date inclusivement où ils sont renvoyés
dans leurs foyers. En dehors de cadre, ils ne sont justiciables du tribunal militaire que
pour les infractions d'insoumission prévues par les dispositions de la présente loi.

Toutefois, le tribunal militaire est incompétent à l'égard des faits imputés à des mineurs
âgés de moins de dix-huit ans au moment des faits. De même, ce dit tribunal est incompétent à
l'égard des infractions de droit commun commises par les militaires et assimilés en tant
qu'auteurs, coauteurs ou complice. Les personnes civiles ne relèvent pas de la compétence du

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Pr. ARBAOUI Mounir.

tribunal militaire à moins qu' il ne s'agisse des crimes commis en temps de guerre. De même, les
infractions commises par les officiers, les sous-officiers et les gendarmes de la Gendarmerie
royale, dans l'exercice de leurs fonctions dans le cadre de la police judicaire ou dans le cadre de
la police administrative, n'entrent pas dans la compétence du tribunal militaire.

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