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MASTER DROIT CONTENTIEUX

MODULE : CONTENTIEUX CONSTITUTIONNEL


SUJET : CONTENTIEUX ÉLECTORAL

- Sous l’encadrement du professeur : HATTABI JAMAL

- Réalisé par :
- AHMED MLIH
- OMAR ERRADI

ANNÉE UNIVERSITAIRE : 2022 /202


INTRODUCTION :

La démocratie est l’un des fondements essentiels d’un pays développé , et l’une des
garanties pour le respect des droits et libertés . Le droit de vote est un fondement de
notre démocratie, il est consacré par l’article 2 de la constitution marocaine de 2011 .
L'élection, emprunté du latin electus qui veut dire choisir, opter pour ,sélectionner est
une procédure ou un moyen légal par lequel le peuple choisi qui le représente et
exerce le pouvoir en son nom et prend en charge les affaires publiques au moyen
d'un suffrage , auquel toutes les personnes disposant du droit de vote ,sont appelées
à participer.
Le législateur marocain afin de consacrer des garanties efficaces à l'intégrité des
élections, a accordé au pouvoir judiciaire le pouvoir de contrôler la régularité des
élections, en examinant les litiges qui en découlent et statuer soit par l'annulation, la
correction, ou la confirmation .
Les règles encadrant le contentieux électoral ont connu une évolution à travers le
temps . La première loi électorale a été promulguée après l'indépendance en 1959
relative aux élections communale urbaine et rurale , qui est restée en vigueur jusqu'à
la promulgation de la loi n°12.91 qui a été à son tour remplacée par la loi n°9.97 en
tant que code des élections , modifiée par la suite par la loi n°57-11 et par la loi
organique n°59-11 relative à l'élection des membres des conseils des collectivités
territoriales .
L’institution des tribunaux administratifs par la loi 41-90 a constitué un changement de
règle de la compétence en matière électoral. En 2011 a l’occasion de l’adoption de la
nouvelle constitution , une cour constitutionnelle est venue remplacer le conseil
constitutionnel et parmi ces attributions la vérification et la régularité de l'élection des
membres du parlement et la régularité du référendum .
L'intérêt du sujet consiste à mettre la lumière sur les litiges pouvant entacher les
élections , et les tribunaux compétents pour préserver la légalité et la régularité des
résultats des élections .

Problématique : Quelles sont les litiges susceptibles de survenir en matière


électorale et à qui la compétence est-elle attribuée?

Nous allons traiter en premier lieu les litiges relatifs aux contentieux électoral en phase
préélectorale et en phase électorale , et en second lieu la compétence attribuée aux
tribunaux administratifs et ordinaires ainsi qu'à la cour constitutionnelle en matière
électorale .
PLAN :
I- Les litiges relatifs au contentieux électorale :
A- Les litiges en phase préélectorale :
a- Les litiges liés au découpage électoral et à l'élaboration des listes
électorales :
b- Litiges liés à la candidature et à la campagne :
c-Litiges liés à la campagne :
B- Les litiges en phase électorale :
II-La compétence en matière électorale :
A- La compétence attribuée aux tribunaux administratifs et aux TPI :
B- La compétence attribuée à la cour constitutionnelle :
a- Etendue du pouvoir de la cour constitutionnelle en matière électoral
b- Les droits tirés de la jurisprudence de la cour constitutionnelle en
matière électorale :

I- Les litiges relatifs au contentieux électoral :


A- Les litiges en phase préélectorale :
On entend par phase préélectorale, les opérations qui précèdent le processus de vote,
ces opérations peuvent se résumer en :
- Découpage électoral,
- La préparation des listes électorales,
- Processus de se présenter aux élections,
- La campagne électorale.

Afin de déterminer les conflits susceptibles d’intervenir à ce niveau, il y a lieu de mettre


la lumière sur les litiges liés au découpage électoral (a), ceux relatifs à l’établissement
des listes (b), ainsi que les litiges se rapportant à la candidature et à la campagne
électorale (c).

a- Les litiges liés au découpage électoral et à l'élaboration des listes électorales:

Le découpage électoral est un processus technique, dont le but est de répartir le


territoire de l'État en un ensemble de circonscriptions électorales.
Le découpage électoral repose sur le principe d'égalité des chances et joue un rôle
très important du fait de donner aux différents candidats des chances égales de
gagner dans les systèmes démocratiques.
Depuis la constitution de 1962, les circonscriptions électorales sont créées par décret,
tandis que les élections locales sont déterminées par une décision du ministre de
l'intérieur.
Malgré les nombreuses failles du découpage électoral, il est difficile de le contester
directement devant la justice, ce qui explique la rareté des procès. Cela est dû à
plusieurs facteurs notamment l'ignorance des électeurs et des candidats sur les
exigences du découpage électoral et le manque de courage.
Le tribunal administratif est désigné compétent pour statuer sur ce litige puisque ce
sont des décisions administratives susceptibles de recours en annulation.
La jurisprudence marocaine a considéré quant à elle, que ces recours ne sont pas
suffisants pour l’annulation de l’opération électorale.

S’agissant des listes électorales, celles-ci peuvent être définies comme étant un
registre dressé comportant tous les noms des citoyens d'une circonscription électorale
admis à voter. Selon l'article 2 de la loi 9-97 formant code électoral : « L’inscription
sur les listes électorales est obligatoire. L’interdiction d’enregistrement sur les listes
électorales peut être en vertu de la loi ou bien d’une décision judiciaire ».
La liste électorale, comme la carte d'électeur, est un élément de la procédure
électorale d'un État, destinée à lutter contre les risques de fraude électorale.
Elle se caractérise par deux principes : elle est générale puisqu’elle s’applique à
toutes les élections, elle est permanente car l’électeur n’est pas obligé de s'inscrire à
chaque fois.

Le législateur marocain, a attribué aux tribunaux administratifs le pouvoir de trancher


les litiges liés à l'inscription sur les listes électorales, cette compétence est également
attribuée aux tribunaux de première instance conformément à l'article 296 de la loi 97-
9 portant code électoral qui dispose : “ Les recours relatifs à l'inscription sur les listes
électorales et aux candidatures sont portés, dans les formes et délais prévus auxdits
articles, devant le tribunal de première instance compétent qui statue conformément
aux dispositions des articles précités”.

b- Les litiges liés à la candidature et à la campagne :

La candidature pour les élections nécessite la réunion d’un ensemble de conditions


d'éligibilité citées aux articles 41,42 de la loi 9-97.
Les lois organiques des chambres des conseillers et des représentants du Parlement
ont également identifié les obstacles à l'éligibilité et des cas d'incompatibilité.
Le législateur a en effet donné le droit à toute personne dont la candidature a été
rejetée de soumettre cette décision au tribunal administratif de la circonscription
auprès de laquelle il a déposé sa candidature. Ce recours peut être exercé dans un
délai de deux jours à partir de la notification de la décision, il est enregistré sans frais.
La décision du tribunal est communiquée à l’autorité responsable, qui a pour charge
de recevoir les candidatures acceptées par le tribunal et de les porter à la
connaissance des électeurs suivant la procédure normale (article 47 – loi 9.97).
En revanche, il convient de souligner qu'il existe deux types de contrôle en matière de
litiges liés à l'éligibilité des candidatures :
- le contrôle antérieur exercé par l'autorité administrative locale
- et contrôle à posteriori exercé par le pouvoir judiciaire.
Par exemple : la cour constitutionnelle peut exercer un contrôle sur l'éligibilité après
la proclamation des résultats, soit à la demande des personnes ayant qualité de
recours, soit à la demande de l'une des deux chambres du Parlement, du ministère
de la justice ou de l'administration publique ainsi que le ministère public.
Il convient de préciser que la décision de rejet de candidature rendue par les autorités
administratives peut être contestée par le candidat devant les tribunaux de première
instance, comme le prévoit l'article 87 de la loi organique N° 04-21 modifiant et
complétant la loi organique N° 11.27 relative à la Chambre des représentants, et
l'article 88 de la loi organique n°05-21 modifiant et complétant la loi organique n° 28-
11 relative à la Chambre des conseillers.

c- Les litiges liés à la campagne :

C’est la période qui précède toute élection et durant laquelle les candidats et leurs
partisans font la promotion de ceux-ci afin de récolter le plus grand nombre possible
de voix. Le législateur a prévu dans les articles 49 à 54 de la loi 9-97 les conditions
de la campagne électorale.

Malgré l'existence d'un vaste arsenal de lois qui réglementent la campagne électorale,
celles-ci témoignent d'un certain nombre de violations et de contestations qui ont
parfois un impact sur les résultats des élections et portent atteinte à son intégrité et à
sa transparence. Parmi les violations qui se produisent dans les campagnes
électorales, on trouve l'utilisation de l'argent pour attirer les électeurs et gagner leurs
votes, ou le dépassement du plafond de dépenses spécifiées, ou l'exploitation de
certains symboles religieux ou nationaux, ou le non-respect du calendrier de la
campagne, ou la publication d'affiches en dehors des lieux désignés, ou l'utilisation
d'équipements de l'État... etc.
Toutefois les demandes présentées en raison d’une violation au niveau des
campagnes électorales sont la plupart du temps rejetées, surtout lorsqu'ils manquent
de preuves et arguments .

Par ailleurs, , les infractions entraînant la nullité du processus électoral sont


expressément prévues à l'article 74 de la loi 9.97 formant code électoral. Cet article
dispose que l'élection ne peut être jugée nulle que dans les cas suivants :
1- Si l'élection n'a pas lieu conformément aux procédures établies par la loi ;
2- Si le vote n'est pas libre ou entaché de manœuvres frauduleuses ;
3- Si l'élu fait partie des personnes qui ne sont pas autorisées à se présenter aux
élections en vertu de la loi ou en vertu d'une décision de justice.

On déduit que le juge électoral peut intervenir à toutes les étapes des élections depuis
le découpage jusqu’au résultat de vote.
B-Les litiges en phase électorale :

Dans cette partie nous évoquerons les litiges liés au bureau de vote et les litiges liés
au vote et l’annonce des résultats .

Les litiges liés au bureau de vote et au lieu de vote :

L'article 575 de la loi 9.97 portant code électoral dispose que le bureau de vote est
composé d'un président désigné par le gouverneur parmi les employés et
fonctionnaires des administrations publiques, des collectivités locales, des
établissements publics ou des électeurs alphabétisés.
Le chef du bureau de vote est assisté par le plus âgé et le plus jeune parmi les
électeurs, présents au bureau de vote, le nombre des membres du bureau ne doit
pas être inférieur à trois pendant toute la durée du scrutin.
Si la nomination du bureau relève de la compétence de l'autorité locale, la nomination
du reste des membres du bureau se fait au choix du président et des électeurs
présents au bureau de vote en raison de la volonté d'impliquer les électeurs à exprimer
leur volonté.
Il peut arriver que l'autorité locale s'immisce dans la désignation des membres du
bureau, ce qui entraîne l'annulation du résultat du scrutin, ce que la justice marocaine
a suivi dans sa jurisprudence.
Par exemple, les tribunaux administratifs au Maroc ont considéré que la constitution
des bureaux de vote est une des formalités essentielles dont le non-respect entraîne
la nullité des élections, en application de l'article 57 de la loi 97-9 formant code
électoral.
L'exigence d'impartialité et d'intégrité, outre la lecture et l'écriture, est considérée
comme l'une des conditions requises et obligatoires pour le président et les membres
du bureau.

- Les contestations liées au vote et à l'annonce des résultats :

Nous aborderons en premier lieu les processus associés au vote et ainsi que les
différends liés aux résultats.

- Processus de vote :

Les opérations de vote s'entendent de l'ensemble des opérations effectuées par


l'électeur sous le contrôle du bureau de vote et des représentants des candidats,
depuis l'entrée dans la salle de vote jusqu'à sa sortie.
Une fois les opérations de vote terminées, le bureau procède aux opérations finales
de tri et de dépouillement des votes, de proclamation des résultats, de rédaction des
procès-verbaux qui seront adressés aux autorités compétentes et en remet copie aux
représentants des candidats qui ont suivi le processus de vote. Selon les articles 78-
79 de la loi organique relative à la Chambre des représentants, le bureau
accomplit les opérations finales conformément aux procédures prévues, et que la loi
permet au président du bureau de vote de se faire assister par des examinateurs si le
bureau vote comprend plus de 200 électeurs.

II-La compétence en matière électorale :

Le contentieux électoral est tranché par deux types de justice : la justice ordinaire et
la justice constitutionnelle.
Outre la justice constitutionnelle, qui s’est distinguée par sa jurisprudence, les
tribunaux de première instance et administratifs sont également spécialisés dans le
contentieux électoral. Il est important de signaler que le problème du conflit de
compétence ne se posait pas du tout avant la promulgation de la Loi n° 41-90 instituant
des tribunaux administratifs.
Avant cette date, les tribunaux de première instance avaient une compétence
générale et statuent sur toutes les affaires, y compris les élections. Ainsi, il y’a lieu
d’expliquer la compétence de la justice ordinaire, et par la suite étudier et analyser les
procédures d’appel et les moyens de preuve dans le contentieux électoral.

Section 1 : La compétence de la justice ordinaire

L’élection est basée sur la nécessité de respecter un ensemble de règles morales,


que ce soit par les électeurs, les élus ou par les autorités. Par conséquent, le non-
respect de ces règles conduit souvent à des poursuites devant les tribunaux.
Parmi les garanties les plus efficaces approuvées par le législateur marocain pour
assurer l’intégrité des élections, on trouve le contrôle judiciaire.
Ainsi, il y’a lieu de se poser la question suivante :
Quelle est la compétence en matière de contentieux électoral ?
Il est nécessaire de distinguer dans un premier abord les compétences des tribunaux
de première instance et les compétences des tribunaux administratifs.

1- La compétence des juridictions ordinaires :

Les tribunaux de première instance sont exceptionnellement compétents pour


connaître des contestations relatives à l’inscription sur les listes électorales et aux
nominations conformément aux dispositions de l’article 296 de la loi 9.97 formant
code électoral .
Le libellé de cet article est clair, car il signifie sans ambiguïté qu’il existe des
compétences exceptionnelles pour les tribunaux de première instance, notamment les
contestations dues aux décisions refusant l’inscription des concernés sur la liste
électorale ainsi que le refus de candidatures, qui sont présentées devant le tribunal
de première instance de la préfecture ou de la province où il n’y a pas tribunal
administratif.
Il convient de dire qu’avec l’entrée en vigueur de la loi 41-90 instituant les tribunaux
administratifs, la lumière a été projeté sur la faisabilité de porter les affaires électorales
devant les tribunaux de première instance, d’autant plus que les articles 8 et 26 de
ladite loi donnent à ces dernières la compétence en matière de contentieux électoral,
sauf ceux qui en sont exemptés par une disposition spéciale.
Citons par exemple, mais sans s’y limiter, les élections liées à l’élection du bâtonnier
de l’ordre des avocats et à l’élection des représentants du personnel.

Le Tribunal de Première Instance est également compétent, selon la loi organique


27.11 relative à la Chambre des Représentants, pour statuer sur le rejet de la
candidature. Chaque candidat à qui on a refusé le dépôt de sa candidature peut
soumettre la décision de rejet au Tribunal de Première Instance, auquel appartient la
circonscription électorale.

Quant à l’action en justice, elle est déposée et enregistrée gratuitement, et il est statué
obligatoirement et définitivement dans un délai d’un jour (24 heures) à compter de la
date de dépôt de la plainte, et la décision est notifiée au gouverneur ou au greffier du
Commission Nationale de la Statistique Huit jours après la proclamation des résultats,
le recours est introduit par acte déposé au greffe du Tribunal de Première Instance du
ressort de l’élection.

2- Compétence des tribunaux administratifs en matière de contentieux électoral

Depuis l’entrée en vigueur de la loi 9.97 portant code électoral, nous avons constaté
un partage des compétences.
L’article 8 de la loi 41.90 instituant les tribunaux administratifs dispose que ces
derniers sont compétents en matière de contentieux électoral et subordonne la
matière à l’absence d’une disposition spéciale attribuant compétence à une autre
partie.

Certains litiges en dehors des litiges prévus à l’article 26 de la loi 41.90 ont été
soumis à la justice administrative. La jurisprudence marocaine et le pouvoir judiciaire
se divisaient en la matière en deux directions principales :
- La première partie estime que les tribunaux administratifs sont compétents dans tout
contentieux électoral, à la preuve que l’article 8 de la loi 41-90 a précisé la
compétence des tribunaux administratifs pour appliquer les textes législatifs et
l’organisation relatifs aux élections en général, et que la limitation de l’article 26 n’est
pas une limitation exclusive, mais plutôt une limitation par voie de représentation.
- La deuxième partie considère que les juridictions administratives ne sont pas
compétentes pour connaître des contentieux électoraux qui ne sont pas mentionnés
à l’article 26 de la loi 41.90, au motif que l’article 8, tout en précisant la compétence
des juridictions administratives en général, a restreint ces compétences aux conditions
prévues aux articles 26 et 27 de ladite loi. Par ailleurs, le législateur n’a pas abrogé
le chapitre 18 du code de procédure civile, qui confère aux tribunaux de première
instance, la compétence générale pour connaître de tous les litiges, et celle des
compétences des tribunaux administratifs.

B-La compétence attribuée à la Cour Constitutionnel :

Le constituant marocain a été conscient, dès le début de l'importance vitale de la


justice constitutionnelle dans l'édification d'un État moderne et démocratique.
Toutefois pour asseoir cette justice, le Maroc a opté pour une démarche progressive
et évolutive. Ainsi, en vertu de sa première Constitution moderne promulguée en
1962, une chambre constitutionnelle fut instituée au sein de la Cour de cassation .
Puis, à l'occasion de la révision de la Constitution en 1992, dans le cadre des
réformes que le Royaume a connues à partir de 1990 pour la consolidation de l'État
de droit et la protection des droits de l'homme, la cour constitutionnelle a vu le jour
avec notamment des attributions élargies. Pour la première fois, en effet, à la
différence de la Chambre constitutionnelle, la cour est reconnue compétente pour
statuer sur la constitutionnalité des lois (ordinaires) à côté des lois organiques et des
règlements parlementaires.
Dans le cadre de son traitement des recours électoraux , la cour constitutionnelle
peut soit réformer l'élection , rejeter les requêtes ou annuler l'élection .

En statuant en matière électorale, le juge apparaît non comme le sanctionnateur des

fraudes et délits électoraux afin de garantir la régularité de l'élection , mais comme

celui qui ne s'intéresse qu’au contrôle de la sincérité du scrutin . Ce faisant, le juge

électoral tranche avec la mission qui lui est dévolue par les textes juridiques, puisqu’il

est chargé de veiller à la régularité de l’élection.

a-L'étendue du pouvoir du conseil constitutionnel en matière des élections

législatives :

Dans le contentieux des résultats, les législations électorales ont doté le juge
constitutionnel mais aussi tout juge de l'élection de pouvoirs étendus lui permettant
d’assurer la cohérence et la sincérité des résultats. Autrement dit, le juge électoral
s’offre plusieurs possibilités en vue d’assurer la sincérité des scrutins. Soit le rejet de
la protestation, soit la réformation des résultats, soit enfin l’annulation.

⮚ Le rejet de la protestation :

C’est en fait la décision la plus fréquente . Elle correspond aux cas d'allégations non
fondées . Elles sont émises aussi en cas d’existence d’une différence de voix trop
grande entre le candidat élu et son concurrent le plus immédiat . Cet écart de voix est
à même d'anéantir un effet significatif d'allégations , même fondées , sur le résultat du
scrutin . Le moins qu’on puisse dire est que l'expérience de la juridiction
constitutionnelle a été féconde en la matière . Le juge de l'élection ne prononce
l’annulation d’une élection que si les faits invoqués par le requérant ont eu une
incidence probante sur le résultat du scrutin. Le juge de l'élection ne prononce
l’annulation de l'élection que si les faits prétendus par le requérant ont une incidence
directe certaine , une influence suffisante pour fausser le résultat du scrutin .
La décision de rejet de protestation ne blanchit pas l'élection de tout soupçon , pas
plus qu’elle ne constitue pas un certificat de bonne conduite pour le candidat élu ou
une attestation de sincérité pour le scrutin . Elle implique simplement que les griefs
articulés par le requérant n’ont pas été de nature à conclure l’annulation du scrutin .

⮚ La réformation des résultats :

Le cour constitutionnelle marocaine est susceptible d’exercer un pouvoir de


réformation . C'est-à-dire le droit de substituer la proclamation d’un candidat à un
autre, aussi bien à l'occasion d’un recours dirigé contre le déroulement de la
campagne électorale que lors d’un recours concernant le déroulement du scrutin .
Son objectif est de restituer l’exacte volonté du corps électoral . Elle peut entraîner
soit la proclamation de l'élection d’un candidat autre que celui qui a été initialement
élu , soit l’annulation ou le rejet de la de la protestation.
Au Maroc ainsi qu’en France , le conseil constitutionnel n’a jamais usé de son pouvoir
de réformation .

⮚ L’annulation du scrutin :

Dans le cadre de son contrôle, le juge électoral n'hésite pas à sanctionner des
résultats qui ne reflètent pas à l'expression de la volonté du corps électoral .
L’annulation du scrutin constitue la sanction la plus radicale dans le contentieux des
élections , puisqu' elle invalide les résultats du scrutin , le rendant par conséquent nul.
Au Maroc, 61 annulations ont été prononcées lors des épisodes électoraux de 1993 ,
1997 , 2002 et 2007 . Au cours desquelles 624 protestations ont été présentées.
Dans sa jurisprudence relative au contentieux électoral, le conseil constitutionnel a pu
affirmer un certain nombre de droits fondamentaux. Loin de prétendre à une analyse
exhaustive, nous n'envisageons d'exposer que quelques droits tirés d'une
jurisprudence du conseil publiée entre 1994 et 2002. Suite à cette jurisprudence, on
peut citer certains droits affirmés par le conseil constitutionnel:
- Le principe d'égalité des électeurs et des candidats, la liberté de choix des
électeurs,
- Le droit d'éligibilité comme droit intangible, la sincérité du scrutin, sa régularité
et sa transparence,
- Le respect par les candidats des règles de moralité au cours de la campagne
électorale.

b- Les droits tirés de la jurisprudence du conseil constitutionnelle en


matière électorale

- Le principe de la légalité

Le principe d'égalité des électeurs:

Ce principe a été affirmé plusieurs fois et rappelé par le conseil constitutionnel à


l'égard des autorités qui essayent de le transgresser au détriment des électeurs.
A titre d'exemple, lorsque le gouverneur prend la décision de prolonger dans la même
circonscription le vote dans certains bureaux en excluant d'autres, il porte atteinte au
principe d'égalité entre électeurs et de chance entre candidats. Le conseil n'annule
l'élection que lorsque la décision des autorités a une influence sur les résultats du
scrutin. Par exemple, dans sa décision du 3 avril 1995, le conseil estime que l'écart
des voix entre l'élu et son concurrent était de l'ordre de 98 voix alors que la non
prolongation du scrutin dans des bureaux a révélé la non participation de 1774
électeurs, ce qui est de nature à influencer le résultat du scrutin. Il en est de même de
sa décision du 12 novembre 1998 lorsque le conseil a constaté que la prolongation
dans certains bureaux et non dans l'ensemble de la circonscription a conduit à
l'exclusion de 337 d'électeurs, alors que la différence entre l'élu et son concurrent était
de 29 voix. Le Conseil a eu la même attitude lors de sa décision du 24 novembre 1999
relative au non-respect de la prolongation du vote 9 .

Le principe d'égalité des candidats:

Ce principe a été également affirmé par le conseil lors de plusieurs recours. Ainsi, le
Conseil a annulé l'élection dans une circonscription en raison du refus du gouverneur
d'inscrire un candidat, qui a obtenu gain de cause par le tribunal 10 .

- La sincérité du scrutin, sa régularité et sa transparence


Lorsque le conseil dispose des preuves fournies par les requérants sur l'existence de
fraudes et sur le manque de liberté pour l'élection dans une circonscription, il annule
l'élection. Le Conseil adopte la même attitude lorsque les bureaux de vote sont
clôturés prématurément et que cet acte est de nature à influencer les résultats du
scrutin . De même lorsque les bureaux de vote sont ouverts tardivement et que l'écart
des voix est important entre les deux premiers concurrents . Par contre, lorsque le
vote a été suspendu dans un bureau de vote sans que cette décision n'ait une
influence sur les résultats, le conseil n'annule pas l'élection . En cas de fraudes
manifestes, le conseil annule l'élection, comme c'est le cas des signatures à blanc des
procès verbaux, suite à une enquête menée par le conseil . Le conseil agit de même
lorsqu'il existe des suspicions quant à la régularité et à la véracité du scrutin suite, par
exemple, à des disputes dans un bureau de vote et si l'écart des voix entre l'élu et son
concurrent est minime , ou lorsqu'il n'a pas la certitude de la sincérité de l'élection, ou
dispose des preuves mentionnées dans les procès verbaux attestant que la grande
majorité des bureaux de vote ont connu des violations de la loi même si l'écart des
voix après correction reste favorable à l'élu contesté .
Si les agents de l'administration sont présents dans les bureaux de vote, le conseil
annule l'élection parce que ce comportement est illégal et prive le scrutin des
conditions permettant de garantir son déroulement
Lorsque le conseil relève des différences entre les procès verbaux des bureaux et des
procès verbaux établis à la préfecture (augmentation des milliers de voix au profit du
candidat élu), il annule l'élection. Il en est de même lorsqu'il y a inversion des résultats
entre les candidats ou différence entre les résultats établis par les bureaux de vote et
le résultat final arrêté par le bureau centralisateur de vote

- Le respect des normes et de la moralité électorale

L'utilisation de menaces, de pressions et de moyens frauduleux par les partisans du


candidat élu constitue un moyen pour l'annulation de l'élection. Le Conseil s'appuie
sur des preuves fournies par le candidat et vérifiées par la police judiciaire lors des
procès relatifs aux élections .
Le Conseil adopte le même comportement lorsque le candidat élu use d'expressions
injurieuses et diffamatoires au cours de la campagne électorale. A ce propos, le
conseil rappelle les principes fondamentaux qui doivent guider les campagnes
électorales. Les candidats ont le droit -de par la loi- d'user d'une large liberté de
propagande électorale sans pour autant transgresser les normes et la moralité
électorale, sinon l'élection est annulée. Le conseil précise que le non respect de ces
règles consiste à détourner les suffrages des électeurs par des moyens contraires à
la loi .
Le conseil annule également l'élection lorsqu'il dispose des preuves que les partisans
du candidat élu ont distribué de l'argent pour l'achat des voix. Les preuves sont
fondées lorsqu'elles sont établies par la police judiciaire ou lors d'un jugement par le
tribunal . Si le requérant ne dispose pas de preuves matérielles, il n'a aucune chance
de voir l'élection de son adversaire annulée.
Conclusion :

A titre de conclusion le contentieux constitutionnel électoral offre donc une garantie


juridictionnelle et politique incontestable pour la légitimation de la représentation. Le
conseil constitutionnel est reconnu aujourd'hui comme un acteur capital de la
régulation du jeu démocratique. Le juge doit ici s’assurer que le choix du corps
électoral n’a pas été vicié. Le contrôle qu’il opère constitue le dernier rempart contre
les atteintes à la démocratie .
A cet égard, ce contrôle juridictionnel de la régularité électorale s’attacherait à rendre
effective à chaque étape les propriétés de l’honnêteté que sont la transparence, la
fiabilité et la crédibilité des scrutins.
Mais si tel est le cas, alors il y a lieu de s’interroger au final sur les limites de la justice
marocaine face à toutes les violations électorales qui nuisent au projet démocratique
et à l’Etat moderne. Ainsi :
- La justice marocaine a-t-elle pu pérenniser des élections justes et transparentes,
complètement coupées des pratiques dépassées que tout le monde reconnaît
désormais ?
- Est-il possible de créer de la vie politique en mettant en place un arsenal de lois, ou
faut-il la volonté politique de chacun pour rompre avec les manifestations de la
corruption et faire entrer notre pays dans le groupe des pays véritablement
démocratiques ?

Bibliographie :

- La loi n°9-97 formant code électoral


- La constitution marocaine de 2011
- Article “ revue marocaine d’administration locale et de développement
“ Remald , par Omar bendourou , professeur de droit à la faculté de Rabat.

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