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7 décembre 2022

Cour d'appel de Paris


RG n° 20/17755

Pôle 3 - Chambre 1

Texte de la décision

Entête

REPUBLIQUE FRANCAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

COUR D'APPEL DE PARIS

Pôle 3 - Chambre 1

ARRET DU 07 DECEMBRE 2022

(n° 2022/ , 1 pages)

Numéro d'inscription au répertoire général : N° RG 20/17755 - N° Portalis 35L7-V-B7E-CCYOO

Décision déférée à la Cour : Jugement du 07 Octobre 2020 - TJ de PARIS - RG n° 17/16080

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APPELANT

Monsieur [J] [F]

né le 24 Mars 1960 à [Localité 16] (75)

[Adresse 8] - [Localité 17]

représenté et plaidant par Me Sophia BINET de la SELARLU SOPHIA BINET AVOCAT, avocat au barreau de PARIS, toque :
D0014

INTIMES

Madame [I], [T], [U] [F]

née le 11 Juin 1958 à [Localité 16]

[Adresse 4]

Monsieur [W], [O], [B] [F]

né le 23 Mai 1967 à [Localité 20] (45)

[Adresse 6]

représentés par Me Françoise MAJNONI D'INTIGNANO, avocat au barreau de PARIS, toque : L0200

ayant pour avocat plaidant Me Stéphane SHINDLER-VIGUIE, avocat au barreau de ROUEN

COMPOSITION DE LA COUR :

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L'affaire a été débattue le 02 Novembre 2022, en audience publique, devant la Cour composée de :

Mme Patricia GRASSO, Président

Mme Sophie RODRIGUES, Conseiller

Mme Isabelle PAULMIER-CAYOL, Conseiller

qui en ont délibéré, un rapport a été présenté à l'audience par Mme Patricia GRASSO dans les conditions prévues par
l'article 804 du code de procédure civile.

Greffier lors des débats : Mme Emilie POMPON

ARRET :

- contradictoire

- par mise à disposition de l'arrêt au greffe de la Cour, les parties en ayant été préalablement avisées dans les conditions
prévues au deuxième alinéa de l'article 450 du code de procédure civile.

- signé par Mme Patricia GRASSO, Président, et par Mme Emilie POMPON, Greffier.

Exposé du litige

***

EXPOSE DU LITIGE :

Le 9 octobre 2008, [A] [F], [K] [M], son épouse séparée de biens, et M. [J] [F], leur fils, ont constitué la SCI le Héron.

[A] [F], dont le dernier domicile était situé à [Localité 16], est décédé le 29 mai 2015 laissant pour lui succéder son épouse
et leurs trois enfants : [I], [J] et [W].
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Par testament olographe du 7 septembre 2016, [K] [M] a donné à son fils [J] « immédiatement et hors succession » la
nue-propriété du studio du rez-de-chaussée situé [Adresse 8] à [Localité 16], l'a nommé gérant provisoire de la SCI le
Héron dont elle était propriétaire .

[K] [M], dont le dernier domicile était situé à [Localité 16], est décédée le 23 octobre 2016 laissant pour lui succéder ses
trois enfants.

Par acte d'huissier du 31 octobre 2017, M. [W] et Mme [I] [F] ont assigné M. [J] [F] aux fins de partage judiciaire des
successions de leurs parents.

Par ordonnance du 21 novembre 2018, le juge de la mise en état a notamment :

-rejeté l'exception de sursis à statuer,

-rejeté la demande d'expertise judiciaire concernant les comptes bancaires, les déclarations fiscales et avis d'imposition
des époux [F] et de M. [J] [F] depuis le mois d'avril 2013,

-rejeté la demande d'expertise judiciaire concernant l'indemnité d'occupation due par M. [L] [F],

-rejeté la demande d'expertise judiciaire concernant les meubles.

Par jugement du 7 octobre 2020, le tribunal judiciaire de Paris a notamment statué dans les termes suivants :

-ordonne l'ouverture des opérations de comptes, liquidation et partage des successions de [A] [F] et [K] [M] et du régime
matrimonial des époux [F]-[M],

-désigne pour y procéder Maître [X] [Y] exerçant [Adresse 7],

-sursoit à statuer sur la demande en recel successoral portant sur les parts sociales de la SCI le Héron dans l'attente
qu'une décision définitive soit rendue dans l'instance enrôlée au tribunal judiciaire de Paris,

-rejette les demandes de M. [W] [F] et Mme [I] [F] :

*tendant à la condamnation de M. [F] pour recel des meubles meublants de l'appartement des époux [F],

*portant sur la valorisation des comptes courants d'associés de la Sci le Héron,

*de licitation du terrain et de la maison de [Localité 18],

*de licitation du lot de copropriété n°51 de l'ensemble immobilier situé [Adresse 8] à [Localité 16],

*de nullité du testament du 7 septembre 2016 pour les dispositions testamentaires situées au dessus de la signature de
la testatrice,

*de nullité de la modification de la clause bénéficiaire du contrat d'assurance vie et la demande de restitution à la
succession d'[K] [M] la somme de 80 608,46 euros,

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*de condamnation de M. [J] [F] au paiement d'une indemnité d'occupation pour la période antérieure au décès d'[K] [M],

*le surplus de la demande au titre du recel de sommes d'argent,

-dit que le testament du 7 septembre 2016 rédigé par [K] [M] est nul pour les dispositions testamentaires situées en
dessous de la signature de la testatrice,

-déclare nulle la donation du testament du 7 septembre 2016 d'[K] [M] au profit d'[J] [F] du lot de copropriété n°51 situé
[Adresse 8] à [Localité 16], cadastré AS[Cadastre 19],

-rejette la demande d'[J] [F] tendant à le déclarer propriétaire du lot de copropriété n°51 situé [Adresse 8] à [Localité 16],
cadastré AS[Cadastre 19],

-ordonne à M. [J] [F] de rapporter à la succession d'[K] [M] les sommes suivantes au titre de son occupation du studio
situé [Adresse 8] à [Localité 16] :

*1 252,22 euros au titre de son occupation privative du 24 octobre au 31 octobre 2016,(sic)

*6 675,56 euros au titre de son occupation privative en 2017,

*6 755,80 euros au titre de son occupation privative pour les neuf premiers mois de l'année 2019,

-dit que M. [W] [F] est bénéficiaire, par testament du 2 juillet 2010, d'un legs de M. [A] [F] de la somme de
24 596,11 euros,

-condamne M. [J] [F] à payer la somme de 52 398,50 euros recelée à l'indivision successorale née du décès d'[K] [M],

-dit qu'il sera privé de toute part sur ladite somme.

M. [J] [F] a interjeté appel de ce jugement par déclaration du 9 décembre 2020.

Moyens

Aux termes de ses dernières conclusions notifiées le 10 octobre 2022, l'appelant demande à la cour de :

-confirmer le jugement entrepris en ce qu'il a :

*ordonné l'ouverture des opérations de comptes, liquidation et partage des successions de [A] [F] et [K] [M] et du régime
matrimonial des époux [F]-[M], dit que ces opérations de partage comprendront le partage des meubles dont les armes à
feu situés à [Localité 18] et désigné Me Julie Voisin-Chaussad,

*rejeté les demandes de M. [W] [F] et Mme [I] [F] :

>tendant a' la condamnation de M. [J] [F] pour recel des meubles meublants de l'appartement des époux [F],

>portant sur la valorisation des comptes courants d'associés de la SCI le Héron,

>de licitation du terrain et de la maison de [Localité 18] et de licitation du lot de copropriété n°51 de l'ensemble
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immobilier situé [Adresse 8] a' [Localité 16],

> de nullité du testament du 7 septembre 2016 pour les dispositions testamentaires situées au-dessus de la signature de
la testatrice,

> de nullité de la modification de la clause bénéficiaire du contrat d'assurance vie et la demande de restitution a' la
succession d'[K] [M] la somme de 80 608,46 euros, et à titre subsidiaire de désignation d'un expert graphologue pour
examiner l'acte de changer de bénéficiaire et indiquer si l'écriture de Mme [K] [M] ne démontre pas l'existence d'un abus
de faiblesse ou de l'absence de consentement éclairé et de désigner Mme [G] comme expert graphologue,

> de condamnation de M. [J] [F] au paiement d'une indemnité d'occupation pour la période antérieure au décès d'[K] [M]
d'un montant de 37 193 euros et à titre subsidiaire, à désigner un expert,

> de condamnation de M. [J] [F] à restituer à la succession de Mme [K] [M] les sommes de 46 300 euros et de
41 405 euros et à condamner M. [J] [F] pour recel successoral pour les sommes prétendument détournées des comptes
bancaires de ses parents,

-infirmer le jugement entrepris en ce qu'il a déclaré nulle la donation par testament du 7 septembre 2016 d'[K] [M] au
profit d'[J] [F] du lot de copropriété 51 situé [Adresse 8] à [Localité 16], cadastré AS[Cadastre 19] et rejeté sa demande
tendant à le déclarer propriétaire de ce lot 51, [Adresse 8] à [Localité 16],

statuant à nouveau :

-déclarer M. [J] [F] légataire de ce lot,

-infirmer le jugement entrepris en ce qu'il a ordonné à [J] [F] de rapporter à la succession d'[K] [M] les sommes suivantes
au titre de son occupation du studio [Adresse 8] à [Localité 16] : 1 252,22 euros pour la période du 24/10 au 31/10 2016,
6 675,56 euros pour l'année 2017, 6 755,80 euros pour l'année 2018, 5 066,85 euros pour les 9 premiers mois de 2019,

statuant à nouveau :

-à titre principal, il est demandé à la Cour de dire et juger que M. [J] [F], en sa qualité de légataire du bien sis [Adresse 8] à
[Localité 16], lot 51 n'est redevable d'aucune indemnité d'occupation,

-à titre subsidiaire, il est demandé à la Cour de fixer à la somme de 200 euros l'indemnité d'occupation due a' l'indivision
successorale pour la période du 24 octobre 2016 au 1er octobre 2019 postérieure au décès,

-infirmer le jugement entrepris en ce qu'il a condamné [J] [F] a' payer la somme de 52 398,50 euros recelée a' l'indivision
successorale et statuant à nouveau :

-rejeter toutes demandes en ce sens formées à son encontre,

-dire que M. [J] [F] est créancier a' l'égard l'indivision successorale à hauteur de 3 800,29 euros,

-en conséquence, condamner l'indivision successorale au règlement de la somme de 3 800,29 euros à M. [J] [F],

-infirmer le jugement entrepris en ce qu'il a dit [W] [F] bénéficiaire d'un legs de [A] [F] de 24 596,11 euros et qu'il sera
privé de toute part sur ladite somme,

statuant à nouveau :

-à titre principal, de débouter M. [W] [F] de sa demande d'attribution d'un legs de 31 856,11 euros et de condamnation
au paiement de dommages et intérêts d'un montant de 7 260 euros,

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-à titre subsidiaire, il est demandé à la Cour de réduire le legs à la somme de 3 000 euros,

en tout état de cause :

-débouter M. [W] [F] et Mme [I] [F] de l'ensemble de leurs demandes et de leurs demandes fondées sur les dispositions
de l'article 700 du Code de procédure civile,

-condamner in solidum M. [W] [F] et Mme [I] [F] au paiement de la somme de 10 000 euros au titre de l'article 700 du
code de procédure civile,

-condamner in solidum M. [W] [F] et Mme [I] [F] aux entiers dépens de première instance et d'appel dont distraction au
profit de la SELARLU Sophia Binet Avocat, prise en la personne de son gérant, Me Sophia Binet, avocat à la Cour.

Aux termes de leurs dernières conclusions notifiées le 28 octobre 2022, Mme [I] [F] et M. [W] [F], intimés demandent à la
cour de :

-juger M. [J] [F] mal fondé en son appel,

-juger Mme [I] et M. [W] [F] recevables et bien fondés en leur appel incident,

en conséquence,

-confirmer le jugement en ce qu'il a dit que :

*déclaré nulle la donation de la nue-propriété par «testament » du 7 septembre 2016 d'[K] [M] au profit d'[J] [F] du lot de
copropriété 51 situé [Adresse 8] à [Localité 16],

*rejeté sa demande tendant à le déclarer propriétaire de ce lot 51, situé [Adresse 8],

*ordonné à M. [J] [F] de rapporter à la succession d'[K] [M] une indemnité d'occupation au titre de son occupation du
studio [Adresse 8] à [Localité 16],

*dit [W] [F] bénéficiaire d'un legs de [A] [F] pour la remise en état locatif de son studio,

*condamné [J] [F] à payer la somme de 52 398,50 euros recelée à l'indivision successorale,

réformer le jugement sur les points suivants,

et statuant à nouveau,

-juger le testament d'[K] [M] du 7 septembre 2016 nul et de nul effet,

-juger que le changement de bénéficiaire intervenu le 28 septembre 2016 du contrat d'assurance vie de Mme [M]
contracté auprès d'Allianz Vie est inexistant ou nul,

à titre subsidiaire, si la cour ne s'estimait pas suffisamment informée sur ce point,

-désigner un expert graphologue pour examiner l'acte de changement de bénéficiaire et indiquer si l'écriture de Mme
[M] ne démontre pas l'existence d'un abus de faiblesse constitutif de dol ou de violence et l'absence de consentement
éclairé,

-désigner Mme [G] comme expert graphologue,

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en tout état de cause,

-juger que M. [J] [F] doit, au titre de son occupation sans contrepartie financière, de l'appartement de la [Adresse 8] à
[Localité 16], rapporter à la succession :

* 37 193 euros jusqu'au décès de Mme [M],

* 52 099 euros du décès d'[K] [M] au 1er janvier 2022,

-condamner M. [J] [F] à payer un loyer de 10 206 euros par an, indexé sur l'indice de révision des Loyers, à compter du
1er janvier 2022, jusqu'à la vente ou à l'attribution de l'appartement,

à titre subsidiaire, si la Cour ne s'estimait pas suffisamment informé sur ce point,

-désigner un expert avec pour mission de :

*se faire communiquer tous documents permettant d'apprécier la durée de l'occupation gratuite de M. [J] [F] de
l'appartement sis [Adresse 8] à [Localité 16] et la valeur de cette occupation qui constitue un avantage rapportable à la
succession,

*donner tous éléments pour évaluer l'indemnité d'occupation revenant à la succession de la jouissance gratuite de M. [J]
[F] de l'appartement sis [Adresse 8] à [Localité 16],

-dire que la consignation sera à la charge exclusive de M. [J] [F] mais qu'à défaut de consignation par ses soins dans le
délai prescrit, Mme [I] et [W] [F] auront un mois pour se substituer à lui et consigner à sa place,

-dire que l'expert pourra recueillir l'avis de tout technicien dans une spécialité distincte de la sienne en sollicitant, au
besoin, un complément de provision,

-dire que l'expert devra lors de la première ou au plus tard de la deuxième réunion des parties, dresser un programme
de ses investigations et évaluer d'une manière aussi précise que possible le montant prévisible de ses honoraires et de
ses débours,

-dire que l'expert déposera son rapport dans un délai de quatre mois à compter de l'acceptation de sa mission au greffe
de la cour, après avoir soumis un pré-rapport de ses opérations aux observations des parties auxquelles il répondra,

-dire qu'il devra solliciter du magistrat chargé du contrôle des expertises, une prorogation de ce délai si celui-ci s'avère
insuffisant,

-dire qu'en cas d'empêchement ou de refus de l'expert commis, il sera pourvu à son remplacement par ordonnance
rendue sur simple requête de la partie la plus diligente,

-dire que conformément à l'article 173 du code de procédure civile, l'expert devra remettre copie de son rapport à
chacune des parties ou à leur conseil, en mentionnant cette remise sur l'original,

sur les autres points :

-condamner M. [J] [F] à restituer à la succession de Mme [M] les sommes de 46 300 euros et 41 405 euros,

-juger que M. [J] [F] s'est rendu coupable de recel successoral sur les sommes détournées des comptes bancaires de [A]
[F] et [K] [M], le montant des détournements des comptes bancaires s'élevant à 87 705 euros (46 300 euros +
41 405 euros),

-juger que M. [W] [F] est bénéficiaire d'un legs d'une somme équivalente aux coûts des travaux de remise en état locatif

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des lots 22, 23, 24, 63 dans un bien situé à [Localité 16] [Adresse 5] qui lui ont été donnés aux termes des actes reçus par
Maître [V] le 2 juillet 2010, soit une somme de 31 856,11 euros,

à titre subsidiaire, si la Cour décide néanmoins d'appliquer l'article 1014 du code civil

-condamner M. [J] [F] à payer à titre de dommages intérêts la différence entre le montant des travaux établi au plus près
du décès de [A] [F] (24 596,11 euros) et le montant des travaux établi au jour de la délivrance, soit 7 260 euros
(31 856,11 - 24 596,11 = 7 260 euros),

en tout état de cause,

-ordonner la licitation, sauf accord intervenu entre les parties, des immeubles suivants :

*un terrain et une maison située [Adresse 2] à [Localité 18] (91) sur une mise à prix de 330 000 euros à l'audience des
criées du Tribunal de Grande Instance d'Evry sur le cahier des charges déposé par un avocat du barreau d'Evry - Cadastre
000AL[Cadastre 19], Parcelles [Cadastre 9], [Cadastre 11], [Cadastre 12], [Cadastre 13], [Cadastre 14] et [Cadastre 15],

*un local ayant appartenu en propre à Mme [K] [M] au [Adresse 8], [Localité 16] sur une mise à prix de 300 000 euros à
l'audience des criées du Tribunal de Grande Instance de Paris sur le cahier des charges déposé par un avocat du barreau
de Paris - Cadastre 000AS[Cadastre 19] Parcelles [Cadastre 10] local lot 51,

-juger que le compte courant des parents dans la SCI Le Héron revenant à la succession est de, selon le décompte du
notaire :

*[A] [F] : 42 100 euros,

* [K] [F] : 165 000 euros,

-juger que M. [J] [F] a commis un recel en dissimulant ces comptes courants alors qu'il s'est autodésigné gérant de la SCI
le Héron,

-condamner M. [J] [F] à restituer 80 608,46 euros aux anciens bénéficiaires du contrat d'assurance vie de Mme [M]
contracté auprès d'Allianz Vie,

-condamner M. [J] [F] à restituer les meubles détournés figurant sur la liste indiquée dans la motivation des présentes
chez [K] [F] sous astreinte de 100 euros par jour de retard à courir à compter de la signification du jugement,

-réserver le droit de liquider l'astreinte,

-juger que M. [J] [F] ne peut prétendre à aucune part dans les biens détournés et recelés,

-condamner M. [J] [F] à payer à Mme [I] et M. [W] [F] la somme de 10 000 euros chacun au titre de l'article 700 du code de
procédure civile et aux dépens à recouvrer par Maître Majnoni d'Intignano conformément à l'article 699 du Code de
procédure civile.

Pour un plus ample exposé des moyens développés par les parties au soutien de leurs prétentions, il sera renvoyé à
leurs écritures susvisées conformément à l'article 455 du code de procédure civile.

L'ordonnance de clôture a été rendue le 2 novembre 2022.

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L'affaire a été appelée à l'audience du 2 novembre 2022.

Motivation

MOTIFS DE LA DECISION

Sur la nullité du testament d'[K] [M] du 7 septembre 2016

L'article 414-1 du code civil dispose que : « Pour faire un acte valable, il faut être sain d'esprit. C'est à ceux qui agissent en
nullité pour cette cause de prouver l'existence d'un trouble mental au moment de l'acte. »

Selon l'article 901 du code civil : « Pour faire une libéralité, il faut être sain d'esprit. (...).»

Il revient à celui qui allègue d'une insanité d'esprit d'en rapporter la preuve.

En outre, la libéralité est nulle lorsque le consentement a été vicié par l'erreur, le dol ou la violence.

Par testament olographe du 7 septembre 2016, Madame [K] [M] a donné a' son fils [J] « immédiatement et hors
succession » la nue-propriété du studio du rez-de-chaussée situé [Adresse 8] a' [Localité 16], l'a nommé gérant provisoire
de la SCI le Héron et a donné a' ses petits-enfants les parts de la SCI le Héron dont elle était propriétaire.

Dans ce document intitulé «  Dernières volontés '', dans lequel elle a indiqué qu'elle sentait « sa mort prochaine '', la
défunte a «donné '' à son 'ls « immédiatement et hors succession '', la nue propriété du studio et a aussi notamment «
donné '' des parts sociales et de l'argent à différentes personnes.

Le tribunal n'a pas prononcé la nullité du testament, ni pour insanité d'esprit, ni pour abus de faiblesse.

Les intimés exposent, en premier lieu, que le testament est nul en la forme, la signature de la testatrice ne se trouvant
pas en bas du document.

En second lieu, ils font valoir, au visa de l'article 901 du code civil, que le consentement de leur mère aurait été altéré,
pour avoir rédigé le testament le lendemain du jour ou' elle a appris l'issue fatale de sa maladie et qu'il contient des
éléments intrinsèques démontrant l'insanité.

Ils se prévalent de nouveau devant la Cour, ainsi qu'ils le faisaient en première instance, d'un abus de faiblesse, tel que
défini a' l'article 223 -15-2 du code pénal, considérant qu'il s'agit « d'un vice du consentement conduisant à la nullité de
l'acte ».

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sur la signature

En l'espèce, la signature d'[K] [M] n'est pas apposée au bas du testament du 7 septembre 2016 mais elle est enclavée au
milieu des dispositions testamentaires.

Le tribunal a à bon droit estimé que le testament n'est nul qu'en sa partie située en dessous de la signature.

sur l'insanité d'esprit

Il est constant que le testament emploie des termes impropres : « Nommer mon fils [J] administrateur de la succession »
et des clauses impossibles à exécuter dans un testament : « donner à mon fils [J] immédiatement et hors succession, la
nue-propriété du studio du rez-de-chaussée [Adresse 8] et dont je suis l'unique propriétaire » ; « nommer gérant
provisoire de la SCI Le Heron mon fils [J] ».

Mais ainsi que l'a relevé le tribunal, l'emploi de ces termes impropres démontre simplement une méconnaissance de la
défunte sur les termes juridiques à employer.

Les intimés font également état d'erreurs d'orthographe dans les noms et, pour en déduire que l'acte aurait été rédigé
sous la contrainte se prévalent des conclusions de l'expert graphologue qu'ils ont aux même chargé d'examiner le
testament selon lesquelles il y aurait un désordre sous-jacent en raison de « cabossage, saccades, retouches, rythme
lent, arrêts de continuité, engorgements, crispations, tremblements  ».

Outre qu'il soit pour le moins surprenant que la graphologue tire de ses constatations matérielles des conclusions
relatives à l'état psychologique supposé de l'auteur du document et à l'existence d'une infraction pénale caractérisée, ces
éléments ne suffisent pas à démontrer l'insanité d'esprit ou la contrainte comme pouvant en réalité résulter de l'état de
faiblesse physique de la rédactrice consécutive à son âge et sa maladie.

La défunte a été en mesure d'organiser et présider une réunion d'assemblée générale de la SCI Le Héron le 1er
septembre 2016, six jours avant la rédaction du testament.

Le 29 septembre 2016, les intimés ont rédigé une requête au juge des tutelles en vue de la mise sous protection de leur
mère sans qu'il ne soit, dans le cadre de cette instance, justifié du certificat médical qui aurait été effectué à cette
occasion par un médecin inscrit sur la liste établie par le procureur de la République.

Alors qu'en février 2015, un adénocarcinome bronchique avait été diagnostiqué, la maladie a évolué défavorablement et
le 7 octobre 2016, [K] [M] a intégré le réseau « Ensemble '' avec mise en place de soins palliatifs en raison de l'évolution
de son cancer aux poumons avec métastases au cerveau.

Selon le certificat médical du 10 octobre 2016 du Dr [H], médecin traitant de Madame [K] [M] : « Madame [K] [F] a toute
sa tête et qu'elle a tout a' fait conscience de la portée de ses décisions ».

S'il est prétendu par les intimés qu'il n'est pas certain que le médecin ait examiné la patiente qui était à son domicile,
celui-ci a précisé ultérieurement qu'il avait assisté sa patiente jusqu'à l'issue fatale.

Il résulte du carnet de transmission des aides à domicile établi plus d'un mois après le testament litigieux que :

- les 17 et 18 octobre 2016 : elle était plus présente et répondait aux questions simples par mouvements de tête,

- le 18 octobre 2016 : elle était «  assez consciente '' et répondait par oui ou par non,

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- le 19 octobre 2016 : elle était assez consciente et parlait peu,

- le 20 octobre 2016: elle parlait,

- le 21 octobre 2016 : elle était de moins en moins consciente, moins réactive.

Il n'existe ainsi aucune constatation médicale établissant que la testatrice, à la date du 7 septembre 2016, souffrait
d'affections mentales par l'effet desquelles son intelligence a été obnubilée ou sa faculté de discernement déréglée,
l'existence de la maladie dont elle est décédée ne pouvant à elle seule établir ce fait.

sur l'abus de faiblesse

Ainsi que l'a justement relevé le tribunal les vices du consentement sont limitativement énumérés à l'article 901 du code
civil de sorte que l'abus de faiblesse invoqué en demande, qui n'a fait l'objet d'aucune plainte pénale, qui n'est pas
qualifié d'erreur, de dol ou de violence, ne peut conduire à la nullité de l'acte litigieux.

En tout état de cause, la preuve d'une contrainte n'est pas non plus rapportée et cette prétention résulte de simples
allégations des intimés.

L'expertise graphologique contradictoire du testament n'étant pas de nature à établir l'insanité d'esprit ou l'absence de
consentement éclairé, la demande subsidiaire à cette fin sera rejetée.

Partant, le jugement sera confirmé en ce qu'il a rejeté la demande tendant à voir déclarer le testament nul pour les
dispositions testamentaires situées au dessus de la signature de la testatrice.

Sur la nullité du changement de bénéficiaire intervenu le 28 septembre 2016 du contrat d'assurance vie d'[K] [M]
contracté auprès d'Allianz Vie

Les intimés fondent leur demande de nullité sur l'abus de faiblesse défini a' l'article 223-15-2 du code pénal considérant
qu'il s'agit « d'un vice du consentement conduisant à la nullité de l'acte ».

Ils considèrent que l'abus de faiblesse commis par Monsieur [J] [F] serait caractérisé par le fait d'avoir été désigné seul
bénéficiaire de l'assurance-vie alors que leur mère était mourante et hors d'état d'exprimer un consentement valable.

Monsieur [J] [F] répond que la maladie dont était atteinte [K] [M] n'a en rien altéré ses facultés intellectuelles, que
l'attestation de l'expert graphologue du 30 mai 2021 établie après un examen non contradictoire du document est
dépourvue de force probante.

Le tribunal a relevé en premier lieu que les consorts [F] fondaient leur demande de nullité sur l'abus de faiblesse défini à
l'article 223-15-2 du code pénal considérant qu'il s'agit «  d'un vice du consentement conduisant à la nullité de l'acte »
mais que, faute de qualifier cet abus de faiblesse d'erreur, de dol ou de violence, le moyen invoqué ne pouvait conduire à

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la nullité de l'acte litigieux, et en second lieu, que les demandeurs ne produisaient aucun élément complémentaire de
nature à démontrer l'existence d'une insanité d'esprit de la testatrice.

La défunte a procédé le 9 juin 2016 à un rachat partiel d'assurance-vie de 30 000 euros et le 28 septembre 2016, à un
changement de bénéficiaire dont le courrier est pour partie dactylographié et pour partie manuscrit.

Les conclusions que le graphologue a tirées de l'inorganisation de l'écriture de la défunte étant infondées et pouvant
résulter de son seul état de faiblesse, les intimés, en soutenant simplement que l'analyse du document suffirait à
démontrer les pressions exercées par Monsieur [J] [F] ne rapportent nullement la preuve que le consentement de [K] [M]
a été vicié par erreur, dol ou violence et « faute de qualifier cet abus de faiblesse d'erreur, de dol ou de violence, le
moyen invoqué ne peut conduire à la nullité de l'acte litigieux. » comme l'a retenu à juste titre le tribunal.

Aucune expertise graphologique, fut elle contradictoire, ne pouvant permettre de déduire d'une écriture, fut elle
tourmentée, l'absence de consentement éclairé, la demande subsidiaire à cette fin sera rejetée.

Le jugement sera donc confirmé en ce qu'il a rejeté la demande de nullité de la modification de la clause bénéficiaire du
contrat d'assurance vie et la demande de restitution à la succession d'[K] [M] de la somme de 80 608,46 euros.

Sur la demande de nullité de la donation par testament du 7 septembre 2016 d'[K] [M] au profit d'[J] [F] du lot de
copropriété 51 situé [Adresse 8] à [Localité 16], cadastré AS[Cadastre 19] et sur la demande de Monsieur [J] [F] tendant à
le déclarer propriétaire de ce lot 51, [Adresse 8] à [Localité 16]

Le tribunal a prononcé la nullité de la donation contenue au testament pour les motifs suivants :

«  la «  donation '' immédiate et en démembrement de propriété démontre que la testatrice a souhaité donner de son
vivant le studio alors que les autres « dons» sont en réalité des legs.

Dès lors que conformément aux dispositions de l'article 931 du code civil, aucun acte notarié de donation n'a été signé
par [K] [M], cette donation est nulle. De plus, les termes utilisés par la défunte démontre qu'elle a entendu se déposséder
immédiatement et non à sa mort de sorte qu'il ne s'agit pas non plus d'un legs.

Ainsi, les parties sont en indivision sur le bien depuis le décès de leur mère. »

L'appelant reproche au tribunal de n'avoir pas tiré les conséquences de la validité du testament.

Il fait valoir que la lettre adressée par sa mère à son notaire le 13 septembre 2016 confirme sa volonté de lui laisser le
bien litigieux ; qu'il s'agit en réalité d'un legs ne requérant aucune condition de forme pour être valable.

Les intimés soutiennent que les termes utilisés laissent penser qu'il s'agirait d'une donation qui aurait dû prendre la
forme d'un acte notarié.

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Le 7 septembre 2016, par un document intitulé « Dernières volontés » ', dans lequel elle a indiqué qu'elle sentait « sa
mort prochaine », la défunte a « donné '' à son 'ls « immédiatement et hors succession '', la nue propriété du studio et a
notamment « donné '' des parts sociales et de l'argent à différentes personnes.

Le 13 septembre 2016, après l'avoir eu au téléphone la veille, Madame [K] [M] épouse [F] a écrit à son notaire, Maître [N],
afin d'établir une donation du studio du rez-de-chaussée, sis [Adresse 8], bien lui appartenant en propre, au profit de son
fils [J], l'instituant nu-propriétaire.

Cette lettre indique notamment « (') Suite à notre appel téléphonique d'hier, je vous confirme ma volonté de donner,
hors part successorale, à mon fils [J] la nue-propriété du local situé au rez-de-chaussée du bâtiment D au [Adresse 8]
[Localité 16] dont je suis l'unique propriétaire et qu'il occupe actuellement ('). Je vous remercie par avance de traiter cette
donation en priorité, mon état de santé se dégradant rapidement (') ».

Le notaire a indiqué par mail du 3 octobre 2016 qu'il ne souhaitait pas procéder à cet acte ayant été informé qu'une
procédure à fin de mesure de protection avait été introduite à l'égard d'[K] [M].

Nonobstant le fait qu'il ait été constaté que [K] [M] n'avait pas une connaissance approfondie des termes juridiques
qu'elle employait, l'emploi du mot « immédiatement » et la volonté manifestée dès le 13 septembre 2016 auprès du
notaire d'établir un acte de donation au plus vite eu égard à la dégradation de son état de santé, acte entre vifs donc,
démontre que la défunte voulait faire une donation immédiate de la propriété démembrée du studio à son fils de son
vivant et non un legs valable à son décès.

Il résulte  cependant de l'article 931 du code civil que tous actes portant donation entre vifs seront passés devant
notaires, dans la forme ordinaire des contrats; et il en restera minute, sous peine de nullité. L'acte (l'instrumentum) est
exigé pour la validité de l'acte de sorte qu'il ne peut être suppléée à son absence quelque soit la volonté de la défunte.

Par suite, c'est à juste titre que le tribunal a déclaré la donation contenue au testament nulle.

Monsieur [J] [F] ne peut se prétendre légataire ni propriétaire du bien.

Le jugement sera donc confirmé en ce qu'il a déclaré nulle la donation par testament du 7 septembre 2016 d'[K] [M] au
profit d'[J] [F] du lot de copropriété n°51 situé [Adresse 8] à [Localité 16], cadastre As[Cadastre 19], et rejeté la demande
d'[J] [F] tendant à le déclarer propriétaire du lot de copropriété n°51 situé [Adresse 8] à [Localité 16], cadastré
AS[Cadastre 19].

Sur le rapport de Monsieur [J] [F] à la succession d'[K] [M] des sommes dues au titre de son occupation du studio
[Adresse 8] à [Localité 16]

Le tribunal a fixé l'indemnité d'occupation à 1 252,22 € pour la période du 24/10 au 31/12 2016, 6675,56 € pour l'année
2017, 6 755,80 € pour l'année 2018, 5 066,85 € pour les 9 premiers mois de 2019.

L'appelant se dit légataire et propriétaire de ce bien, et estime qu'il ne saurait donc devoir une indemnité d'occupation.

Subsidiairement, il demande à la Cour de fixer à la somme mensuelle de 200 euros l'indemnité d'occupation due à
l'indivision successorale pour la période du 24 octobre 2016 au 1er octobre 2019 postérieure au décès.

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Les intimés demandent que M. [J] [F] rapporte à la succession :

* 37 193 euros jusqu'au décès de Mme [M],

* 52 099 euros du décès d'[K] [M] au 1er janvier 2022,

et qu'il soit condamné à payer un loyer de 10 206 euros par an, indexé sur l'indice de révision des loyers, à compter du
1er janvier 2022, jusqu'à la vente ou à l'attribution de l'appartement,

Subsidiairement, ils demandent une mesure d'expertise.

L'article 843 du Code civil dispose que : « Tout héritier, même ayant accepté à concurrence de l'actif, venant à une
succession, doit rapporter à ses cohéritiers tout ce qu'il a reçu du défunt, par donations entre vifs, directement ou
indirectement ; il ne peut retenir les dons à lui faits par le défunt, à moins qu'ils ne lui aient été faits expressément hors
part successorale. »

N'étant pas légataire du bien, Monsieur [J] [F], en indivision avec les autres héritiers, doit une indemnité d'occupation à
compter du décès soit à compter du 24 octobre 2016, même s'il occupe le bien depuis 2013 puisqu'avant le décès, il
n'avait pas qualité d'héritier et que seule une libéralité, qui suppose un appauvrissement du disposant dans l'intention
de gratifier son héritier, est rapportable à la succession.

Il appartient aux intimés de démonter que leur mère avait de son vivant entendu gratifier Monsieur [J] [F].

Or, c'est à juste titre que le tribunal a relevé qu'il n'était pas démontré qu'en laissant son fils occuper à titre gratuit le
logement, la défunte s'était irrémédiablement appauvrie dans une intention libérale.

Les demandes au titre d'une indemnité d'occupation pour la période antérieure au décès ont donc à bon droit été
rejetées.

Les intimés ont produit une évaluation, année par année depuis 2016 effectuée par l'observatoire des loyers :

Loyer annuel 2016 9.768 € x 18,85 % = 1.841 €

Loyer annuel 2017 9.817 €

Loyer annuel 2018 9.935 €

Loyer annuel 2019 10.104 €

Loyer annuel 2020 10.197 €

Loyer annuel 2021 10.206 €.

Les estimations de ce rapport sont faites « pour un appartement de 1 pièce de 30m2, construit avant 1919, situé dans le
quartier 38 à [Localité 16], pour une entrée dans les lieux en 2013 ».

M. [J] [F] qui n'avait pas contesté ces estimations devant le premier juge fait valoir que le studio a une superficie en

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réalité 25m² et qu'il ne s'agit pas d'un appartement a' usage d'habitation mais d'un « local à usage d'atelier », comme
l'indique l'acte d'acquisition.

Il produit une seule attestation de l'agence Martel Immobilier et soutient qu'il en résulte qu'il s'agit d'un appartement « à
rénover », et qu'il n'est pas habitable en l'état, comme disposant seulement d'un « coin cuisine à aménager » et n'étant
pas équipé de radiateurs.

Il fait valoir que l'évaluation inscrite dans la déclaration de succession commune du 23/10/2016 n'est que de 145.000€. Il
estime l'indemnité d'occupation à 200 euros par mois.

Il est constant que Monsieur [J] [F] vit depuis 2013 dans les lieux qu'il prétend non habitables.
L'attestation de l'agence Martel Immobilier mandatée par l'appelant décrit le bien comme un local à usage d'atelier de 25
m² loi carrez à vérifier par un diagnostiqueur, comprenant une pièce de vie avec mezzanine, un coin cuisine à aménager
donnant sur la pièce de vie, une salle d'eau avec douche et lave mains , WC séparé.

Il n'est pas précisé si l'agence a visité le bien ou si elle a fait son estimation sur les éléments fournis par son mandant.

Cette description est plus compatible avec celle d'un logement que celle d'un atelier.

L'acte d'acquisition du bien datant du 5 septembre 1984 fait bien état d'un local à usage d'atelier avec WC réservé à la
concierge mais il résulte de la description actuelle que les lieux ont été transformés pour être habitables.

Il n'est en réalité pas justifié de la surface alléguée par Monsieur [J] [F].

Par suite, la cour dispose sans recourir à une expertise des éléments suffisants pour confirmer la valeur locative retenue
par le tribunal.

Pour l'année 2022, elle doit être actualisée sur la base de la valeur 2021, indexée sur l'indice de révision des Loyers, à
compter du 1er janvier 2022.

C'est à juste titre que le tribunal a retenu que les charges locatives doivent être fixée à 15% du loyer et qu'un abattement
de 20 % doit ensuite être appliqué pour tenir compte de la précarité de l'occupation.

L'indemnité d'occupation est due jusqu'au partage.

Sur le legs par [A] [F] d'une somme de 24 596,11 € au profit de [W] [F]

Les intimés exposent que [A] [F] a fait une donation-partage d'appartements à ses enfants et leur a offert les travaux de
remise en état, mais n'a pu le faire pour son fils [W].

Ils font donc valoir que M. [W] [F] est bénéficiaire d'un legs d'une somme équivalente aux coûts des travaux de remise en
état locatif des lots 22, 23, 24, 63 dans un bien situé à [Localité 16] [Adresse 5] qui lui ont été donnés par [A] [F] aux
termes des actes reçus par Maître [V] le 2 juillet 2010, soit une somme de 31 856,11 euros et, à titre subsidiaire, si la Cour
décide d'appliquer l'article 1014 du code civil, ils lui demandent de condamner M. [J] [F] à payer à titre de dommages
intérêts la différence entre le montant des travaux établi au plus près du décès de [A] [F] (24 596,11 euros) et le montant
des travaux établi au jour de la délivrance, soit 7 260 euros (31 856,11 - 24 596,11 = 7 260 euros.

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Monsieur [J] [F] réplique que le legs ne peut porter que sur une somme d'argent déterminée et qu'en tout état de cause,
la somme demandée est surévaluée puisque seul le devis est produit et que M. [W] [F] ne justifie pas de la réalisation des
travaux. Il soutient qu'en tout état de cause, les travaux ne pourraient concerner qu'une remise en peinture et le
remplacement d'un châssis parisien par un velux pour 3 000 euros.

Par testament du 2 juillet 2010, [A] [F] a légué à son fils [W], « une somme équivalente aux coûts des travaux de remise
en état locatif des lots 22, 23, 24, 63 dans un bien situé à [Localité 16] [Adresse 5] qui lui ont été donnés aux termes des
actes reçus par Maître [V] le 2juillet 2010. Dans le cas ou lesdits travaux de remise en état auraient déjà été effectués, le
présent legs sera caduc et sans effet. ''

Le tribunal a, à juste titre, considéré que si l'objet du legs particulier n'était pas déterminé, il était déterminable.
Ce legs était conditionnée à l'absence de travaux effectués au jour du décès de [A] [F] et le fait qu'il ne soit pas justifié de
la réalisation des travaux est donc sans conséquence puisque c'est précisément l'absence de réalisation des travaux qui
ouvre droit au legs.
Enfin, ce legs était consenti pour une somme déterminée en fonction du coût des travaux sans limitation sur le choix de
l'artisan ou les matériaux utilisés.

Le tribunal a retenu le devis des travaux établi au plus près du décès de [A] [F].

Devant la cour, Monsieur [W] [F] a fait réactualiser le devis pour ces travaux de remise en état qui s'élève au 5 avril 2021
à 31.856,11 €.

Il résulte de la procédure de référé en vue de l'expulsion du locataire actuellement dans les lieux que le logement est
pour partie insalubre.

Compte tenu de la rédaction du testament, le legs est à terme, c'est-à-dire au jour de sa délivrance, et la réalisation
effective des travaux est suspendue à la délivrance du legs.

Il y a lieu en conséquence de retenir la date la plus proche de cette délivrance et Monsieur [W] [F] est donc bénéficiaire
d'un legs de son père actualisé à 31.856,11 €.

Sur les recels reprochés à Monsieur [J] [F]

Monsieur [J] [F] fait grief au jugement de l'avoir déclaré coupable de recel sur un total de 52.398,50 € décomposé en :

' 29.598,50 € pour les virements effectués à partir des comptes d'[K] [M] entre le 3 et le 25 octobre 2016 ;

' 22.800 € pour des virements qui auraient été réalisés frauduleusement par les fils d'[J] [F].

Il conclut au débouté et se dit au contraire créancier a' l'égard l'indivision successorale à hauteur de 3 800,29 euros pour
avoir versé la somme de 33.398,79 euros, en règlement des dettes et droits de succession de ses parents, et des frais
d'entretien de la propriété de [Localité 18] et du local situé [Adresse 8] à [Localité 16].

Les intimés qui demandent confirmation du jugement de ces chefs forment appel incident sur le recel de 46.300 €

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provenant des comptes de [A] [F], de 41 405 euros provenant des comptes de [K] [M] et sur le recel de meubles.

Le recel successoral vise toutes les fraudes au moyen desquelles un héritier cherche, au détriment de ses cohéritiers, à
rompre l'égalité du partage successoral. Pour prétendre à l'application des sanctions prévues à l'article 778 du code civil,
il faut caractériser un élément matériel, à savoir le procédé tendant à priver les cohéritiers d'un ou plusieurs biens de la
succession ou à dissimuler l'existence d'un héritier, et l'élément intentionnel de cette rupture d'égalité qui a ainsi une
dimension frauduleuse.

Outre le rapport à la masse successorale de la chose ou les droits recelés, l'héritier receleur en application de l'article
précité se voit ainsi privé de tout droit dans la succession sur ceux-ci. Il est également réputé accepter purement et
simplement la succession, nonobstant toute renonciation ou acceptation à concurrence de l'actif net.

-sur les virements effectués à partir des comptes d'[K] [M] entre le 3 et le 25 octobre 2016 au profit de Monsieur [J] [F]
d'un montant de 29.598,50 €

L'appelant ne conteste pas qu'il soit démontré, par la production de relevés de comptes, que la somme totale de
29.598,50 euros a été virée du compte de Madame [K] [M] au profit de Monsieur [J] [F] entre le 30 septembre et le 25
octobre 2016 mais fait grief au tribunal d'avoir procédé par affirmations sans que celles-ci ne soient démontrées en
retenant qu'au cours de son dernier mois de vie, [K] [M] était très affaiblie par la maladie et compte tenu de son âge n'a
pas pu effectuer les virements litigieux qui ont nécessairement été effectués par Monsieur [J] [F] de sorte qu'il en est
comptable.

Il soutient que ces sommes ont servi à parer aux frais de succession d'[K] [M] et aux frais d'entretien de la propriété de
[Localité 18] et du local situé [Adresse 8] à [Localité 16], comme le souhaitait la défunte et produit un tableau récapitulatif
de ses dépenses, établi par ses soins.

Les cinq virements litigieux ont été opérés entre le 3 octobre et le 25 octobre 2016 alors que [K] [M] était en soins
palliatifs puis décédée le 23 octobre. Il est donc constant qu'ils n'ont pas pu matériellement être effectués par la défunte
elle même.

Il n'est pas allégué que Monsieur [J] [F] disposait d'une procuration sur les comptes de sa mère ce qui aurait justifié qu'il
en doive compte.

Cependant,il n'est pas contesté que Monsieur [J] [F] gérait les affaires se sa mère qui avait signé à son profit un mandat
de protection future et ce fait est confirmé par les nombreux courriers et courriels qu'il a lui même adressés à différents
organismes pour le compte de la défunte. C'est donc à bon droit que le tribunal a estimé qu'il était l'auteur des virement
litigieux.

Le tableau récapitulatif de ces dépenses établi par les soins de l'appelant est dépourvu de force probante.

Il produit par ailleurs des factures, des lettres rédigées par lui-même mais aucune preuve des paiements qu'il prétend
avoir effectués et notamment pas ses relevés bancaires attestant de ces paiements.

Ainsi que l'a souligné le tribunal, malgré des sollicitations en ce sens notamment le 24 mars 2012, l'appelant a tu le

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transfert de ces sommes à son profit à l'ouverture de la succession et de plus, il ne l'a pas révélé dans sa déclaration de
succession du 22 avril 2017 de sorte que l'élément moral du recel est caractérisé.

Par suite, le jugement sera confirmé en ce qu'il a retenu la somme de 29.598,50 euros au titre du recel successoral et dit
que Monsieur [J] [F] devra restituer la somme recelée et sera privé de toute part sur ladite somme.

-sur les virements effectués à partir des comptes d'[K] [M] entre le 7 et le 11 octobre 2016 au profit des enfants de
Monsieur [J] [F] d'un montant de 22.800€

Selon les intimés, des virements ont prétendument été effectués par [K] [F] de son compte Boursorama du 7 au 17
octobre 2016 sur les comptes des enfants de Monsieur [J] [F], [E] et [Z], à hauteur de 11.400 € pour chacun, soit au total
22.800€, alors qu'elle n'était pas en état de faire des virements.

Monsieur [J] [F] ne conteste pas qu'il soit justifié que la somme totale de 22.800 euros a été virée des comptes de la
défunte au profit de ses enfants entre le 7 et le 11 octobre 201 et que ses enfants attestent d'ailleurs qu'ils ont bien
perçus ces sommes, conformément à la volonté de leur grand-mère.

Soutenant que les virements litigieux ont été effectués par ses enfants eux mêmes à qui leur grand mère avait confié ses
codes d'accès, il fait grief au tribunal d'avoir retenu que ces virements ont bien été effectués au profit de ses enfants et
d'avoir dans le même temps estimé qu'il en était comptable et coupable de recel successoral.

Puisqu'il est établi que ces virements, quel qu'en ait été l'auteur, ont été effectués au profit des enfants de Monsieur [J]
[F], celui-ci ne saurait se voir personnellement reproché un recel à cet égard et le jugement sera infirmé sur ce point, les
petits-enfants de la défunte qui ne sont pas ses héritiers de premier rang, n'étant pas tenus au rapport.

-sur le recel des 46.300 € provenant des comptes de [A] [F] et des 41 405 euros provenant des comptes d'[K] [M]

Il est justifié par les relevés de compte que Monsieur [J] [F] a bénéficié par remise de chèques d'une somme de 46 300
euros en provenance du compte de son père entre le 17 novembre 2014 et le 11 mai 2015 et de chèques de sa mère
entre le 1er avril 2015 et le 22 juillet 2016 pour un montant total de 41 405 euros, étant rappelé que le décès d'[K] [M] est
survenu le 23 octobre 2016.

Le tribunal a retenu qu'il n'était pas allégué par les consorts [F] que Monsieur [J] [F] a rédigé les chèques dont il est
constant qu'ils ont été signés par [K] [M] de sorte que le simple fait de les avoir encaissés est insuffisant à démontrer
l'existence d'un détournement de fonds ou d'une donation et donc d'un recel.

Monsieur [J] [F] fait valoir qu'il ne peut être tenu pour responsable des sommes prétendument prélevées sur le compte
de Monsieur [A] [F], son père décédé le 29 mai 2015 ; qu'il n'est pas contestable qu'au décès de son mari, [K] [F], conjoint

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survivant, avait opté pour la totalité en usufruit ; que les trois chèques contestés ont été émis du vivant de [A] [F] par sa
femme [K] [M] qui était titulaire d'une procuration sur les comptes de son mari, qu'elle pouvait parfaitement utiliser les
fonds bancaires détenus par ce dernier.

S'agissant des chèques tirés sur le compte de sa mère, il soutient qu'il s'agit du remboursement des droits de succession
acquittés aux lieu et place de sa mère, du remboursement d'argent liquide et du remboursement d'un prêt qu'il avait
consenti à son père.

Les intimés ne contestent pas que les sommes litigieuses proviennent de chèques tous signés par la mère tirés sur son
propre compte ou sur le compte du père et rédigés au bénéfice de Monsieur [J] [F]. Ils font cependant valoir que s'il s'agit
de donations, qu'elles ont été tues et que le recel est donc constitué.

L'appelant soutient qu'il a remis à son père par chèque les sommes de 18.293,88 euros (120.000 francs) et 12.195,92
euros (80.000 francs) le 22 décembre 1999, puis 4.878,37 euros (32.000 francs) le 24 mars 2001 puis que ces sommes
augmentées d'un intérêt au taux d'une fois et demie le taux servi sur le livret A lui ont été remboursées de la façon
suivante :

- un chèque de 28.500 euros le 5 novembre 2014 ;

- un chèque de 15.800 euros le 1er janvier 2015

- un chèque de 9.752 euros du 5 juillet 2015

- un chèque de 4.955 euros du 5 juillet 2015.

Il soutient également qu'il a payé a' la maison de retraite où était hébergé son père durant plusieurs mois, la somme de
4.500 euros, somme qui lui a été remboursée par sa mère en deux chèques, l'un de 2.000 euros le 30 avril 2015, l'autre
d'un montant de 2.500 €.

Le tableau de remboursement du prêt (de 1999 à 2015) établi par ses soins est dépourvu de force probante.

Il ne produit aucun écrit faisant état d'un prêt avec intérêts alors que l'article 1907 du code civil prévoit que le taux de
l'intérêt conventionnel doit être fixé par écrit , et sur les quatre sommes qu'il prétend avoir versées à son père à titre de
prêt, il ne produit que trois talons de chèques dépourvus de force probante comme n'étant pas accompagnés des
relevés bancaires correspondants.

Il produit la facture de la maison de retraite mais pas le justificatif de son paiement sinon un reçu pour une somme
versée en espèce de 4 500 euros alors que l'article D112-3 du code monétaire et financier dans sa rédaction alors
applicable interdisait le versement en espèces pour toute somme supérieure à 3.000 € et établi par par un agent
d'accueil sans mentionner ni la facture réglée, ni la personne remettant la somme.

S'agissant des chèques en provenance des comptes de sa mère, l'appelant se dit bénéficiaire des chèques suivants :

-chèque de 23.653 € du 18 juillet 2016 : remboursement des droits de succession acquittés aux lieu et place d'[K] [M]

- chèque de 3.000 € du 5 octobre 2015 : remboursement d'argent liquide ;

- chèque de 2.000 € du 16 septembre 2015 : remboursement d'argent liquide ;

- chèque de 9.752 € du 5 juillet 2015 : remboursement solde du prêt a' [A] [F].

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Les dates et montants ne correspondent pas à ce qui résulte des comptes mêmes d'[K] [M] et ne sont prouvés ni les
versements en liquide prétendument remboursés ni le règlement des frais du succession.

Il résulte de l'article 843 du code civil que : « Tout héritier, même ayant accepté à concurrence de l'actif, venant à une
succession, doit rapporter à ses cohéritiers tout ce qu'il a reçu du défunt, par donations entre vifs, directement ou
indirectement ; il ne peut retenir les dons à lui faits par le défunt, à moins qu'ils ne lui aient été faits expressément hors
part successorale. »

Le fait de cacher une donation est constitutif du recel successoral et en entraîne les sanctions prévues par la loi.

Faute de preuve que la remise de tous ces chèques par [K] [M] ait été effectuée sous le dol, la contrainte ou la violence,
elle s'analyse en donations qui ont été cachées et par infirmation du jugement, il y a lieu de retenir le délit de recel et de
dire que Monsieur [J] [F] devra restituer les sommes recelées et sera privé de toute part sur lesdites sommes.

-sur le recel des meubles

Formant appel incident sur le rejet de cette demande par le tribunal, les intimés demandent à la cour de condamner M.
[J] [F] à restituer les meubles détournés figurant sur la liste indiquée dans la motivation de leurs conclusions chez [K] [M]
sous astreinte de 100 euros par jour de retard à courir à compter de la signification du jugement, de réserver le droit de
liquider l'astreinte, et de juger que M. [J] [F] ne peut prétendre à aucune part dans les biens détournés et recelés.

Ils soutiennent que leur frère a détourné un certain nombre de meubles situés dans l'appartement de leurs parents,
aujourd'hui vendu dont des photos attesteraient de leur existence au jour du décès:

- télévision 102 cm ;

- tapis d'orient ;

- vieux livres

- coffre à valeurs

- deux tapis d'orient

- des pièces en ivoire ou en bois

- des papiers de famille.

Monsieur [J] [F] répond qu'il a indiqué a' ses frère et s'ur avoir transféré certains

meubles et souvenirs dans la maison de [Localité 18] a' laquelle les trois enfants ont libre accès, que Monsieur [W] [F]
devait d'ailleurs reconnaître par courriel du 28 juillet 2018 avoir « retrouvé » les pièces prétendument détournées, que
ces pièces ont été équitablement partagées entre les héritiers.

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C'est à juste titre que le tribunal a rappelé que le recel successoral suppose la démonstration par les consorts [F] que
leur frère a détourné des biens et a retenu que cette preuve ne pouvait être rapportée par la simple production de
photos de l'emplacement des objets prises avant/après et de l'allégation d'un détournement par leur frère et ce d'autant
plus, que les demandeurs avaient en premier lieu, accusé leur frère d'avoir détourné certains biens pour ensuite les
retrouver dans la maison de [Localité 18].

Dispositif

Par ces motifs adoptés, la cour confirme donc le jugement sur ce point.

sur le recel portant sur la valorisation des comptes courants d'associés de la SCI le Héron

Le tribunal a considéré que les comptes courants d'associés dont les défunts étaient titulaires font partie des biens
indivis mais que le relevé de compte du 28 novembre 2008 établi par l'étude notariale Canales lors de l'acquisition, par la
SCI le Héron, des locaux situés [Adresse 3] à [Localité 16] ne permettaient pas d'établir la valeur du compte courant des
défunts au jour de leurs décès intervenus plusieurs années après, et a donc rejeté la demande.

Les intimés font valoir que le compte courant des parents dans la SCI Le Héron revenant à la succession est de, selon le
décompte de l'expert-comptable, au 31 décembre 2021 :

[A] [F] : 42.100 €

[K] [M] : 165.000 €.

Ils font grief à leur frère dont ils contestent la légitimité en tant que gérant de la SCI, d'avoir occulté leur existence, alors
qu'ils reviennent à la succession.

Monsieur [J] [F] n'a pas conclu sur ce point.

Le litige relatif à la SCI fait l'objet d'une autre instance actuellement en cours devant le tribunal judiciaire de Paris aux fins
de désignation d'un administrateur provisoire et d'annulation de cession de parts et d'une assemblée générale
frauduleuse.

L'administrateur provisoire a été nommé et une expertise graphologique ordonnée.

Nonobstant les conclusions de l'expert comptable, la cour n'est donc pas en mesure de statuer sur ce point et le
jugement sera confirmé de ce chef.

Sur la licitation

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Les intimés demandent à la cour d'ordonner la licitation, sauf accord intervenu entre les parties, des immeubles suivants
:

*un terrain et une maison située [Adresse 2] à [Localité 18] (91) sur une mise à prix de 270 000 euros à l'audience des
criées du Tribunal de Grande Instance d'Evry sur le cahier des charges déposé par un avocat du barreau d'Evry - Cadastre
000AL01, Parcelles [Cadastre 9], [Cadastre 11], [Cadastre 12], [Cadastre 13], [Cadastre 14] et [Cadastre 15],

*un local ayant appartenu en propre à Mme [K] [M] au [Adresse 8], [Localité 16] sur une mise à prix de 300 000 euros à
l'audience des criées du Tribunal de Grande Instance de Paris sur le cahier des charges déposé par un avocat du barreau
de Paris - Cadastre 000AS[Cadastre 19] Parcelles [Cadastre 10] local lot 51.

Ils font valoir que les parties sont en désaccord sur les valeurs des immeubles, la prise en charge des frais nécessités par
la vente par le compte de l'indivision successorale, le débarras de la maison, nécessaire à la vente, le séquestre des
sommes chez le notaire, Monsieur [J] [F] souhaitant une distribution immédiate.

L'appelant s'oppose à la licitation et soutient qu'il a fait plusieurs offres d'achat pour la maison de [Localité 18], toutes
refusées.

Cinq immeubles dépendaient de la succession.

Deux appartements sis [Adresse 5]) dont l'un a été vendu le 18 juin 2018 au prix de 1.180.000 €, l'autre a fait l'objet d'une
licitation au profit de Madame [I] [F] par acte du 11 janvier 2019.

Un parking sis [Adresse 1] d'une valeur de 20.000 € a fait l'objet d'une licitation au profit de Madame [I] [F] par acte du 11
janvier 2019.

Un appartement sis [Adresse 8], [Localité 16] au premier étage du Bâtiment a été vendu.

Ainsi, plusieurs biens immobiliers ont été vendus depuis le décès des époux [F] de sorte que la masse indivise permet
facilement un partage ou une attribution des biens alors que la maison de [Localité 18] est estimée entre 270 00 et 350
000 euros et le studio de [Localité 16] à 30 000 euros.

Le jugement sera donc confirmé en ce qu'il a rejeté la demande de liciation dont les conditions ne sont pas réunies.

Sur les demandes accessoires

L'équité ne justifie pas qu'il soit fait application des dispositions de l'article 700 du code de procédure civile en faveur de
l'une ou de l'autre des parties.

Eu égard à la nature du litige, il convient d'ordonner l'emploi des dépens en frais généraux de partage et de dire qu'ils
seront supportés par les copartageants dans la proportion de leurs parts dans l'indivision.

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PAR CES MOTIFS

LA COUR,

Statuant publiquement par décision contradictoire et en dernier ressort,

Infirme le jugement en ce qu'il a dit que M. [W] [F] est bénéficiaire, par testament du 2 juillet 2010, d'un legs de M. [A] [F]
de la somme de 24 596,11 euros et en ce qu'il a rejeté les demandes de M. [W] [F] et Mme [I] [F] sur le recel des 46.300 €
provenant des comptes de [A] [F] et des 41 405 euros provenant des comptes d'[K] [M] ;

Y substituant,

Dit que M. [W] [F] est bénéficiaire, par testament du 2 juillet 2010, d'un legs de [A] [F] de la somme de 31.856,11 € ;

Dit que Monsieur [J] [F] doit restituer les sommes de 46.300 € et de 41 405 euros ;

Dit qu'il sera privé de toute part sur lesdites sommes ;

Confirme le jugement pour le surplus des chefs dévolus à la cour ;

Y ajoutant,

Dit que l'indemnité d'occupation pour l'année 2002 sera fixée à partir de la valeur locative et actualisée sur la base de la
valeur 2021, indexée sur l'indice de révision des Loyers, à compter du 1er janvier 2022, les charges locatives tant fixées à
15% du loyer et l'abattement de précarité à 20 % ;

Dit n'y avoir lieu à indemnité au titre de l'article 700 du code de procédure civile ;

Ordonne l'emploi des dépens en frais généraux de partage et dit qu'ils seront supportés par les copartageants dans la
proportion de leurs parts dans l'indivision.

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Le Greffier, Le Président,

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